Marianne Dossier Maroc

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Où le roi conduit-il son pays ? A la démocratie ou au despotisme oriental relooké ? Le Maroc a-t-il vraiment changé ?

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Les 10 ans analysés par Marianne

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Où le roi conduit-il son pays ? A la démocratie ou au despotisme oriental relooké ? Le Maroc a-t-il vraiment changé ?

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n a tellement envie d’y croire, à l’exception maro-caine. On est si fatigué du malheur dans ce monde arabe qui n’a vu se succéder que des révolutions trahies, des dynasties ensablées, des

rêves égorgés. On se souvient que Rachid Mimouni, l’immense romancier algérien traqué par les intégristes, est venu s’exiler ici, fuyant la barbarie, avant de mourir de chagrin en 1995. On mesure la part d’émerveillement dans les yeux de ses jeunes compatriotes algériens venus res-pirer l’air de la Corniche casablancaise, flâner dans les avenues scintillantes, vérifier que, à l’inverse d’Alger bloquée, à Casa, ça marche, ça roule, ça bouge. Comme eux, en débarquant au Maroc, on est prêt, par contraste, sur la sinis-tre toile de fond du grand jeu d’échecs arabe, à accorder confiance et patience à Mohammed VI, le gentil fils du tyran, au vaillant pays du tiers-monde en marche vers un niveau de vie sud-européen.

Ça tombe bien : c’est exactement ce que vos interlocuteurs ont envie de vous souffler. Politiques, hommes d’affaires, publicitaires, technocrates, intellocrates : tous connaissent par cœur cette douce paresse, ce présupposé d’indulgence qui fondent sur le visiteur, sitôt siroté le thé

– 450 – pour payer son traitement. Ils sont ainsi 5 000 à survivre dans ces trous de plâtre, grouillants d’insectes. El Hou-fra ne fait pas partie de l’opération « Villes sans bidonvilles » lancée à grand renfort médiatique. Depuis 2006, le seul qui ait apporté un peu d’espoir à ces parias s’ap-pelle Boubker Mazoz. Simple citoyen et homme-orchestre de la solidarité, il a fondé l’association Idmaj, qui travaille ici comme à Sidi Moumen, le bidonville des kamikazes de 2003.

Face à cet océan de misère, y a-t-il un système, des budgets, une politique ? On vous répond, enthousiaste : « Mais oui, bien sûr : le roi ! » Le roi et sa Fon-dation Mohammed V (du nom de son grand-père) qui veut guérir les aveugles, éduquer les filles, apporter l’eau et l’élec-tricité dans les zones reculées. Avec une ONG, la sienne, et son budget parallèle. Le roi et son Initiative nationale pour le développement humain, autre vaste club caritatif. Le roi qui va du Nord au Sud inaugurer les dispensaires et conso-ler les alités, monarque associatif dont l’omniprésence généreuse relègue dans une ombre perpétuelle un gouvernement passif, sans crédits ni projets d’enver-gure. L’interventionnisme du « roi des pauvres » ne doit-il pas, aussi, faire taire toutes les critiques sur le train de vie et la fortune de Mohammed VI ?

L’homme qui a peaufiné cette image pieuse s’appelle Noureddine Ayouch. Le Jacques Séguéla du Maroc, PDG de l’agence Shem’s et communicateur préféré du Palais. Un professionnel du social : il a

retrouve pas forcément à tous les coins de médina. Habile et volu-bile, il ne tarit pas d’éloges sur son royal ami : « Un homme moderne qui aspire à toujours davantage de démocratie… Un être authentique et vrai, profondément bon, obsédé par la pauvreté, qui ne jure que par le social et les libertés… » Légère bavure pourtant : trois grands quotidiens et un hebdomadaire viennent d’être condamnés à verser des centaines de milliers d’euros – ce qui les tue à petit feu – pour avoir diffamé… Kadhafi. Quant à l’ouvrage du jour-naliste Ali Amar* qui dresse un bilan moins flatteur des dix ans de règne, il est carrément censuré au Maroc, même s’il se vend comme des petits pains à Paris.

