Matriarcat nord européen

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MATRIARCAT NORD EUROPEEN

Matriarcat, au sens ethnologique, cf "tude sur les origines de la famille" de Paul Lafargue, gendre de Marx. Non pas la soumission de l'homme aux femmes, mais la ngation juridique du pre. Ne pas confondre avec la gynarchie fministe (pouvoir aux femmes). matrilinarit : toute transmission se fait par le sang maternel. matrilocalit : la vie sociale s'organise autour de la mre. avonculat : la paternit sociale (ducation) de l'enfant est assure par son oncle maternel.

Les socits dites matriarcales se structurent en familles largies collectivistes (clans), matrilinaires, sans mariage, ni paternit gntique reconnue. L'enfant appartient au clan de sa mre dont est exclu le gniteur. Les enfants sont levs par les hommes de leur clan (oncles maternels) et non pas par leur gniteur. Il n'y a pas de couple, ni de fidlit, ni de jalousie, ni de possessivit, ni de violence sexiste, ni de prostitution, ni aucune marchandisation du sexe. Les affaires internes la famille sont plutt gres par les femmes, tandis que les affaires externes la famille sont plutt gres par les hommes. La rpartition du travail se fait au mrite. On parlera plutt de systme matri-centr ou matristique, car la mre n'est pas au-dessus mais au centre de la socit. C'est le premier systme familial qu'a connu l'humanit. Son origine fut l'ignorance du lien entre la sexualit et la reproduction. Ce systme s'est maintenu bien aprs la dcouverte de la paternit. Les celtes taient relativement patriarcaux, Mais leur culture regorge de reliques de l'ancien matriarcat.

Chez les celtes, l'ducation de l'enfant tait complte chez son oncle maternel. Ainsi, William ''Braveheart'' Wallace, chef de la rsistance cossaise face l'occupant anglais (XIIIe sicle), fut duqu par son oncle maternel Argheim. Dans les familles royales Celtes, comme chez les Pictes, et jusqu' la 1re dynastie d'cosse (maison Mac Alpin, IXe sicle), bien souvent, le trne ne se transmettait pas de pre en fils, mais d'oncle maternel neveux. Cette transmission est dite "avonculaire". "On est sr de la mre, mais pas du pre".

Les femmes celtes ayant des murs assez librs, il n'tait pas possible de garantir avec certitude la paternit de l'enfant (voir Guenivre & Lancelot). La descendance du roi, au lieu de passer par les enfants de son pouse, passait donc par les enfants de sa sur. Fils et neveux sont du mme sang que le roi, mais seuls les enfants de sa sur sont fiables. Voil donc l'ancienne tradition. Aujourd'hui encore, dans l'Afrique paenne matriarcale, il subsiste des conflits de succession, entre l'ancienne tradition matriarcale (d'oncle maternel neveux), et la nouvelle tradition patriarcale (de pre en fils). Conjugaliss comme tous les indo-europens, les Celtes ont videmment connu la prostitution puisqu'ils pratiquaient le mariage. On lit toutefois que le statut de la femme celte a t honorable; le caratrad, mot irlandais pr-chrtien, signifiant la fois "contrat" et "mariage", n'altre pas les droits d'une femme marie; elle continue de pouvoir tester, hriter, jouir de ses biens, exercer une profession ou un sacerdoce. Les prostitues sont l aussi des professionnelles reconnues par la loi. LOI SALIQUE En France, il fallut attendre Clovis (mort en 511) et la loi Salique, inspir du droit romain, pour que le lien de paternit soit privilgi, abolissant en mme temps le wergeld (compensation financire prive) et la faide ou ericfine (devoir de vengeance prive) c'est dire la justice tribale sans tat. Un article-cl : le De allodis. L'article 62 du pactus initial porte sur la transmission des alleux, c'est--dire des terres dtenues en pleine proprit par un groupe familial. la suite de plusieurs articles autorisant les femmes hriter des-dites terres, un court passage tait promis une longue postrit. Ce texte a connu une volution restreignant de plus en plus les droits successoraux des femmes ; en effet : alors que la version initiale prcise que si quelqu'un meurt sans enfant et que sa mre lui survive, c'est elle qui hrite et que si ceux-l aussi sont dcds et qu'il demeure des surs de la mre, elles hritent ; la version finale du texte nonce que quant la terre salique, qu'aucune partie de l'hritage ne revienne une femme, mais que tout l'hritage de la terre passe au sexe masculin. Cette dernire formulation apparat dans les versions carolingiennes.

