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MALI : OPERATION « SERVAL » (C-17) Relève à TombouctouLe 17 février 2013, les derniers éléments du GTIA 1 (Groupement tactique interarmes) ont quitté Tombouctou après avoir été relevés par le 1 er RIMa (Régiment d’Infanterie de Marine) d’Angoulême. Depuis la libération de la ville conjointement avec les forces maliennes le 28 janvier dernier, les éléments du GTIA 1 ont largement contribué à sécuriser Tombouctou. Au matin du 17 février 2013, les derniers éléments du GTIA 1 ont franchi le Niger en direction du Sud après trois semaines de mission de sécurisation à Tombouctou. Deux jours plus tôt, les premiers éléments de l’escadron d’appui à l’engagement (EAE) du 1 er RIMa avaient fait jonction sur la plate-forme aéroportuaire (PFA) de Tombouctou après une dizaine de jours de raid depuis Dakar. Les consignes ont été données aux éléments montants sur les missions à remplir, la situation ennemie dans le secteur et les différents postes relevant de la protection de la PFA. Au fur et à mesure de la journée, les éléments du GTIA 1 ont été relevés sur leur position sans aucune rupture dans l’exécution des missions. Dans l’après-midi, suite à une présentation des positions clés de la ville, le capitaine commandant l’Escadron d’Aide à l’Engagement (EAE) du 1 er RIMa a été présenté aux autorités civiles et militaires de Tombouctou. Depuis la libération de la ville le 28 janvier, le GTIA 1 a mené quotidiennement des actions de dépollution et de contrôle de zone conjointement avec les forces maliennes. Ceci a ainsi permis de sécuriser ce qui représentait un des fiefs des djihadistes au Mali. Les premières patrouilles du 1 er RIMa ont débuté le jour même. Ces derniers ont été accueillis chaleureusement par la population qui exprime aujourd’hui sa pleine confiance tant aux français qu’aux forces de sécurité malienne. Le GTIA 1, composé majoritairement des Force « Licorne » et « Epervier » est le premier à avoir été engagé dans l’opération « Serval ».

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MALI : OPERATION « SERVAL »

(C-17)

► Relève à Tombouctou… Le 17 février 2013, les derniers éléments du GTIA 1 (Groupement tactique interarmes) ont quitté Tombouctou après avoir été relevés par le 1

er RIMa (Régiment d’Infanterie de Marine)

d’Angoulême. Depuis la libération de la ville conjointement avec les forces maliennes le 28 janvier dernier, les éléments du GTIA 1 ont largement contribué à sécuriser Tombouctou. Au matin du 17 février 2013, les derniers éléments du GTIA 1 ont franchi le Niger en direction du Sud après trois semaines de mission de sécurisation à Tombouctou. Deux jours plus tôt, les premiers éléments de l’escadron d’appui à l’engagement (EAE) du 1

er RIMa avaient fait

jonction sur la plate-forme aéroportuaire (PFA) de Tombouctou après une dizaine de jours de raid depuis Dakar. Les consignes ont été données aux éléments montants sur les missions à remplir, la situation ennemie dans le secteur et les différents postes relevant de la protection de la PFA. Au fur et à mesure de la journée, les éléments du GTIA 1 ont été relevés sur leur position sans aucune rupture dans l’exécution des missions. Dans l’après-midi, suite à une présentation des positions clés de la ville, le capitaine commandant l’Escadron d’Aide à l’Engagement (EAE) du 1

er RIMa a été présenté aux autorités civiles et militaires de

Tombouctou.

Depuis la libération de la ville le 28 janvier, le GTIA 1 a mené quotidiennement des actions de dépollution et de contrôle de zone conjointement avec les forces maliennes. Ceci a ainsi permis de sécuriser ce qui représentait un des fiefs des djihadistes au Mali. Les premières patrouilles du 1

er RIMa ont débuté le jour même. Ces derniers ont été accueillis

chaleureusement par la population qui exprime aujourd’hui sa pleine confiance tant aux français qu’aux forces de sécurité malienne.

Le GTIA 1, composé majoritairement des Force « Licorne » et « Epervier » est le premier à avoir été engagé dans l’opération « Serval ».

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► L'arsenal de guerre des djihadistes…

Rappel : les engins explosifs improvisés (EEI) ou engins explosifs de circonstance (EEC) (en anglais, Improvised Explosive Device : IED) sont principalement employés lors de conflits asymétriques par les forces terroristes ou de guérilla.

