L'Observateur de l'OCDE n° 290-291 T1-T2 2012

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N o 290-291 T1-T2 2012 www.observateurocde.org Dossier spécial euro Les leçons d’Occupy Arianna Huffington : les classes moyennes sous pression Conflit ou contrat de générations ? Parité : changer d’ère La Stratégie de l’OCDE sur les compétences Fiscalité et inégalités Les investissements de long terme Spécial Conseil ministériel et Forum 2012

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L'Observateur de l'OCDE n° 290-291 T1-T2 2012

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No 290-291 T1-T2 2012 www.observateurocde.org

Dossier spécial euro

Les leçons d’Occupy

Arianna Huffington : les classes moyennes sous pression

Conflit ou contrat de générations ?

Parité : changer d’ère

La Stratégie de l’OCDE sur les compétences

Fiscalité et inégalités

Les investissements de long terme

Spécial Conseil ministériel et Forum 2012

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POINTS DE VUE2 Enseignement et dévolution ; Reprise lointaine ?

ÉDITORIAL3 De nouvelles approches pour être tous à bord ! Angel Gurría4 Comment la Turquie s’est distinguée Ali Babacan, Vice-Premier ministre de la Turquie

chargé des Affaires économiques et financières et Président de la réunion du Conseil de l’OCDE au niveau des ministres 2012

7 Le G20 : répondre aux grands enjeux planétaires

Patricia Espinosa, Ambassadeur, Ministre des Affaires étrangères, Mexique

EN BREF8 Pression fiscale accrue ; Urgence diabète ;

Verbatim ; Économie ; Pays en bref ; Optimiser les partenariats public-privé ; Aide en baisse ; Lauréats vidéastes ; Best of

ÉCONOMIE ET CROISSANCE INCLUSIVE11 Une nouvelle vision de la croissance et du

bien-être Pier Carlo Padoan13 Les voies d’une approche économique saine Robert A. Johnson, Directeur exécutif, Institute

for New Economic Thinking (INET)15 Les limites de la législation Heather McGregor, Directrice générale et

actionnaire principale, Taylor Bennett16 Protéger les consommateurs, c’est protéger

l’économie Ira Rheingold, Directeur exécutif, National

Association of Consumer Advocates (NACA), États-Unis

MESURER LE BIEN-ÊTRE20 L’initiative du vivre mieux de l’OCDE :

de nouveaux horizons à explorer Anthony Gooch22 Pourquoi mesurer le bien-être subjectif ? Richard Layard, Directeur, Wellbeing programme,

Centre for Economic Performance, London School of Economics

SOCIÉTÉ ET INTÉGRITÉ 25 Le conflit des générations : mythe ou réalité ? John Martin et Edward Whitehouse27 Les classes moyennes en souffrance Arianna Huffington, Présidente et rédactrice en

chef, Huffington Post29 CleanGovBiz : la corruption en ligne de mire Richard Boucher30 Occupy : quelques leçons pour un avenir

meilleur Naomi Colvin, Groupe de travail sur l’économie,

Occupy London, Royaume-Uni32 Réinventer la gouvernance Sunjoy Joshi, Directeur, Research Foundation,

New Delhi 34 Au Brésil, des vies meilleures Cesar Cunha Campos, Directeur exécutif,

Fondation FGV

L’INITIATIVE DE L’OCDE SUR LA PARITÉ36 Parité : changer d’ère37 Donner l’exemple Yves Leterme Pour la parité Hillary Rodham Clinton, Secrétaire d’État des

États-Unis38 Au-delà du Printemps arabe Haifa Al Kaylani, Présidente, Forum arabe

international des Femmes (AIWF)40 Parité : le chemin est encore long Michelle Bachelet, Directrice exécutive d’ONU

Femmes et ancienne Présidente du Chili

N° 290-291, T1-T2 2012

SOMMAIRE

Les classes moyennes sous pression, page 27

Un nouveau scénario pour le commerce, page 59

La mesure du bien-être, page 22

RÉDACTEUR EN CHEF : Rory J. ClarkeRÉDACTEUR PRINCIPAL : Ricardo TejadaRÉDACTEUR ADJOINT : Loïc VerdierRÉDACTEUR BLOG : Patrick LoveJOURNALISTE : Lyndon ThompsonASSISTANTE : Marie FrancolinMISE EN PAGE : Design Factory, IrlandeILLUSTRATIONS : André Faber, David Rooney, StikRECHERCHE PHOTOGRAPHIQUE : Rory ClarkeLOGISTIQUE : Jochen PichtRESPONSABLE PUBLICITÉ : François BarnaudRÉGIE PUBLICITAIRE : LD MEDIA DEVELOPMENTTél : +33 (0)1 82 83 38 70 [email protected]

Les demandes de reproduction ou de traduction totales ou partielles des articles de L’Observateur de l’OCDE doivent être adressées au chef des éditions de l’OCDE, 2 rue André-Pascal, 75775 Paris, cedex 16, France.

Les articles signés expriment l’opinion de leurs auteurs et pas nécessairement celle de l’OCDE.

Les articles reproduits ou traduits doivent être accompagnés de la mention « Reproduit (ou traduit) de L’Observateur de l’OCDE » et de la date du numéro. Les articles signés ne peuvent être reproduits ou traduits qu’avec leur signature. Deux exemplaires significatifs doivent être envoyés au rédacteur en chef. Toute correspondance doit être adressée au rédacteur en chef. La ré-daction n’est pas tenue de rendre les manuscrits non sollicités.

Les données statistiques concernant Israël sont fournies par et sous la responsabilité des autorités israéliennes compétentes. L’utilisation de ces données par l’OCDE est sans préjudice du statut des hauteurs du Golan, de Jérusalem-Est et des colonies de peuplement israéliennes en Cisjordanie aux termes du droit international.

www.observateurocde.org© OCDE mai 2012

ISSN 0304-3398Tél. : +33 (0) 1 45 24 80 66Fax : +33 (0) 1 45 24 82 [email protected]

Créé en 1962, le magazine de l’Organisation de coopération et de développement économiques

Les éditions de l’OCDE, 2 rue André-Pascal75775 Paris cedex 16, [email protected]é en français et en anglais par l’OCDE

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Points de vue

Enseignement et dévolution

Comme d’habitude, L’Observateur de l’OCDE était instructif et intéressant, mais j’aimerais dire un mot sur « Études supérieures : financement et accessibilité », de David Willetts (n° 287, T4 2011). M. Willetts est ministre délégué à l’Enseignement supérieur et aux Sciences du gouvernement du Royaume-Uni. Son article sur les évolutions du financement de l’éducation supérieure que nous connaissons est juste. Mais les lecteurs hors-Royaume-Uni n’apprécieront sans doute pas qu’il limite son sujet à la seule Angleterre.

Le ministre oublie de mentionner que l’Écosse, le Pays de Galles et l’Irlande du Nord, en dévolution partielle, ne financent pas leurs universités de la même manière, une grande part du financement des étudiants provenant des gouvernements. Ainsi, que vos lecteurs le notent bien : il n’y a pas de financement universitaire universel du Royaume-Uni, ni même de Grande-Bretagne.

Tudor Miles, Greenwich, Londres

Reprise lointaine ?

« Selon vous, quand une véritable reprise économique aura-t-elle lieu ? » À ce sondage informel posté sur le site www.observateurocde.org, 12 % des internautes ont répondu « d’ici mi-2012 », 13 % « d’ici fin 2012 », 17 % environ ont répondu « en 2013 » et 58 % ont répondu « au-delà de 2013 ». Il y a eu 628 réponses entre décembre 2011 et mai 2012. Donnez votre avis sur notre site Internet.

Les commentaires et les courriers peuvent être reformulés pour les besoins de la publication. Écrivez-nous à [email protected] ou commentez nos articles sur www.observateurocde.org ou www.oecdinsights.org

JEUNES ET COMPÉTENCES43 Stratégie de l’OCDE sur les compétences : les voies du choix continu Andreas Schleicher 45 La curiosité, une qualité indispensable Dipak C. Jain, Doyen, European Institute of

Business Administration (INSEAD)47 Développement des compétences : repenser l’avenir Alessio J.G. Brown, Directeur exécutif, Global

Economic Symposium (GES), et Dennis J. Snower, Président, Kiel Institute for the World Economy et Directeur du GES

49 Europe : investir dans la jeunesse Peter Matjaši , Président, Forum européen de la jeunesse50 Chine : investir dans le capital humain Lu Mai, Secrétaire général, China Development

Research Foundation

FISCALITÉ ET COHÉSION SOCIALE 53 La fiscalité au service de l’équité Alan Carter et Stephen Matthews55 Éliminer les lacunes fiscales Heather A. Lowe, Conseillère juridique et

Directrice des affaires gouvernmentales, Global Financial Integrity, et Nathan Williams,

Global Financial Integrity

INVESTISSEMENT, ÉCHANGES ET MONDIALISATION57 Investisseurs de long terme : trouver le bon

modèle Carolyn Ervin59 Un nouveau scénario pour le commerce

international Entretien avec Pascal Lamy, Directeur général,

Organisation mondiale du commerce 60 Grandeur et misères des échanges61 La mondialisation et la résilience d’une ville Wolfgang Michalski

DOSSIER SPÉCIAL EURO65 Faire fonctionner la zone euro Sebastian Barnes67 L’euro : un choix stratégique Jan Vincent Rostowski, Ministre des Finances de

la Pologne68 La crise de l’euro est-elle finie ? Thomas Mayer, Économiste en chef, Deutsche

Bank70 Vers la croissance et un « contrat social » pour

l’Europe Bernadette Ségol, Secrétaire générale de la

Confédération européenne des syndicats72 Pas de salut dans le repli Hans Martens, Directeur, European Policy Centre

BLOG75 Marchés publics européens : donner

l’exemple, et si ça ne marche pas… Karel de Gucht, Commissaire européen au

Commerce, et Michel Barnier, Commissaire européen en charge du Marché intérieur et

des Services 76 Apprenez des langues et… déployez votre

être-au-monde

OCDE.ORG78 Japon : mémoire et reconstruction ; Objectif

croissance verte79 Discours récents d’Angel Gurría ; Nouveaux

ambassadeurs80 Calendrier ; Frankie.org

LIVRES83 Ma petite entreprise… ; Raconte-moi une

histoire !84 Nouvelles publications sur OECD iLibrary88 La croissance au menu ? BON DE COMMANDE 90 L’économie turque

BANQUE DE DONNÉES93 L’air de la ville ; sommeil pacifique94 Principaux indicateurs économiques96 Efforts renouvelables ; Budgets restreints, aide

en baisse

L’économie turque, page 90

Chine : investir dans le capital humain, page 50

En couverture©Rick Wilking RTW/ReutersAdapté par Design Factory pour L’Observateur de l’OCDE

Votre avis nous intéresse.

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ÉDITORIAL

De nouvelles approches pour être tous à bord !

L’année 2012 marquera-t-elle un nouveau départ pour nos économies ? Apportera-t-elle de meilleures perspectives à nos concitoyens ? Embarquons-nous vers une nouvelle ère de croissance plus forte, plus verte et plus inclusive ? Tel est sans doute le souhait du plus grand nombre, et aussi l’objectif des décideurs rassemblés à la réunion du Conseil de l’OCDE au niveau des Ministres (RCM) sur le thème « Tous à bord : des politiques en faveur d’une croissance inclusive et de l’emploi », suivie en juin par le sommet des dirigeants du G20 de Los Cabos, au Mexique, et par la Conférence des Nations unies « Rio+20 » sur le développement durable.

