Médecins du Monde association humanitaire - La santé n'est pas un luxe

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CONTACTS PRESSE MéDECINS DU MONDE Florence Priolet Solenn Assathiany Laure Antoine Tél. 01 44 92 14 31 / 14 32 06 09 17 35 59 MEDIAPRISM Jean Claude Roux 06 07 57 60 30 Anne Rabasse 06 58 91 95 05 www.lasantenestpasunluxe.org www.medecinsdumonde.org w w DOSSIER DE PRESSE JOURNÉE MONDIALE DE LA SANTÉ w 7 AVRIL 2011 LUXE LA SANTÉ N’EST PAS UN Une couverture maladie pour tous

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La santé n’a pas de prix mais elle a un coût. Et un coût de plus en plus difficile à surmonter pour les plus vulnérables que ce soit dans les pays dits riches, ou dans les pays les moins développés.

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cOntactS PRESSE

MéDeCiNs DU MoNDeFlorence priolet solenn Assathiany Laure AntoineTél. 01 44 92 14 31 / 14 32 06 09 17 35 59

MeDiAprisM Jean Claude roux06 07 57 60 30

Anne rabasse06 58 91 95 05

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DOSSIER DE PRESSE

jOuRnéE mOnDIalE DE la Santéw 7 avril 2011

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Une couverture maladie pour tous

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Médecins du Mondew Dossier De presse, 7 avril 2011

La santé n’a pas de prixmais elle a un coût.

La santé n’a pas de prix mais elle a un coût. Et un coût de plus en plus difficile à surmonter pour les plus vulnérables que ce soit dans les pays dits riches, ou dans les pays les moins développés. Pour des millions d’individus à travers le monde, l’obligation de payer pour accéder aux soins représente une bar-rière financière infranchissable et une des principales causes d’appauvrissement. Chaque année, plus de 100 millions d’individus basculent dans la pauvreté suite à des dépenses de santé trop lourdes (chiffres OMS). Cette réalité s’exprime avant tout dans les pays à faible re-venu. En Afrique sub-saharienne, moins de 10% de la population bénéficie d’une couverture maladie. Mais le défi de la couverture maladie universelle résonne également dans les pays développés. En France, les réformes engagées ces dernières années dans le domaine de l’assurance maladie (fran-chise médicale, déremboursements de certains médicaments, offensive contre l’aide médicale d’Etat -AME- qui devient désormais payante…) ne font qu’accroître les difficultés financières auxquelles se heurtent les personnes défavorisées pour se faire soigner.

“Des limousines commeambulances”

Face à cette aggravation des inégalités en santé, le 7 avril, Médecins du Monde s’installe au centre de paris, place du Palais Royal, entre le Louvre et le Conseil d’Etat, pour réaffirmer que la santé n’est pas et ne doit pas être un produit de luxe. Limousines-ambulances pour transporter brancards et médecins, vitrines blindées pour présenter des médicaments, des stéthosco-pes, des vaccins et des “cartes vitales Gold”, devenus désormais objets précieux et protégés.Tous les codes du luxe et de l’exclusivité sont utilisés pour une mise en scène peut être provocante, mais surtout réaliste au regard de la situation sanitaire des plus pauvres.

Un message simple pour le G20 de 2011 présidé par la France

Sortis des limousines transformées en ambulances, les médecins militants de MdM portent lettre après lettre, un mes-sage simple à l’attention des membres du G20 qui se déroulera à Cannes en 2011 : “La santé n’est pas un luxe”.Alors que la promotion d’un socle universel de protection sociale est à l’agenda de ce G20 présidé par la France, il est crucial que l’accès pour tous à une couverture du risque maladie prenne toute sa place dans le débat et qu’il en ressorte des engagements forts en faveur de l’accès aux services de santé essentiels.