Ex : Afghanistan

Des obus, des produits chimiques ou encore des engins explosifs. Voilà un aperçu de l'arsenal de guerre que les combattants islamistes s'étaient constitués au Mali. Les clichés pris dans les villes de Konna, au centre du pays, et à Gao, au nord, donnent un aperçu des actions que préparaient les narco-djihadistes.

Un hangar de l'aérodrome de Gao, repris par l'armée française, s'était ainsi transformé en atelier de fabrication d'explosifs, comme le montre cette photo. Des produits chimiques ou encore une seringue, qui cachait un détonateur artisanal (en haut à droite de l'image), ont notamment été retrouvés.

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Au total, plus de deux tonnes de matériel ont été découverts dans la ville de Gao. Des tonneaux de charges explosives (sur la photo suivante, quatre charges de 75 kg) et des obus de 122 mm, assemblés ensemble pour former une charge plus puissante, ont par exemple été saisis cette semaine.

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A Bandiakara, à 20 km au nord de Gao, les combattants avaient à disposition un stock d'EEI, des engins explosifs improvisés, comparables à ceux des insurgés en Irak et en Afghanistan. Selon nos sources, des Pakistanais auraient formé des djihadistes du Mujao à la fabrication de ces engins. Ci-dessous, des extincteurs anti-incendie piégés :

Les djihadistes possédaient en outre de grandes quantités de munitions pour leurs actions offensives…

… et des dispositifs plus sophistiqués, relevant davantage d'une logique de guerre asymétrique. La première photo montre ainsi un gilet explosif destiné à une attaque-suicide, découvert à l'aéroport de Gao fin janvier. L'autre gilet de combat, sur la seconde photo, est, quant à lui, piégé par un système antidéplacement. Il explose dès qu'on le soulève.

Rappel : l'engin explose par la manipulation, le contact ou la proximité d'un individu ou d'un véhicule. Un mécanisme

caché fait exploser la charge ; plusieurs forces peuvent intervenir dans ce mécanisme de mise à feu, par exemple : tirer, pousser, relâcher la pression, tendre. Certains engins piégés font aussi intervenir les forces électromagnétiques dans leur déclenchement (exemple : l'engin explose lorsqu'un objet métallique se trouve à proximité). L'engin explose après une durée déterminée fixée par une horloge mécanique ou électronique, voire une réaction chimique. L'engin explose sous l'action d'un opérateur, celui-ci pouvant se trouver soit en contact direct avec l'engin (exemple : ceinture explosive), soit à distance. Dans le second cas l'engin est télécommandé le plus souvent par fil, radio (exemple : téléphone mobile), ou infrarouge.

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► Les travaux d'Hercules du génie au Mali…

Après le 17

ème RGP sur Tombouctou, voici le 6

ème RG au travail dans la région de Gao. Plus

d'une centaine d'obus ont été pétardés par les sapeurs, le 5 février. Ceci, alors que les premières mines ont fait leurs premiers dégâts, et le MUJAO a revendiqué les morts et blessés occasionnés par ces mines, dans les rangs maliens. Plus que jamais, cette nouvelle guerre asymétrique rappelle l'adage évoqué sur ce blog fin janvier : « Pas un pas sans appui, et en tout cas, surtout pas sans génie ».

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Nedex : l'Echelon central NEDEX (neutralisation, enlèvement, destruction des explosifs)/EOD (explosive

ordnance disposal) est une unité militaire chargée de la protection des installations militaires en Ile de France et de la formation de tous les spécialistes des armées chargés du désamorçage et de l'élimination de tous les engins explosifs, industriels ou artisanaux, à charges conventionnelles ou spéciales (radiologique, biologique, chimique) pouvant présenter un danger pour les forces militaires, sur le territoire national ou en opérations extérieurs.

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L'ECN a été dissous en 2011 avec la création le 1er

septembre 2011 du CIAM (Centre Inter Armées Munex) à Angers. Suite à cette dissolution, seul le groupe d'intervention NEDEX Île de France est resté actif à

Villacoubay.

L'échelon central NEDEX-EOD est le centre de formation des spécialistes du MINDEF et délivre 3 qualifications principales (brevets) au standard OTAN/EOD (Explosive Ordnance Disposal) :

intervention sur munitions et engins conventionnels (IMEC) au standard OTAN « conventional munition disposal » (CMD) ;

intervention sur engins explosifs improvisés (IEEI) au standard OTAN « improvised explosive device disposal » (IEDD) ;

intervention sur munitions spéciales (IMS) au standard OTAN « biological and chemical munition disposal » (BCMD).