Nous sommes encore aux prises avec les retombées de la crise mondiale. La reprise amorcée en 2010 n’a pas pu remettre l’économie sur la voie d’une croissance solide. Elle n’a pas redonné d’emploi à tous ceux qui n’en ont plus. La confiance dans les marchés, l’État et les institutions tarde à se rétablir.

Il est urgent de briser cette dangereuse spirale ! Il est temps de passer de cette « nouvelle normalité » à une « autre normalité ». Mais comment poser les fondations d’économies plus fortes, plus saines et plus justes ? Comment amener cette crise douloureuse à déboucher sur une nouvelle ère de prospérité générale, durable et inclusive ?

Dès le début de la crise, nous en avons examiné non seulement les causes, mais aussi la manière d’aider les pays à gérer l’urgence et à enclencher une dynamique de reprise riche en emplois. Nous avons élaboré une Réponse stratégique à la crise, et avons depuis lancé plusieurs stratégies sectorielles : croissance verte, innovation, emploi, compétences et développement. Nous sommes à la pointe des travaux sur la jeunesse, la parité, les inégalités de revenu et les migrations.

Mais cela ne suffit pas ! L’économie mondiale change de paradigme et nous devons maintenant déterminer ceux de nos concepts, cadres et instruments qui restent pertinents et ceux qu’il faut repenser. Nous allons mener cette double entreprise – stratégie proactive pour continuer d’aider les pays à trouver de nouvelles sources de croissance et renouvellement de notre pensée économique – dans le cadre d’une initiative baptisée « De nouvelles approches face aux défis économiques ». De quoi s’agit-il ?

Les Membres comme les pays partenaires de l’OCDE sont confrontés à une reprise hésitante, un chômage élevé, des inégalités croissantes (« penser social ») et une situation intenable en matière de finances publiques.

Dans le même temps, de nouvelles sources de croissance et de compétitivité doivent être identifiées, notamment l’innovation, la croissance verte et les

compétences (« penser structurel » et « penser vert ») pour remettre nos économies sur la voie d’une croissance forte et inclusive. Il faudra rehausser et renouveler à tous les niveaux les capacités des États en matière de réglementation et de mise en œuvre ; leur compréhension du fonctionnement des marchés et des moyens à déployer pour faire face à la multiplicité des risques constituera un volet essentiel de l’exercice. Restaurer la confiance des ménages et des entreprises envers les marchés, l’État et les institutions (« penser institutionnel »), relever les enjeux à long terme liés au vieillissement de la population, à l’épuisement des ressources, au changement climatique et au développement mondial sont autant de tâches qu’il faut ajouter à la liste.

Au plan politique, cette initiative vise l’élaboration de politiques meilleures pour une vie meilleure, en indiquant « ce qu’il faut faire » mais aussi « comment le faire ». Nous devons mesurer le progrès autrement, en intégrant plusieurs dimensions dont le bien-être, l’équité, l’inclusivité et l’environnement. Nous devons nous inspirer

de réussites telles que l’Initiative du vivre mieux de l’OCDE, mais également aller au-delà et mettre au point la grille d’analyse et les instruments indispensables pour déterminer les arbitrages à opérer entre différents objectifs de bien-être et les voies les plus efficaces vers une croissance inclusive.

Nous devons mieux comprendre les interactions positives entre les politiques économiques et environnementales, identifier les perspectives qu’elles offrent mais aussi les pièges à éviter. Alors que la connaissance gagne en importance, nous devons inclure dans nos modèles économiques le capital « immatériel » qui recouvre les logiciels, la conception et l’organisation. Nos « nouvelles approches » doivent s’étendre à d’autres facteurs du bien-être, comme l’égalité, l’investissement dans le capital humain et l’amélioration des compétences et de la formation, pour que chacun ait sa chance.

Ce programme ambitieux ne se concrétisera qu’au prix d’un effort commun des citoyens et des institutions. Nos structures de gouvernance doivent s’adapter et s’améliorer, dans des domaines comme la responsabilité des entreprises et du secteur public, la lutte contre la corruption et le renforcement de la participation démocratique.

Des institutions telles que l’OCDE doivent répondre aux besoins des citoyens. La Semaine de l’OCDE, réunissant du 22 au 24 mai des responsables et acteurs de haut rang dans le cadre du Forum de l’OCDE et de la RCM, offre l’occasion de débattre des politiques génératrices de croissance, de compétitivité et d’emplois servant en même temps l’inclusion, l’intégrité et le bien-être.

www.observateurocde.org/angelgurriawww.oecd.org/secrétairegeneral

L’économie mondiale change de paradigme

Angel Gurría

Secrétaire général de l’OCDE

Notre ambitieux programme ne se concrétisera que si les citoyens et les institutions unissent leurs efforts

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Comment la Turquie s’est distinguéeAli Babacan, Vice-Premier ministre de la Turquie chargé des Affaires économiques et financières et Président de la réunion du Conseil de l’OCDE au niveau des ministres 2012

Les pires années de la crise mondiale sont derrière nous et, pour la communauté internationale dans son ensemble, la Turquie fait partie des pays qui ont réussi à renouer rapidement avec une forte croissance.

Avec des taux de croissance de 9,2 % et 8,5 % en 2010 et 2011, l’économie turque affiche une performance remarquable qui la classe parmi les plus dynamiques au monde. Contrairement à la majorité des pays, la Turquie a réussi à créer 3,7 millions d’emploi depuis le premier trimestre 2009. À quels facteurs doit-elle sa résistance aux

impacts de la crise mondiale ? La réponse à cette question n’apparaît pas à travers le seul prisme de la crise. Les progrès de la Turquie sont l’aboutissement de dix années de politiques menées avec détermination pour doter le pays d’une économie de marché stable, dynamique et efficace.

Rétrospectivement, deux domaines de réforme se distinguent comme ayant eu une importance particulière dans la bonne tenue de la Turquie face à la crise : la discipline monétaire et budgétaire d’une part, le renforcement du secteur bancaire d’autre part.

Pour ne pas revivre le triste scénario des années 1990, marquées par des finances publiques en déroute et une forte inflation chronique, nous avons placé la discipline budgétaire au cœur de notre programme. En alliant une discipline budgétaire inscrite dans la durée et des politiques monétaires visant la stabilité, la Turquie a considérablement amélioré la prévisibilité de ses politiques économiques et, par ricochet, la confiance dans l’économie. Cela a eu pour double effet de renforcer la confiance dans notre monnaie et de faire baisser considérablement les coûts d’emprunt, tant pour le secteur public que pour le secteur privé.

Discipline budgétaire, baisse des coûts d’emprunt et forte croissance ont ramené le ratio dette publique/PIB, selon la définition de l’Union européenne, de 74 % en 2002 à 40 % en 2008. L’espace budgétaire dégagé pendant cette période a augmenté notre marge de manœuvre dans la crise.

Quant au secteur bancaire, sa solidité a été favorisée par une supervision renforcée et par notre cadre réglementaire, qui étaient en place avant la crise. Fort d’un niveau élevé de fonds propres et d’une très bonne rentabilité, il a ainsi pu reprendre rapidement, pendant la crise, ses activités de prêt habituelles.

La mise en œuvre simultanée de plusieurs trains de mesures a également contribué au rebond rapide de l’économie, en limitant toute perte de confiance pouvant affecter les marchés intérieur et international. Au plus fort de la crise, des politiques de soutien adaptées, bien ciblées et opportunes ont été déployées, avec pour objectifs principaux d’empêcher toute pénurie de liquidité sur les marchés, d’augmenter le degré de confiance des investisseurs et des consommateurs, de limiter les pertes d’emploi, d’améliorer l’employabilité des chômeurs, de soutenir la recherche d’emploi et de faciliter l’accès à l’assurance-chômage.

Conscients qu’il importe de maintenir ce cap positif, nous avons annoncé en septembre 2009 un programme à moyen terme qui assurait la discipline budgétaire et la stabilité des prix. Notre ambition affirmée d’inscrire l’action publique de la Turquie dans une perspective à plus long terme a dynamisé la confiance des investisseurs et des consommateurs, ce qui a favorisé une hausse de la demande intérieure et de l’emploi. Le cercle vertueux que la Turquie a su créer entre croissance et création d’emploi a contribué au vigoureux rebond du pays après la crise mondiale.

Dans plusieurs domaines, la Turquie a réussi à surpasser de nombreux pays pendant la crise, et notre principal objectif aujourd’hui est de poursuivre sur cette voie en renforçant notre position. Notre stabilité de ces dix dernières années nous permet d’envisager des objectifs et des plans d’action à long terme. Nous allons poursuivre nos réformes pour renforcer la compétitivité et la flexibilité de l’économie turque et ainsi pérenniser et même accroître la prospérité du pays.

Voir www.mfa.gov.tr

Les progrès de la Turquie sont l’aboutissement de dix années de politiques menées avec détermination

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Générateur de mobilité internationaleL’Université Laval souhaite accroître les échanges sur tous les plans et la participation de ses membres

aux débats et à la production du savoir à l’échelle internationale. Les projets prennent forme dans tous

les programmes d’études des trois cycles. L’Université Laval a déjà tissé des liens étroits avec plus

de 500 partenaires de renom établis aux quatre coins du monde. Ensemble, partons à la conquête des

nouveaux enjeux internationaux.

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Le G20 : répondre aux grands enjeux planétairesPatricia Espinosa, Ambassadeur, Ministre des Affaires étrangères, Mexique

Nous vivons dans un contexte de mondialisation dans lequel tout événement important, où qu’il soit, a des répercussions immédiates et directes sur le reste du monde. La faim en Afrique et les turbulences politiques au Maghreb ont ainsi provoqué de nouveaux flux migratoires vers les pays au niveau de développement relatif supérieur.

En proie au chômage, ces pays réduisent leurs importations , ce qui n’est pas bon pour les perspectives de croissance des économies émergentes. Quant aux politiques énergétiques actuelles, elles contribuent au réchauffement de la planète qui, en plus de nuire à nos économies, menace notre santé, voire notre survie en tant qu’espèce.

N’en doutons pas : notre avenir sera commun ou ne sera pas. Il y a 25 ans, Gro Harlem Brundtland écrivait : « Nous vivons à une époque de l’histoire des nations où nous avons plus que jamais besoin d’actions et de responsabilités politiques coordonnées ». C’est ce à quoi le Mexique fait référence lorsqu’il évoque la coresponsabilité dans les relations internationales.

Dans cet esprit de coresponsabilité, le Mexique a activement participé à certains des plus grands forums mondiaux, notamment au Conseil de sécurité des Nations unies et aux conférences des Nations unies sur le changement climatique, dont la 16e édition a eu lieu à Cancun, au

Mexique, fin 2010. Dans ce même esprit, le Mexique préside aujourd’hui aux travaux du Groupe des 20, ou G20, dont l’objectif est de poser les bases d’un nouvel ordre économique mondial en coordonnant des politiques macroéconomiques qui soient vectrices de stabilité des marchés, qui garantissent les flux de liquidités, raffermissent la reprise de l’économie mondiale et assurent la croissance et la prospérité économiques à chaque pays de la planète.

