Mémoire de fin d'étude

15
COMMUNICATION & DESIGN frontière, confusion et similitude à travers le métier de graphiste Où le graphite se place t-il face aux notions de communication & design ?

description

 

Transcript of Mémoire de fin d'étude

COMMUNICATION& DESIGNfrontière, confusion et similitudeà travers le métier de graphiste

Où le graphite se place t-il face aux notions de communication & design ?

Communication & Design : frontière, confusion et similitude À travers le métier de graphiste

| 3

ÉditoLe concept de la ligne graphique est apparu pour la première fois en Allemagne avec Van de Velde1 en 1898. Celui-ci développe un cadre décoratif de lignes qu’il décline de l’affiche aux emballages et prospectus pour Tropon2 inspi-

ré du mouvement de l’Art nouveau3. Un peu plus tard, Lucian Bernhar4 crée une ligne graphique complète pour les cigarettes Manoli. Mais c’est à travers la révo-lution des Arts décoratifs5 que naîtra la notion de Design graphique.6

Aujourd’hui, les termes com-munication et design sont connus de l’ensemble du monde. Cependant leurs définitions restent floues. À première lecture, i ls semblent ne pas trans-mettre les mêmes valeurs. Or, si l’on s’intéresse de plus près à ce a quoi ils corres-pondent dans la société contemporaine, on observe

qu’ils se croisent dans différents domaines, notamment à travers le domaine graphique. Le statut de graphiste, lui-même, souffre d’une crise identitaire car même ses principaux acteurs ne s’accordent pas sur le nom qu’il convient de lui donner. Art commercial, communication graphique, design de communication et commu-nication visuelle ont été l’un après l’autre utilisés pour parler de création de graphique.

J’ai retrouvé cette confusion dès le début de mes études en faisant partie de la dernière promotion des diplômés du BTS Communication visuelle dit aujourd’hui Design graphique. Le graphisme se trouve mélangé entre communication et design. Ces deux domaines collaborent ensemble au sein de la société actuelle à travers l’image. En tant que graphiste on se retrouve au cœur de cette dualité avec ses confusions, frontières et similitudes. Je l’ai constaté dès mes premières expériences dans le monde professionnel.Notamment à travers deux stages dans des structures totalement opposées. Dans une première, Machin Bidule, agence de design et communication, où je ne comprenais pas le rôle du chargé de clientèle ou dans une seconde, festival des Promenades Photographiques, où les tâches de communication externe prenait un temps notable sur mon temps quotidien.

Confrontée rapidement aux frontières entre le graphisme et ses complémentaires, j’ai choisi d’approfondir ce sujet à travers les domaines de la communication et du design. À travers ces quelques pages nous allons essayer de comprendre pourquoi le métier de graphiste est encore aujourd’hui difficile à cerner et définir. Et où le graphiste se place-t-il face aux notions de communication & design. Pour entamer notre réflexion nous allons nous intéresser aux notions communication et design dans notre société. Comment sont-elles apparues ? Où intervient le graphiste dans ces domaines ? Nous allons ensuite nous tourner vers le graphiste en lui-même et les confusions de son statut grâce à trois points différents ; son parcours pour accéder aux qualités et connais-sances nécessaires, sa situation profession-nelle actuelle, et l’observation de son statut au sein de deux structures différentes. Enfin, nous présenterons quelques projets réalisés par des graphistes reconnus montrant que la commu-nication et le design sont liés à travers le métier de graphiste ; l’art de communiquer.

1 Peintre, architecte et décorateur intérieur belge. Il est l’un des

fondateurs de l’Art Nouveau et a joué un rôle déterminant dans le domaine de l’architecture et des

Arts décoratifs en Allemagne. Il a notamment conçu l’institut

supérieur des Arts décoratifs à Bruxelles, la Cambre.

2 Marque d’aliments3 Fin XIXe - début XXe, mouvement

axé sur l’emploi de motifs aux lignes ondoyantes inspirées

de la nature.4 Graphiste, affichiste, typographe et architecte d’intérieur allemand

5 Mouvement naissant aux alentours de 1910 et prenant

son essor dans les années vingts, axé sur l’artisanat et consistant à

un retour à la rigueur suite au mouvement de l’Art nouveau.6 Source Le Design graphique,

Alain Weil

Pour aboutir notre formation Bachelor Communication Visuelle, à l’ESTACOM de Blois, l’école met en place un stage de fin d’étude d’une durée de quatre mois. Ayant, en amont de cette année, eu une expérience en agence de design et communication, je souhaitais observer et travailler dans une structure au fonctionnement différent, en me tournant vers l’événementiel et en me rapprochant d’une passion que j’entretiens en parallèle depuis le début de mes études ; la photographie.

Je suis entrée au sein de l’équipe des Promenades Photographiques, situé à Vendôme, à quatre mois de l’inauguration du festival en tant que stagiaire graphiste. Le festival propose trois mois d’expositions, avec pour thème cette année ; la nuit, je rêve, au travers du travail de vingt-trois photographes. Lors de cette expérience, je me suis chargée de la partie graphique du festival ; comme l’affiche, le programme, le dossier de presse, la signalétique des lieux d’expositions, et autres supports. Ainsi que d’autres tâches axées sur la communication et suivi des projets, notamment pour la validation des publications auprès des photographes et du suivi avec les imprimeurs.

