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Groupement de Coopération Sanitaire du Pays d’Aix IFSI de Salon de Provence UE 3.4 S6 « Initiation à la démarche de recherche » UE 5.6 S6 « Analyse de la qualité et traitement des données scientifiques et professionnelles » UE 6.2 S6 « Anglais » Mémoire de fin d’études L’usage des Technologies de l’Information et de Communication dans la pratique infirmière Michel, Alice Claudine Marguerite Promotion 2011 2014 Sous la guidance de Bigorgne France

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Groupement de Coopération Sanitaire du Pays d’Aix

IFSI de Salon de Provence

UE 3.4 S6 « Initiation à la démarche de recherche »

UE 5.6 S6 « Analyse de la qualité et traitement des données scientifiques et professionnelles »

UE 6.2 S6 « Anglais »

Mémoire de fin d’études

L’usage des Technologies de l’Information et de

Communication dans la pratique infirmière

Michel, Alice Claudine Marguerite

Promotion 2011 – 2014

Sous la guidance de Bigorgne France

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Groupement de Coopération Sanitaire du Pays d’Aix

IFSI de Salon de Provence

UE 3.4 S6 « Initiation à la démarche de recherche »

UE 5.6 S6 « Analyse de la qualité et traitement des données scientifiques et professionnelles »

UE 6.2 S6 « Anglais »

Mémoire de fin d’études

L’usage des Technologies de l’Information et de

Communication dans la pratique infirmière

Michel, Alice Claudine Marguerite

Promotion 2011 – 2014

Sous la guidance de Bigorgne France

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« Il s’agit d’un travail personnel effectué dans le cadre d’une scolarité à l’IFSI du Centre

Hospitalier de Salon de Provence. Il ne peut faire l’objet d’une publication en tout ou partie

sans l’accord de son auteur et de l’IFSI »

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Une petite pensée pour mes camarades de promo qui m’ont beaucoup aidée pour ce mémoire

mais aussi qui m’ont fait partager des moments inoubliables pendant ces trois années.

Une autre, pour ma famille qui m’a supporté moi et mes sautes d’humeurs tout le long de cet

écrit et qui a dû corriger toutes les fautes d’orthographes que j’ai laissées en chemin. Une

pensée toute particulière à ma sœur, avec qui j’ai partagé ces derniers jours la table du salon

pour qu’on puisse se motiver à travailler ce mémoire.

Enfin je voudrai remercier mes deux guidantes qui m’ont suivi tout au long de cet écrit, qui

ont donné beaucoup de leur temps pour me remettre dans le droit chemin, répondre à toutes

mes questions et me permettre d’aller jusqu’au bout de mon processus de recherche.

.

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SOMMAIRE

INTRODUCTION

1. Motivation .......................................................................................................................... 1

2. Structure générale ............................................................................................................... 2

PROBLEMATIQUE PRATIQUE

1. Situation de départ .............................................................................................................. 3

2. Questionnement .................................................................................................................. 4

3. Question de Départ Provisoire ............................................................................................ 4

4. Phase exploratoire............................................................................................................... 5

4.1. Définitions des mots clés ............................................................................................. 5

4.1.1. Soins infirmier ...................................................................................................... 5

4.1.2. Smartphone et vocabulaire associés ..................................................................... 5

4.2. Les TIC dans le domaine de la santé ........................................................................... 6

4.3. Le contexte législatif .................................................................................................... 9

4.3.1. Développement des TIC dans la santé .................................................................. 9

4.3.2. Le partage d’information et de données personnels au sein de l’équipe ............ 10

4.3.3. Le secret professionnel ....................................................................................... 11

4.4. Elaboration de l’enquête exploratoire ........................................................................ 11

4.4.1. Présentation argumentée des modalités de réalisation ....................................... 11

4.4.2. Analyse des entretiens ........................................................................................ 13

5. Question de départ définitive ............................................................................................ 20

PROBLEMATIQUE THEORIQUE

1. L’équipe soignante ........................................................................................................... 21

2. La prise en charge singulière du patient ........................................................................... 26

3. Les Technologies de l’Information et de la Communication ........................................... 30

4. Question De Recherche .................................................................................................... 36

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METHODOLOGIE DE RECHERCHE

1. Le choix argumenté de la méthode ................................................................................... 37

2. L’outil d’enquête .............................................................................................................. 38

3. Choix de la population ...................................................................................................... 38

4. Les modalités de mise en œuvre ....................................................................................... 38

5. Traitement des données .................................................................................................... 39

BIBLIOGRAPHIE

ANNEXES

Annexe I : guide d’entretien

Annexe II : entretien d’Dial32

Annexe III : entretien de Ehpad24

Annexe IV : entretien de Libé51

Annexe V : entretien d’Urg48

ABSTRACTS

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Introduction

1. Motivation

Quand j’ai débuté ma formation, j’avais en tête beaucoup de représentations de mon futur

métier. Par exemple, je vous aurais dit que l’infirmière travaille toujours en présence d’un

médecin, et que c’est ce dernier qui fixe le champ d’action de cette dernière.

Me retrouvant en troisième année, je me rends compte que ces représentations ne sont plus

qu’un lointain souvenir. Les nombreuses situations vécus en stages, celles qui m’ont

questionnée et m’ont remises en question, m’ont permis à chaque fois, en analysant ma

pratique ou celle des infirmières, de me positionner en tant que futur professionnel. Ce même

processus rencontré à chaque fois, a modifié tout au long de ma formation mes représentations

et mon raisonnement.

C’est ce que le TFE illustre : ce fameux raisonnement, ce cheminement intellectuel que moi,

étudiante, je fais dans la plupart des situations interpellantes que je rencontre.

Le thème que j’ai choisi d’étudier dans ce mémoire est l’utilisation des TIC comme outil dans

le soin. Il renvoie à toutes ces représentations fausses que je m’étais faites en commençant la

formation. Je n’aurais pas cru que l’infirmière aurait pu avoir recours à un tel outil dans sa

pratique.

Si vous vous intéressez à l’actualité, vous constaterez qu’effectivement, c’est un fait, les

ordinateurs, les téléphones portables ou les tablettes font partie intégrante du nécessaire de

survie d’une grande partie de la population occidentale. Mais qu’en est-il de la population

infirmière ? J’ai fait un constat : à chacun de mes stages, beaucoup les utilisaient dans le

cadre, certes privé, mais aussi professionnel. Que peuvent-ils donc bien-nous apporter ?

Quelles peut être leur place dans notre pratique soignante ? Quel peuvent en être leur

influence et leur conséquences sur notre pratique ?

C’est le thème que j’ai choisi d’étudier dans mon mémoire.

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2. Structure générale

Dans une première partie, j’ai décrit exhaustivement la situation vue en stage sur lequel

s’appuie l’ensemble de mon travail de recherche. Le sujet qui y est abordé est celui de

l’utilisation du téléphone portable par l’infirmière pour permettre au médecin de suivre à

distance l’évolution de la plaie d’une de ses patientes. Cette situation m’a questionnée et s’en

est suivie une question de départ provisoire.

Dans une deuxième partie, j’ai effectué des recherches qui m’ont permis de contextualiser ma

situation, mieux la comprendre et répondre à mes premières interrogations. Dans cette phase

exploratoire, je suis allée également m’entretenir avec des professionnels de santé amenés à

utiliser cet outil. De l’analyse de ces entretiens, il en est ressorti plusieurs thèmes abordés.

Dans une troisième partie, en lien avec les thèmes abordés par les infirmières interrogées, une

question de départ définitive est ressortie. Elle comprend deux concepts qu’il m’a paru

pertinent de théoriser : la prise en charge singulière du patient et le travail en équipe. Je les ai

mis en lien avec l’usage des TIC dans le domaine de la santé.

Enfin dans une dernière partie, je suis allée questionner des infirmières pour valider ou non

l’hypothèse qui est ressortie de ma phase théorique.

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Problématique pratique

1. Situation de départ

La situation se passe lors de mon 3e stage. Je suis en EHPAD, et une semaine s’est écoulée

depuis mon arrivée.

Tous les matins, les pansements du jour sont planifiés sur un tableau mural. Afin de me

former à la réfection des pansements, cette tâche m’a été attribuée sous l’encadrement des

infirmières présentes.

Depuis mon arrivée je m’occupe de madame M. Cette résidente, âgée de 82 ans a été admise

dans l’établissement pour perte d’autonomie à la suite d’une altération de son état général. A

son arrivée, cette dernière effectuait tous ses déplacements en fauteuil roulant. Cependant,

avec l’aide et l’investissement de toute l’équipe soignante, elle a pu ensuite se déplacer à

l’aide d’un déambulateur. Une surveillance accrue lors de ses déplacements devait être faite

car elle présentait des troubles de l’équilibre. Deux jours avant mon arrivée en stage, madame

M. est tombée et s’est ouverte à la jambe gauche. Depuis un suivi de sa plaie est effectué et

des pansements adaptés sont réalisés tous les deux jours pour assurer l’évolution favorable de

sa blessure.

La première fois que j’ai réalisé le pansement de madame M, la plaie saignait beaucoup, elle

était longue de 10 cm et large de 5 cm environ. Le contour de la plaie était inflammatoire.

A la fin de la première semaine de mon stage, je reçois madame M. pour la réalisation de son

4e pansement. L’infirmière a décidé de me laisser seule pour ce soin afin de privilégier ma

prise d’autonomie. Je constate que la taille de la plaie a rapidement diminué, l’absence de

signe inflammatoire et que celle-ci devient bourgeonnante.

Le pansement fini, je raccompagne la résidente à sa chambre. A mon retour dans la salle de

soin, j’effectue les transmissions écrites dans le classeur se soins de la patiente.

L’infirmière vient alors me demander comment s’est passé mon soin, je lui rends compte alors

de mon étonnement quand à l’évolution rapide de la cicatrisation de la plaie de madame M.

Elle me montre alors, à l’aide de son téléphone portable, une photo de la plaie de la résidente

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prise le jour de sa chute. Sur cette dernière, datée de 1 semaine, on peut voir une plaie qui

saigne abondamment, très inflammatoire qui prend part sur l’ensemble de l’avant de sa jambe.

Je comprends alors l’intérêt de la photo afin de pouvoir constater l’évolution de la plaie de

madame M et je fais part à l’infirmière de mon étonnement par rapport à l’utilisation qu’elle

fait de son téléphone dans le cadre du travail. C’est un outil avec lequel je n’avais pas pensé

pouvoir travailler. Elle justifie son utilisation en me disant :

J’ai pris la photo pour l’envoyer au médecin. Je ne savais pas s’il était nécessaire de le

faire venir à la résidence pour une consultation. En voyant la photo il a transmis la

conduite à tenir sachant le matériel que l’on dispose. Il a ajouté qu’il lui rendrait visite le

lendemain et qu’il ferait les prescriptions nécessaires pour son état.

2. Questionnement

Suite à cette situation, je me suis posée un certain nombre de questions :

· Est-ce que le téléphone portable peut-il être un outil d’aide à la pratique infirmière ?

· Que peut-il apporter à l’exercice infirmier ?

· Quelles autres fonctionnalités peuvent être utilisées par les infirmières ?

· Est-ce que son utilisation au travail est autorisée par la loi ?

· Est-ce que le médecin a le droit de faire une prescription par téléphone ?

· Est-ce que le téléphone améliore la collaboration médecin-infirmière ? Comment ?

· N’y a-t-il pas des limites quant à son utilisation ? hygiène, confidentialité,

représentation social.

· Comment a réagi la patiente lorsque l’on a pris en photo sa plaie ?

3. Question de Départ Provisoire

Ces questionnements m’ont amenée à ma question de départ provisoire :

Quelle est la place du smartphone dans les soins infirmiers ?

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4. Phase exploratoire

4.1. Définitions des mots clés

4.1.1. Soins infirmier

L’article R. 4311 - 2 du Code de la santé publique1 définit l’exercice infirmier comme :

Les soins infirmiers, préventifs, curatifs ou palliatifs, intègrent qualité technique et

qualité des relations avec le malade. Ils sont réalisés en tenant compte de l'évolution

des sciences et des techniques. Ils ont pour objet, dans le respect des droits de la

personne, dans le souci de son éducation à la santé et en tenant compte de la

personnalité de celle- ci dans ses composantes physiologique, psychologique,

économique, sociale et culturelle : […] de concourir à la mise en place de méthodes et

au recueil des informations utiles aux autres professionnels, et notamment aux

médecins pour poser leur diagnostic et évaluer l'effet de leurs prescriptions. […] de

contribuer à la mise en œuvre des traitements en participant à la surveillance clinique

et à l'application des prescriptions médicales contenues, le cas échéant, dans des

protocoles établis à l'initiative du ou des médecins prescripteurs… 2

Il est donc inscrit dans l’exercice de l’infirmier, le fait d’adapter notre pratique en fonction de

l’évolution des techniques et des sciences. Dans ma situation, l’utilisation du smartphone a

permis à l’infirmière d’assurer un suivi de la plaie, et de pouvoir le faire constater aux

médecins libéraux qui sont peu présents sur la structure. Le médecin peut donc, en étant

absent continuer à suivre sa patiente à distance et donner des directives, si nécessaire.

4.1.2. Smartphone et vocabulaire associés

Le mot Smartphone est emprunté à l’anglais et signifie : téléphone intelligent ; il peut être

également nommé ordiphone.

Ces appareils sont non seulement équipés d’un module de radiocommunication pour la voix et

l’échange de données, mais également de fonction bureautiques comme un agenda, carnet

d’adresses, prise de note, messagerie, ainsi que de fonctions multimédias (photo, musique,

vidéo, navigation sur internet).

1 L’ensemble des textes législatifs cités dans ce mémoire ont été consultés sur www.legifrance.gouv.fr

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Au jour d’aujourd’hui, les smartphones sont inscrits dans la catégorie des Technologies de

Communication et d’Information (TIC).

Les TIC3 sont définies par le dictionnaire de l’Office Québécois de la Langue Française4 par :

L’ensemble des technologies issues de la convergence de l'informatique et des techniques

évoluées du multimédia et des télécommunications, ont permis l'émergence de moyens de

communication plus efficaces, en améliorant le traitement, la mise en mémoire, la

diffusion et l'échange de l'information.

4.2. Les TIC dans le domaine de la santé

L’utilisation des TIC a permis le développement de différents secteurs (éducatif, économique,

aménagement du territoire…) offrant de multiples services : téléphonie vocale, transmissions

de données informatiques, communication, multimédia. En 2004 apparait alors le terme de

« e-santé » qui relie l’utilisation des TIC à la santé. L’e-santé est définie par la Commission

Européenne comme « l’application des technologies de l’information et de la communication

(TIC) à l’ensemble des activités en rapport avec la santé ».

Le secteur de la santé fait face à de profonds bouleversements, liés notamment au

vieillissement de la population, à l’augmentation du nombre de patients atteints de

pathologies chroniques, à la chute de la démographie médicale, à un contexte financier de

plus en plus contraint… Pour faire face à ces grands défis, l’e-santé se présente comme un

outil permettant de garantir un bon niveau de soins tout en maîtrisant les coûts liés aux

dépenses de santé. Les objectifs majeurs de ce phénomène sont l'amélioration de la qualité du

système de santé, une meilleure coordination des soins, l’accès facilité aux soins, le maintien

à domicile du patient, une maîtrise des coûts en santé et la formation des professionnels.

Pour l’Agence National d’Appui à la Performance des établissements de santé 5 l’e-santé est

« un pré-requis absolu au décloisonnement de notre système de santé pour mieux prendre en

3 TIC : technologies d’information et de communication

4 OQLF : Office Québécois de la Langue Française consulté sur www.oqlf.gouv.qc.ca

5 ANAP : Agence National d’Appui à la Performance des établissements de santé et médicaux-sociaux qui a

pour mission d’apporter un appui concret à l’amélioration des organisations de santé.

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charge les personnes tout au long de leur parcours de soins » 6. Elle peut permettre d’éviter le

gaspillage ou de refaire des examens coûteux plusieurs fois, de limiter les déplacements en

pratiquant des rendez-vous à distance grâce à la télémédecine par exemple. Les usagers du

système de santé seraient appelés à devenir davantage acteurs de leur propre santé,

notamment grâce à un accès large à l’information médicale, à la gestion de leur dossier de

soin et à une surveillance à distance.

D’un point de vue économique, une étude de PwC7 souligne que « le déploiement de la

technologie mobile dans le domaine de la santé permettrait d’économiser 99 milliards d’euros

en Europe d’ici 2017 […] faciliteraient l’accès au soin de 24,5 millions patients

supplémentaires, améliorant l’état de santé des citoyens »8 ce qui est actuellement non

négligeable.

Enfin, en 2050, « 22,3 millions de personnes seront âgées de plus de 60 ans contre 12,6

millions aujourd’hui, soit une hausse de 80% »9. Ce vieillissement de la population va

engendrer une forte augmentation de prise en charge de maladies chroniques et de ce fait de

personnes dépendantes de soins. Le but de l’usage des TIC serait alors, dans un tel contexte,

d’optimiser la prise en charge de ces patients en leur permettant d’améliorer leur autonomie,

en favorisant une prise en charge à domicile, et limitant leur déplacement en structure

hospitalière.

