Management et conduite de projet - Interview

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› Le Dit de l’UPV : L’université Paul-

Valéry s’est engagée dans le cadre d’un

projet européen à mettre en place une

méthodologie de “management et de

conduite de projet”, voulez-vous nous dire

rapidement de quoi il s’agit!?››› Bénédicte Gendron!: En effet, cetransfert d’innovation porte sur unedémarche de “management et conduitede projet” (PIA2). Cette dernière a laparticularité de travailler à la fois sur lescompétences méthodologiques, maiségalement sur les compétences émo-tionnelles qui renvoient au savoir-être.Car si on forme traditionnellement auxsavoirs et savoir-faire, on forme beau-coup moins souvent au savoir-être. Cette orientation s’inscrit dans le cadred’une démarche qualité innovante qui nese limite pas à une approche procéduraletechnique. Elle constitue une première

sensibilisation à l’apprentissage du port-folio des compétences et du format duCV Europass. Elle amène l’apprenant àréfléchir sur les compétences qu’il déve-loppe tout le long de l’apprentissage dumanagement et la conduite de projet parla mise en situation et le travail d’équipeautour d’un projet concret. Elle apprendégalement à mieux se connaître soi-

même et à réguler ses émotions et rela-tions aux autres. Ces compétences fontpartie des compétences professionnelleset à ce titre elles jouent un rôle dans l’at-tractivité et l’employabilité.

› Le Dit de l’UPV : On parle de plus

en plus aujourd’hui d’établir des logiques

fortes entre le marché professionnel

L’UPV participe à un projet européen de transfert d’innovation sur le «!managementet conduite de projet!»Entretien avec BénédicteGendron, professeur enSciences de l'éducation etvice-présidente déléguée àla Formation professionnelleet aux relations avec lemonde socio-économique.

LE DIT DE L’UPV – NOVEMBRE 2013 10

Initiatives

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et les enseignements dispensés par lesdifférents établissements de formation. Ceprojet vise-t-il à renforcer des savoirsopérationnels ou un type particulier decompétences chez les apprenants ?››› Bénédicte Gendron! : En fait, ilparticipe au deux à la fois. Il outillel’apprenant du point de vue d’un savoir-faire méthodologique mobilisable pourle montage de projets de différentesnatures (académique, professionnel,humanitaire, ou encore le montage d’unprojet de création d’entreprise…), ainsique pour la recherche d’un emploi. Il agitde même sur les compétences compor-tementales relevant du savoir-être.

› Le Dit de l’UPV : Quelle sera exac-tement la contribution de l’UPV dans ceprojet!?››› Bénédicte Gendron! : Il est deplusieurs natures. D’abord, il s’agit detransférer un savoir issu de la recherche-action et de l’appliquer pour sa mise enœuvre dans des contextes différents. Si àl’origine, cette démarche a été dévelop-pée en milieu professionnel, ou dans lessciences appliquées, nous l’adapterons,dans ce projet, pour des publics diffé-rents!tels que les étudiants en lettres,langues, arts, sciences humaines etsociales (LLA-SHS). L’objectif est égale-ment de l’étendre pour des publics dits“vulnérables”, particulièrement ceux desfilières de l’enseignement professionnel,technique et technologique qui souhai-tent entrer dans le monde du travail ouaccéder à l’université. Ce lien entre les lycées et notre univer-sité est crucial. C’est la vocation denotre mission et de ce projet.

› Le Dit de l’UPV : Vous avez publiéplusieurs travaux portant sur la notion de“capital émotionnel”. Selon vous, l’acquisitionde ces nouveaux savoir-être contribuera-t-elle à une meilleure insertion profession-nelle ? ››› Bénédicte Gendron : Oui,comme je l’évoquais tout à l’heure, si cescompétences sont importantes pour unbien-vivre et un mieux vivre ensemble,elles le sont également au niveau profes-sionnel. Elles font partie des compé-tences professionnelles qui impactentl’employabilité et rendent compte d’uncertain niveau de professionnalisme.

Elles font partie d’un ensemble de com-portements appropriés, attendus et exi-gés dans toutes les situations de travail.Nous sommes aujourd’hui à un niveaude recherche où il a été prouvé que cescompétences, surtout dans les métiersémotionnels (éducation, santé, res-sources humaines…), sont particulière-ment nécessaires pour les étudiants denotre université. Ces compétencesconstituent un vrai capital émotionnel etfont partie intégrante du capitalhumain, mais elles n’ont pas fait jusqu’icil’objet d’études approfondies d’évalua-tion et de mesures. Conséquence decette lacune, ces compétences ont long-temps été appréhendées en termes uni-quement de caractéristiques naturellesfigées ou traits de personnalités. Or, uncourant nouveau de travaux interdiscipli-naires (psychologie, éducation, sciencesdu management et sciences écono-miques), dans le champ du “capital émo-tionnel”, démontre qu’il s’agit là deréelles compétences pouvant fairel’objet d’apprentissages.

› Le Dit de l’UPV : Pourrait-on envi-sager l’application de ces mêmes méthodespédagogiques à une université comme lanôtre!?››› Bénédicte Gendron!: Oui, biensûr, et c’est la raison pour laquelle j’aiaccepté et je me suis impliquée dans cecontrat européen. D'autres démarches

de management et conduite de projetexistent et sont probablement dispen-sées dans certaines filières de notreuniversité. En revanche, nombre d’entreelles n’abordent pas la perspective desapprentissages relatifs au savoir-être. Ladémarche du portfolio des compé-tences, pour n’en citer que cetexemple, prépare indirectement l’étu-diant à la rédaction d’un CVEuropass oùles trois dimensions, compétences tech-niques, méthodiques et sociales et per-sonnelles, constituent la nouveauté et lavaleur ajoutée de ce CV qui s’imposeaujourd’hui comme standard européen.

› Le Dit de l’UPV : Face à une réa-lité économique de plus en plus compéti-tive et une certaine culture entrepreneu-riale qui fait peur, pouvez-vous nous dire,pour conclure, quelles sont les singularitésscientifiques qu’apporte l’expertise desenseignants-chercheurs de l’UPV dans unprojet européen comme celui-là ?››› Bénédicte Gendron! : L’exper-tise et les apports peuvent résider dansle fait que la recherche en LLA-SHS ades applications concrètes et transfé-rables. Partant de travaux de recherchesur l’éducation et les apprentissages, laméthode de management et conduitede projet PIA s’est vue validée du fait deson côté opérationnel et pédagogiqueau-delà de la seule dimension des com-pétences méthodologiques. C’est également une façon de faireprendre conscience aux décideurs depolitiques éducatives de l’utilité d’inves-tir dans le capital émotionnel renvoyantau savoir-être, au même titre que lesavoir et le savoir-faire. De même, montrer aux décideurs poli-tiques en charge du financement de larecherche que des travaux issus desuniversités de LLA-SHS sont toutautant capable de produire des appli-cations concrètes et opérationnellesdans la vie de tous les jours avec unevaleur ajoutée participant à unemeilleure employabilité et perfor-mance. Il faut préciser qu’à l’heure où lanormalisation envahit tous les secteursde l’activité humaine et au sein desorganisations, ces compétences sontmentionnées à l’embauche et font sou-vent l’objet d’évaluation lors des entre-tiens annuels. !

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NOVEMBRE 2013 – LE DIT DE L’UPV11

L’approche par lescompétences person-nelles et sociales via ladimension collective etcollaborative du projet,permet de travailler lesavoir-être tout endéveloppant les compé-tences méthodolo-giques, essentielles àtoute démarche d’inser-tion professionnelle etde transition lycée-université.