Mag rentrée 2014

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lescandaleuxmag.fr « TOUTE PERSONNE QUI PENSE FORTEMENT FAIT SCANDALE » BALZAC LE MAGAZINE DES ETUDIANTS LILLOIS #18 - Rentrée 2014 NE PAS JETER SUR LA VOIE PUBLIQUE Dossier Special Monde COnnecté, Humains déconnectés International La naissance de l’Etat islamique International Le conflit Israëlo-Palestinien Politique Comment stopper la montée du FN ?

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Le magazine de la rentrée 2014 propose au lecteur un dossier spécial sur les rapports de l'homme au nouvelles technologies et leur influence sur la vie de tous les jours. Entre autres dossiers spécials, le Scandaleux revient sur la création de l'Etat Islamique et s'interroge sur les échecs des négociations de paix entre Israël et Palestine.

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« TOUTE PERSONNE QUI PENSE FORTEMENT FAIT SCANDALE » BALZAC

LE MAGAZINE DES ETUDIANTS LILLOIS

#18 - Rentrée 2014

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Dossier Special

Monde COnnecté,Humains

déconnectés

InternationalLa naissance de l’Etat islamique

InternationalLe conflit Israëlo-Palestinien

PolitiqueComment stopper la montée du FN ?

EDITOLevez les yeux. Regardez par la fenêtre. Le ciel est gris, il pleut*. Il est parti, l’été, partie l’oisiveté – ou pas –, place à l’automne lillois. Pour certains, c’est l’arrivée, la découverte d’un tout nouvel univers. Pour d’autres, le retour, la reprise des bonnes habitudes. La routine se réinstalle. Et pour démarrer cette année du bon pied, l’équipe du Scandaleux vous a concocté, dès la rentrée, un mag spécial EDHEC, dans un format allégé. Pour aller directement à l’essentiel. Car dans un monde toujours plus connecté, le temps « manque » paradoxa-lement de plus en plus. La faute à l’illusion du multitasking ? Sûrement un peu. Pour autant, les tendances « slow » sont-elles le remède aux maux de notre époque obsé-dée par la vitesse ?Retrouvez également dans ce numéro nos analyses de la situation au Proche-Orient, au Moyen-Orient, et à l’Extrême-Droite. Et puisqu’il faut quand même se détendre un peu, nous inaugurons avec ce mag notre nouvelle rubrique sous forme de brèves in-solites : Les infos très essentielles du Scan-daleux.Ne vous inquiétez pas, le Scandaleux Mag reprendra du poids cette automne pour revenir cet hiver dans son format habituel. D’ici là, savourez notre numéro 18 !

* Le Scandaleux Mag regrette par avance les possibles erreurs de prévisions et dé-cline toute responsabilité en cas de beau temps.

Edito

LE SCANDALEUX MAG #18 - Rentrée 2014

SOMMAIREBrèvesLes infos très essentielles du Scandaleux 2

Grand formatMonde connecté, humains déconnectés ?L’illusion du multitâche 3Les tendances slow 5

Front nationalL’échec du front républicain 7Comment combattre le “nouveau FN” ? 8

InternationalL’Etat Islamique en Irak et au Levant 9Quelle politique pour l’EI ? 10Israël : “La peur est le chemin vers le côté obscur” 11

Détente… car il en faut ! 1

Pierre-Luc SchamingRedacteur Chef du Scandaleux Mag

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Pressés ? L’info condensée pour décompresser !

La Banque mondiale a publié un rapport pour dénoncer le fait que ses rap-ports n’étaient pas assez lus.

L’arbitre japonais du match Brésil-Croatie a confié s’être déguisé plusieurs jours pour éviter la colère des Croates.

Une réplique de la Vénus de Milo en crottes de panda confec-tionnée par des enfants de la province du Sichuan a été vendue 34 000 €.

L’Américaine qui a inventé les cookies a vendu sa recette à Nestlé contre du chocolat… à vie.

Un avocat anglais accuse Nestlé d’avoir caché un pénis dans ses Milkybar. La marque répond que c’est une tête de cheval.

En URSS, le KGB avait censuré Julio Iglesias pour « néofascisme » et les Village People pour « violence ».

La Selecioun du comté de Nice a remporté contre l’équipe de l’île de Man la finale de l’édition 2014 du Mondial des pays qui n’existent pas.

Selon un sondage de Radio France, 11,9 % des Français seraient prêts à mettre leur vie en danger pour Dieu. 0,7 % pour de l’argent.

L’Université de Virginie a créé un électif estival sur Game of Thrones. Pour le valider il faut écrire en groupe un chapitre inédit.

Les ouragans au prénom féminin sont 3 fois plus meurtriers. Pas parce qu’ils sont plus dangereux. Parce qu’on les sous-estime.

Des chercheurs de la fac de psychologie de Wellington ont montré qu’on fait moins confiance aux personnes dont le prénom est atypique.

Chaque année en France, 450 personnes env. tentent de se donner la mort en se jetant sous un train. Les usagers les remercient...

Toujours plus court : entre 2009 et 2012 le tweet moyen est passé de 10 à 8 mots.

Les Brèves

LE SCANDALEUX MAG #18 -Rentrée 2014 2

L’illusion du multitâche

« Les connaissances du cerveau montrent que l’on ne peut pas réellement penser plusieurs

choses à la fois. »

Qui n’a pas le sentiment que tout s’accélère et que nous vivons aujourd’hui dans le règne de l’urgence ? Le rythme s’emballe, la vitesse semble nous guider au quotidien… Comment pou-vons-nous vivre en permanence cette course effrénée ? Sommes-nous devenus multitâches ? Rien n’est moins sûr.