En 2009 la création de l’Agence des Systèmes d’Information Partagé de Santé10 a pour but de

développer, coordonner, et participer à la régulation de l’e-santé en France. Elle a mis en

place plusieurs services dans ce but, dont les plus connus sont le Dossier Médical Personnel

depuis janvier 2011, ou MSSanté, un système de messagerie sécurisé réservé aux

professionnels de santé11. Ainsi la finalité de ces services sera de permettre d’utiliser le

6http://esante.gouv.fr/actus/politique-publique/l-anap-publie-un-guide-des-systemes-dinformation-dans-le-

secteur-medico-so

7 PwC développe des missions d’audit, d’expertise comptable pour ses clients afin de les aider à faire face aux

incertitudes et aux difficultés de la crise actuelle.

8 http://esante.gouv.fr/actus/services/la-m-health-permettrait-d-economiser-99-milliards-d-euros-en-europe-en-

2017

9 http://www.redressement-productif.gouv.fr/developper-usages-des-tic-pour-sante-a-domicile

10 ASIP Santé : Agence des Systèmes d’Information Partagés de santé

11http://esante.gouv.fr/asip-sante/qui-sommes-nous/nos-services

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dossier du patient comme support des pratiques pluri-professionnelles et interdisciplinaires

ainsi que lieu de recueil et de conservation des informations utiles formalisées, organisées et

actualisés.

Enfin plus récemment, l’utilisation de smarphones ou tablettes a créé une nouvelle pratique :

la santé mobile ou m-healt qui « désigne l’usage de terminaux mobiles (téléphones,

smartphones et tablettes) dans la pratique médicale généralement à des fins de santé

publique »12. Un nouvel argument de vente apparait pour les derniers smartphone13 : ces

derniers permettent aux acheteurs de surveiller et assurer un suivi de leur état de santé par de

multiples fonctionnalités : podomètre, capteur de fréquence cardiaque…

Parallèlement, on peut constater que plusieurs applications ont été créées pour l’activité des

professionnels de santé. Par exemple « médicament 2014 », « vidal » ou « appo’crate »

mettent à disposition, pour les professionnels, une base de données pharmacologique où des

centaines de médicaments sont référencés. Dans certains de mes stages, j’ai pu observer

l’utilisation régulière de ces applications par les infirmières et également par les médecins, qui

dans le doute n’hésitent pas à vérifier rapidement certaines propriétés ou contre-indications.

« IDE protocoles » et « Appl’IDE » proposent des fiches techniques et des outils utiles au

quotidien dans la pratique soignante. « Livret douleur » conseille sur la meilleure échelle

d’évaluation de la douleur à utiliser pour le patient. Il met, par exemple, à disposition les

outils qui permettent d’évaluer la douleur des patients âgés. Un certain nombre d’infirmières

libérales est amené à utiliser « mémoplaie » pour optimiser le suivi des plaies des patients, ou

encore « Albus », qui propose une gestion personnalisée de planning ainsi que des échelles,

des scores, une aide au calcul de dose ou encore un convertisseur de glycémie. Enfin dans un

de mes stages, il est arrivé à une infirmière d’utiliser des applications de traduction, pour

faciliter l’échange avec des patients étrangers.

Toutes ces applications peuvent effectivement faciliter le travail de l’infirmière dans la

mesure où elles sont bien utilisées et au bon moment avec l’accord du patient. L’utilisation

des TIC en santé cible avant tout un bénéfice de santé publique, mais suscite tout de même de

nombreuses interrogations sur la modification des relations soignant/soigné, la protection de

12 http://esante.gouv.fr/actus/services/la-m-health-permettrait-d-economiser-99-milliards-d-euros-en-europe-en-

2017

13 http://www.samsung.com/fr/galaxys4/lifecare.html#

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la confidentialité du dossier médical, ou encore la qualité de l’information médicale délivrée

au patient.

4.3. Le contexte législatif

4.3.1. Développement des TIC dans la santé

En faisant le lien entre ma situation et les textes législatifs et déontologiques, je m’aperçois

que l’envoi d’une photo par l’infirmière au médecin doit être fait en respectant un certain

nombre de règles.

La loi du 13 aout 2004 relative à l’assurance maladie indique que le développement de

nouvelles technologies dans le domaine médical ne doit aucunement aller à l’encontre des

règles déontologiques que sont la qualité de soin, le consentement du patient, le libre choix du

médecin, le secret médical, ou encore la responsabilité du professionnel de santé.

Ainsi donc l’utilisation des TIC dans le domaine de la santé est autorisée, à condition de

respecter les droits du patient, et de privilégier la sécurité et la qualité de sa prise en charge.

L’article R. 4312-10 du code de la santé publique souligne que pour garantir la qualité des

soins qu'il dispense et la sécurité du patient, l'infirmier ou l'infirmière a le devoir d'actualiser

et de perfectionner ses connaissances professionnelles. Il a également le devoir de ne pas

utiliser des techniques nouvelles de soins infirmiers qui feraient courir au patient un risque

injustifié.

L’article R. 4312-28 du code de la santé publique souligne que l’infirmier, lorsqu’il a recours

à des procédés informatiques, doit prendre toutes les mesures qui sont de son ressort pour en

assurer la protection, notamment au regard des règles du secret professionnel, ceci quel que

soit le moyen de stockage des données,

Ces deux derniers textes de lois, plus centrés sur la pratique de l’infirmier, autorisent ce

dernier à utiliser les TIC et soulignent l’importance du respect du secret professionnel dans

cette utilisation. L’infirmière citée en exemple dans ma situation y était tenue, et devait donc

s’assurer du respect de cette règle déontologique avant de transmettre la photo.

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4.3.2. Le partage d’information et de données personnels au sein de l’équipe

La loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système santé autorise

expressément les professionnels de santé à échanger des informations relatives à un même

patient, sauf opposition de sa part, afin d’assurer la continuité des soins ou de déterminer la

meilleure prise en charge possible. Lorsque le malade est pris en charge par une équipe de

soins dans un établissement de santé, les informations sont réputées confiées à l’ensemble de

l’équipe. En dehors d’un établissement de santé, cet échange de données, doit être précédé

d’une information claire, afin de laisser au patient la possibilité d’exercer son droit

d’opposition.

Dans la situation que j’expose, la photo est envoyée par l’infirmière au médecin, afin qu’il

détermine la meilleure prise en charge possible de madame M. Les deux professionnels de

santé sont autorisés à échanger des informations concernant madame M qui est leur patiente

commune, du moment que cette dernière en est informée. Cependant la photo étant sur le

portable personnel de l’infirmière, il devient facile pour d’autres personnes non concernées

par la prise en charge de madame M d’y avoir accès. Le respect du secret professionnel est

donc entravé par le manque de sécurité dans le stockage de données personnelles.

La loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés

refondues par la loi du 6 août 2004 reprend la précédente loi citée dans un contexte d’échange

par voie électronique. Elle souligne qu’après avoir reçu le consentement de la personne

concernée, les données utilisées ne doivent comporter ni nom, ni le prénom des personnes ni

leur numéro d’inscription au répertoire national d’identification des personnes physiques.

Lorsqu’il est mis fin à l’hébergement des données, l’hébergeur restitue les données qui lui ont

été confiées, sans en garder de copie.

Dans un premier temps, en faisant le lien avec ma situation de stage, je constate que l’échange

de la photo doit être au préalable autorisé par madame M, informée du mode de transmission

et de la nature du document envoyé. N’étant pas présente le jour de la prise de photo, je ne

sais pas si cela a été le cas. De plus, il fallait, lors de la recherche de ce consentement, tenir

compte de la capacité de raisonnement et de prise de décision de madame M.

Dans un deuxième temps, ayant vu la photo, j’ai pu observer le respect de l’anonymat et qu’il

était impossible d’identifier la personne, ce qui correspond au respect de la loi citée

précédemment. Cependant, son mode de conservation n’est pas, selon moi, approprié. En

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effet, la conduite la plus adaptée pour sécuriser la conservation de la photo aurait été de

l’imprimer, pour la garder dans le dossier de soins, et de la supprimer du contenu du

smartphone des deux professionnels.

4.3.3. Le secret professionnel

L’Article 4 du décret n°93-221 du 16 février 1993 relatif aux règles professionnelles des

infirmiers et infirmières : le secret professionnel s’impose à tout infirmier ou infirmière et à

tout étudiant infirmier dans les conditions établies par la loi. Le secret couvre non seulement

ce qui lui a été confié, mais aussi ce qu’il a vu, lu, entendu et constaté ou compris.

Le secret professionnel est défini par l’article 226-13 du code pénal : « la révélation d’une

information à caractère secret par une personne qui en est dépositaire, soit par état ou par

profession, soit en raison d’une fonction ou d’une mission temporaire, est punie d’un an

d’emprisonnement et 150 000 € d’amende. ».

L’article 34 de la loi du 13 août 2004 relative à l’assurance maladie délimite la notion de

prescription électronique en précisant que celle-ci est un service comportant la prescription

dématérialisée de médicaments, de dispositifs médicaux, d’examens ou d’actes de soins fait

par un professionnel de santé légalement autorisé.

En conclusion, il est probable que cette nouvelle technique peut s’avérer être efficace lorsque

le médecin n’est pas présent et que l’on veut continuer à l’informer de l’évolution de ces

patients mais l’infirmier est tenu au secret professionnel et il peut être puni judiciairement si

cela n’est pas respecté. Ainsi la photo prise par Mme M ainsi que les recommandations faites

par le médecin doivent rester confidentiel. De plus, la prescription électronique est légalement

autorisée pour le médecin.

4.4. Elaboration de l’enquête exploratoire

4.4.1. Présentation argumentée des modalités de réalisation

Après avoir mené une pré-enquête sur le thème de ma QDP, je décide dans le cadre de la

réalisation d’une enquête exploratoire, de choisir la méthode clinique. En effet, effectuer des

entretiens auprès de professionnels de santé va pouvoir me permettre de mieux comprendre le

phénomène de l’utilisation du Smartphone par les infirmières, la place qu’il peut avoir dans

leur exercice avec notamment les avantages et la problématique que cela soulève.

Page 18: L’usage des Technologies de l’Information et de ... · Quelle est la place du smartphone dans les soins infirmiers ? 5 4. Phase exploratoire 4.1. Définitions des mots clés 4.1.1.

12

Ma situation relate une infirmière travaillant en EHPAD. Il est important de souligner la

spécificité de ce lieu. En effet, l’infirmière s’y retrouve autonome et travaille avec des

médecins libéraux pas toujours présents sur la structure. C’est cette absence du médecin, qui a

amené l’infirmière à utiliser son téléphone, afin de le tenir au courant à distance du suivi de sa

patiente. Je souhaite donc étudier ce phénomène dans d’autres structures où l’infirmier est

amené à travailler avec des professionnels de santé qui ne sont pas toujours présents avec lui.

J’ai donc choisis d’interviewer :

· La première, âgée de 32 ans qui travaille seule en centre de dialyse depuis 8 ans. Nous

l’appellerons Dial32. Elle a été diplômée à 21 ans. L’entretien a duré dix minutes. Il

s’est déroulé peu avant midi dans son lieu de travail. Nous avons été souvent coupées

par les alarmes des appareils.

· La deuxième, âgée de 24 ans qui travaille en EHPAD depuis 3 ans. Nous l’appellerons

Ehpad24. C’est son premier poste. L’entretien, qui s’est déroulé en plein milieu de

l’après-midi sur son lieu de travail, a duré quinze minutes.

· La troisième, âgée de 51 ans qui est diplômée depuis 31 ans. Nous l’appellerons

Libé51. Elle est passée par de multiples expériences professionnelles et travaille

maintenant en libéral depuis 13 ans. L’entretien s’est déroulé à son domicile, en fin

d’après-midi pendant 46 minutes.

Je me suis renseignée au préalable sur l’expérience de chacune au regard de la pratique que je

questionne, prenant soin d’interroger des infirmières qui utilisaient leur téléphone dans le

cadre professionnel afin de comprendre les raisons, la façon dont elle l’utilise, mais également

l’avis qu’elles ont sur cette utilisation. J’ai également privilégié, des infirmières d’âge, de

parcours et d’ancienneté différents.

J’ai rencontré par la suite, une infirmière qui utilisait également cet outil sur son lieu de

travail : un service des urgences. A l’opposé des infirmières précédentes, cette dernière

travaille en présence du reste de l’équipe soignante sur son lieu de travail. Il m’a paru

intéressant de comparer son témoignage avec mes précédents entretiens. Toutefois, des

problèmes matériels m’ont empêchée de disposer de l’enregistrement complet de l’entretien.

- La quatrième âgée de 48 ans, elle est diplômée depuis 26 ans. Nous l’appellerons

Urg48. Elle a travaillé de nuit dans un service des urgences d’une clinique de la région

après avoir travaillé dans un service de réanimation et effectué 10 ans de libéral. Elle

Page 19: L’usage des Technologies de l’Information et de ... · Quelle est la place du smartphone dans les soins infirmiers ? 5 4. Phase exploratoire 4.1. Définitions des mots clés 4.1.1.

13

est également depuis 1990, infirmière sapeur-pompier volontaire. L’entretien s’est

effectué en fin d’après-midi sur son lieu de domicile et a durée 40 minutes.

Afin de mener ces entretiens, j’ai rédigé un guide d’entretien semi-directif14 afin de rester

ouverte au cheminement de la personne. J’ai commencé avec une question inaugurale très

générale pour laisser les infirmières interrogées développer les points clés qu’elles voulaient

aborder. Les questions de relance m’ont ensuite permis de mieux identifier la problématique.

L’entretien s’est réalisé sous anonymat du personnel interrogé, les noms cités sont fictifs ce

qui permet de respecter le secret professionnel. Avec l’accord des personnes, je les ai

enregistrées à l’aide de mon téléphone portable. La retranscription de mes entretiens est

disponible en annexe II, III, IV et V. Ils ont été classés dans l’ordre où les personnes ont été

précédemment citées. .

4.4.2. Analyse des entretiens

Pour commencer, j’ai demandé à chacune de se présenter avant de débuter l’entretien. J’ai

constaté que chacune était à une tranche d’âge différente et que le niveau d’ancienneté variait

également. Cela montre que l’utilisation du smartphone ne dépend pas de la génération dans

laquelle elles ont grandi ni de l’expérience dans le domaine.

Elles utilisent chacune au moins une fois par jour leur smartphone pour travailler, sauf pour

celle travaillant aux urgences.

Pour procéder à l’analyse de mes entretiens, je me suis aidée d’un tableau, où j’ai procédé à

une analyse thématique horizontale et une analyse biographique verticale. Ensuite, j’ai repris

les thématiques qui ressortaient majoritairement de mes entretiens et j’ai décidé de les traiter

ci-dessous en faisant des liens entre les quatre entretiens pour un même thème.

4.4.2.1. Notion de temps

Dans les entretiens, j’ai pu constater que la notion de temps était régulièrement abordée. Pour

Ehpad24 le téléphone apporte « un gain de temps » (L111) notamment en raison de

l’agrandissement de la structure, qui a fait que « pour communiquer ce n’était plus possible »

(L97). Ainsi son téléphone lui permet de communiquer avec le reste de l’équipe soignante au

sein de la structure en évitant les déplacements inutiles « ça va trois fois plus vite de sortir le

14 Annexe I

Page 20: L’usage des Technologies de l’Information et de ... · Quelle est la place du smartphone dans les soins infirmiers ? 5 4. Phase exploratoire 4.1. Définitions des mots clés 4.1.1.

14

portable » (L71). Dial32 confirme en disant que l’échange par SMS « c’est rapide et

efficace » (L29-30). Libé51 fait également apparaître cette notion de temps notamment pour

« les infos en temps réel, tout le temps » (L34) que ce soit avec l’équipe ou les patients. Pour

Dial32 comme pour Ehpad24 et Libé51, cette notion se ressent principalement dans la

collaboration interprofessionnelle. Dial32 envoie au médecin les photos « comme ça, il les a

en direct » (L14-15), « il voit la photo comme s’il était devant » (L18). Le médecin

coordinateur de l’EHPAD « reste joignable par texto même le dimanche et les jours fériés, si

on a un souci » (L63). Enfin Libé51 précise que celui qui travaille « est joignable 24h/24h »

(L29), lorsque c’est elle, elle a constamment une oreillette pendant toute sa tournée afin de

rester joignable pour ses autres patients et le reste de son équipe De plus lorsqu’elle fait un

soin non technique, elle explique que : « je regarde qui m’appelle et des fois je réponds »

(L124-125) notamment quand c’est un autre patient.