Le Mexique a souhaité que l’agenda du G20 soit équilibré afin que les sujets urgents n’éclipsent pas d’autres problématiques de moyen et

de long terme tout aussi, voire plus importantes. Cette année, les cinq priorités fixées par le Mexique pour les travaux du G20 sont les suivantes :

1. Stabiliser l’économie et opérer des réformes structurelles dans une optique de croissance et d’emploi. À notre avis, il est capital de restaurer la confiance sur les marchés pour renouer avec une croissance durable, et cela doit s’accompagner d’un engagement commun à mener les réformes structurelles nécessaires.

2. Renforcer les systèmes financiers et favoriser l’inclusion financière pour promouvoir la croissance économique. L’instabilité actuelle des marchés dans les pays en développement souligne la nécessité d’améliorer le cadre réglementaire existant. Parallèlement, nous devons favoriser l’inclusion sociale, l’éducation financière et la protection des consommateurs, autant de moyens efficaces pour promouvoir la croissance, réduire la pauvreté et encourager une utilisation responsable des services bancaires.

3. Améliorer l’architecture financière internationale. Il est impératif de continuer à renforcer et réformer les institutions financières internationales telles que le FMI, la Banque mondiale et le Conseil de stabilité financière.

4. Renforcer la sécurité alimentaire et remédier à la volatilité des prix des matières premières. Les fluctuations des prix des denrées alimentaires affectent les familles les plus pauvres. Le Mexique prône donc la sécurité alimentaire en renforçant, de manière durable et solidaire, la production et la productivité du secteur agroalimentaire à l’échelle mondiale.

5. Promouvoir la croissance verte – un type de croissance économique fondé sur des stratégies visant à améliorer la productivité, à encourager l’innovation et la recherche, ainsi qu’à créer de nouvelles opportunités commerciales et des marchés qui soient durables par nature. Cette thématique transversale de l’agenda du G20 est présente dans d’autres domaines comme l’énergie, la sécurité alimentaire, l’emploi et la formation, les infrastructures, la coopération internationale pour le développement et le financement de la lutte contre le changement climatique.

Le Mexique souhaite amener le G20 à relever plus efficacement certains des défis les plus urgents pour la gouvernance mondiale. Dans ce but, il doit non seulement prendre des mesures pour lutter contre les crises actuelles, mais également résoudre les problèmes structurels et éviter ainsi de nouvelles crises comme celle de 2008. Pour accomplir cette tâche, nous travaillons avec des gouvernements de pays actuellement non représentés au G20, ainsi qu’avec des représentants de la société civile, du secteur privé, des syndicats, des milieux universitaires, de la jeunesse, des parlements et d’organisations internationales d’envergure mondiale ou régionale.

Le prochain sommet du G20, qui aura lieu en juin prochain à Los Cabos au Mexique, contribuera, j’en suis convaincue, à esquisser un nouvel ordre économique mondial propice à la croissance économique de nos nations, mais aussi au bien-être de chaque individu et de chaque secteur de nos sociétés.

Voir www.g20.org

ÉDITORIAL

Notre avenir sera commun ou ne sera pas

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En brefVerbatimMauvais genre ?

« Les entreprises continuent de considérer les femmes comme des mères, ou des futures mères, susceptibles de quitter au débotté leur emploi, temporairement ou définitivement. Bref, comme des emmerdeuses peu fiables. Et le leur font payer. »

Nathalie Raulin, www.liberation.fr, 4 mai 2012

La vraie crise

« Ce n’est pas une crise de la dette, mais des compétitivités »

Titre d’un article d’Éric Le Boucher, Slate.fr,28 avril 2012

Appel à investir

« L’austérité a conduit certains gouvernements périphériques à couper les budgets dédiés aux travaux publics. C’est peut-être inévitable, mais il ne faut pas en faire trop. »

Éditorial du Financial Times, 10 avril 2012

Marges records

« Les grandes entreprises réalisent des marges bénéficiaires de plus de 10 %, ce qui est non seulement un record, mais équivaut aussi à 20 % de plus que lors du précédent pic, avant la Grande récession. »

James Saft, commentateur de Reuters, mars 2012

Le prélèvement moyen d’impôts et de cotisations sociales sur les revenus du travail a augmenté dans 26 des 34 pays de l’OCDE en 2011, selon la nouvelle édition de l’ouvrage Taxing wages de l’OCDE. La pression fiscale est mesurée par le montant total des impôts versés par les salariés et les employeurs en pourcentage des coûts totaux de main-d’œuvre, après déduction des allocations familiales.

Dans la plupart des pays, la hausse globale de la pression fiscale provient davantage de la hausse des impôts sur le revenu des personnes physiques que de celle des cotisations de sécurité sociale. Seuls cinq pays ont relevé leurs taux légaux d’imposition applicables au salaire moyen. Dans la plupart des cas, cette hausse est liée à une part accrue des revenus du travail soumise à l’impôt en raison d’une baisse relative de la valeur des abattements et des crédits d’impôt par rapport aux salaires. Dans quelques pays, dont la République tchèque, la Hongrie et l’Irlande, ces crédits d’impôts et abattements ont diminué en valeur nominale.

Les contribuables irlandais, luxembourgeois, portugais et slovaques, entre autres, ont été soumis aux augmentations les plus importantes. En revanche, la pression fiscale a diminué en Nouvelle-Zélande et aux États-Unis. En Hongrie, ce sont les célibataires qui ont subi la plus forte augmentation, tandis que les familles avec enfants ont bénéficié de la plus importante baisse fiscale grâce à une réforme du système d’allègement d’impôts au titre des enfants à charge, le crédit d’impôt qui s’appliquait ayant été remplacé par un abattement fiscal plus avantageux en 2011.

Voir www.oecd.org/ctp/taxingwages

Urgence diabèteQuelque 83 millions de personnes souffrent du diabète dans la zone OCDE. Si la tendance actuelle se poursuit, environ 100 millions de personnes seront touchées par cette maladie en 2030.

Lors du Forum Européen sur le Diabète à Copenhague, le Secrétaire général adjoint de l’OCDE Yves Leterme a déclaré que « La prévention et le traitement du diabète et de ses complications coûtent environ 90 milliards d’euros par an dans la seule Europe. Étant donné les fortes pressions qui s’exercent déjà sur les budgets de la santé et les difficultés qui pèsent sur les budgets nationaux, il est nécessaire, pour la santé de nos populations et pour celle de notre économie, de trouver des moyens de prévenir et de prendre en charge le diabète qui soient efficaces par rapport à leur coût. »

Dans les 10 prochaines années, plus de deux personnes sur trois seront en surpoids ou obèses dans certains pays de l’OCDE. Dans l’ensemble de la zone OCDE, les personnes obèses gagnent jusqu’à 18 % de moins que les autres, et ont huit fois plus de risques de développer un diabète de type 2.

Voir www.diabetesleadershipforum.eu

Les indicateurs composites avancés de l’OCDE, conçus pour anticiper des points d’inflexion de l’activité économique, signalent l’émergence d’une dynamique de reprise dans la zone OCDE, mais avec des divergences entre les grandes économies : le Japon et les États-Unis montrent des signes forts d’une amélioration de l’activité économique, tandis que celle-ci reste peu soutenue en Italie et en France.

Le taux de chômage de la zone OCDE s’élevait à 8,2 % en 2012, et s’est pour l’essentiel maintenu à ce niveau depuis janvier 2011. Le

taux de chômage de la zone euro a augmenté de 0,1 point de pourcentage (pour le huitième mois consécutif) pour atteindre 10,8 % en février, se maintenant à un niveau record depuis le début de la crise financière mondiale. L’Espagne connaît le taux de chômage le plus élevé de la zone OCDE.

Le coût unitaire du travail dans la zone OCDE a diminué de 0,3 % au troisième trimestre 2011, reflétant une baisse dans la plupart des grandes économies. Il a diminué de 0,4 % au Canada et en Allemagne, et de 0,3 % aux États-Unis, principalement grâce à l’amélioration de la productivité. Il a baissé de 1,7 % au Japon, en

partie grâce à un rebond de croissance du PIB après le tremblement de terre.

Le commerce des marchandises s’est contracté dans la plupart des grandes économies au quatrième trimestre 2011. Les importations totales dans les pays du G7 et les BRICS ont diminué de 0,2 %, après une baisse de 0,7 % au trimestre précédent. Les exportations totales ont chuté de 1,2 %, alors qu’elles avaient augmenté de 0,9 % au trimestre précédent.

En février 2012, les prix à la consommation dans la zone OCDE ont augmenté de 2,8 % en glissement annuel, avec des tendances

Pression fiscale accrue

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Économie

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Best of

« Il est possible que nous assistions d’ici à 1970 à une révolution des idées économiques, dès que les investissements dans l’éducation et la recherche auront été réhabilités et retirés du groupe des « facteurs exogènes », et prendront la place qui leur revient parmi les variables de la théorie économique traditionnelle. »

« Les facteurs de la croissance économique », Ingvar Svennilson, N° 1, 1962

En BREF

La Corée a rebondi plus rapidement et plus vigoureusement après la crise que la plupart des pays de l’OCDE, mais sa croissance économique dynamique ne suffira pas à résoudre les défis que lui posent le vieillissement rapide de sa population et la hausse des inégalités, selon la dernière Étude économique de l’OCDE sur la Corée, parue en mai.

De même, la Pologne a vaillamment traversé la crise économique et remarquablement réduit son écart de revenus par rapport à ses partenaires de l’UE. Dans le contexte d’un ralentissement européen, le pays doit opérer de nouvelles réductions des déficits publics, réformer et poser les fondations d’une croissance de long terme, selon l’Étude économique de l’OCDE sur la Pologne parue en avril.

La Suède devrait créer une commission indépendante pour examiner ses Fonds de pension nationaux, et fixer un objectif financier clair et mesurable pour garantir la viabilité à long terme des investissements, selon le document de travail intitulé OECD Review of the Swedish National Pension Funds, publié en avril.

La République slovaque devrait lancer des mesures pour aider les enseignants d’école

Source : OCDE

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Hausse des prix à la consommationVariation en %, mars, glissement annuel

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Total OCDE

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maternelle à améliorer leurs compétences et leurs qualifications au fil de leur carrière, et pour accroître l’attractivité de cette profession auprès des jeunes – en particulier des hommes –, selon la publication Quality Matters in Early Childhood Education and Care: Slovak Republic, parue en mars.

L’Angleterre devrait impliquer davantage les parents et les collectivités dans la gestion des écoles maternelles, et encourager les entreprises à proposer des horaires de travail plus flexibles afin d’améliorer la qualité de l’éducation et les services à la petite enfance, selon la publication Quality Matters in Early Childhood Education and Care: United Kingdom (England), parue en avril.

Le Royaume-Uni a significativement amplifié ses efforts pour appliquer les règles anti-corruption, mais doit être plus transparent dans son traitement des affaires, selon un nouveau rapport sur l’application de la Convention anti-corruption de l’OCDE par le Royaume-Uni.