On ne veut pas « perdre du temps ». On ne doit pas en perdre. L’expression est révélatrice et symptomatique de notre société selon la sociologue Nicole Aubert (Le culte de l’urgence : la société malade du temps) : « Cette tendance s’est accélérée dans les années 1990 avec les nou-velles technologies qui nous font vivre dans l’instantanéité avec une obligation d’immédia-teté ». Qui dit nouvelles tech-nologies dit smartphones, qui sont devenus quasiment une « extension de soi » pour le psy-chologue clinicien et psychothérapeute Jean-Charles Nayebi, qui a étudié le phénomène de la nomophobie (contraction de no mobile phobia). En 2012, une étude menée auprès d’un millier de Britanniques révélait que 76% des 18-24 ans se disaient « très angoissés » à l’idée de perdre leur téléphone (en même temps, vu le prix…).Une perte économique évaluée à 500 milliards de dollars pour les Etats-UnisLe boom technologique que nous connaissons au-jourd’hui a abouti à un mythe : celui du multitasking, qui voudrait que nous soyons capables de faire plusieurs choses à la fois. Sauf que si l’Homme n’en était pas

Société

LE SCANDALEUX MAG #18 - Rentrée 2014

capable à l’époque du télégramme, son cerveau a tou-jours les mêmes limites selon Sébastien Bohler, journa-liste à la revue Cerveau & Psycho. Il n’est pas devenu un « homme augmenté » avec l’ère des smartphones. Les connaissances du cerveau montrent que l’on ne peut

pas réellement penser plusieurs choses à la fois. D’où un temps d’adaptation à chaque change-ment d’activité masqué par l’illu-sion du multitâche, qui nous fait oublier l’effort intellectuel (imper-ceptible) demandé par le passage d’une tâche à l’autre et qui freine la productivité. On obtient donc

l’effet contraire de celui souhaité puisque le multitâche peut devenir contre-productif. L’exigence du multitâche « a des retentissements négatifs sur la qualité du travail produit ». Autrement dit, en courant plusieurs lièvres à la fois, on se disperse et au lieu de faire une chose bien, on en fait plusieurs mal. La perte économique annuelle due aux (micro-)interruptions liées au multitâche a même été évaluée à 500 milliards de dollars pour la seule économie des Etats-Unis.

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Société

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Pierre-Luc Schaming - @PLSchaming

Bien sûr, les nouvelles technologies permettent de gagner du temps mais elles ont la particularité d’en dévorer beaucoup aussi. (Le pire étant qu’on ne s’en rend pas toujours compte.) Si bien que, conscients de cela, certains ont opté cette année pour le Digital Detox. Pour prendre le temps de ne rien faire. Une tendance que promeut Sébastien Bohler : « prendre le temps de s’ennuyer est très important pour le développement du cerveau, » no-tamment pour la mémoire de long terme. Et puis... l’ennui porte conseil. Je vous laisse le temps de méditer là-dessus.PS: Cet article a été réalisé avec de la musique, Twitter et Facebook à côté. (Ceci expliquant peut-être pourquoi j’ai mis trois plombes à l’écrire. Mais bon, je ne suis pas près d’arrêter.)

De trader à instit’, il a décidé de ralentir Face à cette tendance à l’accélération de nos rythmes de vie se sont développées des tendances slow (voir l’article p. 6) à l’instar du World Institute of Slowness. Mais le parcours de Gilles Vernet est encore plus symbolique: après une dizaine d’années dans le monde de la finance (monde de vitesse s’il en est), il n’en peut plus et décide de changer radicalement de mode (et de train) de vie. A 35 ans, il devient instituteur en maternelle puis en primaire : « j’ai repensé aux salons lambrissés de la place Vendôme et je me suis demandé ce que je faisais là. » Mais, rapidement, il se rend compte du bonheur que lui apporte ce choix de vie : « j’ai enfin l’impression que mon métier a du sens, je sais pourquoi je me lève et vers quoi je cours. (...) Je gagne ma vie modestement, mais pour rien au monde je ne reviendrais en arrière. Je suis heureux ! » De son parcours pour le moins atypique, Gilles Vernet a décidé de faire un film documentaire avec ses élèves : Tout s’accélère.

Gilles Vernet

« j’ai enfin l’impression que mon métier a du sens, je sais pourquoi je me lève et vers quoi je cours. (...) Je gagne ma vie modestement, mais pour rien au monde je ne revien-drais en arrière. Je suis heureux ! »

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Toujours plus vite?Les tendances du Slow

«Un tel modèle consisterait d’après ses partisans en la prolifération de petites échoppes, notamment en ville, lesquelles seraient toutes indé-pendantes et produiraient des objets

faits main.»

Slow Made, slow finance, slow food... Il existe pas moins de 15 dérivés du mouvement slow, lequel veut nous permettre de «goûter plus pleinement la saveur des jours». A quel prix peut-on encore prendre le temps et se passer de rapidité en 2014 ?

D’un autre âge, le slow-made ?

Commençons par le slow-made, dont l’objet est de prendre le temps nécessaire à la confection d’un objet, tendance encore discrète lancée par les adeptes d’une consommation alternative. A l’heure où l’impression 3D semble en passe de se démo-cratiser, tout miser sur le modèle chronophage du «fait main» ne semble pas forcément à la portée de toutes les entreprises. Si le secteur du luxe peut se targuer d’y avoir recours depuis longtemps, il n’en reste pas moins que monter en gamme et copier cette stratégie nécessiterait de décupler la masse salariale existante, sans que le retour sur investis-sement soit garanti, loin de là. Un vrai pari donc, (en cela peu alléchant alors qu’un grand nombre d’entreprises sont encore frileuses et restent sur leurs gardes.)Et pourtant, ne sont-ils pas nombreux ceux qui, dans les couloirs de l’EDHEC, se plaignent des cours de langue placés le matin à 8h00, et dont les rythmes de vie se trouvent perturbés par la sonnerie lancinante d’un réveil qui sonne inexora-blement tels les pétards lancés par le chasseur au fond du terrier d’un blaireau en hibernation?Un tel modèle consisterait d’après ses partisans en la prolifération de petites échoppes, notamment en ville, lesquelles seraient toutes indépendantes et produiraient des objets faits main. Argument marke-ting indéniable par le temps passé à l’ouvrage, gage de qualité et par le fait que les artisans bénéficient de la reconnaissance du grand public, en France no-

