MIRADAS AL EXTERIOR_14_FR

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Magazine d'informations diplomatiques du ministère des Affaires étrangères et de la coopération AVRIL-JUIN 2010. N˚14. www.maec.es ACTION EXTÉRIEURE> L'Union européenne et les Balkans occidentaux se rencontrent à Sarajevo > Entretien avec l'ambassadeur de Belgique en Espagne COOPÉRATION > Étude sur la couverture de la coopération dans la presse européenne CULTURE ET SOCIÉTÉ > Sol Meliá, la valeur de l'expérience et de l'innovation touristique L'ENTRETIEN > Carmen Iglesias : « L'histoire instruit, mais je ne suis pas sûre que l'on en tire des leçons » L'Union européenne, L'Amérique latine et les Caraïbes nouent de nouvelles relations intégrales Le VI e Sommet bi-régional, qui s'est tenu à Madrid, a constitué l'un des principaux succès du semestre de la présidence espagnole du Conseil de l'UE Bilan de la présidence espagnole du Conseil de l'UE

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Magazine d'informations diplomatiques du Ministere des Affaires Etrangeres et de la Cooperation

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Magazine d'informations diplomatiques du ministère des Affaires étrangères et de la coopération AVRIL-JUIN 2010. N˚14. www.maec.es

ACTION EXTÉRIEURE> L'Union européenne et les Balkans occidentaux se rencontrent à Sarajevo > Entretien avec l'ambassadeur de Belgique en Espagne COOPÉRATION > Étude sur la couverture de la coopération dans la presse européenne CULTURE ET SOCIÉTÉ > Sol Meliá, la valeur de l'expérience et de l'innovation touristique L'ENTRETIEN > Carmen Iglesias : « L'histoire instruit, mais je ne suis pas sûre que l'on en tire des leçons »

L'Union européenne, L'Amérique latine et les Caraïbes nouent de nouvelles relations intégrales

Le VIe Sommet bi-régional, qui s'est tenu à Madrid, a constitué l'un des principaux succès du semestre de la présidence espagnole du Conseil de l'UE

Bilan de la présidence

espagnole du Conseil

de l'UE

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RéDACTION> Directeur : Julio Albi de la Cuesta. Rédacteur en chef : José Bodas. Directeur artistique et éditeur : Javier Hernández. Rédaction : Beatriz Beeckmans. Collaborateurs : María Pilar Cuadra, Arturo Carrascosa, Begoña Lucena, Ignacio Gómez, Paloma Portela, Arturo Parrés et Jacobo García. DIRECTiON > Direction générale de la Communication extérieure. Serrano Galvache, 26. 28033 MADRID. Publication éditée et imprimée par la Dir. générale de la Communication extérieure du ministère des Affaires étrangères et de la coopération. Toute reproduction totale ou partielle sans autorisation expresse de l'éditeur est interdite. Miradas al Exterior n'est responsable ni du contenu éditorial, ni des opinions exprimées par les auteurs. COURRIEL > [email protected] > NIPO : 501-10-010-0

L'imageLa commémoration du 25e anniversaire de l'entrée de l'Espagne et du Portugal dans la CEE s'est tenue le 12 juin dernier (photo centrale). Pour l'occasion, les deux cérémonies ont été célébrées au monastère des Hiéronymites de Lisbonne et au Palais royal de Madrid, dans les lieux où, en 1985, Felipe Gon-zález (photo de droite) et Mario Soares signèrent l'entrée de leur pays respectif au sein de la Communauté européenne.

2 les chiffres et l'image

750milliards d'euros. C'est la somme que le mécanisme européen de stabili-sation financière pourra mobiliser pour soutenir les pays de l'Union européenne en passe à des difficultés économiques.

LE CHIFFRE

65eanniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le 9 mai dernier, s'est déroulée la commémoration de la capitu-lation de l'armée nazie, événement qui a marqué la fin du conflit le plus important et le plus sanglant de toute l'histoire

ÉPHÉMÉRIDE

18juin 2010. Cette date correspond à la cérémonie organisée en l'honneur du départ de Sarajevo du dernier contin-gent militaire espagnol déployé en Bosnie et présent dans la région depuis 18 ans.

LA DATE

PHO

TOS

EFE

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42 > Ganivet, un ange sauvage-ment farouche. 44 > L'Espagne, à l'avant-garde des fourneaux. 48 > Sol Meliá, la valeur de l'expérience et de l'innovation touris-tique. 56 > Iberia et British Airways fusionnent et donnent naissance à la cinquième compagnie aérienne du monde.

36 > Étude sur la couverture de la coopération pour le développement dans la presse européenne.

38 > M. Morati-nos inaugure la Conférence de développement « Coopération en période de crise ››. 41> Entretien avec Eduardo Sánchez, président de la CONGD.

CONSEIL ÉDITORIAL > Présidente : Sous-secrétaire du ministère des Affaires étrangères et de la coopération. Premier vice-président : Directeur général de la Communication extérieure. Second vice-président : Secrétaire général technique. Membres : Chefs de cabinet du secrétariat d'État aux Affaires étrangères, du secrétariat d'État à la Coopération inter-nationale, du secrétariat d'État à l'Union européenne, du secrétariat d'État à l'Amérique latine et du cabinet du directeur général de l'Agence espagnole de coopération internationale pour le développement.

3sommaire

6 > Union euro-péenne, Amérique latine et Caraï-bes, partenaires intégraux. La réunion organisée en mai a débou-ché sur l'atteinte d'objectifs qui mettent fin à des relations stricte-ment bi-régionales et inaugurent des relations de parte-

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68 > Carmen Iglesias : « L'his-toire instruit, mais je ne suis pas sûre que l'on en tire des leçons ››.

14 > L'Union européenne et les Balkans occiden-taux se rencon-trent à Sarajevo. 16 > Bilan d'une présidence qui jette les bases de l'Union économi-que européenne. 18 > Accord politi-que sur le nouveau Service européen pour l'Action extérieure. 22 > Sénégal, le pays de la Teranga. 26 > Entretien avec la directrice de Casa

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Une nouvelle Europe en fonctionnement

continue de frapper durement les économies et, surtout, les citoyens européens. Dès le début, l'Espagne a plaidé pour la nécessité d'une coordination accrue des politiques économiques au sein de l'Union. Le déroulement des événements, en particulier la crise grecque, et les tensions sur les marchés financiers de dette souveraine ont mis en évidence la nécessité d'évoluer vers la gouvernance économique de l'Union européenne et monétaire.

L'approbation d'instruments comme le mécanisme européen de stabilisation financière, initiative sans précédent qui a eu un impact positif sur les marchés, a montré la capacité de l'UE à mobiliser jusqu'à 750 milliards d'euros pour soutenir les pays en difficulté et a représenté un énorme progrès qualitatif dans cette direction. Toutefois, des solutions axées sur le long terme, conçues pour éviter et corriger les effets inhérents aux excès d'un marché mondial, se devaient d'être mises sur le tapis. En ce sens, je considère comme fondamental l'élan donné par la présidence espagnole pour établir les nouveaux organismes communautaires de régulation, parmi lesquels figurent le Conseil européen de risque systémique et les autorités européennes de régulation, et respecter ainsi le mandat du Conseil européen selon lequel ces derniers doivent être pleinement opérationnels en janvier 2011. Cette évolution dans laquelle l'Union européenne est plongée, et dont les fondements doivent s'articuler autour d'une nouvelle stratégie de croissance et de création d'emplois, Europe 2020, se matérialiseront par des transformations qui toucheront non seulement les domaines macroéconomiques et les milieux financiers, mais aussi l'économie et la vie réelle, celle qui concerne

organisés en France, aux Pays-Bas ou en Irlande à l'euroscepticisme de pays comme la République tchèque –, a fini par porter ses fruits : un nouveau cadre juridique stable pour l'Union européenne. L'Espagne était ainsi devenue le pays désigné pour entamer le processus de transition institution-nelle.

L'européisme, dont notre pays a toujours fait étalage, a soutenu la vocation de service de ceux qui croient en la valeur du programme commun. Dès les premiers jour, notre présidence a exprimé son soutien total et sa collaboration au nouveau président du Conseil, Herman Van Rompuy, et à la Haute représentante, Catherine Ashton, pour unir nos efforts et partager les responsabilités destinées à forger une Europe plus cohérente à l'inté-rieur et jouissant de davantage de poids à l'extérieur. L'objectif ultime était d'ores et déjà fixé : Lisbonne se devait de renforcer l'unité de l'Europe. Toutefois, la consolida- Toutefois, la consolida-Toutefois, la consolida-tion des nouvelles institutions eu-ropéennes partageait l'agenda avec un défi beaucoup plus imminent et tangible. Dès le premier jour, notre présidence a été marquée par la profonde crise économique qui

La quatrième présidence espagnole du Conseil de l'Union européenne est arrivée à son terme. La Belgique reprend le témoin de la direction de notre communauté et doit faire face, comme nous l'avons fait le 1er janvier 2010, à la délicate tâche qui nous incombe à tous : pour-suivre la construction de l'Europe. Pour l'Espagne, l'heure est venue de mettre sur la table les succès des six derniers mois ainsi que les objectifs en suspens transmis à nos collègues belges, mais aussi hongrois, et de dresser un bilan sérieux et réaliste de tout ce que cette présidence a impliqué.

Assumer la présidence du Conseil de l'Union européenne n'est jamais chose facile, mais vous conviendrez que le faire sous le nouvel auspice de l'un des traités les plus réforma-teurs de notre histoire commune exigeait une dose supplémentaire de conviction et de capacité de travail. Et, pourquoi le taire, de patience. L'entrée en vigueur du Traité de Lisbonne a mis un terme à une longue étape de « réforme constitutionnelle communautaire » qui, après avoir franchi maints obstacles – du rejet du traité établissant une Constitution pour l'Europe lors des référendums

4 éditorial

Miguel Ángel MoratinosMINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES ET DE LA COOPÉRATION

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les citoyens au quotidien : l'envi-ronnement, l'énergie, la recherche, l'éducation et l'emploi.

Notre présidence a déployé tous ses efforts pour soutenir les nouvelles figures de l'Union européenne dans leur mission de consolidation du rôle de l'Europe dans le monde. Notamment lors des moments difficiles tels que la réponse à la crise humanitaire en Haïti. Mais, par-dessus tout, dans le soutien constant à la continuité des objectifs essentiels de la poli-tique extérieure européenne. C'est ainsi que le processus d'élargisse-ment s'est poursuivi : le voisinage oriental, et le voisinage sud en particulier, ont été approfondis par le biais d'une nouvelle relation avec le Maroc ; la perspective européenne des Balkans a été reconsidérée ; d'importants accords avec les États-Unis ont été conclus ; les relations avec la Russie ont subi une réorientation ; nous avons consenti un effort particulier dans les relations entre

l'Europe, l'Amérique latine et les Caraïbes et, pour finir, nous avons contribué à la consolidation de l'agenda européen en matière de coopération au développement. Tout ceci en même temps que nous parvenions à l'une des plus importantes avancées institu-tionnelles de notre présidence : la signature des principaux accords pour la prochaine mise en marche du Service européen pour l'Action extérieure.

Comme j'ai pu l'exprimer à de nombreuses occasions, la pré-sidence espagnole s'est systé-matiquement attachée à placer le citoyen au centre de notre action. Parce qu'il est le destina-taire direct de toutes les mesures économiques qui ont été prises, et le destinataire des nombreuses mesures que nous avons pu adopter dans les domaines les plus divers des politiques communau-

taires avec l'engagement de nos partenaires, de la Commission et du Parlement. Ces mesures ont été particulièrement importantes sur le plan de la sécurité et de la justice, principalement en ce qui concerne les aspects liés à l'égalité des sexes et à la lutte contre la violence de genre, mais également sur le plan des politiques sanitaire, de consommation, d'éducation, de transport ou d'environnement. Preuve en est l'approbation de l'Initiative citoyenne européenne par le Conseil, action qui montre cet intérêt d'engagement du citoyen européen dans l'avenir des politiques communautaires. J'ai pleinement confiance en la conso-lidation du programme de notre trio de présidences, qui confé-rera la continuité nécessaire aux progrès qui définissent peu à peu notre identité communautaire et à la satisfaction de ces aspirations qui marquent notre avenir. En remettant le témoin à la Belgique, je me sens particulièrement fier que notre pays, notre gouverne-ment, notre Administration et notre Service extérieur aient été à la hauteur des espérances, fier d'avoir été capable de faire face aux défis dans un moment difficile et dans des circonstances très par-ticulières, et fier que nous ayons pu contribuer, avec le concours de nos partenaires, de la Commission et du Parlement, à la conduite du programme des décisions et pro-positions dont l'avenir de l'Europe et de ses citoyens a besoin.

5éditorial

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« Un sommet couronné de succès et de résultats ». C'est en ces termes que le président du gouvernement espagnol, José Luis Rodríguez Zapatero, a résumé le rendez-vous qui a réuni à Madrid, du 17 au 19 mai, les dirigeants de soixante pays d'Europe, d'Amérique latine et des Caraïbes. Au cours du VIe Sommet bisannuel UE-ALC, l'un des grands rendez-vous du semestre de la présidence espagnole du Conseil de l'Union européenne, tous les objectifs que les deux parties s'étaient fixés ont été atteints. Des objectifs qui permettent de clore une étape de relations strictement bi-régionales, et d'en ouvrir une nouvelle entre partenaires stratégiques intégraux. Arturo Carrascosa

L'Union européenne et l'Amérique latine et les Caraïbes, partenaires intégraux

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7P en couverture

Preuve du succès de la réunion qui s'est tenue dans la capitale espagnole : pour la première fois, un sommet UE-ALC a réussi à centrer ses débats autour des thèmes fondamentaux initialement prévus, en l'occurrence, la nouvelle ar-chitecture financière mondiale et le défi du changement climatique. À ce succès collectif a contribué de manière tout à fait notable l'élan politique donné par la présidence espagnole, qui a impliqué l'ensemble du gouvernement dans sa volonté de stimuler des relations entre ces deux régions du monde, caractéri-sées par leur ampleur et leur diversité, afin de faire de l'Amérique latine et des Caraïbes « une partie de l'Europe, et de faire de l'Europe une partie de l'Améri-que latine et des Caraïbes », comme l'a souligné, entre autres, le président de la Commission, José Manuel Durao Bar-roso, lors de l'ouverture du sommet. De plus, cet événement a été marqué par la présence du prince des Asturies, qui a été l'hôte des plus de 80 délégations présentes à ce sommet. Felipe de Bour-bon a transmis à ses invités un message de son père, en convalescence après une opération chirurgicale, dans lequel

il souhaitait « le plus grand succès à ce sommet ».

Déclaration de Madrid. La déclaration finale traduit de façon évidente l'intégra-tion de l'agenda mondial aux relations stratégiques entre les deux régions. Dans la continuité des réunions précédentes, la Déclaration de Madrid réitère l'enga-gement en faveur du partage de princi-pes, de valeurs et d'intérêts communs de l'« association stratégique » bi-régio-nale, et la première partie du texte consacre le dialogue des partenaires, et leur volonté de coordonner leur réponse face aux grands défis. Parmi ceux-ci figurent l'engagement pour le multilatéralisme, les Nations unies, l'appui au désarmement nucléaire et à la non-prolifé-ration, le combat contre l'im-punité, l'engagement pour la défense et la protection des droits de l'homme et pour la démocratie, et l'intensification de la coopération pour sur-monter les conséquences de la crise économique et financière

mondiale. De plus, les signataires soulignent

l'importance de la lutte pour éradiquer la violence de genre, réaffirment l'enga-gement de l'UE à consacrer 0,7 % de son PIB à l'aide au développement en 2015, confirment leur engagement pour la promotion des énergies renouvelables, à travers l'échange d'expériences en ma-tière de biocombustibles et d'énergie hy-droélectrique, et en soutenant les straté-gies de développement durable à faible

émission de gaz à effet de ser-re, et condamnent sans appel le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations.

Par ailleurs, la Déclaration de Madrid est accompagnée d'un Plan d'action 2010-2012, qui établit un agenda concret, pratique et orienté vers l'ave-nir de la coopération bi-ré-gionale, dans des domaines prioritaires tels que le déve-loppement de l'« Espace UE-ALC de la connaissance », la promotion de l'intercon-nexion, le développement de réseaux sociaux et économi-

Le VIe Sommet UE-Amérique latine s'est achevé avec la ratification par tous les participants de la Déclaration de Madrid, reflet des relations stratégiques solides entre les deux régions.

EFE

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MERCOSURMarché commun du Sud

PRINCIPALES ORGANISATIONS D'AMÉRIQUE LATINE

CANCommunauté andine des Nations

Pays membresPays non-membres

CELCCommunauté des États latino-américains et caribéens

ALBA/TCPAlliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique, Traité de commerce des peuples

GROUPE DE RIO

UNASURUnion des Nations sud-américaines

Ier Sommet UE-ALC. Rio de Janeiro (Bré-sil). Juin 1999. Ce sommet devait être une occasion exceptionnelle pour stimuler les relations bi-régionales et les projeter au-delà de l'année 2000. Son agenda était articulé autour de trois volets : dialogue politique, relations économiques et commerciales et coopération.

IIe Sommet. Madrid (Espagne). 17 et 18 mai 2002. Établissement d'un nouveau cadre bi-régional de relations avec deux grands blocs. Conformément à la Déclaration de Madrid, les Accords de Rome du 15 décembre 2003 de dialogue politique et de coopération avec l'Amérique centrale et la CAN allaient être signés.

IIIe Sommet. Guadalajara (Mexique). 28 mai 2004. Engagements fermes et spécifiques au ni-veau des trois composantes fondamenta-les de l'association stratégique : cohésion sociale, consolidation du multilatéralisme et intégration régionale.

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RADIOGRAPHIE DE L'AMÉRIQUE CENTRALE ET DE L'AMÉRIQUE DU SUD

indice de DÉVELOPPEMENT HUMAIN

MexiquePdt Felipe Calderón

107 750 0008 040 $

Costa RicaPdte Laura Chinchilla

4 605 0006 361 $

PanamaPdt Ricardo Martinelli

3 465 0007 144 $

SalvadorPdt Mauricio Funes

5 824 0003 806 $

GuatemalaPdt Álvaro Colom

14 017 0002 601 $

HondurasPdt Porfirio Lobo

7 828 0001 862 $

NicaraguaPdt Daniel Ortega

6 329 000995 $

PopulationPIB par habitant

Source ONU

ColombiePdt Juan Manuel Santos

49 043 0004 661 $

44SDgr Chili 49SDgr Argentine 50SDgr Uruguay 53SDgr Mexique 54SDgr Costa Rica 58SDgr Venezuela 60SDgr Panama 75SDgr Brésil 77SDgr Colombie 78SDgr Pérou 80SDgr Équateur 101SDgr Paraguay 106SDgr Salvador 112SDgr Honduras 113SDgr Bolivie 122SDgr Guatemala 124SDgr Nicaragua

ÉquateurPdt Rafael Correa

14 117 0003 939 $

PérouPdt Alan García

29 101 0004 376 $

ChiliPdt Sebastián Piñera

16 984 0008 852 $

ArgentinePdte Cristina Fdez. de Kirchner

40 134 0007 508 $

UruguayPdt José Mujica

3 345 0009 448 $

ParaguayPdt Fernando Lugo

6 227 0002 168 $

BoliviePdt Evo Morales

10 227 0001 715 $

BrésilPdt L. Inacio Lula da Silva

191 481 0007 737 $

VenezuelaPdt Hugo Chávez

28 611 00012 354 000 $

IVe Sommet. Vienne (Autriche). 12-13 mai 2006. Accord sur la nécessité de donner plus de visibilité aux relations stratégiques entre l'UE et l'Amérique latine et les Caraïbes.

Ve Sommet. Lima (Pérou). 16 et 17 mai 2008. « Répondre ensemble aux préoccupa-tions prioritaires de nos populations ». Adoption de l'« Agenda de Lima pour une action conjointe » avec des engagements et des actions concrètes sur deux grandes questions : la pauvreté et l'environne-ment.

VIe Sommet. Madrid (Espagne). 18 mai 2010. « Vers une nouvelle étape de l'association bi-régionale : l'innovation et la technolo-gie en faveur du développement durable et de l'intégration sociale ».

P en couverture

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Objectifs atteints

Dans quelques années, le sommet de Madrid sera considéré comme un tournant dans les relations entre l'ALC et l'UE.

Lorsque nous avons commencé le semestre de présidence espagnole, les perspectives de la politique ex-térieure de l'Union européenne vis-à-vis de l'ALC étaient pessimistes. Une profonde apathie dominait les relations entre les deux régions qui devaient plutôt travailler ensemble pour le bien commun. Le gouverne-ment espagnol a très clairement vu la nécessité de réactiver notre rôle traditionnel afin de lui imprimer un nouvel élan, et de donner un nou-veau souffle politique aux relations bi-régionales, en particulier au cours de cette présidence.

Nous nous sommes fixé comme objectif de faire mûrir les relations bi-régionales, en les élevant au niveau exigé par les circonstances interna-tionales actuelles. Deux partenaires comme l'UE et l'ALC ne pouvaient limiter leurs relations et leur agenda à des questions d'intérêt exclusi-vement bi-régional. Aujourd'hui, les thèmes dominants de l'agenda international appellent des réponses qui dépassent largement le domaine national : nouvelle architecture finan-cière, sortie de crise, changement climatique, etc.

Pour la première fois, un sommet UE-ALC a axé ses débats autour de deux thèmes de cet agenda. D'une part, les discussions ont porté sur les voies de sortie de crise, la mise en place d'une nouvelle architecture financière régulant les marchés. Une

tâche jusqu'à présent infructueuse au G-20, et motif de bien des insatis-factions. D'autre part, le changement climatique figurait également à l'ordre du jour du sommet. Les posi-tions divergentes des deux régions ont été mises en évidence, mais il a été convenu de préparer le Sommet de Cancún sur le changement clima-tique sur une base de concertation bi-régionale. Pour clore cette phase préalable, il nous semblait clair qu'un élan politique ferme était nécessaire pour faire avancer les questions en suspens que cette présidence avait héritées. Au début du semestre, lorsque nous avons parlé de la conclusion de l'Accord d'association avec l'Amérique centrale et de l'Ac-cord multi-parties avec la Colombie et le Pérou, et même lorsque nous avons mentionné la possibilité d'intégrer l'Équateur, nous avons observé un certain scepticisme, qui est allé croissant lorsque nous avons annoncé notre intention de faire en sorte que l'UE et le MERCOSUR reprennent leurs négociations afin de mettre fin à une situation d'ab-sence d'accord qui ne bénéficiait à personne.

Madrid a également été le théâtre de la reprise du dialogue politique avec les Caraïbes, région qui n'a pas reçu toute l'attention qu'elle mérite, et qui revêt une importance toute parti-culière en ce moment alors que l'on recherche les meilleures formules pour une reconstruction réelle et efficace d'Haïti.

Le travail politique et technique que nous avons dû réaliser pour pouvoir apporter à ces questions

le soutien qu'elles exigeaient n'a pas été facile, ni l'effort négligeable. Mais grâce au capital politique et diplomatique espagnol, nous avons atteint les objectifs que nous nous étions fixés. Le VIe Sommet UE-ALC a eu des résultats concrets : demande permanente et justifiée, en particulier de la part de la société civile, à laquelle nous avons pu apporter une réponse. L'objectif du sommet étant de faire avancer de manière irréversible les relations UE-ALC, il était indispensable de poser les bases de ces nouvelles relations entre partenaires inter-nationaux en créant et en rendant disponibles de nouveaux instruments qui nous permettent de concrétiser les grandes lignes définies par le statut de partenaires intégraux. La déclara- La déclara-La déclara-tion consigne par écrit cette volonté d'aborder les thèmes de l'agenda mondial, du changement climatique à la réforme de l'ONU, en passant par la lutte contre la criminalité organisée.Le plan d'action crée un mécanisme qui établit six domaines pour lesquels un financement est prévu. Pour chacun d'eux, des objectifs pour deux ans, un programme de travail et les résultats escomptés sont définis. Le contrôle et le suivi seront ainsi beaucoup plus simples et rapides.

Un instrument de financement, le LAIF, est créé. À l'instar des méca-nismes qui financent la politique de voisinage de l'UE, 125 millions d'euros, imputés au budget communautaire 2009-2013, seront destinés à des infrastructures en ALC, et nous estimons qu'il parviendra à mobiliser jusqu'à 3 milliards d'euros. Trois pro-jets ont déjà été approuvés pour cette année 2010. Nous avons renforcé nos

Nous nous sommes fixé comme objectif de faire mûrir les relations bi-régionales, en les élevant au niveau exigé par les circonstances internationales actuelles.

Juan Pablo de LaiglesiaSECRÉTAIRE D'ÉTAT POUR L'AMÉRIQUE LATINE

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relations bilatérales avec le Mexique et le Chili en donnant le feu vert à de nou-velles formules : le Plan stratégique avec le Mexique et la nouvelle Association pour le développement et l'innovation avec le Chili. Outre la mise en place de ces instruments concernant les relations de l'UE avec les sous-régions ou pays de l'ALC, nous avons beaucoup misé sur la nouvelle fondation EUROLAC. Il a fallu pour cela un effort de consensus. La fondation permettra de stimuler le débat sur des stratégies et des actions communes visant à renforcer les relations bi-régionales et d'améliorer leur visibilité dans les deux régions. Elle renforcera le processus de relations bi-régionales et développera leur nouveau caractère intégral en impliquant la société civile et divers acteurs sociaux, à travers le dialogue critique, le débat, la recherche et l'étude, et en promouvant le travail en réseau. Il a été convenu de fixer très prochainement le siège de la fondation EUROLAC, seul point resté en suspens.

Ce pari pour la fondation s'inscrit dans un modèle plus ouvert des relations bi-régionales, dans lesquelles nous sommes convaincus que la société civile doit avoir un espace croissant où débattre pour influer sur la prise de décisions avec ses voix et ses opinions plurielles, diverses et innovatrices. C'est pour cela que sous la présidence espa-gnole nous avons favorisé l'organisation de forums de la société civile. Plus de 10 forums ont eu lieu au cours de ces quelques mois, et des représentants de chacun d'eux ont fait part de leurs conclusions au VIe sommet, lors de la réunion des directeurs politiques.

Il ne fait aucun doute que ce VIe Som-met UE-ALC marque un changement de rythme dans les relations entre l'Union européenne et l'Amérique latine et les Caraïbes, et qu'il ouvre des perspectives nouvelles de travail et de progrès pour ces deux régions et, plus important, pour les citoyens et citoyennes qui y vivent.

11

ques, et l'intensification des dialogues thématiques et de la coopération sur les migrations, la lutte contre le trafic de stupéfiants, l'éducation et la cohésion so-ciale. Pour une meilleure mise en œuvre, ce Plan d'action permettra un suivi plus précis des objectifs et des engagements, ainsi que l'exercice d'évaluation corres-pondant, en vue du prochain sommet bi-régional et bisannuel UE-ALC qui aura lieu au Chili en 2012.

Fondation EUROLAC. D'autre part, il a été conclu un accord pour la création de la fondation EUROLAC, accord annon-cé lors du Sommet de Vienne de 2006. Ce projet, pour lequel la diplomatie es-pagnole a dû maintenir d'intenses dialo-gues avec plusieurs États membres, en-couragera le débat sur des stratégies et des actions communes visant à renfor-cer les relations bi-régionales et à leur donner une meilleure visibilité. Cette fondation, qui sera financée de manière volontaire, permettra de renforcer le processus de relations bi-régionales et de promouvoir leur nouveau caractère intégral, en impliquant la société civile et divers acteurs sociaux, à travers le dialogue critique, le débat, la recher-che et l'étude, et en favorisant le travail en réseau. Elle doit également être un outil permettant le suivi des accords des sommets. Aucun accord n'a toutefois été conclu en ce qui concerne son siège. Trois candidatures ont été présentées : Hambourg, Milan et Paris.

Au cours de ce VIe Sommet, un nouvel instrument de financement, le LAIF (facilité d'investissement pour l'Amérique latine), destiné à financer des infrastructures au sens large, a été approuvé. Seules les agences habilitées et les institutions financières peuvent soumettre des projets, non les États. Le financement de ce nouveau mécanisme d'investissement se fera par concession et pourra mobiliser jusqu'à 3 milliards d'euros. Il est actuellement doté de 125 millions d'euros, à imputer au budget communautaire 2009-2013, et les trois premiers projets, axés sur l'Amérique centrale et le domaine de l'énergie, sont

14 %des exportations

d'Amérique latine ont pour destination l'UE

19 %des exportations

des Caraïbes ont pour destination l'UE

Commerce bilatéral160

milliards d'euros

Importations74

milliards d'euros

Exportations66

milliards d'euros

COMMERCE UE-AMÉRIQUE LATINE

ET CARAÏBES (ALC)

COMMERCE AMÉRIQUE LATINE-UE

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déjà définis.

Sept sommets en un. Dans le sillage du VIe Sommet UE-ALC, se sont déroulées six autres réunions, deux bilatérales et quatre sous-régionales, qui ont toutes débouché sur des résultats importants.

Se sont également tenus un Sommet des entreprises, auquel ont assisté plus de 700 dirigeants d'entreprises des deux rives de l'Atlantique, et dix forums de la société civile. Ces forums ont donné lieu à des débats sur les stratégies d'avenir, et les conclusions et les propositions ont

été transmises aux décisionnaires inti-tutionnels.

Le Mexique, partenaire prioritaire. Le premier sommet a été le sommet bilaté-ral UE-Mexique. Le président du gou-vernement espagnol a souligné le haut niveau de collaboration existant entre les 27 et ce pays d'Amérique centrale. Entre autres thèmes, ont été abordés la situation économique et la crise, le sys-tème financier, les défis du G-20, la sé-curité et le changement climatique. José Luis Rodríguez Zapatero et Felipe Cal-derón, président du Mexique, ont décidé de donner un nouvel élan aux échanges commerciaux et aux flux d'investis-sement, de renforcer la lutte contre la criminalité organisée et d'établir un dia-logue politique de haut niveau sur les droits de l'homme.

Développement et innovation avec le Chili. Lors de la deuxième réunion, le Sommet UE-Chili, ont également été abordés le changement climatique (le gouvernement du Chili s'est engagé à réduire ses émissions de CO2), l'écono-mie mondiale, des questions bilatérales telles que l'Association pour le déve-loppement et l'innovation, accord qui permettrait de renforcer la coopération dans des domaines aussi divers que l'éducation ou le commerce, et l'entrée prochaine du Chili à l'OCDE. De plus, les dirigeants européens ont réaffirmé leur solidarité et leur engagement pour les efforts de reconstruction, après le séisme qui a frappé le Chili le 27 février dernier. Le président Piñera a souligné les deux grands défis qui l'attendent : « reconstruire le pays et le transformer dans la décennie à venir afin d'en finir avec le sous-développement ».

