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FRANCE Catholique FRANCE Catholique ISSN 0015-9506 84 e année - Hebdomadaire 3139 - 7 novembre 2008 www.france-catholique.fr 2,90 Le Logos est-il la troisième personne de la Trinité ? (l’enquête de Brunor : pages 21 à 28) Une paroisse de Normandie se souvient de ses morts (pages 34 à 36) L’imitation de Jésus selon Henri Tisot (pages 8 à 16) 3:HIKLMI=YUW^U[:?d@l@d@j@k; M 01284 - 3139 - F: 2,90 E 11 novembre FRANCE Catholique

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84e année - Hebdomadaire n° 3139 - 7 novembre 2008 www.france-catholique.fr 2,90 €

Le Logos est-il la troisièmepersonne de la Trinité ? (l’enquête de Brunor : pages 21 à 28)

Une paroissede Normandiese souvientde ses morts

(pages 34 à 36)

L’imitationde JésusselonHenri Tisot

(pages 8 à 16)

3:HIKLMI=YUW^U[:?d@l@d@j@k;

M 01

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11 novembre

FRANCECatholique

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MondeÉtats-UnIs : Au moment où nous mettions sous presse on ignorait les résultats de l'élec-tion présidentielle américaine. Tous les sonda-ges donnaient Obama vainqueur. Sarah Pallin était au centre de beaucoup de polémiques (par exemple sur le coût de sa garde-robe).congo : Un million et demi de personnes sont prises entre deux feux dans l'Est du Congo, où la milice du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), commandée par le général Laurent Nkunda, qui défend les intérêts des popu-lations tutsies dans cette région, ont battu les forces gouverne-mentales autour de Goma, la capitale du Nord-Kiwu. Le géné-ral tient 300 casques bleus (uruguayens et indiens) à sa merci. Il a proclamé un cessez-le-feu unilatéral en attendant une réponse de l'Onu à ses re ven dications. Ses troupes ont commis, semble-t-il, des mas-sacres de civils. La situation sani taire est catastrophique.caMeroUn : 10 personnes, dont 7 Fran-çais, ont été enlevées sur un bateau fran-çais près d'une plateforme pétrolière dans la région de Bakassi par des autonomistes. Cette région frontalière anglophone a été rétrocédée par le Nigeria au Cameroun le 14 août dernier, après 15 ans d'affronte-ments par groupes armés interposés.zaMbIe : Le 30 octobre, le président zam-bien par intérim, Rupiah Banda, 71 ans, a été proclamé vainqueur de l'élection prési-dentielle par 718.359 voix contre 683.150 à Michael Sata, 71 ans, leader du Front patriotique (FP), le principal parti d'opposi-tion. Michel Sata avait déjà perdu de peu en 2006, face au président Levy Mwanawasa (qui est mort en juillet dernier). Il exige un recomptage des bulletins.bUrKIna-Fasso : Du lait en poudre donné au Burkina par une association caritative japonaise, et fabriqués en Chine par une firme japonaise, présente une contamina-tion à la mélamine.IsraËL : Après l'échec de Tzipi Livni, la nouvelle dirigeante du parti Kadima, pour former un gouvernement, des élections

lé gislatives anticipées auront lieu le 10 février.coLoMbIe : L'armée et la police colom-biennes ont libéré, le 26 oc tobre, Oscar Tulio Lizcano, parlementaire et médecin colombien détenu par les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie depuis août 2002. La France s'est proposée pour donner

asile à ceux de ses geôliers grâce auxquels cette libération a pu avoir lieu.cHIne : De très nombreux œufs (produits par l'entreprise Hanwei de Dalian, dans le nord de la Chine) recèlent des proportions toxiques de mélamine. La répression des fraudes a fait ses prélèvements début sep-tembre, notamment à Hong Kong, mais l'affaire n'a été révélée au public que fin octobre, une fois les stocks vendus.sUIsse : Jacques Piccard, fils d'Auguste Piccard, inventeur du ballon stratosphé-rique et du bathyscaphe est mort le 1er

novembre à l'âge de 86 ans. À bord du bathyscaphe "Trieste", il était devenu l'homme le plus profond du monde en touchant le fond de la fosse des Mariannes à 10.916 mètres, le 23 janvier 1960, en compagnie de l'Américain Don Walsh. Son fils Bertrand développe actuellement un projet d'avion solaire.esPagne : Dans une biographie autorisée, la journaliste Pilar Urbano rapporte que, pour la reine Sophie d'Espagne, un ma riage entre homosexuels (légal en Espagne depuis 2005), ne peut pas être appelé vraiment un mariage. Aorès la polémique qui s'en est ensuivie, un porte-parole de la Maison Royale a affirmé que les propos de la Reine avaient été déformés.aFgHanIstan : Un employé français d'une association humanitaire a été enlevé le 3 novembre à Kaboul. Ses ravisseurs ont tué un témoin afghan de la scène.

FrancenobeL : Le président Sarkozy recevra les lauréats du prix Nobel de la Paix à Paris le 10 décembre dans le cadre du 60e anni-versaire de la déclaration universelle des droits de l'Homme. Le dalaï-lama est invité comme les autres.eUroPÉennes : Le quotidien Le Monde a révélé que Philippe de Villiers avait été reçu à l'Élysée le 27 octobre pour discuter des élections européennes du 7 juin pro-chain. La future liste du MPF est créditée de 8% des intentions de vote par un son-dage Ipsos-Le Monde.État : Un rapport de la Cour des comptes indique que les dépenses de l'Assemblée nationale pour son fonctionnement ont augmenté de 47% en dix ans, soit 30% de plus que l'inflation.PoPULarItÉ : Selon le baromètre TNS-Sofres publié par Le Figaro-maga zine, les cotes de popularité du président de la République et de son Pre mier mi nistre ont augmenté de 3% en un mois. Le premier est à 39% d'in-dice de confiance, le second à 44%.retraItes : Un projet de loi, adopté à la veille du week-end de Toussaint, prévoit la possibilité pour les salariés de travailler jusqu'à 70 ans. Un amendement prévoit la possibilité pour les pilotes, stee wards et hôtesses de l'air de continuer leur carrière en vol jusqu'à 65 ans.IMMIgratIon : Un décret publié le 1er

novembre prévoit que les étrangers de man-dant le bénéfice du regroupement familial en France devront désormais passer un test de culture française.InondatIons : De fortes pluies se sont abattues sur le centre-est de la France, cau sant des inondations et des dégâts ma tériels considérables. Cinq départe-ments (lHaute-Loire, Loire, Allier, Nièvre et Saône et Loire) ont été placés par Météo France en "vigilance crue rouge".tgV : La rupture d’un caténaire sur la ligne du TGV Ouest - due à un acte de malveillance - a provoqué d’importants retards de trains. C’est le sixième incident de ce type sur le réseau TGV depuis d’août. L'incapacité de la Sncf à réagir rapidement et à informer cor rectement les voyageurs est pointée du doigt.cHIens : Une promeneuse de 52 ans est morte après avoir été attaquée par deux chiens errants, le 2 no vembre, à Maurin près de Montpellier.

© Acip

brÈVes

2 FRANCECatholique n°3139 7 novembre 2008

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SOMMAIRE

ACTUALITÉ 4 SOCIAL Plan sur plan Alice Tulle

5 dÉfEnSE Leçons sur la guerre Yves La Marck

6 SyndICALISME Le président de la CfTC et son projet Alexandre Da Silva

TÉMOIgnAgE 8 PAROLE dE dIEU L'imitation de Jésus-Christ

selon Henri Tisot

ESPRIT 17 En MÉMOIRE dES JOURS Sœur Emmanuelle Robert Masson

18 LECTURES ???? Mgr Labaky

19 ECCLÉSIA Assassinat de deux prêtres jésuites à Moscou

29 LIvRES "dieu ne veut pas la souffrance..." Père Michel Gitton MAgAZInE

20 B.d. La Question interdite 24 à 31 Brunor

30 IdÉES Charles Péguy Arnaud Teyssier / Gérard Leclerc

33 B.d. Saint Benoît, l'âme de l'Europe 9/44 Noël Gloesner-Monique Amiel

34 HISTOIRE "Pour dieu et la Patrie"à Sotteville-lès-Rouen

Monique Herbot

37 LIvRES Essais Brigitte Clavel / Jean-Philippe Delsol

38 ExPOSITIOnS Pierre Tal-Coat Ariane Grenon

40 MUSIQUE Œuvres allemandes François-Xavier Lacroux

35 CInÉMA "Quantum of solace", "My Magic""Mensonges d'État"

"La très très grande entreprise" Marie-Christine Renaud d'André

42 THÉâTRE "Europeana","La fiancée des landes"

Pierre François

35 TÉLÉvISIOn "Le malade imaginaire","Traffic","dieu superstar",

"Prête-moi ta main" Marie-Christine Renaud d’André

36 TÉLÉvISIOn votre début de soirée M.-C. d'A.

38 BLOC-nOTES vie associative et d’Église Brigitte Pondaven

CouveRTuRevitral de Notre-Dame de Lourdes à Sotteville-lès-Rouen

© Fondation Suez-Gaz de France

ÉdITORIAL

FRANCECatholique n°3139 7 novembre 2008 3

faire route ensemble, c'est très exactement ce que signifie le mot synode. Les assemblées synodales qui réunissent régulièrement à Rome des représentants de tous les épiscopats du monde répondent à ce sens étymologique. Il s'agit, pour les succes-seurs des apôtres, de cheminer sur une route commune, celle

de l'Église destinée à répandre la bonne nouvelle à tous les peuples. C'est une nécessité que ces rencontres régulières qui répondent aussi à la nature collégiale de l'épiscopat. Celle qui s'est tenue récemment sur le thème de la Parole de Dieu est d'une singulière importance. Pourtant les médias ont été d'une extrême discrétion à son égard. Il est vrai qu'elle ne comportait aucun des ingrédients polémiques qui attisent l'intérêt : luttes de partis contraires, propos incendiaires, petites phrases assassines. Il n'y avait même pas moyen d'inventer un périsynode, comme il y eut autour de vatican II un périconcile, beaucoup plus intéressant pour la mise en scène et les coups publicitaires.

Bien sûr, il est des sujets qui prêtent plus aux oppositions frontales, surtout lorsqu'ils rejoignent ce qu'on appelle des problèmes de société. un synode sur l'écologie - pourquoi pas ? - susciterait une curiosité indéniable. on songe aussi à l'énorme bruit qu'aurait suscité un synode sur l'économie et la crise internationale. L'Église catholique, d'ailleurs, ne se prive pas de parler sur le fond de ces thèmes cruciaux pour la planète, mais, est-ce si sûr que la réflexion sur la Parole de Dieu constitue une mise en parenthèse de l'actualité brûlante et des soucis les plus vitaux de l'humanité ? N'était-ce pas au contraire un moyen privilégié de considérer les questions les plus graves, qui sont aussi les plus quotidiennes, et qui concernent les finalités de l'existence, le respect de la dignité humaine, la beauté et l'intégrité du cosmos, la justice dans toutes ses dimensions ?

Le synode romain s'est exprimé collégialement dans une magnifique adresse au peuple de Dieu, qui mériterait d'être méditée en commun dans toutes les paroisses et communautés. Lorsque ce message met en lumière « le mystère d'iniquité » qui, depuis les origines, dévaste le destin de l'humanité, il indique une coordonnée indispensable à l'intelli-gence de notre temps présent, relié à toute l'Histoire. D'évidence, en se replaçant à cette hauteur de la Révélation, l'épiscopat ne rejoint pas les débats idéologiques, mais il les contraint à se confronter à la Parole qui les juge et les transcende, en mettant en valeur ce en quoi ils rejoignent le bien de l'humanité. À Lourdes aussi cette semaine, l'épiscopat fran-çais va faire route ensemble, en se saisissant de sujets aussi cruciaux. Puisse-t-il être suivi et entendu, comme il le mérite ! n

faire routeensemble

par Gérard LECLERC

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La crise qui a éclaté aux États-Unis l’été dernier s’est ajoutée aux logi-ques de concurrence en Europe de l’Ouest.

Dans les premiers mois de l’an-née, il a été difficile de faire la différence, dans le domaine de l’emploi, entre les « ajus-tements » réputés automati-ques et les effets de la « faille » (comme dit Alan Greenspan) apparue dans le capitalisme financier.

Mais depuis que les ondes de choc du séisme américain frappent durement notre conti-nent, il devient évident que la France – entre autres pays – va connaître une aggravation de son taux de chômage.

De fait, les plans de sup -pression d’emplois ont été nombreux depuis le début de l’année : plus de 1 000 emplois supprimés dans le secteur auto-mobile (PSA) le 15 janvier, plus de 800 chez Natixis en mai, 1 000 chez Imperial To bac co en juin, 1 000 également prévus d’ici avril 2009 chez Renault Sandouville, 670 à La Redoute en octobre, 780 à la Camif, spécialisée dans la vente à distance et mise en liquidation à la fin du même mois...

La période de récession qui s’annonce va durcir la tendance aux fermetures d’entreprises et le gouvernement s’attend à une augmentation rapide du taux de chômage. D’où la néces-sité d’une réaction, d’autant

plus urgente que les pouvoirs publics ont fait deux consta-tations inquiétantes : les réac-tions des salariés licenciés sont violentes ; dans leur majorité, les Français ne comprennent toujours pas que les banques reçoivent des milliards alors que rien n’est fait pour les gens modestes qui sont directement touchés par la crise.

Face au risque d’une révolte sociale que les syndicats eux-mêmes ne parviendraient pas à contrôler, Nicolas Sarkozy a quitté le devant de la scène internationale et abandonné le portefeuille de la Justice, dont il s’était saisi en raison de l’impopularité de Rachida Dati, pour prendre la casquette d’un ministre des Affaires so ciales soucieux de retrouver le contact avec la base.

Le Président s’est donc

rendu le 28 octobre à Rethel (Ardennes) pour présenter les mesures pour l’emploi que le gouvernement sera chargé d’appliquer. Le plan exposé est utile, mais n’a rien de boule-versant :- On va augmenter de 100 000 le nombre des emplois aidés qui permettent aux bénéficiaires du RMI et aux adultes handi-

capés de retrouver plus facile-ment un emploi. Les contrats de ce type (il y a quatre caté-gories) portent le plus souvent sur des emplois à temps partiel et à durée déterminée, assortis de subventions à l’embauche et d’exonérations de charges sociales pour l’employeur.- On va étendre le Contrat de transition professionnelle qui permet à une personne licen-ciée de conserver la totalité de son salaire pendant douze

mois et de bénéficier d’une aide personnalisée en vue du retour à l’emploi.

Par ailleurs, Nicolas Sar -kozy a fait part de projets portant sur les facilités fiscales qui pourraient être consenties à des familles qui font appel aux emplois à domicile, sur des facilités d’embauche qui seraient accordées aux petites et moyennes entreprises et sur la mise en place d’une « sécu-rité sociale professionnelle ». Mais surtout, Nicolas Sarkozy a souhaité que les parlemen-taires se penchent sur la ques-tion du travail le dimanche « maintenant et sans tabou ». Comme si la symbolique du dimanche et la nécessité du repos hebdomadaire relevaient d’un simple préjugé archaïque qu’il s’agirait de briser...

Le message était clair : Nicolas Sarkozy s’occupe autant des entreprises et des salariés que des banques. Le patronat a approuvé sans réserves et les syndicats ont critiqué la modestie des mesures annon-cées et la mise en cause du droit au repos hebdomadaire. Au vu des sommes promises aux banques en cas de diffi-cultés et de celles qui seront dépensées pour le soutien à l’emploi, il n’est pas sûr que les salariés en colère aient été convaincus par le discours de Rethel et par cette classique reprise du « traitement social du chômage » tant reprochée à la gauche.

Mais les socialistes, absor-bés par la préparation de leur congrès, se contentent d’assu-rer une sorte de service mini-mum de la critique. Si bien que l’Élysée et Matignon restent à l’abri d’une crise politique. n

ACTUALITÉSOCIAL

Il n'est pas sûr que les salariés en colère aient été convaincus par le discours

4 FRANCECatholique n°3139 7 novembre 2008

par Alice TULLE

(

Face à la multiplication des plans de licenciements, Nicolas Sarkozy a annoncé un plan social de forme classique et envisage de briser un prétendu tabou.

Plan sur plan

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Quoique justifiant la réintégration de la France dans le dispositif militaire de l'OTAN, le Livre Blanc sur la Défense

et la Sécurité nationales rendu public en juillet dernier ne prend pas en compte les dernières évolutions de la pensée straté-gique en cours aux États-Unis. Il se focalise sur la guerre au terrorisme alors que celle-ci, exacerbée outre-Atlantique au lendemain du 11 septembre, y est aujourd'hui relativisée dans les cercles de réflexion (think tanks) liés aux Armées.

Al Qaida ? C'est fini ? Sans doute pas, mais on se rend compte que ce fut une erreur de bâtir toute une stra-tégie autour de ce qui appa-raît aujourd'hui comme un épiphénomène. Quel que soit le nouveau président américain, la rhétorique incarnée dans les discours de Bush, mais aussi dans la fameuse et honteuse prison de Guantanamo, est dépassée. Il lui avait lui-même porté le coup de grâce par sa guerre en Irak laquelle, faus-sement engagée au nom de la lutte contre le terrorisme, s'est bientôt transformée en guerre de démocratisation et, à défaut, de pacification.

Le même tournant est aujourd'hui engagé en Afgha-nistan, mais avec tellement de retard qu'il est douteux qu'il réussisse. C'est en tout cas le calcul du nouveau comman-dant en chef du théâtre Moyen-Orient (CENTO), qui vient tout juste de prendre ses fonctions,

le général David Petraeus, arti-san du retournement en Irak.

Avec lui, nous passons clairement de la guerre au terrorisme à la guerre contre-insurrectionnelle. Il en a écrit le manuel à destination des écoles militaires américaines et des Marines, inspiré des stratèges français des guerres de décolonisation. On savait déjà que, pour mener la bataille de Bagdad, le Pentagone avait visionné « la bataille d'Al-ger ». On était encore là, avec le colonel Roger Trinquier, dans une guerre contre le terrorisme. Cette fois, c'est un autre colonel en Algérie, illustre inconnu en France, qui sert de trame, un certain David Galula, reconverti après 1962 dans les écoles américaines. (1)

La France voulait tirer un trait sur ce passé jusqu'à ce qu'il redevienne soudain d'actua-lité depuis 2003. Nous voyions bien que l'action des forces

américaines en Irak ressemblait parfois par trop aux opérations de pacification du temps de la guerre d'Algérie. Mais nous ignorions la pensée stratégique qui la sous-tendait. Amnésie volontaire, refoulement dans l'inconscient.

Pourtant nos forces en Afghanistan en avaient retrouvé naturellement le meilleur : l'action auprès des populations locales, qu'on oppose radi-calement à la manière forte des Américains. Or, sous l'im-pulsion du général Petraeus, ces derniers sont également incités à employer les mêmes méthodes : on voit de plus en plus les soldats de l'Otan lour-dement armés assis sur des tapis, palabrant avec les chefs coutumiers pour parler irriga-tion et cultures ou distribuant des livres dans les écoles (!?). Sera-ce suffisant pour gagner le combat des cœurs et faire reculer la terreur ? À moins

qu'il ne s'agisse d'une lutte des valeurs, celles de l'Islam des Taliban contre celles de l'Oc-cident des Droits de l'Homme. Là résiderait la différence entre la guerre révolutionnaire des nationalistes de la lutte anti-coloniale et la guerre religieuse d'aujourd'hui.

Déjà, en Algérie, une ambi-guïté était maintenue sur l'as-pect religieux, partiellement, de la lutte du FLN, entre pana-rabisme et panislamisme. Il est possible qu'on ait sous-estimé à l'époque la dimen-sion religieuse. Aujourd'hui il ne faudrait pas la surestimer, tant il est difficile de faire la part des choses. En tout cas, on ne peut certainement pas demander cela aux militaires, dressés à faire la guerre ou à maintenir la paix, mais pas à faire de la politique.

Les stratèges tirent leurs leçons d'expériences, sans doute excellentes, mais qui sont le fait de quelques chefs dans des situations données, difficilement généralisables à toute une armée, dont ce n'est pas la vocation, ni à tous les pays, même ceux avec lesquels on ne bénéficie d'aucune connaissance directe, histo-rique ou culturelle, contraire-ment à ce qui était le cas dans nos anciennes colonies.

Le pari est risqué. Il mani-feste le déficit politique au sommet, puisque c'est une stratégie militaire qui en tient lieu. n

ACTUALITÉpar Yves LA MARCK

La lutte contre le terrorisme s'est transformée en guerre de démocratisation

dÉfenSe

FRANCECatholique n°3139 7 novembre 2008 5

)

Leçons sur la guerre

(1) les deux ouvrages ont été réédités en 2008 par Economica : Roger Trinquier, La guerre moderne ; David Galula, Contre-insurrection, théorie et pratique.

Le livre blanc français sur la défense pourrait encore être en retard d'une guerre.

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àla différence de beaucoup d’ou­vrages centrés sur une personnali té, les entretiens entre

Jacques Voisin et l’économiste Philippe Arondel (1) renseignent peu sur l’homme brillamment réélu à la tête de la CFTC mais apprennent beaucoup sur le projet d’une organisation syn dicale qui fêtera l’année prochaine ses quatre­vingt­dix ans.

L’enfance du futur militant fut « belle, sans histoire ». Une mère aimante, un père doté d’une forte personnalité (ancien des Forces françaises libres, il fut député non­inscrit) qui lui a appris le respect du travail, de tout travail. Puis l’arrivée d’un jeune prêtre qui l’a tiré du cocon familial en lui faisant jouer avec d’autres jeunes de son village la Passion du Christ : première expérience de la fraternité sur la terre natale du Nord.

À rebours, il y eut l’expé­rience directe de l’injustice sociale dans la vie profes­sionnel le . Au début des années soixante­dix, l’entre­prise dans laquelle travaille Jacques Voisin est en proie à un violent conflit du travail sur la question des sa laires. Les

travailleurs en lutte, comme on dit à l’époque, n’ont pas de syndicat. Arrive un militant de la CFDT, très représentatif de sa phase gauchiste, autoges­tionnaire, mais en même temps très directif. Le courant ne passe pas avec les salariés, qui demandent à Jacques Voisin de trouver un compromis – sans compromission ­ avec la direction. Celle­ci demeurant fermée au dialogue, le déposi­taire d’un mandat « sauvage » prend contact avec la CFTC de Maubeuge, y trouve bon accueil et s’engage au point de devenir très vite un militant permanent de la confédéra­tion.