Economie

LE SCANDALEUX MAG #18 - Rentrée 2014

tamment. Il suppose néanmoins de répercuter les coûts sur le prix de vente. Mais face au modèle de la grande distribution et de ses prix tirés vers le bas, le choix des consommateurs se ferait-il en faveur des petits producteurs ? Rien n’est moins sûr quand on sait que, outre leurs crédits immobiliers et voiture, les ménages sont 30% à devoir rembourser un crédit à la consommation. De ce point de vue, le consom-mateur souhaitant épargner un minimum voit son intérêt à très court terme soutenu par les prix bas des hypers, notamment. Et l’argument de la dura-bilité de l’objet conçu paraît peu convaincant pour contredire cet état de fait.De fait, on peut croire qu’il y a de bonnes chances pour que les seules habitudes d’achat des clients un minimum aisés soient impactées. Pourrait-on d’ail-leurs en vouloir aux consommateurs d’entretenir le

système présent en achetant ce que lui permettent ses maigres moyens avec un rapport quali-té-prix convenable plutôt que de ne voir que la seule qua-lité ? Le proverbe russe «je n’ai pas les moyens d’acheter bon marché» résonne à cet égard comme une provocation face à d’autres préoccupations mo-

dernes telles que l’obsolescence programmée, en-nemie insidieuse des consommateurs de produits à bas prix, qui ne laisse pourtant d’autre choix aux ménages aux faibles moyens de renouveler réguliè-rement ces achats de qualité médiocre.Le domaine de la gastronomie n’est pas en reste. Lancé par un journaliste gastronomique italien, Carlo Petrini, la slow food est née après la slow life, elle-même né au sein d’une petite ville italienne, hostile à l’implantation d’un Mac Do au nom du res-

Une affiche pour le slow food day italien 2014

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Economie

« Se différenciant de la slow money qui cherche des moyens de réorienter les ca-pitaux vers la sphère réelle, la slow finance, aux accents altermondialistes, favorise le long terme pour les investisse-

ments»

LE SCANDALEUX MAG #18 - Rentrée 2014

Nicolas Houriet

pect de sa qualité de vie. Même si ce cas fait large-ment figure d’exception en Europe, il peut être inté-ressant de connaître les arguments des différentes fondations se réclamant de la tendance Slow. L’une d’entre elles, Terra Madre, met en avant, à travers ses produits, des valeurs qu’elle estime insuffisam-ment présentes, à savoir le partage, les bénéfices mutuels, l’authenticité, et beaucoup d’autres no-tions pleines de transfert de sens qui vous rappel-leront (ou qui ne tarderont pas à vous évoquer) (sans aucun doute) un cer-tain cours de première année à l’EDHEC.Les produits ainsi commercia-lisés, parmi lesquels des mé-langes d’herbes et d’épices, sont tellement chers que les vendeurs préfèrent ne pas en divulguer le prix, du moins sur internet. Si l’exemple ana-logue du marché du bio en croissance et qui a bien résis-té à la crise, laisse entrevoir malgré cela de bonnes perspectives, il n’en reste pas moins douteux que le marché puisse atteindre sa taille critique vu la répartition actuelle des richesses au sein de l’économie française comme mondiale.En effet soutenir un terroir en renonçant aux économies d’échelle implique que ces produits, faute d’être abordables, se privent du marché des consommateurs plus modestes et ne les cibleront probablement pas longtemps au vu du différen-tiel de prix bio/non-bio évalué par 60 millions de consommateurs à 65% en 2013.Si la slow finance n’a pas a priori le charme d’une confiture produite par des mains innocentes et estampillée «produit du terroir», il n’en reste pas moins qu’elle présenterait de sérieux avantages pour l’économie si elle parvenait à rentrer dans les mœurs. Se différenciant de la slow money qui cherche des moyens de réorienter les capitaux vers la sphère réelle, la slow finance, aux accents alter-mondialistes, favorise le long terme pour les inves-tissements, mode d’action auquel est actuellement préféré le retour sur investissement à court terme. Elle concerne aussi bien la finance d’entreprise (via l’arbitrage dividendes/autofinancement) que la fi-nance de marché, puisque les capitaux investis par les divers fonds contribuent, lorsque la situation est saine, à développer l’entreprise bénéficiaire de ces capitaux.Dès lors se pose la question du réalisme d’une telle proposition : puisqu’il faut réinvestir les profits engrangés lors des opérations boursières vers le

long terme, quels autres candidats que des acteurs spécialisés comme les fonds de pensions et les banques ? Or, on sait les précautions prises par ces dernières dans l’octroi de financements depuis la fameuse crise du marché interbancaire : difficile en conséquence, de penser que les banques joueront le jeu, sauf à ce qu’elles récupèrent la Slow Finance comme argument de promotion, ce qui n’est en soi nullement blâmable, mais qui risque de voir les in-vestissements réalisés se cantonner au domaine du

contingent, un peu à la manière de l’“écowashing», ce qui serait très dommageable pour la croissance.Enfin, le slow parenting lutte, au nom des enfants opprimés, contre la transformation du temps libre de l’enfant en temps d’apprentissage scolaire supplémentaire, en lui promettant davantage de temps pour rêver et s’épanouir. Cette manière de voir les choses semble ignorer la compétition qui fait rage entre les différents Etats dévelop-

