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( A I Q U E S 3,80 (A)typiques n°5 / octobre-novembre 2010 — www.atypiques-mag.fr ÉOLIENNES Vent de discorde MUSIQUE Cinq troubadours au sang show SPORT Les handicapés se jettent à l’eau FRINGUES Échanges sous le manteau ET AUSSI… DESSOUS DE TABLES Créatifs, bio, locaux, conviviaux, fermiers... 12 PAGES DE RESTAURANTS DÉTONNANTS IDéES VE R TES POUR CHANGER DèRE EN LANGUEDOC -ROUSSILL ON Magazine local

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I QUES 3,80 €

(A)typiques n°5 / octobre-novembre 2010 — www.atypiques-mag.fr

ÉOLIENNES Vent de discorde

MUSIQUE Cinq troubadours

au sang showSPORT

Les handicapés se jettent à l’eau

FRINGUESÉchanges sous

le manteau

et aussi…

DESSOUS DE TABLES

Créatifs, bio, locaux, conviviaux, fermiers...12 pages De ResTaURaNTs DÉTONNaNTs

Idées vertes pour changer d’ère en languedoc-roussIllon

Magazine local

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(A)typiques n° 5 / octobre-novembre 2010

ALORS, çA bOuge ? P. 4Les initiatives en région

VOuS êteS (A)typiqueS P. 8Vos réactions

teSté pOuR VOuS P. 9Échanges de fringues sous le manteau

RencOntRe P. 10-11Mauresca Fracas Dub : cinq troubadours au sang show

+ de LienS P. 12-15Sports nautiques : Les handicapés se jettent à l’eau

Le guide d’ici P. 17Restaurants : Dessous de tablesP. 17 Les pieds dans le plat…P. 18-19 Rapide, sain et bon : l’impossible équation ?P. 20-21 Cuisine solidaireP. 22-24 Bio et local : Gastronomie militanteP. 25 Auberges à la fermeP. 26 Restos multifonctions (M)eating potes

LA queStiOn qui tue P. 28-35Éoliennes : pourquoi tournent-elles au vinaigre ?

S’impLiqueR P. 36Agir, oui, mais comment ?

AgendA P. 37Les rendez-vousd’octobre-novembre

cARnet d’(A)typiqueS P. 38-41Toutes les coordonnéesdu numéro

AbOnnement P. 42et petiteS AnnOnceS

édito menu

Imprimé à 3 500 exemplaires, avec des encres végétales, sur papier PEFC, issu de forêts gérées durablement.Par Antoli-Mavit Sival, ZI La Bouriette, 375 rue Henri-Pitot, BP 1005, 11850 à Carcassonne Cedex 9.

Couverture : © Cédric Le RoyPub : l’insertion d’encarts publicitaires est soumise à une charte éthique disponible sur le site web. Nous visons à réduire la part d’espaces réservés à la publicité dans le magazine.La reproduction totale ou partielle des articles et illustrations parus dans (A)typiques, idées vertes pour changer d’ère en Languedoc-Roussillon est soumise à autorisation.Formule graphique : Xavier Catherinet.Prix au numéro : 3,80 €Abonnement annuel : 22 €, voir p. 42.ISSN-2104-9033N° CPPAP : 0612 G 90458Dépôt légal à parution.

Lecteur, en piste !

(A)typiques : ni baba ni bobo, 100 % indépendant, artisanal made in La Pointe-Courte, Languedoc-Roussillon.

(A)typiques est un magazine bimestriel édité par l’association Efferv’ & Sens :68, rue Louis-Roustan, La Pointe-Courte, 34200 Sète, 04 67 51 14 82, www.atypiques-mag.frConseil d’administration : Philippe Lugan, Sylvain Fabre, Laure Maton, Clémentine Bougrat, Claire Dewilde, Jean-Louis Estèves.Direction de la publication,rédaction en chef, maquette, distribution : Raquel Hadida, [email protected]étariat de rédaction, iconographie, communication, agenda, web :Leïla Pichoir, [email protected]édaction : Fabien Georges.Ils ont collaboré à ce 5e numéro : -Julien Revenu pour les illustrations.-Delphine De Lucia pour l’échange de fringues.-Merci à Imajam pour les photos.-Merci à Christophe Bertin pour les extraits de son livre, Les Expulsables.-Merci à Pascale Béréni/Re-act, au photographe Cédric Le Roy, et à la comédienne Céline Grolleau pour la mise en scène créative des nappes de restos.

Vous aimez l’aventure ? Suivez le feuilleton (A)typiques ! * Après un été difficile, pétri

d’obstacles administratifs et financiers, de doutes sur l’avenir du magazine et d’épuisement, nous revenons cet automne gonflé(e)s à bloc. Grâce à qui ? À vous, qui nous sautez dans les bras sur les stands pour nous dire : « c’est super, continuez ! ».Grâce à vous, on se dit que ça vaut le coup de donner de son énergie (et souvent ses soirées et ses week-ends) pour que l’aventure se

poursuive. Bref, de continuer à y croire ! Comment ?On y réfléchit comme on joue au Rubik’s cube, en retournant le modèle économique dans tous les sens. Et on a trouvé la solution : c’est vous ! En

devenant distributeurs du magazine, vous devenez à votre tour acteurs de l’aventure : il vous suffit de commander (A)typiques au prix préférentiel de 2,50 €

(à partir de 4 exemplaires), et de le faire découvrir à votre entourage (voir p. 42). Objectif : deux mille lecteurs supplémentaires.Une façon de permettre à votre magazine de passer le cap qui l’amènera à la stabilité économique. Explications : au mieux, un magazine met trois ans avant d’atteindre un budget équilibré. Les financements de départ (70 000 €), s’ils semblent importants, se révèlent peanuts pour le monde de la presse, même en modèle artisanal : chaque numéro coûte environ 15 000 € pour un chiffre d’affaires de l’ordre de 10 000 €, actuellement. Sans vous, impossible de ressortir un numéro « à l’identique », impossible de réaliser les recrutements nécessaires : un tel magazine requiert théoriquement l’activité de dix salariés – or, au-delà du conseil d’administration, impliqué dans les décisions stratégiques, nous travaillons à deux au quotidien, sans garantie de pérennisation.Il nous faut donc ajuster le « modèle économique ». Le chantier est vaste. À chaque numéro, de nouvelles pistes : cette fois-ci, un nouveau papier, un nouveau réseau de distribution (une centaine de kiosques autour de Montpellier et Lodève), et plein de nouveaux lecteurs qui vont se régaler… grâce à vous !

Bon appétit !

* Pour suivre le feuilleton (A)typiques, vous pouvez inscrire votre mail sur le site internet : www.atypiques-mag.fr

Lulu (le président ! ), Raquel (la rédac’ chef), et toute la petite équipe d’(A)typiques

Ce numéro est envoyé aux abonnés du Gard et de la Lozère avec une invitation pour le salon Bio-Alès, et aux abonnés de l’Hérault avec une invitation pour le salon Bio-Harmonies.

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C’est par là !NON, PAR ICI !

La bonne direction

Et si on testait ?

J’ai trouvé !

Allez, zou !

© Secret Side - Fotolia.com

-Sylvain Fabre

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alors, ça bouge ?

w Droits de l’homme autour de Thau Une nouvelle section de la Ligue des droits de l’homme et du citoyen (LDH) vient d’être créée pour les communes du nord du bassin de Thau (34). Elle vient renforcer les dix autres sections de la région dans le combat pour la justice, les libertés, les droits économiques et sociaux, contre le racisme et l’antisémitisme.

w Spiruliniers Basée à St-André de-Sangonis (34), la nouvelle Fédération des spiruliniers de France entend développer la filière de cette algue, ici et dans les pays du Sud. Cultivée en bassin puis séchée, cette plante se révèle particulièrement riche en protéines et peut se consommer en assaisonnement.

w Naturopathe Limoux (11) a enfin sa diététicienne-naturopathe : seule à plusieurs kilomètres à la ronde, Patricia Larcher s’est installée au printemps dernier.

w Cabane de la mer L’été dernier, pour l’organisation des Enfants de la mer, Argelès-sur-mer (66) a certes un peu forcé sur le « people » – Yann Arthus-Bertrand, Maud Fontenoy, etc. Mais sur la plage, il en reste pourtant deux initiatives intéressantes : l’ « école de la mer », destinée à sensibiliser les enfants à l’environnement, et la cabane d’accueil hexagonale, écoconstruite par l’équipe d’Horizon Vertical. Toit végétal, ossature bois, murs en paille (technique « Cellule Sous-Tension » de Tom Rijven) et enduits en argile puisée sur les berges du Tech, la rivière locale.

w L’anglais, enfantin ! On n’est pas là pour apprendre l’anglais…, mais pour le parler. La nouvelle asso’ English Speaking Kids Association (ESKA) de Lunel-Viel (34) promeut le partage et l’échange entre enfants anglophones, en organisant une fois par mois : pique-niques, lecture de contes, ou visites d’un lieu culturel…

Des projets plein la tête, et des luttes qui leur tiennent à coeur : les gens de la région

se coupent les cheveux en quatre pour positiver. Zoom

sur des actions d’ici et d’ailleurs, qui font trop peu souvent l’actualité.

[ Rubrique réalisée par Leïla Pichoir et Raquel Hadida ]

w Vaccination forcée (p. 4) Après deux ans de conflit avec des collectifs d’éleveurs, le ministère de l’Agriculture a décidé fin juillet de ne pas reconduire la vaccination obligatoire pour la maladie de la langue bleue (ou fièvre catarrhale ovine*) pour les vaches, moutons, chèvres… Officiellement, la vaccination a fait diminuer le nombre de foyers infectieux. Mais les collectifs FCO* dénoncent un gaspillage d’argent public (98 M € en 2010) au profit des seuls laboratoires, et aux dépends d’éleveurs encore poursuivis en justice pour avoir refusé de vacciner inutilement leurs troupeaux.

w Escap’ânes (p. 10) Une adresses supplémentaire pour randonner avec un âne : Sherp’ânes, sur le Causse du Larzac.

w Slow Food (p. 12) Bientôt, le Gard fourmillera à son tour d’initiatives et de visites Slow Food : le cuisinier biolocal Laurent Maire, basé près d’Uzès (voir (A)typiques N° 2) devient en effet vice-président du convivium de la région. D’autre part, les responsables de certains conviviums ont changé (voir p. 38).

w Bois exotique (p. 28) Lors de son débarquement en Europe, le bois illégal devrait désormais trouver porte close. Le Parlement européen a voté début juillet une loi qui oblige les importateurs à prouver l’origine de leur marchandise et à préciser l’identité du fournisseur, à partir de 2012. Néanmoins, ce sera aux États membres de fixer les pénalités, comme l’ordre de cessation d’activité et/ou une amende à hauteur du préjudice écologique. Débarqué notamment à Nantes et à Sète (34), le bois illégal représente 40 % des bois exotiques vendus. Il aura fallu plusieurs années de négociation avant cette prise de décision.

w Thon rouge (p. 30) Cette année, la saison de la pêche au thon a duré… trois semaines, dont deux de pluie, avant sa clôture le 9 juin par la Commission européenne. Autrement dit, après avoir été empêchés par des militants de Greenpeace à la sortie du port, les 17 thoniers-senneurs français ont pêché leur quota en une semaine. Une nouvelle preuve de la surcapacité de pêche chronique, nuisible au thon rouge et à la pêche artisanale, selon le WWF.

N°4 : LA SUITE !

Jardinage partagé (p.14)Au moins trois nouveaux jardins partagés s’égrainent dans la région : La Graine à Frontignan-la-Peyrade (en chantier), un jardin associatif à Pézénas (en constitution), et un jardin dans le quartier de la Mosson à Montpellier (inauguré mi-septembre). Sans compter l’asso Mèze Atout Coeur (en action depuis deux ans) que nous avions oubliée.… potager pirateAprès avoir passé l’entrée de l’université Paul Valéry, à Montpellier, monté les escaliers, il faut contourner la maison à gauche, et chercher sous un marronnier le panneau qui indique le potager pirate. Depuis le printemps 2010, des étudiants squattent cet espace et le transforment en potager avec toilettes sèches, épouvantails et fiesta. Son nom : La mauvaise graine.… et micro-fleurissement Avec un premier micro-jardin participatif, fin septembre, sur les trottoirs de la rue du Commerce à Figuerolles (Montpellier), la nouvelle association Sémilla lance des « fleurs de bitume » dans la ville. La biodiversité, à ses pieds.

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© Conseil général du G

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NOUVEAUX LIEUX

w À Pézenas (34), Pure Beauté, fait régner le luxe du naturel. Maquillage, crèmes, huiles essentielles, parfums bio… w À Leucate (66), les cultures quittent les champs pour rejoindre… Aux champs, petit commerce d’alimentation bio tenu par deux amis de la terre. w À Roquebrun (34), Raimond ouvre sa Cave Saint-Martin, cave à vins nature, bar aux tapas régionaux, épicerie artisanale.w À Fleury (11), on s’alimente bio, logique et local, dans la boutique Ferme & Tables ! w Et on se fournit parmi les meilleures références chez Côté Nature, le nouveau magasin bio de Florensac (34).w À Alès (30), pour les enfants, La Souris verte déniche fringues, couches, écharpe de portage, jeux et cosmétiques bio.w À Pézenas (34), le Jardin Saint-Nicolas, une nouvelle pâtisserie bio, nous délecte d’entremets, cakes, muffins, glaces, confitures, à base de fleurs, de fruits et d’aromates. En direct de chez l’horticultrice w À Saint-André-de-Sangonis (34), sur le cours de la Liberté, et à Clapiers (34), nouveaux marchés paysans tous les dimanches de 8 h 30 à 13 h. Sur un air convivial, les circuits courts montent leurs trétaux, décorent leurs étals et sortent leurs produits bio…w Dans le Gard (30), on peut désormais aller à pied des Cévennes à la mer. Quatre nouveaux réseaux de sentiers, de 100 à 300 km chacun, viennent d’être labellisés « Gard pleine nature » pour leur respect des espaces naturels. À pied, à cheval ou en VTT, des cartoguides permettent de se repérer le long du littoral camarguais, dans la vallée du Vidourle (entre Sauve et Quissac), celle de la Cèze (autour de Fumades-les-Bains), ou de l’Auzonnet (autour de Montalet).

Tous les contacts p. 38C’EST

LANCé !

w Le Tour des paysans Il faudra quelques milliers de tours

de roues à Julia, Ève (une de nos premières abonnées !), Rémi et Matthias, pour relier les rives de la Méditerranée à la rencontre des paysans, et de leurs initiatives pour faire face aux enjeux environnementaux, politiques et économiques. Espagne, Maghreb, Lybie, Égypte, Jordanie, Syrie, Liban, Turquie, puis Grèce, Balkans, Italie : ces quatre étudiants montpelliérains de 23 et 24 ans partent le 10 octobre et devraient boucler leur périple en août 2011. Malgré des étapes de 75 km par jour, ils ne garderont pas la tête dans le guidon : les cyclo-aventuriers se réservent deux jours par semaine et une semaine par mois pour échanger avec les acteurs locaux.

w Garder la ligne Pas question d’abandonner le TER Carcassonne-Quillan, dans l’Aude. L’asso pour le maintien et le développement de cette ligne ferroviaire (ALF) exerce désormais une pression politique avec des propositions concrètes de dessertes, d’horaires cohérents et de prolongement jusqu’à Perpignan. Aujourd’hui, la ligne fonctionne sur une voie unique (en « navette »). Les trains ne peuvent donc ni se suivre, ni se croiser, et les deux seuls allers-retours par jour doivent être complétés par des autocars. Pourtant, cette ligne se révèle utile et sécurisante pour les lycéens et les personnes travaillant à Carcassonne.

w Agroforesterie Installée en bio à Marseillan (34), Odile Sarrazin va mener des expérimentations pour associer arbres et plantes cultivées sur la même parcelle. Ombre ou soleil, protection contre les ravageurs : les échanges végétaux peuvent être très bénéfiques, et très productifs. Avec l’INRA, le Département de l’Hérault mène déjà de passionnantes expérimentations sur son domaine de Restinclières, à Prades-le-Lez (34).

Dans les Cévennes, Soudorgues (30) renoue avec les fournées collectives. En contrebas de

la boutique paysanne et artisanale Terre de Mauripe, employés municipaux et bénévoles ont construit un four à pain communal en matériaux

naturels : pierres, briques, bois de châtaignier, isolation en laine de mouton et ouate de cellulose.

En imaginant un volume intérieur en forme d’oeuf, son concepteur, David Thiesset, optimise

la cuisson du pain (bio) au feu de bois (du chêne vert), 60 kg par fournée. De quoi s’enivrer d’odeurs lors de

soirées festives autour de pizzas, rôtis, gâteaux, tartes…

Du pain sur la planche

w -GîtePrès des Gorges d’Héric et du Saut de Vésoles, à Prémian dans les Hauts-Cantons (34), Maïlys et Pierre-Franck Luye ont commencé à bâtir leurs deux gîtes écologiques, dont l’un accessible aux personnes à mobilité réduite. Un point de départ pour les randos et animations organisées par Pierre-Franck (Terra).

w -Quartier Frontignan (34) prépare un quartier de près de 500 logements autour d’une place conviviale, assorti d’une médiathèque et d’une gare TER. Architecture antivents et bioclimatique, eau chaude solaire, fossés en herbe pour stocker l’eau de pluie, murs végétalisés pour le silence ; ce projet a reçu le prix de la sobriété énergétique, notamment pour le confort d’été. Après la démolition, l’éco-quartier des Pielles devrait recevoir son premier coup de pelle pour la fin d’année.

w -Village Avec EDF, Saint-André-de-Sangonis (34) lance tout un programme pour se doter du label Éco-village. En effet, la mairie veut optimiser les dépenses énergétiques dans le patrimoine communal aussi bien que dans les logements neufs et existants.

w -Centre Dans les Pyrénées-Orientales (66), l’association ADOBES (Asso pour le développement de l’ossature bois et de l’écoconstruction solidaire) projette de réaliser un espace de cinq modules autour des matériaux et techniques écologiques du bâtiment et du paysage. Au programme : découverte, expérimentations et formation.

FUTURéCO-…

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w Vélo-taxi Hélez-le, sonnez-le, le vélo vous trimbale au grand air à Montpellier. Du moins dès que la municipalité aura donné son accord pour lui permettre d’accéder aux zones piétonnes. À un euro la course, cette version écolo-rigolo-fauché du taxi existe déjà dans dix autres villes françaises. Et se révèle idéale pour les personnes âgées, les enfants et le tourisme… Avec quatre vélos coqués, Cycloville devrait aussi gérer les livraisons express de colis en ville, en deux heures, pour 5 €. Les seconds de la région, après l’installation de Vélo de courses à Perpignan, l’année dernière.

w Étudiants sur tous les fronts À Perpignan (66), l’asso étudiante Énergie citoyenne a plus d’un tour dans son campus. Au-delà de l’Amap, elle veut pousser la restauration bio-locale et y créer une épicerie solidaire, ainsi qu’une Amacca, une asso pour le maintien des alternatives culturelles et de la création artistique (voir (A)typiques N°4, p. 36). Branchés sur le théâtre, les étudiants vont explorer

ce nouveau système culturel citoyen.

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alors, ça bouge ?

PROJETS EN

CHANTIER

w Management conciliantILO (International Language Organisation), la PME de Baillargues (34) spécialisée dans la traduction, se veut être un employeur avant-gardiste. En signant la Charte de la parentalité en entreprise, elle vise à préserver l’équilibre du rythme de vie des salariés. Déjà détentrice du label « Égalité » (entre hommes et femmes), du label « Diversité » (1ère PME française), investie dans le plan FACE contre les discriminations, la directrice Claire Hart a aussi décroché des certifications de qualité managériale comme ISO 9001 ou ISO 14001 pour sa démarche « environnement » (rénovation écologique des locaux, etc.). Seules ombres au tableau, comme le relève Montpellier Journal, des clients peu recommandables, surtout pour leurs visées internationales : Areva, Total, Eurocopter… Mais là encore, pas de discrimination…

w Cosmétique HQE Déjà implanté dans le Gard, le laboratoire Gravier (marques Lerutan, Cosmo naturel et Harmonie verte) se développe à Lussan (30), sur une zone d’activité rurale HQE*. Pour se conformer à la mention Nature & Progrès, il retire les tensio-actifs au soufre de ses cosmétiques bio. * Haute qualité environnementale.

w Récup’ d’énergie Au Parc Eurêka, à Montpellier, APF Entreprises 34, spécialisée dans la valorisation de déchets industriels, investit dans un bâtiment performant en énergie et mieux adapté à ses 45 travailleurs handicapés moteur, pour y construire les volets roulants solaires Rollec.

w Cé (re)moi ! 12 tonnes de chocolat ivoirien, de sucre et de poudre de lait trituré dans les marmites, 980 tablettes de choc’ à la minute, de quoi calmer les plus gourmands… En relocalisant son activité espagnole à Perpignan (66) suite à un incendie, Cémoi (211 salariés), l’unique chocolatier industriel indépendant de France, en a profité pour repenser en vert toute son usine. Des tours aéro-réfrigérantes pour la production d’eau glacée, 11 000 m2 de panneaux solaires, au total 15 % d’économies d’énergie pour un bâtiment compact et efficace.

w AMAP en création À Fa (11), la ferme biodynamique Sem la Graine vend tous les jours sur la plage, ses légumes fraîchement ramassés, en vue de constituer une AMAP (Association pour le maintien de l’agriculture paysanne), voir (A)typiques N°3, p. 20.

Agropolis Museum ferme

Le musée Agropolis de Montpellier a définitivement fermé le 19 juillet dernier, en deux semaines, sur décision de l’assemblée générale de l’association dédiée, qui juge la fréquentation insuffisante. Ce musée très interactif dédié aux dynamiques agricoles et alimentaires du monde innovait pourtant avec moult expositions attractives, des animations culinaires pour enfants, et adoptait un point de vue pertinent sur des enjeux transversaux. Situé au coeur du pôle de recherche en agronomie, éloigné du centre-ville, il souffrait sans doute d’un déficit de visibilité, ainsi que d’un manque d’entretien des locaux. Priés d’aller crécher au Pôle emploi manu militari, les onze salariés constestent la réalité économique du licenciement : pour eux, la Région, seul financeur depuis le retrait de l’État il y a cinq ans et membre de l’association, aurait du se donner les moyens d’une meilleure communication, en rallongeant le budget (de 750 000 € jusqu’ici). Outre la négociation des indemnités salariales, il incombe désormais au liquidateur, Maître Raymond, de trouver un musée capable d’accueillir les expositions permanentes d’Agropolis Museum. Ardu, quand aucun musée français n’adopte une telle approche… Seul un musée Flamand serait intéressé !Quant au devenir du lieu actuel, rien n’est décidé, mais des rumeurs circulent : banque de graines ou musée dédié à l’Histoire de Montpellier…

w Un Label rouge pour la belle bleue La soupe de poissons « Petite Pêche côtière » d’Azaïs-Polito, la dernière conserverie artisanale sétoise, peut désormais arborer le ruban rouge de la qualité. Une première pour un produit transformé issu de la mer Méditerranée.

w Biscottos À Saint-Martin- de-Londres (34), la biscotterie SLP en avait marre de vivre dans l’ombre. Sous-traitante depuis 37 ans pour des marques distributeurs, la Société Languedocienne de Panification (51 salariés) a pris son destin en main. Et en bio : elle commercialise désormais biscottes, pains grillés, toasts de la marque Épi’sens chez les distributeurs conventionnels, et réserve son autre marque, Brin d’épi, aux magasins bio. Les biscottes sont préparées soit à l’huile d’olive, soit à l’huile de palme Brochenin de Colombie, attestant que sa culture ne détruit pas les forêts tropicales.

w Maisons de producteurs 29 entreprises agro-alimentaires de la région s’unissent pour vendre les produits de l’un dans la boutique de l’autre. Ils créent ainsi un nouveau réseau, celui des « Maisons de producteurs » (fromageries, confiseries, mielleries, mas viticoles). À ne pas confondre avec le réseau des « Boutiques paysannes », créées pour regrouper les productions de plusieurs agriculteurs qui s’en occupent à tour de rôle.

w Elle fait carrière dans les loisirs Réhabilitée comme site d’agrément dédié aux sports (pêche, VTT, canoë) avec un plan d’eau, la carrière des garrigues à Saturargues (34) exploitée par Languedoc-Roussillon Matériaux (groupe Eurovia) a été récompensée à Paris par la filière « granulats », notamment pour la qualité de sa concertation avec les collectivités, les assoc’ et le voisinage.

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NOUVELLES

SOURCES D’INFO

EN PAPIER : w Proximités, un nouveau journal de relocalisation Complémentaires d’(A)typiques, les bénévoles du Pas de côté proposent tous les trois mois des analyses critiques d’expériences de relocalisation de la région L-R.

w Annuaire Éco-construire en Languedoc-Roussillon : Un carnet d’adresses de 96 pages, indispendable pour passer de la curiosité à la maîtrise ! w Le Guide de la maison écologique, nouvelles éditions en deux versions Hérault et Gard-Lozère pour tous les contacts d’artisans. w Le Guide des salons et manifestations de la bio et de l’environnement (France et étranger.)

