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S O M M A I R E

Ministry®, Revue internationale pour les pasteurs12501 Old Columbia Pike, Silver Spring, MD 20904-6600 U.S.A.

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Imprimé par la Pacific Press® Pub. Assn., 1350 N. Kings Road, Nampa,ID 83687-3193. Port payé à Nampa, Idaho (ISSN 1947-5829).

Membre d’Associated Church Press. Adventiste®, Adventiste du septième jour®, et Ministry® sont des marques déposées deGeneral Conference Corporation of Seventh-day Adventists®.

Volume 6 Numéro 4 © 2014 - IMPRIMÉ AUX ÉTATS-UNIS.

4 Réflexions sur un ministèreen prison : Entretien avec AntónioMonteiro dos Anjos

D e l b e r t B a k e r

9 L’évangélisationdans un contextesécularisé

V e s a A n n a l a

12 Amour et jugement :le triomphe de DieuDeuxième partie

J o A n n D a v i d s o n

16 Impliquer les 15-35 ans :une Église qui comprendles relations

C l i n t J e n k i n & A . A l l a n M a r t i n

20 En défense des droitsfondamentaux :une conversation avec lesresponsables des relationspubliques et de la libertéreligieuse

Derek J. Morr is & Wi l l i e E . Hucks I I

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3 ÉDITORIAL

25 COURRIER DES LECTEURS

15 LIVRE

26 Les Églises samoanes semultiplientavec un seul pasteur

P e t e r R o e n n f e l d t

15, 28 NOUVELLES

8 RÉVEIL ET RÉFORME

Co-Animateurs :Anthony Kent et Derek Morriswww.MinistryinMotion.tv

29 Comment utiliserdes histoires pour augmenter l’impact devos prédications.

K e l v i n O n o n g h a

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É D I T O R I A L | W i l l i e E . H U C K S I I

Pendant presque deux ans, beau-coup d’entre nous avons suivil’histoire du pasteur António Mon-

teiro dos Anjos – le pasteur adventistedu septième jour emprisonné au Togo.En janvier 2014, après 22 mois d’incar-cération, il a été déclaré innocent detoute accusation et libéré.

Au cours de ces deux dernières années,je me suis souvent demandé «Et si çaavait été moi? Enfermé dans une prisonet accusé d’un crime que je n’ai pascommis. Comment aurais-je fait face àde telles circonstances? Est-ce que jeme serais demandé: “Pourquoi me traite-t-on injustement? Jusqu’à quand vais-je rester ici? Qu’est-ce qui va se passerpour ma femme et mes enfants?”»

Je pourrais facilement être tenté dedouter de la présence de Dieu et mêmede l’appel qu’il m’a adressé. Je pourraisaussi facilement être tenté par l’amertumeet la colère. Et surtout, comment pour-rais-je pardonner à la personne qui aporté ces accusations contre moi?

Répondre aux questionsIl n’est pas si difficile de répondre à

ces questions. Même si je ne peux pascomparer ma vie personnelle et mes ex-périences professionnelles avec ce quele pasteur Monteiro a vécu, le fait estque, dans des circonstances différentes,les problèmes restent les mêmes. Qu’ils’agisse de questions familiales ou devie d’église, potentiellement les tensionspeuvent devenir plus fortes, les sentimentspeuvent être blessés et entraîner colèreet amertume.

En regardant en arrière, vers mes an-nées de pasteur d’église locale, je constateque j’ai eu la chance d'avoir quelques-uns des meilleurs membres qu’un pasteurpuisse jamais espérer. Les dirigeantsavec qui j’ai travaillé ont rendu montravail relativement facile. Malgré les dif-ficultés habituelles que l’on rencontreau sein du ministère pastoral, j’ai vécuune expérience agréable. Dans mes di-

verses responsabilités depuis que j’aicessé de servir en tant que pasteur local,j’ai aussi travaillé avec certains des pro-fessionnels les plus agréables et les plusefficaces qu’on puisse imaginer.

Pourtant, de temps en temps (merciSeigneur, ça a été rare), il y a eu unmembre d’église, un étudiant ou un col-lègue qui s’est révélé chroniquementpénible ! Quelqu’un dont les paroles oules actions m’ont fait passer des nuitsblanches à me demander pourquoi.Comment peut-il faire une chose pareilleet s’en tirer comme ça? Il arrive quenous soyons confrontés aux critiques(ou pire), alors que nous faisons conscien-cieusement de notre mieux, en nous sa-crifiant souvent pour les autres. Parfois,d’autres profitent de nous sans raisonapparente.

Prendre les prochaines mesuresComment gérer tout ça ? Je dois

avouer que je suis toujours en chemin.La route sur laquelle je marche est rem-plie de nids de poule, de détours et demauvais virages... Mais je me rappellecertaines choses qui m’encouragent,bien que je ne les saisisse encorequ’imparfaitement.

Je me souviens des paroles et del’exemple de Jésus. Jésus a assuré sesdisciples que le monde ne se soucieraitpas de ce qu’il les avait choisis pourqu’ils le suivent de près. Au contraire, ceserait pour eux un motif de persécution(voir Jean 15.20). Même si ce que je visne peut le moins du monde être comparéà la persécution, je dois avoir conscienceque, dans ce monde, j’aurai à faire faceà des moments difficiles (voir Jean16.33). Je me souviens aussi du conseilde l’apôtre Pierre : «C’est à cela queDieu vous a appelés, car le Christ aussia souffert pour vous, vous laissant unexemple, pour que vous suiviez sestraces… Injurié, il ne ripostait pas parl’injure. Quand on le faisait souffrir, il ne

formulait aucune menace, mais remettaitsa cause entre les mains du juste Juge.»(1 Pierre 2.21, 23)1

Je n’oublie pas qu’il y a des chosesque je ne comprendrai jamais. Aussisimple que le passage puisse paraître,je me débats toujours avec la profondeurde la déclaration de Romains 8.28 :«Dieu fait concourir toutes choses aubien de ceux qui l'aiment. » Certes, je ré-fléchis aux questions de théodicée et detiming. Mais je continue à m’appuyersur la providence divine, reconnaissantque «dans son amour, notre Père célesteexauce nos prières en nous accordantce qui est pour notre bien, ce que nousdemanderions nous-mêmes si nous pou-vions juger justement des choses spiri-tuelles.» 2

Je garde à l’esprit que la vie ne tournevraiment pas autour de moi. L’histoirede Joseph parle à notre société égo-centrique et narcissique. Après avoir étévendu comme esclave par sa famille,accusé à tort, emprisonné, oublié parcelui à qui il avait fait du bien pendantson incarcération, il était encore capablede dire à ses frères : «Vous aviez projetéde me faire du mal, mais par ce quevous avez fait, Dieu a projeté de faire dubien en vue d'accomplir ce qui se réaliseaujourd'hui, pour sauver la vie à unpeuple nombreux.» (Genèse 50:20).

ConclusionL’histoire du pasteur Monteiro, telle

qu’il la partage dans son entretien avecle Dr Delbert Baker (l’article principal dece numéro) ne concerne pas seulementsa prédication et son enseignement pen-dant son séjour en prison. Bien plus quecela, cette entrevue parle du ministèrede sa vie durant son incarcération. C’estpeut-être le plus grand sermon qu’il aitjamais prêché. Et vous ? Et moi ?

1. Toutes les citations bibliques sont tirées de LaBible du Semeur. C’est nous qui soulignons. 2. Ellen G. White, Le meilleur chemin. Dammarie-les-Lys : Éditions SDT, 1981, p. 94.

Et si ça avait été moi ?

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D e l b e r t B A K E R , est vice-président de laConférence générale des Adventistes du septièmejour à Silver Spring, Maryland, États-Unis.

Delbert Baker (DB) : Comment résu-meriez-vous cette expérience d’avoirété faussement accusé, arrêté et em-prisonné pendant près de deux anspour un crime que vous n’avez pascommis?

António Monteiro (AM) : J’ai prêtéassistance à un homme qui était venume voir dans mon bureau pour me de-mander de l’aide. Je n’avais jamais vucet homme auparavant. Quelques tempsplus tard, ce même homme a eu desproblèmes avec la police. Il m’a alorsaccusé, ainsi que plusieurs autres per-

sonnes, d’un crime dont je ne savais ab-solument rien et dans lequel je n’étaispas du tout impliqué. À cause de cesfausses accusations, j’ai été arrêté et in-justement emprisonné.

Lorsque ces événements se sont pro-duits, j’ai eu l’impression que le ciels’écroulait sur moi. Dans le derniersermon que j’ai prêché avant mon ar-restation, j’ai parlé du réveil personnelet de notre marche avec Dieu. J’étaisloin de me douter à quel point j’auraisbesoin de croire et de suivre ces principesbibliques que j’étais en train de prêcher.

Ma foi a été éprouvée mais Dieu m’asoutenu.

DB : Les tribunaux du Togo ont ré-cemment déclaré que vous étiez innocentde toute accusation. Qu’avez-vous res-senti lorsque vous avez entendu ce ver-dict ?

AM : J’étais reconnaissant, soulagéet heureux. Je me souviens que pendantque le juge lisait les déclarations conte-nant tous les termes juridiques et leslois, les deux gardes qui étaient deboutà mes côtés se sont doucement penchésvers moi et m’ont dit : «Pasteur, vous

Réflexions sur unministère en prison :

Entretien avecAntónio Monteiro dos Anjos

Note de la rédaction : Le 15 mars 2012, António Monteiro dos Anjos, un pasteur adventiste duCap-Vert, a été faussement accusé, arrêté, puis incarcéré à la prison civile de Lomé, au Togo.Après 22 mois de prison, il a été déclaré innocent par la cour d’appel du Togo et ainsi déchargéde toutes les accusations qui pesaient sur lui. Le lundi 13 janvier 2014, il a été libéré. Lepasteur Monteiro et sa famille ont passé le sabbat suivant sa libération à Dakar, au Sénégal. Delbert Baker les a rencontrés à cet endroit et a réalisé la première entrevue du pasteur aprèssa sortie de prison. Le pasteur Monteiro est ensuite retourné chez lui au Cap-Vert où plus demille soutiens et amis lui ont offert un accueil chaleureux et débordant de joie à l’aéroport dePraia, la capitale.

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C’était une bien meilleure manièred’aborder ma situation. J’ai décidé dene pas passer mon temps à être négatif,mais de considérer cette épreuve commeune occasion d’apprendre et de grandir.J’ai vu tant d’autres prisonniers en colère,furieux et constamment de mauvaisehumeur. J’ai vu comment la colère etl’amertume les brisaient et empoison-naient leurs relations. Je ne voulais pasdevenir comme eux.

DB : Que dire des autres personnesqui ont été accusées avec vous et quin’ont pas été libérées?

AM : Quelqu’un m’a dit que j’avaisune mission à accomplir en prison, etque je ne partirais pas avant que cettemission soit accomplie. Je crois quec’est vrai. C’était valable pour moi et jecrois que c’est vrai pour les autres éga-lement. Nous avons une mission à ac-complir et Dieu est tout autant avecnous si nous restons pour la remplir ques’il nous permet de partir.

Lorsque j’ai quitté la prison, j’ai dit àFrère Amah (pour qui j’ai beaucoup derespect et que je crois innocent) et auxcroyants qu’ils doivent continuer le travailque nous avons commencé. Je prie quece même Dieu qui a travaillé avec nousdans le passé continue d’être avec eux.Je garde cette œuvre à cœur et je veuxla soutenir.

DB : Qu’auriez-vousfait si le verdict avaitété différent ? Com-ment auriez-vous réagisi vous n’aviez pas étélibéré?

AM : C’est unebonne question, et jesuis heureux de ne pasdevoir y faire face[rires]. Lorsque j’étaisen prison, je croyaisvraiment que Dieu allaitme libérer. C’est lui quim’a inspiré cette pen-sée. Mais en même

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êtes libre !» Ce fut un moment remplid’émotion et de joie. Après avoir entenduce verdict, ma première pensée a été :«Je serai si heureux de retrouver monépouse et ma famille ! »

DB : Quels facteurs ont finalementconduit à votre acquittement et votre li-berté?

AM : Le premier facteur a été l’inter-vention directe de Dieu. Il a agi dans lecœur des gens. J’aurais pu être négligéou oublié en prison, mais mon épouse,ma famille, les dirigeants de l’Église ad-ventiste locale et les collègues à tousles niveaux de l’Église ne m’ont pas ou-blié. De plus, Dieu a œuvré pour ma dé-fense par l’intermédiaire du gouvernementdu Cap-Vert et des avocats. La puissancede Dieu est merveilleuse.

DB : Lorsque vous regardez en arrière,voyez-vous une raison pour laquelleDieu aurait permis ces événements?

AM : Je ne peux vraiment pas expliquerpourquoi cela s’est produit. Il sembleque Dieu était en train d’accomplir unplus grand dessein. Je réalise que jen’ai pas besoin d’avoir de réponses pourtout ce qui se passe dans ma vie. Il y acertaines expériences que nous devonssimplement vivre et accepter. Mon plusgrand souci concernait ma famille. Siquelque chose leur était arrivé à causede ma situation, cela aurait été le pirescénario pour moi.

DB : Est-ce qu’à un moment donné,les accusations et votre temps passéen prison vous ont mis en colère ourendu amer ?

AM : Non, je n’étais ni en colère, niamer. Je savais qu’il n’y avait aucunfondement aux accusations portéescontre moi et que j’étais traité injustement.D’abord, je m’interrogeais constamment:«Pourquoi cela m’arrive-t-il?» Puis, j’aicommencé à demander: «Qu’est-ce queDieu veut que j’apprenne de cette expé-rience?»

temps, je savais que je ne pouvais pastrop parler de cette conviction. Même sije croyais que Dieu me ferait sortir deprison, je me préparais à y rester ou àfaire le sacrifice qu’il me demanderait.

DB : Vous avez agit d’une manièrechrétienne en aidant une personne dansle besoin. Puis, cette personne que vousavez aidée vous a faussement accusé.Est-ce que cette expérience va vousfaire réfléchir à deux fois avant d’aiderles autres ?

AM : Non. Ce qui est arrivé ne m’em-pêche pas d’aider les autres. Le fait quedes événements fâcheux arrivent lorsquenous faisons le bien ne devrait pas nousempêcher de le faire. Jésus lui-même afait le bien, et voyez comment il a ététraité à la croix! En prison, j’ai eu l’occasiond’aider plus de gens que jamais aupa-ravant. Cependant, lorsque nous aidonsles autres, nous devrions toujours le fairede manière réfléchie, avec sagesse etprudence, et en prenant des précautionsraisonnables.

DB : Selon vous, est-ce que votre viespirituelle préalable vous a préparépour cette épreuve?

AM : Dieu ne permettra pas que noussoyons éprouvés ou tentés au-delà denos forces. Je crois que Dieu nous prépare

Le pasteur Monteiro (troisième depuis la droite) avec sa famille.

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mais j’ai accepté ma condition en prison.Je croyais que je serais libéré un jour,sans pour autant savoir ni où ni commentcela se produirait. Par conséquent, je nedisais à personne comment je réagiraissi je n’étais pas relâché. Pourquoi? Parceque je ne voulais pas qu’il y ait demalentendu et qu’ils pensent que j’avaisdes doutes et des incertitudes. Je n’allaispas cesser de croire et de me battrepour que justice soit faite contre cesfausses accusations.

La compassion et la générosité. Enprison, il y a toujours des gens qui ontbesoin d’aide. L’amour et la gentillesseétaient très importants dans cette prison.Nous étions de nombreux détenus confi-nés dans un endroit restreint. Dans cettesituation difficile, il y avait un réel besoinde montrer l’amour de Christ.

Lorsque les gens avaient faim, avaientbesoin d’argent, étaient découragés,avaient des problèmes de famille, j’in-tervenais et aidait autant que possible.Puis, lorsque les prisonniers étaient encolère et se bagarraient, je cherchais àramener la paix et la réconciliation. Par-dessus tout, lorsque les gens étaient ou-verts, je partageais l’Évangile. En portugais,il y a un mot, morabeza, qui résumebien ce que je cherchais à démontrer.C’est un mot chargé de sens, qui signifiehospitalité, gentillesse, amour.

Une confiance persévérante en Dieu.J’avais l’impression constante que Dieuétait avec moi en prison. Je n’allais pasabandonner. Je pensais à des person-nages de la Bible qui ont passé dutemps en prison, Joseph, Jérémie, Paulet bien d’autres, et cela m’encourageait.Comme Paul, je n’étais pas un prisonnierdu Togo mais de Jésus-Christ.

Une sage gestion du temps. J’avaisdu temps pour moi. Je pouvais le gaspillerou je pouvais l’utiliser pour grandir men-talement et spirituellement. Je lisais laBible et d’autres livres. Je priais, j’écrivaisdans mon journal, et je préparais desméditations. Je pouvais prêcher, enseigneret conseiller les autres. J’essayais d’utilisermon temps de manière constructive.

D e l b e r t BA K E R

pour ce que nous avons à affronter. Oui,ma relation avec Dieu avant cette expé-rience m’a préparé à gérer les difficultéset à persévérer à travers cette épreuve.Ce n’est pas un seul événement qui vanous préparer.

Comme Jésus, j’ai dit : «Mon Père, s’ilest possible, que cette coupe s’éloignede moi ! » Mais ensuite, j’ai ajouté : «Tou-tefois, non pas ce que je veux, mais ceque tu veux. » Ces pensées d’éviterl’épreuve ne viennent pas juste une fois,mais reviennent régulièrement. À chaquefois vous devez y faire face et les repousseravec foi, puis aller de l’avant en ayantconfiance en Dieu.

DB : Comment se passe une jour-née-type en prison ?

AM : J’ai vécu dans une prison quiavait été construite pour recevoir 500détenus, mais nous étions environ 2000entassés dans ce bâtiment. Dans masection, nous étions environ 25 hommes.Nous étions très serrés. Il n’y avait pasde fenêtre ni d’air conditionné. Nousnous levions tôt. Je prenais du tempspour prier et lire la Bible, puis nousallions dans la cour. De nombreux pri-sonniers considéraient que ce que nousrecevions à manger n’était pas digned’être appelé de la nourriture. Bien en-tendu, nous étions privés des libertésfondamentales.