Reprise du dialogue UE-Caraïbes. Le changement climatique a été le sujet principal du sommet entre les pays de l'UE et les 18 pays qui composent le Ca-riforum, groupe de nations caribéennes créé en 1992. La reconstruction d'Haïti a également été au centre de toutes les réu-nions. À ce sujet, le président Rodríguez

LE PRINCE FELIPE HÔTE DES DÉLÉGATIONSLe prince des Asturies a été l'hôte des plus de 80 délégations qui ont participé à la cérémonie d'ouverture du VIe Sommet UE-ALC. Aux côtés de la princesse Letizia, le prince Felipe a transmis un message du roi Juan Carlos souhaitant aux personnes présentes « le plus grand succès » pour cette réunion. Sur les photos, au-dessus de celle du salon du Palais royal qui a accueilli le dîner de cérémonie, le prince des Asturies salue José Sócrates, Premier ministre portugais, la chan-celière allemande Ángela Merkel et le président du Mexique, Felipe Calderón, et lève son verre pour la présidente argentine, Cristina Fernández de Kichner.

EFE

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Zapatero a rappelé l'engagement de l'UE, comme de l'Espagne, « pour mener l'effort et le soutien financier à la recons-truction, qui a déjà commencé ».

Accords avec la Communauté andine. La lutte contre le trafic de stupéfiants a été au cœur du Sommet UE-Commu-nauté andine. Cette lutte se fonde sur la décision européenne d'apporter une importante aide financière aux quatre pays qui composent ce groupe : Bolivie, Colombie, Équateur et Pérou. Il a aussi été question des droits de l'homme. Un accord commercial avec le Pérou et la Colombie, prévoyant la libéralisation des échanges dans des secteurs tels que l'agriculture, les services ou les produits industriels, a été signé. Reprise des négociations avec le Merco-sur. À titre d'exemple pour illustrer le fait que les progrès les plus significatifs ont été accomplis dans le cadre des Accords d'association et des relations commer-ciales, citons la décision de reprendre les négociations, qui piétinaient depuis 2004, entre l'Union européenne et le Mercosur, un marché de 700 millions de personnes, avec des échanges bila-téraux supérieurs à 5 milliards d'euros par an. Ainsi s'ouvrent des perspectives encourageantes quant à la possibilité d'un accord avant la fin de l'année. Si des difficultés persistent dans certains sec-teurs, en particulier le secteur agricole, les deux parties réétudient leurs posi-tions et affichent une volonté politique claire de clore au plus vite ce chapitre en suspens dans les relations bi-régionales. La date de la première ronde de négo-ciations est déjà fixée : elle aura lieu au début du mois de juillet.

Accord « historique » entre l'UE et l'Amérique centrale. Les négociations de l'Accord d'association avec l'Amérique centrale, premier accord conclu entre l'Union européenne et un autre bloc ré-gional, ont également été un succès. Au-delà de son importance intrinsèque, cet accord est chargé d'un caractère symbo-lique immense du point de vue du sou-

ACCORD « HISTORIQUE » UE - AMÉRIQUE CENTRALEAprès trois années de négociations, l'Union européenne a conclu son premier accord d'association avec un bloc de pays, en l'occurence les six pays composant la région centraméricaine. Jusqu'ici, l'UE n'avait conclu d'accord d'association qu'avec des pays séparés. Le Costa Rica, le Salvador, le Guatemala, le Honduras, le Nicaragua et le Panama ont signé avec l'UE un accord qualifié par tous « d'historique », car il s'agit sans aucun doute de l'un des grands succès du VIe Sommet Union euro-péenne-Amérique latine et Caraïbes. Cet accord entre régions marque l'avènement de relations privilégiées, notamment dans le domaine commercial. Sur la photogra-phie, le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Miguel Ángel Morati-nos, préside la réunion avec ses homologues européens et latino-américains.

tien de l'UE à l'intégration en Amérique centrale et révèle que la stratégie euro-péenne est toujours pertinente. Outre une ambitieuse composante commer-ciale, l'accord comprend d'autres points visant à stimuler les relations et souligne l'objectif de promotion du respect et de l'application des normes internationa-les en matière de droits de l'homme, de travail et d'institutionnalité démocra-tique, tout en préconisant la protection de l'environnement. Selon le président Rodríguez Zapatero, cet Accord d'asso-ciation « renforce l'Amérique centrale et l'Union européenne au niveau politique, économique et social ». Pour le président du Panama, qui occupe la présidence tournante du Système d'intégration de l'Amérique centrale, cet accord est « his-torique » car il pose les bases du déve-loppement de la coopération en matière de sécurité et de lutte contre le trafic de stupéfiants.

Engagement de la présidence espagnole. En définitive, le VIe Sommet bisannuel

entre l'Union européenne et l'Amérique latine et les Caraïbes a permis de déblo-quer la situation de relative stagnation dans laquelle se trouvaient les relations depuis le début du XXIe siècle. Dans presque tous les domaines, des progrès significatifs permettent de regarder à nouveau avec un certain optimisme l'avenir des relations bi-régionales. Si le sommet était axé sur le thème « Vers une nouvelle étape dans l'association bi-régionale : l'innovation et la technologie en faveur du développement durable et de l'intégration sociale », la plupart des progrès réalisés concerneront d'autres questions, en grande partie dérivées d'engagements et d'objectifs définis de-puis des années.

Malgré des pronostics initiaux quel-que peu pessimistes, le sommet de Ma-drid, sous l'impulsion de la présidence espagnole du Conseil de l'Union euro-péenne, s'est achevé sur des résultats majeurs, qui font sans aucun doute de cette rencontre l'une des plus remarqua-bles de ces dernières années.

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14 e présidence espagnole du conseil de l'ue | en bref

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Les vestiges du passé abondent à Sa-rajevo : l'ancien quartier de Bašcaršija, construit par les Turcs au XVIe siècle ; la synagogue séfarade, témoin d'une importante communauté judéo-espa-gnole présente jusqu'au début du XXe siècle ; le théâtre national, la mairie et bien d'autres édifices érigés à l'époque de l'Empire austro-hongrois ; le quar-tier bâti pour accueillir les athlètes des Jeux olympiques d'hiver de 1984 ; mais nombreuses sont aussi les cicatrices de balles, d'obus et de mitraille sur les bâtiments de toute la ville, preuve des guerres qui ont déchiré l'ex-Yougosla-vie dans la première moitié des années 1990. Toutefois, comme l'ensemble de la région, cette ville des Balkans sou-haite tourner la page et regarder vers l'avenir, un avenir ancré dans la stabilité et orienté vers l'Europe.

Le 2 juin dernier, Sarajevo a accueilli une réunion de haut niveau Union euro-péenne - Balkans occidentaux, initiative hispano-italienne à laquelle ont parti-cipé, outre les représentants des États membres de l'UE, des pays de la région et des institutions communautaires (le commissaire à l'Élargissement, Ste-fan Fülle, et la Haute représentante de l'Union pour la Politique extérieure, Ca-therine Ashton), des acteurs de premier

plan tels que les États-Unis, la Russie, la Turquie, le Conseil de l'Europe, l'OSCE, l'OTAN et le Conseil de Coopération ré-gionale. L'objectif essentiel de cette rencontre était de réaffir-mer l'engagement de l'UE en faveur de la perspective euro-péenne des pays des Balkans occidentaux dans le nouveau cadre du Traité de Lisbonne, dix ans après le Sommet de Zagreb indiquant la voie des réformes structurelles, po-litiques et économiques que ces pays devraient suivre pour s'ouvrir à l'Europe.

L'Espagne, à la présidence tournante du Conseil de l'Union européenne, a assumé la majeure partie de la respon-sabilité du bon déroulement de la réunion. La mission était complexe car l'Espagne souhaitait une réunion intégrant l'ensemble des ac-teurs, y compris le Kosovo, dont l'indé-pendance n'a pas été reconnue par cinq des États membres de l'UE (dont l'Es-pagne) et, parmi ses proches voisins, la Bosnie-Herzégovine et la Serbie. La di-plomatie espagnole est néanmoins par-venue à satisfaire aux exigences des uns

et des autres. Cette réunion s'est ainsi tenue dans em-blèmes nationaux et les par-ticipants s'y sont rencontrés en leur nom propre. Parmi les plus de quarante délégations qui ont assisté à la réunion, étaient présentes celle de la Serbie, ainsi que la déléga-tion du Kosovo, accompa-gnée par le chef de la mission des Nations unies au Kosovo, Lamberto Zannier. Pour la première fois depuis la décla-ration unilatérale d'indépen-dance du Kosovo, le 17 février 2008, des représentants de Belgrade et de Pristina ont pris place autour d'une même table. Trois cents journalistes accrédités ont été les témoins de cet événement capital pour la région.

Au-delà de la présence de tous les acteurs, qui illustre les progrès im-portants accomplis dans le sens de la réconciliation régionale, la réunion a permis de lever de nombreux doutes sur la « fatigue de l'élargissement ››. En effet, dans la région, certains crai-gnaient qu'après l'intégration de dix nouveaux pays en 2004 et de deux

Dix ans après la réunion lors de laquelle l'UE a établi la voie à suivre par les États balkaniques pour se rapprocher de l'Europe, la capitale de la Bosnie-Herzégovine accueille une réunion de haut niveau pour consolider le processus de réconciliation régionale et renforcer la perspective européenne des pays de la zone. Plus de quarante délégations ont assisté à cette rencontre organisée et présidée par l'Espagne.María Pilar Cuadra

L'Union européenne et les Balkans occidentaux se rencontrent à Sarajevo

La Serbie et le Kosovo prennent place autour de la même table pour la première fois depuis la déclaration unilatérale d'indépendance du Kosovo.

Au centre de la réunion de Sarajevo, la coopération régionale et les réformes nécessaires au rapprochement vers l'Europe.

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15e présidence espagnole du conseil de l'ue | en bref

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pays de plus en 2007, le processus d'adhésion des États balkaniques à l'Union européenne ne soit reporté in-définiment.

La situation de chacun de ces pays est certes différente : la Slovénie est déjà membre de l'UE, les négociations de la Croatie sont déjà fort avancées, quant à la Bosnie Herzégovine, son pro-cessus d'adhésion n'a pas encore com-mencé car elle se trouve encore sous contrôle international.

Malgré ces différences, la déclara-tion de la présidence, publiée à l'issue de la réunion, traduit la ferme volonté de l'Union européenne de se tenir aux côtés de ces États dans leur rapproche-ment vers l'Europe. Ce texte reconnaît que les États des Balkans occidentaux ont réalisé « d'importantes avancées dans les réformes économiques et po-litiques ›› mais souligne également les efforts restant à accomplir : réforme ju-diciaire et administrative, lutte contre la corruption et le crime organisé, pro-cessus de retour des réfugiés et des per-sonnes déplacées dans le territoire et liberté d'expression. Progrès auxquels les participants de ces pays se sont en-gagés.

La réunion avait également pour objectif d'aborder la question de l'état

de la coopération régionale. La dé-claration de la présidence lance un appel pour une meilleure efficacité du Conseil de Coopération régionale, créé en 2008 pour remplacer le Pacte de stabilité pour le Sud-ouest de l'Eu-rope qui avait été mis en place à la fin de la guerre des années 1990. Il lui est demandé de mettre en œuvre une stratégie orientée vers les résultats, en déterminant clairement les lignes

d'action prioritaire et en fournissant les bases permettant de rationaliser les diverses initiatives dans la région.

Les réformes nécessaires pour une pleine intégration à l'UE sont certai-nement encore nombreuses, mais à Sarajevo, il n'y avait aucun doute que, comme l'affirme la déclaration de la présidence, « l'avenir des Balkans oc-cidentaux est au sein de l'Union euro-péenne ››.

UNE VILLE QUI PANSE SES BLESSURESLa plupart des cimetières de Sarajevo, avec leurs stèles musulmanes blanches, sont antérieurs à la dernière guerre des Balkans durant laquelle la ville a subi trois année d'un terrible siège. Le quartier commercial turc historique, Bašcaršija, a été restauré et constitue aujourd'hui le pôle d'attraction du tourisme renaissant, mais il reste encore beaucoup à faire. La célèbre bibliothèque de Sarajevo, par exemple, dispose enfin de fonds espagnols pour financer sa reconstruction.

Miguel Ángel Moratinos, aux côtés du ministre bosniaque des Affaires extérieures, Sven Alkalaj (à gauche) et du commissaire européen à l'Élargissement, Stefan Füle (à droite), au cours de la conférence de presse qui s'est tenue après la réunion organisée à l'initiative de la présidence espagnole du Conseil de l'UE. PHOTOS J. HERNÁNDEZ

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16 e présidence espagnole du conseil de l'ue | en bref

« L'Union européenne doit progresser, tant dans le domaine de l'union écono-mique que dans celui de la coopération, en commençant par une responsabilité assumée par les États, mais également en octroyant aux institutions com-munautaires de nouvelles facultés de direction et de moyens d'atteindre les objectifs ››. Ainsi s'exprimait le prési-dent du gouvernement espagnol, José Luis Rodríguez Zapatero, lors de sa première comparution dans le cadre du tour de présidence devant le Par-lement européen. Cela se passait le 20 janvier 2010.

Six mois plus tard, cette déclara-tion d'intentions est devenue réalité. L'union européenne, sous la coordi-nation espagnole, a franchi une étape majeure en approuvant les méca-nismes qui lui permettront de conso-lider l'union économique. Et ce, dans un contexte de profonde crise où la présidence espagnole a en outre dû gérer d'autres crises inattendues telles que celles d'Haïti et du Chili, ainsi que

la crise provoquée par l'émission de cendres du volcan islandais, et tout en devant consacrer une partie impor-tante de son énergie et de son travail au développement de la nouvelle archi-tecture institutionnelle définie par le Traité de Lisbonne.

Vers la gouvernance économique de l'Union. Le secrétaire d'État pour l'Union européenne, Diego López Gar-rido, déclarait que l'un des pires mo-ments de la présidence espagnole avait été la crise grecque. « Ce qui était en péril, précise M. López Garrido, n'était pas uniquement l'économie grecque mais, surtout, l'euro et jusqu'au projet de construction européenne. ››

Pour la première fois, les chefs d'État et de gouvernement des 27 États membres se sont mis d'accord pour ré-guler les marchés financiers, améliorer la transparence des organismes finan-ciers, établir un contrôle européen sur les budgets nationaux, approuver une taxation des institutions financières

et protéger la zone euro contre les at-taques spéculatives par la création d'un mécanisme européen de stabilisation financière permettant de mobiliser jusqu'à 750 milliards d'euros pour sou-tenir les pays connaissant des difficul-tés exceptionnelles.

La nouvelle Stratégie de croissance et de création d'emploi de l'Union eu-ropéenne pour la prochaine décennie a également été adoptée sous la pré-sidence espagnole : la Stratégie Eu-rope 2020 qui constituera désormais la feuille de route de la modernisation économique de l'Union européenne.

Et ce, grâce à une meilleure coor-dination des politiques économiques et fiscales des États membres, qui conduira l'Union européenne à une gouvernance économique, confor-mément aux dispositions de l'article 136 du Traité de fonctionnement de l'Union européenne.

Une présidence tournée vers les ci-toyens. « La deuxième avancée im-

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L'Espagne a passé le relais à la Belgique après un semestre durant lequel la crise économique a occupé le centre de l'agenda européen. La présidence espagnole a encouragé durant ces six mois la consolidation de l'union économique. Un « fait historique ›› selon les termes du secrétaire d'État pour l'UE, Diego López Garrido, qui ne doit toutefois pas occulter les autres progrès réalisés durant ce semestre. Begoña Lucena

La présidence espagnole jette les bases de l'union économique européenne

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17e présidence espagnole du conseil de

portante – souligne le secrétaire d'État pour l'Union européenne – a été de placer les citoyens et leurs problèmes quotidiens au centre des politiques de l'Union ››. Nous sommes parvenus à introduire la lutte contre la violence de genre dans l'agenda européen par l'adoption de la création de l'Observa-toire européen contre la violence de genre et le soutien à l'Ordre juridique européen de protection des victimes.

Durant ces six mois, l'Initiative citoyenne européenne a également commencé à prendre forme. Elle per-mettra à un million de citoyens appar-tenant à neuf pays membres au moins d'appeler la Commission européenne à soumettre une proposition sur des questions relevant de la compétence de l'UE.

Plus immédiate sera l'application de la Directive sur le don et la trans-plantation d'organes, qui a imposé le « modèle espagnol ›› à l'ensemble de l'Union européenne. Et la présidence espagnole a également fait valoir sa po-sition dans la Directive sur l'assistance sanitaire transfrontalière qui offre de meilleures garanties aux patients.

Dans le but d'améliorer la qualité de vie des citoyens européens et de nos villes, les 27 partenaires ont largement soutenu le développement du véhicule électrique.

Le semestre espagnol s'est en outre achevé avec l'accord « ciel ouvert ›› entre l'Union européenne et les États-Unis, ce qui impliquera un meilleur trafic aérien entre ces deux régions et une baisse du coût des vols.

La sécurité des citoyens, et pas uniquement dans le ciel, est une autre question sur laquelle nous avons pro-gressé durant cette période, avec l'adop-

tion du Plan d'action mettant en œuvre le Programme de Stockholm, la signature de la Déclaration de Tolède sur la lutte contre le terrorisme in-ternational et l'adoption de « l'accord SWIFT ›› qui per-met de transmettre aux États-Unis les données bancaires de citoyens européens dans le cadre de la lutte antiterroriste.

La présidence espagnole à l'extérieur. Malgré l'annu-lation du sommet, les États-Unis ont donc été l'un des partenaires stratégiques de l'Union européenne durant la présidence espagnole.

D'importantes étapes ont égale-ment été franchies avec l'Amérique latine et les Caraïbes. Le sommet qui tenu en mai s'est terminé par l'adop-tion de l'Accord d'association UE-Amérique centrale, deux accords com-merciaux avec la Colombie et le Pérou et la reprise des négociations de l'Ac-cord UE-Mercosur.

Pour la première fois, et sous la pré-sidence espagnole, l'Union européenne a tenu un sommet avec un pays arabe, le Maroc, qui représente un palier si-gnificatif pour la consolidation de son statut avancé.

La présidence espagnole a égale-ment porté son attention sur l'élargis-sement de l'UE. Deux chapitres ont été clos avec la Croatie et le processus d'adhésion de la Turquie et, à l'avenir, de la Serbie, a été fortement soutenu. Les négociations avec l'Islande ont été ouvertes.

Une politique extérieure qui dis-posera, à partir de décembre, d'un ins-

trument essentiel, le nouveau corps diplomatique européen, le Service européen d'Action extérieure qui a fait ses pre-mier pas lors du semestre de présidence espagnole.

Unité des institutions. La collaboration avec les institu-tions et, en particulier, avec la Haute représentante, a été un souci majeur de la présidence espagnole à qui il incombait de mettre en œuvre les nou-veaux mécanismes prévus par le Traité de Lisbonne et d'en soutenir les nouveaux responsables.

« Notre engagement était de confé-rer la plus grande visibilité possible tant au nouveau président permanent du Conseil, Herman Van Rompuy, qu'à la Haute représentante, Catherine Ashton. Il ne s'agissait pas d'être pré-sent sur la photo de famille, mais de renforcer leur rôle et de faire en sorte que l'Union européenne s'exprime d'une voix plus forte à l'extérieur ›› a assuré le secrétaire d'État pour l'UE, Diego López Garrido.

Ce postulat d'étroite collaboration avec les institutions et les autres États membres a été maintenu, en parti-culier avec la Belgique et la Hongrie, pays avec lesquels l'Espagne forme le trio de présidences, nouveau format qui permettra d'améliorer la conti-nuité du travail des présidence tour-nantes et d'atteindre ainsi les objec-tifs proposés.

Le quatrième rendez-vous de la présidence espagnole avec l'histoire de la construction européenne est ter-miné, mais la construction se poursuit.

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Le nouveau corps diplomatique européen – le Service européen d'Action extérieure – pourrait entrer en vigueur le 1er décembre après l'accord politique obtenu sous la présidence espagnole

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18 e présidence espagnole du Conseil de l'UE | en

Plus de 8 000 détentions pour la opération de police du COSI Le directeur général de la Police et de la Guardia Civil d'Espagne et actuel pré-sident du Comité permanent de Sécu-rité intérieure (COSI) de l'UE, Francisco Javier Velázquez, a souligné les 8 000 détentions effectuées dans le cadre de « l'Opération intégrale européenne ››, dont les résultats ont été présentés à Bruxelles.

Prix du patrimoine culturel européen Le Prix du patrimoine culturel euro-péen, créé en 2002, récompense les initiatives en matière de récupération et de sauvegarde des monuments et pay-sages. Parmi les monuments espagnols récompensés, citons le théâtre romain de Carthagène, l'église des Déchaux d'Écija et le palais de San Ildefonso, dans la province de Ségovie.

La Commission lance une consul-tation sur les droits de l'enfant La Commission européenne a lancé une consultation pour la nouvelle stra-tégie sur les droits de l'enfant afin de recueillir les contributions des citoyens, organisations, associations, institutions et experts pour la période 2011-2014. La consultation est axée autour des questions suivantes : la participation des enfants au système judiciaire ; les politiques judiciaires à mettre en œuvre pour mieux protéger les enfants ; la protection des groupes les plus vulné-rables et la participation des enfants au développement des politiques qui les concernent directement.

Scientix, un nouveau site Internet européen pour l'enseignement Afin de créer une plate-forme permettant de faciliter la diffusion et l'échange d'information, de connais-sances et d'expériences sur l'ensei-gnement des sciences, la Commission européenne a mis en œuvre le nouveau portail Scientix, qui s'adresse à toutes les personnes intéressées par ce sujet.

Objectif de la présidence. Après des mois de négociations, la présidence espagnole du Conseil de l'UE est parvenue à accélérer la mise en œuvre du Service européen d'Action extérieure (SEAE), qui pourrait être opérationnel en fin d'année.

Accord politique sur le nouveau Service européen d'Action extérieure

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Il s'agit là de l'une des principales nouveautés du Traité de Lisbonne et l'une des priorités que la présidence espagnole s'était imposées pour ce se-mestre. Le corps diplomatique euro-péen est composé de fonctionnaires issus des services compétents des Secrétariats généraux du Conseil des ministres et de la Commission et de membres des services diplomatiques nationaux. Ce service travaillera en collaboration avec les services diplo-matiques des États membres.

Le Conseil des Affaires générales (CAG) du 26 avril a abouti à un com-promis sur le projet de décision fixant l'organisation et le fonctionnement du Service européen d'Action extérieure et la déclaration de responsabilité politique de la Haute représentante. Depuis lors, les quadrilogues avec le Parlement européen se sont intensi-fiés et des améliorations au texte ont été proposées dans le but de rappro-cher les positions et de permettre au

Parlement d'émettre son rapport dès que possible. Le CAG du 14 juin a été informé des avancées et le 21 s'est tenu un dernier quadrilogue qui a permis d'aboutir à un accord entre les re-présentants des trois institutions et la Haute représentante. Cet accord doit à présent être approuvé par les institutions. Le Coreper (Comité des représentants permanents) du 23 juin l'a déjà approuvé pour le Conseil et si le Parlement l'approuvait la première semaine de juillet, la décision pour-rait être formellement adoptée lors du CAG de ce mois-ci.

Le statut du personnel et le règle-ment financier sont en très bonne voie mais resteront en suspens jusqu'après l'été en raison du retard dans la pré-sentation des propositions formelles de la Commission et surtout de la len-teur du travail parlementaire sur ces deux questions. Nous espérons que le paquet sera entièrement approuvé au plus tard en octobre.

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Célébration de la Journée de l'Europe La Journée de l'Europe a été célébrée le 9 mai dernier par une cérémo-nie lors de laquelle le drapeau européen a été hissé, faisant de Madrid la première ville européenne où ce drapeau flotte en permanence, Glorieta de San Vicente.

Cordoue a accueilli la réunion de haut niveau sur la liberté religieuse Début mai, le secrétaire d'État pour l'Union européenne a participé à la réunion de haut niveau sur « La liberté religieuse dans les sociétés démocratiques ›› qui s'est tenue à Cordoue. La rencontre, dans le cadre de la présidence du Conseil de l'UE et sous l'égide de l'Alliance des civilisations, s'est déroulée en deux séances plénières et compre-nait quatre groupes, auxquels ont participé des responsables poli-tiques, des experts et des représen-tants des principales confessions religieuses.

L'Espagne accueille l'Assem-blée du Lobby européen des femmes Le groupe de pression européen des femmes a célébré l'ouverture de son assemblée générale à Madrid à l'occasion de la présidence espa-gnole. Le LEF représente plus de 3 000 associations œuvrant pour l'égalité entre les femmes et les hommes. La directrice de l'Institut de la Femme a rappelé que « seul un membre sur dix du conseil d'administration des plus grandes entreprises européennes est une femme ››.

L'agenda du semestre en matière de R&D&I a été « un succès ›› Le secrétaire d'État à la Re-cherche, Felipe Petriz, a présenté devant le Parlement européen les résultats de la présidence espa-gnole en matière de sciences et d'innovation, pour lesquels tous les objectifs prévus ont été atteints. « La présidence a atteint ses objectifs et a suivi l'agenda politique ‹‹, a souligné M. Petriz qui a également rappelé que le ministère avait éla-boré un programme « ambitieux et proactif ››.

Cérémonie à la Casa de América. Miguel Ángel Moratinos a présenté le 30 juin le bilan du semestre espagnol à la tête du Conseil de l'Union euro-péenne, aux côtés du secrétaire d'État, Diego López Garrido.

Le ministre présente le bilan de la présidence à la société civileAccompagné par le secrétaire d'État pour l'Union européenne, Diego Ló-pez Garrido, le ministre a présenté les progrès réalisés durant ce semestre, en particulier les avancées relatives à l'Europe des citoyens, l'une des priori-tés de la présidence espagnole. Des re-présentants des universités, des entre-prises et des syndicats ont assisté à cet événement auquel étaient également présents les membres de plusieurs ONG et associations de femmes, de ci-toyens et de handicapés avec lesquels

la présidence espagnole a étroitement collaboré depuis la phase de prépara-tion. Entre autres initiatives soutenues par la présidence espagnole, men-tionnons la création de l'Observatoire européen pour la violence de genre et l'Ordre juridique européen de protec-tion des victimes, l'Initiative citoyenne européenne, les Directives sur le don et la transplantation d'organes et d'as-sistance sanitaire transfrontalière, la Stratégie de sécurité intérieure et la promotion du véhicule électrique.

19e présidence espagnole du Conseil de l'UE | en bref

Réunion du trio de présidence espagnole, belge et hongroiseL'évolution du premier trio de prési-dences suivant un programme com-mun « a été une excellente expérience qui se poursuivra avec les présidences belge et hongroise ›› a déclaré le se-crétaire d'État espagnol pour l'UE, Diego López Garrido, le 28 juin, lorsqu'il s'est réuni à Madrid avec les secrétaires d'État pour les Affaires eu-ropéennes de Belgique et de Hongrie, Olivier Chastel et Enikö Györi. Ces derniers ont aussi affirmé que la réu-nion conjointe « permet de constater que le trio de présidence a parfaite-ment fonctionné ››. M. López Garrido a déclaré « avoir convenu ›› que du-rant la présidence belge « certaines de priorités de la présidence espagnole seront atteintes ou poursuivies ››.

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20 e présidence espagnole du Conseil de l'UE | en

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Mme Espinosa met l'accent sur l'importance d'intégrer la Politique agraire commune à la Stratégie La ministre espagnole de l'Environne-ment et du milieu rural et marin, Elena Espinosa, a souligné en juin le fait que l'intégration de l'agriculture à la Stratégie 2020 signifie que l'Europe aurait une Po-litique agraire commune (PAC) « forte et bénéficiant d'un budget suffisant ›› au-delà de 2013. Mme Espinosa s'est exprimée ainsi lors de la présentation du bilan des six mois de présidence devant la Commission de l'Agriculture et du développement rural du Parlement européen, présidence durant laquelle ont été obtenues « des réussites impor-tantes ›› en matière de développement de la compétitivité et de la productivité du secteur.

Les eaux de baignade européennes sont d'une qualité excellente 98,6 % des eaux de baignade es-pagnoles respectent les conditions de qualité exigées par l'Union européenne. Les eaux côtières comme les eaux intérieures sont d'une qualité excellente, comme l'indique le rapport annuel sur les eaux de baignade présenté par la Commission européenne et l'Agence européenne de l'Environnement. Fondé sur des données recueillies dans 20 000 zones de baignade (deux tiers d'eaux côtières, les rivières et les lacs), ce rapport signale également que 96 % des zones de baignade côtières et 90 % des rivières et lacs européens respectent les normes minimales de la directive sur la qualité des eaux de baignade.

L'UE approuve l'ouverture des négociations avec l'Islande Les dirigeants des pays de l'UE, réunis à Bruxelles, ont approuvé l'ouverture des négociations d'adhésion de l'Islande, qui a présenté sa candidature en juillet 2009. Le Conseil ayant donné son feu vert au début des négociations, il lui reviendra d'approuver un « mandat pour les négociations›› qui constituera la base des discussions.

L'UE et les États-Unis signent l'accord sur le transfert de données bancairesLe ministre espagnol de l'Intérieur, Al-fredo Pérez Rubalcaba, en représenta-tion de l'Union européenne, et le chargé d'affaires de l'ambassade des États-Unis auprès de l'UE, Michael Dodman, ont signé en juin l'accord sur le transfert de données bancaires (Swift), dans le but de suivre la piste financière de terro-ristes présumés. M. Rubalcaba a déclaré

sa « satisfaction ›› pour avoir conclu avec Washington « un bon accord, impor-tant pour prévenir et lutter contre le ter-rorisme ››. Cet accord entre Bruxelles et Washington, suspendu depuis le mois de février dernier en raison du veto du Parlement européen au texte précédent, était l'une des priorités de la présidence espagnole du Conseil de l'UE.

L'initiative citoyenne européenne plus proche que jamais Rapprocher les institutions euro-péennes des citoyens a toujours été l'un des grands objectifs de la présidence es-pagnole du Conseil de l'UE. La mise en marche d'un instrument concret pour y parvenir en est une parfaite illustra-tion. Grâce à l'Initiative citoyenne eu-ropéenne, pour laquelle l'Espagne avait lancé un débat en janvier, il suffira d'un million de citoyen appartenant à un tiers des États membre pour appeler la Commission européenne à soumettre une proposition sur des questions rele-vant de la compétence de l'UE. Un ins-

trument de participation démocratique directe qui rapprochera l'Europe des citoyens et structurera les courants so-ciaux transeuropéens est ainsi créé.

Compte tenu du fait que les systèmes de recensement des États membres sont très différents, soulignons que le règle-ment proposé par la Commission a éla-boré une solution acceptable par tous et que tous les efforts ont été faits pour que ce système n'engendre pas de frais sup-plémentaires de gestion bureaucratique. Un effort a également été entrepris pour permettre aux citoyens l'utilisation de moyens électroniques. La présentation des initiatives a été d'autre part rendue aussi accessible que possible.

Cette nouvelle forme de démocratie participative dans l'Union représente une véritable avancée et peut constituer un élément très important pour que les citoyens se fassent entendre et puissent exprimer leurs préoccupations. Par ailleurs, des mécanismes garantissant que toute initiative proposée respecte les valeurs et les droits fondamentaux qui caractérisent le projet européen ont été prévus.

