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ACTION EXTÉRIEURE > L'Espagne se démène pour Haïti > Mi-parcours pour la présidence espagnole du Conseil de l'UE > Entretien avec Inés Alberdi COOPÉRATION > Le gouvernement adopte le PACI 2010 CULTURE ET SOCIÉTÉ > Juan Valera, l'écrivain aux gants blancs > Le miracle espagnol des transplantations d'organes L'ENTRETIEN > Jesús del Pozo L'observation électorale, pièce essentielle pour la démocratie CORDOUE ACCUEILLE LA RÉUNION INFORMELLE DES MINISTRES DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES (GYMNICH) LA MISE EN ROUTE DU SERVICE EUROPÉEN POUR L'ACTION EXTÉRIEURE AU CENTRE DES DÉBATS DE LA RENCONTRE L'Espagne participe à des missions d'observation électorale au travers du ministère des Affaires étrangères et de la coopération qui forme, recrute et présente des professionnels depuis 1996 Magazine d'informations diplomatiques du ministère des Affaires étrangères et de la coopération JANVIER-MARS 2010. N˚13. www.maec.es

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Magazine d'informations diplomatiques du Ministere des Affaires Etrangeres et de la Cooperation

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ACTION EXTÉRIEURE > L'Espagne se démène pour Haïti > Mi-parcours pour la présidence espagnole du Conseil de l'UE > Entretien avec Inés Alberdi COOPÉRATION > Le gouvernement adopte le PACI 2010 CULTURE ET SOCIÉTÉ > Juan Valera,

l'écrivain aux gants blancs > Le miracle espagnol des transplantations d'organes L'ENTRETIEN > Jesús del Pozo

L'observation électorale, pièce essentielle pour la démocratie

CORdOUE ACCUEILLE LA RÉUNION INfORmELLE dES mINISTRES dES AffAIRES ÉTRANgèRES (gymNICh)

La mise en route du service européen pour L'action extérieure au centre des débats de La rencontre

L'Espagne participe à des missions d'observation électorale au travers du ministère des Affaires étrangères et de la coopération qui forme, recrute et présente des professionnels depuis 1996

Magazine d'informations diplomatiques du ministère des Affaires étrangères et de la coopération JANVIER-MARS 2010. N˚13. www.maec.es

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Rédaction> Directeur : Julio Albi de la Cuesta. Rédacteur en chef : José Bodas. Directeur artistique et éditeur : Javier Hernández. Rédaction : Beatriz Beeckmans. Collaborateurs : Alexandra Issacovitch, Arturo Carrascosa, Virginia Castrejana, Rafael Valle, Begoña Lucena, Rafael Osorio, José Carlos Pacheco et Jacobo García. diRecciÓn > Direction générale de la Communication extérieure. Serrano Galvache, 26. 28033 MADRID. Publication éditée et imprimée par la Dir. générale de la communication extérieure du ministère des Affaires étrangères et de la coopération. Toute reproduction totale ou partielle sans autorisation expresse de l'éditeur est interdite. Miradas al Exterior n'est responsable ni du contenu éditorial, ni des opinions exprimées par les auteurs. couRRiel > [email protected] > NIPO : 501-10-010-0

L'imageLe président des États-Unis, Barack Obama, a reçu à la Maison Blanche le roi Juan Carlos le 17 février dernier pour un déjeuner. Ils étaient accompagnés par le conseiller américain à la sécurité nationale, James Jones, la secrétaire d'État, Hillary Clinton, le chef de la maison du roi, Alberto Aza et le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Miguel Ángel Moratinos. Le roi Juan Carlos a été reçu par tous les présidents des États-Unis depuis John F. Kennedy.

2 les chiffres et l'image

346millions d'eurosC'est la contribution de l'Espagne au Fonds multi-donateurs pour la recons-truction d'Haïti, conformément à l'en-gagement adopté le 31 mars lors de la Conférence des donateurs, à New York

LE CHIFFRE

100ans d'existence de la Gran Vía de MadridC'est le 4 avril 1910 que le roi Alphonse XIII lança la réalisation de cet axe de modernité dans le Madrid de l'époque.

ÉPHÉMÉRIDE

12mars 1986 L'Espagne organise un référendum sur le maintien de l'Espagne au sein de l'OTAN, à laquelle elle appartient depuis 1982. 52,5 % des votants ont dit « oui » contre 39,8 % qui ont voté « non ».

LA DATE

PHOTO EFE

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46 > Juan Valera, l'écrivain aux gants blancs. 48 > La Route de Don Quichotte : sur la piste des géants. 52 > Le miracle espagnol des

transplantations d'organes. 56 > Silestone, la force du quartz. 58 > Portrait de Carlos Saura (Jacobo García)

40 > Bâtir la paix depuis les Communautés autonomes. 42 > L'espagnol, une langue en plein es-sor dans le monde. 41> Entretien avec Giovanni Camilleri, coordinateur international de l'Initiative ART.

conseil éditoRial > Présidente : Sous-secrétaire du ministère des Affaires étrangères et de la coopération. Premier vice-président : Directeur général de la Communication extérieure. Second vice-président : Secrétaire général technique. Membres : Chefs de cabinet du secrétariat d'État aux Affaires étrangères, du secrétariat d'État à la Coopération inter-nationale, du secrétariat d'État à l'Union européenne, du secrétariat d'État à l'Amérique latine et du cabinet du directeur général de l'Agence espagnole de coopération internationale pour le développement.

3sommaire

6 > L'observation électorale, pièce essentielle pour le renforcement de la démocratie. L'Es-pagne participe à ces missions depuis 1996 et a formé plus de 200 observateurs électoraux.

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12 > L'Espagne, face à la catas-trophe d'Haïti. 16 > L'engagement de l'Espagne dans la lutte mondiale contre la peine de mort. 18 > La présidence espagnole du Conseil de l'UE est à mi-parcours de son mandat. 20 > Cordoue ac-cueille la réunion informelle des ministres des Af-faires étrangères. 32 > L'Ukraine, jeune démocratie et puissant élan culturel.

68 > Jesús del Pozo (créateur de mode) : << Il n'y a que dans le dictionnaire que la réussite précède le travail >>. << Si l'on encourage les grandes marques espagnoles, elles entraîneront le secteur à leur suite >>.

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L'observation électorale : vingt ans d'apprentissage

durée de quelques jours à peine et une méthodologie balbutiante et variable.

Après la décennie des années 1990, la principale leçon retirée était la nécessité de dépasser ce type de mission en raison de leur coût éle-vé et de leur faible efficacité pour le développement de la démocratie électorale. Au début du XXIe siè-cle, des élections mettant plusieurs partis en lice et présentant des niveaux de liberté variables se tiennent dans l'immense majorité des pays du monde, contre une trentaine de cas dans les années 1970 et 1980. Il s’est produit un changement majeur avec le rem-placement des missions massives par des missions moins impor-tantes et moins longues tentant de couvrir le cycle électoral, de l'inscription des votants jusqu'au scrutin et à la publication des résultats. Ce nouveau modèle s'est rapidement imposé, surtout dans deux organisations internationales intervenant au niveau régional : l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) en Europe de l'Est et en Asie centrale, et l'Union européenne (UE) dans les pays d'Afrique, d'Amérique latine et d'Asie qui avaient signé le Pacte de Lomé dans lequel une clause démocratique encou-rageait ce type d'intervention. D'autre part, l'ONU et certaines ONG internationales d'origine nord-américaine ont commencé à pratiquer le modèle d'observation dont la codification la plus élabo-rée est celle de l'UE, qui inclut un groupe d'experts envoyés dans le pays durant plusieurs mois et la présence d'un plus grand nom-bre d'observateurs (une centaine environ, en aucun cas des milliers) pour une courte durée, pour la journée d'élections, travaillant tous selon une méthodologie éprouvée et sous l'étroite surveillance de

cipe de souveraineté nationale est amendé et il n'y a pas d'ingé-rence dans les affaires du pays. L'État-nation fait sa demande et les Nations Unies acceptent que des agents externes observent les élections et déclarent si elles se sont tenues conformément aux principes démocratiques définis dans les instruments juridiques internationaux. Le Nicaragua et la Namibie ont été suivis par d'autres missions d'observa-tion, selon les accords de paix parrainés par les Nations Unies, au Salvador, Cambodge, Angola, Mozambique, Liberia ou les missions relatives au conflit dans les Balkans (Bosnie et Kosovo). Parmi les caractéristiques com-munes de ces opérations, leur immense envergure, avec des mil-liers d'observateurs, leur courte

L'observation électorale, na-tionale et internationale, telle qu'elle est pratiquée aujourd'hui, est un phénomène postérieur à la guerre froide. Si des groupes de personnes avaient auparavant suivi sur le terrain le développe-ment de certaines élections, du moins depuis la guerre de Crimée jusqu'au début des années 1980, en Uruguay, au Salvador ou au Chili, cette nouvelle pratique dé-marre vraiment en 1990 avec les élections du Nicaragua sandiniste et le référendum d'autodéter-mination de la Namibie. Pour la première fois, la communauté internationale, à travers les Na-tions Unies, déploie des missions massives d'observateurs qui peuvent témoigner de la qualité démocratique du comportement électoral. Formellement, le prin-

4 éditorial

Rafael López PintorPRofESSEUR D'UnIVERSITé. SPéCIALISTE DU CyCLE éLECToRAL AUPRèS DE L'IfES

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l'équipe cadre. L'UE déploie entre six et huit missions de ce type par an et dispose d'un programme permanent de formation d'ob-servateurs. Dans les autres cas, la mission consiste en un groupe réduit d'experts qui se rendent dans le pays à divers moments du processus électoral et élaborent les rapports correspondants. D'autres organisation régionales telles que l'OEA ou l'OUA pratiquent toujours l'observation électorale selon l'ancienne méthode, même si la taille de leurs missions dépend du financement alloué par les principaux donateurs. Dans tous les cas, le rapport des observateurs est rendu public et contient des recommandations sur les bonnes pratiques démocratiques.

Autre développement remarqua-ble en ce domaine, la prolifération d'organisations nationales éma-nant de la société civile, chargées du suivi et de l'observation du pro-cessus électoral. Il s'agit fréquem-ment d'ONG opérant dans le do-maine des droits de l'homme qui, lors des élections, déploient des équipes d'observateurs. C'est par-fois le contraire. Une organisation conçue au départ pour observer les élections devient un surveillant permanent de l'exercice des droits civils et politiques. C'est ce qui s'est produit aux Philippines avec NAMFREL, qui a connu une très grande réussite à la fin du régime de Marcos et dont l'exemple a été suivi par de nombreux pays, cer-tains avec une efficacité extraordi-naire : Acción Ciudadana au Chili, à la fin du régime de Pinochet ou Transparencia au Pérou, durant la décomposition du régime de Fujimori, pour citer deux exem-ples latino-américains. Dans le reste du monde, ces ONG, qui se fédèrent généralement à d'autres lors des élections, continuent à se multiplier, en bénéficiant pres-

5éditorial

que toujours du soutien initial de donateurs internationaux. Ces der-nières années, l'UE a pu parrainer des rencontres régionales de ces ONG en Amérique latine, Europe de l'Est, Afrique, Asie et Moyen-Orient pour permettre l'échange d'expériences et de méthodologies.

Aussi important que la proliféra-tion d'ONG pour l'observation, la pression politique qu'elles exer-cent a abouti à la reconnaissance croissante d'un droit à l'observa-tion électorale par la société civile, hors des représentants des partis politiques. Il ne s'est encore rien produit de tel dans le cadre de la réglementation internationale, même si cette carence ne peut être envisagée en termes absolus. D'une part, l'observation électora-le internationale, dont la pratique implique une invitation officielle du pays observé et l'acceptation de l'organisation observatrice, repose sur le droit à une bonne pratique électorale, dont les huit éléments sont détaillés dans l'article 25 de la Convention des droits civils et politiques de l'ONU de 1966. La même valeur de légitimation, même limitée à différents contextes régionaux, pourrait être conférée à la Charte démocratique interaméricaine de 2002, la Charte de l'OSCE ou la clause démocratique du Pacte de Lomé. D'autre part, malgré une valeur purement déclaratoire, il existe une Déclaration des Nations Unies de 2005 sur la pratique de l'observation électorale, avalisée par presque toutes les organisa-tions nationales et internationales intervenant en la matière, que l'on peut considérer comme une première étape vers une instru-mentation internationale nette-ment juridique. L'affaire n'est pas mineure, le venin est dans la queue, car plus le nombre de pays et la fréquence des élections

sont importants, plus la présence et la pression de la communauté internationale s'avèrent nécessai-res pour la défense de l'exercice des droits et l'amélioration de la qualité démocratique. Si l'appareil administratif des élections est facile à installer et à améliorer, leur qualité ne l'est pas autant : elle exige entre autres facteurs le renforcement général des appa-reils de l'État, des médias solides et indépendants, un fonctionne-ment approprié de l'État de droit et l'existence de partis politiques pouvant se surveiller mutuelle-ment dans l'ensemble du territoire national et veiller à l'équité élec-torale. Ce n'est pas un hasard si les irrégularités et les fraudes, que les rapports d'observation dans le monde entier déplorent de plus en plus souvent, se produisent à la base et au sommet du suffrage électoral, plus que dans sa partie la plus visible, lors des votes. De fait, les registres civils et des électeurs d'une part, et le scrutin rassemblé dans les ordinateurs centraux de l'administration électorale d'autre part, sont souvent les maillons fai-bles du processus électoral. À ces deux niveaux, les yeux des obser-vateurs ne peuvent généralement pas tout contrôler, par manque de temps, de connaissance du pays, de méthodologie appropriée ou de simple compétence technique.

Principale leçon de cette deuxième vague de processus électoraux dans les démocraties et les États fragiles : Il ne suffit pas de changer le modèle de mission d'observa-tion, la méthodologie doit être adaptée et sa pratique renforcée par un instrument juridique international approprié. Ce n'est qu'ainsi que se réalisera le dicton qui affirme que si sans élections, il n'y a pas de démocratie, la démo-cratie ne se réduit pas à l'existence d'élections.

Aussi important que la prolifération d'ONG pour l'observation, la pression politique qu'elles exercent a abouti à la reconnaissance croissante d'un droit à l'observation électorale par la société civile

Il ne suffit pas de changer le modèle de mission d'observation, la méthodologie doit être adaptée et sa pratique renforcée par un instrument juridique international approprié.

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L'observation des élections et le soutien ou l'assistance électorale de différentes organisations s'inscrivent, dans la plupart des cas, dans le domaine spécifique

du soutien aux démocraties de certains pays et à leurs processus de démocratisation, et font partie de ce que l'on appelle la bonne

gouvernance. AlexAndrA IssAcovItch et Arturo cArrAscosA

L'observation électorale, pièce essentielle du renforcement démocratique

Pour l'Union européenne, les Nations Unies, l'OSCE et les autres organisa-tions intergouvernementales, régio-nales et non gouvernementales qui opèrent professionnellement dans ce domaine, des élections honnêtes sont le fondement d'un développement du-rable et démocratique d'un pays et, si elles ne garantissent par elles-mêmes

qu'un pays soit démocratique, elles constituent néanmoins un signe de

volonté démocratique. La participation citoyenne

aux élections libres et justes concourent en outre, à la

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7P en couverture

paix, à la sécurité et à la prévention des conflits. Tous les pays qui organisent des élections ne sont pas de réelles dé-mocraties, mais la mise en œuvre d'élec-tions souvent qualifiées de « libres et justes » est un élément de la construc-tion de démocraties stables. En consé-quence, même s'il est vrai que la tenue d'élections ne prouve pas qu'un pays est dé-mocratique, il n'en reste pas moins que déposer un bul-letin de vote dans une urne, librement et en respectant le secret, est généralement considéré comme un pas en avant sur la voie du dévelop-pement de la vie démocrati-que d'un pays.

déroulement d'une mission d'observation électorale. Les multiples processus de démocratisation nés dans de nombreux pays du monde il y a près de 30 ans ont donné lieu à une demande continue de missions d'ob-servation électorale internationale. Elles ont pour objectif de réaliser une analyse rigoureuse de toutes les pha-ses du processus électoral observé et de produire une évaluation indépen-dante, impartiale et professionnelle de ce processus. La mission d'obser-vation électorale internationale déter-mine précisément dans quelle mesure le processus électoral s'est déroulé conformément aux normes interna-tionales pour des élections démocra-tiques, établies par les instruments internationaux et régionaux, souscrits par les pays dont les élections sont ob-servées et qui reconnaissent, pour la Déclaration universelle des droits de l'homme, le droit fondamental de tout citoyen à choisir un gouvernement re-présentatif par le biais d'élections dé-mocratiques.

Une mission d'observation élec-torale se déploie exclusivement sur invitation des autorités du pays où se tiennent les élections et a pour finalité de soutenir ces pays et leurs sociétés

dans leurs efforts pour renforcer leurs processus de démocratisation. L'ob-servation électorale internationale ne constitue pas un exercice d'ingérence, mais un mécanisme objectif et neutre de solidarité internationale non par-tisane avec les processus de démocra-

tisation. L'Espagne appuie activement cette politique en assurant une importante présence d'observateurs na-tionaux lors des différentes missions d'observation élec-torale.

Les deux principales tâ-ches à développer dans le do-maine électoral et le soutien à la démocratisation d'un pays sont l'observation et l'assistance électorale, mis-sions qui se complètent et sont réalisées dans de nom-breux pays par différentes organisations. Ces différen-tes organisations sont, d'une

part, les Organisations internationales (OI) comme les Nations Unies, l'UE, l'OSCE, l'OEA, l'OUA, et, d'autre part certaines ONG comme l'IDEA, l'IFES, le NDI ou le Centre Carter.

L'Espagne participe aux missions d'observation et d'assistance électora-le au niveau institutionnel, par le biais de plusieurs ONG spécialisées et par l'intermédiaire du ministère des Affai-res étrangères et de la coopération, en formant, sélectionnant et présentant des professionnels.

comment devenir observateur élec-toral. Au sein du MAEC, le Bureau des droits de l'homme est chargé de former et de sélectionner les obser-vateurs électoraux espagnols pour les missions à court et à long terme. Pour être observateur électoral, il faut avoir la nationalité espagnole et une maî-trise avérée de l'anglais, sans préjudice d'autres conditions particulières. Les personnes qui n'ont pas d'expérience antérieure en observation électorale internationale doivent suivre une for-mation pour observateurs à court ter-

me organisée par le Bureau des droits de l'homme en collaboration avec l'École diplomatique deux fois par an, à Madrid et dans plusieurs autres vil-les d'Espagne. Des cours ont déjà été dispensés à Barcelone, Pampelune, Jaén et Saint-Jacques-de-Compos-telle. La convocation à ces cours est publiée sur le site Internet de l'École diplomatique.

Organisation d'une mission d'observa-tion électorale. Una mission d'observa-tion électorale à long terme est formée d'une équipe cadre et d'observateurs à court et à long terme. L'équipe cadre est détachée sur place environ deux mois et demi avant les élections et res-te dans le pays deux à trois semaines après le scrutin pour le suivi post-élec-toral. Elle est dirigée par un chef ob-servateur, un chef observateur adjoint et plusieurs analystes. L'équipe cadre reçoit les rapports hebdomadaires des observateurs à long terme et les résul-tats des observateurs à court terme. Elle les analyse et extrait les règles générales qui seront reprises dans le « Rapport préliminaire », instrument qui permet à la mission d'observation électorale de présenter à l'opinion publique nationale et internationale l'existence du processus électoral et qui, en outre, soutient l'efficacité de la méthodologie appliquée par les orga-nismes chargés de cette observation.

Les observateurs à long terme sont détachés sur place pour une période de 2 mois, par équipes de deux personnes, et répondent du scrutin, du décompte, de la compilation des résultats et de la période post-électorale. Leur fonction principale est d'observer la collecte des informations qu'ils doivent analy-ser avec impartialité et rigueur. Ils sont également responsables du déploie-ment des observateurs à court terme. Ils représentent les renforts quantita-tifs de la mission. Leur déploiement sur tout le territoire national permet à l'équipe cadre de disposer d'informa-tions presque instantanées sur proces-sus électoral.

l'espagne participe à des missions d'observation et d'assistance électorale par l'intermédiaire de plusieurs onG spécialisées du ministère des Affaires étrangères et de la coopération

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Nous indiquons ci-dessous des adresses électroniques permettant de découvrir l'activité réalisée par les organisations qui se consacrent aux missions d'obser-vation électorale internationale.

> orGAnIsmes InternAtIonAuxsite Internet de l'ue :http://ec.europa.eu/europeaid/what/human-rights/election_observation_mis-sions/index_fr.htmCe site présente les missions réalisées par la Commission pour soutenir les droits de l'homme dans différents pays extra-communautaires, ce qui inclut l'as-sistance aux élections sur d'autres conti-nents. Le site propose également des offres d'emploi et des documents utiles. L'UE a rédigé un Manuel des missions d'observation électorale et elle a compilé et publié un Recueil des normes inter-nationales pour les élections. L'UE ré-pond aux invitations des pays d'Afrique, d'Asie, d'Amérique latine pour réaliser les missions d'observation.

site Internet de l'onu :http://www.un.org/french/Depts/dpa/ead/eadhome.htmL'ONU est l'organisme qui réalise des missions de soutien électoral depuis le plus longtemps, par l'intermédiaire de son Département des affaires politi-ques, dont relève la Division de l'assis-tance électorale. Son site Internet offre la possibilité de s'inscrire dans une base de données d'observateurs électoraux, et propose des offres de travail sur le terrain, par le recrutement de profes-sionnels ayant une grande expérience électorale ou à travers le programme des

Volontaires des Nations Unies. VNU.

www.undp.org/governance/sl-elections.htmDans les années 90, l'ONU a publié le Programme de Paix et le Programme de Développement, qui stipulent qu'il ne peut y avoir de paix dans un pays ou une région donnés sans développement hu-main, démocratie et sécurité. C'est pour cette raison que le PNUD a pour tâche spécifique, dans sa mission de dévelop-pement, l'assistance électorale et la pro-motion des processus électoraux.

l'organisation pour la sécurité et la coo-pération en europe (osce)www.osce.org/odihrCette organisation créée dans les an-nées 70 pratique l'observation électorale depuis 1995 et se consacre également à l'assistance technique électorale dans les pays de l'OSCE. Sur son site Internet, vous trouverez aussi bien le calendrier des élections dans les pays de l'OSCE que les rapports sur les pays dans lesquels une mission d'observation électorale est en cours, ainsi que les démarches à sui-vre pour devenir observateur électoral.

l'organisation des États américains (oeA)www.oea.orgLe Secrétariat aux Affaires politiques de l'OEA (SAP) développe et maintient un service permanent et professionnalisé d'observation électorale pour les pays membres. Le SAP organise, coordonne et réalise les missions d'observation électorale, exploratoires et de technique électorale. Son site Internet fournit des

informations sur les missions électora-les, le calendrier et les autorités électora-les en Amérique.

l'organisation de l'unité africainewww.africa-union.orgCette organisation régionale réalise l'ob-servation et l'assistance électorale sur le continent africain.

> orGAnIsAtIons non GouvernementAlesréseau du savoir électoral (Ace) : www.aceproject.orgL'ACE est une initiative commune de neuf des principales institutions qui fournissent une assistance technique spécialisée dans le champ électoral. Elle comprend Élections Canada, l'Institut électoral de l'Afrique australe, l'Institut fédéral électoral du Mexique, la Fonda-tion internationale pour les systèmes électoraux, l'Institut international pour la démocratie et l'assistance électorale, le PNUD, le Département des affaires éco-nomiques et sociales des Nations Unies et la Division d'Assistance électorale des Nations Unies. Son site Internet propose les calendriers électoraux, les données comparatives de systèmes, législations et organisation électorale par pays, des modèles de matériels pour les élections et un forum de discussion et de conseils.

Fondation internationale pour les systè-mes électoraux (IFes)www.ifes.orgOrganisation internationale à but non lu-cratif, créée en 1987. Elle est intervenue dans plus de 100 pays pour soutenir le dé-veloppement de sociétés démocratiques. Sur son site Internet, vous trouverez des informations sur les élections et des tra-vaux de recherche ainsi que des docu-ments sur la démocratie et les élections. Son équipe de 150 personnes intervient aux frontières des démocraties naissan-tes et en développement dans plus de 20 pays en administrant l'intégralité de pro-jets d'assistance technique électorale.

Institut international pour la démocratie et l'assistance électorale (IdeA)

Quels organismes réalisent l'observation électorale ?

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www.idea.int/Organisation intergouvernementale soutenant les démocraties durables. Elle possède des bureaux en Afrique, Asie et Amérique latine. Elle opère dans le do-maine des élections, de la démocratie, des partis politiques, et soutient le chan-gement démocratique.

Guide des élections www.electionguide.org/

Ce site Internet créé par la Fondation internationale pour les système électo-raux, propose des informations actuali-sées sur les élections nationales et autres événements électoraux, provisions pour les référendums, informations sur les événements politiques et juridiques liés aux élections à travers le monde, et struc-tures gouvernementales électorales. www.electoralgeography.comSite Internet comportant des informa-

Sri Lanka Parlementaires 8 avril

Hongrie Parlementaires 1 11 avril

Soudan Législatives et 11 avril

Présidentielles

Chypre du nord Présidentiel-

les 1 18 avril

Autriche Présidentielles 25 avril

République Présidentielles 1 25 avril

centrafricaine Parlementaires

Hongrie Parlementaires 2 25 avril

Laos Parlementaires Avril

Sao Tomé- Parlementaires Avril

et-Principe (Tentative)

Îles Salomon Parlementaires Avril

Philippines Législatives et 10 mai

Présidentielles

République Législatives 16 mai

dominicaine

Éthiopie Parlementaires 23 mai

Suriname Législatives 25 mai

Rép. tchèque Parlementaires 1 28 mai

Colombie Présidentielles 30 mai

Géorgie Locales 30 mai

République Présidentielles 2 Mai

centrafricaine Parlementaires

Côte d'Ivoire Présidentielles Mai

Égypte Législatives Mai

Madagascar Parlementaires Mai

Pays-Bas Parlementaires 9 juin

Slovaquie Parlementaires 12 juin

Guinée Présidentielles 1 27 juin

Burundi Présidentielles 1 28 juin

Hongrie Présidentielles Juin

Laos Présidentielles Juin

Qatar Parlementaires Juin

Royaume-Uni Parlementaires Juin

(Tentative)

Note : 1 1er tour / 2 2e tour

caLeNdrier des prochaiNes éLectioNs eN 2010

Palestine Locales 17 juillet

Guinée Présidentielles 2 18 juillet

Burundi Législatives 23 juillet

et présidentielles 2

Japon Législatives Juillet

Maurice Parlementaires Juillet

Soudan Référendum Juillet

Suriname Présidentielles Juillet

Tuvalu Parlementaires Juillet

Rwanda Présidentielles 9 août

Afghanistan Parlementaires 18 sept.

Suède Parlementaires 19 sept.

Venezuela Législatives 26 sept.

Lettonie Parlementaires 2 octobre

Brésil Législatives 3 octobre

et présidentielles 1

Brésil Présidentielles 2 31 octobre

Bosnie Présidentielles et Octobre

-Herzégovine Parlementaires

Rép. tchèque Législatives Octobre

Madagascar Présidentielles Octobre

Pologne Présidentielles 1 Octobre

Tanzanie Législatives et Octobre

Présidentielles

États-Unis Législatives 2 novembre

Azerbaïdjan Parlementaires 7 novembre

Burkina Faso Présidentielles 1 21 novembre

Tchad Parlementaires 1 28 novembre

Bahreïn Parlementaires Novembre

Égypte Parlementaires Novembre

Haïti Présidentielles Novembre

Nauru Présidentielles Décembre

Saint-Vincent Parlementaires Décembre

-et-les Grenadines

Jordanie Parlementaires

tions relatives aux élections. Étude des régularités et modèles des résultats élec-toraux.

centre carter www.cartercenter.orgCréé en 1982, ce centre intervient dans divers domaines pour tenter d'alléger la souffrance humaine inutile, promouvoir la paix, la santé, la démocratie, les droits de l'homme et soutenir l'assistance aux élec-tions démocratiques dans certains pays.

réseau d'européens pour le soutien des élections et de la démocratie (needs)www.needsproject.eu/Créé avec l'appui de l'UE pour dispen-ser des formations sur les élections aux citoyens des 27 pays membres, il est constitué de plusieurs organisations dont l'IDEA, l'Organisation internatio-nale pour les migrations, l'EISA (Insti-tut électoral d'Afrique du Sud pour la promotion d'élections crédibles et d'une gouvernance démocratique en Afrique), l'Institut interaméricain des droits de l'homme, par le biais de son Centre pour la promotion et l'assistance électorale, et Internews Europe.

Institut démocratique national (ndI)www.ndi.orgNDI est une ONG américaine qui sou-tient les pratiques et institutions démo-cratiques dans différentes régions du monde depuis 20 ans. Une partie de ce travail est axé sur l'assistance électorale dans plusieurs pays du monde.

Projet électoral régional du continent africain. www.africanelections.org

service international de réforme électo-rale (erIs) www.eris.org.uk/missionsONG britannique de conseil et d'assis-tance dans le domaine des élections et de la démocratie. Il s'agit de l'organisme britannique qui forme les observateurs électoraux potentiels et les sélectionne pour le ministère des Affaires étrangères britannique.

P en couverture

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10 P en couverture

Le processus électoral complexe, dif-ficile et délicat qui s'est déroulé au Nigeria en 2007 m'a permis d'évaluer dans toute sa portée et sa gravité (plus de 200 morts) la nature essentielle du travail des observateurs internatio-naux pour la réduction de la fraude et de l'intimidation. Mais ce travail est également un outil international qui permet de créer une certaine confian-ce entre les candidats et les électeurs et qui contribue donc à résoudre les conflits et à consolider les jeunes dé-mocraties. J'encourage les organismes internationaux et les États à promou-voir, avec le plus de moyens possibles, ce type de missions internationales.● Javier Morera Marcos exPeRT eN PROCeSSUS ÉLeCTORAUx eT OBSeRVATeUR à LONG TeRMe De L'Ue POUR LeS ÉLeC-TIONS AU NIGeRIA

Début octobre 2004, à Bâmiyân en Afghanistan : Des dizaines d'Afghans attendent le moment de voter, sous la neige. Mi-mai 2005 à Desse, en Éthio-pie : une foule en colère renverse les portes d'un bureau de vote fermé un jour de scrutin. Fin avril 2009 à Quito, en Équateur : un candidat aux élections présidentielles lance des accusations de fraude que se révèlent infondées.

En ces trois différents moments, l'observation électorale a accompagné, regardé et vérifié. Pour certains, c'est un exercice coûteux, inutile et donc inefficace. Mais sans la présence d'un observateur, les accusations de fraude en Équateur auraient pu déclencher de graves troubles, le bureau de vote en Ethiopie n'aurait peut-être pas ouvert et aucun témoin n'aurait vu les files d'électeurs en Afghanistan pour rappeler que voter ne consiste pas

seulement à déposer un papier dans

une urne, mais que cela implique quel-que chose d'inhérent à l'être humain : la capacité de décider de ce qui nous convient le mieux. C'est aussi simple (et complexe) que cela.● Manuel sánchez de NoguésCONSULTANT ÉLeCTORAL eT JOURNALISTe

Un jour de novembre 2001, au Kosovo, à six heures du matin, de longues files de personnes attendent dans le froid, avec impatience mais sans hâte, dans une atmosphère de nouveauté, d'en-trer dans le collège électoral encore fermé. Ils vont pouvoir parler.

Un jour de mars 2002, en Républi-que du Congo, un groupe de femmes nous rend visite dans notre petit hôtel à Dolisie, les mains chargées de cadeaux. Elle ont décidé que nous étions la rai-son pour laquelle elles n'ont pas eu peur d'aller déposer leur bulletin de vote dans l'urne. Elles ont pu participer.

Un jour de novembre 2003, au Mozambique, les scrutateurs, parta-

gés entre l'énervement, la surprise et l'amusement, cherchent le responsa-ble du centre de dépouillement de la province qui, épuisé, est allé dormir en gardant la clé dans sa poche. Il est important de continuer, il est urgent de connaître les résultats. Ils sont tous d'accord.

Un jour de janvier 2005, dans les Territoires palestiniens, les rues sont pleines de gens, de bruit et de nervo-sité. Les femmes ont un nouveau rôle, elles président les tables, et leurs re-gards joyeux nous transmettent leur satisfaction pour ce qui se produit. Face à un avenir incertain, leur seule certitude est qu'elles travaillent pour préparer leur avenir.

Nous observons toujours que, quels que soient les résultats et les événe-ments, les élections nous rappellent pendant quelques heures que nous sommes tous égaux. Nous avons tous exactement la même valeur. Et même si de nombreuses expériences nous dé-montrent le contraire, nous observons que les élections apportent l'espoir. ● raquel prado pérezPROFeSSeURe ASSOCIÉe De DROIT ADMINISTRATIF eT exPeRTe ÉLeCTORALe

Le compte à rebours a commencé quand j'ai reçu un courriel de l'UE m'informant que j'avais été retenue comme observatrice. Après une mon-tagne de démarches administratives (visa, examens médicaux, etc.), je suis arrivée au Mexique en un temps record avec 32 collègues, pour observer le processus électoral. J'ai été détachée à Sinaloa, État situé au nord-est du pays, avec une observatrice italienne. Grâce à la solide formation reçue par l'équipe cadre, y compris sur l'aspect de la sé-curité, notre mission à long terme s'est déroulée sans incident et nous avons pu attester la transparence du proces-sus électoral et contribuer à la consoli-dation de la démocratie au Mexique. ● Óscar alarcón JiménezFONCTIONNAIRe AU CONSeIL De L'eUROPe, exPeRT ÉLeCTORAL.

expériences d'espagnols en missions d'observation

Les cours de formation pour observateurs à court terme sont organisés par le Bureau des droits de l'homme du MAeC en collaboration avec l'École diplomatique.

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L'Espagne dans les missions d'observation internationale

Actuellement, l'Espagne participe aux missions d'observation élec-torale de l'UE, l'OSCE et l'OEA, et organise des missions bilatérales d'observation électorale de na-ture parlementaire et technique. La première participation de no-tre pays à une mission d'obser-vation électorale internationale remonte aux premières élections générales en Bosnie-Herzégovine sous la supervision de l'OSCE, en 1996, après la signature des accords de paix de Dayton.

