Madame Bovary - Scène Pluridisciplinaire de Dijon · 2 Madame Bovary Travail en amont 1. Le roman...

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Collège au théâtre Saison 2016 | 2017 Fiche pédagogique n°10 Madame Bovary

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Collège au théâtre Saison 2016 | 2017 Fiche pédagogique n°10

Madame Bovary

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Informations pratiques :

Madame Bovary

Jeudi 9 mars – 20 h

Théâtre des Feuillants

Durée : 1 h 30

www.abcdijon.org

Chers collègues,

Pour préparer vos élèves à leur venue au spectacle ou approfondir leur connaissance

de celui-ci, nous vous proposons plusieurs documents :

- Une affiche du spectacle

- La bande-annonce :

https://www.youtube.com/watch?v=MR3xKvXJh68

- Une interview de Sandrine Malaro et Gilles-Vincent Kapps

- Un document à destination des élèves qui vous permettra d’explorer les

principaux axes du spectacle.

Les sources du dossier :

- Une page consacrée au spectacle :

http://www.atelier-theatre-actuel.com/fiche.php?menu=141&fiche=535#haut

- Photos : © Brigitte Enguerand

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Madame Bovary

Travail en amont

1. Le roman de Flaubert

Le spectacle que tu vas voir est une adaptation d’un roman de Gustave Flaubert.

1.1. Qui est Gustave Flaubert ?

> Afin de découvrir cet auteur, réalise une recherche biographique et réponds au quiz suivant : Gustave Flaubert est né un 12 décembre, la même année que Baudelaire, c'est-à-dire en... ?

1802

1821

1835 Sa ville d'origine est... ?

Rouen

Tours

Aix-en-Provence Au lycée, Gustave... ?

Remporte le premier prix dans toutes les disciplines

Dirige un journal étudiant

Est renvoyé pour son indiscipline et prépare son bac seul A 14 ans, il fait la connaissance d'Élisa Schlésinger, plus âgée que lui. Il transposera cette rencontre amoureuse dans son roman... ?

Une vie

L'éducation sentimentale

Le lys dans la vallée Ensuite, il entame à Paris, sans enthousiasme, des études de... ?

Droit

Médecine

Géographie

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Vers 28 ans, il voyage en Orient. Il utilisera ses observations douze ans plus tard dans son roman historique... ?

La tentation de Saint Antoine

Salammbô

Le roman de la momie Son plus célèbre roman, Mme Bovary, est publié en... ?

1839

1856

1880 Le roman Mme Bovary vaut à Flaubert un procès pour outrage aux mœurs et à la religion, car l'héroïne... ?

Est une épouse infidèle

Se suicide

Pour ces deux raisons Homme d'âge mûr, Flaubert devient le protecteur d'un jeune écrivain naturaliste dont il fréquente la mère :

Guy de Maupassant

Alphonse Daudet

Emile Zola En 1877 paraissent les Trois contes. Il s'agit d'Hérodias, d'Un cœur simple et de... ?

La tentation de Saint Antoine

La légende de Saint Julien l'hospitalier

La mort de Saint Jean-Baptiste Pour sa manière d'écrire, Flaubert est un... ?

Champion de vitesse, ce qui lui permet d'être l'écrivain le plus fécond de sa génération

Perfectionniste du style qui consacre 4 à 5 ans à chaque roman. Flaubert meurt à 58 ans, en laissant inachevé son livre humoristique sur la bêtise humaine :

Pensées

Dictionnaire du Diable

Bouvard et Pécuchet

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1.2. L’histoire de Madame Bovary

> Imagine l’histoire de Madame Bovary à partir des images proposées ci-dessous,

issues du film de Sophie Barthes1

1 Photomontage réalisé à partir du film de Sophie Barthes et présenté sur le site Zéro de conduite.net

http://www.zerodeconduite.net/dp/zdc_madamebovary_barthes.pdf

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1.3. La question du bovarysme

>> Définition2 L’héroïne de Flaubert a donné son nom à un état d’âme, le bovarysme. Voici la définition de ce terme.