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21e présidence espagnole du Conseil de l'UE

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Clôture culturelle de la présidence espagnole du Conseil de l'UE Le programme culturel de la présidence s'est conclu par une fête ouverte à tous les citoyens. Près 40 musiciens belges, hongrois et espagnols qui participaient au festival « Europa en vivo 2010 ›› ont fêté la fin de la présidence avec un concert gratuit à Madrid. Plusieurs ministres espagnols et secrétaires d'États ainsi que les ambassadeurs de Belgique et de Hongrie, les deux pays qui forment avec l'Espagne le trio de présidence, ont assisté au gala de clôture. Les musiciens sont arrivés à Madrid après trois jours passés ensemble dans une sorte de laboratoire musical organisé au palais de San Ildefonso (province de Ségovie).

Accord sur les contenus de la nouvelle directive relative à la pharma-covigilance L'accord entre le Conseil de l'UE et le Parlement européen sur le texte qui réglementera les procédures de pharmacovigilance dans l'Union a été confirmé en juin. Cette réglementation a pour objectif essentiel de renforcer la vigilance, la transparence et la communication sur la sécurité des médicaments com-mercialisés. Elle jouera en outre un rôle fondamental dans la protection de la santé publique, car elle est chargée de prévenir, détecter et évaluer les effets secondaires des médicaments et de prendre les mesures nécessaires pour que leur rapport bénéfice/risque reste favorable.

Soutien à la stratégie commune contre le terrorisme international L'Union européenne et les États-Unis ont réitéré leur engagement pour la lutte contre le terrorisme international à travers une déclaration approuvée lors du dernier Conseil des ministres de l'Intérieur qui s'est tenu sous la présidence espagnole du Conseil de l'UE. Le texte de la déclaration lance un message de « fermeté contre le terrorisme ›› et de « tolérance envers les autres cultures ›› : deux notions qui, comme l'a souligné le ministre espagnol de l'Intérieur, Alfredo Pérez Rubalcaba, sont « tout à fait compatibles ››.

Cristina Garmendia inaugure l'exposition « Todo es diseño ›› La ministre de la Science et de l'innovation, Cristina Garmendia, a inauguré en juin, au Cercle des Beaux-Arts, l'exposition « Todo es diseño ››, organisée par la Société d'État pour le développement de la création et de l'innovation et le Conseil international des associations de création graphique, dans le cadre de la programmation de la présidence espagnole. L'exposition, dont le commis-saire est le célèbre créateur et illustrateur Oscar Mariné, montre une sélection d'affiches, publications, typographies, conditionnements et autres œuvres de 40 créateurs espagnols et 20 créateurs d'autres pays d'Europe.

L'Espagne accueille la troisième conférence thématique du Pacte européen pour la santé et le bien-être Le secrétaire général à la Santé, José Martínez Olmos, a inauguré le 28 juin, à Madrid, la conférence « La santé mentale et le bien-être des personnes âgées ››, organisée par le ministère de la Santé et la politique sociale et la Commission européenne, dans le cadre de la présidence espagnole. Cette conférence est la troisième des cinq prévues par le Pacte européen pour la santé mentale et le bien-être. Chacune de ces conférences est consacrée à un domaine prioritaire : prévention de la dépression et du suicide ; santé mentale chez les jeunes et dans l'enseignement ; santé mentale des personnes âgées ; lutte contre la stig-matisation et l'exclusion sociale et santé mentale dans le monde du travail.

Engagement sur la mobilité des patients

Soutien européen au véhicule électrique

Les ministres de la Santé de l'UE ont appuyé la proposition espagnole sur la mobilité des patients à l'intérieur de l'Union, lors du Conseil emploi, politique sociale, santé et consomma-teurs (EPSCO) qui s'est tenu en juin au Luxembourg. Lors des débats pu-blics, la plupart des États membres ont soutenu le nouveau projet de directive sur les soins médicaux transfrontaliers élaboré par la présidence espagnole, qui se situe à mi-chemin entre les in-térêts des différents pays et la propo-sition initiale de la Commission euro-péenne (CE). La nouvelle proposition établit comme règle générale que le pays de résidence du patient prendra son traitement en charge, elle fixe aussi l'obligation de demande d'autorisation préalable au système sanitaire du pays d'origine pour les patients demandant des soins médicaux dans un autre État membre, ou la possibilité d'accéder indistinctement aux services sani-taires publics et privés de tous les États membres de l'UE.

Réunis à Bruxelles, les ministres de l'Industrie ont approuvé des conclu-sions dans lesquelles ils demandent à la Commission européenne de pré-senter des mesures en vue de promou-voir la fabrication et la commerciali-sation des véhicules électriques, sans référence à une technologie particu-lière. Un communiqué conjoint signé par la France, l'Allemagne, le Portugal et l'Espagne pour soutenir le véhicule électrique a également été rendu pu-blic lors de cette réunion. Ces pays y engagent la Commission à accélérer les travaux visant à établir un standard du véhicule électrique en 2011.

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Le Sénégal, pays de la Teranga

22 a action extérieure

Dix-neuf heures sur le marché des pê-cheurs de Dakar, le soleil commence à descendre sur la mer et les premières pirogues à arriver et décharger le pois-son. Sur la rive, les femmes aux tenues magnifiques, aux imprimés voyants, festival de couleurs élégantes en pleine Corniche-Ouest, qui viennent récupérer le poisson pour ensuite le vendre sur la plage.

Au loin, en face du phare des Ma-melles, se dresse le Monument pour la Renaissance africaine inauguré récem-ment. Érigé sur une colline de Dakar, le colosse de bronze de 50 mètres dépasse en hauteur la Statue de la liberté de New York. Fabriqué en Corée du Nord, il re-présente la détermination d'un conti-nent qui veut sortir de l'oubli. Ainsi l'a voulu le président octogénaire sénéga-lais, Abdoulaye Wade, qui se verrait di-riger de ce que l'on appelle parfois les « États-Unis d'Afrique ». Pour l'instant, toutefois, ce monument a surtout réussi à créer une polémique, probablement parce que dans un pays où 95 % de la po-pulation est musulmane, l'effigie d'une femme à demi-nue surprend.

Dakar, la capitale du pays, est une

CONNAÎTRE VOTRE AMBASSADE Le Sénégal, vibrant et fébrile par essence, offre les attraits de sa beauté naturelle et de sa vitalité culturelle. Qu'il s'agisse de marchander jusqu'à l'épuisement, de se laisser étourdir par le brouhaha de la capitale, ou de savourer tranquillement une Flag sur une plage du Sud. Le Sénégal, au rythme du tam-tam, est arrivé pour rester Paloma Portela

ville fébrile merveilleusement chao-tique. Caractérisée par une constante effervescence, des taxis délabrés et des « cars rapides » (pittoresques minibus jaunes et bleus, avec leurs douzaines de passagers et nombreux sacs de riz), elle laisserait difficilement indifférent.

Les marchés de Dakar sont l'un des signes distinctifs de la ville. Le marché bondé de Sandaga est unique, c'est le

marché le plus animé et central de Da-kar ; ici, on trouve littéralement de tout. Le marché de Kermel est également re-marquable, sa structure fut conçue par Eiffel, mais ce sont ses étals qui sont le plus étonnants, situés dans la zone de pêche, des étals d'énormes langoustes et autres fruits de mer vivants. C'est comme s'enfoncer dans la mer, car c'est précisément l'odeur qui nous enveloppe,

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23a action extérieure

celle de la mer. Les fruits et légumes s'empilent harmonieusement comme d'authentiques natures mortes de cou-leurs.

Mais Dakar vibre avant tout la nuit. Ici se trouvent les boîtes de nuit et clubs de musique en direct les plus surpre-nants du continent. Et soudain, dans un accès d'euphorie, le mbalax commence à résonner, ce rythme typiquement sé-négalais qui donne des fourmis dans les jambes et provoque les coups de hanches les plus effrontément sensuels. Le mbalax est l'âme de la musique séné-galaise mais les jambes, les muscles, les hanches et les fesses le sont également. Il a été rendu célèbre par Youssou N'dour, maître incontesté du genre qui est également l'une des grandes icônes de la musique africaine.

La constante ébullition de cette ville contraste avec la tranquillité que l'on trouve sur l'Ile de Gorée, inscrite par l'UNESCO au patrimoine de l'humanité en 1978. Cette île, aux étroits sentiers dé-bordant de bougainvillées et de maisons coloniales, fut une enclave du commerce d'esclaves au XVIIIe et au XIXe siècles. La Maison des Esclaves est un symbole

LE SÉNÉGAL EN CHIFFRESSuperficie : 197 000 km2

Population : 12,4 millions d'habitantsDensité démographique : 62,8 habi-tants/km2

Croissance annuelle de la population : 2,7 %Espérance de vie à la naissance : 63 ansRang IDH (2005) : 166PIB (millions de dollars) : 13 024 (2007) Taux d'inflation : 5,7 % (2007) Principal client exportation : Mali Principal client importation : France Principales exportations : Combustibles et minerais Principales importations : Biens d'équipementPrésence commerciale espagnole : L'Espagne occupe le 5e rang d'importa-teur et le 7e rang de fournisseurEspagnols résidents (2007) : 470Source MAEC

important et un rappel de l'horreur de la culture esclavagiste.

Il est certain que quand on parvient à traverser la route tourmentée de Ru-fisque et à quitter Dakar, la tranquillité et l'amabilité des habitants devient en-core plus évidente. En feuilletant n'im-porte quel livre sur le pays, on tombe sur le mot Teranga, qui signifie hospitalité, utilisé surtout dans la publicité touris-tique. La terre du wolof, la langue la plus parlée au Sénégal, est fière d'être le pays de la Teranga.

Vers le nord, une route bordée de baobabs, de tous les âges et tailles, mène à Saint-Louis. En parcourant la ville, on peut se faire une idée de ce qu'était le Sénégal pendant la période coloniale. Aujourd'hui, Saint-Louis est une ville qui semble s'écrouler, comme si une force tirait les édifices vers le bas alors qu'ils s'efforcent de rester debout. Il fut une époque où Saint-Louis était la

Femmes traversant le fleuve Casamance sur l'Ile de Gorée à Dakar, et mosquée d'Ouakam dans la capitale séné-

galaise.

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24 a action extérieure

Quand et pourquoi ai-je décidé de partir pour le Sénégal ? En juin 1992, je crois… Depuis un moment je sentais « l'appel » de l'Afrique. Quand j'étais enfant, les films de Tarzan et Orzowei et, plus tard, la musique, du blues au reggae, à travers leur origine africaine, m'ont incité à partir pour l'Afrique. J'ai toujours eu la sensation que le berceau de l'homme, son essence, étaient ici. Même si j'étais en Californie pendant mes études, quand j'ai eu mon premier contact avec des Africains, leur art rituel et leur musique, je sus que je devais y aller. Je suis venu au Sénégal parce que j'avais des amis et des contacts qui pouvaient m'ac-cueillir à Dakar.En général, quelle est votre expérience dans ce pays ?Très positive. J'ai grandi ici en tant que personne et j'ai intégré à mes valeurs espagnoles celles d'une culture très différente. J'ai réussi mon intégration et j'ai toujours

trouvé des raisons de rester ici. Je me sens bien, vivant… et chaque jour est étonnant.Quel est le niveau d'intégration de nos compatriotes au Sénégal ? On trouve de tout. En général, les gens qui vivent à l'intérieur du pays, et de leur propre volonté, sont contents et bien intégrés dans le milieu rural. Dans des vil-les cosmopolites comme Dakar, l'intégration est moindre, compte tenu du fait que la plupart des Espagnols sont de passage, af-fectés temporairement… ils n'ont pas choisi d'être ici. En général, je crois que l'Espagnol s'adapte facilement et il est bien reçu et accepté du fait de son caractère ouvert et sympathique.En tant que communauté, quel type d'activités les Espagnols résidant au Sénégal réalisent-ils pour rester en contact ? Rien de manière officielle, excepté certains jours importants comme l'Hispanidad, quand l'ambassade organise une réunion pour la

communauté. La section cultu-relle de cette ambassade orga-nise néanmoins de nombreuses activités, des festivals, un cinéma d'été, des expositions... qui per-mettent aux expatriés espagnols de se rencontrer et de partager des événements avec le peuple sénégalais.Donnez-nous une raison de choisir le Sénégal, comme destination de vacances ou professionnelle.Elles sont nombreuses. Sa proximité géographique (à deux heures de Las Palmas et un peu plus de quatre heures de Madrid), son caractère ouvert, la beauté et l'humanité de ses habitants. En outre, le Sénégal a de bonnes infrastructures et, sur le plan touristique, il est parfaite-ment équipé. Le Sénégal est un pays tranquille, sûr et tolérant, stable au niveau politique et doté d'une large offre culturelle et dont certains codes sont très ac-cessibles au voyageur occidental.

Nicolás de la CarreraENTREPRENEUR ESPAGNOL INSTALLÉ DEPUIS 18 ANS AU SÉNÉGAL

UN ESPAGNOL AU SÉNÉGAL

capitale de l'Afrique de l'Ouest, et c'est précisément ce que l'on devine entre la décadence et l'odeur de poisson en cours de fumaison. On peut contempler de splendides demeures anciennes, avec leurs grilles en fer forgé et leurs balcons de bois. Et toujours un festival de cou-leurs ; des maisons bleues à porte rouge, jaunes aux baies vitrées bleues, vertes avec des balcons roses.

Le Sud du Sénégal offre un paysage différent, plus tropical que la savane qui mène au Nord. Même si les nouvelles de Casamance ont été souvent négatives, la région possède des sols fertiles, des voies fluviales et la culture unique des Diolas. Le cours du fleuve Casamance est rythmé de mangroves, de palmeraies et de la beauté des plages de Cap Skiring.

Mais au pays de la Teranga, à côté de la beauté des paysages et de l'ama-bilité des habitants, vivent des enfants qui marchent une boîte de conserve à

la main et que quelques marabouts obli-gent à mendier. Des gens qui vivent et meurent dans la rue, des groupes de ma-lades en fauteuil roulant qui souffrent de poliomyélite (maladie éradiquée depuis longtemps dans les pays riches). Un pays qui, en définitive, occupe le 166e rang sur 182 pour l'indice de développement hu-main et le 124e rang sur 135 pour l'Indice de pauvreté. Tout cela explique pour-quoi le Sénégal est un pays prioritaire pour la Coopération espagnole depuis 2001 et pourquoi il l'est toujours dans le plan directeur 2009-2012.

Le Sénégal reste un pays plein de contrastes plus ou moins justes, d'images qui se superposent et de paysages qui constituent un puzzle stupéfiant. En dépit ou en raison de tout cela, ce pays représente le visage le plus agréable et encourageant d'un continent qui réécrit chaque jour de nouvelles pages de l'ave-nir.

Ambassade d'Espagne à Dakar, le Hall de l'ambas-sade et les participants au Ier Concours littéraire espagnol organisé par le l'Institut Cervantès de la capitale sénégalaise.

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Sénégal, la porte de l'Espagne en Afrique occidentale

L'intensité et l'importance des rela-tions bilatérales entre l'Espagne et le Sénégal sont un phénomène re-lativement récent. Si ces deux pays entretiennent des relations depuis les années 1960, elles étaient peu développées. L'Afrique, et surtout l'Afrique subsaharienne, jouaient un rôle secondaire dans notre politique extérieure.

Cette situation change à partir de 2005, quand il est décidé d'aug-menter substantiellement l'aide au développement et d'élargir simulta-nément la zone géographique d'ac-tion prioritaire de notre coopération pour l'étendre à l'Afrique subsaha-rienne. La publication du premier Plan Afrique entraîne le premier rapprochement entre la politique extérieure espagnole et le continent africain, avec une approche stra-tégique. Le Sénégal apparaît déjà comme le fer de lance et le modèle de cette nouvelle approche.

En 2006, la « crise migratoire » éclate avec l'arrivée sur les côtes des Canaries de plus de 30 000 émigrés africains, dont une majo-rité de Sénégalais. Une tragédie humaine qui n'a pas seulement renforcé mais accéléré la détermi-nation de l'Espagne à accroître sa présence en Afrique de l'Ouest. Dès lors, le Sénégal devient le labo-ratoire de ce que l'on appelle main-tenant « l'approche intégrale de la migration », sous l'impulsion de l'Espagne et qui fut ensuite adoptée par l'UE. Cette approche consiste à traiter le phénomène migratoire

en dialoguant et en coopérant avec les pays d'origine d'un point de vue intégral : non seulement empêcher l'émigration clandestine, mais aussi offrir aux pays d'origine une série de mécanismes et d'instruments pour soutenir et canaliser l'émigration légale.

Pour le lancement de cette poli-tique, les moyens humains et ma-tériels de l'Ambassade d'Espagne ont été considérablement accrus : à la Chancellerie et au Bureau commercial, qui ont également été renforcés, s'ajoutèrent un Conseil de l'intérieur, le Consulat général à Dakar, un Conseil du travail et de l'immigration, un important Bureau technique de coopération, et le premier Institut Cervantès d'Afrique subsaharienne est sur le point d'être inauguré. À cela, il faut ajouter les importants moyens de la Guardia Civil et de la Police nationale mis à la disposition de l'opération HERA-FRONTEX de l'Union européenne dans les eaux et sur le territoire sénégalais.

Dans le même temps, la coopé-ration pour développement de l'Espagne au Sénégal est passée de quantité négligeable durant la pre-mière moitié de la décennie à plus de 80 millions d'euros en 2009. L'Espagne est déjà le deuxième donateur bilatéral du Sénégal, der-rière la France, l'ancienne puissance coloniale.

Le résultat de ces politiques ne saurait être plus positif. De près de

3 0000 personnes arrivées aux Canaries en 2006 sur plus de 600 pirogues depuis le Sénégal, nous sommes passés à zéro en 2009. Et tout cela dans une parfaite harmo-nie et coopération avec les autorités sénégalaises, qui ont collaboré de manière exemplaire pour mettre un terme à ce phénomène inhumain.

Mais le Sénégal est également un pays d'opportunités, dont le poten-tiel économique est inexploité, sur-tout dans les secteurs touristiques et agricoles. C'est une démocratie solide et stable, à la croissance économique durable et avec une inflation très modérée. En somme, le Sénégal est une excellente porte d'entrée sur l'Afrique de l'Ouest.

Pour les Sénégalais, dont quelque 60 000 vivent et travaillent dans notre pays, l'Espagne n'est pas complètement inconnue. Rare est le Sénégalais qui n'a pas un ami ou un proche en Espagne. La Ligue de football est suivie avec passion, et notre langue est parlée ou balbutiée par de plus en plus de Sénéga-lais. En quatre ans, le Sénégal et l'Espagne, qui se tournaient le dos, sont devenus de bons voisins, mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir, et de grandes opportunités à la portée des deux pays. C'est pour cela que notre prochain objectif doit être de mettre notre présence et notre excellente image dans ce pays à profit pour exploiter ces opportunités dans des domaines que les entrepreneurs espagnols maîtrisent.

En quatre ans, le Sénégal et l'Espagne, qui se tournaient le dos, sont devenus de bons voisins, mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir, et de grandes opportunités à la portée des deux pays.

25a action extérieure

Jorge Toledo AMBASSADEUR D'ESPAGNE AU SÉNÉGAL

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26 A l'analyse

— Colloques, présentations, tri-bunes… De nombreux événements se tiennent chaque jour à la Casa de América. Concrètement, dans quels projets ces activités se traduisent-elles ? —Une quantité ! Par exemple, nous avons un cours d'écriture de scénarios qui en est à sa dixième édition et à l'issue du-quel, chaque année, une trentaine de scé-narios sont présentés. Je parle là de près de 300 films dont 90 % ont été produits. Plusieurs de ces films ont été projetés ici pour la première fois et certains ont rem-porté l'Ours d'or à Berlin, ont obtenu des mentions spéciales à Sundance ou ont été sélectionnés pour la quinzaine des réalisateurs, à Cannes.

En littérature, nous avons aussi des congrès de jeunes écrivains. Comme il n'y a pas de capitale culturelle évidente en Amérique latine, cette fonction nous revient, en quelque sorte : quand un met-teur en scène bolivien ou un dramaturge hondurien souhaitent se faire connaître, il leur est plus facile de le faire à Madrid. Bien sûr, certaines capitales, ponctuel-lement, marquent l'agenda culturel, comme Guadalajara lors de la Fête du Livre, Mar del Plata pour son festival de cinéma, Miami pour la musique, mais le seul espace de rencontre pluridiscipli-naire, c'est Madrid et la Casa de América.

Ces projets ne sont pas éphémères, ils créent des réseaux et développent le tissu associatif en Amérique latine, ils en-

gagent en outre les faiseurs d'opinion, ce qui est essentiel. Nous avons un prix de littérature avec Planeta, un prix d'essai avec Debate... Dans le domaine des idées, nous avons également toutes les « tri-bunes américaines » en collaboration avec EFE et TVE émises en Amérique la-tine, et qui ont un fort impact. Nous pro-posons en moyenne quatre événements publics chaque jour et nous louons le pa-lais de Linares pour nous financer.

Une partie de notre financement, à hauteur de presque 50 %, est public, il provient essentiellement du ministère des Affaires étrangères à travers l'AE-CID. Nous recevons aussi des contribu-tions de la Mairie et de la Communauté de Madrid, je dois d'ailleurs avouer que notre bâtiment a été cédé par la Mairie au consortium Casa de América, pour le reste du budget, nous nous arrangeons avec nos mécènes, les loyers et les dons. — Quelle est l'implication des entre-prises espagnoles et latino-améri-caines dans la gestion de la Casa ?— Nous avons un haut patronage dans lequel plusieurs grandes entreprises es-pagnoles sont présentes, de même que le groupe mexicain Modelo (la bière Coronita) et nous nous efforçons actuel-lement d'y introduire davantage d'entre-prises latino-américaines. Nous organi-sons par exemple un séminaire sur les infrastructures en Amérique latine et nous avons obtenu le parrainage d'Aber-tis. Pour le prochain festival VIVAME-

RICA, nous espérons compter parmi nos mécènes la fondation Repsol, le thème étant la biodiversité, sujet qui intéresse cette fondation. Nous faisons notre pos-sible pour que la programmation reste indépendante et que nos mécènes aient un rapport avec chaque thème. — Vous êtes journaliste et écrivaine. Comment avez-vous relevé le défi de diriger une telle structure ? — J'ai fait des études de journalisme et exercé cette profession lorsque j'étais très jeune, à Gérone. Après avoir ter-miné mes études, j'ai tout de suite tra-vaillé dans une multinationale de loisirs et de culture, dès mon arrivée dans le département de la communication et de la gestion culturelle. J'ai vécu à Paris et à Lisbonne, je me suis occupée du dé-veloppement en Italie, en Suisse... J'ai eu la chance de beaucoup voyager pour mettre en place nos expositions et notre politique culturelle de la région méditer-ranéenne. Une véritable épreuve du feu qui m'a permis de m'initier à la gestion culturelle. — À présent, qu'aimeriez-vous faire de la Casa de América ? — Casa de América, c'est déjà bien. Le premier objectif est de la maintenir dans ses locaux. Elle a un grand avantage : elle se trouve sur la place de Cibeles, tous les événements que nous organisons trouvent donc toujours un public. Mais notre grand projet, en ce moment, est la Casa de América virtuelle. Je ne vois

Nouveaux projets à la Casa de América. Dans l'objectif de créer un forum sur des questions économiques, politiques, scientifiques et culturelles relatives à l'Ibéro-Amérique, la Casa de América a été inaugurée en 1992 à Madrid. Sa directrice générale réfléchit aujourd'hui à « une mission très simple : diffuser et promouvoir la produc-tion culturelle et la pensée de l'Amérique latine en Espagne et réciproquement. » Son prochain grand projet : la future Casa de América virtuelle.

Inma Turbau DIRECTRICE DE CASA DE AMÉRICA

« Nous souhaitons que la Casa de América virtuelle devienne une référence pour la culture et la pensée ibéro-américaine »

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27A l'analyse

LE PROFIL. Inma Turbau est née à Gérone en 1974, elle est journaliste, écrivaine et spécialiste en gestion culturelle. Elle a exercé la profession de journaliste au sein de plusieurs mé-dia catalans et a occupé, depuis 1996, diverses fonctions de responsabilité et de direction de la gestion culturelle en Espagne et au Portugal. En tant qu'écrivaine, ses récits ont été publiés dans des anthologies en Espagne, en France, en Allemagne, au Mexique et au Portugal, entre autres. Elle est l'auteure de El juego del ahorcado, publié aux éditions Mondadori, traduit dans plusieurs langues et récemment adapté au cinéma par le réalisateur Manuel Gómez Pereira. Depuis février 2009, elle est directrice générale de la Casa de América.

mêmes sensations. Pour nous, c'est très important. En outre, le site sera très am-bitieux. Nous sommes très contents car, quitte à le faire, nous avons pris modèle sur le site de la Tate, celui du Barbican Centre à Londres…

Nous avons à présent d'excellent chiffres pour le site, environ 300 000 vi-siteurs par mois et le but est d'arriver à 2 millions. Voilà l'objectif que nous nous sommes fixé, même si personne ne nous le demande. Nous voulons fonctionner comme un grand centre d'information et de contenus exclusifs, que l'on ne trou-vera que là, et devenir le site de référence pour la culture et la pensée ibéro-améri-caine. À terme, la Casa de América phy-sique sera presque un créateur de conte-nus pour la Casa de América virtuelle, qui sera une plate-forme entièrement ouverte aux réseaux sociaux, où l'on pourra introduire des éléments de Fa-cebook et des futurs réseaux qui verront le jour à l'ère d'Internet 3.0. Nous dispo-serons d'une plate-forme parfaitement préparée pour ce nouveau type de rela-tions entre les gens. Je pense que j'aurai la possibilité de le faire et je m'en réjouis.

pas ce que je pourrais faire pour ajouter au rayonnement de la Casa, et il serait prétentieux de ma part de penser que je pourrais accroître le prestige de l'insti-tution. Mais ce que je peux faire, et que l'équipe prépare actuellement, c'est la Casa de América virtuelle, parce qu'il est absurde qu'à l'ère du numérique, il soit si difficile d'accéder à la programmation. Si vous êtes un privilégié qui peut passer à 19 heures places de Cibeles, vous avez de la chance, mais c'est impossible pour

la majeure partie de notre public po-tentiel. Nous transformons progressive-ment notre amphithéâtre en plateau de télévision, nous adaptons tout pour fil-mer les événements en haute définition et, d'autre part, nous modifions consi-dérablement la gestion des contenus et la maquette du site. Grâce à la nouvelle Casa virtuelle, peu importe que vous soyez à Avilés ou Helsinki, vous pourrez vivre la même expérience, celle de vous trouver au cœur de l'événement, avec les

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28 a action extérieure en bref

Le gouvernement soutient l'attribution du prix Nobel à la fondation Vicente Ferrer Miguel Ángel Moratinos a soutenu à Bruxelles la candidature de la fondation Vicente Ferrer pour le prix Nobel de la paix. Le ministre des Affaires étrangères et de la coopération a dressé le portrait du « grand humaniste » et a souligné le travail de sa fonda-tion, « exemple de la manière dont l'aide au développement doit être réalisée ».

L'Espagne conseille la Turquie sur le commerce des espèces menacées L'Espagne, à travers la FIIAPP (Fondation internationale et pour l'Amérique latine d'administration et de politiques publiques), a été choisie pour conseiller la Turquie dans le cadre de la mise en œuvre de la Convention sur le commerce international des espèces de flore et de faune sauvages menacées d'extinction, qui réglemente le commerce de ces espèces et a pour objectif de les préserver. Le projet, qui commencera en 2011, est financé par l'UE, pour une durée de 24 mois et un budget de 1 million d'euros.

Rencontre Espagne-Afrique en faveur des entrepreneuses Une centaine de dirigeantes d'entreprises et de représentantes d'organisations de femmes en provenance de plus de 30 pays ont participé à Madrid à la Rencontre des entrepreneuses africaines et espagnoles, organisée par la fonda-tion Mujeres. L'objectif était de tis-ser un réseau d'alliances facilitant la coopération et le développement des projets de ces organisations, et d'améliorer la situation des femmes dans les pays d'Afrique subsaharienne.

Il fut Consul à Athènes entre 1943 et 1945. En tant que Juste parmi les Nations, il rejoindrait les diplomates espagnols Ángel Sanz Briz, Eduardo Propper de Callejón et José Ruiz Santaella

Romero Radigales est proposé pour recevoir le titre de Juste parmi les NationsAprès une enquête exhaustive, la fon-dation Raoul Wallenberg vient de présenter le diplomate espagnol Se-bastián Romero Radigales pour le titre de Juste parmi les Nations, distinction que l'État d'Israël décerne aux per-sonnes qui, n'étant pas de confession ni d'ascendance israélite, ont aidé les juifs victimes de persécution durant le Troisième Reich. Les diplomates espagnols Ángel Sanz Briz, Eduardo Propper de Callejón et José Ruiz San-taella sont Justes parmi les Nations.

Sebastián Romero Radigales, consul général à Athènes entre 1994 et 1945, est un héros universel grâce aux efforts de cette fondation améri-caine qui a réalisé une enquête sur sa

carrière durant la Deuxième Guerre mondiale. En dépit des directives du régime de Franco et au péril de sa vie, il parvint à sauver à Salonique 600 juifs séfarades menacés d'extermina-tion par les nazis.

Sebastián Romero, et bien d'autres diplomates espagnols qui, comme lui, aidèrent les juifs à échapper à l'Ho-locauste, furent sauvés de l'oubli en 2000, avec la création par le ministère des Affaires étrangères espagnol d'un site Internet consacré à leur mémoire : « Diplomates espagnols durant l'Holo-causte ». Quelques années plus tard, en 2007, il leur fut rendu hommage avec l'exposition « Visas pour la liberté », organisée par la Casa Sefarad-Israel.

Les États-Unis se joignent au Groupe des Amis de l'Alliance des civilisationsLes États-Unis ont annoncé le 14 mai dernier leur entrée dans le Groupe des Amis de l'Alliance des civilisations car ils considèrent, selon les mots du por-te-parole du Département d'État, que cette initiative coïncide avec la vision

du monde du président Barack Obama. Avec les États-Unis, 119 pays et organi-sations internationales sont membres de cette organisation créée à l'initia-tive des gouvernements espagnol et turc en 2004.

Sebastián de Romero Radigales (au centre de la photographie, portant une icône byzantine), lors d'un hommage reçu en 1954 à Athènes pour les services rendus aux juifs de Salonique.

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29a action extérieure en bref

M. Moratinos reçoit le prix Jan Karski décerné par le Comité juif

américain Le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Miguel Ángel Moratinos, a reçu, lors de la réunion annuelle du Comité juif américain à Washington, le prix Jan Karski qui distingue les personnalités ayant joué un rôle de premier plan dans la lutte mondiale contre l'antisémitisme. Lors de sa visite aux États-Unis, M. Morati-nos a également assisté à l'ouverture

de la Conférence d'examen du Traité de non-prolifération, à New York.

Conférence « Thaïlande en crise : y a-t-il une issue ? » au Casa Asia Juan Manuel López Nadal, ex-ambassadeur d'Espagne à Bangkok et actuel am-bassadeur en mission spéciale pour l'Asie, a prononcé le 21 juin, au siège de Casa Asia, une conférence sur la crise en Thaïlande qui dure depuis près de cinq ans. Le dernier épisode du conflit entre les forces progouvernementales et les che-mises rouges s'est soldé par la mort de 88 personnes et 2 000 blessés environ.