Pour Urg48, cette notion de temps n’apparaît pas dans son entretien. Cela est sûrement dû au

fait qu’elle est en permanence avec l’équipe soignante présente. En comparaison, pour Dial32

qui travaille seule avec une aide-soignante la plupart du temps, « le médecin, ici, ne vient

qu’une fois par semaine » (L13), « parfois, il a des réunions donc il ne peut pas venir » (L16).

On peut donc constater que l’usage du téléphone ce fait pour pallier à l’absence du reste de

l’équipe. Ehpad24, rajoute que cet usage se fait également pour faciliter la communication

dans l’équipe dans de grande structure. Comme elle le dit, en service, « il y a un seul couloir

[…] tu cries, et tout le monde t’entend » (L19-21), ce qui n’est pas possible sur son lieu de

travail.

En résumé, une meilleure gestion du temps est apportée par le smartphone pour les

infirmières amenées à travailler à distance de l’équipe, où dans une grande structure. Le

smartphone leur apporte deux choses : un échange rapide au travers de SMS et appels, mais

également un échange d’information en temps réel.

4.4.2.2. L’amélioration du travail en équipe

Dans tous les entretiens, il ressort majoritairement que le téléphone peut apporter une

amélioration de la collaboration entre les professionnels de santé. Nous avons vus que cette

amélioration est due à une notion de temps, mais elle est également due à la multiplicité des

échanges d’information, rendus faciles.

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15

Dial32 explique : « je suis toujours en relation avec le médecin, j’ai choisis de l’ [ndlr : son

téléphone] avoir avec moi tout le temps » (L69). Elle envoie les photos de fistules

inflammatoires et transmet les résultats de TP ou INR par SMS, c’est « une alternative »

(L16) notamment « quand il n’est pas joignable ou quand il est en meeting ou réunion »

(L27). Cela permet de « le tenir au courant » (L15) et que le médecin puisse lui dire « les

recommandations, s’il y a besoin de soins particulier » (L18-19).

La situation est similaire pour Ehpad24 qui explique elle aussi qu’elle est régulièrement en

communication avec les médecins par les SMS. Elle envoie rarement les photos prises par son

téléphone mais stocke celle-ci dans un logiciel sécurisé, afin que les médecins puissent les

consulter quand ils viennent, ainsi que les infirmières qui reviennent de congé, cela « permet

de ne pas être seule non plus face au pansement » (L41). Lors de mon entretien avec elle, elle

m’a également expliqué, qu’il lui était arrivé de filmer un abcès qu’elle devait vider. En

envoyant la vidéo au médecin, il a pu quantifier le liquide sorti et « adapter le protocole »

(L59). Il arrive également qu’elle contacte les laboratoires de pansement pour « avoir un

conseil » (L43). Enfin, la collaboration se fait aussi et surtout avec les aides-soignantes de sa

structure qui « appelle de suite sur le portable » (L13) en cas d’urgence ou de doutes « des

fois […] on est dans une chambre, on est en train de faire un pansement […] ça appelle, ça

insiste, on décroche » (L16 à 18).

Pour Libé51, qui est en libérale, il y a « une transmission orale systématiquement » (L92)

avec les infirmiers avec lequel elle travaille, « on se téléphone, on se fait une relève » (L86).

Ils utilisent également beaucoup les SMS pour communiquer entre eux: « on se textote

beaucoup entre collègues […] une info se passe comme ça » (L36-37), « on fait passer la

tournée par texto » (L82) qu’elle justifie à plusieurs reprises par le fait d’avoir « un visuel »

(L40 et L86). De plus, en cas de problème « t’appelles ta collègue, elle vient t’aider »(L149)

ce qui permet de ne pas être seule. Quand aux médecins, elle rajoute « ils me téléphonent

beaucoup » (L87). Elle indique que régulièrement, avant de se rendre chez le patient, ils se

donnent rendez-vous avec le médecin par téléphone (L145).

En plus de cette collaboration professionnelle dans le cadre de la prise en charge de leurs

patients, ils s’échangent également leurs connaissances notamment pour Libé51 qui explique

que : « j’ai lu un article, je le fait passer aux collègues » (L81). Urg48, qui n’utilise pas ce

type de technologie pour collaborer avec l’équipe soignante précise quand même que

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16

lorsqu’elle ne sait pas quelque chose « c’est très probable que le médecin non plus ne sache

pas, on va consulter ensemble » (L82) sur l’ordinateur du service.

En conclusion, l’utilisation de TIC comme le téléphone peut permettre une amélioration du

travail en équipe, notamment dans les structures extrahospitalières, où cette dernière n’est pas

forcément présente simultanément. Pour Ehpad24 le téléphone apporte « une meilleure

collaboration avec les autres » (L111). Pour Dial32 « c’est vraiment un rapport privilégié avec

le médecin et ça permet un échange avec les médecins » (L25). Et pour Libé51 il y a

« l’échange à tous les niveaux » (L150). Il apparait également que leur smartphone, qui

permet de joindre l’équipe soignante, leur évite de ne pas se trouver seule dans la prise en

charge de leur patient notamment en cas de difficulté.

4.4.2.3. Améliorer sa pratique

Les infirmières en cas de doute dans leur pratique sont amenées, parfois, à consulter via leur

téléphone ou ordinateur, des protocoles en lignes où des applications qui leur apporteraient

des réponses.

Pour Ehpad24, c’est régulièrement que pour « un simple doute […] on sort le portable »

(L117) afin de consulter des protocoles en lignes. Libé51 confirme la même habitude : « j’ai

toujours une petit peu peur, donc je vérifie » (L108), « je ne fais pas n’importe quoi » (L117).

Quand à Urg48, elle a stocké sur son appareil des arbres décisionnels qu’elle a eu à rédiger.

Dans certaines situations d’urgences, elle n’hésite pas à consulter ce type de document :

« pour pouvoir se remettre en mémoire […] ça rassure » (L20), ce sont « des ptits rappels »

(L16-17). L’intérêt de stocker ces informations sur téléphone plutôt que sur ordinateur est

évident : « on l’a systématiquement sur nous et du coup ce n’est pas bête d’avoir des trucs

dessus » (L40).

Toutes les infirmières interrogées ont, comme dans le cas de Mme M, été amenées à prendre

des photos de plaies dans le but d’un meilleur suivi du patient. J’ai pu donc comprendre

l’intérêt qu’elles y voyaient, dans quel contexte elles le faisaient, comment elles s’y prenaient.

Pour Dial32, comme dans ma situation, lorsque « les fistules des patients sont inflammatoires,

ou pas jolies » (L12), elle les prend en photo et les envoie ensuite au médecin qui lui fait part

de ses recommandations. Cela lui permet de s’organiser dans son soin, par exemple, lorsque le

médecin qui voit la photo « en direct » (L15) constate que la fistule inflammatoire n’induit

pas une consultation urgente, cela « évite au patient d’aller jusqu’à Marseille pour voir le

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17

médecin » (L17). Libé51 prend également les photos des plaies, cela lui permet de suivre

« l’évolution des plaies » (L45). Ces deux infirmières connaissent le souci de confidentialité

dans le partage de données entre professionnels de santé lorsqu’il n’est pas sécurisé. Toutes

les deux ont choisi de ne pas identifier leurs photos. Dial32 « n’utilise que les trois premières

lettres du nom et du prénom » (L7) quand à Libé51, qui m’a bien souligné « le problème

d’informatique-liberté » (L50), ne note pas le nom ni la date du pansement. Cependant, pour

le remboursement des soins et afin de diminuer le nombre de feuilles volantes, elle prend

également « en photo les cartes mutuelles » (L45), où sont affichées toutes les informations

du patient. En faisant ça, elle sait pertinemment qu’elle ne respecte pas la législation, mais le

côté pratique prime.

Quand à Ehpad24, l’EHPAD dans lequel elle travaille a mis en place un logiciel sécurisé qui

affiche sur le dossier informatisé du patient « un suivi de toute la durée du pansement » (L24)

avec les protocoles effectués. Cela lui permet « d’avoir une évolution et quand les médecins

passent, comme il ne passe pas à l’heure des pansements […] ils peuvent consulter » (L26 et

30). Les photos prisent avec son Smartphone sont mises sur l’ordinateur et effacées du

téléphone juste après.

En comparant avec ma situation et mes recherches exploratoires, je pense que la prise de

photo permet d’améliorer le suivi d’une plaie. Cependant il faudrait un moyen de capture de

photo sécurisé pour permettre le respect du secret professionnel. De plus, le fait que le

portable soit un appareil que l’on a très souvent à porter de main, il permet d’aller rechercher

des informations rapides et fiables en cas de doute.

4.4.2.4. La relation avec patient

Sur la plupart de mes entretiens, un terme est très souvent employé : « il participe » (L23 du

1er entretien, L57 du 3e entretien et L74 du 4e entretien).

Chacun a donc pu me faire part de la satisfaction des patients lorsqu’elles prenaient les photos

de leurs plaies. Dial32 me dit « qu’ils trouvent ça marrant » (L22), France constate que « ça

leur plaît beaucoup » (L47), en effet dans cette pratique « ils se sentent impliqués, ils se

sentent uniques » (L121), « il se passe une petite osmose entre le patient et l’infirmier » (L57).

Urg48 rajoute que « ça peut rapprocher, ça les fait rire, ils participent, ça renforce un peu le

lien » (L74).

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18

Un autre mot revient dans deux entretiens : « rassure ». Dial32 explique que lorsqu’elle

envoie les résultats des TP au médecin devant eux « ils ne râlent pas du tout, au contraire, ils

comprennent que je suis en relation avec le médecin, ça les rassure » (L21). Libé51 explique

qu’ils sentent « la relation patient-infirmier-médecin, ce triangle-là » (L57). Pour amener cette

utilisation, Urg48 explique que « c’est très important la façon dont on amène la chose, parce

que si l’on ne dit rien, il va peut-être croire qu’on joue avec son téléphone, non moi je prends

le temps de lui expliquer que c’est un outil qui peut m’aider à le soigner, il comprend » (L74).

Pour Urg48 et Dial32, une application qu’elles utilisent permet de pouvoir communiquer plus

spécifiquement avec leurs patients étrangers et ainsi pour Dial32 « on arrive beaucoup mieux

à communiquer » (L10). Pour Urg48 qui est « confrontée à un problème de langue avec des

patients étrangers » (L43) cela permet de « ne pas faire d’erreurs, pour savoir quels sont les

antécédents, les traitements importants et surtout les allergies, le ressenti de la douleur, où ils

ont mal, comment ils ont mal » (L55). Quand à Libé51, cette dernière utilise un certain

nombre d’applications de médecine alternative, musicothérapie, pomma-thérapie et bien

d’autres. Pour elle « on a plein de cartes, l’essentiel c’est qu’on ait une amélioration » (L94).

L’utilisation de ces applications « adoucit le nurse et les enfants, ça les amuse beaucoup »

(L113). Elle les adapte en fonction de ses patients.

Libé51 reste également disponible pour tous ses patients qui peuvent lui téléphoner quand elle

prend en charge une autre personne. Cependant, certains infirmiers de son équipe, ont décidé

de ne jamais répondre au téléphone lors d’un soin. Elle précise, en parlant des patients, qu’il y

a « ceux qui boudent parce que tu téléphones et que c’est leur soin, leur moment à eux, et ils

te veulent pour eux tout seul » (L133).

Quand à Urg48, elle se sert de photos pour « montrer une plaie » (L66) qu’un patient ne voit

pas et qui est dans la demande. Cela devient un petit plus pour mieux satisfaire les besoins

qu’expriment les patients. Mais elle souligne l’importance lors de cet usage de toujours

demander au patient. Elle rajoute qu’il est primordiale pour ce genre d’utilisation qui n’est pas

encore répandue et pouvant être mal vue de « l’amener d’une certaine manière » (L59). En

effet, pour elle, ce « ce n’est pas toujours simple d’utiliser son téléphone à ce moment-là »

(L47-48) et qu’il « peut être un frein à la communication tout comme un avantage » (L117-

118).

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4.4.2.5. Les limites de l’utilisation du téléphone

La limite qui apparait le plus est l’excès de son utilisation à des fins personnelles. Pour

Dial32, le téléphone ne doit pas être utilisé « à outrance » (L22), « j’essaye de ne pas l’utiliser

pour le plaisir » (L36). Pour Ehpad24, il s’agit de « rester professionnel » (L89) c'est-à-dire

« ce n’est pas pour jouer avec toute la journée, pour aller sur facebook pendant une toilette »

(L91).

Urg48 et Libé51, soulignent d’avantage le fait de ne pas en être dépendant. Pour Libé51, « il

ne faut pas que ça devienne ton compagnon, ça reste un outil » (L151), pour Urg48 « il faut

pouvoir travailler sans » (L113). On pourrait le mettre en lien avec leur âge et l’expérience

qu’elles ont. En effet, elles ont appris travailler et à vivre sans cet outil.

4.4.2.6. Synthèse

Après cette analyse, je constate que si le Smartphone est utilisé dans les structures

extrahospitalières, c’est pour permettre d’améliorer les relations interprofessionnelles

notamment au niveau de la collaboration. Cette amélioration se fait par le gain de temps dans

les échanges, où l’on n’attend pas d’être en face de la personne pour partager les informations

et où ces dernières sont partagées en temps réel sans contact physique. Les échanges se font

alors plus vite, dans l’immédiat et paraissent plus riches. Les infirmières n’hésitent pas en cas

de besoin ou de doute, de demander à ceux qui travaillent avec elles et qui sont disponibles.

Cela permet aux infirmières de se sentir moins seules face aux soins, de pouvoir répondre plus

vite aux changements de situation des patients et d’assurer leur pratique. Un exemple de cette

évolution, est le suivi des plaies des patients qui se fait en prenant des photos et en les rendant

disponible aux autres professionnels. Ces derniers peuvent se rendre compte de l’évolution de

la plaie et de ce fait aider à la prise en charge alors qu’ils ne sont pas présents lors du soin.

En ce qui concerne la prise en charge du patient, il est ressorti de mes entretiens, que lors des

prises en photo des plaies, les patients se sentaient impliqués, que cela pouvait renforcer le

lien soignant soigné grâce à la prise en compte du patient de l’intérêt qu’on lui porte et les

moyens utilisés pour le soigner. S’ajoute à cela, le fait qu’ils soient rassurés que l’infirmière

puisse être, à tout moment, en contact avec les autres professionnels de santé et que ce dernier

soit au courant de chaque modification de la situation. Ils se sentent alors pris en charge de

façon plus complète et peuvent le constater en voyant cet échange à travers l’utilisation du

téléphone. Cependant, certains n’apprécient pas que l’infirmière soit en communication avec

d’autre à distance. La disponibilité de cette dernière se retrouve réduite, et elle n’est pas

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20

complètement présente pour la personne soignée lors du soin. La prise en charge semble alors

se rationnaliser : tous les patients semblent être pris en charge en continue, à tous moments

par l’ensemble de l’équipe communiquant à distance pour assurer un suivi des soins.

5. Question de départ définitive

L’analyse de mes entretiens, m’a alors amenée à la question de départ définitive suivante :

En quoi les TIC influencent la prise en charge singulière du patient au sein

de l’équipe soignante ?

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Problématique théorique

Dans cette phase, j’ai décidé de développer deux concepts : l’équipe soignante, qui est un

point essentiel ressorti de l’analyse de mes entretiens, notamment dans l’amélioration de la

collaboration entre les professionnels de santé par l’usage des TIC. Puis, j’aborde le concept

de singularité dans le contexte de la prise en charge du patient qui est également influencée

par l’utilisation du téléphone. Enfin j’aborderai dans une troisième partie, les enjeux et les

limites de l’usage des TIC dans le domaine de la santé.

Avant de commencer à travailler sur chacune de ces parties, j’ai trouvé pertinent de citer cette

réflexion de Walter Hesbeen15 qui semble particulièrement illustrer le lien entre chacune de

ces parties:

Une pratique soignante de qualité est celle qui prend du sens dans la situation de vie de la

personne soignée qui a pour perspective le déploiement de la santé pour elle et pour son

entourage. Elle relève d’une attention particulière aux personnes et est animée par le souci

du respect de celle-ci. Elle procède de la mise en œuvre cohérente et complémentaire des

ressources diverses dont dispose une équipe de professionnels et témoigne des talents de

ceux-ci… (Hesbeen, 2002, p.55).

Ici, l’auteur montre bien qu’il est important que le soignant ait une attention tournée vers la

personne soignée. Il parle également de « ressources », terme qui me fait penser au thème

abordé ici : les TIC utilisés comme outil. Ces derniers peuvent être utiles en complétant notre

pratique soignante dans la mesure où ils sont utilisés à bon escient. Cette ressource, comme il

est dit, est à disposition de l’équipe qui joue un rôle essentiel dans la prise en charge

singulière du patient.

1. L’équipe soignante

Il est dit que la « plupart des activités humaines ne sont pas des activités individuelles et

solitaires : elles sont le produit des actions concertées et coordonnées de plusieurs personnes »

(Mucchelli, 1975, p. 12).