Chaque jour, à 17h30, les gardes nousenfermaient tous dans nos chambres.Nous ne pouvions alors plus sortir et ilsne revenaient plus jusqu’au lendemainmatin à 6h00. Nous n’avions pas de lit,seulement des nattes sur le sol dur. Parterre, au milieu de la pièce, il y avait ungrand seau que tout le monde utilisaitcomme toilette. Il n’y avait aucune intimité.Disons simplement que les conditionsde vie étaient loin d’être enviables. Àcause de l’environnement, il y avait desmaladies et des bagarres pouvaient écla-ter. Cependant, j’ai été béni par la façondont les autres prisonniers m’ont traitéet respecté, et je n’ai jamais été malade.

DB : De nombreuses personnes dedivers endroits du monde vous ont visitéen prison. Quel effet ces visites ont-elles eu sur vous et votre séjour en pri-son?

AM : Oui, ces visites étaient très en-courageantes. Je comprends mieux ceque la Bible veut dire quand elle nousdemande d’aller visiter ceux qui sont enprison. Chaque visite était un témoignaged’amour et de soutien.

Le point culminant de ma journéeétait la visite de mon épouse. Elle avaitla permission de m’apporter à manger,et elle le faisait tous les jours. Mes enfantsl’accompagnaient souvent. Puis j’ai reçula visite de dirigeants de l’Union et de laMission adventistes, de pasteurs et demembres, de représentants de la Division,de la Conférence générale, ainsi que demon pays, le Cap-Vert.

Une des visites les plus touchantes aété celle du pasteur Ted Wilson, présidentde l’Église mondiale des adventistes duseptième jour. Tous, prisonniers, gardes,responsables de la prison, membresd’église et gens de la ville, ont été im-pressionnés que le président prenne letemps de venir me rendre visite.

DB : Quelles leçons avez-vous tiréesde cette expérience en prison ?

AM : J’ai appris de nombreuses leçonsen prison. J’ai appris qu’il y a une grandepuissance dans :

Le pardon sans ressentiment. J’étaistenté d’être amer et en colère à causede la manière dont j’étais traité. Mais jeme suis souvenu que Jésus aussi a étémaltraité et faussement accusé, mêmepar ceux qui le suivaient. Alors j’ai décidéde pardonner et de ne pas garder deressentiment. C’est pour cette raison quej’ai été capable de me comporter aima-blement avec l’homme qui m’avait faus-sement accusé et qui, plus tard, a étéenfermé dans la même prison où j’étaisdétenu. Ceci m’a donné un feu spirituelet de l’endurance.

L’acceptation, sans abandonner. Jene savais pas ce que l’avenir me réservait,

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RÉFLEXIONS SUR UN MINISTÈRE EN PRISON : ENTRETIEN AVEC ANTÓNIO MONTEIRO DOS ANJOS

DB : Vous avez parlé de pardonnerceux qui vous avaient faussement ac-cusé. Comment avez-vous pu exercerle ministère du pardon ?

AM : J’ai simplement pardonné. Suiteà ma décision de ne pas être en colèreou amer, j’ai choisi de pardonner commeDieu m’a pardonné. La vengeance nepaie pas, elle coûte. Les gens m’ont vutraiter mon accusateur avec bonté etbienséance et ils voulaient savoir com-ment j’en étais capable. Cet exemple vi-vant de pardon a ouvert de nombreusesportes pour que je puisse témoigner etcela a fait une différence. La prison estdevenue un endroit plus paisible. Lesdétenus disaient : «Avec le pasteur Mon-teiro parmi nous, nous ne pouvons plusnous battre comme dans le passé »[rires]. L’exemple du pardon est puissantet contagieux.

DB : Vous avez fait des efforts d’évan-gélisation et de témoignage à grandeéchelle. Des photographies vous montrenten train de diriger des services deSainte-Cène et des baptêmes. Parlez-nous de vos activités d’évangélisation.

AM : La prison était un territoire mis-sionnaire. Les détenus étaient des per-sonnes à aider et, si possible, à gagnerpour Christ. Les expériences de Paul, deDaniel et de Joseph lorsqu’ils étaient enprison, ainsi que leurs habitudes de té-moignage étaient de bons exemples.Paul a témoigné et a gagné des âmespour Christ tandis qu’il était enchaîné.Daniel a été emprisonné pendant uncertain temps et a témoigné au roi.Joseph a été en prison injustement, maisil a tout de même témoigné auprès desautres prisonniers et les a bien traités.

Lorsque je suis arrivé en prison, j’aiété présenté comme pasteur adventistedu septième jour. Les prisonniers voulaientque je prêche, alors c’est ce que j’ai fait.Je prêchais régulièrement et donnaisdes études bibliques. Puis j’ai aussi dis-tribué de la littérature présentant la véritébiblique. Ces ouvrages avaient été ap-portés à la prison par l’église. Nous

sation très élaboré ni bien établi [rires].Le plan s’est développé au fur et àmesure que les occasions se présen-taient.

Je prêchais les mardis et jeudis etdonnais des études bibliques tout aulong de la semaine. J’ai également eule temps de traduire la Bible et des textesd’Ellen White en portugais. Les cérémoniesde baptêmes et de Sainte-Cène étaienttrès touchantes. Lors d’une cérémoniede baptêmes, neuf détenus ont été bap-tisés et se sont joints à l’Église adventistedu septième jour.

DB : Selon vous, quel héritage spirituelavez-vous laissé par le temps que vousavez passé en prison?

AM : Je crois que n’appellerais pascela un héritage. Je dirais plutôt que j’aiaccompli la mission que Jésus m’avaitconfiée. J’ai été mis en prison parcequ’on m’avait accusé d’un crime que jen’avais pas commis. Là, j’ai découvertqu’il y avait de grands besoins. J’avaisquelque chose de précieux à offrir, untravail spécial à accomplir et c’est ceque j’ai fait.

avons utilisé et distribué la série duConflit des âges, des centaines d’étudesbibliques, la série Connecté à Jésus, deslivres tels que Le foyer chrétien, Le meilleurchemin, plus de 2000 exemplaires dulivre Le grand espoir.

Ensuite, nous avons organisé desgroupes de prière et d’étude de la Bible.Nous avons également organisé unejournée de prière pour le Togo. Pour lapremière fois, des musulmans, des ca-tholiques, des protestants et des membresd’autres religions se sont unis pour fra-terniser et prier pour le pays et ses diri-geants. Ces activités ont créé de l’unitédans la prison.

DB : D’habitude, le ministère dansles prisons se fait de l’extérieur versl’intérieur. Dans votre cas, c’était del’intérieur vers l’extérieur. Avez-voustrouvé difficile de remplir ce ministèredans la prison en tant que prisonnier ?

AM : Il était parfois difficile de témoignerdans la prison, mais il y avait aussi desmoments de joie, en particulier lorsquedes prières étaient exaucées et que desvies étaient changées. Je ne suis pasallé en prison avec un plan d’évangéli-

Le pasteur Monteiro participeà une cérémonie de lavement des pieds.

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de l’Union du Sahel à ce moment-là. Jeremercie spécialement John Graz et Ga-noune Diop à la Conférence générale(CG) et le département de la liberté reli-gieuse qui m’ont aidé, ainsi que ma fa-mille, et ont mené le mouvement mondialpour me libérer. J’ai également une pro-fonde reconnaissance pour les avocatsde la défense et pour Todd MacFarlanddu département juridique de la CG pourleurs conseils juridiques et leur travailde défense.

Je remercie donc tous ceux qui m’ontsoutenu de quelque manière que cesoit. Les mots sont trop faibles pour ex-primer ma gratitude. J’ai tant de raisonsd’être reconnaissant.

DB : Merci, Pasteur Monteiro, d’avoirpartagé cette expérience édifiante etpour votre message de louange et dereconnaissance. Je sais que Dieu conti-nuera de bénir votre ministère à sonservice.

DB : Votre ministère va certainementse poursuivre. Quelles possibilités futurespouvez-vous entrevoir ?

AM : Mon désir est de témoignerauprès des gens et de les aider. Je verraice que Dieu réserve pour l’avenir. J’exercemon ministère en tant que pasteur dansla Fédération du Cap-Vert. De plus, j’aiun grand intérêt pour le ministère dansles prisons et auprès de ceux qui s’ytrouvent. Je pense pouvoir utiliser monexpérience pour témoigner dans cecontexte et apporter quelque chose depositif. C’est le ministère que Christ nousencourage à remplir, et il y a beaucoupà faire dans ce domaine important. Jesuis prêt à partager mon témoignageavec quiconque veut bien l’entendre.

DB : Quel message voudriez-vouspartager avec les adventistes et lesautres personnes du monde entier quiont prié pour vous et se réjouissent devotre libération ?

AM : J’ai un message, un messagede remerciements. Dites à l’Église mon-diale : «Merci, merci, merci. » Je suis re-connaissant pour l’amour, le soutien etles prières adressées en ma faveur pen-dant toute la durée de mon séjour enprison. Je n’oublierai jamais l’amour demon épouse et de ma famille, ainsi quel’amour de toute notre Église.

Je suis reconnaissant pour le soutiende l’Église adventiste; ce soutien a consti-tué un témoignage puissant auprès dugouvernement et des habitants du Togo.Cela a également donné une imageforte à mon propre pays, montrant queles adventistes sont unis et se soutiennentmutuellement.

Je suis reconnaissant envers le pasteurTed Wilson pour sa visite et le soutienqu’il continue de me témoigner. Je re-mercie le pasteur Gilbert Wari et le per-sonnel de la Division de l’Afrique ducentre-ouest, le pasteur Guy Roger (etson équipe), le pasteur Salomon Assienin

D e l b e r t BA K E R RÉFLEXIONS SUR UN MINISTÈRE EN PRISON...

M

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Il y a des moments dans la vie où nous sommes obligésde reconnaître que nous ne sommes pas assez forts

pour faire ce qui devrait être fait. Nous avons besoin d’uneforce physique, émotionnelle et spirituelle que nous ne pos-sédons pas. Il est possible que nous ayons besoin de cetteforce pour supporter la souffrance, pour surmonter la peurou pour prendre des décisions difficiles. Peut-être avons-nousbesoin de force pour aimer ceux qui ne nous aiment pas. Ilse peut que nous ayons besoin de force pour dire «Non»ou pour dire «Oui». Nous avons peut-être besoin de forcepour être pleins de compassion et d’intégrité dans les mo-ments où le prix paraît très élevé et où les bénéfices ne noussemblent pas clairs.

Mais dans la prière et la Parole de Dieu, nous trouvons unmessage d’espérance : Dieu est puissant et aimant. Par amour,Celui qui connaît nos besoins nous offre d’être notre force.

« Ne sois pas effrayé, car je suis avec toi; ne sois pas an-goissé, car moi je suis ton Dieu.

Vivre avec la force de DieuJe t'affermis, je viens à ton secours. » (Ésaïe 41.10, Semeur). Laisser Dieu être notre force signifie «laisser Dieu être Dieu» dans

nos vies. Cet exercice quotidien se produit lorsque nous apprenons ànous confier pleinement en Lui.

« La vie en Christ se caractérise par une confiance tranquille etdurable. Exempte peut-être d’extase, elle est néanmoins remplie de paixet de sérénité. Votre espérance ne repose pas sur vous-même, mais surJésus-Christ. Votre faiblesse est unie à sa force, votre ignorance à sasagesse, votre fragilité à sa puissance… Parlez de Jésus; faites-en le thèmede vos méditations; que le moi se perde en lui… Reposez-vous en Dieu;il est à même de garder le dépôt que vous lui avez confié. Si vous voulezvous remettre entre ses mains, il vous rendra plus que vainqueur parcelui qui vous a aimé.* »

– Raquel Arrais est la directrice adjointe du ministère des femmes à la Confé-rence générale des Églises adventistes du septième jour, Silver Spring, Maryland,États-Unis.

* Ellen G. White, Vers Jésus. Dammarie-les-Lys : SDT, 1974, p. 60.

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V e s a A N N A L A , MDiv est pasteur à Kalmar dansla province de Småland, en Suède.

La Suède est peut-être connuecomme l’un des pays les plus sé-cularisés du monde. Selon une

étude couvrant la période de 1986 à2011, le Suédois moyen assistait à unservice de culte ou une rencontre reli-gieuse sept fois par an 1. Par exemple,ces visites comprennent les enterre-ments, les mariages, les cérémonies debaptême et les fêtes chrétiennes. Uneautre étude a montré que 23% des Sué-dois croient en Dieu, 19% affirment nepas croire en Dieu, tandis que 53 %croient en une sorte d’esprit ou une forcevitale 2. Enfin, les Suédois sont les pre-miers à admettre qu’ils sont athées, ag-nostiques ou non-croyants. Après euxviennent les habitants du Vietnam, duDanemark et de la Norvège 3.

Souvent décris comme « postmo-dernes», les personnes sécularisées sontconnues comme ayant une vision hau-tement individualiste de la vie. Caracté-risés par un attrait particulier pour lesgadgets, ils en possèdent et en désirenttoujours plus. On dit souvent que les post-modernes ne croient plus dans les«grandes histoires» que nous trouvonsdans les différents ouvrages religieux (ycompris la Bible). Cette mentalité aconduit de nombreuses personnes à je-ter les récits bibliques principaux dansle « fatras des historiens», comme l’a ex-primé l'ancien archevêque de Suède, K. G. Hammar.

Même si on dit que les postmodernesont perdu leur foi dans les grandes his-toires bibliques, il est facile d’oublierqu’une grande majorité de personnes(du moins en Suède) croient dans la

grande histoire créée par l’ère moderne,c’est-à-dire l’histoire naturaliste de l’ori-gine de notre terre. Dans cette grandehistoire naturaliste, la cosmologie du big-bang, l’apparition spontanée de la viedans la matière inanimée, l’évolution dar-winienne et l’origine simiesque deshommes occupent une position centrale.

En Suède, 70% 4 des habitants croienten cette histoire postmoderne. La foi dansl’évolution prend souvent une saveur re-ligieuse. «Croyez-vous en Darwin?» estune question à laquelle je suis confronté.C’est comme si on me demandait :«Croyez-vous en Dieu?» Ce qui est inté-ressant, c’est que lorsque vous niez croireen Darwin, vous avez presque l’impres-sion de commettre un péché mortel, ouau moins un hara-kiri intellectuel. CharlesDarwin et ses adeptes peuvent êtreconsidérés comme les «prophètes» decette grande histoire, à qui la nature arévélé le récit de son apparition, sansl’implication de Dieu.

S’appuyant sur ces présuppositionsmodernes, la Suède est un pays où lamajorité de la population est plutôtpostchrétienne que postmoderne. LaSuède a laissé derrière elle l’histoirechrétienne et a adopté un nouveau récit.Quand nous parlons des postchrétiens,nous parlons de gens qui n’adhèrentplus ni à la foi chrétienne, ni auxcroyances fondamentales qui y sont at-tachées, telles que l’existence de Dieu,sa création, la chute de l’homme, le pé-ché, Jésus et ainsi de suite.

Aujourd’hui, communiquer l’Évangileà ces postchrétiens constitue un réel défi.

Dieu répond auxprières et parle au travers de sa ParoleLorsque mon épouse, Aila, et moi-

même avons déménagé à Kalmar(Suède) en Juin 2011, nous avionstoutes ces connaissances dans nos «ba-gages». Notre paroisse à Kalmar est pe-tite et constituée majoritairement de per-sonnes âgées. Nous savions que lacongrégation allait mourir à moins d’yamener de nouvelles personnes. Ainsi,le défi qui s’est présenté à nous était desavoir comment atteindre ces postchré-tiens.

Après notre déménagement, nousavons appris qu’un petit groupe de prièrecomposé de membres d’autres égliseschrétiennes à Kalmar se réunissait de-puis un certain temps pour prier le Sei-gneur d’envoyer quelqu’un dans cetteville afin d’apporter de nouvelles idéespour témoigner auprès de la population.Nous ne savions rien de ce groupe deprière, mais nous sommes entrés encontact avec l’une des participantes. Se-lon ce qu’elle nous a rapporté, les mem-bres du groupe pensaient que nousétions la réponse de Dieu à leurs prières.

Le message de Marc 4.26-28 étaitaussi très utile. Dans ce passage, il estdit que la seule responsabilité du semeurest de répandre les semences. Une foisles semailles terminées, il ne fait plusrien. Il sort simplement pour voir les se-mences germer et grandir, mais il ne saitpas comment cela se produit. Quel sou-lagement de savoir que notre part estde semer, et que le «sol» (l’action du

L’évangélisationdans un contexte sécularisé

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Principes de baseNous avons, bien entendu, des principes

de base qui régissent notre travail, afinde regagner le respect dont la foi chré-tienne jouissait dans le passé en Suèdeet pour montrer notre ouverture enversla société postchrétienne. Au cours desdernières décennies, l’Église d’État a dé-truit la crédibilité de la foi chrétienne. Deplus, les églises libres perdent des mem-bres et sont considérées comme depetits «clubs de sauvés». Par conséquent,nous avons commencé à travailler ou-vertement pour créer de la crédibilité. Lacrédibilité donne du poids aux réponsesque la foi chrétienne donne aux grandesquestions existentielles. L’ouverture permetaux postchrétiens de participer à desactivités dans le bâtiment de l’église.Par exemple, un athée aura la possibilitéde s’asseoir dans une église et de poserdes questions sur nos croyances les plusfondamentales.

L’importance de laconviction personnelleLa conviction est l’élément clé. Si, en

tant que chrétien, je ne peux pas fairepreuve de croyance authentique, com-ment puis-je convaincre ceux quim’écoutent?