Commémoration du 65e anniversaire de la libération La vice-présidente du gouvernement s'est rendue à Mauthausen (Autriche) pour participer au 65e anniversaire de la libération du camp de concentration et rendre hommage aux plus de 9 000 victimes espagnoles de la politique nazie d'extermination. María Teresa Fernández de la Vega a parcouru la zone des mo-numents nationaux, visité la carrière du camp et présidé l'hommage et le dépôt de gerbes aux républicains espagnols devant le monument de notre pays.

Les entreprises espagnoles de plus en plus présentes dans les concours internationaux Les Chambres du Commerce ont lancé un programme d'initiation aux concours internationaux en vue de répondre à la demande d'entreprises es-pagnoles sur le marché extérieur. On estime que 200 entreprises espagnoles interviennent dans ce secteur qui représente chaque année près de 60 milliards d'euros. L'Espagne occupe une position notable dans les concours de secteurs tels que celui de l'ingénierie, la consultance et les travaux publics.

Journées internationales « Penser en espagnol » à Chicago L'Institut Cervantès de Chicago a accueilli en mai les Journées internationales « Penser en espagnol », organisées par le ministère de la Culture et l'université autonome de Mexico, en vue d'apporter des réponses aux difficultés rencontrées par cette langue et de chercher des stratégies communes dans le domaine de l'industrie, de la communication et des nouvelles technologies de l'information.

Séminaire sur l'immigration à Barcelone Organisé à Barcelone par l'Institut européen d'Administration publique, le Centre européen pour les régions et la fondation CIDOB, ce séminaire a abordé les principales questions soulevées par le Programme de Stockholm et a permis d'examiner plusieurs points essentiels pour la conception d'une politique d'im-migration commune à l'échelle européenne.

Nouvelles technologies

L'Espagne reçoit le prix des Nations unies pour le Service public

La secrétaire d'État pour la Fonction publique, Consuelo Rumí, a reçu à Barcelone, le 23 juin, le prix des Na-tions unies pour le Service public qui récompense l'amélioration des services que l'Administration géné-rale de l'État prête aux citoyens à travers Internet. Cette récompense, la plus prestigieuse dans ce domai-ne, reconnaît notre progression de 11 places au classement mondial de la gouvernance électronique. Notre pays figure désormais au 9e rang.

Le système de certification de l'espagnol langue étrangère a été approuvé

La majeure partie de la communau-té universitaire ainsi que des aca-démiciens représentant plusieurs académies de pays hispanophones ont signé, début juin, la convention-cadre qui réglemente le système in-ternational de certification de l'es-pagnol langue étrangère (SICELE). Ce mécanisme, promu par l'Institut Cervantès, a pour objet de régle-menter et de garantir la qualité de l'enseignement, l'apprentissage et la certification de l'espagnol langue étrangère.

Cette convention renforcera la place de l'espagnol dans le monde. L'Institut Cervantès exerce le secré-tariat exécutif du SICELE et délivre, au nom du ministère espagnol de l'Enseignement, le diplôme d'espa-gnol langue étrangère auquel postu-lent plus de 50 000 étudiants chaque année dans plus de cent pays.

Le directeur exécutif du Comité juif américain, David Harris, remet le prix Jan Karski à Miguel Ángel Moratinos. PHOTO AJC

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30 a action extérieure en bref

Suédois et Norvégiens étudient le modèle Espagne-Portugal Une délégation de responsables politiques et de techniciens employés à la frontière entre la Suède et la Norvège ont visité la région de Los Arribes del Duero, dans la province de Salamanque, afin de prendre exemple sur le modèle de Groupement européen de coopé-ration territoriale Duero-Douro, qui compte 176 communes d'Espagne et du Portugal.

Les Affaires étrangères, parmi les ministères les plus appréciés de la démocratie Une récente étude du Centre de recherches sociologiques (CIS) révèle que les ministères de l'Intérieur, des Affaires étrangères, de la Défense et de la Présidence sont « systématiquement mieux évalués >> par les citoyens dans l'histoire de la démocratie espagnole. Il ressort également de cette étude que les ministres les mieux notés sont généralement « les plus connus>>, selon la présidente du centre, Belén Barreiro.

Les demandes de l'exportation espagnole augmentent en 2010 Selon une enquête publiée par le ministère de l'Industrie, 43 % des entreprises espagnoles ont vu leurs commandes à l'export augmenter au cours des premiers mois de 2010, ce qui confirme le développement de l'activité commerciale. Cette reprise se reflète aussi dans la croissance interannuelle de la création d'entreprises, qui se situe à 3,8 %.

Jérusalem inaugure une terrasse dédiée aux rois d'Espagne La ministre espagnole de la Culture, Ángeles González-Sinde, et son ho-mologue israélienne, Limor Livnat, ont inauguré le 2 mai, à Jérusalem, une ter-rasse dédiée aux rois d'Espagne. Cette terrasse se trouve dans un espace public touristique proche d'un célèbre moulin symbolisant l'expansion de la ville hors des murailles, il y a un demi-siècle.

Deux Espagnols de renommée internationale distingués L'Ordre de la Toison d'Or est l'une des plus anciennes et plus prestigieuses distinctions au monde.

Le roi remet l'Ordre de la Toison d'Or à Javier Solana et à Víctor García de la ConchaIl y a presque 30 ans que le roi Juan Carlos n'avait pas célébré de cérémo-nie publique de remise de cette distinc-tion considérée comme l'une des plus anciennes et prestigieuses au monde. Javier Solana, ancien secrétaire géné-ral de l'OTAN et ancien chef de la di-plomatie européenne, et Víctor García de la Concha, directeur de l'Académie royale espagnole, ont reçu les insignes de l'Ordre des mains du roi, lors d'une céré-monie au palais de la Zarzuela. L'Ordre de la Toison d'Or a été fondé en 1430 par Philippe III le Bon et a été rétabli par Juan Carlos qui le remet en témoignage de son « appréciation royale et en recon-naissance du dévouement au service de l'Espagne et de la Couronne ». À ce jour, le roi a remis 22 colliers de la Toison d'Or, presque toujours lors d'une cérémonie privée. La dernière cérémonie publique de remise de la distinction remonte à 29 ans, pour José María Pemán, président du conseil privé du comte de Barcelone.

À propos de Javier Solana, Juan Car-los a déclaré qu'il « est l'un des espagnols contemporains qui a le plus fait pour la présence de l'Espagne dans le monde et

du monde en Espagne ». De Víctor Gar-cía de la Concha, il a souligné « sa vitalité et sa vision d'avenir ainsi que son sens profond du devoir et de l'engagement ».

Le Global India Business Meeting a choisi l'Espagne pour son sommet annuelLa plus importante rencontre du monde de l'entreprise indien a choisi cette an-née la ville de Madrid pour accueillir son sommet annuel organisé par plusieurs institutions indiennes et espagnoles. Cet événement est devenu une plate-forme unique pour les entreprises indiennes cherchant à internationaliser leurs opé-

rations dans les économies occidentales, dans le contexte d'un pays émergent dont l'économie connaîtra cette année un taux de croissance de près de 8,6 %. Le prince des Asturies a profité de cette occasion pour rencontrer les membres dirigeants de la fondation Consejo Es-paña-India.

Víctor García de la Concha et Javier Solana reçoi-vent des mains du roi l'Ordre de la Toison d'Or. PHOTO EFE

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31a action extérieure en bref

Présentation du timbre des Bicentenaires Le secrétaire d'État pour l'Amérique latine, Juan Pablo de Laiglesia, et le di-recteur de la philatélie de Correos, José Luis Fernández, ont présenté au palais de Santa Cruz un timbre commémora-tif du Bicentenaire des indépendances des Républiques latino-américaines. Le timbre, tiré à 320 000 exemplaires et d'une valeur faciale de 2,49 euros, a été mis en circulation le 7 avril.

Rencontre avec la ministre des Affaires étrangères du Bangla-desh Moratinos et Dipu Moni, ministre des Affaires étrangères du Bangladesh, ont abordé au cours de leur réunion à Madrid des questions d'intérêt commun de l'agenda bilatéral et inter-national et ont étudié les opportunités d'intensification de la coopération économique et pour le développement qui se présentent aux deux pays.

Signature de l'Accord de siège entre l'Espagne et l'Union pour la Méditerranée Le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Miguel Ángel Mo-ratinos, s'est réuni au palais de Viana avec le secrétaire général de l'Union pour la Méditerranée, Ahmed Ma-sa'deh, pour la signature de l'Accord de siège entre l'Espagne et le Secrétariat de l'Union pour la Méditerranée, qui se trouve au palais de Pedralbes, à Barce-lone. Cet accord définira les relations entre l'Espagne, pays hôte, et le Secré-tariat, octroyant à ce dernier les droits, privilèges et immunités nécessaires à la réalisation de sa mission.

Diplomatie publique. Casa África a organisé un programme proposant des débats sur les indépendances africaines et le changement climatique, mais aussi de la danse contemporaine, du cinéma, du football et des activités ludiques

África Vive arrive à Madrid Le 25 mai, Madrid a accueilli la Jour-née de l'Afrique, célébrée par un vaste programme d'activités politiques, spor-tives, culturelles et ludiques qui ont mis l'accent sur une réalité de plus en plus concrète : l'Afrique et l'Espagne sont chaque jour plus proches.

Un séminaire sur le cinquantenaire des indépendances africaines, en pré-sence de personnalités intellectuelles et politiques africaines, telles qu'Achille Mbembe ou Makhily Gassama, et une réception offerte par les am-bassadeurs africains accrédités en Espagne étaient les principaux événements organisés par Casa África. Sans oublier une course po-pulaire dans le parc madrilène de Casa de Campo, suivie d'un spec-tacle de danse contemporaine et de plusieurs événements autour de l'équipe de football de handicapés physiques de Sierre Leone, sujet du documentaire « One goal », du réalisateur barcelonais Sergi Agustí, qui évoque la résolution des conflits et le dé-passement personnel à travers le sport.

En collaboration avec Casa Asia, Casa África a également organisé un

séminaire avancé sur le changement climatique et les énergies renouvelables qui a réuni des experts des trois conti-nents pour débattre de l'avenir de la pla-nète. Tous ces événements se sont ache-vés par la grande fête África Vive à la cité universitaire, avec ateliers, musique, danse et, surtout, espaces pour l'interac-tion et la connaissance mutuelle entre Espagnols et Africains.

L'Espagne renforce son engagement en faveur de l'opération AtalantaÀ partir du 1er septembre, l'Espagne doublera les moyens navals engagés dans l'opération Atalanta déployée pour lutter contre la piraterie dans l'océan Indien. Le navire d'assaut am-phibie Galicia (emportant quatre héli-coptères et quatre chalands) et un pa-trouilleur hauturier seront ajoutés au dispositif durant trois mois. Ce renfort

est rendu nécessaire par l'accalmie des mois de septembre à novembre qui induit une augmentation des actes de piraterie. Les navires espagnols, qui participent à cette mission depuis le début de l'année 2009, seront chargés de la surveillance des ports d'où par-tent les embarcations des pirates dans les eaux somaliennes.

Photographie du séminaire organisé à Madrid. De gauche à droite, le journaliste Binyavanga Wainaina ; le directeur de l'Académie des Arts et du Bureau du Droit d'auteur du Sénégal ; le vice-ministre de la Culture de l'Angola ; le directeur de la programmation du Secrétariat général de la Mauritanie et le directeur général de Casa África. EFE

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32 a action extérieure en bref

Le président se rend en Libye pour rencontrer M. Kadhafi Pour sa première visite en Libye, le président du gouvernement, José Luis Rodríguez Zapatero, a été reçu par le président de ce pays, Mouammar Kadhafi, sous la tente de sa résidence officielle. Les deux dirigeants ont dressé le bilan des relations bilatérales dans les domaines économique et de la coopération pour l'immigration. Ils ont également abordé la question du sommet UE-Afrique qui doit se tenir en Libye, ainsi que la situation des coo-pérants Albert Villalta et Roque Pascual. À ce propos, M. Rodríguez Zapatero a souligné que la Libye aidait toujours l'Espagne dans les affaires de sécurité « délicates >>.

Quatrième réunion de la Commission des Bicentenaires La dernière réunion de la Commission pour la commémoration des Bicente-naires a abordé la question de la participation de l'Espagne aux cérémonies et initiatives qui célèbreront cet anniversaire. Les Bicentenaires de l'Argentine, de la Colombie, du Mexique, du Chili et du Venezuela seront commémorés en 2010. Entre autres activités, l'Espagne a apporté son soutien au séminaire « Amérique latine, Caraïbes et Europe : les racines communes d'une alliance pour le XXIe siècle », ainsi qu'au Forum euro-latino-américain des centres d'analyse.

Xe édition du programme « Jeunes dirigeants nord-américains » Durant le mois d'avril, à Madrid et Barcelone, s'est tenue la Xe édition de ce programme organisé par la fondation Consejo España-EEUU. Grâce à cette initiative, plus de cent jeunes américains ayant une carrière professionnelle remarquable ont découvert l'Espagne à travers des rencontres avec des représentants du monde de la politique, de l'entreprise, de l'Université et du journalisme. L'objectif de ce programme est de créer un réseau d'intérêts communs entre l'Espagne et les États-Unis.

L'Espagne mobilise 131 millions d'euros pour de nouveaux projets Eurêka La XXVe Conférence ministérielle Eurêka, qui a réuni le 25 juin à Berlin les ministères responsables de l'initiative paneuropéenne de collaboration tech-nologique Eurêka, a permis d'importantes avancées, tant dans la gouvernance de l'initiative que dans les projets approuvés. Les organismes espagnols participent à 89 projets de collaboration inter-entreprises, projets Eurostars et projets liés aux clusters Eurêka, mobilisant près de 131 millions d'euros.

Participe à l'édition d'un guide

Diplomatie publique

avec une publication sur les droits des personnes handicapées

Casa Árabe célèbre la Semaine de l'Iraq

« Les États parties reconnaissent que toutes les personnes sont égales devant la loi et en vertu de celle-ci, et qu'elles ont droit à la même protec-tion juridique et à bénéficier de la loi dans la même mesure sans aucune discrimination » Voilà ce que dit le premier article de la Convention des Nations unies relative aux droits des personnes handicapées et les arti-cles suivants énumèrent les raisons de la nécessité de cet instrument ju-ridique qui protège les droits de ces citoyens. Pour diffuser le contenu de la convention, la Fédération es-pagnole du syndrome de Down, avec le soutien du ministère des Affaires étrangères et de la coopération et celui de Caja Madrid, a publié un guide dans lequel les personnes di-rectement concernées présentent leur propre vision sur leurs droits.

Casa Árabe a organisé six journées d'activités sur l'Iraq pour faire dé-couvrir, à travers des conférences, des concerts et des films, la réalité de ce pays durement frappé qui a mis sa force et son espoir d'avenir dans ses intellectuels et ses créateurs. Les activités qui se sont déroulées du 20 au 25 juin à Madrid, incluaient trois concerts, la projection de deux films : Objetivos abiertos en Iraq (Ob-jectifs ouverts en Iraq) et Guerra, amor, dios y locura (Guerre, amour, dieu et folie), en présence des réali-sateurs, et deux conférences sur la situation actuelle des femmes et sur l'art contemporain en Iraq.

Le président du gouvernement, José Luis Rodríguez Zapatero, lors de sa rencontre avec le prési-dent libyen, Mouammar Kadhafi, près de Tripoli. PHOTO EFE

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33A l'analyse

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— Sur quelles questions sera axée la présidence belge du Conseil de l'UE ? — Je crois que chaque moment d'une présidence est important. La présidence espagnole a été importante car elle était la première à suivre l'entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, maintenant, l'im-portant est la consolidation et la mise en pratique des relations institutionnelles comme ambition transversale.

Sans oublier le nouveau programme EU2020 pour une économie de crois-sance et d'emploi passant par la moder-nisation et l'actualisation de l'économie de la connaissance. Sous la présidence belge, ce sera une priorité absolue, parce que les Européens attendent une réponse européenne. Si l'Europe peut montrer qu'elle est crédible, c'est bien dans le do-maine économique. Et je pense que nous pourrions évoluer vers une gouvernance économique. — La lutte pour le redressement éco-nomique peut prendre en compte les aspects sociaux ? — La dimension sociale n'a pas reçu d'at-tention suffisante jusqu'à présent, et nous sommes dans l'Année de la lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale. On ne peut donner de crédibilité à la lutte pour la croissance et la stabilité économique sans accorder plus d'importance aux pro-blèmes sociaux.

Un autre défi sérieux est la lutte contre le réchauffement mondial. Lors du Sommet de Copenhague, l'UE n'a pas tenu le rôle qui lui revient et lors du Som-

Douzième présidence belge du Conseil de l'Union européenne. L'ambassadeur de Belgique en Espagne, Johan Swinnen, nous fait part de ses réflexions sur les priorités du semestre à la tête des vingt-sept et sur les répercus-sions de la situation intérieure de son pays sur la présidence belge. Beatriz Beeckmans

Johan Swinnen AMBASSADEUR DE BELGIQUE EN ESPAGNE

« La présidence belge doit s'inspirer de la présidence espagnole et contribuer à consolider les relations inter-institutionnelles »

34 A l'analyse

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LE PROFIL. Diplomate depuis 1977, Johan Swinnen a commencé sa carrière par un stage au consulat de Belgique à Barce-lone. « Depuis lors, je me sens attiré par l'Espagne et je suis très heureux d'être revenu >>. Outre diverses fonctions au minis-tère des Affaires étrangères belge, entre autres celle de porte-parole de deux ministres, Johan Swinnen a été affecté à New York et en Grèce ainsi que dans trois anciennes colonies belges : le Rwanda, le Burundi et le Congo. « Ma première affectation en tant qu'ambassadeur a été le Rwanda, de 1990 à 1994, période où se produisit le génocide, une expérience tragique ››. Père quatre enfants et bientôt grand-père pour la septième fois, il affirme adorer l'Espagne « pour la richesse de son histoire, son patrimoine national, ses villes et ses villages magnifiques, ses habitants, sa culture et sa langue. >>

met de Cancún, en novembre, elle devra obtenir des résultats plus concrets. L'Eu-rope a des réponses importantes et nous devons essayer de les intégrer à la dyna-mique de lutte contre le changement cli-matique.

Nous poursuivrons également le Pro-gramme de Stockholm : lutte contre le terrorisme, la traite des êtres humains, les stupéfiants... nous avons de nombreux défis à relever. Ce processus est essen-tiel, parce que l'Europe est synonyme de liberté de circulation, mais pour bien la gérer, nous avons besoin de contrôles et d'une bonne politique d'immigration.

Bien sûr, il y a aussi la question de l'élargissement. Nous avons derrière nous de nombreuses années de négociations avec la Turquie et les Balkans occiden-taux et à présent avec l'Islande. Nous ne pouvons sous-estimer les aspirations au sein de l'Europe et en dehors, mais nous devons agir avec prudence pour élargir et non diluer la puissance de l'intégration. Les négociations que nous souhaitons accélérer doivent prendre en compte les mérites de chaque pays, dans leur intérêt comme dans celui de l'Union.

Autre sujet important : l'intégration européenne doit renforcer le rôle de l'Europe dans le monde. Pour ce faire, nous avons besoin du Service européen d'Action extérieure. Lady Ashton tra-vaille énormément, il y a de nombreuses consultations et beaucoup de travaux sur ce projet, et la présidence belge est très motivée pour le faire progresser, car il y a urgence. Nous devrons nous mon-trer pragmatiques, car c'est un exercice très délicat. Pour cela, nous nous inspi-rerons de la présidence espagnole qui s'est déroulée durant une période dif-ficile et je pense qu'elle a parfaitement

rempli son rôle : elle a bien cultivé le dialogue avec les nouvelles institutions. Nous sommes dans la nouvelle Europe, qui compte de nouveaux acteurs. Le trio est très important pour la présidence belge parce que notre programme est intégré à celui des trois pays qui ont beaucoup investi dans ces négociations. En décembre dernier, nous avons réussi à définir un programme en trio. Le pro-gramme belge n'est pas très nouveau. Il n'y aura pas beaucoup d'annonces ni de priorités. C'est la douzième présidence de la Belgique. Lors des précédentes présidences, il y a eu beaucoup de nouvelles et d'annonces, avec celle-ci, nous n'allons pas réinventer la poudre. L'ambition de la présidence belge est de soutenir la dynamique du trio de présidences, la présidence tournante, la permanente, la Haute représentante, la Commission et le dialogue avec le Par-lement européen. — Dans quelle mesure la situation inté-rieure de la Belgique peut-elle condi-tionner la présidence belge ?— Il y a en Belgique un consensus poli-tique sur l'Europe : nous sommes euro-péistes. Quand nous parlons de politique intérieure, nous nous référons toujours à l'Europe. Dans les partis aussi il y a un réel consensus sur les objectifs fonda-mentaux de l'Europe. C'est une situation confortable, même pour un gouverne-ment démissionnaire. Quoi qu'il en soit, ce n'est pas un gouvernement paralysé. Le parti qui a remporté les élections en Flandre a déclaré qu'il espérait un gou-vernement pour septembre. Dans ce cas, il n'y aurait qu'un mois de gouvernement démissionnaire pendant la présidence belge, excepté s'il y a une crise internatio-nale comme en Géorgie ou au Koweït il y

a quinze ans. Le fait qu'un gouvernement soit démissionnaire ne l'empêche pas d'être actif dans le cadre de l'Europe.

Autre bémol au scepticisme, le fait que la présidence tournante n'est pas le seul acteur, ni le plus important. C'est un élément essentiel de la dynamique car une présidence active peut contribuer dans une large mesure, mais elle n'est pas seule. L'interaction entre institutions est très importante. L'Espagne l'a réussi et la Belgique doit suivre sa voie.

Nous avons préparé la présidence du-rant de nombreux mois par des consulta-tions de la société civile par les ministères (jusqu'à 7 séminaires) et des réunions des ministres avec la société civile. Nous avons créé un site Internet de dialogue avec les acteurs politiques et sociaux, ain-si qu'avec les régions et les communau-tés belges. Il y a des consultations et des délibérations permanentes, système que nous cultivons avec une forte motivation depuis de longues années.

À la présidence, il y a même des ré-gions ou des communautés qui président les réunions de ministres, parce que pour les compétences exclusives, nous avons établi une répartition des tâches. Le Conseil de l'Agriculture et de la Pêche, par exemple, est présidé par la commu-nauté flamande, qui présente et défend le point de vue belge.

Grâce à l'expérience de douze prési-dences, nous avons une grande mémoire collective. Les fonctionnaires et les entre-prises connaissent très bien ce système dont ils ont l'expérience, ce qui nous faci-lite le travail, même si chaque présidence est un nouveau défi. La présidence espa-gnole a été très spécifique et inattendue : les problèmes provoqués par le volcan islandais, par exemple.

35A l'analyse

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Analyse. La coopération existe dans les médias mais ne peut être iden-tifiée comme telle par le public. La lutte contre la pauvreté n'est pas un sujet prioritaire dans la presse européenne.

36 ccoopération

La couverture de la coopération dans la presseL'ordre des journalistes de Catalogne a accueilli en mai la présentation de l'étude « La presse et la coopération internatio-nale. Couverture de la coopération au développement dans neuf quotidiens européens ». Le traitement de la coopé-ration internationale par neuf quotidiens d'Espagne, de France et du Royaume-Uni a été analysé durant trois mois. Cette étude, réalisée par un groupe spécialisé dans la communication de l'université autonome de Barcelone, fait partie des actions à travers lesquelles l'AECID et l'Agence de presse IPS souhaitent contri-buer à faire de la communication sur le développement une priorité des médias.

La principale conclusion de l'étude révèle que les médias abordent réguliè-rement des thèmes liés à la coopération mais ne lui consacrent qu'un espace res-treint : 3,5 % à peine de leur contenu. Le poids de la coopération au développe-ment n'atteint un niveau significatif que

dans la rubrique internationale : 14,7 %. Les médias objets de l'étude insistent sur les sujets à fort contenu politique tandis que des sujets essentiels sont très négli-gés, tels que la lutte contre la pauvreté, qui n'apparaît que dans 8,1 % des conte-nus se référant à la coopération, bien qu'il s'agisse d'une question centrale dans les stratégies nationales de l'Espagne, de la France et du Royaume-Uni.

Parmi tous les contenus analysés, seuls 3,2 % remettent en question la coo-pération ou l'aide au développement. 76,5 % de ces nouvelles sont publiées par des titres de centre-droite. De fait, si nous analysons l'étude par pays, nous obser-vons qu'en Espagne et au Royaume-Uni, la presse de centre-droite comprend un plus grand nombre d'informations cri-tiques tandis qu'en France, c'est la presse de centre-gauche qui est la plus critique. Les données obtenues renforcent l'hy-

pothèse selon laquelle la coopération au développement, très liée à l'agenda poli-tique, est utilisée dans la lutte entre les partis, plus concrètement dans l'opposi-tion politico-médiatique.

Les éditoriaux sur la coopération sont peu nombreux, mais leur valeur qualitative est déterminante pour ana-lyser la position des médias de référence face aux grands thèmes liés à la coopéra-tion internationale. Parmi les quotidiens espagnols analysés, ABC est celui que se montre le plus critique vis-à-vis de la coopération, plus particulièrement en-vers le secteur institutionnel, car il éva-lue positivement le rôle des ONG et les actions humanitaires mises en œuvre par des personnes renommées. La Vanguar-dia adopte une approche éditoriale plus favorable des actions de coopération in-ternationale et se positionne en faveur de la lutte contre le changement climatique. El País, de son côté, mise fondamentale-ment sur la défense des processus de ré-solution de conflits et de recherche de la paix, le renforcement de la démocratie et la lutte en faveur des droits de l'homme.

Quant aux unes, trois thèmes princi-paux y apparaissent : l'aide humanitaire et d'urgence lors de catastrophes natu-relles, la protection de l'environnement et la bonne gouvernance mondiale, es-sentiellement les grands rendez-vous internationaux.

POURCENTAGE DE NOUVELLES TRAITANT DE LA COOPÉRATION DANS LES JOURNAUX ANALYSÉS

Libération 8,0 %El País 5,2 %The Guardian 4,3 %Le Monde 3,3 %The Times 3,2 %La Vanguardia 3,1 %Le Figaro 2,9 %ABC 2,7 %The Daily Telegraph 1,5 %% du total d'unités publiées sur 12 semaines

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37ccoopération

Cycle de cinéma Infancia robada (Enfance volée) organisé par la Casa de América Le 1er juin, la Casa de América a accueilli le IVe cycle de cinéma documentaire Infancia robada (Enfance volée) organisé par le programme SCREAM (Défense des droits des enfants à travers l'éducation, les arts et les médias) et l'OIT. À cette occasion, le documen-taire Luces escondidas (Lumières cachées), inscrit dans le projet La Cambalacha, programme éducatif dans la forêt du Guatemala, a été projeté.

Prix Saint-Jacques-de-Compostelle de coopération urbaine L'appel à candidature pour le prix de coopération urbaine, créé par le Consortium de Saint-Jacques-de-Compostelle, en collaboration avec l'AECID et le gouvernement de Galice, est ouvert jusqu'au 24 septembre. Ce prix a été créé pour récompenser et encourager les initiatives publiques de création et de récupération de zones de cohésion dans les villes historiques d'Amérique latine. Des projets urbains, non encore réalisés, qu'il s'agisse de nouvelle construction, de remaniement, de réhabilitation ou de restauration, peuvent postuler à ce prix annuel, doté de 180 000 euros.

Sommet mondial du microcrédit Valladolid 2011 La reine Sofía a présidé la constitution du Comité national pour le Som-met mondial du microcrédit - Valladolid 2011, lors d'une cérémonie qui s'est achevée par une conférence prononcée par Muhammad Yunus, prix Nobel de la paix. Le Comité national servira d'organe consultatif pour l'organisation du Sommet mondial du microcrédit, qui se tiendra à Valladolid du 14 au 17 novembre 2011.

Propositions en vue d'une migration au service du développement Le 17 juin, la Casa Árabe a accueilli un débat sur des thèmes liés à la dynami-sation des politiques et des programmes en matière de migration et de déve-loppement ainsi que sur des sujets aussi brûlants que la formation et l'emploi des jeunes émigrants et des femmes, les défis de la migration irrégulière, la mi-gration légale comme outil de développement, les envois de fonds, la diaspora ou la gouvernance des migrations. Les sujets traités au cours du débat seront recueillis dans une publication élaborée par la FIIAPP, qui organise le débat en collaboration avec la Casa Árabe.

Prix Principe de Viana de la solidarité La missionnaire espagnole Isabel Martín, fondatrice de l'organisation de commerce équitable Creative Handicrafts, a reçu à Pampelune, des mains du prince des Asturies, le prix Príncipe de Viana de la solidarité, créé en 2001 par le gouvernement de Navarre et Caja Laboral, pour récompenser le travail des institutions et des personnes qui œuvrent pour le développement de groupes défavorisés et pour encourager le bénévolat. Née en 1926 à Guijuelo (Sala-manque), Isabel Martín a créé en 1984 l'organisation Creative Handicrafts, orientée vers la réinsertion sociale et professionnelle des femmes marginalisées des slums, quartiers populaires de Bombay. L'organisation soutient actuelle-ment plus de 1 200 femmes, dont la moitié sont organisées en 12 coopératives de production textile artisanale, qui vendent leurs produits à des pays occiden-taux à travers le commerce équitable.

Fondation Millennium

Avec le soutien de l'AECID

Présentation institutionnelle de la campagne Massivegood

Exposition au Timor-Oriental

La fondation Millennium a présenté au siège de la Casa de América la campagne Massivegood, dont l'objectif est d'obte-nir des financements privés destinés à la réalisation des objectifs du Millénaire relatifs à la santé. La proposition est que lorsque les voyageurs espagnols achètent un billet d'avion, réservent une chambre d'hôtel ou louent une voiture, ils cliquent sur Massivegood. À chaque clic, deux euros seront destinés à la lutte contre le sida, la malaria et la tuberculose, contri-buant ainsi à améliorer la santé des mères et à réduire la mortalité infantile dans les pays les moins développés. Parmi les personnalités présentes à la cérémonie de présentation, se trouvaient le ministre des Affaires étrangères et de la coopéra-tion, Miguel Ángel Moratinos, l'ancien ministre des Affaires étrangères français et président de la fondation Millennium, Philippe Douste-Blazy ainsi que l'ancien Haut représentant du Conseil de l'UE pour la PESC, Javier Solana.

L'exposition Las Casas Sagradas de Ai-naro : Identidades sociales y rituales, (Les maisons sacrées d'Ainaro : identités so-ciales et rituels) a été inaugurée au siège de la Casa Europa, à Dili. Ce projet s'ins-crit dans le cadre des activités de la pré-sidence espagnole du Conseil de l'UE et a bénéficié du soutien de l'AECID. L'am-bassadrice d'Espagne en Indonésie et au Timor-Oriental, Aurora Bernáldez, a assisté à l'inauguration. Cette exposition sur les maisons sacrées du quartier d'Ai-naro a pour but d'encourager le respect et la protection du patrimoine culturel du Timor-Oriental.

