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FRANCE FRANCE Catholique FRANCE Catholique Un hebdo engagé pour l’Amour et la Vérité 2,90 3:HIKLMI=YUW^U[:?n@a@i@l@a; M 01284 - 3081 - F: 2,90 E n°3081 20 juillet 2007 83 ème année - Hebdomadaire SCOUTISME un centenaire en pleine forme ISSN 0015-9506 POLITIQUE De Richelieu à Sarkozy HISTOIRE Pie XII et Hitler ORFEVRERIE Goudji à Blois SCOUTISME un centenaire en pleine forme POLITIQUE De Richelieu à Sarkozy HISTOIRE Pie XII et Hitler ORFEVRERIE Goudji à Blois

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n°3081 20 juillet 200783ème année - Hebdomadaire

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POLITIQUE� De Richelieuà SarkozyHISTOIRE� Pie XIIet HitlerORFEVRERIE� Goudji à Blois

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BRÈVES

2 FRANCECatholique N°3081 20 JUILLET 2007

MONDEMAGHREB : Le président Sarkozy s’estrendu brièvement en Algérie et en Tunisiele 10 juillet pour proposer aux présidentsBouteflika puis Ben Ali un projet d’Unionméditerranéenne.LIBAN : L'armée libanaise assiégeait tou-jours, en début de semaine dernière, Nahral-Bared, camp naguère habité par31.000 Palestiniens au Liban nord, no-yautés par un groupe d’environ 150 is-lamistes. Les combats ont fait, depuismai, plus de 180 morts dont près de lamoitié parmi les soldats libanais.Des pourparlers informels entreles représentants de 14 partispolitiques libanais, dont leHezbollah, sous la présidencede Bernard Kouchner, se sontdéroulés les 14 et 15 juillet auchâteau de La Celle-Saint-Cloud (Yvelines).Le ministre des Armées HervéMorin s’est ensuite rendu auLiban pour rencontrer le pre-mier ministre Fouad Siniora.BRESIL : Le Brésil a annon-cé la reprise de son programme nucléaireavec la construction d’une troisième cen-trale électrique et d’un sous-marin à pro-pulsion nucléaire.COREE : La Corée du Nord a annoncé l’ar-rêt de son unique réacteur nucléaire, àYongbyon, à environ 120 km au nord-estde Pyongyang, dans le cadre d’accordsavec l’Onu et les Etats-Unis superviséspar l’AIEA. Pour prix de sa bonne volonté,la Corée du Nord recevra plus d’un millionde tonnes de pétrole.JAPON : Un séisme a fait six morts et plusde 600 blessés dans le Nord du Japon, le22 juillet, provoquant un incendie limitédans la plus grande centrale nucléaire dumonde.IRAK : La banque Dar es Salaam de Bag-dad a été victime d’un vol record de bil-lets de banque : 500 millions de dollars.Les coupables sont sans doute les gar-diens de la banque. Un double attentat au camion et à la voi-ture piégés a fait au moins 100 morts et180 blessés le 16 juillet sur un marché deKirkouk, dans le nord de l'Irak.SOUDAN : Le Conseil de sécurité des Na-tions unies a accepté l’envoi de 26.000hommes armés au Darfour, pour protégerles populations civiles et les personnelshumanitaires.Des pluies diluviennes sur Khartoum etl’est du pays ont fait la semaine dernièreplusieurs dizaines de morts et des milliersde sans-abris.

LIBYE : Cécilia Sarkozy s’est rendue enLibye, le 13 juillet, pour plaider la causedes cinq infirmières bulgares et du mé-decin palestinien, emprisonnés depuishuit ans, et dont la Cour suprême avaitvalidé, la veille, la condamnation à mort.SOMALIE : Une conférence de la paix,avec des représentants des clans

somaliens, à l’exception des “tribunauxislamisques”, a débuté à Mogadiscio le 15juillet.ISRAEL : Shimon Peres, 83 ans, prix Nobelde la Paix en 1994, a pris ses fonctions dechef de l’Etat d’Israël le 15 juillet. Sonprédécesseur, Moshe Katzav avait dûdémissionner à cause d’accusations deharcèlement sexuel. Le Premier ministreEhud Olmert a annoncé la grâce de 250prisonniers palestiniens proches du Fatah.André Chouraqui, le fameux traducteurde la Bible et du Coran, et l’ancien maire-adjoint de Jérusalem, est mort le 9 juilletà Jérusalem à l’âge de 90 ans.TERRORISME : Un médecin indien mu-sulman de 27 ans, a été inculpé, le 14juillet en Australie, pour avoir fourni àson cousin, médecin indien de 26 ans,inculpé à Londres et frère du kamikazeincendiaire de l’aéroport de Glasgow, lacarte à puce de son téléphone portablequi devait servir à déclencher l’explosiond’une voiture piégée à Londres.COURSE AUX ARMEMENTS : VladimirPoutine a signé un décret suspendant,d’ici à 5 mois, l'observation par la Russiedu Traité sur les Forces conventionnellesen Europe (FCE). Il entend ainsi répondreau projet américain de déployer des mis-siles anti-missiles en Pologne et enRépublique tchèque.

FRANCEPOLITIQUE : Sollicité par Nicolas Sarkozypour faire partie d’une commission deréforme des institutions, l’ancien ministresocialiste Jack Lang a démissionné, le 11

juillet, de la direction du Partisocialiste.

Des détachements militairesde 27 pays de l'Union Eu-

ropéenne ont défilé surles Champs-Elysées le14 juillet.FAITS DIVERS : Unhomme de 37 ans, quine supportait pas deperdre la garde de sesenfants (4, 6 et 12ans) au cours d’uneprocédure de divorce,les a tués la semainedernière à son domi-cile de Montélimar.Le 13 juillet, dans lefort de Vanves à

Malakoff (Hauts-de-Seine), un gendarme

de 43 ans a tué un adju-dant, du même âge avec

lequel il avait un différend personnel,puis s’est suicidé après avoir tué ses ju-meaux, une fille et un garçon de 11 ans.Pierre Bodein, 59 ans, assassin deJeanne-Marie Kegelin, 10 ans, de JulieScharsch, 14 ans, et d'Hedwige Vallée, 38ans, a été condamné, le 11 juillet par lacour d'assises du Bas-Rhin à une peine deréclusion criminelle “à perpétuité” in-compressible de 30 ans. Jeanne-Mariepourraît être un jour béatifiée.Pascal Payet, 43 ans, figure du grand ban-ditisme marseillais, s'est évadé le 14 juil-let, par hélicoptère de la prison de Grasse(Alpes-Maritimes), renouvelant ses ex-ploits de Luynes dont il s’était évadé parhélicoptère en 2001, avant de venir libé-rer, par le même moyen, des complices en2003.JUSTICE : Le ministre de la Justice, Ra-chida Dati est confronté à une tourmentemédiatique après la démission de sonchef de cabinet suivi de trois autres col-laborateurs, et le passage en justice dedeux de ses frères, trafiquants de drogueà Chalon-sur-Saône. EADS : La réorganisation de l’avionneureuropéen, pour laquelle Angela Merkel afait le déplacement de Toulouse en com-pagnie de Nicolas Sarkozy, le 16 juilletdonne la présidence exécutive au Fran-çais Louis Gallois, mais la présidence duconseil d’administration et la directiondes principales filiales à des Allemands. �

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SOMMAIREACTUALITÉ4 MAGHREB Mare nostrum ?

Yves La Marck

5 EUROPE Qui a gagné ?Alice Tulle

6 POLEMIQUE L’avortement au lycée Tugdual Derville

7 EN MEMOIRE DES JOURS Hiroshima,La guerre des 6 jours

Robert Masson

DOSSIER8 SCOUTISME Un centenaire en pleine forme

Père Philippe Verdin, o.p.

11 Entretien avec Mgr Benoît RivièrePh. V.

12 Centenaire d’un apprentissageAbbé Hyacinthe-Marie Houard

ESPRIT13 ECCLESIA Une invitation à la réconciliation

Cardinal Philippe Barbarin

Le document sur l’Ecclésiologie15 LECTURES Répondre à Dieu

Père Michel Gitton

MAGAZINE16 EGLISE EN DETRESSE Nicaragua

Marc Fromager

17 B.D. L’Aventurier de Dieu, 14/36Dominique Bar, Guy Lehideux

18 B.D. L’univers imprévisible de BrunorAlbéric de Palmaert

20 HISTOIRE Le mythe du Pape d’HitlerDenis Lensel

23 IDEES De Richelieu à SarkozyGérard Leclerc

26 EXPOSITIONS Goudji au château de BloisMarie-Gabrielle Leblanc

29 FESTIVALS Présence chrétienne à AvignonPierre François

30 LIVRES “Le chant des profondeurs”Damien Le Guay

31 LIVRES Sale temps pour les journalistesPhilippe Verdin

32 MUSIQUE Intégrales d’orguesFrançois-Xavier Lacroux

33 CINEMA "Half Nelson", "Invisible","Alerte à Miami, Reno 911", "A very british gangster"

M.-Ch. Renaud d’André / M.-L. Roussel

34 THEATRE “Le rêve d’Alvaro”Pierre François

35 TELEVISION "Il est plus facile pour un chameau...""L’affaire Sacha Guitry", "Les Aiguilles-Rouges"

Marie-Christine Renaud d’André

36 TELEVISION Votre début de soiréeM.-Ch. R. d’A.

38 BLOC-NOTES Vie associative et d’EgliseBrigitte Pondaven

EDITORIAL

FRANCECatholique N°3081 20 JUILLET 2007 3

es textes romains se succèdent sans forcément avoir été bien syn-chronisés entre les dicastères qui suivent leurs rythmes propres.Qu’importe, puisque leur cohérence n’en souffre pas. Ainsi, aprèsle Motu Proprio sur la liturgie, la mise au point de la congréga-tion pour la Doctrine de la Foi sur l’ecclésiologie suscite quelqueémoi chez les frères des autres confessions chrétiennes sansqu’on puisse toujours partager les raisons alléguées. En effet, qu’il

y ait désaccord sur la Constitution de l’Eglise, comment s’en étonner dèslors que la Réforme, par exemple, s’explique largement par des divergencessur la nature sacramentelle de l’Institution et la distribution de l’autorité en son sein ? Certes, le dialogue œcuménique a permis, depuis quelquesdécennies, un rapprochement et une meilleure perception des positionsmutuelles. Pas au point d’éliminer les diffé-rences et même les incompatibilités doctri-nales. Dans ces conditions, il faut admettrequ’une mise au point rigoureuse de la part deRome rappelle qu’il n’est pas possible dedénouer arbitrairement les contradictions. Queserait un dialogue qui ferait l’économie desréalités aussi fondatrices pour les uns et lesautres ? On peut comprendre l’amertume deceux qui ont l’impatience de l’unité mais, tantque tous n’épouseront pas la même théologie, ilne sera pas possible de se reconnaître mutuel-lement dans les mêmes définitions structurelleset sacramentaires.

Pourquoi ne pas dire franchement les choses ? Déjà, au moment de lapublication du document Dominus Jesus, des plaintes s’étaient élevéescontre le durcissement de Rome et l’on s’inquiétait pour l’avenir des diffé-rents dialogues en cours. Mais il y allait déjà d’une rigueur intellectuelledont l’Eglise catholique n’était pas la seule obligée. Comment nos amis pro-testants pourraient-ils réclamer des titres ecclésiaux d’une instance dont ilscontestent depuis toujours la doctrine ecclésiologique ? L’impossibilitélogique n’est pas seulement formelle, elle relève de la profondeur d’un Dis-cord non résolu et qui nous donne encore à souffrir. Cependant, il seraitvain et dommageable d’en rester au constat de nos incompatibilités traduitdans le simple langage juridique. Pour nécessaire que soit ce langage, il nerelève des convictions chrétiennes que lorsqu’il s’enracine dans la plénitudedu mystère du corps du Christ. Aussi est-ce à la réflexion en commun surcette plénitude du don que nous devrions nous retrouver. La constitutionconciliaire Lumen Gentium demeure le premier lieu de référence apte ànous faire mieux voir comment “L’Eglise est dans le Christ, en quelque sortele sacrement, c’est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l’union intimeavec Dieu et de l’unité de tout le genre humain”. Si cette même Egliserépond au “dessein du Père qui veut sauver tous les hommes”, il n’y a pasd’obstacle définitif pour que nous ne nous retrouvions pas un jour dans lesconditions d’un accord en esprit et en vérité. �

L

par Gérard LECLERC

D.R.

Problèmeset mystère

Le journal ne paraîtpas durant le mois d’août

de l’Eglise

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ACTUALITE

e beau voyage finementréglé entre Algérie, Tuni-sie et Maroc, a connuquelques ratés : exitl’étape marocaine ; flou

algérien ; nuit sur Tunis. Rendez-vous est pris dans les trois paysen novembre, après le Ramadan(mi-septembre à mi-octobre).Cela laissera le temps aux inven-teurs de l’idée d’Union Médi-terranéenne d’écrire quelquechose sur la page blanche quiaujourd’hui porte ce seul titre.

Si l’on veut parler d’Union, ilne s’agit évidemment pasd’Union entre la France etchacun des pays pris séparé-ment ni d’Union privilégiéeavec l’un ou l’autre. Dans cecontexte, le traité d’amitiéfranco-algérien est mort-né. Il n’est toutefois pasremisé aux oubliettes del’Histoire, car il constitue-rait une alternative en casd’échec de l’Union méditerra-néenne.

En effet rien n’est acquis ence domaine. Qui dit Union ditaccord entre les pays méditer-ranéens entre eux, à commencerpar les pays du Maghreb. Leprojet d’Union méditerranéennene devrait pas être un rideau defumée pour noyer les problèmesqui subsistent entre les diver-ses parties : noyer la questionturque, celle du Liban, celled’Israël, mais aussi la fameuseUnion du Maghreb Arabe (UMA)qui ne fonctionne pas.

Parler d’Union Méditerra-néenne en faisant l’impasse surtoutes ces questions lui feraitconnaître le même sort que latentative précédente du "pro-cessus de Barcelone".

Les pays du sud peuvent donc

se mettre à réfléchir ensemble àce qu’ils veulent faire plutôt qu’àchercher à se sauver chacun iso-lément, en jouant de telle ou telleamitié privilégiée. Le messageest en soi déjà difficile à enten-dre et à intégrer. Ensuite le plusdur restera à faire. Paris, avecRome ou Madrid, peut-il réussirune médiation entre Rabat etAlger ? Si oui, l’Union méditer-ranéenne serait déjà faite pour sa

partie occidentale. Sinon, elle nesera que rhétorique.

Ceci ne veut pas dire quel’idée ne puisse pas justementservir d’occasion de rapproche-ment entre des voisins qui n’ar-

rivent pas à trouver un accorddirect sur leurs différends bila-téraux. Entre Maroc et Algérie, laquestion du Sahara occidentaln’est pas le seul facteur de divi-sion, mais il fait oublier tous lesautres. Il a coupé le Maroc deson amitié avec le reste del’Afrique. Rabat a dû se retirerde l’Union Africaine. L’Algériecomme la Libye ont chacune deleur côté occupé le terrain. Or

l’Union méditerranéenne, au-jourd’hui comme hier, ne peutpas se concevoir sans cet arrière-plan africain. Le Maghreb étaitun relais entre l’Europe etl’Afrique : de Dunkerque àBrazzaville avant d’être restreintà Tamanrasset.

"Je n’ai pas connu la guerred’Algérie", proclame à qui veutl’entendre Nicolas Sarkozy pourmieux se différencier de son pré-décesseur qui y servit comme

capitaine. Cela suffit-il à rendre crédible un

discours qui, indépen-damment des hommeset des époques, trouveson origine dans l’His-toire autant que dans

la Géographie ? L’Unionméditerranéenne n’estpas moins une idée post-

coloniale qu’elle n’est uneidée antique. Il faut assu-

mer le passé, tout le passé.Même s’il n’est question que

de développement ou d’éner-gie, le cadre n’est pas diffé-

rent de celui qu’imaginaientà la fois les militants de

l’indépendance (unFrantz Fanon par

exemple) et les artisansde l’Empire français : pour

les uns le panarabisme ou lepanafricanisme (que la Libyetente périodiquement de réveillercomme au dernier sommet del’Union Africaine à Accra), pourles autres l’Eurafrique.

On ne sortira pas de cedilemme uniquement par un dé-bat sur la repentance, que ce soitdans l’acceptation ou le refus.Au-delà des actes, qui appar-tiennent à l’Histoire, ce sont desconcepts qui sont en cause surlesquels les inventeurs de l’idéeont donc encore à travailler…jusqu’en novembre. �

MAGHREB

Paris, avec Rome ou Madrid, peut-il réussirune médiation entre Rabat et Alger ?

par Yves LA MARCK

Mare nostrum ?

(

Première confrontation du président Sarkozy avec les réalités

du Maghreb au cours d’un voyage de quelques heures, en

Algérie et en Tunisie, le 10 juillet dernier. Pas facile !

4 FRANCECatholique N°3081 20 JUILLET 2007

L

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écidé à aller très viteaprès le deuxième tourdes élections législa-tives, le président fran-çais s’est saisi des

dossiers européens. Après l’ac-cord politique sur le projet denouveau traité, le 24 juin, il estrevenu le 9 juillet à Bruxellespour défendre sa politiqueéconomique et financière.

La presse française auraitdû se passionner pour cetterencontre, qui promettaitd’être tendue. Il n’en futrien. Les principauxcommentateurs évo-quèrent le bilan de laréunion bruxelloise demanière trop brève etrapide pour qu’on puissese faire une idée précisede ses résultats. Pour-tant, ils sont d’unegrande importance pourles entreprises et lescitoyens français…

Encore faut-il, pour com-prendre les enjeux, pénétrer dansce que Hubert Védrine appelle"l’usine à gaz de l’Union euro-péenne". Outre le Conseil euro-péen, qui réunit les chefs d’Etatet de gouvernement des 27 paysmembres, il existe un Conseil desministres où siègent les ministresde chaque Etat selon leurdomaine de compétence : Fi-nances, Agriculture etc. et qui aun pouvoir de décision. L’Eu-rogroupe rassemble quant à luiles ministres des Finances de lazone euro et le président de laBanque centrale européenne : iljoue un simple rôle de coordi-

nation des politiques écono-miques et des politiques bud-gétaires.

Normalement, les chefsd’Etat et de gouvernement nesiègent pas à l’Eurogroupe et lavisite du président français aprovoqué quelques réactionsd’agacement avant qu’on neparvienne à un accord souligné

par une chaleureuse accoladeentre Nicolas Sarkozy et Jean-Claude Juncker, le président del’Eurogroupe.

La sincérité de cet accordfinal n’a pas été mise en doute :c’est sur son contenu que les in-terprétations diffèrent.

Pour Christine Lagarde, mi-nistre français des Finances,"Nicolas Sarkozy a été extraor-dinairement convaincant. Sonexercice a été très bien compriset conduit de manière pédago-gique, passionnée et passion-

nante ". Cet avis, relayé par LeFigaro et les principaux médiasradiotélévisés, sonne comme unbulletin de victoire. Or celui-ciest prématuré.

Le président français estarrivé à Bruxelles avec deux ob-jectifs : faire accepter que laFrance atteigne l’équilibre bud-gétaire en 2012 au lieu de 2010 ;

poser la question d’une politiquede change susceptible de contra-rier la hausse de l’euro. A l’ex-ception de l’Irlandais, lesministres des Finances ont criti-qué le laxisme budgétaire fran-çais et l’absence de réformesstructurelles permettant d’éco-nomiser les deniers publics.Aucun des présents n’a repris lescritiques du président françaiscontre l’euro fort.

Nicolas Sarkozy s’est donctrouvé isolé. Remettant à plustard la politique monétaire, il a

fait des concessions sur la ques-tion budgétaire assurant que sile "choc de croissance" produitses effets en France, "nous pour-rions être au rendez-vous de2010". Mais "Si on n’y arrive pas,alors je demanderai à être aurendez-vous de 2012."

On ne sort de l’ambiguïtéqu’à son détriment, disait lecardinal de Retz. Le présidentfrançais a concédé sans s’enga-ger, donnant des assurancesconditionnelles à ses partenairesqui n’en demandaient pas plus.Cette absence d’engagement estd’autant plus claire que l’Euro-groupe, à la différence de laCommission européenne, n’a pasde moyens de faire pression surles Etats.

Le fait est que, au lendemaindu rendez-vous de Bruxelles,chacun a réaffirmé ses posi-tions : Jean-Claude Trichet etAngela Merkel défendent larigueur budgétaire, l’euro fortet l’indépendance de la Banquecentrale européenne tandis queNicolas Sarkozy, qui a accepté

un programme de stabilité desdépenses publiques dont lecontenu est à préciser, maintientles dispositions fiscales qui pèse-ront sur le budget de l’Etat. L’af-frontement entre la France etses principaux partenaires euro-péens est différé de quelquesmois – si Nicolas Sarkozy reprendson offensive sur l’euro – ou dequelques années si la dépensepublique reste plus importanteque ce qui a été annoncé.

Il est possible que le prési-dent français ne sorte pas, avantlongtemps, de l’ambiguïté qui luilaisse quelques possibilités d’agirsur le front intérieur. �

ACTUALITE

Aucun des présents n’a repris les critiquesdu président français contre l’euro fort

(

FRANCECatholique N°3081 20 JUILLET 2007 5

BRUXELLES par Alice TULLE

Qui a gagné ?

D

Nicolas Sarkozy a-t-il retourné la situation en sa faveur

au sein de l’Eurogroupe, ou bien a-t-il fait amende honorable

comme l’affirment ses partenaires européens ?

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ACTUALITE

ui se serait douté quele prix de l’Educationnationale attribué le27 mai à Cannes aufilm «4 mois, 3 semai-nes, 2 jours» lui ferait

autant de publicité, avant sasortie officielle, que la Palmed’Or du festival dont il futauréolé le même jour ? Cettedistinction secondaire, habi-tuellement peu médiatisée,aurait pu déclencher une polé-mique immédiate. Elle induit eneffet la réalisation d’un «DVDpédagogique» pour les lycéens,financé par le ministère de l’Edu-cation nationale. Or, l’œuvre estl’histoire d’un avortement illé-gal dans la Roumanie commu-niste. Certes, son réalisateuraffirme que son véritable sujetest le totalitarisme qui peutconduire ses victimes à des actesbarbares comme celui d’avorterclandestinement. C’est d’ailleursparce que l’avortement le révulseque Cristian Mungiu aurait tenuà le filmer sous son jour le pluscru, qualifié «d’insoutenable» parde nombreux critiques - recon-naissant par ailleurs la valeur ar-tistique et sociologique du film(cf. France Catholique n°3075).C’est donc là que le bât auraitdéjà dû blesser.