À LA RADIO : w Éco-citoyen, la nouvelle chronique de deux minutes quotidienne de Rodophe Faure sur France Bleu Gard-Lozère. À 11 h 30 et à 17 h 10.

SUR LE WEB : w Biogard.fr : Un clic pour rechercher et localiser les producteurs et commerces biologiques du Gard.w Agribio-languedoc-roussillon.fr : Dédié à la diffusion technique, un nouveau portail pour accompagner le développement des filières bio de la région.w Écotourisme-magazine.com : toutes les bonnes adresses du tourisme durable en France pour préparer ses vacances sur un mode original et plus responsable.w Occasion-verte.fr : petites annonces locales pour des produits verts, pas cher !

Tous les contacts p. 38

w Peak oil Les décroissants ne sont pas les seuls à sonner l’alerte : pour l’armée allemande, le pic de production de pétrole pourrait bien arriver en cette fin 2010. Ensuite, la production ne fera que décroître alors que la consommation mondiale continue à augmenter. Au programme : guerres civiles, famines et épidémies, y compris chez nous. Bienvenue dans l’avenir !

w L’urbanisation s’accélère En France, les zones urbaines s’étalent de plus en plus vite : elles progressaient de 54 000 ha/an dans les années 80, avant d’atteindre 72 000 ha/an entre 2006 et 2008, un rythme qui dépasse la croissance de la population. Avéré par les statistiques du ministère de l’Agriculture, ce gaspillage de terres fait reculer la forêt (en progrès depuis 100 ans), affecte les équilibres écologiques et territoriaux, et pourrait mettre en péril l’indépendance alimentaire du pays dès 2050.

w L’avenir du nucléaire Un EPR invendable, des centrales qui vieillissent prématurément, l’extraction de l’uranium périlleuse au Niger, des déchets radioactifs mal gérés : le nucléaire civil français est en mauvaise posture, révèle le très officiel rapport Roussely. Celui-ci propose alors de créer de nouveaux réacteurs, de doubler la durée de vie des centrales, de la financer avec le budget des énergies renouvelables et une hausse de prix de l’électricité, tout en poussant EDF à investir dans l’extraction d’uranium aux côtés d’Areva. Tant qu’à jouer les autruches, autant s’enfoncer la tête dans le sable.

w Pesticides hyperactifs Les travaux de chercheurs des États-Unis et du Canada révèlent que les enfants exposés à des concentrations élevées de pesticides, par leur alimentation, encourent davantage de risques de souffrir de troubles du comportement tels que l’hyperactivité.

w Droit à l’eau L’ONU a reconnu l’accès à l’eau potable, salubre et propre, et à l’assainissement, comme un droit de l’homme fondamental.

w L’Europe soutient les Roms « Enough is enough !* » En pleine polémique autour des expulsions de Roms, la Commission européenne s’échauffe. Elle juge illégales et contraires aux valeurs communes les opérations de discriminations menées par le gouvernement français sur ces groupes ethniques, et réaffirme leur plein droit de libre circulation, en tant que citoyens européens égaux aux autres. Elle menace la France de sanctions pour non-respect des Directives et donne le feu vert pour utiliser des fonds régionaux européens (FEDER) à l’amélioration de leurs conditions de logement. À Montpellier, un collectif Rom s’est mis en place pour aider à reloger les communautés expulsées de leur campement par la police. * Maintenant, ça suffit !

w OGM Welcome La Commission européenne et la France ont profité de l’été pour faire passer les OGM en douce. Cinq nouveaux OGM pour l’alimentation animale sont autorisés pour 10 ans à la vente. Le gouvernement a, en outre, inscrit au catalogue officiel des semences toutes les variétés du MON810 (qui sécrète un insecticide), dont la culture est interdite par un moratoire de 2008, ainsi que celles du maïs T25 (qui immunise contre un herbicide interdit en France pour l’instant), pour permettre leur vente à l’export… Un prélude à l’autorisation de mise en culture ?

w Les peuples indigènes se rebiffent En Inde, la tribu des Dongria Kongh a gagné une bataille historique contre le géant Vedanta qui voulait transformer leur montagne en gigantesque mine. Au Bostwana, les Bushmen poursuivent leur bataille juridique contre leur État pour rester dans leur réserve du Kalahari dont le sous-sol, riche en diamants, attire la convoitise du bijoutier De Beers. En effet, en scellant leur unique puits, l’État prive d’eau les Bushmen, tandis qu’à proximité, des touristes de Wilderness Safari se baignent dans une piscine. Comble du cynisme, ces lodges ont remporté un prix pour leur responsabilité sociale…

BD extraite du livre du dessinateur BerthLes expulsables, Ed. Hoëbeke, sorti le 16 sept. 2010

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(A)typiques n° 5 / octobre-novembre 2010

vous êtes (a)typiques

Une pour tousFidèle lectrice d’(A)typiques, depuis le premier numéro, je m’inquiétais de ne pas voir arriver le numéro 5 chez mes revendeurs… Pour donner un coup de pouce, j’ai alors décidé d’acheter un lot de magazines à diffuser autour de moi. J’espère ainsi vous apporter quelques lecteurs ! Je sais que la période est difficile, mais je sens, au vu de vos efforts et des précédents numéros d’(A)typiques, que vous ferez les bons choix, éthiquement et financièrement parlant. Je ne peux qu’espérer que le lectorat répondra présent ! Je vous félicite pour votre persévérance et pour la qualité de votre travail. En tant que lectrice, j’attache, en effet, une grande importance à l’indépendance et au contenu éditorial. Et merci pour l’inscription à la newsletter, encore un travail de qualité que j’apprécie de recevoir.Je suis admirative ! Marie, Florensac (34)

Les petits métiers pris dans les filets

J’aimerais rebondir sur votre article dédié au thon rouge (Atypiques n°4) pour m’exprimer sur la nécessité de protéger nos petits métiers de la mer, c’est-à-dire les petits pêcheurs. J’ai entendu dire qu’il serait tout à fait faisable d’acheter à l’avance, à l’instar des paniers de légumes, des paniers de poissons frais (par exemple, 2 kg par semaine, de manière à ce que la pêche soit prévendue au lieu d’être gâchée). Car certains pêcheurs se mettent en danger par volonté de respecter l’environnement. C’est le cas de ceux qui utilisent des filets pélagiques dont les mailles laissent passer les petites sardines. À leur détriment, les filets de chalutiers parviennent à s’en saisir, en raclant les fonds, et empêchent la reproduction d’avoir lieu. C’est pourquoi, certaines années, comme la présente, sont dites « mauvaises »… Karine, responsable de l’office de tourisme de Fitou (11)

Vous avez découvert,

testé, ou changé des

choses suite à la lecture

d’(A)typiques ?

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photos, courrier ou

petites annonces :

[email protected]

Sucré, saléBravo pour l’excellent n°3 :- pour Le bio fait un cabas ! ;- les dossiers : Régionales et Banques ; - et l’excellente maquette. Je trouve néanmoins que :- le système Amap de Villeveyrac à Sète est trop compliqué ;- les paniers bio de naturatable.com ne sont pas toujours de bonne qualité ;- le rayon bio de Auchan est correct ;- les biocoop sont trop chères sur les fruits et légumes.Cerise sur le gâteau : les prix bio sont excessifs de + 50 % à + 100 %, au lieu des 20/30 % légitimes ! Christian, journaliste, ex-prof d’économie

Bruit de colèreLe camping Le Plein Air des chênes mentionné dans votre dossier sur les campings (Atypiques n°4) est peut-être un grand camping « écolabellisé ». Il n’empêche qu’à mes yeux, il est avant tout une usine à touristes, se distinguant depuis des années par ses nuisances sonores, tout au long de l’été. En dépit de nombreuses plaintes déposées auprès de la gendarmerie par les riverains de Clapiers et de Jacou, le bruit des animations suit son cours… Amoureux de la tranquilité, passez votre chemin ! Marie (34, qui a fui Clapiers)

Recette de peinture écolo Les peintures écologiques pour bois ne courent décidément pas les rues. J’ai donc décidé de vous faire partager ma recette ! Certes vous ne pourrez pas, repeindre vos surfaces en vert « flashy », mais vous serez assurés de la qualité ! Avec ça, pas de produits toxiques, et une protection de vos bois pendant 10 ans !La recette de Claudine (09) sur www.atypiques-mag.frCliquez sur « Bonus / Découvertes ».

Biocoop localesJ’ai lu avec attention votre numéro d’avril sur le bio local que j’ai trouvé fort intéressant et très attractif. Pourquoi ne pas avoir contacté les magasins Biocoop du département ? Soleil Levain (Alès), ainsi que notre biocoop, La Fourmi & la Cigale, située à St-Hippolyte- du-Fort, encourageons activement la production bio locale. Nous travaillons avec 40 agriculteurs et transformateurs (11 % de notre CA), que nous soutenons grâce à un fonds d’aide au développement local, créé en 2007. Et nous organisons des visites d’exploitations pour nos clients et adhérents.Catherine, biocoop de

St-Hippolyte-du-Fort (30)

Bravo pour cette démarche ! Nous avions choisi de nous concentrer sur le mode de vente par paniers, et non sur l’ensemble de l’alimentation bio et locale (bien qu’un encadré précise les diverses positions des magasins bio). R.H.

Nous comprenons vos désagréments. Cependant, les dossiers que nous vous proposons tentent de montrer la diversité des initiatives menées par des acteurs locaux, et de donner des contacts qui s’inscrivent dans ces dynamiques, avec un maximum d’honnêteté et un minimum de jugement. Ainsi, nous n’avons ni la volonté ni le personnel nécessaire pour faire office de « Routard » ou d’organisme certificateur : nous ne garantissons donc pas la perfection des initiatives présentées, ni sur le plan « qualité-prix », ni sur le plan humain. Nos goûts et points de vue étant subjectifs, donc relatifs, nous travaillons à les dépasser afin de vous présenter des initiatives ou des personnes avec lesquelles nous n’avons, parfois, pas d’affinités particulières, ou sur lesquelles nous recevons de mauvais échos (si, si) ! En revanche, nous vous invitons à indiquer votre mécontentement à la structure concernée, ou à l’organisme qui la labellise (Clef verte pour le camping) : nous avons quelquefois plus de poids que nous ne l’imaginons. Et les critiques aident à progresser… La rédac’

IndispensableVotre magazine est devenu un indispensable. Bravo pour votre engagement !Adriane, naturopathe à Montpellier

Un dromadaire sur l’étang de Thau,

le changement climatique serait-il

déjà si avancé ? C’est sans doute pour

cela que la mairie de Sète assèche des

zones humides pour construire sur des

zones inondables…

8

© R

.H.

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(A)typiques n° 5 / octobre-novembre 2010

testÉ pouR vous

Échange de fringues sous le manteau

Dans la Haute-Vallée de l’Aude, Florence et ses amies ne font pas

que « parler chiffons » : elles les échangent. Salon d’essayage « maison » pour une mode résolument récup’.

Posés sur le tapis vert du jardin, piles de pantalons, bataclan de tee-shirts et

fatras de pinces à cheveux : l’ « après-midi shopping » peut commencer. En contre-pied à la frénésie d’achats compulsifs, trois fois par an, une vingtaine de voisines et d’amies – aux alentours de Limoux (Aude) – se retrouvent pour vider leurs placards des vestiges de la mode. Des mains parcourent les étals verts à la recherche de pépites. Une paire de chaussures contre une paire de rideaux ? Non, « ce n’est pas du troc. Florence m’a dit qu’on pouvait venir les mains vides »,

souligne Sylvie, la novice.

Petits bouts de soiCette idée venue du Tarn a tout de suite plu à Florence Lenoble. Dans une ambiance bon enfant où se mêlent des

pulls d’hiver et une visière des années 80, sous un soleil de plomb, la caverne d’Ali Baba se révèle à ciel ouvert. Pour Colette, cette initiative aide à « redonner vie aux vêtements ». Un moyen de transmettre des petits bouts de soi… sans se perdre

en lèche-vitrine. « C’est aussi l’occasion de passer une journée sympa sans le stress des étiquettes » ou des vendeuses derrière le rideau de la cabine d’essayage. N’empêche que cet « échange de fringues » ne se révèle être qu’une « couverture » pour partager un bon moment, tout simplement.

Démasquées !

« Miroir, miroir, dis-moi

si j’ai trouvé

la perle rare ? »

[ Texte et photos Delphine De Lucia et R.H. ]

Comment organiser

un échange de fringues ?

Et la deuxième main

passe de main en main…

Où ? S’il fait beau, sur des tissus dans un jardin, ou sur des tables dans une grande maison. Avec un miroir au minimum.Quand ? Trois à quatre fois dans l’année, à chaque changement de saison. Une après-midi de 14 h à 18 h par ex. « Passages-éclairs » exclus, « sinon c’est de la consommation, pas de l’échange », précise Florence. Caler la prochaine date à la fin de chaque session.

On apporte quoi ? Les vêtements (propres) et accessoires qu’on ne porte plus + « quelque chose à partager » à boire ou à manger, des infos, des idées, une volonté de créer un autre projet + pourquoi pas, des livres à échanger.Comment ça se déroule ? On classe les vêtements par type (robe, manteau, homme, enfant, « pour la peinture »…), mais pas par taille car « des vêtements de grandes vont à des petites ».

Ensuite chacune essaye et choisit ce qu’il lui plaît : « Au fil des échanges, on se concentre sur un ou deux vêtements. On prend souvent ceux qui proviennent de la même personne, d’un style, de matières, de couleurs qui nous correspondent. » Puis, on discute de l’histoire de nos vêtements qui passent à d’autres mains, ou on se fait un défilé de mode décalé, histoire de se bidon ner. À la fin, on range ensemble.

Que fait-on des fonds de tiroir orphelins ? Il reste souvent dix cartons pleins ! « On touche du doigt la société d’abondance dans laquelle on vit. » On trie à nouveau : les « chiffons » pour Emmaüs, d’un côté, les vêtements en parfait état, de l’autre. Chacune en emporte un carton pour donner à une association caritative, comme le Secours populaire, une recyclerie ou Emmaüs.

Avec qui ? 10 à 25 copines (copains bienvenus) habitant à 20 km à la ronde + une nouvelle installée dans le coin, pour lui donner l’occasion de se faire un réseau.

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écolos-gauchos du quotidien, ou bien en criant “fuck les gros richards“, “légalisation de la ganja“ ou “vive la révolution“ : c’est démago, assure “francament“ Inti, le percussionniste. Même l’extrême-gauche donneuse de leçons, on a du mal. On préfère chanter la complexité des choses. Ce qui n’empêche pas de se montrer radical et d’envoyer du bois. »Y compris dans son propre camp : « On a pris nos distances avec le milieu occitan. C’est clair, on rend hommage aux “calandreta“ [les écoles occitanes, ndlr], aux gens du service public et des assoc’ qui portent l’occitan au quotidien, avec modernité et créativité. Mais les hymnes, les drapeaux et les costumes, avec les penchants nationalistes, voire fascistes – comme la Ligue du Midi – qui vont avec, on ne supporte pas. Notre trip, c’est de socialiser l’occitan, de faire vivre la langue, de porter le débat, pas de l’enfermer dans un ghetto identitaire et stéréotypé », appuie Drac, le DJ. Même « les trucs bon enfant », Inti ne supporte pas, alors que Chab, un des « tchatcheurs », se veut plus tempéré : « Les gens sont souvent sincères, c’est rare aujourd’hui. » « Profondément anti capitalistes

RENCONTRE

[ Texte Raquel Hadida, photos Sam Bié pour Mauresca ]

Centralistes de Paris comme de Montpellier, « néo-ruraux qui savent tout », « politiciens

de droite et de gauche », « grands médias tenus par de petits bandits », « identitaires en carton cachés sous les drapeaux », « guignols du Medef » ou « super-militants pleurnichards » : sur la scène des Mauresca Fracas Dub, tout le monde en prend pour son grade. Ce soir, on a même droit à un couplet spécial sur le centre de rétention de Sète pour les immigrés clandestins : « le truc qui nous fait le plus gerber », – situé à portée de doigt d’honneur, sur le quai Maillol, juste en face du concert.« Ni dieu, ni maître, mais le son qui monte », les Occitan Warriors, en T-shirt-tongs-casquette, nous font lever les poings ou danser la faran-dole. Sur scène, leurs platines branchées sur le Mac accueillent patois, accordéon et hautbois, et qui veut tâter du micro. Sans aucun service de sécurité privé pour empêcher ça…

Occitans sans frontièresEn oc, en français ou en espagnol, ces cinq languedociens du monde ont la tchatche. Et n’hésitent pas à piocher leurs rythmes à la fois dans le hip-hop et la tradition, sur fond de percus, de reggae et d’un mix régional. Montpellier, le port de Sète, les étangs, les collines de l’arrière-pays, les causses. Pas pour chanter les cigales, non. Ils ciblent les « pâles lotissements » en cairon, avec piscine à ½ h de la mer, les politiques du « tout pour le touriste… ». Et « puisque le grand capital mène le train, puisque la société se flique, on vit dans notre langue, sur le bord du chemin, Indiens des Amériques ». Pétris de Massilia Sound System, des Fabulous Troubadours et des cultures contestataires, ces électrons libres à l’accent assumé défendent les minorités, dénoncent la précarité organisée, mais se méfient des dogmes et des dérives simplistes. « C’est très facile de faire des chansons engagées et populistes, conformes à ce qu’attendent les gens. Façon chanson française et ses mièvreries

« C’est ensemble qu’on y arrive. » Avec leur quatrième album, « Cooperativa », les cinq pirates métissés des Mauresca cisèlent de nouveaux textes « engatsés » et festifs, et font rimer sans vergogne l’occitan avec le français. « Ravale tes clichés », le son des garrigues cuisine dérives identitaires et inepties régionales à la sauce cabanon, reggae-ragga et pastaga. Et nous fait bouléguer sans mâcher ses mots.

Mauresca Fracas Dub

Cinq troubadours au sang show

Benezet et Chab, les deux tchatcheurs languedociens, Drac le DJ aux platines militantes, le Bolivien Inti pour insuffler le rythme hip-hop ou ragga, et au son, l’Italien Massimo. Les Mauresca Fracas Dub n’ont pas peur des mélanges ! Chez eux, l’engagement prend des tonalités savoureuses et festives. Envie de revisiter le Pays d’Oc ? Les Mauresca vous y emmènent avec leurs griffes, et leurs coeurs.

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(A)typiques n° 5 / octobre-novembre 2010

Montpellier, garrigues et littoral (34)

et antiproductivites », ces trentenaires ne croient plus aux partis politiques de masse, ni aux syndicats. Alors quoi ? « Expérience locale et anti-nationaliste, c’est le message de ce son, explore les pistes », scandent les Mauresca.

Un antidote : faire la fêteFace à l’uniformisation, au consensus mou et à la perte de lien social, ils proposent un antidote radical : faire la fête et partager la macaronade. « Au-delà de son action individuelle, s’ouvrir par des actions locales collectives, c’est essentiel. » Servis par l’intense poésie d’un verbe à la gaieté enragée, les titres parlent d’eux-mêmes : Anam manjar [On va manger] dans les repas de quartier, Jardins partagés (voir (A) typiques N°4), Cooperativa pour l’économie sociale, Carnaval, Boulegants [Ceux qui se bougent], Baraqueta…De quoi susciter l’enthousiasme d’un large public, de l’Aveyron à la Catalogne. « Ce ne sont pas de simples spectateurs, ils viennent échanger, nous supporter, et s’inves-tissent dans le festival des Matelles [entre Montpellier et le Pic-Saint-Loup, Ndlr]. » La fête que le groupe organise au mois de mai « pour porter une culture décentralisée, avec des groupes non formatés, non issus du business musical ». « On tient au gratuit subventionné, payé par tous », et à associer, au bon son des garrigues, des producteurs locaux : vigneron des Matelles, brasseur de Mèze ou éleveurs du Larzac.Chaleur humaine, partage et bonne cuisine : ce sont ces valeurs méditerranéennes qui ont attiré, depuis deux ans, l’Italien Massimo auprès du groupe pour le sonoriser et peaufiner sa mise en scène. « Au lieu de tourner dans des hôtels cinq étoiles avec des groupes parisiens, j’ai plus de plaisir ici, de façon simple », avoue-t-il. Apéros sur le parking avec les copains – si possible avec « le pastis de ta fabrication » –, concerts « dans de beaux bleds »… les Mauresca ont même joué sur le Larzac en 2003, « devant 500 000 personnes », dans une cuisine d’école « infestée de mouches », ou une yourte « brûlante comme dans un four »…

1. Diable en occitan. A formé : « dragon », « Dracula », « draconien »…2. Celui-ci stipule que désormais « la langue de la République est le français ».

Devenus professionnels depuis cinq ans, les cinq petits gars se destinaient pourtant à devenir profs – tout court. À la fac de Lettres de Montpellier, filière occitan, certes, ils se connais-saient. Cédric – alias Drac, le Diable1 – titillait déjà les platines, Sylvan – alias Chab – le hip-hop avec son groupe de rap, le doux Benoît – alias Benezet – délirait plus dans le « trad’ », alors qu’Inti, le Soleil (son vrai nom), anthropologue d’origine bolivienne, était branché reggae et percus. Mais c’est en 1998, dans une manifestation contre la réforme de l’article 2 de la Constitution2 qu’ils montent sur le camion, attrapent le micro et chantent ensemble pour la première fois.

Musique coopérative « On est arrivé chacun avec nos propres idées et nos influences pour construire un discours cohérent », raconte Chab. Sauf qu’entre 19 et 30 ans, le discours évolue. « Ensemble, on s’est forgé une expérience musicale, textuelle et scénique, par émulation réciproque : l’un amène une composition, on la touille dans notre chaudron… Nous fonctionnons de façon coopérative en démocratie directe, sur le principe de l’unanimité : on discute jusqu’à ce que tout le monde soit d’accord. » Mais il doit bien y avoir un leader, un chef de file au groupe ? « Pas de figure-phare. Quel que soit l’auteur, on partage nos droits à égalité. » Les Mauresca travaillent au maximum en réseau local : 280 Com, un label de Montpellier fait graver leurs disques (en Pologne, certes) et les distribue. Pour éditer la pochette de leur dernier album, « Coopérativa », ils ont choisi un carton d’emballage pour bouteilles de vin – de l’entreprise sétoise Cartembal –, qu’ils ont fait illustrer par un artiste sétois, Maël Mignot. Et leur tourneur (qui organise les concerts), c’est Pierrot de SteamProd, « un ami » de Mauguio. Ils créent et répètent chez eux, dans l’Hérault, entre Montpeyroux, les Matelles, Sète et Puéchabon. Ou dernièrement à La Ciotat (13), chez des potes. Ainsi, via leur assoc’, Lo Sage e lo Fol, ils « contrôlent la production de A à Z ». Et ils en sont fiers !

Contestation globale, implication localeLoin des sirènes de la capitale, ils tissent des liens ici. Avec les autres groupes de musique occitans, ils inventent encore d’autres mesclas festifs : Aïoli Clash avec les Pirat’s Sound Sistema de Barcelone, Jama d’Oc Trans Balèti avec l’Art à Tatouille de Béziers, l’Empont Setòri avec les Souffleurs de rêve et Biscampas de Sète.Les Mauresca partagent leur plaisir avec des collégiens et jeunes écoliers de maternelle et primaire, à Nîmes (30), Marvejols, la Canourgue (48), et Clermont-l’Hérault (34). Sollicités par la Région, ils s’investissent aussi auprès des lycéens de Mende (48), Lodève (34), Narbonne (11), Pézénas (34) ou Carcassonne (11). Avec eux, chaque année, cinq classes d’occitan ou de français peuvent écrire, composer, chanter et enregistrer leurs propres morceaux.Un temps, Drac a réalisé des reportages dans l’émission « Camina » sur France 3. Pour Radio Lengadòc (95.4), Bénézet et lui menaient les interviews de l’émission « Faï ta Mal » et enregistrent encore chaque semaine « l’Agenda Setòri ».« Décroissants, dans l’idée », ils discutent bricolage écolo avec Inti qui retape sa maison. Mais certains compromis sont difficiles à contourner : « On ne fait pas d’acoustique, on travaille de la musique électronique avec un ordinateur… et la sono, ça bouffe de l’énergie ! » Alors on se régale par avance du « sound-system qui tourne au soleil et à l’éolienne » promis dans La Baraquette, et surtout d’une nouvelle soirée avec les agitateurs du bàrtas. À se délier, de la tête aux pieds levés.

Bartàs et Cooperativa, les deux derniers albums du groupe. Infos et contacts en p. 38.