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38 ccoopération

En présence de l'administratrice du PNUD

M. Moratinos inaugure la conférence sur le développement  Coopération en temps de crise 

L'Espagne signe le Partenariat international pour la santéAvec la signature du Partenariat international pour la santé (IHP), l'un des objectifs fixés par le IIIe Plan directeur de la coopération es-pagnole est atteint et franchit une étape qualitative vers l'efficacité de l'aide sanitaire. L'IHP a été mis en place en 2007 en vue afin d'ac-célérer la réalisation des objectifs du Millénaire en matière de santé, en mettant particulièrement l'ac-cent sur l'amélioration de la coor-dination entre donateurs et pays en voie de développement, avec pour objectif final l'amélioration des ser-vices et des indicateurs de santé.

Le 9 juin, le ministre des Affaires étran-gères et de la coopération, Miguel Án-gel Moratinos, a inauguré au palais de Santa Cruz la conférence sur le déve-loppement « Coopération en temps de crise », dans le cadre de la présidence espagnole du Conseil de l'UE. L'admi-nistratrice du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), Helen Clark, a assisté à l'événement.

Cette conférence a abordé quatre domaines thématiques : le rôle de la coopération pour le développement en temps de crise, les acteurs du système de coopération pour le développement, la structure de la gouvernance du sys-

tème de coopération et les mécanismes permettant d'accroître l'efficacité de l'aide. Les participants ont également débattu à propos du meilleur moyen d'accélérer la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement et des éléments qui permettraient de diffuser les mécanismes de finance-ment pour le développement dans le contexte de la nouvelle architecture fi-nancière internationale. La conférence a été clôturée par Soraya Rodríguez, secrétaire d'État à la Coopération in-ternationale, et par le Colombien José Antonio Ocampo, professeur à l'uni-versité de Columbia.

PHOTOGRAPHIE LAURÉATE DU CONCOURS « SOLIDARITÉ ET SPORT »Ayuda en Acción et le quotidien madrilène Público ont organisé le concours photographique « Solidarité et sport » sur le thème des relations entre le monde du sport et toute forme de solidarité. Les prix ont été décernés aux trois photographies qui ont réuni le plus de votes des internautes sur le site hébergeant les photographies. Le premier prix a été remis à la photographie Cualquier cosa con la que jugar (ci-dessous) de Javier Martínez de la Varga, prise dans un camp de réfugiés au nord de l'Ouganda. La photographie montre qu'il est possible de faire du sport avec très peu : dans ce cas, un ballon fait de sacs en plastique.

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39ccoopération

Collecte de fonds pour l'Équateur

Concert solidaire de Voces para la PazPlus de 250 musiciens des meilleurs orchestres et chœurs de toute l'Espa-gne, se sont réunis le 13 juin à l'Audito-rium national de musique de Madrid, sous la baguette de Miguel Roa, dans le cadre d'un projet de solidarité.

À cette occasion, Voces para la Paz (Musiciens solidaires) et l'ONG Ayuda en Acción ont proposé un nouveau défi : la construction d'un pont sur le fleuve Apaquí dans le canton Bolívar de Carchi (Équateur). Le pont actuel, à voie unique, n'offre aucune garantie pour le transport des marchandises et des personnes en raison de sa détério-ration progressive et inquiétante. Près de 1 100 familles des onze communau-tés de la région bénéficieront directe-ment de la construction du nouveau pont. Cette infrastructure permettra d'améliorer les communications, l'aide sanitaire, l'accès aux écoles et la distri-bution de la production agricole.

Ce nouveau projet sera le huitième à être financé grâce à la collecte de fonds des concerts solidaires de Voces para la Paz . Parmi ces derniers, une route de desserte locale dans les montagnes du Népal, une école au Mozambique pour plus de 400 enfants, l'amélioration du système d'irrigation à Piura, au Pérou, deux dispensaires dans la communau-té bolivienne de Wichaca et un centre d'accueil pour enfants, jeunes orphe-lins et malades du sida à Tete, au Mo-zambique.

Prix Tirso de Molina 2010L'œuvre Proyecto Expreso, de la Sévillane Carmen Losa Pérez, a remporté, à l'unanimité, le prix Tirso de Molina du Théâtre décerné chaque année par l'AECID. Elle a été sélectionnée parmi 109 œuvres présentées par des auteurs de différents pays d'Amérique latine. Diplômée en langue, actrice et metteuse en scène, Carmen Losa a travaillé avec la compagnie La Cubana lors du festival d'Édimbourg et a adapté et mis en scène des œuvres de Shakespeare et de Tchekhov.

La fondation Carolina lance un réseau qui rassemble 10 000 jeunes latino-américains formés en EspagnePrès de 10 000 boursiers et anciens boursiers de la fondation Carolina pourront accéder à une plate-forme privée offrant des services à tous ses membres : fonctions de réseau social, bibliothèque virtuelle, wiki, agenda et forums, entre autres. Dans un second temps, il est prévu que les autres bénéficiaires des dif-férentes activités de la fondation Carolina puissent accéder à la plate-forme de services en ligne, à des réseaux de chercheurs, un programme international de visiteurs, des promoteurs de responsabilité sociale et des fondations associées.

Nouveau départ pour la revue Awraq Le nouveau départ de la revue Awraq. Revue d'analyse et de réflexion sur le monde arabe et musulman contemporain, publication de la Casa Árabe et de l'AECID, a donné lieu à une présentation à Madrid, le 21 avril. Cette publication reste consacrée au monde contemporain arabe et musulman, mais renforce son conseil scientifique international et insiste sur son caractère de magazine de réflexion et d'analyse critique.

« Commerce équitable. Un produit, une histoire », à Caixaforum

Jusqu'au 28 août, CaixaForum Madrid accueille une exposition sur l'histoire et les processus d'élaboration du commerce équitable. L'exposition a déjà connu un franc succès à Barcelone et sera ensuite présentée à Palma. Son objectif est d'expliquer de manière didactique le processus d'élaboration et de commercia-lisation de ces produits, et de provoquer une réflexion sur la consommation res-ponsable et la qualité de vie des producteurs. Dans le cadre de l'exposition, les visiteurs peuvent voir, entre autres, le documentaire Las Chicas Dulces , histoire de sept femmes qui ont créé la coopérative de confitures de Santo Domingo de los Colorados (Équateur).

Aide pour l'échange entre universités paraguayennes et espagnoles L'AECID a remis 124 130 dollars, une partie des 401 620 euros prévus, pour soutenir les projets d'universités paraguayennes et espagnoles, afin de pro-mouvoir des initiatives favorables à l'éducation et à la formation spécialisée de cadres techniques. La coopération espagnole soutient ces projets d'échange, en particulier les initiatives liées à la recherche.

Restauration du Théâtre Cervantès de Buenos Aires La convention de coopération entre l'AECID, le ministère de la Culture espagnol, le Secrétariat à la Culture de la Présidence argentine et le Théâtre na-tional Cervantès, a été signée le 17 juin dans la salle dorée du Théâtre national Cervantès, à Buenos Aires. L'appel à candidature pour présenter l'avant-projet de restauration, avec la participation de la Société centrale des architectes, est ouvert.

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40 A l'analyse

— Parlez-nous de la Coordination des ONG pour le développement d'Espa-gne, de son origine, de ses fonctions…— En 1986, un petit groupe d'organisa-tions non gouvernementales de déve-loppement se sont unies en vue d'éta-blir un espace commun de travail et de coordination. Dès le début, l'adoption d'un code de conduite définissant l'iden-tité du groupe a été considérée comme prioritaire. Au cours de ces 24 années, la Coordination des ONG pour le déve-loppement a évolué vers une institution qui réunit quinze groupes de travail thématiques, dix-sept Coordinations des Communautés autonomes et quatre cents ONGD. La Coordination offre des services à ses partenaires et à la société en général, et représente le secteur des ONGD à l'échelle nationale et interna-tionale.— Quels sont les principaux défis de la coopération espagnole du point de vue des ONG ?— Dans un contexte de crise économi-que et politique, le premier défi est de ne pas faire marche arrière sur nos acquis. L'Espagne a multiplié par deux son bud-get d'aide au développement au cours

des six dernières années pour se rappro-cher peu à peu de l'objectif de 0,7 % du revenu national brut, et a établi un Plan directeur avancé 2009-2012. Néanmoins, tout cela est en péril si l'on commence à réduire les budgets et si la politique de coopération perd sa priorité. Nous de-vons relever un autre défi, celui de l'ef-ficacité de l'aide, afin d'obtenir plus de résultats avec moins de ressources. En dehors du domaine de la coopération, nous devons faire des progrès pour que la politique soit cohérente avec le déve-loppement, pour que les politiques de migration, de commerce, d'agriculture ou de sécurité, entre autres, s'alignent sur la lutte contre la pauvreté.— Quelles ont été les principales ac-tions de la Coordination dans les dernières réformes de la coopération espagnole ?— La Coordination a été très active dans le suivi des stratégies sectorielles et du Plan directeur 2009-2012 de la coopéra-tion espagnole. Au Conseil de coopéra-tion de l'État, la Coordination donne des informations sur toutes les dispositions budgétaires et juridiques, comme les Plans annuels de coopération interna-

Interaction avec les entreprises. Le président de la Coordination des ONG pour le développement espère que l'actuelle situation de crise éco-nomique n'affectera pas les budgets consacrés à la coopération. Il défend la participation de la société civile, avec transparence et responsabilité, et mise sur l'interaction entre ONG et entreprises, tout en soulignant la nécessité d'une meilleure connaissance mutuelle.

Eduardo Sánchez PRÉSIDENT DE LA CONGDE

« Le premier défi de la coopération espagnole est ne pas faire marche arrière sur nos acquis »

tionale (PACI) ou la réforme du Fonds d'aide au développement. Dans la ré-forme de l'Agence espagnole de coopé-ration internationale pour le dévelop-pement (AECID), notre participation a été très faible, c'est dommage parce qu'il s'agit de l'une des questions en suspens du système.— Quel est l'avenir des ONG ? En Es-pagne, allons-nous vers un renforce-ment du secteur des ONG ?— En Espagne, les organisations non gouvernementales sont l'un des piliers

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41A l'analyse

LE PROFIL. Ingénieur industriel, Eduardo Sánchez (Salamanque 1966) a été coordinateur de la campagne 0,7 Reclámalo. Il a collaboré à des projets de coopération au Nicaragua et en Bosnie-Herzégovine ainsi qu'au pro-gramme de réinstallation de réfugiés de la FCEAR (fondation Commission espagnole pour le soutien des réfugiés) en Namibie. Après avoir rempli les fonctions de secrétaire du Comité directeur de la Coordination ONGD-Es-pagne pendant trois ans, Eduardo Sánchez a assumé la présidence de l'as-semblée générale en 2009. Il dirige actuellement le département d'études et de campagnes de l'ONG Ingeniería Sin Fronteras et il est membre du Conseil de coopération au développement depuis 2004, en qualité de représentant de l'ensemble du secteur.

de la pauvreté. Qu'en pense le pré-sident de la Coordination ? Quelles seraient les conditions du côté des ONG ?— Lorsque nous parlons des entreprises, nous avons tendance à penser aux multi-nationales, le secteur des entreprises est pourtant d'une grande variété. Il y a des multinationales cotées en bourse, mais aussi des petites ou moyennes entrepri-ses locales. La plupart d'entre elles sont privées mais n'oublions pas les entre-prises publiques ou d'économie sociale, comme les coopératives.

Les entreprises sont les principaux moteurs de l'activité économique et de l'emploi, deux éléments essentiels du développement. Mais, à son tour, l'acti-vité des entreprises peut avoir des réper-cussions négatives sur le domaine envi-ronnemental, social, professionnel ou sur la protection des droits de l'homme. Les ONG sont conscientes de cette dua-lité, c'est la raison pour laquelle les rela-tions entre entreprises et ONG n'ont pas été faciles jusqu'à présent.

Pour avancer vers l'interac-tion entre ONG et entreprises, une meilleure connaissance mutuelle est nécessaire. Ces dernières années, dans le contexte de la responsabilité sociale d'entreprise, un cadre théorique et analytique a été développé. Il permet de mieux évaluer le comportement et l'impact de l'entreprise sur le dévelop-pement humain et, à partir de là, de faire notre possible pour accroître les résultats positifs et réduire les résul-tats négatifs.

sus renforceront le secteur.— Les objectifs du Millénaire pour le développement font l'objet d'une im-portante campagne de sensibilisation de la part de la Coordination. Sont-ils viables ? Est-il si difficile d'éradiquer la pauvreté ou la volonté est-elle nulle ?— Le dernier rapport présenté par les Nations unies sur la réalisation des ODM indique qu'il existe, d'un point de vue gé-néral, un retard considérable. Toutefois, si nous lisons attentivement ce rapport, une grande disparité apparaît dans leur réalisation, tant entre les objectifs qu'en-tre les pays et les régions. Certains gou-vernements ont rempli leurs devoirs, les progrès sont évidents, preuve que la lutte contre la pauvreté est une question fondamentalement politique.— Quelles actions, selon vous, sont prioritaires pour avancer vers la réa-lisation de ces ODM ?— Il reste cinq ans avant 2015, date fixée pour atteindre les objectifs du Millénai-re pour le développement. Pendant ces cinq années, il nous faudra rattraper le temps perdu, à travers la mise en mar-che de plans concrets au niveau national et international, orientés vers les popu-lations les plus vulnérables et intégrant l'approche des droits de l'homme et de l'égalité entre hommes et femmes. Il est fondamental que la société civile y par-ticipe, avec transparence et responsabi-lité.— On dit souvent que les ONG et les entreprises sont vouées à colla-borer à la lutte pour l'éradication

fondamentaux de la coopération, en raison des milliers de projets et de pro-grammes mis en œuvre chaque année et, surtout, parce qu'il s'agit du canal qui permet à des millions de citoyens de participer à ces derniers. Les ONG qui appartiennent à la Coordination ont adopté un modèle très avancé de transparence et de bonne gouvernan-ce. De plus, elles s'efforcent d'accroître leur efficacité et d'améliorer leur com-munication ainsi que la participation de leur base sociale. Tous ces proces-

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42 C culture et société

DIPLOMATES ÉCRIVAINS (3e partie) Entre le suicide par balle de Larra (1837) et le suicide par noyade de Ganivet dans les eaux froides de la Dvina (1898), 61 ans se sont écoulés durant lesquels l'Espagne a semblé naviguer sans but précis. Mais les deux morts volontaires les plus célèbres de notre littérature tiennent davantage des circonstances personnelles de ceux qui les ont provoquées que des malheurs collectifs.Jacobo García

Né dans la Grenade romantique de 1858, la lecture de la collection Rivadeneyra de classiques espagnols abreuve son en-fance. Encore étudiant en philosophie et lettres, il décroche le concours du corps des archivistes, bibliothécaires et anti-quaires. Il est affecté à la Bibliothèque agricole du ministère de l'Équipement. Voulant obtenir un titre de docteur, il rédige une thèse sur L'Espagne philoso-phique contemporaine, mais celle-ci est refusée. Il en écrit alors une sur L'im-portance de la langue sanskrite, qui est acceptée, ce qui lui permet d'obtenir sa maîtrise de droit. Peu enclin aux activi-tés du barreau, il tente de devenir pro-fesseur. Écarté de la chaire de grec, il fait en revanche connaissance de Miguel de Unamuno, écrivain qui obtient le poste de Salamanque. Un an plus tard, en 1892, Ganivet décroche le concours du corps consulaire. Sa vie est alors toute tracée, tout au moins sur le plan professionnel. Mais le côté pratique de son existence n'a d'importance que dans la mesure où celle-ci lui permet d'écrire.

ÁNGEL GANIVET Un ange sauvagement farouche

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43C culture et société

Le pays dont il se plaint ressemble plus à l'Espagne de Goya qu'à celle qui s'apprêtait à s'affranchir du poids colonial pour entamer une nouvelle étape.

Écarté de la chaire de grec, il fait en revanche connaissance de Miguel de Unamuno, écrivain qui obtient le poste de Salamanque. Un an plus tard, en 1892, Ganivet décroche le concours du corps consulaire.

Il ne vécut pas le Désastre de 1898, événement qui survint quelques mois après sa mort, mais ce fait l'empêcha de profiter des joies de la deuxième grande période dorée de la littérature espagnole, celle que l'on appelle aujourd'hui, peut-être de manière trop modeste et pratique, la Génération de 98.

En arrivant à sa première affectation, Anvers, il avait déjà noué une liaison qu'il ne souhaita officialiser ni à l'église ni au-près de l'État. Cette union libre donna naissance à deux rejetons : une fille, confiée par sa mère à une famille qui vivait à la campagne et qui mourut très jeune, et un garçon, qui fut quant à lui élevé par sa mère.

En février 1896, Ángel Ganivet est nommé consul de deuxième classe à Helsingfors (actuelle Helsinki), capitale du Grand-Duché de Finlande, à l'époque placée sous protectorat russe. C'est en ces lieux, dans un isolement presque to-tal et avec un travail qui ne lui demandait que deux petites heures par jour, que l'on peut affirmer qu'il entame sa carrière lit-téraire.

Le style et le ton de son premier ou-vrage, Granada la bella (1896), sont d'une telle fraîcheur que l'on a l'impression, à tort, de lire l'œuvre d'un homme heu-reux. Le jeune Ortega dut apprécier ces pages, non seulement parce qu'il en lut quelques-unes à l'occasion du premier hommage rendu à Ganivet en 1905, mais également parce que la prose des deux auteurs est par moments comparable.

L'obsession pour éviter que l'Es-pagne ne s'éloigne de la tradition, de ce qu'il appelle l'esprit territorial, ne tardera pas à assombrir sa palette. Le pays dont il se plaint ressemble plus à l'Espagne de Goya qu'à celle qui s'apprêtait à s'affran-chir du poids colonial pour amorcer une nouvelle étape. Idearium español (1897) est une œuvre écrite avec un humour sombre et un manque de confiance en la Nation qui l'apparente à Unamuno (En torno al casticismo, 1895) et qui lais-sera une empreinte chez Ortega y Gasset (España invertebrada, 1921), Ramiro de Maeztu (Hacia otra España, 1899 ; De-fensa de la Hispanidad, 1934), Ernesto Giménez Caballero (Genio de España, 1934), et le José Antonio du Théâtre de la comédie (1936).

En août 1898, il s'installe à Riga, ca-pitale de la Lettonie, l'esprit hanté de nuages et la valise, de manuscrits. Son ac-tivité littéraire est fébrile. Il rédige la plus grande partie de son œuvre au cours des

deux dernières années de sa vie.Il est sûr de ce qu'il avance, et le dit

avec élégance et correction, mais le lec-teur actuel sent que ses idées sont irréa-lisables avant même d'être formulées. Ce constat est évident dans ses œuvres les plus idéologiques, comme Idearium et El porvenir de España, un peu moins per-ceptible dans Cartas finlandesas (1897) ainsi que dans les romans La conquista del reino de Maya por el último conquis-tador español Pío Cid (1897) et Los traba-jos del infatigable creador Pío Cid (1898). Mais, dans la quasi-totalité de ses ou-vrages, nous nous heurtons à des obs-tacles conceptuels difficiles à digérer.

Probablement fut-il un écrivain qui ne sut pas choisir correctement le terrain sur lequel il aurait pu donner le meilleur de lui-même. Ses vers sont ceux d'un passionné qui n'écoute pas. En tant que romancier, il pêche par manque de vi-sion, d'imagination pour construire un argument capable de lier habilement les situations entre elles et de la capacité de faire parler ses personnages de façon na-turelle. Son Pío Cid, qui n'est autre que lui-même transposé en personnage de fiction, parle toujours ex cathedra, en ré-citant des discours qui s'étendent parfois sur plusieurs pages.

Deux critiques littéraires d'excep-tion, Manuel Azaña et Julián Marías, ont clairement décelé l'envers de la pensée de Ganivet. Le premier avec la crudité et la froideur d'un médecin légiste, le second avec une charité véritablement franciscaine. Pour les deux hommes, il ne fait aucun doute que Ganivet s'est mis à discourir alors qu'il n'y était pas préparé et à une époque dépourvue, du moins en Espagne, d'une théorie critique de la société et de la culture suffisamment dé-veloppée.

Atteint d'une manie de la persécution et, selon son médecin, d'un syndrome de « paralysie générale progressive », quoi que cela puisse signifier, le malheureux écrivain ne se donne ni le temps ni l'oc-casion de voir comment les choses évo-luent, dans sa vie sentimentale ou dans le pays qui lui manque tant. Sa mort volon-taire, à l'âge de 33 ans, le prive de cette

possibilité mais, en raison du faible de l'être humain pour ceux qui choisissent de quitter ce monde, lui vaut une place privilégiée dans l'histoire de cette fin de siècle. Il ne vécut pas le Désastre de 98, événement qui survint quelques mois après sa mort, mais ce fait l'empêcha de profiter des joies de la deuxième grande période dorée de la littérature espagnole, celle que l'on appelle aujourd'hui, peut-être de manière trop modeste et utilita-riste, la Génération de 98.

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Selon le classement des « 50 meilleurs restaurants du monde », de la revue britannique Restaurant, trois des cinq meilleures tables de la planète se trouvent en Espagne : El Bulli, de Ferrán Adrià, el Celler de Can Roca, des frères Roca, et Mugaritz, d'Andoni Luis Aduriz. Ces trois chefs, aux côtés de noms tels qu'Arzak, Santamaría, Berasategui, Dacosta ou Roncero, ont fait de la cuisine espagnole l'une des plus appréciées du monde. Beatriz Beeckmans

44 D découvrir l'Espagne

L'Espagne, à l'avant-garde des fourneaux

En cuisine, l'Espagne a le vent en pou-pe. Selon le dernier verdict de la revue britannique Restaurant, trois établis-sements espagnols se trouvent parmi les 5 premiers des « 50 meilleurs res-taurants du monde ». Quatre – avec Arzak –, en élargissant la liste aux dix premières places. Ferrán Adrià en tête, nos cuisiniers ont révolutionné le secteur et ont réussi à faire naître une cuisine espagnole d'avant-garde qui va bien au-delà de la paella, du jambon ou du vin.

Ensemble, ils ont parcouru le mon-de et se sont convertis en ambassadeurs improvisés de notre pays en parvenant à créer une véritable marque culinaire associée à l'Espagne, une gastronomie qui projette modernité et qualité de vie au-delà de nos frontières. Tout ceci se traduit, dans un pays qui accueille quelque 50 millions de touristes par an, en un commerce crucial. Et pour

cette raison, affirment-ils, il s'avère important que les grands chefs ne soient pas les seuls : encouragée par la popularité de notre cuisine, une nou-velle génération de chefs espagnols a résolument choisi l'expérimentation comme voie de développement de nouveaux concepts gastronomiques qui continuent à faire de l'Espagne une référence mondiale.

Oui, il faut l'assumer. El Bulli de Ferrán Adrià n'est plus le meilleur restaurant des cinq continents. Il n'en est pas moins vrai que le classement international de la revue Restaurant renforce l'hégémonie de la cuisine es-pagnole d'avant-garde. Comme le sou-ligne celui qui, jusqu'à présent, était considéré comme le meilleur cuisinier du monde, « placer quatre restaurants parmi les 10 premiers établissements du monde est un événement histo-rique. En poursuivant de la sorte, la haute cuisine espagnole sera, dans 10 ou 15 ans, la meilleure qui ait jamais existé ».

Ces mots, prononcés par un hom-me considéré par le magazine Time comme l'une des 100 personnes les plus influentes du monde, sont ex-traits d'un débat animé sur la grande révolution et l'avenir de la cuisine es-pagnole. Aujourd'hui, la connaissance des tenants et aboutissants de l'art cu-linaire ne suffisent plus pour assurer une place dans l'Olympe de la gastro-nomie. Technique, créativité et savoir-faire sont des conditions respectées à la lettre par celles et ceux qui sont ré-vélés par les grands gourous de la gas-tronomie mondiale au fil des années. « Soutenir cette élite », déclare Adrià, « n'est pas chose facile, mais je suis de plus en plus émerveillé par les jeunes cuisiniers qui font un excellent travail dans des établissements de cuisine tra-ditionnelle ou moderne, voire dans des bars à tapas ».

La camaraderie entre les meilleurs constitue l'une des clés du succès. Il en est ainsi car « nous avons d'abord été amis avant de devenir des gens impor-tants », affirme Adrià en se référant

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45D découvrir l'Espagne

aux collègues de sa génération. Martín Berasategui (restaurant Lasarte) est d'accord sur ce point : « Avant, lorsque l'on allait se former dans une cuisine, le chef occultait 90 % de ses secrets. Aujourd'hui, les grands cuisiniers font découvrir leur travail et ceci a permis de faire progresser la haute gastrono-mie espagnole à pas de géant ».

Ces évolutions ne sont pas passées inaperçues dans le reste du monde. Partout, l'Espagne est traitée avec res-pect et nos propositions créent une forte attente. « Nous avons réussi à faire en sorte que l'Espagne soit per-çue au Japon et aux États-Unis comme l'était la France dans les années 1970 », affirme Andoni Aduriz. Le maître vé-téran Juan Mari Arzak, dont les amis disent qu'« il mourra le tablier noué autour de la taille », est convaincu d'une chose : la recherche est primor-diale. Sa propre expérience en est le meilleur exemple : « Une bonne partie du prestige international de mon res-

taurant est probablement due à l'ac-tivité développée dans le laboratoire : tous les jours, nous y réalisons des expériences sur les saveurs, les tex-tures et les processus d'élaboration. C'est ainsi que naissent les partitions qui, une fois intégrées à la carte, doi-vent être interprétées par nos cuisi-niers pour le délice des palais ». Tous les grands chefs sont d'accord sur le fait que le secret du grand miracle es-pagnol réside dans ce point : l'innova-tion est le trait distinctif de l'Espagne. De plus, on y travaille avec méthode et discipline, en se documentant et en cherchant de nouveaux produits. Dans les laboratoires comme elBulli-taller, des techniques et des concepts sont inventés et plus de 20 essais sont réalisés au quotidien. Adrià déclare, convaincu, qu'il manifestera toujours un engagement envers la cuisine espa-gnole : « Nous devons faire perdurer ce phénomène. C'est important pour le pays. Cela génère tourisme et inves-

tissements. C'est pour cette raison que je souhaite transmettre mon savoir à une nouvelle génération de cuisiniers pour que ces derniers apprennent à réfléchir ». C'est pour atteindre cet objectif que Ferrán Adrià a l'intention de créer, en 2013, la fondation elBulli, un laboratoire d'idées permettant aux plus jeunes de tester et d'inventer de nouveaux concepts et techniques culi-naires. « Ce sera un bouillon d'idées ».

L'Espagne, terre d'étude de l'art culinai-re. Justement, l'intérêt éveillé par notre gastronomie dans le monde entier se manifeste, entre autres, dans la deman-de en formation. Mis en œuvre par l'Ins-titut espagnol du commerce extérieur (ICEX), le Programme de formation de jeunes professionnels étrangers en gas-tronomie espagnole en est un exemple. Chaque année, celui-ci attire en Espagne des professionnels provenant de pays aussi variés que la Suisse, le Mexique ou l'Inde. Comme l'explique son vice-pré-

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46 D découvrir l'Espagne

Avant toute chose, je tiens à souligner la joie et l'amour que je ressens chaque jour pour mon mé-tier de cuisinier. Depuis mon arrivée à Madrid en 1997, j'ai forgé ma per-sonnalité autour d'une table, avec soin et passion, et je me sens fier de tout ce que j'ai accompli. Lorsque je me suis lancé dans ce métier il y a 27 ans, si l'on m'avait dit qu'au bout de quelques années, le ministère responsable de la diffusion de l'image de mon pays viendrait me solliciter pour une publication, j'au-rais qualifié de fou mon interlocu-teur. Reste que beaucoup de choses ont changé en Espagne, dans le bon sens, et que sur le haut de la vague d'un sujet aussi important que l'alimentation et l'habitude sociale

d'aller au restaurant, nous avons en-dossé la responsabilité, bon nombre de collègues et d'amis, de jouer le rôle d'« ambassadeurs », à notre manière, tant sur nos terres qu'en dehors de notre patrie, d'un mouve-ment qui, – pourquoi chercher des noms bizarres ou exotiques ? –, ne peut être défini qu'en ces termes : régénérateur et créateur d'une nouvelle cuisine espagnole.

Tous les chemins ont des hauts et des bas, des moments de joie exultante et d'inquiétude. La crise, qui nous a frappés et qui continue de le faire, se doit d'être citée, mais, à mon avis, le meilleur moyen de se préoccuper est de s'occuper, et les temps qui courent obligent

l'ensemble de la société à vaincre la peur de l'inconnu et à faire la promotion de tout ce qui peut être vanté, de toutes les merveilles de notre pays, sans se soucier de ce que les autres diront ou penseront de nous, avec la conviction que faire la publicité de l'Espagne à l'extérieur n'est autre que notre obligation et notre devoir en tant que citoyens espagnols. Le défi qu'il nous faut relever est sans équivoque : nous devons sortir mo-ralement et socialement renforcés de tout cet imbroglio. Personne ne peut nier le caractère mondial des décisions que nous prendrons dans un avenir proche. Pour faire face à tout ceci, la seule réponse réside dans notre engagement personnel.

Sergi ArolaCUISINIER

L'heure est à l'engagement

LES DIX MEILLEURS RESTAURANTS DU MONDE Position Restaurant Pays 1 Noma Danemark 2 El Bulli Espagne 3 The Fat Duck Royaume-Uni 4 El Celler de Can Roca Espagne 5 Mugaritz Espagne 6 Osteria Francescana Italie 7 Alinea États-Unis 8 Daniel États-Unis 9 Arzak Espagne 10 Per Se États-UnisSource : The World´s 50 Best Restaurants.

sident, Ángel Martín Acebes, ce cours a été créé pour répondre à un triple ob-jectif : « En premier lieu, familiariser les élèves avec les produits et aliments pha-res de la cuisine espagnole, de manière à susciter un rayonnement international accru de ces derniers et à en stimuler l'exportation. En deuxième lieu, créer un réseau international de profession-nels jouissant de contacts dans la haute cuisine espagnole, capables de servir de

soutien aux éventuels processus d'inter-nationalisation du secteur. En dernier lieu, chercher à diffuser une image mo-derne et actuelle de l'Espagne à travers sa cuisine, en profitant de l'excellente période et du rayonnement internatio-nal d'un secteur comme la gastronomie, qui a bénéficié d'une énorme répercus-sion mondiale ces dernières années ». Ainsi, au début des trois mois de cours, les stagiaires suivent une période d'im-

mersion dans la culture gastronomique espagnole. Durant cette première phase, ils rendent visite à des entreprises ali-mentaires de renommée internationale, participent à des dégustations de pro-duits typiques – vins, huiles, etc. – et assistent à des fêtes populaires ou à des événements qui, de par leur nature, fa-vorisent la compréhension de la réalité de nos produits, comme peuvent l'être l'abattage du cochon et les vendanges.

Une galaxie d'étoiles. Selon le Guide Michelin, l'annuaire gastronomique le plus prestigieux du monde, l'Espagne abrite 7 des meilleurs restaurants du pa-norama international. En 2010, la publi-cation a décerné sa distinction maximale à tous ces établissements : 3 « étoiles de bonne table ». Ces restaurants sont El Celler de Can Rocá à Gérone, éta-blissement tenu par les frères Roca ; El Bulli de Ferrán Adrià, situé à Rosas ; Can Fabes, local se trouvant à Sant Celoni propriété de Santi Santamaría ; Sant Pau, de Carme Ruscalleda à Sant Pol de Mar ; Akelarre, restaurant tenu par Pedro Su-bijana situé à Saint-Sébastien et Arzak, là encore à Saint-Sébastien, dirigé par Juan Mari Arzak.