Visionnant à son tour le film,le ministre de l’Education natio-nale, Xavier Darcos, a logique-ment estimé que l’œuvre étaitinadaptée au jeune public,confirmant la position initiale-

ment notifiée par son directeurde cabinet, Philippe Court le 2juillet : «Après avoir constaté enpersonne la dureté délibérée dece film sur un sujet touchant àl’intime et en vertu du principede précaution, il n’apparaît passouhaitable que ce film fassel’objet d’un DVD produit etdiffusé dans les classes.» Uneposition de bon sens qui nepouvait que vexer un jury visi-blement d’une tout autre sensi-

bilité, bien décidé à faire plier leministre en recherchant l’appuide la presse et le soutien de l’in-telligentsia de gauche.

La Société des réalisateursde films dénonçait donc le 6juillet des «pressions d'associa-tions anti-avortement», assor-tissant son communiqué d’uneanalyse politico-sociale sur «ledroit à l’avortement (…) battuen brèche». On exhume commepreuve un communiqué de l’as-sociation Choisir la vie auquel

la presse s’était bien gardée defaire écho lors de la célébrationde la Palme d’or. Fin mai, cetteassociation, consciente de l’idéo-logie sous-jacente au projet deDVD scolaire, s’était à juste titrealarmée de l’utilisation orientéedu film par un document préten-dument pédagogique.

Même si la polémique luidonne aujourd’hui raison sur lefond, elle voit son avis del’époque insidieusement exploité

par les promoteurs de l’avorte-ment pour enjoindre le ministrede l’Education nationale de recu-ler. La ligue des droits del’homme et la Coordination pourle droit des femmes (qui saisitl’occasion pour demander plusde moyens pour l’avortement)montent au créneau. Des articlessuspectent Christine Boutind’être «aux commandes de lacensure» et s’ingénient à établirdes connexions entre le gouver-nement et les «milieux provie».

Ces derniers, habituellementignorés par les médias sontsoudain courtisés, présentéscomme puissants et bien encour. C’est la technique dialec-tique éprouvée du «clown blanc»qu’on instrumentalise à sesdépens, feignant de le valoriserpour mieux l’éreinter.

Effectivement, Xavier Darcosa beau nier l’influence des «pro-vie» dans sa position («c'estcomplètement idiot, il n'en estrien»), il est conduit à reculer pasà pas. Le 7 juillet, il suspend sadécision : «Je ne suis pas uncenseur, je respecte le jury qui achoisi ce film, je veux simple-ment que nous prenions desprécautions pour nos enfants».Mais les libertaires ne démor-dent pas à l’image de Marie-Georges Buffet qui entendrassembler sous sa bannière lagauche la plus militante: «Lors-que l'ordre moral fait pression[le gouvernement] est aussitôtaux ordres. Il faut que toutes lesassociations féministes, tous leshommes et femmes attachés auxdroits démocratiques se lèventcontre cette censure.» (L’Huma-nité du 9 juillet) Xavier Darcospromet des rencontres, demandedu temps. Difficile de cornaquerun mammouth si rétif quel’inspectrice générale de l’Edu-cation nationale chargée – parun précédent gouvernement –d’administrer le prix qui faitscandale diffuse à la presse lalettre où elle proteste contre sonpatron… Ce dernier ne peut plusattendre son salut que de laCommission de classification desœuvres cinématographiques quiva décider si le film doit être sou-mis à une restriction de diffu-sion en fonction des âges.Verdict le 17 juillet. Sortie ensalle le 29 août. �

EDUCATION NATIONALE

Xavier Darcos a logiquement estimé quel’œuvre était inadaptée au jeune public

par Tugdual DERVILLECoup de sang

(

La controverse sur le film "4 mois, 3 semaines, 2 jours" permet

de mesurer l’influence sur le gouvernement des partisans et

adversaires de l’avortement. Chronique d’une polémique.

6 FRANCECatholique N°3081 20 JUILLET 2007

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En mémoire des jours

Les lumières noires

A u cœur de l’été 1945, lafolie des hommes faisaitune saison amère,

comme toutes celles qui l’a-vaient précédée dans cesenchaînements d’enfer, quifurent effectivement unedeuxième guerre mondiale.

L’Europe en réchappait,dans un océan de ruines, donton pouvait se demander com-ment revivre. En Asie se pour-suivaient des combats féroces,avec des avions suicides, quifaisaient échec à la plus puis-sante armée du monde. On enétait à se demander commenten finir. Et ce fut l’inattendu.Un matin, quand un avionqu’on pensait de reconnais-sance, survola Hiroshima. Oncrut tout d’abord à une opéra-tion dont on avait l’habitude.

Soudain un éclair réduit encendres une ville, à la stupeurdes pilotes eux-mêmes, quin’avaient pas réalisé ce qu’ilstransportaient sous leurs ailes.

La guerre, décidément, en-trait dans une nouvelle ère,avec cette bombe d’une puis-sance inégalée, qui mettait laplanète à la merci de l’anéan-tissement.

L’homme, pour la premièrefois de son histoire, se révélaiten état de destruction abso-lue. Il fallut du temps pour

réaliser la gravité de l’événe-ment. Cela reste plus vrai quejamais, alors que s’élargit lecercle des détenteurs du pire.

La peur avait tenu lieu desagesse, quand les posses-seurs de la bombe n’étaientque quelques-uns. C’était letemps de la dissuasion. Maisqu’en est-il désormais, alorsque des puissances émergentesse donnent elles-mêmes leredoutable pouvoir d’utiliserces mortels instruments ?

La terre est plus quejamais exposée aux humeursde tyranneaux, comme il enrègne en Corée du nord, ou enIran. Les Etats ne sont passeuls, au surplus, à devenirmenaçants. Ceux qui n’ontpas reculé, un jour de sep-tembre, à lancer des avions envol, sur des tours en pleineactivité. Nous sommes vrai-ment entrés dans l’imprévi-sible.

L’humanité a quand mêmemieux à faire que de se livrerà des cieux aussi terrifiants.L’homme aurait-il par ailleursreçu une vraie capacité d’in-telligence, pour en faire pareilusage ?

L’atome dont on pourraittout attendre, est un instru-ment de terreur, même quandil est à des usages prétendu-ment domestiques. On a puvoir ce qu’il en était à Tcher-nobyl, quand un simple acci-dent prit des proportionsd’une catastrophe. Et Dieusait qu’on est loin de toutconnaître des conséquencesde ce malheur.

Le fait qu’il faille compteren siècles si ce n’est en millé-naires, le temps qu’il faudrapour éteindre ces feux, c’estune responsabilité majeure,qui nous incombe, en cestemps où Hiroshima a inscriten termes ineffaçables les

horreurs possibles. Hiroshima,Nagasaki, sont autant designes prémonitoires, qui ontnom par ailleurs Auschwitz, etde ces feux qui ont brûlé desmillions d’hommes.

Quand donc viendront lesjours où l’homme renoncera àses volontés de puissance, quisont à l’origine de tous cesforfaits ? Il ne faut rienoublier de l’effroi qui nous asaisis jusqu’à l’âme avecHiroshima. Faut-il rappelerque le pilote qui lança la pre-mière bombe sur Hiroshima,en perdit la raison... �

La terre dela Promesse

C ‘était il y a quaranteans, le temps d’unegénération déjà. Le

monde sentit à nouveau pas-ser le souffle de la guerrequand, un matin de juin 67,les armées d’Israël entrèrentouvertement en conflit avecleurs voisins arabes.

En six jours Israël l’emportadans une exaltation qui était àla mesure du résultat. Jérusa-lem et sa puissance symbo-lique redevenait accessible à lapiété séculaire des enfantsd’Israël. Le vieux rêve du grandIsraël reprenait corps.

Que serait-il arrivé si l’Etatd’Israël avait alors rendu tousles territoires occupés contre lapaix ? Une chance a peut-êtreété manquée. Les fossés sesont creusés, et quand on lescomblait c’était pour édifier unmur, qui rend plus insuppor-table encore l’état de fait, danslequel on s’installe sans pers-pective pour personne.

A quarante ans de distance,on en est toujours au mêmepoint. Il y a eu Oslo, certes, etqui représente un effort sé-

rieux. L’assassinat de Rabin, ceglorieux militaire, qui avaitouvert à ses soldats le cheminde Jérusalem, fut un grandmalheur dont on n’a pas finide mesurer les conséquences.

Sharon lui-même s’étaitdégagé à sa façon, avec lerepli de Gaza. Il ne lui a pasété donné d’aller plus loin. Ilfaudra un jour qu’on se décideà la paix, sous peine de voirs’envenimer de manière irré-versible le rapport des forces.

Israël n’est pas un usurpa-teur, sur une terre qu’il netient pas d’un acte notarié,mais d’un droit divin. “Les pro-messes de Dieu, disait Mari-tain, sont sans repentance”.

Et les Palestiniens, commetout le monde les appelle au-jourd’hui, ne sont pas desusurpateurs eux non plus. Cen’est pas dans l’affrontementdes armes, que sont les clésd’un avenir réciproque.

Le caractère sacré deslieux et de l’Histoire, expliquepour une part les intrans-igeances réciproques ; l’im-portant est de ne pas enrajouter. On ne peut parler dudevenir israélo-arabe qu’entermes de compassion, ausens fort du mot.

C’est d’un cœur partagéqu’on se doit d’aborder cesrives saintes, que les pèlerinsne cessent de visiter d’uncœur et d’une démarche souf-frante, dans la prière au sur-plus.

Ce qui est impossible auxhommes ne l’est pas pourDieu. Ce sont les hommes quise montrent impuissants, làoù on voudrait pourtant lapaix. Ce qu’on n’a pas su faireil y a quarante ans, il est tou-jours temps de l’entreprendre.Ce n’est pas en vain que Dieua choisi cette terre, qui estcelle de la promesse. �

Par Robert Masson

ESPRIT

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aden-Powell se dou-tait-il, en inventantles scouts, que ce pre-mier camp sur l’île deBrownsea allait créerun modèle universelde formation pour la

jeunesse ? Certainement pas. Carce n’est pas Baden-Powell qui fitle succès du scoutisme. Ce furentles vingt-deux boys scouts emme-nés dans une île déserte, dans labaie de Pool, au sud de l’Angle-terre. Ils revinrent enthousiastes.Le jeu dans la nature, la vie auplein air, la complicité du groupe,la débrouillardise, l’exemple deBaden-Powell et de son compère Mac Laren, laveillée au coin du feu, les nuits sous la tente, l’af-fût des oiseaux au lever du jour correspondaientexactement à ce dont rêvaient des adolescents ily a cent ans. Cette réussite invite Baden-Powell àécrire un manuel pour les scouts, pour les gar-çons qui veulent grandir en jouant dans la na-ture. Scouting for boys est à la fois un guide pra-tique, un recueil de récits d’aventure faciles àmettre en œuvre, un recueil de maximes pourvivre dans l’honneur… Le succès de l’ouvrage estfoudroyant. Les scouts sont nés ! Les groupes secréent spontanément en Angleterre et dansl’Empire britannique.

En 1916, deux jeunes Français qui ont connule scoutisme en Egypte, suggèrent au curé de

Saint-Honoré d’Eylau à Paris de secouer un peule patronage de la paroisse en lançant les scouts.Le père Sevin, un jésuite de Lille, lance une trou-pe scoute catholique. En 1919, les troupes pari-siennes, savoyardes et lilloises se regroupent enun mouvement : les Scouts de France viennentde naître. Le scoutisme catholique va connaîtreun développement foudroyant, malgré les réser-ves de certains prêtres ou parents. Des milliers devocations sacerdotales vont éclore du scoutisme,et le mouvement des Equipes Notre-Dame, pion-nier dans l’invention d’une spiritualité du couple,devra beaucoup à l’expérience du scoutisme. Eneffet, quel meilleur terreau chrétien pour la viede couple que l’habitude de la débrouillardise, lesens du concret, le réflexe du partage, l’attentiondiscrète aux autres, la vie spirituelle incarnée ?

Jacques Chirac et l’abbé Pierre, Jean-LouisBorloo et Jean-Jacques Goldman ont été scouts.Mieux, ils témoignent combien le scoutisme amarqué leur caractère et les a entraînés dansl’engagement politique ou social, a révélé leurtalent artistique ou leur goût pour le service duplus faible.

Toujours prêts ?

Mais tout ça, n’est-ce pas de l’histoire an-cienne ? Les scouts et les guides ne sont-ils pasgentiment désuets à l’ère des game boys, desipod, des stages sportifs et de la randonnée exo-tique disponibles sur catalogue ? Si on laisse par-ler les enfants qui sont louveteaux, louvettes oujeannettes, les adolescents qui sont scouts etguides cent ans après le premier camp, si onécoute les jeunes adultes qui sont leurs chefs etleurs cheftaines, on est surpris de la réponse.C’est justement ce que ne peuvent leur offrir lesmoyens modernes de loisirs, trop aseptisés, tropencadrés, qui ne laissent pas la place à la respon-sabilité, à l’initiative et à l’amitié qui séduit lesscouts de 2007. La simplicité des moyens, l’expé-

DOSSIER

L’habitudede la

débrouillardise,le sens

du concret,le réflexe

du partage

Le plus vieux mouvement de

jeunes en France célèbre son

jubilé. Le scoutisme demeure,

cent ans après, le plus dynamique

et le plus important groupe de

jeunes catholiques.

Par le Père Philippe VERDIN, o.p.

JUILLET 1907-JUILLET 2007

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ScoutismeUn centenaire en pleine forme

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rience de la réalité, l’autorité basée sur la charitéet l’exemplarité, la coupure que provoque lecamp dans la nature, loin de la ville, du bruit etde la concentration de population, la proximitédu Christ vivant qui visite l’unité scoute sansemprunter la dialectique des parents et des caté-chistes donnent du sel à l’aventure scoute en2007.

Dans un livre écrit avec enthousiasme, Scout,une piste pour grandir (Presses de la Renaissance,246 p., 17,50 €) Marine Digabel raconte com-ment le scoutisme s’épanouit aujourd’hui. Elle aparticipé à de nombreuses activités avec des uni-tés des Scouts et guides de France, des Scoutsd’Europe et des Scouts Unitaires de France. Elle ainterrogé des cheftaines et des chefs, des Compa-gnons et des guides-aînées. Leur passion s’ex-plique ainsi : ce qui est précieux avant tout, c’estle jeu dans la nature, l’invitation au don de soi etl’idéal scout, et enfin la construction d’amitiésdurables et solides. Le scoutisme catholique ras-semble aujourd’hui environ 110 000 membres.

Il y a juste dix ans, alors que la préparationdes JMJ de Paris atteignait sa phase paroxys-tique, les responsables de l’organisation s’inquié-taient : à un mois de l’événement, seulement5000 jeunes s’étaient engagés comme "Volon-taires" pour accueillir, guider, restaurer les deuxmillions de pèlerins attendus. Il en fallait 35.000.Mgr Dubost, lui-même ancien scout, restait se-rein : il expliquait : "En ce moment, les chefs, lescheftaines, les Compagnons et les Routiers sontdans la nature. Laissons-les achever leur campd’été. A la fin du mois de juillet, on verra arriveren masse la réserve inépuisable, organisée et effi-cace des jeunes catholiques français : tous lesscouts et guides qui sortiront des bois pour revê-tir les T-shirt verts des Volontaires." C’est bien cequi arriva. L’Eglise compte sur les scouts. Pas seu-lement pour faire traverser la rue aux vieillesdames. Pour former des chrétiens debout etrayonnants. �

DOSSIERPour retrouver le scoutismede toujours et de demain

� 100 ANS DE SCOUTISME – 100 IMAGES, 100 TEXTESpar Michel Seyrat, avec la collaboration de Sylvie Mahenc etGuillaume Rozé, Presses d’Ile-de-France, 192 p., 25 €.

C’est le livre de référence sur les scouts et guides de France,réalisé pour ce jubilé. Magnifique album bourré dephotos, de textes superbes, récit objectif etparfaitement documenté de l’histoire et des projetsdes scouts de France qui ont fusionné le 29 mai 2004avec les guides de France. On retrouve les héros del’aventure missionnaire du scoutisme catholique enFrance, le père Sevin sj, le père Doncoeur sj, le pèreForestier op, le chanoine Cornette, Guy deLarigaudie, Marcel Callo, César Geoffray, MichelMenu, Pierre Delsuc, Pierre Joubert, Mitacq, Robert Manson,Michel Rigal, Marie-Thérèse de Kerraoul, Marie-ThérèseCheroutre, mais aussi le jamboree de Moissons, Jambville, lesscouts marins, les unités arc-en-ciel pour les handicapés, lesunités Plein vent dans les cités de banlieues… Un magnifiquehommage aux millions de chefs et cheftaines, mémorial demilliers de grands jeux, récit d’une aventure incroyable quitraverse les époques et les modes. Le plus bel ouvrage consacréaux Scouts de France depuis l’album Scouts paru aux mêmeséditions en … 1952 !

� JACQUES SEVIN, FONDATEUR ET MYSTIQUE (1882-1951) par Madeleine Bourcereau, Salvator, 318 p., 25 €.

La biographie la plus complète consacrée au fondateurdu scoutisme catholique en France. Madeleine Bourcereau,prieure générale de la congrégation de la Sainte Croix deJérusalem qui fut créée par le jésuite, éclaire la spiritualitédu père Sevin, avec une grande complicité.

� LE SCOUTISME – IDÉES REÇUES par Jean-Jacques Gauthé, éditions du cavalier bleu, 9 €.

Petit livre synthétique qui répond avec allégresse aux caricatures et aux poncifs concernant le scoutisme.

www.scouts-europe.org le site du deuxièmemouvement de scoutisme en France (25 000membres), où l’on trouve notamment la lettreadressée par Benoît XVI aux mouvements scoutscatholiques en France à l’occasion du jubilé, le 22 juin 2007.

www.signe-de-piste.com le site où l’on retrouveles informations concernant la collection Signe dePiste qui fête son soixantième anniversaire cetteannée, avec le Prince Eric de Serge Dalens, Labande des Ayacks de Jean-Louis Foncine, lesromans scouts de Bruno Saint-Hill, X.B. Leprince,Maurice Vauthier, les dessins de Pierre Joubert...

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� Monseigneur, avez-vous été scout ?

Oui ! J’ai été louveteau, rangers, pionnier, etchef pendant six ans chez les scouts de France àParis. Je continue aujourd’hui à vivre ma pro-messe scoute : Sur mon honneur, avec la grâcede Dieu, je m’engage à servir Dieu, l’Eglise… Lapromesse peut emmener loin dans une vie avecDieu et avec les autres.

Prononcer ma promesse fut pour moi un mo-ment important qui n’est pas étranger au mûris-sement de ma vocation. Le scoutisme m’a donné,avec une bonne dose d’humour, c’est-à-dire sansse prendre soi-même trop au sérieux, le sens dela confiance dans les possibilités de chaque per-sonne humaine.

� Quel est l’aspect le plus original du scoutisme dansl’apostolat ?

Etre guide ou scout catholique, c’est être unenthousiaste du Christdans le monde d’au-jourd’hui. Je resteimpressionné par lagénérosité pleine d’i-magination des chefset des cheftaines, sou-vent étudiants, quimettent toute leurénergie dans l’anima-tion des unités scou-tes. Ils touchent dudoigt, avec émerveille-ment, ce qu’un hommeou une femme décou-vre de la paternité etde la maternité. La

confiance que les enfants leur accordent les bou-leverse alors qu’ils sont eux-mêmes conscientsde leurs fragilités, y compris dans le domaine dela Foi. C’est un extraordinaire chemin de crois-sance humaine.

En outre, quand on est amené à donner lemeilleur de soi-même, on entend d’autant mieuxl’appel du Seigneur. L’Eglise de France est cons-ciente de cet apport précieux et de cette ri-chesse. Bien sûr, il reste encore à faire : j’invitenotamment les trois mouvements scouts catho-liques français à garder la joie d’ouvrir les unitésaux jeunes en difficulté. Je crois en l’avenir duscoutisme, car les scouts sont, sans complexe,heureux d’être chrétiens au cœur du monde !

� Quel est le trait le plus important de ce centenaire ?

Je me réjouis que le centenaire ait rapproché, enFrance, les trois mouvements catholiques, Scouts& guides de France, Scouts d’Europe et Scoutsunitaires de France. Ils célèbrent joyeusementensemble ce jubilé dans chaque diocèse. Le pre-mier juillet, ils se sont retrouvés sur le Champ deMars à Paris, avec toutes les générations d’an-ciens scouts. Il est heureux de faire mémoire se-reinement, sans chercher à tirer l’Histoire à soi.Chaque famille a sa place dans le paysage ecclé-sial français et j’encourage ce dialogue de toutesmes forces.

Conscient des enjeux de cette communion duscoutisme français, lePape a adressé unmessage aux troismouvements pour lesinviter à cultiver cetesprit de rencontre,comme l’y invite d’ail-leurs la loi scoute :"le scout est le frèrede tout autre scout".J’espère que cette an-née marquera uneétape dans le travailde coopération destrois mouvements, aubénéfice du témoi-gnage missionnaire. �

DOSSIER

Communiondu scoutisme français

ENTRETIEN AVEC MGR BENOIT RIVIEREpropos recueillis par le Père Philippe VERDIN

Mgr Benoît Rivière, évêque

d’Autun, est Président du Conseil

pour la pastorale des enfants et

des jeunes. A ce titre, il est

l’évêque accompagnateur du

scoutisme en France.

Faire mémoire

sereinement sans chercher

à tirerl’Histoire

à soi

Mgr Benoît Rivière

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© JEAN-PIERRE POUTEAUSCOUTS ET GUIDES DE FRANCE

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DOSSIER

12 FRANCECatholique N°3081 20 JUILLET 2007

cout ou guide, qu’est-ce à dire ? Un adulte enpuissance ; en quelque sorte un apprenti. Maisencore ? C’est le métier d’homme qui estvisé, et en l’occurrence le métier d’homme-

chrétien c’est-à-dire conscient d’être engagé sur lechantier de Dieu : la création. Car Dieu ne cesse decréer, depuis le commencement du monde. Sasemaine (les six jours de la Bible) n’est pas finie et il abesoin de tous, de la jeunesse qui se lève, pour allerau bout de son plan. Pour tenir "parole" pour parlercomme Saint Jean au début de son évangile.