Concrètement, peu de personne travail à l’élaboration de ce festival à l’année. Odile Andrieu est la directrice générale, la directrice artistique, également en relation directe avec la presse. Elle est assistée d’Alexandra Maury qui s’occupe de l’organisation du Prix Mark Grosset et du Salon de l’Édition du livre photographique (ayant lieu lors du week-end d’inauguration du festival). Toutes deux accompagnées d’Anne-Marie Clausen qui occupe de la partie administration ainsi que de l’organisation de l’aménagement des lieux d’expositions. L’équipe étant succincte par rapport au nombre de chose à faire pour la mise en place du festival, chacune dépasse les fonctions établies par son statut. Ainsi, à l’approche du festival, plusieurs stagiaires rejoignent l’équipe pour les préparatifs.

Sommaire | 5

12 |

14 |

2.CONFUSION& DUALISMEAU SEIN DU MÉTIER DE GRAPHISTE

Devenir graphiste

ObservationsPersonnelles

Fabula, T!nd la revue de lettre(s) et d’image n°3,

Novembre 2014

Le Monde, 30/08/2005Journal quotidien

Graphisme en France, Étapes n°215,

septembre 2013

19 |

21 |

23 |

3.L’ART DE COMMUNIQUERAVEC SON IDENTITÉVISUELLE

Cassandre

Peter Knapp

Tyrsa

Fabula, T!nd la revue de lettre(s) et d’image n°3,

Novembre 2014

Les plus grands visionnaires, Caroline Roberts

Éditions de la Martinières

Médias & Design graphique, Étapes n°221,

septembre 2014

Le design, Que sais-je ?, Stéphane Vial, Éditions puf

Fabula, T!nd la revue de lettre(s) et d’image n°3,

novembre 2014

Communication, Yohan Gicquel, Éditions Le génie des glaciers,

collection Les Mémentos

Le Design graphique, Alain Weill, Éditions Découvertes

Gallimard Art

1.COMMUNICATION & DESIGNDANS LA SOCIÉTÉ CONTEMPORAINE

Communiquer sur une idée

Designer un concept

Le message par l’idée

6 |

8 |

9 |

Je tiens tout d’abord à remercier l’équipe des Promenades Photographiques et de l’Atelier des Photos Et des Mots pour leur accueil chaleureux et leur bonne humeur. Cette expérience fût pour moi complète tant au niveau professionnel qu’au niveau humain.Je remercie plus particulièrement Odile Andrieu de m’avoir accompagné tout au long de ce stage et de sa confiance pour m’avoir laissé tant d’autonomie dans mon travail.J’aimerai aussi remercier Laurent Julien et Lexane Loriot pour leur expérience de la langue française et Alice Enaudeau pour ses conseils de rédactions. Et enfin, Bastien Julien pour m’avoir prêté son ordinateur suite au décès de l’écran du mien, sans qui la conception graphique de ces pages eut été impossible.

CRÉATION GRAPHIQUEET MAQUETTE

Eloïse JulienDesigner [email protected]/dropr.com/noreason

RÉDACTIONRÉVISIONEloïse JulienDesigner [email protected]/dropr.com/noreasonLaurent JulienCadre BNP ParibasLexane LoriotProfesseur des écoles

DIRECTRICE DE MÉMOIRECathy Beauvallet Directrice de l’ESTACOMAlice EnaudeauIntervenante au sein de l’établissement ESTACOM

DIRECTRICE DE STAGE

Odile AndrieuDirectrice générale et artistique du festival Promenades [email protected]

IMPRESSION

LechatimpressionTours02 47 37 07 [email protected]

PapiersImpression sur du papier 300g (couverture), papier 120g (intérieur) offset mat

TypographieComposé avec les caractères :NexaPour les titrages & annotationsLinéale géométrique disponible sur FontFabricLoraPour le texte de labeur & citationsÉlzévir contemporaine disponible sur GoogleFont

dans la société contemporaine

Je suis l’affiche et je hurle. Mes couleurs fauves captent la lumière, haranguent les foules, agressent. Je suis en scène dans la rue, j’habille les trottoirs, les espaces publiques. Je m’exhibe tout le temps et partout.(…) On me conçoit pour aiguiser l’appétit jusqu’à la consommation. J’appartiens à une stratégie. Je suis une campagne.Extrait de S’afficher de Philippe Apeloig, Fabula, T!nd, la revue de lettre(s) et d’image n°3

COMMUNICATION & DESIGN

© Photographie, Guillaume Flandre, série Tokyo. Exposé jusqu’au

20 septembre au Parvis du Petit Manège Rochambeau de Vendôme aux Promenades Photographiques

Communiquer sur une idée Communication et design | 9

Ca

mp

agn

e B

NP

Pa

rib

as, f

ina

ncem

ent

retr

aite

L’élaboration d’une communication passe par dif-férentes étapes. Il s’agit d’abord de connaître son produit et ses attributs, l’objet sur lequel va porter la communication & le public visé.De nombreuses compétences et regards se portent aux travers des différentes étapes. Les métiers se divisent en trois secteurs différents ; créativité, événementiel et stratégie. Communication

d’entreprise :Le graphiste intervient ici

dans la gestion de la retouche

d’image couleur & recadrage.

Ainsi que dans l’emplacement du texte et des images tout en

respectant la ligne graphique de l’entreprise.

Communication sociale et politique :Ici, il intervient également dans la gestion de la photographie et de la mise en page. On peut s’imaginer que le graphiste est présent au moment de la réflexion du concept pour concevoir l’ensemble de l’image.