La présence de l'Espagne dans ces missions a connu une croissance constante, résultat de notre généreux engagement dans l'effort promu par l'UE, l'OSCE et l'OEA d'assistance à la construction démocratique et la promotion des droits de l'homme dans le monde entier. Jusqu'ici, l'Espagne a participé à toutes les missions d'observa-tion de l'UE (près de 100 depuis 2000), à la plupart des missions d'observation électorale dans le cadre de l'OSCE (près de 120 depuis 2000) et à six missions d'observation électorale de l'OEA. Pour sa part, le Bureau des droits de l'homme du MAEC, en charge de la sélection et de la formation des observateurs électoraux espagnols à court et à long terme, a organisé deux missions d'observation électorale bilatérale de nature technique : les élections législatives au Ni-

caragua en 2006 et les élections présidentielles en Mauritanie en 2009, et une mission bilatérale mixte, parlementaire et techni-que, pour observer sur place le recensement pour des élections locales dans les Territoires oc-cupés en Palestine, en 2005. Au cours de l'année 2009, le nombre total d'observateurs électoraux et d'experts espagnols déployés dans les missions d'observation de l'UE, l'OSCE, l'OEA et les mis-sions bilatérales s'est élevé à 171.

Il faut également souligner l'excellent accueil réservé aux observateurs électoraux espagnols lors des missions internationa-les d'observation électorale. La reconnaissance de leur profes-sionnalisme résulte, en grande partie, de la politique de formation instituée par le Bureau des droits de l'homme qui a déjà réalisé 10 cours de formation d'observateurs électoraux à court terme. Le premier cours a été dispensé en octobre 2004 et depuis lors, deux cours par an sont organisés, l'un au printemps et l'autre en autom-ne. Ces cours ont été mis en place pour assurer le professionnalisme de nos observateurs électoraux en leur apportant les connaissances, outils et attitudes nécessaires à l'exercice de leur fonction. Depuis 2004, près de 400 observateurs électoraux à court terme ont été formés. Outre ces cours, le Bureau des droits de l'homme du MAEC

a créé, entre 2005 et 2009, trois cours d'observation électorale pour les parlementaires, dont ont bénéficié près de 110 parlemen-taires, et deux cours de formation pour les fonctionnaires de l'Admi-nistration.

Enfin, nous devons évoquer le financement de ces missions. Quand les observateurs sont dé-ployés dans le cadre de missions de l'OSCE, notre pays finance intégralement leur participation, principalement les frais de trans-port et indemnités de déplace-ment des observateurs. Dans le cas des observateurs de l'OEA, l'Espagne assume seule les frais de voyage et les indemnités de déplacement. La participation des observateurs électoraux es-pagnols aux missions de l'Union européenne est intégralement financée par l'UE.

En conclusion, je tiens à sou-ligner que jusqu'à l'exercice budgétaire 2010, le Bureau des droits de l'homme du MAEC se voyait allouer 275 000 euros pour financer la participation de nos observateurs électoraux aux différentes missions de l'OSCE, l'OEA et missions bilatérales. Malheureusement, ce poste a été réduit à 150 000 euros, ce qui aura un impact négatif sur la participation espagnole à ces missions, alors qu'elle était en plein développement.

depuis 2004, 200 observateurs électoraux à court terme ont été formés grâce aux dix cours qui ont été dispensés

isabel MenchónCHeF DU SeRVICe D'OBSeRVATION ÉLeCTORALe DU MINISTèRe DeS AFFAIReS ÉTRANGèReS eT De LA COOPÉRATION

11P en couverture

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12 a action extérieure

L'Espagne, l'un des pays de la commu-nauté internationale les plus engagés pour Haïti, a immédiatement lancé tous les mécanismes disponibles pour soute-nir un gouvernement lui aussi décimé par la catastrophe. Les milliers de victi-mes errant dans la ville, les blessés gra-ves, les survivants dépourvus de toute

ressource et les cadavres entassés dans les rues l'exigeaient. En réalité, la ca-pacité de réaction de la population haï-tienne nous étonne encore. Sans électri-cité, sans moyens de communication... ils creusaient à mains nues pour délivrer les personnes attrapées sous les décom-bres, créaient des comités locaux spon-

Le séisme qui a ravagé Haïti le 12 janvier dernier a provoqué l'une des pires catastrophes qu'ait pu connaître une agence humanitaire ces dernières années. Pas uniquement en raison des chiffres terrifiants, et en hausse, qui donnent la mesure de l'urgence : 7,3 degrés sur l'échelle de Richter, 220 000 morts, 300 000 blessés graves, un million de personnes déplacées, trois millions de sinistrés… Mais aussi en raison des conséquences dramatiques pour la population et de la difficulté à gérer cette catastrophe dans le pays le plus pauvre d'Amérique latine.Virginia Castrejana

tanés pour partager les maigres vivres et s'occuper des victimes, pendant que les équipes du monde entier se mobilisaient pour venir à Port-au-Prince.

L'Espagne, qui assume le tour de présidence du Conseil de l'Union euro-péenne, et qui jouit d'une forte présence en Amérique latine, a mis à la disposition des autres pays membres l'aide de ses équipes diplomatiques et consulaires, ainsi que le dispositif d'urgence envoyé par l'AECID à Port-au-Prince, son Cen-tre d'approvisionnement de Saint-Do-mingue et la base logistique humanitaire de la coopération espagnole au Panama.

La visite de la Première vice-prési-dente du gouvernement, de la secrétaire d'État à la Coopération et de la directrice de l'AECID, et la présence du secrétaire

L'un des avions affrétés par l'AECID sur la base aérienne de Torrejón de Ardoz pour transporter l'aide humanitaire d'urgence

pour Haïti. À droite, plusieurs images des opérations de l'AECID à Port-au-Prince et de la visite de la secrétaire d'État à la

Coopération et du secrétaire d'État pour l'Ibéro-Amérique. Résidence de l'ambassa-

deur d'Espagne, sérieusement endommagée par le séisme.

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l'espagne se démène pour haïti

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d'État pour l'Ibéro-Amérique ainsi que des ambassadeurs, diplomates et coopé-rants envoyés pour renforcer la mission, ont permis une excellente coordination sur le terrain avec le gouvernement, la Communauté européenne, l'Ibéro-Amé-rique, les autres pays et agences des Na-tions Unies.

La première équipe d'évaluation du Bureau d'action humanitaire de l'AECID est arrivée dans les heures qui ont suivi le séisme pour déterminer les besoins les plus urgents et évaluer la capacité du pays à intégrer les équipes. Dès le début, le contingent espagnol a été réquisition-né pour les opérations de sauvetage et de dégagement des décombres en coor-dination avec les équipes de l'UNDAC (Équipe des Nations Unies pour l'évalua-tion et la coordination en cas de catastro-phe) du Bureau d'action humanitaire des Nations Unies (OCHA). À la demande de la protection civile haïtienne, l'hôpital de la Paix a été assigné à l'aide médicale es-pagnole.

Grâce aux mécanismes habituels de coordination de l'AECID avec les autres

ministères, Communautés autonomes, Mairies et autres organismes, sont arri-vés sur la base espagnole, située près de la piste d'atterrissage, les 110 personnes et 15 chiens des différentes équipes spé-cialisée en recherche et sauvetage (SAR Team), en évaluation de données et ana-lyse des besoins (EDAN) et en médecine, des Communautés de Madrid, Castille-et-Léon, Pays basque, Navarre et An-dalousie, ainsi que la Guardia Civil et la Police nationale.

De son côté, l'AECID activait les ac-cords humanitaires avec les ONG spécia-lisées et offrait ses avions et son soutien pour le transport du personnel et du ma-tériel vers le pays. Les ONG espagnoles (Croix-Rouge, Médecins du monde, Mé-decins sans frontière, ADRA…) ont pro-gressivement rejoint leurs agences inter-nationales respectives et ont commencé la distribution d'eau, de nourriture, de kits sanitaires, de soins et autres approvi-sionnements selon les zones et les tâches assignées à chaque organisation.

Des personnes habituées à affronter toute sorte de catastrophes ont défini

celle-ci comme l'une des plus dures. La quantité de cadavres, la gravité des bles-sures chez les survivants, les milliers d'enfants abandonnés, les personnes dé-placées...

Il est vraiment incroyable que les équipes de sauvetage, le personnel mé-dical et les coopérants ne se soient pas effondrés, après des jours entiers à de-voir décider quelles personnes sauver, réaliser 40 amputations ou soigner 400 traumatismes par jour. Les conditions terribles et l'insuffisance d'approvision-nement qui affectaient aussi les équipes internationales les rapprochaient encore des victimes de la catastrophe.

En dépit des immenses difficultés lo-gistiques (une seule piste d'atterrissage, manque de véhicules et de carburant et problèmes de télécommunications), l'AECID a réussi à gérer l'arrivée des plus de 170 tonnes de matériel d'urgence nécessaires aux équipes, tout en assurant la sécurité et la mobilité des agents espa-gnols à Port-au-Prince. L'aide du Centre d'approvisionnement, mise en œuvre par le Bureau technique de coopération

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14 a action extérieure

de Saint-Domingue, ainsi que les ren-forts apportés par Madrid, la République dominicaine, le Panama, la Colombie, le Salvador, le Mexique et le Nicaragua, ont certainement été essentiels.

Les étroites relations du Fonds de coopération pour l'eau et l'assainisse-ment avec la Direction nationale de l'eau potable et de l'assainissement d'Haïti

(DINEPA) ont aussi permis une reprise rapide de la distribution de l'eau et de l'assainissement, l'un des besoins les plus pressants, aujourd'hui encore, qui devra être pris en charge pendant plusieurs années. Le Fonds de l'Eau travaille tou-jours actuellement avec la DINEPA pour la reconstruction des systèmes de distri-bution d'eau et d'assainissement dans la

zone urbaine de Port-au-Prince, le réa-ménagement et la formation du person-nel local.

L'extrême fragilité dans laquelle se trouve encore le pays n'a pas encore permis de mettre un terme à la phase d'urgence. Des missions internationales successives, auxquelles l'Espagne parti-cipe activement, ont préparé les rapports présentés lors de la Conférence pour la reconstruction d'Haïti qui s'est tenue à New York. Les conclusions seront fon-damentales pour définir une stratégie ra-pide et efficace afin de permettre à Haïti de sortir renforcé de cette catastrophe.

En attendant, les priorités sont évi-dentes et le gouvernement d'Haïti, ses citoyennes et citoyens et la communauté internationale poursuivent leurs efforts pour assurer l'approvisionnement en eau potable et en nourriture, lancer des pro-jets de souveraineté alimentaire, amé-liorer le logement pour les sans-abris ou mettre en œuvre des actions pour les personnes mutilées, multiplier les points d'assistance, étudier les flux migratoires, concevoir des plans d'architecture du-rable et identifier les enfants pour qu'ils puissent retrouver leurs familles.

Le ministre des Affaires étrangères et de la coopération a participé le 14 janvier à une cérémonie de solidatité avec Haïti, à la Casa de América.

L'esPAgnePRoMet un don de 346 MiLLionsle secrétaire général des nations unies a inauguré le 31 mars, à new York, la conférence des donateurs pour haïti, sous l’égide de l'onu et en collaboration avec les gouvernements des états-unis et d'haïti, et des principaux pays donateurs : espagne, brésil, france et canada. ban Ki-moon a annoncé un

« plan ambitieux pour re-lever de ses ruines le pays dévasté » et, pour cela, il a demandé aux dirigeants de ces pays une contribution de 3,9 milliards de dollars dans un premier temps, et de 11,5 milliards pour les dix années à venir. les états-unis ont apporté une contribution de 1,15 milliards de dollars et l'union européenne s'est engagée à verser une aide de 1,2 milliards d'euros. 346 millions d'euros vien-dront des caisses de l'état espagnol. la première vice-présidente du gouver-nement assistait à cette réunion. elle a déclaré que la communauté internatio-

nale ne pouvait qu'accom-pagner la reconstruction « car c'est au gouverne-ment et au peuple d'haïti de la diriger, cela doit être un principe infrangible ». maría teresa fernández de la vega a souligné que la détermination du gouver-nement est de garantir un avenir meilleur à tous les haïtiens. pour cela, notre pays soutient la création d'un comité international pour la reconstruction d'haïti qui assurera la coordination, la trans-parence et l'efficacité de l'aide, auquel succédera, en 2011, une autorité de développement exclu-sivement haïtienne. la

vice-présidente a évoqué la contribution économi-que de l'espagne au fonds multi-donateur pour la reconstruction d'haïti en rappelant que plus de 121 millions seront versés au fonds cette année, 75 millions d'année prochaine et la suivante, et 74,5 mil-lions en 2013. elle a éga-lement précisé que cette aide serait principalement consacrée, suivant les indi-cations du gouvernement d'haïti, à huit secteurs concrets : eau et assainis-sement, éducation et loge-ment d'urgence, durabilité environnementale, sécurité alimentaire, agriculture et secteur primaire.

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15a action extérieure

L'engagement de l'Espagne envers Haïti était antérieur au séisme, il s'est renforcé après la terrible catastrophe subie par ce pays des Caraïbes et sera maintenu pendant la longue période de reconstruc-tion qui vient de débuter. Notre coopération avec Haïti a commen-cé il y a quelques années lorsque nous avons pris conscience que ce pays était le plus pauvre d'Améri-que latine, avec un État fragile et des besoins majeurs en matière de santé, d'éducation et d'infrastruc-tures pour une population vivant pour la plupart avec moins de deux dollars par jour. J'étais déjà venue en Haïti en tant que secrétaire d'État à la Coopération internatio-nale, avant ce terrible séisme qui a fait plus de 200 000 victimes, et la pauvreté d'une grande ville comme

Port-au-Prince m'avait fortement impressionnée. La phase d'ur-gence exigeait donc une réponse rapide, importante et efficace, aussi l'Espagne entière s'est-elle démenée pour apporter son aide à Haïti. À travers l'Agence espagnole de coopération internationale pour le développement (AECID), notre pays a déployé plus de 700 per-sonnes dans les équipes de sau-vetage et d'assistance sanitaire, a affrété 24 avions pour transporter près de 200 tonnes de nourriture et d'approvisionnement de toute sorte, et a mobilisé des ressources pour un montant de plus de cent millions d'euros.

Nous ne pouvons toutefois pas nous contenter de cela parce que la véritable reconstruction qui

mettra en place un nouvel Haïti durera des années et les princi-paux donateurs, dont l'Espagne fait partie, ainsi que la communauté internationale dans son ensemble, doivent soutenir l'effort de la coo-pération. Sinon, lorsque ce pays disparaîtra des journaux télévisés et ne fera plus la une des magazi-nes, la pauvreté et l'abandon s'em-pareront à nouveau d'Haïti. Après la conférence des donateurs, qui s'est tenue à New York le 31 mars dernier, il est plus urgent que jamais que tous, du gouvernement aux communes en passants par les ONGD et les Communautés autonomes, déployons nos efforts pour ne pas laisser échapper la dernière chance de sauver Haïti du sort tragique qui a été le sien jusqu'à présent.

soraya rodríguezsecRétAiRe d'étAt à LA cooPéRAtion inteRnAtionALe

ne pas oublier haïti

Dès qu'elle a appris la nouvelle du séisme en Haïti et l'étendue des destructions, l'Unité d'ur-gence consulaire a activé tous ses mécanismes de coordination et de gestion de la situation sur le terrain. Un fonctionnaire a ainsi été envoyé à Port-au-Prince pour aider aux recherches et à l'éven-telle évacuation des citoyens espagnols et européens, dans le cadre de la présidence du Conseil de l'Union.

Le spectacle de la capitale était désastreux. Ambassade et résidence de l'ambassadeur étaient détruites. Il n'y avait ni électricité ni carburant. Le réseau de communications avait cessé de fonctionner et la sécurité consti-tuait un grave problème pour les déplacements à travers la ville. Nous disposions à Port-au-Prince d'un seul téléphone satellitaire pour communiquer avec Madrid, la communication était donc

instable et parfois difficile.La Représentation espagnole, a été installée dans la base de l'ONU de Port-au-Prince. Avec l'aide du personnel de l'ambas-sade et du consulat général de Saint-Domingue, la localisation des Espagnols a pu commen-cer. Pendant ce temps, le siège de l'Unité, à Madrid, en contact avec les autres États membres, transmettait les données sur les victimes européennes.

Plusieurs opérations d'évacuation vers Saint-Domingue, puis vers l'Espagne ont été organisées par les vols des avions de l'Armée espagnole et des avions affrétés par l'AECID. L'organisation de ces opérations était extrêmement complexe. Il fallait coordonner non seulement les groupes de per-sonnes évacuées, mais aussi tenir compte de plans et d'horaires de vol changeant en permanence. Les premiers jours, surtout, obte-

nir des moyens de transport pour transférer les personnes évacuées à l'aéroport était une mission réellement ardue.

Parallèlement à cela, la localisa-tion des dépouilles des quatre espagnols, leur identification et leur transfert ont pu être menés avec succès malgré les immen-ses difficultés. Le concours de nos équipes de sauvetage, du personnel de l'AECID, ainsi que de la Guardia Civil et de la Police nationale ont été essentiels.

Les efforts déployés en Haïti pour apporter notre aide aux Espagnols et aux Européens en situation d'urgence n'ont pas été vains. Je souhaite remercier tous ceux grâce à qui, à Madrid, Saint-Do-mingue ou Port-au-Prince, dans un environnement extrêmement défavorable, le résultat de cette opération est un motif de fierté pour notre ministre.

Francisco de asís BenítezconseiLLeR / unité d'uRgence consuLAiRe

activation des mécanismes de coordination avec l'union européenne

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16 a action extérieure

L'Espagne et la lutte mondiale contre la peine de mort

L'abolition de la peine de mort est l'une des priorités de la politique extérieure espagnole en matière de droits de l'homme. Par cet engagement, l'Espagne contribue de tous ses efforts diplomatiques bilatéraux et multilatéraux à encourager l'établissement d'un moratoire dans les pays rétentionnistes comme étape préalable à l'abolition définitive. Rafael Valle Garagorri AmbAssAdEur Et coordinAtEur nAtionAL contrE LA PEinE dE mort

Durant les dernières décennies, toutes les régions du monde ont connu un mouvement croissant vers l'abolition de la peine de mort, conséquence de la consolidation d'une tendance interna-tionale à l'affirmation du respect des droits de l'homme qui ont pour base et raison d'être le droit à la vie et à la dignité humaine. Si nous comparons la situation existant il y a trois décennies à peine à la situation actuelle, le chan-gement est considérable car, actuelle-ment, les deux tiers des pays membres des Nations Unies sont abolitionnistes de fait ou de droit.

LA PEinE dE mort En chiffrEs 8 864 personnes ont été condamnées à mort en 2008 dans 52 pays. 2 390 personnes ont été exécutées en 2008 dans 25pays. 93 % des exécutions réalisées en 2008 l'ont été dans les pays suivants, par nombre d'exécutions : Chine, Iran, Arabie saoudite, Pakistan et États-Unis. 139 pays ont aboli la peine de mort ou cessé de la pratiquer en 2008 9 pays conservent la peine de mort dans leur législation unique-ment pour des délits de droit commun.

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17a action extérieure

Mais en dépit des progrès réalisés, nous ne pouvons être satisfaits. Les pays où la peine de mort est toujours appliquée sont en effet encore nom-breux. Les derniers chiffres connus, pour l'année 2008, font état de 2 390 exécutions réalisées dans 25 pays, la Chine, l'Iran, l'Arabie saoudite, le Pakistan et les États-Unis totalisant 93 % des exécutions, et au moins 8 864 sentences de mort prononcées dans 52 pays.

L'Espagne est aujourd'hui un pays totalement abolitionniste, tant en vertu de sa législation nationale que de la ratification de tous les traités in-ternationaux promouvant l'abolition de la peine de mort, et dont l'Espagne est partie prenante. Dans le cadre de l'ONU, si importante par son universa-lité, l'Espagne a voté en faveur des deux résolutions de l'assemblée générale en

2007 et 2008, relatives au « Moratoire sur l'application de la peine de mort » et a fait partie du groupe des pays co-parrains.

Lors du discours prononcé le 25 septembre 2008 devant l'assemblée générale des Nations Unies, le pré-sident du gouvernement espagnol a évoqué la possibilité de faire de 2015 l'année du moratoire universel sur la peine de mort, comme première étape de son abolition totale, proposition à nouveau mentionnée lors de son inter-vention au cours de la session inaugu-rale du IVe Congrès mondial contre la peine de mort qui s'est tenu à Genève du 24 au 26 février dernier.

Compte tenu de la complexité de cette tâche, il est proposé une appro-che graduelle ouvrant une période de réflexion sur le sens de ce châtiment infligé par certains États. Cette ini-tiative prévoit également la suspension immédiate de toutes les exécutions violant les critères minimaux éta-blis par le droit international, en particulier lorsqu'elles concernent des mineurs, des femmes enceintes ou des per-sonnes souffrant d'un handi-cap mental.

Ce fort engagement de l'Espagne dans la lutte contre la peine de mort est reflété dans le Plan national des droits de l'homme, adopté par le gouvernement en décembre 2008, qui considère l'abo-lition de la peine de mort comme l'une des priorités de la politique extérieure en matière de droits de l'homme.

Le Plan national des droit de l'homme établit aussi la création d'une Commission internationale contre la peine de mort, actuellement en cours de constitution, qui se composera de personnalités jouissant d'une haute autorité morale et d'un renom inter-national, originaires de toutes les ré-gions du monde, dont l'objectif sera de contribuer aux efforts réalisés par la communauté internationale pour la lutte contre la peine de mort. La

Commission internationale commen-cera ses travaux au cours du second semestre de cette année et son activité sera appuyée par un Groupe de sou-tien constitué par des représentants gouvernementaux de pays de tous les continents.

Dans le cadre de la présidence du Conseil de l'Union européenne, durant le premier semestre 2010, l'Espagne poursuit son soutien aux directives de l'Union européennes récemment actua-lisées, en encourageant l'établissement d'un moratoire dans les pays rétention-nistes comme étape préalable à l'aboli-tion de la peine de mort. Des démarches directes sont également mises en œuvre pour qu'aucun pays ne viole les critères minimaux établis par le droit interna-tional dans l'exécution de la peine de mort. D'autre part, la coordination des États membres a commencé dans le but

de soutenir l'adoption d'une nouvelle résolution de l'as-semblée générale des Nations Unies à la fin de l'année, pour l'établissement d'un moratoi-re sur l'application de la peine de mort, résolution qui devra être plus ambitieuse et obte-nir davantage de soutiens que les résolutions précédentes de 2007 et 2008.

La lutte contre la peine de mort est une tâche conjointe

à laquelle participent activement les acteurs de la société civile, les orga-nisations internationales et les repré-sentants gouvernementaux des pays de toutes les régions du monde. Le IVe Congrès mondial contre la peine de mort qui vient de se tenir à Genève et a enregistré des résultats très positifs, et dont la prochaine édition, dans deux ans, pourrait bien se tenir en Espagne, est une preuve de l'étroite collabora-tion existant sur tous les fronts pour donner un élan décisif à l'abolition de la peine de mort dans le monde. L'Es-pagne continuera à contribuer à cette tâche en déployant tous ses efforts diplomatiques bilatéraux et multilaté-raux.

L'engagement espagnol dans la lutte contre la peine de mort est reflété dans le Plan national des droits de l'homme approuvé en 2008

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18 e présidence espagnole du conseil de l'ue | en bref

La présidence espagnole est à mi-par-cours de son mandat. Depuis le 1er janvier, l'action des 27 États membres de l'Union européenne porte le sceau espagnol. Ces trois mois ont permis de mettre sur la table les priorités de l'agenda espagnol et d'établir les temps forts d'une période complexe, plongée dans une crise éco-nomique sans précédents ces dernières années. À ceci vient s'ajouter l'entrée en scène d'un nouveau modèle institution-nel après l'entrée en vigueur, le 1er dé-cembre, du Traité de Lisbonne, avec de nouveaux postes et de nouveaux outils qui se mettent en place actuellement.

Relance économique. Dès le premier jour

où l'Espagne a assumé la présidence du Conseil de l'UE, la relance économique s'est établie comme l'objectif principal qui allait sous-tendre toutes les mesures prises depuis son récent établissement à la tête des Vingt-sept.

La présidence espagnole défend et s'efforce d'obtenir une meilleure coordi-nation des politiques économiques des États membres afin que l'Union puisse avancer vers un modèle de gouvernance économique impliquant un plus haut ni-veau d'engagement de la part des parte-naires communautaires. Le premier pas dans cette direction a été fait lors de la réunion informelle des chefs d'État et de gouvernement convoquée par le nou-

veau président permanent du Conseil, Herman Van Rompuy. Cette voie a ensui-te été ratifiée lors du Conseil européen de printemps, qui a clos le premier tri-mestre du tour de présidence espagnole et a permis de faire avancer la stratégie « EU 2020 ». Cette stratégie, qui rem-place la « Stratégie de Lisbonne » restée sans effets, propose un nouveau modèle de croissance économique qui coïncide avec la thèse de la présidence espagnole, c'est-à-dire qui se fonde sur les indus-tries « vertes », la connaissance et la for-mation en tant que principales garanties d'emplois stables et de qualité, à même de renforcer la compétitivité de l'UE sur le marché mondial et de la rendre moins

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La présidence espagnole du Conseil de l'Union européenne est à mi-parcours de son mandat

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19e présidence espagnole du conseil de l'ue | en bref

vulnérable face à une crise comme celle que nous traversons. L'objectif étant de voir ses éléments essentiels adoptés lors du dernier Conseil européen du semes-tre espagnol, au mois de juin.

Parallèlement, d'autres actions sont entreprises pour sortir de la crise éco-nomique. Durant ces trois premiers mois, deux importants accords ont été adoptés : tout d'abord pour réduire les charges administratives des petites et moyennes entreprises, et ensuite, pour financer la création de nouvelles entre-prises grâce au recours aux microcré-dits. De plus, une Directive a été votée en vue de simplifier la facturation de la TVA – une question qui n'est en rien futile –, et un engagement (la Déclara-tion de Saint-Sébastien) a été pris afin d'encourager la production du véhicule électrique, dont l'Espagne est le fervent défenseur.

Citoyenneté européenne. « Nous sou-haitons rapprocher la présidence espa-gnole du cœur des citoyens et, pour ce faire, nous allons transposer à l'Union européenne toute l'attention que porte le gouvernement espagnol au domaine social. » C'est là ce qu'assurait le secré-taire d'État à l'Union européenne, Diego López Garrido, lors des préparatifs du tour de présidence, idée sur laquelle il a insisté depuis lors. Au cours du premier trimestre, la présidence espagnole a ob-tenu le soutien unanime des Vingt-sept pour la création d'un Observatoire euro-péen contre la violence de genre, selon

un souhait personnel du gouvernement espagnol qui se place en ce domaine à la tête des pays européens avec une Loi in-tégrale contre la violence de genre. Deux débats importants ont également été lancés, qui apporteront une plus grande protection aux citoyens, et permettront leur plus grande participation dans la prise de décisions au sein de l'UE.

D'une part, la présidence espagnole a proposé la création d'un Parquet euro-péen afin de lutter contre la fraude, la corruption et les attaques contre l'euro et, dans un second temps, contre les dé-lits pénaux transfrontaliers.

D'autre part, l'un des objectifs es-sentiels figurant dans l'agenda espa-gnol porte sur la mise en place du droit d'initiative citoyenne en Europe, tel que l'établit le Traité de Lisbonne, et qui per-mettra aux citoyens, s'ils sont au moins un million, d'inviter la Commission européenne à entreprendre une procé-dure législative, dans le cadre de ses at-tributions.

De nombreuses autres initiatives ont été entreprises au cours de cette même période, comme la Directive permettant la prolongation du congé de maternité/paternité jusqu'à quatre mois, ou l'ac-cord pour la Directive de prévention des blessures dans le secteur sanitaire, ou encore les mesures de protection des frontières extérieures. La Stratégie de sécurité intérieure a également été adoptée ; un engagement a été signé en-tre l'UE et les États-Unis (Déclaration de Tolède) afin de renforcer la coopération

en matière de lutte contre le terrorisme ; et des mesures ont été prises en vue d'améliorer la sécurité des transports et des investissements énergétiques.

Concernant la lutte contre le change-ment climatique, les décisions prises ont visé à consolider le rôle de chef de file de l'UE au niveau mondial après l'échec de la Conférence de Copenhague.

L'Europe, acteur international. C'est sur cette voie que souhaite continuer à avan-cer la présidence espagnole, par la mise en place des nouveaux outils et des nou-velles figures institutionnelles créés par le Traité de Lisbonne : le nouveau pré-sident permanent du Conseil, la Haute représentante pour les affaires étrangè-res et le nouveau Service européen pour l'action extérieure (corps diplomatique européen).

Cet équilibre a pu être constaté lors des différentes réunions qui ont eu lieu au cours de ces trois premiers mois de la présidence espagnole et contribue à of-frir une image plus unie et cohérente de l'Union européenne à l'étranger.

D'importants progrès ont été ac-complis dans ce domaine, comme l'a démontré la gestion de la crise en Haïti et au Chili, ou la clôture des négocia-tions des accords avec la Colombie et le Pérou, ainsi que les avancées faites en ce sens avec l'Équateur. En outre, deux nouveaux chapitres ont été ouverts dans le processus d'adhésion de la Croatie à l'UE et la candidature de l'Islande a ob-tenu un avis favorable.

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Cordoue accueille la réunion informelle des ministres des Affaires étrangères

Le cadre historique incomparable de la ville de Cordoue a été le siège de la réunion informelle des ministres des Affaires étrangères (Gymnich) de la présidence espagnole du Conseil de l'Union européenne. Axée sur la mise en marche du Service européen pour l'action extérieure et sur la situation au Moyen-Orient, la première réunion « Gymnich » à se dérouler sous l'égide du traité de Lisbonne a permis aux ministres des Affaires étrangères de l'UE d'échanger des idées dans une ambiance décontractée. Beatriz Beeckmans

Tous les six mois, les ministres des Af-faires étrangères des États membres de l'Union européenne prennent part à une réunion informelle dite réunion « Gym-nich », qui doit nom au château allemand où se tint la première de ces réunions en 1974. N'aboutissant à aucun accord for-mel, il s'agit d'une réunion faisant partie de l'agenda européen au cours de laquel-le les ministres des Affaires étrangères échangent des idées et fixent des orienta-tions pour l'avenir. La rencontre se tient dans le pays en charge de la présidence du Conseil de l'UE et, dans ce contexte,

e présidence espagnole du Conseil de l'UE | en bref

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la ville de Cordoue, choisie en tant que symbole de tolérance et de coopération, a été le siège de la réunion « Gymnich » de la présidence espagnole, et s'est déroulée les 5 et 6 mars derniers, première du gen-re sous l'égide du traité de Lisbonne.

À cette occasion, le ministre des Af-faires étrangères et de la coopération, Miguel Ángel Moratinos, a convoqué ses homologues à une réunion à laquelle Catherine Ashton, la nouvelle Haute re-présentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité et vice-présidente de la Commission euro-péenne, a été conviée pour la première fois. Pendant deux journées intenses, l'arrivée des délégués européens et de fonctionnaires de différents ministères espagnols dans la ville de Cordoue a créé une véritable atmosphère européenne. À leur tour, près de deux cents journa-listes se sont installés dans le centre de

presse situé dans le palais des congrès pour couvrir l'événement dans les mé-dias nationaux et internationaux.

Le palais de Viana, cadre histori-que choisi pour la rencontre, ainsi que le nombre limité de thèmes à aborder, ont permis, pour reprendre les termes employés par Miguel Ángel Moratinos, de « consolider l'esprit de famille euro-péen qui a toujours caractérisé ces réu-nions dont l'échange d'idées permettra à la Haute représentante de concevoir et de mettre en œuvre de véritables stra-tégies pour la politique extérieure de l'Union ».

S'étant déplacés de toutes les régions d'Europe vers la cité andalouse en em-pruntant le train à grande vitesse espa-gnol (AVE) spécialement affrété pour la rencontre, les ministres ont abordé plu-sieurs points de grande importance poli-tique pour l'avenir de l'Union européen-

ne. Le sujet phare a sans aucun doute été la mise en route du Service européen pour l'action extérieure. « Pour la pre-mière fois depuis 50 ans, nous sommes en train de bâtir une nouvelle institu-tion qui vise, en outre, à rapprocher les positions des États membres en recon-naissant le rôle de la Commission et du Conseil », a affirmé la Haute représen-tante de l'Union pour les affaires étrangè-res et la politique de sécurité. Catherine Ashton a mis en avant sa volonté de res-pecter les dates fixées et a déclaré que l'excellence et la transparence dans le choix de ses membres devront être le maître-mot de cette première phase : « Il s'agit d'un processus ouvert et dy-namique qui vise à mettre en œuvre un véritable Service européen pour l'action extérieure qui, lorsque les travaux en cours seront terminés, bénéficiera de la participation de tous les États ».

La réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne s'est tenue au sein du palais de Viana et du palais de l'Alcazar de la ville andalouse de Cordoue. PHOTOS JAVIER HERNÁNDEZ

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Les relations de l'Union avec les pays émergents comme la Chine, l'Inde ou le Brésil ont également été abordées lors d'une autre séance de travail durant la-quelle les ministres ont rappelé le besoin de consolidation de l'Union pour jouer le rôle d'acteur international et accom-pagner ces puissances sur le plan et économique et politique. Les ministres des Affaires étrangères ont notamment débattu de la situation au Moyen-Orient et du rôle que l'Union peut exercer dans la région. « L'UE maintient une position clairement définie et possède des ter-mes de référence en ce qui concerne le conflit, mais il faut désormais passer à l'action afin qu'elle se positionne en tant que partenaire crédible pour que la so-lution des deux États devienne une réa-lité », a affirmé Miguel Ángel Moratinos lors d'un entretien avec la presse. « Nous ne pouvons pas attendre éternellement la solution des deux États », a-t-il répété, « si nous ne progressons pas en adoptant des mesures positives d'incitation pour

les deux parties ». La réunion « Gymnich » a donc ser-

vit de cadre pour définir les positions au sein de l'UE, cadre autour duquel l'inter-vention de l'Union vis-à-vis de la reprise du processus de paix au Moyen-Orient doit graviter. Miguel Ángel Moratinos a fait référence à la position de l'UE for-mulée le 8 décembre 2009 selon laquelle, si l'on souhaite obtenir une paix réelle, une voie de négociation doit être trou-vée pour résoudre le statut de Jérusalem comme future capitale de deux États. Il a notamment signalé que l'UE doit tra-vailler avec l'administration nord-amé-ricaine pour contribuer à la relance des négociations indirectes par l'intermé-diaire de l'envoyé spécial, George Mit-chell. Le ministre a déclaré qu'il avait pu constater lors des discussions « un sen-timent général d'approbation concer-nant le rôle que doit adopter l'UE » et il a ajouté que la réunion a également porté sur la situation humanitaire à Gaza. De son côté, la Haute représentante a affir-

mé que son rôle consistait désormais « à faire avancer les décisions prises par les 27 États membres, à renforcer le soutien de l'UE à l'Autorité palestinienne pour que celle-ci puisse assumer les respon-sabilités de sécurité et à dynamiser le Quatuor pour que l'UE joue un rôle plus actif dans son sein ».

