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    Avant de prendre cong pour un peu de repos bien mrit, lHistomag fera son grand retour ds

    septembre pour poursuivre son dveloppement dans les mois qui suivront. Les ides ne manquentpas, il me manque plus que quelques bonnes volonts supplmentaires pour franchir un nouveaupalier. Paris ne stant pas construit en un jour, votre mag suivra cette rgle incontournable.Loccasion est ainsi donne de rendre hommage aux bnvoles qui chaque mois font de leur mieuxpour offrir la meilleure qualit qui soit, ce qui reprsente un sacr tour de force, puisque tous lescollaborateurs de la revue y consacrent une bonne partie de leurs loisirs, officiant tous dans desdomaines aussi varis que diffrents de lhistoire. Le succs de lHistomag ne se dment pas : cestainsi quun magazine vendu en kiosque, Axe et Allis, a choisi par lintermdiaire de son rdacteur enchef de promouvoir notre entreprise sous la forme dun partenariat. La ligne de conduite choisie nesera pas modifie puisque notre ambition est devenir une ppinire de jeunes talents tout autant quele carrefour de rencontre dauteurs chevronns. La jeunesse allie lexprience : voil les deuxingrdients, qui savamment doss, font de toute initiative la plus belle des entreprises.

    Vous aurez not, dpit que vous en ftes, un retard de parution important. Nous navons que peu deraisons valables le motiver, sinon quil nest pas toujours ais de finaliser le gros pav quelHistomag est devenu en quelques mois. Pour une meilleure rpartition des tches, Daniel Laurentdeviendra directeur de publication ds la rentre de septembre et dautres auteurs devraient nousrejoindre sous peu. Nous vous en dirons plus prochainement. Les journes Robert Lelard se sontacheves le 4 juin au Mmorial de CAEN avec le sentiment que le challenge que le forum stait fixa t relev au-del de toutes les esprances, tel point que cette soire inoubliable serarenouvele ds 2008 la demande du Mmorial. Si les retombes brutes en terme de frquentationsont plutt faibles, notre principale source de satisfaction est lextraordinaire impact de notre forumauprs du public en terme de srieux, de qualit. Ctait ce que nous souhaitions. Il sera facile dedire que les risques taient minimes ; cest le discours que lon pourrait tenir aujourdhui puisque toutle monde sait que cette soire fut un succs. Pourtant, laffaire tait loin dtre emballe dautant quepersonne ntait en mesure den anticiper les cueils puisque personne navait organis ce genre de

    manifestation jusque l. Autant vous dire que nous sommes alls au Mmorial laveuglette, tout ense demandant, si finalement, on ne sattaquait pas un trop gros morceau. En entrant danslimmense amphi o dici quelques instants, la soire allait dbuter, tout le monde ou presque taitmort de trouille, lide quun maudit grain de sable drgle tout et transforme la soire eninoubliable cauchemar. Cest ce moment quon a compris : cette trouille ntait rien dautre quuneforme de solidarit, lun des moteurs des journes Robert Lelard et par extension du forum, un trucun peu limage des footeux de lquipe de France : gagner ensemble ou mourir ensemble.Finalement, personne nest mort . Ces journes de rencontre sont devenues en quatre ans lme et lecur du forum, un endroit intime o se brise la barrire virtuelle, un espace o lindividu nest plus unpseudo et o tout nouvel arrivant devient une nouvelle branche dun arbre qui narrte pas de grandir.Vu de lextrieur, les journes Robert Lelard ressemble nimporte quel rassemblement, ce qui estun peu vrai puisque dans lesprit nous navons rien trouv de trs innovant, nous ne faisonsquexploiter un adage vieux comme le monde : les hommes sont faits pour se rencontrer, principe

    que lpoque moderne a quelque peu dvoy en leur faisant croire quun clavier et une connexioninternet remplacent tout. Notre principale satisfaction rside dans le fait que lon vient de loin pour cesmoments de convivialit, parfois mme de trs loin. Et cest l que la distance devient attachement.Cest peut tre la force principale de ce forum, qui ne sest jamais autoproclam le meilleur, le pluschaleureux, ou le plus couru du web. On sait bien chez nous que toutes ces qualits ont besoin detemps pour se dvelopper, de beaucoup de temps et de patience. Nous avons aujourdhui laprtention davoir cr un lieu crdible o il fait bon vivre, mais seulement force de travail etdinvestissement personnel. Ce qui caractrise notre plateforme et le fourmillement dides quilanime en permanence et ds la rentre, tout va repartir sur les chapeaux de roues parce quil suffitmaintenant dexploiter les retombes de ce notre communaut entreprend. Voil maintenant un anque Robert nous a quitts. Il serait heureux de voir ce que cette communaut devient. Ailleurs, onaurait peut tre oubli Bob, le temps aidant. Pas ici, jamais. Lhistoire ne fait pas les hommes, ce sontles hommes qui la font, cest pour cette raison que Robert a donn son nom nos journes et cest

    peut tre pour cette raison que cette anne fut celle de lexplosion du forum Le Monde en Guerre. Ala rentre prochaine et bonne vacances tous.

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    Les vacances sont bien souvent l'occasion pour les passionns d'histoire l'occasion de mettre jourleurs connaissances et de plonger dans leur sujet favori. A dfaut de soleil et de farniente, un peu deculture. Les sujets de vacances sont nombreux car les publications de ces derniers mois ont t smoins nombreuses mais sont de qualit. Ce mois-ci, trois livres font l'objet d'une analyse nouspartirons donc vers l'est et la Russie pour les deux premiers et reviendrons vers les plages dudbarquement pour le dernier. Donc, n'hsitez pas insrer l'un de ses trois livres dans vos bagages,cest toujours utile pour lutter contre les journes de pluie.

    Tout d'abord direction la rgion d'Angers o rside le comte Roland de la Poype, point n'est besoin de

    prsenter l'un des derniers pilotes de l'escadrille Normandie Nimen. En effet Roland de la Poype ,tour tour pilote, inventeur homme d'affaire avis dcid de nous crire son parcours durant laseconde guerre mondiale "l'pope du Normandie Nimen".

    Qui n'a pas en tte les exploits de cette poigne de franais rattache la troisime division dugnral Zakharov. Cette escadrille va crire dans le ciel de Russie l'une des plus belles pages de laguerre arienne le tribut pay sera norme, car cinquante pour cent des pilotes ne reviendront pas.Normandie Nimen voque respect et mmoire en Russie, tout le monde connat les exploits deRoland de la Pange, de Jean Tulasne, de Pierre Pouyade, de Marcel Lefvre aux commandes dupre Magloire. Beaucoup de russes vous parleront du sacrifice de Maurice de Seynes, maisaujourdhui cest Roland de la Poype qui nous intresse. De la promotion Z de l'cole de pilotaged'Angers en 1939, o l'un de ses camarades n'est autre que Jean Maridor, Paris en juin 1945 lechemin parcouru a t long. L'appel du 18 juin 1940, le ralliement aux forces franaises libre, la

    participation l'opration de Dakar, la construction d'une piste au Gabon.

    Le retour en Grande Bretagne, la formation au mtier de pilote de guerre dans la RAF, son versementdans le squadron 602 "City of Glasgow" il volera aux cts de Paddy Finucain. Le gnral de Gaulledcide de la cration dune escadrille pour combattre les allemands en Russie cest le dbut du grandCirque Normandie, dont il fait parti des premiers pilotes rallier lescadrille. La suite vous laconnaissez je nai pas besoin de vous la raconter, Roland de la Poype vous la contera certainementmieux que votre serviteur. Aprs la guerre, alors quil est promis certainement une belle carriredans larme de lair, il dmissionne et devient tour tour capitaine dindustrie, concepteur automobileet propritaire dun parc marin. Ce livre est un excellent complment du livre dYves Courrire sur le

    Normandie Nimen, un bon moment de lecture passer.Prix env : 20

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    Le second livre est un livre de Didier Lodieu, qui se fait trop rare sur le forum le monde en guerre, quivient de publier la participation du III Panzer Korps Koursk, cest donc sur le plancher des vachesque nous nous retrouvons maintenant. Lauteur nous fait une tude sur une partie de loprationZitadelle puisquil analyse une portion de dix kilomtres dun front qui en a compt environ 200km. Letravail de recherche est trs prcis, on suit la bataille de Koursk au jour le jour, heure par heure, etnotamment lengagement des 6. 7. 19. Panzerdivisionen. Il porte un intrt certain sur lengagementsouvent mconnu des divisions dinfanterie hippomobile du corps, et de lodysse de la Pz abt 503 du

    futur Gnral Major Von Rosen.

    Ce livre est une excellente rfrence, tant sur le plan criture, que sur le plan photographies. DidierLodieu a retrouv les pellicules des deux photographes qui ont particip la bataille, nanmoins ilaurait t intressant, mon sens, dajouter quelques cartes de zone des combats, on a tendance se perdre. Dans cet ouvrage la logistique nest pas oublie puisque la sri ddi latelier derparation de chars est trs intressante. Prix env. : 38

    Avant de conclure, je men retourne vers une valeur assez sure de vulgarisation du jour J lalibration de Paris le 25 aot 1944 avec le livre de John Keegan Six armes en Normandie Celivre couvre une grande partie des oprations du dbarquement ( jour J bataille de Normandie, lesyeomens.) et est destin avant tout ceux, qui moins spcialistes souhaitent enrichir leursconnaissances en la matire. On note quelques erreurs notamment la prsence de chars Australiensqui auraient appartenu au Fort Garry Horse . (si quelquun des informations un sujet dediscussion est ouvert ce sujet sur le forum le monde en guerre). Prix env. : 20

    Je me permets donc de vous souhaiter de bonnes vacances 2007, revenez nous cultiv en septembrepour que les dbats soient encore plus constructifs. A la rentre certainement un livre sur les FNFL.

    Bonnes Vacances

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    Si je dis que le nazisme estfond sur le mensonge, jauraislair denfoncer une porteouverte. Si je dis que la plupartde ses mensonges restent dcouvrir, je risque dtre

    moins facilement compris

    Franois Delpla

    Tenter de dcortiquer les intentions, motivations et plans des hirarques durgime nazi est un exercice prilleux. Entre les clichs Tous des fous-furieux minables qui firent florilge aprs-guerre et les multiples trucageset manipulations avec lesquelles les intresss camouflrent leurs actionset dont ils truffrent leurs crits de lpoque, il est trs difficile de dmlerlcheveau et de retrouver son chemin. Mais il est utile, au moins,

    dessayer, quitte ne pas tre complet. Risquons-nous donc parler du DrGoebbels.

    Les origines :

    Paul Joseph Goebbels est n le 29 octobre 1897 Rheydt, ville textiledenviron 30 000 habitants, dans un milieu modeste. Son pre, Fritz Goebbels, fervent catholique, travaillait commecontrematre dans une filature locale. Sa mre, Katharina Odenhausen, tait fille dun forgeron et trs croyantegalement.

    A sept ans, il contracta une ostomylite qui, malgr une opration, entrana la paralysie de sa jambe droite et dgnraen pied-bot. Mis l'cart cause de ce handicap, il se consacra des lectures d'une grande diversit et, aprs destudes secondaires dans des tablissements catholiques, fut encourag par son pre entrer l'Universit o il obtint undoctorat en philologie allemande en 1922. Il frquenta les Universits de Berlin, Heidelberg, Bonn, Fribourg, Wutzbourg,Cologne, Francfort et Munich, fine fleur de lenseignement suprieur allemand.