pés pour former les meilleurs étudiants, avec des méthodes certes invasives sur le plan personnel, mais dont l’efficacité est indéniable. Sans encenser certaines sociétés asiatiques où la pression familiale semble au contraire disproportionnée, il peut pa-raître inquiétant au regard de la baisse médiatisée au classement PISA et en particulier en mathéma-tiques (où la France se classe 22e sur 65, en baisse), que l’on puisse se permettre d’inciter les écoliers à réduire leur temps d’apprentissage, et d’envisager de supprimer le référentiel des notes pourtant déjà si peu présent jusqu’au collège.Si certaines tendances slow semblent souhaitables sans paraître tout à fait irréalisables, d’autres se distinguent par une déconnexion de la réalité ou, à tout le moins, par une candeur frappante. Dire si quelques composantes du mouvement slow par-viendront ou non à s’imposer et à changer en pro-fondeur le mode de vie des habitants de cette pla-nète est une gageure, d’autant que la compétition actuelle pourrait s’exacerber avec l’émergence des classes moyennes des BRICS, dont le salaire croît mais reste bien inférieur aux standards européens. Ceux-là voudront-ils sacrifier prématurément leur avantage compétitif au bénéfice de tous ?

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« une telle union du PS et de l’UMP vient nourrir le discours anti-système du

FN »

L’échec du « front républicain » ?Ah, le « front républicain »… Une formule incantatoire prônant l’union sacrée et censée affaiblir le Front national quand celui-ci se maintient au second tour face à un ou des partis de gouvernement. Apparue avec succès à la présidentielle 2002, cette stratégie a depuis connu des fortunes diverses, pour le moins. Et pourtant, on la retrouve encore à chaque élection à deux tours. Une erreur.

Avant son sacre aux élections européennes, le Front na-tional et le Rassemblement Bleu Marine étaient attendus au tournant des municipales. Dans 585 villes de France, des listes se sont présentées sous la bannière FN ou RBM (un record). Et dans 323 communes, elles ont franchi le seuil des 10 % de suffrages exprimés requis pour accéder au second tour (un autre record), avec 54 communes rien que dans le Nord-Pas-de-Calais. Sans mentionner la ville d’Hénin-Beaumont, dont le secrétaire-général du FN Steve Briois est parvenu à s’emparer dès le premier tour. La nouvelle percée du FN a remis sur le devant de la scène les appels au Front républicain. (Une appellation discutable, mais ce n’est pas ici que nous débattrons du fait que le FN est ou non un parti républicain.) Ici et là, des listes socialistes se sont effectivement retirées en appelant leurs électeurs à voter pour leur adversaire de l’UMP, mieux placé pour tenter de barrer la route au candidat d’extrême droite. Une stratégie vouée à l’échec, et pas seulement parce que cet appel ne fait pas (plus) l’unanimité au sein des partis dits de gouvernement.Bien sûr, si la droite et la gauche avaient crié à l’unisson la nécessité du front républicain, il aurait eu des chances de fonctionner. Mais le fait est qu’à l’UMP, c’est la straté-gie du « ni-ni » qui était défendue : « Nous n’appellerons jamais à voter pour le Front national, mais pas non plus pour un Parti socialiste qui est allié au Front de gauche »,

LE SCANDALEUX MAG #18 - Rentrée 2014

La presse française au lendemain des élections européennes

Quelle tactique contre le FN ?

Politique

avait ainsi répété Jean-François Copé. Et au PS, si l’Etat-major incarné par Harlem Désir a émis une consigne claire en faveur du front républicain, les sympathisants de gauche ne se sont guère mobilisés. La faute notam-ment à la popularité abyssale du Président François Hol-lande et de son gouvernement, qui ont profondément déçus leur électorat, et à la droitisation de certains can-didats UMP pour qui les sympathisants de gauche ne sont pas prêts à voter. Et même les candidats n’ont pas toujours respecté la consigne de l’état-major du PS : à Béziers (Hérault), Jean-Michel du Plaa, arrivé 3e, s’est

maintenu au 2nd tour. Résultat : Robert Ménard élu maire.« Un appel des dirigeants de droite à voter PS ne serait désormais suivi que par une frange marginale de leur électorat. » J. Fourquet (Ifop)Mais un autre facteur vient saper l’efficaci-té supposée du front républicain : une telle

union du PS et de l’UMP vient nourrir le discours anti-sys-tème du FN (Scandaleux Mag XVII). En effet, quel meil-leur cadeau pour le FN que cette union «UMPS» avouée ? Pour Florian Philippot, bras droit de Marine Le Pen et ar-tisan majeur de la « dédiabolisation » du nouveau Front, ce n’est même pas le front républicain, « c’est le front des copains ». Habile stratégie qui a mené la gauche et la droite à se rejeter la faute quant à leur part de respon-sabilité dans la montée du FN, s’affaiblissant l’une l’autre au lieu de construire un vrai programme. Et ainsi conti-nuer à faire le jeu du FN. Pour Jérôme Fourquet, direc-teur du département opinion publique de l’Ifop, le front

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Politique

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Pierre-Luc Schaming - @PLSchaming

républicain « contribue à mobiliser en faveur de l’extrême droite une partie des abstentionnistes du premier tour, voire des électeurs de droite énervés par ce mélange. (…) Un appel des dirigeants de droite à voter PS ne serait désormais suivi que par une frange marginale de leur électorat. » Et il vaut donc mieux souvent que la droite se maintienne afin de « figer » ses voix du 1er tour et éviter qu’elles ne se reportent sur le FN.Exemple-type à Forbach (Moselle), où le natif de Croix Florian Philippot, parachuté pour les législatives de 2012, est arrivé en tête le soir du premier tour (36%) devant le maire sortant (PS – 33%), une liste divers droite et l’UMP. Incapables de s’entendre, les 3 adversaires du FN se sont maintenus. Un scénario idéal, pensait Philippot. Sauf que la population s’est fortement mobilisée pour le 2nd tour, avec une participation en hausse de 7 pts, à 61% (un score historiquement haut, au-dessus de la moyenne nationale). Résultat, le PS est élu avec 48% des voix (+15pts) devant un Philippot, à 35 %, médusé. Pour vaincre, le FN, pas de front républicain donc, mais un front citoyen.