15 15 Walter Hesbeen est infirmier et docteur en santé publique à l’université catholique de Libé51vain.

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Dans le domaine de la santé, la prise en charge du patient tend à se faire de manière globale

grâce à l’implication d’un ensemble de professionnels de santé (infirmière, médecin, aide-

soignante, diététicienne, kinésithérapeute…) formant une unité : l’équipe soignante. Dans la

situation de stage que j’ai relatée, l’infirmière travaillait avec des médecins et

kinésithérapeutes libéraux. Une diététicienne était présente deux jours par semaine. Des aides-

soignants et des aides médico-psychologiques étaient présents tous les jours. L’ensemble de

cette équipe travaillait en collaboration à différentes échelles afin de prendre en charge

globalement le patient, de répondre à ses besoins dans différentes disciplines, et pouvoir

construire un projet de soin pluri-professionnel.

Le dictionnaire des soins infirmiers et de la profession infirmière16 définit l’équipe soignante

comme un « groupe de professionnels ayant des qualifications différentes dans le domaine de

la santé, et qui collaborent à la réalisation d’un projet de soins individualisé commun ». Le

travail en équipe permettrait alors une prise en charge individualisée grâce à un mode de

répartition des tâches et des responsabilités entre plusieurs professionnels de santé remplissant

des fonctions différentes dans un but commun à tous. La répartition des tâches selon les

compétences et capacités de chacun est garante de l’efficacité du travail et du respect des

possibilités de tous. En effet recourir aux compétences de chaque professionnel de santé,

membre de l’équipe, est le meilleur moyen pour favoriser la solidarité et profiter au maximum

des capacités de chacun. La présence de diverses disciplines permet d’avoir une vision plus

large de la situation, et ainsi de bien la comprendre. Elle permet à l’équipe d’échanger des

expériences, d’élaborer des idées, de prendre, ensemble, des décisions, d’avoir des solutions

plus diversifiées face à une problématique.

Cependant la collaboration entre l’équipe n’est pas toujours évidente (une discipline peut se

montrer trop imposante, chaque membre doit maitriser sa discipline, il peut y avoir des

opinions qui divergent ou un manque de communication…).

Margot Phaneuf, professeur en sciences infirmières au Canada, a établi une typologie

d’équipe de soins17, qui selon la façon dont elles sont formées, leur cohésion et leur mode de

travail, prennent des tournures différentes. J’ai trouvé intéressant d’étudier ces différences

pour en déterminer les critères nécessaires pour un travail d’équipe de qualité.

16 Dictionnaire des soins infirmiers et de la profession infirmière AMIEC recherche 3éme édition MASSON

17 http://www.infiressources.ca/fer/depotdocuments/Le_travail_d_equipe_aupres_des_malades.pdf

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- L’équipe non structurée : il n’y a pas de réelle organisation stable, les personnes sont

réunies sans un but réel ni une orientation définie. L’engagement des soignants est

difficile. Il n’y a que peu de discipline et d’esprit d’équipe.

- L’équipe semi-structurée : les personnes ont en commun une tâche partagée, mais aux

contours mal définis, dans un fonctionnement sans réel cohésion. On y retrouve de la

discipline, de l’engagement, mais pas de véritable esprit d’équipe.

- L’équipe très structurée : dans ce type d’équipe on y retrouve des objectifs de travail,

et des méthodes biens définies. La discipline est stricte, mais il y a peu d’attention

portée aux relations humaines et pas d’esprit d’équipe. Le groupe est centré plus

particulièrement sur la tâche à réaliser.

- L’équipe conflictuelle : les personnes ne s’entendent pas, celles-ci s’ignorent ou se

manipulent. Caractérisés par la tension, les accords se font du bout des lèvres, mais les

émotions négatives sont toujours présentes. Absence, tiraillement, manque de

motivations ou d’engagement caractérise le groupe. Pas d’esprit d’équipe, ni de réelles

disciplines dues, surement à la défaillance de la communication. La préoccupation de

l’équipe porte sur ses désaccords.

- L’équipe unie : les membres sont liés par un but commun, un fonctionnement

caractérisé par la cohésion et la communication, mais son mode d’action manque de

pragmatisme et il n’a pas toujours l’efficacité désirée. C’est une équipe centrée sur les

participants et leurs relations plus que sur les tâches et les malades.

- L’équipe équilibrée : permet à chacun d’être soi-même, tout en apportant sa

contribution personnelle au groupe. Les personnes y exercent la coresponsabilité, la

collaboration, l’acceptation mutuelle et l’engagement à l’ensemble. Il en résulte une

saine créativité, une efficacité certaine et une qualité supérieure de la vie de travail.

Les membres de l’équipe attachent de l’importance à la tâche mais aussi au soigné. Ce

type de groupe crée un milieu chaleureux, équilibré et solide. Les membres sont

satisfaits d’effectuer quelque chose ensemble. Discipline, communication et respect

mutuel permettent une bonne entente.

On peut donc voir que pour arriver à un modèle d’équipe soignante équilibré, plusieurs

critères doivent être pris en compte : l’organisation et la discipline qui se fait par la

répartition équilibrée des tâches entre les professionnels, leur collaboration et la définition

claire des objectifs à atteindre pour répondre aux attentes fixées. De plus, il est important

d’avoir un bon esprit d’équipe qui se fait par un bonne communication, la cohésion entre les

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24

membres ainsi que le respect mutuel de chacun. L’engagement personnel permet la

dynamique du groupe et la qualité du travail fourni et enfin il est nécessaire de ne pas être

centré uniquement sur l’équipe mais également de savoir s’en détacher pour mieux prendre

en compte la personne soignée et ses besoins.

De mes entretiens, il est ressorti que l’utilisation des TIC influençait majoritairement deux de

ces critères : l’organisation du travail en équipe avec une collaboration interprofessionnelle

et les échanges d’informations qui se font plus vite grâce au smartphone et la disponibilité de

l’infirmière pour le patient qui n’est pas toujours présente du fait qu’elle puisse être en

relation en continue avec le reste de l’équipe. Que ce soit dans mes entretiens ou dans ma

situation de stage, l’esprit d’équipe et l’engagement personnel ne paraissaient pas être changés

par l’utilisation des TIC, j’ai donc choisi de ne pas les développer ci-dessous. La disponibilité

et l’attention envers la personne soignée étant traitées dans mon deuxième concept de

singularité, j’ai choisi ici de m’attarder plus particulièrement sur l’organisation du travail en

équipe. Pour moi, la qualité de l’organisation est incontestablement reliée à une collaboration

efficace.

Que ce soit en libéral, en hôpital ou dans d’autre structure de santé, l’infirmier, d’après la

compétence 9 du référentiel de notre formation, est amené à travailler en collaboration pour

assure la continuité des soins. Cette compétence détermine :

- La faculté d’organiser des interventions en tenant compte des limites de son champ

d’activité.

- De veiller à la continuité des soins.

- De choisir les outils de transmission de l’information adaptés et en assurer la mise en

place et l’efficacité.

- De coopérer au sein d’une équipe pluri-professionnelle dans un souci d’optimisation

de la prise en charge sanitaire et médico-sociale.

- De coordonner le traitement des informations apportées par les différents acteurs.

Il a été défini que la collaboration interprofessionnelle est :

L’ensemble de relations et d’interactions qui permettent ou non à des professionnels

de mettre en commun, de partager leur connaissance, leur expertise, leur expérience,

leurs habiletés, pour les mettre, de façon concomitante au service des clients et pour le

plus grand bien des clients. (Wacheux, Kosremelli Asmar, 2007, p.4)

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25

Il n’y a donc pas de travail en équipe sans collaboration interprofessionnelle. Dans le domaine

de la santé, elle permet la mise en commun des activités de chacun des professionnels (kiné,

médecin, aide-soignant….) au profit d’un seul but, celui d’une prise en charge globale et

personnalisée qui répond aux attentes et aux besoins du patient. Ce partage d’information se

fait souvent grâce à des réunions, où tous les professionnels peuvent transmettre leurs

observations sur le patient, les actions mises en place et les résultats obtenus. Le dossier de

soin du patient permet également ces transmissions et le suivi des soins. Cependant, il est

nécessaire, pour les réunions comme pour le dossier de soin, que le professionnel de santé soit

présent sur la structure pour donner ou recevoir ces informations.

Au cours de mes entretiens, ces notions de partage d’information, d’aide à la prise de décision

sont bien mis en évidence comme le dit Dial32 elle est « toujours en relation avec le

médecin » (L69) pour « le tenir au courant » (L15). De même, on constate que dans ma

situation, la collaboration entre l’infirmière et le médecin est présente : l’infirmière envoie des

informations au sujet de la plaie d’une patiente à son médecin, ce dernier lui donne les

recommandations afin qu’elle ne puisse pas être seule face au soin, et que les deux

professionnels agissent ensemble pour le bien de leur patient. Ainsi les TIC sont des outils

supplémentaires pour permettre d’améliorer la collaboration interprofessionnelle en rendant

disponible deux professionnels de santé à distance. C’est ce que confirme Sylvie Grosjean et

Luc Bonneville18 en disant que :

Les TIC peuvent être des instruments renforçant les liens coopératifs entre acteurs et

favorisant, via le partage de connaissances et d’informations, la création de synergies

dans une optique d’amélioration des services de santé et d’augmentation de leur

efficacité organisationnelle. (Grosjean et Bonneville, 2007, p.145).

L’article « Soins infirmiers et singularité des patient » explique que : « les négligences

renvoient à des dynamiques de groupe soignant conflictuelles où l’on s’écoute peu, où chacun

travaille dans son coin, sans réelle mise en commun des observations » (Le Breton, 2011,

p.34). Les TIC utilisés comme support de collaboration permettraient de diminuer ses

négligences, notamment grâce à un gain de temps, caractéristique ressortie lors de mes

18 Sylvie Grosjean et Luc Bonneville sont tous deux professeurs au département de communication de la faculté

des arts de l’université d’Ottawa.

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entretiens : « ça va trois fois plus vite de sortir le portable » comme le dit Ehpad24, une

disponibilité en continu de chacun des membres puisque Libé51 précise que celui qui

travaille est « joignable 24h/24h » et que ça « permet de ne pas être seule » selon Ehpad24 et

favoriser l’échange des informations en temps réel, puisque cette dernière précise avoir « les

infos en temps réel, tout le temps » (L34). Si l’on reprend la compétence 9, les TIC ont été

utilisés par ces infirmières, qui sont majoritairement en milieu extrahospitalier, comme outil

de transmission de l’information adapté aux coéquipiers et aux situations.

Cependant Roger Mucchielli19 a indiqué que « le fait de connaître et même seulement de voir

les partenaires est déjà en soi générateur de confiance » (Mucchielli, op. cit, p.42), il rajoute

également qu’une des conditions pour bien travailler en équipe est « une communication

interpersonnelle bilatérale facile dans toutes les directions et non pas seulement selon le

réseau constitué en vue de la tâche » (ibid, p.59). Il est donc important pour l’équipe soignante

qui utilise les TIC pour communiquer et échanger des informations, de continuer à se réunir

régulièrement autour d’une table dans le cadre professionnel, afin de favoriser l’échange

d’informations direct. Cet échange comprend une dimension de langage non verbal important

dans la communication et permet de maintenir une relation de confiance entre chacun des

membres favorable à la prise en charge globale du patient.

2. La prise en charge singulière du patient

Le Larousse définit la singularité comme « caractère de ce qui est unique en son genre »20.

Cette singularité se retrouve dans cette définition de l’homme : « L’homme est un être unique,

qui a des attentes et des besoins biologiques, sociaux, culturels et spirituels ; un être en

perpétuel devenir et en interaction avec son environnement. Un être responsable, libre et

capable de s’adapter, un tout indivisible » (Ministère de l’emploi et de la solidarité, 2001,

p.8).

Dans le domaine de la santé, chaque prise en charge devient alors singulière à partir du

moment où l’on prend en compte le patient comme un homme, un être unique. Walter

Hesbeen le confirme en définissant le « prendre soin » par « une attention particulière que

l’on va porter à une personne vivant une situation de vie particulière en vue de lui venir en

19 Roger Mucchielli a été un psycho-sociologue et psychopédagogue français.

20 http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/singularit%C3%A9/72863

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aide, de contribuer à son bien-être, de promouvoir sa santé » (Hesbeen, 1997, p.8). Cet auteur

considère le soin comme un art, une œuvre de création car cette attention « n’est pas

préétablie, ni programmable, ni répétable d’individu à individu. Elle est toujours à penser, à

repenser, en fait, à créer » (ibid., p8). Ainsi, chaque situation de soin est singulière dû à la

variabilité des individus mis en relation. Nous sommes amenés, en tant qu’infirmier, à « nous

poser les questions fondamentales sur notre savoir pour adapter nos interventions de soins à

chaque cas particulier » (Marchal et Psiuk, 2002, p.45). Thérèse Psiuk, directrice

pédagogique, explique dans un de ses articles que :

Le sens du soin va bien au-delà de la réalisation d’une technique, car, pour être

efficace, la prise en compte de la singularité de la personne passe par la validation de

son ressenti qui est une composante fondamentale du soin dit technique. (Psiuk, 2008,

p.14).

Elle rajoute que pour faire évoluer un soin standard en soin personnalisé, il est important

d’être orienté vers « l’observation, l’attention, l’écoute, la vigilance, la créativité avec

l’autre » (Ibid., p14). Il est alors important si l’on veut personnaliser un soin de comprendre et

d’intégrer l’individu que l’on soigne. C’est ce que soulignent aussi, M. Michel et M. Martin21

dans leur article « infirmières ou protocole, qui améliore la qualité des soins ? » : « il n’est pas

possible de considérer un soin infirmier sans prendre en compte l’individu qui fait l’objet de

ce soin » (Martin et Michel, 2008, p.305). Cela se montre alors par notre comportement, notre

activité qui est centrée sur le patient. Dans ma situation, l’infirmière ne doit pas seulement

prendre en photo la plaie, l’envoyer au médecin et appliquer ses recommandations. Elle doit

également observer l’attitude de madame M, la faire participer à cette nouvelle pratique, être à

l’écoute de ce qu’elle exprime, des difficultés qu’elle peut avoir. L’infirmière s’engage alors

dans un soin global qui intègre technique et relation.

Pour Marie Françoise Collière22 :

C’est la relation qui constitue le pivot de soins, en ce sens qu’elle est à la fois le

moyen de connaître le malade et de comprendre ce qu’il a, en même temps qu’elle

21 Fabrice Michel et Claude Martin sont deux docteurs en service de réanimation.

22 Marie Françoise Collière est titulaire de la maitrise de soins infirmiers de santé publique de la Wane State

University (USA).

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détient un pouvoir thérapeutique. Elle devient source d’information pour évaluer l’aide

à apporter et elle amène à réfléchir sur ses propres émotions et attitudes qui

accompagnent les soins appropriés (Collière, 1983, p.69).

Ainsi c’est la qualité de la relation soignant-soigné qui va permettre d’adapter des soins à

dimension « standard » à chacun des patients pris en charge. J’ai donc choisi de m’attarder,

par la suite sur les points essentiels qui composent une relation de qualité avec le patient.

Le dictionnaire encyclopédique des soins infirmiers23 définit la relation soignant-soigné

comme :

Un lien entre deux personnes de statut différent : la personne soignée et le professionnel

de santé. Cette relation nécessite trois attitudes de la part du soignant :

- Un engagement personnel de l’infirmière, le malade étant accepté sans jugement

de valeur, tel qu’il est, avec un autre mode de raisonnement, d’autres réactions et

d’autres sentiments.

- Une objectivité pour éviter une déformation de ce qui est vu, entendu.

- Un minimum de disponibilité.

Une étude menée par l’Ordres des Infirmières et Infirmiers du Québec en 1996 montre que les

comportements attendus du patient envers le personnel infirmier sont les suivants : la

disponibilité, la présence, l’attention, le souci, la compréhension, l’acceptation de la

personne telle qu’elle est.

On retrouve bien ces comportements dans les attitudes du soignant définies plus haut. Dans

mes entretiens, Dial32 qui dit : « je suis toujours en relation avec le médecin, j’ai choisis de l’

[ndlr : son téléphone] avoir avec moi tout le temps » (L 69) laisse supposer qu’elle n’est pas

disponible à cent pour cent pour ses patients et qu’elle pourrait manquer d’attention envers

eux en étant également en relation continue avec le médecin lorsqu’elle travaille. Quand à

Libé51, elle a constamment une oreillette sur elle. Lorsqu’elle travaille et lorsqu’on l’appelle

pendant un soin avec un patient elle explique : « je regarde qui m’appelle et des fois je

réponds » (L124 - L125). Ainsi la disponibilité, la présence et l’attention, qui sont des

comportements attendus pour renforcer la relation soignant soigné, ne sont pas totalement

23 POTIER M, 2002, p.282.

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respectés par ces infirmières qui, par le biais de leur téléphone, restent en contact avec

l’équipe soignante.

