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1 MEMOIRE DE BIOMECANIQUE DE LAPPAREIL LOCOMOTEUR ET DU MOUVEMENT En vue de l’obtention du Diplôme Inter-Universitaire de Biomécanique Elisabeth SOUQUE-LOUSSERT REFLEXION SUR LE MAINTIEN DES DIFFERENTES ARTICULATIONS SUR L’AXE MECANIQUE DANS LES TECHNOPATHIES DU SPORTIF ET DU NON SPORTIF .

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MEMOIRE DE BIOMECANIQUE DE

L’APPAREIL LOCOMOTEUR ET DU

MOUVEMENT

En vue de l’obtention du Diplôme Inter-Universitaire de Biomécanique

Elisabeth SOUQUE-LOUSSERT

REFLEXION SUR LE MAINTIEN DES DIFFERENTES

ARTICULATIONS SUR L’AXE MECANIQUE DANS

LES TECHNOPATHIES DU SPORTIF ET DU NON

SPORTIF .

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« La connaissance s’acquiert par l’expérience, tout le reste n’est qu’information »

Extrait de Comment je vois le monde

Albert Einstein

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SOMMAIRE

I : INTRODUCTION : 5

II : DEFINITIONS : 6

III : RAPPELS BIOMECANIQUES DES ARTICULATIONS DE LA

HANCHE , DU GENOU, DE LA CHEVILLE ET DE LA SOUS-

TALIENNE : 8

A) La hanche

B) Le genou 9

C) La cheville 11

D) Le pied et la sous-talienne 12

E) Les anomalies rotationnelles 13

IV ; RAPPELS BIOMECANIQUES DES MUSCLES STABILISATEURS

DE HANCHE : 15

A) Les rotateurs internes 15

B) Les rotateurs externes 17

C) Incidences des déficits des muscles stabilisateurs du bassin

sur l’axe mécanique du membre inférieur et ses différentes

articulations 19

V : ETUDE BIOMECANIQUE DES DIFFERENTS APPUIS LORS DE

LA COURSE A PIED 22

A) Course en prise d’appui talus 22

4

B) Course en appui médio- plantaire 23

C) Barefoot 24

D) Intérêts de la course en appui flexion plantaire modérée 25

VI : SYSTEME D’ANALYSE DYNAMIQUE DES PRESSIONS

PLANTAIRES PAR UN DISPOSITIF EMPORTE : 27

A) Principe 27

B) Matériel et méthode 27

C) Conditions d’examen 28

D) Quelques cas cliniques 28

E) Réflexion sur ce qu’il y a lieu de retenir 40

VII : ROLE ET INCIDENCES DES ORTHESES PLANTAIRES SUR LES

TECHNOPATHIES DU SPORTIF : 41

VIII : CONCLUSION : 44

IX : BIBLIOGRAPHIE : 46

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I : INTRODUCTION

Le sujet de ce mémoire a été essentiellement motivé par mon expérience

personnelle avant tout. Depuis toute jeune enfant , « handicapée » au regard

de ma mère, je rêvais de marcher sans boiterie mais surtout je rêvais de

pouvoir un jour courir.

Toute ma vie s’est orientée vers ce désir, et c’est parce qu’à ce jour j’y

suis parvenue que je voudrais partager mon expérience, mes modestes

connaissances, et continuer à m’améliorer.

Partie d’une dysplasie de hanche bilatérale, ayant évolué vers une double

ostéochondrite donnant lieu à des coxa plana, je me suis retrouvée à l’âge

de 11 ans après maintes interventions de dérotation sur mes fémurs, dans

l’impossibilité de marcher. Une technique de Chiari m’a permis de

retrouver une marche « normale », qualifiée en tout cas de « correcte »…

Ce fut le premier jour de ma reconstruction.

Le reste de ma vie je me suis consacrée à m’ améliorer sans cesse pour

atteindre non sans mal une élite dans le domaine du sport. Mais je ne

parvenais toujours pas à courir !

A ce jour, je suis porteuse d’une prothèse de hanche et après des mois

de recherche sur la course à pied et ses différentes techniques , je suis

parvenue avec patience et détermination à mon but : courir !.. sans douleurs

et sans contraintes.

Par ailleurs, Podologue de formation, je suis souvent confrontée lors de

prescriptions d’orthèses, à des patients désireux de comprendre pourquoi

ils sont toujours confrontés aux mêmes blessures liées à leur pratique

sportive, et dans quelle mesure ils ne seront pas porteurs « abonnés » aux

orthèses à vie ?

Vous comprendrez aisément que le sujet de ce mémoire me tient tout

particulièrement à cœur, et j’ espère que le sujet que je traite en son sein

apportera un petit grain de sable à l’édifice de l’étude sur les problèmes

de stabilisation de bassin et ses conséquences sur entre autre la course à

pied.

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II : DEFINITIONS

A : AXE ANATOMIQUE :

L’axe anatomique est défini par l’axe des diaphyses osseuses du membre

inférieur.

L’axe de la diaphyse fémorale est oblique en bas et en dedans.

L’axe de la diaphyse tibiale est à peu près vertical.

Ainsi, en raison du porte-à-faux du col fémoral, l’axe de la diaphyse

fémorale n’est pas situé exactement dans le prolongement de l’axe de la

diaphyse tibiale. Ces deux os vont donc former un angle obtus, ouvert en

dehors, d’environ 170° : c’est le valgus physiologique.

Cette angulation est variable d’un individu à l’autre, en fonction de sa

pathologie.

Une augmentation ou une diminution de cet angle aboutira à une attitude

vicieuse pathologique : on parlera alors de genu varum ( le genou déporté

à l’extérieur) et de genu valgum (genou déporté à l’intérieur) qui

correspondent à des déformations dans le plan frontal.

Dans le plan sagittal, le segment jambier et le segment fémoral sont

alignés.

B. AXE MÉCANIQUE :

Il correspond à un axe qui passe par les trois centres articulaires de la

hanche, du genou et de la cheville. Il correspond donc à une droite qui

relie le centre de la tête fémorale, le centre du plateau tibial (interligne

articulaire fémoro-tibiale) et le centre de la poulie du talus. Cette ligne

est confondue avec l’axe du squelette de la jambe, mais forme un angle

de 6° avec celui du fémur.

Cet axe mécanique est donc toujours en dedans de l’axe anatomique.

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L’axe mécanique fait référence au positionnement des articulations de cet

axe. L’objectif sera de maintenir les articulations proches de cet axe. Cet

axe peut se définir par l’axe physiologique de plus faible contrainte.

Lorsque les articulations sont placées sur cette ligne, les pressions et les

tensions qu’elles subissent sont réparties de façon homogène . Ce

positionnement favorise une meilleure congruence articulaire, une meilleure

répartition des pressions, et détermine le mouvement et la dynamique.