Qu’est-ce que le bovarysme ? Le bovarysme se définit comme un mal de vivre, un « spleen ». On parle de bovarysme pour désigner le fait qu’une personne hypersensible, rêveuse et peu satisfaite de sa vie trouve refuge dans la lecture et s’identifie aux personnages de ses romans préférés. Le bovarysme n’est pas à proprement parler une névrose ; le sujet se désintéresse de la réalité mais ne perd pas contact avec cette dernière. Il s’agit plutôt d’un état dans lequel certaines personnes ont tendance à se complaire si elles se sentent insatisfaites et n’ont pas l’espoir d’une vie meilleure. Cette insatisfaction se traduit surtout dans la vie amoureuse. Une personne romantique et sentimentale à l’extrême se sentira incomprise et frustrée dans sa vie de couple. Elle va se désintéresser de son quotidien pour s’évader dans un monde de fiction. Elle va vivre une vie par procuration, s’identifier à certains personnages, nourrir des rêves et des ambitions démesurées. Le décalage entre la réalité et leur monde imaginaire conduit ces personnes à d’incessantes désillusions.

2 http://madamebovary.fr/definition-du-bovarysme/

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>> Pour entrer dans la tête de Madame Bovary > Voici un exercice appelé « les chuchoteurs » à réaliser avec tes camarades à partir de citations du roman de Flaubert (voir annexe 1) On divise la classe en deux groupes :

- des chuchoteurs d’un côté, - des auditeurs de l’autre.

Les auditeurs se tiennent en cercle assis par terre ou sur une chaise, les yeux fermés, dans la semi-obscurité. Chaque chuchoteur prend place debout derrière un auditeur. Les chuchoteurs piochent une citation, la mémorisent éventuellement, puis viennent la chuchoter à l’oreille de chacun des auditeurs. On aura fixé au préalable un sens de rotation. À l’issue du tour, chaque auditeur a entendu autant de répliques qu’il y a de chuchoteurs. On inverse alors les rôles.

2. Une adaptation 2.1. Entrée par l’affiche

> A partir de l’affiche, réalise la carte d’identité du spectacle : LIEU : ……………………………………………………………………………………………………………………………... TITRE : …………………………………………………………………………………………………………………………… AUTEUR : ………………………………………………………………………………………………………………………. COMEDIENS : ……………………………………………………………………………………………………………...... ………………………………………………………………………………………………………………………………………. ADAPTATION : ………………………………………………………………………………………………………………. COSTUMES : ………………………………………………………………………………………………………………….. MISE EN SCENE : ……………………………………………………………………………………………………………

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2.2. Entrée par la bande-annonce https://www.youtube.com/watch?v=MR3xKvXJh68

> D’après cette bande-annonce, combien de personnages seront représentés sur scène ? ……………………………………………………………………………………………………………………………………… > As-tu réussi à identifier Charles, le mari décevant d’Emma Bovary ? Décris-le en quelques mots : ………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………

Synopsis proposé par l’Atelier Théâtre Actuel

Sur scène, quatre chaises, à portée de main quelques instruments. Ce pourrait être la place d’un village, un coin de campagne, ou la dernière table d’un banquet de noces sous les arbres au fond du verger. Une comédienne, trois comédiens, tour à tour personnages ou narrateurs, s’adressent à nous pour conter, chanter, incarner la grande épopée d’Emma Bovary. Avec leurs corps, leurs voix, leurs gestes d’aujourd’hui, ils s’emparent de ce récit inexorable comme une tragédie, flamboyant comme un drame, mordant comme une comédie.

2.3. Comprendre le travail d’adaptation

> Rencontre les deux metteurs en scène Sandrine Molaro et Gilles-Vincent Kapps à partir de cette vidéo : http://www.festi.tv/Fest-Hiver-2015-2016-Rencontre-avec-Sandrine-Molaro-et-Gilles-Vincent-Kapps-Madame-Bovary-Theatre-de-Poche-Montparnasse_v2915.html

> Quelle a été la première étape de la création du spectacle ? ………………………………………………………………………………………………………………………………………

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> La pièce met en scène quatre comédiens. Qui vont-ils incarner ? ……………………………………………………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………………… > Quel va être le caractère de Madame Bovary dans cette adaptation ? ……………………………………………………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………………………………

2.4. Se mettre dans la peau de Paul Emond

Le travail de Paul Emond a consisté à proposer un texte théâtral à partir du roman de Flaubert. Pour cela, il a dû :

- effectuer un choix (scènes, personnages, … ) puisqu’il ne pouvait conserver en 1h30 de pièce, les 500 pages du roman,