Il y a une grande différence entre unefoi irréfléchie et une foi convaincue,construite sur une solide base historiqueet factuelle. Mais la conviction présenteun autre aspect important. Bien que jesois convaincu de ma foi chrétienne, je

suis aussi convaincu que d’autres sys-tèmes de croyances et philosophies spé-cifiques ne sont pas entièrement justes,et pourraient même être complètementfausses. Peu sont conscients que la foichrétienne contient une vision du mondequi fournit des réponses aux grandesquestions existentielles : Qu’est-ce quela vérité ? Qu’est-ce que la connais-sance? Comment obtenir la connais-sance? D’où venons-nous? Où allons-nous? Qui suis-je? Y a-t-il un Dieu? Quiest-il? Qui était/est Jésus? Qu’est-ce quela science? Qu’est-ce que l’évolution?Que veut-on dire par «données»? La foichrétienne est un système de croyances,une vision du monde concernant toutela réalité. Vous ne pouvez pas lire la Bibleavec honnêteté et ouverture d’esprit sansen être inévitablement convaincu.

Afin d’obtenir une perspective juste del’évangélisation, vous devez d’abord réa-liser que la foi chrétienne a une visioninclusive du monde. Notre société est ti-raillée entre plusieurs visions du monde,plusieurs idées et perceptions de la réa-lité. En tant que chrétiens, nous croyonsque Dieu nous a donné, dans les Écri-tures, une révélation fondamentale de laréalité de la personne de Dieu, de l’ori-gine de notre monde, de l’existence dumal, de la réalité de l’amour, de la signi-fication de l’histoire et de la vie future.Notre foi doit être basée sur les Écritures.Comme Paul l’écrit dans Colossiens1.13-17, notre Seigneur Jésus-Christ estau centre de notre foi.

Seigneur) fera le reste. Le Seigneur nousa demandé de «répandre les semences»et, une fois que nous l’avons fait, notretravail est terminé. Le sol fournit lui-mêmela récolte. Au moment où j’écris cet arti-cle, nous sommes en plein dans la phasedes «semailles».

Apporter l’Évangileaux postchrétiensEn gardant ces idées à l’esprit, nous

avons contacté certains partis politiquesainsi que d’autres autorités dans la so-ciété, et nous les avons invités à venirdans notre église pour participer à unediscussion ouverte sur les grandes ques-tions de la vie. La réponse a été extrême-ment positive. Nous n’avons eu aucunedifficulté à trouver des participants. L’undes politiciens m’a confié, après la réu-nion, que c’était la première fois qu’ilsavaient parlé ensemble du sens de la vie.

Un humaniste, un médecin et moi-même avons constitué un «panel de dis-cussion» pour entreprendre, devant unpublic, des dialogues sur le sujet de lamort. J’ai également eu des débats avecun humaniste (un ancien chrétien de-venu athée) sur des sujets tels que l’exis-tence de Dieu et la résurrection de Jésus.J’ai fait des exposés sur l’endoctrine-ment, la théophobie, ainsi que la créationet le déluge. À trois reprises, je me suisassocié à un professeur athée pour don-ner des conférences publiques sur lamoralité, la nature de l’homme, ainsi quela souffrance en tant qu’expérience exis-tentielle.

Mais le plus important pour moi estd’avoir eu l’occasion de présenter l’Évan-gile de Jésus à ces postchrétiens. Ainsi,sans préjuger de leurs croyances ou deleur incrédulité, je dialogue avec desgens et ce moyen de partager ma foime semble avoir du sens. De cette ma-nière, la société est en mesure de voir lapertinence de l’Église. Par pertinence, jeparle de la fidélité à la Bible et à l’Évan-gile. Rien ne peut être plus pertinent quede prêcher et de témoigner fidèlementpour Jésus.

V e s a A N N A L A

Le Seigneur nous a demandéde « répandre les semences»

et, une fois que nous l’avons fait,notre travail est terminé. Le sol

fournit lui-même la récolte.

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L’ÉVANGÉLISATION DANS UN CONTEXTE SÉCULARISÉ

radiophoniques, un journaliste m’a de-mandé si l’objectif de ces réunions pu-bliques était le prosélytisme. J’ai réponduaffirmativement, et le journaliste en a ététrès surpris. J’ai continué en disant auxauditeurs que Jésus désire que tous de-viennent ses disciples. Paul priait quetous deviennent comme lui (le disciplede Jésus), et c’est exactement cela quenous voulons aussi. Nous aimerions quetous les habitants de Kalmar deviennentles disciples de Jésus. Le journaliste s’at-tendait certainement à une réponse éva-sive de ma part, évitant ainsi sa question.Nous devons avoir le courage de direhonnêtement et sincèrement que nousvoulons obéir à l’appel de Jésus : fairede toutes les nations des disciples.

Comme fruit de cette activité, nousavons pu former un groupe se réunissantrégulièrement pour lire et étudier la Bible.Nous lisons seulement quelques courtspassages, posons des questions, et par-lons de ce que nous avons lu. Cette re-cette s’est avérée être très populaire. Cer-taines rumeurs circulent selon lesquelles,à l’Église adventiste, l’Évangile est pré-senté de manière claire.

Cependant, malgré toutes ces expé-riences positives, nous savons que le pro-cessus est long pour amener les postch-rétiens à se soumettre à Dieu et àaccepter Jésus comme leur Sauveur.Nous n’avons aucune illusion à ce sujet.Les postchrétiens doivent être en mesurede reconnaître que leur vision du mondeest fausse.

Ce concept peut‐il êtreutilisé ailleurs ?Certains se demandent sans doute si

cette méthode peut également être uti-lisée ailleurs. Si vous voulez témoignerauprès des postchrétiens, ma réponseest oui. Cependant, ce travail demandeque vous soyez au courant des idéesque les postchrétiens ont adoptées etdans lesquelles ils croient. Il devient donctrès important de « faire vos devoirs», demaîtriser les débats et de connaître lesarguments des opposants. En même

temps, nous devons reconnaître l’impor-tance de ne pas surestimer les oppo-sants et leurs connaissances. D’aprèsmon expérience personnelle, les gensn’ont généralement pas une connais-sance suffisante de la foi chrétienne etde sa vision du monde pour réfuter sesprincipes.

De toutes les visions du monde, l’his-toire matérialiste de l’évolution est cellequi a été la plus largement acceptéeparmi les postchrétiens, du moins ici enSuède. Ce système de croyance sansfondement est adopté sans critique parles systèmes éducatifs et les médias.Lorsque vous travaillez avec les post-chrétiens, vous devez être conscients deleurs fortes convictions en faveur de cerécit matérialiste. Pour eux, c’est la Vérité,avec un V majuscule.

Mon travail avec les postchrétiens m’aconvaincu, personnellement, que lesgens veulent connaître la vérité : la véritéconcernant notre monde, la société,Dieu, et la vie humaine. Jésus nous aappelés à témoigner pour lui. Par fidélitéà cet appel, nous devons être pénétrésde sincérité, de conviction et d’humilité.Ce sont ces qualités qui ont de la valeuraux yeux des postchrétiens et, en tantque chrétiens, vous devez vous assurerd’avoir ces qualités. Mais par-dessus tout,vous devez connaître Jésus personnel-lement. Vous devez être capables de ra-conter l’histoire de Jésus en tout tempset en tout lieu.

1. Lennart Weibull, Henrik Oscarsson, et AnnikaBergström, eds., « Swedish Trends 1986-2011»,SOM Institute, www.som. gu.se/digitalAs-sets/1384/1384776_swedish-trends-1986-2011.pdf.2. Special Eurobarometer 225 « Social Values,Science & Technology », 2006. Selon Dagen,45% croient en Dieu. www.dagen.se/nyheter/45-procent-av-svenskarna-tror-pa-gud/.3. « Athéisme », Wikipédia, www.wikipedia.org/wiki/atheism.4. Carl Reinhold Bråkenhielm, ed., Världsbildoch mening, Bokförlaget Nya Doxa, Suède, 2001.Ce chiffre est encore plus haut parmi les jeunes. 5. Lorsque des gens s’asseyent autour d’unetable pour boire le café et bavarder, les Suédoisdésignent cette activité par le mot fika.

Approches et résultatsPour atteindre le grand public, nous

avons utilisé la publicité et les affiches.Lorsque nous organisons des «panelsde discussion», les participants présen-tent leurs points de vue sur le sujet. Ilsont ensuite la possibilité de se poser desquestions les uns aux autres et d’appor-ter certaines clarifications. Un élémentimportant a été de permettre au publicde prendre part à la discussion à l’aided’un modérateur.

Nous sommes surpris par les réactionspositives que nous avons reçues. La par-ticipation du public a été excellente. Denombreux participants ont complimenténotre Église pour son ouverture enversla population non-religieuse.

Lors de l’un de nos débats, nous avonsdiscuté de l’existence de Dieu. Notre pe-tite église pouvant accueillir 80 per-sonnes était presque remplie de non-croyants. En moyenne, nous avons unetrentaine de participants, dont une ma-jorité de postchrétiens qui ont autour de50 ans. Environ 65 à 70% de notre as-sistance sont des hommes. Ceci montreque les questions existentielles de baseet les sujets d’actualité dans la sociétéintéressent les hommes de notre ville.Pour certaines de nos rencontres, il estarrivé que nous ayons uniquement desparticipants non-croyants. Même des hu-manistes assistent à nos réunions, ceux-là même qui participent en tant que cri-tiques des chrétiens à nos panels dediscussion lors de nos fikarum 5.

Lors de nos séances de questions-ré-ponses, la plupart des questions me sontadressées, et j’ai ainsi le merveilleux pri-vilège de mettre en avant l’Évangile duSeigneur. On me pose des questions surma foi, la vision de notre Église concer-nant l’homosexualité, l’euthanasie, l’en-fer (une objection courante à la foi chré-tienne), la science, et ainsi de suite.

Grâce à ces rencontres, j’ai eu l’occa-sion de parler à la station de radio localeafin d’expliquer ce que nous faisons etpourquoi nous organisons ces rencon-tres. À la fin de l’une de ces interventions

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c’est ce sentiment qui nous empêchede voir la bonté de Dieu.

L’incapacité de comprendre cettevérité conduit souvent à une interpréta-tion erronée des Écritures. Par exemple,nous considérons que le Lévitique estcentré sur la culpabilité, mais dans sonessence, le livre évoque la gravité dupéché et la manière dont Dieu accordeson pardon rendant ainsi la réconciliationpossible. Le Lévitique porte entièrementsur la grâce. De même, les Psaumesparlent manifestement de la situationdifficile dans laquelle l’homme se trouveen raison du péché. Ils n’ont cependantpas pour but de souligner la culpabilitéde l’homme mais la générosité de Dieuqui en délivre le pécheur.

Christopher Wright note ceci : « LeDieu créateur a un projet, un but, quin’est rien moins que de bénir les nationsde l’humanité. L’agenda divin est si fon-damental que Paul définit le texte de laGenèse comme “ annonçant d’avancela bonne nouvelle ”(Ga 3.8). Et la visionqui achève la Bible exprime l’accom-plissement de la promesse faite à Abra-ham. Des gens de toutes nations, tribus,langues et peuples sont réunis parmiles rachetés de la nouvelle création(Ap 7.9). »2

La règle par laquelle toutes les nationssont jugées est celle de la grâce deDieu. «Je ferai grâce à qui je ferai grâce,

et j'aurai compassion de qui j'aurai com-passion» (Ex 33.19). Toute personne quise repent, de n’importe quelle nation,sera épargnée. Toute personne, de n’im-porte quelle nation, qui choisit le mal endépit du désir de Dieu de le bénir, connaî-tra le jugement de Dieu (Jr 18.7-10).

Nous aimons nous adresser à Dieucomme à un Père et avoir avec lui unerelation filiale, mais nous sommesconsternés quand il exerce la force pro-tectrice d’un Père sur ses enfants pourles protéger des conséquences préju-diciables du péché. Certains chrétienss’imaginent Dieu comme un « grand-père dans le ciel » qui ne se préoccupepas du péché et nous comble de bon-heur indépendamment de notre conduitemorale. Dieu est en droit d’aimer maispas de juger. Cependant, le Dieu desÉcritures déclare qu’il exercera son ju-gement sur le péché et châtiera les pé-chés qui abîment la terre et détruisentles êtres humains créés à son image.Tous les auteurs de la Bible, et Jésuslui-même, insistent là-dessus.

Le jugementde Dieu et la grâceLe traitement par Dieu de Ninive

illustre clairement la façon dont le ju-gement et la grâce de Dieu s’harmoni-sent. Dieu envoie le prophète Jonaspour prononcer le jugement divin sur

Tous sont confrontés au jugement.La voix divine insiste, tout aulong des Écritures et de façon

incessante, sur le fait que tous les hu-mains demeurent sous le jugement deDieu à cause du péché. Ésaïe le dit endes termes virulents : « La terre a étéprofanée par ses habitants ; car ils pas-saient outre aux lois, altéraient les pres-criptions, ils rompaient l'alliance per-pétuelle. C'est pourquoi la malédictiondévore la terre, ses habitants doiventfaire réparation ; c'est pourquoi les ha-bitants de la terre sont consumés, et ilne reste qu'un petit nombre d'hommes»(Es 24.5, 6). 1

Le message du jugement, présentedeux aspects complémentaires : d’unepart, la condamnation du péché parDieu, et d’autre part, l’extension de sabénédiction sur toutes les nations, as-sociée à la justification de son amour,de sa justice et de sa grâce. Les Écrituresmettent clairement l’accent sur l’aversionde Dieu à l’égard du mal, ainsi que surla certitude de la sanction et de lagrâce divines : « C'est pourquoi le SEI-GNEUR attend pour vous faire grâce,c'est pourquoi il s'élèvera pour avoircompassion de vous. Car le SEIGNEURest un Dieu d'équité ; heureux tous ceuxqui l'attendent ! » (Es 30.18). La Biblenous rappelle aussi que le péché produitun sentiment profond de culpabilité, et

J o A n n DAV I D S O N , PhD, est professeurà la Faculté adventiste de théologie del’Université Andrews à Berrien Springs,Michigan, États-Unis.

Amour et jugement : le triomphe de Dieu

Deuxième partie

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est aussi miséricordieux à l’égard dupécheur repentant et il intercède auprèsde Dieu en faveur de Sodome (Gn 18).

Les auteurs bibliques sont cohérents :en tant que juge, Dieu ne laisse pas lepéché impuni et, en même temps, iloffre au pécheur une occasion de pardonet de salut. On peut le percevoir danstoute la Bible. Quelques exemples : Exode 32-34. L’apostasie d’Israël

à propos du veau d’or provoqueune crise, un jugement, mais l’in-tercession de Moïse et la repen-tance d’Israël permet la grâce ré-demptrice de Dieu. Le psalmistel’a compris quand il déclare : « LeSeigneur agit pour la justice, il dé-fend le droit de tous les opprimés.Il a fait connaître ses voies àMoïse, ses hauts faits aux Israé-lites. Le Seigneur est compatissantet clément, patient et grand parla fidélité ; il n'accuse pas sanscesse, il ne garde pas rancunepour toujours ; il ne nous traitepas selon nos péchés, il ne nousrend pas selon nos fautes (Ps103.6-10). De nombreuxpsaumes célèbrent le Dieu jugedont « la compassion s'étend surtoutes ses œuvres» (Ps 145.8, 9).

Le prophète à compris que Dieuest miséricordieux et compatis-sant. Il ne prend pas plaisir à lamort du pécheur, mais désire qu’ilse détourne de sa voie et qu’ilvive (Ez 18.23). Son pardon et sagrâce s’étendent à tous ceux quifont partie de quelque nation quece soit.

Ésaïe 19 présente un autre tableauspectaculaire du jugement divin et dusalut. Les versets 1 à 16 décrivent lejugement de Dieu contre l’Égypte : soncœur se dissoudra (v. 1) ; ses divisionsinternes lui feront perdre l’esprit (v. 2-4) ; elle connaîtra une terrible séche-resse, un désastre économique et unchaos administratif (v. 5-10). Face auxnuages menaçants de la justice deDieu, le prophète parle aussi de lagrâce de Dieu à l’égard de l’Égypte et

Ninive. Toute la cité se repent, depuis leroi sur son trône jusqu’au dernier deses sujets. Sur ce, Dieu se « repent » etretient son jugement sur la violentecité. Cependant, Jonas est grandementfrustré par cette démonstration signaléede la grâce de Dieu à l’égard de Ninive.Il sait très bien que Dieu est un Dieu degrâce. « Seigneur, n'est-ce pas ce queje disais quand j'étais encore dans monpays ? C'est pourquoi j'ai préféré fuir àTarsis. Car je savais que tu es un Dieuclément et compatissant, patient etgrand par la fidélité, qui renonce aumal » Jon 4.1, 2. Dieu a chargé Jonasd’annoncer à Ninive son prochain ju-gement, à cause de son péché. Maisquand le peuple se repent, la merveil-leuse grâce de Dieu offre sa miséricordeet son pardon. Ainsi, Dieu prononce lacondamnation sur les méchants maisleur accorde sa grâce rédemptricequand ils se repentent et se détournentdu mal.

Jonas n’a pas compris l’attitude deDieu qui doit la lui expliquer : « Et moi,je n'aurais pas pitié de Ninive, la grandeville, où il y a plus de cent vingt millehumains qui ne savent pas distinguerleur droite de leur gauche, et des bêtesen grand nombre!» (v. 11). Cette dernièredéclaration de Dieu à son irascible pro-phète devrait nous préserver de la ten-dance qui consiste à transposer sur leJuge omnipotent nos propres attitudes.