À l'issue de la première journée, les ministres ont pu profiter d'une vi-site guidée de la cathédrale de Cordoue, construite au cœur de la mosquée, avant de poser pour la traditionnelle photo de famille, moment immortalisé devant l'un des portails de la cour des Orangers (Patio de los Naranjos). Le lendemain, l'Alcazar des Rois Chrétiens a été le siège d'un déjeuner de travail axé sur la situation dans les Balkans occiden-taux, auquel ont pris part, en outre, les ministres des Affaires étrangères des pays candidats à l'adhésion à l'Union européenne : la Croatie, la Turquie et l'ancienne République yougoslave de Macédoine.

À l'issue de la première journée, les ministres des Affaires étrangères de l'UE ont eu l'opportunité de visiter la cathédrale construite au cœur de la mosquée de Cordoue.

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23e présidence espagnole du Conseil de l'UE | en bref

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Le nouveau secrétaire général de l'Union pour la Méditerranée, Ahmad Massa'deh, aux côtés du maire de Barcelone, Jordi Hereu, lors de la présentation du 4 mars. PHOTO EFE

inauguration de l'année européenne contre la pauvreté et l'exclu-sion sociale La présidence espagnole a inauguré l'Année européenne contre la pauvreté et l'exclusion sociale (2010), durant laquelle de nombreuses activités seront organisées dans tous les pays. Les 27 États membres unissent ainsi leurs efforts pour lutter contre un problème qui touche un européen sur six. L'objectif : sensibiliser les gouvernements et les citoyens sur la nécessité d'adopter des mesures efficaces.

Progrès dans le transport aérien européen Les questions relatives à la navigation aérienne ont marqué les actions de la présidence espagnole dans le secteur des transports et des progrès significa-tifs ont été enregistrés en matière de sécurité et d'enquêtes sur les accidents. En outre, la conférence sur le ciel unique européen, tenue à Madrid les 25 et 26 février derniers, s'est conclue, comme l'a rappelé le ministre espagnol de l'Équipement, José Blanco, « sur l'adoption de la Déclaration de Madrid et l'établissement d'une feuille de route qui compte plus de 60 initiatives pour exécuter ce projet stratégique de l'UE ».

Proposition de l'espagne, de la Belgique et de la Hongrie pour parve-nir à un taux d'emploi des femmes de 75 % Les ministres de l'Égalité du trio de présidences ont présenté une déclaration commune, à l'occasion de la réunion informelle qui s'est tenue à Valence fin mars dernier, dans laquelle ils prient instamment l'UE de redoubler d'efforts pour supprimer les inégalités entre hommes et femmes. Dans cette déclaration, qui sera remise à la Commission et au Conseil européen, les ministres deman-dent que la nouvelle stratégie 2020, dont l'adoption est prévue en juin, intègre l'objectif d'un taux d'emploi des femmes de 75 % (alors qu'il se situe actuelle-ment autour de 63 %).

La présidence espagnole encourage l'adoption d'un plan d'action pour les enfants immigrés L'Espagne a entamé des contacts avec la Commission européenne en relation avec la proposition sur les immigrants mineurs non accompagnés que la Com-mission envisage de présenter le 5 mai prochain. La réglementation commu-nautaire de la situation de ces enfants et adolescents qui fuient leur pays sans leurs parents, souvent par l'intermédiaire des réseaux de traite des personnes, est une priorité pour la présidence espagnole du Conseil de l'UE, qui espère que des mesures pourront être adoptées avant le 30 juin.

Le président du gouvernement, José Luis Rodríguez Zapatero, le président de la Commission européenne, José Manuel Durao Barroso, l'ex-président du gouvernement, Felipe González, et les ministres de la Santé, Trinidad Jiménez, et de l'Égalité, Bibiana Aído, entre autres, pendant la photo de famille de la rencontre. PHOTO EFE

Barcelone

Présentation du nouveau secrétaire général de l'Union pour la MéditerranéeLa présentation du nouveau secrétaire général de l'Union pour la Méditerra-née, Ahmad Massa'deh, s'est dérou-lée le 4 mars dernier à Barcelone. Au cours de la cérémonie, Miguel Ángel Moratinos s’est déclaré satisfait « de la désignation de la ville de Barcelone en tant que siège du secrétariat de l'Union pour la Méditerranée ainsi que de la présentation du nouveau secré-tariat général, véritable point d'orgue du lancement d'un projet qui n'est ni une utopie ni un rêve, mais qui consti-tue un point de rencontre vers lequel convergent les Européens, les Arabes, les Israéliens et, en somme, tous nos voisins méditerranéens ». « En outre, il s'agit d'un organe fondamental pour le rétablissement de la paix au Moyen-Orient, puisque celui-ci intègre des représentants des deux parties », a-t-il souligné. Pendant sa visite à Barcelone, le ministre des Affaires étrangères a également inauguré le Ier Forum Anna Lindh pour le dialogue culturel, qui a réuni dans la capitale catalane plus de 700 représentants de la société civile des 43 pays faisant partie de l'Union pour la Méditerranée.

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24 e présidence espagnole du Conseil de l'UE | en bref

sommet précédé d'une réunion d'entreprises entre l'Ue et le maroc Il s'agit du premier sommet bilatéral avec un pays du Voisinage sud.

Grenade, siège du premier sommet UE-MarocSous l'égide de la présidence espagnole, le premier sommet bilatéral avec un pays du Voisinage sud a été organisé par l'Union européenne à Grenade les 6 et 7 mars derniers. Cette rencontre a débouché sur la consolidation d'un en-gagement de coopération entre les deux régions. L'UE était représentée par le président du gouvernement espagnol, José Luis Rodríguez Zapatero, en sa qua-lité de président tournant du Conseil de l'Union européenne et d'hôte de ce som-

met, le président permanent du Conseil européen, Herman Van Rompuy, le pré-sident de la Commission européenne, José Manuel Durao Barroso, le commis-saire au Commerce, Karel de Gucht, le

commissaire à la Politique de voisinage, Stefan Füle, et le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Miguel Ángel Moratinos.

De son côté, le Premier ministre ma-rocain, Abbas El Fassi, était accompagné de ses ministres des Affaires étrangères, de l'Économie et des Finances, de l'Agri-culture et de la Pêche, de l'Éducation, de l'Industrie, du Commerce et des Nou-velles Technologies et du Commerce extérieur. La rencontre a permis d'abor-

der, entre autres questions, la situa-tion économique actuelle, la lutte contre le changement climatique, l'intégration maghrébine, l'Union pour la Méditerranée, le processus de paix au Moyen-Orient, les rela-tions entre l'UE et l'Afrique, l'im-migration, la sécurité dans le Sahel

et les perspectives du statut avancé entre l'UE et le Maroc. Pour reprendre les ter-mes employés par Miguel Ángel Mora-tinos, ce sommet représente « une étape de plus dans la relation privilégiée entre les deux régions, qui se reflétera par un soutien politique et économique impor-tant ». Grenade avait préalablement été le siège d'une réunion d'entreprises en-tre des représentants de l'Union et du pays voisin.

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L'Ue défend la valeur de la culture en tant que source de richesse L'industrie culturelle génère 5 mil-lions d'emplois et représente 2,6 % du PIB de l'ensemble des pays de l'UE. Les quelque 600 profession-nels ayant participé à la première journée du IIe Forum européen sur les industries culturelles, à Barce-lone, ont revendiqué la valeur de la culture en tant que source d'emploi et de richesse et ont pointé du doigt la piraterie comme l'un des princi-paux fléaux de ce secteur.

Les ministres de l'agriculture en faveur de l'amélioration de la chaîne alimentaire À l'occasion de la réunion du Conseil de l'agriculture et de la pêche, le 29 mars 2010, les minis-tres de l'Agriculture ont rédigé un document de conclusions sur les moyens d'améliorer le fonctionne-ment de la chaîne alimentaire au sein de l'UE. Les priorités retenues sont la promotion de relations de marché durable entre les différentes parties et l'amélioration de la trans-parence tout au long de la chaîne alimentaire en vue d'encourager la concurrence.

iie sommet européen sur les actions et les politiques en faveur de la population gitane Coïncidant avec la commémo-ration de la Journée internationale des Roms, Cordoue a accueilli le IIe Sommet européen sur les actions et les politiques en faveur de la population gitane, au cours duquel de nombreuses tables rondes et groupes de travail ont permis d'étudier les engagements et instruments communautaires mis en œuvre pour une meilleure efficacité des politiques publiques et des initiatives sociales destinées à ce collectif.

De gauche à droite : le président du gouvernement, José Luis Rodríguez Zapatero, le Premier ministre marocain, Abbas El Fassi, le président permanent du Conseil européen, Herman Van Rompuy, et le président de la Commission européenne, José Manuel Durao Barroso, lors d'une intervention à Grenade. PHOTO EFE

Réunion des ministres de la Justice et de l'Intérieur à TolèdeL'UE et les États-Unis se sont donné rendez-vous à Tolède pendant la réu-nion des ministres de la Justice et de l'Intérieur afin de faire avancer la lutte contre le terrorisme et le crime orga-nisé. Dans une décision commune, les 27 États membres et l'administra-tion nord-américaine se sont engagés

à améliorer la sécurité aérienne par l'échange d'informations pour la dé-tection précoce de terroristes et d'ex-plosifs dans les aéroports et pendant les vols. Dans le document, les minis-tres ont également prié la Commission européenne d'accélérer l'achèvement du registre des passagers européens.

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assemblée parlementaire acP-Ue à ténériffe La reconstruction d'Haïti, le conflit au Soudan ou l'impact financier du changement climatique sont quelques-uns des sujets qui ont été débattus pendant les trois jours de réunion de l'Assemblée parlemen-taire entre l'UE et les pays d'Afri-que, des Caraïbes et du Pacifique à Ténériffe, à laquelle ont pris part les députés issus des pays ACP et du Parlement européen, ainsi que le commissaire européen au Dévelop-pement, Andris Piebalgs. Les grou-pes de travail de l'Assemblée ont également étudié la viabilité d'un instrument financier unique pour la coopération, de manière à surmon-ter les difficultés liées à l'utilisation du Fonds européen de développe-ment régional (FEDER) à cet effet.

La Granja a accueilli la première réunion de la présidence Du 12 au 14 janvier 2010, La Granja (province de Ségovie) a été le siège de la réunion informelle des ministres en charge des Affaires européennes, à l'occasion de la-quelle les priorités de la présidence espagnole ont été présentées et le débat sur l'Initiative citoyenne européenne a été lancé.

« ellas crean », un festival artis-tique du trio de présidences Plus de cent cinquante activi-tés culturelles, réunissant près de 200 artistes et réparties dans 40 villes des 5 continents, compo-sent la sixième édition de « Ellas Crean », le festival qui célèbre et reconnaît la création des femmes. Joan Baez, Luz Casal, Agnès Jaoui, Barbara Hendricks ou Marisa Paredes sont quelques-unes des participantes les plus célèbres du programme qui, cette année, s'allie avec nos partenaires du trio de pré-sidences, la Belgique et la Hongrie.

Promotion des négociations avec le mercosur. D'après Miguel Ángel Moratinos, cette rencontre traduit l'intérêt de la présidence espagnole pour le renforcement des relations avec l'Amérique latine, en particulier avec des acteurs stratégiques comme le Brésil.

Réunion ministérielle de dialogue politique entre l'Union européenne et le BrésilLe 15 février dernier, le palais de Viana de Madrid a été le siège de la réunion ministérielle de dialogue politique en-tre l'Union européenne et la République fédérative du Brésil. La rencontre, orga-nisée sous l'égide de la présidence espa-gnole du Conseil de l'UE, a réuni la Haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Ca-therine Ashton, le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Miguel Ángel Moratinos, et le ministre brésilien des Relations extérieures, Celso Amorim.

La réunion a eu pour objet le dialogue politique de haut niveau entre l'UE et le Brésil, tel que prévu par l'association stra-tégique établie à l'occasion du Ier Som-met entre les deux parties qui s'est tenu à Lisbonne en 2007. La réunion a permis d'aborder les points importants de l'agen-da bilatéral et international de l'Union européenne et du Brésil, parmi lesquels il convient de citer l'encouragement des négociations entre l'UE et le Mercosur afin de parvenir à un accord d'association au cours de ce semestre. « Des progrès si-gnificatifs ont été enregistrés », a affirmé Catherine Ashton.

De son côté, pour ce qui est de « l'inté-rêt de la présidence espagnole du Conseil

de l'UE pour renforcer les relations avec l'Amérique latine et des acteurs impor-tants et stratégiques comme le Brésil », Miguel Ángel Moratinos a évoqué « l'hon-neur que représente le développement de ce qui devrait être une bonne alliance Union européenne-Mercosur grâce au rôle que le Brésil peut jouer ».

Pendant la conférence de presse com-mune, le ministre brésilien des Affaires étrangères a tenu à souligner les progrès réalisés. Celso Amorim a insisté sur le rôle que peut jouer cet accord : « Nous avons déployé tous nos efforts pour faire progresser l'accord UE-Mercosur qui peut, à son tour, avoir un impact positif sur l'économie des deux blocs, mais également servir de source d'ins-piration pour la partie multilatérale ». Par ailleurs, Miguel Ángel Moratinos a souhaité souligner « les progrès réalisés dans la préparation du grand sommet entre l'UE et l'Amérique latine qui aura lieu à Madrid au mois de mai ». Outre la négociation de l'accord commercial en-tre l'UE et le Mercosur, les principaux sujets abordés ont été la reconstruction d'Haïti, l'accord de Copenhague en ma-tière de changement climatique et la question iranienne.

Miguel Ángel Moratinos, Catherine Ashton et Celso Amorim lors de la conférence de presse. PHOTO J.

HERNÁNDEZ

e présidence espagnole du Conseil de l'UE | en bref

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L'Ukraine, jeune démocratie et puissant élan culturel

26 a action extérieure

Historiquement, l'Ukraine est le berceau du premier État slave indépendant, la Rous' de Kiev. Entre les XIe et XIIIe siè-cles, la ville aux sept collines et aux cou-poles dorées sur les rives du Dniepr a été un important centre religieux, artistique et commercial de la région d'Europe orientale. Mais ce territoire subit l'inva-sion de l'armée mongole de Batu Khan et resta divisé durant plusieurs siècles. Dans les différentes régions ukrainien-nes, la Lituanie, la Pologne, l'empire austro-hongrois, l'empire russe, la Tché-coslovaquie de l'entre-deux-guerres et l'URSS ont successivement exercé leur souveraineté, jusqu'à ce que le pays dé-clare définitivement son indépendance en 1991, avec les frontières que nous lui connaissons aujourd'hui.

Le gouvernement espagnol a immé-diatement reconnu l'Ukraine comme État indépendant, le 31 janvier 1991 et un an après, nos deux pays établissaient les premiers contacts diplomatiques, que vint renforcer la visite en Ukraine du mi-nistre espagnol des Affaires étrangères

CONNAÎTRE VOTRE AMBASSADE Depuis le bassin minier du Donbass jusqu'aux Carpates, de la péninsule de Crimée jusqu'à l'estuaire du Danube, en passant par les plaines fertiles du centre et du nord du pays, s'étend l'Ukraine, pays de 46 millions d'habitants et d'une grande diversité géographique. RAfAEl OSORiO

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27a action extérieure

de l'époque, Francisco Fernán-dez Ordóñez, au mois d'avril 1992. Depuis lors, nous avons toujours entretenu d'excellen-tes relations aussi bien du point de vue bilatéral qu'à travers no-tre politique européenne. Au cours de ces années, l'Espagne et l'Europe ont coopéré avec les diffé-rents gouvernements du pays dans leur processus d'ouverture vers l'établisse-ment des valeurs démocratiques et vers l'Europe.

L'Ukraine est une jeune démocratie. Tout au long de ses presque dix-neuf années d'indépendance, plusieurs crises politiques et économiques ont eu lieu, sur un chemin parsemés de hauts et de bas. Fin 2004, la Révolution orange éveilla de très hautes espérances parmi les Ukrainiens, qui se virent frustrées pour la plupart au cours des années sui-vantes. Mais le pays a poursuivi sa route vers la consolidation de la démocratie, comme sont venues le prouver les ré-centes élections présidentielles, dont les

observateurs internationaux ont salué le haut degré de respect des normes démo-cratiques. Grâce au dynamis-me de sa société, l'Ukraine s'est résolument engagée sur la voie de la démocratie, pour laquelle un retour en arrière

n'est plus envisageable.La crise économique continue tou-

tefois de frapper et empêche, pour le moment, le développement complet de son fort potentiel de croissance. Ses re-lations économiques avec notre pays en sont une illustration. Si, lors des premiè-res années, les exportations de l'Espagne vers ces pays marquèrent une tendance nettement positive, en doublant presque de volume en à peine deux ans (2006-2007), 2009 a vu nos exportations se ré-duire de moitié par rapport aux chiffres de 2008. La crise a touché tous les pays de la région mais elle s'est révélée parti-culièrement sévère pour un pays comme l'Ukraine, qui avait maintenu un rythme soutenu de croissance dans les années

l'Ukraine en ChiffresGouvernement : République présiden-tialistePopulation : 16,5 millions d'habitantsDensité démographique : 77,1 habi-tants/km2

Taux d'analphabétisme : 0 %Espérance de vie à la naissance : 68 ansRang IDH (2005) : 78PIB : 139,7 millions $ USA (2007)Taux d'inflation : 11,3 % (2007) Principal client exportation : Russie Principal client importation : Russie Principales exportations : Métaux non précieux Principales importations : Énergie et gazSource MAEC

l'Espagne figure parmi les dix principaux pays investisseurs en Ukraine.

précédentes.Le volume d'exportations le plus

important de l'Ukraine en Espagne se concentre sur la fonte ou l'acier, et les graisses et huiles tant végétales que d'origine animale. Concernant l'échan-ge commercial depuis l'Espagne, le commerce d'automobiles et de camions,

Vue du Kiev moderne et de ses installations portuaires sur le

Dniepr.

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28 a action extérieure

Quand et comment avez-vous décidé d'aller en Ukraine ? Il y a treize ans, la Congrégation de saint Dominique a fondé à Kiev une mission officiellement appelée « Vicariat de la mère de Dieu ». Je suis donc venue afin d'ouvrir une école catholique, ce qui n'a pas été possible et, en cherchant un moyen de fournir aux enfants une éducation intégrale et de les aider dans tout ce qui a trait à la santé, nous avons ouvert en 2002 la Maison des enfants ou Dim Ditey, plus connue à Kiev comme la « Hispanska Skola », l'école espagnole.Expliquez-nous votre projet... Dim Ditey est un centre où nous accueillons les enfants après l'école, du lundi au samedi. Nous donnons des cours extrascolaires entière-ment gratuits, de langue, musique, chant, danse, théâtre, autodéfense,

informatique, travaux manuels, peinture, dessin et sport. Chaque année nous envoyons également plusieurs enfants en voyage en Espagne : à Ciudad Real, en Asturies et à Valladolid. Avec les adolescents, nous organisons des rencontres de formation et d'étude. Enfin, tous les mois, des conférences sont organi-sées sur des thèmes d'éducation, de religions, etc., pour les parents ou les tuteurs. L'objectif est d'empêcher nos élèves de devenir des « enfants de la rue », un problème qui touche beaucoup d'enfants en Ukraine lorsqu'ils ne trouvent pas sur leur chemin quelqu'un pour les guider, les accueillir et les éduquer à certaines valeurs. La plupart d'entre eux sont issus de familles nombreuses et sans grands revenus, c'est pourquoi nous accordons un grand intérêt aux familles.La mission Mère de Dieu a

aussi sous sa tutelle un internat à Jmerynka, à 370 km de Kiev, où les enfants vivent dans des conditions déplorables car le bâtiment tombe en ruines. Les hivers là-bas sont terribles et ils n'ont même pas de chauffage. Nous faisons notre pos-sible pour améliorer ces conditions mais tout est très compliqué quand on manque de moyens. Comment décririez-vous, en géné-ral, votre expérience dans le pays ? Très positive. Le travail avec les enfants m'apporte beaucoup : pour eux, pour leur bien et leur bonheur. Quelle image pensez-vous que les Ukrainiens ont de l'Espagne et des Espagnols ? Ils disent souvent que l'Espagne est un paradis, à cause du soleil, de la mer et des gens. C'est pour cela qu'ils aiment tant apprendre l'espagnol ; leur rêve c'est d'aller en Espagne.

Antonia Estrada VázquezreliGieUse esPa-GnOle QUi ViT DePUis 13 ans À kieV

UNE ESPAGNOLE EN UKRAINE

ainsi que les machines industrielles, sont les secteurs les plus importants. L'Es-pagne figure elle-même parmi les dix principaux pays investisseurs en Ukrai-ne. L'une des plus grandes entreprises ukrainiennes en Espagne es Sicilio Solar, qui se consacre aux énergies renouvela-bles et qui a implanté l'une de ses plus grandes usines à Puertollano (Ciudad Real) avec un investissement de 50 mil-lions d'euros pour sa construction.

Malgré le climat actuel d'incerti-tude envers l'avenir et d'espoir en une plus grande stabilité afin d'atteindre un développement continu, le monde de la Culture ukrainienne maintient une intense activité qui parvient à suppléer le manque de moyens par l'effort et la

créativité. Les Ukrainiens en effet sont hautement qualifiés et possèdent une tradition culturelle variée et bien enra-cinée.

Le festival d'Art contemporain GO-GOLFEST en est un bon exemple, en attirant la jeunesse ukrainienne : tout un public désireux d'être le témoin des plus récentes propositions artistiques, anticonformiste, ouvert et tolérant, et qui sait toute la valeur du mot « liberté ». La meilleure expression d'une société démocratique.

C'est pourquoi l'ambassade d'Espa-gne en Ukraine, avec le soutien de l'AE-CID, s'est engagée aux côtés du GOGOL-FEST. La participation de l'ambassade s'est traduite l'an dernier par une pièce

de théâtre et une exposition photogra-phique, contribuant ainsi à faire connaî-tre la culture espagnole en Ukraine. Et elle travaille cette année, aux côtés des organisateurs du festival et de la Fura dels Baus, à la cérémonie d'inauguration en vue de rehausser le contenu artis-tique de l'événement et le placer ainsi parmi les Foires d'art contemporain les plus importantes d'Europe.

Ce festival reflète le meilleur de la jeune démocratie ukrainienne : l'aspira-tion de son peuple à vivre dans un État européen moderne, démocratique et stable. En contribuant à consolider la structure institutionnelle et culturelle naissante en Ukraine, on contribue aussi à consolider le pays.

Au-dessus de ces lignes, et de gauche à droite, vues de la zone portuaire de Kiev ; des coupoles dorées qui sont le signe particulier indiscutable de la capitale ukrainienne ; et vue aérienne de la rue Khreshatyk, l'artère principale de la ville.

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L'Ukraine et l'Espagne, aux deux extrémités de l'Europe

Ukraine... un mot qui, étymologi-quement, et de façon révélatrice, si-gnifie « marche » ou « frontière » et qui désigne, comme vous le savez, un pays géographiquement situé à l'extrême est de l'Europe, un pays à l'importance croissante depuis son accès à l'indépendance le 25 août 1991. L'Ukraine se trouve aussi en plein processus de consolidation de son système démocratique, après les récentes élections présidentiel-les qui se sont déroulées de façon irréprochables en janvier et février derniers et ont vu triompher Victor Ianoukovytch.

L'Ukraine possède une vocation naturelle à servir de pont entre l'Est et l'Ouest de l'Europe. À mesure qu'avancera son processus interne de modernisation économique et de démocratisation et que ses ha-bitudes politiques se consolideront, sa valeur en tant que pays stabilisa-teur dans cette zone du monde est appelée à croître, tout comme son importance stratégique. Pour ce faire, l'engagement de l'Ukraine en-vers l'Europe est crucial. L'élément catalyseur d'un rapprochement progressif entre l'Ukraine et l'Union européenne apportera des chan-gements dans tous les domaines, de l'économique au politique ou au social, en encourageant un climat plus propice à la libre circulation des personnes ou à la réalisation d'investissements. Par conséquent, l'obtention d'un Accord d'associa-tion entre l'UE et l'Ukraine, comme celui qui se trouve actuellement en cours de négociation et que

l'Espagne soutient, dans le cadre duquel se forgera une zone de libre échange visant à regrouper plus de 550 millions de personnes, mérite toute notre attention.

En ce qui concerne les relations bilatérales établies il y a 18 ans, le 30 janvier 1992, elles sont encore jeunes, comme l'Ukraine, mais déjà fortes, prometteuses, et prêtes à atteindre une solide maturité. Peu de temps après l'établissement des relations, en avril 1992, le ministre des Affaires étrangères espagnol d'alors, M. Fernández Ordóñez, s'est rendu pour la pre-mière fois en Ukraine. Depuis, les visites des ministres des Affaires étrangères se sont succédé et la consolidation du dialogue politique s'est ancrée. Notre ministre actuel, M. Moratinos, s'est rendu à Kiev les 2 et 3 novembre derniers, puis le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Petr Porochenko, lui a rendu la visite au mois de janvier de cette année. De plus, les deux pays souhaitent intensifier les visi-tes et les contacts politiques à tous les niveaux. L'Espagne et l'Ukraine sont deux pays à la fois géographi-quement éloignés dans le contexte européen et proches de par tout ce qui les unit : leur position aux deux extrémités du continent, une population d'importance similaire, une grande culture, une forte sym-pathie et admiration mutuelle, et un même désir d'apprendre l'un de l'autre. Il existe aussi des intérêts partagés. L'Espagne accueille de nombreux travailleurs ukrainiens

qui forment une communauté bien installée dans notre pays. Les relations dans le domaine militaire, avec les visites du CEMA ou du CEMD au cours de ces dernières années, sont également étroites. Et sans oublier que l'attrait pour tout ce qui est espagnol est palpable en Ukraine, marquant des possibilités qu'il nous reste à exploiter. Pour cela, l'Espagne souhaite ouvrir, dans un avenir proche, un centre de l'Institut Cervantès à Kiev. De même, il est nécessaire de souligner le potentiel économique de l'Ukraine, grand producteur dans des secteurs comme les céréales, l'acier et l'aéronautique. Ces éléments suscitent l'intérêt des entreprises espagnoles pour certains secteurs de l'économie ukrainienne, tels que les infras-tructures, le secteur agricole et énergétique ou particulièrement, le tourisme ; et il est à prévoir que, dès que l'Ukraine se sera rappro-chée de l'UE et aura établi un cadre plus favorable à l'investissement étranger, l'investissement espagnol misera fortement sur ce pays. L'Es-pagne souhaite co-aider le proces-sus de transformation de l'Ukraine en un pays prospère, moderne, démocratique et ouvert, garant de stabilité. Les points de vue de l'Es-pagne et de l'Ukraine convergent sur la méthode à employer pour répondre aux problèmes mondiaux comme la nécessité de lutter contre la piraterie internationale, un terrain sur lequel la coopération commune des deux pays a déjà porté ses fruits.

l'Espagne souhaite co-aider l'Ukraine à devenir en un pays prospère, moderne, dé-mocratique et ouvert, garant de stabilité

29a action extérieure

José Rodríguez MoyanoAmbAssAdeur d'espAgne en uKrAine

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30 A l'analyse

— Qu'est-ce que la FIIAPP ?— C'est une fondation publique, un outil de l'action extérieure, qui travaille dans le domaine de la coopération au déve-loppement et, plus concrètement, dans celui de la gouvernance et du renforce-ment institutionnel. Nous soutenons les processus de construction démocratique et de cohésion sociale dans les pays en développement, et nous contribuons à la consolidation des institutions publiques et à la formation dans le domaine de la politique, des politiques publiques et de la gestion publique. Et nous travaillons depuis la sphère publique en mobilisant le savoir-faire public et en facilitant la participation des fonctionnaires aux pro-jets internationaux. Nous sommes donc un instrument de l'Administration ser-vant à canaliser une partie de l'assistance technique publique à l'étranger. — Beaucoup d'acteurs se consacrent à la coopération, quelle est l'apport principal de la FIIAPP ?— Comme je l'ai dit, nous mobilisons le savoir-faire public et nous partageons les expériences les plus intéressantes en matière de gestion publique. À la fin de l'année, nous administrons la participa-tion de quelque 1 500 experts dans des projets de coopération internationale et nous sommes l'un des principaux agents européens de l'assistance technique pu-blique. Notre principal atout réside dans la masse critique accumulée, la gestion de la connaissance et des meilleures pratiques sur la base de l'expérience

européenne et la coordination de pro-grammes complexes de la Commission européenne. Par exemple, le programme EUROsociAL que nous dirigeons depuis quatre ans, a mené à la participation de presque 10 000 experts des deux côtés de l'Atlantique, à l'implication de plus de 2 000 institutions et à plus de 160 proces-sus de réformes et de politiques publi-ques en Amérique latine. Notre princi-pale contribution, ce sont les personnes avec lesquelles nous travaillons. — Quel rôle joue la FIIAPP dans le sys-tème de coopération espagnol ?— La Stratégie sectorielle de gouvernance démocratique, de participation citoyenne et de développement institutionnel mise en place par la Coopération espagnole nous confère un rôle d'envergure dans trois domaines : l'assistance technique publique, la cohésion sociale et la gouver-nance publique. Au cours de ces derniè-res années, nous nous sommes efforcés d'adapter l'ensemble de notre structure et de notre action à ces trois axes et, à tra-vers ceux-ci, nous souhaitons constituer un instrument utile au sein du système de coopération espagnol et européen.— Vos 30 années d'expérience dans le monde la coopération, en tant que fonctionnaire de l'AECID et l'un des promoteurs du premier Plan de coo-pération espagnol, vous associent, vous relient à l'Amérique latine. Quel regard portez-vous sur cette région et quelles sont les principales actions de la FIIAPP là-bas ?

— Il est vrai que je me sens très lié à l'Amérique latine, après toutes ces an-nées passées dans la région... Selon moi, l'enjeu principal pour l'Amérique latine est la lutte contre l'inégalité sociale, et l'arme principale pour la combattre est la démocratie. Et c'est par rapport à cet enjeu que se positionne la FIIAPP. Notre action dans la région pourrait se résumer ainsi, par le soutien de la démocratie, de l'égalité, le renforcement du secteur public, d'une citoyenneté active... Nous travaillons pour promouvoir la cohésion sociale depuis la perspective des droits, en créant des capacités, en assurant la protection, et pour le renforcement de l'État ; et nous travaillons aux côtés de ces dirigeants publics et politiques qui s'en-gagent pour la citoyenneté, la démocratie et l'égalité des chances, pour garantir, en somme, des conditions de vie dignes. Et dans le cadre de ce processus, nous lan-çons une Initiative pour la cohésion so-ciale en Amérique latine et l'organisation de la première rencontre de dirigeants sous le titre : « Agora, Amérique latine : 100 voix différentes, un même engage-ment ». — « Agora, Amérique latine » ?— Nous voulions que le nom reflète l'es-prit de la rencontre et les enjeux que nous voulons aborder. « Agora, Améri-que latine » est le fruit d'un processus de travail lancé en 2009 et qui a permis l'élaboration d'un document de base sur la cohésion sociale servant de cadre conceptuel à cette rencontre de diri-

« Depuis la sphère publique, pour le public ». Tel est la maxime de la FIIAPP (Fondation internationale et pour l'Ibéro-Amérique d'administration et de politiques publiques), une institution au service de l'action extérieure. Son directeur explique la nature et l'action de la Fondation et annonce la tenue au mois de mai prochain à Madrid de « Agora Amérique latine », première rencontre de dirigeants pour la cohésion sociale en Amérique latine.

Antonio Fernández Poyato Directeur De la FiiaPP

« Le principal enjeu pour l'Amérique latine est la lutte contre l'inégalité et notre arme principale est la démocratie »

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31A l'analyse

geants. L'objectif de « Agora, Amérique latine » est de réunir 100 personnalités du monde politique, social et culturel de l'Amérique latine appelées à jouer un rôle central dans l'agenda public de la région pour les prochaines années, afin qu'elles puissent débattre et analy-ser l'importance de l'introduction dans l'agenda public de la cohésion sociale comme base d'un nouveau modèle so-cial, de bien-être et de protection pour tous les citoyens et comme l'une des conditions pour parvenir à un déve-loppement humain et durable. « Agora, Amérique latine » représente un enga-

gement de l'Espagne envers les citoyens, les droits économiques, sociaux et cultu-rels. C'est un pari pour la démocratie, un engagement envers une classe politique capable de lutter contre l'inégalité et de garantir les droits ; et nous souhaitons accompagner le processus d'élaboration d'un nouvel agenda pour la région.— Mais l'activité de la Fondation ne se limite pas à l'Amérique latine. Quelles sont ses priorités vis-à-vis d'autres es-paces géographiques ?— Concernant l'assistance technique pu-blique, nous nous chargeons de projets en matière de justice, affaires sociales et

Le ProFIL. Antonio Fernández Poyato est diplômé en sciences poli-tiques de l'université Complutense de Madrid, où il a passé son doctorat en relations internationales puis exercé comme maître de conférences en études internationales. Titulaire d'un Executive MBA de l'Institut des en-treprises, il est aujourd'hui directeur de la FIIAPP depuis 2004. Sa carrière professionnelle s'est principalement déroulée au sein de l'AECID où il a oc-cupé, entre autres, les postes de directeur adjoint de la coopération scien-tifique et technique avec l'Ibéro-Amérique et de conseiller du président de l'Institut de coopération ibéro-américaine, puis de président de l'Agence. Il a aussi su conserver un lien solide avec ses origines cordouanes, depuis le siège de vice-président directeur général de Cajasur et celui de président du conseil social de l'université de Cordoue.

citoyenneté, administration publique et décentralisation, environnement et amé-nagement, économie, migration, affaires intérieures et défense. Nous sommes également très présents en Europe de l'Est, dans les Balkans et dans le bassin méditerranéen. Nous intervenons aussi en Afrique subsaharienne et en Asie. Au total, la FIIAPP a mené des actions pour plus de 100 pays sur tous les continents. — Vous avez souligné la vocation euro-péiste de la FIIAPP. Comment se tra-duit-elle ? — La FIIAPP est un acteur clef en Europe dans le secteur de la coopération institu-tionnelle. Actuellement, la coopération a acquis une dimension européenne fonda-mentale. Nous avons pris toute la mesure de cette importance et nous travaillons pour rendre opérationnels tous les en-gagements pris par l'Espagne envers l'Europe. Presque la moitié de nos reve-nus proviennent de la Commission euro-péenne, qui est notre principal financier. Nous participons à des programmes de coopération européens, comme le pro-gramme de jumelages, TAIEX, EUROso-ciAL ou URB-AL III, et aux appels d'of-fres d'EuropeAid et d'autres organismes internationaux. Ce n'est pas un hasard si la FIIAPP est devenue l'un des premiers acteurs publics de l'Union européenne dans le domaine de l'assistance techni-que publique et qu'elle joue un rôle de premier ordre dans l'élargissement de l'Union et dans la politique européenne de voisinage. — Pour conclure, comment envisagez-vous l'avenir de la FIIAPP ?— La FIIAPP peut très bien aspirer à devenir un laboratoire d'actions de réfé-rence dans le secteur de la gouvernance démocratique, en promouvant et en ac-compagnant les processus de dévelop-pement dans les pays et les régions visés par l'action de la Coopération espagnole et européenne. Je considère ainsi qu'il est indispensable de créer des espaces de débat, d'encourager la réflexion critique et d'encourager l'échange d'expériences, dans une attitude constructive, et sur les thèmes qui préoccupent la Fondation, tout en tâchant d'orienter le nouvel agen-da public mondial.