C. AXES DE REPERAGE DU MOUVEMENT

axes de références chez l’être humain

Doc : Wikipédia

3 plans :

- Un plan frontal qui détermine les mouvements de flexion/extension

- Un plan sagittal qui détermine les mouvements d’adduction/abduction

- Un plan horizontal ou transverse qui détermine les mouvements de

rotations interne/externe

8

III : RAPPELS BIOMECANIQUES DE

L’ARTICULATION DE LA HANCHE , DU

GENOU , DE L’ ARTICULATION TIBIO-

TARSIENNE ET DE L’ATICULATION SOUS-

TALIENNE

Les membres inférieurs font parties des membres de la locomotion. Ils

permettent la station érigée, ainsi que la marche et la course. Ils sont

formés de 4 segments : Le bassin, la cuisse, la jambe et le pied.

A) LA HANCHE ou COXO-

FEMORALE, articulation du bassin,

relie le tronc au membre inférieur.

Cette articulation est formée du

fémur d’une part et de l’os coxal

d’autre part. C’est une énarthrose,

c’est-à-dire un segment de sphère

pleine (2/3) dans une sphère creuse

(acétabulum) qui permet des

mouvements dans les 3 plans de l’espace donnant ainsi l’articulation

la plus mobile de notre squelette.

Le fémur est formé d’une diaphyse et d’un col proximal, limitant

l’épiphyse proximale. Distalement, on trouve 2 condyles et une fosse

formant une articulation trochléarthrose avec le tibia et la rotule.

Mécanique articulaire :

Les mouvements se font dans les 3 axes, qui passent par le centre de la

tête du fémur.

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- Plan sagittal : flexion - extension

La flexion rapproche le membre du tronc, peut être active ou

passive. Cette flexion dépend du genou.

Genou tendu = 90°,

genou fléchi = 120°.

En flexion passive = 140°.

Extension = 15 à 20°

- Plan frontal : abduction adduction

Abduction (écarter le membre de la ligne médiale) = 45°

Adduction (rapprocher le membre) = 30°

- Plan transverse ou horizontal : rotations

Rotation externe = 60°

Rotation interne = 30°

Le contrôle du positionnement du genou et de la cheville dans

le plan frontal dépend de la hanche pour l’essentiel de par sa

grande mobilité et de la sous-talienne à un degré moindre,

celle-ci étant moins mobile.

B) L’ARTICULATION DU GENOU, unit la cuisse à la jambe, en

articulant l’extrémité inférieure du fémur, à l’extrémité supérieure du tibia.

C’est une articulation de type trochléenne à un seul degré de liberté,

flexion, extension. Cette articulation est très exposée contrairement à la

coxo- fémorale.

Cette articulation comporte un os sésamoïde en sa face antérieure, la

patella ou rotule.

Cette rotule sert de poulie de réflexion.

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Mécanique articulaire :

Articulation très exposée aux

différentes contraintes. Un

verrouillage se réalise en position

d’extension.

- Plan sagittal : flexion - extension

Extension : 0 à 15° =

hyperextension

Flexion active si la hanche est en

extension = 120°, 140° si la

hanche est en flexion ;

Flexion passive = 160°

Lors de l‘extension, le genou

exécute une petite rotation externe = 60°, lors d’une flexion le

genou effectue une rotation interne = 30°.

La stabilité du genou est assurée par des éléments essentiels que sont les

coques et les ligaments.

- Les coques bloquent tout mouvement de latéralité lors de

l’extension.

- Les ligaments latéraux LLI, LLE assurent une stabilité latérale

- Les ligaments croisés LCAE, LCPI assurent la stabilité antéro

postérieure

Le tibia est l’os le plus imposant des 2 os constituant la jambe, en

situation médiale et antérieure par rapport au péroné. Il assure avec le

péroné, os plus grêle, la liaison entre le fémur et les os du pied.

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C) L’ARTICULATION DE LA CHEVILLE ou articulation tibio-

tarsienne est une articulation trochléenne. Elle met en regard

l’extrémité inférieure du tibia, l’extrémité inférieure de la fibula,

ainsi que le talus (pilon tibial).

Mécanique articulaire :

1 degré de liberté. L’axe du mouvement passe par le centre de la

courbure de la poulie astragalienne.

-plan sagittal : flexion-extension

Flexion dorsale = 20 à 25°

Flexion plantaire = 30 à 40°.

La stabilité de la cheville est assurée en partie par les ligaments.

- Ligament Latéral Externe avec ses 3 faisceaux : antérieur,

moyen, et postérieur. Ce qui donne 2 faisceaux péronéo

astragaliens et 1 faisceau péronéo calcanéen.

- Ligament Latéral Interne composé d’un faisceau profond

antérieur, profond postérieur et un faisceau superficiel moyen.

Ce ligament recouvre les faisceaux antérieurs et postérieurs

c’est le ligament deltoïdien.

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D) Le pied est la partie du membre la plus distale. Il est relié à la

jambe par l’articulation de la cheville. Le pied constitué de 28 os,

16 articulations, et 107 ligaments, est composé de 2 parties, le tarse

dans sa partie postérieure et le métatarse dans sa partie antérieure.

Le pied a essentiellement un rôle d’équilibre, d’amortisseur et de

propulseur. On pourra le comparer aussi à un « capteur de

données » utile à la locomotion.

Les articulations du pied sont :

- L’articulation talo-calcanéenne, ou sous-talienne

- L’articulation talo-scaphoïdienne

- L’articulation calcanéo-cuboïdienne

- L’articulation scapho- cunéenne

- Les articulations tarso-métatarsiennes

- Les articulations intermétatarsiennes

- Les articulations métatarso-phalangiennes

- Les articulations interphalangiennes.

Mécanique articulaire :

L’articulation sous-talienne est une diarthrose à un degré de liberté autour

de l’axe de Henke.

2 types de mouvement :

Ils se réalisent autour de l’axe de Henke, oblique d’avant en arrière, de

dehors en dedans et de bas en haut.

- L’inversion : associée à un varus. Mouvement de flexion

plantaire, de supination et de rotation interne (adduction)

- L’éversion : associée à un valgus. Mouvement de dorsi flexion,

de pronation et de rotation externe.

Certains auteurs considèreront que l’articulation sous-talienne ne fait pas

partie du pied.

- L’articulation de la hanche oriente le fémur dans le plan

horizontal ;

- L’articulation du genou oriente la cheville par le biais du tibia

dans le plan horizontal ;

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- La sous-talienne oriente le pied dans le plan horizontal.

L’orientation du pied par rapport à la trajectoire résultera d’une ou de

plusieurs de ces articulations et sera lié à une automatisation d’une

gestuelle qui variera en fonction du patient et de ses activités physiques.