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LA SAnTé EST un dROiT univERSEL AvAnT d’êTRE un MARChé Guidé

PAR LA REnTAbiLiTé à COuRT TERME .Dr olivier Bernard,

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un bIlan amER : DES amélIORatIOnS glObalES maIS DES InégalItéS quI S’aggRavEnt au cours des 20 dernières années, des améliorations ont été enregistrées en termes de lutte contre la mortalité infantile. on est ainsi passé de 12,5 millions de décès en 1990 au niveau mondial par an à 8 millions en 2009, soit une réduction d’un tiers. de même, on comptait 550 millions de décès maternels en 1990 contre 358 000 en 2008.il y a donc une amélioration très lente, trop lente pour atteindre les objectifs du millénaire pour le développement (oMd) sur lesquels la communauté internationale s‘est engagée pour 2015. Mais cette amélioration ne bénéficie pas aux plus pauvres et les inégalités, entre populations ayant accès aux soins et populations vulnérables, s’accroissent dans le même temps dans tous les pays.

pas ou plus depersonnel soignant

Dans des pays comme le Bénin, le Burkina Faso, le Libéria ou le Mali, on recense moins de 1 médecin pour 10 000 habitants. En France, on en dénombre plus de 30 pour le même nombre d’habitants.Au niger, on compte 1 sage-femme pour 33 500 habitants, contre 1 sage-femme pour 3 300 habitants en France, soit un ratio dix fois plus élevé. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) préconise au moins une sage-femme pour 5 000 habitants.

inégalités financières colossales

Les dépenses de santé entre les pays les plus pau-vres et les pays les plus riches varient de 1 à 1 000. En moyenne, dans les pays les plus pauvres, les dépenses de santé ne dé-passent pas 32 dollars par habitant et par an. dans les pays développés, les dépenses de santé se situent autour de 3 000 dollars par habitant et par an.

Les dépenses publiques nationales de santé varient entre 20 dollars par personne et par an et plus de 6 000 dollars : 6 dollars au Libéria, 8 dollars en haïti, 9 dollars au niger... et 2 900 dollars en France.

100 millions de personnes par an basculent dans la pauvreté en raison de dépenses de santé auxquelles elles ne peuvent faire face.

Des engagementsnon tenus

L’engagement de la communauté internationale est de consacrer 0,7% du piB à l’aide au développement des pays pauvres. Cet engagement n’est pas tenu : en 2010, la France consacre seulement 0,47 % de son piB à l’aide au développe-ment. En moyenne, les pays membres de l’OCdE (l’Organisation de Coopération et de développement Economiques), soit, les pays dits riches, consacrent en moyenne seulement 0,31% de leur piB à l’aide publique au développement.

L’oMs recommande que les pays donateurs consa-crent 0,1% de leur richesse nationale à l’aide au développe-ment en santé. Aujourd’hui, la France est loin du compte et devrait doubler son aide actuelle pour atteindre cet objectif.

L’engagement des pays du sud en matière de santé est trop faible. Les pays africains se sont engagés en 2001 à consacrer 15% de leur budget annuel à la santé. Aujourd’hui, seuls trois d’entre eux (Rwanda, Tanzanie, Libéria) respectent cet engagement. Pour les pays d’Afrique, la moyenne de la part du budget annuel consacré à la santé est seulement de 9,6% et 20 pays signataires de l’engagement de 2001 allouent à présent à la santé moins qu’ils ne le faisaient il y a neuf ans.

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inégalités face à la mort notamment pour les femmes et les enfants

22 000 enfants meurent chaque jour de causes qui auraient pu être évitées ou traitées. un enfant africain sur huit meurt avant l’âge de 5 ans alors que le ratio est de 1 pour 167 dans les pays riches.

Chaque jour, près de 1 000 femmes décèdent suite à des complications liées à la grossesse ou accouchement. Sur ces 1 000 femmes, 570 sont des femmes d’Afrique sub-saha-rienne, 300 sont d’Asie du Sud et 5 seulement des pays riches. En Asie et en Afrique, moins d’une femme sur deux bénéficie d’un soutien médical lors de son accouchement.