Dans le courant du XIVe sicle, cet article fut exhum, pour justifier l'interdiction faite aux femmes de succder au trne de France. la fin de l'poque mdivale et l'poque moderne, l'expression loi salique dsigne donc les rgles de succession au trne de France. Ces rgles ont par ailleurs t imites dans d'autres monarchies europennes. Cette viction des femmes a suscit ds le XIIIe sicle des rsistances et des conflits. Par ailleurs, il ne faut pas confondre "loi salique" et "primogniture masculine", la loi dite salique constituant un largissement de la primogniture masculine pour liminer compltement les femmes de la succession au trne, y compris les filles du souverain dcd. Certaines traces de matrilinarit se sont maintenues jusqu'au Moyen-Age dans nos contres. Seules les femmes nobles se mariaient et n'taient jamais mancipes, mme si a et l, l'absence de loi salique leur permettait parfois de monter sur le trne (duchesse Anne de Bretagne); "se mariaient" dans le sens o on l'entend aujourd'hui : monogamie, fidlit absolue, domination de l'poux, indissolubilit et sanctification par l'glise... Mais bien sr, les couples se formaient : une simple dclaration de la volont de la part de deux personnes devant deux tmoins et la plupart du temps, l'affaire tait entendue. Sinon ils se rfraient notamment aux coutumes hrites des Gaulois ou des Germains. Les femmes bourgeoises ou paysannes sont restes trs longtemps libres de possder terres, ateliers ou commerces et d'exercer librement leur occupation. Les coutumes matrilinaires franques, islandaises et scandinaves diffrent sensiblement de lidal romain dune seule pouse fconde au pouvoir du mari. La christianisation, plus ou moins intense selon les rgions et de toute faon trs lente, impose peu peu la monogamie et le mariage indissoluble, en puisant dans la force dune mtaphore, celle de lglise pouse du Christ. Le Moyen ge glissera par la suite vers la misogynie et le puritanisme, ainsi que labandon progressif des formes claniques de dnomination au profit dun seul prnom (qui devient nom de baptme mesure que progresse le baptme des enfants, principalement partir de lpoque carolingienne). Mais ce que prouvent directement les documents gallois et, avec eux, les documents irlandais, c'est qu'au XI sicle le mariage appari (adelphique, collectif, inter-clanique) n'avait pas du tout t supplant, chez les Celtes, par la monogamie. De plus, en cas de divorce, si c'tait l'homme qui rompait le mariage, il devait rendre la femme sa dot et quelque chose en plus; si c'tait la femme, sa part tait moindre. Si les deux partenaires avaient vcu sept ans ensemble, ils taient mari et femme, mme sans mariage formel pralable. La chastet des filles avant le mariage n'tait ni garde, ni exige rigoureusement; les dispositions ce sujet sont de nature fort lgre et ne rpondent absolument pas la morale bourgeoise. Les raisons pour lesquelles la femme pouvait exiger le divorce sans rien perdre de ses droits lors de la sparation taient d'ample nature: la mauvaise haleine du mari suffisait. Les femmes avaient droit de vote dans les assembles du peuple. Ajoutons qu'en Irlande des conditions analogues sont attestes; que, l aussi, les mariages temps limit taient chose courante et qu'en cas de divorce on assurait la femme de grands avantages exactement prescrits, et mme une indemnit pour ses services domestiques; qu'il y apparat une premire femme ct d'autres femmes et que, lors du partage des successions, il n'est fait aucune diffrence entre enfants lgitimes et naturels.

Les chevaliers de la Table Ronde La fe Morgane.