Tel est, en son début, l’itiné­raire personnel de l’homme. La suite se confond avec l’histoire de l’organisation qu’il préside aujourd'hui. Organisation relativement dis crète, non par choix mais parce que les grands médias obéissent à une logique binaire alors que la doctrine de la CFTC va à l’encontre du manichéisme. À la télévision, dans la grande presse, il y a prime à la puissance (la CGT et la CFDT concentrent l’atten­tion des chroniqueurs), à l’op­position du noir et du blanc, au rejet de tout ce qui pourrait ressembler à une « troisième

voie » ­ simplement parce que les projets originaux sont longs à étudier et diffi ciles à mettre en scène. Et puis, dans la société médiatique, la réfé­rence chrétienne n'est­elle pas une inconvenance : datée, archaïque, « ringarde » ?

Le courage des militants de la CFTC, c’est de résister fermement, mais sans raidis­sements contre­productifs, à cette pression, dans l’esprit de la résistance à la « déconfes­sionnalisation » qui conduisit à la grande rupture de 1964 entre ceux qui décidèrent d’aban­donner la référence chrétienne et ceux qui entendaient rester fidèles à eux­mêmes.

Avec une conviction inen­tamée par les thématiques de la « modernité », Jacques Voisin continue d’affirmer que sa Confédération doit tenir bon sur le socle de ses va leurs : « Nous inscrivons notre dé marche revendicative dans un horizon à tonalité sociale chrétienne, un horizon humaniste construit par les grandes valeurs issues de l’his­toire chrétienne ». A condition de respecter celles­ci, précise Jacques Voisin, les Français de confession juive ou musul­mane ainsi que de nombreux agnostiques peuvent facile­

ment adhérer à la CFTC : le fait est qu’ils s’y sentent bien tant le principe du dialogue y est fondamental.

La CFTC n’est pas un mouve­ment d’Église mais la référence chrétienne n’est pas formelle. Elle implique une conception de la vie sociale (dans l’entre­prise et dans la société), de la vie au travail et du respect de la personne humaine.

Philippe Arondel le sou ligne au fil de ses conversations avec Jacques Voisin : la pensée sociale de la Confédération est directement issue de la doctrine sociale de l’Église et plus particulièrement de Rerum Novarum , d’une ac tualité toujours saisissante comme l’attestent les citations qui concluent le livre : « Si. . . l’ouvrier accepte des conditions dures que d’ailleurs il ne peut refuser, parce qu’elles lui sont imposées par le patron ou par celui qui fait l’offre de travail, il subit une violence contre laquelle la justice proteste ».

D’où la revendication d’un juste salaire, pour que soit simplement respectée la personne humaine – qui est le plus souvent une personne ayant la charge d’une famille. Il ne s’agit pas de survivre, mais de vivre et de faire vivre, de travailler décemment « et même d’épargner ». Il faut aussi réhabiliter une authen­tique participation, permet­tant à chaque personne em ployée dans l’entreprise d’être associée à part entière à ses ambitions.

C’est la fidélité à ces prin­cipes exprimés en un projet précis qui explique que la CFTC ait été historiquement

ACTUALITÉSyndICALISme

Un projet précis qui explique que la CFTC ait été la seconde matrice du syndicalisme

6 FRANCECatholique n°3139 7 novembre 2008

par Alexandre DA SILVA

(

Avant sa réélection à la présidence de la CFTC,ce 31 octobre, Jacques Voisin avait exposé sa conception d’un syndicalisme fondé sur les valeurs chrétiennes et soucieux d’affirmer un projet collectif, à distance de l’idéologie et du conservatisme.

Jacques Voisin et son projet

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la seconde matrice du syndi­calisme français comme le rappelle Philippe Arondel : après la CGT fondée en 1895 selon les thèses de l’anarcho­syndicalisme puis divisée après la seconde guerre mondiale en une branche réformiste et une branche communiste, la CFTC a fait valoir dans la période troublée du début des années vingt puis en 1936 et à la Libération, une ligne ni conservatrice ni révolution­naire. On oublie trop souvent le rôle de la CFTC dans l’élabo­ration de la charte du Conseil national de la Résistance, lors de la négociation sur la formation professionnelle en 1971 puis dans le lancement des cellules de reconversion sociale à l’époque où Jean Gandois présidait le patronat français.

Depuis le début du siècle, la lutte s’est durcie pour la CFTC qui est forcée de combattre sur plusieurs fronts pour défendre ses principes, son projet – et son existence même.

La lutte s’est durcie parce que le patronat s’est profon­dément transformé en deve­nant le Medef : au lieu d’avoir affaire à des entrepreneurs, rudes dans les négociations mais attachés à leur entreprise et donc rarement indifférents au sort de leurs salariés, les syndicalistes ont été confron­tés à des financiers avant tout préoccupés de la rentabilité de leurs capitaux et de la rémuné­ration de leurs actionnaires.

Jacques Voisin met en évi dence cette évolution ca pitale, qui correspond à la « financiarisation » des économies américaine et

euro péennes. Il en résulte aujourd’hui une forte dégra­dation des rapports entre les partenaires sociaux car le Medef met radicalement en cause la hiérarchie des normes sociales afin que soient privi­légiés les accords au sein de l’entreprise. Comme les syndi­cats sont rarement présents dans les petites et moyennes entreprises, comme les salariés sont en état de dépendance vis­à­vis de leur employeur, le risque est grand que les accords passés contredisent le principe de justice. Selon sa conviction traditionnelle, qui remonte aux années trente, la CFTC défend les accords de branche professionnelle ; elle refuse aussi les types de contrats défavorables aux salariés : son engagement dans la campagne unitaire contre le CPE (contrat première em bauche) en 2006 – surprenante pour certains qui pensaient qu'il fallait être plus

pragmatique – était pour­tant inscrite dans la logique profonde de la Confédération chrétienne.

Autre front : celui de la re présentativité syndicale. Jacques Voisin refuse le « Yalta syndical » qui aboutirait, avec l’appui du Medef, à un partage du « marché » entre la CGT et la CFDT, au mépris du pluralisme syndical. Il croit possible de maintenir l’existence et l’in­dépendance de la CFTC et de développer les perspectives qui lui sont propres car elles offrent un recours à « tous ceux qui ne se reconnaissent pas dans un syndicalisme de rupture sociale [la CGT] ou d’accompagnement des muta­tions néolibérales [la CFDT] ».

À l’intention de ces salariés, la CFTC offre un large éventail de propositions : revitaliser les Bourses du travail, assurer la participation des salariés à la prise de décision dans l’en­

treprise, faire de l’Europe un bouclier contre la globalisa­tion, lutter, dans la fidélité à la pensée sociale chrétienne, pour que « la formation du salaire [ne soit pas] abandon­née au seul jeu de l’offre et de la demande ».

À l’heure de la crise finan­cière, qui révèle les impasses du « divin marché » et les effets catastrophiques de « l’argent fou », le dialogue entre Philippe Arondel et Jacques Voisin est d’une frappante actualité. On en recommandera particulière­ment la lecture aux salariés qui se demanderaient encore s'il est bien utile d'aller voter aux élections prud'homales le 3 décembre prochain. n

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(1) Entretiens de Jacques Voisin, prési­dent de la CFTC, avec Philippe Arondel : Ensemble, militer autrement, Desclée De Brouwer, 2008. 153 pages, 15 €.

Jacques Voisin et son projet

Page 8: FRANCE FRANCE Catholique CatholiqueFRANCE FRANCE Catholique Catholique ISSN 0015-9506 84e année - Hebdomadaire n 3139 - 7 novembre 2008 2,90 €Le Logos est-il la troisièmepersonne

Jésus dit à certains disciples privilégiés, pas à tous donc, seulement à ceux qu’Il sait capables de marcher derrière Lui : « Suis-moi ! » Cela équivaut à dire : « Sois-moi ! » En hébreu, « Suis-moi ! » cela se dit, traduit lit-téralement : « Léra arrari - Marche derrière moi ! »- « Léra-marche-arrari-derrière moi ».

Or à marcher derrière quelqu’un, cela incite à faire comme celui que l’on suit, à l’imiter donc. Moi qui ai imité le général de Gaulle, je sais bien qu’à force d’imiter l’on devient, ou plutôt qu’en s’incurvant dans la personne que l’on imite, en prenant sa posture, on finit par penser et agir comme elle. Je n’ai certes jamais eu la prétention ou la mégalomanie de me prendre pour le général de Gaulle, mais je soutiens qu’en l’imitant, je le rappelais. Le public ne s’y trom-pe pas qui sait bien que tout en étant Henri Tisot, je suis un « rappel » si je puis dire du général de Gaulle.

En conclusion, je ne suis devenu moi-même que parce que j’ai suivi le Général ou toutes autres personnes qui m’ont impres-sionné. Autre-ment dit : je ne suis que parce que « je suis » du verbe suivre.

Saint Paul qui a tout saisi, nous dira : « Soyez mes imitateurs comme je le suis moi-même du Christ. »

À partir de là, on pourrait en conclure que nous sommes tous les imitateurs de quelqu’un dès lors que l’on partage ses pensées. Qui n’est pas imita-teur je vous le demande ? Celui-ci devient un grand footballeur parce qu’il admire tel joueur, cet autre devient comédien, peintre, chanteur, danseur, astro-naute ou simple plombier car ayant vu des pratiques de plomberie, il a voulu faire pareil : faire pareil ! Oui, qui n’est pas imitateur ? N’importe quel homme ou femme politique ne prend jamais que le relais de ceux qui l’ont précédé dans son parti.

Le mahatma Gandhi, l’apôtre de la non-violence a dit : « On devient ce qu’on admire ». Il nous faut donc imiter pour devenir.

Jésus, notre Exemple, n’est-Il pas Lui aussi imi-

TÉMOIGNAGE

Du 5 au 26 octobre dernier,253 "pères synodaux", dont 6 évêques et cardinaux français, réfléchissaient à Rome sur les moyens de faire entrer la Parole de Dieu dans nos oreilles et dans nos cœurs. Beaucoup de propositions pratiques ont été évoquées et 55 propositions faites, que le Pape replacera bientôt dans une vision d'ensemble. Nous avons bien, nous aussi, quelques idées pour que France Catholique soit un instrument plus efficace de transmission de la Parole de Dieu. Elles demanderaient un lourd investissement et nous sommes obligés d'hésiter. En attendant, on nous pardonnera de faire une « 56e proposition » à nos amis : aller assister à une conférence de l'artiste Henri Tisot, dont on peut critiquer bien des attitudes ou des opinions, mais dont on doit reconnaître qu'il a une façon incroyablement vivante d'adapter la lecture rabbinique de la Bible aux publics chrétiens. On peut l'entendre aussi sur les radios chrétiennes ou lire ses livres de commentaires bibliques... Nous lui avons demandé le texte d'une de ses dernières interventions publiques. C'est un grand moment littéraire et spirituel.

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L'imitation de Jésus selon Henri TisotÉCOuTEr LA pArOLE dE dIEu

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Henri Tisot

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tateur, imitateur de son Père ? Il dit à Philippe en Jean 14,9 : « Qui m’a vu a vu le Père », et mieux en Jean 5,19 : « Le Fils ne peut faire de lui-même, rien qu’il n’ait vu faire au Père. Ce que fait celui-ci, le Fils le fait pareillement ».

C’est le professeur Tomatis qui a été cause du fait que je me suis intéressé au Christ et à l’hébreu. Il m’a dit un jour : « Savez-vous, Henri qu’en hébreu, Bethléem signifie ‘maison du pain’ ». J’ai aussitôt fait le rapport avec la déclaration de Jésus : « Je suis le pain de vie » et j’ai compris que la coïn-cidence n’était pas fortuite : Jésus, le pain de vie, est né à Bethléem, la maison du pain, autrement dit, dans la boulangerie.

« Qui vient à moi n’aura jamais faim. Qui croit en moi n’aura jamais soif. » - « Quiconque VOIT le Fils et CROIT en lui a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour. »

Et le Christ va jusqu’à énoncer ces paroles qui font scandale même parmi ses disciples : « Si vous ne man-gez pas la chair du Fils de l’homme et ne buvez pas son sang, vous n’aurez pas la vie en vous » (Jean 6,62) – « Comment cet homme peut-il nous donner sa chair à manger ? » - « Dès lors nombre de ses disciples se retirèrent et cessèrent de l’accompagner » (Jean 6,66) - Jésus dit alors aux Douze : « Voulez-vous partir vous aussi ? » - Simon -Pierre lui répondit : « Seigneur à qui irons-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle » (Jean 6,69).

FAIM DU CHRIST ET SOIF DU CHRIST.

« Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour. Car ma chair est vraiment une nourriture et mon sang une boisson ». CHAIR – PAIN – PAROLE – SANG – BOISSON – VIE.

Puisse Jésus déteindre sur nous ! Benoît xVI a parlé à propos de l’Eucharistie de « fission nucléaire au plus intime de l’être ».

Mais prenons garde de ne pas nous tromper jusqu’à admirer qui l’on ne doit pas suivre. Un des

philosophes considéré pourtant comme un des plus éminents, Martin Heidegger, a fait la pire erreur en suivant le pire des guides et en déclarant : « Le Führer est notre loi ».

Ainsi donc, la plupart des gens me connaissent comme étant l’ancien imitateur du général de Gaulle que j’ai parodié de 1960 à 1971 après être sorti de la Comédie Française où j’avais été engagé à l’âge

de 20 ans. Je suis entré dans la peau du Général, mais il a fini par avoir la mienne, car, en effet, ma conscience a été captive de sa manière de penser. Jean-Jacques Gautier, le célèbre criti-que théâtral a écrit à mon sujet dans le Figaro : « Puis, il n’y eut plus De Gaulle, mais le masque avait déteint sur le visage ». Une phrase du général de Gaulle m’a terriblement marqué, au point qu’elle est devenue comme le moteur de ma vie.

En mai 1968 sur le tarmac de Vil-lacoublay, au retour de son voyage éclair à Baden-Baden où il était allé consulter le général Massu alors que la France était dans la tourmente de mai 1968, à Georges Pompidou, son Premier ministre qui lui demandait : « Où en êtes-vous à présent mon Gé-néral ? », de Gaulle lui répondit : « Je

me suis mis en accord avec mes arrière-pensées ». À partir de là, j’ai compris beaucoup de choses.

(« Arrière-pensées » - Catherine de Sienne, reli-gieuse : 1347-1380, Grégoire xI, Avignon, rome – « A ne rien dire on pourrit tout » - Christ : Verbe – Parole : Il faut donc l’ouvrir pas la fermer. Si le Verbe s’est fait chair c’est pour s’exprimer. « La Parole de Dieu, nous a dit Benoît xVI, se révèle dans la parole humaine ». Saint Jean a dit : « Le Verbe s’est fait chair ». Selon André Neher : « Le mot devient la chose qu’il nom-me ».)

Le professeur Tomatis que j’allais connaître plus tard, savait tout ce que peut générer un mot : « En profondeur, tout est engrammé, génétiquement per-ceptible. C’est pour cela que le corps réagit si fort au langage. Un mot peut tuer, faire sourire, provoquer des sueurs froides, apaiser… […] Un mot lâché dans l’espace pénètre non seulement dans le système ner-veux grâce à l’appareil auditif mais touche égale-

TÉMOIGNAGE

L'imitation de Jésus selon Henri Tisot

« Par la lecture des Textes sacrés s’opère

une transfusion de sens. Comment ? Par une double lecture : nous lisons la Bible en même temps qu’elle nous lit. Quand nous cherchons à comprendre l’Écriture, nous

nous comprenons nous-mêmes. Tout est là : Qui déchiffre se déchiffre. »

Jean-Louis Chrétienin « Sous le regard de la Bible »

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ment l’ensemble du système neuro-végétatif. Quel voyage fabuleux ! […] Certains mots nous passent au-dessus de la tête et nous laissent de marbre, d’autres nous arrivent en plein visage, d’autres en-core nous touchent au cœur ou nous coupent les jambes… Le discours que l’autre nous adresse est une caresse ou une rafale de mitraillette. » « Nous sommes tous nés polyglottes » - docteur Alfred To-matis.

L’ÉTAT DU MONDE.

J’ai aujourd’hui 71 ans, et je me fais un devoir de mettre mes arrières-pen-sées en avant. Et pour bien marquer l’état d’esprit dans lequel je me trouve, je veux citer cette phrase de Louis-Fer-dinand Céline à laquelle j’adhère plei-nement bien que je n’adhère pas à tou-tes ses déclarations : « Le monde n’est, je vous assure, qu’une vaste entreprise à se foutre du monde ». Le Christ, Lui non plus, n’adhère pas au monde. dans l’Évangile de Jean, Il s’adresse à son Père et dit à propos de ses disciples : « Je leur ai donné ta parole et le monde les a pris en haine, par-ce qu’ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde. Je ne te prie pas de les retirer du monde, mais de les garder du Mauvais » (Jean xVII, 9,14,15). Jésus met bel et bien le monde en paral-lèle avec le Mauvais. Puis Il confie aux siens : « Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï avant vous. Si vous étiez du monde, le monde aimerait son bien ; mais parce que vous n’êtes pas du monde, puisque mon choix vous a tiré du monde, le monde vous hait » (Jean XV, 18-19). Enfin, Il confie à son Père : « Je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que tu m’as donnés, […] » - « Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde. Consacre-les dans la vérité : ta parole est vérité. Comme tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde » (Jean xVII 9 - 16,17,18). « Je suis la lumière du monde. Qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres mais aura la lumière de la vie » (Jean VIII, 12). Ce qui me frappe tout particuliè-rement, c’est le fait que Jésus dise « je ne prie pas pour le monde » et aussi qu’Il nous affranchisse, en nous disant : « vous n’êtes pas du monde, puisque mon choix vous a tiré du monde ».

Honoré de Balzac a déclaré qu’en français, si on inverse certains mots, on découvre leur vraie signification. En effet, en renversant le mot monde on obtient le mot démon. Enfin, pour être tout à fait clair à propos du « monde », rappelons les pro-pos d’un des rabbins les plus connus du monde juif, rabbi Aquiva qui vivait au temps du Christ et fut comme Lui, martyrisé par les romains. Il dit : « Le monde va son chemin ! Il n’y a rien à attendre du monde. Nous sommes condamnés à vivre dans

le monde tel qu’il est et qui a été créé par Dieu. Et c’est précisément parce que le monde a été créé par Dieu tel qu’il est qu’il ne changera pas. Tout le pro-blème est de savoir si l’homme est disposé à rendre un culte à Dieu dans le monde tel qu’il est. »

Toutefois, ne perdons pas de vue que : « Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour condamner le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui » (Jean III, 17). « Oui, Dieu a tant aimé le monde - Qu’il a donné son Fils unique, - » (Jean III – 16). Et soyons réconfortés par les paroles de Jésus : « Je suis la lumière du monde. Qui me suit ne marchera

pas dans les ténèbres, mais aura la lu-mière de la vie » (Jean VIII, 12).

Cette dernière phrase a servi de postulat à un livre qui eut un énorme retentissement aux alentours de 1400, L’Imitation de Jésus-Christ attribué à « Par la lecture des Textes sacrés s’opè-re une transfusion de sens. Comment ? Par une double lecture : nous lisons la Bible en même temps qu’elle nous lit. Quand nous cherchons à compren-dre l’Écriture, nous nous comprenons nous-mêmes. Tout est là : Qui déchiffre

se déchiffre. » et dont la traduction de Corneille commence par ces mots : « Et quiconque veut être éclairé pleinement, - Doit apprendre de lui que ce n’est qu’à le suivre – Que le cœur s’affranchit de tout aveuglement. » J’ai adopté le titre de cet ouvrage pour cette rencontre avec vous que j’ai intitulée : « L’Imitation de Jésus-Christ » selon Tisot.

MAIS COMMENT IMITER LE CHRISTSI ON NE TRAVAILLE PAS A FAIRE PLUS AMPLE CONNAISSANCE AVEC LUI ?

Il va donc s’agir de suivre Jésus, « la lumière du monde ». Encore faut-il ne pas se mettre à la suite de l’idée reçue que l’on se fait de Jésus. Le cardinal Lustiger nous a mis en garde sur la fin de sa vie par cette terrible et terrifiante conclusion proclamée dans son livre La Promesse aux éditions du ro-cher : « Le péché auquel ont succombé les pagano chrétiens, que ce soit les hommes d’Église, ou les princes, ou les peuples, fut de s’emparer du Christ en le défigurant, puis de faire leur dieu de cette dé-figuration » (dieu sans d majuscule).

Cette sorte de testament légué par Mgr Lus-tiger doit nous inciter à prendre conscience que : « La foi se nourrit de la compréhension des Écritu-res. On ne naît pas chrétien, on le devient » selon Tertullien, le premier écrivain chrétien de langue latine (155 – 222).

Il faut donc se mettre au travail, chercher, chercher, chercher sans relâche, il en sortira tou-jours quelque chose. Jésus nous dit : « Cherchez et vous trouverez, frappez et on vous ouvrira ! » (Mat-thieu VII, 7).

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TÉMOIGNAGE

« Je suis la lumièredu monde ; qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais aura la lumière de la vie. »

Jean VIII, 12.

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Mais si on cherche, c’est qu’on doute. Certes. Je prétends que le doute est le muscle de la re-cherche. Cela ne doit en rien nous empêcher de chercher, chercher, chercher sans cesse des ré-ponses aux questions que l’on se pose (quand on s’en pose), ce qui n’est pas le cas de tout le monde parmi les humains. Me vient en mémoire l’histoire de ce rabbin qui courait dans sa ville en criant : « J’ai des réponses, j’ai des réponses, j’ai des ré ponses – est-ce qu’il y a des questions ? » Et aussi cette autre histoire symptomatique de notre impéritie chronique. Elle est contée par le Maggid de Mezerevitch. Il s’agit d’un narrateur qui a vécu de 1710 à 1772. Il dit : « Imaginez deux enfants qui jouent à cache-cache. L’un se cache, mais l’autre ne le cherche pas – Dieu se cache et l’homme ne Le cherche pas. Imaginez sa peine ! » Le livre du Tal-mud nous a pourtant prévenus : « Dieu voile pour que l’homme dévoile ».