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Le Niger présente – avec la Sierra Leone – le taux de mortalité maternelle le plus élevé au monde : 1 800 décès pour 100 000 naissances. Le risque pour une femme de mourir en raison de complications liées à sa grossesse ou son accouche-ment est de un sur sept. un enfant sur cinq décède avant l’âge de 5 ans. Les raisons sont toujours les mêmes : le coût des soins, la dis-tance – un nigérien sur deux habite à plus de 5 kilomètres d’un centre de santé – et le manque de personnel soignant. Le pays ne dispose que de 288 médecins, soit 1 pour 50 000 habitants, principalement en milieu urbain. On compte 1 sage-femme pour 33 500 habitants. Ainsi moins de 50% des femmes enceintes bénéficient de soins prénataux au niger. (Sources uniCEF)

Depuis cinq ans, Médecins du Monde se bat pour supprimer les obstacles financiers et soutient la politique de gratuité des soins mise en place par le gouvernement nigérien pour les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans. Avant l’introduction de la gratuité, une nigérienne devait dépen-ser 60 000 CFA (120 dollars) pour bénéficier d’une césarienne, or 63% de la population vit avec moins d’un dollar par jour. Depuis, le nombre de consultations des femmes enceintes a été multiplié par deux et celui des enfants de moins de 5 ans par trois.MdM poursuit son plaidoyer pour étendre la gratuité à la prise en charge des accouchements, au-delà des césariennes.

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Au Libéria, une femme sur deux accouche sans assis-tance médicale et seules un tiers dans une structure de santé. La mortalité maternelle est donc parmi les plus élevées au monde : 1 000 décès pour 100 000 naissances. Moins de 10% de la popula-tion a accès à des services de santé de qualité et plus d’un enfant sur sept meurt avant l’âge de 5 ans.Médecins du Monde est présent depuis 2003 dans le comté du bong, au nord du pays, et a développé un programme pour lutter contre les différents obstacles auxquels la population doit faire face pour se faire soigner : réhabilitation et accompagnement des structures de santé, formation, consultations et fournitures de médicaments.

L’éloignement géographique des structures de soins :

40% de la population vit à plus de cinq kilomètres du centre de soins le plus proche et il faut compter en moyenne plus de deux heures de marche pour l’atteindre. MdM soutient donc dix centres de santé de proximité du comté du bong qui peuvent ainsi proposer un panel de soins complet (consultations médi-cales, suivi de grossesses, consultations de santé mentale...) Chaque année, plus de 100 000 consultations sont assurées ainsi que près de 2 500 accouchements. L’association a également participé à la réhabilitation d’un hôpital ayant vocation à devenir une référence pour la prise en charge des urgences obstétriques et néo-natales pour la région. dans cette zone rurale où les distan-ces dissuadent les femmes de venir accoucher dans un hôpital, nombreuses sont celles qui peuvent enfin être prises en charge dans une structure qualifiée.

La pénurie de personnels soignants : Au Libéria, on dénombre 51 médecins pour 3, 5 millions d’habitants, soit moins d’un médecin pour 10 000 habitants et moins de 1 000 infirmiers et sages-femmes pour l’ensemble du pays. Le pays ne compte qu’un seul psychiatre alors que l’ensemble de la population a été traumatisée par l’extrême violence de la guerre civile. Pour lutter contre cette pénurie de ressources humaines, MdM assure des formations à l’école d’infirmiers sages-femmes de la ville de Phebe et forme des infirmiers psychiatres dans les dix centres de soins. L’association octroie également des bourses aux étudiants en santé en échange d’un engagement à exercer durant plusieurs années dans le comté du bong.

Le coût des soins : dans un pays où plus de 90% de la population vit avec moins de 2$ par jour, MdM soutient la po-litique de gratuité des soins mise en place sous l’impulsion de la présidente Ellen Johnson Sirleaf à son arrivée en 2006.

avant la mise en place de la gratuité, si une femme développait une complication pendant son ac-couchement, le temps de trouver l’argent pour payer le carburant et l’évacuer elle était souvent déjà morte.”

avant si nous n’avions pas d’argent, nous ne ve-nions même pas au centre de soins puisque nous ne pouvions pas payer les médicaments. Mainte-nant nous pouvons venir faire soigner nos enfants gratuitement.”