En Hongrie, la loi interdisant la corruption d’agents publics étrangers est relativement bonne sur le papier, mais est insuffisamment appliquée, selon un nouveau rapport de l’OCDE paru en mars. Voir www.oecd.org/corruption-fr

Voir www.oecd.org/media-fr

Pays en bref

Les trois gagnants du Concours vidéo mondial pour la jeunesse 2012 ont été désignés. Il s’agit de Kato Jonan, 24 ans, Ouganda, pour « Education and skills » ; Rachit SaiBarak, 20 ans, Inde, pour « Education is everything » ; et Sharon Chan, 24 ans, Australie, pour « The empowering toolbox ». Le jury – composé notamment des gagnants du concours 2011 – ont fait leur choix parmi 180 vidéos reçues, après 9 heures de visionnage.

Les partenariats publics-privés (PPP) peuvent être sources d’économies pour les administrations et de profits pour les entreprises. Dans les pays de l’OCDE, ce type de partenariats représente aujourd’hui près de 0,8 billions de dollars, les projets en préparation étant d’un montant équivalent. Mais en pratique, les PPP peuvent être difficiles à mettre en place, s’avérer coûteux et même porter atteinte à la crédibilité des acteurs publics comme privés.

Une nouvelle Recommandation de l’OCDE sur les Principes de gouvernance publique en matière de partenariats publics-privés peut contribuer à faire fonctionner les PPP, en proposant des conseils sur les meilleures pratiques. Ils offrent des repères concrets sur l’opportunité d’usage d’un PPP selon les domaines – plus efficace pour construire des routes, par exemple, que pour des projets nécessitant des technologies qui évoluent rapidement. La conception institutionnelle, la régulation, la concurrence, la transparence, la fiscalité et le suivi de long terme jouent tous un rôle important.

opposées concernant les prix alimentaires et les prix énergétiques, se compensant mutuellement. Les prix de l’énergie ont augmenté de 7,9 % en février, en glissement annuel, contre 7,4 % en janvier, tandis que l’inflation des prix alimentaires a ralenti, passant de 4,3 % en glissement annuel en janvier à 3,9 % en février.

Voir www.oecd.org/statistiques

Aide en baisseLes plus importants donneurs ont réduit de 3 % leur aide aux pays en développement en 2011, inversant une longue tendance à l’augmentation annuelle de l’aide. À l’exception des années où un allègement exceptionnel de la dette fut consenti, cette baisse était la première depuis 1997. La poursuite des restrictions budgétaires dans les pays de l’OCDE pèsera sur le montant de l’aide dans les années à venir. Voir notre rubrique Banque de données, page 96, et www.oecd.org/developpement

Voir aussi www.oecd.org/cad

Optimiser les partenariats public-privé

Lauréats vidéastesConcours vidéo mondial pour la jeunesse 2012

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Pier Carlo Padoan, Chef Économiste et Secrétaire général adjoint de l’OCDE

Si en 2012 les gros titres économiques sont un peu moins sombres, ce n’est pas pour autant le Printemps de l’OCDE. La crise économique et financière a laissé de profondes cicatrices, qui mettront du temps à se refermer et influenceront les politiques des années qui viennent.

Baisse de la production potentielle, progression du chômage global et de longue durée, ampleur de la dette publique et privée, volatilité des marchés financiers : voici certaines caractéristiques d’une réalité

nouvelle à laquelle les décideurs politiques doivent faire face. L’inégalité des revenus, qui s’est également accentuée, va affecter la croissance à long terme, dans un contexte d’augmentation des coûts liés à la lutte contre le changement climatique. Les défis à relever sont immenses.

Si les pays avancés veulent échapper à une diminution de la croissance et du bien-être, il faut exclure le retour au statu quo. Dans la « nouvelle normalité », celle d’une croissance molle et d’une pression accrue

sur les finances publiques, il est difficile de préserver les systèmes de protection sociale et de répondre à des coûts sociaux croissants. Les décideurs vont devoir prendre des initiatives décisives, mais pour assurer la croissance à long terme, il faudra aller plus loin.

La croissance des économies avancées, proches de la « frontière technologique », dépendra de leur capacité à repousser cette frontière en mobilisant de nouvelles sources de croissance.

En revanche, les économies émergentes, qui s’efforcent de rattraper les économies avancées, devraient voir leur croissance se maintenir. Mais, si le processus de basculement de la richesse, c’est-à-dire le rééquilibrage du PIB mondial en faveur de l’Asie et des autres grandes économies émergentes, représente une opportunité, c’est aussi un véritable défi planétaire.

La crise a montré que l’instabilité est inhérente aux économies de marché. La période de « grande modération », qui devait être marquée par une moindre volatilité des cycles économiques, s’est révélée source d’illusions et de dangers. De nombreuses mesures malvenues relatives aux marchés de capitaux, des incitations inadaptées et des mécanismes de contrôle insuffisants ont créé un environnement dans lequel prise de risques excessifs et (mauvaise) affectation des ressources à des investissements non durables étaient devenues courantes.

Les déséquilibres internationaux, notamment entre pays excédentaires et déficitaires, ont découlé de choix erronés en matière d’épargne et d’investissements, ainsi que de politiques inadaptées d’accumulation de réserves et de taux de change. La mondialisation et l’interdépendance affectant tous les aspects économiques et sociaux de notre vie, ces politiques à visées nationales se sont révélées contre-productives. En période de transfert de richesses, cela constitue une raison supplémentaire pour renforcer la coopération internationale entre économies avancées et émergentes, afin de prévenir un déséquilibre de la croissance mondiale dans les années à venir.

ÉCOnOMIE ET CROISSAnCE InCLUSIVE

Une nouvelle vision de la croissance et du bien-être

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Pour identifier les défaillances du marché, il est essentiel de comprendre pourquoi les déséquilibres persistent et s’accentuent au niveau mondial, national et dans les entreprises. Pour les redresser, il faudra changer de démarche, de réflexion et de mode d’élaboration des politiques.

Prenons le problème de l’explosion de la dette publique depuis le début de la crise. Les politiques publiques internes en sont, certes, partiellement responsables. Certains pays de l’OCDE, qui n’avaient pas fait d’efforts de rééquilibrage budgétaire lors de périodes fastes, le paient aujourd’hui au prix fort. D’autres pays, dont les finances publiques paraissaient pourtant saines avant la crise, ressentent aujourd’hui très durement les effets de politiques laxistes propices à la formation de bulles immobilières et à l’endettement privé.

Le lien entre finances publiques et croissance mérite plus d’attention. On le sait désormais, une augmentation trop forte de la dette affecte la croissance de manière permanente. Une meilleure répartition des dépenses et de la fiscalité peut contribuer à y remédier. Il faut désormais davantage s’intéresser à la prestation de biens publics, tels que l’éducation, la santé, la protection de l’environnement, et à la définition du rôle que l’État et les marchés peuvent jouer en la matière.

Vers une nouvelle vision de la croissanceEn dernière analyse, le paradigme d’avant la crise n’était pas économiquement, socialement et environnementalement viable. Une nouvelle vision du bien-être est nécessaire, tant pour les économies avancées qu’émergentes, prenant en compte les défis nouveaux, les opportunités nouvelles et les nouvelles sources de croissance. Cette vision doit promouvoir la croissance verte et l’innovation, ainsi que les compétences, l’inventivité et d’autres « actifs immatériels » sources de valeur ajoutée. Elle doit se pencher sur certaines des causes de la crise, notamment sur la réforme des marchés de capitaux, afin de favoriser stabilité et croissance, de décourager les investissements hasardeux et de sauvegarder les intérêts publics plus généraux. La croissance, dans ce modèle, serait plus intégratrice qu’avant la crise, l’exclusion et le creusement des inégalités affectant à long terme le

bien-être. L’amélioration de la qualité de vie y serait reconnue en tant qu’objectif politique indépendant et mesurable.

Mettre en œuvre ce modèle de croissance inclusive exigerait une compréhension des relations et des arbitrages existant entre une infinité de facteurs, mais aussi une analyse des retombées des choix politiques possibles.

À titre d’exemple, prenons les inégalités, qui se sont creusées dans beaucoup de pays de l’OCDE lors des dernières décennies. La fameuse « vague de croissance » n’a pas bénéficié à tous ; dans certains pays, une proportion restreinte de hauts revenus s’est taillée la part du lion, tandis que d’autres revenus n’augmentaient pas ou peu. Quels

seraient les effets des réformes visant à relancer la croissance sur les inégalités ? Par ailleurs, quelles politiques de redistribution favoriseraient la croissance à long terme ? Quelle place pour la complémentarité ou l’arbitrage ? Certaines politiques pourraient générer un double dividende : une augmentation à long terme du PIB par habitant, accompagnée d’une réduction des inégalités. C’est le cas des politiques de formation, d’intégration, ou d’accès des femmes à un travail décent.

Mais d’autres politiques appellent des arbitrages. Ainsi, une réforme fiscale taxant davantage la consommation et l’immobilier, mais moins les revenus du travail et des entreprises, pourrait avoir un effet incitatif sur l’emploi, l’épargne et l’investissement, tout en risquant de porter atteinte à la justice fiscale si ces mesures dégressives n’étaient pas assorties de transferts en faveur des bas revenus.

Le potentiel vertTout en contribuant à la lutte contre le renchérissement des combustibles fossiles et à la lutte contre le changement climatique, la croissance verte représente à maints égards une promesse de bien-être accru, notamment en termes de capital humain, de technologie et d’innovation. Les stratégies de croissance verte doivent être centrées sur les synergies entre politiques économique et environnementale,

et prendre pleinement en compte la valeur du capital naturel en tant que facteur de production à part entière.

Étant donné les technologies de production existantes et le comportement des consommateurs, nous savons qu’il existe une frontière, une limite au-delà de laquelle l’épuisement du capital naturel aura des conséquences néfastes sur la croissance globale. Nous ne savons pas exactement où situer cette frontière, mais nous sommes conscients qu’il nous faut promouvoir une croissance qui ne repose pas sur l’épuisement de ce capital. Nous savons également que l’innovation est indispensable pour repousser les limites de la frontière technologique et réaliser ce découplage. Le PIB, en tant que mesure centrale du progrès économique, ne prend pas en compte la contribution des actifs naturels à la prospérité et au bien-être ; le nouveau modèle de croissance devrait donc remédier à cela en recourant à des indicateurs incluant la qualité et la composition de la croissance.

La croissance verte soulève des interrogations légitimes. Dans quelle mesure, par exemple, la création d’une taxe sur le carbone aurait-elle un effet néfaste sur l’emploi ou inciterait-elle les industries fortement dépendantes du carbone à se délocaliser ? Il est essentiel pour la compétitivité d’appréhender les effets redistributifs des politiques environnementales.

L’évaluation des impacts futurs est également cruciale, et notre approche doit aussi s’inscrire dans une perspective de plus long terme : les impacts environnementaux sont cumulatifs et parfois irréversibles. Même si les politiques ne sont pas irréversibles, la croissance et le progrès technologique tendent à se nourrir mutuellement, générant ainsi des interdépendances et des verrouillages ; l’inertie dans les secteurs de l’énergie et des transports en témoigne. Il faut agir maintenant pour prévenir cette situation et en anticiper les effets néfastes, voire catastrophiques, en évitant des coûts économiques élevés à venir.

