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–Papa?Jemefrottailesyeux,éblouiparladoucelumièredujourfiltrantàtraverslesvolets.Hiersoir,la

fatiguedemoncorpsavaitfinalementgagnélapartiecontremoncerveauhyperactifmaismonsommeilavait été trop agité pour être salvateur. Je me redressai légèrement, devinant Elizabeth dansl’entrebâillementdelaporte.Sondoudouàlamain,sescheveuxfousencadrantsonvisage,elleavaitunpetit souriresur les lèvres.Cefameuxsourirequimefaisaitoublier la fatigueet lessouvenirsquimehantaient.

–Viensparlà,murmurai-je,ensoulevantmacouette.Elizabethvintselovercontremoi,calantsondoudouentrenoscorps.Jepassaimamaindansses

cheveux,tentantdedémêlerlamassedeboucles.Jefermailesyeux,etsentissespiedsglacéseffleurermescuisses.

–Tuasencoredormilespiedsàl’air,lagrondai-jegentiment.Elleritdoucement,avantdeposerfranchementsespetitspiedscontremoi.Unfrissonmeparcourut

etjelaserraiunpeupluscontremoi.C’étaitnotrehabitudematinale,Lizvenaitdansmonlit,posaitsatêtecontremontorse,réchauffaitsespieds,toutendessinantlesétoilestatouéessurmontorse.

Etgénéralement,sonventregargouillantnousrappelaitàlaréalitétrépidantedenosvies.–Petitdéjeuner?demandai-jeenentendantsonestomac.–Descrêpes?–Crêpesceweek-end,c’estpromis.Cematin,c’estcéréales,dis-jeenmelevantdulit.–Grand-mèrefaittoujoursdescrêpesquandjedorschezelle.–Grand-mèreteferaitrangertachambretouslesjourssiellevivaitici.Tuveuxvraimentquejelui

demandedevenirtefairedescrêpes?Elle grimaça, réfléchissant à toute vitesse à ma proposition, avant de sortir du lit. Son doudou

toujourscontreelle,ellehaussalesépaules,serésignantàsonsort.–Auchocolat?tenta-t-elle.–Vapourlechocolat.Ellemesuivitencuisineetm’aidaàdresserlatablepournotrepetitdéjeuner.Jemeservisunjus

de fruits, pendant qu’elle versait, avec plus ou moins d’adresse, ses céréales dans son bol Winniel’Ourson.Vivre avecma fillem’avait appris à avoir des rituels.La regardermanger, à genoux sur sachaisedevantl’îlotdelacuisine,pendantquejesirotaismonjusdefruitsfaceàelleenfaisaitpartie.

–Tuviensmechercheràl’écolecesoir?m’interrogea-t-elle,leslèvrescouleurchocolat.–C’esttanteAbbycesoir,moncœur.Jeviendraiterécupéreràlaboutique.

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–ÇaveutdirequejepeuxprendreuneBarbie?La lueur de joie dans son regard me fit rire. Depuis peu, ma sœur apprenait à Elizabeth à

confectionnerdesvêtementsàsaBarbie.Vêtementsinvariablementdéclinésdanstouteslesnuancesderosespossibles.

–Oui,tupeux,acquiesçai-je.Finistescéréales,situneveuxpasêtreenretardàl’école.PendantqueLizsebrossaitlesdents,jepréparaisesvêtementssurlelit,tentantdemesouvenirdes

conseilsscrupuleuxdemasœur.Letempsétaitcatastrophique,decettepluiegriseetserréequivousfaitaussitôtrêverd’îleslointainesetensoleillées.

J’aidaimafilleàmettresescollantsenlaine.Abbymetueraitsûrementenvoyantqu’ilsremontaientjusqu’àsapoitrine.Aprèsm’êtrehabilléd’unjeanuséetd’unvieuxT-shirtparsemédetrousauniveauducol, j’attaquailatâchelaplusrudedemaviedepèrecélibataire:démêlerlescheveuxdemafillesanslafairehurler.

J’assisElizabethsurl’îlotdelacuisine,m’armantdesabrosseàcheveuxetdesonspraydémêlant.Leparfumvanilléduproduitflottaautourdenous,metirantunsouriretriste.Désormais,j’associaiscetteodeuràuneautrefemmequemafille.

–Tuasprisunélastique?Ellelevalamain,m’entendantunquejereconnusimmédiatement.Jeleprisentrelesdentstandis

quemabrosseaccrochaitunnœudunpeupluscoriace.Elizabethlaissaéchapperunpetitcridedouleur.–Pardon,moncœur.J’aipresquefini.Jerassemblaisonimpressionnantemassedecheveuxdansmonpoing,avantdepasserl’élastique.

Lesouvenird’Anna imitantcegesteavecunesurprenante tendresseresurgitbrutalement.Sûrementquel’association de la vanille, de l’élastique et de la peluche deWinnie l’Ourson qui trônait sur une deschaises de la cuisine faisait remonter à la surface tout ce que je cherchais à enfouir depuis plusieursjours.

–Fini!proclamai-jeenprenantLizdansmesbraspourlaposerausol.Vaprendretonsac.–Jepeuxmettremesballerines?–Pasaveccetemps.Metstesbottes.–MaistanteAbbyditquecetterobevaavecdesballerines.– Et tanteAbby ne se lève pas la nuit pour calmer ta fièvre quand tu as attrapé froid.Mets tes

bottes!luiintimai-jeavecautorité.Ellebougonna,maiss’exécuta.Assiseàmêmelesol,elleenfilasesbottesdocilement,avantd’aller

cherchersonsacetsaparka.Jejetaiunnouveaucoupd’œilàlafenêtre.Cen’étaitpasaujourd’huiquej’allaisavancersurlechantierJohnson.

Ilpleuvaitdestrombesd’eau,quandjeconduisisElizabethàsonécole.Jemegaraijustedevant,auplusprèsdel’entrée.Elizabethpoussaunpetitsoupir,regardantlapluies’abattresurlepare-briseavecunepetitemouedépitée.

–Jevaisteporterjusqu’àl’entrée,luiindiquai-jeenpivotantverselle,surlabanquettearrière.–MmeEmmingnousregarde,dit-elledansunegrimaceadorable.–Elledoitnousattendre.Elizabethlevalesyeuxauciel,avantdesecouerlatête.Àtraversl’eaudégoulinantsurlavoiture,

jedevinaisunepetitesilhouettevêtuedebleu.Lamaîtressed’Elizabethavaittrèscertainementdixansdemoins quemoi, une alliance enplus et un sourire à faire rêver la plupart des chirurgiens-dentistes dupays.Àl’opposéexactdemonidéalféminin.

–TanteAbbyditqu’elleteregardecommeduchocolat.

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J’éclatai de rire, songeant tout de même à sermonner ma sœur pour son sens de la formule. Jen’osais imaginer le genre de conversation qu’elles avaient dans mon dos. Mais, effectivement, lamaîtresseregardaitdansnotredirectionfixement,réajustantsajupeunpeutropcourtepourêtrehonnête.

–TanteAbbyditça?–Oui.ParcequeMmeEmmingveuttecroquer,continua-t-elle,déclenchantunenouvellevaguede

rire.–Tun’aimespasMmeEmming?l’interrogeai-jeleslarmesauborddesyeux.–Elleme parle comme si j’étais un bébé…Et elle demande toujours si tu viensme chercher à

l’école.Etellesentbizarre,ajouta-t-elleenplissantlenez.–Soisgentilleavecelle,dis-jefinalementenremontantlacapuched’Elizabethsursatête.Elle haussa les épaules dans un petit sourire énigmatique. Elizabeth pouvait être une véritable

chipie;qualitéentretenue,développéeetdéfendueparmatrèschèresœur.Jeredoutaiscequeleursdeuxespritsretorspouvaientimaginer.

Jedescendisdelavoiture,lacontournaietouvrislaportièrearrière.JedétachaiElizabethetlaprisdansmesbras,avantdecourirsouslapluiebattantejusqu’àl’entréedel’école.

–BonjourmonsieurAdams,bonjourElizabeth,souritlamaîtressedemanièrepresqueeffrayante.–BonjourmadameEmming,soufflai-jeenposantmafille.– Le temps est vraiment catastrophique, constata-t-elle. Va retirer ton manteau, Elizabeth. Nous

allons commencer par une lecture. D’ailleurs, monsieur Adams, je compte organiser des sessions delecturedesparentspourlesenfants.

–Vousvoulezquejeviennelireunehistoire?demandai-jepourm’assurerd’avoirtoutcompris.–Exactement.Nouscommençonscevendredi.Jeseraisraviedevouslaissercommencer,murmura-

t-elleencalantunemèchedecheveuxderrièresonoreille.–Euh…Oui.Pourquoipas?Elizabethrevintversmoi,medemandantdedébloquerlafermeturedesaparka.Avantquej’aiele

tempsderéagir,samaîtresses’agenouillaetl’aida.Jevislenezdemafillefrémiretfronçailessourcilspourluiintimerd’êtresage.JememisàlahauteurdeLizetl’embrassaiunedernièrefois.

–Bonnejournéemoncœur.MasœurviendraprendreLizcesoir,indiquai-jeàlamaîtresse.–Oh…Parfait.C’estàcetinstantquejecompriscequevoulaitdireElizabeth.Leparfumdecettefemme.Alors que ma fille filait en direction de la salle de classe, je tentai d’identifier cette étrange

fragrance.Du café, sans aucun doute. Personnellement, je détestais cette odeur et étais capable de ladétecteràdeskilomètres.Etcetteassociationbizarre,unpeupiquante,entêtante,presquecapiteuse,entreunparfumindustrielbasdegammeetlapersistanced’undésinfectantpourlesmains.C’enétaitsuffocant.

–Bonnejournée,madameEmming,dis-jeenfuyantversmavoiture.Jecourusdenouveausouslapluie,regagnantavecsoulagementl’habitaclechauffédemavoiture.

Lasilhouettedelamaîtressedemafilleavaitdisparuetjesentisunvaguefrissond’horreurmeparcourirl’échine.AbbyetElizabethavaientpeut-êtreraison.

***

LavoixtonitruantedeJoshm’accueillitdansnotrebureaud’études.Penchésursatabledetravail,un crayon coincé derrière l’oreille, il massacrait Bruce Springsteen. Je secouai la tête, l’observant

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s’agiter dans un rythme effréné. Malgré tout, il avait cet air concentré, caractéristique de lorsqu’iltravaillaitsurunplan.Jebaissailesondelaradiopourluifairecomprendrequ’iln’étaitplusseul.

–BonjourBruce,lançai-jetoutsourire.–Jevoisquetuasmisteshabitsdelumière,railla-t-ilenmedétaillant.–Jeconstruisdesmaisons, tum’excuserassimamanucuren’estpasparfaite.Parailleurs,depuis

quandportes-tulabarbe?–Çaarrivequandondécouche.Maistuassûrementoubliécegenrededétail.–Comment lepourrais-jeavecunhommedont lebutultimeestdebaptiser toutes les femmesde

l’État?–Etcrois-moi,ellesenredemandent.–Épargne-moilesdétails.Ilmejetauncalepinauvisage,manquantdem’éborgner.J’attrapaimaladroitement lecarnetet le

fusillaiduregard.–Beccaestdisponiblecesoir,annonça-t-il.Jet’assurequ’ellevautledétourjusqu’aucentre-ville.–J’attendslejouroùunefemmeteferaramperdevantelle,ironisai-jeenluirelançantsoncalepin.–Laprophétiemayanes’estpasproduite,latiennen’adoncaucunechancedeseréaliser.–Pasaveccetteodeurpuanteautourdetoi,approuvai-je.Mêmepasunedouche?–C’étaitladoucheoulagâteriematinale.Jen’aimepasvexerlesdames,tulesais,sourit-il.Je soupirai toutenm’installantàma tablede travail. J’avaiscommencé ledessind’unenouvelle

maisonetj’espéraisqueceprojetaboutiraitavantlafindel’étéprochain.–CommentvaMmeEmming?m’interrogea-t-ilavecunsourireentendu.–JevaisfinirparinterdireàAbbydeveniricienmonabsence.– Pour revenir dans la course et reprendre le rythme, mieux vaut commencer par ce genre

d’occasion.–Elleestmariée!–Demieuxenmieux.Aucunechancequ’elletedemandeunquelconqueengagement.–Tues…unsaletype,finis-jedansunrire.–Vois ça comme uneœuvre humanitaire. Elle estmariée et doit s’ennuyer. Franchement, l’idéal

pourreprendreduservice.– Tu crois vraiment tout savoir demoi ? lançai-je en espérant couper court à cette dérangeante

conversation.J’allumaimalampedebureau,dirigeantlefaisceaudelumièresurleplandevantmoi.J’eusàpeine

letempsdetracerunpremiertrait,queleslargesmainsdeJoshseposèrentviolemmentsurmatable.–Qui?demanda-t-il.–Quiquoi?fis-jesanscomprendre.–Avecquias-tucouché?Jelaconnais?–Lemondenetournepasautourdusexe,Josh.La stupéfaction gagna son visage et il s’écarta de la table. Son regard s’éclaira et, àmon corps

défendant,jesentisunlégerrougissements’emparerdemesjoues.Jen’avaisaucuneraisond’avoirhontedemoncomportementavecAnna,aucuneraisonderegrettercequenousavionsfait,maiscommechaquefoisquelesouvenirdesoncorpsnuau-dessusdumienresurgissaitdansmonesprit,j’avaislasensationdepartagernotresecret.

–Jenny?demanda-t-ildansunmurmure.–Josh,je…–TuascouchéavecJenny.C’étaitquoi?Unmomentd’égarement?

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–Jen’aipascouchéavecJenny,criai-jefinalement,submergéparl’agacement.Monassociélevalesmainsdevantluiensignedereddition,avantdeseréinstallerensilenceàsa

table.Monaccèsdecolèredisparutdansl’instant,laissantplaceàunevaguedeculpabilité.DepuisnotreretourdeNorfolk,etsurtoutdepuismanuitavecAnnaàChicago,j’attendaisqu’elletiennesapromesse.J’attendaisdepuisunmois,qu’ellemedonneunsignedevie.Àl’attenteavaientsuccédéladéceptionetmaintenantl’amertume.