J’étais infirmière pendant la guerre. beaucoup de femmes mouraient des suites de leur accou-chement. Je les voyais mourir mais je restais impuissante. c’est pourquoi j’ai décidé de suivre une formation de sage-femme après la guerre. re-tourner sur les bancs de l’école a été difficile mais aujourd’hui, cela porte ses fruits. Je vais être fière de travailler lorsque je serai diplômée, de faire en sorte que les femmes accouchent en toute sécurité, de leur apprendre à s’occuper de leur bébé… Je veux transmettre aux autres mes connaissances.”

Je suis directeur d’un hôpital mais aussi médecin et chirurgien. Je pratique la chirurgie depuis qu’il n’y a plus assez de méde-cins dans cet hôpital : il y en avait dix avant la guerre, et nous sommes maintenant quatre moi-inclus. les personnes peuvent attendre 5 heures même en cas d’urgence. Pour tout le personnel soignant c’est la même chose, nous sommes seuls à un poste où nous devrions au moins être deux. on ne peut pas embau-cher d’infirmières. nous manquons de médicaments. nous ne pouvons payer l’électricité donc nous allumons les lumières seulement la nuit. là je pars à Monrovia mendier pour payer le fuel pour l’électricité.”

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Directeur de l’hôpital de Phebe Une patiente d’un centre de soins La responsable d’un centre de soins du district de KeitaMiriam, étudiante sage-femme à l’hôpital de Phebe ‘‘ ‘‘

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Le reste à charge : un coûtde plus en plus lourd

Franchises médicales, déremboursements de cer-tains médicaments, soins dentaires ou optiques trop chers… Touchée par la crise économique et ne pouvant faire face à des coûts de plus en plus lourds, une part croissante de la population retarde voire renonce aux soins. 6% de la population française ne disposerait pas de complémentaire santé : le plus souvent, des travailleurs “trop pauvres” pour payer une mutuelle mais “pas assez” pour bénéficier de la couverture maladie universelle complémentaire. 7.8 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté, soit 13% de la population française.

Une situation sanitaireaggravée par les expulsions répétées

La politique liant sécurité et immigration menée par le gouvernement vient aggraver la situation sanitaire de popu-lations déjà très vulnérables. Exclues et premières victimes de la crise, elles sont désormais les cibles désignées des politiques sécuritaires. La volonté des pouvoirs publics de précariser un peu plus ces personnes a des effets sur leur santé. Expulsions répétées, démantèlement des lieux de vie, peur de se déplacer, conduisent les personnes sans-papiers à retarder voire à renoncer aux soins. Et les associations comme MdM à ne plus pouvoir assurer le suivi médical : les campagnes de vaccination d’enfants Rroms sont interrompues, le suivi des grossesses est mis en place avec retard, le traitement des maladies chroniques n’est pas assuré. Les lois qui permettent d’assurer un minimum d’accès aux soins pour les personnes sans-papiers les plus pauvres sont aussi remi-ses en cause. En mars, un droit d’entrée de 30 euros pour accéder à l’AME (aide médicale d’état pour les personnes sans-papiers vivant avec moins de 634 euros par mois) a été instauré. un nou-veau frein qui renforce l’éloignement des soins des populations déjà vulnérables. un contre sens en matière de santé publique.

Migrants, demandeurs d’asile, sans-papiers, rroms, personnes se prostituant, personnes vivant à la rue ou dans des squats… tous ceux que MdM soigne depuis plus de 25 ans sont désormais considérés par les pouvoirs publics non plus comme des personnes en grande préca-rité, mais, par un effet de glissement, comme des menaces. Cette politique de stigmatisation et de “criminalisation de la pauvreté” a des répercussions immédiates sur la santé et les conditions de vie de ces populations.

+17 % d’augmentation du nombre de patients vus

dans les centres de MdM.