Ah, c’est sûr, c’était plus facile quand Jean-Marie était aux commandes… Nul besoin de diaboliser le Front na-tional, il avait l’air méchant. Sauf qu’avec l’arrivée de sa fille après 2007, le FN est parvenu à se dédiaboliser, avec le succès que l’on connaît : un nombre record de mairies remportées et la victoire aux élections européennes. Mais comment lutter contre le « gentil » Front national ?Elle a bon dos, la crise. A croire que c’est la seule cause à la montée du FN, ou presque. UMP et PS se renvoient la balle quant à leur part de responsabilité dans la mon-tée du FN. Les uns estiment que le FN profite de l’ama-teurisme gouvernemental et de la politique de François Hollande ; les autres rétorquent que la « lepénisation des esprits » a été permise par Sarkozy et son discours fon-dateur de Grenoble. Les deux ont une part de responsa-bilité. Et, au fond, le problème n’est pas tant de savoir qui est à l’origine de la montée du FN que comment la résorber. Car se renvoyer la balle n’apporte rien. Comme le soi-disant front républicain.Le FN d’aujourd’hui est différent du FN de Jean-Marie Le Pen. Il est plus dangereux. Parce que les Français s’en méfient moins. Il y a dix ans encore, trois sur quatre le considéraient comme « un danger pour la démocratie » ; ils ne sont plus qu’un sur deux. Pour beaucoup, ce parti s’est normalisé. Et pour cause, il mène campagne dif-féremment, avec des axes économiques (ce qui n’était pas le cas en 2002 ou avant). Le vote FN d’aujourd’hui ne se limite plus seulement à un vote de contestation. En votant pour le Front national, l’électeur ne se détourne plus seulement des autres partis, il fait un choix positif sur certains thèmes: l’immigration et l’insécurité bien entendu, mais aussi (dans une moindre mesure) la crise économique et sociale et la construc-tion européenne. Comment s’est fait élire Steeve Briois à Hénin-Beaumont ? Il a fait campagne en parlant par exemple des places de crèches. Pas vraiment des Roms ou des immigrés.

Alors forcément, ses adversaires ont eu du mal à utiliser la rhétorique habituelle. On a vu le résultat : une élection dès le 1er tour.

La diabolisation et la marginalisation : des erreurs tac-tiquesAu-delà de tactiques électorales caduques, il faut revenir à l’essentiel : le combat politique contre un parti qui, s’il avance masqué, n’a renoncé à aucune des sombres idées qui l’animent – attiser les peurs de la société française, stigmatiser les immigrés, fermer les frontières du pays contre l’Europe et la mondialisation. Mais, pour mener un VRAI combat politique face au FN, il y a une erreur à ne pas faire (mais qui est faite jusqu’à présent et qui le sera encore un bon moment, malheureusement) : il ne faut surtout pas rentrer dans le jeu du FN, celui de la diabolisation et celui de la marginalisation. En 2002, Jacques Chirac n’a pas pris un risque démesuré en refu-sant de débattre avec Le Pen senior. Aujourd’hui, alors que le FN s’est placé premier aux élections européennes et pèse 25% des voix, c’est une tactique simplement inen-visageable. Loin de freiner la progression du Front, la tentative de (re)diabolisation du FN lui laisse le champ libre et se retourne contre ses auteurs, incarnation toute trouvée du système des « élites» dénoncé par Marine Le Pen et ses bras droits Philippot et Alliot.Justement, l’UMP et le PS devront relever un autre défi de taille : regagner en respectabilité et en crédibilité. Et pas seulement dans la politique qu’ils défendent. A son élection, le Président François Hollande se voulait le ga-rant d’une République exemplaire. Manque de chance : Jérôme Cahuzac est passé par là. Symptomatique, car il

est difficile de croire un discours sur l’éthique et la transparence quand il sort de la bouche d’Harlem Désir ou de Jean-François Copé, les deux diri-geants du PS et de l’UMP il y a encore quelques mois. Leur éviction règlera-t-elle le problème ? Pas sûr...

Comment combattre le

« nouveau FN » ?

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Abou Mohammad al-Adnani : « Musulmans, (...) rejetez la démocra-tie, la laïcité, le nationalisme et les autres ordures de l’Occident. Reve-

nez à votre religion »

L’Etat Islamique, c’est quoi ?

L’Etat Islamique en Irak et au Levant est une organisa-tion armée djihadiste qui a proclamé le 29 juin 2014 le rétablissement du califat sur les territoires irakiens et syriens qu’elle contrôle. Au début de l’année 2006, Al-Qaïda en Irak forme avec cinq autres groupes djihadistes le Conseil consultatif des Moudjahidines en Irak. Le 13 octobre de cette même an-née, ce conseil représentant près de 70% des habitants de la zone concernée (ouest de l’Irak) proclame la créa-tion de l’Etat Islamique. Celui-ci se considère à partir de cette date comme le véritable État de l’Irak, puis égale-ment, à partir de 2013, de la Syrie.Les djihadistes de l’EIIL, engagés dans les affrontements en Syrie et en Irak, ont proclamé dimanche 29 juin le réta-blissement du califat, régime politique islamique disparu depuis près d’un siècle, changeant le nom de l’organi-sation en celui « d’Etat islamique ». Et désigné son chef Abou Bakr Al-Baghdadi comme «calife» et donc «chef des musulmans de partout». Ce califat devrait s’établir sur les territoires conquis par l’orga-nisation en Syrie et en Irak. Le porte-parole de l’EIIL a estimé que le califat était « le rêve de tout musulman » et « le souhait de tout djihadiste », prévenant tous les musulmans, « qu’avec l’annonce du califat, il est désormais de leur devoir de prêter allégeance au calife Ibrahim ». Concernant les autres groupes djihadistes et islamiques, il considère que ceux-ci n’ont : « aucune excuse religieuse pour ne pas soutenir cet Etat ».D’après Charles Lister, chercheur associé au Brookings Doha Centre, « d’un point de vue géographique, l’Etat islamique est déjà parfaitement opérationnel en Irak et en Syrie. Il est en outre présent — mais caché — dans le sud de la Turquie, présent au Liban, et a des partisans en Jordanie, à Gaza, dans le Sinaï, en Indonésie, en Arabie saoudite, et ailleurs ».Juste après le début de la guerre civile en Syrie, l’EIIL a remporté plusieurs succès en Irak. Des tribus issues de zones sunnites, qui avaient auparavant coopéré avec les Américains, ont ensuite rejoint ses troupes.