E) LES ANOMALIES ROTATIONNELLES

Nous avons pu observer qu’au sein de notre patientèle, il existe une

multitude de variations anatomiques qu’elles soient de l’ordre de

l’amplitude articulaire comme de l’orientation des articulations. Il sera

nécessaire d’évaluer par un test les limites du positionnement des

différents segments de membre les uns par rapport aux autres, et d’ en

identifier l’origine. Cette évaluation saura déterminer s’il s’agit d’une

limitation d’origine musculaire car si cela en était le cas, l’amplitude

musculaire peut évoluer mais pas l’amplitude articulaire. Cette évaluation

permettra de faire la différence entre un défaut de posture et un défaut de

structure constitutionnel et ainsi déterminera la capacité du patient à se

corriger. Le positionnement des pieds et leur orientation lors du test sera

prépondérant, car il sera alors facile de compenser un déficit par une

rotation du tibia ou une éversion ou inversion du pied. D’un point de vue

biomécanique, ce type d’organisation constitutionnelle entrainera des

compensations et des attitudes vicieuses qui auront tendance sans prise de

conscience, avec le temps, à se pérenniser.

On appellera l’antéversion et la rétroversion du col fémoral, la rotation

pathologique interne ou externe de hanche. Un angle de déclinaison sera

utilisé pour mesurer cette rotation. Les rotations ont pour conséquence de

déplacer le grand trochanter vers l’avant ou vers l’arrière du plan frontal,

et donc d’induire une rotation de l’ensemble du membre inférieur. Le

pied se trouvera ainsi dirigé dans une direction et une inclinaison définie

par l’angle pathologique d’antéversion ou de rétroversion, ceci de manière

14

adaptative dans un souci de semblant d’ « équilibre » non efficient en

terme de physiologie. Les conséquences de ces anomalies auront donc

pour effet de diriger le pied dans un sens différent de celui de la

marche. La fonction mécanique d’appui et de propulsion s’en trouvera

modifiée avec des contraintes sur les orteils selon son axe longitudinal

mais aussi selon un axe oblique. La biomécanique du système se trouve

de ce fait modifiée et est confrontée à une force latérale qui tend à

exercer un couple de torsion du membre inférieur. Il en résulte au niveau

du pied entre autre, une déformation des petits orteils fortement

comprimés dans le cas d’une rotation interne, ou une déviation en valgus

du premier rayon vers l’intérieur du pied dans le cas d’une rotation

externe. Dans le cas du genou, cette force latérale désaxera l’articulation

de son axe mécanique soit en interne selon qu’il s’agit d’une rotation

interne de hanche ou une déviation vers l’extérieur selon qu’il s’agit d’une

rotation externe. Cette force latérale provoquera donc une rotation de

l’axe jambier qui sera compensée par la laxité de l’articulation chez

l’enfant, mais qui modifiera de ce fait les contraintes liées aux efforts.

Ces défauts squelettiques pourront être corrigés chirurgicalement.

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IV : RAPPELS BIOMECANIQUES DES

MUSCLES STABILISATEURS DE LA HANCHE

A : LES MUSCLES ROTATEURS INTERNES

.

- Moyen fessier , muscle mono articulaire, il va de l’os iliaque

au grand trochanter sur la face externe du fémur. Il est

abducteur et stabilisateur du bassin en appui monopodal. Il est

rotateur interne par ses fibres antérieures en flexion de hanche

et rotateur externe par ses fibres postérieures en extension.

- le petit fessier, va de l’os iliaque au grand trochanter sur son

bord antérieur. Son origine est plus basse que celle du moyen

fessier. Il est abducteur, rotateur interne de cuisse par ses

fibres antérieures.

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- le tenseur du facia lata, va de l’épine iliaque antéro supérieure

à la tubérosité externe du tibia. Il est abducteur de cuisse,

fléchisseur de hanche.

- Le demi tendineux, il va de l’ischion au tibia au niveau de la

patte d’oie. Il est fléchisseur du genou et rotateur interne de

hanche.

- Le demi membraneux, il va de l’ischion au tibia en dessous du

plateau tibial. Il est fléchisseur du genou, extenseur de hanche

et rotateur interne.

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B : LES ROTATEURS EXTERNES

- L’obturateur interne, va de la face antérieure de l’ischion à la

face interne du grand trochanter. Il est rotateur externe de

hanche.

- Le carré crural, va du bord externe de l’ischion à la face

interne du grand trochanter. Il est rotateur externe du fémur.

- L’obturateur externe, va de la face postérieure de l’ischion, à

la face interne du grand trochanter. Il est rotateur externe du

fémur et abducteur de hanche.

- Le pyramidal, va de face antérieure du sacrum, à la face

supérieure du grand trochanter. Il est rotateur externe du fémur

et abducteur de hanche.

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- Le pectiné, va du pubis à la crête postérieur du fémur. Il est

adducteur de hanche et rotateur externe de cuisse.

- Le grand fessier, muscle de la locomotion, est composé de 2

couches une profonde et une superficielle. Le plan profond va

de la fosse iliaque externe à la face postérieure du fémur dans

son ¼ supérieur. Le plan superficiel va de la crête du sacrum

et de la lèvre externe de la crête iliaque au bord externe du

moyen fessier et du facia lata. Il est extenseur de hanche,

rotateur externe et abducteur.

- Le moyen fessier, est rotateur externe de par ses fibres

postérieures.

- Le biceps fémoral, composé de 2 corps, va de l’ischion au

péroné. Il est fléchisseur du genou en externe et rotateur

externe de hanche.

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- Les muscles adducteurs, petit, moyen et grand. Le petit et le

moyen vont du pubis à la crête postérieure du fémur. Le grand

adducteur, va de la face postérieure de l’ischion, au condyle

interne du fémur. Les adducteurs sont adducteurs et rotateurs

externes de cuisse.

D : INCIDENCES DES DEFICITS DES MUSCLES STABILISATEURS DU

BASSIN SUR L’AXE MECANIQUE du membre inférieur et ses différentes

articulations.

En passant de la quadrupédie à la station debout, l’homme bénéficie

d’une évolution mais hérite d’un point faible qui frappe autant les sportifs

occasionnels que les citadins sédentaires : l’affaiblissement. Or la stabilité

et la puissance du couple bassin/hanche sont nécessaires à la station

debout et à la marche.

De nombreuses activités sportives demandent une grande amplitude de

mouvement. Or celle-ci est souvent enraidie, ce qui retentit sur les

régions sus ou sous-jacentes.

Autant pour l’efficacité sportive que pour la prévention de la

traumatologie de la région dorsolombaire, mobilisation et renforcement des

stabilisateurs du bassin sont des fondamentaux incontournables.

La posture se détermine aux variations du positionnement des différentes

parties du corps les unes par rapport aux autres mais également à la

capacité à maintenir celles-ci face à des contraintes tendant à la perturber.