Ca

mp

agn

e d

e se

nsib

ilisa

tion

Am

nest

y

La graphiste intervient dans le secteur de la créativité, le mettre en œuvre (voir schéma sur gauche). Il opère dans la réalisation visuelle (print, web ou interactive) de l’identité, bien qu’il inter-vienne dans différents niveau de communication ; par exemple :

Sa mission reste la même, celle de donner une image, une identité à la personne ou à l’entreprise qui souhaite faire passer un message à autrui.Cette identité passe par des choix de concept (comme la mise en abyme utilisée par Amnesty), accompagnée de la charte graphique (logotype accompagné d’un encadrage pour le titrage pour BNP Paribas).

mettre en œuvre

connaître le marché

comprendre la situation

élaborer la stratégie

diffuser

*Source du schémaCommunication, Yohan Gicquel

Communication & Design : frontière, confusion et similitude À travers le métier de graphiste

8 | Communication et design Communiquer sur une idée

COMMUNIQUER SUR UNE IDÉEQu’évoque pour vous le terme communication en tant que professionnel ?

« La communication, pour moi, c’est la transmission d’un message, d’affect, de valeurs, de pensées d’une,personne à une autre ou à un groupe. Elle peut se faire de façon verbale comme non verbale. Elle permet le partage, c’est ce qui façonne nos sociétés, et cela concerne autant les être humains, que les animaux,les plantes, les machines etc. La communication découle des liens imaginaires,inconscients, réels, symboliques qu’entretiennent les personnes entre elles. C’est également lié au langage qui nous distingue des animaux. »Frédérique Jarnault, psychologue

« La communication est l’action de délivrer un message auprès d’une cible, d’un public. Le principe même de communication au delà du design impliqueun émetteur et un récepteur et si le message ne passe pas il en retourne forcement de la responsabilité de l’émetteur. Dans notre métier, le designer est la voix de l’émetteur (le client). »Frédéric Chailleux, graphiste freelance & intervenant à l’ESTACOM de Blois

Le dictionnaire Larousse définit le terme com-munication comme l ’action, le fait de communiquer de transmettre quelque chose.

En français, le terme signifie d’abord mettre en commun, puis être en relation avec. La communi-cation est donc basée sur l’échange de personne à personne, chacune étant à tour de rôle l’émet-teur et/ou le récepteur dans une relation de face à face. Il oblige donc à l’utilisation d’un langage et concerne aussi bien l’être humain, la plante, l’animal etc.Aujourd’hui, la communication joue un rôle essentiel dans la société contemporaine, un milieu d’image.

C’est cet axe de communication qui va nous in-téresser. Celui de transmettre un message, une information définie à une cible, un public large ou petit par le biais de l’image.Le monde a évolué, les technologies se sont déve-loppées, les métiers ont donc eux aussi évolués. L’information, en tant que message à communi-quer, utilise des symboles et des codes à travers différents outils (image, mots, interactivité etc.) De nombreux métiers autour de la communication ce sont alors développés. On entend assistant en communication, attaché de presse, chargé de la communication, journaliste d’entreprise etc. Mais que signifient réellement tous ces métiers ? Et comment interagissent-ils ensemble ?

Comme vu précédemment, le graphisme découle d’une nécessité à faire passer un message, une information, visuellement

d’un point de vue commercial. Celui-ci se décline aussi d’un point de vue artistique. En effet, le graphisme si l’on veut qu’il soit efficace ne se doit pas seulement d’être crée dans le but de vendre mais doit naître d’une idée et d’un concept pour être efficace.La graphisme n’est alors pas seulement un mes-sage publicitaire. C’est en ça que le design et la communication se rejoignent dans le métier de graphisme. À travers la nécessité d’une identité visuelle pour un projet.

La construction d’une identité se réalise à travers différents outils, comme la forme, les couleurs ou les typographies utilisées. De nombreux ou-tils, qui demandent des connaissances précises dans leurs domaines. On distingue plusieurs branches de graphisme, le secteur imprimé (print), le secteur web (webdesign), le secteur infographie (infographiste, datadesigner) ainsi que le secteur de l’animation (motiondesign). Au sein de chacune on retrouve l’utilisation de chaque outils (typographie, couleur, image, sym-bole, mise en page, photographie etc.) Chaque spécialitée présente des connaissances propres et indispensables à sa bonne utilisation.

Par exemple, en typographie, il est primordial de connaître son histoire et comment elle s’est développée à travers les époques, pour qu’elle soit adaptée au message transmis. Ainsi, on ne choisira pas une typographie mécane14, faisant directement référence à l’univers industriel, pour l’identité d’une marque luxueuse de parfum. On se tournera plus facilement vers la famille des Didones15 qui sont des caractères très élégants à l’aspect hautain. Le choix d’une typographie n’est pas anodin et ne tient pas seulement compte du goût. Il découle d’une réf lexion et doit être cohérent avec les valeurs que l’on veut transmettre. Chaque élément de création fait donc référence à des domaines spécifiques aux codes et règles propres.

Le message par l’idée Communication et design | 11

LE MESSAGEPAR L’IDÉEQu’évoque pour vous le terme graphisme ?