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47D découvrir l'Espagne

TOKYO/BCN : RUSCAL-LEDA À LA CONQUÊTE DU PAYS DU SOLEIL LEVANTLe Japon, l'un des pays qui apprécie le mieux notre cuisine, possède lui-même une tradition gastronomique extraordinaire. Pour preuve, la ville de Tokyo abrite 227 étoiles Michelin, soit presque le double de l'Espagne. Et, étrangement, deux d'entre elles sont attribuées au restaurant Sant Pau de Carme Ruscalleda qui, en avril 2004, a ouvert ses portes dans la zone de Coredo-Nihonbashi. « Proposer notre cuisine au Japon est un défi réellement stimulant », affirme Carme Ruscalleda avec fierté. « Que ce soit en Espagne ou au Japon, aujourd'hui et demain, notre objectif consiste à transmettre

tout le contenu émotionnel et culturel que la gastronomie est capable de communiquer lorsque les fourneaux sont tenus avec méthode, enthou-siasme et respect>>. Le restaurant est une véritable réplique du Sant Pau de Sant Pol de Mar et une partie de l'équipe de Ruscalleda s'est déplacée jusqu'ici. Dans l'établissement, les Japonais peuvent savourer une cuisine traditionnelle catalane élaborée à base de produits frais nippons assaisonnés avec de l'huile de Siurana et du sel de Majorque. Outre les 350 références de vin choisies parmi les meilleures caves espagnoles, le restaurant propose éga-lement du pain à la tomate, du jambon de porc ibérique Joselito, des fromages et des tapas.

COCINANDO EN ESPAÑOL LES MEILLEURES RECETTES ESPAGNOLES DÉBAR-QUENT EN ASIELa Bibliothèque Cervantès de Shanghai a été choisie pour la présentation du livre Cocinando en español. L'ouvrage, édité en espagnol et en chinois, rassemble une série de recettes traditionnelles espa-

gnoles pour les faire découvrir au public du pays asiatique. Le célèbre cuisinier Larrumbe a été désigné pour mener à bien la présentation d'un livre qui, en plein essor de la gastronomie espagnole en Chine, propose une première prise de contact avec une cuisine reposant sur la qualité des matières premières et le parfait équilibre entre saveur et santé.

Pour définir la gastronomie d'Ar-zak, nous devons nécessairement nous en remettre à cinq facteurs qui façonnent, à parts quasiment égales, ses signes distinctifs. Il s'agit d'une cuisine d'auteur, très personnelle, qui répond au goût et au savoir-faire de ceux qui intè-grent le répertoire des chercheurs de cette gastronomie. Cuisine basque, possédant des racines concrètes et, avant tout, des goûts, que l'on peut définir comme une idiosyncrasie gustative, une ma-nière d'être, et dans ce cas précis, de manger, d'une collectivité, la communauté basque, qu'il importe de respecter. Une autre facette majeure du savoir-faire culinaire de cette maison de Saint-Sébastien

est la recherche, facteur important du développement sur tous les plans professionnels et, bien sûr, l'un des plus créatifs. Arzak ne se limite pas à une seule personne clairvoyante, pionnière, chevron-née, courageuse et faisant systé-matiquement preuve d'audace. Il s'agit en effet d'une équipe qui recherche, qui goûte et teste tout, et qui n'approuve qu'une petite partie de ce qu'elle a expérimenté (une infime partie, devrions-nous dire). C'est justement pour toutes ces raisons qu'il s'agit d'une cuisine évolutive, et non d'une gastrono-mie qui meurt de son succès ou qui vit des grandeurs de formules parfaites, dans sa technique ou sa saveur, mais bien d'une cuisine qui

a besoin de progresser constam-ment pour ne pas stagner. Et tout ceci nous amène à la fin de ces définitions : Il s'agit d'une cuisine d'avant-garde qui, n'étant pas le clone d'autres gastronomies de pointe, ne renonce à rien, et encore moins à se retrouver en première place (avec tout le risque que cela comporte), aux côtés d'autres cui-siniers de renom, pour maintenir la cuisine basque, et par la même oc-casion la gastronomie espagnole, comme fer de lance du renouvel-lement permanent dans le monde. Jusqu'à présent, nous l'avons fait de manière exemplaire, et c'est sur cette voie que les nouvelles géné-rations de cuisiniers qui prendront la relève doivent continuer.

Juan Mari ArzakCUISINIER

Cuisine d'auteur, basque, de recherche, évolutive et avant-gardiste

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48 C entreprises espagnoles à l'étranger

Sol Meliá, la valeur de l'expérience et de l'innovation touristique

Née lors du développement touristique national des années 1950, Sol Meliá est devenu synonyme d'innovation et de diversification géographique. Société numéro un dans le secteur hôtelier national et référence du potentiel touristique espagnol dans le monde. Ses futurs défis sont l'expansion sur les marchés émergents et une gestion d'entreprise fondée sur l'efficacité et la durabilité qui lui permettra de se consolider en tant que 12e chaîne hôtelière dans le monde.Javier Hernández

L'embryon de la société est né il y a plus de 50 ans à Palma de Majorque, lorsque Gabriel Escarrer Juliá, jeune homme dynamique de 21 ans, com-mença à diriger un petit établissement dans un quartier résidentiel de la ca-pitale majorquine. Un début identique à celui d'autres grandes chaînes hô-telières nationales, nées elles aussi à la faveur de l'essor touristique des Baléares, comme Riu ou Barceló. Ce n'est qu'en 1987, avec l'acquisition des Hôtels Meliá, que la société acquit une place privilégiée dans le contexte tou-ristique international. Cette tendance fut renforcée par l'acquisition de la chaîne d'hôtels Tryp, en 2000. Au-jourd'hui, le groupe hôtelier Sol Me-liá compte plus de 300 hôtels répar-tis sur quatre continents, avec 76 944 chambres et plus de 33 000 employés de 94 nationalités différentes.

Société de premier plan à l'échelle natio-nale et internationale. Outre sa position dominante dans le secteur espagnol, la société compte parmi les plus grandes chaînes hôtelières du monde et pour la seule année écoulée, le groupe a inau-guré 20 nouveaux établissements. À l'échelle européenne, elle est la troi-sième chaîne hôtelière, et la douzième au niveau mondial. L'Amérique latine et les Caraïbes sont les points forts de la réussite de son expansion internationale qui a débuté en 1985 avec l'ouverture du premier hôtel hors d'Espagne, sur l'île indonésienne de Bali. La société s'ef-force à présent de pénétrer le marché asiatique émergent, comme l'illustre l'ouverture l'an dernier de son premier hôtel en Chine. Simultanément, la so-ciété essaie de surmonter la situation économique difficile, avec un plan d'ur-gence fondé sur la diversification des

stratégies commerciales et la rationali-sation des coûts, ce qui lui a permis de réduire sa dette de 12,5 % lors du dernier exercice.

Sol Meliá s'est toujours caractérisé par ses efforts constants pour rester à l'avant-garde du secteur hôtelier, aus-si bien dans l'accueil et les services à la clientèle que dans la gestion d'en-treprise du groupe. Outre l'optimisa-tion des ressources et du rendement économique en période de récession internationale, le groupe hôtelier a in-vesti ses efforts dans un autre objectif tout aussi prioritaire que le précédent : la protection du cadre social, envi-ronnemental, économique et culturel partout où la société est présente. Un projet qui a vu le jour en 2008 et que la direction du groupe a baptisé « Po-litique intégrale de durabilité de Sol Meliá ». La société a signé de nom-

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49C entreprises espagnoles à l'étranger

Sol Meliá est devenue la première Chaîne hôtelière de la biosphère (certification conférée par l'UNESCO)

breux accords de collaboration avec des organisations sociales et environ-nementales, et met en œuvre des pro-jets intéressants, comme le nettoyage de plages, par exemple. De plus, tous les établissements hôteliers ont mis en marche des mesures d'économie énergétique et des améliorations des-tinées à optimiser l'utilisation des ressources existantes. Résultat de ces efforts et de ce plan ambitieux, Sol Meliá est devenue la première Chaîne hôtelière de la biosphère, certifica-tion décernée par l'Institut du Tou-risme responsable, organisme associé à l'UNESCO.

Le client avant tout. Le signe distinctif de l'image et de la politique d'entreprise du groupe Sol Meliá est son service parfait à la clientèle. C'est dans ce but que la société a mis en marche, entre

2004 et 2005, une nouvelle stratégie économique et d'entreprise destinée à optimiser les ressources matérielles de la société du point de vue du service à la clientèle. La société a donc misé sur la politique de renforcement de ses marques de qualité. Les différentes marques de la société couvrent des be-soins très précis selon les différents pro-fils de clientèle potentielle. Toutes les ressources humaines et matérielles des établissements de chacune des marques visent à créer une atmosphère, un type de loisirs, de restauration, ainsi qu'une harmonie architec-turale et décorative détermi-née. Les marques du groupe sont actuellement classées en quatre groupes : TRYP Hôtels, ME by Meliá et Innside, qui s'adressent à un public urbain

et fonctionnel ; Gran Meliá Hotels & Re-sorts et Meliá, destinés à des séjours de vacances de classe moyenne en couple ou en famille ; Sol Hôtels, l'offre la plus économique de la société et enfin les Paradisus Resorts, sa marque la plus luxueuse.

Outre ses marques de qualité, le groupe Sol Meliá possède Sol Me-liá Vacation Club, créé dans le but de fournir à ses partenaires des clubs de

vacances dans les sites les plus exotiques et les plus beaux. Le Sol Meliá Vacation Club est devenu stratégique pour le groupe Sol Meliá et a été développé en tant qu'ac-tivité entièrement intégrée et autosuffisante au sein de la société.

Toute la politique d'en-treprise et de gestion de Sol

L'hôtel Gran Meliá Palacio de Isora, sur l'île de Ténériffe, véritable référence pour le respect de l'en-vironnement. La construction n'a impliqué aucune intervention sur le milieu marin et a respecté les critères d'efficacité énergétique et d'exploitation hydrique les plus stricts.

Amérique66

Afrique 6

Asie 7Europe 225

RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE PAR NOMBRE D'HÔTELS

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50 C entreprises espagnoles à l'étranger

Meliá est résumée dans l'expression « œuvrer pour l'excellence ». Un ob-jectif présent depuis les débuts de la société en 1956 et qui l'a poussée au cours de son histoire à relever d'in-téressants défis, certains constituant également des événements historiques pour le secteur et le pays, comme son entrée en bourse en 1996, faisant d'elle la première société hôtelière cotée. Le groupe se trouve en outre à l'avant-garde grâce à la mise en marche du premier site Internet international de réservations et du premier départe-ment de R&D&I ouvert dans une so-ciété hôtelière. Toutes ces réussites,

unies à la philosophie de durabilité et de qualité du groupe et à son pari pour l'internationalisation, lui a valu de recevoir, en début d'année et pour la deuxième fois, le prix Príncipe Fe-lipe de l'excellence touristique 2009, décerné par le ministère de l'Indus-trie, du commerce et du tourisme. La reconnaissance d'une société qui est parvenue à faire de la qualité de ses services, de ses installations et de son accueil de la clientèle son signe dis-tinctif, et qui fait intégralement partie du passé, du présent et de l'avenir d'un secteur si important pour l'économie du pays.

ALLIANCE AVEC LA SO-CIÉTÉ HÔTELIÈRE NUMÉ-RO UN DANS LE MONDEAu début du mois de juin, Sol Meliá a signé avec Wyndham Hotel Group une alliance stratégique afin de dévelop-per la marque Tryp et d'exploiter les hôtels conjointement. Wyndham Ho-tel est la société mondiale numéro un du secteur hôtelier, avec 7 100 hôtels dans 65 pays. Cet accord est particu-lièrement important, car il constituera un moteur pour l'expansion de la so-ciété espagnole aux Etats-Unis et au Canada, dans le cadre de sa politique de diversification géographique.

LES CHIFFRES303 hôtels en 2009 répartis dans 26 pays sur 4 continents. 75 022 chambres pour un total de 28,6 millions de nuitées. 32 % de ses hôtels sont cinq étoi-les ou grand luxe. 38,1 millions d'euros de bénéfices en 2009. 33 378 employés de 94 natio-nalités différentes travaillent dans la société.

En haut, terrasse de l'Hôtel ME Madrid Reina Victoria, nouveau concept hôtelier de luxe. Sur les photo-graphies de droite, Hôtel ME de Barcelone, récemment inauguré, quatrième édifice le plus haut de la ville, chambre de l'un des centres de vacances situé à Punta Cana (République dominicaine), Hôtel Meliá de Berlin et façade du Gran Meliá Shanghai, premier établissement de la société en Chine. PHOTO SOLMELIÁ

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La mondialisation a fait disparaître les barrières du tourisme, a démocratisé le voyage et a fait de nous des voya�geurs experts, mais elle a également multiplié la concurrence. En Espagne, nous avons été, des décennies durant, la deuxième puissance mondiale en matière de tourisme, et nos sociétés hôtelières occupent une place internationale de premier plan. En dehors de son potentiel de création d'emplois et de distribution de richesse, le tourisme constitue sans aucun doute l'une des activités économiques pouvant favoriser l'im�plantation d'un modèle économique plus durable et, de plus, le tourisme est une activité prioritaire dans les pays avec lesquels nous maintenons des liens les plus étroits, comme l'Amérique latine. Il ne faut pas ou�blier que les sociétés touristiques qui ouvrent des destinations entraînent des industries complémentaires ser�vant de leviers de croissance. Notre potentiel d'excellence et d'innovation touristique est immense, mais nous avons besoin du moteur de l'inter�nationalisation et de la compétitivité mondiale. Les entreprises et les des�tinations doivent s'adapter aux nou�velles réalités sociales, économiques et technologiques qui naîtront de cette deuxième grande récession mondiale. Les vecteurs de cette évo� Les vecteurs de cette évo�Les vecteurs de cette évo�lution « compétitive » du tourisme sont trois : la qualité de l'expérience intégrale du client, la durabilité et la diversification géographique. Les clients de l'après�crise voyagent tou�jours, mais ils exigent pour leur séjour une valeur ajoutée que nous devons fournir à travers une offre de qualité,

des activités culturelles, sportives, ludiques et d'enrichissement vital, de bien�être physique, spirituel et sensoriel, un environnement naturel et architectural, la découverte des sites, la solidarité et l'écologie, etc. Concernant la durabilité, le tourisme constitue un moteur du dévelop�pement pour les communautés humaines, et son impact environ�nemental est réduit, mais c'est un secteur sensible, car sans durabilité il n'y a pas de tourisme. C'est aussi un critère de compétitivité, car nos clients demandent des produits et des services durables, et la plupart sont prêts à payer davantage pour cela. En ce qui concerne la diversifi�cation géographique, nous assistons à une réorganisation mondiale, avec un déplacement du centre de gravité économique de l'Europe, et même de l'Amérique du Nord vers les économies émergentes de l'Asie, du Moyen�Orient et de l'Amérique latine.

Les « pays BRIC » (Brésil, Russie, Inde et Chine) sont un bon exemple du défi que le marché mondial impose à nos entreprises et à nos pays : en termes démographiques, chaque année, et seulement dans les BRIC, plus de 90 millions de personnes rejoignent ce que nous appelons la « classe moyenne », acquérant à la fois la capacité de voyager, de se loger dans des hôtels, d'aller au restaurant, etc. Le défi de l'internationalisation exige des réponses innovantes, et c'est dans cette perspective que Sol Meliá vient d'ouvrir son premier hôtel en Chine, le Gran Meliá

Shanghai, et a scellé une alliance avec Wyndham, le plus grand groupe hôtelier du monde, pour développer conjointement la marque Tryp sur les différents marchés internationaux, et pour se développer aux Etats�Unis. La diversification et la croissance s'alimentent dans une large mesure de grandes alliances : entre acteurs privés, publics et privés, etc. Si, pour l'Espagne, le tourisme a toujours été une sorte « d'exportation de services » sans sortir du pays, nous devons à présent porter notre savoir�faire, nos valeurs, sur d'autres marchés pour tirer parti de leur croissance. Je me souviens qu'en 1985, pour l'ouverture du premier Hôtel International de Sol Meliá à Bali, nombreux furent ceux qui nous qualifièrent de téméraires : aujourd'hui, le taux d'EBITDA de Sol Meliá hors de nos frontières s'élève à 76 % grâce à la croissance de l'Amé�rique latine et d'autres marchés. Les deux tiers de notre clientèle se trouve hors de l'Espagne et au cours de l'année passée, nous avons ouvert de nouveaux marchés comme l'Au�triche, la Colombie, le Luxembourg, le Cap�Vert ou la Chine. L'Espagne est internationalement reconnue pour son tourisme et ses plages : loin de renoncer à ces attributs, nous devons nous appuyer sur ces derniers pour continuer à consolider l'interna�tionalisation de nos entreprises touristiques ; à travers notre présence internationale, nous voulons conti�nuer à contribuer au prestige et à la reconnaissance de notre pays, pour que dans le monde entier, le mot « tourisme » soit toujours synonyme « d'Espagne ».

Si, pour l'Espagne, le tourisme a toujours été une sorte « d'exportation de services » sans sortir du pays, nous devons à présent porter notre savoir-faire, nos valeurs, sur d'autres marchés pour tirer parti de leur croissance

51 C entreprises espagnoles à l'étranger

La diversification géographique, clé de la compétitivité touristique

Sebastián EscarrerVICE-PRÉSIDENT DE SOL MELIÁ ET PRÉSIDENT D'EXCELTUR

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52 C culture et société

Quand la télévision est le fruit de la coopération ibéro-américaine

L' Association des télévisions éducatives et culturelles ibéro-américaines œuvre depuis 18 ans pour développer l'éducation et la culture dans un média tel que la télévision, qui offre des contenus très variés.

Nous regardons la télévision pour des rai-sons très différentes mais l'une de celles qui acquiert de l'importance au XXIe siècle est la recherche d'un aspect for-mateur et culturel dans les programmes, nous voulons rester informés et acquérir des connaissances utiles dans notre vie

quotidienne. Cette philosophie et cette ligne éditoriale sont présentes dans l'idéo-logie de l'Association des télévisions édu-catives et culturelles d'Amérique latine.

À travers la gestion du programme de coopération TEIb (Télévision éducative et culturelle ibéro-américaine) né lors du Sommet latino-américain des chefs d'État et de gouvernement de 1992, l'ATEI (As-sociation des télévisions éducatives et culturelles ibéro-américaines) développe depuis 18 ans des contenus éducatifs, scientifiques et culturels ibéro-améri-cains pour la télévision et les nouvelles technologies de l'information.

L'ATEI, qui compte 136 institutions, est pionnière dans la coopération audio-visuelle en Amérique latine, et a pour objectif de devenir un réseau de commu-nication où des contenus éducatifs, scien-tifiques et culturels seront créés, copro-duits et distribués.

NCI, l'information culturelle sur l'Amé-rique latine. L'une des réussites majeures du programme TEIb est NCI, Noticias Culturales Iberoamericanas, une plate-forme de diffusion d'actualités éducatives, culturelles et scientifiques en Amérique latine. Grâce aux organismes rattachés, NCI a développé ses propres projets de production et des projets de coproduc-tion, formation et diffusion culturelles dans le cadre de la Coopération ibéro-

SÉVILLE A ACCUEILLI LA PREMIÈRE RENCONTRE EURO-LATINO-AMÉRICAINE.En mai, une trentaine de chaînes européennes, des Communautés autonomes, et une dizaine de chaînes latino-américaines ont participé à la Rencontre euro-latino-américaine des chaînes éducatives et culturelles. Les accords conclus, qui concernent plus d'un milliard de personnes sur les deux continents, se sont concentrés sur le lancement de différents projets de coproduction et sur la collaboration pour former et mettre à niveau les professionnels des deux régions.

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53C culture et société

Toute la nuit du 21 juin la pluie est tombée sur la ville. Les informations météorologiques annonçaient une tempête dans les Caraïbes. Il y avait des glissements de terrain et un appel à la vigilance. Une équipe de techniciens a travaillé tout le week-end et continuait pour recevoir un signal satellite émis d'Ar-ganda del Rey à la salle de conférence de l'université autonome de Santo Domingo, à seize heures, le 22.

Une heure avant la connexion à laquelle environ cinq cents personnes devaient assister, les incidents techniques, dus aux aléas atmosphériques, avaient instillé le doute chez les techniciens.

Pendant que je recueillais leurs impressions, je me rap-pelais Nicholas Negroponte, qui au début des années qua-tre-vingt dix retraçait dans son Mundo digital l'environnement de connectivité des prochai-nes décennies et relevait que ce n'est pas la fibre optique mais notre imagination qui changerait notre vie.

Et nous étions là, mus davantage par notre imagina-tion que par la technologie, nous voulions démontrer le fonctionnement du projet de coopération dans lequel TEIb, le programme des sommets latino-américains de télévi-

sion éducative et culturelle, œuvrait pour contribuer au processus de reconstruction d'Haïti, à partir du redres-sement de son système éducatif.

Nous avons bénéficié de l'étroite collaboration d'Hispa-sat et l'offre de contenus ap-propriés : un cours sur le cycle et la potabilisation de l'eau conçu par un professeur, et comptant toutes les ressour-ces didactiques : vidéos, ta-bleau électronique, diapositi-ves et outils didactiques pour l'enseignement à distance. Et un instrument fondamental : l'interactivité. La démonstra-tion eut lieu précisément seize minutes après 16 heures 05, heure dominicaine, soit 22 heures 05 à Arganda del Rey et le dialogue entre la salle de conférence de l'université et le plateau situé à 6 691 kilomètres se déroula comme prévu. Dans les heures qui suivirent, ce qui avait été conçu comme une proposition de contribution au rattrapage éducatif des enfants d'Haïti, a commencé à se développer et à prendre la forme d'un apport à l'enseignement universitaire reposant sur l'intention et la volonté de plusieurs universi-tés de fournir, via la coopéra-tion, les ressources humaines nécessaires pour établir cette boucle virtuelle de diffusion de la connaissance pour la reconstruction d'Haïti.

Alberto García FerrerSECRÉTAIRE GÉNÉRAL D'ATEI

LE BILLET DE L'EXPERT

Haïti : la destination d'une boucle virtuelle

américaine. Par la diffusion de NCI sur les chaînes

locales et régionales, ces informations peuvent atteindre 21 pays d'Amérique latine, les États-Unis, le Canada et le Royaume-Uni. Des réseaux de télévisions tels qu'ABEPEC au Brésil, qui compte 23 chaînes, ou le réseau de télévisions locales chilien, 15 chaînes, a exprimé son souhait d'émettre NCI, ainsi qu'une multitude de chaînes de pays latino-américains et européens. NCI peut également être vi-sionnée sur Internet et sur la chaîne in-ternationale de TVE en Amérique, Asie, Europe et Afrique.

NCI possède un réseau complet qui fonctionne grâce à des notes d'informa-tion envoyées à ses partenaires et collabo-rateurs. Cette trame coopérative latino-américaine s'est développée depuis ses débuts en octobre 2007 et, au cours des derniers mois, elle a reçu 47 notes, contre 648 notes en 2008 et 1 491 notes en 2009 ; des données qui traduisent la croissance de l'influence et de l'importance du ré-seau NCI.

Dans un monde où l'audiovisuel est omniprésent et Internet essentiel, il de-vient indispensable d'offrir au public un outil unissant les deux médias. Le pro-gramme TEIb, conscient de cette nou-velle réalité de la communication et de la nécessité de convergence des médias, lance NCI WEB TV.

NCI WEB TV est une grande plate-forme de contenus culturels, éducatifs et scientifiques fondée sur la télévision à la carte sur Internet proposant des conte-nus audiovisuels en qualité télédiffusion, avec plus d'une vingtaine de chaînes et 1 000 heures de contenus 24 heures sur 24. Son principal objectif est de permettre à l'utilisateur de choisir ses programmes selon ses centres d'intérêts et les conte-nus culturels, éducatifs et scientifiques offerts. Ainsi, à tout moment, il pourra accéder aux contenus de chaînes comme NCI en Corto (courts métrages), Canal Alfabetización digital (alphabétisation nu-mérique), Canal Ciencias Sociales, Canal Experiencias Docentes (expériences d'en-seignement) ou Canal de la Organización de Estados Iberoamericanos.

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54 C culture et société

Instants, intervalles, durées… Peut-on capturer le temps ? Oui, c'est possible. Un exemple : en associant le proces-sus de stroboscopie et le flash photo-graphique, le professeur d'ingénierie

électronique Harold Edgerton est parvenu à photographier des objets en mouvement, qu'à première vue, l'œil ne peut décomposer. On peut en ap-précier le résultat dans Anatomía del

movimiento, exposition ouverte au public jusqu'au 25 juillet prochain à la fondation BBVA à Madrid.

Ce n'est là que l'une des exposi-tions de PHotoEspaña 2010, l'un des plus importants événements consa-crés aux arts visuels dans notre pays. Ce festival, qui a pour thème le temps, donne lieu à une multitude d'exposi-tions dans des galeries, musées, cen-tres culturels et institutions. Lisboa Sérgio Mah, commissaire du festival, a déclaré : « nous avons choisi ce thème en raison de la relation intrinsèque entre le temps et la photographie, qui a toujours été utilisée pour immorta-liser les moments importants, tant de

GRACIELA ITURBIDE, PRIX PHOTOESPAÑA 2010.En reconnaissance de ses plus de 40 ans de carrière professionnelle, le prix PHotoEspaña Baume&Mercier 2010 a été décerné à la photographe Graciela Iturbide (Mexico, 1942). Le jury a apprécié la beauté et la puissance de ses images, qui nous montrent des habitants et les lieux du monde entier. Après avoir appris le résultat, la lauréate a déclaré : « ce prix m'encourage fortement à poursuivre mon travail avec plus d'espoir, si c'est possible ». Le prix, doté de 12 000 euros pour l'achat de l'œuvre, un trophée créé par Eduardo Arroyo et une montre de la marque, a déjà été décerné aux photographes William Klein, He-lena Almeida, Chema Madoz et Malick Sidibé, en reconnaissance de leur place dans le paysage photographique international.

Le temps, saisi à PHotoEspaña 2010

La vision du temps dans l'œuvre de photographes et d'artistes visuels est le fil conducteur des 69 expositions qui composent la XIIIe édition du Festival international PHotoEspaña 2010. Un forum international de photographie renommé que l'on peut visiter jusqu'au 25 juillet à Madrid, Lisbonne et Cuenca. Beatriz Beeckmans

De gauche à droite : Concierto del mar (1971) d'Eustachy Kossakowski, Super Rubia (2008) d'Andrea Lucía et Aragón Mejicano et Potsdamer Platz, Berlin 1997-1998 de Michael Wesely. PHOTOESPAÑA

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55 C culture et société

la mémoire collective que de la vie privée des gens ». Cette édition com-prend 69 expositions réparties entre Madrid, Lisbonne et Cuenca, dont le but, selon sa directrice, Claude Bus-sac, est de « contribuer à entraîner l'œil dans un monde saturé d'images, puisqu'il est fondamentalement lié à l'esprit et donc à la culture ». « Ce que nous désirons, ajoute-t-elle, c'est que ce festival apporte quelque chose à la société et pour cela, nous organisons de nombreuses activités s'adressant à différents publics ».

Ce qui explique que PHotoEspaña ne se réduit pas aux expositions. Pour contribuer à la réflexion sur la photogra-phie, cette XIIIe édition a programmé de nombreuses visites guidées gratuites, ateliers et séances participatives. Parmi celles-ci, la Noche de la Fotografía, qui s'est tenue à Madrid le 18 juin. Au cours de cet événement, les salles d'exposition consacrées à PHotoEspaña 2010 ont organisé de nombreuses visites et ren-contres avec des artistes. Dans la Sala Canal de Isabel II, la photographe Isabel Muñoz a parcouru avec les visiteurs son exposition El amor y el éxtasis. À l'Ins-titut Cervantès, les artistes Arelí Vargas et Sebastián Friedman ont présenté l'exposition Encubrimientos (Dissimula-tions) et le Cercle des Beaux-Arts a ac-cueilli une visite de l'exposition Lázsló Moholy-Nagy. El arte de la luz (L'art de la lumière).

Le Festival PHotoEspaña, créé en 1998, attire chaque année plus de six cent mille personnes, un chiffre qui en fait l'un des événements culturels ma-jeurs de notre pays. Ce forum interna-tional de photographie renommé est reconnu par les plus grands critiques, et il devient au fil des ans une occasion extraordinaire de découvrir les derniers projets photographiques, vidéos et ins-tallations de photographes et d'artistes visuels les plus remarquables.

Depuis trois ans, PHotoEspaña a orienté son activité vers l'excellence et l'internationali-sation sans jamais perdre son objectif : être un festival ancré dans la société. Cette année, plus que jamais, nous avons voulu proposer un festival plus ouvert, participatif, durable et engagé socialement. Sérgio Mah, commissaire général du Festival, clôture un cycle de trois ans avec une édition sur le thème du temps et nous offre une programmation de haut niveau à partir d'une réflexion théorique présentée dans le livre El tiempo expandido (Le temps dilaté), édité par PHEbooks, la nouvelle collection de livres de PHotoEspaña. En dehors des ex- En dehors des ex-En dehors des ex-positions, nous avons développé des programmes internationaux pour créer des réseaux de travail. Le lancement de Transatlántica, un forum de photographie et d'arts visuels en Amérique latine, nous a permis de promouvoir la rencontre professionnelle. Pour sa part, OpenPHoto Cuenca accueille pour la deuxième année consécutive une sélection d'expositions proposées par des ambassades et instituts culturels étrangers. Ainsi, PHotoEspaña s'ouvre sur l'extérieur. Dans cette nouvelle édition, nous avons éga-lement multiplié les programmes participatifs. Tout au long de l'année, nous avons offert au public professionnel ateliers, séminaires et des visionnages de portfolios. Au cours du festival, tous les amoureux de la photo-

graphie peuvent participer au PHotoMaratón, au Gymkhana photographique et aux photo-blogs. Pour la deuxième année consécutive, sous l'égide de la fondation Banco Santander, nous avons organisé un programme éducatif dans neuf centres d'enseignement secondaire de Madrid. En dehors du domaine scolaire, nous avons également lancé un programme adressé aux jeunes avec la Mairie d'Al-calá de Henares. Les Talleres de los Sábados (Ateliers du samedi) se consolident en tant qu'activité pour enfants dans la fondation Canal. Le Master de photogra-phie PHE, dispensé par l'univer-sité européenne de Madrid, en est déjà à sa troisième édition. Nous devons penser au public du futur et nous impliquer dans la formation des photographes de demain en concevant un festival engagé envers la société. L'accès gratuit aux expositions et le vaste programme de visites guidées et d'ateliers pour les familles font de PHotoEspaña une plate-forme de rencontre et de coexis-tence des différents publics. Outre le ministère de la Culture, la Communauté et la Mairie de Madrid, soixante organismes publics et privés parmi lesquels des fondations, entreprises, ambassades, centres culturels et musées, nous ont accompagnés dans l'organisation de ce grand rendez-vous de la photogra-phie. Maintenant, ce que nous souhaitons, c'est que vous soyez nombreux à profiter du résultat.