    Docteur, mais boiteux, patriote, mais pas ancien combattant (Il fut rform), son enfance et son adolescence furentprobablement trs difficiles et gnratrices de nombreuses frustrations. A sa sortie de lUniversit, le pays taitboulevers par la dfaite de 1918 et par l'effondrement conomique de lAllemagne. Les opportunits taient rares pourun intellectuel de province sans exprience. Le jeune Goebbels devint rapidement un antismite virulent, convaincu queles Juifs taient responsables de ses propres problmes et de toutes les tragdies personnelles entranes par l'inflationvertigineuse qui svissait

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    La gense de son antismitisme nest pas claire, notre connaissance, mais il nest pas surprenant dans le contexte delAllemagne de lpoque que Goebbels le devint et il fut loin dtre le seul. Comme pour beaucoup de ses contemporains,il est possible voire probable que cet antismitisme s'abreuva auprs du mouvement Vlkisch, trs en vogue enAllemagne et dont Hitler repris, sa manire, plusieurs principes. Il crit cependant dans son journal le 9 janvier 1924 :

    De Cologne, on m'a renvoy Le Voyageur. On me remercie beaucoup, mais on n'en a pas l'emploi. Et si, parexception, c'tait le cas, pourrait-on faire usage du Voyageur Cologne, cit de la cathdrale comme des

    mercantis ? A Cologne, il n'est qu'un mot d'ordre : Sois noir ou youpin Peut-tre est-il vrai qu'on ne peutarriver que par les Youpins. O, qu'il est difficile, le chemin vers les sommets ! Pour me rapprocher des Youpins,j'ai encore un bon bout de chemin faire. Je ne dsespre pas, car je sais que j'aspire au Bien

    Pour exprimer cette conviction qui devint la passion la plus violente de sa vie, il se tourna vers les mouvements d'extrmedroite et avait de la sympathie pour le mouvement nazi des 1922. Schma relativement banal dans la Rpublique deWeimar prparant sa propre agonie. Il crit un peu plus tard :

    Je rflchis plus que souvent la question juive. Le problme de la race est bien le plus profond et le plusmystrieux de ceux qui interfrent dans la vie publique. N'y a-t-il pas un antagonisme entre race et intellect,cration et imitation, art et science, capitalisme industriel et capitalisme boursier ? Comme ces sries semblentse tenir distance l'une de l'autre ! Et pourtant les ples correspondants de chacune ne sont que l'expression dumme sentiment du monde, que Spengler dsignerait comme l'existence et l'tat de veille

    La politique va lui procurer un emploi, le mettre en lumire et rvler son incontestable talent de polmiste. Embauch parun parlementaire dun parti de droite, le hasard veut quen 1924 il fasse ses dbuts dorateur Rheydt, sa ville natale,comme contradicteur dans une runion communiste.

    Ainsi mis en valeur, Goebbels entre comme rdacteur en aot 1924 la revue hebdomadaire Vlkische Freiheit, Organede combat rhnano-westphalien pour une Grande Allemagne nationale et socialiste, mais sa situation est toujoursprcaire, il nest quun petit journaliste marginal.

    Au dbut 1925, Hitler charge Gregor Strasser dorganiser le NSDAP dans le Nord de lAllemagne. Avec laide de son frreOtto, Strasser entreprends alors de dvelopper le Parti loin de ses bases bavaroises, avec lespoir de le dveloppersuffisamment pour prendre la place dHitler la tte. Pour laider, il engage en tant que secrtaire Joseph Goebbels quisattelle la tche avec enthousiasme. Une nouvelle vie commence pour lui.

    Durant cette anne 1925, alors que la sourde lutte pour la direction du Parti qui oppose Hitler et Strasser bats son plein,Goebbels hsite entre les 2 hommes pendant plusieurs semaines, ainsi que William Schirer fut le premier le remarquer.

    Dabord partisan de Strasser, choqu des humiliations infliges par Hitler un homme quil juge Bon et honnte,Goebbels fut retourn comme un gant par le Fhrer, qui tait un expert en la matire et avait remarqu ses talentsdorateur et de propagandiste.

    Il a donc oscill entre la droite et la gauche proltarienne du Parti, sest li d'amiti avec les frres Strasser, enparticulier avec Gregor (qui est le moins socialiste des deux), mais finit par les laisser tomber car il est subjugu parl'aura de Hitler. Bref, son engagement politique semble fonctionner la sympathie plutt qu' la pure raison. Ce n'estpas une question de choix personnel raisonn sur la base d'arguments ou de conviction idologique, mais plutt deralliement une personne. On pourrait presque en conclure que si Hitler avait t communiste, Goebbels le serait devenuet que si son Fhrer tait devenu moine tibtain, Goebbels l'aurait suivi dans une lamaserie.

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    Ce ralliement est souvent dat du dbut avril 1925 : Goebbels accepta de prononcer un discours, avant celui dHitler, lorsdune runion le 8 avril la brasserie Burgerbraukeller. Suite cette soire, il crira le 13 avril dans son Journal, parlantdHitler, cette simple phrase : Je laime. Il semblerait cependant quil ait encore eu des doutes pendants quelquesannes, selon certaines phrases de son Journal :

    15 fvrier 1926 : Hitler fait un discours de deux heures. Je suis comme assomm. Quel Hitler est-ce la ? Unractionnaire ? Extraordinairement maladroit et indcis [...] Sans doute une des plus grandes dceptions de ma

    vie. Je ne crois plus totalement en Hitler.29 janvier 1930 : Hitler repart dans son habitude de ne pas prendre de dcision. C'est vomir de lui ! Il faut qu'ilsorte de l'atmosphre munichoise. Il s'y aigrit et s'encrote compltement

    22 fvrier 1930 : Hitler m'inquite normment ; il fait beaucoup de promesses et ne les tient gure

    Mais quelle que soit la date relle de son adhsion sans conditions, sa voie tait trace avant la prise du pouvoir et il nela quittera plus.

    En octobre 1925, Goebbels sinstalle Berlin pour y diriger le dveloppement du Parti indpendamment de Strasser quien pris ombrage, pour le plus grand plaisir dun Hitler qui tirait les fils de ses marionnettes avec son habituelle habilet ce niveau.

    la fin daot 1926, Hitler nomme Goebbels commissaire la direction du Gau (District) de Berlin. Il russitmagistralement propager dans la capitale le national-socialisme et dirige le priodique Der Angriff (1927-1933).

    Il est lu ds les lections lgislatives de mai 1928, devenant ainsi, 31 ans, l'un des douze premiers dputs du NSDAP siger au Reichstag.

    Nous entrons au Reichstag [] comme des loups dans la bergerie. crit-il dans l'Angriff. Phrase prophtique

    Vers la fin 1929, il gravit un chelon de plus : Hitler fait de lui le chef de la propagande du parti pour lensemble delAllemagne. Goebbels peut alors donner la pleine mesure de ses talents.

    Par une propagande agressive et insistante, il obtiendra des succs spectaculaires aux lections partir de 1930, anneou Hitler, dlibrment, lui fait jouer un rle charnire dans lviction du NSDAP des frres Strasser. Gregor seraassassin durant la nuit les longs couteaux et Otto sexilera. Goebbels nen concevra apparemment ni regrets ni remords.

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    Magda, grie ou mre de famille ?

    Le rle quelle eut dans la vie de Goebbels et dans le Reich mrite que lon sattarde un peu sur sa vie et sa personnalit.

    Magda Goebbels, ne Behrend en 1901, est la fille d'Oskar Ritschel, un ingnieur, et d'une employe de maison de cedernier nomme Behrend. Son pre biologique ne la reconnat pas, do son nom de naissance, mais lui assurera uneducation digne des jeunes filles de bonne famille de lpoque.

    Son premier amour fut Victor Arlosoroff, un jeune juif qui devient plus tard en Palestine une des grandes figures dusionisme avant d'tre assassin en 1933 dans des circonstances mystrieuses et dont certains (Sans relles preuvesmais avec quelque vraisemblance) avancent que Goebbels en serait l'instigateur.

    En 1920, la jeune fille de 18 ans fait la connaissance de l'industriel Gnther Quandt, g de 38 ans, un des hommes lesplus riches dEurope. Elle lpousera en 1921, ce qui donnera lieu un tour de passe-passe typique des mentalitsallemandes entre les deux guerres. Sa mre stait marie avec un Juif, Richard Friedlnder, qui lavait adopte. Pasquestion quun Quandt pouse une Friedlnder ! Sa mre divorce donc, son pre biologique la reconnat enfin et cestMagda Ritschel qui convole avec un riche industriel protestant. Tout va pour le mieux dans le meilleur dun monde djengag sur la planche savon.

    Ils eurent un fils, Harald, dont nous reparlerons plus loin. Mais Gnther avait 2 enfants dun prcdent mariage et iladopte les 3 enfants dun associ mort accidentellement. La vie de mre de famille nombreuse et de matresse de maisonnest pas vraiment ce dont Magda avait rv et le mnage vole en clat. Ayant entre temps repris sa liaison avec Victor

    Arlosoroff, Magda menace Gnther Quandt de faire des rvlations publiques propres gner considrablement cecapitaine dindustrie et obtient de cette manire une confortable pension alimentaire. Charmant caractre.

    Redevenue donc clibataire, Magda sinstalle Berlin, sintresse au NSDAP et en devient membre en septembre 1930.Elle est fascine par Goebbels aussi bien que par Hitler et devient rapidement responsable des archives prives deGoebbels puis sa matresse.

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    L'appartement lgant de Magda devient le point de ralliement de la socit nazie o Hitler et elle se rencontrent pour lapremire fois. Il est sduit par l'ambiance de l'appartement et particulirement par l'htesse qui incarne parfaitement lestrotype de la femme germanique. Elle est l'une des rares personnes de son entourage qui rayonne de charme, qui luiest fidlement dvoue et qui est aussi capable de soutenir avec lui une vritable conversation. Il semble vident queMagda exerce un attrait puissant sur Hitler et elle prouve aussi des sentiments pour le Fhrer. Mais comme la mission

    que la Providence a confi Hitler lui a fait pouser lAllemagne, et elle seule, il utilise sa grande influence sur les deuxpour acclrer le mariage, exercice d'entremetteur quil jouera souvent.

    Joseph Goebbels pouse donc Johanna Maria Magdalena Ritschel le 19 dcembre 1931. Elle lui donnera 6 enfants. Lapropagande fait de Magda l'pouse et la mre de famille modle de l'Allemagne nazie. Goebbels a cependant, entre 1936et 1938, une liaison avec une actrice tchque, Lida Baarova. Ils en eut dautres, moins tonitruantes, et cest surl'insistance d'Hitler que le couple Goebbels ne se spara pas et que lactrice tchque fut bannie dAllemagne. Des plansdes grandes batailles jusquaux secrets dalcve en passant par la dcision de la Solution Finale, le Fhrer soccupaitvraiment de tout et de tous !