À notre décharge, nous ne savons rien et on nous demande de tout savoir.

Je voudrais avant de continuer notre route, vous transmettre cette constatation de Gilles Berheim, nouveau grand rabbin de France : « Un enseignant ignore toujours ce qui, dans le contenu ou dans la forme de ce qu’il a dit, éveillera – à son insu – l’attention de ceux qui l’écoutent, et provo-quera alors des associations et des enchaînements imprévisibles et, parfois, sans rapport direct avec la didactique qu’il poursuit. »

Le cerveau humain sait faire le tri. Telle chose peut paraître essentielle à certains et pas à d’autres. Il faut faire confiance à l’Esprit Saint qui œuvre pour nous, même si nous ne nous en rendons pas toujours compte.

LE DÉVOILEMENT DES PARA-BOLES.

Passons à la question des questions : En quelle langue parle Jésus-Christ ? Quelle est sa langue privilégiée : l’hébreu, l’ara-méen, le français, l’anglais, l’italien, l’espagnol, le russe, le chinois, le coréen ?..

Le philosophe Emmanuel Lévinas a dit : « la langue est la mise en commun d’une idée ». J’ai lu ailleurs : « Une langue est un filet jeté sur la réalité des choses. Une autre langue est un autre filet. Il est rare que les mailles coïncident ».

Si l’on vous disait : « Jésus parle uniquement le japonais. Vous apprendriez illico le japonais. » Eh bien, je vous le dis : « Jésus parle uniquement en paraboles comme cela est dit dans les quatre Évan-giles. Sans doute a-t-Il voulu choisir un langage universel pour s’adresser au monde entier : « Jésus parlait en paraboles et sans parabole, il ne parlait pas. – C’est par un grand nombre de paraboles de

ce genre qu’il leur annonçait la parole, dans la me-sure où ils étaient capables de l’entendre. Il ne leur parlait point sans parabole, mais, en particulier, il expliquait tout à ses disciples. - Je leur parle en paraboles, parce qu’en voyant ils ne voient point et qu’en entendant, ils n’entendent ni ne comprennent. - C’est à vous qu’a été donné le mystère du royaume de Dieu, mais pour ceux qui sont dehors, tout arrive en paraboles.- Tout cela, Jésus le dit aux foules en paraboles, et il ne leur parlait point sans paraboles. Ainsi devait s’accomplir l’oracle du prophète : Ma bouche prononcera des paraboles, elle clamera des choses cachées depuis la fondation du monde. »

Le mot « EDEN », en hébreu donne A.D.N. : témoignage de justice.

« Les disciples s’approchant lui dirent : ‘Pourquoi leur parles-tu en paraboles ? ’ – ‘C’est que, répon-dit-il, à vous il est donné de connaître les mystères du Royaume des Cieux, tandis qu’à ces gens-là, cela n’est pas donné. Car à celui qui a l’on donnera et il aura du surplus, mais à celui qui n’a pas, on enlève-ra même ce qu’il a. C’est pour cela que je leur parle en paraboles. » - « Alors laissant les foules, il vint à la maison et ses disciples s’approchant lui deman-dèrent : Dis-nous en clair la parabole… ».

Qu’est-ce donc qu’une parabole ? C’est un sens qui conduit vers d’autres sens, c’est la transfusion de sens dont j’ai parlé au début.

Filet. Savez-vous que le mot « net » en anglais dans la locu-tion « internet » signifie « filet » ? Or, le Seigneur fait allusion au royaume des Cieux quand Il décrit le filet de pêcheur dont usent ses disciples qui vont de-venir pêcheurs d’hommes. Ne semble-t-Il pas faire allusion à « internet » ? :

« Le royaume des Cieux est encore semblable à un filet qu’on jette en mer et qui ramène tou-tes sortes de choses. Quand il est

plein, les pêcheurs le ramènent sur le rivage, puis ils s’asseyent, recueillent dans des paniers ce qu’il y a de bon, et rejettent ce qui ne vaut rien. Ainsi en sera-t-il à la fin du monde : les anges se présente-ront et sépareront les méchants et les justes pour les jeter dans la fournaise ardente : là seront les pleurs et les grincements de dents » (Matthieu xIII, 47-50). J’aime infiniment cette parabole. Elle nous incite à penser que notre cerveau est tout à fait comparable à ce filet de pêcheur dont parle Jésus. Notre cerveau est un étonnant ordinateur. Inter-net fonctionne en lui. Grâce au filet de pêcheur tout autant qu’avec notre cerveau, nous accom-plissons des pêches miraculeuses pour peu que l’on consente à partir en mer et quitter la terre. La mer, l’eau est symbole de spiritualité, la terre de maté-rialité, c’est aussi simple que cela. Voila que par le

« Imaginez deux enfants qui jouent à cache-cache.

L'un se cache, mais l'autre ne le cherche pas - Dieu se cache et l'homme ne Le cherche pas.

Imaginez sa peine » Maggid de Mezerevitch

(1710-1772).

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TÉMOIGNAGE

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12 FRANCECatholique n°3139 7 novembre 2008

TÉMOIGNAGEtruchement de la parabole, nous sommes passés de l’idée du filet à la comparaison avec le cerveau.

de nos jours, on sait en effet que dans notre cer-veau les neurones vont tous à la rencontre les uns des autres jusqu’à se tendre la main si je puis dire et faire la jonction dans un court espace que l’on ap-pelle la synapse. Neurones et synapses dessinent un extraordinaire filet qui garde dans ses entrelacs tout ce qui nous paraît utile, enrichissant, bénéfique, bon à conserver en vue de se souvenir, de se rappeler. Cela s’appelle la mémoire, « ce merveilleux entrepôt » disait Jean Cocteau. Moi, je l’apparente plutôt à un congélateur car nos souve-nirs semblent soumis à un dégel instan-tané à la seule évocation d’un mot qui y fait allusion. Il me suffit de penser au cabanon de mon enfance et tout surgit comme tout Combray ressuscite avec Proust et sa madeleine. Quel miracle !

Et à présent, le filet et le cerveau, vont nous propulser dans le cosmos. Le premier mot de la Bible dans le Pre-mier Testament est le mot hébreu « bérechit » que l’on traduit par « Au commencement ». Mais parmi les nombreuses significations que comporte et conserve ce mot – en ayant dénombré pour ma part de significatives - je veux en retenir deux troublan-tes, à savoir que, décomposé, le mot « bar-echit » signifie « un fils-bar-j’établirai-echit » - il peut s’agir de Moïse tout aussi bien que de Jésus. Et enfin, nous retrouvons le mot « filet » qui se dit « rechet » en hébreu, de telle sorte que « bérechet » signifie « dans le filet », la lettre B, « beith » au départ du mot veut dire « dans ».

Cosmos. « Béréchet – Au commencement… Dieu créa le ciel et la terre… », pourrait être retranscrit : « Dans le filet Dieu créa le ciel et la terre… », et nous suggérer que « le filet » auquel il est ici fait allusion pourrait symboliser le cosmos tout entier criblé d’étoiles.

La phrase initiale de la Bible : « Au commencement Dieu créa le ciel et la terre », fait pendant à la phrase du début de l’Évangile de Jean : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement avec Dieu, sans lui rien ne fût de tout ce qui fût. De tout être, il était la vie et la vie était la lumière des hommes ».

Je souligne que le disciple Jean, qu’on appa-rente au « disciple que Jésus aimait » a eu un certain aplomb de démarrer son évangile par le mot « au commencement » qui semble vouloir rectifier les di-res du Premier Testament et les confirmer tout à la fois, puisque tout est mis en œuvre dans le premier chapitre de la Bible au livre de la Genèse à partir de la Parole divine qui proclame « Que la lumière soit et la lumière fut » prouvant ainsi qu’« au commence-ment était le Verbe ». Cela dit, le professeur Alfred-Angelo Tomatis a ajouté une sorte de codicille aux dires du Premier Testament ainsi qu’à l’affirmation johannique. Il énonce : « Au commencement était

l’écoute, car à quoi aurait bien pu servir le Verbe s’il n’avait aucune chance d’être entendu ». Ce n’est pas la profession de foi juive qui le contredira, elle qui proclame : « Écoute Israël, l’Éternel est notre Dieu, l’Éternel est Un » - « Chéma Israël Adonaï élohénou, Adonaï hérad ».

Toujours est-il que passant du filet au cerveau pour déboucher dans le cosmos, nous avons démon-tré qu’à partir d’une parabole de Jésus, on est pro-pulsé vers l’infini, dans l’univers donc, mot qui, entre parenthèses signifie « uni vers Dieu ». Les savants

d’aujourd’hui dénombrent 1 000 mil-liards de planètes dans notre seule ga-laxie. La Parole du Christ nous conduit ainsi par la parabole à plonger dans les profondeurs abyssales et infinies des sens. Vous aurez remarqué que je m’at-tache à mettre l’accent sur des coïnci-dences dont chacune se trouve être le vecteur, le transmetteur de sens cachés. J’aime à la folie cette définition de Louis Pauwels qui appelait ces coïncidences si

riches de sens « des coïncidences abusives ». Cela in-vite, incite à penser que le hasard n’existe pas, ce qui fera dire à Anatole France : « Le hasard est le pseu-donyme de Dieu quand Il ne veut pas signer ». La clef pour saisir les paraboles, c’est l’allusion.

DISCOURS DE JEAN-PAUL IIDU 11 AVRIL 1997 DEVANTLA COMMISSION BIBLIQUE PONTIFICALE.

Jean-Paul II quant à lui, nous a donné une autre clef essentielle pour l’étude des Écritures : « En réa-lité, on ne peut exprimer pleinement le mystère du Christ sans recourir à l’Ancien Testament. L’identité humaine de Jésus se définit à partir de son lien avec le peuple d’Israël, avec la dynastie de David et la des-cendance d’Abraham.

Priver le Christ de son rapport à l’Ancien Testa-ment, c’est donc le détacher de ses racines et vider son mystère de tout sens. En effet, pour être signifi-cative, l’incarnation a eu besoin de s’enraciner dans des siècles de préparation. Autrement, le Christ aurait été comme un météore tombé accidentellement sur terre et privé de tout lien avec l’histoire des hommes.

L’Église a vu les Écritures juives comme Parole de Dieu éternellement valable, adressée à elle-même comme aux enfants d’Israël.

Cependant, ce qui se vérifie le plus fréquemment, c’est l’ignorance des profonds rapports qui lient le Nouveau Testament à l’Ancien, ignorance d’où dé-coule chez certains l’impression que les chrétiens n’ont rien en commun avec les juifs. »

Madame Salzmann qui me logeait 89, boulevard du Montparnasse du temps où j’étais Pensionnaire de la Comédie Française, de 1957 à 1967, Madame Salzmann était juive et me tint lieu de mère adoptive à Paris. Madame Salzmann ne cessait de s’étonner

« Au commencement était l'écoute, car à quoi aurait bien pu servir le

Verbe s'il n'avait aucune chance d'être entendu »

Alfred Tomatis

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FRANCECatholique n°3139 7 novembre 2008 13

TÉMOIGNAGEde cet extraordinaire élan qui me propulsait auprès de tout ce qui, à mes yeux, avait des relents juifs. Elle disait de moi : « Ce Tisot m’étonne sans cesse : il est plus juif que les juifs. »

Mais c’est lorsque ma grand-mère me rejoignait à Paris que le problème juif éclata au grand jour et qu’il atteignit je puis le dire à son paroxisme. Ma-dame Salzmann avait une véri table passion pour ma grand-mère qui la faisait rire au-delà du permis. Quand il était question de sa venue, je m’enquérais auprès d’elle : « A votre avis Madame Salzmann où pourrais-je louer une chambre pour ma grand-mère ? Dans quel hôtel pas trop éloigné d’ici. » La réponse ne se faisait pas attendre. Madame Salzmann s’ex-clamait : « Mais vous êtes fou, vous n’allez pas mettre votre grand-mère à l’hôtel. On va lui aménager un petit lit de camp et on la garde avec nous. Elle me fait tellement rire, ça vaut bien ça. »

Ma grand-mère était très reconnaissante à Ma-dame Salzmann de l’héberger et souvent elle me confiait : « Ce qu’elle est brave cette Madame Salz-mann. Rappelle-toi d’une que tu es bien tombé avec elle et Madame Marcelle sa dame de compagnie. El-les te gâtent. Comme là, entre nous, tu lui payes un loyer, mais elle n’est pas obligée de loger ta grand-mère. Non, il faut reconnaître ce qui est, elle est juive mais elle est brave ! » Madame Salzmann de son côté faisant également l’éloge de ma grand-mère, rétablissant ainsi l’équilibre : « Votre grand’mère est sensationnelle ! Elle n’est pas juive mais elle est formidable ! »

Aussi, parfois, la conversation roulait sur le problème juif. Nous étions installés dans le grand sa-lon de Madame Salzmann et ma grand-mère, avec un air de troisiè-me couteau comme si elle devisait à propos de quelque chose qui ne pouvait pas être entendu par tou-tes les oreilles, ma grand-mère se lançait avec circonspection : « Di-tes Madame Sazmane (à cause de son accent méri-dional, elle avait des difficultés pour prononcer cor-rectement le nom de Salzmann), d’après ce que m’a dit mon petit-fils, vous êtes… vous êtes juive quoi ! Ben mon Dieu, il en faut. Il faut de tout pour faire un monde. Mais au point de vue religion, vous croyez en quoi alors ? » Et Madame Salzmann se jetait à l’eau défendant le judaïsme qu’elle apparentait à juste ti-tre au christianisme : « Mais écoutez, on croit stric-tement à la même chose que vous. Moïse a dit ‘Aime ton prochain comme toi-même’ – Jésus a dit ‘Aimez-vous les uns les autres !’ Mais c’est pareil, strictement pareil. » Et puis, elle jetait la bombe par laquelle allait arriver le scandale. Elle concluait avec une évidence adéquate : « Mais d’ailleurs, Jésus est juif. » Là, ma grand-mère tombait des nues. ça lui en bouchait un tel coin, qu’elle demeurait un moment la bou-che légèrement entr’ouverte et l’œil dans le vague. Puis, elle se reprenait et avec beaucoup de calme et

de douceur, comme si elle ne voulait pas contrarier Madame Salzmann autant qu’elle était contrariée elle-même, et sur un ton qui en disait long sur le peu de crédibilité qu’elle accordait à ce qu’on venait de lui dire, elle balbutiait, bégayait, puis au final se re-prenait : « Ah oui… Jésus est juif ? Ah bon ? Alors il est juif ? Mais depuis quand ? Enfin, je veux dire… Enfin quoi, il est juif quoi ? »

Et finalement, elle avalait le morceau assez faci-lement tout compte fait. C’était une Eucharistie qui restait un peu en travers de sa gorge mais en faisant effort, ça passait et elle admettait avec logique : « Eh bé, qu’est-ce que vous voulez, qu’est-ce qu’on peut y faire ? S’il est juif, peuchère c’est pas de sa faute. On choisit pas. S’il est juif, tant pis ! il l’a pas fait exprès le pauvre. » Moi, je me sentais un peu en porte à faux et voulant conclure, je mettais sans le vouloir le feu aux poudres : « Tu sais Mémé, Jésus, il est juif, tout simplement parce que sa mère est juive. Marie est juive ! »

Ah ! alors là ! Jésus passe encore, mais Marie, la mère de Jésus, non ! il ne faut pas pousser le bou-chon trop loin. Mémé se levait de sa chaise, presque en larmes et rejoignait Madame Mar celle à la cuisine et tout fort pour qu’on l’entende, l’interpellait : « Ma-dame Marcelle, vous le saviez, vous, que Jésus était juif ? Non ? Eh bé je vous l’apprends. Mais le comble de tout c’est qu’il paraît que la Vierge Marie est juive aussi ? Ah non ça c’est le bouquet ! » Madame Mar-

celle ne se laissait pas démonter pour autant et stoïque concluait pour bien montrer qu’on ne pou-vait plus s’étonner de rien : « Vous savez de nos jours, ils compliquent tout ! » Mais Mémé ne s’en tenait pas là et sa colère rentrée finissait par déborder par sa bouche dans ses paroles, et tout en se montant toute seule, elle regagnait la pièce où était installé son lit de camp et psalmodiait tout en se parlant à el-

le-même : « Ah non… j’aurais tout entendu, tout subi dans la vie : la Vierge Marie juive, hé bé, si on m’avait dit qu’il faudrait un jour entendre ça et de la bouche de mon petit-fils, oh ! non, des cris ! ! ! D’ailleurs avec mon petit-fils si on l’écoute, tout le monde est juif : Jésus, Marie, Joseph, les apôtres, saint Pierre et saint Paul. Et Marie-Madeleine, elle ne serait pas juive par dessus le marché, parce qu’alors là, ce serait le bouquet, il n’y aurait plus qu’à tirer le rideau ! Moi, si ça continue, je ne vais pas supporter d’entendre des balivernes pareilles. Si ça continue, je retourne à Tou-lon vite fait. » Et elle claquait la porte de la chambre pendant que Madame Salzmann tout en riant sous cape n’en pensait pas moins. Entre deux rires à moi-tié réprimés, elle me confiait charitablement, chré-tiennement dirais-je : « Écoutez Tisot, arrêtez, c’est toute une éducation vous comprenez. Vous risquez de rendre votre grand-mère folle avec toutes ces his-toires. On ne peut pas revenir en cinq minutes sur des

«L'Église a vu les Écritures juives comme Parole de

Dieu éternellement valable, adressée à elle-même comme

aux enfants d'Israël » Jean-Paul II

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siècles de… de… » Je répondais pour elle : « D’idées reçues ! »

Le pape Jean-Paul II, dans l’indifférence totale du clergé français à pourtant mis les points sur les i le 11 avril 1997 devant la Commission Bibli-que Pontificale. Sa déclaration est frappée au coin du bon sens, du bon sang du Christ serais-je tenté de dire : « Vous êtes appelés à aider les chrétiens à bien comprendre leur identité. Une identité qui se définit avant tout par la foi au Christ, fils de Dieu. Mais cette foi est inséparable du rapport à l’Ancien Testament, du moment que c’est une foi dans le Christ « mort pour nos péchés », selon les Écritures, et « ressuscité… selon les Écritures » (Co 15, 3-4). Le chrétien doit savoir que, par son adhésion au Christ, il est devenu « descendance d’Abraham » (Ga 3,29) et qu’il a été greffé sur le bon olivier (cf.Rm 11,17-24), c’est-à-dire inséré dans le peuple d’Israël pour être « participant de la racine et de la lymphe de l’olivier » (Rm 11, 17). S’il possède cette forte conviction, il ne pourra plus accep-ter que les juifs en tant que juifs soient mépri-sés ou, pire, maltraités. […] Des interprétations erronées et injustes du Nouveau Testament re-latives au peuple juif et à sa prétendue culpa-bilité ont trop souvent circulé engendrant des sentiments d’hostilité à l’égard de ce peuple.

Ils ont contribué à assoupir bien des conscien-ces ; de sorte que, sans faire de particularisme, à côté de chrétiens qui ont tout fait pour sauver les persécutés jusqu’au péril de leur vie, la résistance spirituelle de beaucoup n’a pas été celle que l’hu-manité était en droit d’attendre de la part de disci-ples du Christ. »

Non, on ne peut rien saisir sans l’apport et le rapport avec le Premier Testament. Pour preuve, LA MULTIPLICATION DES PAINS des Évangiles dont les symboles n’auraient plus aucun sens sans le rapport, l’allusion au Premier Testament : 5 PAINS ; 2 POISSONS (5 pains = les 5 livres du Premier Testament, le Pentateuque ; 2 poissons = symbo-les du Premier Testament et du Nouveau).

En réalité, ma conviction profonde est que la clef de toute connaissance réside dans le fait qu’une chose faisant allusion à une autre chose ouvre grande la porte du mystère. C’est ainsi qu’un jour, j’ai compris que toute connaissance s’établit par les liens que les choses ont entre elles et c’est ainsi que j’ai découvert que le buisson épineux dans le désert au milieu duquel dieu se manifeste à Moïse au milieu des flammes, était en lien direct avec la couronne d’épines qui enserre la tête du Christ sur la croix. Paul ricoeur, le grand philosophe protes-tant a écrit dans la préface qu’il a consacré à un de mes ouvrages : « Permettez-moi, cher Henri Tisot, d’extraire de votre ouvrage, une ‘allusion’ qui donne à chercher : c’est le rapprochement que vous faites entre les épines du buisson ardent de Moïse et les épines de la couronne du Christ humilié. Ces épines

joignent le Premier et le Deuxième Testament ; elles disent aussi le caractère ‘épineux’ du chemin de la suivance du Christ. »

En réalité, j’affirme avec certitude, que le ju-daïsme est en vérité LE DICTIONNAIRE du chris-tianisme. On ne peut rien comprendre en pro-fondeur du christianisme sans que soit établi le rapport avec le judaïsme. Le jeudi 19 août 2005, Benoît xVI l’a confirmé se référant aux racines juives du christianisme et s’appuyant sur une dé-claration de Jean-Paul II, son vénéré prédécesseur. Benoît xVI a déclaré dans la synagogue de Colo-gne lors des JMJ : « Qui rencontre Jésus-Christ ren-contre le judaïsme » (La Documentation catholique 77[1980], p.1148).

Alors, la grande question que je pose à tous les chrétiens, moi qui, un peu prétentieusement mais

avec humour néanmoins, me présente comme étant le goï le plus juif du monde, la grande question que je pose en conscience aux chré-tiens : Peut-on être véritablement chrétien sans se « NATUrALISEr » juif ?

Je souhaite citer enfin cette phrase de robert Cohen-Tanugi dans le journal Le Lien-Diaspora, phrase qui m’enchante parce qu’en butte à la mondialisation. Cette phrase me semble désigner le judaïsme comme étant le

dernier rempart à la débâcle finale : « Les civili-sations ont toutes tenté de faire disparaître le ju-daïsme parce que rebelle à l’assimilation et donc témoin d’une limite infranchissable à une unifor-misation. »

Nous devons nous ingénier à ne pas être so-lubles comme me l’a dit mon ami roger Hanin. Il s’agit de notre survie.