Notre nouvelle vision ne devrait pas non plus se limiter à quelques facteurs économiques. Pour élaborer et évaluer des politiques devenues mondiales, ou pour mesurer les

La crise a montré que l’instabilité est intrinsèque aux économies de marché

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performances globales d’un pays, on ne peut plus avoir recours au modèle classique d’avant la crise, axé sur la production et l’efficacité économique pure. Nous avons besoin, au contraire, d’une fonction de bien-être multidimentionnelle, capable de rendre compte du fait qu’une société peut choisir de

sacrifier la croissance économique à court terme à d’autres priorités liées au bien-être, comme les soins de santé ou l’équilibre entre vie privée et professionnelle.

Ce cadre multidimensionnel nous permettrait de dresser un tableau cohérent des relations entre les variables, et d’identifier la source des déséquilibres et des défaillances potentielles du marché, afin d’élaborer des politiques et des stratégies de long terme.

L’OCDE est riche d’une expérience transversale d’un demi-siècle en matière d’analyse et de conseil sur les causes de la croissance. La crise nous a appris que notre modèle de croissance doit être réexaminé et modifié pour faire face aux défis futurs. Notre nouveau modèle nous aidera à comprendre comment les choix effectués en matière de politiques économiques, structurelles et institutionnelles façonneront les perspectives de croissance mondiale dans 50 ans. Avant tout, il nous aidera à concevoir de meilleures politiques pour des vies meilleures.

Références

OCDE/Banque mondiale (2012), Promoting Inclusive Growth: Challenges and Policies, Paris.

Padoan, Pier Carlo, « Changements de paradigme », L’Annuel de l’OCDE 2012, Paris.

Padoan, Pier Carlo (2010), « De la crise à la reprise : passer à la vitesse supérieure », L’Observateur de l’OCDE n° 278.

Voir aussi : « World economy: Crisis over? Chief Economist Pier Carlo Padoan explains », vidéo disponible sur www.oecdobserver.org

On ne peut plus mesurer les performances globales d’un pays en recourant au modèle classique d’avant la crise, axé sur la production et l’efficacité économique pure

Bien plus que les dépenses budgétaires excessives, c’est la toute-puissance des marchés financiers qui menace aujourd’hui la confiance. Or, il existe des investissements judicieux et salutaires pour la société.

Ces dernières années, notre pensée économique s’est avérée fragile. En fait, il est aujourd’hui évident qu’elle a été déformée par le pouvoir dominant d’intérêts particuliers au sein du secteur financier.

En 2008, nous avons constaté combien l’illusion de la stabilité financière était dangereuse et coûteuse. Les théories financières fallacieuses, censées nous rassurer, ont paradoxalement contribué à la déstabilisation générale. Actuellement, quiconque envisage des investissements productifs dans l’économie réelle redoute de voir le système financier exploser et le monde s’effondrer de nouveau. La confiance qui

faisait des financiers les arbitres et le centre nerveux de notre système économique a volé en éclats.

Face à la situation désastreuse que nous connaissons depuis 2008, il apparaît clairement que nous n’émergerons pas de cette crise sans réformer en profondeur l’architecture de notre système financier. Cette épée de Damoclès mine aujourd’hui la confiance des entreprises bien davantage que l’excès de dépenses publiques. L’hypothèse selon laquelle il est possible, à l’avenir, de stabiliser le système économique avec certitude convient certes à la modélisation mathématique, mais elle est absurde. Elle a conduit à l’émergence de pratiques financières contestables, qui à leur tour ont induit un endettement excessif, une réglementation inadéquate et des produits financiers toxiques. Jusqu’au choc de 2008.

Les voies d’une approche économique saine Robert A. Johnson, Directeur exécutif, Institute for New Economic Thinking (INET)

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Cette approche ancienne du monde financier a donné naissance à des produits complexes valorisés en référence à un modèle financier et à des banques « trop grosses pour faire faillite », mais également trop opaques et trop endettées. Il a donc fallu les renflouer au lieu de les laisser assumer leurs pertes dues à des investissements douteux. Ces mêmes banques, une fois tirées d’affaire, ont exigé la mise au régime sec de pays entiers afin de récupérer leur mise. Une fois encore, les banques utilisent leur pouvoir politique pour

éviter une restructuration de la dette, pour ne pas assumer leurs pertes, tout en a¤ectant les sommes considérables accordées pour leur recapitalisation au versement de bonus et de dividendes records.

La défaillance de notre système de réglementation financière participe aux mauvais choix politiques relatifs à l’économie réelle. Par aversion pour la restructuration de la dette, notamment par crainte de déclencher un effet de contagion dans la nébuleuse du système de réglementation, les décideurs se jettent dans l’impasse de l’austérité budgétaire. Pourtant, l’austérité ne nous sortira pas de l’ornière. Il n’est pas possible, en plein marasme, de paver le chemin de la croissance et de la solvabilité. Mais les théories keynésiennes classiques, prônant le retour au plein emploi grâce aux dépenses publiques, ne conviennent pas non plus, car elles gonflent la dette qu’il faudra rembourser un jour. Les investissements, même en période de faible demande, doivent être axés sur la productivité, faute de quoi le fardeau de la dette deviendra insoutenable à l’avenir et la crise ne sera que retardée.

Mais, à la marge, il est possible de consentir des investissements qui rapportent davantage que la dette supplémentaire qu’ils engendrent. Dans ce cas, il s’agit d’investissements judicieux, qui rendent la dette plus soutenable et la société plus forte. Ainsi, les États-Unis recèlent d’importantes opportunités d’investissement dans leurs infrastructures et systèmes éducatifs

déficients, qui bénéficieraient actuellement d’un taux de financement inférieur à 2 %. En période de chômage persistant, un pays peut tirer parti des stimulations keynésiennes en faveur de l’emploi, préserver les compétences d’une main-d’œuvre que l’inactivité finirait par atrophier, et améliorer la productivité sur le long terme.

L’échec des anciens modèles de réglementation et de structure financières, conjugué aux méthodes sans issue de gestion de la dette et de la demande, plaident pour une réflexion économique plus intégrée, plus pertinente, articulée autour de l’être humain et des institutions, et ne les réduisant pas à des abstractions simplistes, trompeuses et partiales, inconsciemment intégrées dans la logique d’une finance mécanique. Ces croyances, soi-disant fondées sur la science, ne tiennent pas compte du coût humain induit, qui n’explose au grand jour que sous forme de colère, de violence, de soulèvements sociaux et autres manifestations du dysfonctionnement de notre économie politique.

Selon Joseph Schumpeter, la politique est le fondement de la science économique. Les paraboles de la théorie financière reflètent elles-mêmes les représentations partielles et les tabous de la politique moderne, analogues à ceux que les anthropologues observent dans les cultures tribales. Certaines hypothèses permettent de simplifier et aident à mieux comprendre ; d’autres introduisent des idées pernicieuses destinées à servir de puissants groupes d’intérêts.

La confiance aveugle que nous accordions aux postulats des anciens modèles financiers n’est plus de mise. Il est temps d’élargir notre vision et d’examiner les incompréhensions et les interdits qui sont à l’origine de notre représentation erronée du processus financier, de la conception de la réglementation et de la gestion macroéconomique. Les fondements qui étaient implicitement admis sont battus en brèche à la lumière des dommages qu’ils ont infligés à la société. Il faut remettre à plat la pensée économique, même si cette démarche est déstabilisante. Alors seulement, la science économique pourra nous donner une vision réaliste et pertinente de l’économie réelle, qui

nous aidera à adapter un secteur financier instable et improductif aux besoins de la société.

Références Johnson, Robert (2012), « INET Video Series: Re-Examining Research on Financial Economics », sur www.huffingtonpost.com

Skidelsky, Robert (2009), « Les marchés ont besoin des gouvernements », L’Observateur de l’OCDE, n° 279, Paris Voir www.ineteconomics.org

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Les limites de la législationHeather McGregor, Directrice générale et actionnaire principale, Taylor Bennett

Pour remettre l’économie sur pied, serait-il préférable de miser sur les efforts collectifs des entreprises et des autres parties prenantes plutôt que sur de nouvelles lois ?

Dans tout débat économique entre les tenants du marché libre et ceux de l’État, la nécessité d’un certain degré d’intervention publique est généralement admise. En effet, comme le savent tous les étudiants en économie, des marchés exemptés de tout contrôle ne se soucient guère du bien public. En revanche, la question du degré d’intervention de l’État est toujours très controversée. Dirigeante d’une petite entreprise, je suis aux premières loges pour constater qu’une intervention constante de l’État produit des dommages collatéraux colossaux.

Exemple : le taux d’imposition à 50 % des revenus, introduit au Royaume-Uni par un gouvernement travailliste et reconduit par la coalition conservatrice-libérale au pouvoir.Le budget 2012 prévoit de le ramener à 45 % dès avril 2013. Cela peut sembler encourageant, mais pour les titulaires de revenus se situant à la limite, c’est-à-dire gagnant entre 100 000 et 150 000 livres par an, la perte de l’abattement individuel aboutit à un taux d’imposition effectif supérieur

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à 45 %, voire supérieur à 50 %. Dans ma société, si je nous attribue, à moi ou à mes cadres, 100 livres supplémentaires, cela coûtera près de 300 livres à l’entreprise. De ce fait, j’ai décidé de limiter mes heures de travail, et ai suggéré à mon mari en préretraite de travailler davantage, son taux d’imposition étant plus faible. Mon mari travaille donc quelques heures de plus par semaine comme entraîneur de cricket. C’est peut-être bon pour notre ménage, mais pas pour le Royaume-Uni, car je dirige une entreprise qui, si je travaille plus, s’agrandit et crée des emplois.

Il reste certes beaucoup à faire pour redresser l’économie des pays de l’OCDE, mais nous n’y parviendrons pas avec des lois sur la rémunération des cadres ou la présence des femmes dans les conseils d’administration, au Royaume-Uni ou ailleurs. Il faut traiter ces deux problèmes par un effort collectif des parties prenantes plutôt qu’en légiférant. Pour la rémunération des cadres, il faut utiliser les droits existants des actionnaires et les règles de représentation des salariés dans les conseils d’administration des fonds de pension de manière plus efficace. Par ailleurs,

l’imposition de quotas de femmes dans les conseils d’administration n’aura qu’un effet symbolique sur la valorisation de la place des femmes dans l’entreprise. J’appartiens au comité directeur du Club 30 %, un groupe de lobbying qui recherche des PDG prêts à s’engager publiquement à atteindre un objectif d’intégration de femmes au sein de leur conseil d’administration. J’ai constaté que nos efforts, ainsi que ceux du Comité Davies initié par le gouvernement et auteur d’une étude intitulée « Les femmes dans les conseils d’administration » en 2011, ont permis une augmentation rapide de la proportion de recrutements féminins, sans en passer par la loi. Il me semble que les autres pays peuvent parvenir aux mêmes résultats.

Légiférer dans ces deux domaines peut emporter l’adhésion des médias de

masse, mais cela ne favorisera pas une croissance économique durable, la seule chose qui importe aujourd’hui. Tant que la croissance ne sera pas de retour, les revenus réels des particuliers diminueront et le chômage demeurera extrêmement élevé. Selon l’Institut national de la statistique britannique, le taux de chômage a atteint 8,4 % de la population active en mars 2012, un record depuis 1995.

