MÉTIER DU POÈTE

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poème de holderlin

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MTIER DU POTE

Les rives du Gange entendirent du dieu de la joie Le triomphe, alors quayant tout conquis depuis lIndus ici Venait le jeune Bacchus, avec le vin Sacr du sommeil veillant les peuples.

Et toi, ange du jour ! tu ne les rveillerais pas, Ceux qui prsent sommeillent encore ? Donne la loi, donne- Nous la vie, vainqueur, Matre, toi seul As droit de conqute, tel Bacchus.

Non ce qui sans doute est dordinaire lhumaine destine et les soucis la maison et sous le ciel ouvert, Quand plus noblement, donc, que le fauve, lhomme se Dfend et nourrit ! il sagit donc dune autre chose,

Confie aux soucis et au service des potes ! Le Trs-Haut, cest cela, ce quoi nous sommes vous, Que plus proche, le glorifier toujours neuf, Peroit la poitrine amicale.

Et pourtant, vous tous les clestes, et toutes Les sources et vous, rivages et bosquets et hauteurs, O ds labord prodigieux, alors que tu Empoignais les boucles, et inoubliable

Limprvisible gnie au-dessus de nous Le cratif, divinement venait, que muets Nous devinrent les sens et, tel que Touchs par lclair, frissonnrent les os,

Vous, actes sans trve dans le vaste monde ! Vous, jours du destin, vous, arrachant, quand le dieu Calmement pensif en dispose, jusquo ivres de colre Le portent les gigantesques cavales,

Sur vous devrions-nous garder silence, et si en nous De lanne constamment calme rsonnait lharmonie, Ainsi devrait-elle retentir comme sil avait, Vaillant et dsuvr, un enfant, du Matre

Touch la lyre consacre et pure, par plaisanterie ? Et pour quoi aurais-tu, pote ! cout les prophtes De lOrient et le chant grec et Depuis peu le tonnerre, pour quenfin tu

Aies besoin dasservir lesprit, et brusques Les biens de la prsence, par moquerie, et dsavoues Ces inepties, sans cur, et pour jouer Le livres, tel un fauve captif, au ngoce ?

Jusqu ce quirrit par le dard en fureur il Se souvienne de lorigine et crie, que lui-mme Le Matre vienne, puis sous les brlantes Flches de la mort te laisse inanim.

Depuis trop longtemps dj est asservi tout le divin Et toutes les forces clestes gches, use Les bienfaisantes, pour le plaisir, ingrate, une Race retorse, et simagine-t-elle connatre,

Quand pour elle le Sublime laboure le champ, La lumire du jour et le Tonnant, et les observe Bien le tlescope, eux tous, et recense et Appelle par leurs noms les toiles du ciel.

Le Pre cependant couvre avec la nuit sacre, Afin que nous puissions demeurer, les yeux. Il naime pas la brutalit ! Pourtant ne contraint-elle Jamais, la vaste violence, ce ciel.

Encore est-ce aussi bon dtre trop sage. Le connat La gratitude. Pourtant ne peut-il facilement le retenir seul, Et volontiers se joint-il, afin quils laident comprendre, aux autres, un pote.

Sans crainte demeure cependant, ainsi quil le doit, lhomme Solitaire devant Dieu, le protge la candeur, Et daucune arme nuse-t-il et daucun Artifice, aussi longtemps que laide le manque de dieu.

(Friedrich Hlderlin, traduction franaise de Patrick Guillot du pome Dichterberuf )