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COLLECTION PROBLÈMES SOCIAUX ET INTERVENTIONS SOCIALES La gestion des risques en protection de l'enfance Logiques d'action et quête de sens Annie Lambert Préface de Michèle Vatz-Laaroussi et Claude Lessard Extrait de la publication

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Épine 0,572 po / 14,5 mm / 272 p. / 120 M

LES PROFESSIONNELS ŒUVRANT À LA PROTECTION DE L’ENFANCE doivent quoti-diennement exercer leur jugement afi n d’évaluer des risques et de déterminer la nécessité de mesures de protection, et ce, en étant exposés à la vulnérabilité et à la détresse sociale des familles qu’ils rencontrent. Il serait commode de croire que leur pratique, aussi complexe soit-elle, est suffi samment balisée par le cadre légal qui la chapeaute pour indiquer clairement aux professionnels les possibilités d’intervention. Or la réalité est tout autre.

Ce livre met au jour les logiques d’action qui guident les professionnels de la protection de l’enfance dans leurs prises de décision. Réalisé à l’aide d’une analyse de contenu des discours d’employés du Centre jeunesse de l’Estrie, il dégage trois types de logique : collaborative, délibérative et légaliste. Il montre également les dimen-sions sur lesquelles s’appuient ces logiques, soit le rapport au mandat de protection, le rapport à la situation et le rapport au risque.

Mais au-delà de cette typologie, ce sont les notions de posture professionnelle, de conviction et de dialogue qui sont abordées. Car l’ouvrage vise avant tout à conscien-tiser les professionnels sur leur pratique pour qu’ils puissent prendre leurs décisions de manière consciente et critique ainsi que gérer les risques de façon adéquate et justifi ée.

Annie Lambert est criminologue et travailleuse sociale. Après avoir œuvré de nombreuses années comme intervenante sociale dans les secteurs de la délinquance adulte et de la protection de la jeunesse, elle est maintenant professeure à l’École de travail social de l’Université de Sherbrooke. Le risque et la gestion du risque, la protection sociale et les préoccupations éthiques orientent actuellement son enseignement et ses recherches.

COLLECTIONPROBLÈMES SOCIAUX ET INTERVENTIONS SOCIALES

La gestion des risques en protection de l'enfanceLogiques d'action et quête de sens

Annie Lambert

Préface deMichèle Vatz-Laaroussi et Claude Lessard

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Directeur Henri Dorvil, Ph. D. École de Travail social, Université du Québec à Montréal

Codirectrice Guylaine Racine, Ph. D. École de Service social, Université de Montréal

Fondée par Henri Dorvil (UQAM) et Robert Mayer (Université de Montréal)

L’analyse des problèmes sociaux est encore aujourd’hui au cœur de la formation de plusieurs disciplines en sciences humaines, notamment en sociologie et en travail social. Les milieux francophones ont manifesté depuis quelques années un intérêt croissant pour l’analyse des problèmes sociaux, qui présentent maintenant des visages variables compte tenu des mutations des valeurs, des transformations du rôle de l’État, de la précarité de l’emploi et du phé-nomène de mondialisation. Partant, il devenait impératif de rendre compte, dans une perspective résolument mul-tidisciplinaire, des nouvelles approches théoriques et méthodologiques dans l’analyse des problèmes sociaux ainsi que des diverses modalités d’intervention de l’action sociale, de l’action législative et de l’action institution-nelle à l’égard de ces problèmes.

La collection Problèmes sociaux et interventions sociales veut précisément témoigner de ce renouveau en permettant la diffusion de travaux sur divers problèmes sociaux. Pour ce faire, elle vise un large public comprenant tant les étudiants, les formateurs et les intervenants que les responsables administratifs et politiques.

Cette collection était à l’origine codirigée par Robert Mayer, professeur émérite de l’Université de Montréal, qui a signé et cosigné de nombreux ouvrages témoignant de son intérêt pour la recherche et la pratique en intervention sociale.

collectionProblèmes sociaux et interventions sociales

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La gestion des risques en protection de l’enfance

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La Loi sur le droit d’auteur interdit la reproduction des œuvres sans autorisation des titulaires de droits. Or, la photocopie non autorisée – le « photocopillage » – s’est généralisée, provoquant une baisse des ventes de livres et compromettant la rédaction et la production de nouveaux ouvrages par des profes-sionnels. L’objet du logo apparaissant ci-contre est d’alerter le lecteur sur la menace que représente pour l’avenir de l’écrit le développement massif du « photocopillage ».