Quelque chose en ellem’avait aussitôt attiré, séduit, puis conquis. Peut-être son rire si léger, oucettecicatricesursonmenton.Non,jemementais:j’avaisétéséduitàl’instantmêmeoùelleavaitposélesyeuxsurElizabethquandellechoisissaitunlivre.Pourunefemmequinesesentaitpasprêteàavoirdesenfants,elleavaitpourtanteudesgestesqueKaten’avaitjamaiseuspournotrefille.

–Désolé,m’excusai-je.Jesuisjuste…fatigué.–Tuveux…parler?proposa-t-il,unpeuhésitant.–Josh,tuesledernierquejeviendraisvoirpourmeconfier!m’esclaffai-je.–Tantmieux.TuescertainpourBecca?demanda-t-ilenmontrantdenouveausoncalepin.–Absolumentcertain,souris-je.C’étaitAnnaquejevoulais.C’étaitsonparfumquejevoulaissentir.Jefermailesyeuxunecourte

seconde,mespoingsseserrantdurementsurmonbureau.PourlapremièrefoisdepuisChicago,jeréussisànepasrefoulercequejeressentais.Cettepetitedouleurdanslapoitrine,cesrêveslamettantenscène,messoiréessolitairespasséesàmedemandersielleétaitheureuse.Jevoulaisqu’ellesoitheureuse,maisçamefaisaitmalqu’ellelesoitsansmoi.

Ouavecunautre.ImaginerAnnaavecun autrehommeme tiraun soupirdésespéré et une résolutionnouvelle.Être

dansl’attentemerendaitdingueetmeplongeaitdansunehumeurmaussade.Pendantlongtemps,jem’étaiscaché derrièremon statut de père célibataire pour fuir une nouvelle relation. Si je pouvais gérer unedéceptionamoureuse,jeredoutaisdepouvoirgérerlapeined’Elizabeth.J’avaisapprisàlagarderdansun cocon familier,m’entourant dema famille, de Josh, de repères stables. Depuisma rencontre avecAnna,jeréalisaisquececoconconfortableétaitdevenuunesortedeprison.

Lesoirmême,aprèsavoirfinaliséundesplansdemonnouveauprojet,jedécidaidemedonnerunechance.Annan’avaitdonnéaucunenouvelle,maisjerefusaisdelalaisserpartir.J’appelaiAbbyalorsquejemedirigeaiversmavoiture.

–ÇatedérangedegarderElizabethpourlanuit?–Desennuis?s’inquiéta-t-elle.–Jedois…trouverquelqu’un.–Àcetteheure-ci?–C’estcompliqué.Prendslaclédesecoursetoccupe-toideLizs’ilteplaît.Jeteraconteraitouten

rentrant.Je raccrochai sans lui laisser le temps de me soutirer d’autres informations. La pluie tombait

toujours, plus fine cependant, assombrissant le ciel de Seattle. Je conduisis jusqu’au centre-ville, megaraiàproximitédel’hôtelHilton.C’étaitlaseulechosequejesavaisd’elle,jen’avaismêmepassonnomdefamille.Sicettepistenefonctionnaitpas,ilmeresteraitàprendreunallersimplepourNewYorketàretrouversonfrèrechezlesYankees.

Legroomàl’entréedel’hôtelgrimaçaenmevoyantfranchirleseuil.AvecmonT-shirttrouéetmonjeanusé jusqu’à la corde, jen’avaispas ledress-code adéquatpour cegenred’endroit.Lehall, d’uncalme presque oppressant, était grandiose. Le marbre, l’éclairage, les décors, les sièges en velours

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savamment disposés… L’endroit était superbe, et la sensation de faire tache au milieu de ce luxeostentatoirem’étranglaunpeuplus.

–Monsieur?fitunevoixderrièremoi.Puis-jevousaider?–Bonsoir,soufflai-je.Je…Écoutez,mademandevasûrementvousparaîtredingue,maisjesuisàla

recherched’unefemmequitravaillepourleshôtelsHilton.–Monsieur,jesuisdésolémais…– Elle est au service qualité. Elle voyage beaucoup, enchaînai-je en devinant que l’employé ne

m’aideraitsûrementpas.–Mêmesi…–Elles’appelleAnna,elleestbrune,trèsjolie.EllehabiteNewYork,continuai-jeensentantlepeu

decouragequim’avaitanimém’abandonner.– Monsieur, je vais vous demander de sortir. La politique de l’hôtel est de ne pas donner

d’informationspersonnellessursesemployés.–Dites-moijuste…Jenesaispas…Est-cequ’elletravailletoujourspourHilton?L’employérestasilencieuxetsecoualatête.Ildécrochasontéléphone,certainementpourappelerla

sécurité.Jereculaiverslasortiedel’hôtel,aveclasensationd’avoirgâchémaseulechancederetrouverAnna.Parvenusurletrottoir,jeserrailespoings,retenanttoutelacolèrequiétaitentraindemegagner.Lapluieruisselaitsurmoi,anesthésiantpeuàpeumoncorps.MêmeaprèsledépartdeJenny,jen’avaisjamaisressentiautantdefrustrationetdedésespoir.Pourquoineluiavais-jepasdemandésonnuméro?Ahoui,pourluilaisserlechoix.Définitivement,ladécisionlaplusjusteetlaplusstupidedetoutemavie.

Jerentraichezmoidansunétatsecond,perduentrerageetlassitude.Ilmerestaitl’optiondesonfrère,d’alleràNewYork.Sil’idéem’avaitparufarfeluehiersoir,ellemesemblaitmaintenantlaseulesolutionpourlaretrouver.

–Elizabethm’aparléd’uneAnna,tentamasœur,àpeineeus-jefranchilaporte.Jepoussaiunsoupir, refusantdesubirun interrogatoireen règlede lapartdemasœur, l’ignorai

doncetmedirigeaivers lasalledebains.Abbymefixa,appuyéesur lechambranlede laportede lasalle de bains, pendant que je frictionnai nerveusement mes cheveux. Je lui lançai un regard glacial,ignorantsaquestion.

–Papaasentiquequelquechosen’allaitpasdepuistonretour.Est-cequeJenny…?–Jennyn’arienàvoiravecça,ripostai-jeaussitôt.Elizabethdort?m’inquiétai-jeensortantdela

salledebains.–Depuisdeuxheures.Mark,tusaisquetupeuxmeparlersituveux.–Jesais,Abby.C’estjustequejeneveuxpaspartagerça.Tunecomprendraispas.–Jenecomprendraispas?répéta-t-elle,unpeuvexée.J’entrai dans la chambre de ma fille, et repérai son visage légèrement éclairé par les étoiles

tapissantsonplafond.Jeremontailacouettesurelleetm’assuraiquesespiedsétaientconvenablementcouverts. Je déposai un baiser sur son front, passantmes doigts dans sa chevelure folle. Je sentis leregardd’Abby surmanuque,mais choisis de faire durerma caresse.Ma fille savaitm’apaiser etmerendrelesourire.

–Elleaétéadorable,murmuraAbby.–Elleestparfaite,acquiesçai-je.Mercidet’êtreoccupéed’elle.Jeressortisdesachambre,unpeumoinstourmenté.Masœurmefixait,attendantuneexplication.Je

secouailatête,répondantsilencieusementàsaquestion.Jen’étaispasd’humeuràsubiruninterrogatoire.–Jevaisrentrer,soupira-t-elleenenfilantsonmanteau.Appelle-moisituasbesoin.

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Elledéposaunbaisersurmajoueetdisparutparlaporte.Jem’effondraisurlecanapéetmonjeanhumidevintsecolleràmes jambes.Je retiraimonT-shirtetallaidansmachambrepour récupérerunvieuxsweatgris.

–Pasbrillant,Adams,memorigénai-jeenallantdanslacuisine.Montéléphoneportablevibra–sûrementunappeldeJohnsonpours’enquérirdesavancéesdela

constructiondesamaison.Jefronçailessourcils,espérantuntempsplusclémentpourlelendemain.–MarkAdams,répondis-jeenregagnantlesalon.–Bonsoir,murmuraunevoixféminine.Jem’arrêtainet,sentantmoncorpsréagirinstantanément.Mesdoigtssecrispèrentplusfortsurmon

téléphone,monventresecontractadouloureusementetmesjambeslâchèrent.Jefinispartituberjusqu’àmonfauteuil,incrédule.

–C’estAnna.–Jet’avaisreconnue,admis-je.Co…Commentvas-tu?–Bien.Je…JevaisbientôtpasserparSeattleet jevoulaissavoirsionpouvaitsevoir.Pourun

chocolat,précisa-t-elleavecunepointed’humourdanslavoix.–Biensûr.Elizabethseraraviedetevoir.–Commentva-t-elle?–Bien.Elledortàpoingsfermés.Il y eut un court silence, presque gênant. J’entendais à peine son souffle. Jeme repris, décidé à

briserlaglace.–Jepensaisquetuappelleraisplustôt,fis-jeavecfranchise.–J’aidûréglercertaineschoses.Jenevoulaispasm’imposer,tudevaisêtreenfamille.–Jesuistoutletempsenfamille,Anna.Jesuiscontentdet’entendre.–Jesuiscontenteaussi.Je…Tavoixmemanquaitpourêtrehonnête.Mapoitrinesecomprimaquelquessecondes.Jefermailesyeux,masolitudemepesantencoreplus

lourdementcesoir.L’entendreétaitfinalementplusdouloureuxquesonabsence.–Est-cequeturegrettes?l’interrogeai-jefinalement.–T’ai-jedonnécetteimpression?–J’entendstonsourire,murmurai-je.–Parcequetuesdrôle.–Non, tunem’aspasdonnécette impression,avouai-je.Mais je suiscontentdevoirque tuvas

tenirtapromesse.Lizva…adorerça.–Lizestaucentredenotrerencontre,constata-t-elle.–C’estvrai.J’aitendanceàlamettreaucentredemaproprevie,admis-je.–Jel’avaiscompris.Elleestadorable,j’aisouventpenséàvousdernièrement.–Souvent?–Trèssouvent.Peut-êtretropsouvent,même.–Commentpeut-onpensertropsouventàquelqu’un?luidemandai-jeencomprenantexactementce

qu’elleressentait.–Çanet’arrivejamais?–Si.J’aisouventpenséàtoidernièrement.–Souvent?s’amusa-t-elle.–Chaquenuit.Elle eut un léger rire, unpeunerveux. J’avais la sensationd’étouffer, d’avoir la cage thoracique

coincéedansunétauhorrible.

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–Oùes-tu?demandai-jefinalement.NewYork?Miami?Surundeslitsd’unHiltond’aéroport?ris-je.

–Seattle.Jemeredressaibrutalement,monestomacremontantjusqu’àmagorge.Mabouches’asséchaetje

passaiunemainsurmonvisage,assimilantl’information.Elleétaitlà.Danslamêmeville.–«Seattle»?répétai-jepourm’assurerquejen’avaispasrêvé.–J’avaistacarteet…Disonsque,jemesuisditque…Enfait,jevoulaissonner,maisvul’heure,

j’étaiscertainequ’Elizabethdormait.Brutalement,ilmesemblaquemonmondes’arrêtanet.Marespirationsecoupa,pendantquemon

cerveauanalysaitàunevitessehallucinantecequ’ellevenaitdedire.–Mark?souffla-t-elle.Savoixmetirademaréflexion.Jefonçaijusqu’àlaported’entrée,moncœurs’affolantdansma

poitrine.Cettefois-ci,j’étaisdéterminéànepluslalaisserpartir.Àlagarderici,àcollerdesétoilessurmonplafondpourlarassurer,àfairel’impossiblepourmeréveillerchaquejouràsescôtés.J’arrachaiquasiment laportedesesgonds,découvrantAnna,humidedepluie,maisavecunsouriregéantsur leslèvres.Ellerangeasonportabledanslapochedesonjeantandisquejelafixaiintensément.

–Bonsoir,murmura-t-elledenouveau,timidement.–Bonsoir.Nous nous fixâmes, comme si nous ne nous étions pas vus depuis des années. Ses cheveux

légèrementmouillésretombaientsursonmanteau.Ellesetrituraitnerveusementlesdoigts,sonregardsedétournantdumienpouryrevenirquelquessecondesplustard.

–Est-cequejepeux…,bégaya-t-elleendésignantlecouloirderrièremoi.–Ohoui.Biensûr.Entre.Jem’écartaivivementpourlalaisserpasserdevantmoi.Sonparfumsucréflottaautourdemoi,me

ramenantànotrenuitensemble.Elleretirasonmanteauetjel’yaidai,agrippantlecolpourfaireglisserlevêtementsursesbras.

–J’espèrequejenedérangepas.–Anna,jesuispèrecélibataired’unefillettede5ans.Jepassemessoiréessurmoncanapé,avec,

lesjoursdefête,unebièrefraîche.Tunemedérangesabsolumentpas.Elle risquaun sourirehésitantpendantque j’accrochai sonmanteauà lapatèrederrière laporte.

D’un signe de lamain, je l’encourageai à avancer pour la guider vers le salon. Son regard balaya lapièce,seslèvress’étirantdansunsouriredésormaisfamilier.

–Lamaison,souffla-t-elle,avecunelueurdejoiedansleregard.Jel’observaierrerdanslapièce,passantsamainsurlesmeubles,regardantlesphotosd’Elizabeth,

s’amusantdenotrecollectiondeboulesàneige.–Chicago?demanda-t-elle,ensoulevantunedesboules.–Chicago.Mêmesijedoisadmettrequejen’avaispasvraimentbesoindeçapourmesouvenirde

cequej’aivéculà-bas,ajoutai-jeenavançantlentementverselle.Sesdoigtsseserrèrentunpeuplusautourduverre,pendantquesonregardtrahissaituneformede

crainte.Ellesecoualaboule,révélantlesgrainsblancsquiflottaientau-dessusdesgratte-cielminiaturesdeChicago.