L’équilibre du bassin ainsi que la manière dont il est orchestré ne varie

pas quel que soit le mouvement réalisé. Et quel que soit ce mouvement,

une partie des contractions musculaires permet le déplacement dans

l’espace, pendant qu’une autre partie permet de se tenir érigé. Ces 2

fonctions n’ont en commun que le corps, mais il est possible de les

travailler indépendamment l’une de l’autre. Les 2 seront nécessaires pour

induire une marche ou une course. Par ailleurs ce n’est pas parce que

20

l’on entreprendra de corriger l’une que l’autre se corrigera et se

renforcera d’elle-même. Ces défauts de posture auront bien évidemment

une incidence au niveau de la dynamique.

C’est pour cette raison qu’il est judicieux d’analyser l’organisation du

corps en mouvement et sa capacité de maintien face donc aux contraintes

auxquelles il est confronté. C’est pourquoi il est nécessaire d’observer et

de décoder la gestuelle d’un patient sportif ou non sportif, en portant une

attention particulière à son vécu, son mode de vie, son contexte social et

à ses compensations.

Dans ce contexte, la physiologie dépend de la capacité de la personne à

maintenir une répartition de la pression homogène au sein de ses

articulations afin de préserver celles-ci de dégénérescences liées à des

zones d’hyperpressions. Cependant il est vrai que l’acquisition d’une

posture adaptée demande du temps et de l’investissement personnel de par

la répétition des mouvements, l’adaptation du système musculaire par son

renforcement, et nécessitera un effort de concentration et de rigueur jusqu’

à une automatisation du mouvement.

Les muscles de la hanche jouent un rôle essentiel sur les mouvements

latéraux du genou et de la cheville. Le système ligamentaire de ces

articulations en dépend aussi directement. Dans ce contexte, lors d’une

prise en charge d’un genou pour une douleur ligamentaire, d’une cheville

ou d’un positionnement du pied jugé incorrect, il faudra tenir compte des

stabilisateurs de hanche. On ne peut isoler un élément de cet ensemble en

raison de ses nombreuses interactions avec la stabilité de la hanche. En

dehors de toute malformation squelettique congénitale ou traumatique,

modifiant l’orientation des surfaces articulaires ou des rétractions

tendineuses ou musculaires, une hanche qui se positionnera mal, induira

une prise d’appui consécutive incorrecte, le pied n’ayant qu’un rôle

adaptatif qui nous assure une prise d’appui la plus efficiente.

Lors de la marche ou de la course, la phase de suspension détermine la

qualité de la phase de reprise d’appui à venir mais aussi la phase de

propulsion. Une hanche non stabilisée ne pourra répondre et faire face à

ces critères. Durant la phase de suspension, le membre inférieur n’est

soumis à aucune contrainte d’appui au sol. Il est seulement soutenu par

les muscles du bassin et du dos. Lorsque le membre franchit le centre de

gravité, cette chaine musculaire se compose pour l’essentiel du jambier

antérieur, couturier, droit antérieur et du psoas. Ces différents muscles

de par leurs insertions sur le système osseux imposent un mouvement

21

spécifique aux différents segments de membre garantissant l’alignement.

Cependant, on ne peut ignorer le rôle des muscles antagonistes et c’est

dans la recherche de cet équilibre que l’on pourra au mieux garantir un

bon alignement sur l’axe mécanique.

Si l’on prend par exemple le cas relativement fréquent d’un patient

présentant un déficit des stabilisateurs de hanche entre autre de ses

muscles fessiers, on observera lors de son déplacement vers l’avant en

phase de portée l’orientation de son genou en dedans. Sa hanche sera

donc en rotation interne et adduction, le pied se positionnera en dehors

de l’axe de déplacement. Lors du déplacement vers l’avant, il sera

observé un effondrement de l’arche interne du pied, d’un mouvement

d’éversion et d’une mise en tension des ligaments latéraux internes de la

cheville. Le genou de par l’effet de rotation externe du tibia subira une

torsion mettant en tension dans le plan horizontal le ligament latéral

interne, ainsi que les muscles de la patte d’oie. L’adduction de hanche de

par sa contrainte valgisante comprimera le condyle externe provoquant

ainsi une souffrance du ménisque externe. Ce type de démarche peut être

à tort associée à un pied plat, corriger le pied par une orthèse plantaire

contribuerait à affaiblir l’ensemble du membre inférieur et ancrerait le

déséquilibre.

Dans le cas inverse, il sera observé en cas de déficit des rotateurs

internes de la hanche, une contrainte latérale externe. Elle se manifestera

par une contrainte d’inversion pour la sous-talienne et par conséquent le

creusement de l’arche interne, une contrainte d’adduction pour le genou le

positionnant en varus , et une contrainte d’abduction et de rotation externe

pour la hanche.

22

V : ETUDE BIOMECANIQUE DES

DIFFERENTS APPUIS LORS DE LA COURSE

A PIED

A) COURSE EN PRISE D’APPUI TALUS

Il existe plusieurs façons de courir. Certains coureurs courent de manière

légère, en donnant une impression de glissement sur le sol et minimisent

l’impact au sol. Alors que d’autres courent en frappant le sol avec le

talon produisant un bruit non négligeable, en tout cas plus perceptible.

Des études ont montré que plus de 80% des pratiquants de la course à

pied posent le pied en appui talon. Dans le cadre de la course à pied, la

force de réaction du sol s’exprime par une onde de choc qui se propage

dans l’ensemble des parties molles, le tissu osseux, le tissu conjonctif, les

muscles et les disques intervertébraux . Cette onde peut atteindre une

valeur moyenne en propagation de l’ordre de 120km/h, et la force de

réaction est en valeur moyenne proche de 2 fois le poids du corps à

10km/h avec une fréquence d’appui de 160 pas par minute. Cette force

dépendra du degré de tonicité globale du corps ; elle sera alors soit

emmagasinée pour être en partie restituée lors de la propulsion, soit

dissipée. La course en prise d’appui talon inflige au corps un stress très

important du fait de l’impact du talon sur le sol, et cette pratique de la

course nécessite obligatoirement le port de chaussures adaptées et

amortissantes dites maximalistes. Cette chaussure interfèrera indéniablement

le rôle de capteur du pied et de ce fait modifiera l’appréciation générale

de l’équilibre du corps et donc son mouvement. Le pied ne pourra

inverser ou éverser que de façon limitée et l’interdépendance entre le pied

postérieur et le pied antérieur qui intéresse tant les sportifs que les

entraineurs, sera perturbée et entravée en partie. Par ailleurs, lors de la

course à pied on se déplace dans un seul plan, vers l’avant, dans le

plan sagittal, même si le contrôle de ce mouvement tient compte des

deux autres plans horizontal et frontal. La force de réaction au sol en

position talus donnera une force de freinage avant la phase de propulsion

entrainant de ce fait une dépense d’énergie perdue pour avancer et un

risque de tendinopathie.