La rivalit entre Morgane et Guenivre des lgendes de la Table Ronde semble donc symboliser le conflit opposant les 2 traditions. La "fe" Morgane est la demi-sur d'Arthur par leur mre. Elle est prtresse des anciens cultes paens. Selon l'ancienne tradition, ce sont ses enfants qui devraient hriter du trne d'Arthur. Guenivre est l'pouse d'Arthur. Ses enfants hriteront donc du trne de son mari, conformment la nouvelle tradition. Il est remarquable que Morgane est tantt diabolise, tantt hrose (et vice-versa pour Guenivre) selon que la version ai t crite par des chrtiens ou des paens. Remarquons aussi que Merlin et les chevaliers de la table ronde sont tous des enfants sans pre, mais qui ont forcment appris les armes par des hommes (levs par l'oncle maternel ?). A cette poque, toute femme procrant hors mariage tait condamne mort... De l'aveu mme de son ralisateur Georges Lucas, l'pope de ''Star War'' est la transposition en Science-Fiction des lgendes de la Table Ronde : Luc = Arthur , sabre lumire = Excalibur (pe de foudre) , Lea = Morgane + Guenivre , Yan Solo = Lancelot , Obiwan + Yoda = Merlin , Dark Vader (dark father : le pre sombre) = Pendragon (masque de dragon) , Jedis (moines templiers) = Chevaliers de la Table Ronde... Georges Lucas semble y avoir ajout un sens occulte matriarcal : L'Empire s'croule quand Luc (= Arthur) tue son pre Dark Vader (= Pendragon), et retrouve sa sur Lea (= Morgane + Guenivre), hritire de la Force (Morgane) & du trne (Guenivre). Meurtre du pre par le fils (fin du patriarcat) = retour de l'Ancienne Loi (matriarcat) = rquilibrage de la Force (quilibre entre l'Homme et la Femme). La coupe du Saint Graal (Lea, rceptacle, principe fminin) = pouvoir spirituel (la Force de Morgane) + pouvoir politique (le trne de Guenivre) = transmission matrilinaire. L'pe Excalibur du roi Luc-Arthur est un symbole phallique du principe masculin. L'unit du Graal et de l'pe est accomplie ici non pas travers l'amour charnel, mais travers l'amour fraternel, donc matrilinaire. Princesse Lela a les deux qualits: celle de sur du roi, et celle de reine ses cts. Dans les royauts matriarcales, le roi "pouse" sa sur. Il lve ses neveux, sans en tre le gniteur. Exemple : les gyptiens. Le trne se transmet de mre en fille (Amidala Lea) et non de pre en fils (Luc Dark Vader).

La Force aurait due aussi se transmettre par les femmes (erreur de scnario ?) : Dans le film, la force est vhicule par les mdichloriens (alias les mitochondries), que possde en trs grande quantit le petit Anakin (futur Dark Vader). Dans la ralit, les mitochondries sont les centrales nergtiques de nos cellules, donc la base de la vie, et ne sont transmises que par la mre. En Bretagne continentale, jusqu'au XXme sicle, par le droit anesse, le pouvoir se transmettait l'an de la fratrie, garon... ou fille !!! C'est ainsi que la clbre Anne put devenir Duchesse de Bretagne. A l'poque moderne, les pouses bretonnes n'ont pas attendu le changement de la lgislation franaise pour conserver leur nom de jeune fille. C'tait dj la rgle dans les relations sociales, sinon l'tat civil. Sans oublier non plus que c'est l'pouse Bigouden qui dirige d'une main de fer le foyer familial Breton. On retrouve des vestiges comparables dans l'ancien droit coutumier Basque : mariage l'essai (concubinage), qui provoquait la colre des curs, la proprit immobilire et foncire se transmet exclusivement de mre en fille. Seul le btail se transmet de pre en fils.

Droit familial breton :

Une bigouden d'Armorique. L'amour courtois

Tristan et Iseult, surpris par le roi March.

La littrature du Moyen-ge fait l'apologie de "l'Amour Courtois", c'est--dire, de l'amour extra-conjugal. Ainsi en tait-il dans la lgende celtique de "Tristan et Iseult". Tristan est lev par son oncle maternel, le roi March d'Armorique, qui veut lui lguer son trne. Ses seigneurs protestent, et exigent de lui une descendance directe, donc patrilinaire, conformment la nouvelle tradition. Tristan propose Iseult son oncle, pour qu'elle lui donne un fils, mais il en tombe amoureux. Ils doivent donc se cacher durant toute leur vie pour vivre leur passion adultre sous la protection de Dieu. De mme, Lancelot couche avec Guenivre, l'pouse du roi Arthur, et c'est bien une relation sexuelle adultre. Suivant les versions pro-matriarcales ou pro-patriarcales de la lgende, l'oncle March est tantt bien vu, tantt mal vu. Le statut de l'oncle maternel tait trs valoris dans la littrature de cette poque. Dahut, reine bretonne d'Ys