Création du GRIN (Groupement Régional d'Intervention NEDEX) en 1997

Le détachement «air» (DA 277) de Varennes livre un dixième véhicule NEDEX

Le 13 décembre 2012, le groupe des ateliers techniques du détachement « air » 277 de Varennes-sur-Allier a livré un dixième véhicule d’intervention dans le domaine de la neutralisation, l’enlèvement et la destruction des engins explosifs (NEDEX). Ce camion, de type Renault Master, a été remis à l’échelon central NEDEX de l’armée de l’Air, situé sur la base aérienne 107 de Villacoublay.

La livraison de ce véhicule clôt une commande passée par le commandement du soutien des forces aériennes (CSFA) au groupe des ateliers techniques de Varennes. L’objectif était d’assurer la commodité des déplacements et de faciliter les interventions des équipes sur les engins explosifs. Au total, dix véhicules ont été confectionnés : six véhicules ont été livrés en 2005, quatre en 2012. D’importants aménagements ont été réalisés pour adapter ces camions de la gamme civile. Après une étude effectuée sur un logiciel spécialisé, une maquette en bois a été construite pour concrétiser les volumes et peaufiner l’aménagement intérieur. Plusieurs étapes de fabrication ont été nécessaires, associant divers corps de métiers: pose de circuits électriques, isolation thermique (bourrellerie), confection et assemblage d’un plancher et de meubles (chaudronnerie et menuiserie). En outre, les techniciens de Varennes ont équipé les véhicules d’un auvent pouvant abriter les équipes d’intervention et d’une rampe d’accès escamotable pour embarquer le robot de déminage. De la conception à la réalisation, ce travail concrétise une concertation étroite entre les équipes d’intervention NEDEX et les spécialistes du détachement « air » de Varennes-sur-Allier.

Démineur : détruire des engins explosifs, conçus pour donner la mort, ne sera jamais une opération anodine même pour les spécialistes. La modestie de ceux qui, aujourd'hui encore côtoient le danger, n'est plus à démontrer. La rigueur, le calme, la patience et la maîtrise de soi, dont les démineurs font preuve, constituent leur meilleure protection. Les techniques peuvent évoluer, l'homme reste le moyen le plus efficace pour rendre inopérantes des armes de destruction parfois si sophistiquées que l'on pourrait hâtivement les qualifier de diaboliques. Les artificiers-démineurs continueront longtemps encore d'exercer ce merveilleux et dangereux métier avec la discrétion, la sérénité et la même fierté dont étaient

emprunts leurs anciens.

Pour info : Irak - une étude française montre qu'en Irak, de mars 2003 à novembre 2006, sur 3 070 morts de la coalition

militaire en Irak, 1 257 ont été causés par des IED, soit 41 %. C’est-à-dire plus que dans les combats « classiques » (1 027 tués, soit 34 %). Partant de ce constat, des véhicules spécialement étudiés pour résister aux IED ont commencé à équiper les forces armées dans plusieurs pays. Ces véhicules MRAP (Mine Resistant Ambush Protected)ont un châssis inférieur en V qui permet d'évacuer l'onde de choc produite par l'explosion et de protéger l'équipage. En 2006, on comptait 24 302 bombes artisanales contre 8 999 en 2008

.

Afghanistan - en 2008, 3 276 bombes artisanales ont été découvertes, que ce soit avant ou non leur explosion, soit une hausse de 45 % par rapport à 2007. Le nombre des militaires étrangers engagés dans la guerre d'Afghanistan tués par ces engins passant de 75 à 161. Il est estimé que 722 soldats ont été blessés par des IED. En 2009, ces engins ont tué 1 054 civils afghans et 275 des 520 soldats de la coalition ayant trouvé la mort en Afghanistan. Il est estimé qu’environ 5 % des militaires étrangers déployés en Afghanistan entre 2009 et 2011 ont été exposés à la déflagration d’un IED.

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Mali MRAP

► La Belgique retire ses C-130 mais maintient ses hélicoptères…

Après des semaines de tergiversations, les principaux ministres du gouvernement Di Rupo ont décidé lundi d'engager la Belgique au sein de la mission européenne de conseil et de formation de l'armée malienne (EUTM Mali) en maintenant deux hélicoptères médicalisés déjà présents et en se disant prêts à fournir une contribution « proportionnelle » à celle d'autres partenaires européens à la protection des formateurs.