–Latempêtedusiècle,murmura-t-elle.–Cen’estpasceàquoijepensais,dis-jeenluifaisantface.Siellecompritmonsous-entendu,ellenelerelevapas.Ellereposalabouleàneigesurlemeuble

et,prudemment,posasesmainscontremon torse.Ce légercontact futpresquedouloureux, tant il était

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furtif. Je me penchai légèrement vers elle, sentant le parfum de son shampooing gagner mes narines.J’hésitaiàlaprendredansmesbras,àluifairecomprendrequ’ellenerisquaitrienici,maisavantquejepuisseagir,ellerecula,reprenantsonexploration.

–Jesuisalléàl’hôtelaujourd’hui,avouai-jedansunmurmureàpeineaudible.–Ahoui?s’étonna-t-elleenmetournantledos.–Cen’estpaspourçaquetuesici?–Non.Pasdutout.J’aiditàElizabethquejetenaismespromesses.Alorsjesuisvenue.Ellesetournaversmoi,sonvisagefaiblementéclairéparunedeslampesdusalon.Ellerevintvers

moi,s’humectantleslèvrestandisquesesyeuxtentaientdésespérémentdesoutenir,envain,monregard.–Pourquoies-tualléàl’hôtel?–Pourtetrouver.Essayerdumoins.Jen’avaisquetonprénom.Parailleurs,j’étaisàdeuxdoigtsde

prendreunvolpourNewYorkpourtrouvertonfrèrechezlesYankees.– Très romantique, sourit-elle en se plantant devant moi. Prendre le risque de se retrouver de

nouveaucoincédansunaéroport.–J’aifaitunepromessemoiaussi,murmurai-je.Ellefronçalessourcils,cherchantdanssamémoirelesouvenirdemapromesse.J’ouvrisuntiroir

prèsdemoi, recueillantdans lefonddecelui-cideuxétoilesphosphorescentes.Leriresonored’Annaemplitlapièce,metirantunpremiersourirefranc.

–Donc,tucomptais…débarquerchezmoipour…mettredesétoiles?–Pourquoipas?Tun’aspluspeurdunoir?–Si.Maiscenesontpascesétoiles-làquimerassurent.Denouveau,elleposalesmainssurmontorse,plusfranchementcettefois,puissatête.Elledevait

sûrement entendre le rythme frénétique de mon cœur, comme elle avait sûrement remarqué le soupird’aisequim’avait échappéen la sentantcontremoi.Enuneseconde, j’étaisapaisé, serein,enveloppédanssonparfum.Samainseplaçaàl’endroitoùj’avaismontatouage,serrantletissuentresesdoigts.

Notre étreinte dura plusieursminutes, seulement troublée par le bruit de la pluie qui frappait lescarreaux.Quandelles’écartademoi,lesjouesrougesetlesourireauxlèvres,j’auraispujurern’avoirjamaisrienvudesibeau.

–Est-cequetuveuxboirequelquechose?luidemandai-jefinalement.–J’aiarrêtélecafé,murmura-t-ellecontremoi.J’étouffaiunrire,luiproposantunchocolatchaud.J’avaisencoredumalàcernerlesmotifsdesa

visite.EtsiellenevenaitquepourtenirunepromessefaiteàElizabeth,ladésillusionallaitêtrevraimentcruelle.Jelarepoussaidoucement,àpeinesuffisammentpourqu’ellesoitvraimentdétachéedemoi.Jeprissamaindanslamienneetl’amenaidanslacuisine.

–Installe-toi,luiproposai-jeendésignantundestabouretsautourdel’îlot.–Winniel’Oursonveillesurtacuisine?s’amusa-t-elle.–Etsurmafille.Elleadûl’oublieravantd’alleraulit.Jem’activaisurleplandetravail,versantlelaitdansunecasserole,avantdecasserduchocolaten

morceaux.C’étaitainsiqu’Elizabethaimaitsonchocolatdusoir.Jemislelaitàchauffer,glissantdeuxmorceauxdechocolatpour les faire fondre.Jeme tournaipour faire faceàAnna,mais réalisaique lapièce était vide.Winnie aussi avait disparu, me donnant ainsi une piste pour retrouver Anna. Je medirigeai vers la chambre dema fille, repérable entre toutes avec son prénom en lettres géantes sur laporte,ettrouvaiAnnainstallantWinnieprèsdemafille.

Ellesentitmaprésenceetsetournaversmoi,posantsonindexcontreseslèvres.Elizabethdormaitpaisiblement,sescheveuxéparpillésautourd’elle.Annaposaunbaiserfurtifsursonfront, remontasa

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couette, couvrit ses pieds dans un rire contenu, avant de sortir de la pièce. Jeme reculai à peine, lacoinçantentremoncorpsetlaporte.

–Désolée,jen’aipaspurésister.–Jecomprends,souris-je.Vat’installerdanslesalon,mets-toiàl’aise.–Mark,je…Jen’aipasprévude…rester.Monsourires’effaçadanslasecondeetilmesemblaquemoncœurs’effritait.Ladésillusionétait

effectivementtrèscruelle.–Tu…Tuasunvolàquelleheure?–Tumefichesdehors?s’étonna-t-elleavechumour.–Tuviensdedireque…–Mark, je n’ai pas prévude rester chez toi ce soir. Je n’étaismêmepas certaine de te voir, ou

certainequetuveuillesmevoir.–Tuneprendspasd’avion?–Saufsituytiensabsolument.Maisj’airéservéunechambred’hôtel.Elleposasamainsurmajoue,m’attirantunpeupluscontreelle.–Reste,murmurai-je,usédeluttercontrecequejeressentais.Aumoins,cesoir.Resteici.Samain glissa surma nuque, chatouillantmes cheveux avant de plonger dans l’encolure demon

sweat.Unnouveausoupirm’échappa,sapaumefraîcheréveillantmoncorpsdesonengourdissement.Jesoudaimonfrontausien,sespupillesaccrochantlesmiennes.

–Sinon,jetrouveraiunmoyendetefairerester.–Unemenace?–Unepromesse,corrigeai-je.Mon regard obliqua vers ses lèvres, légèrement entrouvertes, presque indécentes. Sa respiration

s’accéléraalorsquejelevailamainpourcaressersabouche.Jepassailapulpedemonpoucesurseslèvres,leseffleurantàpeine,redécouvrantàquelpointellesétaientdouces.

–D’accord,murmura-t-elle.Jereste.Elleembrassadoucementmondoigt,guettantmonregardcommepours’assurerqu’elleenavaitle

droit. Je retiraimamain, sentis sa peau frémir sous lamienne, avant de posermes lèvres contre lessiennes.J’étaiscertainquecebaisermedonneraitlaréponseàtoutesmesinterrogations,quelatoucherm’endiraitplusquen’importequellediscussionhasardeuse.Monespritdébattaitencoredelaréalitédenotrerelation.

Seslèvresappuyèrentàpeinesurlesmiennes,unehésitationpresquefurtive.Malgrétout,jesentisun sourire s’épanouir sur ma bouche. La sentir, la toucher, la savoir près de moi me rendaient déjàheureux. Mes mains trouvèrent le creux de ses hanches, la gardant prisonnière de mes bras. Jel’embrassaidenouveau,avecplusdeconvictionpourlarassurersilencieusementsurmesintentions.

Ungémissementmourutentrenos lèvresetellebascula légèrement la tête,me laissantaccèsàsagorge.Mabouchesuivit la lignedesamâchoire, lamordilla légèrementdans lebutavouéde lasentirfrissonnerdenouveaucontremoi.Lemanquequej’étaisparvenuàétoufferprenaitmaintenantlepassurmaraison.C’étaitelle,etpasuneautre.Sonparfum,etpasunautre.

Samainremontadansmescheveux, lesagrippaavecdouceur,m’indiquantexactementoùellemevoulait.Jepressaimoncorpscontrelesienetgrognaisouslachaleurdusien.Maboucheexploraitsoncou,l’embrassaitavecdouceur,grignotaitsapeau,savouraitlalégèremarquedesuccionquicommençaitdéjààapparaître.

Quand je me redressai, pantelant et extatique, elle avait les yeux clos, la bouche entrouverte,quasimentabandonnéeentremesmains,contrecetteporte.Jeretrouvaisabouche,malanguecaressantsa

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lèvreinférieure.Denouveau,ellefitcepetitsoncaractéristiqueàmi-cheminentreunesuppliqueetuncridejoie.

Sesmainsquittèrentmanuqueets’enfouirentsousmonsweat,remontantdansmondos.Jegrognaidans sabouche,ma languedansant contre la sienne, ravivant ledésir, l’envie et le besoinque j’avaisd’elle.Jequittaiseshanchesetglissaisursesfessesemprisonnéesdanssonjean.Ellesepressaunpeuplus contremoi, épousantmon corps. Je la soulevai avec douceur et ses jambes vinrent se crocheterautourdemataille.

Jemedétachaideses lèvrespourdévorersoncouetm’abreuverdesesgémissements,seulementinterrompuparlesmurmuresdemonprénom.Cen’estqu’enlasentantagrippermonsweatpourleretirerquej’eusunsursautderaison.

–Pasici,murmurai-jesurseslèvres.Elle plongea son regard sombredans lemien et lécha ses lèvres gonflées par notre étreinte.Ses

mainsquittèrentmondos,laissantunfroidvicieuxs’insinueràlaplace.Ellereposalespiedsausoletjeremarquaiunvoilededéceptionrecouvrirsonvisage.Je lagardaipourtantcontre lemur,chassant,duboutdesdoigts,lescheveuxquilamasquaient.Jedéposaiunbaiserlégersurseslèvres,avantdecollermabouchecontresonoreille.

–Sijepouvais,jeteprendraisici,toutdesuiteetmaintenant.Etça,jusqu’àcequetun’aiesplusunsouffledevoixpourhurlermonprénom.

Jel’entendisdéglutiretlapeaudesoncouseparadechairdepoule.Jedéposaiunnouveaubaiser,justesursacarotidepalpitante.

–Maispasdevantlachambredemafille.Etpassituappartiensàunautre,ajoutai-jeenm’assurantquesonregardétaitbiensoudéaumien.

–Tum’asmanqué,avoua-t-elledoucement.–Tum’asmanquéaussi.Allonsdanslesalon,proposai-je.Aprèsavoirversésonchocolatdansunmug,jel’amenaiàAnna,quiétaitenpleinecontemplation

demesquelquesphotosdefamille.–C’estmamère,expliquai-jeenluitendantsaboisson.–Vousvousressemblez.Danslapénombre,jedevinaisonsourirehésitant.Ellebutunegorgéedesonchocolat,sonregard

toujoursfichédanslemien.Quandelleposasonmugsurlatable,jepassaimonpouceau-dessusdesabouche,effaçantunetracepersistantedelait.

–Combiendetempsrestes-tu?demandai-je.–Tutiensvraimentàcequejeparte!–Aucontraire.Maisj’aibesoindesavoiràquoi…m’attendre.–Pourquoi?murmura-t-elleenapprochantdemoi.–Pournepasmesentirminabled’icideuxjours.Oudévasté.Ouencolère.–J’aiditquej’allaistenirmapromesse,Mark.Tun’avaisaucuneraison…–Tuesvenuepourelle?lacoupai-je,abruptement.– Pour être honnête, c’est ce que je me serine depuis que j’ai pris l’avion. Je me trouve des

prétextes,jemecherchedesexcuses,je…jemedisquetoutcelan’estpasréel.Quandj’aiappelé,j’aipresqueespéréquetunedécrochespas.

–Pourquoi?soufflai-je,médusé.– Parce que… je n’ai jamais souffert dumanque,Mark. Jamais. Je prends l’avion, je fais mon

métier,jedorsdansdeshôtels,j’appellemonpère,monfrère,Jim.Maisjamaisjenesouffred’êtreloind’eux,loindechezmoi.Jamais,saufdepuistoi.Sauf,avectoi,ajouta-t-elle,lavoixétranglée.

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Malgrémoi,jesentisunsouriresurmeslèvres.Jeprislamaind’Annaetl’attiraisurlecanapéavecmoi.Ellesecalacontreunaccoudoirpendantquejem’asseyaisprèsd’elle.

–C’estcommesi…j’avaisdécouvertunmondeetqu’onmel’avaitconfisquébrutalement.JesuisvenuecinqfoisàSeattledepuis…Chicago.

J’encaissail’information,canalisantlacolèresourdequigrondaitenmoi.Commentavait-ellepu?Commentavait-ellepuveniricietnerienfaire?Jenecomprenaispaspourquoielleavaittantattendu.Jecomprenais encore moins comment elle avait pu nous faire perdre autant de temps. Elle s’approcha,encadrantmonvisagedesesmains.Jelafixaiardemment,espérantcomprendrecequ’ellefaisaitici.

–Pourquoicesoir?demandai-je.–Tonregard,avoua-t-elle.Ettesmains.C’estcequimehantedepuistoutcetemps.–Uniquementmesmains?–J’aimetesmainsetj’aimel’hommequetues.Elle caressames paumes, souriant d’un plaisir vrai et sincère. Ses doigts effleurèrent les petites

callosités,me tirant un frisson. Je refermaimamain autour de la sienne et nos doigts s’entremêlèrentnaturellement.

– Et j’aime la façon dont tu me regardes. Mais le manque… je t’ai détesté pour m’avoir faitconnaîtreça,sourit-elle.