Le maître d’apprentissage, c’est Jésus-Christ : Ilest l’incarnation du projet. On pourrait dire qu’Il a leprojet dans le sang. Il n’y a pas, il ne peut yavoir de meilleur maître. Le mieux est doncde Le regarder agir pour l’imiter. "Pourmarcher dans la voie où Lui-même amarché".(1 Jn 2,5)

Or que faisait Jésus adolescent ? Al’école, peut-être ? A la maison, sûrementmais aussi dans l’atelier de Joseph, maniantl’herminette et la varlope. Et le samedi,nous le savons, il allait à la Synagogue pourcélébrer Dieu avec le village. Y était-il alorsplus fils de Dieu que pendant la semaine oùIl apprenait son métier d’homme ? Je ne lecrois pas. En toute chose, Il était le Christet Il avait une manière à Lui, qui était"christique" de faire ce qu’Il faisait. "Ilaccomplissait les Ecritures". Chacun de sesgestes était dans le plan de Dieu, comme le"mi-bois" du scout ou de la guide, lors desinstallations, est dans le plan du CP (chefde patrouille).

Son apprentissage scout est là :comment rester fidèle au plan de Dieu ? Commentplacer chacune de ses activités dans le grand œuvrequ’Il a entrepris ? "Quoi que vous fassiez…" rien n’yéchappe. Nous faisons du "définitif", écrivait Guy deLarigaudie. (Etoile au grand large, Seuil)

Dans le "contrat de professionnalisation",de pro-fessionnalisation chrétienne, que chacun signe à sapromesse, il y a l’équipement nécessaire : la loi et lesprincipes, l’équerre et le compas des contrôlesnécessaires.

C’est eux qui permettent d’éclaircir l’horizon quebouchent aujourd’hui de fausses représentations :représentation de l’efficacité, de la réussite et del’amour. Sans parler des représentations de Dieu.

Qu’on cherche avant tout l’efficacité, la tentationest grande de ne pas regarder aux moyens. On a vitefait de trouver des accommodements avec la loyautéou la justice. On fait bon marché de ses engagements,on triche et on trompe. Face à ces truquages en toutgenre, la promesse scoute affiche une première

vertu : la franchise. "Dites oui, si c’est oui ; non sic’est non".

Qu’entend-on aussi par réussite, sinon l’accès àune "belle situation", comprenons une situation quiassure l’aisance ou la sécurité, ou mieux encore l’uneet l’autre à la fois ? Et d’ailleurs, cette situation,n’est-ce pas à la société de la procurer ? On la voitréclamer comme un droit, comme un dû, sansréférence à son utilité. Or le rôle de chacun est deprendre son service, d’être à sa place sur le chantierde Dieu et d’y travailler sans compter, avecdévouement, la deuxième vertu qu’évoque lapromesse.

La confusion n’est pas moins grandequand il s’agit de l’amour. C’est dans lescaniveaux que traînent beaucoup desreprésentations qu’on s’en fait aujourd’hui.Il n’est que frénésie de jouissance égoïste oùl’autre n’est qu’objet de plaisir. "Si ton œilest mauvais, tu es tout entier dans lesténèbres." Le contraire de l’amour quis’exprime spontanément dans le don de soi,dans la clarté d’une oblation librementconsentie. Pureté dit encore la promessescoute.

Faut-il parler des fausses représentationsde Dieu. Au XIIIe, Maître Eckart soupiraitdéjà : "Mon Dieu, délivre-moi deDieu".Délivre-moi des images lénifiantes etbêtifiantes qui Le réduisent à une cellule desoutien psychologique ou à une force depolice. Père, nous a dit Jésus, Voilà ce qu’Ilest. Celui dont l’amour fait grandir, Celuidont ne sauraient se passer tous ceux quiveulent grandir, le Maître irremplaçable de

l’ouvrage. "Soyez les imitateurs de Dieu" dit le Christqui a appris de Lui le métier d’homme, A l’hommemaintenant d’apprendre le métier de Christ pourtenir son rôle dans l’entreprise de Dieu.

Ce qui compte, ce n’est pas l’importance deschoses que l’on fait, mais la grandeur d’âme aveclaquelle on les fait. "Il est aussi beau, écrivaitLarigaudie, de peler des pommes de terre pourl’amour du bon Dieu que de bâtir des cathédrales".Car le "définitif" que nous construisons, pourreprendre encore une expression de ce routier delégende, réside invisiblement dans la banalité desgestes quotidiens.

Aussi apprendre aux garçons et aux filles à ne"rien faire à moitié" parce que rien n’est sansimportance, est-ce l’ambition du scoutismecatholique dont BP a dit au "Vieux Loup" (1) qu’il étaitle couronnement de son projet. �

(1) Chanoine Cornette, un des fondateurs duscoutisme catholique, dans les années 20.

Centenaired’un apprentissageS

par l’abbé Hyacinthe-Marie HOUARD

Le maîtred’appren-

tissage c’estJésus-Christ.

Il estl’incarnation

du projet

© JEAN-PIERRE POUTEAUSCOUTS ET GUIDES DE FRANCE

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DOCTRINELe préfet de la Congrégation pour la

Doctrine de la Foi, le cardinal WilliamCardinal Levada, et Mgr Angelo Amato,S.D.B., secrétaire, ont publié le 10 juilletun document, en date du 29 juin, intitulé :«Réponse à des questions concernantcertains aspects de la Doctrine surl’Eglise», dont voici le texte intégral, dansla traduction officielle du latin en français.

� Première question : Le Concile Vati-can II a-t-il changé la doctrine anté-rieure sur l’Église ?Le Concile n’a pas voulu changer et

n’a de fait pas changé la doctrine en ques-tion, mais a bien plutôt entendu ladévelopper, la formuler de manière plusadéquate et en approfondir l’intelligence.

Jean XXIII l’avait très clairement af-firmé au début du Concile. Paul VI leconfirma ensuite ; il s’exprimait ainsi enpromulguant la constitution Lumengentium : "Le meilleur commentaire quel’on puisse en faire, semble-t-il, est de direque vraiment cette promulgation nechange en rien la doctrine traditionnelle.Ce que veut le Christ, nous le voulons aus-si. Ce qui était, demeure. Ce que l’Église aenseigné pendant des siècles, nousl’enseignons également. Ce qui étaitjusqu’ici simplement vécu se trouvemaintenant exprimé ; ce qui était incertainest éclairci ; ce qui était médité, discuté eten partie controversé, parvient aujourd’huià une formulation sereine." À plusieursreprises, les Évêques ont manifesté etadopté le même point de vue.

� Seconde question : Comment doit êtrecomprise l’affirmation selon laquellel’Église du Christ subsiste dans l’ÉgliseCatholique ?Le Christ "a établi sur la terre" une

Église unique et l’institua comme "as-semblée visible et communauté spiri-tuelle" : depuis son origine, elle n’a cesséd’exister au cours de l’histoire et toujourselle existera, et c’est en elle seule quedemeurent à jamais tous les élémentsinstitués par le Christ lui-même. "C’est làl’unique Église du Christ, que nousconfessons dans le symbole une, sainte,catholique et apostolique […]. CetteÉglise, constituée et organisée en cemonde comme une société, subsiste dansl’Église catholique gouvernée par le suc-cesseur de Pierre et les évêques encommunion avec lui."

Dans le n°8 de la constitution dog-matique Lumen gentium, ‘subsister’ si-gnifie la perpétuelle continuité historique

our comprendre la décision du Pape, à propos du rite de la Messe,souvenons-nous de ce qu’il partageait aux cardinaux, juste aprèsson élection. Alors que les portes de la chapelle Sixtine étaientencore closes, Benoît XVI a expliqué le choix de son prénom. Seréférant à Benoît XV, grand artisan de paix, il a dit : "Je voudrais

vivre d’abord un pontificat de réconciliation et de paix". Aujourd’hui, le Papepense que, si nous ne faisons pas maintenant un geste, la division avec lestraditionalistes deviendra un schisme irrémédiable. Il confirme donc lesdispositions de Jean-Paul II à leur égard : s’ils veulent rester fidèles à Rome,qu’ils sachent que les portes leur sont ouvertes et que leur attachement à laliturgie ancienne n’est pas un obstacle.

La seule vraie nouveauté de ce Motu Proprio, c’est que la décisiond’accéder aux souhaits des fidèles dans ce domaine dépend désormais del’autorité des curés. Comme Jean-Paul II l’avait fait pour les évêques en 1988,Benoît XVI invite les curés à accueillir "volontiers les demandes de célébrerla Messe selon le rite du Missel romain édité en 1962".

Le Pape invite les traditionalistes à reconnaître la valeur et la sainteté duMissel romain institué par Paul VI. Les prêtres attachés à la liturgie d’avantVatican II, qu’ils soient du Bon Pasteur, de la Fraternité Saint Pierre ou dans lamouvance d’Ecône, seront certainement touchés par cette forte exigence deBenoît XVI. Mgr Felley, lui-même, responsable de la Fraternité Saint Pie X, adit qu’il était impossible d’être catholique en continuant d’être séparé deRome. Ce sera donc un vrai progrès pour l’unité s’ils acceptent dereconnaître "la valeur et la sainteté" du Missel de Paul VI avec lequel jecélèbre la messe chaque jour depuis mon ordination et s’ils cessent aussid’"exclure par principe la célébration selon les nouveaux livres".

Notons que Benoît XVI demande à tous de se pénétrer de la dimensiondivine et sacrée de l’Eucharistie. Pour ma part, je souhaite que, tous, nousrelisions attentivement la constitution de Vatican II sur la liturgie. Ce sera lemeilleur chemin pour refaire l’unité, toujours fragile dans l’Eglise.

En effet la liturgie est une expression essentielle de la foi de l’Eglise selonle principe bien connu "lex orandi, lex credendi" (notre prière exprime notrefoi). La célébration de l’Eucharistie rassemble tout le mystère pascal. Ellenous dépassera toujours, car elle est à la fois la joie du Jeudi Saint (commu-nion), le drame du Vendredi saint (sacrifice) et le Mystère de la Résurrectionau matin de Pâques (présence). Elle résume l’essentiel de notre foi.

Quant à une éventuelle mise en cause du Concile, il n’y a ni question nidoute possible. Benoît XVI écrit en effet : "La crainte d’amenuiser l’autoritédu Concile Vatican II et de voir mettre en doute une de ses décisions essen-tielles n’est pas fondée".

Mon espoir est que ce geste clair du Saint-Père amène ceux qui seraientencore réticents à reprendre les textes du Concile, à les accepter inté-rieurement dans la foi et à s’y conformer dans toute leur vie chrétienne, etspécialement dans leur ministère sacerdotal.

Nous avons tous besoin de nous replonger dans cet enseignement que jeregarde comme la source du renouveau et de l’unité dans l’Eglise.

Cardinal Philippe BarbarinArchevêque de Lyon

Une invitation à la réconciliationpar le cardinal Philippe BARBARIN

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et la permanence de tous les élémentsinstitués par le Christ dans l’Églisecatholique, dans laquelle on trouveconcrètement l’Église du Christ sur cetteterre.

Selon la doctrine catholique, s’il estcorrect d’affirmer que l’Église du Christ estprésente et agissante dans les Églises et lesCommunautés ecclésiales qui ne sont pasencore en pleine communion avec l’Églisecatholique, grâce aux éléments desanctification et de vérité qu’on y trouve,le verbe ‘subsister’ ne peut être exclu-sivement attribué qu’à la seule Églisecatholique, étant donné qu’il se réfère à lanote d’unité professée dans les symbolesde la foi (‘Je crois en l’Église, une’) ; etcette Église une ‘subsiste’ dans l’Églisecatholique.

� Troisième question. Pourquoi utilise-t-on l’expression ‘subsiste dans’, et nonpas tout simplement le verbe ‘est’ ?L’usage de cette expression, qui in-

dique la pleine identité de l’Église duChrist avec l’Église catholique, ne changeen rien la doctrine sur l’Église, mais a pourraison d’être de signifier plus clairementqu’en dehors de ses structures, on trouve"de nombreux éléments de sanctificationet de vérité", "qui, appartenant proprementpar don de Dieu à l’Église du Christ, ap-pellent par eux-mêmes l’unité catholique."

"En conséquence, ces Églises et Com-munautés séparées, bien que nous lescroyions victimes de déficiences, ne sontnullement dépourvues de signification etde valeur dans le mystère du salut. L’Espritdu Christ, en effet, ne refuse pas de seservir d’elles comme de moyens de salutdont la force dérive de la plénitude degrâce et de vérité qui a été confiée àl’Église catholique."

� Quatrième question. Pourquoi leConcile Œcuménique Vatican II at-tribue-t-il le nom "d’Église" aux Églisesorientales séparées de la pleine com-munion avec l’Église catholique ?Le Concile a voulu assumer l’usage

traditionnel de ce nom. "Puisque cesÉglises, bien que séparées, ont de vraissacrements, surtout en vertu de la suc-cession apostolique : le Sacerdoce etl’Eucharistie, qui les unissent intimement ànous", elles méritent le titre d’"Églisesparticulières et locales", et sont appeléesÉglises sœurs des Églises particulièrescatholiques.

"Ainsi donc, par la célébration de l’Eu-charistie du Seigneur en chaque Égliseparticulière, l’Église de Dieu s’édifie etgrandit." Cependant, étant donné que lacommunion avec l’Église catholique, dontle chef visible est l’évêque de Rome etsuccesseur de Pierre, n’est pas un complé-ment extérieur à l’Église particulière, maisun de ses principes constitutifs internes, lacondition d’Église particulière dontjouissent ces vénérables Communautéschrétiennes souffre d’une déficience.

Par ailleurs, la plénitude de la catho-licité propre à l’Église, gouvernée par leSuccesseur de Pierre et les Évêques en

communion avec lui, est entravée dans sapleine réalisation historique par la divisiondes chrétiens.

� Cinquième question. Pourquoi lestextes du Concile et du Magistère pos-térieur n’attribuent-ils pas le titre"d’Église" aux Communautés chré-tiennes nées de la Réforme du XVIe

siècle ?Réponse. Parce que, selon la doctrine

catholique, ces Communautés n’ont pas lasuccession apostolique dans le sacrementde l’ordre. Il leur manque dès lors unélément essentiel constitutif de l’Église.Ces Communautés ecclésiales, qui n’ontpas conservé l’authentique et intégraleréalité du Mystère eucharistique, surtoutpar la suite de l’absence de sacerdoceministériel, ne peuvent être appelées"Églises" au sens propre selon la doctrinecatholique.

Au cours d’une audience accordée ausoussigné cardinal préfet de la Congré-gation pour la Doctrine de la Foi, SaSainteté le Pape Benoît XVI a ratifié etconfirmé ces Réponses adoptées par lasession ordinaire de cette Congrégation, eten a ordonné la publication.

10 juillet, William Cardinal Levada, préfet -Angelo Amato, archevêque de Sila, secrétaire

REACTION"Chaque Eglise est l'Eglise catholique

et non pas seulement une partie d'elle.Chaque Eglise est l'Eglise catholique, maiselle n'en est pas la totalité. Chaque Egliseréalise sa catholicité lorsqu'elle est encommunion avec les autres Eglises." Cetteaffirmation, formulée par la NeuvièmeAssemblée du Conseil œcuménique desEglises (COE) réunie à Porto Alegre, Brésil,en février 2006, reflète la lutte communedes 347 Eglises membres du COE réuniesen communauté fraternelle, qui s'efforcentde rendre visible leur unité en Christ.

Il paraît opportun de rappeler cette dé-claration, figurant dans le document "Ap-pelés à être l'Eglise une : renouveler notreengagement à rechercher l'unité et àapprofondir le dialogue - Une invitationadressée aux Eglises", après la publicationaujourd'hui par la Congrégation pour ladoctrine de la foi de l'Eglise catholique ro-maine des "Réponses à des questionsconcernant certains aspects de la doctrinesur l'Eglise".

La Neuvième Assemblée du COE a af-firmé "les progrès accomplis dans lemouvement œcuménique", et encouragéla communauté fraternelle des Eglisesmembres "à continuer d'avancer sur cechemin ardu mais joyeux, mettant notreconfiance en Dieu le Père, Fils et Saint Es-prit, dont la grâce transforme en fruits decommunion les efforts que nous faisonspour parvenir à l'unité."

Selon l'Assemblée, "c'est en se com-muniquant honnêtement ce qu'elles onten commun mais aussi ce qui les sépare etles différencie que les Eglises pourrontmieux acquérir les éléments qui contri-

buent à l'établissement de la paix et àl'édification de la vie en commun."

Comme il l'avait déjà fait en 2000, lorsde la publication de la déclaration Do-minus Iesus par la Congrégation pour ladoctrine de la foi, le Conseil œcuméniquedes Eglises (COE) affirme l'importance dudialogue œcuménique authentique et dutémoignage chrétien commun sur les pro-blèmes auxquels le monde est confrontéaujourd'hui.

Le 11 juillet, Georges LemopoulosSecrétaire général adjoint du COE

VATICANLe budget du Saint-Siège pour l'exer-

cice 2005 présentait un excédent de 9,7millions d'euros. Le bilan de 2006 montredes entrées pour 227.815.000 euros et desdépenses pour 225.409.000 euros, soit unexcédent d’environ 2,4 millions d’euros.

Les dons provenant des Conférencesépiscopales, des diocèses, des instituts re-ligieux, des fidèles et de divers orga-nismes, sont passés de 73,9 millions d’eu-ros en 2005 à 86 millions en 2006.

ZF07070301 et ZF07070607

CHINEEn Chine, des sites internet catho-

liques ont reçu l’ordre de retirer de leurspages la lettre du Pape aux catholiquesde Chine, indique Eglises d’Asie, l’agencedes Missions étrangères de Paris (EDA n°467). ZF07070206

BENOIT XVIBenoît XVI se rendra en Autriche du 7

au 9 septembre pour les célébrations du850e anniversaire de la fondation dusanctuaire marial de Mariazell. ZF07070201

Du 9 au 27 juillet, le Pape se reposedans le village de Lorenzago de Cadore,au pied des Dolomites (Vénétie), et oùJean-Paul II avait ses habitudes.

IRAKOn a appris le 12 juillet que quatre

chrétiens irakiens qui avaient été enlevésle 4 juillet à Kirkouk, en Irak, ont étélibérés et sont en bonne santé.

ETATS-UNISL'archidiocèse catholique de Los An-

geles, le plus grand des Etats-Unis, aaccepté, le 15 juillet, de payer 660 mil-lions de dollars à 500 victimes de prêtrespédophiles et harceleurs sexuels. Depuis2002, l’Eglise catholique américaineaurait déjà versé plus de 2 milliards dedollars aux victimes d’abus sexuels de lapart de membres du clergé, pour des faitss’étant produit durant les soixante-dixdernières années. Les dossiers personnelsdes prêtres en question seront rendus pu-blics, ce qui mettra en lumière la cou-pable inertie de la hiérarchie dans cesaffaires.

14 FRANCECatholique N°3081 20 JUILLET 2007

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LECTURES

uelle réciprocité Dieudemande-t-il à l'homme ?En demande-t-il vraiment

une ? Si l'amour n'est jamais auniveau du "donnant-donnant", ilne saurait non plus se désintéres-ser de l'attitude de l'être aimé.Alors ?

Le récit de l'hospitalitéd'Abraham à Mambré a toujoursété vu comme le plus haut exemple d'accueil du Créateurpar sa créature. C'est à ce titrequ'il a été l'objet d'innombra-bles représentations, enmosaïque ou en peinture. Dieus'y présente comme il est, c'est-à-dire dans son être mystérieux,à la fois un et trois, la charitéd'Abraham va consister à re-connaître et à accueillir cettecharité divine, cet amour qu'estDieu. Son accueil n'a rien decraintif ni de servile : il reconnaîtla dignité de son hôte et réclamel'honneur de le servir. Même entenant compte des habitudesorientales d'hospitalité, samagnificence dépasse la mesure,

le pain qu'il avait promis au(x)visiteur(s) se transforme en festin,sans qu'il le fasse remarquer. Ilse tient debout près de lui (eux),dans l'attitude du serviteur, prêtà exécuter un ordre. Et c'estcette charité délicate, puisée à lasource de Dieu, qui va recevoiren récompense la fécondité, unefécondité inespérée. Dieu n'estpas en reste en matière de don.

Saint Paul nous explique à safaçon la place qu'il est appelé àoccuper dans la transmission desdons de Dieu. Son œuvre estfondée sur une étroite associa-tion à la Passion du Christ et à saRésurrection. Non que leSeigneur ait besoin de la souf-france de l'Apôtre, comme si lasienne n'était pas suffisante ! LeChrist nous donne tout gratuite-ment, sans rien exiger d'autreque notre amour. Mais sa façonà lui de nous prendre au sérieux,de nous faire bénéficier de saforce de Ressuscité, c'est denous associer au processus parlequel il a sauvé le monde. Non,

décidément, il ne "manque" rienaux souffrances du Christ pourson Corps, ou plutôt il nemanque qu'une chose, c'estnous, c'est la pierre que nousavons l'honneur de porter à l'é-difice et qui nous construit enmême temps que nous construi-sons l'œuvre de Dieu.

Tout cela nous prépare à lirele merveilleux épisode del'Evangile, la réception chezMarthe et Marie. Jésus s'y révèleà la fois critique, pour un servicetrop empressé, trop agité, quis'étale et fait valoir ses mérites,et tellement sensible à l'écoutede Marie, à son attitude pleinede foi et d'attention qui lui per-met de communier en profon-deur aux pensées du Christ. Toutest là : Dieu est désintéressé detout, sauf de notre amour. Il n'abesoin ni d'offrande ni de sacri-fice, mais il attend nos cœursdonnés librement et notre humble participation à l’œuvrede notre relèvement. �

16e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIREAnnée C

(Gn 18,1-10 ; Col 1, 24-28 ; Lc 10,38-42)

Père Michel GITTON

Q

Répondre à Dieu

FRANCECatholique N°3081 20 JUILLET 2007 15

Quand il avait 12 ans,Jacques Sevin

fondateur du scoutisme catholiqueAlbéric de PALMAERTillustrations : Palmar

Editions VILTISEXTRAIT :"L'oiseau, hors d'atteinte, baisse la tête vers le petit garçon qui s'agiteen paraissant s'adresser à lui. Il le regarde de ses yeux jaunes et fixes.Alors, comme pour répondre à son inconsciente prière, et pour lui faireplaisir, il étend ses larges ailes et plonge vers le sol. Il se redresse dansune majestueuse courbe et prend la direction du large. Jacques le suitdu regard, mais bien vite le goéland se fond dans l'azur. Jacques estheureux. Peut-être ne sera-t-il jamais marin. Il sait aujourd'hui qu'ilsera meneur d'hommes."