Qu’en pense Noureddine Ayouch, qui fut lui-même, autrefois, sous Hassan II, directeur d’un journal féministe contestataire, Kalima, assassiné par la censure ? En oppo-sant d’hier, il fulmine : « Une mesure

ridicule, des procès stupides ! » Mais en courtisan d’aujourd’hui, il absout le Palais : « Le roi n’est évidemment pas au courant, ce n’est en aucun cas de sa faute si les gens n’arrivent pas à faire leur propre révolu-tion ! J’appelle immédiatement le ministre de l’Information ! »

crue des statistiques de la Banque mon-diale : un Marocain sur deux est toujours analphabète, le royaume est aussi mal placé que le Yémen en matière d’éduca-tion. Il se retrouve loin derrière l’Algérie, l’Iran et la Tunisie pour la part du finan-cement public des dépenses de santé. A l’hôpital, le malade doit tout fournir, du fil opératoire au flacon de sang. A peine 30 % de la population sont couverts par l’assurance maladie. Et même ceux-là, souvent, ne peuvent pas avancer l’argent des soins. La consommation moyenne de médicaments par individu et par an atteint à peine 300 dirhams, 30 ! Casa-blanca, comme toutes les grandes villes, est toujours encerclée par des centaines de bidonvilles.

A El Houfra, l’un d’entre eux – quar-tier dit « la Crevasse » –, on vit à cinq dans une dizaine de mètres carrés, les enfants n’ont jamais vu la mer, qui est à quelques kilomètres. La petite Fatima Zahra Abu-laïch, 14 ans, épileptique, n’est plus soi-gnée : sa mère n’a pas les 5 000 dirhams

à la menthe du royaume enchanté. On est si bien, n’est-ce pas, entre gens qui se ressemblent, adorent l’Occident en général, la France en particulier, et bar-rent la route aux islamistes ? Allez, on va trinquer au succès de la « transition démocratique » menée par Sa Majesté et soyez la bienvenue !

S’arracher à ce flot d’empathie – qui ris-que de mener le journaliste à l’apathie – est un sacré boulot. Il faut se secouer pour redescendre des blanches villas fran-cophones d’Aïn Diab vers le vrai Casa-blanca qui ne parle qu’arabe, gagne 160 par mois – quand il n’est pas chômeur – et se laisse assidûment courtiser par le salafisme. Pour passer de l’ombre des palmes et des connivences à la lumière

oujours aussi riche ! » : c’était la couverture, la semaine passée,

du Journal hebdomadaire, successeur de l’hebdo fondé par Ali Amar. Le classement 2009 des grandes fortunes par le magazine Forbes venait de tomber et les Marocains découvraient, sans grande surprise, que leur roi avait la baraka. « Sa fortune dépasse celle de l’émir du Qatar, elle est six fois supérieure à celle de l’émir du Koweït. Loin devant celles d’Albert de Monaco, de la reine d’Angleterre et de la reine des Pays-bas », résume le journaliste Fedoua Tounassi.Mohammed VI est donc l’un des rois les plus riches de la planète pour un pays qui occupe toujours la peu enviable 126e place dans un autre classement moins doré : celui du Pnud, le Programme des Nations unies pour le développement ! On apprend au passage que l’entretien des 12 palais royaux nécessite la coquette somme

de 1 million de dollars par jour. Pas de problème : le pactole de Mohammed VI a été multiplié par cinq en dix ans. Ce roi des pauvres est un as des affaires : il a fait fructifier l’héritage d’Hassan II à travers une nuée de holdings dont le fameux Omnium nord-africain, l’ONA, qui comprend à la fois les mines de phosphate, l’agro-industrie, les communications, les assurances, la grande distribution. Quelques voix s’élèvent d’ailleurs pour prier respectueusement le monarque de se retirer de ce gigantesque et compromettant consortium. En vain.Quant au budget de fonctionnement de la maison royale, il a augmenté de plus de 40 % depuis 2000, révèle l’enquête d’Ali Amar : « Il dépasse l’enveloppe allouée à la Justice et représente plus de 25 fois celle du Premier ministre et de son cabinet. » Est-ce aussi pour cela qu’on ne le voit guère, ce pauvre gouvernement ?.