ORIGèNE NOUS MORIGèNE…

J’ai fait ce jeu de mot un peu facile pour faire comprendre qu’Origène nous invite à approfondir les Écritures et faire la différence entre ceux qui en sont capables et d’autres pas. Origène a proba-blement rédigé ses commentaires entre 244 et 249 au cours desquels il développe l’idée que « les sim-ples ne savent pas s’élever au-dessus du sens lit-téral de l’Écriture. Par paresse ou incapacité, ils ne voient pas le sens caché. Et c’est pour eux et contre eux qu’Origène écrit et réagit par sa méthode exé-gétique. Car il ne s’agit pas de ‘se contenter’ d’une lecture superficielle des Écritures, de s’en tenir aux ‘événements racontés’. Il faut aller plus loin, déga-ger de ces événements leur sens spirituel, savoir en particulier tirer des leçons de vie de tel ou tel texte évangélique. Dans ces conditions peut-on parler de mépris, chez Origène, à l’égard des simples ?... Rap-pelons-nous que Jésus nous a obligés à monter sur la barque, parce qu’il veut que nous le précédions sur le rivage d’en face. » Ce rivage d’en face n’est-ce pas la face cachée des Écritures ? Jésus mar-

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TÉMOIGNAGE

«Qui rencontreJésus-Christ, rencontre

le judaïsme » Benoît XVI

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che sur l’eau, Il a puissance sur terre et sur mer, autant dire sur le matériel comme sur le spirituel. Simon-Pierre tente de Le suivre sur les vagues et coule. Jésus lui dit : « Homme de peu de foi, pour-quoi as-tu douté ? » (Matthieu xIV, 31). Le Christ est là pour nous sauver mais n’oublions pas que pour le Christ, ce n’est pas la Loi qui prévaut. Il dit un nombre de fois incalculable : « Va, ta foi t’a sauvé ! » Il ne dit jamais : « La Loi t’a sauvé ! », bien qu’Il stipule : « N’allez pas croire que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : Je ne suis pas venu l’abolir, mais l’accomplir » (Matthieu V, 17). André Frossard m’a dit : « Il y a la loi, à partir de laquelle tout est particulier »

La terrible question que je suis à présent ame-né à poser : nous considérons-nous comme faisant partie intégrante des disciples du Christ, ou bien sommes-nous noyés parmi les foules de tous ceux qui suivent Jésus ? Vous seuls pouvez répondre à cette question qui n’entame en rien l’amour que vous portez au Seigneur. Mais pour l’aimer, ne convient-il pas d’approfondir ses paroles, ses actes consignés dans les Évangiles ? Mais les chrétiens lisent-ils assidûment les Évangiles ?

Origène, l’éminent exégète qui vivait au troisiè-me siècle de notre ère a développé vers l’an 250, la dichotomie entre foules et disciples : « Il avait une sorte de vision pyramidale de l’humanité. À la base de cette humanité on pouvait placer la masse juive ou païenne, indiffé-rente sinon hostile, mais aimée par Jésus qui veut l’éclairer et la sauver ; puis nous trouvons la foule, ou plus exactement les foules qui entendent la prédication du Maître : c’est la masse des croyants, attachée à Jésus qu’elle regarde comme un prophète. D’ailleurs, il y a des différences entre les foules : celle de la seconde multiplication des pains est supérieure à celle de la première ; ou si l’on préfère, c’est la même, mais elle a progressé. À l’étage supérieur, se trouvent les dis-ciples, qui accompagnent le Maître dans la plupart de ses déplacements et entendent son enseigne-ment de façon plus constante. Puis, « parmi ceux à qui il a été donné de faire route avec Jésus et de voir sa maison, l’homme supérieur devient en outre apôtre » comme André et Jean qui ont suivi Jésus, vu sa maison et passé le reste du jour avec lui. Il y a ensuite les trois Apôtres privilégiés qui assistent à la résurrection de la fille de Jaïre et gravissent la montagne de la Transfiguration, parmi lesquels Pierre apparaît enfin comme celui qui a réussi à ap-procher de Jésus mieux que tout autre, qui bénéfi-cie d’une connaissance extraordinaire du mystère, puisque « ce n’est pas la chair et le sang, mais le Père qui le lui a révélé ».

Souvenez-vous de ce passage de Matthieu xVI,16 où Jésus demande : « ‘Au dire des gens, qu’est le Fils de l’homme ?’ Ils dirent : Pour les uns, il est Jean-Baptiste ; pour d’autres, Elie ; pour d’autres

encore, Jérémie ou quelqu’un des prophètes.’ –‘Mais pour vous, leur dit-il, qui suis-je ? ’ Prenant alors la parole Simon-Pierre répondit : ‘Tu es le Christ (mot grec qui désigne en hébreu le Messie), le Fils du Dieu vivant.’ (Christ est la traduction grecque du mot hébreu ‘Machiar-Messie’, à savoir l’Oint, Celui qui a reçu l’onction). En réponse, Jésus lui déclara : ‘Tu es heureux Simon, fils de Jonas, car cette révé-lation t’est venue, non de la chair et du sang,, mais de mon père qui est dans les cieux. Eh bien ! moi, je te le dis : Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les Portes de l’Hadès ne tiendront pas contre elle. Je te donnerai les clefs du Royaume des Cieux : quoi que tu lies sur terre, ce sera tenu dans les Cieux pour lié, et quoique tu délies sur la terre, ce sera tenu dans les Cieux pour délié.’ Alors il re-commanda aux disciples de ne dire à personne qu’il était le Christ. »

« Rabbi où demeures-tu ? » est-il demandé à Jésus qui répond : « Venez et voyez ». Mais tous ne sont pas conviés à suivre Jésus jusque dans sa maison qui, entre parenthèses, désignait au temps du Christ le Temple de Jérusalem qui sera défini-tivement détruit par les romains en 70 de notre ère. Certains seront conviés à monter avec Lui dans la barque sur le lac de Tibériade, d’autres à s’étendre sur l’herbe lors de la multiplication des

pains, d’autres Le côtoyer au bord de la mer, d’autres encore à passer sur l’autre rive. Enfin certains, ont la grâce su prême de se joindre à Lui en gravissant la montagne où va avoir lieu la transfiguration, ou bien enco-re au mont des Oliviers, jusqu’à ceux qui l’accompagneront au pied de la

croix. À chacun sa grâce ou son épreuve.Pour ma part, les questions m’assaillent. Un de

mes amis, Jean-Pierre Snyers pose une lancinante question : « Si Dieu existe, pourquoi le mal ? – Si Dieu n’existe pas, pourquoi le bien ? »

d’Ormesson donne une réponse qui nous cloue le bec quand il dit : « Il n’y a rien de plus important que Dieu, qu’Il existe ou qu’il n’existe pas ».

Seuls les Textes sacrés du Premier comme du Nouveau Testament nous conforteront dans toutes les apories suscitées par nos questionnements.

LE PASSAGE DELA MER DES ROSEAUX (ROUGE)

Il faut savoir qu’en matière biblique, cha-que mot de l’Écriture cache un mystère. dieu dit à Moïse : « Je suis l’Éternel, ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison de servitude » (Exode 20,2).

Il est évident que si on lit la Bible disons au pre-mier abord, elle ne vous révélera que ce qui saute aux yeux au premier abord. Mais si on approfondit

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TÉMOIGNAGE

«Si Dieu existe, pourquoi le mal ? - Si Dieu n'existe pas,

pourquoi le bien ? » Jean-Pierre Snyers

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et qu’on apprend que le mot « Égypte » par exemple, se dit « mitsraïm » en hébreu et signifie « étroitesse » en même temps qu’il désigne l’Égypte, alors on sai-sira que l’Éternel veuille les mettre au large dans le désert hors de l’Égypte et de son étroitesse. Sous la houlette de Moïse, ils gagnent le désert, en hébreu « midbar », mot qui vient du verbe « médaber-par-ler », et qui a aussi pour sens « parole –midbar- ce qui est de la parole ». Le peuple juif s’enfuit donc de l’étroitesse de l’Égypte contraignante pour gagner les vastes étendues du désert et entrent ainsi dans le vaste domaine de la parole.

Le peuple tout entier gagnera la mer des roseaux, en hébreu « souf », mot qui désigne les roseaux du bord de l’eau, mais « souf » a aussi pour sens « limite ». Les roseaux marquent la frontière entre terre et eau. C’est ainsi que, dépassant les roseaux et donc la limite extrême de la terre ferme, la mer s’ouvrira pour eux afin qu’ils s’engouffrent là où il n’y a plus de roseaux et donc plus de limite. C’est l’« eïn sof » magnifié par les kabbalistes, littéra-lement « plus de roseau – plus de limite », c’est-à-dire « l’infini ».

Ils laissent derrière eux la terre, le désert et l’Égypte et s’évadent de l’étroitesse pour gagner l’in-fini qui les accueille.

On pourrait se demander si ce célèbre épisode ne fait pas allusion à la naissance non seulement d’un peuple mais plus simplement à l’image de la naissance de l’être humain, les eaux matricielles li-bérant le nouveau né de l’étroitesse du ventre ma-ternel pour l’offrir à la vie qui le projette dans l’in-fini. Pour ma part, j’espère vous avoir aidés à vous libérer des idées reçues qui sont des idées étroites et vous avoir incité à approfondir les choses de no-tre si belle religion chrétienne, sans omettre jamais l’idée développée par le philosophe robert Veyne : « L’historien est celui qui se méfie de ce qui va de soi ». L’exégète également s’il veut approcher le Mystère. Notre pape Benoît xVI, à qui on demandait ce qu’il voudrait transmettre aux jeunes, avait répondu sur radio Vatican : « Je voudrais leur faire comprendre que c’est beau d’être chrétien ! »

C’est cette sorte de voyage interplanétaire que je vous ai invité à faire avec moi dans les parcelles cosmiques d’infini que recèlent les mots de la Bi-ble. Pour les juifs, c’est Moïse qui conduit la nacelle interplanétaire qui nous aide à laisser notre monde derrière, dessous, pour les chrétiens c’est Jésus et pour les musulmans, c’est le prophète Mohammed, béni soit il. On aborde l’infini dès l’instant où l’on accompagne des hommes qui le fréquentent. On s’élève, on s’envole avec eux.

Tout en ayant l’humilité de ne jamais me pren-dre pour le général de Gaulle, j’ai fini par épouser nombre de ses idées et tout particulièrement « la

certaine idée » presque religieuse qu’il se faisait de la France :

« Toute ma vie, je me suis fait une certaine idée de la France. Le sentiment me l’inspire ainsi que la raison. Ce qu’il y a en moi d’affectif, imagine naturel-lement la France, telle la princesse des contes ou la Madone aux fresques des murs, comme vouée à une destinée imminente et exceptionnelle. J’ai, d’instinct, l’impression que la Providence l’a créée pour des suc-cès achevés ou des malheurs exemplaires. S’il advient que la médiocrité marque pourtant ses faits et ges-

tes, j’en éprouve la sensation d’une absurde anomalie, imputable aux fautes des Français, non au génie de la patrie. Mais aussi, le côté positif de mon esprit me convainc que la France n’est réellement elle-même qu’au premier rang ; que, seules de vastes entreprises sont susceptibles

de compenser les ferments de dispersion que son peuple porte en lui-même ; que notre pays, tel qu’il est, parmi les autres, tels qu’ils sont, doit, sous peine de danger mortel, viser haut et se tenir droit. Bref, à mon sens, la France ne peut être la France sans la grandeur. »

Je conclurai en soulignant que Simone Signoret a saisi beaucoup de choses, elle qui avoue, au tout début de son livre La nostalgie n’est plus ce qu’elle était (Éditions du Seuil) : « Ce ne sont pas mes sou-venirs qui ne m’appartiennent pas, c’est ma vie ! Je considère que l’on est que par les autres, et à partir du moment où on se raconte, on raconte les autres. Même les options qu’on peut prendre dans la vie sont toujours dues à quelqu’un d’autre, à une rencontre ou au fait qu’on veut être à la hauteur de l’opinion de quelques-uns. Pas beaucoup, en fait. Je sais très bien que ce que j’appelle ‘ma conscience’, c’est le regard de cinq ou six personnes. Pas nécessairement des gens que je vois souvent. Des gens qui ne savent pas du tout qu’ils sont ma conscience. Moi, je sais qu’ils me surveillent. »

Ce « moi, je sais qu’ils me surveillent » me va droit au cœur. Tous ceux qui habitent notre conscience – « Nous abritons tant de gens » a dit Claire Lalou - peut-être que ceux « qui nous surveillent », « veillent sur nous » en même temps.

Pour bien faire saisir que l’on ne sait que grâce aux autres, le rabbin Josy Eisenberg a déclaré que « toute connaissance est référentielle ».

Jésus a ordonné à Simon-Pierre et à André son frère, ainsi qu’à Jacques et Jean, les fils de Zébédée : « Venez derrière moi et je vous ferai pêcheurs d’hom-mes » (Matthieu IV-19).

J’espère pour ma part avoir rempli, parmi vous ce soir, cet office sacré de pêcheur d’hommes et de femmes dont l’ambition est d’être les convoyeurs de fonds de l’héritage de Notre Seigneur Jésus-Christ. AMEN. n

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TÉMOIGNAGE

«Voyage interplanétairedans les parcelles cosmiques

d'infini que recèlentles mots de la Bible »

Pour tous renseignements

concernant cette conférence

s'adresser à : Henri Tisot

BP n°775362 Paris cedex 08.

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En mémoire des jours

Il s'en est fallu de peu, quelques petites semaines seulement, qu'elles n'at-

teignent ses 100 ans. Ainsi en va-t-il de nos vies, pour en rester à l'échelle de nos misérables évaluations. Elle a cependant connu l'équivalent de plusieurs vies sans jamais vraiment s'arrêter. On disait sœur Emmanuelle et, en retour, on entendait comme l'écho d'une voix inlassable que des années de labeur n'avaient pas épuisée.

Sœur Emmanuelle s'ap-pelait d'un nom qui n'était pas d'abord le sien. Elle était née dans une famille qui n'était pas précisément dans le besoin, ce qui ne devait pas l'empêcher d'être sensi-ble à la détresse des pauvres. Cette femme, qui n'avait d'abord manqué de rien, n'en savait pas moins tout ce que le surplus de bien-être occu-pe de place dans nos vies sans répondre pour autant à nos véritables attentes. Alors qu'elle aurait pu se marier, elle décide de se faire reli-gieuse. Un homme disait-elle, c'est bien peu et trop petit pour combler tous nos espa-ces de bonheurs et ce qu'on peut en attendre. C'était bien sûr discutable et pourtant d'une vérité profonde. Celle

qui pousse parfois des êtres épris d'absolu à tout quitter pour s'accomplir sur des che-mins d'appel, là où se tien-nent des foules innombrables qui n'ont pas besoin d'autrui.

Ce destin se noue dans le drame et d'une façon dont elle gardera mémoire dans la suite de ses jours. Sous ses yeux son père se noie sur les plages d'Ostende en Belgique. Elle n'a que quel-ques années. Bien trop peu pour comprendre ce qui lui arrive. Encore que l'enfance ait plus de possibles qu'on lui en prête ordinairement. Cette part d'existence n'an-nonce pas toutefois ce qui va suivre.

Sa vie religieuse com-mence chez les sœurs de Sion, qui ont une longue appréciation de ces pays du Proche-Orient où rien n'est simple exceptée la loi de l'Évangile qui sup pose d'aller de commencement en com-mencement comme le vou-laient ces pères de l'Orient chrétien. Celle qui est donc devenue Sœur Emmanuelle porte en elle son secret d'ins-piration. Ce sont les pauvres qui l'appellent au service des ur gences. Il faut avoir l'âme avisée pour percevoir ces vérités dans les établis-sements de bonne compa-gnie où Sœur Emmanuelle enseigna longtemps. Il n'y avait guère en ces lieux les contraintes du quotidien qui sont le lot ordinaire des familles démunies.

La soixantaine passée c'est plutôt à la retraite que songe le commun des hom-mes. Dans le cas de Sœur Em manuelle c'est tout le contraire. Une visite dans une sorte de quartier-décharge comme en fabriquent nos grandes cités va décider

pour le reste du temps qui lui reste à vivre sur terre.

À vue humaine, elle n'avait plus l'âge. Avec l'ac-cord de sa communauté, elle s'installe cependant au Caire dans ce monde où il faut disputer sa place aux rats et à tout ce qui leur res-semble dans cette montagne de détritus qui mettent en doute notre propre identi-té humaine. La petite Sœur Emmanuelle doit évidemment prendre sur elle pour assu-mer un pareil choix. Et cela d'autant plus que les rési-dents de ces lieux d'infortu-ne ne sont guère convaincus par une démarche qui leur apparaît effectivement une décision de la démesure. Il faudra la durée des jours et des années pour que s'impo-se à tous cette étrange pré-sence qui conjurait le cours des vieilles fatalités qui ne sont, après tout, que l'aveu de nos impuissances pour ne pas dire de nos démissions.

On ferme les yeux là où il faudrait les ouvrir. Em -manuelle c'est la faiblesse dont la parole de Dieu nous révèle la force véri table. Sœur Emmanuelle en sait assez pour aller aux chemins et soulever au passage ces montagnes dont le Christ nous a parlé. Dans ces fau-bourgs du Caire on peut voir ce qu'il en est de cette aune de foi dont ont fait preuve les chiffonniers coptes qui, soudain, ne s'en tenaient plus aux idées reçues. Ils ont fait école sur les pas de cette petite sœur qui en savait assez de l'Écriture pour rap-peler à tous les primautés de l'amour. Sa force intérieure lui ouvrait tous les possibles même auprès des plus puis-sants qu'elle tutoyait comme si elle avait été leur proche

depuis toujours.Ce n'était pas précisément

le cas de tous. Mais com-ment aurait-on pu lui refuser ce droit d'écoute que cette femme de peu d'importance, au sens habituel du mot, pra-tiquait avec une audace dont elle avait le secret. Elle n'en disait pas l'origine qui était tout entière redevable de sa foi en Dieu dont elle tirait les conséquences. Le plus sur-prenant c'était cette force d'entraînement qui avait tout d'un défi comme son âge qui semblait faire fi de la vieil-lesse.

Elle n'ignorait pas pour autant ce que l'Écriture nous rappelle : toute vie doit finir. Ce n'était pas pour la déses-pérer, ce qu'elle racontait surtout c'était l'agonie, ce mo ment où tout nous échap-pe comme si Dieu prenait son temps pour nous rejoin-dre définitivement comme promis aux apôtres : « Il vous est bon que je m'en aille pour vous préparer une place ».

C'est dans la nuit et son repos que cette petite Sœur s'en est allé dans le regret universel de ceux qui lui étaient redevables et parmi eux cette multitude d'en-fants, 70 000 au bas mot, qui lui doivent d'avoir retrouvé des conditions presque nor-males d'existence et des perspectives d'avenir sur-tout. Comme nous tous, Em manuelle savait ce qu'il en était des préférences de Dieu à l'égard des enfants, des plus petits des siens, disait le Seigneur.

Même quand c'est dans les larmes, c'est dans l'allé-gresse qu'on se souvient de cette petite Sœur qui procla-mait à qui voulait l'entendre que l'amour est plus fort que la mort. n

SœurEmmanuelle

ParRobert Masson

ESPRIT

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Seigneur ! Tu es Celui qui peut dire avec le plus d'excellence : « Le zèle pour ta maison me dévorera ». Or, pénétrant au Temple, probablement sur

le parvis des Gentils, tu découvres un marché bruyant, comme peuvent l'être les marchés méditerranéens, où vendeurs et changeurs côtoient les bestiaux et les oiseaux en cage dans une indescriptible pagaille. La Pâque est proche. Aussi d'innombrables per­sonnes, venant de toutes les régions de la Méditerranée, ayant besoin d'échanger leurs monnaies afin de se procurer les animaux nécessaires au sacrifice, et de payer l'impôt du Temple (qui devait être versé dans la seule monnaie juive), s'y pressent. Tu frémis devant ce spectacle, non que tu condamnes un commerce lié à la religion populaire comme il s'en trouve souvent sur les lieux de pèlerinage, mais le Temple est pour toi comme pour ton peuple le centre de gravité. Ne déclareras­tu pas à douze ans à tes parents qui viennent de t'y retrouver après t'avoir cru perdu : « Ne saviez­vous pas que je dois être dans la maison (ou aux affaires) de mon Père ? » De quel feu ton cœur n'est­il pas embrasé de voir la gloire de ton Père offensée dans sa propre Maison ! Le Père est ton

unique et dévorante passion : « Il faut que le monde sache que j'aime mon Père », diras­tu à maintes reprises.

en jouant les justiciers, tu sembles apporter une justification à nos mou­vements intérieurs ou extérieurs de violence et de colère contre tous les désordres et débordements dont nous sommes les témoins irrités. Ta « sainte colère » n'est­elle pas un exemple qui permettrait d'approuver les nôtres ?

juger ainsi serait te méconnaître gra­vement. Je suis parfois tenté de me justifier en jonglant avec les phrases de ton évangile pour leur donner le sens qui m'arrange selon les circonstances. Mais je déforme ton message.

tu es le modèle de la miséricorde. Même quand tu t'es opposé vigoureusement à la perfidie des Pharisiens, tu l'as fait sans aucune violence. Tu as toujours essayé, au contraire, de trouver le chemin de leur cœur. Tu répondais à leurs accusations en élevant et en élargissant le débat afin qu'ils aient la possibilité de se repentir et de changer leur regard sur toi.

les gens de la synagogue voient d'un mauvais œil ton intervention qui les déconcerte et ruine leurs petits profits. De quelle autorité fais­tu cela, toi qui n'es pas prêtre et n'as donc pas à te mêler de leurs affaires ? Tu leur réponds par une comparaison qu'ils ne comprennent

pas car elle dépasse leur entendement : « Détruisez ce temple et en trois jours je le relèverai ». C'est ta mort et ta Résurrection que tu annonces. Mais eux, restant à un niveau purement matériel et logique, relèvent l'improbabilité de tes propos. Ils les retiendront pourtant contre toi, lors de ton procès.

nous aussi avons parfois du mal à comprendre tes paroles, surtout celles qui traitent de la vie éternelle et de l'immortalité. Certains les réduisent à des allégories. D'autres veulent le paradis tout de suite, dès ici­bas : profiter et jouir au maximum de tous les plaisirs. Sans aller jusqu'à cette extrémité, le matérialisme guette plus ou moins chacun de nous, quand nos vies sont encombrées de mille passions, en particulier celles de l'argent, du profit, de l'aisance, du « tout, tout de suite »...

l'espérance ne nous donne pas des ailes de certitude tant notre foi est faible. Pourtant, depuis plus de deux mille ans, nous avons la preuve de la véracité de tes paroles.

de grâce, seigneur, empoigne le fouet pour chasser de nos cœurs les idoles de nos passions, de nos mauvaises tendances, tout ce qui profane le temple de nos corps car nous sommes, nous dit saint Paul, un temple de Dieu et l'Esprit habite en nous (cf. 1 Co 3, 16). Renverse les tables de nos raisonnements superficiels ou pervers qui déforment ton évangile pour le rabaisser au niveau d'un code de moralité comparable à d'autres.

seigneur, ton évangile est notre guide, non seulement pour vivre heureux dès maintenant ­ huit fois bienheureux comme nous l'apprennent les béatitudes ­, mais il nous donne la clé pour prolonger ce bonheur dans une vie sans limite ni fin.