En librairie11 €

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ans ce pays, près de 80 % de lapopulation vit avec moins dedeux dollars par jour, et 35 %est analphabète. Daniel Ortega,qui a dirigé la révolution sandi-

niste de 1979 à 1991, a été élu prési-dent en novembre 2006, sur la promessede lutter contre la pauvreté et la corrup-tion.

Ancien militant de la cause athée,Daniel Ortega cite désormais régulière-ment les Evangiles, le Christ, et le terme"frères" a remplacé celui de "camarades"dans son vocabulaire. A de nombreusesreprises, il s’est affiché avec le cardinalMiguel Obando Bravo, archevêque émé-rite de Managua, qui fut l’un des adver-saires les plus déterminés du régimemarxiste.

Tout en souhaitant "l’ouverture d’undialogue formel" avec les Etats-Unis, sesmeilleurs amis politiques n’en restentpas moins Castro, Morales et surtoutChavez, qui lui a promis un plein appui.Un réel changement est-il possible dansces conditions?

Pendant ce temps, le Nicaragua estentré à nouveau, depuis le 26 octobre2006, dans le groupe resserré desnations qui n’admettent l’avortementsous aucune forme. Sur 193 états mem-bres des Nations Unies, 189 permettentl’avortement thérapeutique quand la viede la femme est en grand danger. LeChili, le Salvador, Malte et à présent,

après plus de 100 ans, le Nicaragua,sont les uniques pays du monde où l’in-terruption de grossesse est illégale sansaucune exception.

Mgr Leopoldo Brenes, archevêque deManagua, avait invité les députés duNicaragua à maintenir le veto sur l’avor-tement thérapeutique en leur rappelantqu’il s’agissait d’un engagement assumé"avec le peuple" et que la pénalisationde l’avortement thérapeutique avait étéune demande populaire qui avaitrecueilli plus de 200 000 signatures. "Siaujourd’hui nous approuvons une loi quidit qu’il est possible de tuer des enfants,demain il y aura une autre loi, celle surl’euthanasie, qui permettra de tuer lespersonnes âgées", avait déclaré l’arche-vêque.

Reste le problème crucial de la pau-vreté. Le cardinal Obando Bravo a lancéun appel : "Les droits humains sont vio-lés non seulement par le terrorisme, larépression, les assassinats, mais aussipar l’existence des conditions d’extrêmepauvreté et par des structures écono-

miques injustes qui génèrent d’énormesdéséquilibres. Pour cette raison, le déve-loppement est le nouveau nom de laPaix, selon les termes de Paul VI. La paixest notre œuvre : elle exige notre actiondécisive et solidaire. Elle est surtout undon de Dieu, elle exige notre prière".

Les services auprès des pauvres semultiplient et l’Eglise est souvent enpremière ligne. A Santa Rosa et àTzitapa, régions rurales et banlieues dela capitale Managua, les religieuses car-mélites distribuent chaque jour un repaschaud à 180 enfants. En outre, lesenfants apprennent à connaître la Bible,à s’adapter à la vie en société et à pren-dre soin de leur corps. Les plus petitssont accueillis dans une crèche et lesmalades peuvent recevoir des soins dansleurs dispensaires. Autre exemple : DonLuke Mata, prêtre nord-américain,consacre plusieurs heures par jour pourassister, écouter et connaître les habi-tants d’une région particulièrementpauvre. Cela est d’autant plus appréciéque les prêtres sont rares, surtout dansles zones difficiles d’accès. Au Nicaraguaen effet, même si 90 % de la populationest catholique, on compte seulement unprêtre pour 80000 habitants. �

EGLISE

16 FRANCECatholique N°3081 20 JUILLET 2007

NICARAGUApar Marc FROMAGER

Faire entendre lavoix de l’Evangile

Des structures économiques injustesqui génèrent d’énormes déséquilibres(

Face aux changements

politiques récents, l’Eglise

demeure attentive, ne

craignant pas de faire

entendre sa position sur

les grands défis actuels.

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(Maternité d'un hôpital ouvertpar des religieuses,

banlieue nord deManagua).

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FRANCE CATHOLIQUE à suivre...

© Editions du Triomphe, 7, rue Bayen, 75017 Paris

L'Aventurier de DieuWerenfried van Straaten

L'Aventurier de DieuWerenfried van Straaten

14/36par Dominique Bar,Guy Lehideux,d'après l'œuvre originale de Jean-Yves Clouzet et Pierdec.

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� Brunor, la première question qu'on auraitenvie de vous poser est : à qui vousadressez-vous dans votre bande dessinée“L'univers imprévisible” ?

Cette enquête s’adresse d’abord àceux qui sont dans une démarche dequestionnement. C’est souvent le proprede l’adolescence. Si je recense des lec-teurs entre 15 et 8O ans, c’est un signeque beaucoup d’adultes ne parviennentpas à se satisfaire des réponses sortiesdes tiroirs habituels.

� En quelques mots vous semblez remettrede l'ordre dans les philosophies commel'enfant qui dit simplement ; "le roi estnu". N'avez-vous pas peur de surprendreun peu trop votre lecteur ?

En démarrant ces recherches pour ap-porter des éléments de réponse à la ques-tion d’un jeune de 15 ans sur Bible etsciences, je ne me doutais pas que j’allaisdécouvrir une mine d’informations en or.Quand quelque chose me passionne, j’aibesoin de le partager : c’est plus fort quemoi. Je le fais pour un film, une musiqueou un tableau… Pourquoi pas pour un re-

gard éclairant sur ces grands fleuves depensée ? Et puis j’aime bien les sur-prises… au moins, ça réveille.

� Vous êtes un iconoclaste au vrai sens duterme ?

Dans la série : quel est le comble… dudessinateur ? Détruire des images ! Maisil est vrai que je souhaite briser un cer-tain nombre d’images. J’aimerais contri-buer à gommer des malentendus, faussesidées, fausses images du Christ qu’onpeut nommer "caricatures" dans monmétier d’illustrateur.

Or je suis bien placé pour savoir qu’onne remplace une image que par uneautre. L’image a trop de poids dans l’in-conscient pour être mise de côté : ellereviendra. Il faut en peindre une plusjuste qui pourra se superposer à la carica-ture. C’est d’ailleurs pour cela que jepeins des "Christ au sourire" sur des boisnaufragés, pour qu’on se rappelle qu’il

peut sourire, même si 2000 ans d’icono-graphie chrétienne l’ont oublié… maisc’est un autre sujet.

� Vous êtes un homme dangereux. Ne crai-gnez-vous pas d'être ridiculisé par ceuxdont vous dénoncez le ridicule ?

Je ne suis pas certain de "dénoncer leridicule" de certaines personnes, commevous dites : je me contente de rapporterleurs propos, que chacun peut vérifier,grâce aux références indiquées. Si le lec-teur en conclut qu’ils sont ridicules, c’estqu’ils le sont peut-être effectivement.

Je montre Kant et Heidegger dont laperruque et le chapeau s’envolent au pas-sage d’un avion, mais c’est aussi arrivéaux Dupontd et chacun les aime bien…

Il est vrai que le rire est souvent dan-gereux : il commence par secouer la cagethoracique et on ne sait jamais jusqu’oùiront ces secousses. Si je devais à montour être ridiculisé, pourvu que ce soit surle même terrain, c’est-à-dire dans despages de BD !

� Pourquoi avoir choisi d'écrire sous formede B.D., ou de mangas plutôt ?

Les seuls points communs avec lemanga sont le format et l’usage du noiret blanc, plus économique. Cette formede B.D. sans case, expérimentée dansl’enquête précédente www.Jésus qui ? etdéjà dans www.Dieu, me permet de tra-vailler plus vite, car je fais l’économie dequantité de décors inutiles dans cettehistoire… La B.D., c’est, accessible et sansprétention, apparemment inoffensif. Etpuis c’est un véritable langage, presquema langue maternelle !

� Comment expliquez-vous que vous sem-bliez être le premier à dire tout cela ?

B.D.

18 FRANCECatholique N°3081 20 JUILLET 2007

LES ENQUETES ESSENTIELLES

Brunor, dessinateur et

chanteur, jongle avec la

philosophie comme

d'autres avec des balles

en mousse. Sa dernière

bande dessinée est une

compilation géniale et

drôle qui débouche sur des

interrogations inédites.

Je suis bien placé pour savoir qu’on neremplace une image que par une autre(

Propos recueillis par Albéric de PALMAERT

L’Univers imprévis

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Une BD pour aborder des questions dephilo ou des données scientifiques surl’ADN ou les galaxies, le second principede la thermodynamique… sans s’ennuyer !Quand j’ai commencé à parler de ce pro-jet autour de moi, on me disait que c’é-tait impossible.

Je me suis contenté d’aller chercherdes informations qui existent déjà, dispo-nibles dans des bouquins plus ou moinsérudits. Le défi consistait à les rendreaccessibles au plus grand nombre defaçon sympathique. Je profite donc dumicro pour rendre hommage à ceux quiont passé leur vie sur ces questions :Tresmontant, Blondel, Teilhard et Bergsonqui publiait "l’Evolution créatrice" il yexactement cent ans ! Je ne suis pas vrai-ment le premier à rappeler qu’il y a unfait scientifique de l’évolution, et que cefait n’est pas incompatible avec unecréation.

� Si nous en venons au fond : qu'est-ceque l'homme ?

Personne ne prétend plus qu’il "des-cend du singe", en revanche, ayant unancêtre commun, nous sommes cousins.Mais contrairement aux espèces ani-males, l’homme est le seul être terrestrequi a passé, non pas le mur du son, maisle mur de la conscience réfléchie. Uneétape risquée puisque l’homme est le seulcapable du meilleur et du pire. C’estpourquoi la parabole d’Adam et Eve com-porte une dimension dramatique. Maisl’homme a la capacité de "refuser le malet choisir le bien".

Cette étape est risquée, mais néces-saire, pour grandir et effectuer la méta-morphose dont parle saint Paul et avan-cer vers l’union à Dieu librement. Mais cesera le thème du prochain album…

Dans le vocabulaire biblique, danstoute la création, l’être humain, est leseul qui ait "un esprit", capable d’entrer

en relation avec l’Esprit de Dieu. Selonl’enseignement de St Paul : "l’Esprit sejoint à notre esprit ".

� Vous voyez que vous pouvez être sérieux !

Vous savez que "l’humour est unechose trop sérieuse pour être confiée àdes rigolos", comme disait Goscinny.

� Un de vos enfants est "philosophe", quepense-t-il de son père ?

Mon fils aîné qui prépare l’agrégationde philo, trouvait que ma présentationétait trop réductrice. Puis un jour il metéléphone pour me dire "Papa ! C’estincroyable : Philippe Murray dit en sub-stance les mêmes choses, c’est génialpour toi !" Il aime beaucoup cet auteur, ila donc été rassuré par cette approchecommune.

� Vous sentez-vous responsable, voire cou-pable de son orientation ?

Je crois que c’est plutôt le contraire !Mais je dois reconnaître que certainesquestions de théologie me passionnentdepuis longtemps. Pour tenter d’apporterdes éléments de réponses à des questionsposées par des amis non-croyants, je tra-vaille sur le thème de la rédemption de-puis 25 ans. Ce livre est un fruit imprévi-sible de cette recherche.

� Quelques mots sur ce personnage quiressemble à Marilyn Monroe ?

Sans dévoiler l’intrigue, je peux direqu’un de ses rôles est sans doute de nousaider à regarder au-delà de l’apparence.Ce clone de Marilyn est aussi un clown.Elle joue un rôle important. En posanttrois énigmes, elle réveille la perspicacitédu lecteur et interpelle sa réflexion.

Si quelqu’un arrive à les résoudre, jeserai heureux qu’il m’envoie un mail à[email protected]. �

FRANCECatholique N°3081 20 JUILLET 2007 19

B.D.

i sible de Brunor

Brunor, L’Univers imprévisible,224 pages, Cerf, 15 €.

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ans un livre intitulé Pie XII et lesJuifs, publié en 2005 en Amé-rique et traduit cette année enfrançais, le rabbin David Dalin,diplômé de Berkeley et profes-

seur d’histoire et de sciences politiquesdans plusieurs universités des Etats-Unis,déclare que le Pape Pacelli devrait êtreproclamé "Juste" par l’Etat d’Israël pourson action en faveur des Juifs contre lapersécution nazie.

Issu d’une famille liée avec l’intelli-gentsia juive de Rome, le Pape Pie XII, d’a-bord nonce apostolique à Münich, a été undes premiers hauts responsables de l’Egliseà pressentir le danger du néo-paganismenazi. En Allemagne même, entre 1917 et1929, il a consacré 40 de ses 44 discours àdénoncer la montée du nazisme. Fils spiri-tuel et secrétaire d’Etat du "Pape antitota-litaire" Pie XI, corédacteur de l’encycliqueantinazie de 1937 Mit brennender Sorge("Avec un souci brûlant"), le futur Pie XIIne sera pas "le Pape d’Hitler" comme cer-tains le prétendront - après sa mort - maisau contraire un protecteur efficace, pru-dent mais actif des communautés juivesd’Europe. Son action persévérante pendantl’Occupation a permis de sauver de700.000 à 860.000 Juifs, selon l’historienjuif Pinchas Lapide, ancien diplomate. Telssont les faits que démontre David Dalindans son livre, témoignages à l’appui. Au-

paravant, il se paie le luxe de rappeler quede nombreux papes avaient déjà pris la dé-fense des Juifs contre les pogroms duMoyen Age et du XVIe au XIXe siècle.

A la mort de Pie XII en 1958, les princi-paux représentants politiques et religieuxjuifs, de Golda Meir, Premier ministre d’Is-raël, au Grand Rabbin de Rome Elio Toaff,rescapé de la Shoah, lui ont rendu hom-mage, déclarant qu’aucun homme n’avaitfait plus que lui pour sauver les Juifs desgriffes du nazisme.

Ce n’est qu’en 1963 qu’une pièce dethéâtre, Le Vicaire, écrite par… un anciennazi, Rolf Hochhuth, va lancer une cam-

pagne de calomnies contre le défunt Pape,en le présentant comme un homme faibleà l’égard d’Hitler de par des préjugés anti-judaïques…

Dès 1915, le jeune Père Pacelli inspirela condamnation de Benoît XV contre lespogroms de Pologne. Déjà comme noncedans l’Allemagne de Weimar, Eugenio Pa-celli tente d’empêcher l’assassinat du mi-nistre juif des Affaires étrangères WalterRathenau en 1922 en signalant le danger.

Quand il signera le concordat de 1933avec l’Allemagne, ce sera uniquement pourtenter de défendre la liberté des catho-liques menacés par le nazisme. Mais dèsavril 1933, le cardinal Pacelli envoie unavertissement aux hitlériens contre la per-sécution antisémite. La presse nazie necesse de le traiter d’"ami des Juifs" en l’in-

HISTOIRE

20 FRANCECatholique N°3081 20 JUILLET 2007

PIE XII

Un historien juif, le

rabbin Dalin, prend la

défense de Pie XII, en

réfutant point par point

les accusations de

lâcheté portées contre

lui peu après sa mort.

Un protecteur efficace, prudent maisactif des communautés juives d'Europe

D

(

D.R.

D

Le mythe du Pap

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sultant. En 1935, il qualifie les nazis de"faux prophètes, orgueilleux comme Lu-

cifer" et déclare Hitler"complètement pos-

sédé". En voyageaux Etats-Unis

en 1936, lecardinal se-

crétaired’Etat afait ces-

ser les émis-sions de ra-

dio d’unp r ê t r e

antisémitepolitisé. En

1938, il réitère lacondamnation detout antisémitismepar Pie XI, et il blâmeavec force le cardinal

autrichien Innitzer qui a approuvé l’arrivéedes nazis dans son pays.

Une fois élu pape, en mars 1939, Eu-genio Pacelli réagit d’abord contre les me-sures antisémites adoptées par Mussoliniflirtant avec Hitler : il donne des postes auVatican et dans divers instituts catholiquesà des universitaires juifs italiens chassésde leur chaire. Sa première encyclique,Summi Pontificatus, condamne le nazismeet son aspect antisémite. Le chef suprêmede la Gestapo Heinrich Müller déclarecette encyclique "dangereuse"… Un avionbritannique en largue 88.000 exemplairessur l’Allemagne...

En mars 1940, une entrevue orageusea lieu entre le ministre des Affaires étran-gères d’Hitler, Ribbentrop, et Pie XII, quidénonce les atrocités nazies. Hitler envisa-gera en 1943 d’enlever ce Pape, comme legénéral SS Karl Otto Wolff en a témoignélui-même…

Alors, le silence de Pie XII ? Un silencetrès relatif… Le rabbin Dalin parle plutôtd’une retenue s’expliquant par la volontéde ne pas exciter davantage les fauves na-

zis, devant lesquels les démocraties occi-dentales avaient craqué, dès 1938 à Mü-nich… Le procureur américain du procès deNüremberg Robert Kempner déclarera :"Non seulement tout geste de propagandede l’Eglise catholique contre le Reichd’Hitler aurait été suicidaire, mais celaaurait hâté l’exécution d’encore plus dejuifs et de prêtres". Déjà, rappelle DavidDalin à propos du dilemme déchirant dePie XII, "des personnalités juives et desévêques catholiques de pays occupés luiont fermement préconisé de ne pas inciterles nazis à commettre de nouvelles atroci-tés". L’expérience désastreuse des repré-sailles de la Gestapo contre la protestationdes évêques hollandais était tristementéloquente à cet égard : elle avait provoquél’arrestation des Juifs convertis au christia-nisme, en particulier Edith Stein !

Par une lucidité extrême et doulou-reuse, Pie XII a préféré agir le plus possible,plutôt que de multiplier des déclarationspubliques inutilement dangereuses pourles populations juives et chrétiennes à lamerci des tueurs. En 1943, il fait cacherprès de 5000 Juifs à Rome, comme entémoigneront un Juif rescapé et… le chefSS Eichmann dans ses carnets, et il en hé-berge 5000 autres à Castel Gandolfo. En

1944 à Budapest, Pie XII obtient du régentHorthy l’arrêt des mesures antisémites,sauvant 170.000 Juifs hongrois d’une dé-portation imminente à Auschwitz, et lenonce donne vingt mille passeports. De-puis Istanbul, le futur Jean XXIII sauve desmilliers de Juifs slovaques en résidenceforcée en Hongrie ou en Bulgarie, en leurenvoyant des certificats d’immigration enPalestine, et sauve aussi des milliers deJuifs de Roumanie. Pie XII lance six protes-tations officielles contre la déportation desJuifs de Slovaquie par le président Tiso,prêtre extrémiste égaré en politique : 25%devront leur salut à ces démarches.

Après un chapitre sur la collaborationdu Grand Mufti de Jérusalem Hadj Aminal-Husseini et d’une partie du monde ara-bo-islamique antisémite avec Hitler, lerabbin Dalin rend un hommage prononcé àl’action de Jean-Paul II, notamment lors deson pèlerinage de l’an 2000 en Israël, quiaura scellé l’amitié judéo-chrétienne. Celivre apporte un témoignage de poids, quine saurait être négligé. �

HISTOIRE

FRANCECatholique N°3081 20 JUILLET 2007 21

David Dalin, Pie XII et les Juifs, lemythe du Pape d’Hitler, Tempora,235 pages, 19,90 €.

D.R

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Dessin paru dans le journaldes SS, le 22 juillet 1937,

se moquant du noncePacelli, ami des juifs et

des communistes

Pie XII rendant grâce pourla libération de Rome

ape d’Hitler

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FRANCECatholique N°3081 20 JUILLET 2007 23

IDEESLE JOURNAL DE GERARD LECLERC

9 JUIN

Le désaccord sérieux à propos deTeilhard entre Maritain et de Lubacm’a poursuivi ces temps-ci à cause dedivers ouvrages récemment publiés.D’abord, dans le cadre de l’éditioncomplète du Cardinal, un second vo-lume de textes sur le jésuite paléonto-logue : La Prière du Père Teilhard deChardin (Le Cerf, tome XXIV). L’in-tention de l’auteur est toute apologé-tique. Il défend son ami contre le feuacharné des polémiques de l’époquedont je me souviens fort bien puis-qu’elles ont marqué les débuts de mavie intellectuelle. Mon premier articlede journaliste en herbe fut consacré àTeilhard. Je ne l’ai jamais relu et nesais si j ’en endosserais encore lecontenu. Mais le problème n’est-il pasqu’en quelques décennies, les enjeuxse sont considérablement déplacés ? J’ysonge d’autant plus qu’un autre livre àpropos des débats sévères entre darwi-nistes et créationnistes tend à montrerque la problématique teilhardienne aaujourd’hui du mal à se faire entendreà cause d’un climat que l’on pourraitappeler scientiste et qui ne semble ac-cepter que la problématique du hasardet de la nécessité. Il s’agit de Dieu ver-sus Darwin, du Père Jacques Arnould,dominicain, (Albin-Michel) dont unprécédent ouvrage concernait précisé-ment Teilhard.

Jacques Arnould rappelle commentune émission d’Arte (29 octobre 2005) mitle feu aux poudres dans le milieu scienti-fique spécialisé. Intitulée Homo sapiens,une nouvelle histoire de l’homme, elleprésentait les travaux d’Anne Dam-bricourt-Manassé, chercheur au CNRSet rattachée au Museum nationald’histoire naturelle de Paris. Cettejeune femme défend la thèse d’un pro-cessus d’hominisation spécifique, nonréductible aux facteurs que sont l’en-vironnement, le hasard et la sélectionnaturelle. Opposée fermement à cequ’elle appelle l’erreur darwinienne,elle appartient à la Fondation Teilhard

de Chardin et se trouve, pour ces mo-tifs, soupçonnée de “créationnisme”.Jacques Arnould tire prudemment laleçon de la querelle qui fit alors grandbruit : “Quels moyens saurons-nousmettre en œuvre, en France, pourprendre au sérieux la question poséepar les mouvements créationnistes (carelles le méritent effectivement) sansen rester à des querelles de clochersou d’amphithéâtres ? Sommes-nous sipeu assurés de nos propres convictionset de la qualité de nos propres quêtespour refuser le débat ou pour nousprotéger derrière la suffisance ou lemartyre.”