–Jet’aidétestéeaussi,soufflai-jeenamenantsamainàhauteurdemabouchepourl’embrasser.–Tunepeuxpasm’avoirautantdétestéequejet’aidétesté.C’estimpossible.– Je t’assurequec’est tout à faitpossible. Je t’aidétestéechaquenuitunpeuplus fort.Et çane

risquepasdesecalmeravantunlongmoment.–Commentfait-onalors?Jeveuxdirepourgérerça?–Lemanque?Jenesaispas.Onfaitavec.Ça,oujeteligoteetjet’enfermequelquepartdanscette

maison.–Lasecondeoptionesttentante.–Nemedéfiepas.Elle se libéra demamain et, sans rien dire, grimpa à califourchon surmes cuisses. Son visage

s’éclairad’unsourireradieux,pendantquemesmainsagrippaientsesjambes.–Tuasencoreceregard,rit-elle.–Quelregard?–CeluideChicago.–Oh…Celuiquidit«jeveuxcettefemme»,plaisantai-je.–Tumeveux?– Anna, je n’ai jamais voulu quelqu’un autant que toi. Surtout maintenant que tu es… sur mes

cuisses.Maisj’aibesoindesavoir.–Savoirquoi?–Pourquoias-tumisautantdetempsàvenirici?Pasquel’idéemedéplaise,corrigeai-jeaussitôt,

maisj’aicru…j’étaispersuadéquetuappelleraislelendemain.–C’estunpeuprésomptueux,semoqua-t-elle.–J’admets.–Maisj’aifaillilefaire.Audépart,j’aimisnotrenuitsurlecompted’un…commentdit-ondéjà?–Unmomentd’égarement?tentai-je.–Oui.«Unmomentd’égarement».Cetargumentesttellementpratique.Mais,enyréfléchissant,je

n’aipaslasensationd’avoirperduquoiquecesoitcettenuit-là.Jet’aitrouvétoi.AvecLiz.Ellepassasamainsurmajoue,sesdoigtss’attardantsurmabarbeunpeupiquante.

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–Jeveuxqueturestes,murmurai-je.Ici,avecmoietLiz.–Mark,je…–Quitte-le,lacoupai-jedansunesupplique.Elleavançasoncorpsversmoi,posantsesmainssurmesjoues,avantdeplantersesyeuxdansles

miens.–Crois-turéellementquejeseraisicisijenel’avaispasfait?–Jenesaispas.Personnellement,j’aidumalàcroirequ’ilt’aitlaisséepartir,murmurai-je.–Ilnem’apasproposédemeligoter,s’amusa-t-elle.Etilnem’ajamaisregardéecommetulefais

maintenant.–Anna,je…–Touche-moi,m’intima-t-elledansunmurmure.Je remontai lentementmesmains sur seshanches, puis sur ses côtes, effleurant sapoitrine, avant

d’atteindrelepremierboutondesonchemisier.Jeledéfisdoucement,m’assurantquelestremblementsd’Anna étaient bien un effet de l’anticipation et en aucun cas de la peur. Le deuxième céda, puis letroisième,medévoilantsapoitrinemaintenuedansunsoutien-gorgenoir.

J’embrassaisagorge,descendantlentementverssesseins.Jel’entendisgémir,soncorpssecambrapours’offrircomplètementàmoi.Je la redressai,unedemesmains la retenantàhauteurdeses reins,avantdel’attirercontremoi.Ellemefitunfaiblesourire,lesyeuxmi-clos,etagrippamonsweatpourmeleretirer.

Elle le jeta derrière elle, puis passa ses mains sur mon torse pour s’arrêter au niveau de montatouage. De l’index, elle caressa le dessin, son visage s’illuminant d’un sourire magnifique. Elle sepencha et déposa un baiser sur ce même carré de peau, m’électrisant tout à fait, avant de remonterlentementsurmagorge,monmenton,puismeslèvres.

–Mesétoiles,souffla-t-elle,tandisquesesdoigtstraçaientdescerclessurmontorse.Ellem’embrassa de nouveau, ses lèvres attaquant lesmiennes avec une possessivité inédite. Sa

languedomptalamienne,soncorpsondulaitcontrelemienetpourtant,elleavaittoujourslapaumedesamainfarouchementposéesurmontatouage.

–Anna…arrête.–Pourquoi?–Parcequejesuisàdeuxdoigtsdetefairel’amoursurlesol,expliquai-jetoutenlarenversantsur

lecanapé.–Tun’aspasenvie?–Nemefaispascroirequetunesenspasmon…envie,souris-jeenaccentuantlapressiondemon

bassincontrelesien.Elle gémit lourdement, ce qui eut pour effet immédiat de m’exciter davantage, le tissu de son

chemisier s’écartant un peu plus largement. De nouveau, j’embrassai ses seins, m’attardai sur leurspointes érigées à travers le satin de sous-vêtements. J’étais sur le point de céder, sur le point de luiarrachersonjeanetdefairecequemoncorpshurlait.Jedéfislestroisderniersboutons,repoussailespansdesonvêtement.Mabouche reprit sonchemin,descendant sur sonestomac, titillant sonnombril.Les mains d’Anna s’accrochaient à mes cheveux, massant parfois mon cuir chevelu, m’envoûtantcomplètement.

Sonodeursucréem’enivraittotalementetjemesurprisàdéfairelepremierboutondesonjean.Ellecessadanslasecondedebouger,etjerelevailesyeuxverselle.Ellemefixait,haletante,offerte,prêteàsuccomberàsondésir.Jemeredressaietmemisàhauteurdesesyeux.

–Jeveuxunrendez-vous,soufflai-je.

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Elleéclataderireetsecoualatête.J’enprofitaipourembrassersoncou,metenantvolontairementéloignédelabretelledesonsoutien-gorge.

–Tuesdifficileàsuivre,murmura-t-elle.–Jet’assurequenon.Jeveuxunrendez-vous.–Oui.Ettudisaussiquetuneveuxpasmefairel’amour,toutencontinuantàmedéshabiller.–Jenevoispasenquoic’estcontradictoire.–Pascontradictoire,justecruel.–Jenesuispascruel.Etjeveuxtoujoursmonrendez-vous.–D’accord.Demainsoir?–Demainsoir,approuvai-je.Maintenant,laisse-moi…êtrecontradictoire.Jeglissaimesmainssursoncorps,revenantàlafermeturedesonjean.Jedescendislentementle

zip,relevantrégulièrementlesyeuxsurelle.Ellemefixait, lesjouesroses,sapoitrinesesoulevantunpeutropvite,lesbrascroisésau-dessusdesatête.Jetiraisursonpantalon,etellesoulevaleshanchespourm’aiderdansma tâche. Jedécouvris sa culotte, aussi endentellenoire. Je jetai le jeanaumêmeendroit que mon sweat pendant que mes lèvres continuaient à courir sur sa peau, en direction de lanaissancedesescuisses.Jelasentisfrémir,sapeauréagissantautomatiquementaucontactdemabouche.

Elle se tendit quand mon visage parvint à hauteur de son intimité. De nouveau, nos regards secroisèrent.Mêmeavecsonsous-vêtement,jesentaisleparfumdouxdesonexcitation.Jeposaiunbaiserfurtifsurletissuavantderemonterjusqu’àsabouche.

–Tuescruel,souligna-t-ellejusteavantdem’embrasser.–Jet’assurequenon.Elleeutunpetitsourireemplid’ironieetsonregards’illumina.Sansquittermesyeux,elleposasa

main sur sa poitrine et, du bout de l’index, effleura son sein droit, passant sous le tissu. Mes yeuxs’arrêtèrentsursagorge,sapeau,devinantqu’elletouchaitsespointesdansunetentatived’apaisement.Elle gémit, murmurant mon prénom, pendant que mon sexe, douloureusement tendu, réclamaitsoulagement.

–Continue,murmurai-je,fasciné.–J’ail’habitude.–Vraiment?m’étonnai-je.–DepuisChicago.Chaquenuit.Dèsquejepenseàtoi,çafinit…commeça,haleta-t-elle.J’attrapaisamainetl’embrassaidoucement,avantdesuçoterleboutdesonindex.Jamaisjen’avais

vuunechoseaussiérotiqueetexcitante.Ellepensaitàmoi,secaressaitenscandantmonnom.– Je ne veux pas te faire l’amour ce soir. Je… Je veux faire ça bien.Mais, je peux toujours te

toucher.–Tuasbesoindetoucher,merappela-t-elle.–Oui.Laisse-moim’installer.Jemeglissaisurmonflanc,mecalantentresoncorpsbrûlantetlescoussinsducanapé.Jeposaima

main sur sonestomac, effleurai sapeauclaire.Elleeutun long frisson, sesyeux se fermèrent,puis sarespirationsesaccada.Mapaumelacaressalonguement,passantsursonventre,surseshanches,avantderemonter vers sa poitrine, puis sa gorge.Mon bassin frottait contre sa cuisse et, très vite, samain sefaufilaverslesboutonsdemonjean.

JecessaidebougerpourobserverAnnaouvrirmonpantalonetlerepoussersurmescuisses,avantque je ne m’en débarrasse complètement. Quelques secondes plus tard, la main d’Anna passa sousl’élastiquedemonboxer,mefaisanthaleterautomatiquement.

–Anna,tun’espas…

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–Dis-moi,murmura-t-elle,enembrassantmeslèvres.Dis-moisituaspenséàmoicommeça.Elle referma sa paume brûlante autour de moi, me tirant un grondement guttural. Elle m’avait

manqué.Mêmelà.– Oui, hoquetai-je, tout en songeant aux multiples fois où j’avais dû me soulager comme un

adolescent.–J’airêvédetoi,avoua-t-elle.Assezviolemment.Sa main glissa sur mon membre, imprimant un rythme lent et délicieusement douloureux. Ma

respiration s’accéléra et j’en oubliai ma propre main, toujours sous son nombril, prête à prendrepossessiondesonintimité.

–Anna,jeneveuxpas…–Chut.Etellemefittaireavecunbaiserdouxettendre,toutencontrasteaveclacaressedeplusenplus

rapidequ’ellem’offrait.Elleralentit, lâchamonsexeet,duboutdesdoigts, titillamestesticules.Monventresecontracta,et jedusretenirunorgasmesalvateur.Déterminéàluirendrelamêmeattention,jepassaimamainsoussaculotte,trouvantsonintimitéparfaitementlisseethumide.Annacessadebouger,samainseresserraautourdemonmembre.Monindexetmonmajeurlongèrentsafente,lataquinantavecmalice.Ellemurmuradenouveaumonprénom,sesreinssecreusantd’envie.Sespliss’écartèrentsousmamainpourm’ouvrirunpassageverssonintimité.Jeplongeaimesdoigtsenelle,luiarrachantuncrideplaisir.

–Anna,bébé,nousnesommespasseuls,lagrondai-jeencessantimmédiatementdebouger.–Pardon,s’excusa-t-elledansunsouffle.–Nousseronsseulsdemainsoir,etjeteferail’amouràmêmelesol.C’estpromis,assurai-je.Ellerouladeshanches,tentantd’alleretvenircontremesdoigts.–Impatiente?–S’ilteplaît,gémit-elle.–Caresse-moi,murmurai-je.Vite.Elle s’exécutadans la seconde, sapaumechaudecoulissant surmonsexeàun rythme frénétique.

Mesdoigtsallaientetvenaientenelle,sesjouesrougissaientencoreplus.J’avaistoujoursaimévoirlesfemmesprisesdansleurenvie,dansleurdésir.MaisavecAnna,c’étaitencoreplusviolent.Soncorpsrépondait si facilement au mien ; ses hanches roulaient parfaitement en rythme, ses gémissementsm’indiquaientcequ’elleaimait.

–Anna,je…jenetiensplus,soufflai-je.Retiretamain.–Non…Monorgasmeéclatadanslasecondeetjemerépandissursesdoigts,enmordillantsonépaule.Mon

pouces’activasursonclitorisetjefusrécompenséparungémissementappréciateur.J’allaisetvenaisenelle,lesilencedelapièceàpeinetroubléparlafrénésiedenoscorps.Annasecambradenouveau,sesseinspratiquementéchappésdesonsoutien-gorgelaparantd’unesublimeauraérotique.Ellecollasonpoingcontresaboucheetsonintimitépalpitanteseresserrabrutalementautourdemesdoigts.

J’entendisdistinctementmonprénom,puisellefermalesyeuxettentadereprendresarespiration.Jeretiraimamain,tandisqu’Annaselovaitcontremoi,satêtenichéedansmoncou,samainàplatsurmontatouage.Jenouscouvrisduplaidquiservaithabituellementàmafilleetfermailesyeuxunecourteseconde.

***

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Ouunpeupluslongtempscarlorsquejerouvrislesyeux,lalumièreéblouissantedusoleilinondaitlesalon.

–Papa?Jegrimaçaietémisunfaiblegrognement;moncerveau,pritdanslesbrumesdusommeil,refusaitde

réagir.Jeclignaidesyeuxetpassaiunemainsurmonvisage,avantdem’enfoncerdansl’undescoussinsducanapé.C’estàcetinstantquemesneuronesseremirentenmarche.

Sipendantunesecondej’avaiscruàunrêveultra-réalisteetd’unecruautésansnom,laseuleodeurpersistantedesonparfumsurleplaidautourdemoimefitcomprendrequej’avaistort.Elleétaitlà.

Jemeredressaibrusquement,paniqué,tournantlatêteentoussensàlarecherched’Anna.Lapetitesilhouetted’Elizabeth,cheveuxemmêlésetmefixantd’unaircurieux,accrochafinalementmonregard.

–Tut’esendormienregardantunfilm?s’inquiéta-t-elleengrimpantàmescôtéssurlecanapé.Jepassaimamaindanssescheveux,cherchantuneexplicationà luidonner.Jenevoulaispas lui

mentir,maisluidirelavéritémesemblaitencoretropcompliqué.Jem’enroulaiconsciencieusementdansleplaid,refusantd’envisagerlapossibilitéquemafillemetrouveàmoitiénu,dansmonboxersouillé.

–C’estcequ’Annaadit,lâcha-t-ellefinalement.–Oh…Ehbien,sic’estcequ’Annaadit,soupirai-je,encontinuantdedémêlersachevelure.–Tusavaisqu’elleallaitvenir?–Non,jenesavaispas,moncœur,murmurai-je.–C’estunesurprisealors?–Unesurprise,oui,approuvai-je.Uneexcellentesurprise.JerepensaifurtivementàmanuitavecAnna,ànotreconversation,àsesaveux,etunesensationde

bien-êtrem’étreignittoutàfait.Jeregrettaijustedenepasavoireulachancedemeréveilleràsescôtés.Mafilleselovadansmesbras,m’offrantsonhabituelcâlinmatinal.Duboutdel’index,ellecaressamontatouage,l’odeurdesonlaitcorporel–unmélanged’amandedouceetdevanille–flottantautourdemoi.