Beaucoup crurent en toi parce que tu accomplissais des miracles, mais Jean note que tu n'avais pas confiance en eux parce que tu connais l'homme. Quelle terrible réalité !

je pense à saint françois de sales. Un jour qu'il lui semblait t'entendre dire : « Bravo, François, je suis fier de toi ! », il répondit : « Méfie­toi de moi, Seigneur ! Ce soir même je pourrai te trahir. » n

* Mgr Mansour Labaky, L'Évangile en prière, éditions du Jubilé - Le Sarment, 920 p., 29 e.

Lectures du dimanche 9 novembre.Première Lecture : Ézéquiel 47.1–2, 8–9, 12 ou Apocalypse 21.1–5.Psaume : 46.2–3, 5–6, 8–10.Deuxième Lecture : 1 Corinthiens 3.9–16, 16–17.Évangile : Jean 2.13–22.

lectures

18 FRANCECatholique n°3139 7 novembre 2008

Jésus chasse les vendeurs

du templepar Mgr Mansour Labaky*

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13 La Pâque des Juifs était proche, et Jésus monta à Jérusalem. 14 Il rencontra dans le Temple les vendeurs de bœufs, de brebis et de colombes, et aussi les changeurs de monnaie assis à leurs comptoirs. 15 Alors il se fit un fouet avec des cordes et il commença à les jeter tous hors du Temple avec leurs bœufs et leurs brebis. Il renversa les tables des changeurs et fit rouler leur argent par terre. 16 Puis il dit aux vendeurs de colombes : « Enlevez-moi cela d'ici et ne faites pas de la Maison de mon Père une maison de commerce. »17 Ses disciples se rappelèrent les paroles de l'Écriture : « Un amour jaloux pour ta Maison me dévore. »18 Les Juifs répliquèrent : « De quel droit fais-tu cela, quel signe nous montres-tu ? » 19 Alors Jésus répondit : « Détruisez ce Sanctuaire, et en trois jours je le relèverai. » 20 Les Juifs lui dirent : « Voilà 46 ans qu'on travaille à ce sanctuaire, et toi, tu le relèverais en trois jours ? »21 Mais le sanctuaire dont Jésus parlait, c'était son propre corps. 22 C'est pourquoi, lorsqu'il se releva d'entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu'il avait dit cela ; ils crurent à l'Écriture et à ce que Jésus avait dit.

DéDicace De st-Jean De latrans (année a)

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20 FRANCECatholique n°3139 7 novembre 2008

Brunor dessinateur, vous commencez à connaître... puisque c'est le qua­trième épi sode de La Question interdite qui paraît ci­contre, en avant­première d'un album annoncé dans les librairies

pour le 8 décembre prochain. Brunor, c'est un trait léger, des couleurs pastel, des pe tits bons­hommes qui, sans avoir l'air d'y toucher, remuent les questions les plus essentielles, qui plus est en nous amusant. Et Brunor chanteur ?

Et bien c'est toujours Brunor : une musique "pop" douce, qui coule de source, des rythmes hawaïen, country ou jazzy, voire s'essayant au rap, mais une musique plus savante qu'il n'y paraît, avec des percussions de toutes sortes et des guitares, électriques ou non, que l'on ne se contente pas de "gratter", et des claviers élec­troniques qui créent un climat coloré et chaud. Quant à la voix, elle est chaude également et bien posée et ne se la joue pas non plus.

Mais les paroles sont celles d'un chrétien. À la gloire de l'ar change (celui du Mont Saint­Michel si présent dans notre aventure BD) ou du pape Jean­Paul II (« La devise du mineur »), racontant la prophétie de la Porte dorée à Jérusalem (le titre principal du dernier CD est « La porte murée »). Brunor propose sa foi à ceux qui sont perdus (« Appel de détresse »), sans insister trop lour­dement et parfois avec humour, mais en captant l'air du temps, en poète ( «Un goût de miel »)...

Où pouvez­vous entendre le chanteur Brunor ? Sur Radio Espérance bien sûr et lors des réunions organisées autour de Brunor par des aumôneries, mais le plus sûr serait peut­être de ne pas oublier de cocher la case CD dans le bon de commande ci­dessous.

BULLETIN DE COMMANDE à RETOURNER à FRANCE CATHOLIQUE60, RUE DE FONTENAY 92350 LE PLESSIS-ROBINSON

Nom/PréNom :

adresse comPlète :

Souscrit à o 1 exemplaire du livre LA QUESTION INTERDITE - Prix = 22 euros * o 2 exemplaires = 42 euros o 3 exemplaires = 60 euros o 4 exemplaires = 76 euros o 5 exemplaires = 92 euros o 6 exemplaires et plus, multiplier le nombre de livres par 18 euros x . . . . . . = . . . . . . . . . . euros

Ajoute les frais de port du livre = 7 euros * quel que soit le nombre de livres en tout.

(Indique les adresses d’expédition sur un papier séparé si ce n’est pas celle inscrite sur le chèque.)Après le 8 décembre, plus aucune réduction ne pourra être faite sur le prix du livre qui sera alorsdisponible dans toutes les bonnes librairies religieuses - diffusion Serdif.

* 1 exemplaire de «La Question Interdite» = 22 euros + 7 euros de port = 29 euros franco de port

Commande o 1 exemplaire du CD de 13 chansons LA PORTE MURÉE ** 1 exemplaire de «La Porte Murée » = 15 euros + 4 euros de port = 19 euros franco de port

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FRANCECatholique n°3129 août 2008 11FRANCECatholique n°3139 7 novembre 2008 23

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Pourquoi la souffrance ?

THÉOLOGIE

Sous un titre excellent(1) nous est servi un livre un peu décevant qui n’aurait certainement pas été accepté par une maison d’édition aussi exigeante que le

Cerf, s’il s’était agi d’un catholique. Mais Jean-Claude Larchet a le mérite d’être de confession orthodoxe, ce qui excuse bien des choses et d’abord lui permet de discourir doctement, avec force subti-lités byzantines, sur le « péché ancestral » (tellement mieux que le trop célèbre péché originel des Latins), transmis, comme de bien entendu, avec la reproduction sexuée, et résorbé dans l’Incarnation (naissance virginale) et la Passion.

N’était l’acharnement avec lequel l’auteur veut se démarquer de ce qu’il considère comme les vices de la pensée occidentale (le dolorisme et le juridisme), on serait bien près de lui donner raison sur la plupart des points. Oui, Dieu est innocent de la souffrance humaine, elle n’est pas le prix à payer de notre fini-tude de créature, elle dérive d’un acte de liberté. Tous les hommes inclus dans le projet corporatif de Dieu en Adam, en subissent les conséquences (et n’en sont pas coupables, même si chacun s’em-presse d’y joindre son péché personnel). La souffrance née du péché facilite la répétition du mal, elle risque de séparer l’homme de Dieu, elle n’a pas de valeur en soi, néanmoins le Christ l’a subie pour y faire passer son obéissance filiale et dénouer le lien infernal qui la liait au péché. Désormais, elle subsiste comme un reliquat et nous donne l’occasion d’une offrande à la suite du Christ. Un jour Dieu la vaincra totalement.

Dans l’introduction, l’auteur se fait l’écho des réactions à sa thèse reçues de

la part de critiques tant catholiques que protestants, et, plutôt que d’y répondre, il note qu’elles sont tellement contradic-toires qu’elles s’annulent !

On n’a pas de peine à imaginer les écarts qui existent malheureusement sur le sujet : entre ceux qui nient toute historicité au péché des origines et ceux qui essaient d’en garder quelque chose, entre les défenseurs de la thèse de la colère Dieu s’abattant sur le Christ bouc émissaire et ceux pour qui la souffrance du Christ est la manifestation d’un Dieu impuissant devant le mal de l’homme, il n’y a que l’embarras du choix ! Un petit inventaire que nous avons fait personnel-lement sur les positions tenues par des auteurs très en vogue sur le motif de la Rédemption est proprement effarant.

Alors, ne pourrait-on proposer à Jean-Claude Larchet de mieux s’informer sur ce que porte la tradition occidentale, qu’il anathématise quand même un peu vite : il verrait que saint Augustin malgré ses faiblesses (qui n’en a ?) donne une analyse extraordinairement fine du péché des origines, qui n’est pas si éloignée qu’il le croit de la pensée de Maxime le

Confesseur (qui l’a probablement connue); il découvrirait que saint Anselme ne fait nullement de la souffrance de l’innocent la compensation requise par un Dieu vengeur ; il verrait peut-être que l’atti-tude exprimée dans le langage de la « réparation » n’est pas si opposée qu’on veut bien le dire à l’ascétisme que vit l’Orient chrétien.

Et peut-être (moyennant une toilette nécessaire de certaines curio-sités mar quées par l’Histoire de part et d’autre) arriverait-on ainsi à proposer au monde qui nous entoure un discours un peu plus cohérent sur un point essentiel de notre foi. Car devant les interrogations de l’homme de toujours, peut-être plus pressantes aujourd’hui, sur le sens de la souffrance et de la mort, il ne suffit pas de répondre (et là J.-Cl. Larchet a pleinement raison) : que voulez-vous, c’est un mystère ! n

Les théologiens orientaux et occidentaux ont-ils des raisons valables de s'opposer sur le sens de la souffrance des hommes ?

par Michel GITTON

(1) Jean-Claude Larchet, Dieu ne veut pas la souffrance des hommes, deuxième édition revue et augmentée, Le Cerf, collection Théologies, 146 pages, 17e.

La souffrance née du péchéfacilite la répétition du mal

(LIVRES

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n Après Lyautey et le cardinal de Richelieu, Péguy ! Ces trois personnages ont-ils une relation ?

Oui ! Ils ont tous une relation avec la nation, avec l’État, avec ce qui fait la France. L’un des biographes de Lyautey, André Le Révérend, a écrit sur les relations entre ces deux hommes, presque contem-porains : ce furent deux esprits d’une grande acuité et deux aventuriers dans des domaines différents. L’un a accompli au-delà de la France une œuvre qui correspondait à ses rêves ; l’autre a été mêlé très étroitement à la vie politique de son époque et a vécu l’extraordinaire aventure éditoriale des Cahiers. Quant à Richelieu, c’était un grand personnage dans le panthéon de Péguy. D’ailleurs, Michel Autran, historien de la littérature, a récemment écrit que Péguy est l’écrivain qui a le plus évoqué Richelieu.

n Commençons par prendre quelques repères biographiques...

C’est une vie courte : il naît en janvier 1873 et meurt en 1914, au tout début de la bataille de la Marne. Donc il naît au lendemain de la défaite de 1870 – son père a combattu pour défendre Paris – et le souvenir de cette défaite est resté très présent. Il est écolier, boursier dans les

années 1880 et il est porté par l’école de la République ; il est reçu à l’École normale supérieure au moment où la période judiciaire de l’affaire Dreyfus se termine. Au début du XXe siècle, il renonce à l’enseignement et fonde les Cahiers de la Quinzaine. En 1905, les premières tensions avec l’Allemagne le font progressivement passer du dreyfusisme au patriotisme et, peu avant la guerre, il se consacre à une œuvre poétique considérable qui contribue à le faire passer à la postérité.

Péguy fut un personnage solitaire, entouré de peu d’amis et ses Cahiers n’ont rencontré qu’un petit public. Après sa mort, il devient l’un des personnages mythiques de notre histoire intellec-tuelle et politique. Sa postérité littéraire empêche de retrouver Péguy tel qu’il fut.

n Il y a deux Péguy posthumes...

Oui. Il y a une postérité de gauche, qui retient le Péguy de l’Affaire Dreyfus et le socialiste. Il y a le Péguy de droite, présenté en héros nationaliste par Vichy. Ces deux couches épaisses recouvrent le

personnage et son portrait est difficile à faire. Il y a d’ailleurs peu de biogra-phies car le personnage est intimidant et un peu mystérieux. Henri Guillemin, qui décortique le personnage avec une certaine cruauté et Bernard-Henry Lévy qui le dénonce comme père de « l’idéo-logie française » ont encore compliqué le débat autour d’un homme qui s’enfonce peu à peu dans l’oubli.

J’ai laissé de côté les récupérations de Péguy – celle de droite comme celle de gauche – et j’ai abordé son œuvre littéraire par le biais de la vie politique et culturelle sous la IIIe République.

n Comment se forme le caractère de Péguy ?

Orléans et la Loire jouent un grand rôle. Le fleuve dégage une impression de puissance, et puis la ville évoque le passé français, Jeanne d’Arc qui est entrée dans sa vie parce qu’elle est présente dans la vieille cité.

Péguy écrivait très peu sur lui-même mais il a laissé des souvenirs qui évoquent son enfance : il est d’ascendance pay sanne par sa mère et paysanne-artisane par son père. Péguy est resté fidèle à ces origines populaires et à ce Louis Boitier qui fut comme un père pour lui et qui incarnait le premier socialisme, celui des ouvriers de 1848. Cette amitié l’a conduit vers les idées socialistes mais il y a là un premier malentendu : Péguy n’est pas socialiste au sens où l’on l’entend ce mot après la création de la SFIO.

Sa mère l’élève dans un climat de grande rigueur et il est l’enfant de l’école républicaine – même s’il est quelque peu rebelle à l’autorité. Il obtient des bourses, il est aidé lorsqu’il fait son service militaire et même quand il quitte l’enseignement public. L’école républicaine est le lieu de sa première rencontre avec l’État. On dit que Péguy n’aimait pas l’État mais il

IDÉESENTRETIEN AVEC ARNAUD TEYSSIER

Un précurseur qui n'a pas la place à laquelle il a droit

30 FRANCECatholique n°3139 7 novembre 2008

(

Arnaud Teyssier publie une nouvelle biographie : celle d'une grande figure française qui est aussi un des auteurs les plus cités et les plus mal connu, sauf pour son théâtre.

Charles Péguy hors récupérations

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IDÉES

propos recueillis par Gérard LECLERC

FRANCECatholique n°3139 7 novembre 2008 31

respectait profondément l’école publique et les autorités administratives.

A l’École normale, ses premiers écrits sont ceux, étranges, d’un socialiste irréel, onirique, mais en même temps il commence à travailler sur Jeanne d’Arc. Ceci à un moment où le milieu normalien entre en ébullition à propos de l’affaire Dreyfus et où Lucien Herr, directeur de l’École normale, s’impose comme l’une des figures socialistes de l’époque. Au début, Péguy a été sensible au personnage de Herr et à son ascendant. Mais Herr a voulu prendre sous son contrôle l’activité édito-riale de Péguy, qui s’est brouillé avec lui.

Le jeune normalien est alors saisi par l’Affaire Dreyfus qui réconcilie les deux tendances profondes de son personnage – ses aspirations à la générosité sociale, son sens historique. Dreyfus est un homme accusé à tort : Péguy est sensible à cette injustice majeure. Les accusateurs de Dreyfus appartiennent à la droite natio-naliste et antisémite que Péguy, alors admirateur de Jaurès, peut à cette époque prendre pour cible.

C’est ainsi que se forge le premier moment du destin politique et intellectuel de Péguy avec ce malentendu : il n’est pas porté vers le socialisme tel qu’il va se constituer en parti unifié au début du XXe siècle mais il a une sensibilité socialiste. Cela paraît compliqué mais c’est la posté-rité qui a fixé des frontières politiques qui étaient encore très mouvantes en 1900.

n Les Normaliens ne sont pas tous socialistes au tournant du siècle !

En effet ! L’influence de Lucien Herr est indéniable mais de nombreux norma-liens sont patriotes et les camps ne sont pas tranchés. Blum admire Barrès et va le voir pour lui demander de soutenir la cause de Dreyfus, convaincu qu’il se rangera du côté des intellectuels dreyfusards. C’est ensuite, à cause de l’organisation des

socialistes en parti, à cause de la guerre menée par le régime républicain contre l’Église catholique, que les camps se sont durcis : pacifisme de la gauche, patriotisme d’une partie de la jeunesse et nationalisme de Barrés et de l’Action française.

Le poids de la défaite de 1870 est considérable : il marque fortement Charles Péguy, Charles Maurras, Maurice Barrès, Lyautey, Charles de Gaulle... et la plupart des écrivains de la « Belle époque ». Les orientations politiques n’épousent pas les frontières entre les classes et les tendances politiques. Le royaliste Lyautey n’est pas antidreyfusard ; Anatole France fait l’apo-logie de la nation, de l’État consulaire jusqu’à la fin du XIXe siècle. Bergson, qui aimait beaucoup Péguy, est patriote. On ne sait pas assez que Bergson a écrit sur la nécessité d’une élite administrative pour la République des textes qui ont beaucoup influencé le général de Gaulle et Michel Debré en 1945. L’humiliation de 1870 a été très longtemps ressentie : le général de Gaulle, lecteur de Péguy, a l’obsession de prouver, en 1944, que la France n’a pas été vaincue, qu’elle est bel et bien dans le camp des vainqueurs. Il est terrible de constater que certains Français rompent aujourd’hui avec cette attitude et affir-ment que la France été vaincue en 1940 et coupable pendant l’Occupation.

n Qui sont, à cette époque, les amis de Péguy ?

Des hommes peu connus aujourd’hui. Dans mon livre, j’ai longuement évoqué

Joseph Reinach, ancien collaborateur de Gambetta, figure majeure de la vie poli-tique de cette époque et qui sera le grand historien de l’affaire Dreyfus. Ce grand esprit est très critique sur le régime répu-blicain, sur la perte d’idéal qui caractérise la IIIe République et la façon dont la France met en œuvre son expérience démocra-tique. Autre grand ami : Daniel Halévy, de double culture juive et protestante, très engagé comme Reinach dans le combat dreyfusard et très critique sur la pratique de la IIIe République – il se rapprochera de l’Action française dans les années trente. Je n’oublie pas Bernard Lazare, qui fut à la pointe du mouvement dreyfusard tout en étant assez isolé dans son propre camp.

Et puis il y a Jean Jaurès avec lequel Péguy noue des relations quasi filiales. Vous savez qu’il rompra avec lui à la fin de l’Affaire et qu’il deviendra un adversaire féroce de ce chef socialiste.

n Péguy s’oppose également à Maurras mais c’est une relation fort complexe...

Péguy a été séduit par la monarchie française : « la République est notre royaume de France ». La guerre de 1914 a empêché le grand débat entre Péguy et Maurras. Dans ses écrits, Péguy ne reproche pas à Maurras son monarchisme mais son intervention dans la politique politicienne. Péguy refuse les lignes de fracture traditionnelles : par exemple la coupure radicale entre avant et après 1789 qui est majeure dans la doctrine de l’Action française.

Charles Péguy hors récupérations

Ainsi Ancien élève de l’Ecole normale supérieure et de l’ENA, Arnaud Teyssier est haut fonctionnaire et historien. Spécialiste de l’histoire politique, il a consacré plusieurs ouvrages à la Troisième et à la Cinquième République. Il a récemment publié une biographie de Lyautey (Perrin, 2004) et un essai sur Richelieu (Michalon, 2007). A l’oc-casion de la publication de sa biographie de Charles Péguy (Perrin, 2008) il a noué avec Gérard Leclerc un dialogue dont on appréciera ici la substance.

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IDÉESIl y a pour Péguy une dimension

morale qui inspire les périodes : il y a la bonne et la mauvaise modernité, la bonne et la mauvaise République. Il admire donc Richelieu et Waldeck-Rousseau parce que tous deux ont servi l’État au nom d’une conception de la France qui échappe aux déterminations de l’époque. Pour lui, un homme dÉtat républicain peut être plus roi que certains monarques. Charles Péguy reprochait à toutes les pensées trop organisées sur le plan de la politique politicienne – les socialistes, les nationa-listes - de procéder à des découpages de l’histoire de France. De même, de Gaulle pense qu’il faut prendre la France en bloc, sans faire d’inventaires. Mon éditeur a trouvé un très bon sous-titre pour mon livre : « Une humanité française ». C’est exactement cela ! Péguy a une pensée universaliste qui est très incarnée dans la patrie : la France a pour lui un destin singulier.

n Comment expliquez-vous l’évolution de Péguy ?

Il y a le socialisme qui, comme je vous le disais, s’organise dans un parti d’une grande rigidité doctrinale et qui affiche son pacifisme lors du combat de Jaurès contre la loi qui porte à trois ans le service militaire. C’est parce qu’il refuse de s’intégrer dans une structure lourde que Péguy crée les « Cahiers de la Quinzaine » : il est encore socialiste mais il veut rester libre.

La montée de la tension entre la France et l’Allemagne, marquée par la crise de Tanger, provoque en lui une prise de conscience de la menace de guerre qui pèse sur la patrie. On retrouve là l’ambiguïté de Péguy : ce n’est pas un vrai socialiste, au sens jaurésien du terme, et son patriotisme n’est pas celui de la droite barrésienne ou maurrassienne.

Il y a aussi – grand thème péguyste - la dégénérescence du dreyfusisme avec l’arrivée au pouvoir d’Emile Combes et la lutte contre l’Église.

n Qu’est-ce qui fait, selon vous, l’actualité de Péguy ?

Il y a ce qu’on lit dans L’Argent suite : « - Et jamais l’argent n’a été à ce point le

seul maître et le dieu. Et jamais le riche n’a été aussi couvert contre le pauvre et le pauvre aussi découvert contre le riche.« - Et jamais le temporel n’a été aussi couvert contre le spirituel, et jamais le spirituel n’a été aussi découvert contre le temporel.« - Et jamais le puissant n’a été couvert contre le faible, et jamais le faible n’a été aussi découvert contre le puissant. Reposuit potentes in sede. ».