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(A)typiques n° 5 / octobre-novembre 2010

Voile, plongée, baignade : rien

n’empêchera les handicapés d’en

profiter aussi ! Pionniers, les

clubs et assoc’ de la région

inventent des adaptations techniques,

mixent « handis » et valides et promeuvent

l’accessibilité dans les

communes, au nom d’arguments

économiques. De quoi créer

de précieux moments

de partage, d’autonomie et de légèreté. Sur l’eau, les handis

sortent de leur ghetto, c’est

la cerise sur le bateau.

+ de liens Balaruc-les-Bains, Mèze, Sète (34), Gruissan (11), Contacts p. 39

Sports aquatiques

Les handicapésse jettent à l’eau

[ Texte Raquel Hadida, Photos Imajam ]

Ce matin, plongée, cet après-midi, voile. Ils avancent en fauteuil ou sont aveugles et n’ont pas froid aux yeux.

Pas question de rester terrés chez eux : la vie, c’est à fond les ballons. « On a envie de bouger, de faire quelque chose de nos vies, et on le montre ! » assume Grégory Dumesne. Non content de faire de la voile le week-end et de danser, de faire du théâtre en fauteuil sur scène, ce Montpelliérain s’est embarqué en septembre pour le Défi intégration. 55 jours pour relier Lorient à l’Ile Maurice (la première part du Vendée-Globe) sur un voilier adapté (à 700 000 €), avec trois valides, un paraplégique, un unijambiste et un non-voyant. 55 jours à circuler dans un baudrier, en se rééquilibrant sans cesse pour compenser les mouvements de houle. Bluffant. « Notre force, c’est notre détermination : on va au maximum de nos possibilités et on ne lâche rien. Pour pimenter les équipes professionnelles, c’est idéal ! » Rester entre handicapés qui se comprennent ? Pas question. Ces motivés à toute épreuve conduisent, téléphonent, travaillent sur ordinateur : « il n’y a aucune activité qu’on ne puisse pas faire, moyennant des aménagements. » Et dans leurs projets, dont le financement relève du tour de force, ils emploient toute leur énergie à développer leur autonomie, et à démontrer la pertinence de la mixité. Chez Cap au large, l’école de croisière basée à Sète, tous « sans exception », handicapés de tous bords, jeunes en difficultés, seniors, peuvent naviguer sur l’Ali-Baba ou le Laisse-Dire. À Port-Camargue (30), Christophe Van Leynseele, le président tétraplégique de Voiles pour tous, a transformé une associaiton de propriétaires de bateaux adaptés, le Néo 495, en assoc’ ouverte à tous : instituts médicaux-éducatifs de Nîmes, et individuels, histoire de « se mêler en

Tout d’abord s’équiper, dans des vestiaires de plein-pied où on peut circuler en fauteuil, ici à Balaruc-les-Bains (34). La combinaison en néoprène très étirable, à deux faces indépendantes, qu’on zippe sur les côtés, a été spécialement conçue pour les handiplongeurs par une boutique de Mauguio (34). Amaury l’enfile tout seul, assis ; Saïda se fait aider en s’allongeant sur des coussins. Une opération « sportive », qui déclenche une franche rigolade.

Enfiler les palmes, bien caler le masque, se glisser du fauteuil vers le bord du bateau (spécialement bas). Puis, motivé par son binôme valide – la monitrice, ici –, prendre son courage à deux mains et s’enrouler autour de son nombril pour basculer dans l’étang. Amaury, Carole, Saïda, Jean-Paul : une fois les « rotations » organisées, les ploufs se succèdent. Ce stage permet aux handiplongeurs de passer leur niveau HP1 ou HP2.

Carole monte et descend du bateau en fauteuil, le sac à dos accroché à l’arrière. Odyssée Plongée a racheté un grand bateau océanographique pour le reconfigurer totalement en ressoudant ses 700 kg d’aluminium : à l’inverse des bateaux de plongée classique, les bouteilles placées de côté laissent une grande allée au milieu où les plongeurs peuvent circuler et discuter en fauteuil.

mer avec les valides ». Club de plongée traditionnel au départ, Odyssée Plongée a été primé comme assoc’ pilote nationale pour le « sport comme facteur d’intégration », en 2005. De quoi se lancer dans la formation à l’handiplongée. D’abord « en tiroir », en cours séparés. Puis en palanquées mixtes, « jusqu’à partir en voyage ensemble en mer Rouge ! », se ravit Emmanuel Serval, le président du club. « Au début, les handis ont peur de ne pas être capables, de freiner les valides, de ne pas bénéficier de moniteurs assez attentifs. Les valides ont peur de regarder les handis en face comme des sacs à patates. Finalement, ils sont même étonnés que les palanquées de handis restent sous l’eau aussi longtemps qu’eux ! En regroupant des personnes qui ne se côtoient pas habituellement, elles apprennent à se connaître, et c’est très sympa. »

Inverser la tendance compatissanteMarchants, non-marchants, retardés mentaux, aveugles…le sport mélange. « On navigue en équipe handis-valides ou entre deux handis qui se complètent : je peux naviguer avec une persone trisomique ou avec un non-voyant que je drive en disant "tire sur le bout", car j’ai des petits problèmes de préhension…, affirme Christophe, aujourd’hui en équipe avec Guilhem, un monsieur de petite taille. Sur le trimaran, c’est même Greg qui rassure Juju, un jeune garçon valide : « Ça va bien se passer, t’inquiète pas ! » Gérard, handiplongeur, relate son voyage en Égypte avec le club : « Beaucoup de plaisir, beaucoup d’échange et d’apprentissage mutuel. » Christophe livre son analyse : « En général, les valides se projettent : "si j’étais handicapé, ce serait la fin du monde", et dramatisent. Ils ont une vision compatissante placée dans le registre du "social" avec des

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étiquettes "handicapés". Mais elles ne suffisent pas à faire le tour de la question : en fonction de notre vécu, de notre boulot en milieu adapté ou non, nous sommes tous différents ! La voile est un outil pour inverser cette tendance bienveillante, assure-t-il. Les valides comprennent que nous sommes normaux, et deviennent ensuite des ambassadeurs de cette reconnaissance. Cela permet de faire évoluer le regard porté sur le handicap. » De leur côté, les handis profitent de précieux moments où ils se sentent à égalité, se sociabilisent et reprennent confiance

en eux. Une fois sous l’eau, intégrés dans l’élément, les handiplongeurs gagnent leur autonomie, « ils ne peuvent donner de coups de reins, et le dos reste immobile, mais, à la brasse, ils peuvent se propulser en sinusoïde », témoigne Emmanuel. Une fois en bateau, « le fauteuil reste à quai et les soucis avec. Sur l’eau, rien ne me distingue : je suis un marin comme les autres, s’enthousiasme Greg. C’est une super thérapie, mieux que les cachetons ! ». Une évasion que Diane, la monitrice de voile, se plaît à leur procurer, d’autant

Odyssée Plongée forme aussi 30 encadrants en handiplongée par an, pour des clubs de tout le sud de la France.

(A)typiques n° 5 / octobre-novembre 2010

Balaruc-les-Bains, Mèze, Sète (34), Gruissan (11), Contacts p. 39

Ambiance conviviale entre fauteuils, béquilles et bouteilles,

avec Carole, Amaury, Camille, Jean-Paul, Sylviane, et cie dans le bateau d’Odyssée Plongée, piloté

par Madjid. Les compliments fusent : « waw, t’es super autonome, toi ! » ; on se raconte ses premières

plongées en piscine, à Alès ou Nîmes ; on se donne envie de voyager en mer Rouge

avec le club.

Et on se demande pourquoi diable personne n’a encore inventé une housse imperméable pour

fauteuil, « sinon, après, on se mouille le jean ».

Une fois dans l’eau, le moniteur passe le bloc de bouteilles, ressangle l’équipement. Toute la stratégie consiste alors à se stabiliser. À savoir comment et où régler les plombs : sur la taille, les chevilles ? Afin de garantir le maintien à l’horizontale. Aujourd’hui, Saïda galère : ses jambes remontent, elle tourne sur elle-même, et subit le clapot à en avoir mal au cœur : trouver le « point zéro », c’est pas du gâteau.

Feu vert pour plonger. Amaury se sert de ses jambes comme d’appuis pour onduler, comme une tortue d’eau, à la force des bras. « Très harmonieux, ton mouvement ! » Tétraplégique, Camille revit : « Dans l’eau, j’oublie mes jambes, je n’ai pas besoin de savoir où poser mes pieds : c’est la liberté ! » Carole se laisse emporter par ses sensations : « Au fond de l’eau, je m’assieds en suspension, un rayon de soleil chauffant perce à travers la surface… mon corps ne me pèse plus. Sentir que je suis en équilibre, quel régal ! »

Spirographes, hippocampes, blénies. Au bout de 10 min, la plongée se termine. Pour remonter dans le bateau, Carole s’asseoit dans la coque d’un portique : les branches métalliques sous les aisselles, les jambes sur des reposoirs. Le moniteur active la manivelle. Comme une petite grue, le filin tracte Carole hors de l’eau, la suspend dans le vide. Et la dépose dans la bateau en douceur, le sourire jusqu’aux oreilles.

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®®

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Depuis Cazilhac (11) près de Carcassonne, Élian Revel et sa maman Marie-Line adorent voyager. Mais depuis qu’elle est devenue paraplégique suite à un accident, l’escapade se transformait en enfer, même dans les lieux supposés accessibles (il n’existe aucune norme européenne Handicapés) : « À Barcelone, elle ne pouvait pas se doucher dans la baignoire de l’hôtel, une cloison gênait l’accès aux toilettes, on n’a pas pu visiter le parc Guell, tout était très mal indiqué… Au retour, elle a dit "je préfère rester en France et ne pas vous faire subir ça" », raconte Élian. Alors, encore étudiant à Sup’ de Co Montpellier, il décide de créer des guides pour que les personnes à mobilité réduite ne s’arrêtent pas de voyager.

À deux, ils mesurent la largeur des portes, la hauteur des lavabos, les ascenseurs des musées, testent les administrations,

quitte à vivre des péripéties : « La personne en fauteuil fait vraiment office de cobaye. À Madrid,

on est restés coincés dans le métro. Dans l’avion pour la Martinique, ma mère n’a pas pu aller aux toilettes pendant 9 h ! En cherchant bien, on trouve

des voies possibles. » Avec l’aide d’une petite équipe bénévole, Élian lance la collection de

guides Toujours un chemin, en novembre 2009. Accidenté, handicapé ou sénior, on a désormais

les cartes en main pour visiter les grandes villes d’Europe (ou d’ailleurs) en fauteuil roulant. En mai dernier, Florence, Madrid, Marrakech et Séville, sont

venues enrichir la collection déjà dotée d’Amsterdam, Barcelone, Dublin, Londres, Rome, et Venise.

plus que « les handis sont plus à l’écoute, car ils en sont tributaires pour leur sécurité. Ils expriment une reconnaissance qui n’existe pas avec les valides. Avant, ils restaient dans leur milieu, un peu fermé, mais depuis 5-6 ans, ils veulent avoir les moyens de faire pareil ». Notamment des activités de pleine nature, plébiscitées par 70 % des handisportifs.

Accès handis : l’atout économique« On met les handis à la marge, on leur donne 5-6 000 € pour qu’ils aillent moisir dans un coin. Mais quand ils savent qu’une activité est possible, par bouche-à-oreille via les toubibs, ils y vont, assure Emmanuel. Aujourd’hui, la région a décidé de promouvoir ces accès, tant mieux ! » Les Départements financent souvent l’encadrement nécessaire, deux personnes par handicapé. Mais les communes rechignent à financer des aménagements chers, et qui prennent de la place. Alors, pour les convaincre, les handis agitent la carotte économique. « Nous ne sommes pas fatalement une charge pour la société !, affirme Pierre Rousseau, le non-voyant inventeur de l’audioplage (voir encadré). En Europe, toutes confondues, 10 millions de personnes sont handicapées et souhaitent voyager sans prendre le risque de se confronter à des équipements non adaptés (voir « guides »). Elles sont souvent accompagnées, ce qui double la mise, et, en partant hors-saison, elles allongent la période touristique. » Ainsi, malgré le prix des équipements (18 000 € pour une audioplage, 8 000 € pour une potence), le tourisme local engendré assure le retour sur investissement. De quoi créer une véritable dynamique de territoire, via le label « Tourisme et Handicap ». Stimulées par les associations, de nombreuses communes du littoral s’équipent d’une audioplage (voir encadré), et/ou du Tiraleau, un fauteuil amphibie. Deux campings se sont dotés d’un dispositif vocal pour guider les non-voyants dans leur enceinte : le Calagogo de Saint-Cyprien et Le Soleil d’Argelès (66). Des ports, comme celui du Grau-du-Roi (30), de la Grande-Motte (34) ou de Gruissan (11) installent des portiques (voir

photos). Le Yacht-Club de Mèze (34) s’est positionné en pôle expérimental de handivoile. Comme la base nautique du lac du Salagou (34), celle de Balaruc-les-Bains (34) accueille des stages d’handiplongée et, en août dernier, le Championnat de France Handivoile. En rivière, à Saint-Bauzille- de-Putois (34), les Lutins cévenols proposent du handikayak et VTT. Grâce à l’accessibilité de la base des Quilles, du centre du Lazaret et de l’hôtel Kyriad, Sète devient un lieu de vacances « handiprivilégié ». Car l’activité ne suffit pas, « il faut penser la chaîne de déplacement dans sa globalité » insiste Christophe, par ailleurs consultant en accessibilité. Se garer, s’orienter, pouvoir entrer dans des sanitaires larges, éviter les marches sur le pourtour du port, avancer sur un ponton adapté, aucune étape ne doit être laissée au hasard. « 10% de la population a un handicap, un chiffre qui grandit avec le vieillissement », renchérit-il. Et les équipements servent au confort de tous : aux poussettes, aux mamies… »D’ailleurs, une loi de 2005 prévoit que que tous les établissements recevant du public et des transports en commun soient rendus accessibles, et que chaque commune (> 5 000 hab.) installe une commission d’accessibilité d’ici 2015. Fin 2008, celles-ci devaient rendre leur diagnostic et la liste des actions à mener, « mais, dans la région, seules 10 % des communes l’ont fait, révèle Christophe. Et encore, avec des bureaux d’études qui ne font que cocher des cases. Or, en sensibilisant le personnel d’accueil à aider à monter les marches, ou à enlever ce qui traîne par terre, on peut composer avec l’aménagement. Les conseils minicipaux doivent prendre le réflexe d’intégrer la dimension "handi" dans les nouveaux projets. » Y compris des boucles magnétiques pour les sourds, un guidage au sol pour les aveugles, des pictos clairs et vifs pour les handicapés mentaux. Pour la ligne 3 du tramway et la nouvelle mairie, Montpellier consulte d’ailleurs le comité de liaison Handicap. Ce serait dommage qu’après sa traversée en mer sur le Jojokia, Greg ne puisse pas circuler dans sa propre ville.

Merci à Stéphane Jeanneau, président du comité départemental Handi 34 et vice-

président du comité régional Handisports en charge des questions nautiques.

(A)typiques n° 5 / octobre-novembre 2010

Cazilhac (11), Le Grau-du-Roi (30), La Grande-Motte (34)…

L’Audioplage, pour se baigner même sans rien voirQuand Pierre Rousseau, chef d’entreprise non-voyant, a traversé un lac à la nage en se guidant au son d’une conversation sur l’autre rive, ça a fait « tilt » : au lieu d’être tributaire d’un accompagnant pour se baigner, pourquoi ne pas se fier à un son qui nous indiquerait notre position par rapport à la plage ? Il suffisait de rencontrer Jack, le boss d’Urtech, spécialisé dans les feux piétons sonores… dont le frère est aussi aveugle. Après deux ans de tests et de prototypes, l’association Cap Horizon, basée à Montpellier, installe la première audioplage à Balaruc-les-Bains (34) en 2004. Et équipe dix communes de plus chaque année : person nalisation des enregistrements et formation comprise. Unique au monde, le dispositif démontable est diponible

La borne tactile

Le totem

© Raquel H

adida

+ de liens

Christophe s’accroche

au portique de mise à l’eau

au Grau-du-Roi (30).

Les guides touristiques d’Élian

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(A)typiques n° 5 / octobre-novembre 2010

Cazilhac (11), Le Grau-du-Roi (30), La Grande-Motte (34)…

L’Audioplage, pour se baigner même sans rien voirdans 22 plages françaises, dont celles du Languedoc-Roussillon : à Gruissan, Marseillan, Palavas, Carnon, La Grande-Motte, et bientôt Narbonne-plage. Mais aussi en Grèce, à Ibiza, à Valencia, en prospection en Martinique. Toujours sur des plages accessibles en transport en commun, sans rochers, en eaux peu profondex et sans grandes vagues. Comment ça marche ? Suivons Pierre en blindtest. Arrivée en bus près de la plage. Le « bip » universel utilisé pour activer les feux de circulation déclenche un « vous êtes à la plage de la Grande-Motte, dirigez-vous vers le poste de secours à 20 m, sur votre gauche ». Là, il récupère un bracelet à trois touches, le secouriste l’informe du fonctionnement. Il suit ensuite un chemin de bois jusqu’au rivage où, à la canne, il localise l’une des bornes tactiles dotées d’un symbole en relief – étoile de mer, coquillage, etc. Si la prise jack est enclenchée, la place est prise. Sinon, il peut se déshabiller et y déposer ses affaires, sans oublier de brancher le cordon. Il active ensuite le premier bouton du bracelet, ce qui déclenche le premier émetteur, et l’oriente vers le « totem » tout proche. Il peut y accrocher sa canne à la patère portant le même symbole que la borne. Pierre appuie

ensuite sur la deuxième touche, activant successivement tous les émetteurs en mer : des boîtiers étanches installés sur des bouées et alimentés au solaire. Il se glisse dans l’eau (même froide) et réitère. Après un jingle, la bouée la plus proche lui indique sa position : « Vous êtes à 20 m de la plage, 80 cm de profondeur, première bouée. » Pour s’orienter dans la bonne direction, il se repère au son de la balise suivante. Pierre nage ainsi de proche en proche, sans dépasser la cinquième bouée. Un malaise ? Sur le bracelet, la troisième touche active un émetteur au poste de secours : « Alerte, alerte ! Baigneur en difficulté, appelez le poste de secours ! » Pour revenir vers la plage sans escale, Pierre peut activer à nouveau la première touche du totem. Et retrouver canne, serviette et sac.

Le totem Le bracelet Les émetteurs

sonores en mer

© Leïla Pichoir

© Raquel H

adida

© Leïla Pichoir

© Raquel Hadida

Pour embarquer, Christophe passe du fauteuil au portique, suspendu au treuil vissé sur le quai du port de plaisance du Grau-du-Roi (30). Diane, la monitrice de Voiles

pour tous, tourne la manivelle pour le hisser, le fait basculer dans le vide avant de le redescendre. « 1, 2 et… 3 ! », Christophe tombe dans le bateau. Greg choisit de basculer tout seul du quai, dans le cockpit. Assis côte à côte dans le Néo 495 orange, ou l’un derrière l’autre dans le trimaran, les deux équipages ont tout à

portée de main. Le joystick ou les pédales au pied pour diriger le safran, les écoutes de la grand-voile et du foc, qu’on manœuvre comme on joue de la « harpe ». Diane largue les amarres, les entraîne hors du port et les lâche. Aujourd’hui, on travaille le

virement de bord. « Vous vous rappelez comment on s’arrête ? Si tu veux loofer, il faut d’abord border la grand-voile ». C’est sûr, Diane trime pour tout préparer avant, et

tout ré-adapter finalement une fois qu’on est assis : régler la position des poulies, des rails… Ensuite, ils peuvent « faire des ronds dans l’eau » en autonomie. Mais la mer reste un milieu hostile, d’autant plus pour des personnes handicapées. Pour éviter de chavirer, les petits voiliers sont lestés d’une grande quille. Pour

être déclarés aptes – assurance oblige –, les handivoileux doivent passer un test prouvant qu’ils peuvent flotter, se déplacer de 20 mètres et attendre les secours.

Déjà entraînée à la mixité, Voiles pour tous caresse désormais le projet d’un trimaran habitable de 17 m (600 000 €), le Vivre ensemble pour emmener

15 à 20 personnes valides et handis découvrir l’environnement littoral et les cétacés – en propulsion solaire ou électrique –, et permettant aux handis de barrer et de lever les voiles tout seuls. Un IUT de Nîmes et un lycée de Béziers, planchent déjà

sur les multiples adaptations techniques.

Sur le zodiac, Diane se veut attentive à la sécurité : « Comme

leur régulation thermique est différente, ils se refroidissent

30 fois plus vite et transpirent peu : il faut faire attention à

ce qu’ils boivent et soient bien couverts, surtout les enfants. »

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[ Dossier réalisé par Fabien Georges ]

[ Photos : Cédric Le Roy, avec les attitudes de

Céline Grolleau, dans les costumes-nappes de Pascale Béréni/Re-act ]

(A)typiques n° 5 / octobre-novembre 2010

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Prix élevés, emplois précaires, menus standardisés, cuisine industrielle, les restaurateurs sont sur le grill.

(A)typiques s’assoit à la table de restos différents, plus écolos et plus solidaires. Et met les pieds dans le plat.

Dessous de tablessur dix coûtent moins de dix euros) et la plupart restent finalement peu regardants sur la qualité et le processus d’élaboration de l’assiette ou sur les conditions de travail du personnel. Souvent, pour le client, le critère principal reste le prix. La partie n’est pas facile. Comme d’autres secteurs, la restauration subit de plein fouet le rétré­cissement du pouvoir d’achat : Pierre Alainc, cuisinier des Écluses à Sallèles d’Aude (11), a vu disparaître la clientèle anglaise après la chute de la livre en 2009 ; et ceux qui viennent encore se serrent la ceinture, choisissant le pichet

au détriment de la bouteille. En 2009, la fréquentation moyenne de la restauration dite « à table » a chuté de 4,2 %, la baisse de la TVA ne faisant qu’atténuer la diminution (et donc les pertes d’emploi).Dans ce contexte, faire son beurre en le vendant au client sans rogner sur l’éthique et la qualité relève de plus en plus de la gageure. Pourtant, des cuisiniers, et pas seulement les étoilés ou les plus chers, tentent de résister et s’appuient sur une certaine idée de leur métier, où le respect de l’aliment, l’importance du savoir­faire et l’esprit d’équipe prédominent. Vous les rencontrerez dans les pages qui suivent.

On ne voit qu’elles. Aux entrées des villes, près des cinémas, des

gares ou des centres commerciaux, les grandes chaînes de restauration – 5 % des établissements – servent plus d’un tiers des repas vendus chaque jour. Mc Donald’s (1 200 restaurants dans toute la France), Quick (350), Buffalo Grill (300), Flunch (200) et Hippopotamus (130) quadrillent le territoire. Et l’on ne compte pas les groupes plus méconnus, plus petits mais tout aussi conquérants et ambitieux : Del Arte pour les pizzas, El Rancho pour le tex­mex, Léon de Bruxelles pour le moules­frites, etc. Il y en a pour tous les goûts. Enfin si l’on peut dire…Cartes et décors à l’identique que l’on soit à Montpellier, Paris ou Strasbourg, ces chaînes proposent une cuisine de plus en plus standardisée et industrialisée. Parce qu’elles dirigent le marché – leur puissance leur assurant les meilleurs emplacements, et de fortes capacités à investir dans la publicité ou à imposer leurs conditions à leurs fournisseurs –, elles poussent souvent les restaurateurs indépendants à tirer les prix vers le bas pour s’aligner. Et tous les moyens sont parfois bons pour réduire les coûts : de l’embauche d’un personnel précaire (souvent saisonnier sur nos côtes) à la vente de plats pré­cuisinés dans les usines de l’agro­alimentaire.

Petite bouffe, grosse bouffonadeAujourd’hui, « deux-tiers des restaurateurs ne cuisinent plus », estime Bernard Boutboul, directeur de l’agence Gira Conseil, boîte de consulting dans le secteur de la restauration. Ils se contentent d’assembler des préparations industrielles, achetées à prix cassés et sans indication de provenance, dans les grands réseaux de distribution pour profession­nels tels que Metro : moules déjà farcies, pizzas surgelées, verrines remplies prêtes à servir, jaune d’œuf en tube, etc.« C’est facile de prendre l’argent des gens, s’emporte Yves Sévenier, chef des Saveurs de l’Escale à Saint­André­de­ Sangonis (34) : tu achètes de l’industriel, tu réchauffes, tu rajoutes une feuille de salade et tu as le droit d’écrire que c’est du fait maison. » Sans que cela ne fasse scandale. Certes, plus le client dépense, plus il est exigeant : ils sont 85 % à espérer des produits locaux et cuisinés quand l’addition dépasse les 30 €. Mais ceux­ci sont peu nombreux (sept repas servis

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RESTOS RAPIDES Rapide, sain et bon l’impossible équation

P.18-19

RESTOS DE CUISINE BIO LOCALE : Gastronomie militante

P. 22-24

RESTOS MULTIFONCTIONS(M)eating potes

P. 26

RESTOS SOLIDAIRES La Table de CanaLe Passage

P. 20-21

AUBERGES À LA FERME

P. 25

Retrouvez toutes les adresses des restos cités dans ce dossier sur la liste et la carte p. 40-41

© Fabien G

eorges

Deux tiers des restaurateurs ne cuisinent pas : ils se fournissent en plats tout prêts. À gauche des pizzas

prégarnies de sauce tomate, à droite un pot de mousse au chocolat (13,20 € pour 30 à 40 portions).