–TanteAbbym’aditquetuavaisétéadorable,soufflai-je.– Elle m’a appris à coller des paillettes sur les robes de ma Barbie, s’enthousiasma-t-elle en

s’écartantlégèrementdemoi.EtonamangédelaglacedevantLaBelleetlaBête.–Laisse-moideviner,laglaceauchocolatavecdesmorceauxdecookies?Elleopina frénétiquementdu chef tandisque sesyeux s’agrandissaientdegourmandise. Je souris

largementdevantl’expressiondejoiepuredanssonregard.Sonventregargouillafinalement,indiquantlafindenotreséquencecâlin.Elizabethsedégageademonétreinteetquittalecanapé.

–Vadanslacuisine,j’arrive,indiquai-jeencherchantduregardmonjean.Dèsquemafillefuthorsdusalon,jemelevaietrécupéraimonjean.Lesvêtementsd’Annaetles

miensgisaientencoreausol,seulesmarquesvisiblesdenosretrouvaillesdelanuitdernière.Laprésenced’Elizabethmefaisaitgarderlespiedssurterre.BienquejebrûlaisdesavoiroùétaitAnna,mafille–notreroutine,notrequotidien,l’école–restaitmapriorité.JerassemblainosvêtementssurlecanapéetretournaidanslacuisineoùLizm’attendait.

–Tusaisoùpaparangetonbol?demandaAnnaenouvrantlesplacardsdevantelle.–Juste là, lui indiquaLizenpointantsondoigtsur lederniersursagauche.Lescéréalessontau

milieu.Dostourné,AnnaposaleboldeLizsurleplandetravaildevantelle.Brascroiséssurmontorsenu,

appuyécontrelemur,jelacontemplai.J’étaispresquefascinéparsaconcentrationpourpréparerlepetitdéjeuner de ma fille. Elle avait dû prendre une douche, si je me fiais à ses cheveux humidesgrossièrement rassemblésdansunepince.Unsourires’étirasurmes lèvres,enconstatantqu’elleavaitprispossessiondemonmaillotdefoot,quicouvraitsesfessestentatricesemprisonnéesdanssonjean.

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Elle ouvrit le placard central, découvrant une panoplie de boîtes de céréales à faire pâlir lesupermarchéducoin.Elleeutunmomentd’arrêtetsetournaversLiz,sourcilsfroncés.

–Laisse-moideviner…Rizsouffléauchocolat?Elizabeth applaudit avec joie et j’aperçus les épaules d’Anna s’abaisser doucement, comme si

tomber juste sur les céréales dema fille la soulageait.Cette dernière alla s’installer sur son tabourethabituelpendantqu’Annaversaitlescéréales.

–Dulait,marmonna-t-elleenouvrantleréfrigérateur.–Enbas,danslaporte,luiindiquaLizenriant.–Oui.Évidemment.Ellepritlabouteilledelait,récupéraleboldecéréalesetpivotaversLiz.Etversmoi.Ellesefigea

uncourtinstant,surprisedemevoirlafixer.D’unlégermouvementdetête,jel’enjoignisàpoursuivreetrisquai un petit sourire heureux. D’une main tremblante, elle versa le lait pour Liz et se recula,l’observantpendantqu’elledéjeunait.

Quandsesyeuxsedirigèrentversmoi,jecomprisquequelquechoseavaitchangé.LaAnnadecettenuit était confiante et sûre de ses choix, celle de cematin semblait perdue, presque paniquée. Jemeredressai,contournail’îlotetavançaiverselle,monregardverrouilléausien.

–Bonjour,murmurai-jeavantdeposerunbaisersursonfront.–Bonjour,souffla-t-elle,endétournantleregardversLiz.–Biendormi?l’interrogeai-je.–Je…oui.–Papat’aprêtésonlit?demandabrutalementLiz.Anna rougit furieusement, pendant que j’étouffais un rire derrière ma main.Ma fille nous fixait

alternativement,attendantuneréponsesimpleàsaquestioninnocente.–Oui,moncœur,approuvai-je.C’estpourçaquepapaadormisurlecanapé,continuai-je.–Cen’estpasàcausedufilm?–Euh…si,aussi,répondis-je,mortifié.Mangetescéréales.–Est-cequejepeuxavoirdujusd’orange?demandaElizabeth.– Bien sûr mon cœur. Anna, les verres sont juste à côté de toi, lui indiquai-je en ouvrant le

réfrigérateur.Elle attrapa un verre près d’elle et me le tendit. À dessein, j’entourai le verre de ma main,

recouvrant ainsi la sienne, avant de verser le jus de fruits.Anna eut enfin un sourire et son visage sedétenditlégèrement.JeposaileverredevantLiz,avantdejeterunœilàl’horloge.

–Est-cequetuveuxboirequelquechose?demandai-jeàAnna.–Unjusdefruits,çaseraparfait.–Toasts?–S’ilteplaît.Annas’installaprèsdeLiz,tandisquejelançaisunefournéedetoastsetluiversaissaboisson.Je

posaiuntroisièmeverredevantmoi,avantd’enprendreunepetitegorgée.–Tuvasvoirunmatch?s’enquitLizauprèsd’Anna.Cettedernièrefronçalessourcils,avantdesetournerversmoi,sanscomprendre.Denouveau,un

rirem’échappa.Elizabethavaitl’artdemettrelesgensmalàl’aise.–Annan’avaitpasdeT-shirt,alorspapaluiaprêtésonmaillot,moncœur.–Maistudistoujoursque…–C’estvrai,lacoupai-jedoucement.Maislarègles’appliqueàtoi,pasàAnna.–Quellerègle?murmuraAnna.

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–C’estinterditdeprendrelemaillotdepapa,déclamaElizabeth,labouchepleinedecéréales.Annaécarquilla lesyeuxetdenouveau, ilyeutcettepetite lueurdepaniquedansson regard. Je

posaimamainsurlasiennepourlarassurer.–La dernière fois qu’elle a pris l’un demesmaillots, elle a trouvé lemoyen de le découper et

d’habillerWinnieavec.Jedoutequetuenfassesautant.–Mark,sicelaposeproblème…–Non,jet’assurequenon.Jetrouveçaplutôtsympadetevoiravec,souris-je.Letoasteurrecrachanostartinesetjelesposaidansuneassiettesurl’îlot.Duréfrigérateur,jesortis

de la confiture et du beurre de cacahuète.En le voyant,Anna se lécha les lèvres, trahissant ainsi sonappétit,avantdefondredessus.

–J’admets,c’estunegrossefaiblesse,admit-elleenmevoyantlafixer.J’adoreça,çamerappellemonpère,expliqua-t-elleenouvrantlepot.

Je la regardai étaler avec application le beurre de cacahuète sur son toast pendant qu’Elizabethengloutissaitsescéréales.JebarbouillaiuntoastdeconfiturepourmoietéchangeaiunsourireavecAnnaalorsquenousmordionstouslesdeuxdansnostoastsrespectifs.

La situation était étrange.D’un côté, il y avait cet aspect familier, facile d’être avecma fille auréveil.Laprésenced’Anna–pasvraimentuneétrangère,maispresque–n’affectaitenriennotrepetitéquilibrefamilial.D’unautrecôté,lasituationsemblaitsurréaliste.Nousétionsentraindepartagerunpetitdéjeuner,alorsquenousn’avionsaucuneidéed’oùallaitnotrerelation.Lapenséequ’elleresteici,indéfiniment,metraversal’esprit.

–Est-cequeturesteslongtemps?demandaElizabeth,interrompantainsimespensées.Annaavalarapidementsabouchée,avantdemelancerunregard.Surcepoint, jenepouvaispas

l’aider.C’étaitàelledeprendreunedécision.–Jenesaispasencore,Liz.–Papapeut teprêter encore son lit, si tuveux.Et il pourradormir avecmoi.C’est cequ’il fait

quandjesuismalade.–C’estarrivédeuxfois,corrigeai-jerapidement.–Jenesaisvraimentpascombiendetempsjereste,Liz.Etjenepeuxpasmepermettredetoujours

volerlelitdetonpapa.Je manquai de m’étouffer avec mon toast et Anna camoufla le rougissement de ses joues en

plongeant lenezdans sonverrede jusd’orange.Elizabethnous fixa, interloquée,avantdehausser lesépaules. Elle finit ses céréales rapidement et je l’expédiai à la salle de bains pour sa toiletteréglementaire.Annadébarrassal’îlot,déposantverresetboldansl’évier.

–Est-cequeturesteslongtemps?demandai-jeàmontour,unpeuinquiet.–Jenesaispasencore,répondit-elleenpivotantversmoi.–Jeveuxlavraieréponse.–C’est«lavraieréponse»,contra-t-elle.Jenevoulaispasluimentir.Est-cequetuveuxmeprêter

tonlit?demanda-t-elleensouriant.–Çapeuts’arranger,murmurai-jeenplaçantmesbrasautourdesataille.J’enfouismatêtedanssoncou,sentantl’odeurdemongeldouchesurelle.Elleémitunlégersoupir,

avantdeposersesmainssurmanuque.Meslèvresfrôlèrentsapeau,pendantquemesmainsglissaientsous mon maillot, remontant lentement dans son dos. Un sourire s’étira sur mes lèvres en ne sentantaucuneautrebarrièredetissu.Annagémitdoucement,soncorpssecambralégèrementcontrelemienetses doigts caressèrentmes cheveux.Ma bouche longea la ligne de samâchoire, avant d’atteindre ses

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lèvres entrouvertes. J’y posai un baiser furtif tandis quemes doigts pianotaient le long de sa colonnevertébrale,provoquantunfrissonnementdesoncorps.

Je soudai mon front au sien, l’observant, les yeux clos, le souffle court, les pommettes un peurouges.Jelaissaimesmainserrersursapeautièdeetsoyeuse,mepromenantsursesreins,glissantsurses côtes, avant d’effleurer sa poitrine. Son visage s’éclaira d’un sourire heureux. Ses traits sedétendirentfinalement,sarespirationdevintplusrégulière,pluscalme.

–Toietletoucher…,souffla-t-elle,avecunnouveausourire.–Çarendleschosesréelles,expliquai-je,mesmainsenserrantsataille.–Tuaspeurquejenelesoispas?s’enquit-elleenplongeantsonregarddanslemien.–Jen’aijamaiseuaussipeurdequelquechose,murmurai-je.–Jenevaispasm’évaporer.–Pastantquejetetiens,eneffet,assurai-jeenraffermissantmaprisesurelle.Jel’attiraibrusquementcontremoi,unpetitcridesurprises’échappantdesagorge.Mesmainsse

placèrentdans lecreuxdesondos, justeau-dessusdeses fesses.Sarespirationredevintdifficile,sonsoufflemourutdansmoncou.Jepositionnaimaboucheàquelquesmillimètresdesonoreille,sescheveuxhumidesmechatouillantlapeau.

–Parailleurs,tumedoisunrendez-vous,chuchotai-je.–Quetum’assoutiréhonteusement,contra-t-elledansunrire.Je m’écartai, observant son visage serein, ses yeux brillants de joie, son sourire lumineux et

contagieux.–Cen’estpaslaseulechosequejecomptetesoutireraujourd’hui,lamenaçai-jeavecdouceur.–Aurais-tudesprojets?–Destas.Enparticulieravectoi.Dîneavecmoicesoir,proposai-je.–D’accord, souffla-t-elle en rougissant. Robe noire et talons hauts ? suggéra-t-elle en levant un

sourcil.–Ettum’accusesdefairecertaineschoseshonteusement?– Ce n’est pas honteux ! C’est… une sorte d’uniforme. Rendez-vous galant, donc robe noire,

expliqua-t-elledansunelogiquetouteféminine.– Il faut que je te présenteAbby, souris-je.Quelque choseme dit que vous allez très bien vous

entendre!–Papa!Tufaismescheveux?demandaElizabethderrièremoi.Anna souriait toujours quand je m’écartai d’elle pour poser ma fille sur le bar. Je vaporisai le

démêlantsursalonguechevelure,coinçail’élastiqueentremesdentsetrassemblaisesbouclesdansmonpoing.JesentisAnnapasserderrièremoi,sesdoigts longeant laceinturedemonjean.Je lui lançaiunregardbrûlantauquelelleréponditparunsourire.

–Annam’amèneàl’école?demandabrutalementElizabeth,mestoppantnetdansmondémêlage.Annaetmoiéchangeâmesunregardperduetunmomentdeflottementetdesilencegênants’installa

danslapièce.J’avaisparfaitementconfianceenAnnapouramenerElizabethàl’école,maiscesimplefaitrendait,enquelquesorte,notrerelationtrèsofficielle.

–J’enseraisravie,lançafinalementAnna.–Anna,tun’as…–Si,si…Tuasbesoind’unedoucheetmoi,jesuisquasimentprêtedetoutefaçon,mecoupa-t-elle

vivement.–Super!s’exclamaElizabeth,sonravissementparfaitementaudible.–Tunesaismêmepasoùc’est,contrai-jeenregardantAnna.

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–Jesuiscertainequ’Elizabethsauram’indiquerlechemin.N’est-cepas,mapuce?Cette dernière opina furieusement du chef, un air extatique sur le visage.Anna sourit à son tour,

récupérantseschaussuresdanslesalon.Ellerevintdanslacuisineets’accoudaàl’îlotpourm’observerbrosserlescheveuxdemafille.

–Jesuisimpressionnée,murmuraAnna.– Question d’habitude, balayai-je. Mais j’aime l’idée de t’impressionner, repris-je. D’ailleurs,

j’aimeraistemontrerquelquechoseaujourd’hui.–Oh…papa,tuvasluimontrer…JebâillonnairapidementElizabethdelamain,lafaisanttaire.Elleritcontremabouchealorsqueje

luifaisaislesgrosyeux.Annanousobservait,intriguée.–C’estunesurprise,dis-jeàmafilleenlalibérant.–PourAnnaaussi?s’étonna-t-elle.–SurtoutpourAnna!répondis-je,monregardglissantverslaprincipaleintéressée.–Unesurprisepourmoi?–Peut-être,murmurai-je.–Papaditqu’ilfautêtresagepourlessurprises,déclaraElizabeth,trèssérieuse.–Jevaisfaireensorted’êtretrèssagealors.Jereprismatâche,nouantlescheveuxdemafilleavecfacilité.Laforcedel’habitude,songeai-je.