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B) COURSE EN PRISE D’APPUI MEDIO PLANTAIRE :

Certains coureurs donnent l’impression de légèreté lorsqu’ils courent au

moment de toucher le sol, ne font pas de bruit, ce qui minimise

l’impact, tandis que d’autres frappent lourdement celui-ci du talon, nous

en avons déjà fait la remarque. La course en prise médio-plantaire

requiert une approche biomécanique différente de la gestuelle qui va

induire une mise en jeu différente des muscles, du squelette et des

tendons.

La course en prise médio-plantaire va faire intervenir l’interdépendance

entre le pied antérieur et le pied postérieur et de ce fait permettre au

pied de neutraliser les dévers du terrain et l’absorption des mouvements

latéraux. Elle renforcera par ailleurs la protection du genou dans les 3

plans en imposant par le mouvement une flexion de celui-ci, et une

dorsiflexion de la cheville, donnant une position fléchie souple, qui

contribuera à éviter par la contraction du soléaire la formation de tiroir

antérieur et à atténuer les chocs verticaux. La cheville sera de même

renforcée de par la contraction de ses muscles stabilisateurs.

Le passage d’une course en appui talon en appui médio-plantaire

nécessitera comme tout nouveau geste sportif une adaptation et un

apprentissage afin d’éviter toute blessure liée à une pathologie associée

à une forme de surentrainement ( tendinopathies, aponévrosites,

périostoses, fractures de fatigue,..). Il sera alors nécessaire de réaliser

régulièrement des séances visant à être conscient du mouvement et de

son orchestration, d’observer l’organisation du corps dans le mouvement

et d’analyser sa capacité de maintien et sa variabilité face aux

contraintes auxquelles il est soumis. L’analyse de cette variabilité

permettra de déterminer la marge de manœuvre et les limites

morphologiques du patient. Il faudra entre autre tenir compte et observer

la manière dont la jambe s’organise en phase de suspension, le devenir

dans la phase d’appui et la conduite de cet appui. Ce n’est pas parce

qu’un mouvement est possible qu’il respecte la physiologie articulaire.

En appui tout mouvement d’une articulation se répercute immédiatement

sur l’ensemble des articulations constituant le membre. Les muscles de

la hanche agissent sur les mouvements latéraux du genou et de la

cheville. Le système ligamentaire latéral de ces articulations se trouvent

donc tributaire des muscles de la hanche. C’est sur cette vision

24

d’ensemble, qu’il est nécessaire de prendre en compte la hanche dans le

cas d’une pathologie du ligament interne de la cheville, mais aussi du

positionnement et de la forme du pied.

C) BAREFOOT

Le barefoot se définit aujourd’hui comme une course « au naturel » ou

dans tous les cas minimaliste. En Ethiopie, la course est une obsession

nationale. On se souvient de Abebe Bikala jeune éthiopien alors, qui

avait remporté les Jeux Olympiques de Rome en 1960 en courant pieds

nus. Elle fût la première médaille olympique africaine. Et les Ethiopiens

en ont tiré une leçon. En course de fond ils sont les meilleurs du

monde, 5 médaillés d’or ces 10 dernières années. Les Ethiopiens sont si

forts qu’on pourrait croire qu’ils sont nés avec des corps différents !

Depuis de nombreuses études ont été menées et notamment par des

anthropologues et biomécaniciens comme Daniel Liebermann à

l’Université de Harvard, afin de déterminer pour quelles raisons les

équipes éthiopiennes ou kényanes avaient cette suprématie sur les

courses de fond. Hormis le contexte social faisant référence à une très

grande pauvreté, il a pu être observer que les entrainements

s’effectuaient pieds nus et que les coureurs mobilisaient leurs corps et

entrainaient leurs pieds dès qu’ils savaient marcher. De ce fait ils

développaient des pieds souples et très musclés. C’est peut-être là leur

secret…

Parmi les figures connues du marathon à avoir adopté les usages de la

course minimaliste, on retrouve l’ américain Mebrahtom Keflezighi

vainqueur du marathon de New-York en 2009 et 4ème aux J.O. de

Londres.

Courir pieds nus ou avec des chaussures minimalistes nécessite de

repenser sa façon de courir. Et comme tout nouveau geste sportif, oblige

à un nouvel apprentissage, une période d’adaptation plus ou moins

longue, de 6 mois à 3 ans, et qui peut s’avérer complexe. La pratique

de la course à pied chez un coureur confirmé ne dispense pas de ce

temps d’adaptation. Elle peut même s’avérer comme une contrainte

supplémentaire. Comme en relate le livre de Fréderic Brossard et Daniel

25

Dubois barefoot et minimalisme, courir au naturel paru aux éditions

Amphora, Emmanuel Pillet bon spécialiste français de la course pieds

nus (2h55 au marathon, 34mn sur 10kms route) indique avoir été victime

de fractures de fatigue des métatarsiens mais soutient par ailleurs en

plus d’avoir améliorer l’efficacité de sa foulée, « sembler mieux

récupérer. Et même s’il m’arrive que des petites coupures m’embêtent

quelques jours, je ne souffre plus de ces douleurs musculaires ou

tendineuses que de nombreux coureurs doivent supporter des semaines

voire des mois. »

D’un point de vue biomécanique, la chaussure ne permet pas

l’adaptabilité du pied antérieur par rapport au pied postérieur, et limite

le mécanisme de torsion. L’adaptabilité au relief du sol s‘en trouve

donc limité. Le pied tend à devenir rigide et ne permet plus de jouer

son rôle neutralisateur.

La prise d’appui en appui médio-plantaire pieds nus, sur une surface

dure, permet d’optimiser la qualité de la prise d’appui.

D) INTERETS DE LA COURSE EN FLEXION PLANTAIRE

MODEREE

Quelques rappels :

La chaine musculaire d’extension est composée des muscles du mollet,

quadriceps et du grand fessier. Le mouvement induit est d’étendre le

membre inférieur.

La chaine musculaire de flexion est composée des muscles jambier

antérieur, ischiojambier, et psoas. Le mouvement induit est le

raccourcissement du membre inférieur.

Selon la prise d’appui, talon ou médio-plantaire le système musculaire

mis en jeu sera différent.

En prise d’appui talon, une contrainte de flexion s’appliquera à la

hanche et au genou, la cheville subira une contrainte d’extension.

En prise d’appui médio-plantaire, la hanche, le genou et la cheville

subiront une contrainte de flexion.

Selon les appuis, les contraintes ne s’appliquent pas de la même manière

au niveau de la cheville et de ce fait, c’est une mise en jeu musculaire

26

différente qui s’applique : le mollet dans la prise d’appui médio-

plantaire, le jambier antérieur dans la prise d’appui talon. Le mollet

étant plus puissant que le jambier antérieur, et faisant partie de la

chaine musculaire d’extension, il contribuera à lutter de manière plus

efficace contre la gravité. Biomécaniquement, en raison des éléments

musculaires et des bras de levier plus importants, la prise d’appui

médio-plantaire permettra un plus grand contrôle de l’amortissement.