Comparons l’attitude de Jonas àl’égard de Ninive, avec celle d’Abrahamà l’égard de Sodome et de Gomorrhe.Jonas est appelé à avertir les ninivitesde la ruine qui les attend, mais il se dé-tourne de sa charge et informe ensuiteDieu qu’il a fuit parce qu’il savait queDieu manifesterait sa compassion.À l’inverse, quand Dieu informe Abrahamde son intention de détruire Sodome etGomorrhe à cause de son péché, Abra-ham accepte la justice souveraine deDieu, sachant que « le juge de toute laterre » (Gn 18.25) fera ce qui est juste.Mais Abraham sait que le Juge divin

de l’Assyrie, et annonce sa grâce ré-demptrice en ces termes puissants :« En ce jour-là, il y aura un autel pourle Seigneur au milieu de l'Égypte, etune pierre levée pour le Seigneur prèsde la frontière. Ce sera pour le Seigneur(YHWH) des Armées un signe et un té-moignage en Égypte : quand ils crierontvers le Seigneur (YHWH) à cause desoppresseurs, il leur enverra un sauveuret prendra leur parti pour les délivrer.Le Seigneur (YHWH) sera connu desÉgyptiens ; les Égyptiens connaîtront leSeigneur (YHWH) en ce jour-là. Ils leserviront par des sacrifices et des of-frandes, ils feront des vœux au Seigneur(YHWH) et s'en acquitteront. Ainsi leSeigneur (YHWH) frappera les Égyptiens :il frappera, mais il guérira ; ils reviendrontau Seigneur (YHWH), qui se laisserafléchir et les guérira. En ce jour-là, il yaura une route d'Égypte en Assyrie :les Assyriens iront en Égypte, et lesÉgyptiens en Assyrie, et les Égyptiensserviront avec les Assyriens. En ce jour-là, Israël sera un troisième, avec l'Égypteet l'Assyrie, à être une bénédiction surla terre, que le Seigneur (YHWH) desArmées bénira, en disant : “ Bénis soientl'Égypte, mon peuple, l'Assyrie, œuvrede mes mains, et Israël, mon patri-moine ! ” » (Es 19.19-35).

La préoccupationultime de DieuDieu est profondément préoccupé

par le péché, les abus, la corruption, labrutalité, l’effusion de sang qui nuisentà ses enfants et qui détruisent la terrequ’il a créée et qu’il chérit. À tel pointque ce qu’il dit à ce propos tient plusde place dans la Bible que tout autrechose. Nous devons bien comprendreque ce qui provoque le jugement deDieu ne change jamais, et il ne peutêtre accusé de favoritisme dans sa ma-nière d’exercer la justice. Nous sommestous condamnés à cause du péché, etnous pouvons tous nous tourner versDieu pour obtenir sa grâce. Dieu est

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J o A n n DAV I D S O N AMOUR ET JUGEMENT : LE TRIOMPHE DE DIEU

13). Le jugement divin est attendu avecjoie parce que tout ce qui souffre ac-tuellement d’injustice et de violencesera remis à sa juste place. Le jugementest une bonne nouvelle !

Le péché produit de terribles consé-quences. Il débouche soit sur unecondamnation divine, soit sur son par-don. Dieu permet parfois des désastresqui sont « le fruit de leurs pensées » (Jr6.19 ; voir aussi Os 8.7 ; 10.13). Ou en-core : « Je ferai retomber sur eux le malqu'ils font » (Jr 14.16). Dieu juge tousles humains « pour donner à chacunselon ses voies, selon le fruit de sesagissements » (Jr 17.10 ; voir aussi32.19) ; « Je les jugerai de leurs propresjugements » (Ez 7.27). Il a toujours lesens de l’équité et de la responsabilité,et promet que la sanction sera enrapport avec le crime. Il adapte lesconséquences à la méchanceté elle-même, mais son intention salvatriceest toujours fonction de sa déterminationgracieuse à bénir. Par exemple, Jérémieprésente à Juda et aux nations envi-ronnantes le même don du pardon divins’ils consentent à se repentir. (Jr 12.14-17). Le péché contamine, détruit et ra-vage toute la création. Le méchant pros-père (v. 1) et l’innocent souffre desconséquences du péché des autres. Lacondition pécheresse des humains af-fecte toute la vie, y compris celle desanimaux, ainsi que la nature. Le mondenaturel est affecté dans son innocencepar les fruits du péché, témoignant ainside l’interconnexion de la vie. Les scien-tifiques commencent juste à le com-prendre. Il n’est donc pas surprenantque la restauration finale inclura lemonde naturel. Les deux testaments in-sistent sur l’intention de Dieu de créerde nouveaux cieux et une nouvelle terreoù la justice habitera. La nature serarestaurée, la violence dont la terre asouffert prendra fin. Il n’est pas étonnantque les prophètes et le psalmiste plaidenten faveur du jugement. Toute la Bibletémoigne invariablement du caractèremiséricordieux du juge divin sans jamais

juste et droit, on peut lui faire confiance.Car plus on connait le cas d’un individu,et plus son cas sera jugé correctement.Or, les cours célestes sont présidéespar un Juge qui connaît « la fin depuisle commencement ». Rien n’est cachéà ses yeux. Il peut même percevoir tousles motifs et juger chaque cas de ma-nière absolument équitable. « Il ne jugerapas sur l'apparence, il n'arbitrera passur un ouï-dire. Il jugera les pauvresavec justice, ... La justice sera la ceinturede ses reins, et la probité, la ceinturede ses hanches » (Es 11.3-5).

L’intégrité est une autre qualité es-sentielle d’un bon juge. (Ex 26.6-8). Lejuge céleste est un « Dieu de vérité »(Ps 31.6 La Colombe) ; « Son action estparfaite, car toutes ses voies sont équité ;c'est un Dieu de constance : pas d'in-justice en lui, il est juste et droit » (Dt32.4). La méchanceté ne restera pasinaperçue, mais elle sera traitée avecjustice. « Du ciel tu as fait entendre leverdict ; la terre a eu peur, elle s'esttenue tranquille, lorsque Dieu s'est levépour l'équité, pour sauver tous les pau-vres du pays » (Ps 76.9, 10). Dieu n’agitjamais de manière capricieuse, sous lecoup d’une colère infantile. Ses actesde justice sont clairement exercés enfonction du péché et de ses effets. Ilagit toujours dans le but de délivrerson peuple. Les Écritures le soulignent(par ex. Jr 5.12-17 ; 6.13-15). En effet,c’est une des raisons pour lesquellesles auteurs bibliques se réjouissent ré-gulièrement de ce que les jugementsdivins font partie des promesses ! « Quela mer retentisse, avec tout ce qui s'ytrouve, le monde avec tous ceux quil'habitent ! Que les fleuves battent desmains, qu'avec eux les montagnes pous-sent des cris de joie, devant le SEIGNEUR,car il vient pour juger la terre ! Il jugerale monde avec justice, il jugera les peu-ples avec droiture » (Ps 98.7-9.

D’après ce psaume et d’autres, cequi mérite une louange particulièrec’est le fait que Dieu vient pour jugeravec justice et avec droiture (Ps 96. 10,

amoindrir ou ignorer la terrible réalitédu péché.

Le Nouveau Testament ne renie oun’annule jamais ce que l’Ancien Testa-ment révèle à propos de l’engagementtotal de Dieu en faveur de la justice.Dieu ne cesse de haïr tout ce quiopprime ou diminue la vie. De même,sa promesse de bénir tous les peuplesn’a jamais changé. Les auteurs bibliquesexposent clairement la gravité du péchéparce qu’ils en connaissent le remèdedivin.

En fait, en termes de justice légaleau sens strict, en tant que juge, Dieuest trop clément. Il est patient, tolérant,et « lent à la colère », jusqu’à revenirsur sa décision de punir le pécheur s’ilse repent. Cependant, dans sa grâce,Dieu finira par détruire entièrement lepéché et ses horribles conséquences. 3

Il dispose d’un vaste programme ré-dempteur qui est ouvert à tous et àtoute la création, et il aspire à acheverson grand salut. Oui, « le juge de toutela terre » fera ce qui est juste. « Car leSeigneur est notre juge, le Seigneur estnotre commandant, le Seigneur estnotre roi : c'est lui qui nous sauve » (Es33.22). Osons regarder notre juge célestedans les yeux pour voir en lui notreSauveur !

1. Sauf mention spéciale, les citations bibliques sontextraites de la Nouvelle Bible Segond.2. Christopher J. H. Wright, The Mission of God:Unlocking the Bible’s Grand Narrative, Downers Grove,IL, InterVarsity Press, 2006, p. 328.3. Ellen White décrit ce principe quand elle écrit àpropos de Jérusalem : « Le Christ était venu poursauver Jérusalem et ses enfants ; mais l’orgueil pha-risaïque, l’hypocrisie, l’envie et la malice firent obstacleà son dessein. Jésus savait quel terrible châtimentfrapperait la ville condamnée… Jérusalem avait étél’enfant dont il avait pris soin, et, comme un tendrepère s’afflige sur un fils égaré, ainsi Jésus pleuraitsur la cité bien-aimée. Comment puis-je t’abandonnerà ton sort ? Comment puis-je assister à ta destruction?Dois-je te permettre de remplir la coupe de tesiniquités ? Une âme seule vaut plus que tous lesmondes, et il y avait ici toute une nation courant à saperte….Tandis que les derniers rayons du soleil cou-chant s’attardaient sur le temple, sur la tour, sur lefaîte, est-ce que quelque bon ange n’allait pas la ra-mener à l’amour du Sauveur, l’arrachant à la ruine?...Lejour de sa grâce était presque écoulé ! » Jésus-Christ,Les guides spirituels de la vie, Dammarie-les-Lys,Signes des temps, 1975, p. 572, 573.

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NOUVELLE

UNE VICE-DOYENNE À L’UNIVERSITÉ ANDREWSBerrien Springs, Michigan

L a Faculté adventiste de Théologie de l’université Andrews a nommé le 1er juillet2014 Teresa Reeve, professeur spécialisée dans le contexte religieux de l’époque duNouveau Testament, comme vice-doyenne en remplacement de Clifford Jones,

appelé à présider la Fédération de la région des Lacs. « C’est un événement historique aaffirmé le doyen, Jiří Moskala, car c’est la première fois qu’une femme occupe ce poste. »

Teresa Reeve enseigne à la Faculté adventiste depuis 11 ans. Elle a obtenu son doctorat àl’université catholique de Notre-Dame. Une autre femme a aussi été nommée responsable del’aumônerie de l’université (d’après Adventist Review).

Teresa Reeve

Voici le quatrième volume d’une petite collectionqui rassemble les déclarations éthiques élaboréespar l’Eglise adventiste du septième jour

mondiale traduites en français ainsi que celles qui sontélaborées par la commission éthique mise en place par lesorganisations de cette même église dans les territoiresfrancophones d’Europe.

Le sujet est plus que délicat puisqu’il suscite despolémiques au sein des églises chrétiennes comme du restede la société. La commission, composée de médecins,psychologues, scientifiques, éducateurs, pasteurs etthéologiens, s’est penchée sur ce sujet pendant plusieursannées à la demande des instances de l’église. Sa position estrésumée dans une courte déclaration de trois pages (11 à13) qui essaie de tenir compte de deux exigences : (1) cellede promouvoir la conception biblique du mariage et de lasexualité et (2) celle d’accueillir les personnes sansdiscrimination come le faisait Jésus.

Le reste du livre est en fait un dossier qui réunit différentstypes de textes.

D’abord des études bibliques sur le sujet faites par despersonnes compétentes, mais qui ont des lecturesdifférentes et donc obligeront les lecteurs à se poser lesbonnes questions et à se positionner en connaissance decause. Ces trois études sont signées par Ekkehardt Müller,l’un des directeurs de l’Institut de recherches bibliques del’Église adventiste mondiale, Ivan Blazen, professeur dethéologie à l’université adventiste de Loma Linda et Peter

Commission d’éthique de l’Union des Fédérations adventiste de France,Belgique et Luxembourg et de la Fédération de la Suisse romande et du Tessin.

Homosexualité. Déclarations éthiques et faits de société IV. Dammarie-les-Lys : Éditions Vie et Santé, 2014, 162 pages.

Tomson, théologien protestant belge.Ces trois études constituent unesource très étendue de la recherchebiblique sur ce sujet. Ces études bibliques sontsuivies d’une courte déclaration du petit-fils d’Ellen White,indiquant clairement que sa mère n’a jamais abordé ce sujet.

Ensuite, sont rassemblées les différentes déclarationsofficielles des églises chrétiennes : celles de l’Église adventiste,celle de la Fédération protestante de France et celle de l’Églisecatholique. Ces textes permettent au lecteur de bien savoircomment se situent les instances du christianisme face à cesujet. Deux textes rapportent aussi les points de vueargumentés d’un pasteur adventiste, d’un théologiencatholique et d’un médecin sur les couples homosexuels.

Enfin le dossier contient une série de dix témoignagesd’homosexuels chrétiens adventistes et non-adventistes dontcertains croient que leur état est réversible et d’autres qu’il estirréversible. Le témoignage de deux pasteurs adventistesconfrontés à des situations vécues par des homosexuels vientconclure cette dernière partie.

Le volume se termine par une bibliographie annotée sur lesujet.

Après avoir lu et relu ce livre, je puis affirmer que ma visionde ce sujet s’est considérablement approfondie et que mamanière de considérer les homosexuels est devenue pluscompréhensive et accueillante. J’espère qu’il en sera de mêmepour tous les autres pasteurs qui en feront la lecture.

Bernard Sauvagnat

LIVRE

Partagez les événements importants qui se passent dans votre région du monde et qui impliquentla mission dans les territoires francophones où vous travaillez. Envoyer vos textes précis et vosphotos numériques de qualité à Bernard Sauvagnat : [email protected].

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C l i n t J E N K I N , PhD, est vice-président pour larecherche du groupe Barna.

Les grandes multinationales, lesprincipaux médias et les commu-nautés de foi des principales reli-

gions se demandent avec intérêt : «Quefaire pour engager la génération du mil-lénaire?» 1 La Division nord-américainedes Églises adventistes du septièmejour 2 a récemment demandé une en-quête au groupe Barna pour découvrircomment ses églises locales peuventmaintenir de manière plus efficace l’en-gagement avec ce groupe d’âge.

Le groupe Barna, une société chré-tienne de recherche, a fait une étudesur la génération des 15-35 ans faisantou ayant fait partie d’une église adven-tiste afin de comprendre leurs expé-riences et attitudes communes. L’en-quête a été suivie par de multiplesdiscussions conduites par des modéra-teurs en ligne avec des jeunes adultesadventistes et anciens adventistes.

Perceptions négativesDans son livre You Lost Me (Tu m’as

perdu), le président du groupe Barna,David Kinnaman, détaille les six re-proches perçus que cette génération

adresse à « l’ Église» en tant qu’institu-tion culturelle. Ces jeunes estiment quel’église est intolérante à propos dudoute, élitiste dans ses relations, vacontre la science dans ses croyances,est surprotectrice de ses membres, peuprofonde dans ses enseignements et ré-pressive face aux différences. 3

D’après cette enquête auprès dejeunes adventistes, ces reproches sontvalables encore plus fortement dans lesperceptions qu’ont les jeunes adventistesde l’Église adventiste du septième jour.Les pourcentages de répondants qui di-sent que leurs expériences correspon-dent à ces descriptions sont plus élevésque les normes nationales, pour toutesles six perceptions. Par exemple, tandisqu’un jeune sur quatre de la générationdu millénaire aux États-Unis qui vit dansun contexte chrétien dit que le christia-nisme en Amérique est répressif face auxdifférences, près de quatre adventistessur dix de cette génération disent quec’est vrai pour les églises adventistes. Etalors qu’à peine plus d’un jeune améri-cain sur cinq de cette génération qui vitdans un contexte chrétien dit que lechristianisme en Amérique est commeun club exclusif, plus d’un jeune adven-

tiste sur trois de cette même générationdit que les Églises adventistes sont ex-clusives. Presque deux fois plus de jeunesadventistes de la génération du millé-naire disent que les Églises adventistessont contre la science (47%) par rapportà la même génération aux USA (25%).Les adventistes ont aussi des scoresbeaucoup plus élevés que l’ensemblede la génération du millénaire lorsqu’ils’agit de surprotection (36 % contre23%) ou intolérant vis-à-vis du doute(28% contre 10%).

Gardez à l’esprit que ces réponsesviennent de jeunes adultes qui ont en-core un lien avec l’Église adventiste; eneffet, certains d’entre eux sont encoretrès actifs dans leurs Églises locales.

Attitudeset comportementsEn fonction de leurs réponses à di-

verses questions de l’enquête, les son-dés ont été classés comme « engagés»ou «non engagés» dans leur Église lo-cale. Les engagés sont ceux qui fréquen-tent l’Église au moins une fois par moiset qui ont indiqué que l’Église est perti-

Impliquer les 15 -35 ans : une Église qui comprendles relations

A . A l l a n M A RT I N , PhD, est le pasteur enseignantpour la nouvelle génération de l’Église adventisted’Arlington, Texas, États-Unis.

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fois devenus de jeunes adultes. Mais,les expériences négatives au sein del’Église de leur enfance (en particulieravec les responsables et les membresadultes) sont de forts prédicteurs d’unteldésengagement.

Et ensuite ? Si les expériences positives et les re-

lations avec des membres adventistesplus âgés et les dirigeants de l’Églisesont un facteur clé pour conserver l’en-gagement chez les jeunes adultes, laquestion est alors : « En quoi celaconsiste-t-il?» Pour le savoir, nous avonsmené deux groupes de discussion viaune plate-forme en ligne.

Chaque discussion de groupe dejeunes adultes a duré trois jours. Ungroupe s’est focalisé sur les jeunes dela génération du millénaire de l’âge ducollège, et l’autre sur ceux d’après lecollège. Tous les jeunes adultes dans lesgroupes avaient toujours un lien d’unefaçon ou d’une autre avec l’Église ad-ventiste, mais certains avaient coupé lesliens avec leur Église locale jusqu’à uncertain point.

Les groupes étaient étonnammentperspicaces. En écoutant les histoiresde ces jeunes adultes, avec des bonscôtés et des moins bons tout au longde leur éducation et dans leur situationactuelle, il y a eu des moments où nousétions excités, et d’autres où nous étionsconsternés. Nous étions excités en en-tendant tant d’histoires de transforma-tion et de vitalité spirituelle, et la façondont ces expériences survenaient dansun contexte social d’amour et d’accep-tation. La consternation venait des his-toires de rejet personnel et d’angoisse.Au cours des discussions, plusieurs

thèmes ont émergé, indiquant la voieaux Églises locales pour créer un envi-ronnement positif pour leur jeunesse etles jeunes adultes.