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32 a action extérieure en bref

Cinquième rencontre Femmes pour un monde meilleur. Valence a accueilli les 27 et 28 mars la Ve rencontre Espagne-Afrique Femmes pour un monde meilleur, qui a réuni un demi-millier de femmes d'Afrique, d'Europe et d'Amérique latine aux côtés des dirigeantes de quelque cinquante pays du continent africain, de femmes ministres et de quelques prix Nobel féminins. Cette cinquième rencontre s'inscrit dans la continuité de celles qui se sont tenues au Mozambique (2006), en Espagne (2007), au Niger (2008) et au Liberia (2009).

L'Espagne propose un plan pour promouvoir l'égalitéAu cours de ces deux journées, qui s'inscrivent dans le semestre de la pré-sidence espagnole du Conseil de l'UE, ont été abordés des thèmes en rapport avec la paix et les droits de l'homme, la croissance économique, la santé et l'éducation, la formation et la culture. La rencontre a également reçu le IIe Fo-rum sur la sécurité alimentaire, auquel ont participé le Bénin, le Burkina Faso, la Gambie, la Guinée Bissao, le Mali, la Sierra Leone et l'Espagne.

La reine Sofía a présidé la séance d'ouverture de la rencontre, cérémonie à laquelle ont participé la vice-présidente du gouvernement, María Teresa Fernán-dez de la Vega, la présidente du Liberia, Ellen Johnson-Sirleaf, la vice-secrétaire générale des Nations Unies, Asha Rose Migiro, la présidente de la Finlande, Tarja Halonen, et la mairesse de Valence, Rita Barberá. D'après Mme De la Vega, depuis la rencontre de Maputo, en 2006,

les Femmes pour un monde meilleur ont travaillé sans relâche afin d'intégrer plus de femmes, de gouvernements et d'ins-titutions dans leur détermination à faire de ce monde « un lieu plus habitable, plus juste et plus digne ».

La rencontre a été clôturée par le président du gouvernement espagnol, qui a remercié le travail des femmes réunies dans ce forum qui, a-t-il estimé, a permis d'établir un dialogue public entre les deux rives de la Méditerranée en matière de politiques de genre. Il a également passé en revue les mesures adoptées depuis 2004 en matière d'éga-lité, citant la loi intégrale contre la vio-lence de genre, la loi sur la dépendance, le congé de paternité, la loi pour l'égalité effective entre hommes et femmes, et le plan contre la traite des êtres humains à des fins d'exploitation sexuelle. De plus, il a rappelé la création du ministère de l'Égalité, affirmant qu'il s'agit du minis-

tère « de plus grande utilité par rapport à son budget ».

Plan pour l'égalité et la prise de pouvoir. C'est la responsable de ce ministère, Bi-biana Aido, qui a été chargée de présenter la proposition de l'Espagne relative au Plan stratégique Femmes pour un monde meilleur, comme étant un instrument essentiel pour protéger les droits, sup-primer les obstacles et promouvoir des opportunités pour les femmes. Ce plan considère tout d'abord l'affirmation du droit à une vie sans violence, puis du droit à la santé et du droit à l'éducation. Pour finir, il aborde l'application réelle de l'égalité des chances pour accéder à des fonctions et à des postes importants dans le domaine public, professionnel et social. Le document, qui restera ouvert à toute proposition des participants au forum de Valence, sera approuvé dans six mois et entrera en vigueur pour trois ans.

La reine Sofía et la Première vice-présidente du gouvernement, María Teresa Fernández de la Vega, aux côtés des autres participantes à la Ve rencontre Espagne-Afrique « Femmes pour un monde meilleur », qui a réuni à Valence des dirigeantes du monde entier.

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33a action extérieure en bref

La communauté internationale, avec l'Afghanistan Le 28 janvier dernier, s'est tenue à Londres la Conférence internationale sur l'Afghanistan dans le but de soutenir les priorités présentées par le président Karzaï dans son discours d'investiture, et d'établir un cadre politique pour le transfert progressif des responsabilités au gouvernement afghan, afin qu'il exerce pleinement sa souverai-neté. Au cours de la réunion, à laquelle a assisté Miguel Ángel Moratinos, le gouvernement afghan a présenté un ensemble de documents stratégi-ques sur la sécurité, la réintégration des insurgés, la bonne gouvernance, la lutte contre la corrup-tion, le développement économique, l'efficacité

de l'aide et la coopération régionale.

Manuel Ocaña rénovera les futurs locaux de Casa Mediterráneo L'architecte Manuel Ocaña a gagné le concours pour la rénovation de la gare de Benalúa à Alicante, qui accueillera la Casa Mediterráneo. Le jury a appré-cié son projet en raison de son innovation technique, qui permet d'adapter le bâtiment à un nouvel usage et de nouvelles installations. La Casa Mediterráneo, dirigée par Yolanda Parrado, a été présentée à la société et aux institutions d'Alicante au début de l'année et fait partie du réseau de « casas » du ministère des Affaires étrangères et de la coopération, véritable moteur de la diplomatie publique.

Nouveau Centre ministériel de gestion de crises Depuis janvier dernier, le ministère des Affaires étrangères et de la coopé-ration dispose d'un système de communication à la technologie de pointe, sûr et efficace, qui permet de gérer les situations de crise en garantissant une coordination maximale avec d'autres organes de l’Administration.. Inauguré par le ministre des Affaires étrangères, ce centre vient s'ajouter au Centre national, situé à la présidence du gouvernement, et aux centres qui existent déjà dans d'autres ministères.

Javier Solana, lauréat du prix européen « Charles Quint » 2010 L'ex-Haut représentant pour la politique étrangère et de sécurité commune de l'UE, Javier Solana, a reçu le prix européen « Charles Quint », décerné par la fondation Académie européenne de Yuste, qui a récompensé par le passé des personnalités telles que Mikhaïl Gorbatchev ou Felipe González. « S'il y a une personne qui a donné sa vie pour l'Europe, c'est Javier », a indiqué le président du gouvernement d'Estrémadure, Guillermo Fernández Vara, après l'annonce de la décision du jury.

Conférence internationale sur le Yémen Le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Miguel Ángel Morati-nos, a assisté à Londres à la Conférence internationale sur le Yémen, organisée dans le but de renforcer le soutien international apporté à ce pays, de coordon-ner les efforts d'aide et de parvenir à un accord pour assister le Yémen dans ses réformes politiques et économiques.

Au palais de Viana

Cycle de conférences

Séminaire de haut niveau sur le Partenariat oriental

Développement humain et société de la connaissance dans les pays arabes

Le palais de Viana a accueilli le séminai-re de haut niveau sur « L'avenir du Par-tenariat oriental : défis et opportunités », inauguré par Miguel Ángel Moratinos et ses homologues tchèque, Jan Kohout, et polonais, Radoslaw Sikorski. Organi-sé conjointement par les trois pays, il a réuni des hauts représentants des États membres de l'Union européenne, de la Commission et du Conseil européens, des six États voisins participant au par-tenariat oriental (Ukraine, Moldavie, Biélorussie, Géorgie, Arménie et Azer-baïdjan) et, en tant qu'observateurs, la Russie, la Turquie et les États-Unis. Étaient également présents des repré-sentants de la Banque européenne d'in-vestissement, de la Banque européenne de reconstruction et de développement, de la Banque mondiale et de divers groupes de réflexion européens.

Jusqu'en mai à Madrid, Cordoue, Bar-celone et Alicante, Casa Árabe organise un cycle de conférences qui bénéficient de la participation de nombreux experts sur des questions telles que « La sécu-rité humaine dans le monde arabe », « Le développement humain en Iraq, situation actuelle et perspectives », « Connaissance pour le développement dans le monde arabe : évaluation et plan d'action » et « Algérie : enseignement, genre et société, difficultés de l'émer-gence d'une élite féminine ». L'objectif est d'analyser et d'identifier les facteurs déterminants et les priorités du déve-loppement humain dans les pays arabes d'après les rapports des Nations Unies et d'autres centres de recherche.

Miguel Ángel Moratinos salue son homologue britannique, Da-vid Miliband, lors de la rencontre.

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34 a action extérieure en bref

6e dialogue interreligieux Asie-Europe Au mois d'avril, Madrid et Tolède ont accueilli le 6e dialogue interreligieux Asie-Europe de l'ASEM (Asia Europe Meeting) qui, sous le titre « La conso-lidation de la liberté religieuse et de la connaissance mutuelle par le dialogue interreligieux et interculturel », a réuni des délégations de l'Asia Europe Foundation (ASEF) et de 27 des pays membres de l'ASEM. Invitées de la présidence, étaient présentes pour la première fois la Russie et l'Australie, qui rejoindront l'ASEM en octobre.

Visite en Espagne d'une délégation de Badghis Une délégation d'autorités, de nota-bles et de personnalités de la province de Badghis (Afghanistan), conduite par le gouverneur Dilbar Jan Arman Shinwari, s'est rendue en Espagne en mars. Notre pays est présent dans la région depuis cinq ans avec une équipe de l'AECID qui travaille sur des projets d'éducation, de santé, d'agriculture, d'infrastructures, d'égalité des genres et de renforcement institutionnel.

L'Espagne et l'Australie Miguel Ángel Moratinos et son homologue australien, Stephen Smith, ont tenu une réunion au palais de Viana pour aborder des sujets concer-nant les relations bilatérales ainsi que des questions internationales d'intérêt commun.

Des microcrédits pour le Sénégal Casa África a accueilli le 18 février un séminaire qui a réuni des responsables du Fonds pour la concession de mi-crocrédits de l'AECID et les principaux établissements sénégalais de microfi-nance. Le Sénégal est un pays dont 90 % du tissu d'entreprises est composé de petites et moyennes entreprises, c'est la raison pour laquelle la conces-sion de microcrédits est en plein essor, bien qu'elle présente des disparités entre les différentes régions su pays.

Coopération multilatérale. L'Espagne et la République de Corée assument respectivement la présidence du Conseil de l'Union européenne et du G-20.

Soixante ans de relations diplomatiques entre l'Espagne et la Corée Le 17 mars a été commémoré le 60e an-niversaire de l'établissement des rela-tions diplomatiques entre le Royaume d'Espagne et la République de Corée. Depuis la reconnaissance mutuelle des deux pays et l'établissement des rela-tions diplomatiques, par échange de lettres, à Washington, le 17 mars 1950, l'Espagne et la Corée ont progressive-ment renforcé leurs liens politiques, économiques et culturels. Des liens fondés sur des valeurs universelles que partagent les deux pays, telles que la démocratie, l'économie de marché et les droits de l'homme.

À l'occasion de cet anniversaire, l'Espagne et la République de Corée

ont prévu un certain nombre d'événe-ments culturels, artistiques et sportifs, qui se dérouleront tout au long de l'an-née 2010, et contribueront sans aucun doute à renforcer et approfondir la connaissance et l'amitié entre les so-ciétés des deux pays.

De plus, cette année est particulière-ment importante pour les deux pays car l'Espagne et la Corée assument respec-tivement la présidence du Conseil de l'UE et du G-20. Cette coïncidence sera certainement mise à profit pour coopé-rer plus étroitement au niveau bilatéral ainsi que sur le plan multilatéral, au nom de la réalisation d'objectifs communs à toute la communauté internationale.

Le roi souligne le prestige de l'armée espagnole lors de sa visite au LibanLe 9 février dernier, le roi a rendu vi-site pour la première fois aux troupes détachées à Marjayoun, dans le sud du Liban, où l'armée espagnole a récem-ment pris la tête de la Force intérimaire des Nations Unies (Finul). Au cours de sa visite, le roi Juan Carlos a fait part de son soutien aux militaires espagnols et les a remerciés pour leur participation à une mission complexe et difficile, qui de-mande « beaucoup de dévouement et de sacrifice ». Parallèlement, le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Miguel Ángel Moratinos, qui a rencontré à Beyrouth le Premier ministre libanais, Saad Hariri, a assuré que le moment est venu de prendre des « décisions poli-tiques » dans le processus de paix au

Moyen-Orient, et a demandé aux parties de s'engager à négocier à tout prix une solution.

Le roi Juan Carlos, pendant l'hommage aux victi-mes, lors de sa visite sur la base espagnole Miguel de Cervantès à Marjayoun. Photo EfE

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Hommage du gouvernement aux victimes de l'Holocauste Le ministère de Affaires étrangères et de la coopération a célébré, fin janvier à Madrid, la Journée officielle de la mémoire de l'Holocauste et de la prévention des crimes contre l'humanité. Ont participé à cet hom-mage les ministres de l'Éducation et de la Culture, le secrétaire d'État à la Justice et le directeur général de Casa Sefarad-Israel, entre autres.

Garrigues conseillera la fondation Consejo España-India Au mois de mars a été signé l'ac-cord-cadre de collaboration par lequel le cabinet d'avocats prêtera conseil à la fondation créée en janvier 2009 dans le but de développer les relations bilatérales et de favoriser la coopé-ration entre l'Espagne et l'Inde dans différents domaines.

BT reliera les ambassades espa-gnoles du monde entier La filiale espagnole de l'opérateur britannique BT a été sélectionnée pour le contrat qui, au cours des quatre pro-chaines années, fournira la téléphonie fixe aux services centraux, et le réseau de données national et international du ministère des Affaires étrangères et de la coopération et des 260 sièges des représentations diplomatiques dans le monde, ambassades et agen-ces consulaires.

Le ministre se rend en Bosnie-Herzégovine Miguel Ángel Moratinos et le secré-taire d'État adjoint nord-américain, Jim Steinberg, se sont rendus à Sarajevo dans le cadre d'une stratégie commune visant à favoriser la stabilité en Bosnie-Herzégovine, et son intégration au sein de la communauté euro-atlantique. Au cours de leur séjour, ils se sont entretenus avec les principaux dirigeants politiques bosniaques afin d'aborder les réformes nécessaires pour promouvoir le rappro-chement du pays avec l'UE et l'OTAN.

Rencontre à Madrid. Les experts de l'agenda environnemental internatio-nal ont débattu à l'AECID des priorités du Réseau de la diplomatie verte pour les mois à venir.

Le Réseau de la diplomatie verte s'est réuni à MadridLe 21 janvier, a eu lieu à Madrid, au siège de l'AECID, dans le cadre du Programme de la présidence espagnole du Conseil de l'UE, la 15e réunion du Réseau de la diplo-matie verte ou GDN (Green Diplomacy Network). Il s'agit d'un réseau d'experts qui assurent la coordination de l'agenda environnemental international auprès des ministères des Affaires étrangères de l'UE. Ont assisté à la réunion des re-présentants des ministères des Affaires étrangères de 24 pays de l'UE (l'Irlande, Chypre et la Hongrie n'ont pu participer) et de la Commission et du Conseil de l'UE. Y ont été présentés le programme de la présidence sur l'environnement interna-tional (dont les priorités seront le chan-gement climatique, la biodiversité, l'eau et le milieu marin, et la qualité environne-mentale), la situation des négociations en matière de changement climatique après la Conférence des parties organisée l'an dernier à Copenhague, ainsi que la feuille de route élaborée par l'Espagne. Les dif-férents rendez-vous internationaux sur le thème de la biodiversité qui auront

lieu en 2010 ont également été rappelés, avec une attention particulière portée à la prochaine Conférence des parties de la Convention sur la diversité biologique (COP-10), qui se tiendra à Nagoya au mois d'octobre.

Les représentants de la présidence ont exposé les priorités du Réseau de la diplomatie verte pour le semestre. Le travail de ce réseau sera axé sur le thème de la biodiversité (afin de soutenir l'An-née internationale de la diversité biolo-gique, 2010), le changement climatique (en fonction des instructions reçues du Groupe de travail sur le changement climatique du Conseil de l'UE) et sur l'élaboration d'un document consignant les « bonnes pratiques » de la gestion de la diplomatie environnementale dans les ministères des Affaires étrangères des 27 États membres et à la Commis-sion européenne. Enfin, ils ont abordé les différents modèles d'intégration des questions environnementales dans les ministères des Affaires étrangères des 27 États membres de l'UE.

35a action extérieure en bref

Casa de América reçoit les ministres de l'Éducation Ibéro-américainsSous le titre de « Éducation, innovation et inclusion sociale », le Forum des mi-nistres de l'Éducation d'Amérique la-tine et des Caraïbes – Union européenne s'est tenu à la Casa de América les 25 et 26 mars. Lors de cette rencontre, il a été question du rôle décisif de l'éducation dans le développement social ibéro-américain et des défis auxquelles elle doit faire face. Organisée par le ministère de l'Éducation espagnol et l'OEI comme

activité préparatoire au prochain som-met UE-Amérique latine et Caraïbes, ses objectifs sont multiples. Il s'agit entre autres de promouvoir la qualité et l'amé-lioration de l'éducation dans les pays hispano-américains, en particulier au moment où ils fêtent leur bicentenaire. C'est précisément ce à quoi s'attache le programme « Objectifs éducatifs 2021 : l'éducation que nous souhaitons donner à la génération des bicentenaires ».

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36 a action extérieure en bref

Société publique des expositions internationales. Le 1er mai prochain se lèvera le rideau de l'exposition universelle de Shanghai, où l'Espagne se distinguera avec un pavillon modèle de durabilité.

Compte à rebours pour l'Expo Shanghai 2010En janvier dernier, a eu lieu à Madrid la présentation du pavillon de l'Espagne pour l'exposition universelle de Shanghai 2010, qui se tiendra du 1er mai au 31 octo-bre. Les ministres des Affaires étrangères et de la coopération, de la Culture et du Logement, ainsi que des représentants de diverses institutions du pays assistaient à cette cérémonie. La participation de l'Es- La participation de l'Es-La participation de l'Es-pagne constitue une excellente opportu-nité de promouvoir notre image en Chine, pays qui accueillera pour la première fois une exposition universelle, où sont atten-dus plus de 70 millions de visiteurs. Le pavillon de l'Espagne, projet original du bureau d'architecture Miralles-Tagliabue, deviendra le siège d'organismes espagnols dans la ville une fois ce rendez-vous inter-national terminé, et est construit selon des critères écologiques.

Le thème du pavillon de l'Espagne

tournera autour de l'exposition « De la ville de nos parents à celle de nos enfants », une rétrospective sur la vie en Espagne, œuvre des réalisateurs de cinéma Bigas Luna, Basilio Martín Patino et Isabel Coixet. L'agenda culturel prévoit également d'im-portants rendez-vous pour la promotion du flamenco, de la danse, du théâtre, de la photographie, du cinéma et de l'architec-ture, grâce à la collaboration d'institutions espagnoles telles que Casa Asia ou l'Insti-tut Elcano. La gastronomie occupera un rôle prépondérant avec un programme spécifique qui amènera quelques-uns des cuisiniers espagnols les plus renommés du moment à se rendre en Chine. L'initiative espagnole cherchera également à intensi-fier les rencontres d'entreprises grâce à un point de rencontre pour entrepreneurs, destiné à renforcer les relations économi-ques entre la Chine et l'Espagne.

Miguel Ángel Moratinos contemple le pavillon de l'Espagne, avec le directeur général de la politique étran-gère pour l'Asie et le Pacifique et le directeur général de la SEEI, José Eugenio Salarich. Photo EfE

Stratégie de sécurité espagnole Le 1er février, Javier Solana a présidé la réunion de la commission chargée d'élaborer la Stratégie de sécurité espagnole, annoncée par le président du gouvernement. Cette stratégie, dont l'élaboration devra être achevée avant le 30 novembre, cherchera à attein-dre un consensus maximal au niveau politique et territorial. Son objectif est de garantir la sécurité de l'État et des citoyens. Outre Javier Solana, la com-mission est composée des secrétaires d'État aux Affaires étrangères, à la Défense, aux Finances, et à la Sécurité. En font également partie le directeur du cabinet de la présidence du gouver-nement et le directeur du CNI.

Les ambassadeurs palestiniens se sont réunis à Madrid Le ministre des Affaires étrangères et de la coopération a rencontré le Premier ministre de l'Autorité nationale palesti-nienne au palais de Viana. La rencontre a eu lieu dans le cadre de la réunion annuelle qui rassemble les ambassa-deurs palestiniens détachés en Europe, et Madrid a été choisie en raison de la présidence du Conseil de l'UE.

Journée internationale de la femme À l'occasion de cette journée, le ministère de l'Égalité a annoncé di-verses mesures, dont la mise en place du service téléphonique d'aide aux victimes de mauvais traitements, et à rendu publiques les conclusions sur la violence de genre, qui inclut la création d'un Observatoire européen.

Javier Solana, aux côtés du secrétaire d'État aux Affaires étrangères, Ángel Lossada. Photo EfE

États-Unis, première destination des investissements espagnolsDans le cadre du « Plan Made in/by Spain », près de 300 actions de pro-motion d'entreprises, auxquelles ont participé plus de 1 500 entreprises espagnoles, ont été réalisées l'an der-nier aux États-Unis. L'investissement

espagnol a résolument misé sur le marché américain, attiré par les plans de relance. L'Espagne y a investi plus de 4 milliards d'euros, soit 47,8 % du total des investissements espagnols à l'étranger, et presque dix points de

plus que l'année précédente.

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37a action extérieure en bref

L'entrée en vigueur de la Convention sur les armes à sous-munitions approche Avec le dépôt, le 16 février dernier, du trentième instrument de ratification de la « Convention sur les armes à sous-munitions » auprès du Secrétariat général des Nations Unies par le Burkina Faso, le compte à rebours a commencé pour l'entrée en vigueur, le 1er août 2010, de ce nouvel instrument du droit international humanitaire, qui interdit une catégorie entière d'armes conventionnelles dont l'utilisation avait un impact inacceptable sur la population civile dans des zones de conflit et post-conflit. Notre pays a participé activement au processus de négociation et a signé la Convention le premier jour de signature, le 3 décembre 2008, à Oslo.

L'Amérique latine, l'Espagne et les États-Unis, pour l'intégration transatlantique Le secrétaire d'État à l'Amérique latine, Juan Pablo de Laiglesia, a participé à la Conférence « Pour un renforcement de l'intégration transatlantique : Amérique latine, Espagne et États-Unis », organisée à Madrid par le Secrétariat général his-pano-américain et la Americas Society/

Council of the Americas. La conférence a analysé la conjoncture actuelle et son impact en termes de relance économique, de croissance et de création d'emplois dans l'hémisphère occidental.

L'Espagne aide le Chili après le séisme À travers l'AECID, le gouvernement espagnol a envoyé un avion avec à son bord des équipes de sauvetage, en réponse à la demande des autorités du pays andin après le tremblement de terre. Immédiatement après le séisme, l'AECID a réalisé un travail de coordination avec les institutions publiques et les ONG ayant l'expérience de ce type de catastrophes, afin de garantir une réponse espagnole la plus rapide et la plus efficace possible aux besoins exprimés par le gouverne-ment chilien.

Le secrétaire d'État aux Affaires étrangères se rend en Namibie Ángel Lossada a effectué un voyage en Namibie, où il a assisté à l'investiture du président Pohamba et aux cérémonies de célébration du vingtième anniversaire de l'indépendance du pays. La Namibie est un partenaire privilégié de l'Espagne dans la région de l'Afrique australe et, de plus, nous célébrons cette année le vingtième anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre les deux pays.

Les préparatifs de l'année de l'Espagne en Russie se poursuivent Le secrétaire d'État aux Affaires étrangères, Angel Lossada, a présidé au palais de Viana la IIIe réunion bilatérale hispano-russe pour la célébration de l'année de l'Espagne en Russie et de la Russie en Espagne. Ce projet trouve son origine dans une initiative conjointe du président Medvedev et du président du gouverne-ment espagnol Rodríguez Zapatero, prise lors de la conférence de Yaroslav, le 14 septembre 2009, dont la finalité est de lancer un vaste programme de projets éducatifs, culturels, scientifiques et économiques au cours de l'année 2011, afin de donner à l'avenir un élan qualitatif à nos relations.

Un outil de coordination

Première année en vigueur

Carte de l'action extérieure de l'Espagne en Amérique latine

Près de 82 000 nouveaux Espagnols avec la loi sur la mémoire historique

La Carte de l'action extérieure de l'Es-pagne en Amérique latine, proposée et développée par le ministère des Affai-res étrangères et de la coopération et la fondation Carolina, est désormais opéra-tionnelle. Elle a pour but d'approfondir la connaissance des relations que l'Espagne entretient avec l'Amérique latine. Parmi ses principales caractéristiques, signa-lons que les informations qu'elle contient offrent des possibilités de consultation multiples, et qu'elle est régulièrement mise à jour. Parmi les sources d'informa-tions, il convient de mentionner tout par-ticulièrement la Direction générale de la planification et de l'évaluation des politi-ques de développement (DGPOLDE) du ministère des Affaires étrangères et de la coopération. L'élaboration de cette carte a nécessité le développement d'un site Internet, www.mapaaccionexterior.org/mapa, qui permet de consulter l'informa-tion de manière simple et dynamique.

Au cours de la première année d'appli-cation de la loi sur la mémoire histori-que, les agences consulaires de l'Espa-gne ont approuvé 81 715 demandes, soit 50,6 % des demandes déposées. Au total, plus de 160 000 demandes d'octroi de la nationalité espagnole d'origine, dans le cadre de cette loi, ont été enregistrées dans les 183 agences consulaires que l'Espagne possède dans le monde. 95 % des demandes ont été déposées auprès des agences consulaires espagnoles en Amérique latine. L'immense majorité correspond au cas de personnes dont le père ou la mère était espagnol.

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38 A l'analyse

— La réforme annoncée des Nations Unies commence à se traduire par des actions concrètes et, une fois de plus, les femmes sont les pionnières de ces changements. Quel est l'objectif de la création de ce nouvel organisme char-gé des questions de genre ?— Le contexte à l'heure actuelle est très favorable à des changements visant la consolidation de la capacité des Nations Unies dans des domaines comme l'éga-lité de genre et les droits des femmes. Il est urgent de disposer d'une agence forte et dont le financement suffisant lui per-mette d'apporter des réponses aux pré-occupations des femmes. Avec la mise en place de ce nouvel organisme, tant les États membres que le système des Na-tions Unies espèrent voir augmenter leur capacité, ainsi que leur efficacité. Une augmentation significative des ressour-ces est aussi attendue, ce qui se traduira par un plus ample budget consacré à l'égalité de genre. — Comment cette réorganisation va-t-elle contribuer à l'obtention de meilleurs résultats ?— Le nouvel organisme devrait mettre en place des programmes innovateurs et ca-talytiques à l'échelle des pays, lancer des initiatives de coopération technique ca-pables de répondre vraiment aux besoins

des femmes tant à niveau national que régional, et aider à renforcer les capacités locales. Il est de toute façon important de signaler que la création de ce nouvel or-ganisme n'exonérera pas les autres agen-ces de l'ONU de leur obligation d'inclure les questions et les formations pertinen-tes en matière d'égalité de genre à leurs programmes, budgets et ressources hu-maines.— Comment s'intégreront au sein de cette nouvelle structure les quatre agences qui jusque-là se chargeaient des avancées des femmes dans le mon-de ? Quels sont les principaux enjeux ?— Le nouvel organisme sera créé à par-tir des quatre organisations des Nations Unies qui œuvrent depuis plusieurs dizai-nes d'années en faveur des femmes et qui sont le Fonds de développement des Na-tions Unies pour la Femme (UNIFEM), l'Institut international de recherche et de formation des Nations Unies pour la pro-motion de la Femme (UN-INSTRAW), la Division de la promotion de la Femme (DPF/DAW) et le Bureau de la Conseillè-re spéciale pour la parité des sexes et la promotion de la Femme (OSAGI). Même si les discussions portent encore sur des questions logistiques, le nouvel organisme devrait avoir accès aux res-sources déjà existantes et aux équipes

Les Nations Unies préparent la création d'un nouvel organisme qui sera chargé de promouvoir l'égalité des chances entre hommes et femmes. Cet-te étape pourrait représenter la consolidation des quatre autres organismes des Nations Unies qui travaillent actuellement sur les questions d'égalité de genre. L'un d'entre eux est le Fonds de développement des Nations Unies pour la Femme (UNIFEM) que dirige l'Espagnole Inés Alberdi.

Inés Alberdi Directrice exécutive D'uNiFeM

« L'Espagne est un pays engagé vis-à-vis de l'avancée du droit des femmes et de l'égalité de genre »

LE proFIL. Première direc-trice exécutive espagnole à la tête de l'UNIFEM, Inés Alberdi a tra-vaillé plus de 25 ans sur des thè-mes d'égalité de genre et dans la politique. Professeure et titulaire d'un doctorat en sociologie, elle a enseigné à l'université Complu-tense de Madrid. Auparavant, elle avait été directrice du départe-ment de recherche du CIS (centre de recherches sociologiques). Députée à l'Assemblée de Madrid de 2003 à 2007, elle a également occupé un poste de chercheuse associée à l'université George Washington et a été professeurs invitée du département de socio-logie de l'université de George-town. Elle est enfin l'auteure d'un grand nombre d'articles sur les thèmes de la famille et du genre.

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39A l'analyse

présentes à niveau national et sous-ré-gional. De plus, il est important d'obser-ver que les programmes actuellement en cours et financés sur la base d'accords bilatéraux entre l'UNIFEM et des pays donateurs, ne se verront pas concernés par la réorganisation. — L'UNIFEM est présent dans plus de 60 pays en développement et dispose de 15 délégations sous-régionales et de bureaux de liaison au Japon et en Espagne actuellement, d'un autre à Bruxelles auprès de l'UE, et d'un der-nier à Addis-Abeba pour l'Union afri-caine. L'un de ces bureaux se trouve à Madrid. Quel travail réalise un bureau de liaison ?— Il s'agit d'un travail de proximité avec le gouvernement et les autres partenaires afin de promouvoir le droit des femmes. L'Espagne est un pays engagé vis-à-vis de l'avancée du droit des femmes et de l'égalité de genre. Et ceci inclut le gou-

vernement national, les gouvernements régionaux, les administrations locales, la société civile, les universités et aussi, de plus en plus, les entreprises. L'UNIFEM maintient des accords de collaboration avec bon nombre de ces acteurs et nous croyons qu'une présence de proximité est importante pour rendre des comptes aux citoyens espagnols sur l'usage qui est fait des fonds publics destinés à l'aide au dé-veloppement. L'Espagne figure parmi les premiers donateurs de l'UNIFEM dans le monde. Son soutien a été crucial pour l'expansion de la capacité de l'UNIFEM dans les pays en développement. — À quelles actions menées par UNI-FEM contribuent les fonds espa-gnols ? — Nous sommes sur la voie d'un Accord d'association stratégique avec le ministère des Affaires étrangères et de la coopéra-tion espagnol en vue de mener des actions au cours des trois prochaines années. Cet

accord part sur la base d'une expérience précédente de partenariat très positive et renforcera cette coopération fructueuse en permettant une meilleure planifica-tion des actions dans le temps. Ce cadre de coopération, qui coïncide avec la pour-suite de notre Plan stratégique 2008-2013, porte sur des programmes et des initia-tives dans le domaine de l'égalité et de la lutte contre la pauvreté, sur le respect des objectifs du Millénaire, la justice en ma-tière de genre, la construction de la paix et sur les avancées des droits de la Femme tels qu'ils ont été définis par la Convention sur la suppression de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CE-DAW) et la Plate-forme d'action de Pékin qui fête ses 15 ans en 2010. Par exemple, concernant la CEDAW – un outil juridi-que très important ratifié par 186 États et qui a fêté son trentième anniversaire en 2009 –, l'Espagne soutient le travail que l'UNIFEM réalise en Asie, où nous sou-haitons que davantage d'États s'imposent, pas seulement en termes généraux mais par des changements institutionnels, de modifier les stéréotypes médiatiques et culturels sur la femme. En Afrique, nous menons grâce à l'aide espagnole des pro-grammes aussi essentiels que ceux ayant trait à la lutte pour les droits économiques des femmes, la lutte contre la violence de genre ou encore la construction de la paix dans des régions en conflit ou en si-tuation post-conflit. Cette année est aussi le dixième anniversaire de la Résolution 1325 relative aux femmes, à la paix et à la sécurité et c'est là l'un des piliers du travail de l'UNIFEM ; tout comme la réforme du code de la famille au Maroc, que soutient la coopération catalane.

En outre, la région de l'Amérique la-tine et des Caraïbes est une zone d'action prioritaire pour l'Espagne et nous menons là-bas de vastes programmes régionaux tels que les programmes de budgets sexos-pécifiques, Villes sûres ou le programme d'accès au pouvoir des femmes indigènes. L'UNIFEM bénéficie enfin de l'excellent travail que réalisent les professionnels es-pagnols, des femmes pour la plupart, avec l'aide financière du gouvernement et de certaines Communautés autonomes.

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Analyse. L'Escola de Cultura de Pau de Barcelone, avec le soutien de l'AECID, a présenté un diagnostic qui mesure, entre autres, le degré d'implication des Communautés autonomes en matière de politiques de construction de la paix ou de sensibilité aux conflits.

Bâtir la paix depuis les Communautés autonomes

40 ccoopération

Il existe une idée très répandue selon la-quelle la promotion du développement contribue à la paix, ce qui revient à dire que plus de développement est syno-nyme de plus de paix. Cependant, depuis la fin des années 90, les théories de sen-sibilité aux conflits mettent à bas cette équation en démontrant que les projets de coopération ou d'action humanitaire, même en remplissant leurs objectifs de coopération et d'aide humanitaire, peu-vent contribuer à la hausse de l'insécu-rité et à renforcer les groupes armés de la région. Ces théories soutiennent donc qu'il est nécessaire de mener des politi-ques spécifiques de coopération pour la paix ou, du moins, de faire en sorte que la coopération avec des pays en situation de tension ou de conflit armé tienne compte du contexte afin d'éviter un impact néga-tif sur le degré de violence dans le pays.