Claude BussacDIRECTRICE DE PHOTOESPAÑA

LE BILLET DE L'EXPERT

La photographie s'ouvre à la société

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56 c nouvelles culture et société

Fusion dans le transport aérien. 10 ans après l'entrée de British Airways dans le capital d'Iberia et près de deux ans après l'ouver-ture des négociations en vue d'une fusion, le contrat définitif d'intégration a été signé au début du mois d'avril. Un long processus est en marche, qui donnera naissance à la deuxième compagnie aérienne européenne en termes de passagers sous le nom de Sociedad Holding International Group, même si les deux compagnies doivent conserver leurs marques et leurs opérations.

Iberia et British Airways fusionnent et donnent naissance à la cinquième compagnie aérienne du mondeLes possibilités de fusion dans l'espace aérien européen et la récession ont dé-terminé cet ambitieux objectif qui don-nera naissance à la cinquième compa-gnie aérienne du monde en termes de chiffre d'affaires, derrière Air France-KLM, Lufthansa, United-Continental et Delta. Iberia et British Airways fusion-nent sous le nom de Holding Internatio-nal Airlines Group, avec 45 % de capital détenu par Iberia et un Conseil d'admi-nistration présidé par Antonio Vázquez.

La fusion, qui s'est terminée en avril, a encore du chemin à parcourir. Les deux compagnies devront en effet trou-ver un accord sur un plan de réduction du déficit des retraites, l'autorisation des régulateurs et l'approbation des ac-tionnaires jusqu'à leur entrée en bourse

commune en décembre.En réalité, la fusion n'unifiera pas les

marques et les deux compagnies opère-ront sous leur nom commercial, même si certains départements seront fusion-nés, comme les services informatiques, financiers et commerciaux. Les deux compagnies aériennes ont annoncé que les réductions de personnel dues la fu-sion seront minimes. L'exploitation du chiffre d'affaires et les synergies des deux compagnies créeront une grande opportunité pour un espace aérien compétitif. De nouveaux itinéraires se-ront ainsi proposés, le service dans les plates-formes de correspondance ren-forcé et chaque compagnie aérienne se concentrera sur ses points forts : British Airways sur les vols à destination de

BRITISH AIRWAYS

HOLDING INTERNATIONAL

AIRLINES GROUP S.A.

IBERIA

42 millions Passagers 20,4 millions

43 000 Employés 20 500

239 Avions 109 (plus 65 Air Nostrum)

6,771 milliards d’euros Chiffre d’affaires 4,409 milliards d’euros

Chiffre d'affaires 15,5 milliards d'euros

Avions 408 • Destinations 200

Passagers 58 millions • Employés 64 000

Siège

opérationnel

Londres

Siège juridique

Madrid

l'Amérique du Nord et Iberia à destina-tion de l'Amérique latine.

La flotte des deux marques sera éga-lement allégée et des achats communs réalisés, comme les cinq Airbus déjà ac-quis en juin.

À travers cette fusion, Iberia, fon-dée il y a 83 ans, se renforce au sein d'un marché du transport perturbé, les com-pagnies à bas coût ayant révolutionné la manière de voyager. Selon l'actuel président d'Iberia, Antonio Vázquez, « la nouvelle compagnie sera mieux ar-mée pour faire face à la concurrence des grandes compagnies aériennes et parti-ciper aux futures avancées du processus de consolidation ». Le siège opération-nel de la nouvelle société sera à Londres et son siège juridique à Madrid.

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57c nouvelles culture et société

L'Espagne est le pays de prédilection des étudiants Erasmus. Notre pays reste la destination favorite des étudiants qui participent au programme Erasmus. Au cours de l'année universitaire, 33 200 étudiants (16,7 %) ont étudié dans des centres espagnols, selon les données de la Commission européenne. L'Espagne se trouve également parmi les pays qui envoient le plus grand nombre d'étudiants à l'étranger, soit 27 400, occupant ainsi le troisième rang. Les pays préférés des étudiants espagnols sont, dans l'ordre, l'Italie, la France et l'Allemagne. Près de 4 % des étudiants européens reçoivent actuellement une bourse Erasmus au cours de leurs études.

FCC décroche un contrat de 935 millions d'euros en Algérie Le constructeur espagnol FCC a décroché en Algérie l'un de ses plus importants contrats internationaux. L'entreprise sera chargée de la construction de la ligne ferroviaire de 185 kilomètres qui reliera les villes de Relizane et Tissemsilt. FCC participe également en Algérie à d'importants projets liés aux infrastructures de transport, installations de gestion de l'eau, construction et secteur de l'énergie.

Calatrava fera souffler un vent nouveau sur Rio de Janeiro L'architecte espagnol Santiago Calatrava sera chargé de construire le projet phare qui doit revitaliser la zone portuaire dégradée de Rio de Janeiro, en vue des Jeux olympiques de 2016. Le Museo del Mañana, doté d'un budget de 74 millions de dollars, deviendra le nouveau symbole de la ville. Il comprendra des salles d'exposition et de recherche, un auditorium, un belvédère et des restaurants. De plus, il sera énergétiquement autosuffisant et sera construit à l'aide de matériaux recyclés.

L'Institut Confucius arrive à Barcelone L'Institut Confucius, dont l'objectif est la diffusion de l'enseignement et de la culture chinoise dans le monde, commencera ses activités à partir du mois de septembre, selon l'accord signé entre le siège central de l'institut, Casa Asia, l'université autonome de Barcelone et l'université de Barcelone. Ce centre, qui compte 282 sièges dans le monde, sera le quatrième ouvert par cette institution en Espagne après ceux de Madrid, Grenade et Valence.

Banco Santander, la banque la mieux notée de toutes les grandes banques européennes aux « tests de résistance » La banque Santander s'est révélée être la mieux notée des 30 premiers établissements de l'UE lors des tests. Les tests de résistance sont menés par les régulateurs nationaux à partir d'une méthodologie commune élaborée par le Co-mité européen des régulateurs bancaires. Ils ont pour objectif de vérifier la santé du système financier dans son ensemble et son niveau de résistance face à une aggravation de la crise.

Bilan de l'année 2009

Le cinéma espagnol se vend davantage en dehors de nos frontièresLe dernier bilan de la Fédération des associations de producteurs audiovi-suels révèle que notre cinéma connaît plus de succès à l'extérieur qu'à l'inté-rieur de nos frontières. Cela se traduit par les 144,6 millions d'euros perçus dans 18 pays par le cinéma espagnol contre les 104,3 millions perçus en Espagne. Une augmentation de plus de soixante-dix pour cent du nombre de copies distribuées à l'étranger a été enregistrée par rapport au précédent bilan de 2008. Les États-Unis, le Ca-nada, la France, l'Italie et le Mexique sont les pays qui ont compté le plus grand nombre de films espagnols à l'affiche pendant l'année 2009.

Les films espagnols qui ont perçu les plus importantes recettes à l'étran-ger au cours de l'année passée ont été Planète 51, suivi par Étreintes brisées et Ché : l'Argentin. Quant aux films pro-duits, l'Espagne reste en septième po-sition à l'échelle mondiale, et en troi-sième position au niveau européen. L'Inde, les États-Unis et la Chine sont en tête du classement mondial.

Concernant le nombre de spec-tateurs qui vont au cinéma voir des films espagnols, notre pays occupe la 22e place, avec 15,89 % de spectateurs. Les principaux pays consommateurs de leurs propres productions sont l'Inde et les États-Unis.

Photogramme de Planète 51, le film espagnol qui a fait le plus de recettes à l'étranger en 2009.

Maquette du futur Museo del Mañana, qui sera construit dans la baie de Guanabara de Rio de Janeiro.

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Un Picasso enregistre la vente du tableau le plus cher au monde L'œuvre Nu au plateau de sculp-teur, de Pablo Picasso, est devenue le tableau le plus cher jamais vendu aux enchères, pour un montant de 106 millions de dollars, il a été acheté par un acquéreur anonyme lors d'une vente de Christie's à New York. La toile, l'une des meilleures œuvres du peintre malaguène, est un portrait de Marie-Thérèse Walter, sa maîtresse.

L'Académie royale espagnole présente sa nouvelle gram-maire Le Manual de la Nueva gramática de la lengua española est réédité dans une version réduite après avoir été présenté à la fin de l'année 2009. Ce document de 1 000 pages, édité par l'Espagne, est d'une importance capitale pour l'ensei-gnement de l'une des langues les plus parlées au monde.

Manuel Leguineche reçoit le prix Luca de Tena Le quotidien ABC a décerné au correspondant de guerre et fon-dateur de l'agence Colpisa, Ma-nuel Leguineche, le prix Luca de Tena, l'un des plus importants de la presse espagnole. Lors de cette cérémonie, un prix a également été décerné au journaliste Ignacio Camacho ainsi qu'au photographe Marcos Moreno.

58 c nouvelles culture et société

Données de recensement de l'Institut national des statistiques 2009. L'Espagne dépasse le million et demi d'émigrants, dont plus de 60 % en Amérique. D'autre part, il n'a été enregistré qu'une augmentation de 1,1 % des étrangers recensés dans notre pays.

Le nombre d'Espagnols vivant à l'étranger augmente de 100 000 personnesLe dernier recensement mené par l'Ins-titut national des statistiques fait appa-raître des données intéressantes sur la population espagnole. Parmi celles-ci, soulignons le ralentissement du nombre

Nu au plateau de sculpteur (1932) de Pablo Picasso

RÉPARTITION DES ESPAGNOLS À L'ÉTRANGER

POPULATION IMMIGRANTE

0

200

400

600

800

1000

60,1 %

946 701

Amérique

36,9 %

580 063

Europe

16,1 %

Asie

17 416

10,3 %

Afrique

14 160

6,1 %

Océanie

15.7830

200

400

600

800

100087,9 %

41 242 292

Espagnols

12,1 %

5 708 940

Étrangers

d'étrangers recensés dans notre pays, qui n'a augmenté en 2009 que de 1,1 %, soit 60 269 personnes. Cette augmen-tation contribue au total des 5 708 940 étrangers recensés, un pourcentage de 12,1 % par rapport aux 46 951 532 ci-toyens recensés en Espagne.

Cette réduction significative du nombre d'étrangers recensés se mani-feste dans une moindre mesure dans les Communautés autonomes des îles Baléares, Valence et Madrid, qui enre-gistrent un plus grand nombre de popu-lation immigrante. Les pays d'origine de la population étrangère les plus repré-sentés sont, dans l'ordre, la Roumanie, le Maroc, l'Équateur, le Royaume-Uni et la Colombie.

Espagnols à l'étranger. Une autre don-née significative du rapport est l'aug-mentation du nombre d'Espagnols ayant émigré, par rapport au dernier recense-ment. 102 432 personnes ont quitté l'Es-pagne. La plus forte émigration se pro-duit en direction du continent asiatique, avec 17 416 personnes. L'Amérique reste néanmoins le continent qui enregistre le plus grand nombre d'Espagnols, avec près d'un million de personnes. D'autre part, la population recensée en Espagne augmente de 0,4 % par rapport à l'année précédente. Les Communautés auto-nomes enregistrant la plus forte aug-mentation sont Madrid, l'Andalousie et la Catalogne, tandis que celles qui enre-gistrent le plus de pertes sont Castille-Léon, les Asturies et l'Aragon.

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Les prix Ortega y Gasset récompensent un journalisme courageux Ces prix, parmi les plus prestigieux de la presse espagnole, ont récom-pensé, lors de leur dernière édition, un journalisme d'audace et de courage. El País a réalisé le meilleur travail de presse écrite pour ses re-cherches sur le « cas Gürtel » tandis que le prix à la meilleure photogra-phie a été décerné à José Cendón pour son reportage Somalia en el fin del mundo. Le journaliste français né en 1920 en Algérie, Jean Daniel, fondateur de la revue Le Nouvel Ob-servateur, a été récompensé pour l'ensemble de sa carrière.

Le PIB espagnol supérieur à la moyenne européenne Selon les données fournies par l'Office statistique des Communau-tés européennes, Eurostat, le PIB par habitant de l'économie espagnole se situait en 2009 au même niveau qu'en 2008, en dépit de la crise économique et financière. L'Espagne se place à 103 % de la moyenne de l'UE (12e place), un point au-des-sus de l'Italie. Le pays dont le PIB par habitant est le plus élevé est le Luxembourg (268 %) celui qui présente le PIB par habitant le plus faible est la Bulgarie (41 %).

Première de Los Sabios de Córdoba. (Out of Cordoba) Le documentaire de Jacob Bender, Out of Córdoba, coproduction hispano-américaine, a été projeté à l'occasion de la Réunion interminis-térielle de l'Alliance des civilisations à Cordoue. Le documentaire pré-sente Averroès et Maïmonide, deux érudits de la Cordoue médiévale, comme solution au « choc des civili-sations ». La production de ce film, tourné dans huit pays, a bénéficié de la participation d'organismes du Proche-Orient, des États-Unis et d'Espagne.

59c nouvelles culture et société

La plus grande rencontre biotechnologique du monde

L'Espagne monopolise le salon Biotech de ChicagoAu début du mois de mai, s'est tenu dans la ville américaine de Chicago le salon BIO, la plus grande vitrine mondiale des entreprises biotechnologiques. À ce rendez-vous, le pavillon de l'Espagne est devenu le plus important de tous les pays participants, en accueillant plus de 100 entreprises et institutions natio-nales pour faire connaître les avancées technologiques de notre pays dans ce secteur. La biotechnologie est l'un des

secteurs où l'Espagne se développe à un rythme supérieur à celui de la moyenne européenne, en matière de production scientifique, raison pour laquelle le pays met l'accent sur sa présence et sa visibi-lité internationale. De fait, cette année, le premier salon national de cette jeune industrie s'est tenu à Pampelune afin de faire connaître les progrès des plus de 300 entreprises qui travaillent actuelle-ment dans ce domaine technologique.

Trésor archéologique. La grotte d'Altamira (Cantabrique), qualifiée de Chapelle Sixtine de l'art rupestre, dont les peintures datent de 14 000 à 20 000 ans, pourra être à nouveau visitée, mais de manière limitée.

Altamira ouvrira ses portes au public de manière limitéeLa décision a été prise par les respon-sables du comité de gestion de la grotte, dirigé par le président de Cantabrique, Miguel Ángel Revilla et la ministre de la Culture, Ángeles González Sinde, lors d'une récente réunion au siège du Musée national et centre de recherche de Santillana del Mar. M. Revilla s'est déclaré satisfait de cette décision, sou-lignant que les conditions d'ouverture doivent respecter « tous les critères et garanties pour un bien exceptionnel que nous devons absolument protéger ». Il a également exprimé son intention d'invi-ter le président des États-Unis, Barack Obama, à être le premier visiteur d'Alta-mira pour sa réouverture, celui-ci ayant exprimé son souhait de la visiter.

Altamira, fermée depuis 2002 pour garantir sa conservation, fera l'objet d'une étude par un groupe de travail. Ce dernier sera chargé de fixer, en col-laboration avec le Conseil supérieur des recherches scientifiques, un programme de visites selon des paramètres mi-

Bisons dans la grotte d'Altamira.

cro-environnementaux qui ne devront jamais être dépassés et seront révisés périodiquement, pour assurer la conser-vation intégrale de la grotte et de ses peintures.

La grotte, découverte en 1879 par Marcelino Sanz de Sautuola, avait révélé les premières peintures rupestres paléo-lithiques. En 1917, elle avait été ouverte au public puis fermée soixante-dix ans plus tard en raison de sa détérioration. En 1982, elle a été rouverte selon un régime de visites limitées et en 2002, la grotte originale a à nouveau été fermée. La grotte est inscrite au patrimoine de l'humanité depuis 1985.

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60 c nouvelles culture et société

La natalité chute de 5 % après une décennie à la hausse Après une décennie de constante croissance, l'année 2006 a inversé la tendance du taux de natalité en bais-sant de 5 % (10,73 naissances pour mille habitants), selon les données de l'Institut national des statistiques. Le rapport souligne également que, pour la première fois, les mariages civils ont dépassé les mariages religieux, bien que le nombre de mariages ait baissé de 11 %.

Grifols réalise le plus important achat en Europe en 2010 Grifols, le principal fabricant européen de dérivés du sang, a rendu public l'accord d'achat de son rival américain Talecris pour 3,34 milliards d'euros. 2,8 seront payés en espèces et en actions, et les 540 millions de dettes de l'entreprise se-ront assumés. L'achat, le plus impor-tant en Europe en 2010, positionne l'entreprise catalane au troisième rang mondial pour la production de dérivés du sang.

Casa Árabe, nouvelle édition de cinéma documentaire arabe Casa Árabe a programmé au mois de mai édition de son Panorama du cinéma documentaire arabe contemporain, avec lequel elle a participé au Festival international Documenta Madrid 2010. Le cycle, organisé par l'Égyptien Basel Ramsis, sous le titre Espacios de Oriente Me-dio (Espaces du Moyen-Orient) a proposé sept documentaires autour d'un axe commun : le traitement de l'espace et des lieux dans cette région du monde.

l'Espagne à l'Expo de Shanghai Selon le bilan des 50 premiers jours de l'Expo de Shanghai, le pa-villon de l'Espagne avait été visité par plus de deux millions de personnes, ce qui le place parmi les six pavillons les plus visités de l'exposition.

Hommage international à l'un des maestros de la musique populaire

Cinquantenaire de la mort du musicien PadillaDes chansons comme Valencia, La vio-letera ou El Relicario font partie de la mémoire sentimentale espagnole. À travers elles, de nombreux souvenirs d'enfance et de jeunesse refont surface. Leur auteur était le musicien originaire d'Almería, José Padilla, dont on célèbre cette année le 50e anniversaire de la mort. En les composant, il n'a pas seule-ment gagné de l'argent, il est également entré dans le panthéon de la culture po-

pulaire. En outre, l'UNESCO a déclaré la musique du maestro Padilla « bien d'intérêt universel ». Sa vie cosmopolite, son rayonnement international et l'enra-cinement de sa musique dans les pays où il a vécu, sont à la base de cette décision. À l'occasion de ce cinquantenaire, des concerts, expositions et conférences ont été programmés dans des lieux aussi dif-férents que Damas, La Havane, Buenos Aires, Moscou ou Oslo.

Promotion touristique Le gouvernement lance la campagne I need Spain dans plus de 40 pays, s'adressant à un public de 400 millions de personnes, avec le soutien de joueurs de football et de basket-ball et celui de Ferrán Adrià.

L'Espagne se présente au monde à travers le slogan I need SpainLe gouvernement a présenté une nou-velle campagne de promotion internatio-nale sous le slogan I need Spain, tout en conservant le soleil de Miró comme logo du tourisme espagnol. L'initiative béné-ficie d'un investissement de 7,5 millions d'euros pour son développement, plus 42 millions par an pour les insertions publi-citaires. La campagne, selon le secrétaire d'État au Tourisme, Joan Mesquida, a « un dénominateur commun : notre mode de vie » et est déjà projetée dans plus de 40 pays, s'adressant à un public de 400 mil-lions de citoyens. Grâce à cette campagne, nous espérons toucher toutes les régions, en mettant l'accent sur celles où l'image de l'Espagne souffre d'un déficit comme la Chine, l'Inde, le Proche-Orient ou les États-Unis. L'objectif est de « consolider et renforcer » la position dominante es-pagnole dans le tourisme de vacances et « diversifier l'offre considérable existante », en reflétant les sensations que « le touriste

emportera dans sa valise à son retour ». Parmi les ambassadeurs de la marque Es-pagne qui accompagnent cette campagne, figurent le cuisinier Ferrán Adrià, la cham-pionne de kitesurf Gisela Pulido, les sélec-tions espagnoles de football et de basket-ball, les pilotes de MotoGP ou les joueurs espagnols du Liverpool. Elle est conçue pour tous les supports et compte quatre spots qui seront émis sur les chaînes de té-lévisions internationales, 50 spots visuels et pages de publicité à la radio.

Photographie de la campagne lors d'un récent salon touristique en Allemagne.

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61c nouvelles culture et société

Notre dette envers... Barbara Probst Solomon

Nous vous sortirons de làComment une jeune fille new-yorkaise, issue d'une famille juive, récemment di-plômée d'une école progres-siste d'élite, a pu participer à l'opération consistant à faire sortir de l'Espagne-prison de 1948 deux étudiantes qui travaillaient de force à la construction de la basi-lique du Valle de los Caídos, voilà qui est assez difficile à expliquer en quelques mots. La version qu'en donna l'une des deux jeunes filles est bien racontée dans le livre qu'elle a écrit vingt ans après sur cette étape de sa vie.

Los Felices cuarenta (1972) raconte comment elle s'est cherchée à travers plusieurs pays et dans différentes langues. C'est une incursion émouvante et ironique dans le passé, un roman d'appren-tissage, livre de souvenirs et cahier de notes pour psycha-nalyste. Le livre évoque les rêves plus ou moins roman-tiques qui l'ont convertie involontairement, à l'âge de dix-huit ans, en héroïne de la résistance antifranquiste.

Il est également un monu-ment à la mémoire du héros de cette histoire, Francisco

Benet, le jeune homme qui l'embarqua dans la saga évasion de Cuelgamuros et avec qui elle a ensuite vécu dix années intenses et, au fond, heureuses. Lui, qui la connaissait bien, a un jour déclaré : « Elle est terrifiée. Elle est en permanence terrifiée par tout. Mais il est vrai qu'elle ne s'avoue jamais vaincue ».

Plus tard, vinrent de nou-velles interprétations des événements en Espagne, des articles ou des reportages qui finissaient souvent par faire un livre. Indépen-damment de la capacité de pénétration de ses rayons X, sa valeur essentielle était de présenter l'Espagne réelle, celle qui essayait de sortir du long interne-ment franquiste, au centre de l'attention de l'opinion publique américaine, peu intéressée en général par ce qui se passe au-delà de ses frontières.

Barbara Probst, qui a fini par adjoindre à son nom celui de son mari, l'avocat Harold Solomon, représente le pre-mier visage de la démocratie américaine. Il y a, derrière

elle, une longue histoire po-litique qui remonte aux si-gnataires de la Constitution et une culture non moins longue et riche enracinée dans le Pilgrim's Progress, les Feuille d'herbe, Emerson et le Walden de Thoreau. Politiquement, elle penche pour James Madison et Emma Goldman. Sinon, on ne pourrait comprendre qu'une jeune fille améri-caine issue d'une famille riche se rende dans l'Europe dévastée de l'après-guerre pour fouiner à Dachau et Madrid, voir de ses propres yeux ce qui se passait et, si possible, donner un coup de main. Comme il arrive souvent, ici il n'était pas seulement possible mais vraiment souhaitable que quelqu'un apporte son aide et c'est ce qu'elle a fait. Ce geste est tout à son honneur et nous devons lui en être reconnaissants.

Avec le temps, cette déci-sion, entre naïveté et radi-calisme, admet différentes lectures, même si les faits restent inchangés. Selon ses propres mots : « Chaque génération est fière de son honnêteté, la nature et le

style de celle-ci change de génération en génération et en vieillissant, nous nous rendons compte que nous n'avons pas forcément été honnêtes, que personne ne peut l'être, mais lorsque nous sommes jeunes, nous sommes fiers d'essayer de l'être ».

Grâce à cette fierté juvé-nile, son rêve de voyager en Europe, qui se ramifiait en projets aussi différents que visiter l'Allemagne, travailler comme secrétaire à Moscou ou s'engager dans l'armée israélienne, s'est concré-tisé dans quelque chose de tangible : sortir deux jeunes dissidentes de la réclusion à laquelle un régime qui em-prisonnait, tenait en liberté surveillée ou imposait le silence à la moitié du pays, les avait condamnées. En attendant que le rideau de l'avenir se lève pour elle, avenir qui lui réservait une remarquable carrière de journaliste et écrivaine, cette jeune fille brillante n'a pas hésité à risquer sa liberté, sinon sa vie, pour faire ce qu'elle croyait moralement juste et politiquement né-cessaire.

Tous ceux qui ont lutté contre le franquisme se souviennent avec émotion du camouflet infligé par deux jeunes américaines et un Espagnol de 22 ans à la dictature en 1948. Jacobo García. JOURNALISTE

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62 c publications

● América Latina y la Unión Europea. Estrategias para una asociación necesaria. (L'Amérique latine et l'Union européenne. Stratégies pour une association nécessaire) Christian Freres et José Antonio Sanahuja (coordinateurs) Éditions Icaria. Après trois décennies de relations, l'Amérique latine et l'Union européenne ont décidé de forger une « association stratégique » pour promouvoir la démocratie, la cohésion sociale et le développement économique. Mais ces deux régions se trouvent en pleine révision de leurs modèles d'intégration. Dans ce contexte, l'Amérique latine semble perdre de l'importance en tant qu'associée d'une UE qui doit affronter les contraintes de l'élargissement et les difficultés à préserver son « modèle » économique et social. De son côté, le sous-continent américain traverse une période de changements politiques et économiques, et se débat entre des liens plus étroits avec les États-Unis et le nouveau projet de la Communauté sud-américaine des Nations.Dans ce contexte, les vingt analystes des deux régions qui participent à cet ouvrage se posent des questions sur le rôle des relations bi-régionales entre l'Union européenne et l'Amérique latine ou sur la validité de stratégies établies il y a plusieurs années. À partir de là, ils identifient les limites et les obstacles aux relations euro-latino-américaines,

mais proposent également une stratégie ambitieuse et pragmatique, pour que « l'association stratégique » reçoive un nouvel élan et contribue réellement aux objectifs communs de démocratie, droits de l'homme, lutte contre la pauvreté, paix et sécurité internationale.

● Comunicación y Desarrollo. Pasos hacia la coherencia. (Communication et développement. Avancer vers la cohérence) Raquel Martínez-Gómez et Mario Lubetkin. Éditions Comunicación Social. Ce livre reprend les conférences et les débats de la rencontre qui s'est tenue à l'université Menéndez Pelayo de Santander (UIMP) durant l'été 2009, et constitue avant tout une mise en commun des volontés, un dialogue entre pairs, la nécessité de partager, un essai de construction, un espace pour la réflexion sur la base des pratiques et des théories. Il répond à la nature même de la communication pour le développement, en tant que processus permettant d'extraire des connaissances de la somme de nos

capacités et favorisant les consensus inclusifs. La communication se trouve au cœur de la coopération pour le développement ; voilà pourquoi le fait de penser une stratégie de communication espagnole exige une réflexion sur le rôle de la communication dans la coordination et la recherche d'accords, surtout si l'on prend en compte la richesse de ses acteurs.

● El Estado social. (L'État social) Ignacio Sotelo. Éditions Trotta. Malgré l'égalité formelle que l'État impose, avec le développement du capitalisme, les inégalités augmentent. À long terme, la survie du système exige de les maîtriser, mais l'efficacité de l'ordre productif requiert une division croissante du travail qui crée des inégalités sociales de plus en plus criantes. En interprétant l'État social comme un compromis entre l'égalisation formelle et l'inégalité réelle, cet ouvrage d'Ignacio Sotelo, professeur d'université en sciences politiques, évoque les origines de cette notion dans la philosophie et la

pratique sociale des XVIIe et XVIIIe siècles et son plein développement entre la fin du XIXe siècle et les années 1980, et termine en énonçant les facteurs adverses auxquels l'État social fait face dans la crise actuelle du modèle productif.

● La señora Really y otros sueños por soñar. (Madame Really et autres rêves à rêver) Lola Millás. Éditions PlanetaLe deuxième roman de Lola Millás est un hommage à l'amitié, au passage du temps et à la nécessité de profiter de chaque instant et de chaque expérience qui se présente si l'on sait écouter et se laisser surprendre par la vie. C'est aussi une réflexion sur l'imagination et la création littéraire. Ses personnages, Filomena Really et sa voisine Dora, apprennent à entremêler leurs récits de façon à tisser la toile de leur histoire, l'histoire qu'elles auraient voulu vivre. Celle qui leur a fait oublier la barrière générationnelle qui les sépare et la hâte du monde qui les entoure. En partageant leurs souvenirs, non seulement elles sauvent de petites histoires de l'oubli, mais elles rêvent et inventent.

● La corrupción de la democracia. (La corruption de la démocratie) José Vidal-Beneyto. Los libros de la CatarataLes textes qui articulent cet ouvrage de José Vidal-Beneyto, récemment décédé, ont été soumis

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à un processus obstiné de réélaboration pour le transformer « en un dispositif d'attaque, une arme de guerre », comme le déclare l'auteur dans l'introduction. Une arme de guerre contre les menaces et les risques qui peuvent ébranler les fondations de notre existence collective, particulièrement en péril dans une époque où la corruption nous place dans une situation d'impuissance. Une corruption qui pervertit la nature et les fins de la vie politique, la réalité économique, les pratiques sociales, les actions du gouvernement, la sphère des loisirs, le monde du travail. Dans ces ces pages, José Vidal-Beneyto aborde le problème de la corruption radicale de la démocratie, en commençant par sa cause la plus évidente, « la dérive de toutes les valeurs publiques », pour continuer avec une analyse de « la faillite de la politique », « des conflits et des alternatives » et des « vicissitudes des sujets » pour aboutir aux « excès du capitalisme ». Un ouvrage qui traduit sa volonté de

résistance critique et son indépendance de jugement radicale.

● El Periodismo es noticia. Pascual Serrano. Éditions Icaria. Le rythme trépidant des informations éloigne le lecteur de toute tentative d'analyse approfondie pouvant intégrer un minimum de valeurs et de principes éthiques. La plupart des sujets abordés dans El Periodismo es noticia ont pu atteindre la grande majorité des lecteurs potentiels, et nombreux sont pourtant ceux qui ne se sont pas arrêtés à les analyser. Avec cet ouvrage, Pascual Serrano

nous propose de nous arrêter un instant et de réfléchir à des sujets concernant les médias mais qui, comme par hasard, ne sont pas souvent abordés par ceux-ci. Il s'agit de sujets tels que le rôle des médias dans la crise actuelle, l'arrivée d'Internet ou l'éclosion d'un journalisme alternatif condamné à vivre et à créer des synergies avec les mouvements sociaux. Sans oublier d'autres questions depuis longtemps sujets à débat, comme l'objectivité et l'engagement du journaliste, la dichotomie entre médias publics et privés ou comment le journalisme peut influencer la politique et la transformer selon ses intérêts.