© rgbdigital.co.uk - Fotolia.com

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(A)typiques n° 5 / octobre-novembre 2010

le guide d’ici

© C

édric

Le

Roy

­ Re

Act

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Pause déjeuner

Rapide, sain et bon : l’impossible équation ?

Un chef bio pour bébé

Arnaud Abitbol est jeune papa

et cuisinier, à L’Auberge aveyronnaise,

à Sète. « Quand, il y a un an, j’ai commencé à préparer des purées de légumes bio pour ma petite Sasha, je trouvais que c’était quand même dommage d’allumer un four de 7 000 watts pour deux misérables courgettes. Alors, j’ai créé Bébé Bio Chef. »Arnaud Abitbol compose purées et compotes intégralement bio. Soumises à l’avis d’un pédiatre, ses recettes s’adaptent aux différents âges de l’enfant. Sans hésiter à varier les ingrédients (quinoa, tofu, patate douce, daurade, etc.) et les sauces (béchamel, florentine, Mornay, etc.). Il les prépare sur commande – pour plus de fraîcheur –, dans de petites barquettes, congelables et refermables.Bouche-à-oreille aidant, Bébé Bio Chef fournit aujourd’hui une vingtaine de clients individuels ainsi qu’une crèche à Sète. Et bientôt trois : à Villeveyrac et à Montpellier, on est aussi tenté d’abandonner les pots industriels pour bébés.

RESTOS

aTypiquES

© Fabien G

eorges

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(A)typiques n° 5 / octobre-novembre 2010

Carnet d’adresses p 40-41

Vous avez faim, vous

êtes pressé : dur, dur

d’échapper à l’hamburger-

frites-coca ! Pourtant, des

alternatives au MacDo

montent au créneau du

frais et de la qualité.

Bienvenue dans

l’univers des fast-foods inventifs.

Absence de goût, suremballage, personnel précaire et obésité galopante : la restauration rapide n’a pas

bonne presse en dépit des efforts de certaines enseignes pour verdir leur image. Mais McDo a beau communiquer sur l’utilisation (partielle) de produits bio, d’ampoules basse consommation ou de matériaux locaux, son nom reste synonyme de malbouffe et d’emploi douteux. Or, rentable, bien implanté et bon marché, le fast­food n’est pas vraiment un acteur à prendre à la légère.Près des gares, des aéroports ou des centres commerciaux, c’est la restauration rapide qui rafle la mise. 2,2 millions de jambon­beurre se vendent chaque jour en France et presque autant de hamburgers et de kebabs. Quand près des trois­quarts des repas pris à l’extérieur le sont dans un fast­food, le marché de la restauration dite « légère » pèse lourd… sur nos budgets et nos estomacs.

Big Mac ou crumble de haricots rouges ?Pourtant, le midi, manger vite, bien et pas cher, c’est possible. Et pas seulement dans les bars à pâtes qui se multiplient comme des petits pains. Dans le quartier d’Antigone à Montpellier, Gabriel Giordano a ouvert, en septembre 2009, un snack totalement bio – le Dés Lys – qui peut compter sur ses aficionados, venus des bureaux voisins pour se régaler de son gratin de butternuts, de son poulet coco ou de ses currys de légumes et d’agneau, le tout servi dans une vaisselle biodégradable. Matthieu, qui travaille à la médiathèque Émile­Zola, raconte :

« La première fois, j’avais un préjugé défavorable car, pour moi, le bio, ça voulait dire “légumes crus“…, mais je me suis régalé et je viens maintenant chaque jour. » À Agde, Montpellier ou Sète, une nouvelle offre, parfois adossée à une épicerie bio, propose au consommateur une cuisine fraîche et différente, qui n’hésite plus à travailler fruits et légumes. Tartes, salades, soupes, crumble d’haricots rouges, crêpe au chanvre…, les recettes sont plutôt inspirées. Installés en centre­ville ou dans les grandes zones commerciales, comme à Odysseum à Montpellier, aux Portes du Soleil à Juvignac (34) ou à Trifontaine à Saint­Clément­de­Rivière (34), ces nouveaux établissements affichent une tendance « nature », mais restent confrontés au casse­tête du jetable, difficilement contournable en restauration rapide. Des irréductibles continuent à utiliser de la vaisselle en plastique, mais la plupart utilisent des emballages biodégradables ou compostables – en bagasse de canne à sucre, en tiges de bambous, en pailles de blé, etc.Ces enseignes accompagnent pourtant une nouvelle demande, soucieuse d’éthique, de diversité et d’écologie. Un pari gagnant ? Bernard Boutboul, directeur de l’agence Gira Conseil, spécialisée dans le secteur de la restauration, confirme mais nuance : « Certes, la France est le premier pays à inventer une restauration rapide de qualité, car il y a une demande , mais celle-ci reste encore très marginale. »

Grignoter dans les festivals

Un vent de délices créatifs souffle sur les concerts de plein air. La merguez-frites n’a plus le monopole des ventres affamés.

Artistique et éphémèreToutes habillées de blanc, les douze bienfaisantes fées de Terre de Sorcières inventent – c’est le mot – des dîners gourmands. Dans des lieux improvisés et pourtant cosy, vous les verrez cuisiner, servir, chanter, danser et, même, vous chuchoter dans l’oreille ! Le concept a été baptisé « musardière » car ces filles­là n’aiment rien tant que musarder et s’offrir de vrais petits plaisirs comme manger dans une assiette digne de ce nom de bons petits plats cuisinés aux herbes de la garrigue : beignets de sureau, omelettes aux orties… C’est la baraque à frites qui va faire pâle figure.

Pizza bio on the road Le pélardon est acheté chez un producteur cévenol, la brousse de brebis à une coopérative du Larzac, la farine à un moulin provençal, la pâte est pétrie à la main… Aucun surgelé, que du frais, du bio et du local : depuis 2009, Alain Chinal, militant antimalbouffe, s’évertue à « changer l’image du camion à pizza ». En été, on le trouve le plus souvent sur la place du village de Liausson (34), sur les bords du lac du Salagou.

Musique globale, nourriture localeEngagés, autour des musiques du monde, les organisateurs du festival de Thau (juillet), promeuvent les produits locaux, dont les huîtres de l’étang et le Picpoul de Pinet. « Nous avons une éthique en terme de restauration : ne pas tomber dans la facilité et valoriser des produits de qualité, si possible bio, et d’ici », explique Thibault Puybouffat, chargé de communication du festival. En revanche, pas le droit d’amener son propre grignotage maison, faut payer…

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Même McDo cherche à verdir son image, à grands renforts d’économies d’énergie, de bois certifié… et de bio.

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(A)typiques n° 5 / octobre-novembre 2010

le guide d’ici

Cuisine solidaireÀ Montpellier ,

La Table de Cana multiplie

les emploisÀ Montpellier et Perpignan, les restaurants La Table de Cana forment aux métiers de la cuisine un personnel en insertion, tout en innovant dans une activité de traiteur. Émulation au menu.

« Les tout premiers clients s’attendaient à du formica, des murs blancs et des chaises récupérées à Emmaüs.

Ils ont été sacrément surpris », se souvient Gilles Solis, gérant de La Table de Cana, un restaurant « d’insertion » situé dans la zone du Tournezy au sud de Montpellier. Loin de l’image d’Épinal de l’entreprise d’insertion, on s’y régale, dans un décor soigné, du gratin de seiche ou du fondant chocolat-orange sauce gingembre, au hasard de la carte ou du marché du jour. Au menu ce mercredi : petits toasts en guise d’amuse-gueule, assiette de saumon et d’espadon fumés, saucisse et pommes de terre grillées, mousse de fromage blanc aux fruits rouges. Le tout pour 12 euros.« Je n’ai jamais communiqué sur l’aspect insertion. Je veux qu’on vienne chez moi parce que nous sommes un bon res taurant. Pas pour d’autres raisons. » Que Gilles Solis se rassure : quand on interroge les clients sur leurs motivations, ils répondent « proximité », « qualité de l’accueil », « bons produits » ou « prix raisonnable ». D’ailleurs, « on n’a appris que bien après être venu pour la première fois, qu’il s’agissait, en fait, d’une entreprise d’insertion », témoignent Isabelle et Frédéric, deux clients réguliers, salariés dans une entreprise du quartier.

Food social clubAlla est en cuisine. Professeur de piano pendant vingt-cinq ans en Biélorussie, réfugiée en France depuis quelques années, elle s’est formée à la restauration avant de signer un contrat d’insertion avec La Table de Cana. Aujourd’hui, elle est à la pâtisserie après être passée par la plonge, les entrées ou les mignardises. « Le but, explique Geneviève, désormais chef de cuisine, c’est que les salariés tournent de poste en poste. Car ils

Une fédération

de restaurants d’insertion

Sept restaurants appar­tiennent à la fédération de La Table de Cana, initiée en 1985 par un prêtre jésuite à qui l’on doit la réfé rence bib lique de l’intitulé. Tous juri di­quement indépen dants, ils mutualisent cepen­dant leurs outils, leurs expériences et leurs capacités. Montpellier a été parrainé par Marseille avant de sou tenir la création de Perpignan. Et quand Montpellier reçoit une commande qui excède ses possi bilités, l’aide de Marseille lui permet d’y répondre. Le dernier projet en action – un système de compa­gnonnage, permettant aux salariés de faire le tour de France des Tables de Cana – démontre encore la richesse du travail en réseau. www.tabledecana.com

© Fabien G

eorges

sont aussi là pour acquérir un maximum de compétences qu’ils pourront valoriser sur le marché du travail. »Une maternité en début de carrière, une peau colorée, un nom étranger ou un manque de formation : entre discriminations et parcours de vie semé d’embûches, La Table de Cana se veut un marche-pied vers un emploi stable. Accordés à des personnes au chômage depuis plus d’un an, les contrats d’insertion durent deux ans maximum et prévoient, en échange d’une aide de 800 € à l’entreprise, un suivi social ou professionnel. L’objectif ? Qu’elles puissent vendre leur expérience sur le marché du travail.Mais point de misérabilisme. S’il est « très bénéfique de voir quelqu’un s’épanouir », comme le dit Geneviève, en outre « l’assurance sur le poste de travail vient rapidement ». Et la relation qui se crée entre l’entreprise et le salarié profite à tout le monde. « Nous n’hésitons pas à changer la carte en fonction de ce que chacun peut apporter », raconte Geneviève. Les clients se régalent désormais des biscuits russes d’Alla et des pâtisseries orientales de Djaïla, venue d’Algérie. De quoi se donner du coeur… à la cuisine.

© F

abie

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esBiélorusse réfugiée

en France, Alla se forme à tous les postes de

restauration.

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RESTOS

aTypiquES

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(A)typiques n° 5 / octobre-novembre 2010

« Échange repas contre gazinière, plaques

chauf antes, environ 8 m2 de placoplâtre, des usten-siles de cuisine, un coup de main, un mixeur… » Cette drôle d’annonce, c’est celle qu’on peut lire sur la porte du Passage, un restaurant associatif installé depuis 2005 dans une petite rue du Vigan pour faire découvrir la cuisine bio et végétalienne2. « La semaine dernière, on nous a apporté un panier de légumes en échange d’un repas mais nous nous contentons aussi d’une chanson », sourit Sylvie Clin, à l’origine du projet.« Moi-même végétalienne, j’ai eu l’idée de ce projet pour lutter contre l’espèce de morosité qui plombe le pays. Et comme j’avais travaillé à la fois dans une cantine scolaire et auprès des gens de la rue, j’ai eu l’idée d’un lieu mixte, familial et solidaire. » Car tout le monde ne

© Fabien G

eorgesCarnet d’adresses p. 40-41

Le Passage à l’acte

mange pas gratuitement : ceux qui peuvent payer permettent au lieu – en partie subventionné – de fonctionner.

Mixeur et mixitéClara, Zoé et Jiara, scola-risées au collège de la ville, y vien nent ainsi trois fois par semaine car « c’est meilleur qu’à la cantine et plus familial, sans être beaucoup plus cher ». Beignets de choux-fleurs, purées de lentil les corail, de galettes, de millet, le tout préparé aux herbes sauvages de la montagne : la cuisine fraîche et locale régale les propri étaires britan niques, allemands ou néerlandais des rési-dences secondaires des alentours. Et Sylvie Clin de se ravir qu’ils puissent se mêler aux familles issues de l’immigration – « Chez nous on ne regarde pas de travers les femmes qui portent le foulard. » –

ou à des demandeurs d’emploi – un actif sur sept au Vigan. Pour vaincre les préjugés initiaux, de la popu lation et des autres restau-rateurs, le projet a dû se professionnaliser. Créé par une équipe de bénévoles et meublé de bric et de broc, Le Passage emploie aujourd’hui trois person-nes, dont Sylvie, même si les retards de paiement sont fréquents. Ils n’em-pêchent pas l‘équipe de se lancer dans de nouveaux projets, comme l’ouver-ture, en septembre, d’un point de vente à emporter, destiné en particulier à des personnes âgées du voisinage, parfois peu aptes à cuisiner mais qui rechignent souvent à manger en extérieur. Au Passage, la solidarité met du beurre (de noix) dans tous les épinards.

Au pied de l’Aigoual,

Le Passage échange un repas contre un service

ou un don. Bio, végétalien et

associatif, ce resto devient un moyen

de créer ou de recréer du lien

social dans une ville où le taux

de chômage dépasse les 14 %.

Success story ?Portée par Replic, une coopérative d’acteurs publics locaux pour reproduire ici des projets d’entreprises solidaires qui ont fait leurs preuves ailleurs, l’idée du restaurant germe au cours de l’année 2006. Gilles Solis se rappelle : « Le resto devait se faire à La Paillade, mais je n’étais pas d’accord ; si on veut faire un vrai restaurant d’insertion, il faut le monter dans un quartier attractif, au milieu d’autres établissements, pour démontrer qu’il peut aussi être un très bon restaurant. » Le lieu choisi est finalement l’ancien restaurant d’application d’un institut de formation situé dans la ZAC du Tournezy, à l’ouest de Montpellier, zone truffée d’entreprises. La Table de Cana ouvre en janvier 2007. Le capital, qui ne donne pas droit à des dividendes, est détenu pour moitié par Replic, pour moitié par les salariés et des personnes extérieures.Au départ, Gilles Solis recrute des salariés proches du milieu professionnel, expérimentés et bien formés, comme Geneviève ou Alain, aujourd’hui chefs de cuisine et de salle en CDI. « Grâce à cet encadrement solide, je peux désormais me permettre d’embaucher des personnes plus éloignées de l’emploi, voire peu rentables au départ », se réjouit Gilles Solis. Ainsi, la grille des salaires s’étale actuellement entre 1 000 et 2 400 € 1. Entre le restaurant de 50 à 70 couverts qui ne désemplit pas le midi et l’activité traiteur qui génère les trois-quarts du chiffre d’affaires, le projet se révèle totalement viable. Nouvelles implantations, à Lodève et à Nîmes, promotion des produits locaux (pommes, noix, amandes, olives, asperges et châtaignes du Caroux, bière de Mèze), utilisation d’un véhicule électrique pour livrer des plateaux-repas, vaisselle biodégradable pour les événements en extérieur…, La Table de Cana est la preuve qu’une entreprise d’insertion peut réussir et innover dans un secteur ultra-concurrentiel.

1. Une entreprise est officiellement dénommée « solidaire » lorsque le dirigeant gagne moins de quatre fois le plus bas salaire.

Au Vigan (30)

2. Sans produits et sous-produits animaliers tels que les oeufs ou le lait.

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le guide d’ici

Avec soin, ils sélectionnent les saveurs locales qui sublimeront

leurs recettes. Et font bouillir leur créativité sans faire flamber

les prix. Portraits de restaurateurs qui résistent à la toute puissance

de l’agro-alimentaire.

« Tu ne voudrais pas me faire des carottes jaunes comme on en trouvait autrefois ? », demande Yves

à Jérôme. Yves Sevenier gère les Saveurs de l’Escale, seul restaurant certifié bio de la région, situé à Saint-André- de- Sangonis (34), à proximité du village médiéval de Saint-Guilhem- le- Désert. Jérôme Martinez, qui n’a pas la trentaine, est maraî cher bio à Argelliers, petite commune voisine. Au restaurant d’Yves, tout est bio, presque tout provient des fermes des environs et chaque plat est cuisiné. À l’opposé, deux-tiers des restaurateurs ne cuisinent plus (voir p. 17). Les dérives sont telles que le secrétariat au Commerce, à l’Artisanat et au Tourisme a cru bon d’inventer, en mai 2007, un nouveau titre, de Maître-Restaurateur, pour distinguer les cuisiniers qui se refusent à faire de l’assemblage. Mais il est méconnu : des snacks aux étoilés, fiez-vous plutôt à la carte. Pléthorique ? Il y a un hic. Restreinte ou saison-nière, à l’ardoise ? Déjà plus crédible. Car nombre d‘éta-blissements tentent malgré tout de proposer une cuisine réellement faite maison à partir de produits frais, si possible locaux et bio : meilleurs que les produits provenant de l’agri-culture intensive ou ayant parcouru des centaines de kilo-mètres en camion. Certes, le local n’est pas toujours bio et le bio pas forcément local, mais l’un comme l’autre relèvent d’une même démarche : sélectionner son produit1.

Restaurateurs engagés« Par mon âge et ma longue expérience en restauration, j’ai vu les aliments perdre leur goût. Or, si je n’ai pas de produits qui me donnent envie de cuisiner, je ne peux pas rentrer dans une cuisine. Alors c’est impensable de ne pas réagir ! » Gabriel Imperatori, du Méridien à Montpellier, cuisine bio et local même s’il s’autorise quelques produits exotiques comme le café, le chocolat ou la vanille. « Moi, j’ai vécu en Afrique et au Brésil et j’y ai vu les dégâts causés par l’industrie sur l’agriculture. Au Mali, les producteurs de coton se sont fait dévorer par les multinationales, raconte Henry-Jean Masson, du Symposia à Montpellier. Dans mon restaurant, je ne veux pas cautionner ces agissements. » « De toute façon, il m’est inconcevable de servir ce que, moi, je me refuserais à manger », remarque Éric Gannevalle, à Corconne (30).Alors, les chefs en quête de qualité font eux-mêmes leur marché auprès des agriculteurs de la région, à la recherche du bon produit. Pourtant, ce genre de démarche n’est pas toujours bien perçu : « On ne communique pas trop sur le côté bio et local de nos produits car les gens pense-raient que nous sommes forcément plus chers que la concur-rence », explique Anthony Closa, de la Crêperie du Théâtre à Perpignan. « À l’origine, le nom du restaurant devait être

L’Escale bio, se remémore Yves Sevenier. Mais en en parlant autour de moi, les gens m’ont lancé : " Tu vas nous faire manger des racines de pissenlit ? " Du coup, j’ai reculé sur le nom tout en décidant d’aller au bout de la certification pour montrer qu’il est possible de cuisiner et de manger bon et bio. » Trop cher et pas bon : deux préjugés ?

Pas de pétrole mais des idéesSi les combines pour se fournir bon marché auprès de tel ou tel producteur local sont bienvenues, tous avouent que la matière première, bio ou pas, leur revient globalement bien plus cher qu’en industriel. Et ils font leurs comptes : huile locale ou crème fraîche bio quatre fois plus chère, emmental bio hors de prix, etc. De plus, la transformation en cuisine est coûteuse en temps, donc en main-d’œuvre : « Je rémunère des gens à éplucher les légumes ; ce n’est pas le cas de ceux qui achètent du surgelé », sourit Yves.Comment faire pour ne pas répercuter ce surcoût sur la carte ? En fonction de ses ambitions culinaires, chaque établissement choisit une stratégie commerciale. Le Méridien, resto plutôt chic, ou le Mélo à la Bouche à Carcassonne, jouent la carte de la transformation raffinée : au final, le consommateur paie moins le produit que la main-d’œuvre. Au contraire, au Tournebelle, à Narbonne, ou au Comptoir Nature, au Somail (11), la bonne franquette règne en maître : ces restos parient

© Fabien G

eorges

(A)typiques n° 5 / octobre-novembre 2010

Gastronomie militante

Aux Saveurs de l’Escale, Yves Sévenier va lui-même choisir ses légumes chez le producteur. Ci-dessous ses

verrines de desserts.

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RESTOS

aTypiquES

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(A)typiques n° 5 / octobre-novembre 2010

Retour à l’envoyeurÀ La Buverte (11), Annie Séguy, elle-même ancienne viticultrice et proche de la Confédération paysanne, renvoie souvent ses clients vers les producteurs des environs : « Je suis un tremplin pour eux », se réjouit-elle. À Quillan (11), le restaurant Contre-Courant a mis à dis-position de ses fournisseurs un petit espace pour faire du dépôt-vente.

Carnet d’adresses p. 40-41

Restos vertsUne déco à base d’ocres naturelles, comme celle de La Goûtine, à Limoux (11), des produits d’entretien biodégradables au Méridien, aux Saveurs de l’Escale ou à La Part des Anges… Au restaurant, l’écologie n’est pas que dans l’assiette. Thau agglo, dans l’Hérault, a ainsi créé « Quali’Thau », un nouveau label, assorti de financements, pour inciter les restaurateurs du territoire à améliorer leur impact sur l’environnement.Ces derniers s’engagent notam ment à équiper leur évier d’un séparateur à graisses (pour éviter de boucher les cana lisations, les faire déborder et donc polluer) et à contrôler la propreté des grilles de ventilation des frigos pour diminuer leur consommation.

plus sur un bon produit, préparé simplement, que sur une assiette compliquée. D’où, par exemple, des viandes en grillade et non en sauce : « On sélectionne les produits qui nous semblent les meilleurs et on cherche à les mettre en valeur plus qu’à nous mettre en valeur. Quand le produit est bon, nul besoin de sauce pour masquer le goût. » Pour éviter à ses clients de payer le coût du gaspillage, des restaurants ne fonctionnent que sur réservation, comme, à Perpignan, Saveurs Natures, bio et végétarien. D’autres ont décidé de supprimer le coût élevé du service de la gamelle2 à l’assiette, comme Les Saveurs de l’Escale, où le consommateur se sert lui-même dans de grands bacs.Au final, les restaurants que nous avons visités ne sont pas plus chers que leurs équivalents qui se fournissent en industriel. N’empêche qu’ils galèrent tous pour s’ap-provisionner. D’un côté Bio Cash, le grossiste bio, aux grands conditionnements « inadaptés aux restaurateurs, qui ne travaillent qu’avec des petites quantités ». De l’autre, des producteurs qui ont du mal à s’adapter aux contraintes de la restauration. « On a préféré ne pas faire du bœuf car on n’a trouvé aucun producteur de qualité prêt à travailler avec des restaurateurs, uniquement intéressés par des pièces bien précises, et en petite quantité », avoue Karen du Tournebelle.

Le souci n’épargne pas la haute gastronomie. Michel Kayser, chef deux étoiles du Restaurant Alexandre à Garons, près de Nîmes, confie ainsi : « Le plus dur, c’est de trouver des gens qui acceptent de livrer dix kilos d’asperges plutôt que de tout envoyer à Rungis. Moi, je travaille avec un producteur d’asperges blanches des sables à Aigues-Mortes, je le soigne ! » Le rêve de ces restaurateurs ? Une centrale d’achat de produits bio et/ou locaux spécialement pour la restauration.

Une cuisine moins formatée Pour autant, pas question de cantonner les restos rigoureux sur la qualité à des assiettes pour ascètes. « Bio, macrobiotique, végétarien, on met tout dans le même sac, s’indigne Henry-Jean Masson. Dans mon resto, on y vient d’abord pour manger de la viande et du poisson. » « Il faut arrêter de faire croire que les recettes bio sont différentes », renchérit Yves Sevenier. De fait, ces restos aux produits bio et/ou locaux sont aussi diversifiés que les restos « classiques ». Les tables végétariennes ou carrément végétaliennes coexistent avec des crêperies, fast-foods, de la cuisine familiale, internationale (brésilienne aux Délices de Léla à Alès) ou haut de gamme.Mais utiliser des produits frais crée une cuisine souvent bien plus savoureuse. Surtout lorsque des produits non standardisés renforcent son originalité : panais, topinambour, rougette de Montpellier, algues, herbes sauvages, etc.

© Philippe Serpault - La Goûtine

1. Pour obtenir le label bio, il est nécessaire d’utiliser 95 % de produits issus de l’agriculture biologique. 2. La gamelle désigne le plat dont se sert le restaurateur pour préparer son met avant de le disposer sur l’assiette du client.