Dahut et son pre sur le destrier magique Morvach, poursuivis par Saint Gunol. La lgende bretonne de la ville d'Ys est toute aussi loquente. La reine Dahut rgnait sur Ys, la plus resplendissante des cits, dans la baie de Douarnenez, en Cornouaille (Bretagne continentale). Paenne, elle tenait tte l'avance du christianisme (tout comme la Kahina, la ''sorcire'', reine guerrire Berbre, face l'avance de l'Islam). Non marie, elle pratiquait l'amour libre. La lgende rapporte par les chrtiens prtend qu'elle organisait des orgies chaque soir et qu'elle assassinait ses amants ds l'aube venue. Le matriarcat permettant une totale libert sexuelle (sauf l'inceste), il est probable que la reine Dahut changeait souvent d'amant, et que selon la tradition, ces derniers quittaient la couche ds les premiers rayons du soleil... ce qui a t interprt par les mauvaises langues puritaines. Face ce comportement de pcheresse, le trs pieux Saint Gunol la mettait sans cesses en garde par ses sermons. Et une nuit, Dieu la punit en engloutissant la ville sous les flots. Dahut et son ''pre'' Gradlon s'enfuirent sur les flots, sur le destrier magique "Morvach". Mais Saint Gunol, acharn et hystrique, ordonna au pre de jeter la mer "le dmon assis derrire lui". Ce qu'il fit ! Depuis, elle hante les ctes de Bretagne sous la forme d'une sirne en attendant qu'Ys ressuscite... On dit aussi que les fortifications de la cit sont visibles sous les flots par certains rayons de soleil, et que les cloches de ses tours rsonnent encore durant les journes magiques telles que le 1er Mai.

La chasse aux sorcires

On comprend mieux la chasse aux ''sorcires'', brles vives sur les bchers de l'Inquisition. Prtresses paennes ''idoltres'' des anciens cultes ''dianiques'' de la Desse-Mre, on les accusait souvent de frquenter les collines au fes. Toute trace de l'ancien ordre devait tre effac. Symbolique du dragon

Siegfried, tueur du dragon Fafnir. Dans nombre de mythes, le dragon est l pour empcher le mariage. Le chevalier doit terrasser le dragon pour pouser la princesse : Tristan et Iseult, Siegfried, Jason et Mde, la Belle au Bois Dormant... Si Iseult accepte de suivre Tristan pour pouser le roi March, c'est parce que sa main tait le prix du vainqueur du dragon. Tant que le Dragon n'est pas terrass, le mariage ne peut tre clbr et consomm. Le dragon semble reprsenter ici la non-conjugalit, le clibat, et la fornication. Le dragon, ou plutt la dragonne, reprsenterait-elle la femme insoumise et libre qu'il faut terrasser pour pouser? L're matriarcale serait donc diabolise dans les consciences populaires par la figure du dragon, vestige d'une poque lointaine terrifiante et rvolue, oublier, et qui ne doit en aucun cas revenir. On remarquera le contraste des mentalits entre les anciens mythes paens, et les nouveaux contes de fe de l're chrtienne, Disney-esques, prchant une morale puritaine aux petits enfants : la Belle au Bois Dormant, Blanche Neige, le Petit Chaperon Rouge... et autres cultes du "prince charmant", prnant ouvertement la chastet avant le mariage, et mettant en garde contre les ''dangers" de la sexualit, et de la nature sauvage de l'homme.

La lgende de Mlusine & Prsine (haut moyen-ge)

Mlusine surprise par son poux. Un jour, la fe Prsine rencontre prs de sa fontaine le roi Elinas d'Albanie (ancien nom de l'cosse) qui la demande pour pouse. Elle lui fait boire l'eau de la fontaine dans une coupe (Graal)... Les fes sont des incarnations de la Desse-Mre. Elles aiment hanter fontaines et sources (vie). Avec le christianisme, ces points d'eau furent rebaptises "fontaines (ou source) de la Vierge Marie" (exemple : Lourdes). La vierge (Marie, Isis, Ishtar...) est elle aussi avatar de l'ancienne Desse-Mre. Prsine accepta donc, mais sous cette condition : "Donc, si vous me voulez prendre pour pouse, jurez que vous ne chercherez jamais me voir au temps de mes couches". Prsine eut alors 3 filles, dont Mlusine. Promesse qu'il ne tint pas : "Faux roi, tu as manqu ta parole, il t'en msaviendra, tu m'as jamais perdue!". Prsine et ses 3 filles retournrent au Pays de Frie, le Sidh, en l'le d'Avalon...