Dans ses conquêtes fulgurantes depuis le 9 juin en Irak, le groupe islamiste, qui bénéficie du soutien d’ex-officiers

International

LE SCANDALEUX MAG #18 - Rentrée 2014

de Saddam Hussein, de groupes salafistes et de certaines tribus, a pris Mossoul et une grande partie des provinces alentours, se trouvant désormais à une centaine de kilo-mètres de Bagdad. En Syrie, il contrôle de nombreuses provinces du Nord et de l’Est.

Qu’en est-il de l’effectif réel des forces armées de cette organisation ?

Difficile à dire, les estimations tournent autour de 15.000 hommes en Irak et près de 10.000 en Syrie. Cependant, alors que les combattants sont à 90% d’origine irakienne en Irak, seulement 50% sont d’origine syrienne en Syrie. La moitié restante se compose d’étrangers venus du Ma-ghreb, du Golf, et près de 2.000 d’Europe et des Etats-Unis.

Quels sont les soutiens de cette organisation ?

L’Etat Islamique bénéficiait principalement, tout d’abord, du soutien financier de l’Arabie Saoudite et d’autres pays du Golfe. Celui-ci cessa suite a l’entrée en guerre de l’EIIL contre d’autres groupes rebelles syriens du Front islamique, ou de l’Armée syrienne libre, également financés par les pays du Golfe. Depuis, l’EIIL n’est plus soutenu par aucun État de la

région, son principal moyen de financement est aujourd-hui de la part de riches donateurs individuels, pour la plupart originaires des pays du Golfe, de rançons ou de collectes caritatives dont elle détournerait les fonds. En outre, elle contrôle des puits pétroliers en Syrie dans les régions de Deir Ezzor et Raqqa. La vente de l’or noir lui rapporterait plusieurs millions de dollars par mois. De plus, ses combattants lèvent des impôts dans les zones placées sous leur contrôle et pratiquent occasionnelle-ment vols, kidnappings et extorsions de fonds. On es-time les recettes actuelles de l’Etat Islamique à plusieurs centaines de millions de dollars par an. D’après le site Quartz, l’Etat Islamique récolterait près de 1 million de dollars par jour uniquement grâce à la contrebande de pétrole.

Mathieu Guidère, spécialiste des groupes armés et pro-fesseur à l’université de Toulouse : « Le mouvement a créé des organes de collecte de fonds pour les enfants,

L’Etat Islamique en Irak et au Levant

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International

LE SCANDALEUX MAG #18 - Rentrée 2014

Nathaniel McNary

Abu Mohammad al-Adnani

notamment le million d’orphelins syriens, et les réfugiés. Ce système humanitaire permet de recueillir auprès d’individus privés l’aumône des musulmans (la zakat). Les dons vont de 100 à 250.000 dollars. »

En juillet 2014, l’EIIL disposerait d’un capital de plus de 2,4 milliards de dollars, ce qui ferait de lui groupe terroriste le plus riche au monde, dépassant les Talibans afghans (400 millions de dollars), le Hezbollah (entre 200 et 500 millions de dollars) ou les FARC (entre 80 et 350 millions de dollars).

L’enjeu principal pour l’Etat Islamique est de conquérir, non pas Bagdad qu’ils auraient du mal à tenir, mais toutes les zones frontalières de la Syrie, afin d’unir les deux territoires sunnites sous leur contrôle. Dans leur progression, les combat-tants de l’organisation ne saccagent ni les institutions financières ni l’administration, cherchant le soutien de populations

hostiles au pouvoir de Bagdad. Ils s’appuient sur l’organisation et le personnel existant, pour maintenir une vie économique et administrative et s’assure par la même leur loyauté.

Nouveaux maîtres d’une partie de l’Irak, et de la Syrie, les djihadistes de l’Etat Islamique continuent à faire la loi dans les zones qu’ils contrôlent. État théocratique qui prône un régime basé sur une interprétation rigoureuse de la charia, l’Etat Islamique est dirigé par l’auto-pro-clamé calife Abou Bakr al-Baghdadi et appelle tous les sunnites à lui prêter allégeance, il est particulièrement hostiles aux chiites.

L’État Islamique a rendu publique une charte de seize articles. Parmi ces points, outre la menace de ses oppo-sants de « l’exécution, la crucifixion, l’amputation des bras ou (et) des jambes, ou l’exil » (article 5), l’alcool, le tabac et les drogues sont interdits (article 8), et les mani-festations publiques, considérées comme contraires à l’Islam, interdites (article 10). L’EIIL promet également la destruction des statues édifiées avant l’avènement de l’Islam (article 13). De plus, les femmes ne pourront désormais plus sortir que vêtues d’un niqab et accompa-gnées d’un membre masculin de leur famille (article 14). Et malheureusement, les récents évènements vont dans le sens de cette charte.