Sur la base de la publication par le MAEC de sa Stratégie de construction de la paix pour la coopération espagnole, qui reconnaît la construction de la paix comme l'un des axes prioritaires de la

coopération espagnole, une étude réalisée par « En primer lugar » remarque qu'une portion importante de la coopération des Communautés autonome est destinée à des pays en situation de tension ou de conflit armé. 61,7 % des pays considérés comme prioritaires se trouvent en situa-tion de tension ou de conflit armé. Parmi les 50 principaux pays destinataires de l'AOD, 55,85 % des fonds sont consacrés à des pays qui connaissent des tensions ou des conflits armés. L'implication des Com-munautés autonomes dans des contextes de tension et de conflits armés représente par conséquent près de la moitié de leurs interventions. Mais cette intervention dans de nombreuses situations de tension ou de conflit armé se traduit-elle par une politique cohérente de construction de la paix ou de sensibilité aux conflits ?

Il a été constaté, d'une part, que 64,7 % des plans directeurs établissent d'une façon ou d'une autre des objectifs de construction de la paix (en tant que principe directeur, par la mise en pra-tique d'interventions spécifiques, etc.).

D'autre part, on a observé que pour cer-taines Communautés autonomes dispo-sant d'une stratégie de construction de la paix ou de sensibilité aux conflits, la proportion de pays en situation de conflit armé ou de tension reste faible, tandis que pour d'autres, qui accordent une part importante à ces pays considérés priori-taires, les politiques de construction de la paix ne sont pas mises en avant. Dans la majorité des cas, en l'absence d'une allo-cation minimale pour la construction de la paix, les coûts de ce type de projets va-rient considérablement (coût moyen de 2,88 % en 2006 et de 0,61 % en 2007).

De même, seuls deux organismes du secteur de la coopération disposent de personnel spécifiquement assigné à des tâches de construction de la paix : l'Agen-ce catalane de coopération au développe-ment et l'AECID.

Ces remarques, entre autres conclu-sions du diagnostic de départ, permettent d'ébaucher certaines propositions en vue de continuer à renforcer les politiques de construction de la paix des Communau-tés autonomes. Par exemple, il convien-drait qu'au moment de définir la politique de coopération, la proportion des pays prioritaires en situation de tension ou de conflit armé soit prise en compte. Cette politique devrait également se refléter dans les appels d'offres et les formulaires. Parallèlement, les Communautés auto-nomes doivent mettre en place les direc-tives du CAD en matière de coopération dans des contextes de conflit armé, et de la Stratégie de construction de la paix de la Coopération espagnole. Un autre aspect important porte aussi sur la réa-lisation d'évaluations à la mi-parcours et à la fin des interventions, et la formation du personnel technique des agences de coopération et des ONG sur les thèmes de construction de la paix et de sensibi-lité aux conflits.

Le rapport complet, « Diagnostic de la construction de la paix, analyse des pers-pectives de construction de la paix dans le cadre de la coopération au développe-ment des Communautés autonomes », peut être consulté sur Internet : http://escolapau.uab.cat

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41ccoopération

L'Espagne apporte trois millions à la Commission contre l'impunité L'Espagne a contribué à hauteur de trois millions d'euros à la Commission internationale contre l'impunité au Guatemala (Cicig), une instance de l'ONU qui, depuis 2007, enquête sur les crimes de « grand impact » dans ce pays. Avec ce don, l'Espagne aura apporté six millions d'euros pour le financement de la Cicig au cours des douze derniers mois. La Commission, présidée par le juge espagnol Carlos Castresana et à laquelle participent plus de 150 professionnels, enquête actuellement sur près de 20 dossiers dans lesquels pourraient être impliqués des organisations de trafic de stupéfiant, le crime organisé et des bandes de jeunes délinquants.

La photographie d'Isabel Muñoz et les droits de l'enfant UNICEF, l'œuvre sociale La Caixa et l'AECID présentent, jusqu'au 29 août au CaixaForum de Barcelone, une exposition de portraits de l'enfance dans le mon-de, réalisés par Isabel Muñoz, à l'occasion du 20e anniversaire de la Convention des droits de l'enfant. Isabel Muñoz a visité 20 pays d'Europe, d'Afrique, d'Asie et d'Amérique, et a capté avec son appareil photo les conditions de vie réelles des nouvelles générations. L'exposition se divise en 40 modules répartis le long du hall et des terrasses du CaixaForum Barcelona. À partir du 15 septembre, l'exposition sera présentée au siège de CaixaForum à Madrid.

TVE lance « Historias del Milenio » Televisión Española va sillonner la planète avec la nouvelle série « Historias del Milenio » (Histoires du millénaire) afin de présenter des récits concrets liés aux huit objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) au travers des personnes qui rendent possible ce changement, ceux qui survivent dans les pays les moins favorisés et luttent pour prendre soin de leur famille. Les OMD sont nés en septembre 2000 d'un engagement pris au niveau mondial pour sauver la planète. Les dirigeants de 189 pays ont alors conçu un plan de réduction de la pauvreté pour 2015 et ont défini 8 objectifs pour combattre l'inégalité, la maladie et l'igno-rance, tout en respectant la Terre et les êtres humains qui la peuplent.

L'Espagne doublement récompensée à la Biennale d'Alexandrie La participation espagnole à la XXVe édition de la biennale d'Alexandrie, qui a réuni des œuvres des artistes Valeriano López (Huescar, Grenade, 1963) et Rómulo Royo (Saragosse, 1976), s'est vue remettre deux prix importants par les organisateurs. L'œuvre de Valeriano López intitulée « Top Balsa » a reçu la mention d'honneur du jury, tandis que Manuel Romero a obtenu une impor-tante récompense pour sa carrière au poste de commissaire de la biennale. L'AECID renforce ainsi la présence de l'Espagne à cet événement ; l'Espagne étant le seul pays, avec l'Égypte, à avoir participé à toutes ses éditions.

Bibliothèque juridique au Timor oriental Le président du Timor oriental, José Ramos Horta, a inauguré le 8 février dernier la Bibliothèque juridique spécialisée dans les droits de l'homme et la bonne gouver-nance, financée par l'AECID. Le bâtiment peut conserver plus de 2 000 volumes et son fonds initial compte déjà plus de 700 livres spécialisés. La bibliothèque dispose d'une grande salle principale de lecture et équipée de postes audiovisuels.

Photogramme de l'un des chapitres sur la briqueterie de Huachipa au Pérou. Photo AECID.

Budget de plus de 5 milliards d'euros

Le gouvernement adopte le Plan de coopération pour 2010Le Plan concentre ses priorités sur la stratégie de sortie de la crise économique et financière et sur l'étude de son impact dans les pays en développement. Il prévoit également d'encourager la lutte contre le changement climatique et la durabilité environnementale. La difficile situation économique actuelle a obligé à revoir les prévisions du Plan annuel de coopération internationale qui vient d'être voté par le gouvernement. Celui-ci établit donc pour 2010 une prévision pour l'aide of-ficielle au développement (AOD) nette de 5 264,61 millions d'euros, soit 0,51 % du revenu national brut. Avec ce chif-fre, l'Espagne respecte son engagement d'atteindre l'objectif de 0,56 % du PIB et maintient une tendance à la hausse en ma-tière d'aides. Ce montant total de l'AOD comprend la somme des moyens destinés à l'aide au développement par l'Adminis-tration générale de l'État (4 586,1 millions d'euros), les Communautés autonomes (516,36 millions), les collectivités loca-les (152,67 millions) et les universités (9,49 millions). Dans la part de l'Adminis-tration nationale, il convient de distinguer la contribution du ministère des Affai-res étrangères et de la coopération (avec 2 757,23 millions d'euros, soit 52,37 % de l'AOD nette totale espagnole), suivie par celle du ministère de l'Économie et des fi-nances (avec 1 500,27 millions et 28,50 % de l'AOD). Du point de vue géographique, l'Afrique devient le principal récepteur des aides (46,37 %), suivie par l'Amérique latine (34,92 %). En outre, le Plan 2010 suit la tendance qui consiste à présenter ses contenus de façon plus brève et plus préci-se, en éliminant les références doctrinales ou descriptives, dans un souci d'efficacité. D'un point de vue stratégique, il établit les priorités essentielles, parmi lesquelles on trouve la recherche de l'efficacité et de la cohérence de l'aide et le soutien à l'agenda du développement au cours du tour de présidence du Conseil de l'UE.

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42 ccoopération

Accord avec la Fondation socioculturelle de basket-ball

L'AECID soutient le sportLa secrétaire d'État à la Coopération internationale et le président de la Fé-dération espagnole de basket-ball ont signé un accord qui permettra la mise en marche de toute une série d'activités et de projets conjoints pour l'Afrique. Ce modèle de coopération s'est déjà concrétisé dans un programme de sou-tien au système éducatif pour 550 en-

fants au Maroc et d'assistance sociale à leurs parents, ainsi que par un program-me de santé destiné à l'assistance sani-taire dans un centre hospitalier en Côte d'Ivoire. Soraya Rodríguez a déclaré que « pour beaucoup d'enfants africains, un terrain de basket est un puissant cata-lyseur qui parvient à les tirer du déses-poir et de la pauvreté ». Pour sa part,

José Luis Sáez a remercié le secrétariat d'État pour son soutien et a affirmé que « le sport ne représentera pas une solu-tion définitive pour l'Afrique mais, par ce moyen, nous pouvons parvenir à des résultats intéressants. Nous souhaitons que le basket-ball africain puisse se dé-velopper car c'est aussi là un concept qui nous rend meilleurs ».

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Institut Cervantès. Le rapport 2009 de « L'espagnol dans le monde » reflète la demande croissante pour l'espagnol au Brésil.

La directrice de l'Institut Cervantès, Carmen Caffarel, a récemment pré-senté le Rapport annuel 2009 qui ana-lyse la situation de la langue espagnole et de la culture en espagnol dans dif-férentes régions du monde. Le rapport expose en détail la situation de notre langue dans trois zones géographi-ques particulièrement importantes, la Russie, l'Afrique subsaharienne et le Brésil.

On compte plus de 20 000 élèves apprenant l'espagnol en Russie, dont

près du quart sont inscrits à l'Institut Cervantès de Moscou. L'espagnol oc-cupe ainsi le quatrième rang des lan-gues étrangères et il est possible de l'étudier dans 18 universités du pays.

L'Afrique subsaharienne se dis-tingue par la promotion qu'elle fait de l'espagnol, comme le prouvent les différentes actions dans le cadre du dernier Plan Afrique, et avec un fort investissement dans la promotion de cette langue, malgré les carences du domaine scolaire dans la région. Le

centre de l'Institut Cervantès de Da-kar est un bon exemple de ces efforts de promotion dans cette zone géogra-phique.

C'est toutefois au Brésil que la lan-gue espagnole jouit du plus fort en-gouement, motivé dans une large me-sure par la décision du gouvernement brésilien d'introduire l'enseignement de l'espagnol dans les établissements d'enseignement secondaire depuis 2005. Le pays compte ainsi plus de cinq millions d'étudiants de l'espagnol, auxquels l'Institut Cervantès apporte un important soutien.

Le document souligne par ailleurs l'importance du travail mené par l'Agence espagnole de coopération internationale pour le développement dans la diffusion de notre langue au travers d'importantes actions straté-giques dans un grand nombre de ses projets.

Le rapport en chiffres450 millions de personnes parlent espagnol dans le monde. 5 millions de Brésiliens étudient actuellement l'espagnol. L'Institut Cervantès pos-sède 9 centres au Brésil. 20 000 personnes étudient l'espagnol en russie. 100 000 étudiants de l'espagnol au Sénégal.

L'espagnol, une langue en plein essor dans le monde

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Que pensent les citoyens européens de l'aide au développement ? Environ 90 % des Européens considèrent le développement comme très important et 72 % sont favorables au maintien, voire à l'expansion des en-gagements existants d'aide aux pays en voie de développement. Une grande majorité des citoyens européens (61 %) estiment que l'Europe peut contri-buer de manière positive au débat sur le développement mondial. Le fait que la crise économique ne soit pas considérée comme un grand danger pour les pays en voie de développement s'avère intéressant.

Expédition culturelle sur le fleuve Paraná Au cours du mois de mars, l'Argentine et le Paraguay on développé le projet intitulé « Paraná Ra'Anga » (la figure du Paraná). Dans la lignée des anciennes expéditions scientifiques et culturelles, Paraná Ra'Anga a remonté les fleuves Rio de La Plata, Paraná et Paraguay, depuis Buenos Aires jusqu'à Asunción. L'idée de parcourir la région reprend cette tradition historique qui fait du voyage un outil de la connaissance et de l'association des arts et des sciences pour regarder et comprendre différemment le Paraná. Cet événe-ment a bénéficié de la participation d'artistes et de scientifiques (anthro-pologues, écologues, astrophysiciens, ingénieurs, architectes, musiciens, écrivains, etc.) argentins, paraguayens, néerlandais et espagnols.

Madrid, centre du débat sur la cohésion sociale en Amérique latine Le Jardin botanique royal de Madrid accueillera, du 18 au 20 mai, « Agora, Amérique latine », une rencontre au cours de laquelle des personnalités de renom appartenant aux sphères politique, sociale et culturelle et appelées à jouer un rôle important dans l'agenda public de l'Amérique latine dans les années à venir, analyseront l'importance de la cohésion sociale pour la réduc-tion de l'inégalité. Des espaces de rencontre et de dialogue seront également ouverts au public dans le cadre de ce rendez-vous organisé par la FIIAPP.

L'AECID présente le Salon international de l'étudiant Avec la devise « L'Éducation construit la citoyenneté », l'AECID a participé cette année encore à AULA, le Salon international de l'étudiant et de l'offre éducative, où elle a présenté sur son stand les actions réalisées en ma-tière d'éducation pour le développement formel, ainsi que les projets et les accords partagés avec les ONGD espagnoles dans ce domaine. Durant toute la durée du Salon, des exemplaires gratuits de plusieurs livres publiés par le ministère des Affaires étrangères et de la coopération à travers l'AECID et le ministère de l'Éducation ont été distribués.

À Cartagena de Indias

Au siège de l'AECID

Atlas sociolinguistique des peuples indigènes

tourisme et développement en Amérique centrale

Le Centre de formation de la coopération espagnole à Cartagena de Indias a pré-senté le 10 mars, lors d'une cérémonie of-ficielle, l'Atlas sociolinguistique des peu-ples indigènes d'Amérique latine, réalisé par UNICEF, l'AECID et la Fondation pour l'éducation dans des contextes plu-rilinguistiques et multiculturels. Publié en deux tomes, l'Atlas parcourt, du sud au nord, 21 pays latino-américains, depuis la Patagonie jusqu'au Mexique, et décrit les 522 peuples indigènes, grâce à des don-nées démographiques, géographiques et en portant un regard critique sur leur si-tuation actuelle. L'Atlas a été conçu com-me un instrument pour la conception et la mise en place de politiques publiques afin que celles-ci prennent en compte la richesse et la complexité sociolin-guistique de l'Amérique latine. De plus, un DVD interactif accompagne le livre, avec des graphiques, des statistiques et des cartes pour son utilisation dans les écoles, les médias et par les organisations indigènes du continent.

Au siège de l'AECID à Madrid et dans le cadre du Salon international du touris-me (FITUR), une rencontre s'est tenue entre les responsables du tourisme es-pagnols et des pays d'Amérique centrale afin d'établir un bilan et analyser les principaux résultats des projets menés à travers le Plan d'action pour la promo-tion du tourisme durable dans la région centraméricaine. Sécurité touristique, qualité et compétitivité, renforcement institutionnel... sont quelques-uns des nouveaux défis que le secteur doit rele-ver pour réussir l'intégration touristique de cette région d'Amérique latine.

Deux photographies de l'exposition, de l'Argentin Roland Paiva.

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44 A l'analyse

— Comment est née l'initiative ART et en quoi consiste-t-elle ?— L'initiative ART (articulation de ré-seaux thématiques et territoriaux) est née en 2005. Cette année-là, le PNUD l'a définie dans son bureau de liaison à Ge-nève comme porte d'entrée des acteurs de la coopération décentralisée intéres-sés par l'échange de bonnes pratiques et d'idées innovantes ainsi que par les opé-rations complémentaires et coordonnées sur le terrain en soutien aux processus nationaux de développement local. — Quel type d'institutions ou d'or-ganismes participent à l'initiative ART ?— En premier lieu, les pays partenaires qui souhaitent renforcer les capacités de développement de leurs gouvernements infranationaux et augmenter l'impact et la cohérence de la coopération inter-nationale intervenant au niveau local ; ensuite, les pays donateurs qui souhai-tent soutenir l'approche territoriale et contribuer ainsi à la mise en œuvre du processus d'Accra et de la Déclaration de Paris, et renforcer les relations entre acteurs locaux et, enfin, les relations des administrations locales et intermédiai-res avec les multiples acteurs sociaux et économiques des territoires. À ce jour, les pays donateurs sont la Belgique, le Canada, la Grèce, l'Espagne, l'Italie, la Suède et la Suisse. L'Espagne se démar-que particulièrement, à la fois par les ressources qu'elle engage comme par le nombre d'acteurs de la coopération décentralisée qui participent à l'initia-tive. Le dénominateur commun de ces

acteurs est l'intérêt qu'ils portent à l'ap-proche stratégique et coordonnée de l'action sur le terrain pour aborder les grands défis, par exemple les processus de développement durable, la prestation de services publics, la gouvernance dé-mocratique, ou les causes et les effets des mouvements migratoires. — Quel pays accueille le plus de pro-grammes ART ? — Plutôt que de citer l'un ou l'autre pays, je dirais que les résultats sont plus évidents dans ceux où l'initiative est en œuvre depuis plus longtemps. C'est le cas du Sri Lanka, où plus de 1 000 com-munes espagnoles ont coordonné leurs efforts respectifs et ont ainsi conçu, en accord avec l'Agence espagnole de la coopération internationale pour le dé-veloppement (AECID), le PNUD et le pays lui-même, un programme d'assis-tance à la gestion de la réhabilitation et de la reconstruction suite au tsunami qui a frappé la province du sud. Au Maroc également, dans les régions de Tanger-Tétouan et d'Oujda, où plus de 52 or-ganismes de coopération décentralisée mènent des actions dans le cadre des plans communaux de développement. La Direction générale des collectivités locales du ministère de l'Intérieur du Maroc a décidé en 2009 d'adapter ces instruments au niveau national afin de les proposer aux autres régions du pays qui souhaitent relever ensemble les défis les plus pertinents pour le développe-ment local. Pour sa part, Cuba a montré comment la coopération décentralisée pouvait avoir un rôle très novateur dans

le processus national de reconversion du secteur sucrier à partir des expérien-ces positives à Guantanamo et à Pinar del Rio, ou de la restauration du centre historique de La Havane. Il existe égale-ment une expérience tout à fait remar-quable de réhabilitation au Liban après le conflit de 2006. Dans ce pays, plus de 120 acteurs de la coopération décentra-lisée soutiennent les plans territoriaux formulés par les maires des régions du Akkar, au nord, de la plaine de la Bekaa, au sud de la capitale, et dans la région du sud. — Quel est le rôle de l'ART dans le domaine de la coopération espagnole pour le développement ? Avec quels organismes l'ART travaille-t-elle ?— Depuis 2006, l'AECID a identifié l'initiative ART comme une occasion supplémentaire d'encourager un aspect particulier de la coopération espagnole et d'aborder en même temps le défi de la coopération internationale : le déve-loppement du potentiel de la coopé-ration décentralisée et la réduction de la fragmentation des multiples acteurs qui opèrent localement. Pour sa part, la coopération décentralisée européenne, et en particulier espagnole, a contribué à l'enrichissement des processus de développement des pays soutenus par le PNUD, par son action dynamique et pratique capable de générer un large échange d'idées innovantes et de bonnes pratiques entre les territoires du nord et du sud. Le récent accord signé en no-vembre 2009 entre le secrétariat d'État à la Coopération internationale (SECI) et

Développement humain. Le coordinateur international de l'initiative ART du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) commente les résultats obtenus et les projets d'avenir d'une initiative de coopération, dont l'objectif est d'encourager un nouveau type de multilatéralisme favorisant la participation des territoires dans le développement humain et renforçant l'efficacité de l'aide afin d'atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).

Giovanni CamilleriCoordinateur international de l'initiative art du Pnud

« ART apporte plus de cohérence entre les acteurs de la coopération internationale »

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45A l'analyse

le PNUD en est la preuve concrète. Ce cadre multilatéral sert à de nombreux organismes, des Communautés autono-mes ou Universités aux différents fonds communaux de coopération. Dans le même temps, l'ART bénéficie de la colla-boration des bureaux techniques de coo-pération (OTC) espagnols sur le terrain et organise régulièrement des réunions de suivi avec les organismes chargés de la coopération espagnole. — Y a-t-il des correspondances et des

projets d'avenir avec les différents ac-teurs de la coopération espagnole ?— Je peux dire que notre objectif com-mun, qui constitue un projet d'avenir, exprime notre accord. Ainsi, nous pri-vilégions l'approche pragmatique et constructive de deux grands défis de la coopération internationale : la meilleure utilisation des ressources, humaines et financières, des différents acteurs à l'œuvre dans un même pays, et le renfor-cement des capacités locales et nationa-

Le PROfiL. Giovanni Camilleri, médecin italien spécialiste des urgen-ces et de la santé publique, a commencé sa mission aux Nations Unies en 1980, en tant que bénévole. Il a travaillé avec le PNUD dans le cadre de programmes de coopération bilatérale dans différents pays d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine, et a porté une attention particulière aux situations de prévention des catastrophes, de conflit et de post-conflit. Il est l'auteur de nombreux articles et publications. Il est le coordinateur international de l'initiative ART depuis 2005.

les afin que l'aide au développement ré-ponde de manière efficace à la demande des territoires et pays. En un mot, nous misons sur un nouveau multilatéralisme actif et nous concrétisons la complé-mentarité des acteurs, ce qui est l'une des spécificités du système de coopéra-tion espagnole. — Séville a récemment accueilli un fo-rum international qui a été l'occasion d'évaluer les quatre premières années de l'initiative ART. Quelles conclu-sions ont été tirées de cette réunion ? Quel est l'avenir immédiat de l'ART ?— Le forum de Séville a permis d'ap-prendre des pays eux-mêmes s'ils étaient satisfaits des progrès enregistrés après quatre années d'existence de l'initiative ART. Au cours des deux journées de travail, les représentants des gouver-nements nationaux et locaux et de la société civile ont convenu de souligner que l'ART est un outil de soutien concret pour atteindre les objectifs de plus grande cohérence d'une part entre les différents acteurs de la coopération in-ternationale à l'échelle locale, et d'autre part de l'action locale par rapport aux stratégies régionales. Les complexités enregistrées, que nous devons affronter en permanence, ont également été abor-dées. Il a été clairement recommandé de consolider cet instrument dans la période 2010/2012 en se concentrant sur un groupe de pays de différentes zo-nes géographiques et en établissant les lignes directrices de l'articulation de la coopération décentralisée dans le cadre multilatéral. Il a également été proposé de créer un conseil consultatif composé de représentants des pays, donateurs, réseaux de coopération décentralisée et du PNUD, qui puisse à l'avenir contrôler et orienter l'action de l'ART. Poursuivant les mêmes objectifs, le PNUD a décidé de transversaliser l'utilisation de cet instru-ment dans le plan stratégique du PNUD pendant la période 2010/2012 afin de mieux conjuguer formation des capaci-tés nationales et locales et efficacité de la coopération dans le cadre local en appli-cation des objectifs du Millénaire pour le développement.

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46 C culture et société

DIPLOMATES ÉCRIVAINS (2e partie) Habitués que nous sommes à associer l'Espagne isabelline au pâle éclat des lampes à huile à l'heure où se termine le bal et où les officiers se préparent pour faire leur entrée au palais, il nous était difficile d'imaginer que cette époque puisse aussi nous léguer des images agréables et sans excès, comme celles qui peuplent les récits de Juan Valera (1824-1905). JACObO GARCíA

Mais on le connaît surtout pour son premier roman : Pepita Jiménez (1874), une histoire narrant le triomphe de l'amour profane sur l'amour divin qui lui valut d'être cité dans les manuels des collèges religieux comme « l'auteur de la très dangereuse “ Pepita Jimé-nez ” ». Personne ne bâtit de cathédrale sans avoir avant construit quelques œu-vres mineures. Valera ne constitua pas l'exception. Il mit beaucoup de temps à oser publier ses écrits et plus encore à trouver son style et le genre qui finale-ment lui vaudrait la gloire.

Son terrain d'entraînement fut la correspondance. Infatigable épistolier, ce sont ses lettres qui le révélèrent au grand public alors qu'il séjournait en Russie comme membre de l'ambassade extraordinaire dirigée par le duc d'Osu-na. La personnalité singulière du chef de la mission lui offrit le terrain idéal pour exploiter sa veine comique, sans compassion et sans remords. Les lettres furent envoyées à un journal et firent sa fortune. De là, le journalisme se conver-tit en l'une de ses activités habituelles.

La diplomatie n'était pas sa voca-tion, mais un tremplin qui lui permit d'exercer une activité professionnelle digne de ce nom, et avec la rémuné-

ration correspondante, de fréquenter des personnes aux mœurs raffinées et d'aimable compagnie, tout en ayant le temps de lire et d'écrire.

Il fut affecté à Naples (1847), Lis-bonne (1849), Rio de Janeiro (1850), Dresde (1854) et Saint-Pétersbourg (1856-57). En 1859, il fut élu député et abandonna la carrière diplomatique, pour s'y réincorporer en 1865, au poste de ministre à Francfort. La révolution de 1868 le ramena au Congrès et le pro-mut au poste de sous-secrétaire d'État. Sous Amédée Ier de Savoie, il occupa les postes de sénateur et de directeur gé-néral de l'éducation publique. Avec la proclamation de la République en 1873, il se retira de la politique. Et fit son re-tour avec la Restauration, lorsqu'il fut élu député à l'Assemblée. Il retrouva aussi la toge de sénateur en 1879 et, deux ans plus tard, fut nommé sénateur à vie. Son retour à la carrière diploma-tique n'aurait pu être plus triomphal puisqu'il fut nommé ambassadeur à Lisbonne (1881), Washington (1883) et Vienne (1893). En 1896, à 72 ans, il ob-tint sa retraite de diplomate.

Aucune des destinations auprès des-quelles il fut détaché, mis à part dans les dernières années de sa carrière, ne

Juan Valera, l'écrivain aux gants blancs

lui causa d'importants désagréments. Ses horaires de travail officiels étaient souvent de 11 h à 14 h, et il s'est plaint dans plus d'une lettre que le secréta-riat d'État ferait mieux de fermer les représentations que de les tenir en un tel état de léthargie. En dépit de toutes les commodités que le service lui offrait pour sa carrière d'écrivain, il n'hésita pas à l'abandonner chaque fois que pos-sible pour se consacrer pleinement à la politique ou à l'écriture. Cette seconde activité ne lui permit cependant jamais d'en vivre, malgré le volume et la qua-lité de sa production. De telle sorte qu'il se vit toujours obligé de retourner au service actif, ce qui, d'autre part, lui fut très utile pour supporter un mariage malheureux.

Beaucoup ont écrit à son sujet, la plupart de façon élogieuse. Toutefois, il existe des exceptions. Azorín, par exemple, l'a décrit comme un homme préoccupé avant tout par l'argent, n'en n'ayant jamais eu d'abondance et vivant au-dessus de ses moyens, caractérisé par son goût pour les relations huppées et sa subséquente aversion des person-nes grossières et vulgaires, et par son penchant irrésistible pour les femmes. Au fil du temps, l'écrivain d'Alicante

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Infatigable épistolier, ce sont ses lettres qui le révélèrent au grand public durant son séjour en Russie comme membre de l'ambassade dirigée par le duc d'Osuna.

allait mitiger ce jugement trop rigou-reux.

Ses amis, naturellement, donnent de Valera une description différente : compagnon charmant, à la conversa-tion inégalable, dont la culture classi-que n'était déjà plus courante pour son époque, et amateur de bonnes blagues et de caricatures. Les analyses les plus subtiles, les plus profondes et les mieux écrites sur lui restent celles de Manuel Azaña.

Le lecteur moderne n'aura aucun mal à tirer ses propres conclusions puisque la vie entière de l'écrivain de Cabra se reflète aux travers des milliers de lettres qu'il a écrites, et dont la plu-part sont conservées. Il en a rédigé pour tous les goûts et toutes les occasions : à sa famille, des lettres intimes à sa fem-me, depuis la Russie, à des amis, depuis l'Amérique...

Et ce qui n'y apparaît pas se trouve dans le reste de sa production littéraire,

qui fut le réceptacle de ses idées, de ses penchants et de ses désapprobations, sans plus de limites que celles du bon goût et du respect des autres (ce qui ne l'empêchait pas de se moquer saine-ment de ce qu'il trouvait ridicule chez son prochain). À tel point que ce trait de caractère qui le poussait à donner voix à ses idées était irrépressible, jusqu'à s'infiltrer dans ses œuvres de fiction, les apparentant par moment davantage à l'essai qu'au roman.

Tout au long de sa vie, Valera s'est aventuré sur tous les terrains littérai-res, discours académiques, romans, contes, théâtre, poésie, critique litté-raire, philosophie et religion, histoire et politique, lettres américaines, recueils, correspondance, discours politiques et traductions. Ses Œuvres complètes se composent de 53 volumes en petit in-octavo, publiés par sa fille Carmen en-tre 1905 et 1935. Si le lecteur désireux d'entrevoir l'Espagne de l'époque trou-vera plutôt son bonheur chez Galdós ou Clarín, il trouvera en revanche chez Valera, plus que la peinture d'une épo-que, des divagations sur des mystères déjà anciens depuis la nuit des temps : et bien souvent, au centre de ces mystè-res, se trouve une femme.

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48 D écouvrir l'Espagne

Il y a plus de quatre siècles, Miguel de Cervantès offrait au monde l'un des plus grands chefs-d'œuvre de la littérature universelle. Ses deux personnages principaux, Don Quichotte et Sancho Panza allaient devenir deux archétypes humains étroitement liés aux paysages culturels qui servent de cadre à leurs aventures. La route que ces deux personnages suivirent est aujourd'hui un parcours touristique de plus de 2 500 km, déclaré en 2007 Itinéraire culturel européen par le Conseil de l'Europe. José Carlos PaCheCo et Fernando remiro

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49D écouvrir l'Espagne

Mettons-nous en marche sans plus attendre et commençons à avancer, en l'inénarrable compagnie de l'ingé-nieux hidalgo et de son fidèle et sage écuyer, « au hasard des sentiers de la vie » comme dirait Unamuno.

De Tolède à San Clemente, par El To-boso et Belmonte. La Route de Don Qui-chotte débute dans la ville millénaire de Tolède, capitale de Castille-La Manche et ville Patrimoine de l'humanité. D'ici, nous nous dirigeons vers Villacañas, en passant par Quero et l'ensemble de lacs d'Alcázar de San Juan, pour arriver à Campo de Criptana. Immédiatement après, nous nous rendons aux alentours de Mota del Cuervo, où l'on trouve en-core ces moulins centenaires qui eurent

La Route de Don Quichotte : sur la piste des géants

besoin de toute la force du vent pour vaincre Don Quichotte. Nous arrivons très vite à El Toboso, où la belle Dulcinée coulait des jours heureux sans se douter de la folie que sa beauté avait provoquée. Après la visite de Belmonte, nous termi-nons cette étape à San Clemente, célèbre pour sa Plaza Mayor déclarée Ensemble historique.

De San Clemente à Villanueva de los Infantes, par les lacs de Ruidera. Depuis San Clemente, l'itinéraire nous offre trois embranchements, mais il est préférable de commencer en direc-tion de Las Pedroñeras, au cœur d'une terre qui se targue, non sans raison, de produire le meilleur ail d'Espagne. Plus au sud, aux alentours d'Ossa de Montiel, on trouvera les scènes de deux passages de grande importance dans les aventures de Don Quichotte : la grotte magique de Montesinos et les ruines du château de Rocha Frida. Non loin de là, le voyageur trouvera le parc naturel des lacs de Ruidera, une étape indispensable pour les oiseaux migra-teurs dans leur voyage entre l'Europe et l'Afrique. Reprenant peu après le chemin, l'arrêt suivant nous conduit à Villanueva de los Infantes, un impor-tant centre de la Renaissance et du Ba-roque également reconnu comme En-semble historique. C'est ici, dans une cellule du couvent dominicain, que mourut Quevedo.

De Villanueva de los Infantes à Alma-gro et Calatrava la Nueva. Le troisième tronçon de notre route nous conduit aux limites de La Manche, dans la solitude des montagnes qui servirent de retraite et de lieu de méditation au chevalier Don Quichotte au cours de ses nouvelles et téméraires entreprises. Deux options s'offrent ensuite à nous : en direction de Santa Cruz de Mudela o d'Almuradiel, sans oublier l'importance historique de villages comme Moral de Calatrava ou Viso del Marqués. Une fois revenus sur la voie principale, nous verrons très vite se profiler la silhouette de Valdepeñas, dans un océan de vignes. Nous dirigeons maintenant nos pas vers l'ouest jusqu'à Almagro, où une visite s'impose à sa Plaza Mayor et son Corral de Comedias.

De Valle de Alcudia à Campo de Cala-trava. Présence humaine immémoriale, eaux thermales, volcans, forêt méditer-ranéenne et pâturages, aux côtés d'im-menses étendues de vignes, d'oliviers et de céréales, de châteaux et de forteresses, voici les ingrédients de cette étape, pleine de lieux à l'empreinte cervantine. Notre point d'arrivée se trouve à Corral de Cala-trava, après avoir traversé Valenzuela de Calatrava et Almodóvar del Campo.

D'Albacete à Alcaraz et Bienservida. À partir d'Albacete, célèbre pour l'excellen-te manufacture de ses lames et couteaux, nous pénétrons dans les profondeurs de la Sierra de Alcaraz, aux abords de la Sier-ra Morena. Depuis ce point, nous arrivons à Bienservida, en nous rapprochant ainsi de la station thermale de Reolid.

De La Roda à Campos de Montiel. Au nord d'Albacete, la plaine de La Manche surprend le voyageur avec ses belles val-lées en gorge, comme celles que le Júcar a creusé avec une patience infinie. Nous partons de La Roda, carrefour névralgi-que avec le Levant espagnol. Après avoir traversé la zone des lacs, et en suivant le cours de la rivière Guadamena, nous dé-bouchons dans la région de Campos de Montiel.