Mem

bre

de

Presses de l’Université du Québec Le Delta I, 2875, boulevard Laurier, bureau 450, Québec (Québec) G1V 2M2 Téléphone : 418 657-4399 Télécopieur : 418 657-2096 Courriel : [email protected] Internet : www.puq.ca

Diffusion / Distribution :

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Belgique Patrimoine SPRL, avenue Milcamps 119, 1030 Bruxelles, Belgique – Tél. : 02 7366847

Suisse Servidis SA, Chemin des Chalets 7, 1279 Chavannes-de-Bogis, Suisse – Tél. : 022 960.95.32

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La gestion des risques en protection de l’enfanceLogiques d’action et quête de sens

Annie Lambert

Préface deMichèle Vatz-Laaroussi et Claude Lessard

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Les Presses de l’Université du Québec reconnaissent l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada et du Conseil des Arts du Canada pour leurs activités d’édition.

Elles remercient également la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC) pour son soutien financier.

Conception graphique Richard Hodgson

Image de couverture Shutterstock © OneSmallSquare

Mise en pages Interscript

Dépôt légal : 3e trimestre 2013 › Bibliothèque et Archives nationales du Québec › Bibliothèque et Archives Canada

© 2013 – Presses de l’Université du Québec Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés

Imprimé au Canada

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Lambert, Annie, 1973-

La gestion des risques en protection de l'enfance : logiques d'action et quête de sens

(Collection Problèmes sociaux et interventions sociales ; 58)

Comprend des réf. bibliogr.

ISBN 978-2-7605-3742-2

1. Enfants - Protection, assistance, etc. 2. Gestion du risque. 3. Évaluation du risque. 4. Enfants - Protection, assistance, etc. - Aspect moral. I. Titre. II. Collection : Collection Problèmes sociaux & interventions sociales ; 58.

HV715.L35 2013 362.76 C2013-940329-9

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À toutes ces familles qui tentent de se construire une vie meilleure…

À tous ces enfants qui ont besoin d’être aimés et protégés…

À tous ces professionnels qui ont à cœur leur protection.

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PréfaceMichèle Vatz-Laaroussi

et Claude Lessard

Nous avons eu le plaisir de suivre le processus par lequel cet ouvrage est né et c’est avec le même plaisir que nous rédigeons cette préface. En effet, ce livre est issu de la thèse de doctorat d’Annie Lambert et si, comme pour tout processus de recherche doctorale, la grossesse a été parfois diffi­cile, si l’accouchement a demandé de nombreux efforts, le produit final représente un petit bijou d’analyse et de réflexion sur la pratique profes­sionnelle des acteurs de la protection de la jeunesse au Québec.

Il faut d’abord souligner le caractère original et novateur de cet ouvrage : rares sont les auteurs qui s’intéressent aux pratiques de ces pro­fessionnels sous l’angle des processus qui les amènent à prendre des décisions dont les conséquences sont graves et importantes pour les jeunes, les familles et la société dans son ensemble. Plus rares encore sont ceux qui, comme Annie Lambert, privilégient l’axe éthique pour comprendre les déterminants explicites et implicites, les contextes, les représentations et les orientations ontologiques qui jalonnent ces prises de décision. Soulignons que les questions éthiques ne sont pas abordées ici uniquement sous leur angle pratique ou au contraire dans une perspective théorique, mais que l’analyse fine et complexe qui en est présentée plonge le lecteur au cœur des débats et des dialogues qui habitent chaque intervenant ainsi que leurs institutions et, plus encore, tout citoyen. En effet, protéger les

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X La gestion des risques en protection de l’enfance

enfants n’a pas le même sens pour tous ; la marge de manœuvre, réelle ou perçue, varie d’un acteur à l’autre ainsi que sa capacité à prendre des risques, pour lui comme professionnel, pour l’enfant et pour la famille.

Il faut saluer aussi le caractère multidisciplinaire exemplaire de l’ouvrage et de la recherche. D’abord, la revue de littérature qui est pré­sentée sur les cadres conceptuels de la recherche nous amène à parcourir et parfois à approfondir diverses approches disciplinaires comme la socio­logie, la philosophie, le droit, l’éthique et le travail social, ainsi que la lin­guistique et la communication. Par ailleurs, l’approche même des décisions prises en protection de la jeunesse accorde une place à tous les acteurs : travailleurs sociaux, psychoéducateurs, psychologues, avocats ou juges. Si ces acteurs ont des professions et des fondements disciplinaires divers, ils ont aussi à travailler ensemble dans ces processus qui visent à préserver le développement et la sécurité des enfants.