« Le terme graphisme est presque devenu péjoratif aujourd’hui, on lui adjoint souvent le terme designer (designer graphique). La première évocation qui me vient ce sont les fresques de la grotte Chauvet. Des dessins préhistoriques si pures, si expressifs, qu’ils en sont contemporains.C’est du graphisme. Si je devais résumer je dirais que le graphisme est une pratique, une approche qui mêle créativité, histoire des arts, expérimentations. »Frédéric Chailleux, graphiste freelance & intervenant à l’ESTACOM de Blois

« Le graphisme c’est faire passer un message par des techniques visuelles. »Anaïs Renaud, Data Designer à WeDoData

14 Date du XIXe durant l’ère industrielle, classification Vox, appelée aussi Égyptiennes en référence au grand intérêt pour l’égyptologie de cette époque. Ce sont des caractères à empattements rectangulaires épais avec un fort contrasteentre les pleins et les déliés.15 Date de la Révolution française, elle s’explique par l’arrivée du papier vertun (parchemin deluxe) permettant plus de précision et de finesse. Ce sont des caractères aux empattements trèsfins et horizontaux avec un très fort contrasteentre les pleins et les déliés - caractères verticaux.

IDENTITÉ VISUELLE

Communication & Design : frontière, confusion et similitude À travers le métier de graphiste

10 | Communication et design Designer un concept

DESIGNERUN CONCEPTLe Design c’est quoi ?

« Le design c’est l’action de donner une forme à un message en ce souciant au plusjuste du contexte, des acteurs et des objectifs. (…) Les origines du design graphiquesont profondément enracinées dans l’art, j’essaye de ne jamais l’oublier. »Frédéric Chailleux, graphiste freelance & intervenant à l’ESTACOM de Blois

« Le design c’est allier l’utile, l’esthétisme et le durable. »Anaïs Renaud, Data Designer à WeDoData

La notion de design s’explique par deux moments historiques7 : - Le design comme projet ou méthodologie

de conception durant la Renaissance. Stéphane Vial l’explique comme l’invention d’un dualisme, d’une division dans le travail : celle de la conception et de la réalisation. - Le design comme création industrielle apparût au XXe siècle. Elle s’explique par l’alliance entre la technique, l’art et la science visible dans le programme de pédagogie du Bauhaus8 né du travail de Van de Velde au début du XIXe siècle.

Aujourd’hui, et depuis une vingtaine d’année, le design apparaît sous une nouvelle forme, centrée sur l’humain plutôt que sur le marché et centrée sur les acteurs plutôt que sur les produits. Comme le développe Geoffrey Dorne dans son travail Design & Human : Oubliez ce que vous savez sur le design au service du marketing,sur le B to B, sur le B to C. Pensez désormais au H to H, au Human to Human. C’est aussi ça, le design au XXIe

siècle, le partage, la licence libre. En tout reste encore à faire.9Néanmoins, l’idée tend globalement à réduire le design par l’architecture, l’art, la consommation, l’industrie,la technique ou encore l’artisanat. Ou d’autre part, d’une manière critique :

Le design c’est le style ! témoigne Solène Agobert.10 En revenant sur les ré-ponses11, on observe une divergence de point de vue par des personnes qui sont reliées ou non à cet univers mais qui rejoint les mots de Michael Erlhoff12 : Au risque de vous décevoir, cher lecteur, il est impossible de donner une définition unique et faisant autorité du terme central de ce diction-naire - design.Bien que le design soit difficile à réellement dé-finir, il est basé sur la création d’un projet en vue de la réalisation et de la production d’un objet (produit, espace, service) ou d’un système, qui se situe à la croisée de l’art, de la technique et de la société.

En ce qui concerne le graphisme, le concept de design graphique est apparu pour la première fois en Allemagne avec Van de Velde en 1898. Celui-ci développe un cadre décoratif de lignes qu’il décline de l’affiche aux emballages et pros-pectus pour Tropon. C’est de la révolution des arts décoratifs que naîtra le design graphique.13

Son développement se fait par la suite grâce à différentes étapes ; comme celle du progrès de l’imprimerie et plus récemment grâce aux avan-cées technologiques et au web. Ouvrant ainsi le graphisme vers un univers interactif et celui de la toile, ne se limitant plus au support imprimé.

7 Source : Le design, Que sais-je ?,

Stéphane Vial, Édition puf8 Bauhaus : École d’Arts appliqués

fondé en 1919 à Weimar par l’architecte Walter Gropius.

« Le but de toute activité plastique est la construction.

[…] Architectes, sculpteurs, peintres ; nous devons tous revenir au travail artisanal,

parce qu’il n’y a pas d’art professionnel. Il n’existe aucune

différence essentielle entre l’artiste et l’artisan. […] » extrait

du manifeste de Bauhaus rédigé par Walter Gropius.9 Extrait de Pour un design

Human par Goeffrey Dorne, Fabula, T!nd la revue de lettre(s) et d’image n°3

10 Étudiante en Master Science et politique à l’Université de Rennes

11 Réponses aux questions d’introduction aux parties par des personnes issues ou non du domaine graphique.12 Théoricien du design allemand, théoricien de l’art et auteur, fondateur de l’école internationale de Design à Köln. Extrait de Design Dictionnary, 2008, p.10413 Source : Le Design graphique par Alain Weil