Cet impratif de la fe, le tabou de la naissance, semble tre une rminiscence de rgles matriarcales : le gniteur ne doit pas connatre ses prognitures en bas ge, afin de ne pas les reconnatre (s'y attacher et rclamer des droits lgaux sur eux). Cette rgle lui est si importante que Mlusine et ses surs n'hsitent pas sanctionner lourdement le coupable : "Je suis d'avis d'enfermer le parjure en la merveilleuse montagne de Northumberland, d'o il ne sortira plus jamais. Ce qu'elles firent". Courrouce, leur mre Prsine punit Mlusine par une maldiction qui la transforme en femme-dragon tous les samedis. Elle lui prdit aussi une glorieuse descendance (matrilinarit), dont se prtendent encore aujourd'hui de nombreuses familles nobles. Mlusine pouse elle aussi un mortel, galement rencontr prs de sa fontaine, dont elle lui fait boire une coupe (Graal)... Elle lui impose la promesse de ne jamais la voir, ni chercher savoir o elle est, et ce qu'elle fait chaque samedi. Angoiss par la rumeur d'adultre, son mari ne tint pas sa parole et dcouvre le corps mi-serpent de son pouse. Mlusine s'envole alors par une fentre, en poussant un cri de dsespoir. Elle hante depuis les nombreux lieux qui lui sont associs. Elle eut de lui 10 fils, chacun affubl d'une dformation animale, clin d'il aux groupes totmiques (clans matriarcaux). Le samedi reprsenterait ici le shabbat des sorcires, diabolisation du paganisme matriarcal. Le secret du samedi symboliserait ici l'adultre : la fe exige la confiance de son mari malgr ce risque. Cette condition si angoissante pour le mari tmoigne de la surveillance paranoaque des murs cette poque (culotte de chastet). La nature serpentine symboliserait la nature secrte et insoumise de la femme. Y a-t-il un lien avec ve et le serpent du jardin d'den? L'interdit du samedi aurait pu tre, dans une version aujourd'hui disparue, l'interdit d'un samedi sur quatre. Cet interdit pourrait tre li au sang des rgles... Le sang fminin Le tabou (sacralisation & diabolisation) du matriarcat, c'est le sang fminin : rgles sanguines menstruelles & rgles sanguines de filiation. Les paens ont remarqu que lorsque la femme est enceinte, elle na plus ses rgles; do la symbolique qui associe sang fminin, naissance, et filiation maternelle. Avec Prsine et Mlusine, le tabou du sang fminin a donc t dtruit 2 fois : Prsine n'eut que des filles, Mlusine n'a dsormais que des garons. On passe donc d'une dynastie matrilinaire une dynastie patrilinaire.

Il est amusant de voir comment les fes (d'essence matriarcale), si elles ne refusent pas tout mariage, se jouent des hommes mortels, en leur imposant des conditions conjugales intenables, comme pour leur faire regretter l'avnement du patriarcat, et peut-tre mme, la colonisation de l'ancienne Europe totmique matriarcale, par les envahisseurs patriarcaux indo-aryens. Le phnomne de la ''mama-dragonne-matriarche'' hystrique, si cher notre Armorique et au monde mditerranen, s'explique peut-tre par une frustration de l'pouse, enferme dans une relation conjugale (sexuellement) insatisfaisante.

Les femmes guerrires L'Histoire celte regorge de redoutables reines guerrires. Ainsi, l'homologue britannique de notre Vercingtorix est une femme ! Boadice (Ier sicle aprs J.-C.) rgnait sur la tribu des Icenis du peuple Briton (actuel Norfolk, nord-est de la province romaine de Bretagne). Viole et flagelle avec ses 2 filles, elle prend les armes et mne une insurrection contre l'occupant romain. Sa rvolte rase colonies sur colonies ainsi que la ville romaine de Londinium (Londres). Finalement vaincue, elle mit fin ses jours en s'empoisonnant.

Statue de Boadice (reine guerrire celte rsistante contre les romains), hrone de la patrie, rige Londres, uvre de Thomas Thornycroft (1815 1885). L'invincible reine guerrire celte Maeve de Connacht, en Irlande. L'historien romain Dio Cassius, la dcrit ainsi : grande, terrible voir et dote d'une voix puissante. Des cheveux roux flamboyants lui tombaient jusqu'aux genoux, et elle portait un torque d'or dcor, une tunique multicolore et un pais manteau retenu par une broche. Elle tait arme d'une longue lance et inspirait la terreur ceux qui l'apercevaient. Ainsi que les Valkyries des Scandinaves et les Keres (divinits chthoniennes sans pre, filles de Nyx, desse de la nuit) des Hellnes prhomriques, elle accompagne le guerrier sur le champ de bataille, enflamme son courage, l'aide dans la mle, le relve s'il est bless et le soigne. Son assistance est si apprcie que, d'aprs Tacite (historien romain, 55-120 ap-JC), les Bataves (tribu germanique antique), qui se rvoltrent sous la conduite de Civilis, prenaient en piti les soldats romains parce qu'ils n'taient pas accompagns de leurs femmes lorsqu'ils marchaient au combat. Le philosophe grec Platon, initi aux Mystres d'Eleusis (survivance de cultes matriarcaux), tait plus instruit des murs primitives qu'on ne pense, fait les femmes assister aux batailles des guerriers de sa Rpublique. Les Germaines assistaient aux batailles, excitant les guerriers par leurs cris, ramenant la mle ceux qui lchaient pied, comptant et pansant les blessures. Les Germains ne ddaignaient pas de les consulter et de suivre leurs conseils. Ils redoutaient plus vivement la captivit pour leurs femmes que pour eux-mmes. Ces barbares croyaient qu'ils y avait en elles quelque chose de saint et de prophtique, sanctum aliquid et providum.