Doublement du retard aux soins :

22 %des personnes reçues par MdM ont recours aux

soins avec retard et quand ils n’ont vraiment plus le

choix contre 11% en 2007.

+30 % de patients mineurs entre 2008 et 2009. un nombre toujours plus important de mineurs se

rend dans les centres de MdM pour se faire soigner

sans avoir aucune couverture maladie.

3 chIFFRES cléS : LA déGRAdATiOn bRuTALE 2007 w 2009

En FRancE : unE DégRaDatIOn bRutalEvulnérables, exclus, sans-papiers sont les premiè-res victimes de la remise en cause d’un système social fondé sur la solidarité. les attaques répétées contre les dispositifs d’accès aux soins des étrangers (l’aide médicale d’état) tout comme les évolutions engagées pour réformer l’assurance maladie, remettent progressivement en question notre système solidaire de couverture santé et cassent les dispositifs mis en place pour les plus précaires.

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mISSIOnS mObIlES /

A STRASbOuRG : ALLER vERS CEux qui n’OSEnT PAS SE SOiGnER

Médecins du Monde va aussi au-devant des plus exclus: ceux qui ne viennent pas dans les centres de soins de MdM, qui n’osent appeler un médecin, se rendre dans un cabinet médical ou dans une PASS (Permanence d’accès aux soins de santé, intégrée aux hôpitaux).A Strasbourg, nous allons ainsi deux fois par semaine sur les terrains où vivent des familles Rroms, explique Germain Mignot, coordinateur de Médecins du Monde à Strasbourg. Nous nous y rendons en camionnette avec une équipe médicale pour leur pro-poser des soins mais aussi les aider à ouvrir leurs droits à l’AME.

L’équipe va également deux soirs par semaine au-de-vant des SdF vivant dans les rues ou les squats de la ville. Nous les connaissons bien, il s’agit pour moitié de personnes vivant à la rue depuis de longues années. Mais nous voyons également de plus en plus de jeunes de 20 à 30 ans, français ou venant d’Europe de l’Est, qui voyagent et se déplacent régulièrement...Ils n’ont souvent plus aucun papier d’identité et ne bénéficient ni de la CMU ni de l’AME.Au-delà du soin, l’action principale de Médecins du Monde est donc de les accompagner vers le système de droit commun, d’assurer une médiation avec les structures de santé locales. des démarches administratives souvent lourdes et complexes. Pour ouvrir des droits à une couverture santé, il faut absolument justifier d’une domiciliation, avoir une adresse postale. Ce qui est quasi impossible pour des personnes vivant à la rue, qui se déplacent souvent ou pour des familles Rroms régulièrement expulsées…

pourtant les équipes font face à des pathologies souvent lourdes qui nécessitent une prise en charge mé-dicale. Sur les terrains Rroms, les équipes MdM diagnostiquent de fréquentes infections ORL ou des cas de diabètes. Mais sur un terrain où les conditions de vie et d’alimentation sont si précaires, il est difficile pour un diabétique de respecter son régime. des cas de cancer également. Germain Mignot se souvient ainsi d’un homme atteint d’un cancer des poumons. Parce qu’il avait des difficultés pour respirer, les médecins lui ont conseillé de dormir assisté d’un respirateur. Ils l’ont acheté mais comment le faire fonctionner sans électricité dans leur caravane ? Il ne peut donc pas s’en servir et le 115 refuse de le loger à l’hôtel. La seule so-lution serait les “lits halte soins santé” mais il n’y en a que dix à Strasbourg, la liste d’attente est très longue ! La famille est donc extrêmement inquiète. Les rendez-vous médicaux pris avec les spécialistes sont naturellement très espacés dans le temps mais ils risquent entre temps d’être expulsés…

Les expulsions répétées provoquent des ruptures de soins et compliquent le suivi médical et administratif par les associations.

lorsque des oQtF (obligation à quitter le territoire français) sont distribuées par les forces de police, les rroms ont peur de se déplacer et retardent donc leurs soins jusqu’à ce qu’ils deviennent urgents.”

a la peur et aux démarches d’ouverture de droit déjà très complexes, s’ajoute à présent un droit d’entrée à l’aMe de 30 euros par adulte. un nouveau frein qui rendra l’accès aux soins encore plus difficile. 30 euros par adulte pour une famille vivant le plus souvent sous le seuil de pauvreté, cela représente une somme très lourde. cela risque de les exclure encore un peu plus du système de soins.”