DIVERGENCE DE POINT DE VUE

DESIGN GRAPHIQUE

Communication & Design : frontière, confusion et similitude À travers le métier de graphiste

sous partie Titre de la partie | 13

CONFUSIONau sein du métier de graphiste

CONFUSION & DUALISME

« (…) il y a peu, une très grande marque m’a contacté pour une campagne de pub nationale. Nous n’avons pas réussi à trouver un accord sur le tarif et la marque a décidé de faire cela en interne. À la sortie du produit, je vois les affiches exposées dans la rue. Toutes avaient été composées avec un brush téléchargé sur Dafont. Comment réagir face à cela ? Le travail du graphiste passe au second plan ; c’est un manque réel de respect envers la création. »Tyrsa, extrait de son interview parFabula, T!nd, la revue de lettre(s) et d’image n°3

12 | Titre de la partie sous partie © Photographie, Benoît Pelletier, série Sideways. Exposé jusqu’au 20 septembre au

Petit Manège Rochambeau de Vendôme aux Promenades Photographiques

La graphiste peut exercer son métier dans dif-férents lieux. Ces lieux cohabitent avec le statut choisi par le graphiste, présenté ci-dessus. Ainsi le graphiste salarié travail au sein d’une en-treprise, agence de design et communication, studio ou encore toute autre entreprise ayant un pôle réservé à sa communication visuelle. Le free-lance, lui, est plus voué à travailler chez lui ou dans des espaces de coworking. Depuis quelques temps on voit apparaître la nais-sance du concept de tiers-lieu. Ce sont des espaces de coworking où s’inscrit la problématique des lieux créatifs et de l’alchimie de la proximité et de l’échange. C’est un entre deux ; entre espace personnel et espace ouvert, domicile et travail, convivialité et concentration. Le tiers-lieu devient un nouvel espace de travail pour les graphistes, un espace ouvert aux multiples regards.

Devenir graphiste Confusion & dualisme | 15

Le métier de graphiste, comme nous l’a vu jusqu’à présent, opère dans de nombreux domaines et utilise différents outils. La situation d’un graphiste aujourd’hui est très complexe notamment suivant le domaine où il souhaite évoluer et travailler. Le statut de graphiste est ambigu.

43 840 7 970 2 000ESTIMATION DU

NOMBRE DE GRAPHISTES EN FRANCE

GRAPHISTES ASSUJETTIS À LA MAISON

DES ARTISTES19

NOMBRE DE GRAPHISTES NON REPÉRÉ COMME TELS

AUTRES GRAPHISTES

SALARIÉS CRÉATEURS

AUTO-ENTREPRE-

NEURS18

NOMBRE DE GRAPHISTES IDENTIFIÉS À LA MDA17

17 MDA : La Maison des Artistes a une mission d’intérêt général et de gestion de la sécurité sociale des artistes, dans un esprit de solidarité. 18 Personne exerçant son métier de manière indépendante, dit free-lance19 Un graphiste free-lance est une personne qui exerce son métier de manière indépendante.

Face à ces chiffres, on visualise l’ambiguïté du statut de graphiste. Celui-ci peut exercer son métier par différents biais, que ce soit en agence ou en free-lance19, ou, dans toute structure ayant un besoin. Chacun des statuts a ses particula-rités, le métier de graphiste est appréhendé à chaque fois de manières différentes.Un graphiste free-lance n’exercera pas son mé-tier de la même manière qu’en agence, celui-ci va mener le projet du début, par la rencontre avec le client, à son aboutissement, par la réalisation concrète du projet. D’un autre côté en agence ou en studio, il ne sera pas forcément amené à dépasser ses fonctions par le suivi de projet.

AMBIGUÏTÉ

Source des chiffresGraphisme en France,

Étapes n°215

OÙ TRAVAILLENT LES GRAPHISTES ?

Source Graphisme en France, Étapes n°215

© Photographie Pascal Béjean, Insitu, graphistes en atelier

Communication & Design : frontière, confusion et similitude À travers le métier de graphiste

20 620 18 000 200

14 | Confusion & dualisme Devenir graphiste

DEVENIRGRAPHISTEPour vous en quoi consiste le métier de graphiste ? Quelles sont ses missions ?

« Un graphiste pour moi c’est quelqu’un qui permet de créer un support visuel,pour permettre de faire passer une idée et déclencher une émotion. »Bastien Lefray, graphiste chez Lactalis

« C’est transformer en visuel le cahier des charges liés aux thèmes ou produits ciblés. »Laurent Julien, cadre à BNP Paribas

À travers les différents témoignages on remarque des divergences d’opinion face à ce que signifie être graphiste. Ces di-

vergences se retrouvent comme vu dans la par-tie précédente entre un point de vue axé sur le commercial et un autre axé autour du concept de création. Ces deux points de vue se retrouvent notamment dans les termes utilisés par les forma-tions pour devenir graphiste.

Il existe plusieurs formations pour pouvoir pré-tendre aux métiers de graphistes. Dès 15ans des études sont proposées pour accéder à ce métier, tels que le BAC Pro Production Graphique ou BAC STD2A (sciences et technologies du design et des arts appliqués). Cependant, elles restent encore méconnues. En effet, le système éducatif actuel tend à garder ses élèves dans un cursus général. Des formations sont donc proposées post-bac. Là encore, on se retrouve confronté à des études donnant accès au même débouché ; être graphiste, mais par le biais de concepts dif-férents. Ainsi, certaines formations seront plus axées sur le côté communication et commercial de la notion d’identité visuelle. Et d’autres, axées sur l’intention et la conception créative d’une image.