Mais cet incident est significatifd’un climat extraordinairement tendu.Le créationnisme est pourchassécomme une menace associée au fon-damentalisme religieux. On peut évi-demment émettre l’hypothèse que larigueur épistémologique n’est passeule en cause dans cette mobilisationqui semble se réveiller sous tous lesprétextes. N’est-ce pas la FondationTeilhard de Chardin que l’on voudraitexpulser du Museum d’histoire natu-relle parce qu’il y introduirait la reli-

gion là où elle n’a pas lieu d’être ? Re-fusera-t-on alors au célèbre jésuite sestitres scientifiques ? On peut s’interro-ger, dans cette logique, sur le sort àréserver à tous ces savants qui ont eula prétention de formuler une penséed’ordre général qui sortait des fron-tières de leur propre spécialité et deses procédures scientifiques. C’est bienle cas d’un Albert Einstein, qui n’a pashésité à synthétiser sa vision dumonde.

Il faut reconnaître pourtant queTeilhard se montre particulièrementvulnérable à une critique sourcilleusequant aux intentions apologétiques et

théologiques, lui qui a consacré toutesa vie à révéler la dimension christiquede sa perception scientifique dumonde en évolution. La citation qui setrouve en tête de ce volume du Père deLubac est en elle-même une provoca-tion insupportable à tout exclusivismescientiste : “Celui à qui il est donné [...]de voir le Christ plus réel que touteautre réalité du monde, le Christ par-tout présent, et partout croissant, leChrist détermination ultime et Principeplasmatique de l’Univers, celui-là vit

Prendre au sérieux la question poséepar les mouvements créationnistes

De Richelieu à Sarkozy

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Le PèreTeilhard de Chardin

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vraiment dans une zone où ne parvientle trouble d’aucune multiplicité, et oùpourtant se poursuit le plus active-ment l’œuvre de l’universel achève-ment.” J’ajouterai que dans son soucibien naturel de montrer la parfaitefidélité de son ami au cœurde la foi christique, le Père deLubac n’arrange pas les cho-ses avec les implacables gar-diens d’une science autonomeet s’exprimant dans leur seullangage autorisé…

Encore faudrait-il quecette exigence épistémolo-gique soit elle-même scrupu-leusement respectée par lesintéressés. Ce qui ne paraîtpas spontanément évident.L’essai du Père Arnould nousaide à mesurer la difficulté.On retient, au terme, sa fermerésolution de ne céder à nullefacilité et d’aller jusqu’aubout de la recherche de nosorigines. “Pour la foi chrétien-ne, Dieu n’est pas étranger àcette quête : il s’y révèle, il nes’y impose pas.”

Je constate que nous som-mes quand même très loin del’engouement collectif desannées 50-60 pour le teilhar-disme. Celui-ci se fondait plussur un optimisme historique,en rapport ambigu avec l’es-chatologie marxiste, plutôtqu’avec une vision scienfi-tique. D’ailleurs, ce n’est pas pour rienque le Père de Lubac voulait protégerTeilhard du teilhardisme. A la mêmeépoque, m’a confié le petit neveu prêtredu savant jésuite, la famille ne goûtaitpas du tout l’idéologie qui se réclamaitde l’auteur du Phénomène humain. Il yeut donc bien des ambiguïtés danscette affaire. Peut-être y voit-on plusclair aujourd’hui, parce que les idéolo-gies en vogue il y a un demi-sièclesont dévaluées et que le teilhardismed’hier ne peut plus soulever l’enthou-siasme. Reste que Teilhard, moins pri-sé, moins lu, demeure quand mêmefascinant.

12 JUIN

La politique a été tellement pré-sente au cours des derniers mois qu’ilest impossible de ne pas la considéreren elle-même, non pour l’extraire des

échanges entre camps, mais pouressayer de comprendre de quoi il s’agit.Malek Boutil n’a pas forcément attiré lasympathie de ses amis en déclarantqu’il reconnaissait ce mérite à NicolasSarkozy d’avoir rendu confiance dansl’action politique. Il n’en a pas moinsindiqué en quoi le nouveau président dela Ve République avait pris le dessus parrapport à ses concurrents. La politique,c’est d’abord l’affirmation d’une volontéet cela peut aller jusqu’au volontarisme.La suractivité dont on crédite plus oumoins aimablement Nicolas Sarkozy, etqui tend à illustrer la notion d’hyper-présidence, ce n’est pas autre chose.Bien sûr, la politique ne peut pas tout

et on voudrait même qu’elle puisse demoins en moins dans un monde voué àl’ouverture des marchés et donc au des-saisissement de la régulation étatiquedes flux économiques.

Telle est d’ailleurs l’énigme actuelledu nouveau pouvoir. Est-il possi-ble de se réclamer en mêmetemps d’une rupture libérale etd’un renforcement de l’interven-tion politique ? Il faudra quelquetemps pour qu’on y voie plusclair. Mais, pour le moment, lediscours est souvent explicite-ment anti-libéral, y compris etsurtout en ce qui concerne l’orga-nisation européenne. C’est aupoint que certains se demandentsi Sarkozy ne se serait pas ralliéaux thèses d’Emmanuel Todd surla maîtrise de la monnaie, la pro-tection à l’échelle européenne, ledéveloppement industriel…

Mais il convient aussi deprendre du recul pour interrogerla question politique en elle-même. J’y ai été conduit cesjours-ci par un petit livre, richeen substance, sur le cardinal deRichelieu. Son auteur, ArnaudTeyssier, haut fonctionnaire etuniversitaire, n’a pas peur de direles choses, si peu correctesqu’elles apparaissent aujour-d’hui. En deux mots : la politiqueest un anti-destin. Elle consisteà dominer l’adversité pour rendrepossible ce qui est indispensable

au bien public. En d’autres termes, lapolitique est aussi le domaine de ladécision, alors qu’on voudrait qu’ellese résumât simplement à la délibéra-tion infinie, prolongée aujourd’huidans tous les mirages de la démocratieparticipative. Avant même d’être entrédans le sujet, la pensée du Cardinal, onpressent combien la discussion risqued’être tendue et que se profile à l’hori-zon, le fameux décisionnisme de CarlSchmidt, le philosophe si controversé.Mais plutôt que de se perdre par avan-ce dans des polémiques trompeuses, ilvaut mieux recentrer l’objet de laréflexion.

Il y a quelques mois, j’ai passé dessoirées entières, avec ma fille étu-diante, sur l’ouvrage de Marcel Gau-chet La condition politique (collectionTel, Gallimard) et j’avais été particuliè-

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Dominer l’adversité pour rendrepossible ce qui est indispensable(

IDEES

Le cardinalde Richelieu

D.R

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IDEESrement retenu par son chapitre “L’Etat,au miroir de la raison d’Etat” qui abor-dait magistralement le tournant de laréflexion politique aux XVIe et XVIIesiècles. Car c’est à ce moment que seproduit l’autonomisation d’un domainesoumis jusqu'alors à l’entière régula-tion théologique : “formidable renver-sement qui ne révèle toute sa portéeque lorsqu’on mesure le transfert de lareligiosité sur l’Etat dont il s’accompa-gne. L’opposition ne passe pas simple-ment entre les valeurs séculières de lapolitique et les valeurs religieuses dusalut : elles passent entre deux formesou deux âges des religions. Et ce qui val’emporter avec Henry IV, ce n’est pasplatement le point de vue laïc del’Etat, c’est un Etat devenu une finreligieuse en lui-même. Cela dans lecadre d’un basculement global versune religion de la réalisation terrestre- l’accomplissement du royaume-nation par l’opération roi-Etat…” Mar-cel Gauchet, toujours si dense dansson expression, ne manque pas ici à laclarté, en nous faisant saisir que ce quise joue c’est l’autorité tellement ac-crue du politique qu’elle correspond “àune religiosité intrinsèque de la royau-té d’Etat”.

Richelieu s’inscrit entièrement danscette évolution. Et le Cardinal en luin’en est nullement contredit ou surpris.D’ailleurs Gauchet aborde directementle rôle et la pensée du ministre de LouisXIII en des pages aussi fortes. AvecRichelieu, note-t-il “la raison d’Etat vase trouver solennellement intronisée enFrance et s’installer au cœur de la viepublique”. C’est, ajoute-t-il un véritableséisme mental, dans la mesure où ilremet en cause l’autorité religieusedans une affaire aussi sensible quel’opposition française à la catholiqueEspagne. L’alliance avec les princesprotestants rompt avec la logiqueconfessionnelle et récuse une raisond’Etat autonomisée. C’est qu’entre-temps l’Etat a pris de la consistanceconceptuelle avec Bodin et que se for-mule progressivement et pragmatique-ment une théorie que Richelieu en-dosse naturellement.

J’en reviens donc à l’essai d’ArnaudTeyssier (Richelieu, la puissance de gou-verner, Michalon, coll. Le bien com-mun), pour mieux comprendre la per-sonnalité d’Armand du Plessis, dont on

aurait le plus grand tort d’imaginerqu’elle se caractérise par une sorte deschizophrénie entre l’homme d’Egliseet l’homme d’Etat. Ami de Bérulle, ilpartage avec lui sa ferveur chrétiennesupérieurement éclairée et son atta-chement à une monarchie qui répondà “l’ordonnance du Ciel”. Bien qu’endésaccord sur la politique à conduireenvers l’Espagne, les deux hommes -deux cardinaux au demeurant - sontégalement providentialistes et atta-chés à la modalité nouvelle de la mo-narchie dont le “droit divin” garantit lamission propre. Toutefois, Richelieu,investi de la confiance de Louis XIII,prendra son libre essor, s’exposant audésaccord du parti dévot (Marie deMédicis, Bérulle, les Marillac) dans sapratique qui sépare tactiquement l’ob-jet religieux et l’objet politique. Il n’enest pas moins bon chrétien pour au-tant, catholique très orthodoxe,évêque pénétré de ses devoirs. Mais ila reçu mission dans l’ordre temporel etil suivra inflexiblement la ligne qui luiparaît la plus conforme au salut public.

Je ne vais pas m’engager plus loinhistoriquement, m’arrêtant aux prin-cipes où Teyssier se retrouve en accordcomplet avec Gauchet. Il n’y a pas laï-cisation du politique comme on l’en-tend aujourd’hui : “En revanche, il y abien promotion des principes poli-tiques autonomes, fondés sur unecompréhension aiguë de la substancedu pouvoir et plus encore sur sa pra-tique quotidienne.” S’ensuit toute larigueur d’une action qui rétablira laplénitude des prérogatives de l’Etat,héritage de Rome, à l’encontre de l’é-miettement féodal et des prétentionsdes Grands. C’est dire que la décisionest capitale dans la dynamique d’unEtat sans cesse en mouvement et quele concept limite de “coup d’Etat per-manent” pourrait caractériser. Ceterme, d’évidence provocateur, ArnauldTeyssier le reprend à FrançoisMitterrand qui en faisait le vice cons-titutif de la Ve République gaullienne,pour le muter en idée positive. Lepéché mortel de l’Etat serait l’indéci-sion et le non-agir, au risque de la dis-solution du corps social et du retourdes féodalités.

Qu’on le veuille ou pas, il y a unrapport assez direct avec la questionde l’hyper-présidence et la pensée du

cardinal de Richelieu. Ceux qui s’ef-fraient de cette omniprésence ont rai-son, si elle s’exerce à l’encontre deslibertés de la société civile - ce que nevoulut jamais Richelieu, montre Teys-sier - ou encore des nécessaires procé-dures de contrôle d’une démocratiemoderne, dont De Gaulle, évident héri-tier du Cardinal, ne voulut pas s’af-franchir. Mais il y a bel et bien désac-cord sur cette instance de décision quecertains voudraient réduire au mini-mum, ne serait-ce qu’en la transférantdans le cadre de la délibération parle-mentaire. Un journal comme Mariannebrandit le spectre du bonapartisme quiservit déjà pour contester le décision-nisme du général de Gaulle.

Par-delà les polémiques circons-tancielles, la question philosophiqueappropriée demeure, dans des termespas si éloignés de ceux du XVIIe siècle.Jacques Maritain était foncièrementopposé à la théorie de la souverainetéselon Bodin. Il se montrait, sans doute,à la fois médiéval et moderne dans saconception de la régulation du tempo-rel. On peut être tenté de lui donnerraison à cause d’une réelle dérive d’unpolitique tellement autonomisé qu’il alargué toutes amarres par rapport àune morale qui devrait le surplomber.Mais telle n’était pas la politique selonle cardinal de Richelieu.

A l’inverse on peut craindre qu’uneméfiance extrême à l’égard de la poli-tique et de son pouvoir de décision nedégénère en déni de ce que JulienFreund appelle son essence. Essencedont tant d’idéologies - le marxismeen premier - ont voulu nier la réalitéen la dénonçant comme une aliénationet en brisant du coup toutes les diguesqui s’interposaient contre le totalita-risme. Enfin, le problème politique ne sepose pas qu’en France. Quels que soientles limites et les contrôles que la démo-cratie américaine dresse contre la puis-sance du président des Etats-Unis,celle-ci demeure considérable. C’estpourquoi je ferai mienne la remarquede Julien Freund : “Si belles et si géné-reuses que puissent être les construc-tions idéologiques et utopiques, ellesauront toujours à se mesurer avec lesprésupposés du politique et avec sestribulations empiriques”. �

On peut lire le journal de Gérard Leclerc sur www.france-catholique.fr

FRANCECatholique N°3081 20 JUILLET 2007 25

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n a dit de lui qu'il était le BenvenutoCellini de l'an 2000, un orfèvre-alchi-miste, un classique pour les tempsfuturs. Goudji, "maître d'art", est, au fildes ans, de plus en plus clairement un

des artistes majeurs de notre époque."Je suis né à Paris à l’âge de trente-trois ans",

dit-il toujours. Cela fait juste trente-trois ans en2007. Né en Géorgie, parti d'URSS en 1974, fuyantle système communiste qu'il exécrait, Goudji estorthodoxe (il découvrit tout seul l'existence deDieu à neuf ans) mais il travaille souvent pourl'Eglise catholique. Son art est mystique : il sertitdans les métaux précieux les pierres de laJérusalem céleste dans l'Apocalypse, du jaspe à lacalcédoine.

Ses œuvres nécessitent ce qu'Henri Guérin, le peintre-verrier, a appelé "la patience de la

main". On ne saitce qu'il faut leplus admirer :l'inspiration, sanscesse renouvelée,donnant nais-sance à un styletotalement per-sonnel, ou la pro-digieuse habileté

manuelle et la perfection d'exécution, servies parune capacité de travail hallucinante.

Après reconstitution d'une partie de l'atelier deGoudji (il a forgé lui-même ses centaines d'outils)et découverte des premiers bijoux et de la genèsede l'œuvre, l'exposition s'écoule entre deux symbo-les royaux. La Royale salamandre d'argent et deserpentine, emblème de François 1er, que l'artisteoffre au château de Blois, symbolise par sa deviseNutrisco et extinguo (Je m'en nourris et je l'éteins)le travail de Goudji, qui dompte la matière par samaîtrise du feu. Le Roi cerf-volant, cerf ailé d'orpur, se cabre, et entrouvre ses ailes de lapis-lazuliet d'aventurine pour prendre un glorieux envol.

Goudji a ciselé l'emblèmede Louis XII après l'avoirvu en rêve, comme pourtous ses chefs-d'œuvre.

En effet, il voit chaquenuit avec précision ses

œuvres à venir et les dessine le len-demain matin : c'est un don au vérita-

ble sens du mot. Ce n'est qu'un descôtés fascinants de cet artiste de génie,

mais aussi homme extrêmement attachantpar sa noblesse de cœur et sa simplicité.

CHÂTEAU ROYAL DE BLOIS

Goudji est l'orfèvre des papes, ses œuvres

sont présentes au Vatican et dans le monde

entier. Quelle consécration que cette

rétrospective au château de Blois qui reçoit

un immense succès, en hommage à son arrivée

en France voici trente-trois ans. Avec une

commande de Benoît XVI, que vous découvrirez

en avant-première avant même le Pape…

O

26 FRANCECatholique N°3081 20 JUILLET 2007

Goudji,le magici

Goudjisertit dansles métauxprécieux lespierres dela Jérusalemcéleste dansl'Apocalypse,du jaspe àla calcédoine

EXPOSITIONS©

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© MARC WITTMER

"Le Verbe-Grand évangéliairede la Cathédrale de Chartres"Or, vermeil, argent, émeraude,sodalite, agate rubanée,cristal, tourmaline, jaspe,nacre, cristal de roche givré,œil-de-faucon, ébène, 1994.

"L'Oiseau Huppé"Argent, sodalite,cristal de roche givré,2006.

© M

ARC

WIT

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© M

ARC

WIT

TMER

"Le Roi-Cerf volant"Or 18 cts,lapis-lazuli,aventurine, jaspe,sodalite,serpentine,2007.

"Goudji et le Cerf Royal volant", 2007.

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Il fait partie des rares artistes qui semblentrenouer avec l'état d'innocence d'avant la chute,retrouver un parfum du Paradis terrestre. Ses œuv-res sont un écho de l'amour de Dieu pour ses créa-tures. On peut dire qu'elles sont un reflet non seu-lement de sa Beauté, mais de sa Bonté. Très recon-naissables, la sérénité etle sourire de ses Bêtesenchantées à l'humoursubtil : Le Roi Cerf-volant, les chèvres duCaucase s'échappantmalicieusement de cor-nes à boire, telles les chi-mères hybrides des livres d'heures médiévaux, lesZébu ébahi, Haquenéed'or, Antilope atlante ouLicorne cabrée, ou encorele délicieux Nomade,drôle d'oiseau malin d'ar-gent et d'œil-de-fer, at-telé à une précieuse rou-lotte de nacre et de cristal pour on ne sait quelmystérieux voyage ou transport d'une énigmatiquecargaison. Serait-ce quelque allégorie des difficul-tés du détachement en ce monde ? Il faudrait toutciter, mais ne passons pas sans nous arrêter devantune épure qui touche à la perfection : le Canthareaux oiseaux de paradis (1998), tout en argent avecleurs ailes de calcédoine bleue. Sa beauté intem-porelle n'a pas échappé au musée des Arts déco-ratifs de Lyon, qui l'a acquis.

L'an passé, Goudji a réalisé une suite d'éton-nants personnages humains en argent d'unecinquantaine de centimètres. La Pêchemiraculeuse évoque leLivre de Tobie ; le jeunehomme rapporte à sonpère le poisson miraculeux(en lapis-lazuli, pierre trèsprécieuse) qui va le guérir desa cécité, préfiguration duChrist, divin ichthus rédemp-teur, qui ôtera tout voile de nosyeux et guérira toute maladie. Ilpeut aussi représenter, dans leNouveau Testament, le jeune garçon

qui fournit au Christ les poissons de la multiplica-tion, ou encore saint Jean donnant à Jésus le pro-duit de la pêche miraculeuse : pêcheur d'âmes, iltransmet au monde l'Évangile, par le truchementdu poisson, emblème du Christ. L'Innocence, qui seprésente les mains ouvertes avec sincérité, la têtecoiffée d'une dépouille de lion, pourrait être inter-prétée, elle, comme saint Marc apportant la BonneNouvelle à Alexandrie.

Le Visiteur à la grande hotte et L'Oiseleur mar-chand de trilles semblent vouloir combler de miri-fiques cadeaux ceux qui ont su garder leur âmed'enfant, et ses mages lampadophores, dont lesboîtes à secrets se métamorphosent en bougeoirsquand on les retourne, sont comme les jouets degrands enfants gâtés, bénis des dieux. Toute cettepartie s'appelle d'ailleurs "objets usuels d'unmonde irréel".

On y est invité à la table des dieux pour un fes-tin digne de l'Olympe. On nous y sert le nectar etl'ambroisie dans des rhytons, aquamaniles, coupes,hanaps, kéras, patères et puiselles, et les vershomériques de l'Iliade sonnent à notre mémoire.

Migrations, un de ses plus purs chefs-d'œuvrede ces dernières années (2004), est une couped'argent le long de laquelle glisse un étrange duo,

un taureau aux cornes im-menses, et un oiseau quiparaît voler à ses côtés tel un

divin garde-bœuf égyptien, etlui chuchoter à l'oreille le secret

des merveilles de Dieu. Le chrétienpeut y voir un dialogue entre saint

Jean et saint Luc dont ces animaux sontles emblèmes dans le Tétramorphe, ou un échodu psaume "le jour au jour en publie le mes-sage, et la nuit à la nuit le chante encore". Onpeut aussi le décrypter comme le Saint Espritinspirant son évangile à saint Luc. Chez

Goudji, il n'y a pas de frontière entre profane etsacré, car il transfigure littéralement le réel.

La dernière partie regroupe à l'inverse les "ob-jets imaginaires d'un monde réel", voués à un

EXPOSITIONS

cien d’orpar Marie-Gabrielle LEBLANC

"Royale Salamandre «Nutrisco et Extinguo»"Argent, or 18 cts, serpentine, ébène 2007

© MARC W

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FRANCECatholique N°3081 20 JUILLET 2007 27

"Le Minotaure"Or 18 cts, argent,lapis-lazuli, ébène,

2006.

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"Le Sablierdu Tempsqui passe"Argent,verre soufflé,aventurine2006.