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50 D écouvrir l'Espagne

MotEur éConoMIQuEPour La régIonL'itinéraire touristique de la Route de Don Quichotte, inauguré en 2005, est devenu un moteur économique pour la région, dont le secteur touristique représente 10 % du produit intérieur brut de la Com-munauté autonome de Castille-La Manche. Un important effort écono-mique a été consenti au cours de ces dernières années pour adapter et signaliser les différents tronçons du parcours, dans le respect des règles environnementales les plus strictes, qui lui a valu d'être déclaré Itiné-raire culturel européen en 2007. La Route rejoint ainsi le Chemin de Compostelle, le Chemin de la langue castillane et l'Héritage d'Al-Anda-lus dans la liste des routes espagno-les incluses dans le classement du Conseil de l'Europe.

LE PLuS granD ParCourS éCotourIStIQuED'EuroPE Depuis le printemps, la Route de Don Quichotte et ses 2 500 kilomè-tres font partie du réseau mondial des destinations de tourisme durable du National Geographic, une reconnaissance qui dynamisera sans aucun doute sa promotion touristique à l'étranger. Le National Geographic est en effet la principale institution consultée pour la recher-che de destinations de tourisme durable et une référence interna-tionale en matière de divulgation scientifique et environnementale. Le faible essor industriel de Cas-tille-La Manche au cours des deux siècles derniers est en grande partie responsable de l'excellent état de conservation de ses paysages et des chemins de transhumance qui composent le parcours.

Diverses images prises le long de la Route de Don Quichotte De gauche à droite : Sculpture dans la grotte de Montesinos d'Ossa de Montiel, et moulins et château de Consuegra. INSTITUT DE pRoMoTIoN ToURISTI-

QUE DE CASTILLE-LA MANCHE

De Campo de Criptana à Tomelloso, Argamasilla de Alba et La Solana. Les errances du Chevalier à la triste figure l'ont conduit du nord au sud à travers le cœur de La Manche, le long de cet itinéraire qui commence à Campo de Criptana, au pied des célèbres moulins placés sur les créneaux de la Sierra de la Paz. Apparaissent ensuite Tomelloso et Argamasilla de Alba, qui où l'on peut encore visiter la grotte de Medrano où Cervantès fut fait prisonnier et, selon la légende, commença à écrire le plus cé-lèbre des romans de chevalerie.

D'Almagro à Tolède, par Ciudad Real et Consuegra. Après avoir profi-té des eaux médicinales de Carrión de Calatrava, le chemin nous amènera aux alentours du parc national des Tablas de Daimiel, l'une des plus importan-tes zone humide d'Europe. Cap vers le nord... Nous terminons notre parcours à Consuegra et Cruz de Piedra, déjà en plein cœur des Monts de Tolède, do-maine du cerf et du lynx ibérique. Pas-sés Herencia et Villarta de San Juan, Puerto Lápice, plusieurs fois mention-nés dans Don Quichotte, a su préserver dans ses rues, ses places et ses maisons l'ambiance de l'époque cervantine. En revenant à Consuegra, nous reprenons le « Chemin des Espagnols » pour nous rendre à Manzaneque et Orgaz.

D'Esquivias à Illescas et Carranque. Un arrêt à Esquivias, village d'où était originaire l'épouse de Cervantès, nous permet de profiter d'un paysage éloi-gné du bruit et des foules, où les per-drix, les lapins et les lièvres s'arrêtent encore pour observer le randonneur.

De Hoz del Río Dulce à Sigüenza et Atienza. À la limite septentrionale de Castille-La Manche, dans la province de Guadalajara, Sigüenza et Atienza nous éblouissent par la richesse de leur passé. De même que le château de Tor-resaviñán et le parc naturel du Barran-co del Río Dulce, qui a servi de cadre au tournage de nombreux chapitres des programmes de Félix Rodríguez de la Fuente. Vue dans son ensemble, la Route de Don Quichotte nous rap-proche du paysage de La Manche, toujours lumineux, ample et profond, reflet du monde et théâtre des ambi-tions et des idéaux de personnages lit-téraires tout à fait singuliers. Comme l'a si bien décrit Azorín, « après des heures et des heures de marche au mi-lieu de ces champs, nous nous sentons accablés, étourdis, par les plaines im-muables, par le ciel infini, transparent, par ce lointain inaccessible. Et c'est alors que nous comprenons pourquoi Alonso Quijano devait naître sur ces terres et comment son esprit, libre et sans entrave, pouvait traverser dans un vol frénétique les régions du rêve et des chimères ».

Finalement, le parcours que nous venons d'effectuer est un voyage au cœur de la Culture et de l'être humain. Et le paysage sur les abords n'est pas une collection de ce qui nous est pro-pre, de ce qui est pittoresque et diffé-rent, mais bien un panorama de l'im-muable, de ce qui est essentiellement humain. Car pour finir, nous avons découvert qu'en dépit de ce qu'ont cru les géants dont nous avons cité les hommes, l'Espagne n'est pas l'Europe, mais c'est l'Europe qui est l'Espagne.

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« Maintenant je répète, s'écria don Quichotte, que celui qui lit et voyage beaucoup apprend et voit beaucoup. » Tel est le sage conseil que nous donne l'ingé-nieux chevalier de La Manche, dont je profite ici pour commen-cer sur ces mots la Route de Don Quichotte pour le magazine Miradas al exterior.

Le quatrième centenaire de la pu-blication de Don Quichotte, notre roman le plus universel qui donna naissance au territoire mythique de La Manche, représente une excellente occasion pour faire connaître la réalité de cette Cas-tille-La Manche, une région dont tout le monde doit de se rappeler le nom.

Pour cette raison, le gouverne-ment régional s'est proposé de faire de cette date le prétexte à la création d'un parcours qui serve, non seulement à découvrir les lieux du récit, mais aussi à rendre hommage aux paysages et aux gens de la Castille d'aujourd'hui, celle qui reste capable de capti-ver l'imagination, les rêves et les désirs des lecteurs de tous les pays du monde et de tous ceux qui viennent nous rendre visite et

souhaitent parcourir ce terroir.Aujourd'hui comme hier, la région de Castille-La Manche est cet immense espace entre ciel et terre, fait de lumière et de beauté, de magie et d'aventure, d'illusions et d'enchantements. Car cette Castille existe bel et bien. C'est un territoire tout à fait réel, que l'on peut traverser, et même rêver, à chaque pas.

C'est pour cela que la « Route de Don Quichotte » a été créée, pour offrir le meilleur de nous-mêmes, de notre histoire et de notre patrimoine, de nos paysa-ges et de notre gastronomie. Il s'agit d'un projet pionnier qui vise à structurer les ressources cultu-relles et naturelles qui consti-tuent la richesse de l'ensemble de la région de Castille-La Man-che, en les connectant et en les proposant comme alternative aux touristes en quête de qualité.

La « Route de Don Quichotte » est bien plus qu'un simple itinéraire touristique : c'est un projet de développement socio-économique et de réactivation sociale de Castille-La Manche, mis en place afin de tirer partie du dynamisme et de l'investisse-

ment économique générés à tous les niveaux dans notre région à l'occasion de la commémo-ration du quatrième centenaire de la première édition de Don Quichotte.

Avec près de 2 500 kilomètres de long, la Route est née dans l'objectif de devenir l'un des itiné-raires écotouristiques et culturels les plus importants d'Europe. Elle compte pour ce faire sur une va-leur ajoutée de grande importan-ce : l'immortel livre de Miguel de Cervantès qui est connu partout dans le monde. Le Conseil de l'Europe a déjà reconnu la valeur de cette Route et l'a déclarée « Itinéraire culturel européen », une distinction accordée pour la première fois à un itinéraire fondé sur un personnage littéraire.

La « Route de Don Quichotte » regroupe un ensemble de valeurs culturelles, littéraires et écolo-giques qui valent la peine d'être découvertes et vécues, le regard fixé sur l'horizon et ce livre qui est « nôtre » dans le sac-à-dos, car la marche et l'observation tout au long de cette route nous rendra plus sages, plus libres, plus solidaires et plus tolérants.

le quatrième centenaire de la publication de Don Quichotte, notre roman le plus universel, est une excellente occasion pour faire connaître cette route.

51D écouvrir l'Espagne

Bien plus qu'un simple itinéraire touristique

José María BarredapRéSiDent De la RégiOn De CaStille-la ManChe

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Le miracle espagnol des transplantations d'organes

L'Espagne est le pays des transplantations. Aucun autre pays n'a atteint une telle efficacité, un tel renom et une telle reconnaissance internationale dans ce domaine. Au premier rang mondial de l'organisation et de la solidarité, ce pays est le seul qui enregistre une croissance continue du don d'organes. Derrière cette réussite, l'Organisation nationale des transplantations coordonne depuis 1989 un processus qui n'admet pas d'erreurs. Son objectif est désormais « d'hispaniser l'Europe » à travers une directive qui pourrait être approuvée dans la dernière ligne droite de la présidence espagnole du Conseil de l'Union européenne. Beatriz Beeckmans

On répète souvent que l'instant où un cœur greffé se remet à battre est magi-que. Eh bien, cet instant de magie s'est produit en Espagne plus de 6 000 fois à ce jour. Nous sommes fiers de ces données : depuis 18 ans, sans interruption, l'Es-pagne est au premier rang mondial pour le don et les transplantations d'organes. Aucun pays n'a atteint une telle effica-cité, un tel renom et une telle reconnais-sance internationale. Le taux de don réel (qui pourrait être interprété comme de-gré de solidarité de la population) s'élève à 34 personnes par million, le double de la moyenne de l'Union européenne et chiffre dépassant de huit points celui des États-Unis. « Nous ne greffons pas beau-coup, nous greffons beaucoup et bien. De la quantité naît aussi la qualité » déclare le docteur Rafael Matesanz, directeur de l'ONT. En outre, une loi alors innovante, qui vient de fêter ses 30 ans sans presque aucune retouche, a servi de support ju-

ridique au système espagnol, considéré comme le plus efficace au monde.

Tout cela malgré la baisse du nom-bre de dons provenant d'accidents de la circulation, lesquels sont devenus en Espagne une exception grâce aux améliorations permanentes de la sé-curité routière. Actuellement, seuls 8 % des dons proviennent de personnes décédées à la suite d'accidents, pour-centage qui frôlait les 50 % au début des années 90. « Heureusement, le profil du donneur est aujourd'hui un homme d'environ 65 ans, décédé dans un hô-pital à la suite d'une hémorragie céré-brale et plus celui d'un jeune motard qui conduisait sans casque » explique le docteur. Une donnée supplémentaire : grâce à l'intégration des immigrants à la culture du don d'organes, près de 10 % des dons actuels proviennent de la population immigrante. « En Espagne, on applique la maxime selon lequelle

tout le monde doit donner parce que tout le monde doit recevoir et cela inclut les personnes d'autres pays, ethnie ou reli-gion ».

On dénombre 167 hôpitaux accrédi-tés pour le don et 45 pour la transplan-tation d'organes sur le territoire, où ont été réalisées à ce jour plus de 74 000 opé-rations de remplacement d'un organe ou d'un tissu malade par un organe ou un tissu sain. Pour les coordonner, l'Orga-nisation nationale des transplantations a été créée en 1989. L'un des joyaux du système sanitaire espagnol qui, depuis lors, gère toutes les démarches, du si-gnalement d'un donneur possible à la réalisation de la transplantation. Grâce à l'évolution spectaculaire du secteur, l'organisation a assisté à la naissance de greffes inimaginables il y a seulement quelques années et organise actuelle-ment le don et la transplantation non seulement d'organes mais également de

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tissus et de cellules. De plus, cette organisation est deve-

nue, ces dernières années, une référence internationale pour tous les pays et ins-titutions qui souhaitent améliorer leurs résultats dans ce domaine. Pour cette raison, nombreux sont les pays tels que la Grande-Bretagne, l'Australie, la Suisse ou la Corée à demander conseil à l'ONT tant sur le plan de la gestion et de l'orga-nisation que sur celui de la formation des professionnels. Dans ce contexte, le pro-gramme Alianza, grâce auquel plus de 200 professionnels hispano-américains ont déjà été formés et contribuent ultérieurement à l'implantation du modèle espagnol dans leurs pays res-pectifs, est particulièrement remarquable.

La réussite repose, selon le docteur Rafael Matesanz, sur trois éléments : la solidarité

de la population espagnole, un excellent système de santé qui couvre toute la po-pulation et l'existence, au sein du système sanitaire, d'une organisation centralisée telle que l'ONT, capable de promouvoir le don d'organes et disposant d'un réseau de coordinateurs hospitaliers répartis à travers tout le territoire espagnol. « Ce qui différencie l'Espagne des autres pays, et que l'on reconnaît comme le modèle espagnol, est un système parfaitement structuré et fondé sur le travail de mé-decins bien formés, les coordinateurs de

transplantations, une organi-sation qui les forme, les coor-donne et, surtout, ne laisse pas de place à l'improvisation ». Il faut également tenir compte du fait qu'un don peut mobili-ser plus de 100 personnes et de nombreuses ressources entre les infirmières, les chirurgiens, le personnel des aéroports, des

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On dénombre en espagne 167 hôpitaux accrédités pour le don et 45 pour la transplantation d'organes

MADriD DEviEnt LA CApitALE MOnDiALE DE LA trAnSpLAntA-tiOn D'OrgAnESLa ministre de la Santé et de la politi-que sociale, Trinidad Jiménez, a inau-guré le 23 mars la « Conférence de Madrid sur le don et la transplantation d'organes », qui a réuni les ministres de la Santé de l'UE, des autorités sanitaires et des experts du monde entier. Une consultation mondiale de l'OMS sur le don et la transplantation d'organes a suivi les débats sur la future Directive mise en œuvre par l'Espagne. Les experts ont analysé dif-férentes formules en vue d'atteindre l'autosuffisance en matière de dons comme mécanisme indispensable pour éradiquer le trafic d'organes et le tourisme des greffes.

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avions, de la police et des ambulances, raison pour laquelle le système doit être parfaitement au point. Il semble évident que la réussite est une question d'orga-nisation.

Un autre élément clé de la réussite du modèle espagnol est le rapport humain avec les familles des personnes décédées lors de la demande d'organes. Première au monde en la matière, l'équipe de l'hôpital général d'Alicante a atteint un taux de refus des familles inférieur à 4 % alors que la moyenne dans le pays se si-tue autour de 17 %. « Avec la plus grande empathie possible, nous expliquons aux familles que nous ne pouvons plus rien faire pour leur proche mais qu'elles ont, elles, la possibilité de faire beaucoup pour d'autres personnes » déclare le docteur Carlos de Santiago, néphrologue et coordinateur de transplantations dans

le centre médical. En outre, compte tenu du fait que la population étrangère dans la région est très nombreuse, l'équipe de l'hôpital dispose de traducteurs et de médiateurs culturels qui collaborent avec les médecins et contribuent ainsi à la réussite d'un modèle qui a été étendu au reste de l'Espagne. Grâce à eux, les familles sensibles aux arguments des médecins sont de plus en plus nombreu-ses. « Un paradoxe intéressant : le taux de refus des familles en Grande-Breta-gne s'élève à près de 40 % alors que nous n'avons jamais eu de réponse négative de la part des Britanniques qui résident ou sont en vacances dans la région » souli-gne le docteur De Santiago.

Cette capacité d'organisation a éga-lement été reconnue à travers la mission qui a été confiée à l'Espagne d'accueillir et de gérer le fichier mondial des don-

neurs. « Notre organisme collabore avec l'Organisation mondiale de la santé (OMS) qui s'appuie sur l'Espagne pour sa stratégie mondiale » explique le doc-teur Matesanz.

À présent, mettant à profit la prési-dence espagnole du Conseil de l'Union européenne, l'Espagne encourage la Di-rective européenne sur la qualité et la sécurité des transplantations. L'objectif, selon ses responsables, est « d'hispaniser l'Europe » en matière de don en établis-sant des critères cliniques homologables dans tous les pays de l'Union afin que toutes les équipes qui réalisent des trans-plantations travaillent selon les mêmes protocoles. « Notre objectif est que les transplantations d'organes soient garan-ties avec des niveaux de sécurité, de qua-lité et de quantité similaires aux nôtres, pour 500 millions de personnes. C'est un plan très ambitieux car les inégalités sont considérables. Il s'agit, par exemple, de faire en sorte que si un rein n'est pas transplanté en Espagne, ce rein ne le soit pas non plus en Bulgarie » affirme En-carna Sagredo, infirmière de coordina-tion de l'ONT. Outre la directive, un plan d'action établit dix mesures à mettre en œuvre d'ici à 2015, dont l'échange d'in-formations et de bonnes pratiques entre les pays. « Si les taux de don au sein de l'UE atteignaient les taux plus élevés d'autres pays tels que l'Espagne, nous sauverions plus de 20 000 vies chaque année » a déclaré la ministre de la Santé, Trinidad Jiménez.

Et, comme le souligne l'ONT, malgré ces données encourageantes et ces ini-tiatives du système espagnol, l'autosa-tisfaction n'est pas de rigueur : « Il faut se rappeler que les patients portent des prénoms et des noms et nous devons poursuivre notre travail pour eux. Le meilleur système de transplantation au monde a été mis en place grâce aux efforts et à la valeur professionnelle de nombreuses personnes au sein de notre système sanitaire, ainsi qu'à la générosité des Espagnols. Il est du devoir de tous de conserver et de protéger ce système de tout ce qui pourrait le faire régresser » affirme catégoriquement son directeur.

LES DÉFiS FUtUrSLe plan stratégique Donación 40, mis en œuvre par l'ONT, vise à atteindre 40 donneurs par million d'habitants dans les prochaines années, ce qui représen-terait 4 500 transplantations par an face aux 3 800 réalisées en 2008. Le plan comprend un ensemble de mesures, entre autres la promotion du don auprès de la population immigrante et des minorités ethniques, la réduction des refus des familles et de la Justice, l'optimisation du don en cas de mort encéphalique et l'encouragement du don du vivant.

Dans les années 90, le pourcentage des dons provenait dans 50 % des cas de personnes décédées à la suite d'accidents de la circulation. L'amélioration de la sécurité routière a réduit ce pourcentage à moins de 10 % actuellement.

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L'Espagne, qui compte entre 33 et 35 donneurs d'organes par million d'habitants est, de loin, le pays qui enregistre le taux le plus élevé au monde, bien au-dessus de la moyenne européenne, de celle des États-Unis et à une distance sidérale des autres pays européens de grande tradition scientifique et technologique tels que le Royaume-Uni ou l'Alle-magne qui comptent, quant à eux, entre 12 et 14 donneurs. Le sujet est aussi peu nuancé que l'indiquent ces chiffres et par conséquent, un citoyen espagnol qui a aujourd'hui besoin d'une greffe de foie, de rein, de cœur ou de tout autre organe est parmi tous les habitants de la planète celui qui a le plus de possibili-tés de l'obtenir. Il convient de souligner que cette probabilité n'est ni favorisée ni réduite par sa capacité d'assumer les frais d'intervention (considérables dans la plupart des cas), ni par des facteurs sociaux, ethniques ou de toute autre nature. Notre système national sanitaire prend en charge l'ensemble des coûts.

Une question se pose alors : Comment ces résultats ont-ils pu être atteints ? Il est évident que la générosité des citoyens est fondamentale mais en 1989, lorsque l'ONT (Organisation nationale des transplantations espagnole) a été créée, les chif-fres de 14 donneurs par million

se situaient dans la moyenne basse européenne et depuis lors, nous ne pouvons pas dire qu'il y ait eu une révolution culturelle dans notre pays susceptible de modifier de manière sélective la prédisposition des Espagnols à faire des dons d'organes.

Nombreux sont les facteurs qui ont permis le « miracle espagnol » mais ils peuvent se résumer en deux lignes : d'une part une action décidée en faveur des professionnels afin de faci-liter leur travail. Des milliers de médecins intensivistes, coordi-nateurs, chirurgiens, cliniciens, anesthésistes, infirmières et tous ceux qui composent notre sys-tème sanitaire ont été impliqués dans cette aventure passion-nante, ont été formés, se sont coordonnés à travers l'ONT. Leur travail, toujours complexe, a été ainsi rendu un peu plus facile.

D'autre part, une communica-tion claire et directe auprès de la société sur l'importance de ce travail. Ce sont les citoyens qui ont rendu les transplantations possible grâce à leurs dons et à leur soutien du système, il est donc indispensable de leur four-nir des explications sur toute ac-tion mise en œuvre. Tout le reste vient loin derrière dans l'ordre des priorités qui expliquent notre modèle et qui nous distinguent du reste du monde.

On pourrait penser que cette éclo-sion des transplantations est un luxe impropre d'un pays qui connaît d'autres carences, et peut difficilement être transférée sous des latitudes connais-sant des problèmes économiques majeurs. Rien n'est plus éloigné de la réalité. Sachant que ces vingt dernières années, les taux de dons ont stagné dans la plupart des pays européens et ont même régressé dans certains cas, nous pouvons affirmer que sur environ 40 000 malades qui ont reçu une greffe de rein au cours de cette période, près de 18 000 ont pu en bénéficier grâce au système organisationnel.

Pendant la première année, le coût d'un malade greffé équivaut plus ou moins à celui d'un malade dyalisé, pour baisser ensuite fortement. La santé publique économise chaque année, grâce au passage de la dialyse à la transplan-tation, le double du coût de toutes les greffes de rein, foie, cœur, poumon, intestin et pancréas plus l'ONT et l'ensemble de son réseau de coordina-teurs. Sans compter, naturellement, les vies sauvées et toutes les souffrances épargnées à notre population. Tout cela a été possible grâce à ce modèle auquel, comme nous le disions, ont contribué tant les professionnels que la société espagnole elle-même sous la coordina-tion de l'ONT.

ce sont les citoyens qui ont rendu possible les

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Le modèle espagnol de don et de transplantation d'or-ganes

Rafael MatesanzDirecteur De L'ONt

transplantations grâce à leurs dons et à leur soutien du système.

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Silestone, la force du quartz

Qu'ont en commun la tour Agbar de Barcelone, l'hôtel Burj Al-Arab de Dubaï, les comptoirs d'American Airlines, le parlement de Namibie et le stade de Wembley à Londres ? Réponse : Silestone, des surfaces en quartz naturel créées par le groupe d'Almería : Cosentino. Premier producteur mondial, le groupe est parvenu à placer l'Espagne à l'avant-garde internationale du secteur. Beatriz Beeckmans

Près de 70 % du chiffre d'affaires du groupe est généré sur le marché international

Le 6 février 2005, plus de cent millions d'Américains ont pu voir l'une de ces publicités hors de prix lors de la finale de la SuperBowl, peu d'entre eux pou-vaient imaginer que derrière les 30 secondes de spot dans lequel apparais-sait le joueur de la NBA Dennis Rod-man, se trouvait Silestone, entreprise de la province Almería, dont le siège se trouve à Macael, commune d'à peine 7 000 habitants.

Première marque espagnole ayant réussi à insérer une publicité dans un événement sportif tant attendu (pour certains, la plate-forme publi-citaire la plus importante au monde), Cosentino est l'entreprise qui a ré-volutionné le secteur. Pre-mier producteur mondial de surfaces en quartz pour les secteurs de la construction et de la décoration, nous ex-portons vers plus de 60 pays un produit qui se compose à 94 % de quartz naturel. En Espagne, une cuisine sur qua-

tre dispose aujourd'hui de ses produits et aux États-Unis il s'agit de la marque la plus demandée dans cette catégorie. Dans le monde, plus de quarante mille cuisinistes commercialisent Silestone et les produits de Cosentino sont en vente dans des groupes de distribution américains de l'importance de Home Depot, Sears ou Direct Buyers.

Le quartz est l'un des éléments les plus beaux et résistants qu'offre la na-ture. Matière première de Silestone, ce produit a été utilisé par les architectes et les créateurs les plus renommés du monde pour la réalisation d'œuvres emblématiques. Citons par exemple l'Hôtel Burj Al-Arab de Dubaï dans le-

quel plus de 10 000 m2 de re-vêtements de sol, comptoirs, plans de travail, escaliers et ascenseurs ont été installés. Ou encore la tour Agbar de Barcelone qui dispose de ce type de matériau dans la majeure partie de ses espa-ces intérieurs. Jean Nouvel

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avait également choisi Silestone pour l'un de ses grands projets, l'Institut du Monde arabe à Paris.

Derrière ce succès, se trouve Co-sentino, groupe familial au capital in-tégralement espagnol dont l'activité est axée autour de la conception, la production et la distribution de solu-tions architecturales et décoratives à partir de la pierre naturelle.

70 ans d'expérience. Eduardo et Eduarda Cosentino, parents des pro-priétaires actuels du groupe Cosen-tino, ont commencé leur activité dans les années 40. Eduarda lança un mo-deste commerce qui eut du succès, en dépit des difficultés de l'époque et Eduardo commença à exploiter des carrières et à travailler le marbre à Ma-

cael (Almería). Située dans la Sierra de los Filabres, la petite ville dispose d'un type de marbre apprécié dans le mon-de entier pour sa qualité et sa pureté. Son exploitation remonte aux Phéni-ciens et, depuis lors, la pierre extraite dans la région a été employée par les civilisations successives à la construc-tion d'édifices aussi significatifs que l'Alhambra de Grenade ou la Mosquée de Cordoue. Philippe II fit, quant à lui, extraire le marbre blanc des carrières de la région pour la basilique du mo-nastère royal de San Lorenzo de l'Es-curial.

Leur expérience dans ce secteur permit à la deuxième génération de la famille de constituer, en 1979, Már-moles Cosentino S.A, une entreprise qui comptait au départ 17 employés.

Différents produits de Silestone, nombre d'entre eux résistants à l'eau ou aux produits corrosifs.

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58 C entreprises espagnoles à l'étranger

Au cours des années 80, l'entreprise a étendu son activité à différents points de l'Espagne et d'Europe. Conscients que leur activité ne pouvait se limiter à l'extraction et à la transformation du marbre « Blanco Macael », les enfants des fondateurs décident alors de met-tre en œuvre une stratégie de diversifi-cation et d'expansion internationale, à travers l'innovation.

« Nous avons pris conscience que le marbre avait ses limites et restrei-gnait notre expansion. Le processus a été laborieux et a exigé des sacrifices et des efforts mais, comme je le dis toujours, avec de la volonté et de la foi, tout est possible » souligne Eduardo Martínez-Cosentino, l'aîné des trois frères, après plus de 50 ans au service de l'entreprise.

La force du quartz. En quel-ques années, grâce aux efforts en matière de re-cherche, le groupe s'est dé-veloppé et Silestone est de-venu son produit-phare : un nouveau matériau qui réu-nit le meilleur de la pierre naturelle et de la création contemporaine, une surface en quartz dont les caractéris-tiques s'adaptent aux nouveaux espa-ces publics, commerciaux et privés. Il s'agit d'un produit innovant et par-ticulièrement attractif pour le monde de la création, qui offre, depuis son invention en 1990, une nouvelle so-lution à l'architecture du XXIe siècle. L'expansion internationale du groupe Cosentino explose. « Silestone a été notre révolution. C'était très nouveau et personne ne connaissait ce produit, explique Martínez-Cosentino. Nous avons eu du mal à l'introduire chez les marbriers, un corps de métier qui avait toujours travaillé avec la pierre naturelle. C'est la promotion directe des distributeurs qui a constitué le meilleur canal, car ils acceptaient bien le produit : nouveau et très attractif, qui ne se tachait pas et qui avait un franc succès auprès des décorateurs. Ce fut une excellente trouvaille ».

Haute technologie et beauté naturelle. Silestone est fabriqué à l'aide de la tech-nologie la plus avancée, à travers un pro-cessus industriel qui emploie le quartz, le verre, le miroir et la résine polyester. Tout cela est compacté à haute pression et à température constante, pour produi-re un matériau qui présente des qualités exceptionnelles. Cosentino fabrique ac-tuellement près de 3 millions de mètres carrés de Silestone par an et plusieurs presses produisent les plus grands pan-neaux disponibles sur le marché : plus de trois mètres sur deux. Avec plus de 60 couleurs, ses ventes en ont fait le produit phare de la compagnie.

L'activité de Cosentino comprend tout le processus d'élaboration de la pierre naturelle, de l'extraction

et la transformation à l'installation. La com-pagnie compte quatorze carrières de pierre na-turelle, six usines de production et dix-neuf d'élaboration réparties à travers le monde entier, des États-Unis à la Suè-

de en passant par le Mexique et le Brésil. Le groupe, qui dispose de onze filiales, emploie actuellement 2 000 personnes, dont plus de 1 000 travaillent en Espagne. L'extraor-dinaire capacité de distribution de Cosentino est concrétisée par les Co-sentino Centers, 45 centres présents dans quinze pays d'Europe et d'Amé-rique.

Sachant que le marbre de Macael constitue la principale activité indus-trielle de la région, le rôle de Cosentino revêt une importance particulière, car il en est le premier employeur. En outre, depuis le départ, le groupe est fortement engagé en faveur de l'environnement, préoccupation qui s'est traduite par de constants processus d'améliorations pour la protection de l'environnement. Sa part de marché élevée en Espagne et sa forte implantation internationale ont été reconnues par le « Forum des mar-ques renommées espagnoles » dont font partie tant Silestone que Cosentino.

ENgAgEmENt SoCiAL.« Nous souhaitons rendre à la société une partie de ce que nous avons reçu ›› déclare Eduardo Martínez-Cosen-tino. Suivant cette maxime, et en tant qu'entreprise de l'un des marchés les plus importants de la province d'Alme-ría, Cosentino s'est fortement engagé depuis ses origines en faveur de son environnement. Ce qui se traduit par un soutien permanent, par le biais de la formation et des parrainages, à un large éventail d'activités culturelles, éducatives et sportives. Parmi celles-ci, soulignons la fondation Eduarda Justo dont l'objectif est de soutenir l'envi-ronnement social du groupe Cosentino à travers deux activités fondamenta-les : les bourses internationale de 3e cycle pour que les jeunes de la région puissent poursuivre leurs études dans les meilleures universités du monde, et le séminaire « Dirigeants du futur à Al-mería ››, qui repère et forme des jeunes de la province ayant un potentiel pour devenir des entrepreneurs.

tRoiS tyPES DE PRoDuit.Cosentino propose différents types de produits élaborés à partir de pierre naturelle. D'une part la série Scalea, qui se compose de marbres, grani-tes, calcaires, travertins, quartzite. Les granites anti-taches sont signés Sensa. Les surfaces en quartz sont re-groupées sous la marque Silestone et enfin les surfaces recyclées reçoivent le nom Eco by Cosentino.

silestone est fabriqué à l'aide de quartz naturel, de pigments et de résine polyester

Siège central de Silestone dans la commune de Macael, province d'Almería.

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Nous ne concevons pas notre activité sans innovation, sans notre capital humain et bien sûr sans expansion internationale. D'importants changements se sont produits dans l'économie mon-diale au cours des deux dernières décennies, lesquels ont touché des aspects politiques, économiques et sociaux. L'internationalisation des économies est une conséquence du phénomène de mondialisation de plus en plus intense, qui entraîne une plus forte interaction entre les économies des différents pays.

Nous vivons donc au sein d'un marché ouvert, mondial et en expansion mais également où la concurrence est rude. Le groupe Cosentino aborde cette nouvelle réalité comme un défi et une op-portunité. Nous ne pouvons nous développer et créer de la richesse tant pour notre propre organisa-tion que pour nos partenaires, nos collaborateurs et nos alliés qu'en pénétrant les marchés extérieurs et en proposant des produits et des marques qui se distinguent évidemment des autres et qui ont une forte valeur ajoutée. Le groupe est actuellement présent dans plus de 60 pays à travers notre marque Silestone®. Il compte onze filiales propres réparties dans le monde entier et 70 % de son chiffre d'affaires provient des mar-chés extérieurs. Nous savons de première main que, malgré toutes les difficultés connues, il est plus que possible d'être véritablement

international. J'insiste, il ne sert à rien de faire un effort d'exportation sans l'aide de la recherche et de l'innovation. La concurrence d'un environnement mondialisé oblige aujourd'hui plus que jamais à la dif-férenciation positive fondée sur des propriétés tangibles orientées vers la qualité de vie des personnes. De plus, sans un système de distri-bution approprié qui comprend et tient compte des différents besoins et goûts de chaque marché, la mission peut facilement se solder par un échec. Cosentino a bénéficié d'une excellente expérience inter-nationale des marchés, ce qui nous a permis de mettre à l'épreuve deux modèles stratégiques différents : la production entièrement réalisée au siège de Cantoria (Almería) et la distribution. Nous avons misé sur un modèle de distribution complet, fruit d'une vision claire de service auprès de notre clientèle profes-sionnelle et d'une communication directe avec le consommateur final. La base opérationnelle de notre modèle se nomme Cosentino Cen-ter, le groupe Cosentino disposant déjà de près de cinquante de ces centres en Europe, en Amérique du Nord et au Brésil.

Nous investissons, depuis le début, dans la recherche et l'innovation, l'amélioration et l'agrandissement des installations de distribution dans le monde entier et le déve-loppement du capital humain de la compagnie, ce qui nous a valu une position stable dans tous les

pays dans lesquels nous sommes présents aujourd'hui. Nous avons ainsi pu faire face à des conjonctu-res récentes aussi négatives que le taux change défavorable euro-dol-lar. C'est précisément maintenant que nous devons non seulement maintenir ces politiques mais également les multiplier.

Récemment, dans un article, Guillermo de la Dehesa conseillait avec ferveur de « se positionner désormais dans d'autres pays tels que les États-Unis, le Canada, le Royaume-Uni, l'Allemagne, la France ou les pays nordiques, car ils seront les premiers à sortir de la situation de crise ou de récession, puisque leurs économies sont plus flexibles, ou parce que ces pays sont hautement compétitifs et profitent généralement avant et dans une plus large mesure des op-portunités d'une hausse mondiale du commerce ».Cosentino est prêt à décoller. Il encourage, par ailleurs, tous les chefs d'entreprise de notre pays à conserver l'esprit d'entre-prise et l'ambition de s'implanter à l'étranger. En définitive, à travers une vision d'acceptation de la différence de cultures, nous misons sur l'intégration de modèles, désormais plus consolidée dans la diversification de produits, la force des marques espagnoles et une distribution plus adaptée et contrô-lée afin d'atteindre davantage et mieux le client final et de réussir internationalement dans l'actuelle conjoncture socio-économique.

nous misons depuis le début sur la recherche et l'innovation, l'amélioration et l'agrandisse-ment des installations de distribution dans le monde entier et le développement du capital humain de la compagnie.