Un entre-deux s’observe, les différents écoles qui proposent une formation pour devenir graphiste ne se décrivent pas de la même manière et donc propose différentes méthodes pour appréhender le métier. Depuis 2013, on observe néanmoins une prise de partie qui tend à se tourner vers le côté de l’art & du design par l’utilisation du terme design graphique plutôt que celui de communication visuelle. Par exemple, le BTS autrefois appelé Communication visuelle à été renommé BTS Design graphique. Le contenu de celui-ci a aussi été remodelé pour s’orienter vers l’univers du design plus que de la

communication. On peux néanmoins se demander si ce revirement n’est pas du à un effet de mode et d’adaptation face à une société qui se veut design. Tout est design, c’est une fatalité.16

DEUX ÉCOLES

Accès sur la communication :IAE Institut d’Administration des EntreprisesSavoie Mont Blanc

Étudiants souhaitant poursuivre des études dans les domaines de la communication, de l’hypermédia, du traitement de l’image, du web design.COMMUNICATION · CULTURE GÉNÉRAL DE L’ART · SCIENCES HUMAINES ET SOCIAL · WEBMEDIA · LOGICIELS MULTIMÉ-DIA ET HYPERMÉDIA · MÉDIATION CULTURELLE · CONNAIS-SANCE DES ENTREPRISES · ANGLAIS

Accès sur le design :École nationale supérieur des Arts décoratifsParis

L’apprentissage du design graphique est structuré selon deux objectifs : progression verticale et ouverture vers le contexte large de l’exercice du designTYPOGRAPHIE · CRÉATION DE CARACTÈRES · SIGNALÉTIQUE ÉDITION MULTISUPPORTS · DESIGN D’INFORMATION SYSTÈMES D’IDENTIFICATION GRAPHIQUE · GRAPHISME ET SCÉNOGRAPHIE · DESIGN INTERACTIF

16 Ettora Sottsass, Le Monde, 30/08/2005

Designer italien du XXe siècle

Communication & Design : frontière, confusion et similitude À travers le métier de graphiste

Observations personnelles Confusion & dualisme | 17

Odile AndrieuDirectrice générale

& artistique

Alexandra MauryAssistante

& coordinatrice

Anne-Marie ClausenAdministration & production

Aux Promenades Photographiques, l’organisation est différente. Notamment par le fait que ce n’est pas une agence de design et communication, le fonctionnement ne peut donc pas être le même. L’équipe ne travail pas sur plusieurs projets de création, mais sur un même projet ; le festival : de l’organisation à la réalisation. Comme expliqué précédemment, l’équipe comporte trois per-sonnes à l’année pour l’organisation entière du festival. Arrivée en tant que stagiaire, je m’occu-pais de la partie communication visuelle (affiche, programme etc.) Il n’y a pas de poste de graphiste à l’année, l’organisation est donc différente que dans une agence, comme Machin Bidule.

De plus, le rapport avec le client n’est pas le même. Notamment car le client, d’un point de vue agence, devient ici son supérieur voire le directeur artistique. Au regard du graphiste, s’il travaillait en agence ou free-lance, le festival est son client. L’organisation pour la réalisation du projet est différente. D’autant que le projet final n’est pas la conception visuelle des supports nécessaire à la communication du festival pour l’équipe mais l’événement en lui-même.

AU REGARD DU GRAPHISTE

POLYVALENCE

Je me suis occupée d’une partie rappelant celui d’une chargée de projet. Je m’occupais du suivi de production envers les photographes, valida-tions des différents supports ainsi que le suivi avec les imprimeurs.Mon rôle en tant que stagiaire est donc différent qu’au sein de Machin Bidule. Cela s’explique no-tamment par deux choses : celui d’une différence de structure, entre une agence et un festival ainsi qu’une différence de moyen en terme de personnes.

Par ces deux stages, ont comprend certaines frontières, confusions et similitudes attribuées au métier graphiste à travers le design et la com-munication. Notamment dans le cadre du second stage, durant lequel certaines tâches attribuées sont assimilées à des métiers de communications (relation presse et chargée de clientèle) plutôt qu’au statut graphiste en tant que tel. Malgré cette observation, on peut comprendre que ces fonctions me furent affiliées plutôt qu’a une autre personne de l’équipe. En effet, même si le suivi de clientèle (validation avec les photo-graphes, relation avec les imprimeurs & l’agence Plan Bey) ne fait pas partie des compétences de base d’un graphiste, ce dernier est le plus habilité à le prendre en charge dans une petite structure dont la finalité n’est pas le support de création visuelle. Ce qui se rapproche du statut de free-lance,graphiste gérant l’intégralité du projet auprès des clients & imprimeurs.

BUREAU DE L’ASSOCIATION & CONSEIL D’ADMINISTRATION

Guy BoureauPrésident

Christianne RoulletSecrétaire

Patrick VioletteTrésorier

Frédérick PascoConseil administration

ATELIER DES PHOTOS ET DES MOTSPhilippe AndrieuDirecteur

Julie Le GoffAssistante

Hélène BellangerStagiaire & photographe de l’inauguration

STAGIAIRESEloïse JulienGraphisme& suivi de projet

Anaïs ChazaudRoominglist& signalétique

Laura TingaudTraduction& relation presseMarie de BarrosRoominglist& traductionMikaël SpautzProduction

BÉNÉVOLESMarion GodardMise en place des lieux d’expositions

& toute l’équipe comprenant une cinquantaine de personnes

PRESSE NATIONALEAgence Plan BeyFlore Guiraudassistée d’Eva Dias

COMPTABILITIÉChristelle Garanne

16 | Confusion & dualisme Observations personnelles

Mes années d’études m’ont permis de réaliser différents stages.J’ai eu l’opportunité de les réaliser dans différents secteurs, comme dans une agence de design et communication et au sein d’un festival. Ces stages m’ont immergé dans des mondes professionnels aux fonctionnements différents l’un de l’autre.Ces deux derniers stages ont été les plus enrichissants autour dela question de la place du graphiste au milieu de l’univers de la communication et du design.