JedescendisElizabethdel’îlot,luidonnantcinqminutespourenfilerseschaussuresetsonmanteau.–Tuessûrequeçanetedérangepas?l’interrogeai-jeenmepenchantàsahauteur.–Aucunement.Detoutefaçon,ilfautquejepasserécupérermesaffaires.J’aiundînercesoiretje

nepeuxdécemmentpasmeprésenterainsi,expliqua-t-elleavecunsourire.–J’aimepourtantbeaucoupcettetenue.Enparticuliercemaillotsurtoi.–J’espèrequeçanetegênepas,murmura-t-elle,soudainementembarrassée.–Jet’enfaiscadeau,situveux.Elleme fit un léger sourire avant de déposer un baiser surmes lèvres. Puis un deuxième, et un

troisième beaucoup plus appuyé. Sa langue caressa ma lèvre inférieure, m’invitant à un baiser pluslangoureux.Mon sourire passa sur ses lèvres et quand elle s’écarta, presque timide, son visage étaitrayonnant.

J’effleuraisajoueduboutdel’index,sentantsapeaufrémiràmoncontact.Plusjelaregardais,plusjesentaisquequelquechosed’inexplicablesepassait.Ilyavaitcetteformed’attractionparticulièremaisaussi son sourire incertain, ses réactions spontanées. Au-delà de ça, il y avait son regard brillant,lumineux,pur.C’étaitçaquiavaitchangéentreChicagoetSeattle.Sonregardauparavantvoilé,fuyant,s’étaitéclaircietmefixaitavecunedésarmanteardeur.

–Tuaschangé,murmurai-je.–Parrapportàhier?–ParrapportàChicago.–Jeneconsidèrepascechangementcommeunemauvaisechose,remarqua-t-elle.–Moinonplus.Çaterendencoreplus…jolie.–Dis-m’enplussurlasurprise,souffla-t-elle.–Horsdequestion.–Jenegèrepasbienlessurprises.–Vraiment?Etnotrerencontrealors?plaisantai-je.–Notrerencontrefaitexception,admit-elle.Toutcommetoi.Maisdemanièregénérale,jen’aime

paslessurprises.Jesuisou…muetteoutétanisée.

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–C’estbonàsavoir,souris-je.–Donc,tuattendsuneréactiondemapartàtasurprise?–Pasvraiment.J’aijusteenviedefanfaronner.–Parfait.Maintenant,j’aivraimentpeur,lâcha-t-elle,amusée.–Ilnet’arriverarienavecmoi,assurai-je.Entoutcas,rienquetuneveuillespas.–Cequim’inquiète,c’estcequetuveuxdemoi.Oucequetuattendsdemoi.–Nousenparleronscesoir.Pourl’instant,jecroisquetun’espasprêteàl’entendre.Sans lui laisser le temps de répondre, je plaquai un dernier baiser sur ses lèvres, avant de me

redresser.Jesentissonregarddansmondosetdevinai,ausilencedelapièce,qu’elledevaitréfléchiràtouteallure.Elizabetharrivadanslacuisineentrombe,nousrappelantqu’elledevaitalleràl’école.

–Lescléssontdansl’entrée,indiquai-jeàAnnaalorsquemafillevenaitdansmesbras.SoissageavecAnna.EtaussiavecMmeEmming,luirappelai-je.

Elleplissasonnez,avantd’acquiescer.–Grand-mèreviendratecherchercesoirettupasserasleweek-endlà-bas.–MaisjeneverraispasAnna!s’exclama-t-elle,déçue.–Jeserailàdimanchesoir,larassuraAnna.–Vraiment?m’étonnai-jeenreposantmafilleausol.–Vraiment.Crois-tuêtre le seulà savoirménager teseffetsde surprise? s’enquit-elle, avecune

pointedesarcasme.– Visiblement non, concédai-je en approchant d’elle. Dépose Elizabeth, récupère tes affaires et

viensmerejoindreaubureau.L’adresseestprogramméedansleGPS.J’embrassaiAnnasurleslèvres,etlesyeuxd’Elizabeths’écarquillèrent.Annacaressafurtivement

montorse,pressantmontatouageduboutdesdoigts.–Etgardelemaillot,jeneveuxpasquetuattrapesfroid.Elles’écarta,mejetaundernierregardetElizabethcalasapetitemaindanslasienne.Jelessuivis

duregard,réalisantquec’étaitlapremièrefoisquequelqu’und’autrequemoiamenaitmafilleàl’école.Jesourisensongeantàmasurprise.Surpriseimprovisée,certes,maisquimesemblaitappropriée.

Parailleurs,j’avaistoujoursdansl’idéedegarderAnnaici.Définitivement.Après avoir pris ma douche et rangé salon et cuisine, je me décidai à gagner le garage pour

récupérermamoto.Jem’enservaisrarement,surtoutàl’occasiondeviréeavecJosh.Devenirpèredefamillem’avaitpousséàêtreplusprudentetpluspragmatique.Etpuis,unsiègeautone tenaitpas là-dessus.

Jerécupéraiunvieuxcuir–celuiquejeportaisquandj’avais16ansetquejerefusaisdejeter–etenfilai celuiqu’Abbym’avaitoffert àNoël.Encoreunpeu tropneufàmongoût,maisparfaitpourcematin.J’attrapaiunsacàdos,leremplisdetoutlenécessairepourcemidietrejoignismonbureau.

Enyentrant,lecasquetoujoursvissésurmatêteetlesacàdosàlamain,jetombainezànezavecJosh.Son regardcurieuxnaviguademonvisageàmonsac, avantde reveniràmoncasque. Il levaunsourciletunsouriremoqueursedessinasurseslèvres.

–EasyRider?lâcha-t-ildansunrire.–Trèsdrôle,dis-jeendéfaisantlajugulairedemoncasque.Jedéposaimonsacsurmonbureau,Joshyjetantunœilsansaucunegêne.–Duvinetdubeurredecacahuète?Tumefaistadansedelaséduction?s’exclama-t-il.Ilsepenchaversmoietfronçalenez.Jesoupirailourdement,retirantmavesteencuirdansungeste

las.–Parfumenlieuetplacedel’after-shavehabituel.Ettuasunairextatiquesurlevisage.

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–Ettoituasl’aircrasseux,ripostai-je.–Monaircrasseuxn’estpasunenouveauté,enrevanche,tonairextatiqueestaussifréquentquele

passagedelacomètedeHalley.–Depuisquandtut’yconnaisenastronomie?m’étonnai-jeenm’installantderrièremonbureau.–C’estessentielpourladrague.Etcelanouséloignedusujetquinousintéresse,merappela-t-ilen

medésignantdel’index.Je réprimaiunsourire. J’étaisagacéqu’il lise si facilementenmoi,pourtant j’avaisenviede lui

dire.Annaétaitlàetj’étaisheureux.–Hier, tuétaisaussigrognonquemoiaprèsunenuitsanssexe;etcematin, tues…unesortede

princessedecontedefées.J’aipeurquetutemettesàchanter«Chante,rossignol,chante».–Josh,jesaisquetulachantesavecElizabethquandturegardesCendrillon.–Cendrillonestunegourdeettoi…tuaspristamoto.Donctavoitureestenpanne.Ettavoitureest

enpanneparceque…,commença-t-ilenespérantquejefournisseuneexplication.–Mavoituren’estpasenpanne,répondis-jeenm’esclaffant.–Lemystères’épaissit,commentaJoshensefrottantpensivementlementon.Il m’observa pendant que je renonçai à réprimer mon sourire. Le voir se creuser la tête était

irrésistible.Soudain,sonregards’illuminaetilsefrappalefrontaveclapaumedelamain.–Tuasrevucettefille!s’écria-t-il,enthousiaste.–Quellefille?m’étonnai-jeavecuneinnocencefeinte.–Celleavecquituascouchédernièrement.Cellequiterendaitbougonhieretquiterendheureux

cematin.Elleestvenuetevoiretvousavezremislecouvert?–Pasvraiment,avouai-je,toujoursdansunrire.–«Pasvraiment»?Oh…biensûr…Sexeautéléphone?–Nonplus!ledétrompai-je,monrireredoublantenvoyantsonsouriresefanerdansl’instant.–C’estuneautrefille?demandaJoshsansconviction.–Non.C’estbienlamême.Jesouriais toujours, incapabled’arrêter.JerepensaisàAnna,ànotrenuit.EtvoirJoshseperdre

dansuneexplicationcompliquéealimentaitunpeuplusmabonnehumeur.Brutalement,levisagedemoncollèguechangea,separantd’unvoilededésolation.

–Elleestrevenue,maisvousn’avezpas…–Pasréellement,soufflai-je.Maistoutvabien.Onpasselajournéeensemble.–Est-cequejeveuxvraimentsavoircequetuvasfaireaveccebeurredecacahuète?demanda-t-il

avecunelueurdeperversitédansleregard.–Tuesunêtreabsolumentdégoûtant!–Osedirequel’idéenetetraversepasl’espritjusteencemoment?–Non!m’exclamai-je,avantdeluijeterunebouledepapierauvisage.–Menteur ! rit-il grassement.Tuypenses en cemomentmême, et tu esmêmedéçuque j’aie eu

l’idéeavanttoi!Hilare, ils’installaderrièresonbureau,avantdepivoterversmoi.Jesouriais toujours,songeant,

évidemmentàAnna.Etàcettehistoiredebeurredecacahuète.Jesecouailatêtepourchasserlesimagesobscènesquim’envahissaient.Jen’avaisrienàvoiravecJosh.Jerefusaisdecroirequejepouvaisavoirunpointcommunaveclui,surtoutentermesderelationsaveclesfemmes.

–Jeneseraipaslàdelajournée,lâchai-jefinalement.JevaisalleràWestSeattle.–Avecelle?demandaJoshaussitôt.

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Jehochailatête, levisagedemonassociépassantenunesecondedel’hilaritéausérieuxleplusabsolu.Ilsavaitcequecelasignifiaitpourmoi.Au-delàd’êtreletempledelaplupartdemessouvenirsd’enfance, West Seattle représentait aussi le projet sur lequel je travaillais depuis deux ans. J’yengloutissaismontempslibre,rénovantaufuretàmesurelamaisonquemononclem’avaitléguée.

–Avecelle,confirmai-je.LessourcilsdeJoshsesoulevèrentjusqu’àlaracinedesescheveux.Ilsecoualatête,commepour

chasserunmiragedouloureuxavantdeseraclerlagorge.–Bien,acquiesça-t-il.Detouteévidence,nousavonsunegagnante.–C’estcompliqué,avouai-je.–Çam’auraitétonnéaussiquetufassesdanslasimplicité.Alorsquoi?Elleest…mariée?Mère

defamille?Ohnon…jesais…C’estlababy-sitterdetafille!–Biensûrquenon!Perversdébauché.Jenejouepasdanslamêmecourquetoi!–Nemedispasquec’estlamaîtressedetafille?–Josh,mêmetoi,tunevoudraispasdecettefemme!J’airencontréAnnaàChicago.–«Chicago»?Maistum’asditquetuétaisrestécoincéàl’aéroportetque…–J’étaisavecelle,lecoupai-je.Lelendemain,jeluiaidonnémacarteetelleadébarquéhiersoir.Joshémitunsifflementappréciateuretretournasonattentionsurlepland’unemonstrueusemaison

detroisétages.– C’est tout ? m’inquiétai-je. Pas de commentaires graveleux ? Pas de plaisanteries sur ma vie

sexuelle?–Jenesuispasungoujat.J’aidesprincipes.EttuamènescettefilleàWestSeattle,cequidanston

mondemonacalest…inédit.EtElizabeth?–Annal’aconduiteàl’écolecematin.–ÇavatuercettebraveMmeEmming,soupiradramatiquementJosh.Jevaispasserdevantl’école

cesoir.Aucasoùelleauraitbesoinderéconfort.–Elleestmariée,luirappelai-jedansunsoupirexaspéré.–Jen’airiencontrelepartage,triompha-t-il.J’étouffaiunrireàmontour,avantd’êtreinterrompuparunlégertocàlaporte.Unsourires’afficha

instantanémentsurmeslèvresetj’entendisJoshravalerunriremoqueur.–Dieuduciel…Unadolescentàsonbaldepromo.Très,trèsclasse,commenta-t-ilalorsquejelui

offraisunmagistralleverdemajeurenmedirigeantverslaporte.–Hey,souffla-t-ellequandjeluiouvrisfinalement.–Entre,souris-jeenm’effaçantpourlalaisserpasser.Elleeutunbrefsourire,unpeuhésitant,avantdepasserprèsdemoi.Joshselevadesonbureauet,

pour la première fois de ma vie, je le vis réajuster sa chemise froissée. Je lui lançai un regardsoupçonneux,queJoshignorapourscotcherunsourireangéliquesurseslèvres.

–Josh,seprésenta-t-il.L’associé.–Anna,répondit-elleenfronçantlessourcils.–Lagagnantedonc,commentaJosh.Félicitations!Annatournalatêteversmoi,sestraitscrispéstrahissantsonincompréhension.Jepoussaiunsoupir,

priant pour que Josh comprenne qu’il la mettait mal à l’aise. Ce n’était pas avec ce genre decomportementquemonplanallaitfonctionner.

Oui,parcequej’avaisunplan.–Nefaispasattentionàlui,murmurai-je.–Jesuiscertainquenousallonsdeveniramis,assura-t-ilentendantsamainversAnna.

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Son regard passa de moi à Josh, puis à sa main, avant de revenir sur son visage. Son sourires’élargitetellesaisitlamaindemonami.