Et ce sont justement les dynamiques qui jalonnent ces échanges interprofessionnels qu’Annie Lambert décrit ici avec finesse, intelligence et profondeur. En effet, elle a mis en œuvre une méthodologie de recherche novatrice qui lui permet de reconstituer les processus individuels et collec­tifs qui mènent aux prises de décision finales. Imbriquée dans un cadre conceptuel personnalisé, sa stratégie méthodologique repose sur des groupes de discussion entre professionnels autour d’une mise en situation ainsi que sur des entrevues semi­directives individuelles avec une pers­pective réflexive. L’ensemble offre des accès multiples et pertinents pour saisir les référents des acteurs professionnels, les questions éthiques qui les habitent mais aussi saisir comment, pour arriver à une décision, ils entrent dans un dialogue éthique, pas forcément conscient, mais toujours essentiel pour la finalité de leur travail. Annie Lambert, avec délicatesse, sens critique et empathie, rend ainsi visibles des aspects cachés de ces prises de décision. Elle nous permet aussi de saisir que le cadre juridico­légal ne suffit pas pour expliquer à lui seul le processus professionnel qui se déroule dans le milieu de la protection de la jeunesse.

Les lecteurs vont ainsi accéder à des dynamiques qui ne se disent pas tout en étant au cœur des interventions. Et ces stratégies et processus sont décryptés et expliqués dans un langage clair, qui, sans nier leur complexité, sait les rendre accessibles dans un processus constant d’aller­retour entre la théorie et la pratique, entre la compréhension et la modé­lisation. Les différentes logiques d’action des acteurs professionnels sont ici décrites dans leur spécificité, ce qui permet aussi de comprendre qu’elles sont profondément reliées aux représentations et aux expériences passées des acteurs tout comme à leur contexte institutionnel. Mais plus encore, on saisit qu’elles sont toutes interreliées et que les professionnels, par la formation, l’échange, le dialogue éthique et la réflexivité, peuvent en prendre conscience et les transformer.

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XIPréface

La réflexivité est une autre dimension clé de l’ouvrage : Annie Lambert, après avoir défini ce concept au travers de diverses écoles théoriques, se l’approprie et l’offre aux intervenants comme un moteur de développement professionnel. La réflexivité individuelle et collective permet de prendre de la distance par rapport à sa pratique, et surtout de faire un pas de côté par rapport à ses aprioris. Elle est le processus par lequel on peut analyser notre action, qui permet aussi de la modifier, de l’améliorer, voire d’innover.

L’auteure nous emmène ainsi dans un champ conceptuel original et personnalisé qui recoupe la pratique professionnelle en protection de la jeunesse. Dans une écriture claire et pédagogique, elle nous fait suivre son propre cheminement théorico­pratique au travers de l’exposé de sa démarche de recherche.

En effet, elle a, elle­même, expérimenté les processus qu’elle analyse ici. Travailleuse sociale d’expérience, formatrice, enseignante auprès d’étu­diants universitaires, elle s’engage ici dans une nouvelle posture, celle de la chercheure réflexive et engagée dans la transformation des pratiques. C’est ainsi qu’elle aborde, et pratique à la fois, la réflexivité, le dialogue éthique avec ses sujets, la délibération, la mesure et la prise de risque inhérente à la recherche et à son sujet ; l’incertitude, finalement ! Dans ce cheminement, de nouveaux concepts fleurissent comme la traduction et peu à peu la démarche inductive porte fruit. Le lecteur est amené à voir comment la perspective théorique enrichit l’analyse et aussi comment le matériel, abordé avec nuance et profondeur, transforme cette perspective. Finalement, la dernière partie est un plaisir intellectuel supplémentaire offert au lecteur, grâce à un espace original de réflexion sur des questions professionnelles, éthiques et conceptuelles à la fois. On va plus loin dans le dialogue et dans la réflexivité, le tout pour déboucher sur des pistes professionnelles très pertinentes et argumentées.

Ainsi cet ouvrage, s’il peut paraître bien théorique dans un premier temps, s’adresse à la fois à un public universitaire et aussi à des profession­nels du travail social, du droit, de la protection de la jeunesse et fina lement à des gestionnaires, superviseurs, formateurs et décideurs, à qui elle recom­mande de mettre en œuvre ces espaces de dialogue éthique si nécessaires au développement de décisions éclairées.

Alors nous souhaitons aux lecteurs le plaisir que nous avons eu à accompagner la conception de cet ouvrage et nous renouvelons notre message admiratif à l’auteure. Félicitations pour la posture de chercheure éthique et réflexive. Félicitations pour la proximité­distance avec le sujet abordé et pour la proximité rigoureuse avec les professionnels rencontrés. Félicitations pour une démarche de recherche dynamique, originale, ancrée dans la pratique et qui y revient, mais qui offre un travail intellectuel de grande envergure. Ce sont là des voies à suivre tant pour les jeunes

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XII La gestion des risques en protection de l’enfance

chercheurs que pour les professionnels et les formateurs, et ce, pour innover dans les pratiques et les recherches, mais aussi pour continuer à entrecroiser, sans les opposer, ces deux champs de connaissance.

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remerciements

Ce livre est le miroir d’une démarche de doctorat qui n’aurait pas été possible sans de multiples rencontres.