lancé en 1995, sous Hassan II, le micro-crédit pour les femmes avec sa Fonda-tion Zakoura. Mais c’est aussi un ami des arts (père du cinéaste Nabil Ayouch) qui supervise en ce moment le projet du futur grand théâtre de Casablanca. En somme, un brillant profil d’universaliste qu’on ne

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res, ses consortiums, son bling-bling, ses somptueux costumes en lama des Andes : le roi, même revêtu du moderne brocart des attributs de son rang, est tout amour !

En réalité, la monarchie est loin d’être aussi absente de la vie politique que vou-draient le faire croire les amis du roi. Pour casser les islamistes légaux du Parti de la justice et du développement (PJD), mais aussi pour réduire au silence les partis historiques, comme l’Istiqlal à droite et l’Union socialiste des Forces populaires

à gauche, Mohammed VI a chargé son confident préféré, copain de collège et grand manitou, Fouad Ali el-Himma, de construire un parti royal. Le PAM : Parti authenticité et modernité. Il jure qu’il incarne le changement, le vrai. Mais, bri-colé à la va-vite, avec des notables flat-

tés d’être choisis par la cour, le PAM n’a aucune assise réelle dans le pays. C’est plutôt la version reliftée des multiples ten-tatives d’Hassan II de contrôler son oppo-sition : la création du Front de défense des institutions dans les années 1960, du Ras-semblement national des indépendants dans les années 1970, de l’Union consti-tutionnelle dans les années 1980. Moham-med VI a donc bel et bien fait le tri dans l’héritage de son père. Certes, il a chassé les miasmes de la dictature policière en créant l’Instance équité et réconciliation. Mais il a gardé froidement l’art paternel de gouverner en pulvérisant l’opposition.

Aux municipales du 12 juin dernier, le PAM a gagné dans les campagnes, et bataillé, à coups d’alliances baroques, dans les grandes villes, bastions traditionnels des islamistes. Prudemment, ces derniers n’avaient présenté que peu de candidats, des « incorruptibles » insensibles aux sirè-nes du PAM. Le parti royal l’a donc théo-riquement emporté. Mais pour combien de temps ? Rabat, la capitale, a fait excep-tion. C’est un ténor de la gauche, Fathallah Oualalou, qui a raflé la mairie. Il est très critique – une rareté ! – vis-à-vis du chan-gement tant vanté : « Les Marocains n’ont pas avancé en politique. Il y a un fossé entre le développement économique, les grandes

réformes de société comme le statut de la femme et la vie politique, qui a reculé. Je me suis présenté à la mairie parce que mon parti, l’USFP, veut réduire ce fossé dans les dix prochaines années. Il nous faut des réformes, c’est vital. » Vital, en effet, car les islamistes font leur miel des achats de voix aux élections et des pressions du Palais sur les notables. Surtout les durs ! Les inté-gristes du mouvement Adl Wa Ihsan du cheikh Yassine et de sa fille Nadia qui, au nom de l’Islam, récusent la monarchie.

Selon le ministère de l’Intérieur, leurs militants seraient 150 000. Beau-coup plus, probablement, sympathisants ou prêts à le devenir, dans les profon-deurs du pays, au cœur de ses douleurs et de ses colè-res. Au sein du mouvement des diplômés chômeurs, par exemple, qui squattent depuis des années les verts gazons, face au Parlement, et menacent de s’immoler par le feu si l’on n’embau-che pas ses jeunes désespé-rés. Même les voix les plus modérées du parti religieux,

comme Lahcen Daoudi, économiste classé light au sein du PJD, et qui a bel et bien failli être maire de Rabat, s’affolent : « Tout ça pousse les Marocains vers l’extrémisme ! Les nôtres font du corps à corps dans les mosquées et les facs avec Adl Wa Ihsan ! Si le PAM continue son opération vénéneuse, ce sont les salafistes qui vont gagner ! »