En prise d’appui talon, la jambe est en quasi extension totale et située

en avant du centre de gravité : la jambe subit la force de réaction du

sol. Il suffira à titre d’expérience et de ressenti de sauter sur place en

appui talon…puis en fléchissant les genoux légèrement, de se

positionner en appui medio-plantaire.

En prise d’appui médio-plantaire, durant la phase d’amortissement, la

force de réaction au sol s’exerce sur le pied antérieur, faisant fléchir la

cheville et légèrement le genou. Le mollet devient alors un relais

mécanique et un amortisseur efficace permettant aussi de limiter

l’angulation des articulations. Lors de la phase de propulsion, la triple

insertion du mollet permet de réaliser simultanément une extension du

genou et de la cheville, avec un seul but la propulsion. La voute

plantaire se déterminera comme un autre point clé, cette partie surélevée

du pied agit comme un ressort . Quand on marche, il n’y a ni stockage

ni restitution d’énergie élastique, mais lorsqu’on court, on utilise notre

pied comme un ressort et 17% de l’énergie mécanique du corps qui

frappe le sol est stocké puis restitué par ce seul ressort. En ce qui

concerne le mollet et son tendon d’Achille, il stocke et restitue 35% de

l’énergie dû au contact du sol. 58.6% selon une étude de l’IAAF

(International Association of Athlétics Féderations) réalisée afin d’

autoriser Oscar Pistorius (athlète amputé en transtibiale des 2 jambes,

courant avec des lames de fibres de carbone) à participer aux J.O. de

Pékin. Ce tendon d’Achille est un dispositif de stockage passif.

Lorsqu’on heurte le sol, la cheville descend et tend ce ressort. Dans un

second temps, ce ressort se détend et propulse le corps pour la course.

Ce travail de prise d’appui médio-plantaire permet de développer une

meilleure synergie entre le pied, la cheville et le genou et de restituer

lors de la propulsion, une partie de la force de réaction au sol

accumulée lors de la phase d’amortissement.

En prise d’appui talon, la composante horizontale de la force de réaction

au sol est dirigée vers l’arrière créant ainsi une force frénatrice du

mouvement. Cette force frénatrice sera à l’origine de nombreuses

tendinopathies, talalgies, aponévrosite plantaire …

27

VI : SYSTEME D’ANALYSE DYNAMIQUE

DES PRESSIONS PLANTAIRES PAR UN

DISPOSITIF « EMPORTE »

A) PRINCIPE :

C’est un dispositif portable, qui permet une analyse bilatérale des

appuis plantaires durant une séquence de marche ou de course. Cette

étude de la distribution des pressions de l’interface pied/sol a

permis d’apprécier :

- Les surfaces d’appui des pieds au sol,

- La composante verticale du pied au sol,

- Les paramètres spatio-temporels

B) MATERIEL ET METHODE

La mesure du mouvement a été réalisée par le concept footwork

insole proposé par l’entreprise AM3. L’avantage du concept est son

extrême mobilité et le mode de liaison bluetooth. Les données de

pressions dynamiques sont vues directement et il possible de

déclencher des « repères » afin de retrouver facilement un moment

du mouvement particulier.

Chaque semelle contient 80 capteurs capacitifs fonctionnant à

400 hertz et pèse en moyenne 50gr.

Chaque semelle est reliée à un boitier indépendant qui préenregistre

les données.

28

La taille des capteurs est de 7 X7 mm, la plage de mesure 1200kPa

(12kgf).

La transmission du bluetooth est d’une portée de 75m, le tout pour

une autonomie de 3h.

C) CONDITIONS D’EXAMEN

L’examen a été réalisé en une seule séance en plusieurs phases,

marche, course propre au patient, course avec consignes de

correction du geste.

L’expérience de marche et de course a été réalisée en cabinet sur

tapis de course. Le tapis de course est intéressant pour son mode

de fonctionnement : la cadence s’impose au patient pour chaque

membre de façon égale et peut être quantifiée en terme de vitesse

de marche ou de course. Il révèle très rapidement les déséquilibres

en les accentuant.

Par ailleurs, il permet d’observer le geste du patient en mouvement

sous différents angles : de devant, latéralement et de l’arrière.

De par le dispositif portable, il sera facile de renouveler

l’expérience en situation réelle de course en extérieur, ceci par

souci d’obtenir des valeurs plus justes.

D) QUELQUES CAS CLINIQUES

Mr M. G. marathonien, course en appui talon, tendinopathie Achille droit,

récurrente, le faisant souffrir dès qu’il court.

Genou Droit rentrant par rapport à l’axe mécanique. Stabilité latérale du

bassin faible, moyen fessier droit faible.

29

Courbes de force en course non corrigée :

Enchainement des pas : rouge PG

Pressions moyennes :

30

Décalage du croisement :

Mr M. G. course corrigée en course appui médioplantaire. Axe des pieds

par rapport à la direction de course corrigé reste dans l’axe de direction

de course. On a demandé au patient de projeter plus en avant son centre

de gravité en avançant le buste obtenant ainsi un effet de « griffage » et

dimunant la force allant vers l’arrière le ralentissant.

Courbes de forces :

31

Enchainement des pas :

Pressions moyennes :

Décalage du croisement :

32

D’après cet examen réalisé en cabinet à l’aide de capteurs de

pression sous forme de semelles intégrées dans la chaussure, on

peut apprécier l’allègement des impacts au niveau des talons

postérieurs et une rééquilibration des appuis en talon antérieur.

L’acquistion du geste reste difficile pour le patient. Malgré la

mise en tension de ses tendons d’Achille , le patient ne souffre

pas. Le rôle du pied dans sa fonction d’amortisseur est respecté.

Mme J. Christelle, marathon. Cette patiente consulte pour une douleur sur

le dessus du pied droit en latéral et des douleurs aux genoux en externe.

A l’examen clinique, les angles de rotation des hanches sont corrects en

mobilité. Un genu valgum bilatéral avec un effondrement en dedans des

axes mécaniques, ceci de manière plus conséquente du côté de sa jambe

droite. Le pied droit est en abduction. Elle court en appui talon.

Courbes de forces. Course inhérente au patient à 9km/h :

33

Enchainement des pas : PG en rouge

Temps de contact :

Décalage du croisement :

34

J’ai procédé à une correction de la course de Mme J. en lui proposant

une course en appui médio-plantaire avec une projection plus en avant de

son centre de gravité par une inclinaison du corps vers l’avant. Je lui ai

demandé par ailleurs de rester vigilante quant à l’orientation de ses pieds

par rapport à l’axe de la course.

Courbes de forces, course en appui médio-plantaire :

Enchainement des pas :

35

Temps de contact :

Hormis le fait que Mme J. court de manière plus légère et donc

en impactant moins, j’ai pu observer que ces axes mécaniques

sont corrigés dans ce geste, la patiente ne ressent pas de

douleur. Les courbes montrent que la propulsion se symétrise

entre les 2 pieds. Les appuis sont plus équilibrés.