Les relations intergénération‐nelles. La première clé concerne les re-lations intergénérationnelles. Pour beau-coup de nos sondés, leur relation avecl’Église dépend de leurs relations avecles membres plus âgés. Elles sont en-core plus importants que les relationsentre pairs dans de nombreux cas (no-tamment lors du passage de l’adoles-cence à l’âge de jeune adulte).

Carla, 4 l’une des membres de notregroupe de discussion de l’âge du col-lège, se souvient de ceci : « Quandj’étais plus jeune et que nous commen-cions à préparer des scènes de Noël, ily avait un groupe de femmes âgées quivenaient en Floride chaque année poury passer l’hiver, et elles restaient… as-sez longtemps pour voir la pièce dethéâtre. »

L’intencité des relations entre les gé-nérations grandissait au fil des histoireset impressionnait les jeunes adventistes.À noter que les Églises locales n’ont pasbesoin d’imaginer comment provoquerdes relations intergénérationnelles ; ellesont lieu. Cependant, il est important deremarquer que ces relations intergéné-rationnelles peuvent être à la fois posi-tives et négatives. L’objectif des respon-sables locaux peut être de créer uneculture d’Église qui renforce les interac-tions positives et réduit les interactionsnégatives.

Beaucoup d’autres observations etidées qui suivent reposent sur des rela-tions intergénérationnelles positives.

Jasmine raconte une conversationqu’elle a entendue et qui corrobore la

nente pour elles. Les non engagés nerépondent pas à l’un ou aux deux deces critères. Des différences clés entreces deux groupes ont été déduites desdonnées.

Comparés aux jeunes engagés ausein de l’Église adventiste, ceux qui nesont pas engagés ont des expériencespositives beaucoup plus faibles, en par-ticulier quand il s’agit de l’Église qu’ilsont fréquentée lorsqu’ils étaient enfants.Les plus grandes différences sont dansles domaines des sentiments comme« Je peux être moi-même », ou « lesdoutes sont tolérés». Les engagés de lagénération du millénaire sont aussibeaucoup plus susceptibles d’être toutà fait d’accord avec les descriptions del’Église du genre «elle a de la compas-sion pour les moins fortunés», « l’ensei-gnement est pertinent », «elle m’a aidéà mieux comprendre ma foi » et « lesgens sont authentiques».

À l’inverse, les jeunes non engagésont beaucoup plus d’expériences néga-tives avec l’Église de leur enfance. Lesécarts les plus importants concernentles énoncés suivants : « les dirigeantssont répressifs face aux idées » et« l’Église est surprotectrice avec sesjeunes ». Les non engagés sont aussibeaucoup plus susceptibles d’être enaccord avec l’idée que l’église de leurenfance «semblait être un club exclusif »et que «ce qu’elle enseigne semblaitêtre superficiel ».

Ensuite, les deux groupes ont été in-terrogés à propos d’expériences sem-blables avec leur Église actuelle; s’il yen avait, les différences observées icidevenaient encore plus prononcéesdans les réponses aux questions sur leuréglise présente.

Cependant, il n’y a pas eu de diffé-rences importantes entre les compor-tements des jeunes engagés et ceuxqui ne l’étaient pas pendant leur en-fance et leur adolescence. En d’autrestermes, nous ne pouvons pas observerle niveau d’activité parmi les enfantset les adolescents, pour prédire ceuxqui se désengageront de l’Église une

Sans doute US 10% Adv. 28%Exclusive US 22% Adv. 34%Contre la science US 25% Adv. 47%Surprotectrice US 23% Adv. 36%Superficielle US 24% Adv. 29%Répressive US 25% Adv. 37%

FIGURE 1. Comparaison entre les jeunes américains et lesjeunes adventistes de la génération du millénaire : pour‐centages des sondés qui « sont tout à fait d’accord » quechaque caractéristique décrit leur expérience avec l’Église.

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le cœur ou les intentions du jeune. Maisles jeunes nous ont souvent dit que Dieua utilisé ces luttes pour les rapprocherde lui, un processus que les personnesplus âgées n’ont pas remarqué.

Tracy a partagé son histoire où samauvaise décision l’a amenée à se sen-tir jugée par l’Église, au lieu de se sentirréconfortée. Malheureusement, elle aressenti qu’elle était définie par un seulcas du péché. «Dans une de mes rela-tions passées, j’ai laissé mon copain al-ler trop loin… et je n’arrive vraiment pasà me pardonner. Je prie Dieu de m’aiderà me pardonner. Il est difficile de sur-monter quelque chose qui s’est passéet qui était contre vos croyances, et j’aiété assez stupide pour laisser cela seproduire. Chaque jour, je prie afin que jepuisse surmonter cela. »

Ces histoires et ces sondages suggè-rent que ce qui est nécessaire est de lapatience pour former des relations so-lides qui respirent le pardon et l’accep-tation, en faisant confiance à Dieu pourapporter les changements nécessaireset en reconnaissant que les change-ments prennent également du temps.Ne rejetez jamais quelqu’un au milieud’un combat personnel, car ce dernierpeut être justement ce que Dieu utilisepour faire de la personne celle dont il abesoin dans l’Église.

Des plates‐formes de partage. Enplus des relations, beaucoup de nos son-dés les plus engagées ont mis en avantdes crises, dans leur propre vie ou celled’un proche, comme des moments dé-cisifs dans leur cheminement spirituel.Faire l’expérience de l’amour et de laforce de Dieu est quelque chose de puis-sant. Il y a quelque chose de fort dansle partage de cette expérience avec lesautres. Et il y a quelque chose de fortlorsqu’on entend l’histoire de la rencon-tre d’une autre personne avec Dieu.

L’histoire de Callie est à la fois un en-couragement pour elle et un témoi-gnage pour les autres. «Quand j’étaisjeune, j’ai failli mourir à cause d’une in-fection. Je me souviens de m’être ré-veillée au beau milieu de la nuit etd’avoir entendu mon père pleurer, alorsqu’il murmurait une prière à monoreille… Je me souviens aussi lorsqueles médecins ont dit à mes parents qu’ilsne comprenaient pas ce qui s’étaitpassé, mais que j’étais guérie. »

L’histoire de Thomas est moins sen-sationnelle, mais pas moins forte en elle-même. «Dieu m’a parlé d’une façon in-croyable cette nuit-là. Je me trouvais lespieds sur le sable, trop loin de l’eau pourqu’elle puisse venir jusqu’à moi, à re-garder les étoiles et à parler avec Dieu.Je lui ai posé une question, en espérantque si sa réponse était oui, je le saurais

puissance de ce type de culture favora-ble : « Récemment, j’ai entenduquelqu’un parler à un jeune homme quivenait à l’Église et essayait de devenirbarman. J’ai vraiment admiré la façontrès neutre dont elle parlait avec lui, alorsqu’à son avis il ne devrait pas devenirbarman. Elle n’a même pas laissé en-tendre qu’elle pensait que ce n’était pasbien. Elle l’a tout simplement invité à serapprocher de Jésus. «Elle savait queJésus pouvait faire beaucoup mieuxqu’elle, et conduire ce jeune sur le che-min qu’il devait prendre » (c’est nousqui soulignons).

Le pardon et l'acceptation. Rien nepousse les adolescents et les jeunesadultes hors de l’Église plus vite que lesentiment d’être rejetés, et rien ne lesattire vers l’Église plus vite que le senti-ment d’être acceptés. Les deux situa-tions ont actuellement lieu à la pelledans les églises adventistes en Amé-rique du Nord.

L’expérience de Jessica reflète lesdeux extrêmes vécues le même sabbat.«Une fois, je suis allée dans une Églisevoisine de la mienne, une Église qui ala réputation d’être vraiment libérale.Tout le monde était très accueillant etdécontracté (tout le monde portait desjeans) et je me sentais si libre. Ils ontchanté un chant qui dit: «Dans la mai-son du Seigneur règne la liberté» et j’aicommencé à pleurer. Cet après-midi-là,je suis retourné dans mon église et l’undes amis de mon père s’est approchéde moi et m’a demandé pourquoi je por-tais un jean et pourquoi je n’étais pasvenue le matin.

Dans un groupe de discussion, nousavons remarqué que les mêmes per-sonnes partageaient les deux typesd’histoires : elles se sont senties accep-tées d’abord et ensuite rejetées. Lorsquenous avons demandé ce qui avait causéle changement, elles nous ont dit, enquelque sorte : « plus ils me connais-saient, plus je me sentais rejeté(e) ».

Il semble que les adultes plus âgésont tendance à observer des combatsspécifiques et à porter un jugement sur

C l i n t J E N K I N & A . A l l a n M A RT I N

Elle a de la compassion pour les moins fortunés

L’enseignement est pertinent pour notre vie

Je peux être moi‐même à l’église

Elle m’a aidé à comprendre

Les gens sont authentiques

Les doutes sont tolérés

6684

6680

4672

4865

4562

3558

20 40 60 80 100

FIGURE 2. Les pourcentages des personnes interrogées qui « sont tout à fait d’accord »que chaque énoncé décrit l’Église de leur enfance.

Non-engagés Engagés

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IMPLIQUER LES 15-35 ANS : UNE ÉGLISE QUI COMPREND LES RELATIONS

FIGURE 3. Les pourcentages des personnes interrogées qui « sont tout à fait d’accord »que chaque énoncé décrit leur Église actuelle.

Non-engagés Engagés

Les dirigeants sont répressifs face aux idées

L’Église est surprotectrice

Elle est comme un club exclusif

Ce qu’elle enseigne semble superficiel

6845

6844

5436

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Les communautés de foi adventistes,les dirigeants de l’Église, et les membresadultes examinent les clés qui permet-traient aux jeunes adultes d’être actifset vraiment impliqués dans leur Église.Et si c’était en entrelaçant les vies? En-courager les relations intergénération-nelles favorables, exprimer pardon et ac-ceptation, partager des expériences.N’est-ce pas là l’alternative viable audépart de nombreux jeunes adultes del’Église? Ceux de la génération du mil-lénaire qui ont été interrogés semblentdire un oui sincère et catégorique.

Puisse les générations des croyantsadventistes tisser leurs histoires ensem-ble et constater que partager l’étreintede relations authentiques remplies degrâce 5 change la vie de la générationdu millénaire et aussi celle des membresplus âgés.

À propos de la recherche La recherche citée dans cet article

vient d’une enquête menée par legroupe Barna de Ventura, en Californie.L’étude a été promue par la Divisionnord-américaine des adventistes du sep-tième jour. Au total, 488 entretiens enligne ont été réalisés parmi les jeunesde 18 à 29 ans qui fréquentent actuel-lement l’Église adventiste du septièmejour ou qui l’ont fréquentée étant enfant.On a réalisé le sondage entre le 16 etle 24 septembre 2013. La marge d’er-reur pour un échantillon de 488 indivi-

dus est de +4,3%, donc offre un niveaude confiance de 95%.

Des courriels pour inviter à participerà cette étude ont été envoyés à une listefournie par la Division nord-américaine;un lien hypertexte vers le questionnaireen ligne était inclus dans ces courriels.De plus, un lien a été publié sur Face-book. La grande majorité (394) des en-tretiens ont été réalisés avec des jeunesconduits au sondage par Facebook, etles autres (91) l’ont été grâce à l’invita-tion des courriels. Le sondage a néces-sité en moyenne 16 minutes pour êtrerempli et a été mené grâce à un logicielde sondage en ligne.

Les groupes de discussion ont été me-nés en septembre 2013 avec 24 desparticipants du sondage. Les membresdes groupes de discussion ont été re-crutés en fonction de leurs réponses auquestionnaire, afin d’inclure une variétéd’histoires spirituelles.

Il y a eu deux groupes de discussion :un pour les 18 -22 ans, et l’autre pourles 23 -29 ans. Chaque groupe a durétrois jours.

1. On appelle «génération du millénaire»les personnes nées entre 1980 et 2000.2. La Division nord-américaine des adventistesdu septième jour est la partie de cette com-munauté de foi protestante présente dans lemonde entier qui vit aux Bermudes, au Ca-nada, en Micronésie et aux États-Unis (www.na-dadventist.org). Aujourd’hui, formant l’unedes églises chrétiennes protestantes quigrandissent le plus rapidement, les 18 millionsd’adventistes du septième jour baptisés viventdans 204 pays du monde. Près de 1,2 millionrésident dans la Division nord-américaine.3. David Kinnaman, You Lost Me : Why YoungChristians Are Leaving Church… and Re-thinking Faith. Grand Rapids, MI : Baker Books,2011.4. Tous les noms des participants à l’étude ontété modifiés pour des raisons de vie privée.5. On remarque des parallèles stimulantsentre l’accent mis sur les relations intergé-nérationnelles dans l’église relevées parcette enquête et les recherches du Dr RogerDudley, professeur émérite à l’Université An-drews, dont l’étude sur les jeunes et lesjeunes adultes a duré plus de quatre décen-nies. Voir www.ministrymagazine.org/archive/2009/01/embracing-those-who-reject-reli-gion.

sans avoir de doute. À l’instant où j’aidit cela, l’eau a touché mes pieds et estmême allée encore plus loin. Ce fut ungrand moment dans ma vie. »

Comment les communautés adven-tistes peuvent-elles fournir à leurs mem-bres des plates-formes pour partageravec d’autres la façon dont Dieu a œu-vré dans leur vie?

Ces expériences peuvent être à la foispositives et négatives. Certains de nossondés ont partagé des histoires deguérison, tandis que d’autres des his-toires de combats. Les deux types d’his-toires ont beaucoup encouragé les au-tres jeunes adultes dans le groupe dediscussion. Comment une église peut-elle rendre acceptable pour ses mem-bres de partager non seulement leursvictoires, mais aussi leurs luttes ? Cestémoignages pourraient être ce quimaintient un jeune engagé au sein del’Église adventiste, parce qu’enrichi parles relations fondées sur le partaged’histoires.

Partager des histoires, faire l’expérience de la grâce, entrelacer des vies Les résultats de la recherche ne sont

apparemment ni profonds ni extraordi-naires, mais cela n’enlève pas leur per-tinence puissante alors que l’Église ad-ventiste du septième jour cherchehonnêtement à engager les nouvellesgénérations.

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D e re k J . M O R R I SRédacteur chef de la revue Ministry®

&W i l l i e E . H U C K S I I

Rédacteur adjoint de la revue Ministry®

Willie Hucks (WH) : En quoi consis-tent les relations publiques et la libertéreligieuse? Que souhaitez-vous ac-complir au nom de ces deux départe-ments des relations publiques et de laliberté religieuse ?

John Graz (JG) : Le départementde la liberté religieuse de la Conférencegénérale a été organisé en 1901. Aprèsla Seconde guerre mondiale, les relationspubliques ont été ajoutées à ce dépar-tement. Nous avons plusieurs branches,dont une consiste à promouvoir et àdéfendre la liberté religieuse. Le plussouvent, nous travaillons en collaborationavec l’Association internationale pourla liberté religieuse. Parce qu’à ce niveau,

nous ne représentons pas juste uneÉglise ; mais un groupe de personnesqui défendent la liberté religieuse.

La seconde branche, ce sont les re-lations publiques. Elles impliquent quetout ce qui a rapport avec le gouverne-ment passe par notre département.Nous nous occupons aussi des questionsrelatives à la liberté religieuse d’unpoint de vue légal. Nous avons aussiune liaison parlementaire, Dwayne Leslie.Il est informé de tout ce qui se passe àWashington, DC et il y représente l’Église.

Une autre branche, ce sont les relationsinter-Églises. Elle a été placée sous latutelle de notre département en 1980.Toute interaction avec les autres religions,

pas simplement les Églises, passe parnotre département. Et nous dirigeonsaussi le Conseil des relations interÉglises de la Conférence générale.

Une autre branche s’occupe du pro-tocole. Toutes les fois que la Conférencegénérale reçoit un dignitaire, ambassa-deur, chef d’État, ou ministre de gou-vernement, cela passe par notre dépar-tement. Nous travaillons à Washingtonparce que nous voulons savoir ce quise passe au niveau du gouvernementdes États-Unis ; spécialement les légis-lations qui pourraient affecter notreliberté de religion. Disposer de la bonneinformation s’avère un besoin pournous. Cela nous aide à faire de notre

En défensedes droits fondamentaux : une conversation avec les responsablesdes relations publiqueset de la liberté religieuse

Note de la rédaction : De temps à autres, nous publions un entretien avec les personnalitésengagées au service de l’Église adventiste du septième jour à l’échelle mondiale. Voici larencontre que nous avons eue avec John Graz, directeur des Relations publiques et de la libertéreligieuse à la Conférence générale, Dwayne Leslie, directeur adjoint, également responsabledes affaires juridiques et Ganoune Diop, lui aussi directeur adjoint, chargé des relations avecl’Organisation des Nations Unies. Nous souhaitons fournir ainsi une meilleure compréhensiondu travail de ce département et une plus grande appréciation pour l’œuvre qu’il accomplit.

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mieux pour protéger notre liberté. Noussommes reconnus à l’Organisation desNations Unies et nous y exerçons unegrande influence en ce qui concernecertains problèmes internationaux. Notredépartement est engagé dans la pro-motion et la défense des droits del’homme.

Derek Morris (DM) : Dwayne, dites-nous ce que vous faites en matièred’interaction avec Washington, DC.

Dawyne Leslie (DL) : Il est importantpour l’Église mondiale d’avoir une pré-sence à Washington, DC. Ainsi donc, jesuis cette liaison entre l’Église mondialeet Washington ; qu’il s’agisse du Congrèsdes États-Unis, de la Maison Blanche,du Département d’État, ou d’autresagences gouvernementales – n’importequel groupe basé à Washington affectantl’Église ou les intérêts de l’Église. Maresponsabilité, en partie, c’est d’être aucourant de toute législation en instancequi pourrait affecter l’Église et la libertéreligieuse. Je suis membre de quelquesgroupes interconfessionnels intéresséspar la protection et la promotion de laliberté religieuse. Et là où certains débatsprésentent un intérêt pour l’Église eten certaines autres occasions, nousnous joignons aux initiatives intercon-fessionnelles pour promouvoir et protégerla liberté religieuse.