D’abord avec des familles et des enfants inspirants, malgré leur réalité difficile, ainsi qu’avec des intervenantes et des intervenants dont le dévouement et la sollicitude portent à « voir autrement » et qui m’ont menée à diverses réflexions sur la pratique.

Ensuite avec mes codirecteurs de thèse, madame Michèle Vatz­ Laaroussi, de l’Université de Sherbrooke, et monsieur Claude Lessard, de l’Université de Montréal, qui m’ont accompagnée avec ouverture et respect dans cette recherche.

Finalement, avec monsieur Guy Bourgeault, madame Hélène Albert et monsieur Gilles Bibeau, qui, par leurs commentaires, ont reconnu le travail effectué et ont semé l’idée de cette publication… idée qui a également trouvé écho chez monsieur Henri Dorvil.

À vous tous, des remerciements chaleureux.

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Préface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . IXMichèle Vatz-Laaroussi et Claude Lessard

remercIements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . XIII

LIste des fIgures et tabLeauX . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . XIX

IntroductIon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1

Chapitre 1L’éLaboratIon du Projet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71 . L’émergence du projet et l’implication personnelle . . . . . . . . . . . . . 82 . La question et les objectifs de la recherche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93 . Le contexte de la recherche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104 . Le regard épistémologique : quelle est la posture ? . . . . . . . . . . . . . 11

Chapitre 2QueLQues cLés de Lecture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151 . Les différentes sphères du travail social

et les pratiques de protection . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161 .1 . La définition et l’évolution du travail social . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161 .2 . Les sphères d’intervention et la protection sociale . . . . . . . . . . . . 19

Table des maTières

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XVI La gestion des risques en protection de l’enfance

2 . Les particularités de la pratique sociojudiciaire en protection de l’enfance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 212 .1 . Un bref historique de la protection de l’enfance . . . . . . . . . . . . . . . 222 .2 . Le fonctionnement de la Loi et son contexte d’application . . . . . . 262 .3 . Les acteurs impliqués dans l’intervention

en protection de l’enfance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 303 . La complexité et les défis de l’intervention

en contexte d’autorité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32

Chapitre 3Les dImensIons éPIstémoLogIQues . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 371 . L’éthique comme ligne directrice . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37

1 .1 . La pertinence de l’éthique pour la compréhension de la pratique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38

1 .2 . De quelle éthique parlons-nous ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 391 .3 . Quand éthique de la discussion, éthique de la responsabilité

et éthique reconstructive se rencontrent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 401 .4 . L’arrimage éthique proposé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44

2 . La lunette de la réflexivité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 452 .1 . La réflexivité de Schön : réfléchir en cours d’action

et sur l’action . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 462 .2 . La réflexivité de Racine : le volet collectif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 492 .3 . La réflexivité de Giddens : la prise en compte des structures . . . . 502 .4 . Le courant réflexif de la recherche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52

3 . La lunette de la délibération éthique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 533 .1 . Éléments de définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 543 .2 . Le cadre de délibération éthique comme outil . . . . . . . . . . . . . . . . 553 .3 . Les logiques d’action et l’action située . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58

Chapitre 4Le cadre concePtueL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 631 . Le risque comme déclencheur de l’action . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64

1 .1 . La définition du risque et son application dans le champ du social . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64

1 .2 . La notion de « danger » et la construction du risque . . . . . . . . . . . . 661 .3 . L’acceptabilité du risque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69

2 . La protection de l’enfant comme réponse à une situation risquée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 732 .1 . Exercice de définition : qu’est-ce que protéger ? . . . . . . . . . . . . . . . 732 .2 . Le contexte de vulnérabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 772 .3 . L’intérêt et les besoins de l’enfant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81

3 . Le processus de gestion des risques et la prise de décisions . . . . 853 .1 . L’évaluation et la gestion des risques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 853 .2 . La subjectivité du professionnel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 903 .3 . L’omniprésence de l’incertitude . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 923 .4 . L’urgence d’agir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 963 .5 . Mise en perspective . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98

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XVIITable des matières

Chapitre 5Les choIX méthodoLogIQues . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1011 . L’approche qualitative . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1012 . Le choix du milieu et l’échantillonnage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1023 . Les groupes de discussion comme principale source

de données . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1044 . Les entretiens individuels comme stratégie complémentaire . . . . 1075 . La méthode d’analyse des données . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1086 . récapitulation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110

Chapitre 6La PrésentatIon des résuLtats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1131 . L’appropriation d’une situation ou la construction du problème . . 114

1 .1 . Le premier regard . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1141 .2 . Une première impression « influencée » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124

2 . La définition d’enjeux, de risques et de malaises . . . . . . . . . . . . . . . 1332 .1 . Des angles de vue différents sur les risques . . . . . . . . . . . . . . . . . 1342 .2 . Des enjeux rattachés à diverses perspectives éthiques . . . . . . . . . 1402 .3 . L’émergence de certains malaises . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1472 .4 . Mise en perspective . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148