    Magda Goebbels jouera, dans le rgime nazi, un triple rle. Elle est la premire dame du Reich, dabord sans rivalepuis, partir du 10 avril 1935, faiblement concurrence par Emmy, la nouvelle pouse de Gring. Au premier rang detoutes les ftes, elle illustre laptitude du rgime sduire les classes dirigeantes. Elle est aussi, par ses six maternits etla solidit apparente de son couple, le symbole de la mre allemande telle que le Hitler lexalte (elle prononce mmeune allocution radiophonique loccasion de la fte des Mres, le 14 mai 1933). Elle est enfin, plus discrtement, lunedes principales compagnies fminines dont le Fhrer aime sentourer.

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    Enfin le pouvoir :

    Le 30 janvier 1933, le Fhrer est nomm Chancelier par un Hindenburg vieillissant et approchant la snilit, dans le cadredun gouvernement de droite ou les nazis nont pas la majorit. Mais les loups sont dans la bergerie ici aussi et ils netarderont pas dvorer belles dents les moutons nafs qui pensaient pouvoir les matriser. Le 11 mars 1933, unministre de lInformation et de la Propagande est cr et Goebbels en prend la direction le 14 mars.

    C'est lui qui organise la Journe de Potsdam, peu avant le vote de la loi des pleins pouvoirs par le Reichstag, Hitler

    obtenant le ralliement du Zentrum (Anctre du Parti dmocrate-chrtien allemand) moyennant des garantiesconstitutionnelles, verbales, qui ne seront jamais honores. Hitler navait, cest bien connu, quune seule parole, savoirde ne pas respecter la sienne. Le 21 mars 1933, donc l'occasion de la sance d'inauguration du nouveau Reichtag lule 5 mars, Hitler et Goebbels montent en effet une grandiose crmonie qui est un coup absolument gnial :L'inauguration se tient dans lglise de la garnison de Potsdam, le grand autel du prussianisme, la ou se trouve la tombede Frdric le Grand. De plus, le 21 mars est l'anniversaire du jour ou Bismarck a cr le IIeme Reich, unifiantl'Allemagne pour la 1ere fois.

    Retransmise en direct la radio, la crmonie accueille certes les dputs mais aussi toutes les vieilles gloires de larmedu Kaiser, tous en grand uniforme, ainsi que lEtat-major au grand complet, le corps diplomatique et les correspondantsde presse allemands et trangers. Lancien Kronprinz tait prsent, ainsi que le Feldmarschall von Mackensen, le dernierMarchal du Kaiser vivant, revtu de limposante tenue et du casque des Hussards tte de mort. Les ombres deFrdric le Grand, du Chancelier de fer et du Kaiser planaient au-dessus de lassemble. Hindenburg, en entrant, s'incline

    devant le sige, vide, du Kaiser. Hitler rend un vibrant hommage au vieux Marchal-prsident et l'union [qui] a tclbre entre l'ancienne grandeur et la force nouvelle. Hindenburg, ainsi que de nombreux militaires, en a presque leslarmes aux yeux. La dsagrable parenthse dmocratique de la dfunte Rpublique de Weimar fut ainsi referme, voireefface. Ce fut la le premier succs de masse du nouveau Ministre Goebbels.

    La mise au pas culturelle :

    Son rle est trs important dans la mise en place de la dictature nazie et de la diffusion des mots d'ordre. Selon lui,L'idal, c'est que la presse soit organise avec une telle finesse qu'elle soit en quelque sorte un piano sur lequel puissejouer le gouvernement et la critique n'est autorise qu' ceux qui n'ont pas peur d'aller en camp de concentration .

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    son arrive son poste ministriel, Goebbels met au point le systme qui sera tendu ensuite tous les pays occups :Il consiste fermer les frontires toutes les sources dinformation trangres et mettre la main sur tous les organesdinformation intrieure, cette mainmise stendant la totalit de la vie intellectuelle et culturelle du pays : Presse,dition, cinma, thtre et radio dont Joseph Goebbels sut admirablement utiliser limpact sur les masses.

    Dune fidlit absolue Hitler (Hitler est l. Ma joie est grande. Il me salue comme un vieil ami. Et trs attentionn mongard. Que je l'aime ! Quel homme ! ), dployant une activit prodigieuse, Goebbels russit faire de la propagande

    une technologie complexe, labore et trs performante, exerant ainsi sur les Allemands, sur les allis du Reich et surses ennemis une influence considrable.

    La propagande de Goebbels, dira Hitler, est une de nos armes de guerre les plus efficaces

    Sous son impulsion, les moyens modernes de communication sont dvelopps et utiliss dans lintrt du Parti : Radio,informations cinmatographiques et mme tlvision (Ds 1935).

    Le 10 mai 1933, 20 000 livres sont brls sur la place de l'Opra Berlin. Cest la nazification de la culture qui commencepar un immense feu de joie douvrages contraires la doctrine du Parti. Ces autodafs se reproduiront plusieursreprises, parfois avec des cibles particulires (Crmation des brochures des Tmoins de Jhovah, par exemple).

    Une phrase est souvent attribue Goebbels au sujet de ces incendies culturels : Quand jentends le mot culture, jesors mon revolver. Gnralement utilise par ceux qui voudraient nous faire croire que les nazis ntaient quunramassis dabrutis, cette citation ne sappuie sur strictement aucune source et ne se retrouve que dans une obscure pice

    de thtre non-nazie de lpoque ou le hros dclame Ici cest du tir rgl, quand jentends le mot culture... je sorsmon browning.

    Ds septembre 1933, une loi oblige adhrer une Reichskulturkammer (Chambre de la culture du Reich) pour pouvoirexercer une profession artistique ou celle de rdacteur en chef d'un journal. Comme cette adhsion est interditeaux non-aryens, ces professions deviennent ainsi rserves aux seuls aryens. Les Chambres contrlent toute lavie intellectuelle et artistique, excluant opposants, tides et racialement impurs. La mme nazification fut applique lenseignement et aux mouvements de jeunesse. Pendant douze ans, la population allemande vcut sous le matraquageintensif de la propagande nazie.

    Il est trop souvent dit que le nazisme sest install solidement au pouvoir grce la force brutale et la rpression. Cestexact, mais trs incomplet. La sduction, dont Goebbels fut, avec Baldur von Schirach, le principal artisan sous lahoulette du Fhrer, est au moins aussi importante dans lexplication de la remarquable russite de la prise en main duReich par les nazis.

    Goebbels est constamment aux avant-postes dans la radicalisation du rgime contre les Juifs, par exemple lors de la Nuitde cristal, dont il apparat comme le principal excutant, Hitler en tant bien entendu linstigateur mais seffaant pourlaisser le premier rle son Ministre, ce qui continue de nos jours tromper certains quant au qui ordonne quoi dans leIIIme Reich.

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    Il n'hsite pas faire figurer ses propres enfants dans un film de 1939 destin justifier la politique d'euthanasie desinfirmes. Comportement tonnant, quand on sait que Goebbels lui-mme a t rform du service militaire en raison deson infirmit Linvasion de la Tchcoslovaquie est prcde par lannonce tonitruante de la soi-disant terreur tchquedclenche contre les Allemands des Sudtes. Puis ce fut le tour de la terreur polonaise envers les Allemands du

    couloir de Danzig.Valet du Fhrer ou clairvoyant complice ?

    Il est de bon ton, dans certains milieux historiques, de rduire le nazisme de sombres luttes intestines entre tels et telsacteurs de la dictature qui cherchaient augmenter leurs pouvoirs personnels tout en sattirant les grces dun Fhrerectoplasme, hsitant, fou diront les plus violents, passant dimprovisations improvisations au gr des vnements dirontles autres. Il nen fut rien, et Goebbels est une trs bonne illustration de la faon dont Hitler dominait totalement sescomplices et les emmenait exactement la ou il voulait sans leur dire tout mais seulement ce dont ils avaient besoin desavoir pour mener bien leurs tches.

    Deux petits exemples :

    Le 13 juin 1941, juste avant Barbarossa, et alors quHitler singnie depuis juin 1940 faire croire tout le monde quilvise lAngleterre, voire lAfrique ou la route des Indes et surtout pas lURSS, Goebbels publie dans le VlkischerBeobachter, organe central du NSDAP, un article Lexemple de la Crte.

    Il y dvoile que lenvahissement victorieux de lle auparavant occupe par les forces britanniques est la fois un exercicedentranement ultime et la preuve que la Wehrmacht a la capacit technique et matrielle denvahir lAngleterre, ce qui vadailleurs, assure-t-il, arriver trs prochainement.

    Des 9 heures du matin, la Police saisit tous les exemplaires du journal et les passe au pilon. Les communicationsinternationales sont coupes vers 9 heures 30. Pendant une semaine, Hitler semble battre froid Goebbels et les milieuxdirigeants se gaussent de ce Ministre incapable de tenir sa langue et qui rvle des secrets militaires la presse.

    Larticle de Goebbels a cependant pu tre communiqu aux USA temps et aura beaucoup de succs dans la presseanglo-saxonne... qui se fait ainsi, avec une trs grande navet, le relais dune superbe mystification nazie !

    Le journal de Rudolf Semmler, secrtaire de Goebbels, publi en 1947 en Angleterre et en 1948 en France, lve le

    voile en relatant les coups de tlphone inquiets que des chefs de service du Ministre de la propagande lui ont passsce matin la : [Ils ne se doutent pas] quun jeu de dupes, habilement men, se droule ; que Goebbels a ordonn lui-mme que le numro soit saisi, et que son article a t crit aprs une consultation avec ltat-major gnral et avecHitler lui-mme

    Tous les acteurs de ce trucage magistral savaient trs bien que les correspondants de presse trangers disposaient desjournaux allemands ds 7 heures du matin et cblaient immdiatement les nouvelles importantes leurs siges. Ensaisissant trop tard le numro et en coupant trop tard les communications internationales, le tout dessein, les nazisdonnrent du brillant et de la vracit cet article et tout le monde est tomb dans le panneau, y compris lesfonctionnaires affols du Ministre de la propagande. Quant Goebbels, il continua voir son Fhrer quotidiennement,comme dhabitude, mais Son chauffeur, avant de le conduire la Chancellerie, change le numro de sa voiture contreun autre, anonyme. A lintrieur de lauto, Goebbels dissimule son visage derrire [un journal] pour quon ne le remarquepas (R. Semmler, op. cit).

    Dans son Journal, Goebbels confirme, avec moins de dtails, et nous apprends quil rpand galement des rumeurs ausujet dun prochain voyage de Staline Berlin, dupant mme des Ministres du Reich, notant au sujet dune conversationavec Robert Ley : Je fais rpandre des rumeurs extravagantes : que Staline va venir Berlin, que les drapeaux rougessont dj confectionns, etc. Le Docteur Ley appelle. Il est tomb compltement dans le panneau. Je ne le dtrompepas Grce ces manipulations, les Allemands, y compris des Ministres nazis, et le monde entier continuent de croireque cest bien lAngleterre qui est vise, pas lURSS. Staline lui-mme est tomb dans le pige, faisant envoyer sonAmbassade Berlin un tlgramme annonant quil acceptait une rencontre... la veille du dbut de Barbarossa !