● La Unión Europea y el mundo árabe. ¿Cómo ven y qué esperan los árabes de Europa? (L'Union européenne et le monde arabe. Comment les Arabes voient-ils l'Europe et qu'en attendent-ils ?) Ouvrage collectif. Casa Árabe et CIDOB Cette étude, publiée en espagnol, anglais et arabe,

est un instrument de réflexion et de prospective pour l'Europe. Elle a été présentée dans le cadre de la présidence espagnole du Conseil de l'Union. Les contributions des auteurs arabes à cette étude s'articulent autour du bilan des relations existantes entre l'Europe et les pays arabes, l'analyse critique des décalages entre ce que l'on attendait de ces relations et ce qu'elles sont réellement aujourd'hui et, par conséquent, une projection de ce qu'elles devraient être à l'avenir, à court et moyen terme. Pour ce faire, cet ouvrage propose un état des lieux des relations actuelles entre l'UE et le monde

● Al servicio de la República. Diplomáticos y Guerra Civil. Ouvrage collectif. Éditions Marcial Pons et MAEC. Sous la direction du professeur Ángel Viñas, huit historiens espagnols renommés font l'analyse de la loyauté des grands corps de l'Etat à l'époque du régime républicain, loyauté soumise à rude épreuve lors de l'éclatement et du déroulement de la guerre civile, et reconstruisent les conséquences administratives et organiques du soulèvement militaire sur le Service extérieur espagnol. Outre l'étude des actions républicaines à travers les principales ambassades, Londres, Paris, Washington, Prague et Berne d'un côté, et Moscou et Mexico de l'autre, les auteurs de cet ouvrage analysent les effets de la rupture de l'unité du Service extérieur au fil des hostilités, ainsi que les efforts républicains pour créer un nouveau service diplomatique en partant de zéro ou presque. Ces recherches reprennent des éléments plus ou moins présents dans la littérature, mais ont permis de découvrir des aspects entièrement méconnus que cet ouvrage révèle en exclusivité.

✱... indispensables à lire

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● Sueños y pesadillas. Memorias de un diplomático. (Rêves et cauchemars. Mémoires d'un diplomate) Máximo Cajal. Tusquets EditoresCe livre, finaliste du XXIe prix Comillas, constitue un magnifique exercice de mémoire, en révélant les dessous de presque quarante années de carrière diplomatique dans les postes

et les circonstances les plus divers. Máximo Cajal, témoin privilégié aussi bien de la politique internationale que des transformations de l'Espagne ces dernières décennies, reconstruit une carrière mémorable de haut diplomate et jette un nouvel éclairage sur certains épisodes fondamentaux de l'histoire récente de notre pays. Ses mémoires

amènent le lecteur à se remémorer des événements aussi capitaux que la fin précipitée de la période coloniale dans le Sud-est asiatique, pour sa première affectation en Thaïlande, ou le sanglant assaut de l'ambassade d'Espagne au Guatemala en 1980, où il était alors en poste. Sans oublier les négociations avec les États-Unis sur l'Accord

de coopération en matière de défense et l'adhésion ultérieure de l'Espagne à l'Alliance atlantique.

✱... indispensables à lire

arabe, les perceptions et les stéréotypes prédominants dans le monde arabe sur l'Europe à travers les médias, et l'analyse d'enquêtes d'opinion réalisées et publiées par divers centres, qui abordent directement la question des perceptions et des relations de l'Europe dans le monde arabe.

● Goya/Clausewitz. Paradigmas de la guerra absoluta. Nil Santiáñez. Éditions Alpha Decay. Dans cet essai, le professeur Nil Santiáñez compare l'iconographie de la guerre dans les gravures de Francisco de Goya avec les théories de Carl von Clausewitz pour prétendre que dans les deux cas, on trouve l'origine d'un nouveau concept de la guerre encore valable et particulièrement utile pour comprendre les conflits actuels. Avec une approche pluridisciplinaire, de nombreuses illustrations des œuvres de Goya et d'autres peintres et photographes, cet

ouvrage est à la fois une introduction accessible à la pensée de Clausewitz et une réinterprétation du sens de Les désastres de la Guerre. Comme le dit l'auteur, « De la Guerre et Les désastres de la Guerre sont les premiers documents qui ont conceptualisé et visualisé la guerre absolue et entretiennent un rapport symbiotique : l'ouvrage du général prussien fournit un cadre conceptuel permettant de comprendre la guerre absolue, tandis que les gravures de Goya lui confèrent une forme visuelle ».

● Nigeria. Las brechas de un petroestado. (Nigeria. Les brèches d'un pétro-État) Aloia Álvarez. Los libros de la Catarata.Lauréat du deuxième prix de l'essai Casa África, ce livre est un voyage dans l'histoire du pétro-État nigérian et un hommage à ceux qui essaient de relever ses fondations. Le Nigeria est un géant économique de l'Afrique occidentale, le

principal producteur de pétrole du continent noir et un pays qui héberge l'une des populations les plus pauvres de la Terre. Dans l'abondance pétrolière, élément crucial dans l'édification de l'État postcolonial et dans la configuration de son imaginaire collectif, on trouve plusieurs clefs qui font de ce pays un paradigme de l'inégalité. Les nombreuses brèches de son appareil institutionnel vont jusqu'à la fracture dans l'embouchure du fleuve Niger, où se trouve le carburant de l'économie nationale. À cet endroit, l'exploitation de l'or noir et les controverses suscitées

par son contrôle, sont l'origine d'un scénario de conflit permanent.

● Déclaration des droits des peuples indigènes. Ouvrage collectif. Éditions la CatarataDepuis que l'Assemblée générale des Nations unies a voté en faveur de la Déclaration des droits des peuples indigènes en 2007, de nombreux débats ont surgi sur son applicabilité et sa validité juridique. On peut donc affirmer sans se tromper que cette déclaration a constitué un événement très important dans la lutte pour la reconnaissance de ces droits au niveau national et international. Il reste néanmoins beaucoup de questions sans réponse. Ce livre, qui émane de la VIIe Rencontre pour les droits des peuples indigènes, a pour but d'approfondir les connaissances et l'application de ce document international, ainsi que ses aspects les plus pratiques concernant son application dans des cas concrets.

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● El mal de África. Eduardo Garrigues. Éditions Planeta. Eduardo Garrigues concilie toujours sa carrière diplomatique avec sa vocation littéraire et sa passion pour les grands espaces. Avec El mal de África, il revient sur les scènes familières du désert du Kalahari dans un récit qui trouve un fascinant équilibre entre le monde de la fantaisie et celui de la réalité la plus crue. Ici, le narrateur se demande si ce qu'il appelle le « mal de l'Afrique » ne pourrait simplement être l'intensification de la perception sensorielle alliée à un engourdissement progressif des capacités intellectuelles. Eduardo Garrigues est l'auteur de Lluvia de hierba (Pluie d'herbe) et de La Dama de Duwisib (La dame de Duwisib).

● En las antípodas del Mediterráneo, España Chipre. Relaciones a través de los tiempos. Giorgos Georgis. Éditions en Tipis.À travers ce « voyage d'aventures », le professeur Giorgos Georgis pousse le lecteur à découvrir les relations, encore peu connues mais intenses, complexes

et pluridimensionnelles, entre l'Espagne et Chypre, deux pays aux portes de la Méditerranée qui partagent une même culture méditerranéenne et européenne, et une histoire de contacts et d'échanges qui continue de se développer. Ce voyage, où se mêlent princesses, moines, soldats et aventuriers, commence dans l'Antiquité, se poursuit à l'époque romaine, évoque le chemin accidenté de l'Empire byzantin, le conflit

entre l'Espagne et Venise, puissance commerciale du Moyen Âge, pour le contrôle des routes maritimes vers l'Est. Il s'achève avec l'intéressante histoire contemporaine, où l'Espagne et Chypre parviennent à établir un excellent niveau d'amitié et de compréhension.Ce livre, préfacé par les ministres des Affaires étrangères d'Espagne et de Chypre, permet de découvrir et de comprendre l'évolution

des relations entre ces deux pays, et contribue à renforcer leurs liens. Giorgos Georgis, né à Paralimni en 1948, est professeur suppléant en nouvelle histoire à l'université de Chypre. Entre 2005 et 2009, il a été ambassadeur de Chypre en Grèce, Roumanie, Bulgarie et Albanie, en résidence à Athènes. Il a organisé des congrès et autres événements à l'Office de la presse et de l'Information du gouvernement de Chypre.

● Sus crisis, nuestras soluciones. (Leurs crises, nos solutions) Susan George. Intermón Oxfam et Éditions Icaria. L'auteure présente le monde comme un système carcéral complexe où « nous », c'est-à-dire « les personnes bonnes, honnêtes, normales... » vivent entourées de murs, de plusieurs niveaux de murs, surveillées par des geôliers implacables mais peu imaginatifs. Susan George dit, entre autres, que la crise actuelle provient « des mêmes politiques néolibérales établies par les mêmes acteurs ; que si elles s'aggravent mutuellement, aucune n'est une fatalité ; qu'après plus de deux ans de crises, de sommets internationaux… la vie continue sans changements ; que la réforme du système financier international n'a même pas commencé, et que les banques ont été sauvées au détriment de la société qui en subit les conséquences. Nous devons nous mobiliser au plus vite, aussi propose-t-elle des solutions à cette conjoncture de crises multiples.

● Nuevas bases para las relaciones entre la Unión Europea y América Latina y el Caribe. (Nouvelles bases pour les relations entre l'Union européenne et l'Amérique latine et les Caraïbes) FIIAPPLa Fondation internationale et pour l'Amérique latine d'Administration et de politiques publiques (FIIAPP) publie un livre qui recueille les conclusions de la journée de réflexion du 16 avril dernier sur les relations entre l'Union européenne et l'Amérique latine et les Caraïbes. Des professeurs et des experts de divers pays ont débattu à propos des relations entre les deux continents lors du VIe Sommet UE-ALC. Ce livre présente des idées et des réflexions sur l'association bi-régionale UE-ALC, la nouvelle architecture d'intégration

latino-américaine et la déclaration de Cancún, et le point de vue des États-Unis sur les relations entre les deux continents. Il fait également référence aux mécanismes et aux institutions importantes pour l'établissement d'un nouveau modèle d'association stratégique, et aborde d'autres questions d'intérêt commun, telles que les migrations ou la nouvelle architecture financière mondiale. Cette publication peut être téléchargée sur le site Internet www.fiiapp.org

✱... indispensables à lire

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Carmen Iglesias « L'histoire instruit, mais je ne suis pas sûre que l'on en tire des leçons » — Mme Iglesias, vous parlez souvent de la connaissance comme d'un pa-trimoine personnel. Ce qu'on sait est tout ce qu'on possède ?— Oui. Je dis toujours qu'il s'agit d'une réflexion propre aux classes moyennes de nos parents et de nos grands-parents, qui ont connu des guerres, des situations difficiles, des vicissitudes… Nous, nous sommes des tranches générationnelles privilégiées, nous n'avons pas vécu de cataclysmes tels que les guerres civiles ou la guerre mondiale. C'est porteur d'un grand enseignement : « tout bien exté-rieur peut être perdu, mais ce qu'on porte en nous ne se perd pas ». Puis, à mesure que j'ai acquis plus de connaissances culturelles, je me suis rendu compte qu'il s'agissait en fait clairement d'un héritage juif, et en partie grec également : l'impor-tance de la valeur de la connaissance et

Carmen Iglesias nous reçoit par une après-midi ensoleillée de juin au siège d'Unidad Editorial, groupe qu'elle préside depuis 2007. À ses extraordinaires mérites académiques et professionnels, nous pouvons bientôt ajouter un exceptionnel contact humain et une grande proximité. Elle arrive précipitamment à notre entretien et doit se rendre aussitôt après à un dîner. Elle est néanmoins détendue. Nous voyons tout de suite que c'est une femme pour qui la connaissance de l'histoire a permis de relativiser le présent, et lui a fait prendre conscience du fait que chaque conquête, de quelque domaine que ce soit, est « aussi solide que fragile ». Elle affirme avec conviction que « l'Espagne ne fait pas exception » mais que, comme tout autre pays, elle possède une singularité propre. C'est de cela et de bien d'autres questions qu'elle s'entretient avec Miradas al Exterior, une tasse de thé entre les mains. Beatriz Beeckmans Photographie : Ignacio Gómez

de cette intériorisation que l'on porte en nous est tout à fait de tradition hébraïque. Steiner a écrit de façon très imagée que l'éducation la plus importante consiste à apprendre toutes les langues possibles, et à savoir faire sa valise en une demi-heure (rires). — Vous avez affirmé que vous vous sentez liée à tout ce qui signifie ren-forcer le potentiel de l'État. Quelle est d'après vous la meilleure manière de le faire ?— Pour coexister, il faut avoir des institu-tions stables, mais en aucun cas un État interventionniste. Je suis l'héritière de toute une tradition de libéralisme qui précisément considère l'individu comme ayant une autonomie morale, et établit en même temps des règles du jeu que seul l'État peut garantir, pour que tous les in-dividus soient libres et égaux devant la

loi, et que la liberté de l'un n'enfreigne pas celle de l'autre. Mais l'équilibre pour éviter qu'un État intervienne dans la vie privée me paraît absolument fondamen-tal, d'où l'importance de s'efforcer, dans les institutions publiques, de limiter le pouvoir par le pouvoir, d'établir poids et contrepoids. — Vous avez étudié en profondeur les nationalismes. Comment influent-ils sur l'image extérieure de l'Espagne ?— En ce moment, l'Espagne n'est pas considérée comme très puissante à l'ex-térieur. L'État des Communautés auto-nomes est une bonne idée en soi. Il suffit de voyager en Espagne pour voir l'impor-tance qu'elle a eu, en ces trente années de démocratie, à l'échelle du patrimoine culturel, artistique, de l'estime de soi dans le meilleur sens du terme… Mais, dans ce monde, tout a un prix. Cela a dérapé

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car je pense que le sentiment d'apparte-nance, tellement nécessaire à la condition humaine et émotionnelle, a été exacerbé par des groupes politiques qui jouent un autre jeu : la conquête du pouvoir. Et l'on en est arrivé à certains aspects insensés. Le fait que chaque Communauté auto-nome prétende que le tronçon de rivière qui passe sur son territoire n'appartient qu'à elle, ou qu'une ambulance ne puisse pas passer d'une Communauté à l'autre, même si le malade est dans un état grave..., et tant d'autres choses. De même que la politique linguistique appliquée de manière obsessionnelle.

Ce qui m'inquiète le plus dans toutes ses questions, cette fragmentation, cette rigidité, cette dilapidation, dans tous les sens, d'énergies humaines et écono-miques, c'est que ce sont les plus défavo-risés qui en font les frais. Les immigrants, par exemple : au lieu d'apprendre l'es-pagnol et, s'ils sont dans une commu-nauté autonome qui a sa propre langue, apprendre celle-ci également, si ce n'est pas incompatible… Revenons à Steiner, plus on en connaît, mieux c'est, mais ne leur faire apprendre que la langue d'une petite région conduit à créer une main d'œuvre bon marché et à la rendre pri-sonnière d'un marché très restreint. Tout ce qui élargit les horizons est positif. Le problème des nationalismes politiques, depuis qu'ils ont vu le jour au XIXe siècle avec le romantisme, de ce sentiment émotionnel selon lequel seul ce qui est nôtre est valable, est qu'ils doivent créer un adversaire : pour affirmer ce qui est nôtre, il nous faut un ennemi, virtuel ou réel. Tout nationalisme a toujours pour corollaire un victimisme.

À une époque de mondialisation, je pense que nous avons dépassé tout ça. De plus, il y a, en particulier chez les jeunes générations, une volonté d'être tous égaux, et que les cultures soient une source d'enrichissement et non un moyen de séparer les uns des autres et de générer davantage d'inégalités. Il est déplorable qu'en Espagne des normes différentes soient appliquées suivant le lieu d'où l'on vient, et qu'il faille afficher son acte de naissance sur son front pour

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obtenir des postes dans certaines Com-munautés autonomes, etc. — Puisque vous parlez des nouvelles générations, qu'est-ce que l'histoire peut leur enseigner de mieux pour l'avenir ?— Je dis toujours, à moitié sur le ton de la plaisanterie, que l'histoire instruit, mais que je ne suis pas sûre que l'on en tire des leçons. Nous apprenons bien quelque chose, mais nous commettrons encore sûrement des erreurs. Comme je le di-sais, tout a un prix, il n'y a pas de gains absolus en histoire. Nous surmontons des problèmes, mais les effets indésirés et la très riche interaction entre les individus de chaque société font que des défis im-prévisibles se présentent.

L'un des effets que je crois positif est qu'on ne peut planifier ni l'histoire ni la vie d'une société ni de ses individus, comme l'ont montré, et à quel prix, les to-talitarismes du XXe siècle. Toutes ces pla-nifications n'ont conduit qu'à l'appauvris-sement, voire au crime ou aux génocides. — Ces leçons d'histoire vous ont-elles servi personnellement, pour mieux gérer certains aspects de votre vie ? Quelle incidence votre métier a-t-il eue sur votre vie plus privée ?— C'est difficile à dire… Beaucoup, je pense. D'abord parce que sans les livres je n'aurais pas survécu. Je fais partie de tranches d'âge, parmi les privilégiés, qui ont vécu des situations parfois difficiles. La connaissance m'a permis de relativiser le présent, de le regarder avec un certain recul. S'il ne s'agit pas d'apprendre tout court, en tout cas d'apprendre à appro-fondir et à penser qu'il existe beaucoup d'autres voies possibles. Et que la vie est un produit de la nécessité, du hasard et de la volonté. — Question obligée : comment quali-fieriez-vous votre expérience auprès du prince ?— Du point de vue de l'enseignement, c'était une expérience très enrichissante. C'est le seul cours particulier que j'aie donné dans ma vie. J'ai toujours enseigné à l'université. Je donnais les cours exac-tement comme à l'université, en essayant d'exposer le plus objectivement possible

LE PROFILCarmen Iglesias Cano est membre de l'Aca-démie royale de langue et de l'Académie royale d'histoire. Professeure d'histoire des idées morales et politiques à l'université Rey Juan Carlos, elle a été direc-trice du Centre d'études politiques et constitu-tionnelles et, à ce titre, première femme à siéger au Conseil d'État. Elle est présidente du groupe Unidad Editorial, qui publie les journaux El Mundo, Marca, Expan-sión, et diverses revues et suppléments à grand tirage (Descubrir el Arte, Aventura de la Historia , Telva, Yo Dona, entre autres). Elle a été pro-

fesseure principale de l'infante Cristina à partir de 1984, pendant ses études en sciences poli-tiques et en sociologie, ainsi que professeure d'histoire et de sciences sociales du prince Felipe pendant près de deux décennies. Spécialiste du XVIIIe siècle euro-péen et américain et de diverses questions de l'histoire moderne occidentale, Carmen Iglesias a reçu de nom-breux prix et distinctions au cours d'une carrière de recherche active et prolifique. Auteure, entre autres ouvrages, de El Pensamiento de Montesquieu (1984 et 2005), Individualismo noble e individualismo burgués (1991), De His-

toria y Literatura como elementos de ficción (2002), Razón, senti-miento y utopía (2006) et No siempre lo peor es cierto (2009). L'ouvrage collectif Símbolos de España, coordonnée par l'historienne, a obtenu en 2000 le Prix National d'histoire. Elle a également écrit et coor-donné les catalogues de plusieurs expositions d'histoire dont elle a été commissaire (Charles III, Philippe II, Espagne 1898, Illustration et projet libéral, Cervantès, Carrefour de cultures) et a collaboré à des séries sur l'histoire de TVE et à différentes productions de la chaîne Canal de Historia de Chellomulti-canal.

Carmen Iglesias aux côtés des autres membres du jury du prix Prince des Asturies des sciences sociales de 1993, présidé par Manuel Fraga. Ci-dessous, photographies de son entrée à l'Académie royale, en 2002, aux côtés de la reine Sofía, du prince des Asturies et de l'infante Cristina. PHOTOS EFE

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les différentes interprétations pouvant émaner d'un fait, et la richesse d'une réa-lité que, d'ailleurs, le passé nous permet d'analyser plus en profondeur. Cela a été une expérience enrichissante à tous les niveaux, et pour le prince également, je crois. D'ailleurs, nous l'avons prolongée pendant de nombreuses années par des séminaires et des lectures.— Qu'est-ce qu'un étudiant doit abso-lument savoir en histoire ?— Je suis toujours scandalisée lorsque je vois qu'ils n'ont pas appris les origines de notre époque moderne : la différence entre l'Ancien régime et les États abso-lus (et non arbitraires), et le passage à la démocratie. Il faut bien se rendre compte que chaque étape s'est faite au prix de beaucoup de sang, de sueur, d'efforts et de larmes, pour énumérer les quatre principes de Churchill. Par conséquent, il est très important de ne pas oublier que ces conquêtes ont un aspect institu-tionnel puissant et solide, mais qu'elles sont également très fragiles, car l'histoire enseigne qu'il y a parfois des retours en arrière.

Il me semble également fondamental de comprendre les mécanismes histo-riques des révolutions démocratiques en Angleterre, aux États-Unis, en France, puis en Espagne ; de savoir ce qu'a repré-senté la Déclaration d'indépendance des États-Unis et de connaître les aspects de la modernisation qui, pour le meilleur ou pour le pire, ont conduit à la longue hé-gémonie de la culture occidentale. Il faut savoir tout ça pour comprendre quelque chose. — Vous qualifiez souvent la Transition espagnole d'exemplaire. Pourquoi pensez-vous que cela soit si remis en question dernièrement ?— Je pense que c'est un débat artificiel, créé par des groupes politiques intéres-sés. Je pense qu'il y a une séparation de plus en plus grande entre la société et la classe politique. Chaque fois qu'il y a un flottement et une vacance de pouvoir, des groupes politiques réorganisent leurs forces de manière différente, et je crois qu'il y a là un intérêt.

Je continue de penser que la Tran-

sition a été exemplaire à l'époque. Mais naturellement, comme je le disais tout à l'heure, puisque tout a un prix, on peut mourir du succès. Le développement de certains aspects très positifs peut conduire à des situations qu'il faut réfor-mer. La vie est un mouvement continu. Mais la Transition a vraiment été un mo-dèle, non pas de « baisser son pantalon », quelque chose qui m'irrite vraiment, mais comme le dit Hanna Arendt, à un certain moment il faut sortir de la spirale du ressentiment et combiner la justice avec l'avenir des générations futures. Sinon, ce serait une guerre interminable.

Je pense que la majeure partie de la société espagnole considère toujours ce moment avec joie, et qu'elle est fière de pouvoir montrer que nous n'étions pas différents des autres. Contrairement à l'idée reçue, ce n'était pas non plus la première fois dans l'histoire espagnole qu'un accord entre différents groupes po-litiques était conclu. La première guerre carliste finit en partie ainsi, au XIXe siècle. Il est évident que la Restauration fut autre chose… Je me souviens toujours d'un collègue historien qui disait que le moment où Cánovas a appelé Sagasta et où ils ont convenu d'une alternance – qui s'est avérée avoir des défauts par la suite, mais qui à ce moment-là signifiait la fin des coups d'état militaires –, était comme si Franco en 1947, pendant la première période d'après-guerre, qui était encore très dure, avait appelé Prieto pour qu'il fasse partie du gouvernement.

Il y a eu d'autres moments, mais au XXe siècle en Espagne, nous avons eu la malchance de la rupture constitution-nelle, survenue en 1923 avec la dictature de Primo de Rivera, qui a rompu l'ordre maintenu depuis 1833, après la mort de Fernand VII. Avec la Constitution de 1812, toujours avec des hauts et des bas, mais il s'était maintenu, et cela, des hispa-nistes étrangers nous l'ont rappelé. L'Es-pagne était l'un des rares pays d'Occident à préserver les libertés. Des libertés qui ne sont pas la démocratie. C'était un régime libéral constitutionnel et non un régime parlementaire démocratique comme le nôtre aujourd'hui, mais elle a préservé les

« Enseigner l'histoire au prince a été, à tous points de vue, une expérience enrichissante »

« Je continue à penser que la transition espagnole a été exemplaire, à l'époque »

« A posteriori, il nous semble que la guerre civile était inévitable, mais à ce moment-là la société espagnole ne voyait pas les choses ainsi »

« L'un des points les plus importants à améliorer est l'éducation, et nous devons faire un effort »

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libertés pendant presque tout le XIXe et une partie du XXe siècle. Cet ordre a été rompu en 1923. On sait ce qui s'est passé ensuite. Il y a eu une République qui n'a pas su intégrer les différents aspects, et une guerre civile que la société espagnole ne souhaitait pas, mais que des groupes extrémistes de la politique ont favorisée.

Je suis frappée par le fait qu'au-jourd'hui, a posteriori, nous voyions toutes les difficultés des années 1930. À ce moment-là, l'Espagne avait le même niveau de singularité que le reste de l'Eu-rope. Dans toute l'Europe circulait l'idée que les libertés bourgeoises ne servaient à rien, et qu'il fallait recourir aux caudillos, au chancelier de fer et aux totalitarismes. Prenons l'exemple du mythe de la révo-lution qui part de rien et crée l'homme nouveau, l'un des grands mensonges col-lectifs du XXe siècle.

Avec toutes les difficultés survenues, il nous semble après coup, et à partir de certains seuils, que la guerre était inévi-table, mais à ce moment-là on ne voyait pas les choses ainsi. La preuve en est qu'en juillet 1936, les familles, séparées, ont été prises au dépourvu. En effet, tous ceux qui le pouvaient étaient partis en va-cances ou avaient envoyé les enfants ou la famille à la campagne ou à la mer. Le problème des groupes politiques qui ont une mentalité totalitaire est qu'ils consi-dèrent l'adversaire comme un ennemi qu'il faut écraser. C'est très dangereux, tout comme la crispation qu'on a vécue en Espagne ces dernières années. — Pensez-vous que l'Espagne, sur-montant la crispation actuelle, évo-luera vers une situation politique meilleure ?— Je crois que si nous sommes à un mo-ment difficile, la société civile est stable. Mais elle a besoin d'un plus grand ap-prentissage de la démocratie. Je pense que l'un des points importants que nous avons à améliorer est l'éducation, et nous devons faire un effort. Certains éléments montrent que c'est possible, et nous sommes capables de le faire. Nous avons un tissu social dans les entreprises et la société civile assez solide. Certaines ré-formes seraient nécessaires, par exemple

pour qu'il n'y ait pas de listes fermées dans les partis politiques. ‎Il est urgent et absolument nécessaire de réformer la loi électorale. Il est surprenant que les deux grands partis nationaux, qui ont obtenu des majorités absolues et auraient pu le faire, ne l'aient pas fait, car en plus il n'y avait même pas à modifier la Constitu-tion. Mais bon, la condition humaine est complexe. — Certains auteurs parlent d'un cer-tain « complexe espagnol » ou d'une particularité de l'Espagne. Qu'en pen-sez-vous ? C'est précisément le thème de votre réflexion dans No siempre el peor es cierto, votre dernier livre...— Comme me l'ont enseigné mes pro-fesseurs, et comme l'ont répété les his-toriens et hispanistes, l'Espagne n'est pas différente. Elle a ses singularités comme tout autre pays. Lorsqu'on étu-die, par exemple, l'histoire de France, des guerres de religion, des guerres civiles, c'est incroyable. Pour mon dernier livre, des études sur l'Histoire de l'Espagne, j'ai repris le titre d'une comédie de Calderón, No siempre el peor es cierto, (Le pire n'est pas toujours certain), sur le ton de l'iro-nie, car c'est un complexe d'infériorité que de penser que ce qui est espagnol est toujours moins bien. Ni pire ni mieux. Quelquefois c'est bien et d'autres pas si bien, comme cela arrive chez tout le monde et dans tous les groupes.

La sensation d'isolement qu'a entraî-né le franquisme et les 40 ans de dictature

a été projeté vers le passé d'une manière inexacte. Ce sont 40 années de dictature, et bien qu'il y ait eu au cours de ces an-nées des étapes très différentes, nous en avons hérité une mentalité qui est plus ancrée qu'on ne le pense, car jusqu'à la fin, la dictature a maintenu la division entre vainqueurs et vaincus. Franco est mort dans son lit en signant des peines de mort. Cela a laissé une mentalité que je vois parfois chez des dirigeants qui, bien que démocratiques, possèdent un fond d'autoritarisme et de rejet de l'autre. En ce sens exclusivement, et non au plan idéologique, ils sont au même niveau mental que ce que nous avons dû vivre de pire sous le franquisme. — D'après ces réflexions, à quel point est-il important de ne pas oublier ?— C'est essentiel. Nous ne pouvons pas nous souvenir de tout car nous devien-drions fous, mais nous pouvons ne pas oublier et comprendre en même temps. Et essayer de ne pas rester dans la spirale du ressentiment, mais comprendre, avec l'empathie et la compassion que les Grecs nous enseignaient déjà, que notre condi-tion humaine nous pousse à commettre des erreurs, qu'il faut essayer de corriger cela et d'apprendre de l'histoire. Non pas pour la lancer « comme une pierre contre l'autre », comme disait José Antonio Ma-ravall, et se souvenir exclusivement d'une série d'erreurs sorties de leur contexte. Il faut se souvenir des erreurs des uns et des autres afin de ne jamais les commettre à nouveau. Et je crois que c'est ce qu'a été la Transition. On dit que ça a été l'oubli, mais ce n'est pas vrai. Ça a été comme ça justement parce qu'on se souvenait très bien de ce qui s'était passé et qu'on ne voulait pas que cela se reproduise. �

« Le problème des nationalismes politiques est qu'ils doivent créer un adversaire : pour affirmer ce qui est nôtre, nous devons avoir un ennemi virtuel ou réel »

« Je crois qu'il y a une séparation de plus en plus grande entre la société et la classe politique »

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Miradas al exterior est une publication officielle d'informations diplomatiques du ministère des Affaires étrangères et de la coopération du gouvernement espagnol,

trimestrielle diffusée à 14 000 exemplaires dans le monde et traduite en anglais et en français. Disponible en ligne à l'adresse

www.maec.es

L'information de référence sur l'action extérieure, chez vous chaque trim

estre

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Para atender a nuestros compatriotas en el extranjero, España cuenta con una amplia red consular dependiente del Ministerio de Asuntos Exteriores y de Cooperación, compuesta en la actualidad por 185 Oficinas Consulares y Secciones Consulares de Embajadas, así como cerca de 375 Consulados y Viceconsulados Honorarios. > La función de los Consulados consiste en prestar determinados servicios administrativos a los ciudadanos españoles, ayudar a quienes hayan sido víctimas de delitos o abusos y asistir a quienes se encuentren en situación de necesidad. > Infórmate en www.maec.es

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LOS CONSULADOS PUEDEN

> Expedir pasaportes o salvoconductos en caso de caducidad, pérdida o robo. > Informar sobre los servicios médicos, educativos y legales del país; > Prestar asistencia a detenidos; > Adelantar, de manera extraordinaria, el dinero imprescindible para eventuales casos de necesidad que pudieran surgir, incluída la repatriación. > Realizar inscripciones en el Registro Civil, expedir poderes y actas notariales, legalizar documentos así como otros trámites administrativos.

LOS CONSULADOS NO PUEDEN

> Hacer funciones de agencia de viajes; > Conseguir un trabajo en el extranjero; > Garantizar en un hospital o en una cárcel un tratamiento mejor que el otorgado a los nacionales de ese país; > Avalar, prestar dinero o pagar multas; > Hacer de intérprete, guía o asistente social.

REGISTRO DE VIAJEROS

> El sistema de registro de viajeros, accesibe desde la web www.maec.es. permite a quienes viajen al extranjero facilitar todos sus datos personales, los datos de su viaje (país de destino, lugares que va a visitar y en los que se va a alojar) y los de los familiares que tienen previsto acompañarle, así como los de las personas a las que habría que contactar en caso de emergencia. > Ello permitirá a la Unidad de Emergencia Consular, en caso de crisis, disponer en todo momento de listados actualizados de las personas que se encuentran de forma transitoria en el país o región afecta da por la misma, facilitando la puesta en contacto con los viajeros y su asistencia en caso de necesidad.