3 . La conception de pistes de solutions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1503 .1 . Un incontournable : le filtre de la Loi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1503 .2 . Un éternel va-et-vient ou la notion de « processus » . . . . . . . . . . . . 1543 .3 . Lorsque la posture et le discours orientent l’action . . . . . . . . . . . . 1573 .4 . Un « monde de possibles » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161

4 . La gestion des risques et ses multiples représentations . . . . . . . . 1644 .1 . Une définition commune est-elle nécessaire ? . . . . . . . . . . . . . . . . 1644 .2 . Un fragile équilibre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1664 .3 . Apprivoiser l’incertitude . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1674 .4 . Le rôle primordial de l’intervenant-terrain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169

5 . un regard sur les logiques d’action . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1725 .1 . Une construction en trois séquences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1735 .2 . Une construction à partir de trois axes d’influence . . . . . . . . . . . . 1745 .3 . Les logiques d’action et la gestion des risques . . . . . . . . . . . . . . . 175

Chapitre 7éLéments de dIscussIon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1851 . La conviction issue de la posture professionnelle . . . . . . . . . . . . . . 1862 . Le dialogue et les espaces de traduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1903 . L’apport de la délibération collective dans la prise de décision . . . 2004 . Les processus, les logiques et la conscientisation . . . . . . . . . . . . . . 207

concLusIonPour une gestion des risques juste et justifiée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 213

en guIse de réfLeXIonPréoccupations cliniques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 219

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XVIII La gestion des risques en protection de l’enfance

anneXes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 223annexe 1 . Problématiques visées par la Loi sur la protection

de la jeunesse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 224annexe 2 . Processus d’intervention psychosociale

relié à l’application de la Loi  sur la protection de la jeunesse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 226

annexe 3 . mise en situation utilisée dans la recherche . . . . . . . . . 227annexe 4 . grille d’entrevue pour les groupes de discussion . . . . . 232annexe 5 . grille d’entrevue pour les entretiens individuels . . . . . 233annexe 6 . cadre final de la recherche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 234

bIbLIograPhIe thématIQue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 235

Extrait de la publication

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liste des figures et tableaux

figure 2 .1 . états du social selon autès . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20figure 2 .2 . Cadre de la pratique en protection de l’enfance . . . . . . . 27figure 2 .3 . acteurs en présence en protection de l’enfance . . . . . . 32figure 3 .1 . Cadre de réflexivité sur la pratique de protection

de l’enfance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53figure 3 .2 . Modèle de délibération éthique de bossé, Morin

et dallaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56figure 3 .3 . Cadre épistémologique de la recherche . . . . . . . . . . . . . 61figure 4 .1 . Limite d’acceptabilité des risques . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69figure 4 .2 . Continuum du degré de protection . . . . . . . . . . . . . . . . . 76figure 4 .3 . Zones de vulnérabilité de Castel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79figure 4 .4 . Processus de la gestion des risques . . . . . . . . . . . . . . . . 87figure 4 .5 . Liens entre le niveau de risque et le niveau de gravité . . 89figure 4 .6 . fonction asymptotique de l’objectivation . . . . . . . . . . . . 91figure 4 .7 . Contexte des risques en protection de l’enfance . . . . . . 95figure 4 .8 . Cadre d’appréhension de la réalité des professionnels

en protection de l’enfance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100figure 5 .1 . Cadre épistémologique, conceptuel

et méthodologique de la recherche . . . . . . . . . . . . . . . . . 111figure 6 .1 . Zones de risque dégagées par les professionnels . . . . . 135

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XX La gestion des risques en protection de l’enfance

Figure 6.2. Intersection social/judiciaire et espaces de traduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145

Figure 6.3. Postures et discours recensés chez les professionnels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 158

Figure 6.4. Processus d’influence entre la posture, le discours et la prise de décisions du professionnel . . . . . . . . . . . . 159

Figure 7.1. Illustration des dialogues multiples . . . . . . . . . . . . . . . . . 195Figure 7.2. Illustration des dialogues multiples

et des espaces de traduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 195Figure 7.3. Logiques d’action et notions de « processus » . . . . . . . . 211

Tableau 2.1. Influence de l’évolution du service social sur les pratiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17

Tableau 5.1. Forces et limites de l’entretien de groupe . . . . . . . . . . . . 106Tableau 6.1. Concepts utilisés pour définir la gestion des risques . . 165Tableau 6.2. Logiques d’action recensées chez les professionnels . . 176

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introductionAucun être fini n’a le pouvoir de savoir comment

il faut agir, l’incertitude règne sans recours et pourtant, personne ne peut échapper au devoir d’agir.