Nous devrions être des défenseursinfatigables de la liberté à Washingtonet ailleurs à travers le monde. Je ren-contre régulièrement des membres dupersonnel du Congrès, du Départementd’État et d’autres agences gouverne-mentales. Je suis aussi en relation avecla communauté de foi. Ainsi donc, quandle besoin d’assistance se présente pourl’Église, nous avons ces relations déjàen place pour plaider en notre faveur.

Pour l’instant, nous avons deux mem-bres de l’Église adventistes du septièmejour qui servent au Congrès des États-Unis. Le membre le plus récemment ar-rivé, Dr Raoul Ruiz, a été élu en novembre2012. Il représente la 36e circonscriptionde la Californie. Après son élection, j’ai

en trois piliers : liberté, égalité et dignitéhumaine. Les adventistes ont beaucoupà offrir dans ce domaine. Pourquoi ?Parce que nous sommes chrétiens, etJésus a parlé de paix, de sécurité, de li-berté, d’égalité et de dignité.

Si on en vient au pilier central, le dé-veloppement, les adventistes ont pro-bablement l’un des atouts les plus si-gnificatifs en tant qu’organisation nongouvernementale (ONG). Nos contribu-tions s’étendent sur l’éducation, la santé,la jeunesse, les femmes, les questionshumanitaires, et, naturellement, les droitshumains. Comparés à d’autres organi-sations, nous sommes très petits. Maisje crois que nous pouvons nous mettreà construire une infrastructure pour êtreen mesure d’avoir un impact plus im-portant que de simples alliances. Jel’espère, comme adventistes, nous allonsprogressivement mettre sur pied uneinfrastructure visant à influencer le sys-tème directement. Curieusement, j’aidécouvert qu’à l’ONU il y a des théolo-giens, des penseurs, qui influencent lesdécisions en mettant sur la table certainsaspects de leurs valeurs fondamentales.

JG : Notre département est aussi encharge du dialogue avec les autresÉglises. Ainsi, elles reconnaissent les ad-ventistes comme une Église chrétienne.Plusieurs nous prenaient pour une secte.Nos conversations ont changé leurs ma-nières de nous comprendre. Nous allonsmaintenant mettre l’accent sur la manièredont nous pouvons promouvoir et dé-fendre notre liberté religieuse. WilliamJohnsson, ancien rédacteur de l’AdventistReview est en charge de ces échangesavec les autres Églises.

arrangé un rendez-vous pour le ren-contrer, me présenter au nom de l’Égliseet établir des relations avec son per-sonnel. Je suis un personnage-clélorsque les frères de l’Église ont besoind’un contact.

DM : Qu’en est-il du travail de votredépartement à l’Organisation des Na-tions Unies ?

Ganoune Diop (GD) : Je représentel’Église adventiste à l’Organisation desNations Unies; probablement le forumdes relations internationales le plus im-portant. Toutes les nations y ont un es-pace pour la médiation des relations.Ma tâche consiste à convaincre les di-rigeants mondiaux, les diplomates, lesdécideurs, les législateurs et tous lesautres qu’il est avantageux pour euxd’avoir des adventistes dans leurs pays.Et ce faisant, j’ai des occasions d’exposernotre identité, nos croyances et notrethéologie.

L’Organisation des Nations Unies re-pose sur trois piliers : le tout premier,c’est la paix et la sécurité. Elle en faitson point de mire et dispose là d’ins-truments pour résoudre des problèmesliés aux guerres, aux conflits entre lesnations et à la manière d’instaurer lapaix et la sécurité. Le deuxième pilier,c’est le développement et la justice.Sans le développement et la justice, iln’y aura pas de paix entre les nations,ni non plus de sécurité ; parce que lesgens voudront se battre pour disposerde moyens, et de ressources. Nousavons un troisième pilier : les droits hu-mains. En réalité, ce dernier est subdivisé

John Graz

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Dwayne Leslie

nant des pays comme la Russie. LaRussie avait une législation très ouverte.Billy Graham est allé à Moscou et MarkFinley a tenu une grande campagned’évangélisation au Kremlin. L’évangé-lisation publique s’avère très difficileaujourd’hui. L’Asie centrale dans sonintégralité était ouverte. Mais, maintenant,c’est plus difficile dans cette région dumonde. Le nombre des Églises y estlimité et il est très difficile d’y ouvrir denouvelles Églises.

Nous avons besoin de savoir ce quise passe. Nous avons d’excellents col-lègues qui nous passent des informationspartout dans le monde. Et quand nousavons un problème quelque part, nousl’abordons au moyen de ce dont nousdisposons. Une de nos responsabilitésc’est de constituer un réseau avec quinous pouvons travailler. Ainsi donc,quand quelque chose se passe, noussavons qui peut aider et nous ne perdonspas de temps.

Les premiers fruits de la liberté reli-gieuse se résument dans le droit deprêcher ce que nous croyons, le droitd’être différent si vous voulez êtredifférent et le droit de vous unir auxautres si vous désirez vous unir. Et nousdéfendons ces droits fondamentaux.Mais nous ne pouvons pas le faire seuls.Nous devons travailler avec les autres,lier des amitiés avec les autres. Ce fai-

sant, nous sommes plus forts. Et c’estce moyen que nous utilisons pour fairepasser des législations qui protègentles adventistes.

DL : Le Forum Pew mène une enquêteannuelle concernant les restrictions àla religion à travers le monde. Au coursde ces dernières années, le nombre depersonnes assujetties à des restrictionsreligieuses va sans cesse croissant. Leplus récent rapport a noté que mainte-nant 75 % de la population mondialevit sous une forme de restriction imposéeà la religion. Antérieurement, c’était70 %. Ainsi donc, les choses ne s’amé-liorent pas. Par exemple, dans un payscomme le Kazakhstan où l’on renforcedes lois sur les restrictions religieuses,plusieurs Églises, dont l’Église adventiste,ont perdu leur statut légal et ont étéforcées de répondre à des exigences àla fois qualitatives et quantitatives pourêtre réintégrées comme religion. Main-tenant que l’Église adventiste et plusieursautres ont été réintégrées, nous avonsencore le devoir de nous exprimer parceque ces législations, en majeure partie,demeurent encore oppressives.

La réintégration vous permet certes,de vous réunir dans un bâtiment autorisé.Il vous est toutefois défendu de pratiquervotre foi de certaines manières hors dece bâtiment. Par exemple, il ne vousserait pas permis de présenter uneétude biblique au sein de votre foyer.Nombre de ces Églises qui n’ont pasété approuvées sont maintenant sujettesà des perquisitions et, en réalité, à undémantèlement. Ces choses se passentaujourd’hui et les gens n’en entendentpas parler. Il est important de noter quede nombreux pratiquants d’autres confes-sions minoritaires sont persécutés, souf-frent et sont empêchés d’agir selonleur conscience. Voilà le genre de chosescontre lesquelles nous devons éleverla voix.

GD : À bien regarder les restrictions,d’un côté elles sont gouvernementales.De l’autre, il y a aussi l’hostilité de lapopulation. Entre 80 à 90 % de ceuxqui sont persécutés pour leur foi dans

Ganoune Diop est membre du Comitédu Forum chrétien mondial où chacunpeut être représenté : Pentecôtiste, Or-thodoxe Russe, etc. Et cela fait maintenantdix ans que, moi-même, je suis Secrétairegénéral de la Communion chrétiennemondiale, le plus important groupe dedirigeants religieux ; et Bert Beach, anciendirecteur du département de la Libertéreligieuse et des relations publiques ena été secrétaire avant moi pendanttrente-deux ans. Cela signifie que l’undes plus importants groupes inter confes-sionnels a eu un Secrétaire général ad-ventiste pendant plus de quarante ans.Même si nous sommes une minorité,nous sommes reconnus comme faisantpartie de la communauté chrétienne.Le coude à coude avec les autres chré-tiens nous offre l’occasion de parler deliberté religieuse et de concepts en re-lation directe avec notre présence dansle monde et dans la société.

WH : Comment voyez-vous la situationde la liberté religieuse dans le mondeaujourd’hui et à quel niveau votre dé-partement travaille-t-il pour la promou-voir et la défendre ?

JG : Depuis mon arrivée ici, cela faitmaintenant dix-huit ans, la liberté reli-gieuse a régressé dans le monde. Quandj’ai pris mes fonctions ici en 1995, nousnourrissions de grands espoirs concer-

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[ ]M I N I S T R Y ® 2 3 ‡ ‡ 4 E T R I M E S T R E 2 0 1 4

DM : Je veux maintenant passer àl’Association internationale pour la li-berté religieuse qui vient de célébrerson 125 e anniversaire. Dites-nous quipeut en faire partie et comment, d’aprèsvous, cette organisation peut faire unedifférence.

JG : La première association organiséepar l’Église a été l’Association nationalepour la liberté religieuse en 1888. Ellea débordé les frontières de l’Amériquedu Nord et est devenue, en 1893, l’As-sociation internationale pour la libertéreligieuse. En 1946, l’Association a dé-cidé de permettre à tous ceux qui sesoucient réellement de la liberté reli-gieuse et veulent défendre ce principe,pas seulement les adventistes, d’en de-venir membres. Et, si vous croyez enl‘Article 18 de la Déclaration universelledes droits de l’homme, vous pouvezdevenir un membre de l’Association.Nous avons organisé, rien que dans lesquinze à dix-huit dernières années,quatre congrès mondiaux. Le premier arassemblé 320 à 350 participants. Ledernier en a compté neuf cents. Cin-quante experts de la liberté religieuse– pour la plupart, des non adventistes– ont été invités, dont des membres degouvernements. C’est une occasion enor pour rencontrer ces membres degouvernements, pour parler avec euxet se focaliser sur la liberté religieuse.

DL : Le Dîner de la liberté est l’un desgrands événements de notre calendrierannuel. Le Dîner est organisé conjointe-ment par la revue Liberty et l’Associationnord-américaine pour la liberté religieuse.Elle fait la promotion de la liberté religieusepour tous les peuples. C’est aussi pournous un puissant véhicule permettantde partager avec les membres du gou-vernement et les diplomates à WashingtonDC, au sujet de l’Église et de l’Associationinternationale pour la liberté religieuse.Nous planifions maintenant ce qui seranotre douzième journée de la liberté.Durant ces années, nous avons été heu-reux d’avoir un groupe d’orateurs distin-gués s’adressant à nos invités. Naturel-lement, nous nous arrangeons pour quele dîner ne soit pas envisagé comme unévénement politique. Mais nous invitonsdes orateurs d’un bout à l’autre de l’échi-quier politique. Dans le passé, nousavons invité Hillary Clinton, John Kerry,John McCain, le Ministre des AffairesÉtrangères du Canada, John Baird etl’aumônier du Sénat des États Unis, BarryBlack. Un article sur le dîner a récemmentnoté que c’est l’événement de libertéreligieuse qui donne le ton à Washington.Et nous en sommes très fiers.

Habituellement, nous prévoyons en-viron 180 à 200 participants ; y comprisles représentants de la Maison Blanche,des membres du Congrès, le personneldu Congrès, les ambassadeurs aussi

le monde sont chrétiens. Chaque année,environ cent cinquante mille chrétienssont tués. J’étais à l’ONU pour le Conseildes droits de l’homme. Le présidentd’une organisation non gouvernementale(ONG) m’a approché pour me raconterce qui se passe maintenant au Soudan,où les chrétiens sont littéralement tuésou forcés de quitter le pays et où onbrûle leurs églises. Et cela se passe aumoment où nous parlons. Malheureu-sement, cette situation s’amplifie dansdiverses parties du monde. Notre tâcheconsiste à observer ce qui se passe, àinformer l’Église et à l’encourager surla manière de faire les choses. Nous neprétendons pas ainsi arrêter le flot dumal dans ce monde. Cependant, celaaide si les membres sont éduqués etsoigneusement formés à la manièred’entretenir des relations avec les autres.Les principes bibliques fondamentauxnous aident à aborder les autres commeJésus le faisait.

JG : Nous avons visité des pays oùles gens sont persécutés. Nous avonspassé quelques jours dans l’Est de l’In-donésie, juste après la guerre entrechrétiens et musulmans. Nous avons àla fois visité chrétiens et musulmans etles avons encouragés à participer auprocessus de paix. Nous avons vu lesrésultats de l’intolérance religieuse :des milliers de gens ont été tués, denombreuses églises, des mosquées etdes maisons ont été brûlées. Des gens,comme Sijjad Masih, un jeune adventistede vingt-huit ans accusé de blasphèmes,sont emprisonnés. Il a été arrêté etcondamné à la prison à perpétuité, bienqu’il soit innocent. Au Pakistan et dansd’autres pays, la loi sur le blasphèmeet celle sur l’apostasie créent une si-tuation très opprimante pour les minoritésreligieuses. À chaque fois que nousvoyageons, nous rencontrons des auto-rités, des dirigeants religieux aussi etenvisageons ce que nous pouvons fairepour aider. Parfois, nous pouvons aiderjuste par notre présence.

Ganoune Diop

EN DÉFENSE DES DROITS FONDAMENTAUX ...

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avec les autres et nous construisonssur ces valeurs communes.

Nous choisissons les sujets en ob-servant le monde – quelles sont lestendances ? Par ailleurs, je travaille avecdes professeurs de différentes obédiencesreligieuses en France et à Madrid. Noustravaillons sur une valeur commune àpartir de laquelle nous pouvons bâtir.Être humains ensemble, même si noussommes de traditions différentes de foiou sans tradition de foi, est une profondeleçon, je pense.

WH : Pourquoi organisez-vous desfestivals de liberté religieuse ?

JG : Quand la liberté religieuse estmenacée, chacun est affecté. Au lieud’avoir juste une réunion confidentielle,nous l’élargissons et essayons d’atteindreles gens ; c’est pourquoi nous avonslancé ces festivals de masse. Le conceptest simple : nous croyons qu’il est tempsde dire merci pour la liberté religieuse.Cela veut dire que dans chaque paysoù nous avons la liberté religieuse, nousdevrions dire merci à la fois à Dieu etau gouvernement. Ce sont des événe-ments où plusieurs croyants réalisentque s’ils étaient nés en Arabie Saouditeou au Pakistan, ils seraient maintenanten prison. Ils vivent, par bonheur, dansdes pays où ils ont la liberté religieuse.Quand nous organisons de grands ras-semblements de quinze à quarantemille personnes, les gens manifestentleur amour pour la liberté religieuse etleur désir de la garder. De 2006 à 2013,deux cents mille personnes ont participéà nos festivals. Plus de quinze festivalssont planifiés pour 2014. Aucune autreÉglise ou organisation religieuse n’aorganisé de tels grands rassemblementsde masse par le passé. Ce mouvementa changé l’image de la liberté religieuse,qui ne suscite pas seulement des ren-contres d’experts, mais aussi des ras-semblements de tout le monde.

GD : Le principe biblique derrièretout cela c’est « encourager le bien »afin que les gens soient motivés etcontinuent à le promouvoir.

JG : Et partout où il y a un festival,les gens veulent avoir un symposium,un concert du congrès de la liberté etd’autres événements. Grâce au festival,la ville de São Paulo a décrété que le25 mai, le jour du festival, serait laJournée annuelle de la liberté religieuse.C’est la première mégapole dans lemonde qui a son propre jour annuel dela liberté religieuse.

WH : Que peuvent faire les pasteurset les autres dirigeants locaux del’Église pour aider à défendre et protégerla liberté religieuse ?

DL : L’une des choses importantesqu’ils peuvent faire, c’est d’aider à aug-menter la prise de conscience dansleurs congrégations locales. De nom-breux membres sont inconscients desrestrictions qui pèsent sur la liberté re-ligieuse à travers le globe. Chacun peutprier pour ceux que l’on persécute main-tenant dans le monde. Pour être encoreplus actifs, faites savoir à vos représen-tants locaux qu’il s’agit d’une questiontrès importante pour vous. Même sivous pensez : « Bon ! Quelle influencepuis-je avoir sur un pays étranger, depuismon pays ? » Nos dirigeants à Wash-ington prennent grandement à cœurce qui se passe à travers le monde.Faites usage des diverses ressourcesen place pour vous tenir au courant dece qui se passe dans le monde. Notredépartement dispose d’un compte Twitterdont je m’occupe jour après jour. Je lisles nouvelles locales et internationaleset je souligne trois à cinq récits relatifsà la liberté religieuse pour ceux quiveulent être quotidiennement à jour.Voilà une source extraordinaire à par-tager avec votre congrégation locale.Ainsi donc, suivez-nous sur Twitter :@IRLA_USA. Vous pouvez aussi regardernotre émission de Télévision, Faith andFreedom (Foi et Liberté), chaque semainesur Hope Channel. Consulter Internetpour connaître les heures de diffusiondans votre région géographique.

JG : Nous avons un sabbat réservé àla liberté religieuse, le quatrième sabbat

bien que le personnel diplomatique dehaut rang des ambassades ; plus lesdirigeants de plusieurs communautésde foi du secteur de Washington, DC.Typiquement, nous avons plusieurs am-bassades qui se font représenter. Cecinous fournit d’excellentes occasions dedévelopper des relations.

DM : Parlez-nous de votre groupede réflexion sur la liberté religieuse.

JG : Nous avons organisé en 1999,une rencontre d’experts qui est devenuel’un des plus grands groupe de réflexionsur la liberté religieuse. Chaque année,nous organisons cette réunion avecvingt-cinq à trente experts. Et c’est assezunique, des universités publiques invitentnotre rencontre d’experts. Nous avonsété invités par l’université de Sydney,celle de Toronto, et cette année, nousallons à Athènes. Naturellement, la ma-jorité des experts dans ce groupe sontdes professeurs d’université. Un livresur l’Association internationale pour laliberté religieuse sera bientôt publiépar un professeur en Espagne.