© Cédric Le Roy - Re Act

Gastronomie militanteBio et locale

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le guide d’ici

À Corconne (30), Éric sert des tagliatelles de courgettes au vinaigre de framboise. À La Part des Anges à Sète (34), Sylvie expose toutes les variétés anciennes de tomates biodynamiques, en direct du producteur, dont elle se sert pour ses tartes. Aux Saveurs du Sud à Anduze (30), Patricia cuisine la pintade à la carthagène et mêle à ses plats bourrache, roquette, pimprenelle, amarante, coquelicots ou capucines qu’elle cueille elle-même dans la montagne cévenole. Au Méridien, Rabah et Gabriel proposent des muffins d’arti chauts à la tomate et à la coriandre. Quand ils prennent les chemins de traverse, les chefs sont de vrais empêcheurs de cuisiner en rond.

Les restos marquent leur territoire

« Pays cathare » dans l’Aude, « Qualité Hérault », « Militant du Goût » dans le Gard, les chambres professionnelles et les syndicats touristiques labellisent les restaurateurs qui valorisent les produits du terroir et de saison. Une façon de soutenir les agriculteurs locaux, d’harmoniser la communication, tout en offrant une garantie aux amateurs de bonnes tables. Mais les critères divergent. Dans l’Hérault, il « suffit » de proposer au moins trois produits locaux sur la carte, alors que, dans le Gard où la CCI d’Alès organise des forums pour faire se rencontrer restaurateurs et agriculteurs – comme dans l’Aude –, le titre n’est décerné qu’aux seuls établissements qui utilisent en majorité des produits du département et de saison. Au niveau régional, « Qualité Sud de France » tend à harmoniser ces différents critères : minimum de trois entrées, de trois plats et de trois desserts « à consonance locale ou régionale », sélection de vins et de fromages du terroir, repérage des produits locaux sur la carte, etc. Mais cette dernière marque – controversée (voir (A)typiques n°3) – ne garantit pas pour autant l’origine locale des produits.

Pour en savoir plus, rechercher les restaurants labellisés et télécharger les guides :Marque Pays cathare : http://audetourisme.com (« Savourer »)Militants du goût : www.gard.fr (« Nos actions »)Qualité Hérault : www.qualite-herault.fr (« Gastronomie »)

« Une vie de dingue »

Dans une journée de vingt-quatre heures, fermier et restaurateur,

c’est tenable ? Vincent Moriniaux, maître de conférences en

géographie à l’univer-sité Paris IV, a enquêté

sur les fermes-auberges. « La gestion d’une ferme

et d’un restaurant néces site un enga gement

de toute la famille : le mari travaille au champ

pendant que son épouse est en cuisine ou en salle,

les parents donnent un coup de main l’été

et les enfants servent… Bref, une vie de dingue

de moins en moins compa tible avec le

légitime désir des femmes d’agriculteurs

d’avoir un emploi dans un autre secteur (en ville

p. ex.), avec le fait que les générations

ne vivent plus sous le même toit

et avec l’aspiration des agriculteurs à partir

en vacances comme tout le monde. Du coup,

certains évoluent vers de la restauration

pure et simple, la ferme devenant un élément

du décor : on ne cultive ou on n’élève plus,

on achète les produits chez Metro

et on emploie des saisonniers. »

Aux Sardines argentées, sur le port de Carnon (34), Pierre Bonin sert du poisson, comme dans les restos voisins. Mais avec une exigence et une éthique sans écaille. Ici, point de poissons d’élevage : tout vient de la criée du Grau-du-Roi. « J’y passe quatre heures par jour alors qu’un restaurateur traditionnel fait ses commandes au téléphone, en moins d’une heure. Moi, j’achète ce que je vois », appuie Pierre, qui gère aussi une poissonnerie.En fonction des saisons et de la pêche, Pierre compose son menu tous les jours sur l’ardoise. « Si je veux rester abordable, je dois suivre les cours. Selon la météo la dorade peut passer de 6 à 16 € le kilo en trois jours, et en été, elle est plus chère qu’en automne. Pareil : entre septembre et mai le prix du rouget se multiplie par cinq. Si je n’avais qu’une carte, il me faudrait travailler avec de l’indus-triel pour lisser les prix et avoir de tout, tout le temps. »Le mode de fonctionnement de Pierre déconcerte parfois : « Un même poisson n’a pas forcément toujours le même goût en fonction de là où il est pêché, et de quand il est pêché : ça, tout le monde ne l’accepte pas. Et certains clients ne comprennent pas que je puisse tomber en panne de Saint-Jacques. » Mais le bouche-à-oreille et Internet aidant, « des gens font 50 km pour manger chez moi, et certains se disent rassurés que tout ne soit pas disponible en permanence ! ».

© C

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© Raquel H

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Fleurs, variétés anciennes, assemblages créatifs : le bio et local signifie souvent aussi une cuisine moins formatée.

© Sous le chêne

(A)typiques n° 5 / octobre-novembre 2010

Autour du bassin de Thau, de nombreux

producteurs de coquillages sont

aussi restaurateurs. Ces fermes-

auberges aquacoles valorisent au mieux

leur production…pour leur permettre

de survivre économiquement.

Le poisson sans une écaille ?

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RESTOS

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(A)typiques n° 5 / octobre-novembre 2010

Les poules ont bien pondu. Demain, Mélissa cuisinera une ome lette à ses hôtes. Quand elle a repris la ferme de ses parents,

en 2005, Mélissa, jeune agricultrice dans le Minervois, a tout de suite voulu déve lopper un accueil touristique et gustatif, sous la forme de la table d’hôte, « pour valoriser une partie de la production », entendez : l’écouler dans de bonnes conditions, sans intermédiaires.Oeufs, fromage de chèvre, chevreau, cochon, légumes, fruits, confitures : l’exploitation, volontairement diversifiée, fournit l’esssentiel de ses ingrédients aux côtés de la farine et de l’huile de l’épicerie bio et du vin des voisins. Mélissa se fie ensuite à son « humeur » pour proposer des recettes locales nourries d’influences méditer ranéennes ou orientales : chevreau rôti au miel, chausson au fromage et au thym… Ici, pas de chichis. À la ferme des Bouquets, le menu est unique et la table la même pour tous, les plaisirs de l’assiette déliant les langues. Et attention, qu’on dorme ou non à la ferme, la réservation est de mise car la cuisine s’adapte au nombre des convives.Mélissa n’est pas une exception. Au Costa de Dalt, dans la vallée du Vallespir, à la frontière avec l’Espagne, Michèle gère de front un élevage bovin en bio et une ferme-auberge, ouverte trois jours par semaine1. Elle trouve « passionnant de voir le cycle du produit, de l’animal ou de la terre jusqu’à l’assiette » mais croule sous la double charge de travail, souvent nécessaire pour joindre les deux bouts (voir encadré à gauche). Ses clients, eux, se régalent de son gigot d’agneau aux noisettes et aux poires.

Saveurs du jourAutre lieu, autre style. Nous sommes à Bouzigues (34), au bord de l’étang de Thau, et la grande avenue Louis Tudesq enchaîne les restaurants, cibles des touristes. Une bonne moitié s’affiche comme producteur et restaurateur, une formule qui plaît : « Certains ne viennent que parce que nous sommes aussi producteurs », constate Gérard Benezech, patron de La Nymphe. Producteur- restaurateur, une garantie de qualité : « Nous, on sait ce qu’on vend alors que ceux qui achètent pour revendre, ils ne savent pas toujours très bien ce qu’ils ont dans les mains. » « Chez nous, pas de carte, indique Jean-Christophe Cabrol, de La Tchèpe, car on s’adapte continuellement à la production : on ne sert que des coquillages du matin, voire de l’heure ; et, par exemple, les oursins, il n’y en a que l’hiver. »Vu du client, aller au resto chez le producteur évoque la possibilité de goûter à des plats typiques – la soupe de castagnous ou le poulet au vieux grenache de la Borie La Vitarèle –, ou typés – le steack de bison à l’élevage des Randals sur le Causse Noir – dans un cadre convivial. Comme au Montet (48), dans la haute-vallée du Lot, où, les vendredis d’été, on file l’aligot, on grille le cochon et on cuit le pain dans le four à bois pour des repas mémorables.Mais pour le producteur, l’enjeu est tout autre. Il est souvent question de survie, notamment chez les conchyliculteurs. Aujourd’hui,

Carnet d’adresses p. 40-41

Coquillages tout juste sortis de l’eau, légumes cueillis du matin : au resto aussi, les circuits courts nous régalent, et permettent aux aubergistes-fermiers de vivre de leurs productions. Ripaille militante.

1. Validé par les chambres d’agriculture , le statut de ferme-auberge garantit que plus de la moitié des ingrédients proviennent de l’exploitation et que les autres sont des produits fermiers et locaux. La région L-R dénombre 22 fermes-auberges.

les huîtres de l’étang de Thau sont souvent refusées par la grande distribution qui les juge trop grosses. « Seule la restauration permet à la production, aujourd’hui déficitaire, de s’en sortir », observe ainsi André David, au restaurant Le Marin, ostréiculteur comme son père et son grand-père. « Le circuit classique est de plus en plus difficile ; si l’on ne valorise pas nous-mêmes notre production, on va droit dans le mur. » Pour contribuer à la sauvegarde de cultures diversifiées et adaptées au territoire, goûteuses, mais peu rentables, ni réductibles aux standards du marché… mangez chez un producteur !

© C

édric

Le

Roy

- Re

Act

Auberges à la ferme Les producteurs - restaurateurs

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(A)typiques n°5 / octobre-novembre 2010

« C’ est un resto à midi, un salon de thé l’après-midi, une librairie, une salle d’expo, un point d’accès

à Internet, un relais postal, une salle de concert en soirée ; bref, c’est un endroit très important pour les gens du coin, c’est ici que les gens se rencontrent. » Pour Philippe, la vie ne serait pas tout à fait la même sans L’Orange bleue, petit restaurant dressé sur la place du village d’Octon (34), à quelques encablures du lac du Salagou. Ce soir, Philippe, bassiste dans le groupe Memento, joue sur la petite scène du lieu, un bout de salle débarrassé de ses tables et chaises. Le public, lui, a le choix entre une assiette de cuisses

de poulet et des lasagnes. « Ici, les clients demandent rarement ce qu’il y a à manger, ils ont confiance. Souvent, je les sers sans même qu’ils m’aient posé la question », explique Adèle. « Dans le coin, l’habitat est très dispersé, précise Manu, le restau-rant est donc important car il crée du lien social. On n’y vient pas seulement pour manger même si c’est très bon. »À la campagne, le resto peut devenir l’endroit idéal où refaire le monde. Et en ville, comment se créent les rencontres ? À Montpellier, à La Teranga, on mange afro-antillais mais on cause aussi afro-antillais, pendant ou après les repas : expos, musique, « soirées à palabres » mettent à l’honneur les cultures noires. À quelques centaines de mètres, entre deux concerts, Le Baloard accueille, une fois par mois, le bistrot des ethnologues ou le Bar des Sciences pour des échanges intelligents et gourmands. À Carcassonne, au Païchérou, sur les bords de l’Aude et dans l’odeur des grillades, l’accordéon fait valser depuis trois générations. À Uzès (30), Aurélie, jeune maman, a créé Les Petites Mains, petit resto bio et associatif parents-enfants. Si on y va le midi pour manger, on y revient l’après-midi pour discuter allaitement ou pour un atelier (cuisine, gym, anglais, etc.) ouvert aux tout-petits

et à leurs parents. À Perpignan, on peut acheter du vin et des bocaux du terroir à la Crêperie du Théâtre (bio). À Sète, à partir d’octobre, Sylvie organise des goûters bio pédagogiques autour de la terre vivante et nous fait partager ses découvertes à La Part des Anges : « Je rêvais d’un lieu où l’échange humain est primordial. »

Papilles culturellesÀ deux pas du musée de Lodève, Sylviane prolonge le plaisir de l’art par des expos dans son resto Le Soleil Bleu. À La Décoratrice, à Sète, il faut traverser la boutique de déco funky et design avant de rejoindre Carole dans la cuisine-resto où elle organise des ateliers de cuisine enfants, donnant sur la véranda où son compagnon relooke des meubles anciens. Et entre les pierres du Flo des Mots, on s’enivre de l’odeur des livres, des vapeurs de la cave à vin, tout en dégustant des tartines… pendant que les trublions se divertissent à l’espace enfants.Au milieu du parc naturel de la Narbonnaise (11), entre canal et étang, le Tournebelle – où l’on mange local et bio – fait zinguer ses habitués dans une ambiance guinguette revisitée, moderne et jazzy. « Si nous avons ouvert ce lieu, ce n’est pas seulement pour faire à manger, c’est aussi pour s’amuser , confient Karen et Sylvain, et la musique est ce qu’il y a de plus facile et de plus rapide à mettre en œuvre car elle ne demande pas beaucoup de matériel. » Ce qui ne les empêche pas d’être créatifs en organisant un ciné- concert (un combo de jazz accompagne en direct un chef-d’œuvre du muet, projeté en plein air), et bientôt, peut-être, des spectacles de marionnettes ou des cafés écolo. Avant le café, vous reprendrez bien un peu de culture ?

Assemblez un repas sympa, une expo, un concert, une boutique : la brochette culturelle est prête. Voyage dans des restaurants où l'essentiel n'est pas toujours dans l'assiette .

© Fabien G

eorges Service multifonction

(M)eating potes

À l’Orange bleue

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le guide d’iciRESTOS

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(A)typiques n° 5 / octobre-novembre- 2010

[ Texte Fabien Georges][ Photos Imajam ]

[ Illustrations Julien Revenu ]

détient 10 % de la puissance installée en France. Et ce n’est qu’un début… du moins sur le papier ! Le Grenelle 1 (2009) entend dynamiser la production d’énergies vertes, en portant de 7 à 23 % la part des énergies renouvelables dans la consommation d’énergie d’ici 2020. Pour participer à cet effort, l’éolien devra multiplier sa production par cinq pour atteindre 10 000 éoliennes. Or, pour installer une éolienne, il faut un site. Là commencent les ennuis… Les communes et les communautés de communes ou d’agglomération louvoient entre leur désir d’augmenter les recettes de la collectivité et la nécessité de contenter leurs électeurs, parfois réticents à l’égard des projets éoliens. Dans l’Aude, un projet a été abandonné par le conseil municipal après que 60 % des électeurs aient signé une pétition (à l’inverse, les riverains du parc éolien d’Aumelas dans l’Hérault se sont majoritairement prononcés pour son extension).

Du plomb dans l’aileDu Rhône au Lauragais, les oppositions sont de plus en plus fréquentes. Capables de se mobiliser rapidement (via Internet), et soutenues par des personnalités influentes comme Valéry Giscard d’Estaing, les associations anti éoliennes s’appuient sur des réseaux comme Vent de colère ou la Fédération de l’environnement durable (FED), pour ficeler leurs dossiers, au nom de la défense de l’environnement. Paradoxalement, comme

« Le Minervois est en danger ! » alerte Didier Jocteur-Monrozier, président de l’Association

de défense des collines du Minervois. Feux de forêt, inondations, invasion de criquets ? La menace est ailleurs. « Les parcs éoliens se multiplient. Ils ne servent à rien sauf à nuire au territoire et à ses habitants. » Tout comme les autres groupes antiéoliens, l’association, forte de ses 200 membres, n’hésite pas à recourir aux tribunaux administratifs pour retirer les permis de construire accordés aux installateurs. De quoi convertir les moulins à vent modernes en habitués des cours de justice. À Montpellier, le tribunal de grande instance a même condamné, le 4 février 2010, le parc éolien de Névian (11), pourtant en règle, au titre d’un trouble anormal du voisinage. Si le jugement se confirme en appel, la Compagnie du Vent devra démonter quatre éoliennes et verser plus de 400 000 euros à son voisin, le domaine viticole de Bouquignan, pour nuisance sonore, dégradation du paysage, et moins-value estimée de la propriété. Une première en France, au moment où le pays milite officiellement pour le développement de l’éolien.Rien qu’en 2009, 500 éoliennes ont hissé leur mât dans le ciel français, pour atteindre 3 000 en fin d’année, soit 20 fois plus qu’il y a dix ans. En Languedoc-Roussillon, des vents particulièrement favorables et soutenus font de la région le deuxième gisement éolien du pays (derrière la Bretagne). Avec 303 éoliennes réparties sur 40 parcs, elle

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la question qui tue

Vent De DiscorDe

Pourquoi les éoliennes tournent-elles au vinaigre ?

Souffles rebels dans

la campagne languedocienne :

des opposants bloquent les

nouvelles installations

d’éoliennes. Ces sirènes du ciel,

sources d’énergie propre, locale

et inépuisable, sont aussi

perçues comme de bruyantes

massacreuses de paysages,

peu efficaces et issues du grand capital. Nez au

vent, (A)typiques s’engouffre au coeur de

l’orage… histoire de redonner

souffle au mistral gagnant.

Page 29: MAG5-PDF.pdf

(A)typiques n° 5 / octobre-novembre 2010

Corbières (11), Montagne de la Moure, Haut-Languedoc (34)…

Vents contrairesLe repas avait bien commencé…, mais ils en ont parlé. Les anti éoliens sont-ils de parfaits obscurantistes noyautés par les lobbies nuclé aires, qui défendent leur pré carré ? Les pro éoliens sont-ils des écolos béats qui croient que la technique va sauver le monde ? Avant que les poncifs sur les éoliennes ne fassent tourner votre bon cru au vinaigre, essayez de repérer vrais fantasmes et faux arguments. Votre dessert n’en sera que plus digeste.

l Retrouvez les arguments anti-éoliens passés au crible dans les pages suivantes.

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Pourquoi les éoliennes tournent-elles au vinaigre ?

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(A)typiques n° 5 / octobre-novembre- 2010

l« Les éoLiennes font du bruit »

Au pied d’une éolienne, le bruit équivaut à celui que l’on entend à l’intérieur d’une voiture. Et il diminue fortement dès que l’on s’en éloigne. D’autant plus que la technologie a beaucoup progressé. Le bruit d’une éolienne ne représente donc aucun danger pour la santé, a conclu un rapport de l’ex-Afsset 6, datant de mars 2008 et réalisé par un collège d’experts en acoustique et en évaluation des risques sanitaires. Mais si la proximité d’éoliennes n’entraîne pas de troubles auditifs, elle provoque des gênes sonores… exacerbées par un milieu rural statistiquement plus calme, ou encore par une opinion négative sur l’éolienne, comme le prouvent, selon Dominique Barthès, des études néerlandaises et suédoises de grande ampleur. Idem pour les troubles physiques et psychiques, peu fréquents, qui n’ont pas de rapport avec le niveau sonore reçu des éoliennes.

1 Anémomètre2 Pales3 Multiplicateur4 Alternateur5 Transformateur6 Systèmes de

refroidissement

30

les 883 associations proéoliennes du réseau « Sortir du nucléaire ». « Tracts, meetings, actions juridiques, tous les moyens sont bons pour lutter contre les éoliennes », explique Pierre Bonn, président de l’Association de défense de l’environ nement en Nord-Lauragais. Dépréciation de la valeur des maisons, massacre des paysages et des oiseaux, bruit et fuite des touristes : les arguments sont nombreux pour faire des éoliennes industrielles des empêcheuses de vivre heureux à la campagne (voir encadrés). Certains doutent même de l’efficacité des éoliennes, comme Didier Jocteur- Monrozier et Pierre Bonn, livre de Claude Allègre 1 à la main ; tandis que d’autres, comme Michel Degré, président de l’association La Farigoule, se refusent « à prendre un parti antiéolien », se bornant à demander « que toutes les implantations industrielles se fassent en concertation avec les populations locales ». Enfin, quelques-uns, issus des milieux écologistes et donc traditionnellement les plus ouverts à cette innovation environnementale, accusent les éoliennes et les opérateurs éoliens – très souvent, des filiales de grandes entreprises (EDF-ENR appartient à EDF, Eolfi à Veolia, la Compagnie du vent à GDF-Suez, etc.) – d’être les chevaux de Troie à la campagne du capitalisme transnational.La lutte contre les éoliennes fait-elle partie du fameux syndrome « c’est bien, mais pas dans mon jardin » 2 ? Contrairement aux apparences, les riverains perçoivent mieux les parcs éoliens que les autres. Ainsi en 2003, une étude publiée par l’ADEME 3 a prouvé que les habitants des territoires équipés en éoliennes – comme les Audois et les Bretons – s’en font une meilleure image que la moyenne des Français. En majorité, ils trouvent que les parcs ne nuisent ni au tourisme, ni au paysage, ni à l’environnement. En fait, l’opposition est souvent le fait de néoruraux, plus enclins à sacraliser le paysage rural,

pour sa valeur patrimoniale et culturelle. Peu avertis des enjeux économiques locaux, ils « supportent difficilement la modification d’un paysage qu’ils estiment avoir acquis avec leur habitation », avance Élodie Valette, géographe au CIRAD 4. De son avis, « le conflit, dans les espaces ruraux audois, naît de l’affrontement entre des conceptions différentes de l’espace, en fonction de ses usages par les acteurs locaux ».

Un éolien plus citoyenAlors comment détendre le bras de fer entre usagers aux intérêts opposés ? En faisant d’abord preuve d’une meilleure concertation, répondent les professionnels de l’éolien. Certes, la loi prévoit déjà des dispositifs, comme l’enquête publique, supposée compiler les préoccupations des uns et des autres. Mais, de l’expérience de Jean-Paul Salasse, directeur des Écologistes de l’Euzière et médiateur de concertations sur l’éolien, « à ce moment-là, il est déjà trop tard : le projet est ficelé. En réunion publique, les crispations ne peuvent que monter, et le ton avec ». Alors comment organiser un vrai débat démocratique ? « Certains maires sont tentés par le référendum, mais seuls les opposants s’y rendraient. La concertation groupe par groupe, dès le début, comme à Lézan (30), se révèle plus efficace. » « Nous devons effectivement faire plus », reconnaît Guillaume Marcenac, chargé de projet à la Compagnie du Vent. « Nous avons commencé à organiser des réunions avec les populations locales pour comprendre leurs inquiétudes et tenter d’y remédier en amont. Et en aval, nous ne devons pas hésiter à ouvrir nos parcs. » Les opérateurs, collectivités ou associations se lancent ainsi dans le « tourisme éolien ». La mairie de Névian (11) accueille des élus venus se renseigner, tandis que le CPIE 5 du Haut-Languedoc propose chaque semaine, « Au carrefour des vents », une animation hebdomadaire de trois heures pour découvrir le parc de Cambon-et- Salvergues (34). Après la visite, on ne regarde plus les éoliennes du même oeil !Mais au-delà des préjudices environnementaux, « les habitants installés plus anciennement reprochent

1. Dans le livre L’imposture climatique paru en mars 2010 et surmédiatisé, Claude Allègre dénonce l’idée du réchauffement climatique du aux émissions de CO2, donc à l’activité humaine. Pour lui, il ne s’agit que d’un vaste complot d’écologistes et de climatologues.2. Le syndrome NIMBY [Not in my backyard] touche les personnes qui sont d’accord sur un principe…, jusqu’à ce que ça les concernent directement.3. Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie.4. Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement.5. Centre permanent d’initiative pour l’environnement.6. Agence française de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail (aujourd’hui nommée ANSES).