Walter Hesbeen confirme cette nécessité de disponibilité dans la posture soignante « celle qui

permet au soignant de montrer qu’il est là, présent pour telle personne. Elle témoigne d’une

attention particulière. Elle permet d’écouter sereinement et non de façon artificielle et pressée

entre deux tâches, parfois entre deux portes,… » (Hesbeen., op cit, p.99). On retrouve donc

cette notion d’attention particulière et de présence qui permet de montrer la considération du

patient comme un être à part entière. Dans son livre, il parle également de chaleur, d’humilité,

de simplicité, d’authenticité et d’empathie qui définissent les valeurs d’un soignant. Ces

valeurs sont celles qui conditionnent notre sensibilité pour la personne soignée, qui permettent

de renforcer la relation et la complicité avec le patient, de mieux le comprendre et de ce fait

de pouvoir mieux répondre à ses besoins.

Le professionnel soignant est guidé par ses propres valeurs, mais également les valeurs

professionnelles qui sous-tendent sa profession. Charlaine Durand, cadre de santé en IFSI

explique que « la valeur n’est ni un objet ni un concept, elle ne peut être connue que si elle

vécue, c'est-à-dire mise en acte »24. C’est donc bien dans notre relation à l’autre et dans

l’expression de nos actes que se reflètent nos valeurs. Si identifier les valeurs professionnelles

infirmières n’est pas chose facile, il est certain qu’elles doivent se rattacher à des valeurs

humanistes, c'est-à-dire mettre au premier plan ses préoccupations pour l’être humain.

L’usage des TIC dans la santé, peut limiter cette attention tournée vers l’être humain au profit

d’une attention tournée vers l’équipe. Les valeurs professionnelles peuvent donc se retrouver

modifiées. Charlaine Durand, toujours dans le même article, parle alors d’éthique et de

morale. Pour elle : « dans la morale comme dans l’éthique, les valeurs sont constitutives de la

démarche soignante car elles servent de références incontournables dans le comportement

professionnel. La différence fondamentale tient dans la façon de se référer aux valeurs ».

Ainsi, il est déterminant pour l’infirmier, s’il veut rester tourner vers la personne soignée de se

référer aux valeurs humanistes qui conditionnent la posture soignante. Ces valeurs qui

comprennent celles citées par Walter Hesbeen plus haut (la chaleur, la disponibilité,

l’authenticité, l’écoute…) vont permettre de renforcer la relation avec le patient et donner une

dimension singulière la prise en charge de ce dernier.

24 http://www.cadredesante.com/spip/profession/sante/Le-role-des-valeurs-dans-l.html#nb7

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Au regard de ma situation et de l’analyse de mes entretiens, l’infirmier doit savoir utiliser les

TIC en respectant ces valeurs. Pour cela, il doit savoir se détacher de l’équipe lorsqu’il est en

présence du patient, et accorder toute son attention à ce dernier. Lors de mes entretiens, j’ai pu

voir que cette attention et cette disponibilité n’étaient pas toujours présentes. A contrario,

lorsque les infirmières utilisent leur téléphone pour la prise en photo des plaies, les patients se

sentent impliqués, il est donc pertinent de soulever, que cette usage des TIC peut être

favorable dans le cas où elles intègrent le patient dans cette utilisation par exemple en

l’informant de l’intérêt de cet usage. Cela permet, comme le dit Libé51 qu’ils sentent « la

relation patient-infirmier-médecin, ce triangle-là » (L57).

En conclusion, l’usage des TIC doit être fait dans un cadre clairement défini permettant de

continuer à être centré sur le patient, soit en le faisant participer à cette utilisation soit en

mettant de côté la communication avec l’équipe le temps du soin. Il reste cependant important

de continuer à privilégier cet usage pour faciliter l’organisation du travail en équipe.

L’article « Soins infirmiers et singularité des patient » paru dans la revue de l’infirmière

illustre bien cette convergence en expliquant que :

La disponibilité à l’écoute de la plainte, la capacité de la prendre en charge et

d’accompagner le malade sont médiatisés par les qualités de relations qui se nouent pour

le meilleur ou pour le pire entre les différents membres de l’équipe soignante. (Le Breton,

op cit, p34).

3. Les Technologies de l’Information et de la Communication

Nous avons vu, plus haut, qu’une prise en charge singulière du patient par l’ensemble d’une

équipe pluri-professionnelle permet un travail de qualité. Seulement dans ma situation un

nouvel outil prend sa place, pouvant faciliter le travail en équipe : le téléphone portable. De ce

fait, il interfère dans la prise en charge singulière du patient en rendant le soignant moins

disponible de ce que peut exprimer la personne soignée au profit du travail avec le reste de

l’équipe. Les valeurs soignantes tournées vers le patient se retrouvent alors modifiées.

J’ai choisis dans ma QDD de parler de TIC et non pas juste du téléphone portable, car il existe

d’autres technologies susceptibles également de prendre place dans la pratique infirmière

comme les ordinateurs, les tablettes ou encore de terminaux de saisie beaucoup utilisés dans

d’autres champs professionnels. Ils proposent de multiples services comme celui de

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l’informatique, de la transmission de données informatiques ou encore du multimédia à

différents secteur de travail, que ce soit pour l’agriculture, l’environnement, le commerce, la

médecine, l’éducation ou l’information.

Nous avons vu dans ma phase exploratoire que le vieillissement de la population,

l’augmentation des coûts en santé, l’augmentation de la demande en soin et l’inégalité dans

l’accès aux soins sur le territoire ont amené à considérer l’usage des TIC dans la santé comme

une solution clé pour améliorer la qualité et la sécurité des soins. Suite à de nombreuses

recherches, j’ai déterminé que cet usage, qui mène peu à peu à l’informatisation du système

santé apporte les avantages suivants :

- Une meilleure coordination des soins en permettant aux différents intervenants de

recueillir et d’échanger en temps voulu et avec précision les données médicales

nécessaires.

- Une amélioration de la sécurité des soins médicaux par la traçabilité de chaque acte et

la surveillance des activités de soins.

- Une réduction des coûts en améliorant les modalités d’exécution des tâches, en

accélérant le traitement des données et en réduisant les manipulations multiples de

documents.

- L’amélioration du partage de données autour du patient, où les informations seront

plus accessibles et communes à tous.

- L’amélioration de la qualité de diagnostic des professionnels de santé grâce au

développement de la communication entre les professionnels (par la télémédecine

notamment).

- L’amélioration de la continuité des soins au malade en centralisant au même endroit

l’ensemble des soins donné au patient par l’ensemble des professionnels de santé à qui

il a fait appel.

- Amélioration des politiques collectives de santé publique grâce à une circulation

rapide de l’information et une meilleure connaissance de la population.

Plusieurs lois rendent officiel certaines utilisations des TIC en posant un cadre règlementaire.

Par exemple l’article L6316-1 du code de la santé publique, précise la définition de la

télémédecine :

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La télémédecine est une forme de pratique médicale à distance utilisant les

technologies de l'information et de la communication. Elle met en rapport, entre eux

ou avec un patient, un ou plusieurs professionnels de santé, parmi lesquels figure

nécessairement un professionnel médical et, le cas échéant, d'autres professionnels

apportant leurs soins au patient.

La télémédecine comprend alors cinq types d’actes médicaux : la téléconsultation, la télé-

expertise, la télésurveillance médicale, la téléassistance médicale et la réponse médicale. Elle

a essentiellement pour but, dans le cadre de la loi et du respect des droits du patient, d’assurer

des soins, de communiquer avec le patient ou un autre professionnel à distance. La

télémédecine représente un des enjeux de l’utilisation des TIC dans la santé notamment en

favorisant la prise en charge à domicile des personnes dépendantes pour désengorger les

établissements de santé. Les Agences Régionales de Santé (ARS) ont en charge la définition

du plan régional de santé qui inclut les plans de télécommunication et de télémédecine devant

répondre aux attentes du territoire.

La télémédecine, d’après un rapport de Pierre Simon et Dominique Acker25, deux conseillers

généraux des établissements de santé, doit s’effectuer dans le respect de certains principes

déontologiques :

- La relation par télémédecine entre un patient et un médecin doit être personnalisée.

Son consentement à ce nouveau mode d’exercice doit être obtenu.

- Le secret professionnel doit être garanti ce qui implique un dispositif sécurisé.

- L’exercice de la télémédecine doit répondre à un besoin d’égalité d’accès aux soins,

d’amélioration de la qualité et de la sécurité des soins.

- Elle doit se réaliser avec un dispositif technologique fiable.

Le Dossier Médical Personnel créé par la loi du 13 aout 2004 de l’assurance maladie et porté

par le CSP est un dossier médical dématérialisé qui rassemble les informations médicales

relatives à un patient (par exemple : prescriptions, imagerie, résultat de laboratoire,

antécédents) et nécessaire à la coordination des soins. Opérationnel depuis 2011, c’est un outil

de coordination au service des professionnels de santé et au bénéfice du patient qui contribue

25 http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/Rapport_final_Telemedecine.pdf p.14

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à l’amélioration de la qualité des soins et à la continuité des soins. En France le dossier est

accessible au médecin et au patient qui doit donner son consentement au préalable.

Le programme Hôpital numérique 2012 développé par la Direction Général de l’Offre des

Soins26 répond à de véritables enjeux de modernisation et de recomposition du système de

santé sur tout le territoire français. L’une des trois orientations concerne l’accélération de la

mise en œuvre des systèmes d’information hospitalière par l’utilisation des TIC. Cinq

domaines prioritaires ont été définis27 :

- Le partage de résultats d’examens médico-techniques.

- Le dossier patient communiquant au sein de l’hôpital mais surtout entre la ville et

l’hôpital.

- La prescription électronique.

- La gestion des ressources et notamment l’optimisation des rendez-vous et la gestion

des blocs opératoires.

- Le pilotage médico-économique.

A travers ces projets mis en place, je constate que les TIC sont amenés à être de plus en plus

utilisées dans notre milieu. De ce fait, de nouvelles compétences peuvent être demandées aux

professionnels de santé et notamment aux infirmiers pour assurer leur intégration dans le

domaine. J’ai alors voulu m’intéresser à la définition de la compétence :

D’après le Petit Robert, la compétence est « une connaissance, une expérience qu’une

personne a acquise dans tel ou tel domaine et qui lui donne la qualité pour bien juger ».

D’un point de vue de la psychologie, Claude Levy-Leboyer28 définit les compétences

professionnelles de façon plus approfondie :

26 DGOS : direction générale de l’offre des soins est une direction générale du ministère de la santé, elle a pour

but d’assurer la qualité des soins, d’organiser l’offre des soins et d’organiser la formation des professionnels de

santé.

27 http://esante.gouv.fr/actus/politique-publique/colloque-industries-du-numerique-et-de-la-sante-discours-de-

nora-berra-secr

28 Claude Levy-leboyer est professeur de psychologie du travail

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Les aptitudes et traits permettent de caractériser les individus, d’expliquer la variante

de leurs comportements dans l’exécution de tâches spécifiques. Les compétences

concernent la mise en œuvre intégrée d’aptitudes de traits de personnalité et aussi de

connaissances acquises pour mener à bien une mission complexe dans le cadre de

l’entreprise et dans l’esprit de ses stratégies, des valeurs et de sa culture. (Levy-

Leboyer, 1990).

Ainsi, si l’on rapporte ça aux compétences de l’infirmière, ces dernières définissent son

comportement. Il est pris en compte le cadre dans lequel sont mis en œuvre ses compétences

ainsi que les valeurs et la culture dans lesquelles l’infirmier a grandi et s’est formé.

Ainsi, l’intégration des TIC dans les structures hospitalières répond à de nombreux enjeux et

stratégies d’organisation dont j’ai parlé plus haut. Les valeurs soignantes et personnelles de

l’infirmière, peuvent se confronter à ce cadre qui soulève des intérêts différents aux siens, ce

qui peut avoir un impact sur les compétences de l’infirmière demandées et donc son

comportement.

Sylvie Jetté29, dans son article explique que « les infirmières doivent dorénavant posséder des

habiletés de recherche documentaire électronique, […] des compétences générales dans

l’utilisation des différents systèmes d’information informatisés en milieu clinique » (Jetté,

2008, p33-34). Elle confirme donc ces compétences nouvelles que doit détenir l’infirmière

pour répondre aux exigences de l’intégration des TIC dans leur milieu professionnel.

Dans mes entretiens ou ma situation, les infirmières utilisent des technologies qu’elles

connaissent, peu sécurisées. Sylvie Jetté dans son article parle de compétences beaucoup plus

poussées qui nécessite une formation en particulier pour l’usage des logiciels sécurisés mis en

place dans les structures de santé.

La réforme de 2010 de la formation infirmière, comprend 25 heures au 1er semestre dans l’UE

Méthode de travail et TIC qui sont destinées à l’utilisation des technologies de l’information

et de communication. Or, ces heures sont essentiellement destinées à l’utilisation de

traitement de texte ou d’élaboration de diaporama, utiles durant les trois ans de formation

(rendus de travail, travaux de groupe). Les logiciels utilisés sur les lieux de stages, les services

29 Sylvie Jetté est un professeur agrégée en sciences infirmières.

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informatisés n’ont pas été abordés dans cette unité d’enseignement, ce qui aurait été peut être

utile dans notre future prise de poste, où nous serons confrontés à la mise en place des

systèmes informatisés dans les établissements de santé.

Ceci peut avoir pour conséquence une modification des profils recherchés par les

établissements de santé.

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4. Question De Recherche

De ma partie théorique, il en est ressorti que les TIC permettent effectivement d’améliorer le

travail en équipe, notamment la collaboration interprofessionnelle. La communication et la

disponibilité pour les autres membres se retrouvent facilitées notamment grâce à un facteur

temps non négligeable. Cependant les valeurs soignantes qui définissent la qualité de la prise

en charge singulière du patient, peuvent se retrouver modifiées par cette utilisation qui prend

le risque de ne pas impliquer la personne soignée.

La conjoncture actuelle qui implique une intégration des TIC dans le domaine de la santé de

plus en plus poussée notamment avec les systèmes informatisés qui régissent de plus en plus

les structures hospitalières, ne permet pas d’éviter cette utilisation. Il y a donc une possibilité

de modification des compétences demandées aux infirmières.

Ce cheminement, m’a permis de poser l’hypothèse suivante :

L’utilisation des TIC dans la pratique soignante modifie les compétences

infirmières demandées.

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37

Méthodologie de la recherche

1. Le choix argumenté de la méthode

Deux méthodes de recherches sont possibles :

- La méthode expérimentale

Cette méthode permet de tester une hypothèse d’un phénomène précis afin de l’expliquer. Elle

sera confirmée ou infirmée en étant confrontée à une réalité objective grâce à un outil adapté

élaboré par le chercheur. Cette hypothèse est composée de variables indépendantes et

dépendantes qui sont testées par le biais de l’outil utilisé. La variable indépendante est celle

dont le chercheur cherche à mesurer l’influence sur la variable dépendante.

Ici, il s’agit d’une recherche quantitative, le chercheur recueille des données numériques dont

l’analyse se fait essentiellement par le biais de statistiques. Il y a une logique de

démonstration et de vérification.

Cette méthode ne permet pas de questionner un phénomène d’ordre moral ou éthique, elle

touche un aspect restreint du phénomène qui permet de n’avoir qu’une vision partielle de la

problématique. Le chercheur reste observateur et objectif.

- La méthode clinique

Cette méthode s’intéresse essentiellement à la clinique d’un sujet choisi afin de comprendre

un phénomène. Il ne s’agit pas d’une hypothèse, la recherche est guidée par un

questionnement.

Il s’agit, ici, d’une recherche qualitative, le chercheur met en avant l’expérience humaine

vécue par un sujet. Il va analyser les interactions avec le sujet et est prêt à accueillir tout ce

qui relève de l’imprévisible. Les résultats sont singuliers et contextuels.

Ses limites sont l’aspect subjectif de réponses obtenues car ces dernières proviennent

directement d’un être humain.

Il m’apparait donc ici plus pertinent d’utiliser la méthode expérimentale pour me permettre de

valider ou non l’hypothèse que j’ai élaborée. Ce mode de raisonnement hypothético-déductif

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38

me permettra de déterminer s’il y a une relation de cause à effet entre l’intégration des TIC

(variable indépendant) sur les compétences infirmières demandées (variable dépendante).

2. L’outil d’enquête

Afin de confronter mon hypothèse à la réalité du terrain, j’ai choisi d’utiliser comme outil

d’enquête le questionnaire. Ce questionnaire, sera composé de questions ouvertes, fermées ou

à choix multiples. J’ai suivi un fil conducteur, avec pour commencer un recueil

d’informations personnelles concernant l’infirmière interrogée. L’avantage d’un tel outil est

de pouvoir interroger un grand échantillon de population.

Cependant cet outil comporte certaines limites, notamment l’absence de garantie sur le

répondant. Il peut fournir des réponses au regard de son idéal et pas forcément de ce qu’il est

et ce qu’il fait vraiment. Il peut également en discuter autour de lui, ce qui influe sur la

spontanéité de ses réponses, ce qui risque de fausser les réponses.