Or, l’ombre du terrorisme plane depuis les attentats de 2003 et de 2007. C’est elle qu’on invoque sans cesse pour voler au secours du « roi-rempart », garant de la stabilité, bien-aimé de l’Occident, intou-chable et sacré. « Roi-ingénieur » aussi, comme le surnomme, bluffé, l’écrivain Driss Jaydane : « Mohammed VI a créé la Nayda, le changement culturel, comme le changement politique avec le PAM et la métamorphose du territoire avec les auto-routes qui ont désenclavé le pays. Quel autre choix avons-nous que ce monar-que-ingénieur ? Ce serait une folie que de remettre la monarchie en question : elle structure l’identité marocaine. La pire des choses qui pourrait nous arriver, ce serait qu’elle s’effondre ! Mais il n’y aura jamais de révolution islamique au Maroc. A condition que la bourgeoisie citoyenne se réveille et remette à leur place les jouis-

seurs richissimes qui n’investissent qu’à l’étranger : une machine à produire la rage des parias… » Un homme seul, pourtant, a osé questionner le mythe rassurant du bon roi. Le journaliste Ali Amar, 40 ans. Ex-brillant directeur d’un brillant hebdo – le Journal – qu’il a fondé à 29 ans, c’est un enfant de la « génération M6 ». Lui et ses amis ont été naguère aidés par le jeune roi. Le Journal devait être le miroir du changement. Oser, enquêter, publier, c’était la meilleure façon de faire vivre le printemps marocain. Mais, très vite, le

Palais s’inquiète : aïe ! Comment contrô-ler cette insurrection permanente, cette impatience démocratique ? Nous voilà au cœur même du paradoxe marocain. « La monarchie déclenche des processus et ne comprend pas qu’elle ne puisse pas en gar-

der le contrôle », résume Abdelmounaïm Dilami, directeur d’un hebdo beaucoup plus soft, l’Economiste, qui s’insurge néanmoins contre les amendes infligées à la presse et « la solitude des journa-listes marocains ». Le Journal est puni, boycotté, dissous, un de ses directeurs exilés. Ali Amar, écœuré par les trahisons de la transition promise, prend la plume pour en raconter les coulisses. Son livre paraît en mai dernier à Paris. Scandale ! C’est le premier journaliste marocain à écrire sur la monarchie. « J’ai voulu parti-ciper à l’écriture de l’histoire immédiate du pays », plaide l’imprudent. Mais il est lâché et lynché par les siens, les journalistes, les démocrates, tous ses pairs qu’épouvante toujours le crime de lèse-majesté. Célèbre à Paris, isolé à Casablanca. Son téléphone ne sonne plus : « C’est très amer, on a beaucoup souffert du silence de nos aînés et, aujourd’hui, des gens de ma génération me renvoient à cette même loi du silence. » Il parle de l’omerta, de « l’infantilisation des Marocains », de son pays « passé de la dictature répressive d’Hassan II à l’hy-permonarchie de Mohammed VI et sa politique de prédation économique ». Ali Amar était un jeune homme pressé, il voulait tout tout de suite, une transition comme à Madrid après Franco, comme à Lisbonne après Salazar, comme à Athènes après les colonels. Seulement, on est au cœur du monde arabe. Dans la lenteur et la révérence. Même dans ce restaurant de la Corniche où le repor-ter égrène ses illusions perdues, parmi les touristes heureux qui ne voient du Maroc que le bleu.M.G.

Le ministre n’est pas là. Ce qui est bien là, en revanche, c’est l’extraordinaire ambiguïté du discours. Celui d’Ayouch et de ses pairs, sur tous les drames et tous les fronts. La censure, la répression, la corruption, la détresse des humbles, l’ar-rogance des affairistes ? Jamais la faute de Sa Majesté ! Celle des autres. Des juges, des policiers, des préfets « qu’il doit appe-ler pour les mettre au travail ». Du gou-vernement, « qui ne fait pas autant pour la solidarité que la Fondation Moham-med V ». Du Premier ministre, Abbas el-Fassi, qu’Ayouch « aimerait voir se dépla-cer sur le terrain, dans le bled ». Comme si le tout-puissant « M 6 » régnait sur un aréopage d’impuissants, devenant de fait l’unique et grandiose recours de la veuve et de l’orphelin.