–Soyonsclairs,situluibriseslecœur,peuimportequetusoisunefemme,je…–Josh!criai-je.–Jen’aiaucuneintentiondeluibriserlecœur,lâchaAnnaenlibérantsamaindel’emprisedemon

associé.–Bien.Sansrienajouter,ilretournaàsonbureauetrepritsontravail,commesinousn’existionsplus.Anna

soupiraetsetournaversmoi,attendantquejeprennelaparole.–Ças’estbienpasséavecElizabeth?demandai-je.– Sans problème. Sauf qu’elle m’a présentée comme étant ton… amoureuse, hésita-t-elle en se

tordantlesmains.Joshéclatad’unriretonitruant,m’arrachantdelacontemplationd’Anna.Lesyeuxrivésausol,elle

maltraitaitsesmainstoutensedandinant.JemaudisJoshd’êtreaussi impoliet lemaudisunesecondefois,enréalisantqu’ilétaitentraind’assisteràunmomentpresqueintimeentreAnnaetmoi.Unmomentquej’auraispréférénepartageravecpersonne.

–TuasbrisélecœurdecettepauvreMmeEmming,lâchaJosh,hilare.Jeposaimamainsurcellesd’Anna, lesserrantdoucementpourquesanervosités’estompe.Elle

relevasonvisageversmoi,unrictustenduettremblotanthabillantsabouche.Sesdoigtssedétendirentetmapaumecaressalasienne.Leboutdemesdoigtsatteignitsonpoignetetsoudain,soncorpssedétenditetlestraitsdesonvisages’adoucirent.

–Elizabethesttrèsperspicace,dis-jeavecunepointed’humour.–C’était…gênant,expliquaAnnaenfuyantdenouveaumonregard.–D’êtremonamoureuse?– Non ! s’exclama-t-elle vivement. Non, évidemment que non ! Juste… Je ne sais pas, ça m’a

surprise.–Ettunegèrespaslessurprises,merappelai-je.Ellehaussa lesépaules,dansunquasi-gested’excuse,avantdemesourire largement.Ducoinde

l’œil,jevisJoshleverlesyeuxauciel.Jel’ignorai,restantconcentrésurAnna.Sielleétaiteffrayéeparl’annonce d’Elizabeth, je redoutais sa réaction àWest Seattle. J’entremêlaimes doigts aux siens puisattiraisamaincontremeslèvres,verrouillaimonregardausienetl’embrassaiavectendresse.

–Autantteprévenir,turisquesd’avoirunejournéedifficilealors,murmurai-jecontresapeau.–Génial,selamenta-t-elle,sanssedépartirdesonsourire.Est-cequejepeuxaumoinssavoiroùtu

nousamènes?–Aucunechance,dis-jeenlalibérant.Maisjepeuxtedirecommentonyva.Gardantmamain dans la sienne, je contournaimon bureau et récupérai mon casque pour le lui

montrer.Lesyeuxd’Annas’écarquillèrent,ellelâchamamainetunfrissond’appréhensionlaparcourut.–Tun’espassérieux?demanda-t-elle.–Plusquejamais.Josh,onsevoitlundi.–C’estça!J’agrippaimoncuiretmonsacàdos,avantd’enroulermonbrasautourdelatailled’Annaetdela

diriger vers la porte. Elle semblait plus détendue, même si son regard en direction de mon casquetrahissaittoujoursunelégèrepeur.

–Mark?m’appelaJoshalorsquejem’apprêtaisàfermerlaporte.–Oui?

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–Elleal’airgéniale,tonamoureuse,sourit-il.–Pastouche,grondai-je.Iléclataderireet jerefermailaporte.Annam’attendaitàcôtédemamoto,l’observantd’unœil

suspect.Dusac,jesortismonvieuxcuiretelleritdoucementavantdesetournerpourquejeleluienfile.–Tuessuperbe,lacomplimentai-jeavantd’attirersondoscontremontorse.Ellepivotapourmefaireface,soncorpssemoulantparfaitementcontrelemien,etcalasesmains

autourdemanuque.–Tonmaillot,toncuir…–Monamoureuse,finis-jeavecunepointed’humour.–Définitivement.Latienne.Saboucheseposasurmeslèvrespendantquemesmainss’aventuraientdanslebasdesondos.Le

boutdesalangueeffleuralamienneet,l’instantsuivant,jemeperdaisenelle.Commehiersoir,commeàChicago,iln’yavaitplusriend’autrepourmoiqu’elleetsonparfumsucré.Notrebaisern’avaitriendefrénétique. Au contraire, Anna prenait son temps, ses doigts se perdant dans mes cheveux, sesgémissements faisant écho auxmiens, le désir couvant dans un crépitement presque visible entre noscorps.

–Allons-y,luiintimai-jeenm’écartantd’elle.Anna passa sa langue sur ses lèvres et son regard sombre se porta sur lamoto. Je lui tendis un

casqueetl’aidaiàfixerlajugulaire.Mesdoigtseffleurèrentlapeaufinedesoncou,rallumantlalueurd’envie dans ses yeux. Elle frémit doucement lorsque mon index longea l’encolure de mon maillot,caressa le début de son décolleté avant d’atteindre le zip de sa veste et de le remonter le plus hautpossible.

Jegrimpaisurlamoto,lapenchailégèrementetinvitaiAnnaàs’installerderrièremoi.–C’estlapremièrefois,expliqua-t-elleenentourantmatailledesesbras.Jefisronflerlemoteur,lerired’Annarécompensantmonaccèsdeprétention.Jepassaimamainsur

lessiennes,nouéesautourdemoi.–Nemelâchepas,laprévins-je.–Jamais.Elleresserrasapriseautourdemoiet jedémarrai,medirigeantversWestSeattle.Lacirculation

était fluideet, enpeude temps,nous traversâmes laville, abandonnant lesgratte-cielpourunquartierplusrésidentiel.Lesimmeubless’effacèrentauprofitdemaisonsalignées,legrislaissaplaceàdestonsdevertsetdebruns.L’hiverétaittoujourslàetl’airfraisnouscaressait.Malgrécebaptêmedufeu,Annaétaitvisiblementàl’aise.Sielles’étaitcrispéecontremoiaudépart,saprises’étaitdétendueaufuretàmesurequenousquittionslaville.

Quandfinalementjemegaraidevantlamaisondemononcle,elledescenditdemamotoetbataillaquelquesinstantsaveclajugulairepourretirersoncasque.

–Çava?demandai-jeenenlevantlemien.–J’aiadorétebroyerlescôtes,plaisanta-t-elle.Pourquoisommes-nousici?–Jeveuxtemontrerquelquechose.Jedescendisdelamoto,prissoncasqueetluiindiquaidesuivrel’alléeenfacedenous.Sesyeux

naviguèrentsurlamaison,puissurlepaysageautourdenous,avantderevenirsurmoi.–Unemaisonquetuasconstruite?demanda-t-elle.–Non.Jelarénoveenfait.J’ouvris la porte, dévoilant une grande pièce – un futur salon – baignée par la lumière du jour.

CommeAnnal’avaitfaitlaveilleenentrantchezmoi,elleparcourutsilencieusementlapièce,touchantle

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bois des fenêtres, s’attardant devant une vieille photo demononcle etmoi punaisée aumur, avant deportersonattentionsurleplandestravaux.

–C’estàtoi?s’étonna-t-ellefinalement.–Héritagedemononcle.Enfin,ill’aléguéeàmesparentsquimel’ontdonnéeensuite.Elleretournasonattentionsurleplan,dézippantsoncuirpourleretirer.Ellerepoussasescheveux

enarrièreet,duboutdel’index,déchifframesquelquesnotesmanuscritesdessus.Jeposaimesaffairesdansuncoindelapièce,réalisantbrutalementàquelpoint laprésenced’Anna, ici,danscettemaison,étaittoutsauf…évidente.

–Est-cequ’onpeutvisiterlerestedelamaison?s’enquit-elleavecenthousiasme.–Jen’aipastoutfini,laprévins-je.–J’aiquandmêmeenviedevoir.Ellesortitdelapièceetalladanslacuisine.C’étaitunedesrarespiècesàlaquellejen’avaispas

encoretouché.Leréseaudecanalisationétaitvétuste,surtoutdanscettepièce,etcelaallaitmedemanderplusdetemps.Annas’extasiasurl’immensebaievitréequidonnaitsurlejardin,avantderepasserdanslecouloiretdes’arrêterdevantuneéchelledefortunemenantaupremierétage.

–J’attendslalivraisondel’escalier,expliquai-je.Celuid’avantétaittropdangereux.Elleme jetaun regard ravi,digned’ungamindécouvrant sescadeauxaupieddusapin,avantde

grimper prudemment la petite échelle. Je la suivis et la retrouvai dans la première pièce que j’avaisrénovée.Annaavaitouvertlafenêtreet,accoudéesurlegarde-fou,admiraitlavue.

–Lavueestmagnifique,commenta-t-elle.–C’estencoreplusbeauquandc’estdégagé.Ensetordantlecou,parlà-bas,dis-jeentendantmon

indexversladroite,onpeutvoirlemontAnderson.–Tucomptesvivreici?demanda-t-ellesoudainement.–J’espèredèscetété,oui.Elle s’écarta du garde-fou et déambula dans la pièce. Je brûlai d’envie de lui poser la même

question. Est-ce qu’elle envisageait aussi la possibilité de vivre ici ? C’était rapide, irréfléchi etsûrementunpeufou,maisj’avaisattenduAnnapendantunmois.

Oupeut-êtrel’avais-jeattenduetoutemavie.Maintenant qu’elle était ici, avec moi, dans cette maison, je refusai de la laisser partir. Je ne

supporteraiplusdepasserunejournéeloind’elle.Elleretournadans le longcouloir,encoreencombrédequelquesoutilsetentradansunenouvelle

pièce.Jelasuivisàdistance,m’appuyantsurlechambranletoutenlaregardantprocéderàsoninspectionhabituelle.

–Cetendroitest…magique.–«Magique»?m’étonnai-jeenlouchantversuntasdepoussièreetdegravats.–Absolument.J’aitoujoursvécudansdesendroitsparfaitementfinis,deschambrescomplètement

meublées.Là,c’estcommesitoutétait…tusais,ouvert.Monsourires’élargitetAnnapenchalatête,avantdemefusillerduregard.–Jenememoquepas,dis-jetoutenm’approchant.Situveuxm’aideràfairelestravaux,jedois

avoiruneceintureàoutilsquelquepart.–Nemetentepas,souffla-t-elleens’appuyantcontrelemur.–Pourquoipas?m’enquis-jeencalantmesmainsdanslecreuxdesataille.–Parcequejenesuispascertainedepouvoirterefuserquoiquecesoit.–Intéressant,souris-je.Épouse-moi.Annablêmitdevantmoiavantd’éclaterderireetdeposersonvisagecontremontorse.

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–Maintenant,jesaisquejepeuxterefuserquelquechose,parvint-elleàdireentredeuxrires.–Non,alors?–Non,Mark.–Pourquoi?–Parcequetunesaismêmepasquelleestmacuisinepréférée!s’exclama-t-elle.–Etc’est?–Indienne.–Parfait.Épouse-moi.Elleritdenouveau,enfouissantsonvisagecontremontorse.Jepassaiunemaindanssachevelure,

lemême geste que je faisais avec Elizabeth chaquematin. Son rire s’éteignit progressivement et elleglissa sesmains sousmonpull, caressant lebasdemondos.Nous restâmesde longuesminutesainsi,danslesbrasl’undel’autre,mademandefarfelueensuspens.

–Toujourspas?tentai-je.–Toujourspas,confirma-t-elleenrelevantlesyeuxversmoi.Unjourpeut-être,s’amusa-t-elle.Elles’écartademoi,sonregardpétillantancrédanslemien,etellequittalapiècepourrejoindre

unenouvellechambre.Jelasuivisdenouveau,danscequi,àterme,devaitêtreunbureaupourmoi.Laluminositéyétaitparfaiteetj’yavaismisunnouveauparquet,quasimentsemblableàceluid’origine.

– Cette poutre est d’origine ? demanda-t-elle en s’y accrochant dans un léger mouvement debalancier.

–Oui,mononcleavaitpourhabitudedem’ymesurer.–Sentimental?–Parfois.Elles’éloignademoi,gagnantlefonddelapièce,oùj’avaislaissélevieuxrocking-chairdemon

oncleaucannagecomplètementusé.Unsilences’installa;Annanebougeaitplus,j’entendaisàpeinesarespiration.Jecontournai lapoutrecentraleetmesyeuxretrouvèrent lessiens. Ilyavait toujourscettelueurd’enthousiasme,cepétillementdejoie,maisvoiléparl’hésitation.

–Qu’ya-t-il?demandai-jeenlaissantunespaceentreelleetmoi.–Tun’espastrèscurieux.–Àquelsujet?–NewYork…Jim…–Tum’asditqueJimétaitdel’histoireancienne.QuantàNewYork,jepréfèreéviterd’ypenser.–Pourquoi?–Parcequecen’estpasunepenséeplaisante.J’associecettevilleàtonabsence.Etquandjesuis

avectoi,jepréfèremeconcentreruniquementsurlespensées…plaisantes.Pourquoicettequestion?– Parce que tu évites le sujet, répondit-elle en souriant. Et parce que tu me fais visiter cette

maison…Alors,jenesaispas…Est-cequetuesdanslanégationdusujet?–Non.Aucontraire,souris-je.Jesuisdans…lecontournementdusujet.Jet’offreunealternative.–EntreNewYorketSeattle?–EntreNewYorketcettemaison.Latienne…Oulanôtre,situpréfères.–Tum’offrescettemaison?!s’exclama-t-elle.Tu…Je…Tu…Elle rougit furieusement, sa voix s’étrangla dans sa gorge. Son regard papillonna partout autour

d’elle,sonvisagepassantdelasurpriseàl’ébahissementleplustotal.Ellefronçafinalementlessourcilsetsecoualatêtepourreprendresesesprits.

–Tuescomplètementcinglé!rit-elle.–Tuasrefusélemariage,jenégocieautrechose.

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–Avecunemaison?s’écria-t-elle.–Ehbien,ilyalamaison.Elizabeth.Moiaussi,évidemment.TudevrassûrementfaireavecAbby,

avec Josh aussi,même s’il semble t’avoir adoptée. Je doute vraiment que les travaux soient finalisésd’icicetété,maispuisquetunesemblespasavoirdeproblèmeavecunpeudepoussière.Enrevanche,pourlacuis…

–Oui,mecoupa-t-elle.Toi,Elizabeth,lamaison,tout.Jeveuxtout.–Anna,turéalisesquejenet’offrepasuneviesimple?m’enquis-je,incertain.–Jeneveuxpasd’uneviesimple!s’écria-t-elle.Etjeneveuxpasd’unevieparfaiteentoutpoint,

d’unemaisonimpeccable…Jeteveuxtoi, toiet toutcequivaavec.Toi…Ettesétoiles,ajouta-t-elled’unevoixplusdouce.