    Cependant, ce nest que le 15 juin que Hitler apprendra Goebbels la date du dclenchement de linvasion lEst. Ilrestera de la mme manire de grandes distances des dcisions secrtes du Fhrer, comme celle de la mise en placede la Solution Finale en 1942, son rle ntant pas essentiel dans lindustrialisation du judocide. Il lapprendra, et doncle cautionnera, mais plus tard. Beaux exemples de la faon dont fonctionne le Reich : Au sommet, Hitler prends seul lesdcisions. Gnralement, Himmler et Goering en sont informs, ils forment le second chelon de la dictature (PourGoering, systmatiquement jusqu la mi-1941, un peu moins aprs semblerait-il). Les autres ne disposent que desdtails ncessaires leur travail et nen apprennent plus que lorsquil est trop tard pour sy opposer, y compris lesresponsables du 3eme chelon comme Goebbels et Ley.

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    Et que souvrent les portes de lEnfer :

    Alors que les choses se compliquent pour le Reich ds fin 1941, Goebbels fait feu de tout bois : Pendant toute la durede la guerre, il exploite presque quotidiennement les actions et menaces qui psent sur les civils allemands prsents auxUSA et en Grande-Bretagne, traitant loisir Churchill et Roosevelt de criminels de guerre, invectives qui augmenterontproportionnellement au tonnage de bombes allies dverses sur les villes allemandes.

    Il se dlectera galement rvler en avril 1943 la dcouverte par la Wehrmacht des charniers de Katyn do furentexhums les corps des officiers polonais massacrs par les Sovitiques. Que des slaves russes aient appliqu desslaves polonais les mthodes utilises par les nazis envers tous les slaves ne les a pas choqus, mais loccasion taittrop belle. Suite la chute de Stalingrad, Goebbels prononce le 18 fvrier 1943 l'un de ses plus importants discours auSportpalast de Berlin. Conscient que l'Allemagne court maintenant un risque mortel, il fait approuver par 15 000 dlgusle concept de guerre totale. Il conclut son discours par cette phrase : Et maintenant peuple, lve-toi, et toi, tempte,dchane-toi. Peuple ! Volk. Tempte ! Sturm.

    Il devient plnipotentiaire pour la guerre totale en juillet 1944. Le ministre de la Propagande, au service de La saintecroisade du XXe sicle contre le bolchevisme , mobilise les troupes allemandes et le reste de la population au fur et mesure que la situation militaire se dtriore. Il est directement responsable des Volksturm, troupes de rservecomposes de gamins, de vieillards et dclops qui se firent allgrement tuer sans aucun rsultat militaire notable, mis part confondre un convoi de la Division Charlemagne avec des vhicules de lArme Rouge et faire sauter un pont, cequi obligea les 300 Waffen-SS franais du bataillon Fenet abandonner leurs camions et rejoindre Berlin pied fin avril1945.

    Goebbels jouera un rle essentiel dans lchec de la conspiration du 20 juillet 1944, lorsque des officiers aristocrates, quiavaient suivi fidlement Hitler quand il les menait la victoire, se retournrent contre lui lorsque les dfaitessaccumulrent : La bombe de von Stauffenberg na pas tu Hitler mais les conjurs de Berlin ne le savent pas et lancentle coup dtat. Goebbels mets en contact tlphonique direct avec Hitler le major Otto Ernst Remer qui participe la prisede contrle de Berlin sans tre du complot mais par obissance aux ordres de ses suprieurs. Le putsch scroule et vonStauffenberg est fusill illico, les autres conjurs ne perdant rien pour attendre.

    Alors que lAllemagne est frappe de tous cts, Goebbels tente de relever son moral en faisant force publicit auxarmes secrtes et imparables . Jusquau bout, Goebbels ranime le courage des combattants et va mme jusqu lancerlorganisation de groupes de partisans destines se battre sur les arrires du front, le Wehrwolf (Loup-garou), quieut une courte et peu efficace existence. Il ira galement sur le Front de lEst introniser devant les camras desvolontaires russes (Voir photo PK) alors quil les mprisait probablement autant que Hitler, mais il sagissait de donner unpeu de corps la lgende de L'Europe unie contre le bolchvisme .

    Cette active prsence, alors que tout va mal, permets Goebbels de se rapprocher encore davantage de Hitler. ANuremberg, Goering ladmettra en dclarant : Cette influence [De Goebbels] qui tait trs faible, a subi des oscillationsde temps autre, mais elle a beaucoup augment pendant les dernires annes de la guerre

    Dernier acte :

    Il suit son Fhrer jusqu'aux derniers jours du Troisime Reich. Il a fait venir, dans le bunker de la Chancellerie, sa femmeet leurs six enfants. Fin avril 1945, ltau sovitique se referme sur Berlin. Hitler pouse Eva Braun et Goebbels est sontmoin ainsi que Martin Bormann.

    Magda Goebbels dispute Eva Braun et Hanna Reitsch la vedette parmi les grands rles fminins du dernier acte.

    Elle place sa fidlit Hitler non seulement dans le suicide au ct dun mari quelle ne chrissait plus gure, mais dansle meurtre de leurs six enfants, quelle a pralablement amens dans le bunker et qui en ont gay, pendant quelquesjours, la lourde ambiance. En revanche, Harald Quandt, le fils n de son premier mariage, elle crit de vivre et de resterun bon Allemand. Bien que le dnouement ait lieu le 1er mai, au lendemain de la mort de Hitler, il faut se demander sicelui-ci ne joue pas, l encore, un rle prpondrant. La macabre dcision tait-elle vraiment celle de Magda ? Josephlavait-il formule le premier ? Agissait-elle par amour pour le Fhrer ? Etait-elle hsitante ou froidement rsolue ? (F.Delpla in Les tentatrices du diable)

    Dans son testament politique, Hitler nomme le grand amiral Dnitz Prsident du Reich et Goebbels Chancelier. Puis il sesuicide avec Eva le 30 avril, aprs une dernire tentative de Magda Goebbels qui surgit en suppliant de voir le Fhrer,russit pousser Gnsche de ct, entrer dans la pice pour se faire renvoyer par Hitler. Elle regagna sa chambre ensanglotant. Goebbels et son pouse ne veulent donc pas survivre leur Fhrer. Goebbels se donne la mort au soir du 1ermai 1945 avec Magda, aprs avoir assassin leurs six enfants gs de 3 12 ans : Helga (12 ans), Hilde (11 ans),Helmuth (9 ans), Holde (8 ans), Hedda (6 ans) et Heide (3 ans). Tout comme Hitler et Eva Braun, les corps sont

    partiellement brls par les SS de la Chancellerie.Nous ne savons toujours pas, selon nos sources, qui a administr la mort aux enfants Goebbels qui croyaient recevoir unmdicament destin les endormir pour un voyage en avion qui les emmnerait Berchtesgaden. Pas lui, cela est clair.Magda, un mdecin SS, un infirmier hongrois prsent dans le Bunker par hasard ? Maigres

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    polmiques, linfanticide est avr. La famille Goebbels simmole en totalit sur lautel du nazisme en perdition. Leurhonneur tait leur fidlit, affirmaient-ils. La vue des photos de ces trs jeunes enfants qui aimaient bien jouer avecTonton Adolf peut plutt nous porter estimer que leur fidlit fut leur dshonneur, mais nous ntions pas leur place.

    Citons cependant la dernire lette de Magda, crite son fils Harald le 28 avril 1945 : Les enfants sont merveilleux.Sans aide, ils saident eux-mmes, dans ces conditions plus que primitives. Dormir par terre, pouvoir ou non se laver,avoir ou non manger ne suscite pas une plainte ou une larme. Les explosions secouent le bunker. Les plus grands

    protgent les plus petits et leur prsence ici est une bndiction, ne serait-ce que du fait quils provoquent, de temps entemps, un sourire chez le Fhrer. Hier soir, le Fhrer a enlev son insigne dor du parti et la pingl sur moi. Je suis fireet heureuse. Puisse Dieu maccorder la force daccomplir lacte final, le plus dur. Nous navons plus dautre but que laloyaut envers le Fhrer jusqu la mort et le fait que nous puissions finir nos vies avec lui est une bndiction du destinque nous naurions jamais os esprer Jusquau bout, cest la main et la pense du Fhrer, mme posthumes, quiguident les Goebbels.

    Ce suicide, comme celui dHitler et de Himmler (Le suicide de ce dernier tant toujours sujet de trs vives controversesde nos jours), est trs regrettable. La comparution de Goebbels Nuremberg aurait trs certainement permis de leverdautres coins du lourd voile de mensonges qui recouvre encore aujourdhui ses activits. Regrettons galement, dans lemme registre, les condamnations mort de Nuremberg. Parfaitement justifies sur le plan lgal et moral, cescondamnations ont envoy la potence des hommes qui avaient encore beaucoup de choses rvler condition dtreinterrogs non pas par des procureurs mais par des historiens capables de sy retrouver dans les tortueux mandres deleurs explications.

    Lhritage :

    Le Journal tenu par Goebbels de 1923 1945 est un document important pour les historiens. Il comporte 29 volumesdits intgralement mais tardivement par lInstitut fr Zeitgeschichte (Institut d'Histoire contemporaine de Munich), lespremires ditions partielles chez Saur datant de 1987 a 1995. On y dcouvre, de l'intrieur, le fonctionnement complexedu systme nazi, l'idoltrie de Goebbels vis--vis de son matre, et surtout la machine manipuler les esprits que dirigeGoebbels.

    Trois ides serviront alimenter jusqu la fin ses propres illusions sur la victoire finale alors que les troupes sovitiqueset occidentales sont en train dcraser le Reich : les Juifs, responsables du mal par dfinition, les Slaves bolcheviques,autre incarnation du mal, et les promesses de lendemains meilleurs. On y dcouvre aussi la psychologie d'unpersonnage-cl du nazisme, niant les crimes nazis avec vhmence et s'indignant des bombardements criminels desvilles allemandes, si bien qu'on finit par se demander s'il crivait pour manipuler aussi la postrit ou s'il croyait en son

    propre discours.Le style tant frquemment grandiloquent, certains avancent que Goebbels crivait en pensant tre lu plus tard,expliquant ainsi pourquoi le texte drive progressivement vers l'auto-justification et la recherche de coupables pourexpliquer la dfaite de plus en plus probable de l'Allemagne nazie.

    Mais cette hypothse est en contradiction flagrante avec le cot souvent hsitant, parfois mal assur avec lequel lauteurse pose des questions au sujet desquelles il na pas de rponses, comme par exemple la question de savoir qui aincendi le Reichstag. Ces hsitations, aveu de son manque dinformations et donc de son loignement du cercle premierde la dictature, auraient t soigneusement vites si un espoir de publication posteriori en avait motiv lcriture ainsi,trs probablement, que la censure de ses vives critiques dHitler dans les annes 20.