Décalage du croisement :

36

Mr B.JP coureur de 800, et pentathlon. Rupture partielle du

tendon biceps fémoral gauche à 25 ans, et claquage mollet Droit

laissant une atrophie partielle. Actuellement en consultation pour

une douleur au tendon d’Achille Droit. A l’examen clinique à la

course on observe une adduction du Genou Gauche rentrant par

rapport à l’axe mécanique, une stabilité de hanche droite faible

avec un moyen fessier faible. Rotation externe faible. J’ai réalisé

des images par plate-forme des forces embarquées dans les

chaussures.

Le patient court sur tapis de course.

L’examen pourra être réalisé si besoin sur terrain extérieur pour

une meilleure appréciation de la propulsion.

Courbes de forces en course appui talon non corrigé :

37

Enchainement des pas en course appui talon non corrigée. PG en Rouge

Temps de contact :

Décalage du croisement :

38

Les courbes mettent en évidence l’impact des 2 appuis , talon postérieur

et talon antérieur. Il est aisé de voir l’incidence du déficit du jumeaux de

la jambe droite (en vert), avec un ralentissement lié à la force d’impact

suivant le choc du talon droit.

Course corrigée en appui médio-plantaire

Courbes de forces :

La course ayant été corrigée en position médio-plantaire, avec une

exigence particulière apportée sur le parallélisme des 2 pieds. Il est

intéressant d’observer une amélioration des courbes allant vers une

symétrie des 2 pieds.

La difficulté du pied droit à se positionner est toujours présente mais

nous tiendrons compte qu’il n’y a eu aucun travail de renforcement

musculaire entre les 2 examens effectués.

39

Enchainement des pas en course corrigée prise médio-pied

L’impulsion est quasi identique. On notera un très léger pic au pied

gauche de ralentissement.

Temps de contact :

Décalage du croisement :

40

La difficulté de la position course en appui médio-plantaire est présente

mais mérite d’être travaillée. Les centres de pression des forces sont

positionnés sur les talons antérieurs. Le renforcement musculaire au niveau

des hanches et de la ceinture pelvienne finira de contribuer je pense, à

améliorer les images.

E) REFLEXIONS SUR CE QU’IL Y A LIEU DE RETENIR :

Contrairement aux plate-formes, le système de semelles embarquées donne

seulement la composante verticale de la force de l’interface pied/sol. Les

composantes horizontales, transversales et sagittales ne sont pas

enregistrées. Il permet cependant d’étudier des regroupements spatiaux par

zone : talon postérieur, talons antérieurs interne et externe. Cela autorise

la détection des zones d’hyperpression anatomiques. Le système permet

une cartographie du pied en dynamique. Il mériterait d’être complété par

des méthodes morphocinétiques type Vicon. La synchronisation avec le

podomètre donnerait un excellent complément de résultats en ce qui

concerne la vitesse, la longueur du pas, les courses angulaires des

articulations, et la trajectoire du centre de gravité. Sur le plan de l’étude

de ces différents cas, j’ai pu associer les données de l’expérimentation et

l’observation clinique de la dynamique des patients.

Dans ce cadre, les paramètres suivants m’ont paru intéressants :

- L’étude des vitesses de déplacement du centre de poussée pour

déceler une différence significative des vitesses de marche et

de course,

- L’étude des forces appliquées sous chaque pied qui pourraient

refléter une latéralité des forces et en déduire des déficit de

maintien dans l’axe mécanique,

- L’étude du décalage du croisement du centre de poussée

(courbe papilon) par rapport à l’axe médian.

Dans l’observation des différents cas il m’est paru intéressant de noter le

décalage à gauche du croisement du centre de poussée, propre aux

sportifs.

41

Le fait de positionner la course en appui médio plantaire, cela a contribué

à cette logique de disparition de la force résultante de l’impact au sol , à

une harmonisation des poussées pour une meilleure latéralisation pied

droit/pied gauche mais surtout à permettre au corps de se réadapter à un

équilibre et de développer un ressenti.

VII : RÔLE ET INCIDENCES DES ORTHESES

PLANTAIRES SUR LES TECHNOPATHIES DU

SPORTIF

Depuis 1983, j’exerce le métier de Podologue, je suis amenée à réaliser

des orthèses plantaires afin de tenter de corriger et de soulager les maux

des patients. J’ai très vite compris qu’il était primordial de faire la

distinction entre les patients en attente de confort, souvent des patients

d’un âge avancé ou ayant une activité professionnelle en station debout

pour l’essentiel du temps, et les autres. Parmi ceux-ci, sont amenés à

consulter les enfants présentant des troubles de l’équilibre liés le plus

souvent à leur âge et se corrigeant de ce fait souvent spontanément, les

patients ayant subi un ou des traumatismes pour qui des orthèses sont

justifiées, et les sportifs en quête de solutions pour améliorer leurs

efficience au niveau de leur geste et leur performance, ou obéir à une

certaine tendance à se faire appareiller du moment qu’on pratique la

course à pied…

Le rôle de la stabilité est classiquement dévolu aux ligaments, qui

assurent la cohésion des pièces osseuses en limitant les disjonctions

articulaires, les mouvements étant limités par la forme des dites pièces

osseuses. Dans le mouvement, le système musculaire joue un rôle actif

dans la stabilité, la mobilisation et l’axe de mobilisation.

42

Le pied remplit son rôle d’adaptateur au relief du sol lors de la prise

d’appui, de par sa malléabilité plus ou moins maitrisée. Cependant, vous

pouvez modifier un pied creux ou un pied plat sans pour cela porter des

orthèses plantaires, en réorganisant la gestuelle et en apprenant à replacer

correctement les différents segments de membre. On tiendra compte au

préalable bien sûr qu’il n’y ait aucune malformation, de troubles

neurologiques ou de limitation articulaire consécutive à un traumatisme.

Lors de la plupart des examens réalisés avant la réalisation d’orthèses

plantaires ou tout simplement l’achat de chaussures de sport, le principal

référentiel est le positionnement de l’arrière pied et le patient est très

fréquemment observé de l’arrière. Il est regrettable que l’on ne tienne pas

compte de l’orientation du pied durant la marche. Or il est fondamental

de faire coïncider l’orientation des différents segments de membre avec

l’axe de déplacement afin de respecter la physiologie articulaire et

optimiser le mouvement. Ainsi c’est le moulage de votre chaussure ou de

votre semelle qui positionne votre talon. Toutes les fonctions stabilisatrices

passives comme actives sont supplées et s’en trouvent par la même

occasion considérablement affaiblies. Le système ligamentaire comme

musculaire n’est plus autant stimulé, puisque un élément extérieur se

substitue à leur fonction. Cela créera à plus ou moins long terme une

dépendance à cette semelle et contribuera progressivement à une atrophie

du système musculaire de soutien. C’est pour cette raison que nous

devrions être sensibilisés et apprendre dès le plus jeune âge à maitriser le

placement de nos jambes, de nos pieds et comment nous déplacer.