Dans un premier temps, « nous allons d'abord poursuivre notre participation à l'opération Serval » - lancée le 11 janvier par la France pour repousser les groupes islamistes armés qui occup(ai)ent le nord du Mali - avec deux avions de transport C-130 « Hercules » et deux hélicoptères Agusta A109 d'évacuation médicale, a expliqué le ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders, à l'issue d'un conseil ministériel restreint à Bruxelles. « Dans la foulée, ce que l'on fera c'est maintenir les hélicoptères à disposition de l'opération européenne », a-t-il ajouté. Ces appareils sont, selon une source diplomatique européenne, « cruciaux » pour garantir le soutien médical à l'EUTM, qui doit être formellement lancée lundi par les ministres des Affaires étrangères des Vingt-Sept, lors d'une réunion à Bruxelles. Déployés au Mali depuis fin janvier, ils sont basés sur l'aéroport de Sevaré, situé près de la ville de Mopti, à quelque 600 km au nord-est de Bamako, et sont mis en oeuvre par une quarantaine de militaires.

Retour des C-130

Les C-130 mettront pour leur part fin à leur mission « à la fin du mois de février », ont précisé les services du Premier ministre Elio Di Rupo (PS) dans un communiqué, faisant état d'une « première évaluation positive de la participation belge à l'opération Serval ». Mais la Belgique est aussi prête à fournir une contribution « proportionnelle » à celle d'autres partenaires européens à la protection des formateurs de l'EUTM, selon Dider Reynders (MR) et son collègue de la Défense, Pieter De Crem (CD&V). « Etant donné l'important effort déjà consenti par la Belgique, le Conseil des ministres restreint pourrait accepter une participation de complément, à condition qu'elle soit proportionnée au regard des efforts fournis par d'autres partenaires européens », souligne le communiqué d'Elio Di Rupo.

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Le groupe de suivi inter-cabinets institué pour veiller au respect des modalités d'engagement opérationnel et financiers pour l'opération « Serval » poursuivra hebdomadairement ses activités pour assurer également le suivi d'EUTM Mali. « Enfin, dans le cadre des débats européens sur les objectifs de l'opération EUTM, il est essentiel que les droits de l'Homme soient partie intégrante des opérations de formation », souligne le communiqué gouvernemental, dans une allusion aux accusations de tortures et d'exactions qui se multiplient à l'encontre de l'armée malienne. Les coûts de cette participation à l'EUTM seront imputés aux budgets des opérations 2013 et 2014 de la Défense.

Pieter De Crem a cité la date du 15 mars « au plus tard » pour la fin de l'opération « Serval ». La Belgique a été le premier pays européen à s'engager au Mali aux côtés de la France, a-t-il rappelé. Selon le communiqué gouvernemental, il s'agissait de « combattre les mouvements radicaux étant donné le risque terroriste qu'ils présentent, y compris pour notre pays ».

1 des 2 A-109 belges engagés dans les évacuations de blessés.

► Les équipes médicales françaises en action…

Les brancardiers extraient le blessé du Puma Resco de l'armée de l'Air

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Les personnels français poursuivent les soins commencés par l'équipe MEDEVAC. Noter le gilet pare-balles de dernière génération porté par le personnel féminin, qui faisait peut-être partie de l'équipe embarquée à bord du Puma.

Les personnels médicaux le disent eux-mêmes, l'Afghanistan a donné un coup de fouet à leur matériel et à leur pratique. Les conflits suivants en bénéficient.

► Les islamistes partis, le secret des manuscrits reste bien gardé…

Malgré le départ des islamistes armés de leur ville, les grandes familles de Tombouctou, gardiennes depuis des siècles de milliers de manuscrits anciens, hésitent encore à lever le secret qui leur a permis de sauvegarder ces écrits de la rage destructrice des fondamentalistes. Avant leur fuite fin janvier, les islamistes ont saccagé une partie de la grande bibliothèque publique « Ahmed Baba », y brûlant quelque 3.000 manuscrits anciens, comme ils avaient détruit en avril des mausolées.

Lundi, l’Unesco a annoncé un plan d’action de 10 millions de dollars (7,5 millions d’euro) pour réhabiliter le patrimoine culturel du nord du Mali et sauvegarder les manuscrits de Tombouctou, témoins de l’essor intellectuel et spirituel aux XVe et XVIe siècles de cette cité classée au Patrimoine mondial. Contrairement au Centre « Ahmed Baba », la trentaine de bibliothèques privées de la ville a été épargnée. Surtout, leurs propriétaires avaient depuis plusieurs mois dispersé leurs collections pour les mettre à l’abri, renouant avec une tradition ancestrale du secret.