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Principaux composants de la nacelle d’une éolienne

la question qui tue

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(A)typiques n° 5 / octobre-novembre 2010

l« Les éoLiennes déprécient La vaLeur de L’immobiLier »En 2002, selon une étude du CAUE 1 de l’Aude, 76 % des agences immobilières interrogées estimaient que la proximité d’un parc éolien n’avait pas d’effet négatif sur la valeur du prix d’une maison. Aujourd’hui, Didier Tixador, administrateur de la FNAIM* de l’Aude et directeur de l’agence Corbières Immobilier à Lézignan-Corbières (11), fait la même observation : « Si la proximité d’une autoroute ou d’une voie ferrée a des conséquences sur la valeur d’un bien immobilier, ce n’est pas le cas pour des éoliennes. » La seule étude statistique de grande ampleur montre qu’aux États-Unis jusqu’en 2009, hors évolution générale du marché immobilier, le prix des habitations situées à moins de 1 600 m des éoliennes baisse globalement d’environ 5 % entre l’annonce du projet et la mise en service, puis revient à la normale en trois ans. Et aucun effet significatif à plus grande distance. La vue ou l’absence de vue sur les éoliennes n’a pas non plus d’effet systéma-tique. Les éoliennes pourraient en revanche affecter la valeur des demeures de prestige, qui tient compte des moindres détails.

l« Les éoLiennes ne rapportent qu’aux industrieLs »Maire de Névian (11), Magali Vergnes évalue à 100 000 euros environ les retombées annuelles du parc éolien de sa commune, au titre de l’ex-taxe professionnelle et de sa remplaçante, la cotisation économique territoriale (CET), auxquels s’ajoutent 20 000 euros de loyer par an, le parc étant installé sur une terre communale. Depuis quelques années, les opérateurs négocient souvent leur implan-tation contre un mécénat d’entreprise, par exemple pour reconstruire l’école, enterrer les lignes électri-ques… « Une manne souvent providentielle pour des petites communes sans grands moyens, et bénéfique pour les habitants si les projets sont bien choisis », analyse Jean-Paul Salasse, des Écologistes de l’Euzière.Par ailleurs, l’éolien crée un emploi de maintenance, forcément non délocalisable, tous les 10 mégawatt (MW). En tout, l’éolien aurait créé 600 emplois directs en Languedoc- Roussillon, dont la moitié autour de Montpellier. Et 10 000 emplois directs ou indirects dans toute la France, soit plus de trois par éolienne. Néanmoins, « si les nuisances sont localisées, les retombées sont très dispersées, les emplois étant souvent créés en-dehors des sites de production », concède Dominique Barthès.

l« Les éoLiennes gâchent Les paysages »

« Il n’y a pas de vérité, certains trouvent les éoliennes très belles, d’autres très laides. » Pour Jean-Paul Salasse, l’esthétique d’une éolienne n’a pas fini d’être débattue car « il est difficile d’établir des normes en matière de qualité du paysage ». Or, même s’il est possible de réduire l’impact paysager – comme à Cambon- et- Salvergues (34) où, plantées au milieu des sapins, il n’y a que le haut des éoliennes qui dépasse, les mâts échappant au regard – « une éolienne ça dépasse souvent les 100 m, et ça se voit », reconnaissent les profes sionnels. Tout comme « un barrage hydraulique, une centrale thermique ou n’importe quel équipement : route, auto-route, ligne à haute-tension… ». En position d’arbitres, les pouvoirs publics n’ont pas la tâche facile. Ce qui conduit à certaines décisions pour le moins curieuses. Guillaume Marcenac se souvient ainsi d’un projet de parc refusé pour sa proximité avec un château, pourtant distant de plusieurs kilomètres, « alors qu’une autoroute et une ligne à haute-tension passent déjà entre le site retenu et le château ! ».

l« Les éoLiennes rebutent Les touristes »À Cambon-et-Salvergues (34), la ferme des Taillades, située à 500 m d’un parc de 23 mâts, n’a jamais constaté d’impact éolien sur la fréquentation de ses chambres d’hôtes. Dans la même commune, André Pinenq, propriétaire du gîte Contournet, à 600 m de la première éolienne et adversaire du parc, ne se souvient que de deux familles qui ont annulé une réservation après avoir détecté, via Google Maps, la présence d’un parc à proximité de leur lieu de vacances.

7. Conseil d’architecture d’urbanisme et de l’environnement.* Retrouvez les explications relatives aux astérisques dans le Carnet d’adresses, p. 40.

« Une éolienne chez moi, ça va pas, non ?

Vous voulez gâcher ma tranquilité, ou quoi ?! »

Montagne noire (11), Malon-et-Elze (30), Chaudeyrac (48)…

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(A)typiques n° 5 / octobre-novembre- 201032

la question qui tue

l« Les éoLiennes tuent Les oiseaux et Les chauves-souris »

« Dans la région, on ne peut pas dire que les éoliennes constituent un problème pour les oiseaux », explique Jean-Paul Salasse, naturaliste et directeur des Écologistes de l’Euzière, une association de protection de l’environnement. « Quand le vent vient du nord, les oiseaux volent bas. Mais comme le ciel est alors dégagé, les éoliennes ne sont pas cachées dans le brouillard : les oiseaux savent les éviter. À Treilles (11), un couple d’aigle royal a ainsi appris à les contourner. » Dominique Barthès indique que « selon différentes études, les parcs éoliens terrestres tuent entre 0,5 et 10 oiseaux par mégawatt (MW) et par an. Certes, il y a des exceptions, comme en Navarre (pas d’étude d’impact sérieuse réalisée, et des implantations en dépit du bon sens) ou aux Pays-Bas (beaucoup de brume et beaucoup d’oiseaux de mer, qui pénètrent loin à l’intérieur des terres). Mais si l’on compare les 100 000 oiseaux tués par an en France par les éoliennes aux centaines de milliers victimes des autoroutes, aux millions tués par la chasse et aux dizaines de millions électrocutés par les lignes à haute-tension, on en déduit que l’impact des éoliennes est relativement faible ».Les critiques avancent aussi une surmortalité de chauves-souris. Là encore, Dominique Barthès se veut rassurant : « Elles ne sont pas victimes de collisions avec les pales, mais de la surpression dans le sillage immédiat de celles-ci. Les solutions sont donc simples et déjà prévues par les porteurs de projet : 1) éviter d’implanter une éolienne à proximité immédiate d’une grotte où nichent des chauves-souris ; 2) éviter les routes de migration importantes ; 3) programmer les éoliennes pour qu’elles ne démarrent pas si le vent est faible : c’est le moment de sortie privilégié pour les chauves-souris. »

notre photographe a trouvé ce canard au pied d’un mât d’éolienne

[aux projets éoliens] leur caractère exclusivement financier : pour eux, les entreprises visent la rentabilité à tout prix, au mépris du territoire », remarque Élodie Valette. « Qui plus est, pour profiter surtout aux citadins, voire pour exporter l’électricité à l’étranger », précise Jean-Paul Salasse.Or, selon une étude néerlandaise, « lorsque les riverains sont intéressés financièrement, ils sont quatre fois moins nombreux à se dire gênés par le bruit des éoliennes », complète Dominique Barthès, du bureau d’études 3B Énergies. Alors, pour emporter l’assentiment de la population locale, les opérateurs tentent de l’impliquer financièrement. Dans le Lézignanais, la Compagnie du Vent a conclu un partenariat avec la cave coopérative pour améliorer le système d’irrigation et aménager un espace de vente pour les viticulteurs. Par le biais d’une société d’économie mixte (SEM), cet opérateur partage risques et bénéfices avec des communes et communautés de communes, par exemple dans la Drôme.

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l« L’énergie éoLienne coûte

trop cher »

L’État oblige EDF à racheter l’électricité

éolienne à 0,082 €/ kWh, contre 0,30 €/ kWh pour les installations solaires

et un prix de revient de 0,051 €/ kWh pour

le nucléaire. Ce surcoût est répercuté sur nos factures via la Charge sur le service

publique de l’électricité (CSPE), de 4,5 €/ MWh, soit

5 à 10 €/ mois. Mais seuls 3 % de cette taxe sont liés

au surcoût des énergies renouvelables, l’éolien

comptant pour un tiers. Soit un surcoût, pour nous,

de moins de 0,10 € par mois. Surcoût qui épargne, certes,

les pays qui achètent de l’électricité à la France …Les coûts de production, eux, oscillent aujourd’hui

entre 0,4 et 0,8 €/ kWh. Divisés par deux depuis

les années 80, ils devraient encore chuter pour devenir

équivalents au prix du marché autour de 2020 et

permettre ensuite de baisser le tarif de rachat.

Certes, entre-deux, les géants de l’énergie auront

profité de ce haut tarif. Mais en parallèle, les éoliennes

permettent de réduire le risque économique lié

à l’envol du prix du baril de pétrole.

l« Les éoLiennes sont inefficaces »En moyenne, une éolienne fonctionne 70 % du temps, mais cela équivaut à environ 24 % à pleine puissance. De prime abord, cela paraît peu. C’est pourtant autant qu’une centrale thermique classique et beaucoup plus qu’une installation photovoltaïque. Une éolienne nouvelle génération (de 2 MW) est environ dix fois plus puissante qu’il y a dix ans, et fournit en électricité, chauffage compris, l’équivalent de 2 000 habitants – en France, le parc éolien actuel fournit 2,5 millions d’habitants. « Si les éoliennes tournent juste quand on n’a pas besoin d’électricité, ça ne sert à rien puisque l’énergie ne peut se stocker, et on est obligé de faire plus de centrales thermiques pour faire face aux pics de consommation », leur reproche-t-on souvent. L’énergie éolienne est variable, certes, mais, le réseau de transport d’électricité (RTE) et Météo France disposent d’un logiciel pour prévoir la production éolienne une heure à trois jours à l’avance. Ils peuvent alors optimiser la production d’énergie en fonction de la demande, en ouvrant un barrage ou en démarrant ou arrêtant une centrale à charbon ou au fioul, un réacteur nucléaire étant plus lent à s’allumer. De plus, en raison de la saisonnalité des vents, les éoliennes fonctionnent plus souvent l’hiver, quand on a le plus besoin d’elles, que l’été. Alors, l’éolien, énergie du futur ? Pour Dominique Barthès : « vu l’intermittence de l’éolien, il ne peut se substituer au nucléaire que de façon marginale. Sa vocation est plutôt de le compléter en remplaçant les énergies fossiles. De toute façon, la priorité est de diminuer les émissions de CO2. »Pour Jean-Paul Salasse, il faut aller plus loin et « sortir du schéma mental du “ toujours plus “ pour se poser la question fondamentale : “comment réduire notre consommation d’électricité ?“ C’est bien de développer les énergies renou-velables – de façon diversifiée, car aucune n’est parfaite. Mais si la demande continue à grimper de 2 à 3 % par an, il faudra aussi faire de nouvelles centrales au fioul… ».

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Loi. Le vent tourneVoté durant l’été 2009, le Grenelle 1 avait placé la barre haut : en 2020, l’éolien devra fournir 25 000 MW (terrestre et offshore), soit quintupler la puissance actuelle. Adopté en juin dernier, le Grenelle 2 devait apporter les moyens de ces ambitions. Avec satisfaction, la majorité parlementaire souligne l’engagement de l’État à installer au moins 500 éoliennes par an (si le seuil n’est pas atteint sous deux ans, une clause de revoyure autorise à modifier la loi).Mais les professionnels, eux, crient au hold-up. « Sur l’éolien, le Grenelle 2 tue le Grenelle 1 », estime David Augeix, de EDF-Énergies nouvelles. « Plutôt que des moyens, on a eu droit à des entraves, à une accumulation de contraintes », dénonce le réseau Sortir du nucléaire. En effet, l’article 34 exige de la part des opérateurs, en plus d’un avis favorable délivré lors de l’enquête publique, d’une étude d’impact positive et du permis de construire, qu’ils détiennent aussi une autorisation d’Installation classée pour la protection de l’environnement (ICPE), habituellement demandée pour les installations à risques. Ce nouveau régime rend possible le démantèlement d’un parc en cas de nuisance pour le voisinage, même bien après sa mise en service. Et rend donc le retour sur inves-tissement très incertain. De quoi inquiéter les banques : alors qu’elles finançaient tradition nellement 80 à 90 % d’un projet, elles rechignent désormais à prêter aux opérateurs.D’autre part, la loi impose aux nouveaux parcs, en plus d’être situés à plus de 500 m des habitations et au sein des zones définies par le Schéma régional éolien (SRE), d’être équipés d’un minimum de cinq mâts. Ce qui va compliquer la tâche des opérateurs dans les régions à l’habitat disséminé, là où les grands parcs sont complexes à monter. En Basse- Normandie, par exemple, au moment du vote du Grenelle 2, 61 % des projets de parcs comptaient moins de cinq éoliennes. Conséquence : les opéra-teurs doivent revoir leur copie… au point de perdre en effi cacité. « Près de Narbonne, notre projet de parc de quatre éoliennes de 2 mégawatts (MW) doit désormais inté grer une cinquième machine. Mais, faute de place, nous avons dû les redimensionner : chacune ne produira plus que 0,8 MW. Résultat, le parc dégagera deux fois moins

de puissance que dans le projet initial », regrette David Augeix.

L’éolien offshore peine à émerger

Aucune éolienne marine n’a encore été implantée au large des côtes françaises, mais l’État entend bien rattraper son retard pour atteindre, en 2020, les 6 000 mégawatts (MW) fixés par le Grenelle 1. Fin août, il a annoncé un appel d’offres et un investissement de 10 milliards d’euros ciblés sur onze zones, dont huit prioritaires. Parmi elles, une seule en Méditerranée, située sur une bande de 5 à 14 km de large, entre Sète et Port-la-Nouvelle (11). C’est en effet l’unique zone retenue lors d’une consultation menée par la Préfecture de PACA avec les services de l’État, les collectivités locales et les associations environ nementales. Car en Méditerranée, les obstacles se révèlent nombreux. Au large des côtes, les fonds descendent très rapidement, empêchant d’ancrer les machines en profondeur ; les techniques des éoliennes flottantes ou sous-marines (hydroliennes) n’étant pas suffisamment abouties pour remédier au problème. Il faut donc s’approcher du rivage où les conflits d’usage sont légion. Évidemment, pas question de s’installer à proximité des aéroports, des grands ports marchands ou des sémaphores militaires, ni au sein de zones écologiquement sensibles.Les mairies de Gruissan, de Port-la-Nouvelle et de Por-tiragnes (11) ont déjà fait part de leur hostilité à tout projet de ce type. Inquiets, les pêcheurs défendent également leurs intérêts via le comité régional des pêches (CRPMEM*) : « Les professionnels de la pêche ne sont pas défavorables à l’implantation d’éoliennes offshore, mais demandent que la Préfecture prenne en compte la pêche comme un enjeu égal aux autres, explique leur coordinatrice Clotilde Guyot. Or, dans la zone identifiée, on pêche partout. Et, contrairement à la Bretagne, les gisements de poissons ne sont pas statiques. Ainsi, il s’avère difficile de mesurer l’impact des éoliennes sur la pêche. Et notre pêche ne peut se voir cantonnée à une petite zone jugée favorable sur une carte. » Face à tant de contraintes et d’hosti lités, Francis Rousseau, spécialiste des énergies marines à 3B Conseils, nourrit « peu d’espoir » envers l’offshore méditer ranéen. En revanche, on peut déjà tabler sur de vivants débats régionaux. Tel le débat public entamé en Normandie ou l’affaire du photomontage de Philippe de Villiers visant à détracter les éoliennes de Noirmoutier…

Pour un projet éolien dans les Avants-Monts de l’Hérault, 3B Énergies, petite entreprise implantée près de Saint- Chinian (34) souhaite, quant à elle, « créer une société coopé-rative d’intérêt collectif (SCIC), ouverte au plus grand nombre, et qui s’associerait à EDF-ENR, porteur du projet, explique Dominique Barthès, l’un des trois associés. Cela montrerait qu’un parc éolien, ce n’est pas forcément des étrangers qui viennent tirer seuls la rente d’une ressource locale ». Un exemple similaire existe, dans le nord-est de la France sur trois sites de la société Erelia, aujourd’hui filiale de GDF-Suez, qui permet aux habitants et acteurs locaux de partager l’investissement et ses retombées. La méthode ne résout certes pas tous les différends – « certains opposants estiment qu’on cherche à les acheter, reconnaît Dominique Barthès – mais d’autres commencent à modifier leurs points de vue ». Les citoyens peuvent aussi se positionner directement comme porteurs de projet éolien : dans le Grand Ouest, l’asso Éoliennes en Pays de Vilaine initie un éolien coopé-

Rivesaltais-Agly-Fenouillèdes (66)…

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(A)typiques n° 5 / octobre-novembre- 2010

Un projet éolien est risqué : une fois le site repéré, il faut entre cinq et dix ans pour qu’il passe toutes les étapes et puisse aboutir… avec une chance sur dix.Mais il est aussi attractif : l’investissement est amorti en moins de dix ans d’exploitation, et ensuite, grâce au rachat de l’électricité à prix haut, la rentabilité atteint environ 15 % par an : c’est le jackpot ! Encore faut-il avoir la capacité d’investir – sans certitude de succès – les millions d’euros nécessaires à un projet : un luxe que souvent seuls les grands groupes peuvent se permettre.

1/ Le zonage

Les communes et les communautés de communes ou d’agglomération définissent des zones de développement de l’éolien (ZDE), crées par la loi POPE (Programme d’orientation de la politique énergétique) de 2005. Arrêtées par le préfet, ces zones sont choisies pour leur potentiel de vent, leurs possibilités de raccordement au réseau électrique et leur situation géographique, à l’écart des paysages remarquables, des monuments historiques et des sites protégés. Celles-ci devront désormais s’intégrer dans les schémas régionaux éoliens (SRE) prévus par le Grenelle 2. En Languedoc- Roussillon, c’est la DREAL 2 qui pilote sa réalisation.

2/ La prospection

L’opérateur repère un ou plusieurs terrains favorables à l’intérieur d’une ZDE et se manifeste auprès d’une commune et du propriétaire foncier pour « réserver » le terrain par une promesse de bail. L’étape dure six mois environ et un projet sur deux est abandonné sur refus de la commune ou du propriétaire.

3/ Le déveLoppementétude d’impact, réunions, permis de construire

L’opérateur fait appel à des sous-traitants (souvent des associations reconnues pour leur indépendance mais aussi des paysagistes et des acousticiens) pour réaliser des études indispensables à la prise en compte de l’ensemble des contraintes d’un site : ondes sonores, couloirs migratoires, présence d’espèces protégées, paysages, etc. Le projet est alors présenté à la population lors d’une réunion publique et les remarques notées. Un bureau d’études assure ensuite la rédaction d’une étude d’impact (obligatoire pour les éoliennes de plus de 12 m) qui propose une série de mesures compensatoires et d’accompagnement (ex. suivi des migrations par la LPO 3) en réponse aux contraintes

Qui sème le vent ?

Les petites éoliennes – le mât est de quelques mètres, une trentaine au maximum – peuvent alimenter des bâtiments ou des sites isolés (aires d’autoroute, etc.) ou être raccordées au réseau pour une vente de la production. La loi les favorise d’un côté (en dessous de 12 m, une éolienne n’a pas besoin de permis de construire) et les handicape de l’autre (pour bénéficier de l’obligation de rachat par EDF, les petites éoliennes doivent se situer en ZDE 1 et appartenir à un parc de cinq mâts minimum). Pourtant, le petit éolien est un compromis intéressant à plus d’un titre : il s’intègre plus facilement dans le paysage que le grand, nécessite un moindre investissement financier et « profite avant tout aux gens qui vivent à proximité », explique le constructeur Olivier Krug (qui équipe les expéditions de Jean-Louis Étienne). À l’initiative de Pôle Énergies 11 – association de collectivités locales et groupement de professionnels de l’Aude – un réseau d’une cinquantaine d’agriculteurs du Lauragais planche actuellement sur la mise en place d’un parc de petites éoliennes. Un projet qui permettrait de mutualiser l’ensemble des coûts et de réaliser d’importantes économies d’échelle, pour ensuite revendre l’électricité à Enercoop. À la manière de ce qui se fait ailleurs en Europe, comme au Danemark où 70 % des éoliennes appartiennent à des agriculteurs, ou au Royaume-Uni où l’on compte 25 000 petites éoliennes, contre 600 en France. La solution pour combler ce retard ? Pour Olivier Krug, il faut créer une filière distincte du grand éolien : « Les ZDE ont été définies en fonction du grand éolien, pas du petit. » David Bougio, directeur d’Ebonys, qui fabrique sur mesure des petites éoliennes à Arles-sur-Tech (66), renchérit et regrette : « La filière ne fonctionne pour l’instant qu’en autofinancement, ce qui entrave son développement et l’empêche d’être compétitive : il nous faudrait un coup de pouce de l’État. »

1. Zone de développement de l’éolien

Petit éoliendeviendra grand ?

ratif et solidaire, en gérant un capital- risque avec des clubs d’investisseurs (CIGALES*). Sur un des deux sites retenus, elle a pu mener les études et obtenir le permis de construire pour un parc de quatre mâts. Plus locale-ment, Enercoop, fournisseur d’électricité 100 % énergie verte, aide à la mise en place d’un groupement d’agricul-teurs audois prêts à investir dans du petit éolien.Et quand un projet a reçu l’aval de la population, tout devient bien plus simple. À Névian (11), le parc a reçu la faveur des chasseurs et des viticulteurs du village, ces derniers étant même à l’origine d’une « cuvée des Éoliennes ». De son côté, la mairie a initié une course pédestre – « la Foulée des éoliennes » – qui réunit chaque année 350 participants. « Le site est devenu le lieu de balade du village alors que personne ne s’y rendait auparavant. Nous songeons même à y installer une table d’orientation », explique le maire Magali Vergnes. Alors que les élus craignent souvent de ternir leur image en approuvant l’installation d’un parc éolien, cette dernière a été réélue avec plus de 80 % des voix. Elle ne déplore qu’une famille farouchement antiéolienne, celle-là même qui a saisi le TGI de Montpellier, « alors qu’on ne voit pas les éoliennes depuis leur maison ». Confrontées à tant de passions, les éoliennes mériteraient bien un roman, façon… Les Hauts de Hurlevent ?

34

la question qui tue

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(A)typiques n° 5 / octobre-novembre 2010

du site et aux demandes des habitants. À cette étape, face à un site finalement trop sensible ou une opposition locale trop forte, deux projets sur trois abandonnent. Parfois menée par un « porteur d’eau » qui cède ensuite ses droits à un grand groupe, cette étape dure trois ans et coûte plusieurs dizaines de milliers d’euros. Si tous les voyants sont au vert, l’opérateur sollicite un permis de construire. La consultation d’une trentaine d’ad-ministrations d’État (DREAL DDASS 4, Aviation Civile, Armée, Patrimoine 5, Météo France…), puis l’enquête publique menée par un commissaire- enquêteur désigné par la Préfecture, jugent de la validité du projet, approuvé dans 90 à 95 % des cas. En revanche, le permis de construire, lui, n’est accordé, en moyenne, qu’une fois sur trois. Cette étape prend deux ans. Les associations et les particuliers disposent alors de deux mois pour contester le permis auprès du tribunal administratif, qui juge l’application du droit et, en particulier, la neutralité de l’enquête publique. En général, l’affaire est jugée en deux ans, auxquelles s’ajoutent deux autres années pour la procédure d’appel. À partir de 2011, l’opérateur devra aussi obtenir une autorisation ICPE 6.

4/ La construction et L’expLoitation

Les recours épuisés, l’opérateur peut sélectionner ses éoliennes et passer à l’aménagement, assez rapide, du site, s’acquittant ainsi de 1,1 à 1,5 million d’euros par mégawatt. Pour l’achat d’éoliennes, il a recours à des constructeurs comme le danois Vestas (20 % du marché mondial), ou, plus rarement aux tricolores Vergnet et Alsthom (4,3 % du marché français). 30 % du coût est consacré au titanesque génie civil et électrique : un convoi exceptionnel, l’élargissement ou la création de voies, un trou de 7 à 8 m de diamètre, pour y couler la dalle de béton, l’assemblage du mât par tronçons de 40 m (en général), une tranchée pour le raccordement de 15 à 20 km, etc. Il devra ensuite payer les frais de maintenance, un loyer d’environ 3 000 € par machine et par an, ainsi que les taxes inhérentes à son activité. L’énergie produite sera revendue à EDF, que l’État contraint à racheter l’électricité pendant 15 ans, au prix garanti de 8,2 centimes d’euro le kWh pendant 10 ans, puis dégressif.

4 Direction départementale des affaires sanitaires et sociales.5. Service départemental de l’architecture et du patrimoine (SDAP).6. Installation classée pour la protection de l’environnement.

2. Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement.3. Ligue de protection des oiseaux.

Assuré par EDF-ENR, le premier démontage de ferme éolienne (la première du pays, installée en 1998) a déjà eu lieu en avril 2010 sur la Montagne Noire (11). Si les éoliennes françaises sont jeunes, apparues pour la majorité dans les années 2000, leur durée de vie se limite toutefois à une vingtaine d’années. Et les sociétés opératrices sont souvent dissoutes juste avant leur fin de vie. Alors qui s’occupera d’elles lorsqu’elles seront hors d’usage ? Le Grenelle 2 exige des opérateurs qu’ils provisionnent, dès l’implantation des parcs, les sommes nécessaires à leur démantèlement (1 à 2 % du montant de l’investissement initial), ce qui était déjà prévu par le Code de l’environ-nement, même si les modalités n’était pas uniformisées. C’est donc au Préfet de désigner un responsable du démantèlement, en cas de faillite de la société opératrice.

l Retrouvez sigles, sites web et contacts pour en savoir plus en page 40.

Bois de Lens, Saint-Victor-la-Coste (30)…

l« Les industrieLs abandonnent Les éoLiennes usagées »

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Port-La-Nouvelle

Sigean

Fitou/ Treilles

Portel-des-CorbièresRoquetailladeConilhac-de-la-Montagne

Tuchan

NévianEscales-Conilhac

Pradelles/Cabresprine

Cuxac/Cabardes

Luc sur Orbieu

Villesèque-des-Corbières

Plateau du Sambres

Malons-et-Elze

Bois de Lens

Oupia

Riols

AumelasMontagne de la Moure

Dio/ Valquières

Cambon-et-Salvergues

St-Victor-la-Coste

Beaucaire

Chaudeyrac

Chastel-NouvelRieutort-de-Randon

Servières St-Sauveur-de-Ginestoux

RivesaltesSalses-Opoul

St-Arnac

Agly-Fenouillèdes

Cabardes-Montagne Noire

Le développement de l’éolien

en Languedoc-Roussillon

Parcs en exploitation

Parcs en chantier ou permis accordé

Zone propices au développement de l’éolienZone de développement de l’éolien (ZDE)

© Leïla Pichoir (d’après des cartes originales des DIREN-DRIRE L-R)

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Vos week-ends sans voiture

(A)typiques n° 5 / octobre-novembre 2010

s’impliquer ?