Leibniz

Les enfants sont généralement perçus comme une richesse pour une société. Êtres vulnérables, ils ne naissent malheureusement pas tous égaux et certains sont entraînés dans des parcours de vie difficile : leur famille n’est pas en mesure de les protéger de situations d’abus ou de négligence. Il est socialement convenu que la protection des enfants est importante. Dans ce but, il existe au Québec une loi qui les protège : la Loi sur la protection de la jeunesse. Chaque jour, des professionnels s’investissent dans un travail de protection de ces enfants, au sein d’une pratique qui les plonge souvent dans le doute, l’incertitude et l’adversité. Une pratique où ils font face à la vulnérabilité et à la détresse sociale des familles qu’ils rencontrent. Une pratique où ils doivent évaluer des risques et établir la nécessité (ou non) d’une mesure de protection. Une pratique où ils doivent quotidiennement « gérer des risques ».

Il serait possible de croire que la pratique de protection de l’enfance, aussi complexe soit­elle, soit suffisamment balisée par le cadre légal qui la chapeaute, ce qui indiquerait clairement les possibilités d’intervention et réduirait ainsi les marges de manœuvre. Or plusieurs zones de tension apparaissent et portent le professionnel à s’inscrire dans un travail de frontière : aide/contrôle, sécurité/liberté, risque/protection, libertés indi­viduelles/droits collectifs, valeurs personnelles/choix sociaux, par exemple. Nombreux sont alors les questionnements et les enjeux éthiques tant sur

Extrait de la publication

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2 La gestion des risques en protection de l’enfance

la nature du travail que sur le contexte d’application des actions profes­sionnelles. De fait, le jugement professionnel est fortement sollicité par la prise de décisions, jugement souvent orienté par des balises normatives. À cet égard, les capacités à évaluer de manière juste les risques inhérents aux situations et à déterminer les meilleures mesures de protection à mettre en place sont mises à rude épreuve : c’est en ce sens que les pro­fessionnels sont appelés à « gérer des risques ». En prenant en considération que cette prise de décisions s’inscrit à travers diverses relations humaines, dans une rencontre avec d’autres, comment les professionnels gèrent­ils ces risques ? Sur quoi vont­ils s’appuyer ? Quelles logiques vont­ils utiliser ?

Ce livre1 a l’ambition d’éclairer ces diverses interrogations. Il amène à mieux comprendre le cœur des actions des professionnels à partir d’une vue de l’intérieur, de l’analyse des rouages de leurs prises de décisions. Il s’agit d’une « démarche de découverte » telle que l’entend Groulx (1998, p. 9). Questionner la gestion des risques s’avère pertinent dans une société où la tolérance aux risques est faible, dans une « société du risque » (Beck, 2001) où plane généralement un « fantasme du risque zéro » (Dorais, s. d.). Au sein des métiers de la relation d’aide, particulièrement dans le champ de la protection sociale dans lequel s’inscrit la pratique de protection de l’enfance, réfléchir au rapport qu’entretiennent les professionnels avec cette gestion des risques apparaît pertinent et éminemment relié à des préoccupations éthiques rattachées aux conséquences qui peuvent décou­ler des décisions prises : la situation familiale ainsi mise sous la loupe et évaluée demande­t­elle une mesure de protection contraignante ? Un placement en milieu substitut ? Une adoption ? La grande responsabilité qui incombe aux professionnels, inhérente à l’application de la Loi, s’exerce dans une situation complexe, où de nombreux enjeux sont en présence, tant professionnels qu’organisationnels et légaux. Cela semble appeler un besoin de réflexivité et une meilleure compréhension de la pratique pour bien saisir ces enjeux et ne pas « échapper au devoir d’agir » (Leibniz).

Afin de bien comprendre « l’itinéraire » de la démarche (Becker, 2004) et de saisir la ligne directrice qui unit les chemins empruntés, il est néces­saire de présenter la substance de chacun des chapitres du livre et leur pertinence à l’avancée de la présente recherche.

Le chapitre 1 est consacré à la présentation de l’élaboration du projet. Il apporte un éclairage quant à son émergence et à la position personnelle de la chercheure à travers la démarche. La question de recherche y est également précisée ainsi que le contexte dans lequel elle s’est développée.

1. Ce livre est tiré d’une thèse de doctorat réalisée dans le cadre du programme de doctorat en sciences humaines appliquées de l’Université de Montréal : Lambert, A. (2012). Logique d’action et quête de sens : le risque en protection de l’enfance, thèse de doctorat, Montréal, Université de Montréal.

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3Introduction

Ce premier chapitre pose la posture constructiviste adoptée et confirme le regard épistémologique choisi. Au cœur du projet, il n’y a pas de recherche de vérité : il y a recherche de « clés d’interprétation » (Watzlawick, 1988). Ainsi, il est admis que les professionnels « construisent » la situation à laquelle ils font face, tout comme ils « construisent » et « coconstruisent » les décisions qu’ils actualiseront. Ce chapitre permet donc de bien poser le déclencheur du projet ainsi que le cadre de la recherche.