    Le judocide n'est abord que de manire vague, notamment travers la formule plusieurs fois rpte selon laquelle ilfaudrait couper les ponts. Il est cependant vident que Goebbels tait inform, mme si tardivement, et quil a, en tant

    que Gauleiter, particip de manire active la dportation en masse des Juifs de Berlin et alentours.Une biographie conteste :

    Un livre de David Irving, qui, bien qutant un falsificateur ngationniste notoire, connat son sujet, Joseph Goebbels, at vivement critiqu par Monsieur Gordon Graig : La biographie de Goebbels de David Irving ne va pas conduire unrexamen de la part des lecteurs et ne va pas mme les convaincre que son sous-titre constitue une estimation prcisede la place occupe par son personnage dans la hirarchie nazie. Il est clair, lorsque nous observons Goebbels en tantque Ministre de la propagande essayant de dceler les intentions de Hitler, que le Fhrer tait le fondement de toutel'inspiration et de toute l'autorit du Troisime Reich. Mais Goebbels fut l'instrument travers lequel ses dcisions taientcommuniques, expliques et justifies devant le peuple allemand et les autres peuples qui pouvaient capter laretransmission [...]En tant que biographie, le livre connat des lacunes et est bien moins satisfaisant par exemple que[...] Voir nos sources pour lire la suite de lanalyse trs pertinente de M. Graig.

    Conclusion :

    Joseph Goebbels nous parait tre un exemple extrmement caractristique des ravages que la ruse nazie a puengendrer. Rejeton handicap, physiquement et moralement, de la Rpublique de Weimar, moul dans les frustrationssociales, conomiques et culturelles de lAllemagne vaincue en 1918, il a trouv, dans son Fhrer, la solution tous sesproblmes. Avide didalisme, quitte ce quil sagisse dun idalisme raciste et frelat, vivement dsireux de marquer de

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    son empreinte la rsurrection de lAllemagne daprs 1918, quitte ce quil sagisse dune Allemagne criminelle etagressive, il est tomb dans tous les piges tendus par son Fhrer et la fidlement servi, sans poser trop de questions,sans tats d'mes, jusquau bout, sacrifiant sans hsitation ses propres enfants sur lautel de la fidlit.

    Ils furent nombreux ceux qui, comme Goebbels, se laissrent prendre aux chants des sirnes hitlriennes, crurentjusqu la mort au bien-fond de lidologie nazie, en linfaillibilit du Fhrer et se laissrent entraner sa suite et sous sa

    direction vers des abmes criminels dune profondeur inoue, le tout sans murmurer, sans protester, voire mme enrajoutant pour plaire au Chef. Il y eut certes parmi les cadres du rgime des sadiques, des nvross et autres clientspotentiels des psychiatres et des neurologues. Mais ils ntaient pas cadres de haut niveau. A la tte du Reich setrouvaient des hommes intelligents, cultivs, comptents, rflchis et efficaces. Sils avaient t de vritables maladesmentaux, ils nauraient pas pu obtenir les sinistres succs que nous connaissons et continuer, de nos jours, en mystifierplus dun. Quil est fascinant, flamboyant, le mensonge nazi ! Capable, comme le soleil, de brler les yeux et, commeBelzbuth, de polluer les mes de ceux qui osent le regarder en face. Nous nous y sommes risqu, en avons assum lesdangers et esprons nous en tre sorti sans dgts majeurs. Les lecteurs dHistomag44 en jugeront.

    Ouvrages cits :

    Rudolf Semmler, Journal du secrtaire de Goebbels , La Jeune Parque, 1948.

    William L. Schirer, Le troisime Reich des origines la chute, Stock, 1961

    Joseph Goebbels, Journal, Munich, Saur, 1987-1995, traduction franaise publie en 2005 et 2006 en 2 tomes(1923-33, 1933-45) aux ditions Taillandier.

    Magazine L'Histoire N312.

    Franois Delpla :

    La ruse Nazie, France Empire, 1997.

    Hitler, Grasset, 1999.

    Les tentatrices du diable, LArchipel, 2005 (Pour ce qui concerne Magda Goebbels)

    Nuremberg face lhistoire, LArchipel, 2006.

    Sites Internet :

    Gordon Graig (Visite recommande) :http://www.republique-des-lettres.fr/229-joseph-goebbels.php

    Autres :

    http://www.crrl.com.fr/archives/concours/biographie/goebbels.htm

    http://www.seconde-guerre.com/biographies/biographie-n-goebbels.html

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Magda_Goebbels qui tire visiblement bon nombre de ses informations de AnjaKlabunde, Magda Goebbels, ditions Taillandier, Paris, 2006.

    Remerciements :

    Tout dabord merci Franois Delpla qui na pas hsit faire un petit bout de chemin en compagnie dun

    amateur semi-clair, nous pargnant ainsi quelques erreurs et omissions, entre autre au sujet de Goering. Ungrand merci galement Robert Baugnez44 et Jordi Charlemagne47 qui ont bien voulu relire le texte etnous signaler quelques complments surtout pour ce qui concerne les dbuts de Goebbels.

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    A 5 heures et demie de l'aprs-midi, le Lieutenant Colonel Gauvreau quitta alors sa position dfensive de l'ouestd'Aubigny, et reprit sa marche derrire les Cameron , comme cela tait prvu dans le plan initial. Au cours de lafin de la nuit du 16 au 17 aot 1944, les Saskatchewan , sortant de la Cit intra-muros de Falaise,dbouchrent sur la rue Georges Clmenceau pour occuper Guibray. Ils furent d'abord arrts par un petitgroupe de Waffen S.S. abrits dans une tranche creuse sous les arbres du parc de la Fresnaye, au bord sudde la valle du Marescot, puis au niveau de la gare, enfin au jardin public, o un tireur allemand s'tait juch dansun arbre et tirait ainsi dans les chenillettes d'infanterie canadienne qui n'avaient pas de toit de protection. Laprogression ne put reprendre que lorsqu'il fut tu. De l'autre ct de la rue Clmenceau, des piliers de la grille

    d'entre de la maison A. Lefvre, puis de la maison elle-mme, les Waffen S.S. mitraillrent les Saskatchewanlorsqu'ils arrivrent au carrefour de la route de Livarot. Tournant alors l'est, les Canadiens atteignirent le premierpassage niveau de la route de Livarot, le 17 aot, trois heures du matin; puis, glissant au sud, celui de la routede Trun, en passant par la rue de Rugles, un peu aprs quatre heures, malgr la rsistance opinitre des jeunessoldats allemands. Les Saskatchewan reurent alors l'ordre du Gnral Young de s'organiser sur ces deuxpoints en position dfensive, mais ils taient tellement puiss physiquement et moralement par cette pnibleattaque de nuit qu'il fallut toute l'nergie du Lieutenant Colonel Clift pour que ces points d'appui dfensifs soientconstitus srieusement. En prvision d'une contre-attaque des blinds allemands l'aube, selon une techniqueque les chars de la 12mePanzer S.S. avaient utilise bien des fois dans la plaine de Caen-Falaise, ces pointsd'appui furent renforcs en canons anti-chars.

    Le commandant du South Saskatchewan plaa son poste de commandement Saint-Marc et, aprs avoirinspect le point d'appui du premier passage niveau de la route de Livarot (celui du chemin de fer de Berjou),

    plaa des guetteurs sur la ferme Rolland : raines tant toujours tenu par les soldats de Kurt Meyer, une contre-attaque tait possible venant de ce ct. Patrouillant l'aube vers le sud, quelques fantassins des Saskatchewan avaient t arrts par une arme automatique poste au carrefour de la rue Lebailly, de la rueNotre-Dame et de la rue Aristide Briand. Ils ne savaient pas que le tireur avait t tu par leur riposte, et avaientregagn leur point de dpart la priphrie est de la ville sans insister davantage. Peu de temps aprs cetaccrochage, les dfenseurs allemands de Guibray se postrent au Caudet et dans le chemin de Vaux pour gnerle dbouch sud de Falaise sur la route d'Argentan. De leur ct, les Cameron dont les liaisons taientmdiocres, peine sortis du marcage du Val d'Ante, se heurtrent la porte Philippe-Jean, dfendue par lesgrenadiers de la 12me Waffen S.S. Il est curieux de noter que cet endroit rtrci et abrupt, conu au Moyen-Agepour dfendre la ville contre des attaques d'arcs, de flches et, la rigueur, de bombardes avec des boulets, sesoit rvl tre encore un obstacle srieux dans la guerre moderne! Devant cette rsistance svre, les Cameron ne s'obstinrent pas et glissrent plus au sud; ils contournrent le pied du chteau, et se dirigrentensuite vers la ville, travers les Bercagnes. Celles-ci, avant la guerre, taient une jolie promenade plante

    d'arbres magnifiques datant du XVIIIe sicle. Mais les bombardements, et surtout celui de la nuit du 12 au 13aot 1944 o 144 appareils du Bomber Command de la R.A.F. avaient lch des tonnes de bombes sur laville, l'avaient creuse de cratres et jonche des troncs normes des arbres abattus, crant ainsi des obstaclessrieux pour les chars. Il suffisait de quelques tireurs allemands isols pour gner considrablement laprogression de l'infanterie, si bien qu'au lever du jour, les Cameron essayaient encore de sortir du dsordredes Bercagnes. Une vue plus correcte de la situation permit cependant, ds que le soleil fut lev, la progressionde leur colonne et, 7h30, ils passrent devant l'glise Sainte-Trinit, aprs un accrochage au niveau de laprison. Quelques heures aprs, selon leur coutume, ils faisaient sonner les cloches de l'glise Sainte-Trinit. Ilsne savaient pas que c'tait pour la dernire fois.

    A 7 h 30 la runion des officiers de la Brigade, le gnral Young donna ses instructions pour la journe du 17aot 1944. Les South Saskatchewan resteraient sur leurs positions dfensives. De leur ct les Cameron termineraient leur action jusqu' la rue Lebailly puis, prcds d'un escadron du I4eHussards du Canada, 8meRgiment de Reconnaissance Divisionnaire, et d'un escadron du 27me Rgiment Blind Sherbrooke , ilsoccuperaient, au sud de Falaise, Saint-Clair-de-Vaux et Couvrigny, puis s'y installeraient en position dfensive.Enfin le rgiment des Fusiliers Mont Royal devrait raliser le nettoyage complet de la ville, au besoin avecl'aide de la 4e Brigade d'Infanterie canadienne du Gnral S. Lett.

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    A 11h45 la colonne des Cameron s'branla de la rue Paul-Doumer, prcde d'abord de l'escadron du Sherbrooke , lui-mme prcd d'un escadron du 14me Hussards. Au niveau du bas de la rue Lebailly, audbut de la rue des Ursulines, un grenadier de la Waffen S.S. tira par la fentre du n2 de la rue Lebailly(maison Bougy) des coups de panzerfaust sur les chars de la colonne, dtruisant un vhicule blind et unchar. Plus loin, un peu avant le passage niveau de la route d'Argentan, la colonne blinde de la 2me Divisiond'Infanterie canadienne essuya le feu des simples armes individuelles des grenadiers allemands replis de

    Guibray, mais cette attaque ne ralentit pas sa marche vers le sud. C'est ainsi qu' midi et demi, les Cameron arrivs Saint-Clair, s'organisaient sur la coupure nord du Traine feuilles et nettoyaient ensuite Couvrigny.Dans ce dernier village, leur progression fut longtemps retarde par un tireur de la Waffen S.S. cach dans unarbre de la proprit Baloud; elle ne reprit que lorsqu'il fut tu par la mitrailleuse d'une chenillette. Dans lehameau de Couvrigny, les Canadiens rencontrrent Julien FIais, de Moulines, membre d'un rseau deRsistance, qui leur indiqua qu'il y avait dans la ferme Gervais, Saint-Pierre-du-B, un groupe de vieillards etde religieuses, repli de l'Hospice de Falaise, et proximit, un petit groupe de soldats de la Wehrmacht,candidats bnvoles la captivit. Sortant de leur secteur, ils allrent donc en reconnaissance, avec une automitrailleuse blinde et des jeeps, la ferme Gervais, capturer les prisonniers et distribuer du chocolat Ces derniersleur firent fte, tout heureux de leur venue qui signifiait, pour tous, la fin du cauchemar des combats. LesCanadiens retournrent ensuite avec leurs prisonniers la base de Couvrigny. Quelques instants plus tard, alorsque tout le monde se promenait sans crainte dans la cour de la ferme Gervais, un dluge d'obus tomba sur Saint-Pierre-du-B. Ils taient tirs par l'artillerie de la 53me Division d'Infanterie galloise qui prparait ainsi l'attaque de

    Saint-Pierre-du-B, prvue pour le lendemain.