J’étaisàboutdesouffle.Laminé.Ébloui.Épatéaussi.L’entendreêtresivindicative,sivolontairesurcesujetm’avaitsoulagé.Si j’avaiseuquelquesdoutessur lesmotifsdesaprésencehiersoir,ellevenaitdeleslever.Ellevoulaitrester,elletenaitànotrehistoireautant–dumoinsjel’espérai–quej’ytenais.Cen’estqu’encroisantsonregardbrillant,envoyantqu’ellesetordaitdenouveaulesmainsdenervosité,quemoncorpsréagit.J’effaçailacourtedistanceentreelleetmoi,prissonvisageentremesmainsetattiraisabouchecontrelamienne.Elleeutunhoquetdesurprise,pendantquejelarepoussaiscontrelemur.Soncridestupeurmourutdansmaboucheetnotrebaiserheurté,presqueviolent,lapoussaàs’accrocheràmoi.

Elle enroula ses bras autour dema nuque,mon corps plaquant le sien contre lemur.Mesmainsquittèrentsonvisage,passantsursescôtes,avantd’atteindresesfesses.Ellegémitlourdement,saboucheattaquantlamienneaussiviolemmentquepossible.Quandfinalement,jem’écartaideseslèvres,j’étaishaletant, presque sonné par ce baiser dévastateur. La brutalité demon désir, la façon dont son corpsépousaitlemien,mêmelalumièreirréelledelapièce,medonnaientletournis.

Je sentis lesmains d’Anna se poser surmes joues, son regard plongeant dans lemien avec uneintensitérare.

–Tuessûre?m’enquis-je,essoufflé.Parcequed’icicesoir,tunepourraspluschangerd’avis.–Certaine,jeneveuxplusêtreloindevousdeux,chuchota-t-elle.Unimmensesourireouvritmeslèvres.Àsontour,ellem’attiracontrelessiennes,plusdoucement

que je ne l’avais fait, et m’offrit un baiser langoureux, lent. Ses mains glissèrent sur mon torse, mecaressantàtraversletissu,avantd’enagripperlebord.EllerompitnotrebaiserpourretirermonT-shirt,leboutdesesdoigtss’attardantsurmontatouage.

Ellepritmamaindanslasienne,enembrassalapaumeetycalasajoue.Sapeauchaudemesurprit,maistrèsvitejemereprisetagrippaimonmaillotpourleluiretirer.Ellesecambracontremoi,pendantquejemepenchaipourembrasserlapeaudesoncou.Ungémissements’échappadesabouche,alorsquejelaissaidescendremamain,trèslentement,duhautdesagorgeverssonventre.

Ilyavaitquelquechose,danslaréactiondesoncorpsàmescaresses,quimerendaitabsolumentdingue.Commesi j’attisaissondésir,commesi je la réveillaisd’unsommeilprofond.J’accrochai lesdeuxbretellesdesonsoutien-gorgepourlesfaireglissersursesbras.

–Tourne-toi,murmurai-je.Elleobtempéraetposasesmainscontrelemur.J’enroulaimesbrasautourdesataille,mesmains

caressantsonventre.–Jeproposequenousscellionsnotreaccord,murmurai-jecontresonépaule.Ellegémit,avantdetournersonvisageversmoipourdéposerunbaisersurmeslèvres.Jedéfisle

bouton de son jean, puis descendis le zip. Je passai ma main dans l’ouverture, Anna haletant dansl’instant.Jecaressaisonentrejambequelquessecondes,par-dessusletissudesonsous-vêtementetles

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gémissementsd’Annaattisèrentunpeuplusmondésir.Jeplaquaimonbassincontre lesien, luifaisantclairementcomprendrequej’allaisluifairel’amouricimême.

–Jevaisretirertonjean,laprévins-je.Elleopina,incapabled’articulerunson.Jem’accroupisderrièreelleettiraisursonjean.Jeplaçai

mesmainsdepartetd’autredesacuissedroite,dénudantsajambe,chatouillantl’arrièredesongenou,avantdeluifairesouleverlepiedpourladébarrasserdeseschaussures,puisdesonvêtement.Jefisdemêmeavecsonautrejambe,jetantlejeanloinderrièremoi.

Annaeutunlégerfrémissement lorsquejereposaimesmainsautourdeseschevilles.Jeremontailentement vers ses fesses et remarquai que sa peau se parait de chair de poule. Je me redressaidoucement,mesdoigtseffleurant ladentelledesonshorty,déposaiunbaiserdanslecreuxdesondos,puis un deuxième, puis un troisième, longeant sa colonne vertébrale jusqu’à l’attache de son soutien-gorge.

Jeledégrafai,Annaleretiraaussitôt.J’enprofitaipourmedébarrasserdemonjean,puisdemonboxer.Annabougealatêtepourmevoir,

maisj’appuyaimoncorpscontresondos,entremêlaimesdoigtsauxsiens,avantdenichermatêtedanssoncou.Elleremuacontremoi,frottantsesfessescontremonsexenu.

Jelibéraisesmains,laissantlesmiennescourirlelongdesesbras,puisdesesépaules,avantdeprendresesseinsencoupe.Annagrognacontremoi,sespointesdéjàtendues,etgémisquandjelesroulaientremesdoigts.

–Mark,s’ilteplaît.–Dis-moicequetuveux.–Tout,murmura-t-elle.Toi.–Jeteveuxaussi,avouai-je.Oùveux-tumesentir?Ellene réponditpas,maispritunedemesmainset laplaçaentre ses jambes.Legrognementde

satisfactionqu’elleémitmefitsourire.Mêmeàtraversletissu,jesentaissonexcitation,sachaleuretlebesoinirrépressibled’êtretouchée.

JeretiraimamainetfispivoterAnnapourqu’ellesoitfaceàmoi.Elleavaitlesjouesrougesetsapoitrinenue,parfaite,sesoulevaitbientroprapidement.

–Touche-moi,implora-t-elle.–Jeveuxtegoûterd’abord.Entièrement,précisai-je,avantdeprendrelapointedesonseingauche

dansmabouche.Soncorpsse tenditcontre lemienetsesmainsseplaquèrentdansmescheveux.Lesoufflecourt,

ellem’encourageaitenmurmurantmonprénom,pendantquemabouchepassaitd’unseinàl’autre,mesmainslamaintenantfermementcontrelemur.Aprèsquelquesminutes,jerelevailesyeuxverssonvisage.Lesyeuxclos,latêterenversée,elleétaitl’incarnationparfaitedudésir.

Mabouchetraçaunsillondebaisers jusqu’àsoncou,avantderetrouverses lèvres.Mespaumesnaviguèrent sur son dos nu, longeant son échine, s’égarant dans le creux de ses reins. Ses lèvresbougeaient doucement contre les miennes. Désormais, un désir presque contenu dominait maintenantcelui,plusbrut,plussauvage,quim’avaitsaisi.

–Jet’aime,soufflai-jesurseslèvresenm’écartantd’elle.Sesyeuxs’ouvrirentbrutalement,mefixantavecincrédulité.–Moiaussi,murmura-t-elledansunsourireheureux.Moiaussi.Je l’embrassai de nouveau,mesmains se faufilant sous le tissu de son shorty pour caresser ses

fesses.Ellegeignitdansmabouche,etjesentissesmainscourirsurmespectoraux,puissurmonventrepourfiniràhauteurdemonsexe.Elleentouramonsexe,quisetenditdouloureusement.

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–Anna,situcontinues,jevaist’offrirunebonneraisondemefuiravantmidi,chuchotai-jecontresabouche.

Elle rit doucementmais, sournoisement, passa sonpouce sur l’extrémitédemon sexe,me faisantsursauter.Ellemelibérafinalement,maismoulasoncorpsaumien.Dansungesterapide, jerepoussaisonshorty,lefaisantglisserjusqu’àseschevilles.D’uncoupdepied,Annalerepoussa.

Ellemefitunsourireentenduet jereposaimabouchecontre lasienne,renonçantdansl’instantàmon premier projet et promettant de le remettre à ce soir. Je la soulevai contre lemur, sesmains secrispant sur mes épaules. Elle verrouilla ses chevilles autour de ma taille tandis que je capturai denouveauundesesseinsdansmabouche.Monsexe,tenduàl’extrême,touchaitsonintimité,effleuraitseslèvresintimesdansunecaresselancinante.

Je posaimesmains autour de sa taille, la tenant fermement.Anna se cambra et frotta son bassincontre lemien, oubliant toute retenue.Très lentement, je la fis glisser contremoi, son intimitéhumidem’accueillant,pendantqu’Annagémissaitdeplaisir.Quandjefuscomplètementenelle,ilyeutuninstantparfait,où, immobiles,perdusdans lesyeuxl’unde l’autre,nousréalisâmescequiétaiten traindesepasser.

–Est-cequeçava?demandai-je,toutsourire.–Oui.Toutvabien.Sesmainscrochetèrentmanuqueetelleenfouitsonvisagedansmoncou.Trèslentement,jebougeai

enelle,sentantsoncorpsréagirauxmouvementsdumien.Desataille,mesmainspassèrentàsondos,remontantjusqu’àsanuque.D’unefaiblepression, je laforçaiàbasculer la têteenarrière,maboucheretrouvantlasiennedansunnouveaubaiser.Elleondulalégèrementdubassin,gémit,avantdecreuserlesreinspouraccentuerlafrictiondenosbassins.Jebougeaiàmontour,merégalantdelasentirsiserrée,sibrûlante,autourdemoi.Au-delàdusexequim’avait–évidemment–manqué,c’étaitl’abandondesoncorpscontrelemien,lafaçoninstinctivedontellerépondaitàmescaressesdontjem’étaislepluslangui.

J’imprimaiunrythmeplusrapide,mesmainsglissantlentementlelongdesondospouratteindresesfesses. Je les pressai, Anna s’arc-boutant un peu plus contre moi. Ses doigts se plantèrent dans mesépaules, pendant que je la soulevais doucement pour mieux m’enfoncer en elle. Son regard sombres’ancra au mien et elle s’humecta sensuellement les lèvres. J’accélérai de nouveau le rythme, lamaintenantcontremoi,toutenm’appliquantàfairedurersonplaisir.

–Mark,haleta-t-elle.Jelarepoussaicontrelemur,soncorpsbougeantmaintenantparfaitementcontrelemien.Ellegémit

lourdement,sapoitrinefrottantcontremontorsedansungesteindécent.Mamaindroiteremontaverssonsein,pendantquejelacoinçaiscontrelemur.Àlafaçondontsonvisagesecrispaitetàsarespirationcourte,jedevinaiqu’elleétaitproche.Sûrementparcequemonsouffleétait,luiaussi,erratique.

–Anna,bébé,murmurai-jeentorturantlapointedesonsein.Neteretienspas…Elleplongeasonregarddanslemienetsaisitmamainpourlaporteràseslèvres.Mescoupsde

reinsdevinrentfrénétiques,lecorpsd’Annaheurtadurementetdeplusenplusvitelemurderrièreelle.Elleémituncri,mélangedeplaisiretd’encouragement.Soudain,son intimitésecontractaviolemmentautourdemoi,m’entraînantdansmonpropreorgasme.

Annavintnichersa têtedansmoncou, lesbattements fousdesoncœurrésonnantcontremacagethoracique.

–Jecroisquenousavonsunaccord,murmurai-jealorsqu’elledécrochaitsesjambesdemataille.–Jecroisaussi.–Etjevaisdevoirchangerl’organisationdespièces,souris-jeenattrapantmoncaleçon.–Çaneseraplustonbureau?

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–Commentespères-tuquejepuissetravailler iciaprèscequenousvenonsdefaire?Dèsquejevaisreleverlesyeuxsurcemur,jepenseraiàtoi.Etpasseulementqu’enregardantcemur,ajoutai-jeenposantunbaisersurseslèvres.

Nousnousrhabillâmesentredeuxbaisersetdeuxcaresseséchangées.Entendrelerirelégerd’Anna,captersonregard,lavoirrevêtirmonmaillotdefootrendaientcettejournéeparfaite.Jeprissamaindanslamienneetnousfinîmeslavisitedelamaison.

Cen’estqu’enouvrantlabouteilledevinquej’avaisapportéequejedécidaid’aborderlesdétailsdenotreaccord.JenevoulaispasforcerAnnaàêtreici.Jenevoulaispasqu’ellefasseunchoixsansyavoirclairementréfléchi.

–Anna,est-cequetuescertainedevouloirfaireça?Devouloirvivreici?–Non.Maisjesuiscertainedevouloirêtreavectoi.EtavecElizabeth.–Ettonmétier?–J’ainégociémonpréavis,annonça-t-elleenbuvantunegorgéedesonvin.–Tunevasplussautersurleslitspourt’assurerdelaqualité?–Non,s’esclaffa-t-elle.Àmoinsquetupréfèresquej’erreencoredanslesaéroports?–Dieuseulsaitquelgenrederencontretupourraisyfaire!m’écriai-je.Non,jeveuxjustequetu

soisici,murmurai-je.Ceciétantdit,tumedoistoujoursunrendez-vous.–Jepensequejetedoisplusqueça,souffla-t-elleensouriant.Jepassaimamainsursajoue,etAnnafrémitàmoncontact.Elleposasamaincontrelamienne,la

fitglisserlelongdesagorge,avantdeprendremamainetdelacaresserduboutdesdoigts.Elleeutunlégersourire,furtif,secretetcaptivant.Elleentremêlasesdoigtsauxmiensetsenichacontremoi.Lesyeuxclos,elleposasajouecontremontorse,samainlibreremontantsurmonT-shirtàhauteurdemontatouage.

–Àlamaison,souffla-t-elle.–Àlamaison,approuvai-jeenlaserrantcontremoi.

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