© M

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Il n'y a pasde frontièreentreprofaneet sacré,car Goudjitransfigurelittéralementle réel

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usage effectif mais hors du quotidien. Après lesépées des académiciens (il en a réalisé treize à cejour, six sont exposées), l'apogée est l'œuvre litur-gique, qui ouvre la porte du monde divin. DepuisNotre-Dame de Paris, Luçon, Chartres et Tournus,la liste s'allonge des curés, recteurs de sanctuaires,pères abbés, prélats, évêques, et …papes qui veulent commander crosse, calice, autel, ambon,cathèdre, ostensoir ou évangéliaire à Goudji (voirencadré ci-contre). Enfin, la vague de Beauté quel'on attendait depuis si longtemps dans notre artsacré ! Au train où vont les choses, on parlerapeut-être un jour du "Siècle de Goudji". N'a-t'il pasfait écrire en exergue de son site internet : "Nousnous souvenons toujours de ce qui vient. (SaintGrégoire de Nysse)". Son fils Stéphane, qui estécrivain, a dit que "son œuvre ne vient pas dupassé, mais de l'avenir". Si son bestiaire se sou-vient du jardin d'Eden, son œuvre liturgique nousparle du Paradis à venir et de la liturgie éternelle,c'est là sans doute son apport en tant qu'ortho-doxe. Tel Vladimir Volkoff en littérature, Goudji estprofondément œcuménique. Il travaille en écou-tant inlassablement le sublime Office des Ténèbresde Couperin, chanté par Alfred Deller, et il aimeméditer l'art roman français ou la peinture deNicolas Poussin.

Les objets du Jubilé 2000 - apportés précieuse-ment à Blois par Stefano Zanella, le talentueuxcouturier des papes récemment exposé à Four-vière -, sont devenus des reliques après avoir étéportés par le Saint-Père Jean-Paul II. Le formal ourational à l'Agneau (fibule attachant le mantum,pluvial que porte le pape pour les vêpres, l'adora-tion du Saint-Sacrement, la bénédiction Urbi etorbi…), très aimé de Benoît XVI, est rejoint par unsecond, commandé par le Pape qui en a choisi lethème : l'Arche de Noé, et ne l'a pas encore décou-vert. L'Arche de l'Église y vogue sur des flotsd'améthyste et un ciel de calcédoine, sous l'arc-en-ciel de l'Alliance. Le cadre est de jaspe, quiconstitue le rempart de la Jérusalem céleste dansl'Apocalypse. Allez vite l'admirer, vous ne le verrezplus désormais que de très loin, ou sur votre écrande télévision…

Avec l'art de Goudji, c'est déjà un peu sur laterre comme au Ciel. �

Où voir l'œuvre liturgique de Goudji ?1986 : fonts baptismaux de Notre-Dame de Paris1992 : chœur et trésor de la cathédrale de Chartres1995 : cathédrale de Luçon1998 : reliquaires à la Trappe de Sept-Fons1999 : Saint-Philibert de Tournus2000 : Grande Trappe de Soligny ; abbaye de Champagne-sur-Rhône ; colombede l'église de Vendôme2002 : grand ostensoir des processions de Lourdes ; reliquaire de la cathédralede Cahors2003 : cathédrales de Cambrai et de Beauvais2004 : monastère cistercien de Novy Dur (République Tchèque) ; église deBelleville en Beaujolais ; grand lustre de l'église de Meung-sur-Loire ; église duChrist-Roi à Fribourg (Suisse)2005 : ostensoir de la cathédrale du Puy2006 : ostensoir, évangéliaire et vasessacrés de la nouvelle basilique de saintPadre Pio à San Giovanni Rotondo. �

"Goudji, le magicien d'or". Exposition au châ-teau royal de Blois (Loir-et-Cher), jusqu'au 30septembre, tous les jours (9h-18h30). Tarif(exposition et château) 9 €. Rens. (exposition,château royal, son et lumière) : tél. 02.54.90.33.33. www.goudji.com, www.ville-blois.frLe catalogue de l'exposition, 128 pages, nom-breuses illustrations, éditions Papier and Co, 25 €.Livre d'art : "Goudji" par Stéphane Barsacq etBernard Berthod. Editions de l'Amateur, 2002.

EXPOSITIONS

"Migrations"Argent, cristal de roche,œil-de-fer, 2004.

"La ChevauchéeFantastique"Argent, sodalite,jaspe, serpentine,cristal de roche,nacre, 2006.

© M

ARC

WIT

TMER

© M

ARC

WIT

TMER

L'œuvreliturgiquede Goudjinous parledu Paradisà venir etde la liturgieéternelle

"Rhytonà la Colombe d'Or"Or 18 cts, pyrite,jaspe bicolore,nacre, 2001

© MARC WITTMER

28 FRANCECatholique N°3081 20 JUILLET 2007

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FRANCECatholique N°3081 20 JUILLET 2007 29

FESTIVALS

evant un phénomène de l’ampleur du fes-tival d’Avignon, l’Eglise locale a senti qu’ily avait là à la fois une originalité à res-pecter et un champ de mission à cultiver.Il existe depuis quarante ans une associa-

tion, "Foi et culture", qui est à l’écoute des artis-tes. Chaque mardi du festival, elle organise uneconférence dans laquelle un acteur majeur dumonde théâtral s’exprime. Mardi dernier ValèreNovarina a fait salle comble, alors que lelieu est assez retiré. Mais le diocèse a sentiqu’il y avait plus à faire, c’est pourquoi unprêtre, le père Berger, a été nommé auposte de coordinateur, histoire de fédéreret de rendre visibles toutes les initiativesqui avaient déjà lieu. Histoire également defaire comprendre à certaines communautésque l’évangélisation se fait aussi dans lelangage de celui auquel on s’adresse.L’intéressé confesse avec franchise etaisance qu’il sait que sa fibre artistique estplutôt spécialisée en matière musicale,mais que conscient de cela, il écoute tousles artistes qui veulent le rencontrer etpour le moment joue plutôt de son inexpé-rience comme d’une carte permettantéventuellement de remettre en cause leshabitudes. Il apprend vite : maintenant considérécomme un perfectionniste par sa hiérarchie, il amis au point un tract qui a su manifester la spéci-ficité des Eglises chrétiennes dans le style gra-phique du festival.

Ce pense-bête reprend les quatre axes de laprésence chrétienne au festival d’Avignon.

Il y a d’abord l’accueil de certains spectacles.L’Église catholique dispose de deux lieux qu’ellemet à la disposition des artistes. Il est demandé àla pièce accueillie de se situer dans la mouvancedes valeurs évangéliques, et il y a bien des façonsd’y être, même sans pratiquer d’annonce explicitede la foi. C’est dans la logique de ce dernier pointqu’a été accueilli un spectacle comme celui de Da-mien Ricour "Pourquoi j’ai mangé mon père", quitraite avec beaucoup de pertinence de la relationpère-fils. Mais "Présence chrétienne" englobe aussiles initiatives protestante, laquelle a plutôt unetradition d’accueil de concerts y compris ceux quise donnent dans le cadre du festival officiel, etorthodoxe.

La seconde dimension est celle, déjà évoquée,du dialogue artistique à destination des festivalierscomme des artistes.

La troisième concerne l’évangélisation, y com-pris de rues. Une autre évangélisation se fera aussi,plus silencieuse mais non moins efficace à traversl’ouverture, jusqu’en nocturne, de six lieux où sedérouleront prières de louange, d’intercession et

adoration silencieuse. Là aussi animationset spectacles chrétiens auront leur place.

Enfin, cœur de la foi, les célébrationseucharistiques seront solennisées. Chaqueconfession marquera sa spécificité, la ca-tholique avec la messe radiophonique dufestival retransmise sur France-Culture, l’or-thodoxe avec une célébration assurée du-rant trois dimanches sur quatre à la paroisseSt-Côme et St-Damien, et la protestanteavec le culte au temple St-Martial. Toute laquestion de la mission est là : Église etcomédiens sont au service d’une parole quiles dépasse, pas forcément la même, mêmesi à l’infini elles se rejoignent, parfois encreux et parfois explicitement. En atten-dant, ces paroles sont différentes et il s’agitd’éviter de pérenniser les malentendus vé-

hiculés par les blessures passées. Puissent les expo-sitions, concerts, spectacles, débats organisés parles confessions chrétiennes et signalées par"Présence chrétienne au festival d’Avignon", œu-vrer vers la réconciliation de l’art avec la foi. �

"AVIGNON"

Dans la république des Lettres, l’ethnie

comédienne est sans doute celle qui est la plus

proche, sociologiquement parlant, de la

sacerdotale. Tous proclament une parole qui les

dépasse et font le sacrifice de leur vie pour la

servir. "Présence chrétienne" cherche non

seulement à rendre l’Église visible dans une

manifestation culturelle qui se passe bien d’elle

mais aussi à tendre main et oreilles vers des

frères dont la recherche spirituelle est manifeste.

D

De toutesles nations...

par Pierre FRANÇOIS

D.R.

Détails au jour le jour sur RCF Lumières : 104 à Avignon,

102 à Apt, 90,4 au Pertuis.

http://catholique-avignon.cef.fr

Eviter depérenniser lesmalentendus

Alain Sportiellodiscute avec deux religieuses

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L a Parole est une rencontre.Et ceux qui peuvent témoi-gner de cette rencontre

méritent d’être entendus. C’estainsi que vient d’être publié,sous la direction de NathalieNabert, spécialiste du mona-chisme et des Chartreux en par-ticulier, un livre pluri-confes-sionnel sur cette rencontresecrète, mystérieuse, ineffable,nouée aux tréfonds de l’intimitéqu’est la rencontre d’un indivi-du avec Dieu. Avec Dieu ou plu-tôt avec "son" Dieu : celui desjuifs, des catholiques, des pro-testants et des musulmans.Michel Leplay pour les protes-tants, André Louf, pour les

catholiques, Claude Vigée pourles juifs, Boris Bobrinskoy pourles orthodoxes et Larbi Kéchatpour les musulmans. Mais sichacun des contributeursévoque, dans de belles pages,cette rencontre au prisme de saconfession, ce "chant des pro-fondeurs" (titre de l’ouvrage),cette révélation de l’hommeintérieur, de cette demeure inti-me au-dedans de nous sem-blent, toutes les fois, une ren-contre singulière, en dehors ouau-delà de toute théologieconfessionnelle. NathalieNabert, précise bien, citantOlivier Clément, que "Dieu s’ef-face tout en multipliant discrè-tement ses témoignages d’a-mour". Il devient ce "mendiantd’amour qui attend à la portede sa création" et à la porte denotre cœur. Colette Kessler,également citée par NathalieNabert, précise qu’en "se don-nant", Dieu, "à l’opposé des ido-les, se retire de toute capta-tion". Nous sommes là au cœurde cette rencontre de l’hommeavec cette Parole d’intimité quile révèle en même temps qu’ellele cherche. Au cœur de cette"maison intérieure" évoquée parAndré Louf, ancien Père abbédu Mont des Cats. La lumièredivine, dit Claude Vigée, avec cegoût de l’insatisfaction propre

aux enfants d’Israël, ce sensd’une restauration à venir etd’une prière qui est faite pourDieu et non pour demander,récriminer ou se raconter, nousdit que la lumière divine "tou-jours prête à agir dans le silen-ce et l’obscurité du commence-ment, cherche le réceptaclehumain qui puisse la contenir etla laisser s’épanouir en cemonde".

Michel Leplay, lui, pasteurde son état, membre du groupedes Dombes, indique que "laspiritualité protestante ne pra-tique finalement que très peule silence, du moins en public,elle fait une place plus impor-tante à la musique." Musiquede Bach. Musique des motsaussi. Il cite la prière de Claudel"Faites que je sois comme unsemeur de solitude". Il tisse sonintervention des propos de Pé-guy qui voyait déjà la nécessitépour l’homme de se taire afinde saisir "le silence éternel dela création première". Silencequ’il retrouve dans la nuit "filleau manteau étoilé, tu me rap-pelles ce grand silence qu’il yavait… avant le commence-ment du règne de l’homme".

Ce livre est à lire pour ceuxqui savent, comme le dit EttyHillesum (citée par Sylvie Ger-main, préfacière de l’ouvrage)

qu’il y a "en moi un puits trèsprofond. Et dans ce puits, il y aDieu. Parfois je parviens à l’at-teindre. Mais le plus souvent,des pierres et des gravats obs-truent ce puits, et Dieu est en-seveli. Alors il faut le remettreau jour". De quelle confessionest ce Dieu au fond du puits ?Mystère des profondeurs har-monieuses. Ces explorationsdans nos sous-sols intérieurs,cette attention silencieuse à laparole de Dieu, cette manièrede retenir son souffle et detendre l’oreille au plus près dela bouche divine méritent toutnotre respect. Qui demanderaaux puisatiers à quelle armée ilappartient, quel est son unifor-me de travail, quelle est saconfession ? Son bleu de travailest couvert de la glaise dufond. Voilà qui suffit.

Une même tension spiri-tuelle, une constante humilitéunissent ceux qui, par la prièreet la méditation, par le silenceorant et la rumination des écri-tures, quittent la surface deschoses et vont rejoindre lesprofondeurs pour en écouter lechant.

Damien LE GUAY

Sous la direction de NathalieNabert, Le chant des profon-deurs, Editions Salvator, 2007,157 pages, 14,5 €.

LIVRES

30 FRANCECatholique N°3081 20 JUILLET 2007

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Sale tempspour lesjournalistes

L ’année dernière avait étéune année de deuil pour lejournalisme français. Les

trois meilleures plumes de lapresse écrite ont disparu : Phi-lippe Murray, chroniqueur à LaMontagne , Bertrand Poirot-Delpech et Bernard Frank.Murray était le contempteur dessingularités de la modernité,critique drôle et implacable desmœurs contemporaines. Poirot-Delpech avait été élu à l’Acadé-mie française pour saluer vingtans d’analyse littéraire bien-veillante dans Le Monde. Frank,le critique littéraire le plus douéde sa génération, l’ami de Fran-çoise Sagan, avait tenu sa chro-nique érudite et familièrenotamment au Nouvel Observa-teur. Les trois hommes étaientaussi écrivains et romanciers.

En hommage posthume, onédite le petit Portatif de Murray,dictionnaire inédit des ridiculede notre société. Sous prétextede décrire les réflexes condi-tionnés par la société deconsommation, Murray dévoileune dernière fois le complot desmarchands du spectacle bana-lisé. Dans un texte fameux, ilavait reconnu en l’Eglise catho-lique la seule famille capable derésister à l’aliénation contem-poraine. Dans son Portatif, ilsalue "l’ironie et la beauté ra-tionnelle de la théologie".

A Bernard Frank, c’est sonami Henri-Hugues Lejeune quirend hommage, dans Un vieilami. Le meilleur de cet ouvrage,c’est la réaction de Frank lui-même aux pages qui le dé-crivent, pleine d’autodérision etde pudeur. Que les écoles dejournalistes forment des cadetsde cette trempe pour assurer larelève, dénoncer les mensongesquotidiens auxquels la routinerisque de nous apprivoiser !

Philippe VERDIN

Le Portatif, de Philippe Murray, lesBelles lettres, 96 p., 10 €.Un vieil ami, de Bernard Frank etH.-H. Lejeune, Robert Laffont,356 p., 21 €.

Julien Green est mort le 13août 1998, à l’âge de 97ans. On le retrouve fidèle à

lui-même dans le dix-huitièmetome de son journal, le pluslong de la littérature mondiale.

A partir de 1972 (La Bou-teille à la mer), une certaine ai-greur le disputait avec la joie devivre. Le grand large du soir n’estpas exempt de ces ronchonne-ments : "Les livres actuels sontun ramassis de platitudes(p. 22). Les jeunes et les moinsjeunes aujourd’hui parlentcomme de la bouillie (p. 42). Leslivres d’aujourd’hui n’ont aucu-ne inspiration (p. 61). Le carac-tère, de nos jours, c’est ce qui adisparu (p. 228)…" Ce rôle descrogneugneu ne lui sied guèreet manque de conviction, heu-reusement !

Avec l’âge, Julien Green nevoyage plus : un séjour en Nor-mandie, quelques promenades…Pas de télévision, pas de radio. Illui reste les amitiés de ses ca-dets, la musique, la lecture tou-jours émerveillée de la Bible.

Les échos de l’actualité par-viennent jusqu’à ses fenêtres.Notre "anarchiste fidèle" prendfait et cause pour des adoles-cents alsaciens devenus faux-monnayeurs et lourdementcondamnés : “la justice ne to-lère pas qu’on s’amuse avec l’ar-gent !” Ebloui, Julien Greencommente les JMJ à Paris enaoût 1997, la rencontre du papeavec les millions de jeunes : "Iln’y a rien à faire contre l’en-thousiasme. C’est la joie abso-lue. Elle n’a ni barrière ni motd’ordre, elle vient de l’amour etle rend vivant”.

Le Journal de Green ou quatre-vingts années de pèlerinageavec Dieu. Puisqu’il n’y a guèrepour l’instant d’études sur laspiritualité de Green, on reliraavec enchantement l’introduc-tion au volume VI des œuvrescomplètes, inspirée par l’amitiéà José Cabanis, autre écrivain àla recherche de la joie parfaitequ’on ne trouve qu’en Dieu.

Ph. V.

Julien Green, Le Grand Large du soir,Journal 1997-1998, Flammarion,297 pp., 19 €.

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L e monde de l’orgue est constitué decentaines d’associations qui œuv-rent pour la préservation et la res-

tauration des instruments. Elles sont deschaînons essentiels dans la défense dupatrimoine. Ces associations sont regrou-pées notamment en une fédération quiorganise chaque année un congrès inter-national. La 23ème édition se tient auPays Basque du 9 au 13 juillet prochain.De Bayonne à St Etienne de Baïgorry, deSt Jean de luz à San Sebastián, Loyola,Bilbao ou Gernika, le congrès se présentecomme un voyage d’étude et une suitede rencontres fortes, au fil de ces cinqjournées. Dix-sept orgues représentatifsde la diversité du patrimoine local ontété sélectionnés sur les quatre provincesde Labourd, Basse Navarre, Guipúzcoa etVizcaya (avec même une incursion enNavarre). Parmi les dix-sept interprètesqui les mettront en valeur, dix sont desmusiciens basques qui bénéficieront ainsi

d’une tribune internationale. A leur côtése produiront des artistes d’horizons dif-férents dont quelques jeunes lauréats desprincipaux concours d’orgues internatio-naux. Il est à noter que tous les concertssont gratuits. Une bonne occasion de (re)découvrir le Pays Basque par son patri-moine ecclésiastique… Renseignements :www.ffao.com/congres.htm et par télé-phone : 03-80-77-93- 96 ou 05-59-26-92-71�

L e compositeur mort trop jeune, pro-mettait d’être l’un des plus grandsdu XXe siècle. Il nous reste, heureu-

sement, quelques témoignages musicauxsignificatifs de son talent. Prise sur le vifdans plusieurs concerts à St-Etienne duMont, Marie-Claire Alain, petite sœur deJehan, nous livre une lecture émouvantede son œuvre d’orgue. A la fois dyna-mique et retenu, on apprécie le jeu vrai-ment intérieur, vécu, mûri. Il n’y a pas demeilleur interprète de ces pages. La prisede son en public ne gêne nullement, et,bien au contraire, ajoute quelque relief.C’est l’enregistrement de référence de cespièces magnifiques, celles d’un musicienrare, poète incandescent, qui laisse échap-per à chaque ligne tendresse et esprit…

N icolas de Grigny est à l’orgue ceque Georges de La Tour est à lapeinture : un sommet de l’art du

17e siècle. Cette nature française qui res-

sort à chaque note a quelque chose d’ab-solument hiératique, presque transcen-dantal, dépassant les modes terrestres.Bach ne s’y est pas trompé, en travaillantdélibérément à cette école du Maître ducontrepoint à 5 voix… Nos cousins qué-bécois nous livrent ici une vision perti-nente et le style de l’organiste n’estguère discutable.

Il semble parfois un peu retenu,comme un élève en admiration devant lemaître, jouant sa partition sans jamaisprendre de risque. L’orgue, quant à lui,aussi beau soit-il, est installé dans unesalle de concert. Cette musique, faitepour l’église, perd en onctuosité et unecertaine sécheresse vient rompre touteélévation…

T on Koopman est un acteur réputéde la musique ancienne. Son travailpour relire les pages de la musique

allemande en général et de Bach en par-ticulier est non seulement intéressant,mais encore tout à fait réjouissant. Dansune entreprise d’enregistrement de l’in-tégrale des œuvres d’orgue de Bach, ilnous livre ici un 2e volume tout aussiimpressionnant que le premier. Il y fait lechoix d’interpréter ces pages sur des ins-truments variés des Pays-Bas. Le résultatest impressionnant, mêlant la netteté dulangage aux couleurs si particulières desorgues d’Europe du Nord.

Le choix de Koopman de sélectionnerdes pages datant de diverses phases del’activité créatrice du compositeur s’ex-plique par le désir de représenter uneample palette de types de composition eten même temps de possibilités d’exploi-ter les ressources sonores et les tech-niques d’exécution propres à l’instru-ment. Le résultat n’en est plus que saisis-sant… �

MUSIQUE

32 FRANCECatholique N°3081 20 JUILLET 2007

DISCOGRAPHIE ET FESTIVALS

Intégrales d’orguespar François-Xavier LACROUX

Le goût pour les grandes

orgues semble redoubler.

Les productions

discographiques montrent

toujours plus d’intérêt

envers l’empereur des

instruments. Et c’est notre

patrimoine religieux que

l’on fait vivre…

Nicolas de Grigny :LIVRE D’ORGUEJohn GrewAtmaACD 2 2169/70 – 2 CD

NOUVEAUTÉ

Jean-Sébastien Bach :ŒUVRES POUR ORGUE vol. 2Ton KoopmanNovalis150 185-2 – 3 CD

NOUVEAUTÉ

Jehan Alain : L’ŒUVRE POUR ORGUEMarie-Claire AlainIntradaINTRA035 – 2 CD

NOUVEAUTÉ

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CINEMA

La période estivale ne se caracté-rise pas généralement par sa qua-lité cinématographique, la part

belle étant faite aux films de divertis-sement, aux suites en tous genres etaux blockbusters appelés au succès.Chaque été, pourtant, quelques filmssortent des sentiers battus. Half Nelsonest l'un d'eux. C'est une œuvre âpremais qui touche par sa sincérité, sasobriété et son humanité.