Il y a donc cette dimension morale, cette dénonciation de l’injustice qui fait qu’on présente souvent Péguy comme un adversaire de l’Etat. Pourtant, certains textes m’ont toujours étonné : ceux qu’ils consacrent à Richelieu, à Napoléon et aussi ce texte méconnu, que l’on trouve dans Les Cahiers et qui s’intitule « Testament politique de Waldeck Rousseau ». C’est un homme d’État quelque peu oublié mais, au tournant du siècle, ce président du Conseil a mis fin à l’affaire Dreyfus sur le plan politique en réprimant les menées des ligues nationalistes et antisémites. Waldeck-Rousseau est aussi l’auteur de la loi sur les associations, ce qui n’en fait pas un personnage charismatique. Ce qui séduit Péguy, c’est qu’il incarne l’autorité de la loi, de l’État – une sorte de vertu conciliatrice et pacificatrice qui puise au plus profond de notre histoire, juste avant le combisme.

Sous les épisodes médiocres de la politique quotidienne, Péguy découvre

l’action temporelle et intempo-relle de l’État qui échappe aux divisions politiques traditionnelles. C’est dans ces pages qu’il exalte Richelieu, et son énergie politique positive qui en fait un véritable révolutionnaire. Il dit aussi que Robespierre fut plus roi que Louis XVI qui a trahit la monarchie par

ses faiblesses, par ses abandons à une fausse modernité.

Cette évolution de Péguy sur l’État explique à mon avis toute la thématique de l’ordre et du désordre, de la liberté et de la servitude, de faux modernisme et de la bonne modernité : tout cela n’est pas une question de socialisme. A travers tous les événements nationaux et inter-nationaux qu’il vit intensément et grâce à ses lectures et à son travail sur l’histoire de France, il tire sa propre conviction : la France échappe aux divisions politiques classiques, elle trouve son unité par la construction d’une puissance publique qui a été l’œuvre de la monarchie, de la

Révolution et du Consulat, de la monarchie de Juillet et de la IIIe République naissante. Finalement, ce qui compte c’est cette substance historique qui ne se réduit pas à un régime politique mais qui recèle une très grande puissance.

Ainsi formulée peu avant la guerre, la pensée de Péguy a fortement impres-sionné ses lecteurs : ainsi Charles de Gaulle, qui a lu Péguy de son vivant puis avant et pendant la seconde guerre mondiale. Le Général admirait chez Péguy cette manière de prendre toute l’histoire de France et de considérer la politique comme un art de gouverner dans le mouvement de l’histoire.

n Péguy est celui qui a le mieux compris Bergson – c’est Bergson lui-même qui le dit – et c’est Péguy qui a fait le mieux comprendre la force du bergsonisme. Péguy appartient à une génération très féconde mais il a une force singulière. Vous avez beaucoup parlé du génie politi-que mais le génie religieux est étonnant. Urs von Balthasar, dans « La Gloire et la Croix » fait la revue des génies du chris-tianisme : il commence par Irénée de Lyon et il termine par Charles Péguy, qui est pour lui une sorte de père de l’Église. Le Cardinal de Lubac, avec qui j’en ai souvent parlé, avait la même idée : le miracle de Péguy, c’est d’avoir fait renaître la puis-sance créatrice du christianisme dans un contexte complètement nouveau et avec une force équivalente à celle d’un Dante ou d’un Pascal. Péguy avait reçu une éduca-tion religieuse qui s’était estompée avant de revenir avec une étonnante puissance. La mystique de Péguy n’est pas effer-vescente : les plus grands théologiens montrent qu’elle est construite.

C’est vrai. Péguy ne voulait pas qu’on parle de lui comme d’un converti. Il disait que sa foi religieuse était tout au fond de lui et qu’elle avait de nouveau affleuré. Les derniers écrits de Péguy sont consa-crés à l’héritage romano-chrétien et sa conception de notre histoire politique et religieuse est très proche de celle qui est aujourd’hui développée par Pierre Legendre.

Il faudrait aussi parler des écrits poétiques qui sont aussi des écrits poli-tiques : je pense tout particulièrement à Eve. Comme vous, je crois que le chris-tianisme est consubstantiel à l’œuvre de Péguy. n

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Au début du XXe siècle il n’y avait qu’une église à Sotte-ville-lès-Rouen, l’église No-tre-Dame de l’Assomption. L’ab bé Maurice, curé de Sot-

teville, avec l’approbation des autorités diocé saines, projetait de bâtir une église dans le quartier Trianon, alors en pleine expansion. L’abbé Raoul Lemaire, vicaire, fut chargé le 21 juin 1914 de cette œu-vre aussi difficile qu’importante. La rue du Madrillet était à cette époque une rue à peine tracée qui menait du Jardin des Plantes à la forêt toute proche. C’est dans cette rue qu’un terrain fut acheté ; il s’agissait d’une ancienne carrière. L’abbé Lemaire commençait à recher-cher de l’argent pour lancer les travaux quand, le 2 août, la guerre fut déclarée. Adieu les projets de construction, il faut se consacrer à la défense de la Patrie. Mais la guerre se prolonge, les gens s’im-patientent. Il est décidé de construire une chapelle qui sera accessible par une pente douce. Cette chapelle, ainsi située en contrebas à cause de la disposition du terrain, est destinée à servir de crypte à l’église définitive qui sera construite, plus tard, au niveau de la route. Le 10 octobre 1916, une fête est or-ganisée pour la bénédiction de la pre-mière pierre. Malgré quelques ennuis

dûs aux remous politiques de cette époque, la cérémonie se déroule norma-lement en présence d’une nombreuse assistance. Cette église portera le nom de Notre-Dame de Lourdes « patronne des soldats morts pour la Patrie » Les travaux commencent mais, nouveaux ennuis, l’entrepreneur, qui avait mal cal-culé ses possibilités, arrête les travaux, L’abbé Lemaire est mobilisé, heureu-sement, il reste près de Sotteville. Enfin les travaux reprennent et le 18 sep-tembre 1918 la chapelle est bénite en présence de nombreux donateurs. Le 11

novembre c’est l’ar-mistice tant attendu. Le dimanche 29 dé-cembre de cette même année a lieu l’inaugu-ration des 4 premiers vitraux commémora-tifs des soldats morts au champ d’honneur. Ces vitraux, qui sor-tent de la maison Donzet de Rouen, sont de verre antique où les tons bleu et or domi-nent et entourent les portraits des soldats. Au milieu de chaque panneau se détache la croix de guerre en verre brun clair, qui rappelle le bronze de la décoration et illus-tre de façon particu-lière les soldats cités à l’ordre du jour. Chaque vitrail comporte 23 portraits dont 5 dans la croix de guerre. Pour unir le souvenir de la France à celui de

ses défenseurs, le peintre verrier a marié à ses portraits, le nom de villes qui ont souffert de l’invasion : Soissons, Reims, Verdun et Arras, où tant de Normands sont tombés. Le nom de ces villes cou-ronne ces premiers vitraux. Le 14 septembre 1919 a lieu la béné-diction du premier triple vitrail contenant les portraits de 63 soldats dont 13 dans la croix de guerre. Au sommet de ce vitrail est indiqué Pro Deo (pour Dieu) 1914-1918. Le 28 mars 1920, inauguration de plaques commémoratives et, le 5 avril, 1920, bénédiction du deuxième et dernier triple vitrail : également 63 portraits de soldats dont 13 dans la croix de guerre. À son sommet : Pro Patria (pour la Patrie) 1914-1918. Le 1er novembre 1920 a lieu la

MÉMOIRE

À Sotteville-lès-Rouen, les vitraux d'une crypte construite durant la guerre de 14, viennent d'être restaurés. En mémoire des soldats normands morts au front.

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11 nOvEMbRE

Chaque vitrail comporte 23 portraits dont 5 dans la croix de guerre(

Pour Dieu et la Patriepar Monique HERBOT

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bénédiction de plaques commémoratives dont 2 portent le nom de prêtres du dio-cèse morts au champ d’honneur. Le 12 mars 1922, la chapelle Notre-Dame de Lourdes est érigée en église paroissiale. Le premier curé est l’abbé Lemaire. En août 1925 les premiers coups de pioche pour la construction de l’église supérieure sont donnés, un cloître est construit de part et d’autre de la crypte, le presbytère rehaussé d’un étage et un aménagement intérieur vient obs-truer le haut du deuxième triple vitrail. Le 18 octobre 1926 l’église supérieure est inaugurée, la statue de la Vierge qui surplombait le maître-autel est transfé-rée dans l’église et, dans la crypte, une Piéta est installée au-dessus du chœur. La construction de la grotte a condam-né deux des premiers vitraux, qui mal-heureusement n’ont pas été protégés. Le 9 octobre 1927 a lieu la bénédiction de la grotte. Après la construction de l’église la crypte est réduite en longueur. La partie ainsi libérée est transformée en salles de réunions. Le 1er novembre 1956, l’abbé Le-maire, curé fondateur, décède. Il est in-humé dans la crypte.

Celle-ci a toujours servi de lieu de culte, mais l’habitude de voir ces por-traits dans les vitraux faisait que l’on n’y portait pas une attention particu-lière. Puis, les années passant, d’autres modifications furent apportées. Dans les années 1970 les grilles du chœur, le maître-autel furent démontés, les sta-tues de saint Joseph et du Sacré-Cœur enlevées. Seules trois plaques commé-moratives sont restées au fond de la crypte. Au fil des années, des visages ont disparu, des vitraux ont été cassés par vandalisme. Le vitrail de droite, surmon-té du nom d’Arras à son sommet, souf-flé lors d’une tempête, a été remonté mais sans récupérer les portraits. En 2000, la restructuration des pa-roisses de Sotteville a regroupé, en une seule paroisse, les trois églises de Sot-teville et un nouveau prêtre a été nom-mé : le père Jacques Simon. En 2001, lors de la fondation liturgique de la nouvelle paroisse, une plaquette retra-çant l’histoire des églises de Sotteville fut éditée. En août 2002, une équipe de France 3 fait un reportage sur la messe en plein air qui est célébrée tous les ans à N.-D. de Lourdes. Les journalistes pénètrent

dans la crypte et sont surpris et inté-ressés par les vitraux. Pour le 11 no-vembre suivant, ils reviennent faire un reportage qui passe aux informations régionales. Avec ce reportage, la paroisse pre-nait conscience de la richesse de son patrimoine et décidait de nettoyer cette crypte et les vitraux, mais n’envisageait pas de gros travaux. Une souscription fut lancée. En 2004 France 3 fait un nouveau reportage. Un site Internet est créé par un sympathisant. Depuis 2003 de nombreux articles sur ces vitraux ont été écrits. En 2006 nous avons déposé, pour la deuxième fois, un dossier de participa-tion au concours « un patrimoine pour demain » organisé par Pèlerin-magazine et nous avons eu la joie d’être lauréats (il n’y avait que 13 lauréats pour toute la France) Ces vitraux présentent une particu-larité exceptionnelle : il s’agit de photo-graphies positives sur verre au gélatino-bromure d’argent associé à la technique du vitrail. Exceptionnels par leur état de conservation et leur nombre. Émou-vants par la force de leur évocation car il s’agit de personnes réelles.

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Pour Dieu et la Patrie

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À partir de là, nous avons décidé d’entreprendre la restauration com plète de la crypte. Nous avons déposé des dossiers de demandes de subventions ainsi que de mécénat. En décembre 2006 nous avons créé l’ « Association pour la rénovation de la crypte de No-tre-Dame de Lourdes de Sotteville Nous avons été conseillés par la DRAC (Direction Régionale des Af faires Cultu relles) qui nous a recommandé de sauvegarder ces vitraux mais de ne faire aucune reconstitution. Les vitraux ont été démontés par l’atelier du vitrail Jaillette et les portraits envoyés à l’ate-lier de conservation-restauration de pho tographies Élodie Texier–Boulte et Marie Beutter à Paris. Les médaillons ont été dépoussiérés, nettoyés, les rési-dus et dépôts en surface ont été éliminés. Les médaillons qui ne présentaient aucune protection, ont été doublés avec un verre dépoli. Ce travail avait pour but de stabiliser l’état des vitraux photographiques, de les conserver et de ré-duire les risques d’altération futurs, il n’a jamais été ques-tion de recréer des portraits lorsque ceux-ci avaient par-tiellement ou totalement disparu. Une fois nettoyés et restaurés les mé daillons ont été retournés au Neu-bourg chez l’entreprise Jaillette pour être réinsérés dans les vitraux rénovés. Un reportage de France 3 a été réa-lisé chez le maître verrier.

Un éclairage spécial a été installé à l’arrière des vitraux non éclairés par la lumière du jour, pour leur mise en valeur. Nos appels au mécénat ont été enten-dus et nous voulons citer et remercier : le Conseil Général qui a favorablement répondu à la demande de l’association diocésaine ; l’association Tourisme et Loisirs de Normandie, qui, arrêtant ses activités, nous a désignés comme béné-ficiaires d’une partie de ses biens, l’ins-titution Join Lambert qui a subvention-né la restauration complète d’un vitrail en souvenir de ses professeurs dont les noms figurent sur les plaques et dont les portraits sont dans les vitraux, un de ceux-ci a déjà été identifié. GDF SUEZ qui fait de la préservation et de la valorisation du patrimoine na-

turel et culturel, un des éléments ma-jeurs de ses actions de mécénat et en particulier dans le domaine du vitrail ; le diocèse qui a pris en charge la pein-ture intérieure de la crypte ; la mairie de Sotteville qui a subventionné partielle-ment la mise en valeur lumineuse des

vitraux ; la caisse d’épargne de Norman-die, banque de la paroisse Nicolas Barré qui nous a soutenus ; le Crédit Agricole Normandie Seine qui a signé avec nous, une convention ; P.F. Sauvage-Livet qui ont restauré gracieusement les plaques commémoratives et effectué divers autres travaux. Les sommes recueillies par souscrip-tion nous ont permis de remettre en état la crypte elle-même. Il nous reste à réaliser un travail de recherches difficile : celui d’identifier les portraits puisque nous n’avons retrouvé aucune archive. Quelques visages ont déjà retrouvé un nom : Ernest Anque-til (grand-père de Jacques Anquetil), Raoul Aubry, Léon Boyer, René Claudel, Georges Déhays, Gaston Desdouits, Ro-bert Hervieu. Raymond Leblond, Geor-ges Loisel, Albert Rouland, le portrait de son frère Georges a disparu et deux autres frères : Lucien et Robert Tristan, morts dès septembre 1914 à quelques jours l’un de l’autre. Un paroissien se souvient d’un cousin dont le visage fi-gurait dans un vitrail mais ce portrait a disparu… Nous sommes assurés, que parmi les médaillons, devaient figurer des prêtres du diocèse morts au champ d’honneur. Le 3 octobre 2008 l’inauguration de la crypte rénovée a eu lieu en présence des autorités civiles, militaires et reli-

gieuses. Plusieurs familles de soldats identifiés sont venues, certaines d’assez loin pour assister à cette cérémonie, présidée par Mgr Descubes archevêque de Rouen. Après la cérémonie civile, les prêtres ont péné-tré avec Mgr Descubes dans la crypte pour la cérémonie religieuse ainsi que la béné-diction des vitraux. Toute l’assistance n’a pu entrer

dans la crypte et a suivi de l’extérieur la manifestation. Cette belle fête est venue récom-penser plusieurs années d’efforts mais tout n’est pas terminé. Il reste plus d’une centaine de portraits non identi-fiés…. Il s’agit très certainement pour le plus grand nombre de soldats normands mais il existe au moins un portrait de soldat anglais… Alors, les recherches continuent... n

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Parmi les médaillons, devaientfigurer des prêtres du diocèse(

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LIVRES

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■ LE BONHEUR DES PETITS POISSONS,LETTRE DES aNTIPODESde Simon Leys,Éditions J.-C Lattès, 210 pages, 17,50 .

Pourquoi un titre aussi humoristique alors que le livre du célèbre sinologue Simon Leys se veut philosophique ? Pourquoi un sous-titre aussi poly-valent alors que, dès le début, l'auteur nous pré-sente le précepte qui sera le fil conducteur de son ouvrage : « la vérité n'est pas le résultat de la réflexion : elle en est la précondition et le point de départ ». En effet, c'est depuis le haut du pont que l'on voit les poissons heureux, c'est du haut de la vérité que l'on perçoit la nature de l'existence.

Dans un premier temps, Simon Leys s'oppose aux idées toutes faites, aux préjugés de classes qu'il qualifie de « valeurs illégitimes », au snobis-me de la mode qu'il nomme « atrophie du goût », à l'hyperactivité qui nuit à la réflexion et à la créa-tivité, à « la mémoire primaire » qui ne sait pas tenir compte des valeurs du subconscient ni s'enri-chir de sentiments et d'imagination.

C'est alors qu'il nous invite à découvrir le souf-fle puissant de la création, grâce à la richesse de l'alté rité, de la beauté morale, de la sensibilité, de l'amour et de l'angoisse du temps qui passe qui nous fait découvrir que « notre vraie Patrie est l'Eternité »

Imagine-t-on un poisson qui s'étonne de la mouil lure de l'eau ? imagine-t-on alors un homme qui s'étonne de sa condition humaine ? Non, si le temps fut créatif, car selon Leys : « l'Éternité est amou reuse des œuvres du temps ».

Brigitte CLaVEL

■ CHRISTIaNISmE ET CROISSaNCE éCONOmIqUEde Pierre de Lauzun,Éd. Parole et Silence, 183 pages, 16,15 .

Dans son dernier ouvrage, Pierre de Lauzun s’interroge sur le rôle du christianisme dans la croissance économique de l’Occident à nulle autre pareille au monde, depuis le Moyen Age en parti-culier. Les Chinois avaient inventé avant nous l’imprimerie, l’horloge mécanique, la poudre et la boussole, mais l’Europe a su généraliser et utiliser ces instruments en même temps qu’elle inventait la roue à eau, le verre de lunette… C’est, affirme-t-il, parce que le christianisme a façonné une anthropologie nouvelle et différente qu’a pu éclo-re la société industrielle, une société de progrès, avec bien sûr ses heurs et malheurs.

Le judaïsme avait déjà introduit la notion de temps linéaire, sans laquelle il n’y a pas de possi-bilité de faire évoluer l’avenir, et il avait annoncé la désacralisation de la nature qui est une révolu-tion dans le monde païen dont les dieux sont des éléments de la nature ou leurs maîtres. Désormais il est admis que l’homme peut parfaire la création et qu’il a la liberté pour ce faire. Le résultat est notre civilisation occidentale, unique et enviée. Le catholicisme en est d’ailleurs l’instigateur avant même le protestantisme, contrairement à la thèse de Max Weber trop souvent tenue pour définitive en dépit de ses nombreuses réfutations.

Jean-Philippe DELSOL

■Où ON Va PaPa ?de Jean-Louis Fournier,Éd. Stock, 155 pages, 15 .

Si Jean-Louis Fournier commence son livre avec une amertume bien justifiée, son amour de la vie va être le plus fort. à travers la maladie incurable de ses deux enfants, c’est un hymne à la fragilité humaine qu’il élève, car il parvient à donner à la faiblesse une dimension infinie.

C’est un cantique à la vie, car en souffrant de ne pas pouvoir partager avec eux tous les bonheurs de l’art comme ceux du quotidien, il nous rappelle la nécessité d’un tel partage.

C’est un cri d’espoir car, si sa grande crainte est que Mathieu et Thomas ne connaissent jamais le grand amour ici-bas, sa tendresse de père, qui pleure et rit à la fois, est bien plus utile.

Combien, parmi nous, savent déceler la dexté-rité de « l’oiseau sans aile » pour parvenir au ciel à toute allure ? De quel droit rêver d’une société où l’enfant anormal serait interdit et juger stu-pide l’enfant qui ne cesse de se demander, comme un philosophe : « Où on va, Papa ? ».

B.C.

■L'aRgENT, DIEU ET LE DIaBLE,de Jacques Julliard,Éd. Flammarion, 229 pages, 19

Commentateur de Pas cal, admirateur de Jean-Paul II, dirigeant du Nouvel Observateur... Jacques Julliard, intellectuel prolifique aux rapports com-plexes avec la foi et la politique, consacre son dernier ouvrage à trois auteurs qui font partie de ses références catho liques : Péguy, Bernanos et Claudel. Pour ceux-ci, dit-il, « le monde moderne commence avec cette réduction de toute chose à son équivalent monétaire », c’est-à-dire à une dénaturation des objets.

Péguy et Bernanos haïssent l’argent comme l’équi valent universel, la banalisation extrême de la mar chandise, le signe se substituant à la chose signifiée. Claudel ne renie pas l’argent. Il serait plus proche de l’analyse de l'historien François Furet, marxiste devenu libéral, selon lequel le développement monétaire accompagne et permet celui de l’industrie et du commerces, eux-mêmes partout liés à l’essor de la liberté.

En réalité, note Jacques Julliard, la leçon de ces trois auteurs à la charnière du siècle de feu et de sang où Péguy le premier tombera, c’est que chaque ordre doit rester à sa place, chacun illu-miné par celui ou ceux qui lui sont supérieurs. Chaque ordre a sa dignité mais, dans le monde ancien, le temporel était ordonné au spirituel au lieu que le monde moderne confond les ordres et les prend sens dessus dessous.

« Le scandale réside dans la prétention de l’ar-gent de dominer hors de sa sphère. Et voilà la vraie prostitution du monde moderne. » Cette réflexion, pour le moins, est bienvenue en ces temps d’argent troublé.

J.-Ph. D.

SELECTION

Essais

Page 38: FRANCE FRANCE Catholique CatholiqueFRANCE FRANCE Catholique Catholique ISSN 0015-9506 84e année - Hebdomadaire n 3139 - 7 novembre 2008 2,90 €Le Logos est-il la troisièmepersonne

Breton, l’artiste l’est de toute son âme ; une impression que l’on reçoit avec force devant cette œuvre considéra-ble et variée. Quand on demandait à l’artiste les sources de son inspiration,

cet amoureux natif de Bretagne, répondait : « Le contexte gaélique, la pierre et la forêt, l’âme celte. »

Quelque cent-dix œuvres sont réunies ici comme un parcours au travers de l’étendue de son inspiration ; avec des paysages, des person-nages, des natures mortes et scènes de genre et une tentation très sensible vers l’abstraction.