GD : La rencontre d’experts est commeun groupe de réflexion pour la libertéreligieuse. Le mot expert n’entend pasêtre prétentieux. Des personnalités depremier rang viennent de plusieurs uni-versités. Ce sera notre quinzième ren-contre. Nous rencontrons des gens quipensent différemment, mais nous avonscomme terrain commun ce qui concernela liberté religieuse. On y rencontre descroyants et des non-croyants. Noussommes capables de nous mêler à desgens à la pointe de la recherche etdont les contributions intellectuellessont nécessaires. Nous avons besoind’établir des relations avec des gensde tous les domaines d’expertise. Et jepense que la rencontre des expertsnous permet de nous mêler à des pen-seurs qui, en retour, ont l’occasion denous connaitre et nous, de notre côtéde les connaitre. Nous publions unedéclaration conjointe à l’issue de cesrencontres. Nous portons les regardssur les valeurs que nous partageons

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EN DÉFENSE DES DROITS FONDAMENTAUX ...

de janvier. Chaque Église devrait aussinommer un responsable des relationspubliques et de la liberté religieuse.Elle pourrait aussi avoir un club deliberté religieuse. Nous pouvons fairela différence.

GD : Personnellement, je ne pensepas que cela va s’améliorer, même pourles adventistes, et c’est bien malheureux.Ellen White a prophétisé concernant ladégradation de la liberté religieuse,même ici en Amérique. Cela va être ter-rible, en réalité. Il est rare qu’elle soit

aussi spécifique. Mais elle a aussi ditque pendant que nous avons cetteliberté, nous devons faire tout ce qui esten notre pouvoir pour atteindre les gens.Et maintenant, c’est bien le moment.

JG : Elle a aussi dit que nous élèveronsla bannière de la vérité et de la libertéreligieuse dans ces derniers jours. Quandles gens demandent pourquoi nous dé-fendons la liberté religieuse, souvent jeréponds « parce que c’est un cadeaureçu de Dieu, un droit humain, unemarque du royaume de Dieu et un mes-

sage prophétique. » Comme a dit Ga-noune, nous savons qu’un jour nousperdrons notre liberté. Certaines per-sonnes demandent : « Si vous savezceci, pourquoi faites-vous cela »? Jeleur réponds : « Nous savons que lesgens mourront, mais nous construisonsdes hôpitaux. Nous le faisons parceque nous savons que protéger la libertéreligieuse pour tous fait partie duroyaume de Dieu. » La liberté religieuseest l’une des meilleures expressions ducaractère d’amour de Dieu.

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COURRIER DU LECTEURVous réagissez aux articles de «Ministry®»

Je souhaite vivement vous remercier pour les livres proposés à l'in‐tention des pasteurs. J'en ai acheté quelques‐uns, qui sont très riches.Je voudrai aussi vous remercier pour l'article de Michael W. Campell surl'art de la visite pastorale (1er trimestre 2014). Cela m'a permis de pren‐dre en compte d'autres aspects lors d'une visite pastorale et d’enconstater l'importance. Merci pour tout.

Elele Noah Francis, Douala, Cameroun.

Merci pour l’article Intimité spirituelle : le défiet le plaisir (3e trimestre 2014). Il est exceptionnel :pratique, il réchauffe le cœur, il est rempli de possibi‐lités pour un plus profond cheminement spirituel par‐tagé dans le couple pastoral. Nous allons traduire cetarticle pour l’offrir à tous les couples pastoraux denotre territoire. Nous savons qu’ils en seront béniseux aussi.

Lynn Ripley, Ilsan, Corée du Sud.

J’applaudis à la publication de l’article de Ted Ha‐milton Grandir dans la grâce : la puissance transfor‐matrice de l’École du sabbat (3e trimestre 2014). Aucours des 11 dernières années j’ai travaillé avec la di‐rectrice de notre École du sabbat locale pour voir com‐ment nous pourrions redynamiser l’École du sabbat.C’est elle qui a vraiment travaillé dur. Nous ne sommespas vraiment parvenus à ce que nous voulions. Mais ily a eu du progrès. Cela a valu la peine de faire des ef‐forts. J’ai conclu que la clé d’un rajeunissement de l’École dusabbat se trouve dans la qualité de l’enseignementdonné. Lire le questionnaire trimestriel ne suffit pas.Ronronner ou forcer un projet ne le fait pas non plus.Ouvrir la Parole et lui donner vie le fait. Quand l’ensei‐gnement est dynamique, les gens viennent ; quand ilne l’est pas les gens cessent de participer aux classes. J’applaudis les moniteurs qui se focalisent sur la rela‐tion personnelle avec Dieu et pas seulement sur unecompréhension technique de doctrines ou de textes,même si c’est important. Faire de la classe un grouped’action est une bonne chose, mais je ne pense pas quecela va donner les résultats qu’un enseignement d’ex‐cellence peut permettre.

John Glass, courriel.

Je n’ai pas l’habitude d’écrire à la rédaction d’un périodique à pro‐pos de ses articles, mais je me sens poussé à vous remercier et à vousféliciter pour l’article de Kim Papaioannou Prédestination ? Une théo‐logie de l’intention divine ? (3e trimestre 2014). Son explication exé‐gétique de l’emploi biblique de la prédestination est l’une des plusclaires que j’ai lues. C’est un sujet qui peut diviser et susciter des malen‐tendus, mais il l’a abordé avec perspicacité et profondeur théologique.

Révérend Richard Meier, Église luthériennede South Beloit, Illinois, USA.

L’excellent article de Roger Hernandez Quand le ministère faitobstacle à votre mariage et à votre vie de famille (3e trimestre 2014)était très intéressant. En tant que femme de pasteur, j’ai pu constatercomment le ministère affecte nos vies. Mon mari est actuellement lepasteur d’une église. Mais pendant la majorité du temps de notre viede couple il a été le responsable de département d’une Union. Pendantdes années nous avons campé avec un enfant en bas âge et sillonné lepays chaque week‐end avec le désir de servir les membres. Il aime servirles jeunes et j’ai aimé le voir heureux de servir Dieu par lequel il se sentappelé. Aujourd’hui, son église a 700 membres. Les demandes sontfortes. Une femme m’a dit : « Tu l’as à la maison, tu n’as pas besoin delui à l’église ! » alors que je disais à mon mari de venir prendre son repasdu sabbat midi avec les siens à 15h30. Je souhaiterais que nous arrivionsà éduquer nos membres pour qu’ils respectent les frontières de la viefamiliale.

Cathy Boldeau, Royaume Uni.

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P e te r R O E N N F E L D T, pasteur retraité encoreactif dans l’implantation de nouvelles églises, vità Caroline Springs, Victoria, Australie.

Avec approximativement quatremillions d’habitants représen-tant plus de 200 nationalités, la

ville australienne de Melbourne est vrai-ment multiculturelle et diverse. Il y existeune «ceinture biblique» en direction del’Est - Sud-Est où sont localisées la plu-part des Églises, avec en majorité unhéritage caucasien européen/australien.Au début des années 90, le pasteur sa-moan, Eddie Erika, a facilité l’implanta-tion de la première église samoane danscette ceinture de la Bible. Quatre ansplus tard, un autre groupe s’est déve-loppé au Nord de Melbourne. Après huitans en Nouvelle Zélande, Eddie est re-venu à Melbourne comme pasteur desÉglises samoanes.

Il existe aujourd’hui sept Églises ougroupes samoans (Carrum Downs, NorthMelbourne, Pakenham, Craigieburn, Mel-ton, Sunshine et Werriebee) ajoutez àcela deux autres sur le point de démar-rer. Un aspect particulier de ce réseauen pleine expansion, c’est qu’Eddie estl’unique pasteur employé par la Fédé-ration. Il est inhabituel que des Églisesse multiplient autant dans une ville –distantes de plus de 100 kilomètres (62milles) les unes des autres. C’est aussiparticulier parce que dans le cadre sa-moan, les attentes sont que les pasteurssoient à la tête des structures de chaque

Église locale. Eddie croit que ce réseaucontinuera à s’étendre même avec unesupervision minimale de pasteurs em-ployés.

Certains peuvent se demander si lepasteur n’est pas en train de se créer unpetit royaume, une fédération samoaneau sein de la Fédération Victorienne. Celapourrait-il entretenir l’amour-propre dupasteur? Quelle est la relation avec leplus vaste réseau des Églises? C’est unehistoire intéressante qui vaut la peined’être entendue, dit le pasteur DarrenCroft, secrétaire de la Fédération Victo-rienne. «Aux deux dernières conventionsdes anciens, la présence des dirigeantslocaux des églises samoanes a été im-portante. Leur énergie et leur attitude po-sitive ont été contagieuses pour les au-tres. Statistiquement, les Églisessamoanes sont l’une des histoires lesplus importantes de croissance dans lafédération.»

Comment ce réseau s’est-il déve-loppé? Cela fait deux décennies que lepasteur Eddie Erika et moi travaillons en-semble. Et j’ai pu observer son habiletépastorale et sa profondeur de pensée.Récemment, nous avons passé quelquetemps ensemble. Je me suis demandéoù s’était cristallisée cette vision d’un ré-seau d’Églises qui se multiplient ? Etcomment cela fonctionnait-il?

« Tout a commencéquand j’ai laissé l’Église »

Jeune homme, Eddie s’est joint à l’ar-mée des jeunes qui votent avec leurspieds. Pour lui, l’Église était un systèmeorienté vers la performance où les mem-bres ne sont pas spirituellement enga-gés. « Je me suis senti ordinaire, aliéné,tout en bas d’une hiérarchie organisa-tionnelle et culturelle, a-t-il dit. C’est unétat d’esprit : deux cultures autoritaires– l’Église et Samoa – où votre perfor-mance vous confère un statut élevé. Lesjeunes vont à l’Église parce qu’on leurdemande d’y aller et c’est un lieu derencontre». Eddie raconte ce jour où unpasteur (qui représentait le sommet dela hiérarchie du système ecclésiastique)a déposé un formulaire d’inscriptiond’Avondale College devant lui. Il l’a rem-pli, s’est rendu à Avondale, et y a étéformé. Et alors, devenu pasteur, il s’esttrouvé au sommet de la pyramide hié-rarchique « très inconfortable». Il dit qu’ilexiste un dicton samoan selon lequelles bénédictions descendent d’en-haut.Mais comme pasteurs, nous espéronsque les bénédictions montent d’en-bas– parce que nous sommes au sommetpour être servis.

Les Églises samoanesse multiplientavec un seul pasteur

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«Cela a changéquand j’ai découvertPhilippiens 2 »Tôt dans son expérience pastorale,

Eddie a découvert Philippiens 2. C’estalors qu’il réalisa que notre «attitudedevrait être la même que celle de ChristJésus : qui, étant Dieu dans sa nature,… s’est dépouillé lui-même, en prenantla nature d’un serviteur [esclave] (Phi-lippiens 2.5-8, traduit de la NIV). Parceque ceux qui comprennent ce texte nesont pas nombreux, j’avais besoin d’allerdu sommet vers le bas de la structurehiérarchique pour être professionnelle-ment actif dans l’exaltation des autres,observe Eddie. C’était vraiment mena-çant pour les autres membres du sys-tème. Si j’étais resté au sommet, tousse seraient bien sentis ; car ils auraientalors pu maintenir leur position commeprévu dans le système. C’était commes’il me demandaient : “ Où êtes-vousallé, pasteur? Nous ne voulons pas d’in-version de statut ”. »

Qu’avez‐vous fait pour pro‐mouvoir l’inversion de sta‐tut ?

Tout d’abord, explique Eddie, commeun pasteur au service de tous et de cha-cun, il y a eu des barrières à renverser.Dans son cas, il a choisi de s’habillerdifféremment et de venir à l’église enjean et veste, proprement mais sans ap-parat, évitant l’habillement convention-nel typique du pouvoir. Ses actionsétaient délibérées, intentionnelles, dé-fiantes, et par moments, provocatrices.Elles brisaient des barrières et, du mêmecoup, construisaient des ponts.

Deuxièmement, « il n’est pas questionde moi, affirme Eddie. Il est question del’équipe. C’est énorme. C’est ce quenous faisons. La prochaine étape est en-core plus radicale. Pendant quatre ans,nous n’avons pas eu de commission denominations. »

Eddie n’entendait pas laisser tomberle processus de la commission de no-minations. Il voulait plutôt «que tous ap-prennent à réfléchir aux dons et talents ;

Eddie souligne que la Sainte Cène estune occasion parfaite pour cultiver lerenversement de statut. « Je racontel’histoire de Jésus. Les jeunes et les en-fants sont captivés, explique Eddie.Quand j’étais gosse, on me tapait sur lamain si je manifestais le désir de parti-ciper, mais Jésus a reconnu la foi despetits. »

Eddie favorise un environnement departicipation: il se défait des images hié-rarchiques en ne s’habillant pas toujoursde manière formelle, en encourageantle travail d’équipe, en mettant de côté,temporairement, les forums où chacunconvoite le pouvoir, en s’assurant quela prière est la norme, en réfléchissantconstamment sur l’inversion des statutsde Dieu en Jésus, puissamment illustrédans le dernier souper. Avec quel résul-tat? Le sentier a été libérée pour la par-ticipation, et la croissance en découle. Les jeunes générations montantes sonten train de revenir à l’Église, et de s’yengager. Elles apportent leurs propressystèmes et idées. Elles deviennent lesdirigeants des nouveaux groupes et ontune attention spéciale pour plusieurscatégories souvent écartées dans leséglises : les femmes, la jeunesse et lesinnovateurs.

Mais, comment maintenez‐vous le fonctionnement del’organisation tout en culti‐vant le renversement de sta‐tut ?

Est-il possible pour un processus aussiradical que l’inversion de statut de main-tenir une synergie saine et harmonieuseavec le système hiérarchique de la dé-nomination? Certains considèrent quele pasteur est au pinacle dans la struc-ture de l’Église locale, mais moi, dit Ed-die, je fonctionne d’en bas, de la base.Alors que la Fédération espère qu’ilcontrôle ce qui se passe, il dit : « Toutsimplement, je ne peux pas être au som-met et ne m’y vois pas. Ce n’est pas bi-blique. » Cependant, les dirigeants de laFédération en sont venus à accepter cessystèmes qu’il a mis en place.

que tous viennent et partagent ce qu’ilsont au lieu de convoiter les positions lesuns des autres.» Les anciens constituentune équipe où chacun est en tête del’équipe pendant deux ou trois mois àson tour. « Il s’agissait de rompre avecl’idée de hiérarchie, explique Eddie, des’éloigner d’une structure où chacun es-saie d’atteindre le sommet. » Les an-ciens ont appris que «d’autres peuventdiriger, il n’est pas nécessaire que jesois à la tête, les autres aussi ont desdons. » Maintenant qu’ils sont revenusau système de commission de nomina-tions, ils posent des questions au sujetdes dons de chaque membre, et chaqueancien est aussi le chef d’un petitgroupe de maison. Pour le moment, aumoins une fois par semaine, les anciensrendent compte les uns aux autres etse demandent l’un l’autre : “Y a-t-ilquelque chose à faire pour aider votregroupe ?” Ils sont tous encouragés à ap-précier les petites choses au lieu d’es-sayer de maintenir le statu quo et lesformalités, ou de chercher à se comparerles uns aux autres. « La semence dansla bonne terre… porte du fruit, et ungrain en donne cent, un autre soixante,un autre trente » (Matthieu 13.23).

Des séances de discussions etd’études bibliques assorties de prièresont été organisées pour former les mem-bres et les dirigeants. Chaque jour de lasemaine, à 5 heures du matin, ungroupe de membres de l’Église mère,Carum Downs Samoan Church, se ren-contre à l’entrée de la salle des pas per-dus de l’hôpital public pour trente mi-nutes de prières. « Nous avons dûretourner aux choses vraiment fonda-mentales, explique Eddie. Il y a eu beau-coup de conflits et de disfonctionne-ments. Nous avons été obligés de poserdes actions radicales pour cultiver lerenversement de statuts. Le sabbat et ledimanche matin, nous avons eu des ren-contres à l’église. » Dans chaque Églisedu réseau, les membres se réunissentmaintenant à 8h30 ou à 9h pour trenteminutes de prières, puis partagent sou-vent un petit-déjeuner avant l’École dusabbat et le culte.

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Les Églises sont regroupées : deuxau sud-est de la ville, deux aunord, et trois dans les faubourgssitués à l’ouest. Ces groupes serencontrent au moins une foischaque mois pour l’École du Sab-bat, l’adoration et les réunions dejeunesse lors d’une agape. Eddieassiste à ces services combinés,mais garde un profil bas. ChaqueÉglise, à tour de rôle, assure la res-ponsabilité de ce jour. Les jeunessont très impliqués dans la plani-fication et la coordination, dans lamusique et la participation. LesÉglises partagent ce qu’elles fontet chacune apprend de l’autre. Le pasteur participe à la plupartdes réunions des anciens ; maisles Églises s’occupent elles-mêmes des séances de comitéd’Église et des réunions adminis-tratives. Elles se sont fortement en-gagées à se soutenir mutuelle-ment.

À quoi ressemble le minis‐tère pour le pasteur d’un ré‐seau d’Églises en expansionpermanente ?

«Mon rôle a changé, explique Eddie.Comme chef d’équipe de l’ensemble,je forme, j’instruis, je conseille, j’encou-rage. Ma tâche revient à élever les au-tres, à former les gens pour qu’ils consti-tuent leurs propres équipes. Je travaillebeaucoup à la maison, et je passe leplus clair de mon temps à étudier et àme préparer pour mon rôle de formateurdes autres. »

« Il a fallu du temps à ce projet pouren arriver au point où il en est, avec cer-tains défis très importants en cours deroute, fait remarquer Darren Croft. Lamain de Dieu, travaillant à travers Eddieet son équipe pendant ce temps-là, aété remarquable. »

Les groupes deviennent desÉglises. Ceux qui ne sont pas en-core membres sont invités à s’im-pliquer dans les petits groupes, àen diriger certaines activités, etces groupes deviennent les basesde nouvelles Églises. Une nouvelleÉglise a débuté à Melton (Sa-moan West), et, peu après, cetteÉglise a commencé à parler d’éta-blir un nouveau groupe à Suns-hine (une autre banlieue occiden-tale). Une invitation ouverte a étélancée au groupe entier : « S’il estdes membres qui voudraient par-ticiper à l’implantation d’un nou-veau groupe à Sunshine, qu’ils sejoignent à nous ! » Un de ceux quiont répondu était un croyant, maispas encore un membre. Il s’estlevé et a été baptisé en un tempsrecord. Et la nouvelle Église estmaintenant en formation.