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Dès l’entrée des islamistes dans Tombouctou en avril, Ismaël Diadié Haïdara al-Quti, descendant de la familiale impériale des Askia du Mali et d’Ali al-Quti, un Wisigoth islamisé de Tolède (Espagne), a fui avec les siens emportant avec lui « une dizaine de manuscrits ». « On les avait cachés dans du linge et on a embarqué sur une pinasse (pirogue) pour descendre par le fleuve vers le sud », témoigne son épouse, Hawa Touré, administratrice du « Fonds Mahmud Kati (al-Quti) », principale bibliothèque privée de Tombouctou, avec près de 13 000 manuscrits répertoriés. « Après, on a cherché des gens qui pouvaient nous aider, des gens du commun, pas surveillés. Ils ont acheté des malles, des clés. Certains ont fui et ont embarqué les malles sur des pirogues, d’autres les ont enterrées dans le sable ». Aujourd’hui, assure Hawa, son mari, en Espagne depuis plusieurs mois, est le seul à savoir « qui a caché les manuscrits et comment les retrouver ».

Le temps du secret

« Notre bibliothèque a déjà souffert de quatre dispersions en cinq siècles, depuis la fuite de mon ancêtre de Tolède en 1467 jusqu’à la dernière dispersion au XIXe pour protéger les manuscrits des fondamentalistes du royaume peul du Massina », rappelle Ismaël Diadié Haïdara al-Quti, joint au téléphone par l’AFP. « Malheureusement en 2012, nous nous sommes trouvés encore dans l’obligation de la disperser. C’est comme d’avoir monté une pierre et de la voir rouler en bas de la montagne », dit-il.

A 55 ans, Ismaël, historien, poète et philosophe renommé, a passé près d’un tiers de sa vie à rechercher ces trésors dispersés pour pouvoir les réunir dans une bibliothèque ouverte en 2003, grâce à l’aide de la Coopération espagnole. « Nos manuscrits sont en majorité des corans, mais aussi des textes juridiques ou scientifiques sur les mathématiques, l’astronomie, la médecine… La particularité de ces écrits, en arabe, en peul, en anglais ou en français, tient à leurs annotations marginales », explique-t-il. Certaines de ces annotations peuvent même être dissimulées sous la couverture des ouvrages. « Ce sont les secrets de famille, des jugements, mais aussi parfois des indications qui permettent au « gardien du secret » de retrouver des manuscrits cachés », explique Hawa. « Aujourd’hui, personne ne te dira où il a caché les manuscrits », assure d’une voix douce cette femme de 45 ans, réfugiée avec ses enfants dans un quartier populaire de Bamako. « Si les familles avaient accepté, comme le demandaient le ministère et les bailleurs de fonds, de mettre les manuscrits à disposition du Centre Ahmed Baba, ils seraient tous perdus ». « Nous sommes revenus au temps du secret », confirme son mari. « Quand j’ai décidé de mettre au jour cette bibliothèque, une partie de la famille a dit « non, c’est dangereux ». Moi, en tant qu’historien, je pensais qu’il fallait les montrer. Hélas, je me demande si ma famille n’avait pas raison ».

Sceptique sur le plan d’action international annoncé lundi, il juge que « l’Unesco doit repenser sa politique du patrimoine ». « Ce n’est pas seulement d’argent dont il est besoin. Il faut que l’Unesco implique directement les bibliothécaires, définisse un cadre juridique, administratif et sécuritaire. S’ils ne font pas ça, ils vont encore échouer », prévient-il. En attendant, Ismaël gardera son secret : « Cela fait cinq siècles que notre bibliothèque passe par ces vertiges, nous ne sommes pas pressés ».

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► Le Français, nouvelle cible préférée des preneurs d’otages dans le monde…

Avec quinze otages en Afrique, la France est passée devant les Etats-Unis en nombre de ressortissants enlevés et se retrouve en première ligne dans l’exposition au risque de rapts par des islamistes radicaux, une vulnérabilité accrue par son cavalier seul militaire au Mali.

Avec l’enlèvement d’une famille de sept personnes, dont quatre enfants, dans le nord du Cameroun, c’est un casse-tête de plus pour les autorités françaises, déjà à la peine pour libérer les otages français dans la bande sahélo-saharienne, notamment les six détenus par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Longtemps, les Américains, champions de l’impérialisme et de l’interventionnisme aux yeux des groupes radicaux, ont été la cible préférée des preneurs d’otages, notamment au Proche-Orient, en Afghanistan et au Pakistan. Mais avec neuf otages, contre quinze pour la France, les Etats-Unis cèdent le triste titre de pays occidental le plus visé par les rapts dans le monde.

