MÛRES · 2020. 1. 26. · MÛRES Sur les traces de Jacques DUCRET, un Français, au XIXème...

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MÛRES Sur les traces de Jacques DUCRET, un Français, au XIXème siècle Commission Culture Mairie de MÛRES-74540 Journées du Patrimoine 17 et 18 septembre 2011 Entre 1815 et 1860, la Savoie, après avoir été française sous la Révolution, est restituée au royaume de Piémont-Sardaigne. Par jugement du tribunal d'Annecy, l'hôpital de Rumilly appelé alors « Congrégation de charité de Rumilly »vend une propriété à Mûres provenant de Philibert Simond, commissaire redouté de la Convention, jugé et guillotiné le 10 avril 1794. C'est l'héritière, la soeur de Philibert, religieuse à la Visitation, qui avait légué tous ses biens à l'hôpital de Rumilly. Jacques DUCRET né en 1790, à Champfromier, petit village proche de Bellegarde, dans l'Ain acquiert, cette propriété de 100 journaux (environ 33 hectares) qu'il paye 40 000 francs or. Les biens seront, par la suite, légués au neveu de Jacques Ducret, François-Marie, dit « Le Français », né en France, à Champfromier, en 1812. Le testament aurait été établi au château de Pierre Charves. Le nom de « plaine du Français » est, de là, donné à ce lieu-dit de Mûres. Avant son installation, François-Marie avait entrepris un apprentissage itinérant durant cinq années de formation et de recherche. La présentation d'un chef-d'œuvre lui permit d'obtenir le titre de compagnon. L'équerre et le compas, symboles du compagnonnage, figurent sur son tombeau . L'équerre est, tout naturellement symbole de la rectitude, tandis que le compas, peut être celui de la circonspection, de la mesure, de l'impartialité, de la sagesse... Des anciens de Mûres racontaient à leurs enfants que le Français portait à son oreille une bisaiguë en or, insigne de sa profession de charpentier. Le puits avant sa rénovation

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  • MÛRES Sur les traces de Jacques DUCRET,

    un Français, au XIXème siècle

    Commission CultureMairie de MÛRES-74540Journées du Patrimoine17 et 18 septembre 2011

    Entre 1815 et 1860, la Savoie, après avoir été française sous la Révolution, est restituée au royaume de Piémont-Sardaigne.Par jugement du tribunal d'Annecy, l'hôpital de Rumilly appelé alors « Congrégation de charité de Rumilly »vend une propriété à Mûres provenant de Philibert Simond, commissaire redouté de la Convention, jugé et guillotiné le 10 avril 1794. C'est l'héritière, la soeur de Philibert, religieuse à la Visitation, qui avait légué tous ses biens à l'hôpital de Rumilly.

    Jacques DUCRET né en 1790, à Champfromier, petit village proche de Bellegarde, dans l'Ain acquiert, cette propriété de 100 journaux (environ 33 hectares) qu'il paye 40 000 francs or.Les biens seront, par la suite, légués au neveu de Jacques Ducret, François-Marie, dit « Le Français », né en France, à Champfromier, en 1812. Le testament aurait été établi au château de Pierre Charves. Le nom de « plaine du Français » est, de là, donné à ce lieu-dit de Mûres.

    Avant son installation, François-Marie avait entrepris un apprentissage itinérant durant cinq années de formation et de recherche. La présentation d'un chef-d'œuvre lui permit d'obtenir le titre de compagnon. L'équerre et le compas, symboles du compagnonnage, figurent sur son tombeau . L'équerre est, tout naturellement symbole de la rectitude, tandis que le compas, peut être celui de la circonspection, de la mesure, de l'impartialité, de la sagesse...Des anciens de Mûres racontaient à leurs enfants que le Français portait à son oreille une bisaiguë en or, insigne de sa profession de charpentier.

    Le puits avant sa rénovation

  • Après son compagnonnage, François-Marie s'installe définitivement à Mûres. Il épouse Françoise Petit, née en 1824 à Gruffy. Ils auront dix enfants, 7 garçons et trois filles, dont Théophile et Joseph. Le premier, Théophile, est le père de Joséphine, née en 1895, qui deviendra épouse Deniger et mère de Camille, agriculteur à Mûres aujourd'hui décédé. Gaby, l'épouse de Camille, est l'actuelle propriétaire du puits et de la ferme au balcon à balustres.Le second, Joseph, est le grand-père de Constance, Georges et Clément Ducret, anciens fermiers qui ont habité la plus vieille maison de Mûres.

    « Le Français » a exploité sa propriété agricole mais il a, aussi, travaillé le bois, le fer et la pierre. Son savoir-faire et son talent ont laissé plusieurs témoignages.François-Marie habitait l'actuelle maison Deniger sur la façade de laquelle il a édifié un balcon à balustrade : balustres en ciment moulé dont le moule est conservé par la famille. Autrefois, une longue tonnelle de vigne soutenue par des poteaux et des arcs en béton moulé reliait la maison au puits. Il n'en reste que la trace de quelques poteaux.Le puits profond avec une chaîne à godets en cuir pour mécanisme a la forme originale d'une pagode octogonale à losanges ajourés. Il est recouvert d'une coupole surmontée d'un ensemble de trois petites pièces et coiffé d'un globe. Les panneaux en forme de pointe de diamant sont confectionnés en brique de gravier aggloméré et moulé. Il permet de mettre en valeur le travail de ce compagnon du XIXème siècle et de transmettre à la famille le témoignage du savoir-faire de cet aïeul.

    Les représentants de la commune de Mûres ont apporté à la famille Deniger une aide technique pour la rénovation du puits, en 1993: orientation vers les services compétents des bâtiments de France, entreprises spécialisées, organismes pouvant apporter des subventions...C'est l'entreprise Hory-Marçais de Dijon qui a envoyé deux de ses ouvriers, des compagnons en hommage à l'ancien. Ils ont travaillé sans modifier l'existant avec les mêmes techniques. Le financement de cette réalisation a été assuré, en grande partie, par les propriétaires qui laissent le libre accès à ceux qui souhaitent voir de plus près le « bel ouvrage ».

  • François-Marie a construit, également, la maison de feu Marcel Ducret, un calvaire dans le même style au carrefour du CD31 et du CD 131 (écroulé vers 1975) et le tombeau du cimetière. Sur son monument funéraire, on peut lire « A mon bienfaiteur ».

    Sources :– deux articles non datés (fin 2004/début 2005) du Dauphiné Libéré « La plaine du Français, une page

    d'histoire locale » (propos recueillis par Pierre Gorrex auprès de Jean Martin, instituteur retraité à Mûres, aujourd'hui décédé)

    – photos du puits et du tombeau, documents : famille Deniger– Passerelle n° 20

    La plaine du Français : maison Ducret à droite, puits à gauche

  • Plan pour une visite des monuments Ducret : 2 cheminements au départ de l'église

    La commune a décidé d'inclure dans son logo cet ouvrage original,témoin de son histoire.

    Imprimé par nos soins