    Grenardierede la 12me SS.Lors d'une accalmie, on releva quatre morts et plusieurs blesss; ceux-ci furent emmens l'hpital de l'Orphelinatde Giel, par une ambulance alerte par le neveu de la Suprieure, Mre Saint-Charles. Malgr les soins du DrRegner et du Dr de Maulmont, Sur Sainte-Vronique, terriblement blesse, devait dcder dans la nuit. Plus ausud, une patrouille de l'Escadron Divisionnaire poussa jusqu' Rochefort, sur la route d'Argentan, sans rencontrerde troupes allemandes. Elle donna l'ordre aux civils rfugis et aux cultivateurs de se replier sur Falaise. Elle sedirigea ensuite jusqu' la Cartoucherie sans rencontrer d'opposition. Elle aurait pu, d'ailleurs, aller jusqu'Argentan sans rencontrer beaucoup de troupes allemandes, en cet aprs-midi du 17 aot. Le Rgiment Mont-Royal avait t charg de nettoyer la ville des tireurs isols de la 12me Panzer S.S qui y maintenaient encorel'inscurit, selon les ordres qu'ils avaient reus. L'on se battit dans le chteau de la Fresnaye o l'on enterra, dansle parc, dix Canadiens et quatre Allemands; et surtout, dans l'lot limit par la rue des Prmontrs, la rue Saint-Jean, la rue des Ursulines, la rue Lebailly et la rue Aristide-Briand, o une partie importante des snipers s'taient, petit petit trouvs refouls. Snipers tait le nom sous lequel les Anglais dsignaient les tireursisols, alors que les Canadiens Franais les appelaient des canardeurs . De cet lot, ils rendaient peupraticables, en dehors des blinds, les deux artres nord-sud de la ville : la rue Clemenceau et la rue desUrsulines. Il tait donc indispensable de les rduire pour permettre la circulation des renforts venant du nord deFalaise pour les troupes se battant au sud.

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    Petit petit, les Waffen S.S. durent quitter la proprit Lefvre, puis les maisons de la rue Lebailly, et finalement,furent contraints de se rfugier dans l'cole Primaire Suprieure de Jeunes Filles, ancien btiment de l'abbayeSaint-Jean-Baptiste dont les murs pais taient entours d'une muraille leve et continue. Les Waffen S.S.trouvrent, cet endroit, du ravitaillement alimentaire qui y avait t laiss par des troupes allemandes depassage.

    Tirant des tages suprieurs, les jeunes de la Hitlerjugend rendaient l'approche de ce point fort absolument

    impossible aux fantassins du Mont-Royal . Vers 18 heures, le nettoyage de la ville tait termin par laneutralisation de 12 15 snipers , mais les dfenseurs de l'cole Suprieure rsistaient toujours. Pendant cetemps, les soldats canadiens avaient appris avec tonnement que les ruines de Falaise contenaient encore deshabitants vivants. Ds 10 heures du marin, le petit groupe de Pierre Lair, maire-adjoint de Falaise, passant outre auxconsignes d'un grenadier S.S. qui convoyait un prisonnier canadien vers La Hoguette, et qui lui donnait l'ordre d'vacuervers Trun, avait dcid de rejoindre la ville par le Caudet. A 11h30en arrivant sur la route d'Argentan, ils tombrent nez nez avec les premiers chars de la colonne des Cameron qui allaient occuper Saint-Clair et qui traversaient la placeReine-Mathilde. Les responsables canadiens les dirigrent aussitt sur la place Saint-Gervais. L, le Commandant Kerr-Smiley, donna Pierre Lair, au titre de maire de la ville (Duties as mayor of town), le droit de sjourner Falaise avec safemme, ses deux jeunes fils et son commis Albert Desportes, condition qu'il en soit responsable. A midi, alerte parPierre Meuleman, une voiture blinde canadienne descendit Vaux pour donner l'ordre aux 300 rfugis qui y taientcantonns de quitter cet endroit pour la place Saint-Gervais, o des camions les conduiraient au chteau de Torps, et aubesoin, au Lyce Malherbe, Caen, amnag en centre d'accueil. Devant l'hsitation de certains Falaisiens, ils

    prcisrent que la. zone de Vaux risquait d'tre l'objectif d'un tir de l'artillerie canadienne, en cas de contre-attaqueallemande sur Falaise. Vers deux heures de l'aprs-midi, sous une chaleur accablante, la colonne des rfugis de Falaiseremonta le chemin de Vaux, passa devant le champ de courses et, par le chemin de Caudet, la place Reine-Mathilde, larue Aristide-Briand et la rue Clmenceau, gagna la place Saint-Gervais. L'on se battait encore dans la proprit. Lefvre,et tout le monde acclrait le pas au niveau du jardin public.

    Panzer IV Lang en Normandie, appartenant la 12me SS Pz et quip de Schrzen

    En haut de la rue Clemenceau les rfugis croisrent une colonne de fantassins canadiens remontant vers Guibray, lafile indienne, et, un peu plus bas, ils assistrent avec tonnement au dblaiement de la rue par une machine qu'ilsn'avaient jamais vu : un bulldozer. Grossis du petit groupe de la Valle avec Mme Langlois et de celui du chemin de ferd'raines avec R. Triboulet, les rfugis de Falaise arrivaient atteindre l'effectif de 350. Les Canadiens, et en particulierle Commandant Kerr-Smiley, chargs des civils, se rendirent compte alors qu'ils n'auraient jamais assez de camionsdisponibles pour vacuer tous ces Falaisiens, le jour mme, sur Torps. Ils dcidrent alors de les entreposer, pour la nuit,en grande partie dans l'glise Sainte-Trinit, qui avait t assez peu touche par les bombardements et les combats.

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    Un centre de ravitaillement fut rapidement mont pour les civils, dans la maison Maheut, rue Blcher, et des soinsmdicaux furent donns aux petits blesss et aux malades par les mdecins du Rgiment Mont-Royal , stationnsplace Guillaume-le-Conqurant. Les soutiens spirituels ne leur manqurent pas et, 4 heures de l'aprs-midi, le CaptainC. E. Beaudry, aumnier du Mont-Royal , organisa dans l'glise Sainte-Trinit, une crmonie religieuse, avec sermonde circonstance, et distribua la Communion en viatique. Il baptisa ensuite avec l'eau du bidon d'un soldat canadien, deuxnouveau-ns qui, vu les vnements, n'avaient pu l'tre jusqu'ici. Il s'agissait de Daniel Trolongt et de Germain Wlasta de

    la paroisse Notre-Dame de Guibray. Ce fait est relat sur le registre paroissial de la Trinit la fin du chapitre de 1944 etest certifi par Pierre Blin et Madeleine Colin, tmoins oculaires . Il a t de plus confirm en 1974 par le baptiseur lui-mme, devenu Mgr Beaudry, aumnier gnral de l'Arme canadienne, lors d'une visite de ce dernier lors des ftesanniversaires du dbarquement, lequel s'excusa avec humour de n'avoir pas l'poque rdig en rgle l'acte de baptmeofficiel ! La bataille, toutefois, n'tait pas termine dans la ville.

    Batterie antiarienne Flak 38 de 20 mm

    Refoul petit petit de la proprit Lefvre et de la rue Lebailly, un petit groupe des Waffen S. S. rsistait toujours dansl'cole Primaire Suprieure de Filles. Il ne comportait aucun officier, mais peut-tre un sous-officier. Quel tait l'effectif dece groupe de Snipers ? L'officier de renseignements du Rgiment Mont-Royal , aprs enqute auprs desprisonniers Waffen S. S. blesss, crut comprendre qu'ils taient 60, alors que c'tait l'effectif total des troupes allemandes Falaise, le 16 l'aube. Cet officier apprit galement des civils l'existence d'un ravitaillement possible des assigs, ce

    qui rendait leur capitulation par la faim illusoire. Il fallait donc que le rgiment Mont-Royal entreprenne l'assaut de cetimmeuble. A 6 heures du soir, aprs avoir perc au canon antichar des trous dans le mur d'enceinte, un groupe de dixhommes du Rgiment Mont-Royal entra dans la cour, mais en fut rapidement repouss avec des pertes. DeuxCanadiens, qui tiraient par une fentre de la maison Rault, rue Saint-Jean, avec une arme automatique, furent tus par lariposte des Waffen S.S. assigs. A 7 heures du soir, la section d'assaut de l'escadron de reconnaissance du 14me

    Hussards tenta une nouvelle attaque qui fut galement repousse. Le Lieutenant Colonel Gauvreau, se rendant compteque la rduction de ce point fort dfendu par des soldats d'lite dcids se battre jusqu'au bout, ne pourrait tre obtenueque par une attaque trs srieuse, bien toffe en moyens de feu, reporta l'assaut 2 heures du matin, lorsqu'il en auraitruni tous les moyens. Dans leur rduit, les 16 assigs savaient que leur rsistance touchait sa fin. Ils dsignrent lesdeux plus jeunes pour se glisser, la faveur de la nuit, par la rue Lebailly et la route de Trun, travers les lignes du Saskatchewan , pour rendre compte au Gnral S.S. Kurt Meyer de la situation, et assurer qu'ils rempliraient leurmission retardatrice jusqu'au bout. Ces deux soldats de 18 ans russirent leur vasion: ils rejoignirent, le 19, l'tat-majorde la 12me Panzer S.S Ncy, o ils firent leur rapport. La nuit s'tait abattue sur la ville, troue par les lueurs des

    incendies dans les ruines. Les 300 Falaisiens rfugis somnolaient vers minuit dans l'glise Trinit, lorsqu'on entendit deschasseurs-bombardiers passer, volant bas. C'tait un petit groupe d'avions allemands qui, limins le jour, du ciel, par lachasse allie essayaient de troubler l'offensive canadienne par une attaque de nuit. Les avions croix noire lancrent despots clairants et des bombes incendiaires sur le quartier de la place Guillaume, o stationnaient des camions canadiensparpillant leur cargaison sur toute la ville.