L’attrait exercé par l’« otage » français ne date pas du début de la guerre au Mali. Mais les appels lancés par des groupes jihadistes à frapper la France « en son coeur » faisaient craindre une recrudescence des enlèvements au Sahel, où le kidnapping est devenu un business à grande échelle, permettant à des groupes criminels ou jihadistes d’exercer des pressions mais également de se financer. Enlevée dans l’extrême nord du Cameroun, la famille française a été emmenée au Nigeria, selon Yaoundé. Ce pays abrite la secte islamiste Boko Haram et le mouvement radical Ansaru. L’exécutif français, le président François Hollande en tête, a évoqué dès mardi la possible implication de Boko Haram.

Fin janvier, le Consulat général de France au Nigeria avait affirmé avoir reçu des menaces directes par « des groupes terroristes nigérians » en représailles de la guerre française au Mali lancée le 11 janvier. Mais les autorités françaises n’avaient pas précisé de quel groupe émanait la menace. Quelques semaines plus tôt, des islamistes d’Ansaru avaient kidnappé un Français dans le nord du Nigeria, justifiant ce rapt par le rôle de la France dans la préparation de l’intervention militaire au Mali. Dans sa revendication, le groupe Ansaru invoque « des transgressions et des atrocités commises envers la religion d’Allah (…) par les pays européens dans plusieurs endroits dont l’Afghanistan et le Mali ».

Gérer deux fronts et 15 otages à la fois ?

Pour retrouver ses otages, la France s’appuie sur son service d’espionnage à l’étranger (la DGSE) et sur l’armée française. Le déploiement en début de semaine de forces spéciales françaises dans le massif des Ifoghas, dans le nord du Mali, vise justement à retrouver les éventuels otages qui s’y trouveraient tout en neutralisant les groupes islamistes armés.

Mais alors que la France est encore présente en Afghanistan et qu’elle a mobilisé 4 000 soldats au Mali, la question de ses capacités se pose : la France peut-elle être sur deux théâtres d’opérations et récupérer dans le même temps 15 otages ? Cité mercredi par le New York Times, le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian regrette le faible équipement des armées dans certains domaines. « La France n’a que deux drones ». « Un pays avec des compétences aéronautiques, qui fait de bons avions et n’a pas anticipé à quoi ressembleraient la surveillance et le renseignement demain ! », s’insurge-t-il, en dénonçant une situation « incompréhensible ». De nouveaux investissements « me semblent inévitable, comme dans le renseignement et les forces spéciales », ajoute le ministre.

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► Sanogo dans le collimateur de la CPI…

Alors qu'elle enquête sur des crimes commis par les jihadistes dans le Nord-Mali, la Cour pénale internationale pourrait aussi s'intéresser aux événement survenus pendant et après le putsch du 22 mars 2012.

Un accord de coopération entre les autorités maliennes et la Cour pénale internationale (CPI) ayant été signé le 13 février, plusieurs enquêtes ont aussitôt été diligentées dans le nord du Mali (crimes d'Aguelhok, destruction des mausolées de Tombouctou, etc.). Mais la Cour se réserve parallèlement le droit d'entreprendre des investigations sur certains événements survenus pendant et après le putsch du 22 mars 2012, notamment les combats meurtriers (le 30 avril) entre Bérets verts du capitaine Sanogo et Bérets rouges, ainsi que les arrestations arbitraires et les tortures qui se sont ensuivies. Lors du dernier sommet de l'Union africaine à Addis-Abeba, le président Dioncounda Traoré a discrètement rencontré la procureure Fatou Bensouda. « Nous répondrons favorablement à toutes les demandes de mandat d'arrêt que la CPI pourrait nous transmettre », commente l'un de ses conseillers.

Rappel : Le 29 juillet 2012, trois mois après l'entrée triomphale des milices islamistes inféodées à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) dans les trois grandes régions du Nord-Mali, la charia a fait ses premières victimes. Un couple, qui avait eu deux enfants hors mariage, a été lapidé à mort à Aguelhok. Un cadi (juge religieux), au cursus des plus sommaires, a prononcé la sentence à l'issue d'une « enquête » menée par la police islamique de la ville de Kidal, occupée par Ansar Eddine (une milice touarègue dirigée par Iyad Ag Ghali). Pour marquer les esprits, les moudjahidine ont contraint la population à assister à cet acte de barbarie.