En réalité, au-delà des sujets, les formes et les chemins de sa peinture sont sa première pré-occupation. On pourrait le dire artiste concep-tuel s’il n’était pas attaché à la réalité de l’es-pace qu’il habite.

Autant de salles successives dont les liens sont avant tout significatifs, beaucoup plus que temporels. Car l’artiste va et vient au travers de son œuvre, tout le long de ce réel admirable qui ne cesse de solliciter son attention, son explora-tion, son interpréta-tion. Avec un farouche courage et une liberté étonnante.

U n e t r e n t a i n e d’œuvres, sur papier de pe t i t f o rmat , ouvrent cette sym-phonie fantastique, de personnages et de paysages et quelques frappants autopor-traits.

L’abstraction est toute proche, rendue dési-rable et parlante pour l’artiste, en raison ses pratiques picturales affirmées. Il aime faire des réserves dans les couches de peinture pour que jaillisse la couleur depuis l’intérieur.

Il est enchanté des remontées des fonds qu’il observe avec le temps.

Toutes ses techniques picturales démontrent son attitude de rêverie en face de sa propre production. Les titres sont parfois éclairants. « Le vert de l’abrupt » par exemple, est un grand carré dont la teinte est criarde.

Ainsi trois petites expositions préparent la dernière salle.

On reçoit, dans la première (1925-1930), la vision d’œuvres – et d’une Bretagne - peu connues ; te ls ces cavaliers militaires où les chevaux semblent passer dans l’espace du ciel. Plus loin, un corps blanc sur un fond noir ; ou bien encore un homme lisant.

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Le domaine départemental de Kerguéhennec – un lieu isolé et un château d’une grande beauté ! – consacre la quasi-totalité de ses espaces à un parcours à la fois significatif et choisi, de l’œuvre considérable du peintre Tal-Coat…

expositions

pierre tal-Coat,peintures et dessins par Ariane Grenon

Toutes ses techniques picturales démontrent son attitude de rêverieen face desa propre production

Soleil sur la faille, 1952,huile sur toile,98 x 200 cm.

Pierre Tal-Coat (1905-1985)

© CL

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COLL. FAmILLE mAEGhT, PArIs. © GALErIE mAEGhT, PArIs. © AdAGP, PArIs 2008.

Page 39: FRANCE FRANCE Catholique CatholiqueFRANCE FRANCE Catholique Catholique ISSN 0015-9506 84e année - Hebdomadaire n 3139 - 7 novembre 2008 2,90 €Le Logos est-il la troisièmepersonne

Quelques moments-charnières se dessinent et l’on retrouve parfois des thèmes longtemps poursuivis : telles ses « Vénus sous l’eau ». Et quinze ans plus tard, sa « Femme sous une cas-cade ». Toujours ce moment critique ! le corps nu dressé comme une colonne, la main soutenant une masse de cheveux, balayée en oblique.

de grands tableaux sobres et parfois mou-vementés, signent la puissance d’une œuvre qui n’a pas toujours rencontré son public…

Tal Coat a peint parfois des tableaux mini-malistes, étudiant la couleur jusqu’à son plus intime. La « Faille dans les roches » qui appartient à la collection Claude et George Pompidou ou le « Grand signe », exposé à la deuxième documenta de Kassel ainsi que le souvenir de son exposition au musée d’Orsay prouvent avec force que Tal Coat a été connu - et reconnu - de son temps.

Après quelques natures mortes joyeuses et colorées, nous découvrons de grandes éten-dues peintes de tons sages, des beiges, des gris avec parfois un éclat de jaune ; comme dans cet admirable « soleil sur la faille… ». Ou « Ponctué », une toile mouvementée, beige et rose, avec des rouges comme base ; ou encore ce poétique « Vol d’oiseau passant par un reflet »… d’autres toiles sont unicolores et très travaillées dans les dessous : tel ce « Tableau de cendres » ou le « Foyer », vision des champs que l’on brûle… La rêverie, toujours…

Et pour conclure, voici de petites toiles uni-formes aux violets sombres et l’éclat – quasi hollandais ! - de ce « petit pan de mur jaune »…comme celui qu’admirait tant Cézanne...

L’artiste aimait la montagne et la randonnée. On

le voit dans ses feuilles d’aquarelles et ses dessins.dans les années 80 il peint des tableaux plus

petits, « Éclairé » par exemple ou ses « Champs de colza dans la campagne ».

Et le conservateur, responsable de cette exposition conclut avec sagacité : « C’est par une énorme science de la peinture que l’on atteint de nouveau la nature ».

Un autoportrait moutarde, puis des ren-contres dans l’abrupt, le noir… Et puis d’autres, poétiques « En la tombée du jour », une toile marron et noir. Ou l’abstrait, « Vol de Goéland » ou « surgissant », le vide.

si les titres sont ici explicites, la vision est elle, entièrement sublimée.

Et Tal Coat concluait lui-même : « Je trouve que l’espace des Primitifs est d’une vision beau-coup plus grande… »

Certes, la vision intérieure que porte le pein-tre, le lie à l’éternité. ■

FRANCECatholique n°3139 7 novembre 2008 39

pierre tal-Coat,peintures et dessins

« Pierre Tal-Coat,peintures et dessins »

jusqu’au 4 janvier 2009,au Centre Tal-Coat, domai-ne de Kerguéhennec, dans

le Morbihan.

Château de Kerguéhennec, tél. 02.97.60.42.66.

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Château de KerguéhennecLe Domaine de Kerguéhennec se trouve à une ving-taine de kilomètres, au nord de Vannes. Il réunit, avec le château où est installé le Centre Tal-Coat, un centre d’art contemporain et un parc de sculptures, l’un des plus importants en Europe, avec plus d’une vingtaine d’œuvres monumentales d’artistes interna-tionaux majeurs.

La lecture, vers 1926,encre et crayon,

50 x 32,5cm.

La vision intérieure que portele peintre,le lieà l'éternité

Page 40: FRANCE FRANCE Catholique CatholiqueFRANCE FRANCE Catholique Catholique ISSN 0015-9506 84e année - Hebdomadaire n 3139 - 7 novembre 2008 2,90 €Le Logos est-il la troisièmepersonne

Joseph Haydn (1732-1809) – Complete Symphonies (Vol.9) – Symphonies n°70-73-75 – Heidelberger Sinfoniker – Thomas Fey, direction – Hänssler Classic – 98.517 – Sortie printemps 2008 -

Le père de la symphonie classique, Joseph Haydn, est un compositeur prolifique à un point inégalé (106

symphonies, 14 messes, 84 quatuors à cordes…). S’il n’est pas l’inventeur de ce genre musical pour orchestre propre au XVIIIe siècle et qui marquera plus encore les siècles suivants, il est celui qui en généralise sa forme classique, à quatre mouvements (deux rapides, un lent, le troisième étant un menuet), et l’utilisation de la forme sonate. Il compose rapidement. Certains témoignages parlent d’une à deux se maines pour une symphonie. Et il prend plaisir à utiliser des thèmes de la vie courante. Ainsi la n°73 est connue pour être celle de la chasse, reprenant, notamment dans le dernier mouvement un thème de vénerie, avec emploi constant des trompes. L’enregistrement de l’intégrale des symphonies de Haydn n’est pas une originalité. On trouve notamment une excellente version d’Adam Fischer avec l’orchestre austro-hongrois Haydn.

Mais la vigueur et la vitalité déployées par le récent orchestre d’Heidelberg sont bienvenues et le résultat est cohérent. Car l’enregistrement d’une intégrale demande une inspiration sans égale pour parvenir à susciter l’intérêt tout au long des œuvres. Il semblerait que l’objectif que s’est fixé Thomas Fey soit atteint, colorant sa réalisation, inspirée, de sonorités passionnées, fortes, enthousiastes et suivi par un orchestre dynamique, jamais avare en effets, dont la capacité à jouer sur les nuances est assez surprenante.

Beethoven (1770-1827) – Symphonies n°3 et 4 – Kammerorchesterbasel – Giovanni Antonini, direction – Sony Classical – 88691792522 – 2 CD - Sortie juin 2008 -

Retrouver le jeune chef baroque Giovanni Antonini dans des sym-phonies de Beethoven est-il in-

congru ? Si Sony a confié à ce musicien talentueux – qui dirige habituellement l’excellent « Il Giardino Armonico » - la direction de l’orchestre de Bâle, c’est dans l'espoir que sa pratique d’interprétation de la musique ancienne, donnerait un éclairage neuf à un Beethoven enregistré maintes fois.

La réflexion sur le discours baroque, à travers les figures rhétoriques et les affects qui lui sont propres, permet à Antonini d’aborder le compositeur et son œuvre comme un passage vers la grande symphonie romantique mais héritière d’un discours baroque. Sans en oublier une optique visionnaire. Outre le jeu sur instruments anciens, c’est surtout ce langage de Beethoven, totalement assimilé par le chef, qui transfigure l’écoute de ces chefs-d’œuvre.

Le résultat est stupéfiant. L’habitude de l’écoute d’un Beethoven par une rel-ecture Wagnérienne est chamboulée. La symphonie Héroïque semble enfin justifier son nom et la Quatrième n’est plus considérée comme un produit intermédiaire, puisqu’on y retrouve l’in-fluence de Haydn dans sa forme mais avec un discours relativement nouveau, tout de tensions et de dynamisme jubilatoire ; là pointe déjà le Romantisme. Une interprétation d’extrême qualité, subtile et forte.

Max Reger (1873-1916) – Œuvres pour orchestre (Balletsuite, Konzert im Alten Stil, B e e t h o v e n - V a r i a -tionen) – Staats kapelle Berlin – Karl Suske & Heinz Schunk, violons - Otmar Suitner, direction – Berlin Classics – 003224BC – Enregistrement de 1973 -

Professeur de composition au conser-vatoire de Leipzig, Reger reste dans la grande tradition romantique en

se réclamant de Mendelssohn, Mozart, Schubert et Wolf. Mais sans écarter une réflexion nouvelle sur la tonalité, soit à travers son instrument de prédilection, l’orgue, soit à travers quelques œuvres pour orchestre, annonciatrice d’un Honeg ger et d’un Schönberg.

Tourmenté dans sa vie personnelle, affaibli par l’alcool et la dépression, Reger est parfois brutal, souvent inconstant et suscite fréquemment la polémique. L’écriture musicale est alors pour lui un refuge ; il y exprime son anxiété mais aussi un certain mysticisme. Ses œuvres pour orchestre sont comme des tableaux impressionnistes, ni totalement sombres, ni totalement lumineux. Du coup, la vision d’Otmar Suitner semble un peu « liquide ». Les partitions sont abordées comme de douces pièces orchestrales et ne soulignent pas suffisamment le caractère bousculé, troublé, de l’écriture, qui en fait toute sa force. n

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par François-Xavier LACROUX

L'enregistrement d'une intégrale demande une inspiration sans égale

Bien que l’on croie tout connaître de la musique d’Outre-Rhin, elle sait encore réserver bien des surprises, notamment à travers des lectures aussi inattendues qu’originales.

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MUSIQUE

Œuvresallemandes

MUSIQUE SyMPhonIQUE

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Grâce aux progrès de la technique (en particulier aux caméras lé gères), l’adaptation d’une pièce

de théâtre au cinéma ou à la télévision devient une œuvre à part entière. Enco re faut-il avoir le talent de créer une véri-ta ble œuvre télévisuelle et non se contenter de théâtre filmé. C'est là qu'on voit que Christian de Chalonge est un véritable artiste qui a réussi magnifique-ment ce pari.

Du fond de son lit, Argan se lamente. Ses nombreux maux ne lui laissent aucun répit et Toinette, sa servante, ne prend pas au sérieux ses tourments d’hypocondriaque. Mais il vient d’avoir une idée géniale : faire entrer un méde-cin dans sa famille en le mariant avec sa fille Angélique.

Après « L’Avare », avec Michel Serrault, c’est au « Malade imaginaire » que s’est attaqué, avec bonheur, le Christian de Chalonge. Les décors et costumes sont magnifiques, et les ballets ont été remplacés par des intermèdes joués par une troupe de théâtre prépa-rant le carnaval dans la cour de la maison d’Argan. La caméra suit les personnages de pièce en pièce et même

dans la cour et le jardin, et l’ensemble donne une im pression de légèreté parfai-tement accordée au texte. Les comé-diens, en particulier Marie-Anne Chazel et Wladimir Yordanoff disent leur texte avec beaucoup de naturel et de co cas-serie. Seul Christian Clavier en fait un peu trop. Une belle et élégante réussite. Elle est toujours d’actualité, cette satire des égoïstes uniquement préoc-cupés de leur petite personne. Comme toujours, chez Molière, l’amour finit par triompher des embûches. ■Téléfilm français (2008) d'après Molière, avec Christian Clavier (Argan), Marie-Anne Chazel (Toinette), Wladimir Yordanoff (Béralde), Didier Bénureau (Diafoirus père), Armelle Deutsch (Beline), Judith Davis (Angélique), Benjamin Bellecour (Cléante) (1h47). Diffusion le jeudi 13 novembre, sur France 3, à 20h55.

Traffic

Trois univers, trois personnages se croisent sans jamais se rencontrer dans ce film consacré au trafic de drogue. Il y a Javier, un policier mexicain intègre, Robert, un membre de la Cour suprême, dont la fille se drogue, et deux agents fédéraux, qui vien-nent d'arrêter un des barons du trafic. Trois histoires, trois manières de filmer le trafic de stupéfiants sous toutes ses formes et la lutte des autorités à tous les niveaux. Maîtrisant parfaitement son art et son sujet, Steven Soderberg offre un thriller haletant, en même temps qu'une magistrale leçon de cinéma. Il n'occulte aucune des implications (qu'elles soient financières ou liées à la corruption) que ce fléau en gendre. L'interprétation est sensa-tionnelle. Ce sont les héros en lutte contre la drogue qui apportent la note positive d'une œuvre sombre et violente, à l'image de son sujet.

Policier américain (2000) de Steven Soderbergh, avec Michael Douglas (Robert Wakefield), Catherine Zeta-Jones (Helena Ayala), Benicio Del Toro (Javier Rodriguez), Dennis Quaid (Arnie Metzger) (2h12). Diffusion le lundi 10 novembre, sur France 3, à 23h25.

Dieu superstar : Le nouveau rêve américainLes Français ignorent tout de ce que l'on appelle l'Amérique profonde. C'est à la rencontre de cette Amérique, en particulier de ces « born again » qui ont fait la seconde élection de George Bush, que nous convie Diego Bunuel. Elle est passionnante, cette balade à travers différents États des USA. On découvre des chrétiens décomplexés, dynamiques et fiers de leur combat pour le Seigneur. Bien sûr, ils font parfois sou rire, mais leur foi et leur énergie font plaisir à voir. D'autant que le commentaire est d'une neutralité (sans doute à contre cœur) étonnante.

Documentaire français (2005) de Diego Bunuel (1h40). Diffusion le dimanche 9 novembre, sur France 3, à 23h15.

TÉLÉVISION

Prête-moi ta mainLuis, 43 ans, a tout pour être heureux. Brillant créateur de parfums, il mène une vie épanouie, choyé par sa mère et ses cinq sœurs. Mais celles-ci se rebellent et, lassées de repasser son linge, estiment qu'il est grand temps qu'il trouve une femme. Mais Luis ne compte absolument pas se marier et demande à la sœur d'un ami de se faire passer pour sa fiancée.

Éric Lartigau signe une comédie très drôle, bien qu'assez prévisible sur le plan narratif. Il parvient à utiliser pleinement toute la cocasserie de son sujet et joue à merveille du comique de situation. Alain Chabat, très à l'aise dans son personnage, s'en donne à cœur joie et Charlotte Gainsbourg prouve une nouvelle fois que la comédie lui va parfaitement bien. Après s'être cordialement détestés, nos deux héros vont s'attacher l'un à l'autre. Il est dommage que le film tombe parfois dans une certaine vulgarité, mais ces quelques notes de mauvais goût sont utilisées par les personnages comme un stratagème pour choquer.

Comédie française (2006) d’Éric Lartigau, avec Alain Chabat (Luis), Charlotte Gainsbourg (Emma), Bernadette Lafont (Geneviève), Wladimir Yordanoff (Francis Bertatoff) (1h26). Diffusion le dimanche 9 novembre, sur TF1, à 20h50.

Un bon cinéaste redonne vie et jeunesse à la célèbre pièce de Molière.

Le malade imaginairepar Marie-Christine RENAUD d’ANDRé

Un texte superbe, une réalisation élégante etune belle distribution.

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Page 44: FRANCE FRANCE Catholique CatholiqueFRANCE FRANCE Catholique Catholique ISSN 0015-9506 84e année - Hebdomadaire n 3139 - 7 novembre 2008 2,90 €Le Logos est-il la troisièmepersonne

TF120.50 Les enfants de la télé «Spéciale jeux télé». Divertisse-ment présenté par Arthur et V. de Clausade, avec Étienne Chatiliez, Valérie Lemercier, Isabelle Nanty, Garou, Marianne James, Kamel Ouali, L. Gerra, Éric et Ramzy.23.15 New York, unité spéciale. Série avec Christopher Meloni 3.France 220.50 Rugby «Test match : France/Argentine».23.05 On n’est pas couché. Magazine présenté par Lau-rent Ruquier.France 320.50 Disparitions, le retour aux sources (3 et 4/12) GA. Téléfilm avec Jérôme Bertin, Aga-the de la Boulaye (1h44). Prenant, mais flirtant avec le paranormal.23.25 Affaires classées «L’affai-re de Monsieur Jo, à Sardieu (Isè-re)». Documentaire 2.00.15 La case de l’oncle Doc «Brennilis, la centrale qui ne vou-lait pas s’éteindre». Documentaire.Arte21.00 L’aventure humaine «Mohenjo Daro, la colline des morts». Documentaire.21.50 L’aventure humaine «Les reines noires : Méroé, l’Empire africain au bord du Nil» J. Fascinant.

22.45 La tranchée des espoirs GA. Téléfilm avec Yves Bertheloot, Christiana Reali (1h46). Un réquisitoire contre la guerre assez émouvant, mais des scènes pénibles et une fin décevante.M6La trilogie du samedi20.50 Journeyman : «Coup de poker», «Rendez-vous manqué». Série avec Kevin McKidd 2.22.20 Supernatural. Série avec Jensen Ackles 3.00.00 Hex «La malédiction». Série avec Laura Pyper 2.Canal +20.50 Le dernier gang GA. Poli-cier (2007) de Ariel Zeitoun, avec Vincent Elbaz, Gilles Lellouche (1h58) 2. Bien fait, mais violent.KTO20.40 VIP «Alexis Grüss». Rencontre avec un homme du cirque profon-dément croyant.21.40 Oratorio «Le Chemin de la croix, d’Antoine d’Ormesson».23.35 Être diacre en Val-de-Marne.

télévision

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TF120.50 Prête-moi ta main GA. Comédie (2006) de Éric Lartigau, avec Alain Chabat, Charlotte Gains-bourg, Bernadette Lafont (1h26). (voir notre analyse page 43)22.25 Les experts. Série avec Marg Helgenberger 2.France 2

20.50 Malabar princess J. Comé-die dramatique (2003) de Gilles Legrand, avec Jacques Villeret, Jules Angelo Bigarnet (1h34). Très sympathique, mais un peu lourd.22.30 Shaft A. Aventures (2000) de John Singleton, avec Samuel L. Jackson (1h39) 3. Ner-veux et bien fait, mais illustré d'images sensuelles.France 320.55 Inspecteur Barnaby «La malédiction du Tumulus». Téléfilm avec John Nettles 2.

23.15 Haute tension «Dieu super-star : Le nouveau rêve américain» J. (voir notre analyse page 43)ArteJohn Le Carré : Un écrivain très recherché20.40 L’espion qui venait du froid GA. Film d’espionnage en NB (1965) de Martin Ritt, avec Richard Burton (1h40). Pas mal, mais un peu statique.22.35 John Le Carré, le roi des espions J. Intéressant, mais un peu confus.M620.50 Zone interdite «Enquête sur les nouveaux dangers de la route». Magazine.22.50 Enquête exclusive «Les paparazzis du crime». Magazine.Canal +20.50 Football «PSG/Lille».KTO20.40 La foi prise au mot «Reli-gion : Menace ou espoir ?».21.40 Vu de Rome. 22.00 Le Bistrot Mémoire. Une association rennaise consacrée aux malades d’Alzheimer23.00 Hors les murs «Les évêques et la bioéthique».

TF1

20.50 La légende de Zorro GA. Aventures (2005) de Martin Cam-

pbell, avec Antonio Banderas, Catherine Zeta-Jones (2h05). Un excellent spectacle.23.05 Esprits criminels. Série avec Joe Mantegna 3.France 220.50 Cold case : «Élection libre», «Sous le masque», «Rêves et désillusions». Série avec

Kathryn Morris, Danny Pino 2.23.20 Mots croisés. Magazine présenté par Yves Calvi.France 320.55 Vie privée, vie publique «Secrets de femmes». Magazine présenté par Mireille Dumas, avec Line Renaud, Jane Chaplin, Anne Mansouret, Tristane Banon, Jehanne Collard, etc. Suivi d’un entretien avec Guy Bedos.23.25 Traffic GA. Policier (2000) de Steven Soderbergh, avec Mi chael Douglas, Don Cheadle (2h12) 3. (voir notre analyse page 43)Arte21.00 La femme d’à côté A. Dra-me (1981) de François Truffaut, avec Gérard Depardieu, Fanny Ardant (1h40). Cette peinture réussie d'un amour fou est dominée par la fatalité22.40 Musica «Le couronnement de Poppée». Opéra de C. Monte-verdi, avec Les Musiciens du Lou-vre-Grenoble, sous la direction de Marc Minkowski, et avec Mireille Delunsch, Anne Sofie von Otter, Denis Sedov (2h40).M6Soirée spéciale Michèle Bernier20.50 Roue de secours GA. Télé-film avec Michèle Bernier, Pierre Cassignard (1h30). Prévisible et sans grand intérêt.22.40 On ne prête qu’aux riches A. Téléfilm d'Arnaud Sélignac, avec Michèle Bernier, Axelle Laf-font, Louis Velle (1h26). Une œuvrette lourde et rarement drôle qui égratigne la morale.00.20 Le démon de midi. Spec-tacle de et avec Michèle Bernier.Canal +20.50 Pédophiles en Asie «La fin de l’impunité ?». Documentaire 3.KTO20.40 Duchamp chez les cathos. L’art contemporain et l’iconogra-phie chrétienne ont-il un avenir ?21.45 L’année saint Paul.22.20 Hors les murs «Les évêques et la bioéthique».