La visite du service de cancérologie pédiatrique de l’hôpital 20-Août à Casa-blanca révèle un cas d’école : tout a été refait à neuf et les enfants leucémiques sont soignés selon les mêmes standards qu’en France. Grâce à l’épouse du roi, Lalla Salma, et à la fondation qui porte son nom. « L’hôpital n’avait aucun bud-get, explique le Pr Saïd Benchekroun, on a donc créé une association. Elle a fonc-tionné de don privé en don privé. Jusqu’au plus récent et au plus efficace : le mécé-nat de la princesse. Le ministère de la Santé n’aurait jamais eu les moyens de susciter une pareille initiative ! »

Plus loin, au cœur de la médina, un dispensaire et une unité de soins accueillent les prématurés : 800 nourrissons hospitalisés alors qu’il faudrait en soigner 15 000 à Casa-blanca. L’institution, baptisée « la Goutte de lait », ne fonctionne que grâce au bénévolat de cinq méde-cins. Et au chéquier des bonnes âmes. L’Initiative nationale pour le développement humain, le grand chantier royal, a accepté de pren-dre en charge la survie de 50 bébés. « Ça en fait autant de sauvés ! » s’exclame le Pr Benjelloun, saint laïque de 72 ans qui fait tourner l’institution depuis des décennies. C’est qu’au Maroc les associations ne viennent pas en complément du système : elles se substituent à lui, remplissent son vide. La cha-rité royale – toujours détaillée avec émotion par les caméras – se déta-che avec d’autant plus d’éclat sur le fond très noir de ce désert social. Elle sert à merveille l’angélique conte oriental, le mystère lyrique d’un Mohammed VI détaché du politique impur pour accomplir l’œuvre sainte de la rédemption des pauvres. Qu’importent ses affai-

ur les 5 millions de Marocains installés à l’étranger,

1 200 000 environ vivent en France. Un apport essentiel pour l’économie de leur pays. L’émigration, en effet, a constitué un véritable ballon d’oxygène pour le royaume. Elle est d’ailleurs très câlinée par les autorités marocaines dans l’Hexagone. D’où les louanges qui montent du petit peuple comme des cercles intellectuels à la veille des cérémonies qui marqueront, au pays, le 30 juillet prochain, les dix ans du règne du monarque. « Notre roi, un bon roi, même si les fêtes vont coûter cher » : c’est le ton révérencieux du commentaire dans les marchés de Paris et de banlieue. L’image d’un roi accessible, qui a pris pour femme une jeune Marocaine issue d’un milieu modeste, est appréciée autant par les humbles familles du XVIIIe arrondissement de Paris que par le politologue Mohamed Tozy. Le journaliste Hamid Barrada, lui, salue les métamorphoses de la condition féminine : « En réformant le code de la famille, la Moudawana, en supprimant la répudiation et en

atténuant l’emprise du patriarcat, le roi a donné aux Marocaines plus de chances que dans aucun autre pays musulman (Tunisie et Turquie exceptées). Il a imposé un quota de 12 % qui leur a permis d’entrer en politique. Première victoire : depuis quelques jours, Marrakech a pour maire une femme, Fatima Zahra Mansouri. » Pour Driss Yazami, président du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger et ancien opposant au régime d’Hassan II, c’est la volonté de lutter contre l’amnésie des années passées qui constitue l’un des apports les plus importants de la décennie « M6 » : « Reconnaître sur la place publique, à travers les témoignages des victimes, la répression, les emprisonnements, la torture sous le règne de son propre père a été un symbole. Cette catharsis, avec la création de l’Instance équité et réconciliation, a permis de relégitimer la monarchie. Le roi est perçu comme l’instigateur pacifique de ce grand débat. » Bilan globalement positif, donc. On s’en doutait un peu….Leila Kaddour-Boudadi