Bourgade de 3 000 âmes située à 150 km de Kidal, Aguelhok avait déjà subi un premier traumatisme, en janvier, lorsque, après un siège de plusieurs jours, une centaine de soldats de l’armée malienne avaient été froidement égorgés ou décapités par les combattants d’Ansar Eddine. La ville est devenue un lieu maudit, vidé de sa population, laquelle s'est massivement réfugiée en Algérie, distante de 300 km. Son nom est désormais associé à l'application d'une charia inhumaine, implacable qui est aussi à géométrie variable. Pour un « crime » similaire, le cadi de Tombouctou s'est montré plus « clément », ordonnant qu'on administre quarante coups de fouet à un couple « ayant vécu dans le péché » avant de le marier et de lui offrir 100 000 F CFA (150 euros). À Aguelhok, les « pervers » ont perdu la vie, laissant derrière eux deux orphelins dans le seul but de complaire à Dieu... Interdiction de jouer au football, destruction des stocks de tabac et d'alcool, coups de fouet aux amateurs de cigarettes, brimades contre les femmes « insuffisamment voilées »... Jusque-là, la charia d'Ansar Eddine ne tuait pas. Omar Ould Hamaha, le chef militaire du mouvement à Gao, avait reconnu que la société malienne n'était « pas encore prête pour son application rigoureuse », qu'il s'agisse « de l'amputation des mains des voleurs ou de la lapidation pour adultère ». Comme si l'on pouvait se préparer à une telle cruauté. L'Algérien Abdelmalek Droukdel, alias Abou Moussab Abdelwadoud, émir d'Aqmi, avait même recommandé à ses ouailles maliennes une mise en oeuvre progressive de la charia afin de ne pas heurter les pratiques locales. Mais si son lieutenant au Sahel, Mokhtar Belmokhtar, alias Laouar (« le Borgne »), désormais installé à Gao, se montre lui aussi réservé, c'est pour des raisons beaucoup plus mercantiles. En apprenant l'exécution d'Aguelhok, il a, dit-on, pesté contre Ansar Eddine et maugréé : « Cette affaire n'est pas bonne pour le business ».

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Le capitaine Sanogo, en avril 2012

► La charia… Arrivée au pouvoir des islamistes en Tunisie, au Maroc et en Égypte ; présence djihadiste dans le nord du Mali ; la secte Boko Haram au Nigeria... La loi islamique est devenue un slogan pour les uns, une crainte pour les autres.

« Une Constitution ? Pour quoi faire ? » se demandait en 1966 le roi Fayçal d'Arabie saoudite. Pour le souverain saoudien, « le Coran est la Constitution la plus vieille et la plus efficace du monde ». Un demi-siècle a passé depuis cette assertion. Et aujourd'hui, en bouleversant l'ordre établi, les révolutions arabes ont rouvert la brèche de la controverse théologico-politique. L'arrivée d'islamistes au pouvoir en Tunisie et en Égypte, l'inquiétude sur l'avenir de la Libye, le chaos sécuritaire dans le Nord-Mali, la résurgence du débat identitaire en Europe, notamment en France, l'activisme saoudien et qatari en Syrie et ailleurs, tous ces événements épars, complexes et anxiogènes nourrissent une peur qui, semble-t-il, s'est trouvé un épouvantail : la charia. Dans l'imaginaire occidental, ce terme est synonyme de mains coupées, de lapidation et des sinistres talibans afghans, geôliers de femmes et profanateurs de bouddhas géants. L'« hiver islamiste » sonnerait donc le glas des espoirs soulevés par le Printemps arabe.

Pour ne rien arranger, la charia est un concept aux contours parfois flottants. L'étymologie indique plutôt qu'elle est la voie tracée par Dieu. Dans la pratique, elle regroupe des actes obligatoires (wâjib), recommandés (mandûb), permis (mubâh), blâmables (makrûh) et interdits (harâm). Contrairement à une idée reçue, elle n'est pas un corps de règle relativement manichéen. On aurait tort, en tout cas, de la définir comme étant la loi coranique. Si le Coran a la réputation d'être un texte contraignant, c'est bien plus un effet d'optique. Première source de la charia, le Coran est paradoxalement le moins disert sur le sujet. Le terme même n'y apparaît que deux fois. Pourtant, la doctrine permet d'établir que, parmi ses quelque 6 300 versets, le livre sacré en comprend au plus 500 normatifs d'après Mohammed al-Ghazali, penseur musulman perse (XIe-XIIe siècle), seulement 200 selon d'autres sources, une dizaine tout au plus pour d'autres. Pourtant, l'idée que la charia doit régir tous les aspects de la vie n'est pas contestée.