L’utilisation des semelles ne sera intéressante que lorsque le patient ne

voudra pas se prendre en charge, acceptera de ce fait de porter ces

dispositifs, et dans le cadre de déformations du pied.

Lorsqu’on observe le patient de face, on a une idée plus juste de

l’organisation de sa jambe. La semelle correctrice aura pour but de

modifier la position de la sous-talienne et donc fera évoluer le

positionnement des articulations sus-jacentes. Elle aura donc une action

ascendante. Une orthèse quelle qu’elle soit affaiblira le travail musculaire

et ne tiendra pas forcément compte de l’origine de l’éversion ou de

l’inversion du pied. Par exemple lors d’une rotation interne de la coxo-

fémorale, le pied se positionnera en éversion, l’axe jambier sous le genou

se positionnera en rotation externe, abduction produisant au niveau de

l’articulation une torsion de celle-ci. Il est donc absolument nécessaire de

connaitre l’origine du positionnement des articulations avant d’entreprendre

une correction quelconque. Dans la plupart des cas que j’ai été amenée à

43

traiter, un simple travail de renforcement musculaire du bassin et des

hanches et une sensibilisation au positionnement a suffi à résoudre le

problème. L’observation du patient de face donnera donc une idée juste du

positionnement de ses segments de membre et en phase dynamique mettra

en évidence les différents déficits.

En résumé, réadapter par des orthèses plantaires, un patient ne présentant

aucune pathologie d’ordre traumatique ayant pu entrainer un déficit dans

les amplitudes articulaires, ou de déformation, s’avère illusoire, voire

inutile. Elle peut même contribuer à accentuer le déficit. Une orthèse

pourrait éventuellement remplir son rôle en position statique, talon et

avant pied posés au sol, mais nous savons bien que nous évoluons sur un

mode dynamique avec des phases d’appui, et de suspension, des phases

d’impact et de propulsion. Comment établir l’effet d’une semelle quand le

patient est en appui avant pied, ou en phase d’élévation ? comment établir

cet effet correcteur quand on sait l’adaptation de la palette métatarsienne

au relief du sol ? A la rigueur dans les chaussures de ski, qui sont

montantes et figent le pied…

Par ailleurs, on ne saurait conclure ce chapitre sans parler de la

fabrication des orthèses. J’utilise pour l’essentiel des matériaux

thermoformables pour leur réalisation. L’adaptation est meilleure.

Cependant, quand bien même je m’emploie à respecter le positionnement

des articulations par rapport à l’axe mécanique, en simple appui, je ne

pourrais jamais réaliser une semelle dynamique en situation réelle, et cette

semelle contraindra le pied à une certaine forme.

44

VIII : CONCLUSION

La réflexion qui informe, nourrit ce mémoire est issue plus d’une

expérience personnelle et d’une recherche, d’un cheminement, que d’un

référencement à une bibliographie.

Bien que les moyens techniques d’analyse se soient considérablement

développés, je regrette de constater que bien des professions comme celle

de podologue entre autres restent encore très sectorisées dans leur

domaine d’étude et bien trop souvent ne considèrent pas le corps humain

comme un tout, un ensemble.

La course à pied ne consiste pas simplement à mettre des chaussures et à

aller courir, la marche d’aller d’un point A à un point B sans tomber.

C’est un geste technique spécifique comme tout autre sport qui une fois

acquis donne les moyens de développer la cohésion entre les différentes

parties du corps, de renforcer le système stabilisateur dans un souci de

préservation.

Cet apprentissage nécessitera d’avoir conscience de son schéma corporel

afin de développer la capacité de mobiliser chaque segment de membre

indépendamment l’un de l’autre, d’en garder une cohésion par le

renforcement musculaire afin que l’énergie mécanique se transmette

efficacement, une bonne mobilité articulaire par le travail de la souplesse.

De la qualité de la gestuelle dépendra le renforcement de la posture, ceci

de façon plus conséquente, qu’un travail musculaire spécifique.

Du praticien dépendra la mise en évidence et la prise de conscience par

le patient des différentes asymétries mais aussi des déficits de certains

secteurs. Le corps ne fait que s’adapter à la fonction, par conséquent il

est indispensable d’être le plus rigoureux possible dans l’exécution du

geste et le positionnement des différents segments.

Une fois ce geste et ce positionnement acquis, la course à pied et la

marche par le travail postural dynamique et l’intégration du schéma

corporel qui en découle, servira de base à l’ensemble des autres sports.

45

Je n’aborde pas dans ce mémoire volontairement tout le travail de la

ceinture scapulaire qui est pourtant primordial et indissociable de la

locomotion, marche et course. La réflexion se limitant au maintien des

différents segments de membre sur l’axe mécanique du membre inférieur.

Le sujet et la réflexion que j’ai tenté de traiter au sein de ce mémoire

s’applique à tous les patients sportifs et non sportifs soucieux avant tout

d’ un développement harmonieux de leur équilibre.

46

BIBLIOGRAPHIE

47

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locomoteur.

Tome 2 Le membre inférieur. Ed Maloine.

2 Sobotta, Atlas d’anatomie, tome 1 et 2, Editions Médicales

Internationales, 1995

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tridimensionnelle de la marche et de l’appui du pied au sol. Med

chir Pied.

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2006

5 Patrick GRAND et Jean Paul BRACKMAN, étude comparative de

certains paramètres de la marche obtenus grâce au baropodomêtre

électronique autonome chez 31 sportifs. Thèse de doctorat 1993

6 Dennis M. BRAMBLE et Daniel E. LIEBERMAN, endurance

running and the evolution of Homo, Nature Publishing Group vol

432 november 2004

7 McDougall, Christopher 2009 Born to Run : A hidden tribe,

Superathletes, and the greatest Race the Word Has Never Seen,

8 Fréderic BROSSARD et Daniel DUBOIS, Barefoot et minimalisme,

courir au naturel, ed Amphora 2012

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9 G.F. PENNECOT, troubles de la marche, entretiens de Pédiatrie et

de Puériculture Bichat 2011

10 Robert DARMANA, étude biomécanique des conséquences des

rotations internes et externe de la hanche sur les articulations du

membre inférieur, hanche et genou, thèse de doctorat 1985 BU

sciences Université Paul Sabatier Toulouse

11 Philippe DEDIEU, Dynamique de Coordination chez l’Homme, de la

coordination intra-membre à la coordination inter-membre, thèse de

doctorat 2011, UPS STAPS Toulouse

12 Eric VIEL, la marche humaine, la course et le saut. Biomécanique,

explorations, normes et dysfonctionnement. Ed. masson

49

« La force ne dépend pas de la capacité physique, mais de la volonté à se réaliser »

Gandhi