OBSERVATIONSPERSONNELLES

Ludovic AlvarezCodirecteur

Directeur artistique

Olivia GuilbaudCodirectrice

Chargée de clientèle

Estelle GaudinChargée de clientèle

Anne GeslinGraphiste print

Orlane PlessisGraphiste web

J’ai rejoint l’équipe de Machin Bidule, agence de design et communication située au Mans, pour une période de trois mois en tant que stagiaire graphiste. Dans cette agence, le graphiste in-tervient seulement dans la partie créative d’un projet. Il arrive parfois que le graphiste soit en relation directe avec le client, mais très rare-ment. C’est donc les chargés de clientèle qui s’adressent aux clients et autres prestataires (imprimeurs, livreurs etc.) Il y a différentes étapes que l’on retrouve sur chacun des projets. Chacune est correctement définie, ainsi le graphiste intervient seulement dans la partie création. Toute communication avec le client, fournir les fichiers, retour de ceux-ci passe par les chargés de clientèle. Il n’y a pas de confusion possible.

Je pense qu’on peux expliquer cette organisation par rapport aux deux directeurs.En effet, Ludovic Alvarez et Olivia Guilbaud ont crée cette agence il y a maintenant six ans. Ils ont deux formations différentes et complémentaires dans l’univers de la communication et du design. Ludovic a réalisé des études d’Arts appliqués et Olivia de marketing et communication. Ainsi, ils ont sût délimiter la place de chacun en fonction de ces compétences et se repartir les tâches en fonction pour la réalisation des projets.

CHACUN SA FONCTION

Communication & Design : frontière, confusion et similitude À travers le métier de graphiste

sous partie Titre de la partie | 19

avec son identité visuelle

L’ART DECOMMUNIQUER

Une marque comme McDonald’s, avec une campagne en pictogramme, ne peut que tirer la création en France vers le haut. Vendre une affiche minimaliste à un client était quasi impossible il y a un an. Après cecoup de poker, cela réveille les consciences. C’est presque un devoir des grandes marques d’oser, de réveiller les créatifs, d’aller ailleurs. Tyrsa, extrait de son interview par Fabula, T!nd, la revue de lettre(s) et d’image n°3

Le graphisme est partout. Il est présent sur les murs de la ville, sur internet, jusque sur les menus des restaurants. Réalisé pour la vente ou pour informer d’événe-ments culturels, sa conception se doit de répondre de manière la plus créative possible aux attentes du client. Les différentes personnes présentées ci-dessous sont des graphistes qui ont su allier leurs connaissances, savoir-faire et créativité pour réaliser des identités innovantes. Ils nous montre que finalement un graphiste appel aux deux notions (design et communication) pour réaliser une identité personnelle, adaptée et créative.

18 | Titre de la partie sous partie © Photographie, Lisa Boostani, série Épisodique. Exposée jusqu’au 20 septembre au

Petit Manège Rochambeau de Vendôme aux Promenades Photographiques

Cassandre L’Art de communiquer | 21

CASSANDRE« Une affiche est faite pour être vue dans la rue. Elle doit s’intégrer aux ensembles architecturaux, et enrichir les façades. Le but n’est pas d’égayer un simple panneau publicitaire ou un immeuble, mais bien un pan entier de blocs de pierre et toute la zone qui l’entoure. »

Cassandre est considéré parmi les plus grands créateurs d’affiches et comme l’un des premiers graphistes qui a notamment conçu le principe d’affiche lisible depuis un véhicule en mouve-ment. De la création de l’agence de publicité baptisée Alliance graphique à la gestion de la fonderie Debery et Peignot, il a acquis une véri-table reconnaissance en tant que designer. Ce qui lui a permis d’obtenir la première exposition personnelle de travaux graphiques au MoMA20 de New York.

Ci-contre l’un de ses plus célèbres réalisations pour la marque Dubonnet. Composée en trois étapes ; trois illustrations successives où le dessin se colorise, comme animé, donnant une impression de mouvement - l’homme buvant un verre d’apéritif. L’affiche a eu grand impact par son visuel simplifié et clair accompagné du slogan réalisé suivant le même concept Dubo-Dubon-Dubonnet.Cette fresque est encore visible sur certains murs français. Elle a été malheureusement détruite l’année dernière, juin 2014, place Saint-Anne à Rennes. Avant sa destruction, une soirée avait été organisée avec une projection du visuel intacte sur la façade où l’on en devinait encore les traits.