TF120.50 Les experts, Miami : «Clap de fin», «Pour le meilleur et pour le pire», «Chasse à l’homme». Série 3.22.50 Appels d’urgence «Hôtel de police de Montpellier : Flics de choc contre délinquants». 01.05 Au field de la nuit. Magazi-ne de M. Field, avec M. Le Bris, Érik Orsenna, Réza, Antoine, Rama Yade.France 2

20.50 14-18, le bruit et la fureur GA. Documentaire de J.-F. Delas-sus. (voir notre analyse ci-contre)22.40 Faites entrer l’accusé «Didier Tallineau, l’homme aux deux visages». Magazine 2.00.25 Histoires courtes «Soirée spéciale Festival de Brest».01.10 La tranchée A. Film de guerre (2000) de William Boyd, avec Paul Nicholls (1h35) 2. Conventionnel et sanglant.France 320.50 Coupe de la Ligue «Lyon/Metz», en direct de Lyon.23.30 La corde raide A/Ø. Drame 1984) de Richard Tuggle, avec Clint Eastwood (1h50) 3. Un excellent policier, mais très sensuel et très violent.01.25 La nuit de la vérité GA. Drame (2005) de Fanta Regina Nacro (1h40) 3. Poignan-te, mais un peu maladroite et dur.ArteTrimer pour une poignée d’euros21.00 Pauvre malgré le job J. Poignant.22.00 Le pouvoire, la morale et l’argent «Les managers alle-mands en clair-obscur» J. Confus et sans grand intérêt.22.50 Grand format «Ice people» J. Des images superbes, mais beaucoup de longueurs.M620.50 Desperate housewives (21, 22 et 23/23) GA. Une touche tragique clôt cette excellente série.23.20 Nip/Tuck. Série 3.Canal +20.50 Die hard 4 GA. Thriller (2007) de Len Wiseman, avec Bru-ce Willis (2h04) 2. Spec-taculaire et plein d’humour, mais violent.KTO20.40 Les mardis des Bernar dins «Chrétiens : De l’audace pour la poli-tique. Perspectives européennes».21.45 Églises du monde «Angleterre».22.20 VIP «Alexis Grüss».

samedi 8 novembre Dimanche 9 novembre lundi 10 novembre Mardi 11 novembre

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émissions religieuses : 08h30 Émissions religieuses : «Sagesses bouddhistes», «Islam», «Judaïca», «Foi et tradi-tion», «Présence protestante» - 10h30 Le jour du Seigneur «Éloge du désir, Françoise Dolto (1908-1988)» - 11h00 Messe de clôture de l’Assemblée plénière des évêques de France. Prédicateur : Mgr André Vingt-Trois.

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télévision

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sur France 2Mardi 11 novembre à 20h5014-18 «Le bruit et la fureur» JUn soldat retrace ce que furent pour lui ces années de guerre. Des archives restaurées, colorisées et sonorisées illustrent un propos original, affirmant que cette guerre terrible a été voulue et encouragée par toutes les cou-ches de la population, que ce soit en France ou en Allemagne. On est loin de l'image du soldat subissant les ordres imbéciles de généraux fanatiques ! C'est, sans doute, vrai de 1914, mais plus du tout vers 1917, où les horreurs des tranchées ont cassé le moral des troupes. Passionnant, mais très dur, parfois.

TF120.50 Grey’s anatomy : «À deve-nir fou», «La pièce manquante…», «… La pièce retrouvée». Série avec Ellen Pompeo 2.23.20 New York section crimi-nelle. Série avec V. D’Onofrio 3.France 2

20.55 Le tuteur «Le poids du secret» J. Téléfilm avec Roland Magdane, Jean-Marie Juan, Valé-rie Leboutte, Jean-Pierre Sanchez (1h30). Sympathique, mais un peu naïf.22.35 Ça se discute «Partis de rien, comment ont-ils trouvé la force de réussir ?». Magazine pré-senté par Jean-Luc Delarue.France 320.55 Coupe de la Ligue «PSG/Nancy» ou «Le Havre/Rennes».23.30 Ce soir (ou jamais !). Maga-zine présenté par Frédéric Taddéï.00.50 NYPD blues. Série avec Dennis Franz.Arte21.00 Les mercredis de l’His- toire «L’héroïque cinématogra-phique» J. Un passionnant documentaire sur l'irruption des reportages cinématographiques lors de la Première Guerre mon-diale.21.45 Les mercredis de l’His-toire «Une fortune au-dessus de tout soupçon». Documentaire.22.50 Aime ton père A. Drame (2002) de Jacob Berger, avec Gérard Depardieu, Guillaume Depardieu, Sylvie Testud (1h40). Sans intérêt et avec des images peu discrètes.00.30 Court-circuit.M620.50 66 minutes. Magazine pré-senté par Aïda Touihri.22.20 66 minutes «L’enquête». Magazine présenté par Aïda Toui-hri.22.50 Mon beau-père, ma demi-sœur et moi. Divertissement.Canal +20.50 En cloque, mode d’emploi A/Ø. Comédie (2007) de Judd Apatow, avec Seth Rogen, Kathe-rine Heigl, Paul Rudd, Leslie Mann (2h08) 2. Très moyen et truffé de scènes très crues.KTO20.40 Modou le joueur de hang. Un documentaire sur un percus-sionniste sénégalais. 21.45 La famille en questions.22.20 La foi prise au mot «Reli-gions : Menace ou espoir ?».

TF120.50 Star Academy. Divertisse-ment présenté par Nikos Aliagas.23.20 Sans aucun doute. Maga-zine présenté par Christophe Moulin.France 220.50 Tous au théâtre ! Magazi-ne présenté par Laurent Ruquier, avec Michel Bouquet, Fabrice Luchini, Claude Rich, Francis Perrin, Jean-Luc Moreau, Pierre Palmade, Jean-Marie Bigard, Michel et Davy Sardou, Jacques Weber, Marie Laforêt, Bruno Wolkovitch, etc.23.10 Café littéraire. Magazine présenté par Daniel Picouly.France 320.55 Thalassa «Sur le sentier du littoral : De Hendaye à Arcachon». Magazine présenté par Georges Pernoud, en direct de Hendaye.23.25 Comme un vendredi. Maga zine présenté par Samuel Étienne.Arte

21.00 Château en Suède GA. Téléfilm d’après Françoise Sagan, avec Jeanne Moreau, Géraldine Pailhas, Marine Delterme, Guillaume Depardieu (1h33). Cette adaptation de Sagan ne manque pas d’élégance et les dialogues sont assez brillants, tout comme l’interprétation. Mais le spectacle de ces gens cyniques et pervers finit par devenir lassant, et l’ensemble date un peu.22.35 Tracks. Magazine.M620.50 NCIS : «Étroite surveil-lance», «Amis et amants», «Mort à l’arrivée». Série avec Mark Har-mon, Michael Weatherly 2.23.15 Sex and the City. Série avec Sarah Jessica Parker 2.Canal +20.50 88 minutes A. Thriller (2007) de Jon Avnet, avec Al Pacino, Alicia Witt, Leelee Sobies-ki, Amy Brenneman (1h47) 3. Malgré le suspense de cer-taines scènes, tout est un peu trop conventionnel et prévisible pour vraiment captiver, et l’en-semble est sordide et éprouvant.KTO20.40 L’Église à l’aube du XXIe siècle. Enquête sur le synode des Alpes-Maritimes.21.45 La vie des diocèses.22.20 Les mardis des Bernar dins «Chrétiens : De l’audace pour la poli-tique. Perspectives européennes».

TF120.50 Julie Lescaut «Alerte enlè-vement». Téléfilm avec Véronique Genest, Jennifer Lauret.22.30 La méthode Cauet. Diver-tissement présenté par Cauet.France 220.55 À vous de juger «Crise financière, crise économique : À quoi faut-il s’attendre ?». Magazi-ne présenté par Arlette Chabot.23.20 Infrarouge «L’Amérique en guerre». Documentaire.01.15 La Bible «David (2/2)» GA. Téléfilm avec Nathaniel Parker, Sheryl Lee (1h25). Émou-vant, mais lourd.France 320.55 Le malade imaginaire J. Téléfilm de Christian de Chalonge, d’après Molière, avec Christian Clavier, Marie-Anne Chazel, Wla-dimir Yordanoff (1h47). (voir notre analyse page 43)23.25 Ce soir (ou jamais !). Maga-zine présenté par Frédéric Taddéï.00.45 NYPD blues. Série avec Dennis Franz.Arte21.00 Les petites couleurs GA. Comédie (2002) de Patricia Plat-tner, avec Anouk Grinberg, Berna-dette Lafont, Philippe Bas (1h33). Très quelconque et avec une scène peu discrète.22.35 Grand format «Mon usine en Chine». Documentaire.00.10 Paris-Berlin, le débat «Demain, tous métis ?».M620.50 Incroyable talent «La fi nale». Divertissement présenté par Alessandra Sublet.23.00 Le monde a un incroyable talent. Documentaire.00.20 Hypnotic A. Thriller (2004) de Nick Willing, avec Goran Visn-jic, Shirley Henderson (1h47) 3. Classique, mais très moyen. L'ésotérisme travestit la religion et l'ambiguïté de la fin provoque un malaise. Des images pénibles.Canal +

20.50 Dirty sexy money (7 et 8/10) : «Le mariage», «La maison de campagne» GA. Série avec Donald Sutherland, Peter Krause. Une réjouissante satire des riches et des ambitieux.KTO20.40 Grands entretiens «Mgr Emmanuel Lafont».21.45 Questions ouvertes.22.20 Oratorio «Le Chemin de croix, d’Antoine d’Ormesson».

Mercredi 12 novembre Jeudi 13 novembre vendredi 14 novembre

T : Tout publicJ : AdolescentsGA : Grands adolescentsA : AdultesØ : Œuvre (ou scène) nocive: Elément positif : Elément négatif

Repères

RaDiosRadio Notre Dame et RCFSamedi 8 novembre12h Face aux chrétiens "Cardinal André Vingt-Trois, Président de la Conférence des évêques de France"RCFSamedi 8 novembre19h30 Emission, (rediffusion) à l'oc-casion du forum islamo-catholique à Rome du 4 au 6 novembre regrou-pant 24 représentants et personnali-tés religieuses catholiques et musul-manes.Dimanche 9 novembre9h Halte Spirituelle, l'intégrale "A quoi sert l'Église ?" avec le Père Maurice Vidal.22h Témoin Le Père Patrick Bruz-zone (curé de l'Ariane à Nice) "Dieu nous rejoint dans la faiblesse"Lundi 10 novembre10h à votre service "Découvrir la numismatique", avec Joël Creuzy, (Vice-Président du syndicat national des numismates) et Jean-Paul Donné (Pré-sident du Cercle numismatique de Lyon)12h40 Halte spirituelle "Découvrir qui je suis sous le regard de la Trini-té", avec Gilles Le Cardinal (anima-teur de retraites spirituelles) - (1/5, tous les jours à 12h40, 14h30 ou 20h45)13h30 Perspectives "Prière - Lu mière, un monastère invisible au service de l'Église", avec Jeanne Avignon et Nicole Battesti.Mardi 11 novembre11h30 Contre courant "Chez les Karens du Nord de la Thaïlande", (à l'occasion du 50e anniversaire des Enfants du Mékong) (Rediffusion jeudi à 16h et 22h).12h Souvenirs, souvenirs "La guerre de 14-18" 21h Grand Témoin "Véronique Mar-gron (doyenne de la faculte de théolo-gie d'Angers)Vendredi 14 novembre13h30 Témoin "Clara et Anita, petites Sœurs de Jésus. La spiritualité de Char-les de Foucauld vécue au quotidien dans un quartier populaire du Chili"

Marie BiziEN

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Paris✔ Des cours tout public, de for-mation philosophique sont pro-posés par l'IPC, (Facultés Libres de Philosophie et de Psychologie) 70 av. Denfert-Rochereau, 75014 Paris, ✆  01.43.35.38.50, le samedi (10h à 12h) "L’art de l’argumen-tation. Apprentissage des instru-ments fondamentaux", par Bruno Couillaud (Docteur en philosophie, professeur titulaire de logique à l’IPC et auteur de "Raisonner en vérité", éd. F.-X. de Guibert, 2e éd. 2007). "Raisonner en utilisant la logique de l’argumentation, c’est utiliser les mots pour mettre de l’ordre dans ses idées en vue de mieux connaître les choses. Connaître les instruments de notre raison pour nous perfectionner dans l’ana-lyse des problèmes et les débats d’idées est l’objectif de ce cours. Présentations théoriques et exerci-ces concrets. Les 8 no vembre "Les mots, les idées et les choses", 22 novembre "Découvrir et prépa-rer ses arguments", 6 décembre "Déduire, induire, illustrer", 13 décembre "Argumenter en situa-tion dialectique", 10 janvier "Les sophismes sont des tromperies", 24 janvier "Je parle de quelque chose à quelqu’un".

✔ Le 13e colloque du l'Union pour la Vie (31 rue Rennequin, 75017 Paris), aura lieu le 20 novembre (18h30-22h30), salle Rossini, 8 rue de l'Annonciation, 75016 Paris "Bioéthique et société", avec la participation des professeurs Nicolas Mathey et Claude Huriet. Rens. ✆ 01.47.66.21.91, upvparis @wanadoo.fr✔ Les Semeurs d'Espérance or- ganisent une Nuit d’Adoration, "L'Evangélisation des profondeurs. Oser la vie nouvelle et ouvrir les chemins de nos Pâques !", avec Simone Pacot (avocat honoraire à la Cour d'appel de Paris, anime des sessions sur la guérison intérieure). Rendez-vous le 14 novembre (20h) à la pa roisse St Séverin, 75005 Paris, avec sac de coucha-ge et tapis de sol. Entrée par le 3 rue des Prêtres. Au programme : enseignement... messe animée... adoration guidée... relais devant Jésus... sacrement de réconcilia-tion... petit-déjeuner. Rens. ✆ 06. 13.16.29.08 / www.semeurs.orgAisne✔ La Communauté de la Sainte Trinité propose une session de guérison intérieure du 22 (10h) au 23 novembre (17h) "Quels sont les liens mauvais qui bloquent

notre vie en Dieu ? (spiritisme, oc cultisme, magie, divination...). « Ce jour là, je briserai le joug qui pèse sur leur nuque et je romprai leurs chaînes »" (Jér,30,8), animée par frère Ephrem Yon. Inscriptions et informations : Prieuré Saint Pierre et Saint Paul, 02210 la Croix sur Ourcq, ✆  03.23.55.26.57, cour-riel : [email protected]✔ Le 19 novembre (20h30), dans la paroisse du Sacré-Cœur, Place du cardinal Donnet (rue Pelleport) (à 5 mn de la gare St-Jean), à Bordeaux, une conférence est prévue sur le thème «Que faire aujourd’hui pour protéger la vie humaine ?», avortement, eugé-nisme, euthanasie, bioéthique en questions, animé(e) par le doc­teur Xavier Mirabel (cancéro­logue et président de l’Alliance pour les Droits de la Vie). Entrée libre. Rens. ✆  06.87.83.34.14, Agnès Petit (déléguée de l’Alliance pour les Droits de la Vie).Hauts-de-Seine✔  Une retraite spirituelle, en silence, pour tous, sous la direc-tion des Oblats de la Vierge Marie est prévue du 28 au 30 novembre, à la Chapelle Sainte-Rita, Service de l'hôtellerie, 7 rue

Gentil-Bernard, 92260 Fontenay-aux-Roses, ✆  01.41.13.36.00 / [email protected] / www.residence -universitaire-lanteri.comSaône-et-Loire✔ Du 12 au 14 décembre, les Chapelains aux Sanctuaires de Paray-le-Monial, BP 104, 71603 Paray-le-Monial Cedex, ✆  03.85. 81.62.22, proposent aux hom-mes de venir prendre le temps d’une retraite pour réfléchir à l’amitié que le Cœur de Jésus offre à chacun, quel que soit son état de vie, sa situation familiale ou professionnelle. "Adam, où est-tu ?" (Gn 3, 9). Avec le Christ retrouver sa place de fils, de père, d’époux... avec le père Antoine Bergeret (Communauté de l’Emma-nuel, mé moire de maîtrise en théo-logie spirituelle sur saint Claude La Colombière et l’expérience du Cœur de Jésus).www.sanctuaires-paray.comAssociation Ile Bouchard✔  L'association Ile Bouchard-Saint-Jean organise son 22e pèle-rinage auprès de Notre-Dame de la Prière de l'Ile Bouchard (Indre-et-Loire) le 29 novembre. Départs de Paris (6h40), place de la Madeleine et (7h), porte d'Orléans. Aller et retour en car

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(*) France métropolitaine et DOM uniquement - (**) Pour les personnes n’ayant jamais été abonnées. (***) Dans la limite des stocks disponibles. (****) Le pré-ciser dans un courrier séparé. (*****) France métropolitaine uniquement. CNIL N° 678405 - Loi informatique & liberté du 6/01/78 : vous disposez d’un droit d’accès et de rectification aux informations vous concernant. Par notre intermédiaire, vous pouvez être amenés à recevoir des propositions d’autres entrepri-ses. Si vous ne le souhaitez pas, il suffit de nous écrire ou de nous téléphoner et il en sera tenu compte immédiatement.

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Page 47: FRANCE FRANCE Catholique CatholiqueFRANCE FRANCE Catholique Catholique ISSN 0015-9506 84e année - Hebdomadaire n 3139 - 7 novembre 2008 2,90 €Le Logos est-il la troisièmepersonne

dans la journée. Animation spiri-tuelle par des frères et des sœurs de la Communauté Saint-Jean. Prix 39 e/personne. Réduction pour les ménages et les étu-diants, gratuité pour les moins de 16 ans. Rens. Association Ile Bouchard-Saint Jean, secréta-riat, 5 av. Victor Leclerc, 79100 Thouars, ✆  05.49.96.76.21, ou 06.77.48.11.55.Association Amitiés Sœur Marie de la Trinité✔ Le 3e colloque, "Marie de la Trinité" organisé par l'Association "Amitiés Sœur Marie de la Trinité" (150 rue du Puits Notre-Dame, 60190 La Neuville-Roy, ✆  03.44.51.73.24), aura lieu du 5 (18h30) au 7 décembre (14h30) "Union à Dieu et Filialité, La mystique de Marie de la Trinité", au Centre spirituel des Frères Carmes, 1 rue du Père Jacques, 77210 Avon. Frais : 100 e (incluant la pension complète).Salon des services à la personne✔ Du 20 au 22 novembre (10 h à 19 h), se tiendra à la Porte de Versailles, à Paris, le Salon des services à la personne, qui offre la possibilité d’avancer dans sa recherche de prestataire, de comparer les offres. Beaucoup de colloques sont organisés, parmi lesquels "Le second plan d’ac-tion des services à la personne signera-t-il enfin l’entrée du sec-teur dans la cour des grands ?", le 20 novembre (14h-18h).✆  32.11, numéro mis en place par l'Agence Nationale des Ser-vices à la Personne, pour permet-tre aux particuliers de trouver des informations et des prestations de services à la personne. www.servicesalapersonne.gouv.frFédération Adessa✔  En collaboration avec la

Fondation Médéric Alzheimer, la Fédération Adessa organise une journée d’étude et d’échan-ges "Dans le cadre du Plan Al zheimer, Innover - Développer, pour mieux accompagner", le 10 décembre (9h-16h15), à la Mairie du 10e arrondissement, Salle des Fêtes, 1er étage, 72 rue du Fbg Saint-Martin, 75010 Paris. Tarifs (déjeuner inclus) : Adhérent Adessa : 90 € le 1er par-

ticipant, 80 € les suivants. Non adhérent Adessa : 120 € le 1er participant, 100 € les suivants. Cette journée peut être inté-grée dans le plan de formation continue. Publics concernés : Administrateurs, directeurs, équipes d’encadrement et per-sonnels d’intervention. Rens. Adessa, 3 rue de Nancy, 75010 Paris, ✆ 01.44.52.82.83, fax 01.44.52.83.00 / [email protected]

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FRANCECatholique n°3139 7 novembre 2008 47

FRANCE CATHOLIQUE ­ hebdomadaireN° Commission Paritaire de la Presse : 1011 C 85771 valable jusqu'au 31 octobre 2011

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Téléphone : 09.75.69.14.92 - 01.46.30.37.38 - Fax : 01.46.30.04.64Courriel : [email protected] ­ CCP La Source 43 553 55 X

édité par la Société de Presse France Catholique,s.a. au capital de 655.552 euros. - 41838214900015 R.C.S. Nanterre - APE 5814Z

Président : Hervé Catta - Directeur gl., dir. de la publication : Frédéric Aimard (✆ 06. 08.77.55.08) - Conseiller de la direction : Robert Masson - Editorialiste : Gérard Le clerc - Rédaction : Tugdual Derville ­ Ludovic Lécuru - Secrétaire de rédaction : Brigitte Pondaven

Imprimé par IPPaC-Imprimerie de Champagne, ZI les Franchises, 52200 LangresLes documents envoyés spontanément ne sont pas retournés.

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➥ Femme, 30 ans, recherche emploi dans secré-tariat administratif, anglais, allemand, dans la région de Rouen. 3 ans d'expérience en tant qu'assistante export. Tél. 06.78.77.10.54.➥  Cherche chirurgien dentiste, pour asso-ciation orientation médecine douce. Sud du Limousin. Tél. 05.55.75.07.15.➥ Recherche un livre scolaire CP 1939, images, lettres, chiffres en couleurs, éditeur inconnu, avec dans cet ouvrage "L'histoire du Barbe Bleue", CP 1ère année utilisé dans le N.E. (A. L.). Tél. 03.87.98.18.74.

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Page 48: FRANCE FRANCE Catholique CatholiqueFRANCE FRANCE Catholique Catholique ISSN 0015-9506 84e année - Hebdomadaire n 3139 - 7 novembre 2008 2,90 €Le Logos est-il la troisièmepersonne

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