Mais les statistiques les plus effroyables sont celles du chômage des jeunes. Entre novembre 2011 et janvier 2012, on a enregistré 1,44 million de chômeurs âgés de 16 à 24 ans, soit un taux de chômage de 22,5 % pour cette classe d’âge. Parmi eux, 311 000 jeunes poursuivaient des études à temps plein, mais cherchaient un emploi pour les financer. Il reste donc 731 000 jeunes ni dans l’emploi, ni scolarisés. C’est non seulement un gâchis, mais aussi une bombe à retardement.

Si cela continue, le Royaume-Uni sera confronté d’ici 5 à 10 ans à un énorme problème de compétitivité. Les jeunes Chinois, par exemple, seront mieux formés et auront plus de compétenceset d’expérience que les jeunes britanniques. La concurrence pour attirer les investissements internationaux est déjà forte ; elle s’intensifiera si nous avons toute une génération de travailleurs aux compétences médiocres. Et le Royaume-Uni n’est pas seul dans cette situation. De nombreux pays de l’OCDE, de l’Espagne aux États-Unis en passant par la France, ainsi que des pays non membres de l’OCDE, comme l’Afrique du Sud, en pâtiront tout autant.

Mais là encore, la réponse me semble résider bien plus dans un engagement accru des entreprises que dans l’intervention de l’État. Ma société, une agence de recrutement créée il y a trente ans, s’attendait dès 2004 à connaître une pénurie de compétences dix ans plus tard, notamment parmi les membres des minorités ethniques très demandés par nos clients basés au Royaume-Uni. Nous n’avons pas attendu l’intervention de l’État et avons utilisé une partie de nos bénéfices pour mettre au point et financer un programme de formation de 10 semaines qui s’adresse aux diplômés issus des minorités ethniques.

Il me semble que les réponses résident bien plus dans un engagement accru des entreprises que dans l’intervention de l’État

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Ce programme rémunéré est conçu pour faciliter l’entrée des jeunes diplômés dans la vie active en les dotant de compétences utiles à l’exercice d’un emploi, en leur présentant un large éventail d’emplois, et en les aidant à se faire embaucher durablement.

Nous connaissons un taux de réussite élevé, et nos programmes accueillent chaque année davantage de participants, avec l’aide et le soutien de nombreux clients. Ce programme, créé et mis au point sans aide publique, ce dont je m’enorgueillis, a remporté un prix et le Forum économique mondial de janvier 2012 l’a cité en exemple en matière de mobilité des talents. Je citerais aussi le travail accompli par Career Academies UK, une association caritative que je préside et qui entend raviver les aspirations des 16-19 ans en leur proposant des cours supplémentaires, un système de tutorat et des expériences professionnelles rémunérées. Fondée il y a 10 ans, cette association s’inspire d’un modèle américain éprouvé. L’État ne lui a accordé que des aides minimes, et elle vit presque exclusivement de l’argent et du temps que lui consacrent un millier d’entreprises de toutes tailles. En comparaison, les programmes d’apprentissage du gouvernement britannique croulent sous la paperasserie et il faut des années pour qu’ils soient opérationnels.

En somme, la loi est trop souvent considérée comme l’unique solution. Mais l’intervention de l’État peut faire des dégâts considérables, à l’instar du souhait, louable mais mal mis en œuvre, de l’administration américaine de faire de chaque citoyen américain un propriétaire. Tout actionnaire ou partie prenante à une grande institution financière vous le dira : plutôt que de légiférer précipitamment, il vaut mieux commencer par chercher des solutions auprès des entrepreneurs et des employeurs.

RéférencesMcGregor, Heather (2012), Mrs Moneypenny’s Careers Advice for Ambitious Women, Penguin, Londres.

Voir www.taylorbennettfoundation.org

Voir www.careeracademies.org.uk

Une défaillance majeure de la protection des consommateurs est-elle au cœur de la crise des subprimes ? Pour Ira Rheingold, défenseur des consommateurs, seule une amélioration de la réglementation financière et de la protection des consommateurs empêchera d’autres crises.

Depuis cinq ans, l’Union européenne et les États-Unis affrontent la plus grave crise économique collective depuis la Grande dépression. Banques en faillite, dettes abyssales, épargne des ménages a minima et taux de chômage désastreux menacent la santé financière de nos pays, aujourd’hui et à l’avenir. Les réponses que nous apportons

Protéger les consommateurs, c’est protéger l’économieIra Rheingold, Directeur exécutif, National Association of Consumer Advocates (NACA), États-Unis

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« Sauvez les gens, pas les banques »

Protéger les consommateurs, c’est protéger l’économie

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L’Observateur de l’OCDE N° 290-291, T1-T2 2012 17

Protéger les consommateurs, c’est protéger l’économie

à cette crise et l’application des leçons tirées de notre responsabilité quant à cette situation compteront beaucoup dans la capacité de l’UE et des États-Unis à redorer leur blason moral et financier aux yeux du monde.

Pour relever ce défi, il est essentiel que les besoins et les opinions des consommateurs ordinaires soient au cœur de nos décisions. Ce n’était manifestement pas le cas précédemment, et nous en payons le prix aujourd’hui. La crise actuelle n’a pas été une surprise pour mes collègues et moi-même, qui défendons les consommateurs depuis plus de vingt ans. Depuis la fin des années 1990, nous observons les grandes institutions de notre pays s’égarer. Nous avons vu nos économies fonder leur croissance sur l’endettement des ménages, tout en prônant la réduction des revenus réels et de l’épargne

de ces mêmes ménages ; les grandes banques ont imprudemment négligé les besoins des consommateurs et des investisseurs, ainsi que leur propre santé et sécurité financières futures, pour obtenir des bénéfices immédiats et irresponsables. Témoins de cette évolution, les défenseurs des consommateurs ont averti les gouvernements engagés dans cette course à la « déréglementation » et à l’ « harmonisation » que ces comportements irréfléchis et dangereux, ainsi que l’absence de protection des consommateurs, conduiraient à la ruine collective. Et comme la voix des consommateurs n’a pas été entendue, c’est exactement ce qu’il s’est produit.

Il ne fait désormais plus de doute que la raison ultime de l’effondrement de nos économies réside dans les pratiques abusives et déloyales des plus grandes banques mondiales. Les prêts octroyés par ces multinationales, au moyen d’instruments financiers ridiculement opaques et complexes, étaient insuffisamment garantis, inadaptés et insoutenables pour les emprunteurs ; mis en œuvre par des individus qui n’avaient pas mission d’agir

dans le meilleur intérêt de l’emprunteur, ils étaient truffés de conditions si alambiquées que bon nombre de particuliers ou investisseurs n’étaient pas en mesure d’appréhender parfaitement la nature et l’ampleur des risques auxquels ils s’exposaient.

Si nos gouvernements avaient privilégié les besoins et la protection des consommateurs ordinaires et véritablement sanctionné les institutions appliquant ces pratiques, une grande part du désastre économique actuel aurait pu être évitée. Malheureusement, ils n’en ont rien fait, et ces pratiques déloyales et mensongères se sont répandues. De fait, lorsque les institutions financières analysent les coûts et bénéfices de la réglementation et s’aperçoivent, parallèlement, que les pratiques abusives non seulement ne sont pas sanctionnées mais s’avèrent rentables, elles finissent logiquement par faire de ces pratiques la norme du secteur bancaire.

Dès lors, comment créer un mécanisme réglementaire juste et équitable, centré sur le consommateur ? Premièrement, il est essentiel que tous les niveaux de l’administration y participent. Comme la plupart des sociétés de services financiers exercent des activités transnationales, celles-ci doivent être contrôlées à l’échelle internationale, car leur comportement présente des risques pour tous les marchés sur lesquels elles opèrent. En outre, il est certes important d’élaborer des normes internationales régissant les services financiers, mais ces normes (et toute tentative d’harmonisation internationale) ne doivent pas entraver les actions précédentes ni les principes plus rigoureux éventuellement adoptés par chaque pays. À l’inverse, il est tout aussi essentiel que les autorités de contrôle internationales empêchent les institutions financières de dissuader un gouvernement d’adopter une réglementation plus stricte en y « exportant » la réglementation plus laxiste de leur pays d’origine, enclenchant un nivellement par le bas dans les pays désireux de voir le siège des grandes banques s’implanter sur leur territoire.

Deuxièmement, au niveau national, d’où sont venues la plupart des défaillances

réglementaires, la réglementation sur la protection des consommateurs doit constituer un élément fondamental dans la création d’un marché et d’une économie solides et viables. Pour que nos économies fonctionnent correctement, le marché des services financiers doit s’organiser autour du consommateur. Toute structure de services financiers bien gérée et bien réglementée doit reposer sur la transparence, des restrictions significatives, un dispositif d’application de la loi solide et efficace, et le droit pour les consommateurs d’être consultés.

Enfin, dans l’élaboration de ces dispositifs de protection, les pouvoirs publics doivent laisser les autorités locales (province, État fédéré…) jouer pleinement un rôle concurrent et complémentaire. À ce niveau de gouvernement, il est possible de faire appliquer les normes existantes en amont et de définir de nouveaux principes dès l’apparition de pratiques nouvelles, avant qu’elles ne pénalisent de nombreux consommateurs ou ne provoquent un risque systémique. Les administrations infranationales sont souvent idéalement placées pour repérer et endiguer les mauvaises pratiques avant qu’elles ne se généralisent. Pour apporter des réponses rapides et adaptées aux abus observés sur les marchés du crédit, tous les niveaux d’administration doivent pouvoir agir en matière de protection des consommateurs et de réglementation des institutions financières.

La crise financière que nous traversons n’aurait pas dû arriver et aucune crise de ce type ne doit plus jamais survenir. N’oublions jamais que dans notre monde toujours plus complexe et interdépendant, la motivation et les intérêts des institutions financières sont souvent contraires au bien-être général des consommateurs ordinaires et à la santé économique à long terme de nos pays. Un arsenal réglementaire intergouvernemental, conçu avec soin et axé sur la protection des consommateurs, est la condition sine qua non pour que les marchés locaux et mondiaux soient justes, honnêtes, sûrs et stables, et résistent à tout nouvel effondrement financier provoqué par le secteur privé.

RéférenceNational Association of Consumer Advocates : www.naca.net

La raison ultime de l’effondrement de nos économies réside dans les pratiques abusives et déloyales des plus grandes banques mondiales

ÉCOnOMIE ET CROISSAnCE InCLUSIVE

Protéger les consommateurs, c’est protéger l’économie

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En France, EDF produit près de 10% de son électricité à partir de l’énergie hydraulique : ses centrales hydroélectriques produisent chaque année en moyenne 46 TWh, soit l’équivalent de la consommation annuelle domestique de l’Ile-de-France.

La production hydraulique française d’EDF contribue à placer la France au rang de premier producteur d’élec-tricité renouvelable de l’Union Européenne. Elle parti-cipe à l’atteinte des objectifs nationaux et européens selon lesquels 23% de l’électricité devra être produite à partir de sources d’énergie renouvelable d’ici 2020. Associée au nucléaire, celle-ci permet au groupe EDF de produire en France 95% de son électricité sans émission de CO2 et de contribuer de manière essen-tielle à la sécurité d’approvisionnement du pays.