Pour assurer une meilleure compréhension du contexte de l’inter­vention en protection de l’enfance et ainsi saisir les différents enjeux qui sont relevés tout au long du livre, quelques clés de lecture sont exposées dans le chapitre 2. D’abord, la profession du service social est survolée tant dans sa définition que dans son évolution. Comme « l’histoire du service social est aussi l’histoire de la société à laquelle il appartient » (Groulx, 1993, p. 1), situer la profession historiquement mène à des pistes de compréhension quant à son application actuelle. À travers son évolu­tion, les pratiques de protection comme champ important de la profession sont abordées. Il apparaît ensuite pertinent de dégager les particularités de la pratique sociojudiciaire en protection de l’enfance par l’entremise d’un bref historique, mais surtout, par l’explication du fonctionnement de la Loi et de son application ainsi que par l’exploration des différents acteurs en jeu. Ces informations sont essentielles à la compréhension du contexte de pratique et à la mise en perspective du rôle des différents professionnels impliqués dans l’application de la Loi sur la protection de la jeunesse. Finalement, la complexité et les défis de l’intervention en contexte d’autorité sont discutés. La pratique de protection de l’enfance étant reconnue comme une pratique sociojudiciaire, plusieurs interventions ont un caractère contraint : cela colore nécessairement leur mise en place, mais également la relation avec les familles et les réactions de ces dernières. Ces clés de lecture portent vers une compréhension globale du contexte de pratique étudié.

Faire une recherche demande aussi de s’appuyer sur un certain nombre d’assises épistémologiques et théoriques. Le chapitre 3 expose les dimensions épistémologiques privilégiées dans le cadre du projet. D’emblée, la ligne directrice tracée par les préoccupations éthiques est présentée : tout au long de la démarche, des questions et des enjeux éthiques dans l’exercice de la pratique de protection de l’enfance sont soulevés. Des enjeux à différents niveaux : pour les familles, pour les professionnels, pour l’organisation ou encore concernant l’application de la Loi. C’est à partir de réflexions autour de l’éthique de la discussion, de l’éthique de la responsabilité et de l’éthique reconstructive qu’est articulée la visée éthique du projet. Afin de conduire aux contenus permettant d’éclairer la prise de décisions des professionnels lors du volet empirique, les concepts de « réflexivité » et de « délibération éthique » sont utilisés. En premier lieu,

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4 La gestion des risques en protection de l’enfance

une réflexivité à « paliers multiples », tant professionnelle/individuelle (Schön) que collective (Racine) et structurelle (Giddens). En deuxième lieu, un cadre de délibération éthique (Bossé, Morin et Dallaire), qui permet à la fois une balise épistémologique et un outil méthodologique à la collecte et l’analyse des données. En troisième lieu, une lunette sur les « logiques d’action » (Fornel et Quéré) est privilégiée comme manière d’envisager la prise de décisions et la gestion des risques des professionnels. Ces diverses dimensions épistémologiques permettent un cadrage de l’axe privilégié dans l’étude de la pratique de protection.

Plutôt que de s’appuyer sur un cadre théorique, la présente recherche repose sur des ancrages conceptuels. Ainsi, un cadre conceptuel est pré­senté dans le chapitre 4. La revue de littérature effectuée a permis de mettre en exergue trois concepts fondamentaux quant à la prise de déci­sions en protection de l’enfance. D’abord, comme déclencheur de l’action, le concept de « risque », qui dirige vers des réflexions autour de sa défini­tion et de ses possibilités d’application dans le champ du social, mais aussi vers les notions de « danger » et de « construction du risque » ainsi que vers celle de l’« acceptabilité du risque ». Par la suite, le concept de « protection » éclaire sur des éléments de définition, mais également sur le contexte de vulnérabilité associé aux situations de protection ainsi qu’à l’intérêt et aux besoins des enfants. Le concept de « gestion des risques » clôt la présentation du cadre conceptuel en dégageant les distinctions entre l’évaluation et la gestion des risques, et aborde des notions sous­jacentes : la « subjectivité des professionnels », l’« omniprésence de l’incertitude » et  l’« urgence d’agir ». La combinaison des trois éléments qui fondent le cadre conceptuel permet de nombreuses réflexions et éclaire théorique­ment la pratique. Le caractère interdisciplinaire2 de l’objet d’étude et des sources théoriques utilisées3 permet de créer un horizon large et des pistes de réflexions diversifiées.  Les concepts explorés guident la démarche et procurent des appuis théoriques à la collecte et à l’analyse des données.