P e te r R O E N N F E L D T LES ÉGLISES SAMOANES SE MULTIPLIENT...

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CONSÉCRATIONBaltimore, Maryland

L es dirigeants de l’Église adventiste mondiale se sont demandé si le Comité chargé d’étudier la théologie de laconsécration allait donner un avis clair sur la question de la consécration des femmes au ministère pastoral à lasuite de sa quatrième et dernière session de travail.

Le président du comité a annoncé les résultats d’un sondage réalisé auprès de ses 95 membres : • 40 ont opté pour que chaque organisme de l’Église décide si elle consacrera seulement des hommes ou des

femmes aussi bien que des hommes au ministère pastoral.• 32 ont opté pour que seuls des hommes qualifiés soient consacrés,• 22 ont opté pour reconnaître que dans la Bible le ministère est réservé aux hommes, mais que c’est aux

responsables de chaque région du monde de décider s’il est approprié dans leur région d’accepter aussi quedes femmes soient consacrées au ministère pastoral.

Aucun point de vue n’a obtenu de majorité absolue. La décision est désormais mise entre les mains du Conseil de laConférence générale qui se réunit à Silver Spring du 9 au 14 octobre 2014, dont la proposition sera soumise à l’assembléegénérale à San Antonio en juillet 2015. « Ce sondage doit être considéré, mais ne doit pas déterminer seul la décisionfinale » a précisé le vice-présIdent de ce comité, Geoffrey Mbwana.

Les 95 membres de ce comité ont déclaré avoir appris à s’apprécier et à se faire confiance malgré leurs opinionsdifférentes sur le sujet tout au long de ces quatre sessions au cours des deux dernières années (d’après le rapport publiédans Adventist Review).

NOUVELLE

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K e l v i n O N O N G H A , DMin, est professeur à laFaculté adventiste de théologie de l’universitéAndrews, Berrien Springs, Michigan, États-Unis.

Jésus est peut-être le plus grandnarrateur de l’Histoire. Il ne racon-tait pas des histoires pour divertir

les foules, ni pour engager un dialoguephilosophique avec les chercheurs et lessceptiques, ni pour se faire un nomcomme source de connaissance et desagesse. Il racontait des histoires simpleset élégantes afin de révéler la nature deDieu, le problème du péché et la missionrédemptrice de Dieu. Jésus était le grandcommunicateur de leçons profondes etconstantes sur le plan du salut sous uneforme simple et compréhensible 1.

Il parlait la langue des gens et leurmontrait qu’il comprenait leurs joies etleurs souffrances 2. En tant que maîtreenseignant, il enseignait une théologieenracinée dans l’expérience et la vie detous les jours plutôt que dans des théo-ries abstraites et absconses. Même sises histoires et ses paroles étaient desréflexions vives sur la vie quotidienne deson époque 3, elles apportent encore au-jourd’hui une valeur intemporelle.

Les paraboles existaient avant Jésus,pourtant personne n’en a utilisées deplus «cohérentes, créatives et efficacesque lui. » 4 Les paraboles ont joué un rôletrès important dans ses enseignements.Elles en représentent le tiers. C’était lemode d’enseignement préféré duChrist 5. Il y a plusieurs raisons pour les-quelles Jésus utilisait les parabolescomme principal mode d’enseignement.

Robert Stein en mentionne trois : (1)dissimuler ses enseignements à ceuxde l’extérieur; (2) révéler et illustrer sonmessage à ses disciples et à ceux del’extérieur; et (3) désarmer sesauditeurs.6

Parmi les autres raisons se trouve cellede provoquer la réflexion de ses audi-teurs (comme un défi) pour leur permet-tre de faire leurs propres découvertesgrâce à ses illustrations vivantes del’amour de Dieu. 7

Ellen White le dit peut-être encoremieux :

«Jésus s'efforçait de trouver le cheminde tous les cœurs. Grâce à un choix d'il-lustrations variées, il n'exposait pas seu-lement la vérité sous ses aspects divers,mais il l'adaptait aux différentes classesde ses auditeurs. Il attirait leur attentionpar des images prises dans la vie quoti-dienne. Personne ne pouvait dire qu'ilavait été oublié ou laissé de côté. Lesplus humbles et les plus grands pécheursentendaient une voix qui leur parlait avectendresse et sympathie.» 8

Les histoireset leurs fonctionsIl fut un temps où les enseignants

communiquaient au moyen d’imagesverbales, de métaphores et d’histoires,plutôt que du raisonnement abstrait etde la prose verbale de la tradition

grecque commune à l’éducation occi-dentale d’aujourd’hui. 9 Les spécialistesde la théologie narrative nous rappellentque Dieu le Père est un narrateur. Uneenquête sur les 66 livres de la Bible ré-vèle que le tiers des livres utilisent leshistoires comme genre littéraire principal,et ces 22 livres forment la moitié de laBible. 10

Qu'est-ce que tout cela signifie pournous? Cela veut dire que pour être effi-cace en parlant à notre génération deDieu et de Son amour, nous devons ap-prendre l’art facile de raconter des his-toires pour relier nos auditeurs auxgrandes vérités sur Dieu. Remarquez cer-taines des qualités puissantes qu’ont leshistoires pour transmettre le messagede l’Évangile: Les histoires ont le pouvoir d’inter-

peler en captant notre attention,impliquant nos émotions et stimu-lant notre imagination pour unenouvelle réflexion.

Les histoires créent un sentimentde communauté en construisantdes ponts entre les gens du passéet ceux du présent, et entre ungroupe de personnes et un autre.

Les histoires nous enseignent degrandes vérités de manière simpleet efficace et nous montrent com-ment vivre et penser.

Les histoires restent ; il peut nousarriver d’oublier les théories, mais

Comment utiliserdes histoires pour augmenterl’impact de vos prédications

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K e l v i n O N O N G H A

nous oublions rarement les his-toires. 11

Il était une fois Dieu incarné en tantque narrateur, la Parole. C’est ce que ditla leçon de théologie de Jean sur la Pa-role de Dieu (Jean 1:1-3, 14). 12 C’est-à-dire que Dieu n’est pas une notion; ilest une personne.

«Dieu n’est pas un concept; Dieu estune histoire. Dieu n’est pas une idée;Dieu est une présence. Dieu n’est pasune hypothèse; Dieu est une expérience.Dieu n’est pas un principe; Dieu est lavie. »13 Mais, avant de commencer samission de conteur, Jésus a d’abord en-tendu des histoires. 14 Bien qu’il ait eubeaucoup d’histoires à raconter sur leroyaume des cieux, il a d’abord pris letemps d’écouter les histoires de sa com-munauté, durant 30 des 33 années desa vie. C’est dans cette matrice que sathéologie a été formée, une théologieprofonde et pourtant simple, divine maisen même temps incarnée. Sa théologieétait son histoire, et son histoire était sathéologie. 15

Histoires, valeurset médias Les histoires définissent notre réalité.

Comment faisons-nous pour déterminerce qui est bon et ce qui est mauvais, cequi est bien et ce qui est mal, qui est unami ou un ennemi, une personne oupas? Les histoires que nous avons en-tendues durant l’enfance ont formé notrevision du monde et déterminé la conduiteacceptable et celle qui ne l’était pas pournous. Autrefois, les parents et les per-sonnes âgées de la communauté racon-taient des histoires aux jeunes enfants.Certaines histoires étaient vraies, d’autresétaient fictives, tandis que d’autres étaientsimplement des histoires pour s’endormir.Ce qui est étrange c’est que nous n’avonsjamais oublié ces histoires.

Qui racontent les histoires au-jourd’hui? Hollywood, les feuilletons etInternet. Et les résultats sont là, visibles

moyen d’histoires qui touchent le cœuret transforment la vie des auditeurs. Laprédication narrative est importante, maisdes histoires appropriées laissent destraces morales et doctrinales indélébilesdans notre esprit.

2. Utilisez des histoires pour parler del’histoire du salut dans un langage sim‐ple et compréhensible. Pour parler de lavie éternelle, du royaume de Dieu, et desréalités spirituelles invisibles, Jésus com-mençait souvent par : «Le royaume deDieu est semblable à…» Ensuite venaitune histoire ou une illustration à laquelleles auditeurs dans ce contexte socialpouvaient s’identifier et se relier. Mêmeaux temps de l’Ancien Testament, chaquefois que Dieu envoyait un prophète avecun message pour son peuple, ce mes-sage était souvent transmis sous formede métaphores, d’illustrations, d’imagesverbales et de paraboles, mais jamaissous une forme philosophique complexeque seuls ceux qui avaient une formationou venaient de l’élite pourraient com-prendre. Nathan n’a eu besoin que d’unehistoire pour que le roi David tombe sousle choc et réalise la gravité de saconduite pécheresse (2 Sa 12.1-14). Ilest probable qu’une explication ration-nelle et logique de son péché n’auraitjamais provoqué cet effet.

3. Les méthodes explicatives ontcertes leur place, mais essayez de té‐moigner au moyen d’histoires et d’illus‐trations quand vous le pouvez.Trop sou-vent, le témoignage prend une formeexplicative. Ce n’est pas surprenantpuisque la plupart des pasteurs et desenseignants sont formés dans un cadreéducatif enraciné dans la dialectique oula philosophie. Mais ce n’est pas le seulmodèle d’apprentissage ni d’enseigne-ment de la vérité. On peut atteindre lespostmodernes en changeant de langageet de méthode pour exercer notre minis-tère et en utilisant «des histoires de foi,des témoignages, des pièces de théâtre,des jeux de rôles et des sketches». Ainsi,nous pouvons communiquer l’histoire

pour tous. Les médias orientent puissam-ment et délibérément les valeurs et lamorale de la société d’aujourd’hui.

À la lumière de cette tendance crois-sante, les chrétiens peuvent-ils fairequelque chose ? L’Église a déjà fait beau-coup en transformant les croyances etles comportements de personnes partoutdans le monde, mais il y a encore beau-coup à faire, et cela peut se faire à traversles histoires. Voici quelques domainesdans lesquels la narration chrétiennepeut contribuer à faire avancer la causede l’Évangile.

1. Utilisez des histoires dans vos pré‐dications pour aider à cultiver une atti‐tude positive et joyeuse envers la vie.Sans une attitude chrétienne à l’égardde la vie, les membres d’église, en tempsde crise ou de conflit, reviennent à leurspratiques et habitudes d’avant leur viechrétienne, et par conséquent, ne don-nent pas de place à la puissance sanc-tifiante de Dieu dans leur vie. AnnetteSimmons, dans son livre Whoever Tellsthe Best Story Wins (Celui qui raconte lameilleure histoire gagne), explique queles histoires ont le pouvoir de changerla réalité. 16 Les histoires que nous avonsentendues dans notre enfance nous ontappris à avoir peur des fantômes, desesprits et de l’obscurité. En d’autrestermes, on peut peindre dans l’esprit d’unauditeur une image telle qu’elle peutdéclencher plusieurs émotions : douleur,colère, tristesse, empathie, peur ou joie.Malheureusement, de nos jours, lesÉglises accordent plus de valeur dansdes méthodes abstraites, théoriques etrationnelles pour l’enseignement desdoctrines. Par conséquent, même si l’es-prit de beaucoup est convaincu de la vé-rité, les cœurs sont restés non convertis.Le rôle des émotions n’a pas été pris encompte dans le travail de conversion. Lerésultat est une dissonance spirituelle :des esprits convaincus, mais des cœursnon transformés. Le salut et le royaumedoivent être représentés tout comme lemaître communicateur le faisait, au

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COMMENT UTILISER DES HISTOIRES POUR AUGMENTER L’IMPACT DE VOS PRÉDICATIONS

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de l’Évangile avec hardiesse, sachantqu’elle «a une puissance inhérente etinnée». 17

4. Essayez d’utiliser les médias pouraméliorer votre témoignage. Les médiasélectroniques, la télévision et Internet,sont peut-être les outils de communica-tion les plus puissants pour transmettreet influencer l’opinion publique et l’ac-tion aujourd'hui, comme en témoignentles mouvements politiques récents enAfrique du Nord. Les printemps arabessont un rappel visible de la puissancedes médias électroniques pour parvenirà un changement politique et social. Latélévision, Internet, YouTube, Facebook etd’autres réseaux sociaux sont en grandepartie responsables des changementsd’attitude à travers le monde face à dessujets comme l’orientation sexuelle et lemariage de personnes du même sexe,par exemple. Comment l’Église a-t-elletraité ces puissants médias électroniquesdans l’accomplissement de sa missionprincipale? D’une part, il y a ceux quiemploient ces moyens pour prêcherl’Évangile de manière efficace, promou-voir leurs ministères d’une manière sin-cère, et collecter des fonds pour des pro-jets mondiaux constructifs. D’autre part,il y a ceux qui font de la télévision uneoccasion de diaboliser et de condamnerles gens comme des pécheurs destinésà l’enfer, ou de culpabiliser les gens àvie, ou d’amasser des richesses à desfins douteuses. Il y a un potentiel autantpour le bien que pour le mal dans lesmédias, mais on ne peut nier que la té-lévision soit l’une des plus grandes forcesde mondialisation qui a créé une culturecommune chez les jeunes partout dansle monde. L’Église a-t-elle fait quelquechose pour utiliser cette grande ouver-ture de communication?

La chaîne History a produit une sériesur la Bible qui a été un énorme succèset a amené les gens à se demander sices histoires étaient réellement dans laBible, avec quelques personnes décla-rant même qu’elles ne savaient pas que

conditionnel et une abnégation sans pré-cédent. Quelle histoire sonne mieux etplus fort? Dans les tribunaux, les avocatsl’apprennent vite : c’est la meilleure his-toire qui gagne. Si, en effet, la meilleurehistoire gagne, comme cela a été dé-montré par le Christ alors qu’il partageaitdes aperçus sur le Père avec les gensde son époque, la question que nousdevons nous poser est la suivante :quelles histoires sommes-nous en trainde raconter? Peut-être que ce qu’il faut,c’est que les témoins chrétiens passentplus de temps à réfléchir aux possibilitéd’illustrer ou de présenter l’Évangile defaçon plus attrayante.

1. Simon J. Kistemaker, The Parables: Unders-tanding the Stories Jesus Told. Grand Rapids,MI : Baker Books, 1980, p.13.2. Gary M. Burge, Jesus, the Middle EasternStoryteller: Uncover the Ancient Culture, DiscoverHidden Meanings. Grand Rapids, MI : Zondervan,2009, p.16.3. David Wenham, The Parables of Jesus. Dow-ners Grove, IL : Inter-Varsity Press, 1989, p.13.4. Klyne R. Snodgrass, Stories With Intent: AComprehensive Guide to the Parables of Jesus.Grand Rapids, MI : William B. Eerdmans, 2008),p. 37.5. Burge, p. 19.6. Robert H. Stein, An Introduction to the Parablesof Jesus. Philadelphia, PA : Westminster Press,1981, p.33-35.7. Wenham, p.14.8. Ellen G. White, Les Paraboles de notre Seigneur.Dammarie-les-Lys : SDT, 1953, p.15.9. Burge, p.15, 16. 10. John A. Beck, God as Storyteller: SeekingMeaning in Biblical Narrative. St. Louis, MO :Chalice Press, 2009, p.1.11. Idem, p.2, 3.12. John Navone, Seeking God in Story. Colle-geville, MN : Liturgical Press, 1990, p.185.13. C. S. Song, In the Beginning Were StoriesNot Texts: Story Theology. Eugene, OR : CascadeBooks, 2011, p.7.14. Navone, p.184. 15. Song, p.18. 16. Annette Simmons, Whoever Tells the BestStory Wins: How to Use Your Own Stories toCommunicate With Power and Impact. NewYork : Amacom Books, 2007, p.3.17. Carlos C. Roberts, Christian Education Tea-ching Methods—From Modern to Postmodern:Teaching the Faith to Post-moderns. Bloomington,IN : Author House, 2009, p.10, 11.

la Bible était si intéressante. Pourtant, cen’était pas une initiative d’Église, maisde Hollywood. Se pourrait-il que le Sei-gneur nous donne un coup de coudedans une direction vers laquelle nousavons toujours été réticents à aller, etcomme Pierre, nous réagissons en di-sant: «Non, Seigneur» (Ac 10.14, LSG).Certes il y a des craintes justifiées face àl’obsession de la fiction, la méthode duChrist devrait être le modèle.

5. Établissez un rapport entre votreprédication et des événements actuelsainsi que des histoires familières à votreauditoire. L’Église a le devoir et la res-ponsabilité de s’impliquer davantagedans les activités de nos sociétés. Tantque nous n’apprendrons pas les histoiresqui définissent leurs blessures, leurs sou-cis, leurs plaisirs et leurs besoins, nouscontinuerons à parler au-dessus de latête des gens. Mais dès l’instant où nouscomprendrons leurs histoires et pourronsfaire un lien avec l’histoire du salut offertpar Dieu, la transformation aura lieu. Lapassion sera allumée, la faim rassasiéeet la soif étanchée.

6. Tirer le meilleur du métarécit dugrand conflit pour fournir un contextepertinent lors de vos prédications. Dansce grand récit du conflit cosmique setrouve une série d’histoires : le rôle de laDivinité, du Fils en particulier, dans ledrame de l’histoire qui fait rage entreDieu et Satan; l’esprit de Satan au travail;la conséquence de son ambition effré-née; la chute des premiers humains; lerésultat de la soumission du Fils au Pèrepour racheter l’humanité déchue; le rôlede l’alliance du peuple de Dieu et lescontours de son histoire; la croix et la ré-surrection; la mission de l’Église; et lesderniers événements de la victoire surle mal cosmique. Le métarécit bibliquene se concentre pas sur la convoitise etla tromperie, l’envie et la vengeance,comme ce qui constitue les thèmes denombreuses sitcoms populaires vus pardes millions de personnes dans lemonde; il se concentre sur un amour in-

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