AQUA Jusqu’au 14 octobre, à Vinça (66), plongez votre regard dans la profondeur dramatique des photographies de Nicole Bergé. Et intégrez ses réflexions sur le bon usage de l’eau. Du lun. au jeu., salle Luzzato, 04 68 05 24 19, [email protected]ÉEN Jusqu’au 17 octobre, au MIAM, à Sète (34), Global Caraïbes, expos d’oeuvres d’art avec des objets du quotidien, évocatrices de l’histoire et de la culture marquée par l’esclavage.04 99 04 76 44, www.miam.orgENVOLÉES SAUVAGES Jusqu’au 24 octobre, dans tout l’Hérault, redécouvrez le peuple à plumes à travers sorties de terrain, points d’observation, conférences, expositions, ateliers, etc., relatifs à la migration et à la sauvegarde des espèces d’oiseaux menacées.LPO 34, 06 81 37 81 63, www.herault.lpo.frANIMALES Jusqu’au 29 octobre, du mar. au sam., de 14 h à 17 h, à la Maison de la Nature de Lattes (34), exposition d’aquarelles naturalistes, inspirées par le monde animal, www.ville-lattes.frPIERRES SÈCHES Du 4 au 8 octobre, à Saint-Frézal-de-Netalon (48), stage-initiation pour apprendre à réaliser : murs de soutènement, escaliers ou murs de clôture en pierres sèches. 458 €, Savoir faire et Découverte, 02 33 66 74 67.JOURNÉES MONDIALES Le 7 octobre : Journée mondiale d’action pour le travail décent, le 9 octobre : Journée mondiale du handicap, le 16 octobre : Journée mondiale de l’alimentation, le 17 octobre : Journée mondiale du refus de la misère. ARGENT INTELLIGENT Le 8 octobre à Saint-Ambroix (30), conférence-débat initiée par Philippe Derudder sur Les monnaies complémentaires : « pour que l’argent serve au lieu d’asservir ». À La Minescence (10pl. aux Herbes) 10 €, 04 30 38 65 78, [email protected], www.aises-fr.orgCOSMÉTIQUE Le 9 octobre, au Crès (34), initiez-vous aux secrets de fabrication de 4 soins naturels : crème de jour, lait démaquillant, lotion tonique, baume à lèvres. 88 €, Bénédicte Bouvrot, [email protected] EN ROSEAU Les 9 et 10 octobre, à Saint-Bauzille-de-la-Sylve (34), initiation à la fabrication d’instruments sonores en roseau. Sur inscrip., CIE Alfred de la Neuche, 04 67 84 32 58, [email protected]ÊTE DE LA GARRIGUE Les 9 et 10 octobre, à Caveirac (30), marché de producteurs, balades à dos d’âne, circuit VTT, excursions botaniques, spectacles (conte, danse, chanson), conférences… vont enflammer la garrigue ! Mairie, 04 66 81 32 70.FÊTE DES PAYSANS Le 10 octobre, à Saint-Geniès-de-Malgloires (30), la campagne sème son ambiance : marché et ateliers paysans, village associatif, forums et apéro musical ! 04 66 63 16 90, [email protected]

ça se passe…

en octobre

[ Pages réalisées par Fabien Georges et Leïla Pichoir ]

[ Photo d’arrière-plan R.H. ]

Moi, j’investis dans la terre

Jusqu’au 10 octobre dans les huit communes du Parc naturel de la Narbonnaise. Concerts, théâtres, siestes, spectacles de rue, cinés, photos, visite de patrimoine autour de l’identité artistique de l’environnement. Des territoires réels, rêvés, imaginaires…www.parc-naturel-narbonnaise.fr

Identi’terres

Envie de découvrir la région sans s’encombrer d’une voiture ? Sur

le site web de l’association Mandarine, échangez vos bons plans pour des week-ends au départ de Montpellier (ou d’un autre lieu connecté) en train, tram, bus ou vélo. Un formulaire très simple vous permet de partager vos idées aussi facilement que vous puisez dans celles des autres. Lac de Cécélés en bus, Maguelone à bicyclette par les chemins détournés ou Collioure par le TER…une soixantaine de fiches très complètes donnent

toutes les informations touristiques et pratiques pour passer un bon week-end en se passant de voiture. Car, à pied ou en vélo, il est évidemment inimaginable de faire 20 km pour trouver une chambre d’hôtel. « À Montpellier, beaucoup de personnes savent vivre sans voiture du lundi au vendredi, explique Vivette Maury, chargée de mission de l’association Mandarine. Mais le week-end, elles n’ont pas toujours idée qu’elles

peuvent se balader sur la côte ou dans l’arrière-pays en la laissant au garage.

Ce site s’adresse à elles, ainsi qu’à ceux – étudiants, sans permis – qui n’ont pas de voiture. »

À Clermont-l’Hérault (34), 6 rue de la Filandière

09 70 20 31 18, [email protected] www.terredeliens.org

Faites une bonne affaire, placez vos deniers au service de votre sécurité

alimentaire ! Comment défendre à la fois son assiette, les paysages et les paysans ? En vous impliquant dans un projet d’installation de jeunes agriculteurs locaux via la société foncière créée par l’association Terre de Liens. Faisant appel à l’épargne citoyenne et solidaire, celle-ci propose des actions à 100 euros pièce qui donnent droit, au bout de cinq ans, à une remise fiscale équivalant à 25 % du montant investi. L’argent rassemblé sert ensuite à l’achat de terres – 200 000 euros en moyenne – qui sont louées à de jeunes porteurs de projet sélectionnés sur des critères sociaux et écologiques.Dans la région, depuis 2008, l’association accompagne huit projets d’installation, dont deux pour lesquels la collecte n’est pas encore achevée : l’un pour une ferme avicole à Cardet (30), l’autre pour une ferme bio

à Barjac (30). « Sur le littoral, le prix du foncier – 200 000 euros par exploitation en moyenne – empêche l’installation des jeunes agriculteurs. Et dans l’arrière-pays, les propriétaires bloquent le foncier dans l’espoir que leurs terrains deviennent un jour ou l’autre constructibles, explique Valérie Pommet, coordinatrice de l’association pour la région. Notre objectif, c’est donc de sortir la terre de la spéculation en la remettant à la disposition des agriculteurs. »

© Terre de Liens

Terre de Liens Languedoc-Roussillon

Éleveur de pondeuses à Cardet (30), Janick Peyron souhaite accroître son activité

de 250 à 500 poules sur deux à trois ans par le biais des circuits courts. Terre de liens le

soutient : cotisations solidaires bienvenues !

© Festival Identi’Terres

MandarineÀ Montpellier, 20, rue Henri-René, 04 34 35 49 12 ou 06 77 74 12 41,www.mandarinepressee.net

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(A)typiques n° 5 / octobre-novembre 2010

agendaoctobre / novembre En complément du magazine, nous éditons un agenda

sur internet avec la radio terra one :

Pour retrouver les programmes, consulter le calendrier, recevoir

l’agenda + infos par mail, RDV sur www.atypiques-mag.fr

bouton AGENDA Vous organisez un événement ?

Signalez-le en cliquant sur ProPoSeZ.

BIO ALÈS Du 15 au 17 octobre, au Parc des Expositions d’Alès (30), le salon où le bio et le bien-être sont rois ! 04 66 62 07 16, www.goral-expo.comENGRAIS VERTS Le 16 octobre, à Montpellier (34), ateliers de découverte de l’engrais vert, sa production, son utilité, sa diversité. 04 67 20 99 00.LIVRES Le 17 octobre, à Paulhan (34), bouquinistes, relieurs, libraires, éditeurs se mettent à la page des idées alternatives et nous invitent à imaginer ensemble une nouvelle lecture de la vie. À la salle des fêtes, 04 67 25 38 47, [email protected] CRÉHABITAT Du 22 au 24 octobre, de 10 h à 19 h, au Parc des expositions de Narbonne (11), habitat, éco-construction, innovations. 04 68 90 44 00ET SI C’ÉTAIT BIO Les 26 et 27 octobre, à Gignac (34), conférence Demain la Terre, 04 67 25 44, http://demainlaterre.fr NOS PAYSAGES ÉVOLUENT Le 29 octobre, à 20 h 30, à Fraïsse-sur-Agoût (34), projection, conf’-débat, expo. Reflets d’un territoire, les paysages parlent de notre avenir. Sur inscrip. (2 j. avant), CPIE du Haut-Languedoc, 04 67 97 51 16, www.cpiehl.orgSOUPE FESTIVE Le 30 octobre, à Florac (48), potage d’ingrédients (fanfares, concerts, spectacles de rue, animations) à la saveur explosive ! Pour rajouter votre grain de sel, partagez votre soupe ! Gens de la Soupe, [email protected], www.agenda365.fr

ÉCOHABITAT Les samedis matins, visites de sites aménagés écologiquement, en compagnie d’un conseiller de l’Espace Info Énergie près de chez vous. Gratuit. 0 810 810 034, www.ademe.fr RANDOS CÉVENOLES Du 30 oct. au 1er nov., en marche à la rencontre des châteaux, avec le Festival de la randonnée en Cévennes (30,48,34) : www.randocevennes.comPLANTES UTILES Jusqu’au 15 novembre, à la bambouseraie d’Anduze (30), exposition pimentée sur l’histoire des plantes à fibres et des plantes tinctoriales. 8/4,5 €, La Bambouseraie, 04 66 61 70 47, www.bambouseraie.comVIGNES HAUTES Le 14 novembre, à 15 h, à Corconne (30), rando sur parcours plat à la découverte des plantes et de leurs utilisations (médicinales, comestibles, arts plastiques…). 5€, 2 h, 04 66 77 15 85,http://corconnesouslechene.free.fr

Rencontres environnementales Du 9 au 16 octobre, le territoire du Pays du Haut-Languedoc et vignobles (34) a rendez-vous avec le paysage et la biodiversité. Ciné, débats, balades, conférences, expositions… Programme sur www.payshlv.com

La nature s’invite en ville à la Maison départementale de l’environnement de Prades-le-Lez (34) : expos, films, balades champignons, dégustations, ateliers jardins autour de l’environnement urbain. Jusqu’en décembre, 04 99 62 09 40, www.herault.fr/environnement

Festival Nature en Cévennes Balades (contées, littéraires, naturalistes), courses d’orientation, ateliers, expos, spectacles pour petits et grands !www.cevennes-parcnational.fr/cevennes/festnat

Promenades inédites Jusqu’à fin novembre dans l’Hérault, des insectes, des oiseaux, des plantes, des sites exceptionnels sur le littoral, en garrigue ou sur les hauteurs, à explorer à pied, ou en VTT, de jour ou à l’approche de la nuit avec la complicité de spécialistes ! 04 99 58 81 27, www.herault.fr

PAYSAGE URBAIN Le 6 nov., à Bédarieux (34), journée de balades, et de débat sur le territoire, pour favoriser l’équilibre des espaces et une économie locale, salle Achille Beix, 04 67 96 30 45,www.lamanufacturedespaysages.orgCRÉATIONS Du 15 au 19 novembre, à Frontignan (34), Journées d’information destinées aux porteurs de projet artistique et culturel, organisée par Pygmalion & Cie. Salle Patry, 04 67 74 82 99, www.pygmalionetcie.comDÉCHETS Du 20 au 28 novembre, journées nationales de sensibilisation pour la réduction des déchets. Nos poubelles n’en peuvent plus, aidons-les à se mettre au régime ! Liste des animations locales sur : www.reduisonsnosdechets.frRACINES ORIENTALES Les 27 et 28 novembre, à Saint-Jean-du-Gard (30), les Journées de l’Arbre, de la Plante, et du Fruit vous convient à une évasion orientale, autour des « Palmiers, dattiers, cucurbitacées ». 04 66 85 32 18, http://dimanchesverts.free.fr

Mois de l’économie

sociale et solidaireTout le mois de novembre, venez

vous informer et échanger avec des

professionnels de la région pour

travailler, consommer, épargner,

se loger autrement, et mener des

projets de coopération citoyenne.

Calendrier des manifestations : www.creslr.org

Site national : www.lemois-ess.org

Point d’orgue : Coventis, les 2 et 3 décembre.

Rencontrez les réseaux et les entreprises

de l’économie sociale régionale en direct

du Corum, à Montpellier, et participez

aux réflexions autour de l’utilité sociale.

Rens. : 04 67 60 20 28, www.coventis.org

Du 13 au 21 novembre, expérimentons les différentes pistes interculturelles à travers ateliers, expositions, films, repas, concerts, débats, jeux, marchés, spectacles, de la Semaine de la solidarité internationale. Programme dans toute la région sur www.lasemaine.orgÀ Montpellier et dans l’Hérault, la Quinzaine des tiers-mondes prolonge cet événement jusqu’au 29 novembre autour des « Indépendances et dépendances, souveraineté et solidarité » dans les pays du Sud. Un regard sur 50 ans d’espoirs de développement et de démocratie, mais aussi de doutes, d’échecs et de nouveaux enchaînements économiques. À Montpellier, Maison des Tiers Mondes et de la Solidarité internationale, Espace Martin Luther King, 27 bd Louis-Blanc, 04 67 02 13 42, http://mtmsi.asso.free.frEn parrallèle, du 16 oct. au 30 nov., le Festival de films Alimenterre souffle ses 10 bougies. L’occasion de porter un nouvel éclairage sur l’insécurité alimentaire dans le monde. Comment « Produire, transformer et consommer autrement » ? Réalisateurs, agronomes, chercheurs, agriculteurs, accompagneront les projections sélectionnées de leurs analyses.Au menu : La vérité sur les lobbys agro-alimentaires, avec Food Inc. Le travail esclave au Brésil avec La Légende de la terre dorée.Les femmes, l’agriculture et le développement rural en Équateur, avec Madre(s) tierra.Quand le consommateur devient coopérateur, avec Au coeur de la proximité.Le tour du monde des problèmes agricoles et alimentaires, avec Je mange donc je suis.Pour connaître les diffusions dans les cinémas de votre ville et les événements liés :www.cfsi.asso.fr ou les relais locaux : Lafi Bala (34), 04 67 79 21 67, Action Solidarité Gard (30), 04 66 79 92 95, Syfia International (Montpellier), 04 67 52 79 34.

Citoyens du monde

Identi’terres

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Et de : Amnesty International, FSU - Fédération Syndicale Unitaire, Oxfam France -Agir ici,Peuples Solidaires, RADSI - Réseau Aquitain pour le Développement et la Solidarité Internationale.

EN COLLABORATION AVEC

. . .. . .LE MONDEBOUGEET VOUSET VOUS?

. . .. . .

La Semaine de la solidarité internationale

AVEC LE SOUTIEN ET LA PARTICIPATION DE

OSONS LA SOLIDARITÉ INTERNATIONALE !UN ACTE RÉFLÉCHI ! UN ACTE NÉCESSAIRE !

www.lasemaine.

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Bain de verdure automnal

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imanches verts

ça se passe…

en NoVeMbre

© Maison des Tiers-Mondes

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Une fois par mois, retrouvez les articles d’(A)typiques - en chronique dans l’émission Carrefour des Utopies

de Radio Escapades lundi 11 h, mardi 7 h, mercredi 19 h 30 - en sommaire sur Radio Clapas à la sortie du numéro.

(A)typiques n° 5 / octobre-novembre 2010

CARNET D’(A)TYPIQUES

l Prochain concert : le 22 oct., salle Victoire 2, à Montpellier, pour la sortie du nouvel album (avec Moussu T).l My space : www.myspace.com/maurescafracasdubl Commande de CD et de T-shirts : www.mauresca.frl Dates de concerts et infos pro : www.steamprod.com, 06 61 87 74 59.l L’association productrice :Lo sage e lo fol prod, 5 rue de l’église, 34270 Les Matelles, [email protected]

Mauresca Fracas Dub

p. 10-11 : Rencontre

Acquérir des compétences en développement durable

et/ou animation de formation dans son domaine professionnel

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l Marché paysan, à Saint-André-de-Sangonis (34), Flora Joly, 04 67 57 00 69.

l Sentiers du Gard, cartoguides disponibles dans les offices de tourisme et dans les boutiques (librairies, etc.) du Gard. (5 €), www.tourismegard.com

p. 6-7l Cycloville à Montpellier, www.cycloville.coml Vélos de course à Perpignan, 06 98 02 46 38, www.velosdecourses.com l Énergie citoyenne à Perpignan, Maison des Étudiants, Local X25, Université de Perpignan, 52 avenue Paul-Alduy, 04 68 08 25 12, http://energiecitoyenne.free.frl Sem la graine future AMAP, à Fa (11), chemin de Font-Ginié, 06 61 66 16 67, ts les jrs, 8 h-12 h et 18 h-20 h.

l ILO, 04 67 91 28 28, http://ilo.fr Observatoire de la Parentalité en entreprise, www.observatoire-parentalite.coml Laboratoire Gravier, www.labogravier.coml APF Entreprises 34, www.apf-industrie-34.coml Cémoi, www.cemoi.frl Soupe de poisson Azaïs Polito, 04 67 51 89 89, www.azais-polito.frl Épisens et Brin d’épi, www.biscotteslp.coml Collectif Rom de Montpellier, Jean-Charles Tad-dei de la Ligue des Droits de l’Homme, jean-charles. [email protected], ou André Génissieux du MRAP, [email protected] Peuple indigène, pour en savoir plus : www.survivalfrance.orgDocuments à trouver en magasins bio : l Proximités (prix libre), [email protected] Annuaire Écoconstruire en L-R (10 €) et Guide des salons et manifestations de la bio et de l’environnement (25 €) http://alterrenat-presse.coml Guide de la maison écologique Hérault et Gard (gratuit), Coconotek, 04 66 57 58 81,

www.guidemaisonecologique.coml Chronique Écocitoyens de France Bleu Gard- Lozère, 04 66 36 47 38, [email protected], Fréquences sur sites.radiofrance.fr

l Four à pain de Soudorgues, Terre de Mauripe, Jean-François Ayme, 04 66 30 65 72, [email protected] pique-nique ts les 3èmes sam. du mois, de 12 h à 14 h 30 dans la boutique ou au foyer de Soudorgues,http://citoyens.cevennes-garrigue.over-blog.coml Projet de jardins partagés à Pézénas (34), Bernard Pailhes, ou Lieux ressources, au 04 67 90 44 44, jardins.partages.pezenas@ hotmail.fr l Nouveau jardin partagé à Montpellier-Mosson, Carré Jupiter, 51 av. de Barcelone.l La Graine, association des jardins familiaux de Frontignan- La-Peyrade (34), 06 78 11 49 84, http://lagraine.superforum.frl Mèze Atout Coeur (34), http://lesjardinsdelathaupiniere. unblog.frl Association Semilla, à Montpellier, Cécile Pinon, 09 75 55 75 76, 06 79 82 37 14, www.semilla-france.coml Squat d’un potager sur le campus de Montpellier, http://mauvaisegraine.eklablog.coml Sherp’Ânes, à La Vacquerie (34), Rachel et Bruno Desmidt, 04 67 44 68 99, www.sherpanes.coml Slow-Food, pour les terrasses du Haut-Languedoc : Elisabeth Besle, [email protected] le Languedoc : Joël Bernard, [email protected] ; dont le Gard : Laurent Maire, 06 70 14 60 22, [email protected], www.laurentmaire.coml Ligue des droits de l’homme (LDH)Nord Bassin de Thau : Jean-Pierre Rey, 04 67 43 71 27, 06 18 81 63 45, [email protected] ; ailleurs : voir carte sur www. ldh-france.org (« La LDH en régions. »)l Fédération des spiruliniers de France, à Saint-André- de-Sangonis (34), Emmanuel Gorodetzky, 06 86 47 26 27.

p. 4-7 : Alors, ça bouge ?Initiatives

l Association d’enfants anglophones - English Speaking Kids Association (ESKA), à Lunel-Viel (34), Victoria Orange-Sibra, 04 67 82 36 62, www.englishspeakingkidsassociation.fr l Cabane d’Argelès-sur-mer (66), Horizon vertical, 06 15 13 58 52. Technique de Tom Rijven : www.habitatvegetal.coml Diététicienne-naturopathe, à Limoux (11), Patricia Larcher, 2 rue du Nantil, 06 30 61 93 87, [email protected] Le tour des Paysans, [email protected], http://letourdespaysans.wordpress.coml Pour le TER Carcassonne-Quillan, ALF, 31 rue de la colline, 11300 Limoux, 06 19 56 32 35, 04 68 31 87 91, [email protected] Agroforesterie, à Marseillan (34), Odile Sarrazin, 06 07 76 17 09. Domaine de Restinclières, à Prades-le-Lez (34) : 04 99 62 09 40.l Éco-gîte de Prémian, Terr’accueil, Maïlys et Pierre-Franck Luye, 06 72 19 12 21, [email protected], www.terradecouverte.com l Éco-quartier des Pielles à Frontignan (34), www.ville-frontignan.fr (« La ville en parle. »)l Éco-centre Adobes, [email protected], www.adobes.frl Pure Beauté, à Pézenas (34), 8 rue Conti, Véronique Tine, 04 67 76 21 02.l Aux champs, à Leucate (66), 107 av. Jean-Jaurès, du lun. ap. au dim. mat., 9 h-13 h et 16 h 30-19 h 30, [email protected] La Cave Saint-Martin, à Roquebrun (34), 26 av. du Roc de l’Estang, 04 67 89 76 72, http://raimondlecoq.frl Ferme & Tables, à Fleury d’Aude (11), Ghislaine Couvidat, 40 bd de la République, 04 68 41 58 73.l Côté nature, à Florensac (34), Christine Roiz, 1 bd Victor-Hugo, 04 34 33 51 16, [email protected] l La Souris verte : À Alès (30), Les Halles, Place de l’Abbaye, 04 66 52 93 86, [email protected] Le Jardin Saint-Nicolas, à Pézenas (34), 2 pl. Frédéric-Mistral, du mar. au ven. de 14 h 30 à 19 h, et le sam. de 9 h à 18 h, 06 29 06 97 52.

Retrouvez dans cette rubrique toutes les coordonnées des acteurs du territoire liées aux articles développés dans le magazine. Pour en savoir plus,

expérimenter, ou pourquoi pas, monter des projets dans le même esprit.N’hésitez pas à les contacter de notre part !

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(A)typiques n° 5 / octobre-novembre 2010

Mauresca Fracas Dub

p. 12-15 : + de liens

Nautisme et handicapl Défi intégration, 06 62 07 87 42, www.defi-integration.coml Comité de liaison handicap et maladies chroniques, www.clph34.infol Voiles pour tous, Christophe Van Leynseele, au Grau-du-Roi (30), av. du Centurion, Capitainerie de Port-Camargue, 06 62 50 17 52, www.voilespourtous.frl Cap au large, à Sète (34), 53 bd Chevalier de Clerville, 06 25 11 13 33, www.capaularge.orgl Odyssée Plongée, à Sète (34), base nautique municipale, Pont de l’Avenir, Port des Quilles, 06 03 59 82 89, www.odyssee-sub.orgl Handi 48, Croisière aux Antilles, accessible en fauteuil, 06 96 84 63 65, www.handi48.frl Système technique Urtech à La Gaude (06), Allée Hector-Pintus, ZAC Les Nertières, 04 93 24 41 40, www.urtech.net/audioplagel Cap Horizon (Audioplage), Pierre Rousseau, à Montpellier (34), 04 67 56 23 41, 06 10 76 05 10, www.caphorizon.orgl Combinaison adaptée aux personnes à mobilité réduite, Mio Palmo, du mar. au sam. 9 h-12 h et 15 h-19 h, 04 67 20 12 11, www.miopalmo.frl Guides touistiques pour personnes à mobilité réduite Toujours un chemin d’Élian Revel, 9 € (Amsterdam, Dublin, Londres, Barcelone, Venise, Florence, Madrid, Marrakech, Séville), 04 68 79 70 45, www.toujoursunchemin.com

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Page 40: MAG5-PDF.pdf

(A)typiques n° 5 / octobre-novembre 2010

p. 28-35 : Éoliennes

En savoir plus

S’informer

l ADEME : 0 810 060 050,www2.ademe.fr l Espace Info-Énergies :, www.infoenergie.org/accueil-languedoc-roussillon.htmll Pôle Énergies 11, à Carcassonne, 04 68 11 56 20.lFEE (France Énergie Éolienne) : http://fee.asso.fr

l Fédération de l’environnement durable :http://environnementdurable.netl Vent de colère :À St-Laurent-de-la-Vernède (30): Chem des Cadenèdes www.ventdecolere.org

l 3B Énergies : 04 67 38 27 07.l Enercoop Languedoc-Roussillon : 06 80 23 42 03,www.eolien-citoyen.frl Erelia : www.ereliagroupe.frl Éoliennes en Pays de Vilaine : www.eolien-citoyen.frl Énergie partagée (nouvelle fédération citoyenne) : 06 89 04 60 34

l CPIE du Haut-Languedoc (34) : 04 67 97 51 16,www.cpiehl.orgl Demain la Terre (34) : 09 75 26 94 20,http://demainlaterre.frl Nez au Vent (11) :04 68 45 77 13.

l Ebonys à Arles-sur-Tech (66), bd de las Indis, 04 68 89 05 46, www.ebonys.frl Krug Wing : 05 34 66 79 06,www.krugwind.coml Tripalium : éoliennes en bois, 04 74 49 00 06, www.tripalium.orgl SEPEN à Narbonne (11) www.sepen-montplaisir.fr

* FNAIM : Fédération nationale des agents immobiliers.* CIGALES : Club d’inves-tisseurs pour une gestion alternative et locale de l’épargne solidaire.* CRPMEM : Comité régio-nal des pêches maritimes et des élevages marins.* SCIC : Société coopéra-tive d’intérêt collectif.