Le parc hydroélectrique d’EDF en France métropoli-taine comprend plus de 600 barrages et près de 450 centrales de tailles très diverses. Energie renouvelable la plus compétitive à l’heure actuelle, l’hydraulique permet, grâce à sa réactivité, d’apporter une réponse performante aux fluctuations de la demande en électricité.

Le contexte dans lequel s’exerce l’activité de produc-tion hydroélectrique d’EDF est profondément marqué par deux aspects principaux :

! Une actualité législative et réglementaire essentiel-lement européenne. La mise en œuvre de la direc-tive cadre sur l’eau (D.C.E.) est, à cet égard, très structurante.

! La montée des préoccupations relatives aux évo-lutions climatiques qui, avec la protection de la biodiversité, constitue désormais une priorité des politiques environnementales.

Dans les deux cas, les débats et les décisions sont du niveau européen, voire mondial, alors que la caracté-ristique de l’hydraulique est de se traiter souvent au cas par cas, site par site, au niveau local. C’est là aussi que se nouent les relations les plus fortes avec tous les usagers de l’eau.

Un dialogue soutenu avec tous les acteurs et utilisateurs de l’eauLe positionnement d’EDF se décline selon 3 axes principaux :

! Être irréprochable quant à son exploitation et au respect de l’ensemble des réglementations,

! Poursuivre et amplifier l’écoute et la prise en compte des parties prenantes sur le terrain, et trou-ver les meilleurs compromis dans la gestion de la ressource en eau,

! Promouvoir la production hydroélectrique, compte tenu de l’intérêt de cet outil industriel, de sa com-pétitivité et de sa souplesse, mais aussi pour l’atout qu’il représente en faveur de la réduction des émis-sions de gaz à effet de serre.

Les actions concrètes passent donc par un dialogue soutenu avec tous les acteurs et utilisateurs de l’eau. Trouver des compromis est complexe car, bien sou-vent, les divers usages de l’eau sont contradictoires entre eux. De plus, comme EDF gère près de 75% des réserves de surface de la France (soit 7 milliards de m3 d’eau), on attend d’elle des positions d’arbitre et de gestionnaire global de la rivière.

Ainsi, EDF surveille au plus près l’état des ressources et gère ses stocks avec la plus grande vigilance pour garantir leur disponibilité en cas de situation excep-tionnelle. En effet, les étés secs rendent la ressource en eau non seulement plus faible mais, parfois, éga-lement plus chaude, ce qui conduit EDF à adapter ses modes d’exploitation.

Une gestion optimisée et responsable de la ressource en eauPour garantir une gestion optimisée des ouvrages de production d’électricité, EDF a mis en place et exploite, depuis Grenoble, un système intégré de surveillance et de prévision hydrométéorologique. Par exemple, dans les massifs de haute montagne, des nivomètres à rayonnement cosmique calculent l’épais-seur du manteau neigeux afin de prévoir, au plus juste, la quantité d’eau qui se déversera dans les barrages au moment de la fonte. Associées aux mesures des débits des rivières et de la pluviométrie, les mesures des nivo-mètres permettent à EDF d’estimer les capacités de production des centrales hydroélectriques.

Près d’un milliard de m3 d’eau est réservé chaque année par EDF pour être éventuellement disponible pour d’autres usages de l’eau que la seule production électrique, soit que cela soit prévu dans le cahier des charges ou dans des conventions, soit que d’autres usagers aient financé une part des réserves.C’est le cas pour les besoins agricoles en irrigation, l’approvisionnement en eau potable, la navigation fluviale, mais aussi la création de neige artificielle, le tourisme, les sports d’eau vive et autres loisirs.La production hydroélectrique d’EDF participe ainsi de manière décisive à la gestion de la ressource en eau au plan national, ainsi qu’au développement écono-mique régional. Elle contribue également au maintien de l’emploi dans les vallées.

La préservation, voire la restauration, des milieux aquatiques et la protection de la faune et la flore sont également des priorités pour EDF, et font l’objet de nombreuses actions, comme :

! Le maintien d’un débit minimum en aval des ouvrages, dit « débit réservé », nécessaire au déve-loppement du milieu aquatique ; il est fixé au mini-mum au 1/10ème ou au 1/20ème du débit moyen du cours d’eau, selon l’ouvrage hydraulique concerné,

! La réalisation d’ouvrages de franchissement pour que le barrage ne constitue pas un obstacle pour les poissons migrateurs (saumons, aloses ou anguilles). Près de 100 ouvrages en sont déjà équipés.

! La gestion des transits sédimentaires, essentielle à la gestion de la morphologie de la rivière.

Enfin, les avalisants attendent généralement des bar-rages EDF, même s’ils n’ont pas été conçus pour cela, qu’ils les protègent des crues et inondations et qu’ils réalimentent les cours d’eau en période de sécheresse. EDF est très impliquée dans la gestion de ces épisodes naturels mais extrêmes.

EDF siège dans toutes les instances locales et natio-nales de concertations sur la gestion de l’eau, mises en place sous l’égide des pouvoirs publics : Agences de l’eau, Commissions locales de l’eau, etc. Elle s’im-plique à leurs côtés dans la définition de Schémas d’Aménagement et de la Gestion des Eaux prévus par la loi.

Le parc hydroélectrique d’EDF,au cœur des enjeux de la gestion de l’eau en France

Au total, ce sont plus de 1500 ingénieurs et chercheurs d’EDF qui sont mobilisés, aux côtés de 3500 exploitants présents sur les installations, pour maintenir et moderniser les aménagements, limiter leurs impacts, contribuer à la gestion des rivières et à la protection des milieux aqua-tiques et, aussi, développer l’outil industriel.

Des compétences présentes à l’internationalLe plus bel exemple en est l’aménagement hydroélectrique de Nam Theun au Laos : d’une puissance de 1070 MW, il a été mis en service en 2010. Non seulement, il est un outil essentiel de développement pour l’ensemble du Laos, mais, soutenu par la Banque Mondiale, il est consi-déré comme exemplaire en matière de prise en compte des attentes des populations, grâce à des programmes environnementaux et sociaux ambitieux.

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Barrage EDF de Roselend dans les Alpes

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En France, EDF produit près de 10% de son électricité à partir de l’énergie hydraulique : ses centrales hydroélectriques produisent chaque année en moyenne 46 TWh, soit l’équivalent de la consommation annuelle domestique de l’Ile-de-France.

La production hydraulique française d’EDF contribue à placer la France au rang de premier producteur d’élec-tricité renouvelable de l’Union Européenne. Elle parti-cipe à l’atteinte des objectifs nationaux et européens selon lesquels 23% de l’électricité devra être produite à partir de sources d’énergie renouvelable d’ici 2020. Associée au nucléaire, celle-ci permet au groupe EDF de produire en France 95% de son électricité sans émission de CO2 et de contribuer de manière essen-tielle à la sécurité d’approvisionnement du pays.

Le parc hydroélectrique d’EDF en France métropoli-taine comprend plus de 600 barrages et près de 450 centrales de tailles très diverses. Energie renouvelable la plus compétitive à l’heure actuelle, l’hydraulique permet, grâce à sa réactivité, d’apporter une réponse performante aux fluctuations de la demande en électricité.

Le contexte dans lequel s’exerce l’activité de produc-tion hydroélectrique d’EDF est profondément marqué par deux aspects principaux :

! Une actualité législative et réglementaire essentiel-lement européenne. La mise en œuvre de la direc-tive cadre sur l’eau (D.C.E.) est, à cet égard, très structurante.

! La montée des préoccupations relatives aux évo-lutions climatiques qui, avec la protection de la biodiversité, constitue désormais une priorité des politiques environnementales.

Dans les deux cas, les débats et les décisions sont du niveau européen, voire mondial, alors que la caracté-ristique de l’hydraulique est de se traiter souvent au cas par cas, site par site, au niveau local. C’est là aussi que se nouent les relations les plus fortes avec tous les usagers de l’eau.

Un dialogue soutenu avec tous les acteurs et utilisateurs de l’eauLe positionnement d’EDF se décline selon 3 axes principaux :

! Être irréprochable quant à son exploitation et au respect de l’ensemble des réglementations,

! Poursuivre et amplifier l’écoute et la prise en compte des parties prenantes sur le terrain, et trou-ver les meilleurs compromis dans la gestion de la ressource en eau,

! Promouvoir la production hydroélectrique, compte tenu de l’intérêt de cet outil industriel, de sa com-pétitivité et de sa souplesse, mais aussi pour l’atout qu’il représente en faveur de la réduction des émis-sions de gaz à effet de serre.

Les actions concrètes passent donc par un dialogue soutenu avec tous les acteurs et utilisateurs de l’eau. Trouver des compromis est complexe car, bien sou-vent, les divers usages de l’eau sont contradictoires entre eux. De plus, comme EDF gère près de 75% des réserves de surface de la France (soit 7 milliards de m3 d’eau), on attend d’elle des positions d’arbitre et de gestionnaire global de la rivière.

Ainsi, EDF surveille au plus près l’état des ressources et gère ses stocks avec la plus grande vigilance pour garantir leur disponibilité en cas de situation excep-tionnelle. En effet, les étés secs rendent la ressource en eau non seulement plus faible mais, parfois, éga-lement plus chaude, ce qui conduit EDF à adapter ses modes d’exploitation.

Une gestion optimisée et responsable de la ressource en eauPour garantir une gestion optimisée des ouvrages de production d’électricité, EDF a mis en place et exploite, depuis Grenoble, un système intégré de surveillance et de prévision hydrométéorologique. Par exemple, dans les massifs de haute montagne, des nivomètres à rayonnement cosmique calculent l’épais-seur du manteau neigeux afin de prévoir, au plus juste, la quantité d’eau qui se déversera dans les barrages au moment de la fonte. Associées aux mesures des débits des rivières et de la pluviométrie, les mesures des nivo-mètres permettent à EDF d’estimer les capacités de production des centrales hydroélectriques.

Près d’un milliard de m3 d’eau est réservé chaque année par EDF pour être éventuellement disponible pour d’autres usages de l’eau que la seule production électrique, soit que cela soit prévu dans le cahier des charges ou dans des conventions, soit que d’autres usagers aient financé une part des réserves.C’est le cas pour les besoins agricoles en irrigation, l’approvisionnement en eau potable, la navigation fluviale, mais aussi la création de neige artificielle, le tourisme, les sports d’eau vive et autres loisirs.La production hydroélectrique d’EDF participe ainsi de manière décisive à la gestion de la ressource en eau au plan national, ainsi qu’au développement écono-mique régional. Elle contribue également au maintien de l’emploi dans les vallées.

La préservation, voire la restauration, des milieux aquatiques et la protection de la faune et la flore sont également des priorités pour EDF, et font l’objet de nombreuses actions, comme :

! Le maintien d’un débit minimum en aval des ouvrages, dit « débit réservé », nécessaire au déve-loppement du milieu aquatique ; il est fixé au mini-mum au 1/10ème ou au 1/20ème du débit moyen du cours d’eau, selon l’ouvrage hydraulique concerné,

! La réalisation d’ouvrages de franchissement pour que le barrage ne constitue pas un obstacle pour les poissons migrateurs (saumons, aloses ou anguilles). Près de 100 ouvrages en sont déjà équipés.