3. Choix de la population

Pour mener à bien cette enquête, j’ai choisi de questionner des infirmières qui ont un certain

nombre d’années d’exercice dans le métier (supérieur à 10 ans). En effet, elles pourront

répondre avec un certain recul sur le phénomène grâce à leur expérience. Leurs réponses

pourront être le reflet de l’évolution qu’elles ont pu constater des compétences demandées

tout au long de leur carrière professionnelle.

4. Les modalités de mise en œuvre

Dans un premier temps, j’ai élaboré mon questionnaire. Puis, j’ai choisi de distribuer une

trentaine de questionnaires dans plusieurs lieux de santé. Ces derniers ne sont pas ciblés, je ne

cherche pas ici à expliquer le phénomène dans un lieu de santé spécifique. Les lieux sont les

suivants :

- Un service de soin dans un établissement public.

- Un service de soin dans établissement privé.

- Dans un cabinet d’infirmière libéral.

- Dans un établissement long séjour.

- Dans un service de santé mental.

- Dans une entreprise ou dans une école.

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39

- Dans un établissement de santé publique.

Les questionnaires seront distribués de façon équitable avec un minimum de 4 questionnaires

par lieu. Pour distribuer mon questionnaire, je prendrai contact directement avec les

infirmières y travaillant en leur demandant de répondre à mon questionnaire avec

bienveillance et dans un temps donné. Le questionnaire, comportera également une partie

d’évaluation de mon outil par les infirmières afin de pouvoir mieux analyser la pertinence de

celui-ci.

5. Traitement des données

Les données seront analysées de façon statistiques, où j’établirai sous forme de pourcentage

les réponses obtenues.

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40

Conclusion

A un certain endroit de ce travail de recherche, il y a eu un moment, où je me suis retrouvée à

parler d’éthique. Lorsque je suis allée lire des documents qui abordaient le sujet et après avoir

parcouru plusieurs écrits, il m’est venu quelque chose que je pourrais sûrement qualifier de

« déclic ».

Bien loin de penser, au début de ce travail, que j’allais être amenée à aller lire des écrits sur

l’éthique, je me suis alors fait la réflexion, que chacune des personnes de ma promotion

réalisait, tout comme moi, une démarche éthique en réalisant ce mémoire.

En effet, je comprends depuis, le véritable intérêt de tout ce travail de recherche. D’une

situation qui m’a interpellée, je me suis positionnée en fonction d’une pratique selon mes

valeurs, une morale et une éducation auxquelles j’ai été confronté depuis toute petite. Ce

positionnement (et c’est là où je peux dire à quel point ce travail m’a permis d’évoluer), j’ai

appris à le mettre de côté. J’ai appris à aller plus loin que mes observations pour aller

rechercher des informations qui pouvaient me permettre d’expliquer cette situation et de la

comprendre plus objectivement. Ces informations, j’ai dû aller les chercher auprès des

professionnels où il a fallu que je confronte mes valeurs et mon expérience aux leurs et

prendre du recul sur mes perceptions de départ.

Ce travail, m’a également fait découvrir tous les chercheurs et auteurs, sociologues,

psychologues, anthropologues, médecins, cadres, qui ont travaillé sur des sujets et des thèmes

pour lequel je me suis questionnée un certain nombre de fois en stage et dont je n’avais jamais

pensé à lire leurs écrits.

Tout ce processus de recherche est le cheminement d’une longue maturation qui s’est faite

depuis le commencement de ce mémoire, mais il est également le résultat de mon évolution

tout au long de ma formation et de tout ce que j’ai appris.

Lorsque je me projette dans mon futur, je sais maintenant combien il est important de

confronter nos sentiments, nos réflexions à celles des autres, à celles des écrits, pour se

remettre en question, améliorer sa pratique et questionner le bien fondé de nos actes.

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BIBLIOGRAPHIE

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ANNEXES

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Annexe I : le guide d’entretien

Question inaugurale :

- Parlez-moi de l’utilisation du smartphone dans le cadre professionnel. Qu’en pensez-

vous ?

Questions de relance :

- Comment l’utilisez-vous ?

- Est-ce que cela peut renforcer la prise en charge de vos patients ?

- Quels sont les limites d’un tel outil selon vous ?

- Est-ce que ces risques limitent votre utilisation ?

- A quel manque pallie le téléphone selon vous ?

Après mon premier entretien, je me suis rendu compte que j’avais besoin de poser d’autres

questions afin de mieux comprendre la manière dont elles l’utilisaient

- Est-ce que cela renforce la collaboration avec les autres professionnels de santé ?

- Comment les patients voient-ils cette utilisation ?

- La fréquence d’utilisation ?

- Est-ce que l’utilisation est réglementée dans votre cadre professionnel ?

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Annexe II : entretien d’Dial32

J’aimerai, pour commencer ; que tu te présentes, si ça ne te gêne pas. 1

Je m’appelle Dial32, je suis infirmière libérale dans un centre de dialyse depuis 5 ans. J’ai eu 2

mon diplôme en 2005, après ça je suis allée directement bosser dans le centre lourd de 3

dialyse. Et quand un poste s’est libéré près d’ici, j’ai posté ma candidature pour y travailler. Je 4

suis seule infirmière. 5

Très bien. Alors, pour commencer, qu’est-ce que tu penses de l’utilisation du téléphone 6

par les infirmières ? 7

Alors pour ma part, je trouve ça bien utile. On sort de l’été, pendant deux mois j’ai beaucoup 8

d’étrangers qui viennent et qui ont besoin de séances de dialyse. Comme je ne parle vraiment 9

pas bien l’anglais, j’utilise le traducteur et on arrive beaucoup mieux à communiquer ; c’est 10

chouette. Ensuite, je me sers aussi de mon appareil photo. Parfois, les fistules des patients 11

sont inflammatoires, ou pas jolie, du coup, je les prends en photo et je l’envoie directement au 12

médecin. (Elle réfléchit) En fait oui, parce que le médecin ici ne vient qu’une fois par 13

semaine, pour regarder les bilans, voir l’évolution des patients, du coup, je lui envoie les 14

photos comme ça il les a en direct. Je communique beaucoup avec lui, pour le tenir au 15

courant, parfois il a des réunions donc il ne peut pas venir, c’est une alternative. On 16

fonctionne par message. En fait pour les fistules, ça évite au patient d’aller jusqu’à Marseille 17

pour voir le médecin, là au moins il voit la photo comme s’il était devant et il peut me dire les 18

recommandations, si y a besoin de soins particulier ou de faire vraiment le déplacement sur 19

Marseille. 20

Qu’est que vous pensez de l’utilisation du téléphone ? 21

Je trouve que c’est une bonne chose, quand c’est utilisé à bon escient et pas à outrance. Quand 22

ce n’est pas pour quelque chose de personnel ou quoi, après faut savoir euh (une machine 23

sonne) voir entre les deux (elle s’absente quelques minutes). 24

Après c’est vrai que je trouve que c’est une très bonne chose concernant tout ce qui est photo, 25

parce que ça c’est vraiment un apport privilégié avec le médecin et ça permet aussi un 26

échange avec les médecins. Moi, là où je me sers du Smartphone c’est quand le médecin n’est 27

pas joignable ou quand il est en meeting ou réunion ou quoi. En fait, on communique 28

beaucoup par SMS. Pour les informations du patient, quand on reçoit les TP, les choses 29

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comme ça, en fait euh, on fait tout par SMS, ça permet d’avoir un écris, que ce soit rapide et 30

plus efficace. 31

Par exemple quand il y a un souci dans le bilan ? 32

Bah par exemple le mercredi quand c’est le jour du bilan, on a des patients qui ont des TP 33

INR, donc en fait on envoie les résultats par SMS au médecin, qui nous renvoie un SMS pour 34

dire « on change rien » ou « on change la dose », il nous renvoie par SMS aussi. 35

D’accord. Est-ce que tu penses qu’il y a une limite à l’usage des téléphones ? 36

Bah après c’est vrai que moi, j’essaye de pas l’utiliser, pour le loisir ou quoi. Au centre lourd 37

où j’étais auparavant, le téléphone il est complètement interdis. Moi ici, par exemple si j’ai un 38

audit pour savoir si tout se passe bien, je n’ai pas le droit d’avoir le portable dans les poches. 39

Si je suis auditée ou quoi, on peut demander à voir, je n’ai pas le droit d’avoir le portable. 40

Après ils comprennent tout à fait qu’on en ai une utilité avec le médecin pour certains cas 41

particulier mais il faut que ça reste pour des cas particulier. (La machine sonne, elle s’absente 42

à nouveau). 43

Ca interfère avec les machines ? 44

Non, ça n’interfère pas avec les machines. Après nous, c’est vraiment, en fonction du 45

médecin. Chaque centre de dialyse a son médecin référent, y a des médecins qui ne sont pas 46

du tout Smartphone et qui ne savent même pas trop s’en servir pour certains médecins. C’est 47

vraiment en fonction du médecin avec qui on travaille et comment il a l’habitude de 48

fonctionner. Moi c’est vrai que le médecin référent ici, c’est le directeur Médical France, il est 49

toujours en meeting ou en réunion donc c’est un peu par hasard qu’on est arrivé sur ce mode 50

de fonctionnement mais qui nous convient très bien au sein du centre. 51

C’est plus simple que par mail ou ordinateur ? 52

C’est plus simple que par mail quand il y a quelque chose en séance, parce qu’on est devant le 53

patient. (Réflexion) Le patient le prend très bien, et au contraire parfois, il apprécie de savoir 54

qu’on est en contact direct avec le médecin alors qu’il n’est pas là. 55

Quand tu envoies les bilans sanguins, est-ce que tu marques le nom du patient ? 56

Alors nous ici, on a une… (Réflexion). Pour la confidentialité des patients, on utilise que les 57

trois premières lettres du nom et du prénom et en fait, même par SMS on continue à 58

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fonctionner comme ça. On n’écrit jamais le nom en entier. Comme pour nous, c’est presque 59

un code à chaque patient, on est tellement habitué à leurs initiales que même par SMS, on 60

continue comme ça. 61

Tu l’utilises combien de fois à peu près ? 62

Moi je travaille cinq fois par semaine ici, sur les cinq fois par semaine, y à au moins quatre 63

jours où j’en ai l’utilité. 64

Qu’est qu’il en est de la législation ? 65

Quand je travaillais au centre lourd, les téléphones étaient interdis. De toute façon on en avait 66

pas besoin, les médecins était là, y avait nos collègues aussi en cas de soucis, donc on devait 67

le laisser dans le casier c’était formel. 68

Ici, je suis censée faire pareil, mais je suis toute seule, et je suis toujours en relation avec le 69

médecin, donc j’ai choisis de l’avoir avec moi tout le temps. 70

Les patients ils le voient comment ? 71

Bah ils ne râlent pas du tout, au contraire ils comprennent que je suis en relation permanente 72

avec le médecin, ça les rassure. Et puis, ils trouvent ça marrant, parfois quand ils ne voient pas 73

très bien parce que la plaie est pas bien placée il me demande de la voir. Il participe. 74

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Annexe III : entretien de Ehpad24

Je vais vous demander pour commencer de faire une petite présentation de vous. 1

Alors, je m’appelle Ehpad24, je suis diplômée depuis 2010. J’ai 25 ans, donc je travaille ici 2

depuis 3 ans. 3

Ok donc avant tu étais à l’école c’est bien ça ? 4

Voilà. 5

Alors qu’est-ce que tu penses en général de l’utilisation du téléphone dans la profession 6

infirmière ? 7

Bah ça reste pratique. Euh (réfléchis) Au niveau juste pratique, déjà on a une grande structure. 8

On a trois bâtiments, on est que deux infirmières et ne serait-ce que pour être joignable, en 9

cas d’urgence, si il y a une sonnette, on ne court pas, on se met pas à cavaler, on lâche pas tout 10

ce qu’on a, on ne cavale pas vers une sonnette. On laisse, s’il y a une autre aide-soignante qui 11

peut aller voir, on y va pas de suite. Si c’est une urgence, on y est jamais en 5 minutes. Si la 12

fille nous appelle de suite sur le portable et qu’elle nous dit « vite ! Viens, y a ça », on peut 13

prendre ce qu’il faut, aller prendre l’appareil à tension, on y va pas sans rien savoir, on ne 14

prend pas le chariot d’urgence juste parce qu’il y a une sonnette, si il le faut vraiment, on 15

prend tout et on y va. Des fois, on est à l’autre bout, on est dans une chambre, on est en train 16

de faire un pansement et on n’est pas forcément disponible. Si vraiment ça appelle, ça insiste, 17

on décroche et puis là s’il y a une urgence, s’il y a vraiment un gros besoin, on est là sur place 18

et on peut agir. Ce n’est pas comme un petit service où il y a un seul couloir et où quand tu 19

cris et tout le monde t’entend, là c’est beaucoup plus grand. Donc y a ça. 20

Au niveau, bah justement des pansements, on prend en photo les pansements. Ça nous permet, 21

nous, d’avoir un suivi parce qu’on ne travaille pas tous les jours : par exemple pendant 3 jours 22

on n’a pas travaillé, on peut regarder sur le logiciel « titan », on a le dossier informatisé du 23

patient, et ça nous permet du coup d’avoir un suivi sur toute la durée du pansement, savoir si 24

y a un protocole qui ne correspond pas, si y a quelque chose qui est à améliorer. Ça nous 25

permet également d’avoir une évolution et quand les médecins passent, comme ils ne passent 26

pas à l’heure des pansements, comme les résidents ne sont pas toujours disponibles aux 27

moments où ils passent et que ce n’est pas possible de refaire le pansement en terme de coût, 28

en terme de temps, en terme de douleur, si jamais c’est douloureux comme les pansements 29

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d’escarre au sacrum, ils peuvent consulter (le téléphone sonne, elle répond le temps de 30

quelques secondes). 31

Comment ça se passe alors ? 32

On le prend en photo, on l’enregistre sur l’ordinateur et après on peut voir le protocole ce qui 33

a été fait, ce qu’il y a, quand c’est stationnaire on a plus forcément de photos, on peut voir 34

l’évolution au fil du temps. C’est quand même plus pratique. 35

C’est avec un portable de la structure ? 36

Non c’est nos Smartphones parce que le portable de la structure ne fait pas de bonnes photos. 37

Oui donc ça nous permet donc de montrer aux médecins quand ils viennent à n’importe quelle 38

heure « voilà ça c’est l’évolution que vous n’avez pas vu depuis une semaine, c’est comme ça, 39

est ce qu’on peut continuer ce protocole là ou là on s’en sort pas, là on y arrive pas eux, qu’est 40

qu’on peut mettre d’autre ? » voilà ça nous permet de pas être seul non plus face aux 41

pansements et d’avoir un suivi. On peut les envoyer aussi au labo, on a des laboratoires de 42

pansements, on veut avoir un conseil, on leur envoie la photo, l’évolution d’un résident en 43

particulier « voilà ça marche comme ça, qu’est-ce que tu me conseilles comme produits ? Est-44

ce que t’as des nouveaux produits ? » Ils me répondent « non là je te conseille plus ça ou 45

comme ça » 46

Et c’est rapide, au niveau de la réponse, parce que le pansement il se fait sur le moment 47

non ? 48

Moi il me réponde dans l’heure, des fois ça met trois jours, quand ils ont le temps en fait. 49

(Elle réfléchit). Non c’est quand même pratique. 50

Alors tu utilises quoi sinon ? Donc les photos, pour appeler… 51

Les vidéos aussi parce que quand un médecin ne peut pas se déplacer, on peut lui envoyer des 52

vidéos aussi. 53

Des vidéos de quoi par exemple ? 54

Ça peut être des vidéos… (Elle réfléchit) bah on a eu un pansement avec un abcès, l’autre 55

jour, donc du coup on a filmé en même temps qu’on vidait l’abcès pour qu’il puisse quantifier 56

à peu près. On dit « ca a coulé beaucoup, c’est un gros abcès, où on n’a pas quantifié » bah 57

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voilà, donc on envoie la vidéo au médecin qui peut nous dire « oui effectivement ça coule 58

beaucoup trop » ça nous permet d’adapter le protocole. Après on peut s’appeler entre nous si 59

y a besoin. Non le portable ça reste très pratique. 60

Donc c’est surtout avec le médecin et entre vous ? 61

Voilà, parce qu’on a un médecin coordinateur qui est là tous les mardis et vendredi. Mais le 62

reste du temps elle reste joignable par texto même le dimanche et les jours fériés, si on a un 63

souci, on lui envoie un texto, on lui demande si elle peut nous rappeler, elle nous dit oui, non, 64

elle nous rappelle de suite ou dans une heure, ou quand je finis le café (rire). Les autres 65

médecins sont aussi, des fois, pas toujours joignable selon s’ils sont en pause, on peut passer 66

par le secrétariat, qui sont blindés, du coup on passe directement par le portable du médecin 67

traitant, on lui envoie un texto en lui disant, « il faut nous répondre le plus rapidement ». 68