SiGLeS l l

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CARNET D’(A)TYPIQUES

rÉSeAUx AnTiÉoLienS

ÉoLien CooPÉrATif

Une ÉoLienne DAnS Son JArDin ?

ViSiTer Un PArC ÉoLien

rapides, ou lieux de vie... Bio, locaux, à la ferme, solidaires

monTPeLLier

l l En Faim bio, diététique, 7-10 €, du lun. au ven. midi, passage de l’Horloge, 04 67 64 46 11.l l La Table de Cana, cuis. trad., 10-15 €, du lun. au ven. midi, 515 rue de l’Industrie, 04 67 60 45 81, www.tabledecana.coml La Teranga, cuis. afro-antillaise, mus. le sam. soir, expos, débats, soirées thématiques, 11-13 €, du lun. au ven., et sam. soir, 7 rue Marioge, 04 67 56 64 51, www.la-teranga.frl Le Baloard, cuis. trad. et asiat., concerts, spectacles, conférences, 10, 50-16 €, du lun. au ven., et sam. soir, 21 bd Louis-Blanc, 04 67 79 36 68, www.baloard.com l l Le Dés Lys, cuis. trad., un plat végétarien et un plat sans gluten, 6-14 €, du lun. au ven., 39 pl. du Millénaire, 04 99 64 42 03.

l l Le Méridien, cuis. inventive, rue Élie-Wiesel, bassin Jacques-Cœur, Port Marianne, 04 67 20 97 54. l l Mesdames Messieurs, cuis. trad. revisitée, 15-30 €, ouvert du mar. au sam. soir, sam. et dim. brunch, fermé l’été, 5 rue de Girone, 04 67 63 49 53, www.mesdamesmessieurs.coml l Natura, sandwichs et plats du jour, 5-15 €, du lun. au sam., pl. de Lisbonne, centre com.Odysseum, 06 70 88 09 24.l Le Natur’l, bar à soupes inventif, mar. au sam. soir., 15 €, 6 rue de la Vieille, 06 64 77 39 44, www.restaurant-naturl.com l l Symposia, viandes, 11 rue de Ratte, 04 99 61 04 86, http://symposia-restaurant.coml Tripti Kulai, vég., enseignement du maître spirituel Sri Chinmoy, 12-17 €, du lun. au sam., 20 rue Jacques-Cœur, 04 67 66 30 51, www.triptikulai.com

p. 17-26 : RESTOS

l À Argens-Minervois, La Guinguette, concert le jeu., 17-27 €, rue de la Fontaine fraîche, 04 68 41 51 96, www.laguinguette-restaurant.com l l À Carcassonne, La Cantine de Robert/ L’Atelier de Robert, cuis. trad., 15-100 €, fermé le lun., le mer. soir et le dim. ; pour La Cantine, fermé le mer. et le dim. ; pour L’Atelier, 39 rue Coste-Reboulh, 04 68 47 37 80, http://restaurantrobertrodriguez.coml l À Carcassonne, L’Espace-temps, expos, CDs,12 rue Albert-Tomey, 06 85 17 31 37l À Carcassonne, Le Païchérou, guinguette depuis trois générations, bal musette ts les dim., 10-20 €, rue Tesseyre prolongée, 04 68 25 12 05, www.le-paicherou.com l l À Carcassonne, Mélo à la bouche, cuis. de saison, 8 -17 €, du mar. au sam. le midi, ven. et sam. le soir, 29 rue Armagnac, 04 68 10 99 93.l À Bram, Le Pigné, rés., 24-56 €, 06 85 40 01 99.l À Escouloubre, Le Cochon du Madres, rés., 19 €, 04 68 20 44 02.l l À Limoux, La Goûtine, vég., 12-23 €, du lun au ven, 10 rue de la Goutine, 04 68 74 34 07.l l l À Narbonne, Le Tournebelle, cuis. trad., concerts, 10-22 €, écluse de Mandirac, 04 68 75 40 84, www.letournebelle.coml À Quillan, Contre-Courant, cuis. familiale, produits frais des fermes, 3-15 €, 38 Grande-Rue Vaysse-Barthélémy, 09 51 61 05 00, www.restaurant-contre-courant-quillan.coml l À Sallèles d’Aude, Les Écluses, cuis. trad., vins bio, 14-26 €, fermé le mer., 20 Grand-Rue, 04 68 46 94 47.l À Salsigne, Domaine de Combestremières, rés., 04 68 77 06 97, 21-55 €.l l l Au Somail, Le Comptoir nature, concerts de jazz, ts les jrs, 14-31 €, 1 ch. de Halage, 04 68 46 01 61, http://comptoirnature.free.frl l À Termes, La Buverte, vég., 5-15 €, ts les jrs midi, La Placa, 04 68 27 42 80, www.labuverte.fr

GArD

l À Aigaliers, La Bruyerette, rés., 19-32 €, 04 66 22 54 11.l À Alès, Les Délices de Lela, brésilien, plats vég., 15-30 €, du lun. au sam. le midi, ven. et sam. le soir, 30 rue Florian, 04 66 52 41 31.l l À Anduze, Aux Saveurs du Sud, cuis. aux herbes et aux fleurs, vins bio à la carte, 12-18 €, ts les jrs, 27 rue Basse, 06 75 83 50 92.l l À Corconne, Sous le chêne, cuis. trad.revisitée, découverte des plantes sauvages, restaurant unique d’extérieur, 10-27 €, pl. du Bousquillou, 04 66 77 15 85, http://corconnesouslechene.free.frl À Lanuéjols, Les Randals, élevage et viande de bisons, 22 €, 04 67 82 73 74, www.randals-bison.coml l l À Nîmes, La Mezzanine, cuis. des halles, 7,90-15 €, du lun. au sam. midi, 1er étage des halles, 04 66 21 61 62.l l À Nîmes, Pass ô Bio, 6-14 €, 2 pl. du château, 04 66 36 84 93, www.restaurant-passobio.fr

l l l À Saint-Privat-des-Vieux, Aux Saveurs d’Antan, cuis. trad., 3,50-14 €, centre com. Les Abeilles, du lun. au sam., 04 66 24 97 03.l l À Saint-Quentin-la-Poterie, Le Pain d’Oz, pizzas et quiches, 2-3 € la part, du mar. au sam., 04 66 03 04 28.l À Sauve, La Cantine, 3 plats dont 1 vég., 10-12 €, ouv. en soirée, 22 Grand-Rue, 04 66 77 06 99. l l l l À Uzès, Les Petites Mains, assiette du jour, 5-8 €, 7 av. du Général-Vincent, 04 66 81 19 40, http://lespetitesmainsuzes.free.fr l l l À Uzès, Le Fogo (nouveau), 5 bd Victor-Hugo, 04 66 57 58 76.l À Vabres, Mas Novis, cuis. vég., table d’hôtes, rés., 30 €, lun., mer., ven., sam., 04 66 30 59 23, www.mas-novis.coml l l Au Vigan, Le Passage, cuis. végétalienne sans gluten, ateliers cuisine, 5-12 €, fermé le W-E, le lun., les jrs fériés et une partie des vacances scolaires, 10 rue de l’église, 04 67 81 23 72, http://le-passage-vegetarien.net

hÉrAULT

l l À Agde, ArthéBio, vég., 5-20 €, du mar. au sam. midi, 25 bis rue Jean-Jacques-Rousseau, 04 67 26 10 55, http://arthebio.free.frl À Aniane, La Famourette, cuis. trad., concerts, 17-21 €, ouv. en saison, du mar. au dim., Mas de la Famourette, 06 09 22 25 38, www.lafamourette.coml À Bouzigues, Chez Francine, av. Louis-Tudesq, 04 67 78 95 84.l À Bouzigues, Chez la Tchèpe, coquillages du vendeur au consommateur, av. Louis-Tudesq, 15-25 €, fermé le mer, 04 67 78 33 19.l À Bouzigues, L’Arseillère, 11-24 €, av. Louis-Tudesq, 04 67 78 31 75.l À Bouzigues, La Nymphe, 16-25 €, av. Louis-Tudesq, 04 67 78 36 52.l À Bouzigues, Le Marin, pl. de la Golette, 04 67 18 10 39.l À Bouzigues, Le Petit Bouzigues, av. Louis-Tudesq, 04 67 18 89 50.l À Bouzigues, Les Jardins de la Mer, av. Louis-Tudesq, 04 67 78 33 23.l l À Carnon, Les Sardines argentées, pas de poissons d’élevage, 15-30 €, ouv. ts les jrs, port de plaisance, 04 67 68 16 43, www.lessardinesargentees.coml l À Carnon, Plage Mistral, rest. de plage, cuis. trad., uniquement l’été, Petit-Travers, 06 10 25 51 17.l l À Causses-et-Veyran, Borie La Vitarèle, rés., à partir de 10 pers., 30 €, 04 67 89 50 43, http://borielavitarele.frl À Ceilhes-et-Rocozels, La Barraque, rés., 20 €, 04 67 23 42 96, www.fermelabarraque.coml À Courniou, Le Juge, rés., 19-26 €, 04 67 97 11 11.l À Gignac, Domaine de Pélican, 04 67 57 68 92, http://pagesperso-orange.fr/domaine-de-pelicanl l À Juvignac, Croq’Saveurs, cuis. trad., 6-12 €, du lun. au sam. midi, ZAC Les Portes du Soleil, 04 67 40 32 87.l À La Caunette, Les Bouquets, rés., 14 €, 04 68 27 84 35, www.lesbouquets.fr

AUDe

4040

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(A)typiques n° 5 / octobre-novembre 2010

l l À Liausson, Bio Pizz’, à emporter, 8-15 €, juil. et août, pl. du village, 06 58 10 10 41, http://biopizz.blogspot.coml l l l À Lodève, L’autre Rive Café, 4 rue de la Fraternité, le midi du mer. au ven. , soirées rencontres avec artistes et passionnés de nature, 04 67 88 61 44, l À Lodève, Le Minuscule, cuis. du monde, 9 €, du lun. au sam. midi, musique le jeu. soir, 27 Grand-Rue, 04 67 88 50 35.l À Lodève, O’lez arts, lieu de débats (à venir), 7-12 €, pl. de la Bouquerie, 04 99 91 03 16.l l l À Lodève, Soleil bleu, cuis. inventive, de saison et locale, renouvelée ts les jrs, expos. arts plastiques et artisanat d’art, lectures de poésie, 10-15 €, du mar. au sam. midi, 39 Grand-Rue, 04 67 88 09 86.l À Marseillan, La Ferme Marine, 8-32 €, 04 67 76 14 59, www.lafermemarine.com l l À Mauguio, Natura, sandwichs et plats du jour, 5-15 €, du lun. au sam., Fréjorgues, 06 70 88 09 24.l À Minerve, Cravirola, 6-15 €, Bois-Bas, 04 67 23 94 77, www.cravirola.coml l À Octon, L’Orange bleue, cuis. familiale, petit-déjeuner-conte le mer. matin, salon de thé, concerts le 8/7 et le 19/8, 9-12 €, du lun. au dim., pl. du village, 04 67 44 49 41.l Au Pradal, L’Ostal Vielh, rés., 21-26 €, 04 67 23 00 14.l l À Saint-André-de-Sangonis, Les Saveurs de l’Escale, buffets à vol., fermé le sam. midi et le lun. soir, 16 av. de Lodève, 04 67 60 94 26, www.lessaveursdelescale.frl l À Saint-Clément-de-Rivière, Le Chêne vert, cuis. trad., du lun. au sam. midi, 10-30 €, ZAC Trifontaine, 04 99 61 42 30.l À Saint-Gervais-sur-Mare, La Hêtraie, rés., 23 €, 04 67 23 60 93, www.gites-chambres-hotes-haut-languedoc.coml À Saint-Pargoire, Lafon de Lacan, rés., 20 €, 04 67 88 72 66, http://pagesperso-orange.fr/ferme-lafondelacan

l l À Sète, Bébé Bio Chef, barquettes pour bébés sur commande, 3-4 €/200 g, 15 rue Pierre-Semard, 04 67 74 32 30, www.bebebiochef.com l l l l À Sète, La Part des anges, salon de thé, petite restauration, 11-15 €, fermé le lun., 1 quai Léopold-Suquet, 04 67 51 46 31.l l À Sète, Mmmmh !, ts les jrs, Cap Saint-Louis, 04 67 51 18 14, www.mmmmh-resto-bio.com l À Sète, La Décoratrice, boutique déco-expos, lun. au sam. 10 h-19 h, 12 €,13 rue Alsace-Lorraine, 04 67 18 81 71, www.ladecoratrice.coml l À Sète, Le Flo des Mots, librairie, cave à vins, le midi, 6 quai Léopold-Suquet, 04 67 51 31 83, http://leflodesmots.midiblogs.coml À Sète, Les Binocles, 25 rue Pierre-Sémard, 04 99 04 98 35, http://lesbinocles.midiblogs.coml À Sète, Le Décor, 41 quai du Bosc, 04 67 18 82 59l Au Soulie, Le Moulin, rés., 19-26 €, 04 67 97 22 27.l À Villeneuve-les-Maguelone, Le Carré blanc (frères Pourcel), gastro., cuis. trad., 45 à 170 €., uniq. l’été, dir. Villeneuve-les-Maguelone, 04 67 42 06 96, [email protected] À Villemagne-l’Argentière, La Bergerie, rés., 21 € , 04 67 95 16 73.l l À Villeveyrac, Frère Nonenque, cuis. trad., 12-17 €, ts les jrs, Abbaye de Valmagne, 04 67 78 13 64.

LoZÈre

l À Brenoux, Le Roc de l’Aigle, rés., 04 66 31 46 75.l À Fraissinet-de-Fourques, Le Chaos, rés., 13-20 €, 04 66 45 65 45.l À Pompidou, Le Poulailler des Cévennes, rés., 20-28 €, 04 66 60 31 82.l À Prévenchères, Lou Palhio, rés., 11-18 €, 04 66 46 83 35.l Aux Salelles, Le Montet, rés., 14 €, 04 66 48 24 42, www.lemontet.com

l À Saint-Julien-des-Points, Les Faïsses de la Blichère, rés., 20 €, 04 66 45 53 12, www.ferme-auberge-blichere.frl À Saint-Maurice-de-Ventalon, Le Cantou du Poncet, rés., 21 €, 04 66 45 85 17, lecantouduponcet.monsite.orange.fr

PyrÉnÉeS-orienTALeS

l À Mosset, Mas Lluganas, rés., 17-20 €, 04 68 05 00 37, www.maslluganas.coml l À Perpignan, La Crêperie du théâtre, 5-20 €, du mar. au sam., 12 rue du théâtre, 04 68 34 29 06, www.creperie-du-theatre.frl l À Perpignan, La Table de Cana, cuis. trad., 10-15 €, du lun. au ven. midi, 200 rue Louis-Delaunay, 04 68 73 40 85.l l À Perpignan, Peace’n Love, cuis. du monde, vég, 6-12 €, du mar. au sam., 40 rue de la Fusterie, 06 08 33 67 84.l À Perpignan, Saveurs Nature, vég., rés., 15-30 €, fermé le dim., le lun. et le mer. soirs, 7 rue Paul-Massot, 04 68 52 07 81, www.albilislesurtarnpo.coml l À Prats-de-Mollo, La Costa de Dalt, le jeu. et le W-E midi, 33 €, 04 68 39 74 40, www.gites-ruraux-catalogne.com/ferme_auberge.htmll À Saint-André, La Table de cuisine, cuis. inventive, 14-30 €, fermé le mer. (et le mar. de nov. à mars), 8 A rue de Taxo, 04 68 95 42 06, www.latabledecuisine.com

Cours et cuisiniers à domicilel Ligne et papille, Nathalie Cahet, basée à Mèze (34), pour enfants, 04 67 43 56 97, www.lignepapilles.coml Le Tablier de Pierre, Pierre Salats, basé à Montpellierl l Laurent Maire, basé à St Maximin (30), gastron. moléculaire, cours de cuisine… 06 70 14 60 22, [email protected], www.laurentmaire.com

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ATTENTION : Les listes et localisations ne sont pas exhaustives et ne garantissent ni un bon rapport qualité-prix ni un accueil sympathique (même si on l’espère !).N’hésitez pas à nous signaler d’autres bonnes adresses.

l Bio ou partiellement l Associatif l Solidaire l Produits locaux (au moins pour une bonne partie) l Rapide (sur place ou à emporter) l Concerts, animations, boutique, expos, etc. l Produits de la ferme (forcément locaux)

Montpellier

Nîmes

Béziers

Perpignan

Carcassonne

Mende

Alès

narbonne : Le Tournebelle

Brenoux : Le Roc de l’aigleLanuéjols : Les Randals

Argens-minervois : La Guinguette

Limoux : La Goûtine

CarcassonneLa Cantine/ L’atelier de Robert, L’Espace-tempsLe Païchérou, Mélo à la bouche

montpellier : Natur’l, En Faim bio, La Table de Cana, La Teranga, Le Baloard, Le Dés Lys, Le Méridien, Mesdames Messieurs, Natura, Symposia, Tripti KulaiJuvignac : Croq’Saveurs

La carte

Bram : Le Pigné

escouloubre :Le Cochon du Madres

Quillan : Contre-Courant

Le Somail : Le Comptoir NatureSallèles-d’Aude : Les Écluses

Termes : La Buverte

Aigaliers : La Bruyerette

Alès : Les Délices de LélaSauve : La CantineAnduze : Aux Saveurs du Sud

nîmes : La Mezzanine, Pass ô Bio

St-Privat-des-Vieux : Aux Saveurs d’antan

Uzès : Les Petites Mains, le FogoSt-Quentin-la-Poterie: Le Pain d’Oz

Le Vigan : Le Passage

Agde : ArthéBio

St-André-de-Sangonis : Les Saveurs de l’EscaleAniane: La FamouretteGignac : Domaine de Pélican

Bouzigues : Chez Francine, Chez la Tchèpe, L’Arseillère, La Nymphe, Le Marin, Le Petit Bouzigues, Les Jardins de la mermarseillan : La Ferme marine, mèze : Ligne et PapillesSète : Bébé Bio Chef, La Part des Anges, Mmmmh !, Les Binocles, La Décoratrice, Le Flo des mots, Le Décor

Corconne : Sous le chêneVabres : Mas Novis

mauguio: NaturaCarnon : Les Sardines argentées, Plage MistralVilleneuve-les-maguelone : Le Carré blanc

Causses-et-Veyran : Borie La VitarèleSt-Gervais-sur-mare : La HêtraieLe Pradal : L’Ostal VielhVillemagne-L’Argentière : La Bergerie

Ceilhes-et-rocozels : La Barraque

Courniou : Le Juge

La Caunette : Les Bouquetsminerve : Cravirola

Liausson : Bio Pizz’octon : L’Orange bleue

Lodève : Le Minuscule, O’lez arts, Soleil bleu

Saint-Clément-de-rivière : Le Chêne vert

Villeveyrac : Frère NonenqueSt-Pargoire : Lafon de Lacan

fraissinet-de-fourques : Le Chaos

Pompidou : Le Poulailler

Prévenchères : Lou Palhio

Les Salelles : Le Montet St-Julien-des-Points : Les Faïsses de la BlichèreSaint-maurice-de-Ventalon: Le Cantou du Poncet

mosset : Mas Lluganas

Perpignan : La Crêperie du théâtre, La Table de Cana, Peace’n Love, Saveurs Nature

Prats-de-mollo : La Costa de Dalt

St-André : La Table de cuisine

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(A)typiques n° 5 / octobre-novembre 2010

ABONNEMENT ANNONCESEFFERV'& SENS 68, rue Louis-Roustan, La Pointe-Courte34 200 SÈTE

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Envoyez-nous vos petites annonces de partage, de projets, de covoiturage, d’échange de matériel, d’ateliers… mais non commerciales. Sous réserve d’espace dispo, elles paraîtront gratuitement sur cette page dans le prochain numéro.

Allez, zou, je m’abonne !Et/ou je commande des numéros

via ce bulletin ou directement sur www.atypiques-mag.fr

(A)typiques est un magazine indépendant des groupes de presse, porté par l’association EFFERV’ & SENS. Si, en un an, nous avons réuni environ 4 000 lecteurs (plus de deux personnes lisent chaque mag) dont 500 abonnés, nous ne pourrons continuer le magazine que grâce à votre engagement (voir en p. 3). Comme nous, vous êtes convaincus que c’est au niveau local que nous pouvons agir pour améliorer à la fois notre environnement, le climat social et l’économie ? Soutenez l’initiative en vous abonnant, ou en distribuant quelques exemplaires !Nous vous tiendrons au courant par mail des évolutions et des pistes suivies par le magazine.

✤ Je m’abonne à (A)typiques à partir du numéro 6, pendant : Un an (6 n°) en version web pour 15 €.

Un an (6 n°) en version papier pour 22 € (réduit à 19 € si minima sociaux).

L' abonnement de soutien (1 an, 6 n°) pour 30 €.

Deux ans (12 n°) en version papier pour 40 €.

✤ Je commande des anciens numéros 3,80 €/ex. à l'unité N°1 (vins) Qté : …

N°2 (jeux, isolation) Qté : …

N°3 (paniers bio locaux)Qté : …

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N°6 (en pré-commande) Qté : …Vous offrez cet abonnement ou ces magazines en cadeau ? (Quelle bonne idée !)

Cochez cette case, votre ami recevra un joli bon cadeau de votre part.

✤ Je deviens distributeur (voir p. 3)

Je commande ....... exemplaires du N°5 à 2,50 € (à partir de 4)

Mes CoordoNNées (en CAPITALES svp) :

Prénom :______________________________________________

Nom :________________________________________________

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Code postal :

Ville :________________________________________________

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Téléphone :

AMAP près de Pézénas, il reste des places !

Envie de légumes bio, variés et de saison ? Partagez la récolte d'un producteur local, et soutenez-le en adhérent à l' AMAP (association pour le maintien d'un agriculture paysanne) du Jardin des 4 vents, à Nézignan-l'Evêque (34) !Distribution des légumes tous les mardis de 18 h 30 à 19 h 30, panier à 23 € (ou demi-panier à 11,5 €).Engagement sur 5 ou 10 mois. Contactez la présidente, Marie Pothier, au 04 67 11 92 83, [email protected] http://lejardindes4vents.over-blog.com

Savonnette solidaireUn départ pour la Bolivie et déjà des projets plein la tête ! À son retour des Rencontres franco-boliviennes, Sophie Villanueva, savonnière artisane de Bagnoles (11), se lance dans un projet (à but non lucratif) d’aide à la création d’une savonnerie.Objectif : former 60 femmes boliviennes, de trois villes différentes, à la fabrication du savon. Si vous souhaitez leur apporter votre soutien, adressez vos dons à l’une des adresses suivantes :Nature et Progrès Aude Allée des marronniers 11300 LIMOUXou Quillaya Savonnerie, 5 rue du Colombier, 11600 Bagnoles,06 26 03 09 57, [email protected]

Lieu d’échange pour enfants non scolarisésLe réseau des familles non scolarisées de l’Hérault recherche un espace (maison, salle, local, lieu associatif, etc.), en accès libre (sur mise à disposition gracieuse), à proximité d’une gare et de préférence à Sète (34), pour 15 enfants accompagnés. Afin de s'y rencontrer une fois par semaine, pour partager jeux et découvertes. Contactez Nathalie : [email protected]

envoyez bulletin et chèque à :

eFFerV’ & seNs68, rue Louis-roustan

La Pointe-Courte 34 200 sÈTe

Vous pouvez aussi vous renseigner ou nous faire

un petit coucouau 04 67 51 14 82

ou [email protected]

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athalie T.

© Marie Pothier

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agenda, points de vente : www.atypiques-mag.fr