- transposer sous forme de dialogues le récit de Flaubert > Pour te confronter à cet exercice, voici un extrait du roman. Adapte-le sous forme théâtrale3 avec deux de tes camarades : Nous étions à l'Étude, quand le Proviseur entra, suivi d'un nouveau habillé en bourgeois et d'un garçon de classe qui portait un grand pupitre. Ceux qui dormaient se réveillèrent, et chacun se leva comme surpris dans son travail. Le Proviseur nous fit signe de nous rasseoir ; puis, se tournant vers le maître d'études : – Monsieur Roger, lui dit-il à demi-voix, voici un élève que je vous recommande, il entre en cinquième. Si son travail et sa conduite sont méritoires, il passera dans les grands, où l'appelle son âge. Resté dans l'angle, derrière la porte, si bien qu'on l'apercevait à peine, le nouveau était un gars de la campagne, d'une quinzaine d'années environ, et plus haut de taille qu'aucun de nous tous. Il avait les cheveux coupés droit sur le front, comme un chantre de village, l'air raisonnable et fort embarrassé. Quoiqu'il ne fût pas large des épaules, son habit-veste de drap vert à boutons noirs devait le gêner aux entournures et laissait voir, par la fente des parements, des poignets rouges habitués à être nus. Ses jambes, en bas bleus, sortaient d'un pantalon jaunâtre très tiré par les bretelles. Il était chaussé de souliers forts, mal cirés, garnis de clous. On commença la récitation des leçons. Il les écouta de toutes ses oreilles, attentif comme au sermon, n'osant même croiser les cuisses, ni s'appuyer sur le coude, et, à deux heures, quand la cloche sonna, le maître d'études fut obligé de l'avertir, pour qu'il se mît avec nous dans les rangs.

3 Exercice proposé par François Julien Georges : http://auxerreletheatre.com/wp-content/uploads/2013/05/dossier-pedagogique-bovary.pdf

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Nous avions l'habitude, en entrant en classe, de jeter nos casquettes par terre, afin d'avoir ensuite nos mains plus libres ; il fallait, dès le seuil de la porte, les lancer sous le banc, de façon à frapper contre la muraille en faisant beaucoup de poussière ; c'était là le genre. Mais, soit qu'il n'eût pas remarqué cette manœuvre ou qu'il n'eût osé s'y soumettre, la prière était finie que le nouveau tenait encore sa casquette sur ses deux genoux. C'était une de ces coiffures d'ordre composite, où l'on retrouve les éléments du bonnet à poil, du chapska, du chapeau rond, de la casquette de loutre et du bonnet de coton, une de ces pauvres choses, enfin, dont la laideur muette a des profondeurs d'expression comme le visage d'un imbécile. Ovoïde et renflée de baleines, elle commençait par trois boudins circulaires ; puis s'alternaient, séparés par une bande rouge, des losanges de velours et de poils de lapin ; venait ensuite une façon de sac qui se terminait par un polygone cartonné, couvert d'une broderie en soutache compliquée, et d'où pendait, au bout d'un long cordon trop mince, un petit croisillon de fils d'or, en manière de gland. Elle était neuve ; la visière brillait. – Levez-vous, dit le professeur. Il se leva ; sa casquette tomba. Toute la classe se mit à rire. Il se baissa pour la reprendre. Un voisin la fit tomber d'un coup de coude, il la ramassa encore une fois. – Débarrassez-vous donc de votre casque, dit le professeur, qui était un homme d'esprit. Il y eut un rire éclatant des écoliers qui décontenança le pauvre garçon, si bien qu'il ne savait s'il fallait garder sa casquette à la main, la laisser par terre ou la mettre sur sa tête. Il se rassit et la posa sur ses genoux. – Levez-vous, reprit le professeur, et dites-moi votre nom. Le nouveau articula, d'une voix bredouillante, un nom inintelligible. – Répétez ! Le même bredouillement de syllabes se fit entendre, couvert par les huées de la classe. – Plus haut ! cria le maître, plus haut ! Le nouveau, prenant alors une résolution extrême, ouvrit une bouche démesurée et lança à pleins poumons, comme pour appeler quelqu'un, ce mot : Charbovari. Ce fut un vacarme qui s'élança d'un bond, monta en crescendo, avec des éclats de voix aigus (on hurlait, on aboyait, on trépignait, on répétait : Charbovari ! Charbovari !), puis qui roula en notes isolées, se calmant à grand-peine, et parfois qui reprenait tout à coup sur la ligne d'un banc où saillissait encore çà et là, comme un pétard mal éteint, quelque rire étouffé. ………………………………………………………………………………………………………………………………………

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Madame Bovary - En aval du spectacle