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    L'incendie s'alluma dans les maisons de la place Guillaume et dans le toit de l'glise Trinit. La charpente brla; lesvitraux, sous l'effet de la chaleur clatrent; la vote de bois du chur s'effondra, embrasant les stalles; mais les votesde pierre de la nef du XVsicle tinrent bon. Quel ques femmes, dans la foule des Falaisiens, hurlaient de terreur.Certains rfugis, perdant tout contrle logique de leurs actes, se prcipitrent sur les portes, voulant fuir. Mais le dangertait bien plus grand sur la place que sous la protection relative des votes de pierre, et les Canadiens russirent fermer les portes de l'glise. Ds que le raid fut termin et, s'il fut court en ralit, il parut bien long aux rfugis, la plus

    grande partie des Falaisiens quitta l'glise par la sortie latrale sud, et passa la nuit la belle toile, clairs par le brasierde la place Guillaume.

    Cependant, le Lieutenant Colonel Gauvreau avait runi sa troupe d'assaut contre les dfenseurs de l'cole PrimaireSuprieure; il disposait de 100 hommes, munis de chenillettes blindes avec mitrailleuses et mortiers de 4.2pouces, ainsique d'un groupe de canons anti-chars. A 2 heures du matin, le 18 aot, l'attaque fut dclenche. Elle n'eut d'abord pas desuccs, malgr une pluie d'obus de mortier contre les murs pais de l'cole. Les Waffen S. S. de 19 ans rsistaienttoujours, empchant par leur tir tout assaut d'infanterie. Finalement, les obus incendiaires de mortier russirent mettrele feu aux btiments de l'cole. Les dfenseurs, chasss par les flammes, furent contraints de quitter l'abri des murs etfurent tus par les Canadiens. Aucun Waffen S.S. ne se rendit vivant. Deux d'entre eux, cependant, russirent s'enfuirdans la confusion, vers La Hoguette, travers le point d'appui du Saskatchewan et ne furent pas repris. A l'aube,douze corps de jeunes soldats allemands dont certains calcins, taient couchs en tas autour des ruines brles del'cole Primaire Suprieure de Filles. Dans la nuit qui finissait, l'on n'entendait plus que le roulement des ambulances

    canadiennes, emmenant les blesss vers Aubigny.

    17 Aout , Rue des Ursulines Falaise. Une patrouille des Fusiliers Mont Royal profite du couvert dun Sherman pourcontinuer sa progression.

    Les Fusiliers Mont-Royal firent ensuite mouvement vers le Champ de Courses, o il s'organisa en position dfensive.Le Gnral Foulkes, de la 2me Division d'Infanterie canadienne, qui attendait toujours depuis le 16 au soir la contre-attaque allemande, renfora la ligne de dfense qui s'tendait depuis le premier passage niveau de la route de Livarot, Saint-Clair-de-Vaux, en passant par le passage niveau de la route de Trun, et le Champ de Courses, en faisant appelau 2me Rgiment anti-char divisionnaire. Durant la nuit, les Cameron , stationns Saint-Clair, furent en butte aux tirs

    des mortiers et des canons allemands, posts La Hoguette, et subirent un bombardement par des avions amricainsqui leur firent perdre huit hommes. La bataille dans Falaise tait termine. Elle n'avait caus aucune perte en vie humaineaux Falaisiens, mais les Canadiens avait perdu une quarantaine d'hommes, et les Allemands un nombre sensiblementgal. Le samedi 19 aot 1944, au soir, Falaise tait une ville morte, o passaient seulement les convois de troupesanglaises.

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    Vers le sud-est, on entendait gronder le canon. Pas de Falaisiens dans les ruines de la cit dtruite ; ils avaient tvacus sur le chteau de Thorps, puis au lyce Malherbe de Caen. Seuls, Pierre Lair, maire-adjoint, quelques membresde sa famille, et son commis, hantaient les ruines de ce qui avait t une cit, le cadre dune vie quotidienne.

    Prosper Vandenbroucke

    ( Source bibliographiques et photographiques : La Bataille de Falaise par le Dr Paul German paru aux ditionsGorlet . Mai 1988.Source cartographique : Ouvrage de Jean Luc Leleu Falaise 16/17 aot 1944 page 28 paru aux ditions Ysec2003 )

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    Les Black Panthers allaient maintenant livrer la dernire tape d'une srie de combats d'envergure. Ils se dirigrentvers Insheim puis firent 210 kilomtres pour rejoindre la 71 Division d'Infanterie le 1er avril Langensenbold, aprs avoirtravers le Rhin Oppenheim le 30 mars. L'action reprit de plus belle ds le premier jour alors que la Compagnie Battaqua une position d'artillerie allemande forte de 8 pices le long d'une route aux faubourgs de Rodalback. Le pelotondu Lieutenant Gary fit 300 victimes, 200 blesss et 500 prisonniers. La Compagnie A du Capitaine Baker travaillait deconcert avec le 5 Rgiment d'Infanterie, La Compagnie B du Capitaine Long tait appuye par le 14 RI et laCompagnie C du Capitaine Gates par le 66 RI. La Compagnie D du Capitaine English servait d'cran en coordinationavec la 71 Troupe de Reconnaissance. Le Peloton de canons d'assaut tait divis en deux sections, soit celle duPremier-Lieutenant James R. Burgess qui couvrait l'avance du 608 Bataillon d'Artillerie de Campagne et celle du StaffSergeant Richard L. Sparks qui dut engager le combat dans une rgion densment boise entre Spielberg, Streitburg etLeisenwald.

    Dans cette rgion, la 71 Division rencontra la trs fanatise 6 SS Gebirgs Division ( 6 Dv de montagneSS Nord ). Les forts de Leisenwald, Waldenburg et Budinger se changrent en champ de bataille sanglant alors ques'ouvrirent les hostilits en ce lundi de Pques. La division alpine essayait de se forcer un passage pour se tirer horsd'une poche d'encerclement. Elle tenta la perce contre le XII Corps pour couper ses lignes de communication, 32kilomtres derrire son Poste de Commandement. Se dplaant pour protger le flanc du XII Corps, la 71 DI se rua l'assaut et engagea le combat. Le 14 Rgiment et les chars de la Baker Coy qui tablirent le contact avec l'ennemi luiinfligrent ses premires pertes. Les troupes SS, comme elles en avaient l'habitude, tablirent rapidement des positionsdfensives et tentrent de les tenir. La 71 DI commena alors des manoeuvres d'encerclement. Grce desmanoeuvres habiles et au prix de durs combats, on limina la menace sur les lignes de communication et deravitaillement le 3 avril en compltant l'encerclement de la 6 SS.

    Les Allemands se rendaient maintenant par milliers alors que la rsistance prenait de plus en plus la formede petites units de Volksgrenadiers entoures de quelques troupes un peu plus aguerries. Les combats diminurent enintensit. Parmi les SS, des fanatiques prfraient la mort la captivit et le Sergent Johnatan B. Hall, fut tmoin d'un deces gestes insenss. Un SS sortit un rasoir et se trancha la gorge d'une oreille l'autre devant le tankiste abasourdi.Plusieurs refusaient de se rendre des Noirs comme le raconte William McBurney: Je suis entr dans une maisonpistolet la main. J'ai vu un grand gaillard derrire la porte et j'ai remarqu qu'il portait un uniforme noir. Je me suisretourn, j'ai claqu la porte et je lui ai braqu mon pistolet sous le menton en lui disant de se rendre. Il a dit qu'il ne serendrait pas des ngres. Je lui ai donn un coup de mon .45 sur la bouche et ses dents ont vol partout. S'il avait ditqu'il refusait de se rendre aux soldats amricains, a ne m'aurait pas drang, j'aurais seulement pris son revolver. Maisquand il a dit dans un anglais parfait: "Je ne me rends pas vous, ngres !" C'tait assez.

    Le bataillon passa par Meningen, ville qui abritait la cache d'un trsor nazi estim des milliards de dollarsen or. Hildberghausen, Herbertsdorf, Eishausen et Oberlauter tombrent dans les trois jours qui suivirent le 7 avril et lesSherman arrivrent Coburg, ancienne capitale de la Saxe et sige du gouvernement d'Attila, roi des Huns, 80kilomtres des frontires de la Tchcoslovaquie. Il y eut un regain d'nergie de la part des troups ennemies afin dedfendre ces lieux historiques et symboliques, mais les chars firent leur travail et ouvrirent la voie aux hommes de la 71DI qui scurisrent le primtre pendant l'attaque du 12 avril. Comme si la providence en avait dcid ainsi, les BlackPanthers se reposrent l'ombre d'un monument qui reprsentait un Pre Noir Dominicain qui avait t batifi des

    centaines d'annes auparavant. Oeufs frais, poulet et vin au menu, et lits douillets pour le repos fournirent un confort queces braves hommes n'avaient pas connu depuis longtemps.

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    Le plaisir fut de courte dure car le devoir appelait encore les Negrotankers vers d'autres objectifs. Le 14 avrild'pres combats pour la ville de Kulmbach marqurent le dbut d'une rsistance plus farouche partir de ce point, o la11 Division blinde fit sa jonction avec le 761st, jusqu' Bayreuth. Une bataille de grande envergure se droula pour laprise de cette dernire. Dclinant l'ultimatum leur enjoignant de se rendre, les Allemands subirent un dluge d'acier et serendirent finalement le 16 aprs deux jours de rsistance opinitre. La 3 Arme de Patton bnficia de l'avantage de lacapture de Bayreuth et s'en servit comme tremplin pour lancer des attaques par l'est et le sud. Pendant ce temps, le 15,

    la Charlie Coy liquidait 9 nids de mitrailleuses, tuant 40 soldats ennemis pour 350 prisonniers. Elle participa aussi lacapture du chteau d'Hermann Gring Neuhaus avec deux pelotons sous les ordres des Seconds-Lieutenant Dade etCochrane qui firent feu sur l'norme btiment.

    On forma une nouvelle Task Force qu'on baptisa Weindenmark constitue d'une compagnie d'infanterie, du635 bataillon de chasseurs de chars, de cinq chars lgers de la Dog Coy sous la responsabilit du Staff Sergeant JackGilbert, de deux canons d'assaut avec les Sergents Josef A. Tates et Frank C. Alexander aux commandes, et d'unquipage aux ordres du Lieutenant Burgess dans un semi-chenill. Cette force d'intervention parcourut plusieurskilomtres vers la Tchcoslovaquie au milieu de territoires tenus par l'ennemi et s'empara de nombreuses villes sansmme avoir ouvrir le feu une seule fois ! Les drapeaux blancs apparaissaient aux fentres comme par magie quand lesblinds faisaient entendre leurs chenilles. Le feu des mitrailleuses suffit dloger quelques snipers trop zls. La TaskForce Weindenmark apprit plus tard qu'elle tait celle parmi les forces allies qui s'tait le plus aventure l'est. Cefaisant, elle avait aussi dcouvert un bien triste spectacle. Elle avait vu dfiler sur les routes des centaines d'anciens

    soldats et travailleurs sovitiques, sales, fatigus, affams, amaigris, librs des stalags et forcs de marcher pour fuirl'avance de l'arme russe en se faufilant tant bien que mal entre les forces d'assaut amricaines qui avanaient en sensinverse. Avec leurs pieds nus, leurs vtements en lambeaux et leurs silhouettes squelettiques, ces hommes fatigus etdcourags ne purent remercier leurs librateurs, les "Amerikaneetskis" comme ils l'auraient souhait.