Dan Dunne est un jeune professeurd'histoire dans un lycée de Brooklyn. Ilprend plaisir à enseigner, mais il portesur l'existence un regard de plus enplus amer. Il sombre peu à peu dansl'enfer de la drogue. Un jour, il est sur-pris en train de fumer du crack parDrey, l'une de ses élèves. Il se sent mal,et l'adolescente lui vient en aide sans

rien dire. Depuis ce jour, une tendrecomplicité lie le professeur et l'élève.�� C'est dans un style dépouillé quele cinéaste Ryan Fleck nous contecette histoire de rédemption, où despersonnages égarés ne doivent leursalut qu'à la force de l'amour. Il captepar petites touches discrètes leur mal-être, l ' impasse dans laquelle ilssemblent s'enfermer et la grâce d'unerencontre. Filmés en plans rapprochés,les visages des personnages affichentune douleur muette. L'émotion qui

émane du film tient autant à la jus-tesse de la mise en scène qu'à laqualité de l'interprétation. Ryan Gos-ling (qui nous surprend de film enfilm) et Shareeka Epps sont tous lesdeux magnifiques.��� Alors que leurs existencessemblent prendre une tournure tra-gique, Dan et Drey semblent soudainse sentir exister dans le regard de l'autre. Une brève scène suggestive. �

Half Nelson. Comédie dramatique américaine (2006) deRyan Fleck, avec Ryan Gosling (Dan Dunne), Shareeka Epps(Drey), Anthony Mackie (Frank), Monique Gabriela Curnen(Isabel), Karen Chilton (Karen), Tina Holmes (Rachel), CollinsPennie (Mike), Deborah Rush (Jo), Jay O. Sanders (Russ)(1h42). (Grands adolescents). Sortie le 18 juillet 2007.

InvisibleDepuis la mort de son père, Nick entretient desrelations tendues avec sa mère et aimerait allersuivre un cours d'écriture à Londres. Un jour, ilest passé à tabac par une bande du lycée qui leprend par erreur pour l'auteur d'une délation.Annie, la meneuse de la bande, le frappeviolemment et il est laissé pour mort dans laforêt. Le lendemain, Nick se rend compte qu'ilest devenu invisible aux yeux des autres...�� Entre drame familial, thriller etfantastique, David S. Goyer signe une œuvreambitieuse qui ne parvient pourtant pas à tenirtoutes les promesses. Si l'on suit le récit et sesenjeux dramatiques avec intérêt, la lourdeur dela mise en scène empêche de pleinementl'apprécier. La musique souligne inutilement ladramatisation de certaines scènes. Davantagede sobriété aurait donné plus de subtilité à lapeinture des personnages.��� L'invisibilité de Nick lui permettra deprendre conscience de l'amour de sa mère etdes fêlures d'Annie. Quelques violences.

M.-L. R.

Drame fantastiqueaméricain (2007) deDavid S. Goyer, avecJustin Chatwin (NickPowell), MargaritaLevieva (AnnieNewton), Marcia GayHarden (DianePowell), ChristopherMarquette.(Adolescents). Sortiele 18 juillet 2007.

Alerte à Miami : Reno 911 !La fantasque brigade de la police de Reno estinvitée à Miami Beach pour participer à laconvention de la police américaine.� Cette comédie sans intérêt est unesuccession de gags aussi lourds et vulgaires lesuns que les autres. L’ennui finit vite par nousgagner.�� Le mauvais goût est au rendez-vous et lesgrossièretés ne cessent de se succéder. Mieuxvaut donc s’abstenir.

M.-L. R.

Comédie américaine(2007) de Robert BenGarant, avec Robert BenGarant (l'adjoint TravisJunior), Thomas Lennon(le lieutenant JimDangle), Niecy Nash,Mary Birdsong (1h26).(Adultes) Sortie le 18juillet 2007.

A very british gangsterÀ 37 ans, Dominic Noonan est le parrain de l'un des pluspuissants clans de Manchester.�� Donal MacIntyre est parvenu à côtoyer Dominic Noonanpendant trois ans et à recueillir ses confidences. Cela n'a pas étésans risques, mais le résultat est étonnant. Ce documentaire auxqualités formelles indéniables nous fait découvrir les arcanes

d'un monde parallèle ayant ses propres codes et où le destin semble peser de tout son poids.� Le paradoxe de ce documentaire est de nous faire ressentir à la fois toute l'humanité dupersonnage, mais aussi, à travers ces témoignages, la cruauté dont il est capable. La présence desenfants, prisonniers de leur origine, donne une note très émouvante à l'ensemble.

Marie-Lorraine ROUSSEL

Documentaire anglais (2006) de Donal MacIntyre (1h42). (Grands adolescents). Sortie le 18 juillet 2007.

Ce film a obtenu de nombreuses

récompenses, dont une

nomination à l'Oscar pour la

performance de Ryan Gosling.

Grâce d’une rencontreHALF NELSON par Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ

Le titre, empruntéau jargon de la lutte,désigne ce momentoù tout peut basculer(

FRANCECatholique N°3081 20 JUILLET 2007 33

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E RÊVE D’ALVARO" est un conte philosophi-co-religieux qui privilégie l’humain et lafantaisie. Le thème ? La Vierge, sainteMarie-Madeleine et sainte Véroniques’ennuient au ciel et décident d’aller faire

un voyage sur terre. Pour se distraire encore plus,elles organisent entre elles une compétition. Il s’a-git d’apparaître à un humble berger pour leconvaincre d’aller révéler à l’évêque de donner lenom de l’une d’elles à sa cathédrale en construc-tion. On le voit, la visée religieuse ne se veut au-cunement sérieuse. On est plutôt dans la carica-ture, mais plutôt bienveillante, d’une certainefaçon de présenter la religion.

Cette interprétation très humaine des saintesdans le rôle des trois grâces a quelque chose deloufoque mais est beaucoup moins irrespectueux

qu’on pourrait le craindre. On est proche des aven-tures de la cour de Zeus et le spectateur familierdes Ecritures y trouvera d’autres détournementstout aussi délirants.

La bouffonnerie ne concerne pas que les allu-sions religieuses. Le monde profane a droit aumême traitement. Une des premières répliquesénonce ainsi que "c'est une nuit à ne pas mettreun acteur dehors" car la première de ses tiradesserait emportée par le vent et sous cette pluie ilserait "plus trempé qu'un mouchoir de veuvejoyeuse"… Bien entendu, chacune des saintes y vade sa tentative de corruption. L’une évoque sa pro-ximité du patron, l’autre fait jouer ses charmes etla troisième promet la fortune au berger qui varuiner sa pauvre mère et abandonner sa fiancéepour ces apparitions.

Il y a une leçon sous-jacente à ce divertisse-ment de haut vol : des gestes minimes peuventavoir des conséquences majeures, en l’occurrencele déclenchement d’une guerre.

Jeu et décor sont parfaitement originaux. Tousles personnages sont interprétés par les mêmes sixcomédiennes, lesquelles se trouvent sur une espèce de perron entre l’avant scène et un fondqui joue le rôle de ténèbres extérieures pour lesaccessoires utilisés. Car les changements de cos-tume, à vue, se résument souvent à l’ajout d’uneperruque ou l’abandon d’une ceinture, et cela suf-fit largement tant le personnage apparaît méta-morphosé à chaque fois. On est transporté dansun réel univers onirique, qui rend toutes les situa-tions, tous les coups de théâtre, toutes les accélé-rations de rythme parfaitement acceptables. �

THEATRE

34 FRANCECatholique N°3081 20 JUILLET 2007

"LE RÊVE D'ALVARO"

Farce mais sans effet trop appuyé,

multipliant les allusions à une culture

générale de bon aloi mais en ayant

l'air de ne pas y toucher, "Le rêve

d'Alvaro" est d'abord un spectacle

burlesque. Et servi avec talent.

"Le rêve d'Alvaro", d'Eudes Labrusse. Avec EvaCastro, Marie-Paule Guillet... au théâtre desHalles, rue du Roi René, 84000 Avignon, jusqu'au28 juillet (20h30). Rens. tél. 04.90.85.52.57.

"L

Farce

La Vierge,sainte Marie-Madeleine et sainteVéroniquedécidentd'aller faireun voyagesur terre

fine

Vérité et mensonge"Squash"(1) est une pièce bien jouée, et dont un des personnages apparaît jusqu’à ladernière scène comme parfaitement déplaisant tant son immoralité sembleauthentique et efficace.

Le thème est simplissime : un homme demande à son partenaire de squash de luiservir d’alibi le temps d’une partie, pour vivre une aventure amoureuse. Peu à peu larencontre d’un soir va se transformer en liaison, et la liaison va déteindre sur l’ami,qui ne veut rien savoir mais a bien envie de savoir quand même… Il va peu à peuêtre amené à trouver qu’il est bien crétin de ne pas vivre lui aussi une relationépanouissante en marge de sa vie de mari et de père.

Car le demandeur d’alibi ne s’est pas arrêté là, il a tout fait pour mettre l’hommefidèle à l’épreuve et le tenter. En n’hésitant pas à jouer sur les failles de l’autre sansrévéler les siennes. Les uns diront qu’il est plus à l’aise avec son corps, les autresqu’il refuse de tomber seul. Schéma banal, tellement courant et efficace qu’il n’y arien à dire sur la justesse de la situation. Et les deux personnages sont siexcellemment joués(2) que le coup de théâtre final devient tout aussi crédible que lereste de la pièce… �

(1) "Squash", d’Andrew Payne, mis en scène par Patrice Kerbrat. Avec Benjamin Boyer et Robert Plagnol.Au théâtre Le Petit chien à 17 h. 40. Tél. : 04 90 85 89 49. www.squash-lapiece.com(2) tel qu’on a pu en juger d’après un enregistrement sur Dvd.

par Pierre FRANÇOIS

© JÉ

RÔM

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Lorsqu'elle est décrite dans un film, lagrande bourgeoisie fait, le plus sou-vent, l'objet d'une critique satirique

et outrancière. Tout comme le clergé ! Lacomédienne Valeria Bruni Tedeschi, issued'une riche famille italienne, fait excep-tion à cette règle, dans son premier longmétrage, dans lequel elle fait une sorted'autoportrait intelligent et subtil.

Dans un confessionnal, Federica de-mande à un prêtre si être riche, c'est unpéché. Car riche, la jeune femme l'est.Immensément, même ! Et cela lui poseproblème dans sa vie et dans ses relationsavec les autres. Surtout aujourd'hui, oùson père est en train de mourir à l'hôpital.Pour le reste, Federica est tiraillée entrePierre, son amant, un fils d'ouvrier, etPhilippe, un homme marié.

�� Comédienne sensible et talen-tueuse, Valeria Bruni Tedeschi passe, elleaussi, derrière la caméra avec cette his-toire qu'elle a écrite et qui lui ressemble.La construction, très originale, est assezdéroutante, car le passé et le présent setéléscopent sans cesse. Mais cela donneun style particulier à cette œuvre pleinede fantaisie, qui met en scène, avec beau-coup de justesse, des personnages atta-chants. C'est drôle, parfois très émouvantou nostalgique, d'une belle facture esthé-tique et magnifiquement interprété. Cer-tains seront agacés par ce film que l'on

peut qualifier de nombriliste. D'autres, aucontraire, seront touchés par la quête del'héroïne, qui se traduit par cette façonqu'elle a de vouloir sans cesse se confes-ser. Comme pour obtenir des réponsesaux justes questions qu'elle se pose.�� Le regard que la cinéaste-comé-dienne pose sur ses personnages est unbeau regard, comme l’est la représenta-tion de l’Église. �

Il est plus facile pour un chameau... Comédie dramatiquefrançaise (2003) de Valeria Bruni Tedeschi, avec Valeria BruniTedeschi (Federica), Chiara Mastroianni (Bianca), Jean-HuguesAnglade (Pierre), Denis Podalydès (Philippe), Marysa Borini (lamère), Roberto Herlitzka (le père), Lambert Wilson, Yvan Attal(1h50). Diffusion le lundi 23 juillet, sur France 2, à 23h45

L’affaire Sacha Guitry

Des décennies après sa mort, Sacha Guitrycontinue de connaître la gloire, tant le per-sonnage et son œuvre sont caractéristiquesde l’esprit français. Mais tant de talents nepeuvent que susciter la jalousie.Un petit matin de 1944, alors que Paris selibère de l’occupation allemande, un groupede FFI fait irruption dans la luxueusedemeure de l’écrivain Sacha Guitry, afin del’arrêter. Celui-ci n’a même pas le temps dese changer, et c’est en robe de chambrequ’il est conduit en prison. Il y resterasoixante jours, sans jamais savoir ce qu’onlui reprochait exactement, ni qui le lui repro-chait.�� Jean-François Balmer est un SachaGuitry idéal, car il en possède la distinctionet la vivacité d’esprit. Dans cet épisode peuconnu de la vie du célèbre dramaturge, c’esttoute la période troublée de la libération dela France, avec ses faux héros déguisés enlibérateurs, ses méchantes rumeurs quiconduisaient des innocents devant les tribu-naux, etc. Pris dans la tourmente, SachaGuitry n’a plus que son humour ravageurpour se défendre. Si les dialogues sont à lahauteur du sujet, la mise en scène manqueun peu de nerf.� Avec sa drôlerie grinçante et sa grandeélégance, Sacha Guitry dénonce lui-mêmeles méfaits de la rumeur, à une époque oùcelle-ci régnait en maîtresse. Signalons unbeau personnage de religieuse qui vient enaide aux prisonniers.

Téléfilm français (2006) de Fabrice Cazeneuve, avec Jean-François Balmer (Sacha Guitry), Gérard Lartigau (Taittinger),Marie Desgranges (la sœur), Bernard Alane (Maître Delzons),Vincent Rottiers (Jean), Bernard Waver (Willemetz), OlivierClaverie (Maître Chresteil), Bernard Nissille (Berthelot), PierreLaroche (Carcopino), Jean-Claude Durand (Lépinard), FrancisLeplay (le juge Angéras), Philippe Duclos (le juge Raoult)(1h32). Diffusion le mardi 24 juillet, sur France3, à 20h55.

TÉLÉVISION

Les Aiguilles-RougesEn septembre 1960, une patrouille de huit scoutsun peu rebelles doit escalader pendant trois jours,en guise de punition, le massif du Brévent, haut de2500 mètres. La bonne humeur alterne avec lestensions inhérentes à tout groupe. La petite troupefinit par se perdre et décide de se scinder en deuxpour retrouver plus rapidement le bon chemin.��� Le cinéaste Jean-François Davy, qui alui-même été scout, s'inspire de ses propres

souvenirs. Le récit est parfaitement structuré, avec un crescendo dramatique qui tient lespectateur en haleine. Les paysages montagneux sont magnifiques, et ce décor grandioseconstitue rapidement un huis clos oppressant. Les personnages sont bien dessinés, en particulierle personnage de Luc, brillamment interprété par Jules Sitruk.��� Il est dommage que certains de ces scouts, qui se sont éloignés de la religion, n'adoptentpas une attitude respectueuse envers celle-ci. Le sens de la solidarité et de l'amitié est mis en avant.

Comédie dramatique (2006) de Jean-François Davy, avec Jules Sitruck (Luc), Damien Jouillerot (Jean-Pierre), Jonathan Demurger (Patrick), Pierre Derenne(Eric), César Domboy (Guy) (1h33). Diffusion le samedi 21 juillet, sur Canal +, à 20h50.

Le portrait original et subtil

d'une femme qui a une vraie

conscience morale...

Pauvre fille richepar Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ

Est-ce un péchéd'être riche ?(

FRANCECatholique N°3081 20 JUILLET 2007 35

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TF120.50 Femmes de loi «Meurtre àla carte» GA. Téléfilm avecNatacha Amal, Ingrid Chauvin. �Peu crédible.22.35 Lost «Les disparus». Sérieavec Matthew Fox.France 2

20.50 Alexandre A. Film his-torique (2005) de OliverStone, avec Colin Farrell, JaredLeto, Angelina Jolie (2h45) 2.���� Très brillant, mais

sans émotion et banalisant l’ho-mosexualité.23.45 Il est plus facile pour unchameau… GA. Comédie drama-tique (2003) de et avec ValeriaBruni Tedeschi, et avec ChiaraMastroianni (1h45). (Voir notreanalyse page 35)France 320.55 Intervilles «Digne-les-Bains/Bandol». Divertissementprésenté par Julien Lepers.23.55 Carnets de festivals.Magazine présenté par AlainDuault.00.10 Oscar et la dame rose.Théâtre de Éric-EmmanuelSchmitt, avec Danielle Darrieux.Arte20.40 Le dernier témoin (15 et16/26) . Série avec Ulrich Mühe.Quel avenir pour nos jeunes ?

22.20 Le deux Europe de Mirjanaet Martin GA. � Pas mal.23.15 La génération 1 000 eurosGA. � Triste.23.50 Rester, partir ? «Une jeu-nesse entre rêve et réalité». M620.50 L’amour est dans le pré.Divertissement.22.15 Ma vie en rose A. Comédie(1997) de Alain Berliner, avecMichèle Laroque, Jean-PhilippeÉcoffey (1h25). ��� Amusant,mais contestable sur le fond.23.50 The shooter A. Aventures(1995) de Ted Kotcheff, avecDolph Lundgren (1h25) 2. ��Moyen et très violent.Canal +20.50 Le passager de l’été GA.Drame (2006) de F. Moncorgé-Gabin, avec Grégori Derangère,Catherine Frot (1h34). � Pas mal,mais sans plus.KTO20.50 À l'ombre de la foi.Rencontre avec un baptiste mili-tant et... directeur de prison.21.45 Un jour, une foi «Cheminsde vie».

TF120.50 Heroes : «Le couronne-ment», «La naissance du mal».Série avec Hayden Panettiere,Milo Ventimiglia, Masi Oka 2.22.25 New York, unité spéciale.Série avec Chris Meloni 3.00.10 24. Série avec KieferSutherland 3.France 220.50 Fort Boyard. Divertissementprésenté par Olivier Minne etAnne-Gaëlle Riccio, avecSyndney Govou, CaroleMontillet, Julie Pomagalski,Jackson Richardson, RémyVercoutre.22.55 Les rois du rire.Divertissement présenté parYves Lecoq.00.50 Battuta. Spectacle deBartabas.France 320.50 Fabien Cosma «D’un batte-ment de cils» GA. Téléfilm avecLouis-Karim Nebati, MaximeLeroux. �� Cette belle histoired’amour conjugal aborde le thèmede l’euthanasie avec respect etvérité.22.55 Les documents Des ra-cines et des ailes «Voyages à lacarte». Documentaire.00.45 La case de l’oncle Doc«François Morel, apprenti maître-chanteur». Documentaire.Arte

20.45 L’aventure humaine «LesGermains (1 et 2/4)» J. ���Passionnant et très bien fait.22.35 Stauffenberg, l’attentat J.Téléfilm avec Sebastian Koch,Ulrich Tukur (1h32). �� Unereconstitution intéressante.Musica

00.10 Susheela Raman «Auxsources indiennes». Documentaire.M620.50 Trois pères à la maison«Des enfants bien enlevés» GA.Téléfilm avec Pierre Palmade,Daniel Russo, Yvon Back (1h31).�� Lourd et souvent bébête.22.30 Il se sont aimés. Théâtrede Muriel Robin, avec MichèleLaroque et Pierre Palmade.Canal +20.50 Les Aiguilles-Rouges J.Drame (2006) de Jean-FrançoisDavy, avec Jules Sitruk, DamienJouillerot (1h30). (Voir notre ana-lyse page 35)KTO20.50 VIP «Jacques Vergès».21.45 Closing your eyes.

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36 FRANCECatholique N°3081 20 JUILLET 2007

TF120.50 Jet- set GA. Comédie(2000) de Fabien Onteniente, avecSamuel Le Bihan, Lambert Wilson(1h45). �� Amusant, mais sou-vent lourd et vulgaire.22.45 Bad boys GA. Policier(1995) de Michael Bay, avec Mar-tin Lawrence, Will Smith (1h54)2. �� Puéril et très violent.France 2

20.50 Urgences : «Dans les airs»,«Pas de secrets», «La pitié». Sérieavec Laura Innes 2.23.10 The nine «52 heures enenfer». Série 2.France 3

15.00 Le trésor enfoui deSaqqara J. ��� Un superbedocumentaire.20.55 Maigret «Maigret et lespetits cochons sans queue» GA.Téléfilm avec Bruno Cremer,Vahina Giocante (1h25). ��Excellent.22.55 Strip-tease «Chassons l’oc-cupant». Documentaire.00.00 Volga en flammes. Aven-tures en NB (1933) de V. Tourjan-sky, avec Albert Préjean (1h06).ArteArnold Schwarzenegger

20.40 Jumeaux GA. Comédie(1988) de Ivan Reitman, avecArnold Schwarzenegger, Danny DeVito (1h42). ��� Amusant,mais un peu trop caricatural.22.30 Arnold Schwarzenegger«Je reviendrai». Documentaire.M620.50 Capital : Les inédits del’été «Tour Eiffel, Mont-Blanc :Enquête sur les stars du touris-me». Magazine présenté par GuyLagache.22.45 Enquête exclusive «Tahiti :Enquête sur les coulisses d’unparadis». Magazine 2.Canal +20.55 Sécurité intérieure (7 et8). Série avec Stéphane Freiss 2. KTO20.50 La foi prise au mot «Éthiqueet Internet». 21.45 Chrétiens d'Asie «Église enChine».

TF1

20.50 Mais où est donc passéela 7e compagnie ? J. Comédie(1973) de Robert Lamoureux, avecJean Lefebvre, Pierre Mondy(1h30). �� Sympathique etamusant.22.30 L’île de la tentation.Divertissement 2.23.50 Les gens en maillot debain ne sont pas (forcément)superficiels A/Ø. Comédie (2000)de Eric Assous, avec Agnès Soral,Gad Elmaleh (1h35). ��� Lourdet érotique.France 220.50 Ça se discute jour aprèsjour «Le plus beau jour de mavie ?». Magazine présenté parJean-Luc Delarue.23.05 Louise A. Téléfilm d’après leroman de Didier Decoin, avecCatherine Jacob, Marie-LyseLaberge Forest (1h32). ��Interminable et ambigu.France 320.55 L’affaire Sacha Guitry J.Téléfilm avec Jean-FrançoisBalmer, Gérard Lartigau, BernardAlane. (Voir notre analye page 35)23.05 Vie privée, vie publique«Famille : Liens du cœur et liensdu sang». Magazine présenté parMireille Dumas, avec SylvieTestud, Jean-Marie Malick, Marie-Sophie L., Marie-Luce Cheneau,Guillaume Breton, suivi d’une ren-contre avec Farah Diba.00.55 L’affaire Sextus, 81 avantJésus-Christ. Documentaire.ArteHair

20.40 Hair A. Comédie musicaleen VO (1979) de Milos Forman,avec John Savage, Treat Williams(2h). ��� Bien fait, mais infé-rieur au spectacle de Broadway.22.40 Hair, let’s the sun shinein. Documentaire.23.40 La vie en fleurs GA. ��Intéressant, mais banalisant labigamie.M620.50 NCIS «Enquêtes spéciales».Série avec Mark Harmon 2.22.30 Médium. Série avec PatriciaArquette 2.Canal +20.50 After life (7 et 8). Série 3.KTO20.50 Dieu sauve les voyous.Peut-on rencontrer Dieu enprison ?21.40 Un jour, une foi «Quedeviennent-ils ?».