Guerrires pictes Cet esprit patriote et guerrier au fminin s'est perptu jusqu'au XVe sicle, en la personne de notre hrone nationale, la sainte Jeanne d'Arc, "pucelle" dit-on d'Orlans. Cette non-marie bouta les anglais hors de France lors de la guerre de 100 ans, avant de finir brle vive sur le bcher de l'inquisition pour crime d'hrsie...

Jeanne d'Arc, Place des Pyramides, Paris. Le panthon celtique est peupl de nombreuses femmes telles que Brigit, desse-mre de tous les dieux. Elle rgne sur les arts, la guerre, la magie et la mdecine. Mais aussi Dana, la mre primordiale de l'ancienne race elfique des Tuatha D Danann (fils de Dana). Ce sont des dieux, des desses, des hros et des magiciens (Bansidh). Ils matrisent le druidisme, le savoir et les arts. Ils vinrent d'les merveilleuses au nord du monde, pour rgner sur l'Irlande jusqu'aux invasions IndoAryennes des Milsiens (celtes venus par l'Espagne en 500 av-JC). Les Tuatha D Danann retournrent en partie sur leurs les, et ceux qui restrent se cachrent dans des palais sous les vertes collines.

Ils s'appelrent alors les ''Daoine Sidh'', ou Peuple des "fes", du latin "fata" (destin), ou du Galique "fa" (vaincu). Ce dtail tymologique semble confirmer que c'est bien un peuple matriarcal, les "fes" que les envahisseurs indo-aryens celtes ont vaincus, en conqurant l'Irlande.

Le peuple des Tuatha D Danann. Comme dans la mythologie grecque (Jason & Mde, Guerre de Troie...), les lgendes celtiques relatent souvent les conflits et tragdies rsultant du passage du matriarcat "primitif" au patriarcat du "progrs". Elles tmoignent de cette nostalgie d'une ancienne re rvolue, paradis perdu sous les traits du monde de Frie, le Sidh (''l'autre monde'', ou monde des esprits, car il n'y a ni enfer ni paradis chez les paens), univers parallle ou sous les eaux, et par del les ocans, royaumes o rgnent les puissantes fes, les merveilleuses des femmes, de la jeunesse et de l'abondance, o le temps et la souffrance ne sont plus. Le pays des fes est fondamentalement d'essence matriarcale. En tmoignent ces nombreuses fes et Dames du Lac (qui donna l'pe au roi Arthur), le plus souvent non maries (supposes et dites "vierges" comme Diane-Artmis), qui sduisent et collectionnent les mortels valeureux. Malheur qui osera rejeter les avances de ces dames. Les plus chanceux se verront expdis dans ''l'autre monde", lors d'une chasse, poursuivant un gibier magique, un animal blanc surnaturel (biche, cerf, sanglier... un animal totmique, hraldique, sacr), qui les attirera au travers d'une porte invisible du Sidh, afin qu'ils y rapprennent les bonnes manires amoureuses envers les femmes.