    Salzach - Rosenberg, la Able Coy prit la mesure de 4 semi-chenills, 6 vhicules sur roues et 3 nids demitarilleuses. Les villes de Poppendorf, Weidenmark, Haag, Lindenhardt et Hobenmirsberg tombrent successivementmais on dut dplorer la perte du Major Reynolds, l'officier excutif; le Capitaine Long, officier commandant la Cie A; et lesTechniciens 5 classe Sandford et Fields Lindenhardt, prs de Trockau, qui furent tous capturs le 19 avril. Aprs cesvnements, on lana un appel aux volontaires pour former une force d'intervention destine rapatrier les captifs. Larponse parvint de tous les chelons du bataillon, du cuisinier au personnel adminstratif, en passant par le personneld'entretien du mess. Le commando improvis ne russit pas retrouver les soldats manquants mais fit quand mmequelques prisonniers. Quatre jours plus tard le Capitaine Long et les Techniciens 5 classe Sanford et Fields furent

    relchs par l'ennemi aprs que le bataillon et dpass Amberg, mais le Major Reynolds conservait son statut de "portdisparu".

    Le 761st Tank Battalion devint le seul et unique fer de lance de la 71 DI pour la 3 Arme toute entirependant qu'il se dirigeait vers l'Autriche, tout prs au sud. La procession de chars dfila sur l'autobahn, dtruisant aupassage les arodromes improviss et rduisant au silence les ennemis qui tentaient de les en empcher. Puis onpoussa sur Pegnitz aprs avoir travers la rivire du mme nom et sur Amberg un peu plus loin. Aprs avoir rcupr lecapitaine et les deux techniciens, le 761st continua son avance et la Cie B garnit un peu plus son tableau de chasse enpassant par Auerbach et Bernreuth. Le 27 avril, dans la banlieue de Perkam, la Cie C remporta un autre combat quipermit de mettre un terme la captivit de deux soldats de la 80 Di et se hta d'aller participer l'attaque de la villemajeure de Regensburg ( Ratisbonne ). Ils se rendirent jusqu'au Danube aprs avoir auparavant libr Schwandorf,Burglengenfeld, Regenstauf sur la rivire Regen, Kurn, Pirkensee, Zeitlern et Eltheim. On traversa le fleuve qui inspiraStrauss 3/4 de sicle auparavant 14h45 le 27 pour ensuite assurer la prise de Regensburg qu'on avait commenc

    assiger aux petites heures ce matin l. Regensburg, ancienne capitale du temps des guerres napoloniennes,reprsentait un poste cl militairement pour les Nazis dans la rgion du sud-est o le Danube et l'Isar se rejoignent.

    Les Allemands refusrent un ultimatum qui les sommait de se rendre, ce qui fit dferler un barrage de tirsd'artillerie et de canons de chars sur la ville assige qui tomba finalement et servit tablir les quartiers gnraux duGnral George S. Patton et de sa 3 Arme. On prit Elthin et, le 28, Straubing, bien protge puisqu'elle abritait denombreux arodromes. 2 000 soldats y furent capturs. On traversa ensuite l'Isar Landau ( grcieuset du gnie ) afinde pousser en Autriche, librant Sarching au passage.

    ( suivre ) Dans la prochaine partie: l'Autriche et le retour la maison

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    LES CARNETS D AIME THIERRY SONT LA RETRANSCRIPTION INEDITE DU JOURNAL

    DUN SOLDAT FRANAIS DU 43me R.IC.EPOQUE N02

    Comme pour faire penchant sa question, un baoum sonore sentendit au mme instant. Allons leoncommenaDhary . Mais la voix du lieutenant se leva. : Deux coureurs au trot Deux hommes se levrent. Que voulez-vous,vous ?

    dit encore le lieutenant.Cela sadressait un soldat qui venait darriver au P.C. Sergent Garette, sannona le soldat.Nousmontons un observatoire en avant de vous, prs du village, le commandant fait demander que vous me donniez unhomme comme observateur.Adrien, le meilleur observateur du groupe fut choisi. A peine tait-il parti avec le sergent que plusieurs coups de canonsretentirent. Dabord espacs, les coups se firent assez rapprochs pour figurer un roulement. Un coureur ft aussittexpdi avec ordre de se renseigner prs des chefs de section et porteur dun mot pour chacun deux.Le tir maintenant sallongeait et se faisait plus serr. Ctait exactement comme un orage qui savanait. Et cela futsoudain. Tout coup une lueur illumina le sous-bois o depuis un moment la nuit complte tait tombe, mais ne rvlarien car chacun stait dj terr au fond de son trou.Comme un orage qui crve, une pluie de fer sabattit et cependant quainsi que sous les gouttes deau sentendaient lebruissement des feuilles. Cela sloigna puis revint. Pendant une accalmie lofficier cria quelque chose que Dhary rpta tue-tte :_ Tout va bien ? Pas de blesss ?

    Aucune rponse, la secousse les avait rendu aphones. Un coureur revint._ Mon lieutenant,compte rendu verbal. La premire section a de nombreux tus et blesss. Le lieutenant rend comptequil lui sera impossible de tenir, si les allemands attaquent._Bon. Attendez.Le lieutenant griffonne un court message : _Tenir bon- ordre : se faire tuer sur place. Vive le France.Pendant ce temps les hommes sont sortis de leurs trous, interrogent lagent de liaison :_ Comment les copains ragissent-ils ? En ont-ils reu autant que nous ?Ils sont loquaces, maintenant lalerte passe. Ils inspectent autour deux, semblent tonns de ne pas voir de dgts. Lalune l-haut se montre par mille fentres. Ils comprennent._ Heureusement que ces salauds-la se servent de fusants. Il y a moins de danger pour nous.Lorage revient. Dhary appelle un coureur pour retourner la premire section. Celui-ci se sauve au moment ou desclatements proches annoncent un retour offensif du bombardement ennemi.Et cest encore une fois des minutes de cauchemar. Les coups se suivent sans interruption. Les pices semblent tirer de

    prs car sentendent nettement, presque ensemble, dparts et arrives . Ce sont, des fusants, mais ils sont dangereuxaussi, ailleurs voici un cri. Est-ce bien un cri ? Dans le fracas des dtonations on peut douter de ses sens.Aprs cette sance plus longue et acharne que les autres le silence vient brusquement.Ce nest pas le silence car les arbres gmissent de leurs blessures. Des craquements, des chutes de branches se fontentendre. La nature se plaint.A nouveau lappel ! Ca va ? Pas de blesss ?Dhary inspecte et crie au lieutenant : Leroy est bless !Leroy un petit gars de vincennes remplit compltement son troit logement. Impossible de trouver le sige de la blessure.Il fait trop sombre encore et a chaque attouchement il laisse chapper une plainte qui devient bientt un rle continu.Outre Leroy, il y a encore deux hommes qui restent sans mouvement dans le trou. Lun est un paysan du Loiret nommDuval.Deux jours auparavant un obus est tomb en plein sur lemplacement du mortier de 60, tuant ou blessant les servants.Seul Duval ne fut pas touch, mais resta commotionn et trompant lattente du lieutenant qui pensait quil se remettrait

    rapidement, rien ne peut secouer son apathie. Il se terre dans son trou ne bouge plus. Lautre est un paysan aussi, maisdAlsace. (A suivre)

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    Les 21 & 22 avril 2007, tait organise au cur du Pays de Caux une reconstitution d'un camp alliavec prsence de vhicules militaires. En plus de ce rassemblement, nous prsentions une expositionde maquettes ainsi qu'un salon du livre ayant pour thme la 2e G.M. A l'origine de cet vnement, unmembre du Forum, Victoire1944...Jeune tudiante en BTS animation et gestion touristique,passionne par cette priode et devant organiser un vnement vocation culturel permettant demettre en valeur le patrimoine dans le cadre de ses tudes. Elle trouva donc une salle d'exposition etun terrain pour le projet. Elle rechercha des sponsors et des reconstituteurs pouvant participer auprojet et eu la participation amicale de Raphael Distante, de Saint Valery en Caux et auteur d'un

    ouvrage sur la participation de la 51st Highland Division cossaise aux combats de juin 1940 dans largion. Etant en charge de la partie maquettes et salon du livre, j'ai eu la participation de DidierLodieu (Histoire et Collections) et Philippe Wirton (Heimdal) ainsi que la contribution d'amismaquettistes locaux, membres du forum partenaire des Colleurs de Plastique. Le weekend end futdonc une russite sur tous les plans.

    Au travers des maquettes exposes je vous propose de passer en revue la 2e GM au travers deplusieurs modles exposs lors de cette exposition raliss par des maquettistes haut-normands:Nous sommes en mai 40, la bataille fait rage. Les blinds franais partent au contact accompagns

    par linfanterie. Une estafette motocycliste dlivre un dernier message un officier venu en tractionCitron.(Diorama de Pascal Grossard)

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    Forte de ses succs lOuest, larme allemande simplante en Afrique du Nord et elle utilisera engrand nombre du materiel de prise comme cette chenillette Lorraine 37L tractant un lefh 18. (dioramade Pascal Grossard)

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    Photos page prcdentes. Ce sera au tour de lUnion Sovitique daffronter la Werhmacht. Celle-ci yrencontrera les pires difficults face un adversaire coriace et devra lutter contre une mto dlicate.Lutilisation de tracteur chenille facilitera les dplacements en terrain boueux comme ce tracteurLanz Bulldog 35hp tractant un Pak 43/41 ou ce Famo tirant une imposante pice dartillerie dans unpaysage dautomme (dioramas de Sbastien Follet)

    Ivan va se rveiller et bientt le rouleau compresseur sovitique va craser les Allemands et lespoursuivre jusqu Berlin. Ce SU85 transportant des fantassins file au travers de la steppe larencontre de lenvahisseur. (diorama de Philippe Pramil)

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    Puis, cest Overlord et la Bataille de Normandie o nous retrouvons les ralisations de notre expertPhilippe Wirton : Les SAS prparent le terrain et sment le trouble larrire des troupes allemandesavec leurs Jeeps spciales. Ils sont pauls par la Rsistance Franaise :

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    Les blinds britanniques, limage de ce Cromwell, subiront de lourdes pertes notamment lors deGoodwood mais la victoire sera au bout ! Linfanterie britannique progressera travers la Normandieet cest elle qui librera la Seine Maritime avec les troupes canadiennes et notamment le Pays deCaux o se droulait cette exposition.

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    Ici, des Tommies progressent au milieu des ruines. Un Pak 40 a t abandonn par les Allemands cot dune maison endommage. Ce diorama est une reproduction fidle dune photo dpoque priseen Normandie. Un pak a bien t abandonn ici et cette maison existe toujours de nos jours

    Les fauves allemands seront blesss comme ce Tigre en rparation et ce Panther de commandementdu SS-Pz.- Rgt.1 de la LSSAH camoufl et laissant passer les Jabos qui rodent dans le ciel normand.

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    Toutes ces maquettes auront permis de montrer aux visiteurs un petit aperu du materiel utilis lorsde ce conflit mondial. Il a fallu des heures de travail pour raliser ces dioramas mais la motivation, larecherche de lexactitude et le fait de rendre hommage tous ces hommes qui se sont affronts nousdonnent la volont daller jusquau bout.

    Si ces ralisations auront convaincu un jeune de se lancer dans le maquettisme, alors cette expositionaura t un succs total !