Au cours du mois de juillet, l’EI a détruit plusieurs des principaux sites religieux de Mossoul, proclamée capi-tale du califat. Parmi ces sites figure entre autres le sanc-tuaire du prophète Seth (Nabi Chith), considéré comme le troisième fils d’Adam et Eve.Selon l’Etat Islamique, toutes les écoles de jurisprudence islamiques « s’accordent sur le fait que l’usage d’une mosquée construite sur une tombe est contraire à l’Islam ». Position contestée par de nombreux spécialistes.A Mossoul, Les chrétiens fuient en masse. Un ultimatum de l’Etat Islamique leur a donné quelques heures pour quitter les lieux. Ce communiqué appelle les chrétiens à se convertir à l’Islam, à payer une taxe spéciale ou à

défaut à quitter la ville, après quoi leur maison appartien-drait à l’Etat Islamique. De plus, dans le nord de l’Irak, les chrétiens, les Turkmènes, les Shabaks et les Yézidis sont victimes d’exactions de la part de l’Etat Islamique. À Mossoul, environ 200 membres des minorités ont été enlevés en juin et en juillet et au moins 11 ont été assassi-nés. Selon l’ONU il ne resterait plus « qu’une vingtaine de familles chrétiennes à Mossoul », soutenues par des ONG telles que Caritas. Alors que certaines de ces familles se sont converties à l’Islam, les autres ont préféré payer l’amende imposée par l’EI.

Si les Chrétiens rejettent ces conditions, « il n’y aura pour eux rien d’autre que l’épée », d’après le communiqué.

Début août, c’est au tour de la ville irakienne de Sinjar, à 50 km de la frontière syrienne, de tomber aux mains de l’Etat Islamique, jetant sur les routes jusqu’à 200 000 per-sonnes, selon l’ONU, et infligeant aux forces kurdes leur deuxième revers en deux jours (après celle de Zoumar). Les combattants de l’EI ont détruit peu après leur arri-vée le sanctuaire de Sayyeda Zeinab, fille de l’imam Ali et figure vénérée de l’Islam chiite. Considérées comme les plus efficaces et les mieux organisées du pays, les forces kurdes sont sous pression en raison de difficultés financières, entre autres, laissant ainsi le champ libre au nouveau califat pour étendre son territoire et appliquer sa politique.Enfin, de grandes inquiétudes s’installent concernant la politique de ce nouvel Etat envers les femmes. En effet, d’après l’ONU, les djihadistes de l’Etat Islamique avaient ordonné, à travers une fatwa, que les femmes âgées de 11 à 46 ans de la région de Mossoul subissent des mu-tilations génitales. Les mutilations génitales n’étaient jusqu’à présent pas fréquentes en Irak, et ne concer-naient que quelques régions isolées, aujourd’hui, 4 mil-lions de femmes pourraient en être victime.

Quelle Politique pour ce nouvel Etat?

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Israël : La peur est le chemin

vers le côté obscur

« il [le Likoud] s’agit d’un parti politique de droite très conservatrice qui défend à l’origine l’idée

du Grand Israël »

A l’heure où j’écris ses lignes, nous sommes en plein conflit au Moyen-Orient. Israël continue les bombardements sur Gaza causant de nombreuses pertes civiles et le Hamas continue de lancer des roquettes qui contribuent à maintenir la peur en Israël sans qu’un cessez-le-feu ne semble s’amorcer.L’idée ici n’est pas de s’étendre sur les causes, les conséquences ou même le déroulement de cette offensive mais simplement de montrer que le sage Maître Yoda avait raison : la peur mène à la colère, la colère mène à la haine, la haine… mène à la souffrance.

Sans faire une analyse approfondie de l’histoire politique d’Israël qui bien que courte est dense et complexe, il paraît opportun de noter le virage à droite amorcé en 1974 après la guerre du Kippour qui endommagea grandement la crédibilité des tra-vaillistes auprès des Israéliens et qui est symbolisé par l’arrivée au pouvoir de Menahem Begin, chef du Likoud en 1977. Depuis, par le jeu des alliances qui régit le sys-tème politique israélien, le Likoud a quasiment toujours participé aux gouvernements en place. Mais qu’est-ce que le Likoud ? Non, cela n’a rien à voir avec l’articulation qui lie le bras et l’avant-bras, il s’agit d’un parti politique de droite très conservatrice qui défend à l’origine l’idée du Grand Israël et donc qui est opposé à la

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LE SCANDALEUX MAG #18- Rentrée 2014

création d’un Etat palestinien indépendant et ainsi à la solution à deux Etats. L’idée serait donc d’an-nexer la Cisjordanie et la bande de Gaza à l’état hébreu et de faire des Palestiniens des citoyens à part, aux droits limités, ce qui s’apparenterait à un

nouveau type d’apartheid. C’est en partie cette idéologie qui « justifie » la politique d’expansion coloniale pratiquée par Israël depuis 1977.Cependant cette position pourrait évoluer. En effet, au début des an-nées 2000, Ariel Sharon, membre du Likoud, en optant pour un retrait uni-latéral de la bande de Gaza marque une rupture avec cette idéologie.

Cette rupture le conduit à subir des reproches dans son propre camp et il finit par fonder son propre parti : Kadima. Cette évolution idéologique touche de plus en plus de monde et l’idée du Grand Israël

la bande de Gaza bombardée par des tirs israëliens en 2014

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«la majorité des Israéliens semble voir dans la solution à deux Etats l’issue la plus cré-

dible au conflit»