Commandement

Si le Coran n'est pas un vade-mecum de la loi islamique, il revient aux jurisconsultes (fuqahâ'), de l'interpréter. Exemple avec le verset 3 de la sourate V : « Aujourd'hui j'ai parachevé pour vous votre religion ». Dans le « Dictionnaire du Coran » (sous la direction de Mohammad Ali Amir-

Moezzi, Robert Laffont, 2008), le chercheur Éric Chaumont explique que chaque acte humain peut être qualifié par la charia. Et quand le commandement n'est pas explicite, il appartient au légiste par un effort (ijtihâd) d'interpréter la question en se référant au texte révélé, mais pas seulement. Le savoir juridique (fiqh) se développe donc au bénéfice du silence ou de l'obscurité du texte.

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C'est dans cet exercice qu'il faut rechercher l'émergence d'une magistrature des légistes, dont la forme la plus aboutie est la « Velayet e-faqih », en vigueur dans l'Iran chiite depuis la révolution de 1979.

Au deuxième rang des sources de compréhension de la charia, on trouve la Sunna du prophète Mohammed : à la fois ses dires (al-aqwâl), ses actes (al-af'âl), ses approbations (al-iqrâr), recueillis par des compilateurs. L'exemple du Prophète est source du fiqh, en référence à un verset : « Qui obéit au Prophète obéit certainement à Dieu » (IV, 80). Parmi les recueils de hadîth, deux ont acquis dans l'islam sunnite une valeur canonique, ceux des imams Boukhâri et Muslim. Un grand nombre d'entre eux sont à la fois reconnus comme étant authentiques et servant de base à ce que l'imam Shâfi'i définit comme la science des fondements de la compréhension de la charia, 'ilm usûl al-fiqh.

Raisonnement

Enfin, la charia se comprend et s'enrichit des deux autres sources du fiqh (savoir juridique) que sont al-ijmâ', l'unanimité de la communauté, en réalité celle des légistes, et al-qiyâs, c'est-à-dire le raisonnement par analogie. Toutes ces sources du droit musulman marquent la prééminence des légistes-interprètes, seuls autorisés, en vertu d'un savoir élitiste, à pratiquer l'ijtihâd (effort). Le profil du mujtahid (celui qui prononce une interprétation personnelle sur un point de droit dans

l'islam. L'ijtihâd est le jugement résultant de la réflexion du mujtahid), repose sur la maîtrise de la langue arabe,

l'apprentissage du Coran et des recueils de hadîth et l'usage du raisonnement juridique. Dès les premiers siècles de l'islam, il s'agit donc d'un savoir spécialisé, inaccessible à la majorité des croyants, qui sont d'ailleurs souvent ballottés par des interprétations contradictoires. La pluralité des sources et des solutions élaborées par les juristes a conduit à la formation d'écoles juridiques (madhâhib), dont quatre ont subsisté dans l'islam sunnite. Selon la chronologie de l'imam qui leur a donné leur nom, ce sont le hanafisme (Turquie, Asie centrale, Pakistan, Inde), le malékisme (Afrique du Nord et Afrique de l'Ouest), le shafiisme (Égypte, Golfe, Asie du Sud-Est, océan Indien) et le hanbalisme (Arabie saoudite, Qatar).

C'est donc toute cette tradition à la fois innovante et relativement préservée que l'on réduit par l'appellation « charia ». Jusqu'au XIXe siècle, c'est-à-dire avant le choc impérial personnifié notamment par l'expédition de Bonaparte en Égypte, le droit musulman vivait en vase clos. Or la confrontation avec la modernité occidentale a fait naître deux réflexes contradictoires. Pour les réformateurs de la Nahda (véritable renaissance arabe moderne, à la fois politique, culturelle et religieuse) - comme Jamal al-Din al-Afghani, Muhammad Abduh et Abd al-Rahman al-Kawakibi -, il fallait renouer avec l'effort d'interprétation, l'ijtihâd. Pour les rigoristes au contraire, au rang desquels les adeptes de Mohammed Ibn Abdelwahhab, le père de la doctrine wahhabite, il fallait retrouver la pureté des origines, celle de la génération des compagnons du Prophète, et réintroduire par exemple des châtiments extrêmes qui ne figurent nulle part dans le Coran (lapidation, amputation, etc.). Ce débat n'est pas définitivement clos, même si la réalité historique a donné une inclination décisive en faveur de la première option.