1. Scénographie

> Voici un exercice à partir de post-it pour replonger de façon concrète dans l’univers

du spectacle (voir annexe 2 pour le professeur) :

L’importance de l’univers musical Le récit de l’épopée d’Emma Bovary sera soutenu par la musique jouée en direct par les comédiens qui, comme des bateleurs, seront également chanteurs et musiciens. L’adaptation de Paul Emond intègre en effet plusieurs chansons, parties intégrantes du récit. Les instruments seront toujours à portée de main, comme autant d’accessoires : guitare, piano d’enfant, violon, accordéon, harmonica… La pièce s’ouvre sur la noce campagnarde de Charles et d’Emma, sur une chanson que l’on reprend en chœur comme un air populaire. Elle se conclut quand, à leur mort, leur fille Berthe est envoyée dans une filature de coton, à l’aube de la révolution industrielle. La musique, dans le choix des styles et des sons, suivra cette évolution, de la ruralité à la vie urbaine, du soc de la charrue aux machines industrielles, tout en gardant toujours des accents de « road-movie », de grands espaces, comme un appel au voyage, en écho à notre Emma qui rêve incessamment d’évasion, de grands voyages dans des pays lointains… Par un travail cinématographique et précis sur l’univers sonore, nous ferons surgir des images fortes chez le spectateur, en sollicitant son imaginaire, en le projetant, avec une économie de moyens scéniques, dans le réel des situations : un bal, une fête agricole, une chevauchée en pleine forêt dans la chaleur de l’été, autant d’expériences sensorielles qui seront soutenues à la fois par la musique et les ambiances sonores.

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2. Mise en voix d’extraits de Madame Bovary

> Choisis un extrait et proposes-en une mise en voix avec trois de tes camarades. 1/ Ce n'étaient qu'amours, amants, amantes, dames persécutées s'évanouissant dans des pavillons solitaires, postillons qu'on tue à tous les relais, chevaux qu'on crève à toutes les pages, forêts sombres, troubles du cœur, serments, sanglots, larmes et baisers, nacelles au clair de lune, rossignols dans les bosquets, messieurs braves comme des lions, doux comme des agneaux, vertueux comme on ne l'est pas, toujours bien mis, et qui pleurent comme des urnes. Pendant six mois, à quinze ans, Emma se graissa donc les mains à cette poussière des vieux cabinets de lecture. Avec Walter Scott, plus tard, elle s'éprit de choses historiques, rêva bahuts, salle des gardes et ménestrels. Elle aurait voulu vivre dans quelque vieux manoir, comme ces châtelaines au long corsage, qui, sous le trèfle des ogives, passaient leurs jours, le coude sur la pierre et le menton dans la main, à regarder venir du fond de la campagne un cavalier à plume blanche qui galope sur un cheval noir. 2/ Ce qui l'exaspérait, c'est que Charles n'avait pas l'air de se douter de son supplice. La conviction où il était de la rendre heureuse lui semblait une insulte imbécile, et sa sécurité là-dessus de l'ingratitude. Pour qui donc était-elle sage ? N'était-il pas, lui, l'obstacle à toute félicité, la cause de toute misère, et comme l'ardillon pointu de cette courroie complexe qui la bouclait de tous côtés ? (…) Elle aurait voulu que Charles la battît, pour pouvoir plus justement le détester, s'en venger. Elle s'étonnait parfois des conjectures atroces qui lui arrivaient à la pensée ; et il fallait continuer à sourire, s'entendre répéter qu'elle était heureuse, faire semblant de l'être, le laisser croire ! Elle avait des dégoûts, cependant, de cette hypocrisie. Des tentations la prenaient de s'enfuir avec Léon, quelque part, bien loin, pour essayer une destinée nouvelle ; mais aussitôt il s'ouvrait dans son âme un gouffre vague, plein d'obscurité. – D'ailleurs, il ne m'aime plus, pensait-elle ; que devenir ? quel secours attendre, quelle consolation, quel allégement ? Elle restait brisée, haletante, inerte, sanglotant à voix basse et avec des larmes qui coulaient. 3/ Un matin que Charles était sorti dès avant l'aube, elle fut prise par la fantaisie de voir Rodolphe à l'instant. On pouvait arriver promptement à la Huchette, y rester une heure et être rentré dans Yonville que tout le monde encore serait endormi. Cette idée la fit haleter de convoitise, et elle se trouva bientôt au milieu de la prairie, où elle marchait à pas rapides, sans regarder derrière elle. Le jour commençait à paraître. Emma, de loin, reconnut la maison de son amant, dont les deux girouettes à queue-d'aronde se découpaient en noir sur le crépuscule pâle. Après la cour de la ferme, il y avait un corps de logis qui devait être le château. Elle y entra, comme si les murs, à son approche, se fussent écartés d'eux-mêmes. Un grand escalier droit montait vers un corridor. Emma tourna la clenche d'une porte, et tout à coup, au fond de la chambre, elle aperçut un homme qui dormait. C'était Rodolphe. Elle poussa un cri. — Te voilà ! te voilà ! répétait-il. Comment as-tu fait pour venir ?... Ah ! ta robe est mouillée ! — Je t'aime ! répondit-elle en lui passant les bras autour du cou