LE SCANDALEUX MAG #18 - Rentrée 2014

Khaled Mechaal, le chef politique du hamas

Samir Benyoucef

semble aujourd’hui se marginaliser (même si pour l’instant elle reste dans les tiroirs du Likoud). Ce revirement traduit une évolution de l’opinion : la majorité des Israéliens semble voir dans la solution à deux Etats l’issue la plus crédible au conflit. Dans un sondage récent du journal Haaretz, 60% d’entres eux déclaraient être prêts à « soutenir un accord obtenu par le Premier Ministre qui impliquerait la création d’un Etat palestinien frontalier d’Israël ». Cette évolution ne signifie pas pour autant un revi-rement d’opinion marqué au sein de la population. En effet dans un sondage antérieur ils étaient 67% à avoir cette opinion, qui plus est si on creuse un peu sur les détails de l’établissement d’un tel Etat, on remarque qu’ils ne sont plus que 35% à être d’accord avec la création d’un « Etat palestinien basé sur les frontières de 1967 sous réserve d’adaptation, l’annexion de la plupart des colonies par Israël, la division de Jéru-salem et le non-retour des réfugiés ». Cette diffé-rence réside dans le fait qu’on supposait dans la première question un accord « obtenu par le Pre-mier Ministre », autrement dit par Benjamin Neta-nyahu. Or, sur les 60% seuls 37% déclarent croire le Premier Ministre israélien lorsque celui-ci déclare vouloir « promouvoir un accord de paix avec deux Etats pour deux nations ». Au final ce qui ressort de ce sondage c’est que l’opinion publique israélienne reste partagée sur les solutions à long terme que devrait mettre en œuvre le gouvernement israé-

lien : 28% penchent pour la solution à deux Etats, 25% sont plutôt pour la continuation de la situation actuelle et 23% se disent favorable à « un Etat dans lequel les Palestiniens seraient limités en droit » tan-dis qu’ils sont simplement 10% à soutenir l’idée d’un Etat unique dans lequel tous les citoyens auraient les même droits. Mais pourquoi tant d’indécision du côté israélien? Tout simplement parce que l’Etat hébreu a peur de la plus grande arme des Palestiniens : leur démo-graphie. Malgré des conditions de vie digne d’un ghetto de Varsovie du XXIe siècle la bande de Gaza

est l’une des régions les plus densément peuplées du monde. Dès lors, en cas de paix, on peut imaginer la pérennité d’un Etat exclu-sivement hébreu dans la région facilement remise en cause par la pression démo-graphique. C’est en tout cas

ce que semblent redouter les dirigeants israéliens. C’est cette peur qui les amène à persister dans une politique agressive et conquérante à l’encontre des Palestiniens qui, acculés, se tournent de plus en plus vers le Hamas et ses roquettes. Et c’est ainsi qu’on se retrouve dans un cercle de peur qui s’au-to-alimente et qui mène à un climat de haine qui obscurcit tout espoir de paix durable. En somme, le petit homme vert avait raison...

Benjamin Netanayahu, le premier ministre israëlien

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Détente

LE SCANDALEUX MAG 18Rentrée 2014

Cette année c’est décidé ! Tu fonces dans le tas, et ça marchera … ou pas, tu nous diras.

Oui ! c’est la rentrée ! t’attendais ça depuis si longtemps et oui tu peux enfin faire tes grasses mat’ durant les cours sans avoir à rendre de compte à personne (parents/maître de stage/copine/copain : entourer la/les mention(s) adéquate(s)), et ça promet une année de bon-heur… Enfin si tu n’as rien contre le redouble-ment.

Vénus est dans la maison des Gémeaux, c’est le signe que ton âme soeur est ici quelque part à l’EDHEC. Par contre, comme les étoiles sont taquines tu n’es pas son âme soeur, bonne chance !

Tu déplores la fin de l’été, tu as rangé les va-cances, pourtant tu sais bien l’année prochaine tout refleurira : tu reviendras sur la plage abandonnée, coquillage et crustacés …

Entre camembert et chocolat ton choix est vite fait.

Ouais … plus pour longtemps t’inquiète !

Le flow ! Ton année sera sous le signe du Swag ! Dommage pour toi tu ne vis pas dans une chanson de rap.

Ouais non celui là j’ai pas envie de le faire, tant pis vous aurez votre horoscope au prochain mag.

Bravo ! Cette année ta vie sera passion-nante ! Au moins autant qu’un cours de microéconomie de bon matin !

Allez je suis de meilleure humeur, pour toi le marc de café et les étoiles prévoient du soleil, des siestes, de la plage, de l’ennui … ah non ! elles ont confondu avec un Niçois.

J’ai jamais compris ce signe, comment tu fais pour ne faire que verser de l’eau ? A un moment faut bien remplir ton récipient d’eau pour pouvoir la verser, ton eau ! Bref ta vie sera colorée et pleine de papillons dorés.

Bravo à toi tu es né(e) dans le meilleur mois de l’année (c’est prouvé scientifiquement !) ton année sera une succession de réussites (après je précise pas, soit c’est des succès soit tu joues aux cartes, c’est toi qui vois !).

RECETTE spéciale 1A -

Tu pensais que ta vie en prépa t’avait fait décou-vrir les tréfonds de l’art culinaire ? Détrompe toi ! La vie en école (et surtout les prix du SoGood) va mettre encore plus à rude épreuve ton estomac et ton portefeuille. Heureusement la fine équipe culinaire du Scandaleux est là pour te proposer sa sélection de rentrée.

La recette fétiche de la rédaction : Pâtes au pesto (testées et approuvées)

- Temps 10 min (enfin plus si tu sais pas encore comment faire marcher ta plaque, mais t’inquiètes c’est pour ça qu’ont été inventées les bouilloires !)

Ingrédients : - des pâtes en quantité - du pesto, verde ou rosso-une pincée de gros sel

Bon t’es arrivé(e) y a pas si longtemps à l’EDHEC alors on va procéder par étapes :- trouve ta plaque et tes pâtes- mets 1L de l’eau dans ta casserole- rajoute du gros sel - attends que l’eau bout- rajoute les pâtes - enlève dès que la cuisson te va - verse les pâtes dans une passoire- une fois que tu les as égouttées, mets les dans une assiette et rajoute le pesto et puis c’est bon ! (l’as-siette c’est toi qui vois, nous on a testé à la cuillère direct dans la casserole c’est bon aussi … et puis ça fait moins de vaisselle !).

Et voilà ! Bon appétit et bienvenue à l’EDHEC !

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