Samedi 2Samedi 21 juillet1 juillet DimancDimanche 22 juillethe 22 juillet LLundi 23 juilletundi 23 juillet Mardi 24 juilletMardi 24 juillet

Émissions religieuses :Émissions religieuses :08h30 Émissions religieuses : «Sagessesbouddhistes», «Islam», «À Bible ouverte», «Pré-sence protestante» - 10h30 Le jour du Sei-gneur «Laissez venir à Moi les petits enfants»- 11h00 Messe célébrée en direct du sanc-tuaire du mont Saint-Odile, à Ottrott (67).

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FRANCECatholique N°3081 20 JUILLET 2007 37

sur ArteVendredi 27 juillet, à 20h40Dissonances JParce qu’un inconnu a tué sa fillette sur l’autoroute, d’un coupde pistolet, Nat sillonne les auto-routes à sa recherche. ��� Auteur, réalisateur et pro-ducteur, Jacques Cornuau a réaliséune œuvre magistrale en trois par-ties, chacune adoptant le point devue d’un des protagonistes. Laréalisation est très brillante,Jacques Gamblin est sensationnelen père blessé à mort et l’ensembleest captivant jusqu’à la fin.�� Cette œuvre bouleversanteest un véritable réquisitoire contrel’esprit de vengeance.

TF120.50 Mystère (11 et 12/12).Feuilleton avec Toinette Laquière,Arnaud Binard, Yann Sundberg 2.22.45 Les experts : «Mort pro-grammée», «Le juge était presqueparfait». Série avec WilliamPetersen 2.France 220.50 Cold case, affaires clas-sées : «Vent de folie», «Les liensdu sang», «Cupidité». Série avecDanny Pino, John Finn 2. 23.15 Un jour, un destin «DanielBalavoine, un chanteur en colère».Documentaire.France 320.55 La carte aux trésors «Lescirques de Gavarnie et deTroumouse». Divertissement pré-senté par Nathalie Simon.23.25 The shield. Série avecMichael Chiklis 3.Arte

20.40 Mercredis de l’histoire«Hippies derrière le rideau de fer»J. ��� Le thème est assez inté-ressant et il est bien traité, décri-vant bien le contexte de l’époque.Mais l’ensemble manque vraimentd’analyse.21.35 L’homme qui tua JohnLennon. Documentaire.22.30 Le dessous des cartes«Canada (1) : La formation du ter-ritoire». Magazine présenté parJean-Christophe Victor.22.40 Jamais sans ma mère GA.Comédie en VO (2003) de EvaIsaksen, avec Per ChristianEllefsen (1h16). �� Une comédielourde, pas drôle et un peu lan-guissante.M620.50 Zone interdite : Lesinédits de l’été «Cet été, onéchange nos maisons !». Magazineprésenté par Mélissa Theuriau.22.40 T’empêches tout lemonde de dormir «Best of».Magazine présenté par Marc-Olivier Fogiel.Canal +20.30 Athlétisme «LagardèreAthlé Tour : Meeting de Monaco»,en direct.KTO20.50 Les résidentes. Commentêtre femme et détenue ? Plusieursfemmes témoignent.21.45 Un jour, une foi «La familleen questions».22.15 VIP «Jacques Vergès».

TF120.50 Koh-Lanta. Divertissementprésenté par Denis Brogniart.22.15 Secret story.Divertissement présenté parBenjamin Castaldi.23.50 Les dossiers de Sansaucun doute. Magazine présentépar Julien Courbet.France 220.50 Les tubes des tubes.Divertissement présenté parVirginie Guilhaume et MarcToesca, avec Gloria Gaynor,Patrick Hernandez, Amel Bent,Christophe Willem, Lara Fabian,Gigi d’Alessio, Mokobé, ChristopheMaé, Richard Sanderson, PhilippeCataldo, Lio, etc.23.10 Terrasse des festivals «ÀAvignon». Magazine Magazineprésenté par Philippe Lefait.00.45 Richard III. Théâtre dePeter Verheslt, d’après WilliamShakespeare, avec Anne Bellec,Laurent Poitrenaux.France 320.55 Faut pas rêver «Sur laroute de la soie : De Venise àWi’an, au cœur de la Chine».Magazine présenté par LaurentBignolas.23.20 Affaires classées «L’affaireAdrien». Documentaire 2.Arte

20.40 Dissonances J. Téléfilmavec Jacques Gamblin, DidierFlamand, Bérénice Bejo, FrançoiseViallon-Murphy (1h40). (Voirnotre analyse ci-contre)Drôles de voyages (2)

22.30 Le tour du monde en 80plats (2). Documentaire.23.25 Six jours au Panama.Documentaire.00.35 La lucarne «AngolaSaudade». Documentaire.M620.50 Numb3rs : «Le prophète»,«Le chercheur de trésor». Sérieavec Rob Morrow 2.22.30 Prison break : «Un detrop», «Rédemption». Série avecWentworth Miller 2.Canal +20.50 Ils GA. Thriller (2006) deXavier Palud et David Moreau,avec Olivia Bonamy, MichaelCohen (1h14) 3. ��� Très pre-nant, mais éprouvant.KTO20.50 KTO magazine «Dieu der-rière les barreaux».21.45 Un jour, une foi «Églises dumonde».

TF120.50 Les experts, Miami : «Tirsgroupés», «L’éclat du diamant»,«Extrêmes limites». Série avecDavid Caruso, Emily Procter 3.23.20 Esprits criminels. Sérieavec Mandy Patinkin 3.France 220.50 Un autre monde «L’Égypte :Au fil du Nil». Magazine présentépar Stéphane Bern.22.25 Immersion totale «La vieen dessous d’un kilo». Magazineprésenté par Carole Gaessler.00.25 Là-haut GA. Drame (2003)de Pierre Schoendoerffer, avecBruno Cremer, Jacques Perrin(1h40) 2. ��� Une œuvre nos-talgique et belle.France 320.55 Flic ou voyou A. Policier(1979) de Georges Lautner, avecJean-Paul Belmondo, MarieLaforêt (1h45). ��� Des dialo-gues d’Audiard très amusants,mais quelques fausses notes.

23.20 Janis et John GA. Comédie(2002) de Samuel Benchetrit, avecSergi Lopez, Marie Trintignant,François Cluzet (1h45). ���Original et loufoque, mais un peumaladroit.Arte20.40 Que la fête commence Ø.Comédie dramatique (1974) deBertrand Tavernier, avec PhilippeNoiret, Jean Rochefort (1h55).����� Très brillant, maisoutrancier et corrosif.22.40 La vie en face «Magicradio» J. � Moyen.23.35 La maison haute J. ���Très beau.M620.50 Desperate housewives :«Capable du meilleur… comme dupire», «Le retour du fils prodigue»GA. Série avec Teri Hatcher.���� Excellent, mais corrosif.22.30 Nip/Tuck : «Amis pour lavie», «Éloge funèbre». Série avecJulian McMahon, Dylan Walsh 3.Canal +20.50 Rome (9 et 10/10) A/Ø.Série avec Kevin Mckidd, RayStevenson 3. ���� Un peumoins bon que les précédents épi-sodes, mais toujours aussi violent.KTO20.50 Une longue peine.Rencontre avec des prisonniers.21.50 Un jour, une foi «Art et cul-ture».22.20 Les notes au-delà desmaux.

Mercredi 25Mercredi 25 juilletjuillet Jeudi 26Jeudi 26 juilletjuillet VVendredi 27endredi 27 juilletjuillet

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T : Tout publicJ : AdolescentsGA: Grands adolescentsA : AdultesØ : Œuvre (ou scène) nocive� : Elément positif� : Elément négatif

Repères

RADIOSRCFSamedi 21 juillet16h30 "Le musée du lavage et durepassage (Verneuil en Bourbonnais)"17h "Les ports de plaisance - Ex :port du Légué à St Brieuc"21h "Maurice Ravel : Le tombeaude Couperin - Alborada del gra-ciozo - Schéhéarazade…"22h "Dieu est Amour", avec Chris-tiane Grimonprez (théologienne)Dimanche 22 juillet16h "La Maitrise des petits chan-teurs de Québec"Lundi 23 juillet13h "Le Mont Saint Michel"14h30 Halte spirituelle "De lapeur de la mort au sens de la vie",avec Bertrand Vergely (philosopheorthodoxe) (1/5, tous les jours à14h30 ou 20h45)22h "L'association des parents deprêtres et religieux", avec ChristianeGéniteau (présidente de l'Association)Mardi 24 juillet13h "Le parc naturel de la forêtd'Orient, près de Troyes"22h "Détresse du politique, forcedu religieux", avec Paul Valadier(jésuite et professeur de théologiemorale et politique au Centre Sèvres)Mercredi 25 juillet11h30 "La météorite de Roche-chouart" (Rediffusion à 16h)13h "La chapelle aux moines àBerzé la Ville"13h30 "Patrick Mac Laughlin (écos-sais, ancien membre du Bureau mon-dial du Mouvement scout à Genève)"Jeudi 26 juillet10h30 "Fêtes musicales du châ-teau de Pionsat" 17h "La maladie du perfection-nisme", avec Frédéric Fanget (psy-chiatre et psychothérapeuthe)France CultureDimanche 22 juillet10h Messe, en direct de Notre-Dame des Doms, 84000 Avignon,commentée par le Père AlainCarron de la Carriere. Prédicateur :Chanoine Jean Philibert. M.B.

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(*) France métropolitaine et DOM uniquement - (**) Pour les personnes n’ayant jamais été abonnées. (***) Dans la limite des stocks disponibles. (****) Lepréciser dans un courrier séparé. (*****) France métropolitaine uniquement. CNIL N° 678405 - Loi informatique & liberté du 6/01/78 : vous disposez d’undroit d’accès et de rectification aux informations vous concernant. Par notre intermédiaire, vous pouvez être amenés à recevoir des propositions d’autresentreprises. Si vous ne le souhaitez pas, il suffit de nous écrire ou de nous téléphoner et il en sera tenu compte immédiatement.

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Bas-RhinBas-Rhin✔ Les Petites Sœurs Francis-caines, 1, rue du Couvent, 67440Thal-Marmoutier, ✆ 03.88.03.12.03, fax 03.88.03.12.08, pro-posent une retraite "A la charniè-re d'un monde qui s'écroule etd'un autre qui naît" (Ezeckiel),avec le père Jean-Marc Pasquier,ofm, du 26 août (18h) au 1er sep-tembre (14h)CalvadosCalvados✔ La communauté des Béati-tudes, Le Château, 14100 Hermi-val-les-Vaux, ✆ 02.31.32.00.44,organise, du 31 juillet au 4 août,un rassemblement d’été pour tous(y compris familles) "Dieu estAmour, annoncez-le". 5 jours pourse mettre sous le regard de Dieu...à l’école de la petite Thérèse. Aveclouanges, enseignement, Eucha-ristie, veillée de prière... avec MgrLéonard (Diocèse de Namur), lespères Silouane et Philippe (Com-munauté des Béatitudes), le père Ide(Communauté de l’Emmanuel). Pos-sibilité de participer à 1, 2, 3, 4ou 5 jours au choix. Une sessionspécifique est proposée pour lesenfants de 0 à 13 ans et pour lesadolescentes de 14 à 18 ans.Courriel : [email protected]

Hauts-de-SeineHauts-de-Seine✔ Une retraite, en silence, desexercices spirituels de saintIgnace de Loyola est prévue du 5(18h) au 11 août (midi), avec lepère Gérald Lajeunesse, omv (prêtre oblat de la Vierge Marie), àl'Hôtellerie de la Chapelle SainteRita, 7 rue Gentil-Bernard, 92260Fontenay-aux-Roses, ✆ 01.41.13.36.00, fax 01.43.50.88.45, [email protected] / http://residence-universitaire-lanteri.cef.fr Tarifsen chambre individuelle : 385 €,[285 € pour les étudiants (18-30 ans)]RhôneRhône✔ Au Sanctuaire Notre-Dame deFourvière, le 15 août "Fête del’Assomption de la Vierge Marie",sous la présidence du cardinalPhilippe Barbarin. Le 14 août(17h) messe anticipée de l’As-somption, (20h30) procession auxflambeaux, Méditation du Cha-pelet. Le 15 août, messes (7h30,9h30 et 11h). (15h) Prière marialeavec adoration du St-Sacrement etbénédiction des enfants. (17h)messe présidée par le recteur dela Basilique. Rens . Rectorat deFourvière, 8 place de Fourvière,69005 Lyon, ✆ 04.78.25. 80.98 /i n f o @ l y o n - f o u r v i e r e . c o mwww.lyon-fourviere.com

BLOC-NOTESADCCL’Association pour la Diffusion de la Culture Chrétienne (ADCC) a été fondéeen 2001, selon la loi de 1901. Son président est l’écrivain Philippe Delorme.Son siège social est 18 bd, du Général Koenig, 92200 Neuilly-sur-Seine. Sesstatuts ont été déposés à la préfecture de Nanterre. Elle a pour objet de "favo-riser le développement et la diffusion de la culture chrétienne à travers touteaction de soutien direct et indirect aux organes de presse et médias qui la pro-meuvent". Elle a, par exemple, participé à la rédaction et l’édition de bro-chures largement diffusées en Belgique lors de la fête de la Toussaint àBruxelles l’année dernière, et prépare la même opération en Hongrie. Elle estactionnaire minoritaire de la Société de presse France Catholique. Son objet,son caractère non lucratif, le fait qu’elle n’a aucun rôle de gestion dans unesociété de presse, la rendent éligible au régime du "mécénat des dons des par-ticuliers et des entreprises faits aux journaux d’opinion", tel qu’il a été souhai-té par le ministre de la Culture en novembre 2006. La Direction générale desimpôts (DGI) a précisé, dans un courrier du 12 avril 2007 au président de laFédération nationale de la presse spécialisée, les conditions sous lesquellesles dons faits aux associations qui investissent dans les entreprises de presserelèvent du régime du mécénat. L’ADCC remplit toutes ces conditions. C’estpourquoi nous appelons les particuliers et les entreprises qui veulent défendrela diffusion de la culture chrétienne par la presse d’opinion, à lui faire un donqui donnera droit à un reçu permettant une déduction fiscale dans les condi-tions fixées par la loi.Vous accompagnerez votre chèque, au nom de l’ADCC, de l’indication,sur un papier libre joint, du journal en faveur duquel vous faites cet actede mécénat, ce qui permettra à l’ADCC d’affecter ce don à la souscrip-tion au capital d’une entreprise de presse ou d’un titre en particulier, dansles conditions prévues par la Direction générale des impôts.Le trésorier de l’ADCC, Alain Du FouLa secrétaire : Christine SakharovChèque et choix d’affectation de votre don, à adresser à ADCC, pénicheMont Thabor, 18 bd, du général Koenig 92200 Neuilly-sur-Seine.

Page 39: me 20 juillet 2007 2, SCOUTISME - France Catholique · FRANCE Catholique N¡3081 20 JUILLET 2007 3 es textes romains se succ dent sans forc ment avoir t bien syn-chronis s entre les

VVarar✔ L'association des Pèlerins deNotre-Dame de Grâces, 83570Cotignac, ✆ 04.94.69.64. 90, fax04.94.69.64.91, courriel : [email protected] proposedes Journées Mariales au Sanc-tuaire pour "La fête des Appari-tions de Notre Dame à Cotignac(les 10 et 11 août 1519)". Le 11août (18h) Grand Messe, suiviedu repas et du spectacle (21h)Quatuor Cosmos "Les sept der-nières paroles du Christ", deJoseph Haydn. Le 12 août (11h)Messe d’Action de Grâces, pourles grâces reçues à Cotignac pen-dant cette année.CanauxramaCanauxrama✔ Tout au long de l'année, des"Croisières sur les canaux pari-siens, la Marne, la Seine" sontproposées avec "Canauxrama" :"A la découverte des écluses etdu canal Saint-Martin : «La croi-sière du vieux Paris»", avec guideà bord, (2 départs le matin et 2 départsl'après-midi du Port de l'Arsenal et dubassin de la Villette) ; "Les noc-turnes du canal Saint Martin «Lescroisières poétiques» du jeudisoir" (jusqu'à octobre) ; "La décou-verte des Bords de la Marne : «aufil des Guinguettes»", croisièred'une journée très dépaysante avecguide (au départ du Port de l'Arsenal/Bastille (jusqu'à novembre)... Rens./réservation obligatoire au 13 quaide la Loire, 75019 Paris, ✆ 01.42.39.15.00, fax 01.42.39.11.24/canauxrama.croisiè[email protected]://www.canauxrama.comLes concerts Année VLes concerts Année Vaubanauban✔ Dans la tradition du festival"Musique en Morvan", et dans lecadre de la célébration du tricen-tenaire de la mort de Vauban,choristes individuels et chœursinvités monteront l'œuvre d’uncompositeur franco-allemandcomtemporain : "Le RequiemVauban", de Enguerrand FriedrichLühl, sous la direction de PierreCao. Il sera donné à l'Abbaye deFontenay, 21500 Marmagne, le26 juillet (21h) ; à la BasiliqueSainte-Madeleine de Vézelay le27 juillet (21h30) et en concert declôture à la Cathédrale St-Lazared'Autun le 28 juillet (21h). Rens. :Office de tourisme d’Autun,✆ 03.85.86.80.38 / [email protected]

PèlerinagePèlerinage✔ Pèlerinage familial organisé parMission Thérésienne à l’Ile-Bouchard le 14 octobre. Messe à11h15, pique-nique tiré du sac,entretien du Père Thévenin pourles enfants, présentation du mes-sage de Notre-Dame de la Prière,adoration et confessions. Cars audépart de Paris, Versailles, Chatou,Rennes et Laval (50 € par ménage,30 € par personne, 10 € par jeune ouenfant, gratuit en dessous de 10 ans).Inscriptions pour les cars avant le30 septembre. Rens. : ✆ 06.20.32.88.77. Mission Thérésienne, 32rue Jean de La Fontaine, 75016Paris, www.mission-theresienne.orgMarches au désert : Les GoumsMarches au désert : Les Goums✔ 8 jours de désert avec lesGOUMS, une expérience unique enson genre... Les GOUMS commen-çent à être connus, du moins, parce qu'on en dit mais rien ne vautd'en connaître la réalité par l'expé-rience. Il y a bien des manières detraverser le désert, même en 4x4,mais avant la curiosité des paysa-ges la vérité du désert se trouve ensoi. Nous vivons une époque où,malgré la montée en puissance dela science, l'individu vit de plus enplus dans l'incertitude. Au milieudes villes à millions d'habitants, onne sait plus qui l'on est... soi. Onse demande même parfois si la viea un Sens. Le désert "vécu à la ma-nière GOUM" vous donne au moinsune chance de trouver un com-mencement de réponse à cettequestion. Nos marches au longcours, nos bivouacs à la belle étoi-le, nos petites équipes fraternellesde 15 à 20, nos Eucharisties quoti-diennes avec des Prêtres qui mar-chent avec nous, donnent à notreexpérience GOUM une captivanteoriginalité. Les GOUMS lancent, cetété 2007, 20 Raids du 16 juin au 9septembre : Préalpes de Grasse,Les Causses (Méjean, Sauveterre,Larzac, Quercy), Aubrac, Jura,Bosnie, Turquie, Italie. Age desparticipants : 20-35 ans. (90-140 € la semaine). Informations etcalendrier : Michel de Malartic,1800 route du colonel Bellec,13540 Puyricard, ✆/fax 04.42.92.27.40, [email protected], site :www.goums.org et Jean Latil, 16av. Alfred Capus, 13090 Aix-en-Provence, ✆/fax 04.42.29.72.75.

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BLOC-NOTES

FRANCECatholique N°3081 20 JUILLET 2007 39

FRANCE CATHOLIQUE - hebdomadaireN° Commission Paritaire de la Presse : 1011 C 85771 valable jusqu'au 31 octobre 2011

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PETITES ANNONCESTarif : la ligne de 35 lettres : 6 €. Domiciliation : 9 €. Communiqué dans lebloc-notes, forfait : 20 €

➥ Paroisse, Paris 3e, loue studio dans presbytère450€/mois, participation à la vie paroissiale souhaitée,libre de suite. tél. 01.49.96.49.10.➥ Jeune Femme (collab. FC) cherche dans Paris unecolocation, un studio ou une chambre dans le centre deParis. A prix raisonnable. Tél : 06.11.59.06.82.➥ Haute-Garonne, Toulouse - Particulier loue T4,73 m2. Proximité du métro Jolimont, 3e étage, ascen-seur, interphone, gardien, est/ouest, bon état, placardsaménagés, balcon, cellier, garage individuel, jardin clôturé pour enfants, câble TV, libre, 570 €/mois + charges. Tél. 05.61.80.27.01.➥ Alpes-Maritimes - Louerait, en résidence secondaire,à couple retraités, appartement dans maison bourgeoisede village, calme, vue, soleil, pays grassois. Ecrire aujournal, réf 7706.➥ Fraternité catholique cherche retraité (e), en Haute-Savoie, pour l'aider, dans tâches ménagères bénévole-ment. Laisser message sur 06.32. 43.60.92.➥ Dame retraitée, 62 ans, oblate bénédictine, aideraitprêtre dans presbytère, aide-ménagère ou pastorale,préférence Charente-Maritime, Vendée, Deux-Sèvres,Charente. Tél. : 06.32.43.60.92.➥ Ile-de-France. Cherche emploi assistant/secrétairecommercial. Secteur social, aides aux personnesâgées et/ou handicapées. Participer, rédiger, diffuserles comptes-rendus des réunions d'équipes. Mise enplace d'opérations de marketing pour la diffusion etla promotion. Ecrire au journal, réf E7707.➥ Femme cherche poste de secrétaire ou agent admi-nistratif, tous secteurs, tél. 06.73.45.50.68.➥ Correctrice, cherche travaux à effectuer par internet.contact email : [email protected]

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