59 C entreprises espagnoles à l'étranger

L'internationalisation est, aujourd'hui plus que jamais, la clé de la compétitivité

Francisco Martínez-CosentinopréSiDent Du groupe CoSentino

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60 c nouvelles culture et société

Cinquantenaire de la mort de Gregorio Marañón. La Bibliothèque nationale d'Espagne, à Madrid, du 22 mars au 6 juin, la Bibliothèque et les archives de Cantabrie, à Santander, du 1er juillet au 29 août, le Centre culturel San Marcos, à Tolède, du 20 septembre au 12 décembre accueilleront l'exposition « Gregorio Marañón 1887-1960. Médecin, humaniste et libéral », organisée par la Société d'État des cérémonies culturelles, consacrée au souvenir de l'intellectuel et scientifique espagnol Gregorio Marañón à l'occasion du cinquantenaire de sa mort.

Rétrospective Gregorio MarañónPersonnage important de l'Âge d'argent de la culture espagnole, Gregorio Mara-ñón faisait partie de la Génération de 14, qui désirait l'européanisation de l'Espa-gne, selon les mots du philosophe José Ortega y Gasset. Sa vision humaniste de la médecine caractérisait son travail cli-nique comme son enseignement. Promo-teur de l'endocrinologie dans notre pays, il étudia aussi la lutte contre les maladies infectieuses, apportant une précieuse contribution à la recherche sur l'épidé-mie de grippe qui ravagea l'Espagne et l'Europe, et accompagnant en 1922 Al-phonse XIII dans un célèbre voyage dans la région de Las Hurdes, en Estrémadure. Auteur de psychobliographies, il étudia les divers aspects du comportement hu-

main comme la timidité, la passion du commandement, l'impuissance ou la ran-cœur, à travers des personnages tels que l'empereur Tibère, le roi Henri IV de Cas-tille, ou le comte-duc d'Olivares.

L'exposition présente la biographie et l'héritage intellectuel et scientifique de Gregorio Marañón en sept chapitre qui mettent en valeur les différentes facet-tes de sa personnalité. Médecin et cher-cheur, humaniste, essayiste et historien, il fut l'un des représentants de la meilleure tradition libérale espagnole. Marañón es-timait que le libéralisme était une qualité intrinsèque à la personne, une conduite, une éthique personnelle. Il eut en outre un rôle très particulier dans une période extrêmement troublée de l'histoire de

De gauche à droite, le voyage à Las Hurdes aux cô-tés d'Alphonse XIII, en 1922 ; lors d'un hommage à Benito Pérez Galdós dans le parc du Retiro ; séance de signature pendant la Foire du livre de Madrid, en 1959, et cortège funèbre de ses funérailles, en mars 1960. Au-dessus de ces ligne, portrait des années 1920. photo efe.

l'Espagne. Sous la dictature de Primo de Rivera, il fut incarcéré en raison de sa dé-fense du système parlementaire libéral, mais aux côtés de Ramón Pérez de Ayala et José Ortega y Gasset, il forma le Mou-vement au service de la République qui servit de structure aux intellectuels pour soutenir le régime de 1931.

Lorsque la guerre civile éclata, me-naçant sa vie, il s'exila en France d'où il aidait ses compatriotes, tout en prônant la réconciliation nationale pour recons-truire la future Espagne. Gregorio Mara-ñón rentra en Espagne à l'automne 1942. Ses nombreuses interventions en faveur de la réincorporation des exilés à la socié-té espagnole, ses relations amicales avec nombre d'entre eux, son aide à tous les persécutés qui faisaient appel à lui, son discours lors de l'hommage rendu par l'Université à Ortega y Gasset à l'occasion de son décès et ses déclarations critiques vis-à-vis de la dictature dans la presse étrangère témoignent d'une conduite li-bérale exceptionnelle.

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61c nouvelles culture et société

Barcelone hébergera un nouveau supercalculateur en 2012 Avec un investissement de 100 millions d'euros, le gouvernement espagnol a décidé que Barcelone accueillerait l'un des superordinateurs européens qui s'ajoutera à ceux dont l'Allemagne, la France et l'Italie sont déjà dotées. Cette machine est destinée au Centre national de supercalcul et sera cent fois plus puissante que le supercalculateur Mare Nostrum installé à Barcelone en 2004. Ce pari technologique est d'une importance vitale pour la recherche médicale, entre autres.

Le gouvernement rend hommage au poète Miguel Hernández Pour le centenaire de la naissance du poète Miguel Hernández, le gou-vernement a remis à ses descendants une Déclaration de réparation et de reconnaissance personnelle, en vertu de la loi sur la mémoire historique. Cette reconnaissance vient réhabiliter la mémoire et le nom de l'écrivain, décédé en 1942 dans les geôles franquistes. De nombreuses institutions ont programmé des événements à la mémoire du poète d'Orihuela durant toute l'année.

50e anniversaire d'Els Joglars « 2036 Omena-G » est la première manifestation du cinquantenaire d'Els Joglars, lune des compagnies de théâtre privé les plus stables et les plus anciennes d'Europe. Loin de regarder en arrière, Albert Boadella, son directeur, a conçu ce que l'on pourrait appeler un « anti-hommage ». « 2036 Omena-G » constitue un bond de vingt-cinq ans dans l'avenir et imagine la cérémonie d'hommage du 75e anniversaire. Le portrait sarcastique de l'évolution de la so-ciété dans ce demi-siècle d'histoire de l'Espagne dessiné par Els Joglars est ici appliqué à la compagnie elle-même, sans égards, et le résultat est une œuvre cruelle, drôle, narquoise et sans limites.

« Celda 211 », grand gagnant des Prix Goya 2010 Le film réalisé par Daniel Monzó, « Celda 211 » est le grand gagnant de la derniè-re édition des Prix Goya, avec huit récompenses. « Ágora », la dernière réalisation d'Alejandro Amenábar, a reçu sept des treize récompenses pour lequel il avait été nommé. Le gala a vu la réconciliation de Pedro Almodóvar avec les Goya : c'est lui qui a remis le prix du meilleur film au réalisateur de « Celda 211 »

200 numéros de la revue « Claves de Razón Práctica » La revue « Claves de Razón Práctica », dirigée par Javier Pradera et Fernando Savater, vient de publier son 200e numéro, ce qui représente deux décennies d'analyse permanente des grands événements espagnols et internationaux. Le premier numéro a été publié au printemps 1990 et incluait un essai de Rafael Sánchez Ferlosio. Le numéro 200 présente des articles de Karl Popper, Joseph Stiglitz et Fernando Savater.

Recherche espagnole

Recherche espagnole

Les chemins de fer russes choisissent le modèle de tGV espagnol

Une partie de la Méditerranée était à sec il y a six millions d'années

La plus grande compagnie de che-mins de fer du monde, Russian Railways, souhaite que les grandes entreprises de train à grande vitesse espagnoles (Adif, Renfe et Talgo) col-laborent à l'implantation de ce mode de transport en Russie. La première commande, dont les négociations sont très avancées, concernerait la construction d'une ligne entre Mos-cou et Sotchi, ville qui accueillera les Jeux olympiques d'hiver en 2014. Au cours des prochains mois, l'opérateur russe soumettra l'entreprise Talgo à plusieurs essais sur les lignes Mos-cou–Saint-Pétersbourg et Moscou–Brest Litovsk. L'Espagne et la Russie entretiennent depuis longtemps de fructueux échanges en matière d'in-novation technologique ferroviaire.

Selon une récente étude scientifique de l'université d'Alicante, le passage entre la Méditerranée et l'Atlan-tique, au détroit de Gibraltar, s'est refermé il y a six millions d'années. Les pluies et l'eau apportée par les fleuves ne compensant pas l'éva-poration, la mer s'assécha. Cette théorie semble confirmée par plu-sieurs recherches réalisées au cours des dernières décennies, qui per-mirent aux sous-marins de décou-vrir la présence de gypse dans les sédiments marins, or ce minéral se forme dans des conditions de haute évaporation.

Première du spectacle « 2036 Omena-G » au Théâtre Lope de Vega de Séville.

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La technologie espagnole au Salon mondial de Hanovre. Le Salon de la bureautique, de l'informatique et des télécommuni-cations (CeBIT) de Hanovre, grand rendez-vous mondial de l'innova-tion technologique, qui s'est tenu en mars, avait choisi l'Espagne comme pays invité. Indra s'est révélé être une référence mondiale dans les domaines de la santé, l'efficacité énergétique, les infrastructures intelligentes et la durabilité ; Tele-fónica a présenté son programme d'enseignement en ligne ; ISBAN, du groupe Santander, son offre de logiciels bancaires...

Lizarrán se tourne vers les États-Unis. La marque Lizarrán, propriété du groupe de restauration espagnol et européen Comess, a décidé de ren-forcer sa présence aux États-Unis avec l'ouverture dans les dix années à venir de 20 établissement à New York. Lizarrán, déjà présente dans 12 pays, consolide ainsi sa présence internationale.

L'Espagne occupe la cinquième place pour les brevets relatifs aux énergies renouvelables Selon le dernier rapport de l'OCDE, l'Espagne a atteint la cinquième place pour le nombre de brevets concernant les énergies renouvelables. Elle n'est précédée que par les États-Unis, le Japon, l'Allemagne et le Royaume-Uni.

« El Secreto de sus ojos », Os-car du meilleur film étranger La coproduction hispano-argen-tine, « Le secret de ses yeux », a remporté lors de la dernière édition des Oscars le prix du meilleur film étranger. Réalisé par Juan José Campanella, il est le film argentin qui compte le plus de spectateurs des 35 dernières années.

62 c nouvelles culture et société

Signature de deux contrats pour un montant de 41 millions d'euros

L'entreprise technologique espagnole Indra domine la navigation aérienne asiatiqueLa signature de deux nouveaux contrats, en Chine et en Inde, pour un montant de 41 millions d'euros, positionne Indra comme entreprise de référence mon-diale pour les systèmes de navigation aérienne. Son système de contrôle du trafic aérien qui utilise une technolo-gie entièrement espagnole, est déjà uti-lisé dans 80 pays, par les aéroports, les centres de contrôle de navigation et les

tours de contrôle. Ce nouveau contrat permettra au pays asiatique, dont le tra-fic aérien était déjà saturé, d'accroître le nombre de vols. Indra contrôlera 60 % des couloirs aériens des 50 principaux aéroports du pays, dont elle améliorera le rendement. Quant au contrat avec le gouvernement indien, il commande à l'entreprise espagnole le système de na-vigation de 38 aéroports.

2010, Année Sainte compostellane La Galice met en valeur l'Année Sainte compostellane pour promouvoir ses politiques touristiques et culturelles. La visite du pape Benoît XVI en novembre constituera le point d'orgue des céré-monies.

La Galice célèbre l'Année Sainte compostellane Dans l'objectif de faire de cette région une grande destination touristique, la Galice célèbre l'Année Sainte compos-tellane, année où la saint Jacques (25 juillet) tombe un dimanche. Le Jubilée compostellan a été établi par le pape Calixte en 1122 et a attiré durant des siècles des millions de pèlerins sur le premier itinéraire culturel européen.

La célébration comprend, outre son contenu spirituel, un plan d'action complexe pour la promotion touristi-que de la Galice dans des secteurs tels que la nature, la culture et la gastro-

nomie. La conjoncture économique a forcé les organisateurs à réviser à la baisse le nombre de visiteurs atten-dus, l'objectif étant désormais fixé à dix millions de personnes. En 2004, dernière Année Sainte, la Galice avait accueilli douze millions de visiteurs. L'impact économique du Jubilée est considérable pour l'économie gali-cienne et représente environ 1 % du PIB de la région.

Le pape Benoît XVI a confirmé sa visite à Saint-Jacques-de-Compostelle le 6 novembre prochain.

La cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle, épicentre de l'Année Sainte.

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Doñana atteint son plus haut niveau d'inondation de la décennie Les marais du parc national de Doñana ont atteint cet hiver le plus haut niveau d'inondation de la décennie grâce aux intenses précipitations enregistrées en Andalousie. Cet apport renforcera l'écosystème fragile, unique en Eu-rope et essentiel pour les oiseaux migrateurs.

Picasso à l'Institut Cervantès d'Istanbul L'infante Elena a inauguré à Istanbul l'exposition de gravures de Picasso « Suite Vollard », co-or-ganisée par l'Institut Cervantès, la fondation Mapfre et la fondation Suna ve Inan Kiraç d'Istanbul, avec la collaboration de l'ambassade d'Espagne en Turquie. La « Suite Vollard » est une collection de cent gravures sur cuivre réalisée par Pablo Picasso entre 1930 et 1937 pour Ambroise Vollard.

L'Idée de l'Europe à la Bibliothèque nationale La Bibliothèque nationale d'Espa-gne accueille jusqu'en juin une ex-position organisée avec la Société d'État des commémorations cultu-relle, proposant une réflexion sur l'idée de l'Europe et son évolution depuis la Grèce classique. Divisée en quatre périodes historiques : Antiquité, Moyen Âge, Époque moderne et histoire contempo-raine, « Europa en papel » (l'Europe en papier) présente une centaine d'ouvrages illustrant la consolida-tion de cette merveilleuse aventure appelée Europe. Parmi ceux-ci, figurent quelques-uns des chefs-d'œuvre de la Bibliothèque, comme le Beato de Liébana, les manuscrits récemment restaurés de Léonard de Vinci, les dessins de Velázquez et des gravures de Picasso datant de 1910, rarement exposés.

63c nouvelles culture et société

FITUR 2010 a accueilli le Forum Investour

Casa África et l'oMt soutiennent l'investissement espagnol dans le tourisme en Afrique

Casa África, l'Organisation mondiale du tourisme et FITUR ont présenté, lors de la dernière édition de la Foire internationale du tourisme, en janvier, le forum Investour, destiné à promou-voir l'investissement espagnol dans le secteur africain du tourisme. Cette rencontre a permis à plus de 50 entre-prises espagnoles de découvrir les pos-sibilités du continent africain en tant

que destination touristique. De fait, l'Afrique est la seule région du monde où le nombre de visiteurs a augmenté en 2009, donnée qui traduit l'intérêt croissant du tourisme international Investour a bénéficié de la présence de quinze ministres du Tourisme de pays d'Afrique, dans le cadre de l'une des plus importantes foires du monde consacrées au tourisme.

Art contemporain L'exposition propose un parcours de la jeunesse à la maturité de l'un des représentants majeurs de l'art contemporain espagnol.

Caixaforum Madrid présente les 25 dernières années de l'œuvre picturale de Miquel Barceló

L'exposition organisée à Madrid cé-lèbre le travail réalisé par Barceló au cours des 25 dernières années et offre aux visiteurs la possibilité de comprendre le mystère et les doutes qu'implique le processus de création. Cette exposition est donc essentielle pour avoir une vision cohérente et émouvante de l'œuvre de Barceló à travers 140 pièces, des grandes toiles de 1982 aux tableaux plus récents, en passant par les cé-ramiques et les sculptures, sans oublier les aquarelles, dessins, af-fiches, livres et carnets de voyage. Cette exposition a été conçue pour que le public vive l'œuvre de Bar-celó comme une expérience, décou-vre sa réponse énergique au monde matériel, ses relations avec la tradi-tion, ses voyages, l'utilisation d'élé-ments insolites et sa représentation du monde humain et animal.

Catherine Lampert, commissaire de l'exposition, a choisi les œuvres en collaboration avec l'artiste qui a prêté

La sculpture « Gran Elefant dret », de Miquel Bar-celó, domine l'entrée du CaixaForum de Madrid.

des toiles de sa collection personnel-le. « Miquel Barceló. 1983-2009 » sera ensuite présentée, à partir de juillet 2010, au CaixaForum de Barcelone.

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64 c nouvelles culture et société

PhotoEspaña 2010 programme 69 expositions Avec près de 400 artistes de 41 nationalités, la treizième édition de PhotoEspaña débute le 9 juin. Pendant les deux mois que durera la mani-festation, le grand rendez-vous de la photographie en Espagne approfondira l'expérience du temps dans l'œuvre des artistes et des photographes.

Soledad Puértolas fait son entrée à l'Académie royale espagnole L'écrivaine aragonaise devient ainsi la cinquième académicienne de cette institution qui compte 44 membres. Cette institution réputée, qui a plus de trois siècles d'histoire, veille sur les changements de la langue espagnole et son adaptation aux besoins de ses locuteurs.

Repsol renforce sa présence au Venezuela La compagnie espagnole a obtenu, en février dernier, la participation à l'exploi-tation d'un nouveau gisement à la Faja del Orinoco, où la production devrait être de 400 000 barils par jour durant 40 ans. Avec 11 %, Repsol est en tête de la participation étrangère à ce projet.

Algésiras, centre de débats sur les oiseaux et le changement climatique La ville d'Algésiras a accueilli en mars le IIe Congrès international sur les oiseaux migrateurs et le changement climatique. Cette rencontre a réuni 200 des plus grands spécialistes du monde, qui ont lancé une alerte et proposé des mesures pour la protection des oiseaux. Leurs conclusions seront discutées en juin au Conseil de l'Europe.

Huitième édition de Madrid Fusión

L'espagne devient la capitale mondiale de la gastronomie avec Madrid fusiónMadrid a accueilli en janvier le rendez-vous annuel avec la meilleure cuisine nationale et internationale. Durant cette rencontre, plusieurs experts en gastrono-mie ont présenté les tendances mondiales mijotées derrière les fourneaux. Pour sa huitième édition, la rencontre se confir-me en tant que référence internationale du secteur, et bénéficie largement du prestige acquis ces dernières années par

la cuisine espagnole. La manifestation a réuni des personnalités connues telles que Juan Mari Arzak, Martín Berasate-gui, Pedro Subijana et Ferrán Adriá. Ce dernier a d'ailleurs étonné tout le monde en annonçant la fermeture de son restau-rant « El Bulli » en 2012 et 2013 « pour se réinventer ». Ce restaurant accumule les plus grands prix gastronomiques interna-tionaux depuis plusieurs années.

Inauguration du synchrotron L'instrument, dont le coût s'élève à plus de 200 millions d'euros, fonctionnera à plein rendement début 2011.

L'accélérateur de particules place l'espagne à l'avant-garde de la technologieLe président du gouvernement, José Luis Rodríguez Zapatero, a inauguré fin mars le premier grand accélérateur de particules, le synchrotron, à Cerdanyola del Vallès, commune de la région de Bar-celone. Cet instrument, financé à parts égales par le gouvernement central et le gouvernement de Catalogne, a coûté 201 millions d'euros et doit devenir le moteur d'une industrie innovante et compétitive qui permettra de surmonter la crise. Ces installations d'une superficie des près de 26 000 mètres carrés sont les plus importantes du sud de l'Europe et place notre pays aux côtés du Royaume Uni, de la Suisse et de la France qui disposent

d'accélérateurs similaires. L'accélérateur fonctionnera à plein rendement début 2011 et sera inauguré par sept program-mes de recherche, en attendant d'en in-tégrer de nouveaux, car il pourra à terme en accueillir 33. Le laboratoire, qui offre évidemment ses services aux chercheurs du secteur public, désire aussi les offrir au secteur privé. Les installations em-ploieront plus de 140 personnes. Elles se composent d'une structure annulaire de 268 mètres de longueur, pouvant lancer les électrons à une vitesse proche de celle de la lumière. Les résultats des expérien-ces sont essentiels pour les domaines de la chimie, la biologie et la pharmacie.

Bâtiment central du synchrotron Alba le jour de son inauguration.

Soledad Puertolas

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65c nouvelles culture et société

Notre dette envers... Carlos Saura

Les enfants terriblesSa biographie porte l'em-preinte de la guerre civile qui étouffa son enfance. Fils d'un fonctionnaire du Trésor public et d'une pianiste, il commença des études d'ingé-nierie industrielle. Mais un beau jour, il n'a plus supporté la tyrannie de l'école et s'est mis à parcourir l'Espagne, avec un appareil photogra-phique dans son sac. Cette expérience lui a donné de solides bases techniques qui lui permettent aujourd'hui de remonter un appareil pho-tographique qui fonctionne à partir de pièces d'appareils hors d'usage. Ses autres points forts étaient le dessin, pour lequel il était très doué, la musique, héritage familial, et le documentaire. Lesté de ces bagages, il s'inscrivit à l'école du cinéma, où il devint enseignant après avoir obtenu son diplôme. Le jour où il apprit qu'il ne serait nommé à aucune des chaires qui allaient d'être créées, il quitta l'école et entreprit de démontrer à ses collègues la véracité de l'axiome selon lequel celui qui a quelque chose à dire le dit, et celui qui n'a rien à dire l'enseigne.

Il a toujours désiré écrire ses propres scénarios et faire des

films « d'auteur » comme ses collègues français de la « nouvelle vague ». Son langage cinématographique était brusque et syncopé, il supprimait les plans qui ne lui semblaient pas néces-saires et remplissait tout d'action. Il n'était pas facile à accepter par les indigènes de l'époque, mais il repous-sait les limites du réalisme conventionnel, même s'il fut très vite dépassé par les changements vertigineux de la grammaire cinématogra-phique. Il enchaîna les scènes de conflit social et familial sur fond de quotidien brisé par un accident fortuit, un événement social ou une violence intentionnelle. Les touches d'irrationalité apparente qui parsèment ses films faisaient partie de l'expérience quotidienne de presque tous, à l'époque, mais judicieusement réparties dans le scénario et associées aux symboles du régime franquiste, elles étaient com-me des taches de peinture rouge projetée sur le plastron amidonné de la « démocratie organique ».

La censure remporta quel-ques batailles, mais les cen-seurs se virent face à un pro-

blème dès que Carlos Saura commença à remporter des prix à l'étranger. Entre interdire la diffusion de ces films scandaleux en Espagne et perdre l'opportunité de prouver au reste du monde que le régime s'ouvrait, la Direction générale de la cinématographie choisit la seconde option. C'est ce qui sauva ce jeune rebelle à l'allure de séminariste qui, s'il avait été perdant dans ses dé-mêlés avec le régime, aurait dû s'exiler au sommet de l'Aneto, dans sa région natale de Huesca, ou appliquer son savoir photographique à un artisanat tranquille comme la sélénographie.

Sur les traces de Luis Buñuel, dont il fut le catéchumène et ami, il osa allonger la sacro-sainte institution de la famille sur le divan de la psychanalyse, et lui permit de se crêper le chignon devant la caméra pour mettre en scène ses conflits intérieurs en toute liberté.

Son cinéma, comme bien d'autres choses, prit un brus-que virage à la mort de Fran-co. Le mordant qui l'avait caractérisé sous le joug et les flèches s'estompa quand les

télévisions commencèrent à montrer tout naturellement de pires horreurs que celles qui lui avaient coûté si cher de seulement suggérer. Le guérillero aragonais, compagnon de voyage de l'UNINCI, céda la place au poète arabo-andalou passionné par la peinture de Goya, le théâtre de Lorca, le flamenco, le tango et surtout les houris du paradis de Mahomet qui peuplent les académies de danse et signent des sentences de mort amoureuse dans un tourbillon de volants et un claquement de talons rapide et furieux.

L'évolution du pays l'obligea à changer sa manière de toréer, à moins que ce ne soit l'ennui provoqué par une société espagnole recouvrant peu à peu la normalité démo-cratique. Son évolution pos-térieure à 1982 prouve qu'il n'était pas fondamentale-ment rebelle, et encore moins de la graine de Barabbas, et si, dans les premiers temps, il semblait traîner dans la boue les valeurs traditionnelles, c'était parce qu'il fallait sans doute sauter l'obstacle de la censure pour raconter ce qui se passait.

Il a passé la première partie de sa vie du côté des révoltés et des mécontents. La seconde partie semble pleine de satisfaction et de sérénité. JACOBO GARCíA. JOURNALISTE

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66 c publications

● El vuelo de los días (L'envol des jours). Anunciada Fernández de Córdova. Éditions Irre-verentes. Cette publication réunit ce qu'il y a de plus attrayant dans les livres de voyage et les mémoires. Le regard de l'auteur nous trans-met, à travers ses propres mots, des sensations vécues dans des villes du monde en-tier et nous présente la réalité à travers des évocations dans lesquelles elle établit un lien entre villes et livres, musique, cuisine, couleurs, paysages, odeurs, danses ou chaleur des rues, en passant d'un thème à l'autre à un rythme vif et kaléidoscopique. Comme le souligne Cristina Peri Rossi dans la préface, « écrit presque comme un recueil d'anecdotes person-nel, un journal, El vuelo de los días réunit fleurs et fruits exotiques, le nuancier de ces voyages ; il recueille des tournures linguistiques des pays hispano-américains, la musique des rues de New York ou du Brésil, les plages désertes d'Amérique latine ou de Cantabrie, l'angoisse des voyages aseptiques en avion, les lectures de poètes peu connus en Espagne ou les œuvres de jeunes

plasticiens. Il nous montre des recoins de Berlin, Saint-Pétersbourg, Tromsö, Vilnius, Buenos Aires, Paris, Monte-video, Casablanca, de Malte, Géorgie, Syrie, Toscane, du Maroc, Luxembourg, Kenya, Équateur et nous raconte des histoires qu'elle a vécues dans ces endroits. Comme les anciens voya-geurs, l'auteure se montre désireuse de s'imprégner, mais elle le fait à travers le prisme des références culturelles d'un écrivain profondément impliqué dans la réalité de notre temps. Sa profession ouvre au lecteur les portes sur des personna-ges et des environnements auxquels nous avons rare-ment accès.

● Un mundo en cambio. Perspectivas de la polí-tica exterior de la Unión Europea (Un monde en transformation. Pers-pectives de la politique extérieure de l'Union européenne) Camilo Vil-larino. Éditions IcariaQuels facteurs conditionnent et dessinent la politique extérieure de l'Union européenne ? Quels sont les grands défis qu'elle

doit relever dans ce monde changeant ? Comment l'UE peut-elle renforcer son rôle international ? Telles sont certaines des questions auxquelles ce livre répond, son objectif étant d'éveiller chez le lecteur la curiosité à l'égard de l'Union euro-péenne et de sa politique ex-térieure : l'envie de mieux la connaître. Comme l'affirme son auteur, le diplomate Camilo Villarino, ce livre ne s'adresse pas aux experts, ne traite pas tous les champs d'action de l'Union sur la scène internationale et ne réunit pas non plus toute les informations disponibles sur les différents sujets abordés. Pour cela, il y a des bibliothèques entières.

● Naciones Unidas. ¿Ayuda o estorbo? (Nations Unies. Aide ou obstacle ? ) Maggie Black. Éditions Intermón OxfamLa collection « Dossiers pour comprendre le monde » pré-sente l'analyse et l'opinion d'éminents auteurs sur des sujets d'actualité liés aux campagnes et aux actions d'Intermón Ox-fam. Le numéro 50 de cette collection aborde la question

suivante : l'organisation internationale des Nations Unies est-elle le cadre adapté pour faire face aux grands défis de la société mondiale tels que l'environ-nement, le développement, la sécurité, l'aide humanitai-re ou les droits de l'homme. Son auteure, Maggie Black, se montre très critique face à des situations et attitudes, même si elle déclare « être prête à défendre le système de l'ONU avec tous les arguments qu'elle pourra réunir ».

● Trastienda de la Diplo-macia (Les coulisses de la diplomatie) Inocencio F. Arias et Eva Celada. Éditions Plaza y Janés.Ce livre, sous-titré « De Eva Perón a Barack Obama, 25 encuentros que cambiaron nuestra historia » (D'Eva Pe-rón à Barack Obama, 25 ren-contres qui ont changé notre histoire), offre un parcours à travers les événements di-plomatiques internationaux les plus marquants de ces dernières années, à travers des anecdotes savoureuses sur le protocole de chacune de ces rencontres. De l'anec-dote à l'essentiel, du bras de fer politique à l'étiquette, des décisions qui ont changé l'histoire au placement des convives, des pactes secrets compromettants à la photographie officielle, La Trastienda de la Diplomacia montre que chaque phrase et chaque détail, aussi insignifiants puissent-ils paraître, sont cruciaux pour la réussite ou l'échec d'un événement historique.

● Mujer y familia en las

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67c publications

sociedades árabes ac-tuales (Femme et famille dans les sociétés ara-bes actuelles) Ouvrage collectif. Casa Árabe et Éditions Bellaterra L'une des suppositions les plus enracinées en Occident est le caractère immuable du modèle patriarcal dans la structure sociale des pays arabes ainsi que la préten-due explosion démographi-que et la vulnérabilité ou la soumission de la femme au sein de la famille. Tout cela interprété à la lumière d'un hypothétique déterminisme religieux qui les empêche d'évoluer. Cette œuvre col-lective, coordonnée par les sociologues Sophie Bessis et Gema Martín Muñoz, met en évidence la mort de ce cliché dans les différents États ara-bes, lesquels connaissent de profondes transformations qui modifient peu à peu les modèles traditionnels et patriarcaux, certes à des rythmes très différents.

● Elecciones sin elección. (Élections sans choix). Procesos electorales en Oriente Medio y el

Magreb (Processus élec-toraux au Moyen-Orient et au Maghreb) Ouvrage collectif. Ediciones del oriente y del mediter-ráneo.

Pour la plupart, les élections qui se tiennent au Moyen-Orient et au Maghreb, sont des élections sans choix puisqu'il n'existe pas de réel-le possibilité d'alternance politique ni de concurrence entre formations proposant des programmes différents. Les auteurs de ce livre, spé-cialistes espagnols qui sui-vent depuis des années les événements politiques de la

région, ont structuré leur recherche en trois blocs. Le premier concerne les pays non arabes du Moyen-Orient (Iran, Turquie et Israël), le second regroupe certains pays arabes de la région (Égypte, Liban, Yémen et Territoires palestiniens oc-cupés). Quant au troisième, il traite du Maghreb, avec le cas de l'Algérie et du Maroc.

● La integración regional y el desarrollo en África (L'intégration régionale et le développement en Afrique) Ouvrage col-lectif. Casa África et Los Libros de la Catarata Depuis la décolonisation, le régionalisme représente pour les dirigeants africains un projet collectif orienté vers la transformation socio-économique du continent. Si, pendant plusieurs décennies, les résultats ont été inégaux et ambivalents, l'intégration régionale est restée au cen-tre des stratégies de déve-loppement, se concrétisant même par un dynamisme réapparu avec le change-ment de millénaire. Cette œuvre aborde trois aspects

fondamentaux dans l'actuel agenda continental africain pour le développement : l'architecture de l'intégration régionale, la résolution de multiples appartenances des pays à des blocs régionaux, la contribution de l'intégra-tion régionale au dévelop-pement humain, la réalité de l'engagement politique et l'application nationale des décisions communautaires. Plusieurs auteurs renom-més, de différents profils, fournissent quelques clefs pour comprendre les débats et les propositions les plus récentes. Leurs visions ex-posent les divergences sur le type de régionalisme le plus approprié au développement de l'Afrique et ses relations avec d'autres acteurs de la scène internationale.

● Qué pensiones, qué futuro. El Estado de bienestar en el siglo XXI (Quelles retraites, quel avenir. L'État-providence au XXIe siècle) Ouvrage collectif. Éditions IcariaAu début des années 70, des critiques commencèrent à s'élever contre les retraites

● La Función Consular en el Derecho Español (La Fonction consulaire dans le droit espagnol) Jesús Núñez Hernández et Xavier Martí Martí. Secrétariat général technique du ministère des Affaires étrangères et de la coopération. La maturité du système démocratique espagnol et la consolidation de l'État-providence, qui ont contribué au renforcement de la politique de protection et d'assistance aux citoyens espagnols à l'étranger, avec l'ampleur des flux migratoires vers l'Espagne ou l'essor des nouvelles technologies, sont les raisons qui ont motivé les auteurs, Jesús Núñez, ambassadeur d'Es-pagne aujourd'hui à la retraite et Xavier Martí, diplomate en fonction, à réaliser une nouvelle mise à jour de cette œuvre, fondée sur la thèse de doctorat qu'a réalisée M. Núñez sur l'évolution des fonctions consulaires à travers l'histoire du droit espagnol. Il en résulte une œuvre de référence en la matière qui associe une rigoureuse analyse historique de la fonction consulaire à un examen détaillé de chacune des fonctions qu'exercent aujourd'hui les fonctionnaires consulaires. Les auteurs concluent leur étude en rappelant l'importance que présente le perfectionnement constant des instruments nécessaires à l'administration extérieure en vue d'exercer correctement ses fonctions dans le cadre consulaire.

✱... indispensables à lire

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68 c publications

publiques dans les dictatures du Chili et de l'Argentine, sur les conseils de Milton Fried-man. À partir de 1995, ces attaques ont été étayées par la Banque mondiale dans un rapport qui relança le sujet, cette fois-ci dans les pays les plus riches. Depuis lors, tant les institutions écono-miques internationales que les gouvernements et les banques et autres établisse-ments financiers, attaquent en permanence les systèmes publics des retraites en af-firmant que ces systèmes ne seront plus viables à l'avenir compte tenu de la forte hausse de la proportion de personnes âgées. Une solu-tion à ce « problème » serait d'envisager le développe-ment des retraites privées gérées par les institutions financières. Dans ce livre, il s'agit de démontrer que ces arguments sont erronés et se fondes sur des théories

facilement réfutables. Et que les retraites publiques sont durables, tandis que les retraites privées pourraient impliquer de graves dangers.

● Islam. Cultura, religión y política. Juan José Ta-mayo. Éditions TrottaL'Islam est une importante force religieuse, politique et culturelle dans le monde, tout en étant une source intarissable de spiritualité à laquelle se sont abreuvés et s'abreuvent encore des millions d'êtres humains. L'avenir de l'humanité ne peut se construire contre l'Islam, ni en marge de l'Islam mais bien en collaboration avec l'Islam. Après avoir remis en question certains des stéréotypes sur l'Islam, ce livre reconstruit le personnage de Mahomet à la lumière des nouvelles recherches et parcourt les principaux événements de l'Islam, en soulignant sa

présence en Espagne et ses différentes tendances qui dé-mentent l'idée d'une religion uniforme. Le théologien Juan José Tamayo (Palencia, 1946) situe au centre de l'analyse le Coran, étudié à l'aide des méthodes historiques et criti-ques, la charia, traitée à partir de la critique des secteurs réformistes de l'intérieur et de l'extérieur de l'Islam, les cinq piliers de l'Islam, interprétés à partir de l'option pour les pau-vres et le monothéisme d'un

● Diplomacia y rela-ciones internacionales (Diplomatie et relations internationales) Ángel Ballesteros. Secrétariat général technique du ministère des Affaires étrangères et de la coo-pération.