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ANNEXES

Annexe 1 – Corpus de citations pour l’exercice des chuchoteurs

Références des citations de Madame Bovary 4

1. I,1 4. I,7 7. II, 9 2. I,5 5. II,3 8. II, 12 3. I,6 6. II,7 9. II, 13

… cours d’anatomie, cours de pathologie, cours de physiologie, cours de pharmacie, cours de chimie, et de botanique, et de clinique, et de thérapeutique, sans compter l’hygiène, ni la matière médicale [...].(1) Emma songeait à son bouquet de mariage, qui était emballé dans un carton, et se demandait, en rêvant, ce qu’on ferait, si par hasard elle venait à mourir. (2) … elle ne pouvait s’imaginer à présent que ce calme où elle vivait fût le bonheur qu’elle avait rêvé. (3) La conversation de Charles était plate comme un trottoir de rue, et les idées de tout le monde y défilaient, dans leur costume ordinaire, sans exciter d’émotion, de rire ou de rêverie. (4) … cette idée d’avoir pour enfant un mâle était comme la revanche en espoir de toutes ses impuissances passées. (5) … la fenêtre, en province, remplace les théâtres et la promenade (6) Elle se répétait : « J’ai un amant ! un amant ! », se délectant à cette idée comme à celle d’une autre puberté qui lui serait survenue. (7) Ils habiteraient une maison basse, à toit plat, ombragée d’un palmier, au fond d’un golfe, au bord de la mer. Ils se promèneraient en gondole, ils se balanceraient en hamac. (8) Pendant quarante-trois jours, Charles ne la quitta pas. Il abandonna tous ses malades ; il ne se couchait plus, il était continuellement à lui tâter le pouls, à lui poser des sinapismes, des compresses d'eau froide. (9)

4 Exercice créé par François-Julien Georges pour le Théâtre d’Auxerre

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Annexe 2 – travail sur la scénographie à partir de post-it

A la sortie d’un spectacle, nous avons tous un point de vue avec des sentiments plus ou moins positifs, des moments que nous avons aimés ou non. Chacun d’entre nous a un point de vue… mais il est parfois difficile d’aller au-delà pour construire l’argumentaire sur cet avis, cette sensation.

Cet atelier est une façon de ne pas attaquer les élèves sur cette question de « Alors, tu as aimé ? ». C’est une façon de retraverser le spectacle, d’éviter la synthèse pour laquelle ils ne sont pas prêts. Il s’agit de redonner à vivre les sensations. On se réinitialise en tant que spectateur, à l’endroit du spectacle. Étape I : > Demandez aux élèves de noter sur des post-it trois choses dont on veut se rappeler : trois informations visuelles, auditives… trois choses concrètes dans une idée de repérage. > Ensuite affichez-les : c’est l’occasion de se mettre d’accord, de discuter. > Choisissez un des post-it et regardez si vous pouvez en trouver un autre qui fonctionne avec.

Étape II : > Nommez les catégories ainsi établies. Ce ne sont pas des boîtes vides a priori que l’on donnerait au départ :

☼ actions des comédiens ☼ univers sonore ☼ lumières ☼ personnages ☼ décor ☼ accessoires ☼ texte

> Complétez éventuellement certaines catégories. S’il manque des éléments dans l’une des catégories c’est sans doute parce que ça n’a pas été le plus important pour faire sens, pour les élèves. > Demandez-vous s’il y a des catégories qui auraient été oubliées. Étape III : > Choisissez une des catégories en demandant aux élèves ce qui les a le plus marqué. Essayez d’être précis, au-delà du j’aime / j’aime pas. > Posez la question de la réflexivité, de la catharsis ; est-ce que votre émotion a trouvé sa place ?