Un cerf blanc frique, gardien totmique des portes du Sidh. Brunehilde, walkyrie invincible, amante de Siegfried dans "L'Anneau du Nibelungen". GERMAINS & VIKINGS Toutes ces caractristiques se retrouvent chez les vikings et les germains, peuples cousins des celtes : desses-mres, reines-guerrires, femmes puissantes et libres, walkyries... Exemple : on dit "cousins germains" pour signifier "cousins matrilinaires". "Chez les Germains, dit Tacite, l'enfant d'une sur est aussi cher son oncle qu' son pre. Quelques-uns mme estiment ce degr de consanguinit plus saint et plus troit ; et en recevant des otages, ils prfrent des neveux, comme inspirant un attachement plus fort et intressant davantage la famille". Cependant les Germains que dcrit l'historien latin taient dj entrs dans la forme familiale paternelle, puisque les enfants hritaient de leur pre ; mais ils conservaient encore les sentiments et certains usages de la famille maternelle. L'expression franaise nos neveux, employe pour dsigner nos descendants, que des mauvais plaisants attribuaient au scepticisme sur la fidlit conjugale de la femme de France, est sans doute un vieux souvenir de la famille maternelle. La femme viking : Les viking pratiquaient le mariage l'essai (fianailles ou heiktona). Sous ces latitudes il ny avait pas de clivages sociaux, mais dans les familles soucieuses de la tradition, les maris devaient avoir de prfrence un rang social proche et tre dgale fortune (jafnroedi). Les mariages taient donc arrangs, mais la femme avait tout de mme le droit de refuser l'poux qu'on lui proposait. La marie apportait une dot (heimanfylgja). La part du mari tait le tilgjf, auquel il ajoutait un douaire (mundr). La marie pouvait demander le divorce ou la sparation et demeurait propritaire de sa dot et du douaire. Une offrande tait faite Frigg (la Desse Mre) pour appeler sur les poux le bien-tre, la fertilit-fcondit et la paix, et Freyr dieu du bonheur du plaisir et des biens. Lunion tait consacre til rs ok fridar pour une anne fconde et pour la paix. Les croyances vikings navaient pas de prtres, ctait le chef de clan qui prsidait lvnement avec le marteau de Thor.

Homme ou femme pouvait tre mdecin "loeknir". La magie et la sorcellerie taient exerces strictement par les femmes. Les sorciers masculins taient considrs comme homosexuels (passifs) ce qui avait une connotation trs ngative de dshonneur, de couardise et non-virilit dans la socit viking. Les Vikings pouvaient intervenir sur leur destin qui ntait pas inluctable comme il le devint lpoque chrtienne. Le recourt aux magiciennes et aux sorcires tait un moyen de questionner les esprits et de sen servir pour excuter les ordres du sorcier. Viols, homosexualit, murs sexuelles Les sagas dcrivent les vikings comme discrets et pudiques. On a relev dans les sagas "des restrictions sociales et sexuelles", "pruderie et pudibonderie", " restrictions sexuelles codifies ", "perversions sexuelles radicalement proscrites par la lgislation"... Le viol, les perversions sexuelles, lhomosexualit taient radicalement proscrits par les lgislations. Il nexiste pas dinjure plus grave que de traiter un homme dargr ou ragr (homosexuel). Contrairement aux grco-romains, quiconque tait pris en flagrant dlit de viol ou dergi (homosexualit) tait hors la loi. Il s'tait dshumanis, on pouvait impunment le tuer, puisquil ne correspondait pas lopinion que lon se faisait de la nature humaine. Une accusation fausse dhomosexualit tait un crime quivalent un meurtre. RELIGION Les anctres des Viking avaient le culte dune Desse Mre et des grandes forces naturelles quils ont reprsentes plus tard par la cration dun panthon qui compte notamment Odin, Thor, Jord, Frigg, Freyja, Freyr... et le grand arbre Yggdrasill. Il existe des tmoignages de l'poque romaine dcrivant ceux que l'on nomme les pres des Vikings en ces termes : Ils (germains du nord) nont ni druides qui prsident au culte des dieux, ni aucun got pour les sacrifices, ils ne rangent au nombre des dieux que ceux quils voient et dont ils ressentent manifestement les bienfaits, le Soleil, le feu, la Lune. Ils nont mme pas entendu parler des autres Jules Csar, Commentaires sur la Guerre des Gaules VI, 21 Ils rpugnaient prsenter leurs Dieux sous formes humaines, il leur semble peu convenable la grandeur des habitants du ciel, ils leur consacrent les bois, les bocages et donnent le nom de Dieux (et Landvaettir esprits de la terre) cette ralit mystrieuse que leur seule pit leur fait voir Aucun de ces peuples ne se distingue des autres par rien de notable, sinon quils ont un culte commun pour Nerthus c'est--dire la Terre Mre, croient quelle intervient dans les affaires des hommes et circule parmi les peuples Tacite, Germania IX, 3 Vanes & Ases Les mythes nordiques nous apprennent que deux familles divines cohabitent ensembles et forment le panthon nordique. La premire et la plus ancienne, est la famille des Vanir. La seconde et la plus rcemment arrive en sol scandinave, est la famille des Aesir. Les Vanes sont les premiers dieux (autochtones matriarcaux europens). Ils sont associs aux cultes de la fertilit, de la fcondit, de la sagesse et de la prcognition. Sdentaires, ils taient honors comme divinits de la fertilit, de lamour, de la sexualit, de la nature, de la sant, de la chance, de la jeunesse et des animaux. Outre leurs attributs divins, on les considre aussi comme des magiciens aux trs grands et nombreux pouvoirs et comme des tres spirituels plein de sagesse et de conseils. Il n'y a ni dieux de la guerre, ni desses du mariage. Chez eux, les hommes "pousent" leur sur. Ils sont vaincus par les Ases (dieux des envahisseurs patriarcaux indoaryens : Odin, Thor...).