Cette œuvre de référence est un classique parmi les professionnels et les spécia-listes. Ce manuel scolaire est utilisé dans la plupart des écoles diplomatiques ibéro-américaines et à l'école di-plomatique de Madrid. Dans cette quatrième édition, la préface est signée par Miguel Ángel Moratinos.Son auteur, le diplomate Ángel Ballesteros, est ambassadeur d'Espagne et professeur de sciences sociales et d'histoire. Sa prolifique carrière littérai-re, avec plus d'une trentaine

de livres, réunit des titres de référence tels que Afuncio-nalidad de las relaciones in-ternacionales, Españoles en el Sáhara, La acción consular de España en Marruecos, Las relaciones España-Egipto, Estudio diplomático sobre Ceuta y Melilla, El diplomático de carrera en España, La técnica de la política exterior, La epopeya de Latinoamérica, Una política exterior de prestigio, España y el interés nacional, Diccionario diplomático ou Diplomacia crepuscular para profesionales.

✱... indispensables à lire

point de vue éthique. En outre, il aborde deux questions polé-miques : les droits de l'homme et les femmes au sein de l'Islam. L'œuvre se termine par les principaux dialogues entre christianisme et Islam tout au long de l'histoire et par la proposition d'une théolo-gie islamo-chrétienne de la libération.

● El Holocausto y la cultura de masas. Álvaro Lozano. Éditions Melu-sinaAujourd'hui, la mémoire col-lective est peu à peu rempla-cée par la reconstruction que les images du cinéma et de la télévision nous offrent sur le passé. L'Holocauste illus-tre parfaitement le constat que certains événements historiques peuvent doréna-vant difficilement se situer en dehors de cet imaginaire. L'« Holocauste hollywoo-dien », dont le film La Liste de Schindler est un parfait exemple, implique l'érosion progressive du discours élaboré par les historiens professionnels depuis des décennies. Cet intérêt des médias pour l'Holocauste représente deux dangers : la banalisation exhibitionniste de l'horreur et la possi-ble identification avec les bourreaux. Álvaro Lozano est diplomate et historien. Il collabore fréquemment à des publications spéciali-sées sur l'histoire. Il a publié des œuvres telles que « La Guerra Fría, La Alemania Nazi (1933-1945) » et « El marqués de Villalobar. Labor diplomática (1910-1918) ».

● El codesarrollo y su gestión: haciendo camino

SUBSECRETARÍA

SECRETARÍA

GENERAL TÉCNICA

Diplomacia y relaciones internacionalesÁngel Ballesteros

El diplomático Angel Ballesteros, embaja-

dor de España, es también académico de

Ciencias Sociales y de la Historia así como

profesor de Ciencia Política y de Relaciones

Internacionales en Salamanca, Burdeos,

Frankfurt,Bruselas, Lisboa, El Cairo, México y

Córdoba (Argentina).

Es autor de una treintena de libros profesio-

nales, entre los que figuran: Las minorías ante

el derecho; Afuncionalidad de las relaciones

internacionales; Españoles en el Sáhara; La

acción consular de España en Marruecos;

Las relaciones España-Egipto (traducido al

árabe); Estudio diplomático sobre Ceuta y

Melilla (8ª edición, traducido al francés y

al árabe); El Golpe de Estado (3ª edición);

Diplomacia y Relaciones Internacionales (4ª

edición); El diplomático de carrera en España;

La técnica de la política exterior; La etopeya

de Latinoamérica (2ª edición); Los conten-

ciosos de la política exterior de España (8ª

edición, traducido al inglés, francés y sueco);

Una política exterior de prestigio; España y

el interés nacional; Diccionario diplomático;

Todas las claves de España. Ensayos (in)

completos; Diplomacia crepuscular para

profesionales; y La batalla de los tres conten-

ciosos.

Diplomacia y Relaciones Internacionales,

cuya 4ª edición del Ministerio de Asuntos

Exteriores y de Cooperación, lleva un prólogo

del Ministro Miguel Angel Moratinos, cons-

tituye un clásico entre los profesionales y los

estudiosos y es libro de texto o de referencia

en la mayoría de las Academias Diplomáticas

iberoamericanas y en la Escuela Diplomática

de Madrid.

SUBSECRETARÍA

SECRETARÍA

GENERAL TÉCNICA

SUBSECRETARÍA

SECRETARÍA

GENERAL TÉCNICA

Page 69: MIRADAS AL EXTERIOR_13_FR

69c publications

al andar (Le co-dévelop-pement et sa gestion : le chemin se fait en mar-chant) Ouvrage collectif. Éditions CidealQuand on parle de co-dé-veloppement, on évoque souvent le rapport élaboré par Sami Naïr en 1997 ou les débats que suscite ce concept, fondé sur l'idée que les émigrants peuvent contri-buer au développement des sociétés tant d'origine que de destination. La fondation Cideal réunit dans cette publication les contributions de spécialistes de renom de différents domaines du co-développement, offrant une vision actualisée sur ses principaux acteurs et instru-ments, ainsi qu'une approche de la gestion d'interventions en la matière.

● El bosque dividido en islas pocas (La forêt divisée en petites îles) Jenaro Talens. Círculo de LectoresCette publication recueille un large échantillon de l'œuvre poétique de Jenaro Talens (Tarifa, 1946) au cours de près d'un demi-siècle d'écri-ture. Elle inclut des textes inédits et une sélection mise à jour de sa poésie. L'ensemble des poèmes offre une image juste des différentes dimen-sions et étapes d'une poésie singulièrement attrayante et provocante, sa condition d'innovation et d'aventure la rendant irrésistible dans le panorama actuel. Jenaro Talens est l'auteur de livres aussi importants que Víspera de la destrucción (La veille de la destruction), El sueño del origen y la muerte (Le rêve de l'origine et la mort) ou Viaje

● Arberia-Sefarad : en el espejo del otro (dans le miroir de l'autre). Ouvrage collectif. AECID L'ambassade d'Espagne en Albanie a organisé, en collaboration avec Casa Sefarad-Israel, la Mairie de Barcelone, le musée natio-nal d'Albanie et la faculté d'histoire et des lettres de l'université de Tirana, une journée internationale, qui s'est tenue en novem-bre 2008, dans le cadre du deuxième Automne culturel. La rencontre a abordé les relations entre Skanderbeg, héros national albanais, et la couronne d'Aragon ainsi que les expériences parallèles des Séfarades et des Arbëresh, Albanais qui avaient aban-donné leur patrie après l'invasion ottomane. Fruit de cette rencontre culturelle, ce livre édité par l'AECID recueille, après une

introduction de l'ambassa-deur Manuel Montobbio, les contributions d'Albert Torra, sous-directeur des Archives de la couronne d'Aragon, Anila Bitri, ancienne ambassadrice d'Albanie en Espagne, María Ángeles Gallego, chercheuse au CSIC, Eva Hyskaj, professeure d'his-toire à l'université de Tirana et Antón Nikë Berisha, professeur de langue et de littérature à l'université de Calabre. En outre, Arberia-Sefarad comprend des pho-tographies de documents extraits des Archives de la couronne d'Aragon et un CD du groupe de musique séfarade Mashalá.

✱... indispensables à lire

al fin del invierno (Voyage au bout de l'hiver).

● El día después de la crisis (Le lendemain de la crise) Robert Tornabell. Éditions ArielLa Grande Crise a été mondiale, extrêmement dure et longue. Elle a commencé par une bulle immobilière, favorisée par de faibles taux d'intérêt puis les excès du crédit bancaire et l'effon-drement des marchés des capitaux. La sortie a été inégale. Les experts pensent qu'en 2010 et 2011, le crédit

bancaire diminuera, le déficit public atteindra des chiffres difficilement supportables et la dette publique accumulée expulsera les émissions du secteur privé. Dans la plupart des pays, la crise bancaire est une question en suspens parce qu'en 2010, de nombreux établissements de crédit dissi-mulent encore leur volume de produits toxiques et doivent augmenter leur capital. Cette situation empêche la renais-sance du marché bancaire de gros et la baisse du prix du crédit, avec des marges

identiques à celles d'avant la crise. Robert Tornabell est professeur d'économie spécialisé dans le système bancaire et les finances in-ternationales à l'université Ramon Llull, et ancien doyen de l'ESADE Business School. Il est membre de l'European Finance Association et auteur de nombreux ouvrages sur le secteur financier.

● Memoria 2009 Casa Sefarad-Israel (Rapport annuel) Casa Sefarad-Israel.Casa Sefarad-Israel publie et offre sur son site Internet institutionnel le rapport d'ac-tivités 2009. La publication, préfacée par le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, parcourt toute une année d'activités dans les différents champs d'action de l'institution : relations institu-tionnelles, culture, Holocauste et antisémitisme, société civile, éducation, économie et entreprise, et communication. Il comprend également un reportage photographique détaillé sur les événements les plus marquants de ce consortium public né en 2006 et qui s'installera définitivement dans son siège madrilène du palais de Cañete l'année prochaine.

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70 e l'entretien

Jesús del Pozo « Il n'y a que dans le dictionnaire que la réussite précède le travail »Défenseur de l'essentiel dans les lignes et de l'innovation dans les matières, Jesús del Pozo nous accueille dans sa bouti-que madrilène, un espace regorgeant de créations extraordinaires qui, pendues aux cintres, attendent d'habiller des mil-liers de personnes dans le monde entier. « C'est mon laboratoire d'idées », affirme-t-il avant de s'embarquer dans une longue conversation. — La mode est l'un des secteurs où no-tre pays a une forte présence commer-ciale à l'étranger. Comment définiriez-vous le modèle espagnol ? — Je pense qu'il existe effectivement un tel modèle, mais je pense qu'il n'est pas bon, qu'il est dépassé et qu'il va laisser place à un nouveau modèle que nous n'avons cessé de combattre depuis de longues années. J'ai toujours pensé qu'il fallait s'y prendre avec les marques es-pagnoles comme le propose le nouveau modèle que l'ICEX va lancer. Jusqu'à aujourd'hui, les projets sectoriels étaient trop grands. Il faut soutenir et encoura-ger les grandes marques comme l'ont fait l'Italie, la France et même les États-Unis qui sont arrivés après nous dans le monde de la mode. Si on stimule et que l'on pous-

« Commençons par travailler, nous verrons ensuite ce qui arrive. C'est ce que je dis à mes étudiants », nous confie l'un des plus grands créateurs de la mode espagnole. Inquiet, perfectionniste et très engagé dans la formation de nos jeunes talents, Jesús del Pozo s'entretient avec Miradas al Exterior sur les boursiers de sa fondation – « avec eux, je n'ai pas de secrets » –, de sa grande passion – « je suis fasciné par le ballet » –, du rôle de la mode en tant que service – « J'ai horreur des fashion victims » –, avoue-t-il. Beatriz Beeckmans.

se quelques marques, elles entraînent à leur suite le secteur et le stimulent. Si l'on cherche à promouvoir l'ensemble du sec-teur, c'est irréalisable car les besoins au début sont très importants et on ne peut pas beaucoup diversifier. — Puisque vous mentionnez ces pays, les Italiens utilisent l'image de leur pays pour, par exemple, vendre des chaussures, et les Français, leurs vins. Pensez-vous qu'il existe une marque-pays associée à l'industrie textile en Espagne ? Comment voyez-vous notre présence dans le monde ? — Le plus grave, c'est que nous achetons des chaussures italiennes fabriquées en Espagne ! Entre autres raisons, parce qu'eux savent les vendre. Il faut savoir présenter et valoriser ce que nous avons, mais nous en revenons à la même chose : l'important est de s'appuyer sur des mar-ques concrètes, des vedettes et d'investir dans la promotion de ces marques, non pas à court terme mais comme l'ont fait l'Italie et les États-Unis, sans parler de la France, dans la mode depuis presque deux siècles. Certains pays ont récem-ment créé ce type de marché à partir de leurs grandes marques, l'Italie a par

exemple a commencé à le faire après la Seconde Guerre mondiale avec la premiè-re reconversion industrielle en Europe. Il est vrai que l'Espagne n'a pas participé à cette guerre, que nous avons dû attendre, et que nous avons des années de retard. C'est un handicap très lourd, mais avec un aspect positif dont nous devons tirer parti : nous pouvons éviter les erreurs que les autres ont faites. Nous devons adapter à nos besoins les formules qu'ils ont utilisées pour leurs pays. — Quelles sont les mesures qui, selon vous, pourraient améliorer la situa-tion ?— J'aime le travail à l'atelier. J'aime la conception, le dessin... c'est ce que je maî-trise le mieux. Je suis chef d'entreprise parce que je n'ai pas eu le choix : j'ai dû apprendre parce que, malheureusement, il n'était pas possible de séparer l'un de l'autre. Et j'ai dû faire quelque chose à quoi je n'étais pas préparé, et qui n'était pas une vocation, moi, j'avais développé le côté créatif. Toute la partie commercia-le, quelqu'un d'autre aurait dû s'en char-ger mais en Espagne, il n'y a jamais eu de projets d'entreprise de mode. C'était ça, le grand problème.

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e l'entretien 71

— Revenons à votre vocation, à laquel-le vous avez consacré votre vie, même si j'ai cru comprendre que vous aviez commencé des études d'ingénieur… — Oui, j'ai commencé des études en génie industriel parce qu'on m'y a forcé. Quand ils se sont rendus compte que je ne réus-sirais jamais dans cette voie, ils m'ont dit : « Fais ce que tu veux ». C'est là que j'ai commencé l'architecture d'intérieur et la création de meubles. Et je n'ai jamais eu de formation en tant que telle. — Et comment se passe ce processus d'apprentissage en autodidacte ?— Ça me semble tout naturel, tout à coup on se dit « et comment je plie ça ? » (il fait mine de tordre un morceau de tissu), et on voit qu'une forme va mieux que l'autre, à force de tâtonnements... L'erreur est très souvent créatrice et peut se transformer en excellente idée. Tout ce côté expéri-mentation m'a beaucoup servi. Et aussi le fait de vivre dans un pays où nous n'avi-ons pas beaucoup d'argent à consacrer aux collections, ni beaucoup de tissus, ni une industrie très développée pour nous soutenir, parce qu'il fallait arriver à faire quelque chose de différent avec ces contraintes. Comme le disait ma grand-mère, « nécessité est mère d'industrie » : la nécessité de créer de nouvelles choses nous pousse à chercher et à trouver quel-que chose de différent à partir des matiè-res habituelles.

Cette exploration est ce qui m'amuse le plus. Maintenant, nous avons accès à beaucoup de choses toute faites mais, par exemple, je regarde en arrière et je vois que lorsqu'on complimentait notre pa-lette de couleurs en la qualifiant de très personnelle, c'est parce que je n'avais pas le choix et que je devais les faire moi-mê-me. Le handicap d'avoir à faire moi-mê-me mes couleurs est devenu un atout. Et bien d'autres comme celui-ci, les plissés par exemple. Pour pouvoir transformer un tissu normal, j'ai dû non seulement en changer la couleur, mais aussi le dés-tructurer, le détruire et le tordre. Cela m'a permis de créer un ensemble de textures que l'on a par la suite fabriquées indus-triellement. — Question obligatoire : quelle est vo-

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72 e l'entretien

tre source d'inspiration ? — L'inspiration, ça me paraît un peu pré-tentieux. Je crois qu'on s'inspire de la vie, de la rue et des besoins des personnes proches de nous ou pas si proches mais dont on connaît l'existence. C'est ce qui fait que vous travaillez pour un certain public. Au bout du compte, il s'agit de fournir un service. Je dis toujours que la mode doit nous simplifier la vie et ja-mais la compliquer. Je ne supporte pas les fashion victims. Il me semble que la mode doit être une chose très ludique, qui nous divertit. Et si ce n'est pas le cas, ce n'est pas grave. Je respecte profondé-ment les gens qui ne se soucient pas de la façon dont ils s'habillent, ceux qui n'y accordent pas d'importance, c'est bien ainsi. Mais pour ceux qui aiment ça, c'est formidable. J'aime que les gens puissent être caméléon, qu'ils puissent être une chose la nuit et une autre le jour, même si ensuite il y a une tendance générale dans la façon d'être et de s'habiller, mais les transformations sont très amusantes.

Je pense que plus que d'inspiration, il s'agit d'un sens inné de la proportion et du volume. Un architecte l'applique à l'architecture et un styliste l'applique aux objets qu'il crée, ce qui s'applique à tout ce qu'il fait. Cette table (il désigne la table à côté de nous) que j'ai faite il y a 40 ans, avant de dessiner des vêtements, en est

un exemple . Je l'applique également à un flacon, à une robe du soir ou à un uni-forme. — Comment un styliste de votre en-vergure voit-il le monde ? Comment approchez-vous la réalité dans votre expérience quotidienne ?Ma vie est très divertissante et très riche. Dans certains cas, très attirante, et dans d'autres un peu masochiste. Par exemple, je me rends compte qu'il y a certains lieux où je fais des commentaires, et on me ré-pond : « Il n'y a que toi pour voir ça ». Mais si quelque chose me gêne, je ne peux pas l'éviter ni en faire abstraction. Quand je vois mes défilés, je ne vois que ce qui va mal, parce que ce qui va bien me paraît normal, de la façon dont ce doit être. Et ce qui ne va pas est une agression pour moi. Cependant, on tire parti de beaucoup de choses : on voit des choses qui n'existent pas, ou on imagine qu'une chose est ce qu'elle n'est pas, et c'est merveilleux… — Auriez-vous un exemple pour ceux d'entre nous qui ne sont pas aussi créatifs ? — Ça nous est tous arrivé une fois : on voit quelque chose et on pense « que c'est joli ! ». Et quand on voit vraiment bien, ou de près, ce qu'on imaginait est beaucoup plus beau et l'on est capable de le reproduire bien que ça n'ait rien à voir avec ce que l'on a vu. Il peut s'agir

aussi bien du pli d'une jupe que du nez de quelqu'un. On regarde un tableau et on voit un pli alors que c'est une ombre, mais on reste avec l'idée du pli car elle nous a fasciné. C'est un jeu très amusant et ce n'est qu'une question d'exercice, comme tout. Je note constamment des idées, et ensuite j'oublie... (rires). Après, il arrive très souvent que je ne sache plus si j'ai vu les choses ou si je les ai imaginées, alors je cherche des images qui n'ont jamais existé, c'est formidable. — Vous avez déclaré que dans les situa-tions difficiles, la seule chose qui vous permettait de vous sentir entièrement satisfait et d'oublier les problèmes, c'était votre travail. Une telle affirma-tion démontre un formidable enthou-siasme pour votre métier…— J'ai vécu peu de moments difficiles, mais je n'ai réussi à me les sortir de la tête que grâce à de brefs moments d'immense satisfaction au travail. C'est la seule chose qui, pendant quelques instants, me per-met de ne pas penser au problème, c'est simplement ça. Et on se rend compte que quand on s'implique vraiment dans quel-que chose, le reste n'existe pas. — Comment évaluez-vous votre par-cours ? Que ressentez-vous après tou-te une vie consacrée à la mode ? — J'ai toujours dit que je suis un tra-vailleur, comme tout un chacun dans son

lE ProfIlDe nombreux prix et une riche carrière de plus de trente ans témoignent du parcours profession-nel du créateur de mode madrilène. Depuis 1974, année où il a ouvert son premier magasin de vêtements pour homme dans la rue Almirante, Jesús del Pozo s'est consacré corps et âme à la création d'un univers du beau où prévaut la recherche de l'essentiel dans les lignes et de

l'innovation dans les matières.Depuis son repaire de la rue Almirante, aujourd'hui colonne ver-tébrale de l'avant-garde madrilène, le styliste a entrepris son voyage dans le monde de la mode et des défilés. Sa première collection pour homme a vu le jour au SEHM de Paris en 1976. Quatre ans plus tard, il présente sa première collection de prêt-à-porter féminin.

En 1989, il présente sa collection à la Fashion Foundation de Tokyo puis, en 1990, à la Cour Carrée du Louvre à Pa-ris. Depuis sa première présentation sur les podiums de la Pasarela Cibeles, Jésus del Pozo est devenu un styliste incontournable de la semaine de la mode de Madrid, à laquelle il est fidèle depuis toujours. Au début des années quatre-vingt-dix, il fait son entrée dans le

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domaine. Il ne faut jamais penser au suc-cès. S'il vient, il vient, et sinon, il ne vient pas. Je dis toujours à mes étudiants qu'il n'y a que dans le dictionnaire que la réus-site précède le travail. Il faut travailler, on verra ensuite. Et je crois que j'ai de la chance d'avoir pu me consacrer au sty-lisme en Espagne à une époque où c'était difficile, et d'autant plus avec une famille très conservatrice comme la mienne, pour qui le stylisme était quelque chose de lointain et d'inconnu en plus d'être as-sez irréel. Mon père me disait toujours : « toi, ce que tu veux, c'est te la couler douce » et il fallait lutter contre l'opposi-tion d'une famille qui ne croyait absolu-ment pas en ce que je voulais. C'était un obstacle de plus, outre celui de manquer de matériaux, de couleurs, du fait que la mode en Espagne était très limitée, sur-tout quand j'ai commencé avec la mode masculine. Mais une fois qu'on est habi-tué à franchir tous ces écueils, on s'ennuie quand il n'y en a pas.— C'est sûrement une grande satisfac-tion pour vous d'être sorti renforcé de ces épreuves…— Renforcé d'un côté, en mille morceaux de l'autre (rires), car tout vous use. Mais oui, tout est très intéressant et il est bon d'en être conscient.— Vous avez toujours été très engagé dans la formation, à travers votre fon-dation Fundación JP, désormais. Quel

est l'héritage que vous considérez comme le plus important à faire pas-ser aux jeunes ? — Dans mon métier, les personnes qui dé-butent aujourd'hui bénéficient d'une très bonne chose que ma génération n'a pas eue : la possibilité de se former technique-ment. Si j'avais eu cette occasion, j'aurais commis beaucoup moins d'erreurs. J'ai presque dû réinventer la roue : personne ne m'avait prévenu qu'elle existait déjà ! Mais ils devront se battre dans un mar-ché beaucoup plus dur et plus concur-rentiel. Ce métier ne s'enseigne pas, mais on peut l'apprendre, et la seule façon de le faire est d'observer. Il ne s'apprend pas dans un cours ni par des explications, il s'apprend en observant quelqu'un dont on pense qu'il le fait bien. J'ai créé la fon-dation sur cette base, et elle voit passer différents boursiers. Il y a une partie sty-lisme, direction et communication. C'est très gratifiant pour moi qu'ils puissent apprendre ce que je n'ai pas eu la chance de voir. Toutes ces années ont vu passer de nombreux étudiants, il y a eu des gens formidables, qui absorbaient et vivaient ce qu'ils faisaient, et d'autres sont venus comme on va au zoo et n'ont rien appris. C'est dommage qu'ils prennent la place de quelqu'un qui en aurait mieux profité, mais c'est difficile de savoir sur la base de quelques travaux et de brefs entretiens.— C'est comme ça que se passe la sélec-

tion ?— Évidemment, en regardant leur travail, et un rapport de la direction des éco-les, mais je me suis rendu compte que même cela n'est pas une garantie. J'ai eu des gens de la même école avec d'excel-lents dossiers qui ont été formidables et d'autres, avec de bonnes références éga-lement, qui ne l'ont pas été autant. Je sup-pose le fait que les personnes s'identifient plus ou moins à vous et à votre projet a aussi une influence. Je le fais avec beau-coup d'amour, je me sens un peu l'âme de l'ancien maître artisan : quand je suis avec eux, je n'ai pas de secret. Dès que l'occasion se présente, je leur montre, qu'il s'agisse d'une technique de plissage que j'ai utilisée il y a trente ans, ou, si c'est de la teinture, nous teignons, ou nous étudions ensemble un volume. Ils voient également que je suis présent à tous les essayages et ils voient tout, même que je pense à voix haute. Il ne faut aucune pu-deur, je laisse aller et voilà. Il faut donner toute son énergie. Je suis très impatient, et quand je veux quelque chose, je le veux tout de suite. Quand je pense à une chose, je voudrais l'avoir déjà réalisée. Les per-sonnes avec qui je fais mes essayages me disent que mes phrases récurrentes sont : « Où y a-t-il un morceau de tissu comme celui-ci ? » et « Où sont les ciseaux ? » pour ajouter, enlever, transformer ou tor-dre, ou changer quelque chose. C'est ce

monde duparfum avec Duende (1992). Sa première fragrance fémi-nine, fraîche et agréable,vient compléter ses collec-tions de mode. En 1994, il présente son premier par-fum pour homme, Quasar. En plus de son amour pour la mode, Jesús del Pozo est amoureux des arts du spec-tacle, une passion qui l'a amené à confectionner des costumes pour le théâtre, le ballet, le cinéma et l'opéra, en collaboration avec des réalisateurs et des artistes

de l'envergure d'une Alicia Alonso ou d'un Fernando Trueba. Le projet qui l'a le plus marqué est la créa-tion des 500 costumes de l'opéra « Carmen » de Bizet, produit par le Teatro Real de Madrid. Avec l'arrivée du nouveau siècle, Jésus del Pozo élargit son horizon et inclut un plus large éventail d'accessoi-res : lunettes, montres et une grande collection d'art de la table et de linge de maison. Il déménage vers un nouveau studio à Ronda de

Toledo, un espace vaste et lumineux, où il travaille dans son atelier ou « laboratoire d'idées » et recherche des concepts, des matières et des coupes avec son équipe de stylisme. Ce travail de création se retrouve à la fois dans ses collections pour la Cibeles Fashion Week com-me dans sa ligne JP Jesús del Pozo. Avec la Fundación JP, il transmet son expé-rience et son enthousiasme à une nouvelle génération de stylistes et d'amoureux de la mode.

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dont j'ai besoin en permanence.— On peut déduire de vos propos que vous aimez le naturel et l'absence d'ar-tifice… “— Oui, sans fioriture. Mes racines sont en Vieille-Castille. Je suis né à Madrid, mais mon père est de Ségovie et ma mère, de Valladolid. J'aime le luxe austère, inti-me. Le luxe discret m'intéresse beaucoup plus que l'étalage. Je préfère sentir que je porte de la soie plutôt que de montrer que j'en porte. C'est ma philosophie, dans le travail et dans la vie. Il y a un fort rapport à la culture arabe de ne pas faire étalage à l'extérieur mais de garder pour soi. Et un fort rapport à mon éducation : ne pas se faire remarquer, apprécier ce que l'on a. Les démonstrations ostensibles ne me semblent pas élégantes, elles me parais-sent un peu vulgaire. J'ai été élevé comme ça, et ça fait partie de moi. Ma mère avait un sens esthétique extrêmement raffiné. Quand je vois ma photo de communion, où nous sommes huit ou dix enfants de l'école du Sacré-Cœur de la rue Claudio Coello de Madrid, la seule aube qui n'est pas de blanc pur est la mienne, et le seul livre qui ne brille pas est le mien. Ceux des autres étaient en nacre, le mien en cuir blanc. Ce genre de choses reste pro-fondément ancré en vous. Je n'ai aucun souvenir de quoi que ce soit qui brille à la maison, aucun cadre doré ni rideaux brillants. Je me souviens d'odeurs de cire, de bois naturel, de satins mais rien de voyant, tout de doux…— Cela se retrouve dans vos créa-tions…— C'est ce que je sais faire. Parfois je vois

des choses que d'autres ont faites, avec des couleurs plus primaire ou plus écla-tantes, et que j'aime, mais moi-même, je ne sais pas comment le faire. Quand j'es-saie, je ne sais pas m'y prendre et, bon, chacun fait ce qu'il sait faire, et je pense que la seule façon de bien faire les choses est de les ressentir. — Vous appréciez beaucoup d'autres formes d'art comme l'opéra ou le bal-let. Comment canalisez-vous ces émo-tions vers votre métier ? Il n'y a pas de moyen pour faire passer une chose vers l'autre. Je crois que la transmission à ce que l'on fait existe et se produit de manière inconsciente. C'est entré dans le subconscient, et l'intellect, l'âme, la vie et le cœur s'en nourrissent. Ensuite, ça ressort ou non, mais pas de manière prévue ou préméditée. Les ima-ges qui marquent s'impriment sur la ré-tine, et le résultat n'a peut-être rien à voir avec elles, mais ça fait partie d'une éduca-tion. J'ai le sens de la vue bien plus aiguisé que celui de l'ouïe. Ainsi, même si dans l'opéra je porte une grande attention à la partie lyrique ou musicale, ce qui m'inté-resse vraiment est qu'il s'agit d'un spec-tacle total. Je n'aime pas voir un opéra si la production n'est pas bonne, aussi bon-nes que soient les voix. Je ne dis pas que c'est plus important, mais que c'est aussi important que le reste. C'est pourquoi je m'intéresse aussi au ballet, car l'esthéti-que et le visuel y sont très importants. Le ballet me fascine, mais c'est terrible car seules les excellentes performances me fascinent et il n'y en a pas beaucoup. Pour assister à de telles performances, il faut en subir beaucoup de médiocres. Mais quand j'aime ça, je me régale. Je pense que les émotions les plus fortes de ma vie, qui m'ont complètement submergé, je les ai ressenties avec le ballet. — Avez-vous déjà eu ce sentiment à l'occasion d'un de vos défilés ?— Jamais. Rien de ce que j'ai pu faire ne m'a autant ému. Moi, dans mes créations, je vois toujours le défaut. Oui, j'ai ressenti cette émotion lors de l'acte de création, mais pas dans un défilé, je n'ai jamais ado-ré ce que j'avais fait. Je peux en revanche me souvenir du bonheur que j'ai eu à le faire. J'ai eu des moments sublimes, lors

du travail lui-même, de l'accouchement de la question. Ces moments sont très éphémères, mais ils en valent la peine. — Après 35 ans dans ce secteur, dans quels projets vous voyez-vous à l'ave-nir ? — Tout ce qui touche aux nouveaux ma-tériaux et aux nouveaux produits, c'est le plus amusant parce que l'on a pas d'idée préconçue et qu'en même temps, on peut appliquer ses idées dans leur totalité. Je fais des vêtements depuis 35 ans, et la partie recherche va s'amenuisant chaque jour un peu plus. Si je me mets à la porce-laine ou au cristal, mon champ s'élargit et je peux essayer plus de choses. Mon in-cursion dans le monde des parfums a été merveilleuse. J'allais à Paris pour sentir, élaborer, distinguer, éduquer mon nez. C'était passionnant car tout à coup, on essaie de traduire un concept esthétique en notes olfactives. Tout ce qui consti-tue un défi m'amuse beaucoup. En fait, avant je le faisais avec presque tout mais maintenant, j'ai besoin de bonnes équi-pes à mes côtés, sinon, je me lasse. On a besoin de gens qui sont très bons, qui nous comprennent très bien et nous don-nent de grandes satisfactions : des gens qui, quand on leur présente une idée, la captent et sont capables de la traduire en une réalité et l'améliorer. Et ça n'arrive qu'avec les meilleures équipes. Sinon, c'est un dialogue lent et maladroit, et je veux faire beaucoup de choses, je suis très pressé. — Vous avez habillé des femmes du monde entier. Pensez-vous que votre approche de la mode est différente selon les pays ou les régions ? Pour quelle type de femme créez-vous ? — Je ne travaille pas pour un type de femme d'un statut social ou économi-que particulier, ni même d'un âge précis. Mais il est vrai que nous travaillons pour des personnes à l'esprit pratique. Et elles habitent en Espagne, au Japon ou à New York, et deux femmes qui vivent l'une à Madrid et l'autre au Japon peuvent être bien plus proches l'une de l'autre, malgré les milliers de kilomètres qui les séparent, que de la voisine du dessous. C'est une fa-çon de penser, et c'est le type de personne qui nous intéresse.

« Si on stimule les grandes marques espagnoles, elles finiront par entraîner le secteur à leur suite. »

« J'aime enseigner à mes étudiants comme un ancien maître artisan, sans garder de secret »

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Miradas al exterior est une publication officielle d'informations diplomatiques du ministère des Affaires étrangères et de la coopération du gouvernement espagnol,

trimestrielle diffusée à 14 000 exemplaires dans le monde et traduite en anglais et en français. Disponible en ligne à l'adresse

www.maec.es

L'information de référence sur l'action extérieure, chez vous chaque trim

estre

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GOBIERNO DE ESPAÑA

MINISTERIO DE ASUNTOS EXTERIORES Y DE COOPERACIÓN

www.maec.es

RecueRda que en el extRanjeRo

tu embajada puede ayudaRtePara atender a nuestros compatriotas en el extranjero, España cuenta con una amplia red consular dependiente del Ministerio de Asuntos Exteriores y de Cooperación, compuesta en la actualidad por 187 Oficinas Consulares y Secciones Consulares de Embajadas, así como cerca de 375 Consulados y Viceconsulados Honorarios. > La función de los Consulados consiste en prestar determinados servicios administrativos a los ciudadanos españoles, ayudar a quienes hayan sido víctimas de delitos o abusos y asistir a quienes se encuentren en situación de necesidad. > Cuando te encuentres en un país o ciudad donde España no posea Consulado, podrás dirigirte a la Sección Consular de la Embajada de España, oficina que se encontrará únicamente en la capital de dicho país

los consulados pueden > Expedir pasaportes o salvoconductos en caso de caducidad, pérdida o robo. > Informar sobre los servicios médicos, educativos y legales del país; > Prestar asistencia a detenidos; > Adelantar, de manera extraordinaria, el dinero imprescindible para eventuales casos de necesidad que pudieran surgir, incluída la repa-triación.> Realizar inscripciones en el Registro Civil, expedir poderes y actas notariales, legalizar documentos así como otros trámites administrativos.

los consulados no pueden > Hacer funciones de agencia de viajes; > Conseguir un trabajo en el extranjero; > Garantizar en un hospital o en una cárcel un tratamiento mejor que el otorgado a los nacionales de ese país; > Avalar, prestar dinero o pagar multas; > Hacer de intérprete, guía o asistente social.

Registro de viajeros > El sistema de registro de viajeros, accesibe desde la web del Ministerio www.maec.es. permite a quienes viajen al extranjero facilitar todos sus datos personales, los datos de su viaje (país de destino, lugares que va a visitar y en los que se va a alojar) y los de los familiares que tienen previsto acompañarle, así como los de las personas a las que habría que contactar en caso de emergencia. > Ello permitirá a la Unidad de Emergencia Consular, en caso de crisis, disponer en todo momento de listados actualizados de las personas que se encuentran de forma transitoria en el país o región afecta da por la misma, facilitando la puesta en contacto con los viajeros y su asistencia en caso de necesidad. > A partir del 15 de julio próximo entrará en funcionamiento una nueva aplicación informática que permitirá el envío de SMS y correos electrónicos a los viajeros previamente registrados, con objeto de enviarles información y recomendaciones en el caso de que se produzca una crisis o emergencia en el país al que han viajado.