Source : Les plus grand graphistes visionnaires,

Caroline Roberts20 Musée d’Art Moderne

Communication & Design : frontière, confusion et similitude À travers le métier de graphisteCas

sand

re, D

ubon

net,

envi

ron

193

0

Peter Knapp L’art de communiquer | 23

Peter Knapp exerce dans différents métiers artistiques. Aujourd’hui il fait partie des grands noms de la photographie.Il est aussi peintre, graphiste et cinéaste. En 1959, il rentre dans les bureaux du magazine Ellecomme directeur artistique. C’est à ce poste qu’il se bâtit une réputation internationale pour ses photographies de mode et ses mises en pages où il offrait une grande liberté à ses collaborateurs.Formé par des professeurs issus du Bauhaus, son travail fait ressortir les règles visuelles de cette école ; épurée, harmonie des formes et modernité. Tout son travail est inspiré d’une structure géométrique. Refusant les prises de vue ordinaires, il s’appuie sur des diagonales, des lignes de force. Les corps des mannequins prenant la valeurs d’éléments de construction dans la page échappant alors aux compositions figées. Chacune de ses expérimentations donne lieu à des images déconstruites qui dépassent le cadre même de la photographie et donnant du dynamisme à la composition.

(...) à l’époque, j’avais une douzaine de graphistes sous ma direction, et je leur laissais une liber-té totale pour la conception des doubles pages. Comme on n’utilisait pas de gabarit imprimé, chaque graphiste se trouvait devant une double page blanche où il exprimait sa propre person-nalité. J’appliquais la même méthode pour les choix typographiques. Les encarts publicitaires se situaient en entrée et en sortie de magazine et, entre les deux, au cœur du journal, il y avait un espace d’expression libre. Mon rôle était de créer le rythme visuel de cet espace, comme lorsque l’on procède à la conception du découpage d’un film. Marquer les pages en couleur et celles en noir et blanc, les pages avec énormément de personnages et celles sans, les cadrages photo-graphiques à mettre en œuvre, du plan américain au plan large, etc. J’accomplissais ce travail en dessinant les chemins de fer de chaque numéro du magazine.

PETER KNAPP

Communication & Design : frontière, confusion et similitude À travers le métier de graphiste

« Je suis attristé par l’état actuel de la presse. Le manque d’apports culturel des supports, journaux et magazines. La presse a perdu son rôle éducateur. »

Extrait de Le portrait d’un photographe et directeur artistique, interview par Pierre Ponant, Médias & Design graphique,Étapes n°221

Pet

er K

nap

p, E

lle n

°92

1, 19

63

Communication & Design : frontière, confusion et similitude À travers le métier de graphiste

Tyrsa L’Art de communiquer | 25

Tyrsa, Alexis Taïb, s’initie à la typographie dès ses 15 ans par le biais de la bombe sur les murs de Paris. Inspiré par l’esthétique de la culture américaine, entre autre l’image du sport urbain, il élabore des caractères en fonction de ses com-mandes. Diplômé de l’école des Gobelins, il passe de la recherche de style à une démarche tournée vers le lisible. Une démarche moderne en écho à ses inspirations urbaines, réalisant ainsi des caractères impactant, donnant généralement une impression de mouvement. Aujourd’hui, il est devenu l’une des référence du graphisme français avec son travail pour Ricard, Nike etc. Son travail repose donc sur la création de caractères propres. Il cherche a matérialiser les lettres pour qu’elles deviennent un objet en tant que tel. Texturées, colorées, réalisées à la main, chacune est l’ensemble d’une réalisation propre à chaque projet.

On retrouve cette démarche dans tous ses pro-jets, par exemple pour le logo du film La Crème de la Crème de Kim Chapiron.À l’origine, j’étais parti dans des directions très riches, stylisées, avec beaucoup de fioritures. Après ce premier visionnage, j’ai décidé d’aller dans une autre direction. Il fallait un dessin moins maniéré, plus dur aussi. On parle de la « crème de la crème », une expression à la di-mension universitaire, très fière, qui retranscrit l’ambition des étudiants du film, mais à confron-ter à la simplicité du jeu des acteurs. Je voulaistrouver un compromis. (…) Il fallait en effet sug-gérer la violence de la prostitution et l’élégance soutenue par le nom du film. Ainsi, le logo possède dans son dessin des lettres assez simples, mais avec une rugosité très marquée. On ramène la froideur des cours dans un amphi, l’inhumanité du proxénétisme, et le chic d’une école qui pour-rait être HEC.

TYRSA« Je suis graphiste, et cela signifie pour moi qu’il convient de répondre à une

attente de la manière la plus créative possible. »

Source : Fabula, T!nd , La revue de lettre(s)

et d’image n°3A

ffic

he p

our

le f

ilm d

e Ki

m C

hap

iron,

La

Crè

me

de la

crè

me.

Gra

phi

sme

réal

isé

par

Tyr

sa

Le graphisme est partout. Il est omniprésent dans notre quotidien mais reste pourtant l’une des disciplines les moins visibles. Un graphiste se doit d’allier différentes compétences, en terme de communication et de design, ce qui prête généralement à confusion lorsqu’il exerce son métier dans différentes structures. Celui-ci doit être au courant des stratégies de création et différents types de consommations. Tout en ayant un pied dans l’univers artistique pour aiguiller ses compères à se détacher d’un univers trop publicitaire, imposant et montrant un nouveau regard sur l’image, l’importance d’une image innovante et originale répondant à un concept. On comprend à travers ces quelques pages que le métier de graphiste s’axe principalement sur le visuel et la création de celui-ci, ce qui explique que le terme design graphique se voit de plus en plus utilisé face à celui de communication visuelle. Les notions de design et communication se rencontrent à travers le métier de graphiste. Cette dualité peut parfois rendre floues les missions du travail de graphiste. Non loin d’être une réponse ferme sur la place du graphiste à travers ces notions, ces axes de recherches montrent différents regards et approches du métier.

WWW.DROPR.COM/NOREASON