On a aussi des beepers, qui nous affichent la chambre qui sonne. On peut écrire un message 69

aussi, mais franchement avec ça, le temps d’écrire « au secours, il y a une urgence à 70

nananana » (rire), ça va trois fois plus vite de sortir le portable, on appelle et on tombe de 71

suite sur la personne. 72

Vous n’avez pas de téléphone de la structure ? 73

On a un téléphone mais il est très vieux et pas très pratique. Même ma grand-mère en a un 74

plus récent (rire). Donc oui je l’ai mais je l’utilise rarement. 75

Après d’autres fonctionnalités que vous utilisez avec le téléphone ? 76

Internet. Si jamais on est en chambre et qu’on cherche, on a des protocoles en ligne, si jamais 77

on a un doute, ça nous évite de tout laisser en plan. D’un coup on a un doute « ah qu’est que 78

c’est ce médicament ? » pour tous les génériques, par exemple, lors de la distribution des 79

médicaments, quand on tombe sur un médicament « tiens celui-là je le connais pas » on 80

regarde vite sur le Vidal et ça nous permet de savoir qu’est-ce que c’est et si ça correspond 81

bien à sa pathologie. Et puis simplement un doute, tiens on donne ça, ça arrive des fois, on 82

donne par habitude n’importe quel médicament et puis d’un coup le résident qui se réveille et 83

qui dit « et au fait c’est pour quoi faire ça ? » et là on a un blanc, on sait plus où on habite, on 84

sort le portable et on dit « oh c’est pour ça ! » ça revient vite. 85

86

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Toutes les infirmières qui travaillent ici l’utilisent ? 87

Oui. Elles sont jeunes. La plus vieille a 27 ans, la plus jeune 22 ans. 88

Est-ce que vous trouvez qu’il y a des limites à cette utilisation du portable ? 89

Alors ça s’agit de rester professionnel avec le portable. Ce n’est pas jouer à candy-crush dans 90

les couloirs où on s’enterre. Il est dans la poche pour les urgences, pour au cas où et ce n’est 91

pas pour jouer avec toute la journée, pour aller sur facebook pendant une toilette. Faut que ça 92

reste quand même raisonnable. C’est vrai qu’avec les Smartphones il y a énormément 93

d’applications, y a plein de choses, c’est très tentant de passer sa journée sur facebook ou sur 94

candy crush mais faut pas abuser non plus, il faut rester quand même professionnel. On nous 95

le tolère mais à la base ce n’était pas accepté. Quand on a agrandi la structure, on s’est bien 96

rendu compte que c’était beaucoup trop grand et que pour communiquer ce n’était plus 97

possible, donc on a dit d’accord mais il faut respecter certaines mesures. 98

Comment vous respectez la confidentialité par exemple quand vous prenez les photos, 99

vous les gardez ? 100

Non. On les mets sur l’ordinateur et après on les efface. Et le logiciel est sécurisé. Et on le 101

met sur une section sécurisé. En fait on a le même serveur pour tous les ordinateurs de la 102

maison, il y a une partie commune (elle me montre une page d’accueil), et l’autre ça c’est 103

l’ordinateur même de l’infirmerie et cette session on y accède que par mot de passe. 104

Et quand vous avez des soucis de téléphone, par exemple lors des réfections de 105

pansements, vous arrivez à pallier aux soucis ? 106

On est deux en général donc y en a toujours une qui est équipée. Ça m’arrive souvent de plus 107

avoir de batterie sur mon portable personnel mais j’ai toujours celui de la structure, réservé 108

uniquement aux infirmières. Tout le monde a le numéro. Toutes les filles savent que si jamais 109

ça tombe directement sur la messagerie, y a toujours l’autre. 110

A quel manque pallie le téléphone selon vous ? 111

Cela apporte une meilleure collaboration avec les autres. Un gain de temps aussi. Quand y a 112

une urgence, par exemple on a une unité protégée, ce sont les aides-soignantes qui distribuent 113

les médicaments, des fois elles t’appellent et elles te disent qu’il y a un changement de 114

traitement. Même si elles ont l’ordonnance, elle te dise « c’est normal que y a ça qui va pas, y 115

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a ça », il peut y avoir une erreur de préparation « est ce que c’est normal ? ». On est capable 116

de leur confirmer en temps réel. Ou elles t’appellent et elles te disent « y a madame machin 117

qui est agitée tu peux venir voir ? ». 118

Votre fréquence d’utilisation ? 119

Tous les jours. 120

Est-ce que c’est règlementé ? 121

L’utilisation est tolérée à partie du moment où on en abuse pas, et où ça reste efficace, on a 122

démontré qu’on en avait besoin. 123

Vous vous voyez l’utiliser dans d’autres services ? 124

En service même, ce n’est pas plus mal mais c’est une autre organisation. C’est vrai que dans 125

un service normal quand on arrache la sonnerie tout le monde vient de suite. Nous quand on 126

arrache la sonnerie, on regarde qui c’est qui sonne, on regarde le numéro de la chambre on se 127

dit « tiens c’est Marie jo qui est entrain de faire le ménage, elle a tiré le lit avec la sonnette 128

avec » on appelle Marie-jo « oui c’est toi qui fais la 226 ? » « OUI ! » « Rebranche s’il te 129

plait » (rire).130

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Annexe IV : entretien de LIBÉ51

Je vais, pour commencer, te demander une petite présentation de toi. 1

Je suis diplômée depuis 1982. J’ai fait du bloc, de la gynéco, de la chirurgie générale, de la 2

chirurgie orthopédique, de l’hématologie, de l’hématologie pédiatrique, de la réanimation. 3

Qu’est-ce que j’ai fait d’autre ? (réfléchis). J’ai ouvert dans un centre hospitalier de la région, 4

l’unité SIDA avant que ça devienne une unité soins palliatifs. J’ai fait des jours, des nuits, j’ai 5

travaillé dans du public et du privé (rire). En fait, mon projet professionnel dès le départ, était 6

de faire de l’enseignement, et donc, je me suis dit : « pour enseigner, il faut savoir » donc tous 7

les deux ans j’ai changé de service. Bon après il s’est passé différent truc, j’ai raté le concours 8

à l’entrée d’école des cadres, et les conditions de travail se sont dégradées sur l’hôpital donc 9

je me suis par la suite installée en libéral en 98. Bon je ne sais pas tout, je me forme en 10

continue. Et le libéral, parce que je saturais un petit peu, j’ai créé mon cabinet sans trop 11

savoir, j’ai travaillé 18 mois toute seule, et puis finalement j’adore ça, j’adore mon métier. 12

C’est quelque chose qui relie les humains, relationnel, l’économique et technique que tu 13

retrouves en libéral. Dans toute mon expérience libérale, j’ai soigné des patients qui allaient 14

de 15 jours à 102 ans. Donc ça t’obliges à te remettre en question en continue et ensuite je 15

suis quelqu’un de passionnée donc je fais tout à fond : j’ai un DU de cicatrisation, un 16

certificat de consultation infirmière, un certificat d’éducation thérapeutique, je suis entrain de 17

faire le certificat d’’expertise. 18

Alors ma question principale : qu’est-ce que tu penses de l’utilisation du téléphone dans 19

le cadre infirmier ? 20

Alors, déjà le téléphone au point de vue social, c’est à la fois un outil qui rapproche les gens et 21

à la fois qui coupe. Parce que, voilà moi j’ai des enfants âgés de 28 à 22 ans, ils savent rien 22

faire sans leur téléphone, ça textote à longueur de temps, par contre les gens où qu’ils soient, 23

ils ont leur téléphone dans leur mains, c’est à la fois, impoli. A savoir que je fais pareil dans 24

plein de cas aussi (rire). 25

Au point de vue professionnel, c’est un outil extraordinaire. C'est-à-dire : première utilisation 26

du portable quand j’ai commencé à travailler, je transfert mes appels sur mon portable. C'est-27

à-dire que le cabinet est en continue sur mon portable. C’est à dire, que celui qui travaille, on 28

dérive le numéro du cabinet sur son portable, et qu’il est joignable 24H/24h ou en direct ou en 29

différé, parce que selon ce qu’on fait on ne décroche pas. On a l’oreillette, enfin moi je 30

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travaille beaucoup avec mon oreillette. Si tu travailles avec les gants tu ne vas pas appuyer sur 31

ton écran ou oreillette. Mais en règle général tu es joignable 24/24 ce qui n’était pas le cas 32

avant, où il fallait aller au cabinet, voir le répondeur. 33

Ensuite, tu as les infos en temps réel tous le temps. Les patients téléphonent, ils te disent « j’ai 34

besoin d’une injection dans l’après-midi » il est 16h, tu lui dis « oh bah je suis à côté de chez 35

vous, j’arrive ». On se textote beaucoup entre collègue parce qu’il y en a un qui fait la journée 36

complète et un en demi-journée. Donc une info se passe comme ça. 37

Ensuite au point de vue administratif, la plupart du temps, si tu veux on a un lecteur portable 38

de carte vital, seulement les carte mutuelles on en a pas, elles ne sont pas centralisés, donc on 39

a le portable et on prend en photo les cartes mutuelles et comme ça on a un visuelle, je les 40

envois via internet, en e-mail, et c’est affiché à l’ordinateur sur le cabinet et tu as toutes les 41

info : adresse, téléphone et ce qui est important code préfectoral pour l’ordinateur c’est ça qui 42

va le reconnaitre. Mais un coup c’est un code, un coup c’est un autre, alors si tu 43

photographies, il a tout le papier informatisé qui ne traine pas en feuille volante. 44

On suit l’évolution des plaies. Alors (réfléchis) il y a ce qui se fait et ce qu’on ne devrait pas 45

faire. En théorie on ne devrait pas le faire, parce que ce n’est pas sécurisé, maintenant les gens 46

d’abord ils sont très contents quand tu les prends en photo, ça leur plaît beaucoup et (elle 47

réfléchis) je suis en train de réfléchir, on est en train d’informatiser les dossiers mais ce n’est 48

pas pratique. On est en train de mettre au point un logiciel pour mettre sur tablette, mais c’est 49

pareil les tablettes on est avec le problème d’informatique-liberté, c’est toujours un peu 50

embêtant. Si tu travailles en réseau pur, faut pas trop mettre sur internet. Donc on n’a pas le 51

droit, mais si tu veux, souvent j’ai un truc qui m’embête, je vais envoyer la photo au médecin, 52

tu n’identifies pas, qui va aller chercher le truc ? En général les gens ils ne vont pas chercher. 53

Voilà. Il y a les textes et puis il y a ce qu’on fait. Mais il faut éviter de beaucoup identifier 54

directement les trucs. Ça il faut y penser. Après les patients ils ne vont pas aller chercher des 55

poux c’est sûr, je les préviens, ils sont contents d’être pris en photos, je ne les cite pas en nom 56

mais ils sont très content de participer et en plus la relation patient-infirmier-médecin ce 57

triangle-là, il y a un partage d’info et ils sont ok, c’est pour leur mieux aussi. 58

Comment vous faites-vous pour justement pallier à ce soucis ? 59

Je ne note pas le nom. Ce n’est pas identifier mais je sais qui c’est. Tu ne peux pas t’en servir 60

si tu fais une étude puisque qu’elles ne sont pas identifier à J1. Quand tu fais des photos tu 61

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dois identifier la personne, lui mettre la date et à J combien de pansement ou de soins tu es. 62

Mais si tu veux, je suis allée au dernier congrès international de plaies et cicatrisation, et il y a 63

un article (elle réfléchit) on ne sait pas comment partager le truc en fait. Il y a quelqu’un qui a 64

fait une étude, ils prennent une photo, ils tirent en photo, ils font un cahier par personne. Voilà 65

c’est le dernier truc. Pour les médecins infirmier pour y accéder, il faut l’autorisation du 66

patient. 67

Donc du coup comment ça se passe pour les photos ? 68

Je prends les photos, elles sont toutes stockées sur mon portable, en théorie, je vais dans un 69

avenir proche faire des cahiers. Voilà. Le patient aura son cahier à domicile. Mais y a un 70

problème, on peut le mettre sur le dossier, via ordinateur, mais l’ordinateur est au cabinet. Si 71

tu veux un suivi pointu, pour un chirurgien par exemple, il faut que le patient il amène son 72

cahier. On pourrait avoir le dossier de soin partagé qui serait très pratique et sécurisé mais 73

c’est assez libé51rd et difficile d’utilisation donc ce n’est pas encore d’actualité. 74

Quelles autres utilisations tu as ? 75

On passe des SMS à l’équipe, quand je fais passer une info complète « Magalie commence 76

son stage de deuxième année lundi, son numéro est… », « J’ai pris contact avec un 77

remplaçant », « le docteur trouve intéressant de passer voir madame un tel tant de jours par 78

semaine ». Ça tu vois, ce n’est pas légal, mais il y a les noms dessus sinon tu ne t’en sors pas. 79

« L’IFSI demande des terrains de stages » « je viens de lire un article sur la vaseline salicylés, 80

attention effets indésirables : irritantes pour la peau, à éviter si on est atteint de diabète ou 81

neuropathie ». J’ai lu un article, je l’ai fait passer aux collègues. Après, avec l’équipe, donc on 82

a une tournée A et une tournée B, B c’est celle du matin, on fait passer la tournée par texto 83

comme ça on a un visuel, ça change tout le temps. On a un noyau de chronique, pendant des 84

mois on va avoir les mêmes mais par exemple les suivis post-op ça durent peu de temps. Je 85

tiens aussi à ce que tout le monde connaisse les patients, donc on est obligé de mixer. On se 86

téléphone, on se fait une relève, je confirme par texto pour toujours avoir un visuel. 87

Qu’est-ce que je fais d’autre ? Les médecins, ils me téléphonent beaucoup. Ils n’ont toujours 88

pas compris qu’il fallait appeler le cabinet pour avoir celle qui travaille, alors comme je suis la 89

pierre angulaire du truc « Libé51 au secours on a ça ». Sinon, oui de portable à portable, parce 90

que leur numéro fixe, ils ont souvent un secrétariat, moi je préfère les avoir en direct donc 91

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j’appelle sur le portable. Lors de changement d’ordonnance, il y a le dossier du patient et on 92

se fait une transmission orale systématiquement. 93

J’ai un truc sur les tisanes, je suis très médecine alternative. Je pars du principe qu’on a plein 94

de carte, je suis ni pour, ni contre, l’essentiel c’est qu’on ait une amélioration alors quels que 95

soient le truc. Il y a des gens tu vas leur donner une tisane de thym parce qu’ils ont mal au 96

ventre et bah ça va marcher parce que tu auras mis un quart d’heure à lui expliquer que toi tu 97

prends de la tisane, comment faire la tisane, et pendant ce temps les choses se remettent en 98

place, ils relativisent. C’est pareil pour aller à la selle, bon après il faut faire attention de pas 99

être délétère dans tes trucs. 100

J’ai la pomma-thérapie. On s’en sert beaucoup surtout en locale. Pour les hématomes. Ce sont 101

des huiles essentielles. Tu as l’immortel pour les bleus, les hématomes. Tu as l’essence de 102

lavande pour un peu booster une peau. 103

J’ai un guide homéopathique. Des fois un petit conseil. Bon c’est pareil, je n’ai pas à dire ça, 104

faudrait pas le dire parce que ce n’est pas mon rôle. 105

J’ai toutes les constantes, les normes de laboratoire au niveau biologique. C’est super. 106

J’ai le VIDAL. Ça je m’en sers au moins une fois par jour. Comme on fonctionne maintenant 107

avec les dénominations communes internationales, j’ai toujours un petit peu peur, donc je 108

vérifie. 109

J’ai le guide de langue. 110

J’ai la drop box : documents partagés. Je m’en sers beaucoup, parce que je fais partie d’un 111

groupement infirmière et on se fait nos formations. 112

J’ai des sons de la nature, et selon mes patients, des fois je leur mets de la musique pendant 113

que je leur fais des soins. Et des fois ça adoucis le nurse et les enfants ça les amusent 114

beaucoup. 115

Comment le prennent les patients ? Comme l’amènes-tu ? 116

En fait les gens, que ça les ramène à eux, à leur santé. Par exemple quand je cherche un truc 117

sur le VIDAL, ça les rassure, je ne fais pas n’importe quoi. Bon Libé51 elle sait plein de 118

choses, mais non, Libé51 ne sait pas, elle va chercher et c’est rassurant. Les photos ça leur 119

plaisent beaucoup « ah oui, mais tu m’as pas pris en photo aujourd’hui !!! – oui mais là ça n’a 120