Le nom Vanir pourrait tre un driv du vieux norrois vinr qui signifie ''ami'', ce qui accentue le lien que ces divinits entretenaient avec les mortels. Ils ntaient pas des divinits que lon craignait, mais plutt des divinits auxquelles on pouvait se confier et se comparer.

Freyja est la desse-mre nordique de la terre, de la fertilit, et de la beaut. Son nom signifie "Dame". Freyja et son frre Freyr ( "le Seigneur ") sont les chefs des Vanir. Les Aesir seraient venus de lEst, apportant avec eux leurs coutumes nomades et guerrires. Selon certains auteurs, il y aurait un lien entre d'une part le Valhalla (pays des dieux) et Asgard (cit des dieux), et d'autre part le Shambhala et l'Agartha allgus aux tibtains. Selon les mythes, les Aesir descendent des Gants par Odin, chef des Aesir. Guerriers, nobles et rois, les Aesir sont chez eux en territoire conquis. Leur arrive sonne la fin dune vie douce et paisible. Avec eux, prennent naissance les mythes et les sagas dpopes rocambolesques, de guerres sanglantes, de trahison, de tricherie, de serments prononcs et tromps. En outre, rpugnant les murs sexuelles des vanirs, ils instaurent le mariage patriarcal. Le nom As (au singulier) signifie dieu , ce qui peut nous fournir un indice comme quoi les Vanir seraient en fait des Elfes, amis de la nature . Comme dans les textes anciens, les termes Vanir et Elfes sont souvent utiliss comme synonymes, nous avons toutes les raisons de croire quil pourrait sagir de la mme race. L'ANCETRE TOTEMIQUE : FEMME & ANIMAL La Hamingja est la force tutlaire d'une famille, que l'on pouvait reprsenter par une femme gigantesque. Elle reprsente le lignage et les Grands Anctres d'une famille auquel est li un individu qui en a hrit une part de chance et de dons. A ce titre il se devait de respecter une rgle de conduite, un code dhonneur et de valeur inhrente sa prestigieuse ligne reprsente par cette force tutlaire, qui veillait au bon comportement de ses descendants.

Fylgja dsigne le placenta, les membranes qui suivent l'expulsion du nouveau-n, et, symboliquement, la figure tutlaire, l'esprit, le double qui suit un homme et mme un clan. La femme-fylgja, la fylgjukona, est celle qui protge l'individu, se rapprochant de notre ange-gardien, mais aussi d'une famille. Elle est lie au culte des Dises, voquant les dhisanas vdiques, desses de la fertilit et de la fcondit, mais aussi du destin. Dans la mythologie nordique les dises (vieux norrois : dsir ; au singulier : ds) forment un ensemble de divinits fminines sur lesquelles peu de choses connues, l'exception qu'elles sont associes la mort et la dchance. La fylgja est le double de l'individu, comparable au Ka gyptien et l' eidolon grec, une sorte d'ange gardien prenant la forme d'une entit fminine ou d'un animal protgeant la famille ou la personne qu'elle a adopte. C'est un tre tutlaire dont la fonction est la protection et la prdiction. Il se manifeste aux vivants pendant les rves. BEOWULF Pome pique anglo-saxon crit au VIIe sicle narrant les exploits du hros scandinave Beowulf (bee-wolf, loup-abeille, ours), qui vient la rescousse du roi Hrothgar du Danemark, qui chaque nuit se fait dvorer ses guerriers par le monstre des marcages Grendel. Celui-ci est le fils d'une ogresse vivant dans un lac souterrain. Beowulf les terrassera. Comme dans la mythologie grecque, nous avons un hros masculin terrassant un monstre fminin ''de l'ancien monde'' ainsi que ses enfants. De nombreux universitaires pensent que ces mythes sont des allgories au nouvel ordre patriarcal terrassant l'ancien ordre matriarcal. Dans une version christianise, Grendel serait un descendant de Can, hors ce dernier est souvent interprt comme un symbole matriarcal : Abel (pasteur sacrificateur patriarcal) est prfr par Yahv Can (agriculteur matriarcal). Dans la version cinmatographique de Robert Zemeckis (2007), Grendel serait l'enfant adultre du roi Hrothgar avec l'ogresse (une sorcire sductrice multiformes), venant ainsi se venger de ne pas avoir t reconnu par son pre...