Nice, une ville où les équipes constatent des difficul-tés d’accès aux soins qui atteignent des couches de la popu-lation jusque là épargnées. Ainsi, une femme qui gagnait plus de 1 000 euros par mois et qui ne pouvait bien sûr pas prétendre à la CMU. Mais qui était dans une situation pourtant très difficile : séparée, en commission de surendettement, elle élevait seule son fils. Nous avons aussi des pères séparés qui se retrouvent avec des pensions alimentaires et des fins de mois, loyer payé, avec 100 ou 200 euros. Pour eux aussi, se faire soigner est difficile, témoigne Agnès Gillino.

Le centre accueille des Philippins engagés comme “pe-tites mains” (8,4% des étrangers reçus après les Tchétchènes et les Tunisiens). Ce sont des hommes et des femmes qui travaillent parfois sur des yachts battant pavillon étranger et qui ne répon-dent donc pas aux exigences de la législation pour ouvrir leurs droits à l’AME, à savoir trois mois de présence prouvée sur le territoire français. Avec des situations complexes, des pathologies très graves auxquelles doit faire face Médecins du Monde.

Je suis en classe de cM2. heureusement je ne suis pas souvent malade, et quand je le suis, je vais le plus souvent chez le médecin de ma ville. en ce moment, je viens à Médecins du Monde pour que le dentiste soigne ma dent qui me fait mal.”

Je suis arrivé en France il y a neuf ans. Je vis seul et je suis jardinier à nice. Je suis venu pour la première fois à Médecins du Monde en 2006, conseillé par un ami. etant sans-papiers, je n’ai pas le choix, c’est le seul endroit où je peux me faire soigner. ici, on s’occupe bien de nous, on nous apporte du soutien moral, et il y a même un psychologue. J’aime le fait que ce soit des bénévoles qui travaillent ici, je le serai quand j’aurai une meilleure situation.”

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José, 11 ans, Cap Vert Kamel, 35 ans, Tunisie Germain Mignot, coordinateur de Médecins du Monde à strasbourg‘‘

cEntRE D’accuEIl, DE SOInS Et D’ORIEntatIOn (caSO) /

A niCE : LA SAnTé dEviEnT un LuxE

Au centre, chaque jour, l’équipe (accueillants, inter-prètes, assistantes sociales, pharmaciens, kinésithérapeutes, dentistes, assistantes dentaires, psychologues, médecins géné-ralistes, psychiatre et ophtalmologue) cherche non seulement à soigner mais surtout à permettre aux personnes d’avoir accès aux soins. Notre objectif premier est d’orienter les per-sonnes vers un parcours de droit commun, commente Agnès Gillino, coordinatrice du CASO. On instruit les demandes d’AME et de couverture maladie universelle (CMU) et dans ce cadre, nous avons des liens avec la CPAM de Nice. Cette position nous permet de travailler ensemble notamment sur les dysfonctionne-ments que nous observons.

Dans une ville où obtenir un rendez-vous avec un spé-cialiste, est compliqué, le CASO peut compter sur un ophtalmo plusieurs psychologues et un psychiatre. plus de 15% des dia-gnostics posés en consultations concernent un problème de santé mentale. Il y a une forte présence de Tchétchènes à Nice, précise Agnès. Environ 6 000 ou 7 000 personnes, qui ont vécu des traumatismes forts. Les demandeurs d’asile, plus généra-lement sont fréquemment des patients polytraumatisés. D’où la nécessité de maintenir la psychiatrie et la psychologie parmi nos offres de soins. C’est aussi à nice que l’activité dentaire est la plus importante parmi les centres de soins de Médecins du Monde.

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