Tout choix méthodologique doit être justifié. C’est à l’explication et à la justification des choix méthodologiques de la présente recherche que s’attarde le chapitre 5. Cette recherche étant exploratoire, il est clairement établi que l’approche qualitative est privilégiée pour comprendre la pra­tique de protection de l’enfance. Le chapitre présente les étapes d’échan­tillonnage et les enjeux qui y sont rattachés, tout comme il expose et

2. Plusieurs professions se retrouvent en protection de l’enfance. Le volet social est généralement occupé par des travailleurs sociaux, mais aussi par des psychoéduca­teurs, des criminologues ou des psychologues. Le volet judiciaire est quant à lui dévolu à des personnes formées en droit.

3. Il s’agit ici du travail social, de la philosophie, de l’éthique, du droit, de la sociologie, mais aussi du génie, des mathématiques et de l’économie.

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5Introduction

justifie le choix des groupes de discussion et des entretiens individuels comme outils méthodologiques. La démarche d’analyse est également pré­cisée pour conduire à une meilleure lecture de la présentation des  résultats.

C’est dans le chapitre 6 que se retrouve le cœur de la recherche : la présentation des résultats. La transcription du matériel empirique a permis de dégager quatre grands thèmes d’intérêt qui servent de divisions au chapitre. Ces thèmes sont : l’appropriation d’une situation ou la construc­tion du problème ; la définition d’enjeux, de risques et de malaises ; la conception de pistes de solutions ; la gestion des risques et ses multiples représentations. Le chapitre 6 se termine par la présentation des logiques d’action des professionnels dégagées à partir de l’analyse des résultats. Ces logiques produisent des connaissances sur leur construction au cœur de la prise de décisions en protection de l’enfance.

Pour terminer, le chapitre 7 amène la discussion sur trois éléments qui émergent de l’analyse des données et que l’on peut percevoir comme des éléments de processus rattachés à la construction des logiques d’action. Sont examinées et discutées les notions de « posture professionnelle » et de « conviction », de « dialogue » et d’« espace de traduction » ainsi que de « déli bération collective ». Ces éléments permettent d’éclairer la prise de décisions, tout comme ils l’enrichissent d’un regard différent. Au final, le chapitre 7 propose de réfléchir sur l’importance de la conscientisation de la pratique à travers l’analyse des logiques dégagées et des éléments de processus qui s’y rattachent.

La démarche entière de la présente recherche amène à mettre en perspective plusieurs enjeux relatifs à la pratique de protection de l’enfance. Elle porte aussi à réfléchir sur la prise de décisions et plus particulièrement sur la gestion des risques, que l’on veut juste et justifiée. Cette gestion des risques entraîne des questionnements éthiques majeurs et dirige vers des préoccupations cliniques plus actuelles que jamais.

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Extrait de la publication

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Épine 0,572 po / 14,5 mm / 272 p. / 120 M

LES PROFESSIONNELS ŒUVRANT À LA PROTECTION DE L’ENFANCE doivent quoti-diennement exercer leur jugement afi n d’évaluer des risques et de déterminer la nécessité de mesures de protection, et ce, en étant exposés à la vulnérabilité et à la détresse sociale des familles qu’ils rencontrent. Il serait commode de croire que leur pratique, aussi complexe soit-elle, est suffi samment balisée par le cadre légal qui la chapeaute pour indiquer clairement aux professionnels les possibilités d’intervention. Or la réalité est tout autre.

Ce livre met au jour les logiques d’action qui guident les professionnels de la protection de l’enfance dans leurs prises de décision. Réalisé à l’aide d’une analyse de contenu des discours d’employés du Centre jeunesse de l’Estrie, il dégage trois types de logique : collaborative, délibérative et légaliste. Il montre également les dimen-sions sur lesquelles s’appuient ces logiques, soit le rapport au mandat de protection, le rapport à la situation et le rapport au risque.

Mais au-delà de cette typologie, ce sont les notions de posture professionnelle, de conviction et de dialogue qui sont abordées. Car l’ouvrage vise avant tout à conscien-tiser les professionnels sur leur pratique pour qu’ils puissent prendre leurs décisions de manière consciente et critique ainsi que gérer les risques de façon adéquate et justifi ée.

Annie Lambert est criminologue et travailleuse sociale. Après avoir œuvré de nombreuses années comme intervenante sociale dans les secteurs de la délinquance adulte et de la protection de la jeunesse, elle est maintenant professeure à l’École de travail social de l’Université de Sherbrooke. Le risque et la gestion du risque, la protection sociale et les préoccupations éthiques orientent actuellement son enseignement et ses recherches.

COLLECTIONPROBLÈMES SOCIAUX ET INTERVENTIONS SOCIALES

La gestion des risques en protection de l'enfanceLogiques d'action et quête de sens

Annie Lambert

Préface deMichèle Vatz-Laaroussi et Claude Lessard

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Extrait de la publication