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pas beaucoup évolué- …- bon vous voulez que je vous prenne en photo ? – Ouiii ». Ils se 121

sentent impliqués, ils se sentent uniques. Parce que les soins que l’on fait, c’est souvent des 122

soins qu’on fait à très long cours, donc il se passe une petite osmose entre le patient et 123

l’infirmier. Par contre, si le téléphone sonne pendant un soin, et que tu juges qu’il faut 124

répondre ; j’ai un collègue il répond jamais, moi si je ne suis pas en train de faire un soin 125

technique je regarde qui m’appelle et des fois je réponds, parce que la plupart de mes patients 126

sont identifiés sur mes contacts. Quand c’est un soin tout nouveau avec un patient, je leur dis 127

« écoutez là je fais un soin, je vous rappelle dans 10 minutes », et des fois je parle parce que 128

c’est mon mari qui veut savoir ce que j’ai préparé à manger, alors c’est rigolo, parce qu’il 129

m’appelle vers midi moins le quart et forcément, 9 fois sur 10 je suis chez la même personne 130

et là elle dit « ah c’est Guy qui veut savoir ce qu’on mange ». Y a une implication, c’est le 131

côté positif. Et après si tu parles au téléphone à quelqu’un qu’ils connaissent, des fois ils 132

écoutent et ils te disent « ah tu vas voir qui ? Ah mais ma copine, elle m’a dit que tu lui avais 133

téléphoné » bon tu dois garder la confidentialité, mais il y a de l’implication et puis bon y à 134

ceux qui boudent parce que tu téléphones et que c’est leur soin, leurs moments à eux, et ils te 135

veulent pour eux tous seuls. Mais y a toutes les gammes de relation humaines. 136

Quelles sont les limites que tu trouves aux téléphones ? 137

Moi j’aime beaucoup parler en face. Parce que j’aime voir l’expression, je suis à la fois très 138

pratique et visuelle. 139

Autres choses, par exemple si ton portable n’a plus de batterie ? 140

C’est rare parce que j’ai des chargeurs de partout : la voiture, chaque étage de ma maison. 141

C’est rare. Les Smartphones bouffent de l’énergie mais je les mets à charger tous les soirs, ils 142

tiennent la journée. Je travaille beaucoup avec l’oreillette. Les limites… (Réfléchis) je vois 143

pas trop. 144

Patients et médecin, on travaille très bien comme ça. On se donne rendez-vous par téléphone 145

avec le médecin chez le patient. Ça renforce la collaboration. 146

A quel manque ça pallie ? 147

Non c’est un outil qui évolue en fonction de la modernité. Il te permet d’être performant. T’as 148

un souci, par exemple, t’arrives pas à piquer quelqu’un, t’appelles ta collègue, elle vient 149

t’aider, ou un décès, on fait le décès à deux. Tu vois ? Allo égale au secours. C’est quand 150

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même un plus. Et tu travailles en temps réel. Il y a l’échange qui se fait à tous les niveaux. Il 151

ne faut pas que ça devienne ton compagnon, ça reste un outil. C'est-à-dire que quand tu ne 152

travailles pas, il faut que tu puisses te détacher de ton téléphone. 153

La fréquence d’utilisation, c’est donc tous les jours ? 154

Ah oui, oui, oui. 155

Au niveau règlementation ? 156

En libéral, il y a personne qui te dit quoi que ce soit, tu n’as pas de chef. Après c’est pareil, tu 157

as la confidentialité, ce qui est le maitre mot de notre profession. 158

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Annexe V : entretien d’Urg48

Pour commencer, je vais vous demander de faire une petite présentation de votre 1

parcours professionnel. 2

Alors… Je m’appelle Urg48. Je suis infirmière, diplômée d’état depuis 1987. Je travaille au 3

service des urgences d’une clinique privé, donc de nuit, et euh… j’ai eu l’occasion de 4

travailler déjà dans un service de réanimation, dans un service d’urgence, j’ai fait 10 ans de 5

libéral et je suis revenue au service des urgences. Et depuis 1990, je suis également infirmière 6

sapeur-pompier volontaire. 7

Parlez-moi de l’utilisation du téléphone dans la profession infirmière, qu’en pensez-8

vous ? 9

C’est un outil qui est très pratique, plusieurs applications peuvent être utilisées. Au début, euh 10

bon je suis une jeune dans le Smartphone, ça fait que deux ans que j’ai un Smartphone. Mais 11

je suis une ancienne quand même dans les téléphones portables, puisqu’en activité libéral 12

j’utilise le portable depuis 1995. Pour les applications Smartphone, je me suis mis à les 13

utiliser progressivement. Au début c’était, les fichiers PDF qui avait été fait, qui me 14

permettaient en fait dans l’activité de sapeur-pompier, de retrouver des abstracts de protocoles 15

infirmier, qui avaient été mis en place et pour lequel on avait fait des arbres décisionnels et 16

qui en situation d’urgence, en fait c’était des petit rappels. Alors on les connaissait par cœur, 17

mais c’est vrai que dans le cadre des urgences, des fois avec le stress ou quand on part en 18

intervention, on part, ça peut être sympathique de retrouver vite un arbre décisionnel pour 19

pouvoir se remettre en mémoire, tac un ptit truc, ça rassure, même si on a l’habitude, ça 20

rassure énormément. Et donc y avait des protocoles qui avaient été rédigés par des infirmières 21

sapeurs-pompiers de bouches du Rhône en 2005 et ont été revus en 2010. Après 2005, 22

personnellement, j’avais rédigé des abstracts puisque je faisais partie du comité de rédaction 23

de ce protocole et pour qu’on puisse les diffuser à tous les infirmiers des sapeurs pompier on 24

avait trouvé ça pratique de les rédiger. Donc j’avais été en charge de le faire. Comme jme 25

dépatouillais un ptit peu au niveau internet et au niveau bureautique au niveau word et 26

compagnie c’est moi qui les avais rédigés. Du coup je les avais communiqués à tout le monde 27

sous forme de petit livret pratique en format A6, petit carnet d’intervention spécifique aux 28

infirmiers des bouches du Rhône, et comme je l’avais diffusé en fichier PDF pour que tout le 29

monde puisse se faire son ptit carnet, et en fait ce fichier PDF je l’ai sur mon smartphone et 30

du coup je n’ai plus besoin du petit carnet d’intervention parce que quand j’ai besoin je vais 31

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dans mon adobe arder et je sors mes abstracts d’infirmier sapeur-pompier et j’ai tout à portée 32

de main. Donc ça c’est la première utilisation que je fais de mon Smartphone. 33

Moi après au bout d’un certain nombre d’année, je l’ai dit aux autres et effectivement y en a 34

d’autres qui se sont re-téléchargés en fichier PDF sur son Smartphone et je crois qu’il y en a 35

d’autres qui l’utilisent comme ça parce que c’est finalement très très pratique et que du coup 36

on a même plus le petit carnet. On peut avoir le petit carnet parce qu’il est physique, il existe, 37

alors que le Smartphone il peut tomber en panne, on peut ne plus avoir de batterie alors que 38

même si on a plus de batterie le petit carnet il existe toujours mais c’est un autre outil, on l’a 39

systématiquement sur nous et du coup ce n’est pas bête d’avoir des trucs dessus. Ça c’est une 40

première application. 41

Je me sers en tant qu’infirmière au service d’urgence et un peu en sapeur-pompier parce que 42

c’est complémentaire, on est souvent confronté à un problème de langue avec des patients 43

étrangers. Alors j’ai découvert un outil qui est génial et qui s’appelle google traduction et qui 44

permet de traduire. C'est-à-dire qu’en fait avec le vocal, moi jparle en francais à mon 45

téléphone, il traduit au patient dans sa langue, le patient il me répond dans sa langue et moi je 46

me le réécoute en français. C’est magnifique, ce n’est pas toujours simple d’utiliser ce 47

téléphone à ce moment-là. Ce n’est pas simple en intervention de dire STOP « je sors mon 48

téléphone » en fonction de la situation d’urgence et de l’état du patient. Evidemment tout le 49

monde nous regarde avec des gros yeux, et quand d’un coup en fait on se comprend avec le 50

patient turc ou le tchetechenne ou le suédois et bah là à ce moment-là tout le monde est 51

scotché mais c’est vachement pratique parce que les choses importantes à savoirs pour nous 52

en intervention ou dans un service d’urgences pour la prise en charge d’urgence le médecin, 53

pour ne pas faire d’erreurs, pour ne pas savoir quels sont les ATCD, les traitement importants 54

et surtout les allergies, le ressentis la douleur, où ils ont mal, comment ils ont mal, et bah dans 55

une langue étrangère, quand les gens ils parlent pas anglais ou comme moi où je parle pas très 56

très bien l’anglais bah finalement c’est hyper pratique. Ça c’est hyper pratique. 57

C’est effectivement pas toujours de bonne alibé51a de prendre son Smartphone voilà. Aux 58

urgences, encore ça va c’est rigolo, bon après il faut l’amener d’une certaine manière. J’ai eu 59

l’occasion de le sortir lors d’une intervention sapeur-pompier sur un secours routier où y avait 60

plusieurs victimes, et effectivement je me suis fait regarder par des gros yeux par tout le 61

monde, et puis tout le monde finalement s’est rendu compte que ce n’était pas bête du tout. 62

Les gestes d’urgences absolus quelques soit la langue on s’en fou, évidement chez un patient 63

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comateux, on ne va pas lui poser des questions il ne va pas nous répondre. Mais chez un 64

patient qui est conscient… 65

L’appareil photo, je m’en suis servi pour montrer une plaie qu’il ne voit pas. 66

Après une application que j’utilise beaucoup, parce que j’ai la vue qui baisse, mais c’est 67

valable aussi pour d’autres qui n’ont pas ce soucis et qui est très pratique c’est la libé51pe 68

avec lumière. Je l’utilise très souvent pour une épine par exemple au bout du doigt. J’informe 69

le patient, c’est très important la façon dont on amène la chose, parce que si l’on dit rien, il va 70

peut-être croire qu’on joue avec son téléphone. Non moi je prends le temps de lui expliquer, 71

que c’est un outil qui peut m’aider à le soigner, il comprend, et souvent ça peut rapprocher, ça 72

les faire rire, ils participent, ça renforce un peu le lien. 73

Internet j’ai tendance à le consulter sur l’ordinateur directement quand j’ai besoin d’une 74

confirmation. Il peut arriver qu’on reçoive des patients dont on ne connaît pas un 75

renseignement spécifiques sur la pathologie qui est particulière dans ce cas, ça m’arrive de 76

consulter. C’est important de se dire qu’on est sans cesse en train d‘apprendre, moi je suis 77

dans le milieu depuis 20 ans et je ne connais rien, il y a toujours quelque chose à apprendre. 78

Souvent je demande au patient quand il sait sa pathologie, mais parfois ça peut arriver qu’il ne 79

soit pas trop au courant je consulte donc l’ordinateur. Même le Vidal, les médecins ça leur 80

arrivent, nous aussi. Quand je ne sais pas, c’est très probable que le médecin non plus ne 81

sache pas, on va consulter ensemble. Il y en a un qui regarde, et qui le partage à l’autre ou qui 82

laisse la fenêtre d’ordi ouverte pour qu’on aille voir aussi. 83

Et autour de vous, d’autres soignants l’utilisent ? 84

Les autres s’en servent beaucoup moins. Roxane ma coéquipière vient de s’acheter un 85

téléphone et l’ordinateur portable que très récemment et ne sais pas encore l’utiliser, ce n’est 86

pas son truc. Mais les jeunes, parce qu’on est considérées comme des séniors, ne l’utilisent 87

pas forcément tous, je ne les vois pas le faire. Les médecins oui, mais pour un domaine qui 88

nous ne nous concerne pas. 89

Est-ce qu’il y a des limitations à son utilisation dans les lieux où vous travaillez ? 90

Le portable est limité à la sécurité civile, en hélico, cela peut interférer avec les ondes de 91

l’hélicoptère, il est donc formellement interdit de l’utiliser, mais je l’ai avec moi au cas où 92

même si je ne l’utilise pas : une note a été écrite. 93

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Pour le service des urgences, (réflexion) une note a été faite il y a quelque temps pour 94

diminuer les abus d’utilisation du téléphone. Trop de gens l’utilisaient, pour facebook ou 95

d’autres sites du genre. Pour ma part j’ai refusé d’y accepter. Le téléphone nous a sauvé la vie 96

une fois, et je considère que c’est important de l’avoir sur soi, au cas où. En fait, une fois, on a 97

eu beaucoup de fumée dans le service, on a cherché mais on n’arrivait pas à savoir d’où ça 98

venait. Puis il a commencé à en avoir de plus en plus, on a donc pris les mesures nécessaires 99

et on a voulu appeler les secours avec la ligne de l’hôpital. Mais ça ne marchait pas, il y avait 100

plus de tonalité. Ma copine a donc appelé les pompiers avec son portable. Le problème c’est 101

qu’il y avait deux médecins aux sous-sols et on ne savait pas comment faire pour les prévenir. 102

Ils étaient en train de dormir. J’avais heureusement enregistré sur mon téléphone tous les 103

numéros de téléphone du service, et grâce à ça on a pu prévenir notre médecin de la fumée qui 104

a son tour est allé toquer à la porte du médecin réanimateur pour lui dire qu’il fallait 105

absolument évacuer les lieux. On a appris plus tard que c’était la ligne du téléphone qui avait 106

été la source de toute cette fumée et qu’elle avait grillé d’où l’absence de tonalité sur la ligne. 107

Est-ce que pour toi, l’utilisation du téléphone a des limites ? 108

Le téléphone ne doit pas remplacer tous les outils, cela doit être un plus. Comme je disais, il y 109

a beaucoup de limite, par exemple il peut tomber en panne, on ne peut pas compter toujours 110

sur lui, il ne faut pas en être dépendant, tout comme les machines technologiques scope, 111

appareil a tension, ordinateur, respirateur, pousse seringue… cela peut être un plus, très 112

pratique quand on sait l’utiliser mais il faut pouvoir travailler sans. Il n’est pas nécessaire pour 113

ma pratique. C’est comme l’histoire du livret de tout à l’heure, je le consulte sur mon 114

téléphone, mais je l’ai aussi en livret parce qu’il existera toujours, alors que sur le téléphone 115

on peut le perdre à tout moment. De plus il peut être un frein à la communication tout comme 116

un avantage par exemple comme je le disais quand on a des étrangers. Face aux patients, il 117

faut savoir l’amener, mais si l’on sent qu’il est réticent que ça ne lui plait pas, on fait sans, ça 118

doit continuer à être un « plus » et surtout ne pas perdre la communication avec le patient. 119

Moi j’explique que c’est un bienfait pour lui, que ça peut l’aider, et très souvent il n’y a pas de 120

problème, les patients sont très ouverts, ils viennent pour qu’on les aide alors ils acceptent très 121

facilement. 122

Page 69: L’usage des Technologies de l’Information et de ... · Quelle est la place du smartphone dans les soins infirmiers ? 5 4. Phase exploratoire 4.1. Définitions des mots clés 4.1.1.

UE 3.4 « initiation à la démarche de recherche »

UE 5.6 « analyse de la qualité et traitement des données scientifiques et professionnels ? »

UE 6.2 « Anglais »

Mémoire de fin d’études

L’usage des Technologies de l’Information et de

Communication dans la pratique infirmière

Michel Alice Promotion 2011 - 2014

Sous la guidance de : Bigorgne France

Abstract en français

Ce mémoire de recherche aborde le thème de l’utilisation de nouvelles technologies, comme le téléphone, dans

le travail de l’infirmier. Suite à ma situation de départ, je me suis demandée de quelle façon les infirmières pouvaient utiliser ce genre d’outil dans leur travail. Après avoir effectuée des recherches, j’ai entrepris d’allée

rencontrer quatre infirmières que j’ai questionnées par le biais d’entretien sur ce phénomène. A la fin de cette partie, il a été admis que ces dernières l’utilisaient régulièrement, notamment pour faciliter le travail en équipe

soignante. J’ai alors cherché à savoir comment cela pouvait influencer sur la prise en charge singulière du patient. Pour cela, j’ai travaillé sur deux concepts : l’équipe soignante et la singularité que j’ai mis en lien avec

des recherches faites sur les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC). L’aboutissement de

ce travail m’a amenée à une hypothèse : l’intégration de l’usage des TIC dans le domaine de la santé modifie les

compétences infirmières demandées. Pour vérifier cette hypothèse, j’ai effectué une recherche sous la méthode expérimentale. Mots clés : TIC, singularité, équipe, compétence, valeurs soignantes.

Abstract en anglais

This research paper deals with the theme of the use of new technologies, such as the phone, on the nurse’s work.

Following my starting situation, I wondered how the nurses could use this kind of tool in their work. After having conducted some researche, I met with four nurses which I interviewed about the phenomenon. At the end of this part, it was confirmed that the latter often used it, especially to facilitate the medical teamwork. So, then I tried to find out how it could influence the singular care of each patient. To do so, I worked on two concepts : the medical team and singular care that I put in connection with researches made on the Information and Communication Technologies. The outcome of this work brought me to the following hypothesis : the nurse’s

skills were modified by the use of TIC. To verify this hypothesis, I conducted an experimental approach research. Key words : TIC, singularity, team, skills, nursing values.