! La gestion des transits sédimentaires, essentielle à la gestion de la morphologie de la rivière.

Enfin, les avalisants attendent généralement des bar-rages EDF, même s’ils n’ont pas été conçus pour cela, qu’ils les protègent des crues et inondations et qu’ils réalimentent les cours d’eau en période de sécheresse. EDF est très impliquée dans la gestion de ces épisodes naturels mais extrêmes.

EDF siège dans toutes les instances locales et natio-nales de concertations sur la gestion de l’eau, mises en place sous l’égide des pouvoirs publics : Agences de l’eau, Commissions locales de l’eau, etc. Elle s’im-plique à leurs côtés dans la définition de Schémas d’Aménagement et de la Gestion des Eaux prévus par la loi.

Le parc hydroélectrique d’EDF,au cœur des enjeux de la gestion de l’eau en France

Au total, ce sont plus de 1500 ingénieurs et chercheurs d’EDF qui sont mobilisés, aux côtés de 3500 exploitants présents sur les installations, pour maintenir et moderniser les aménagements, limiter leurs impacts, contribuer à la gestion des rivières et à la protection des milieux aqua-tiques et, aussi, développer l’outil industriel.

Des compétences présentes à l’internationalLe plus bel exemple en est l’aménagement hydroélectrique de Nam Theun au Laos : d’une puissance de 1070 MW, il a été mis en service en 2010. Non seulement, il est un outil essentiel de développement pour l’ensemble du Laos, mais, soutenu par la Banque Mondiale, il est consi-déré comme exemplaire en matière de prise en compte des attentes des populations, grâce à des programmes environnementaux et sociaux ambitieux.

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Barrage EDF de Roselend dans les Alpes

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Depuis son lancement en mai 2011, l’indicateur a reçu près d’un million de visites de quasiment tous les pays au monde, et est cité en référence au niveau international comme un modèle de présentation des données sur la mesure du bien-être. Une enquête auprès des utilisateurs a permis à l’OCDE d’esquisser ses premières conclusions sur ce qui constitue aujourd’hui le bien-être.

Les utilisateurs publics de ce nouvel indicateur, qui ont accepté de partager leurs résultats, accordent systématiquement la priorité à « la satisfaction à l’égard de la vie », « l’éducation » et « la santé », quel que soit leur pays d’origine.

Il y a également peu de différences entre les sexes, ce qui laisse à penser que les hommes ne viennent pas réellement de Mars et les femmes de Vénus. S’il n’y a pas de différence marquée entre les générations, les plus jeunes (15-34 ans) accordent plus d’importance à « l’équilibre entre travail et vie privée », « les revenus », et « l’emploi », alors que les personnes plus âgées (plus de 65 ans) privilégient « la santé » et « l’environnement ». Dans l’ensemble, « les liens sociaux », « les revenus » et « l’engagement civique » se classent relativement loin derrière.

C’est aux États-Unis, en France, au Canada, en Allemagne et au Royaume-Uni que les internautes ont été les plus nombreux à visiter le site de l’indicateur, mais celui-ci reçoit aussi beaucoup de visites et suscite l’intérêt de pays non membres. Il est intéressant de noter que les opinions sur l’importance relative de tel ou tel critère du bien-être sont globalement similaires dans l’ensemble des pays, ce qui semble indiquer l’existence d’une communauté mondiale – les internautes des pays nordiques ont choisi les trois mêmes critères prioritaires du bien-être que les pays « du sud ».

L’indicateur du vivre mieux sera étoffé en 2012. Sa couverture géographique sera étendue au Brésil et à la Russie, ce qui donnera au total 36 pays couverts. Il sera également développé en plusieurs langues, avec une version intégralement en français qui devrait marquer le début d’une série de traductions dans d’autres langues –

De nouveaux horizons à explorerAnthony Gooch, Directeur, direction des Relations extérieures et de la Communication, OCDE

L’Initiative du vivre mieux de l’OCDE peut influer sur les politiques comme sur la vie des gens. Mais cela dépend aussi de la participation.

Cinq ans après le début de la plus grave crise financière, économique et sociale à laquelle sont confrontés les pays de l’OCDE depuis la création de l’organisation, la crainte de voir se creuser les inégalités transparaît dans les discours politiques. Parallèlement, les citoyens, électeurs et contribuables sont de plus en plus en demande de moyens de mesurer et de répondre à leur aspiration au bien-être, allant au-delà des considérations matérielles pour prendre en compte d’autres dimensions liées à la qualité de vie et à la durabilité.

Dans ce contexte, la décision de l’OCDE de lancer l’Initiative du vivre mieux à l’occasion de son 50e anniversaire se révèle d’autant plus pertinente que les dirigeants cherchent à satisfaire une demande croissante de redéfinition du bien-être et de politiques aptes à concrétiser celui-ci. La mesure étant au cœur d’un tel exercice, nous devons nous demander si nous mesurons bien ce qu’il faut pour rendre compte du bien-être au XXIe siècle. Continuons-nous d’accorder trop d’importance à des indicateurs matériels

et individuels de plus en plus éloignés du monde moderne, comme le PIB, élaboré il y a plusieurs décennies ?

L’Initiative du vivre mieux de l’OCDE a été lancée pour que les citoyens soient au cœur de la réflexion sur les questions fondamentales qui définiront les paramètres du paysage post-crise. Cette Initiative s’appuie sur près de dix ans d’études internationales sur la mesure du progrès des sociétés.

Elle se compose de deux éléments principaux : l’Indicateur du vivre mieux, créé en mai 2011, qui permet à chacun de visualiser en ligne le degré de bien-être dans les pays de l’OCDE en fonction de ses propres critères, et un important rapport paru en octobre dernier, intitulé Comment va la vie ?, qui met en parallèle pour la première fois des indicateurs du bien-être comparables à l’échelle internationale et les recommandations du rapport de la Commission Stiglitz-Sen-Fitoussi.

L’Indicateur du vivre mieux est un instrument interactif en ligne qui aide les citoyens à mesurer les résultats des pays en fonction de leurs propres priorités. Il appartient aux internautes de pondérer 11 critères contribuant au bien-être (liens sociaux, éducation, environnement, engagement civique, santé, logement, revenus, emploi, satisfaction à l’égard de la vie, sécurité, équilibre entre travail et vie privée) afin de générer leur propre indicateur du vivre mieux. Une description globale de la qualité de la vie dans chaque pays est

également présentée, ainsi que les performances de chaque pays pour les 20 indicateurs qui forment ces 11 critères. Des rapports de l’OCDE librement accessibles et d’autres sources d’information sont également à disposition de ceux qui souhaitent en savoir plus.

L’InITIATIVE DU VIVRE MIEUX DE L’OCDE

L’indicateur du vivre mieux offre à tous ceux qui souhaitent bâtir un monde plus fort, plus sain et plus juste une manière innovante de s’informer et d’agir

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L’Observateur de l’OCDE N° 290-291, T1-T2 2012 21

élément essentiel au développement de la communauté mondiale des utilisateurs et donc des retours d’information.

Chaque année, l’indicateur du vivre mieux sera enrichi d’autres facteurs importants pour la mesure du bien-être. En réponse aux observations des utilisateurs, de nouveaux indicateurs seront ajoutés en 2012 pour renforcer les critères « éducation », « emploi », « environnement » et « logement ». Les internautes pourront aussi compiler leur indicateur en tenant compte du degré d’égalité entre hommes et femmes pour chaque critère. De même, ils pourront constater d’autres inégalités, par exemple si leur niveau de revenu joue sur leur santé ou leur sens civique.

L’influence de l’indicateur du vivre mieux sur l’élaboration des politiques dépendra de la participation. En gardant cet objectif à l’esprit, nous avons cherché à améliorer l’utilisation du site afin d’encourager la

participation et des retours d’information plus immédiats. Les utilisateurs peuvent désormais se comparer directement aux autres, en fonction du lieu, du sexe et de l’âge. Les commentaires et suggestions sont particulièrement bienvenus. Nous avons pu grâce à cela ajouter une fonction qui permet aux journalistes, blogueurs et autres de capturer leur indicateur et de le placer directement sur des sites web et des blogs.

L’indicateur du vivre mieux offre une manière originale à tous ceux qui souhaitent bâtir un monde plus fort, plus sain et plus juste de s’informer et d’agir. Pour le public, cela signifie mieux connaître les politiques et leurs effets sur le bien-être. Pour les dirigeants, il s’agit de mieux comprendre les priorités des citoyens afin d’élaborer des politiques meilleures. Pour l’OCDE, cela suppose de formuler des recommandations qui reflètent plus précisément les préoccupations des citoyens. Il nous appartient d’encourager la participation et le

dialogue avec le public afin d’avoir un impact plus profond sur les politiques nécessaires. C’est un nouvel horizon à explorer et une évolution permanente.

Références

Durand, Martine (2012), « Mesurer le progrès : de la boussole au GPS », L’Annuel de l’OCDE 2012, Paris.

L’Observateur de l’OCDE (2011), « De meilleurs indicateurs pour une vie meilleure », n° 284, T1, Paris.

Stiglitz, Joseph (2009), « Progrès ? Quel progrès ? », L’Observateur de l’OCDE n° 272, mars, Paris.

Pour plus d’informations sur la Commission Stiglitz-Sen-Fitoussi, voir www.stiglitz-sen-fitoussi.fr

MESURER LE BIEn-ÊTRE

Créez votre indicateur du vivre mieux sur

www.ocdevivremieux.org

Page 24: L'Observateur de l'OCDE n° 290-291 T1-T2 2012

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Pourquoi mesurer le bien-être subjectif ?Richard Layard, Directeur, Wellbeing Programme, Centre for Economic Performance, London School of Economics

Chercher à s’affranchir du PIB pour mesurer le progrès est une démarche aussi opportune que nécessaire, mais seul un autre indicateur unique peut faire l’affaire.

Quelle réussite ! Huit ans à peine après avoir posé la question « qu’est-ce que le progrès ? », l’OCDE a déjà organisé trois grandes conférences sur ce thème, et lance maintenant une vaste initiative sur la mesure du bien-être subjectif à l’échelle internationale. L’an dernier, la Grande-Bretagne a été le premier pays développé à lui emboîter le pas en réalisant ses propres mesures, mais nombreux sont ceux, à travers le monde, qui souhaitent désormais disposer d’un autre indicateur que le PIB.

Quel serait cet indicateur ? Jusqu’à présent, l’OCDE et le gouvernement britannique sont prudemment restés sur la réserve. Ils ont expliqué que les éléments à prendre en considération sont nombreux : le bien-être subjectif certes, mais aussi l’éducation, la santé, l’ordre public, la gouvernance, le revenu, etc. Sur le site consacré à l’Initiative du vivre mieux de l’OCDE, les internautes sont invités à pondérer ces critères en fonction de l’importance qu’ils leur accordent. Mais on ne voit pas bien ce que cela peut changer au bout du compte. Après tout, les indicateurs sociaux existent depuis une cinquantaine d’années, mais cela n’a pas

empêché le PIB de s’imposer au cours de cette période comme l’alpha et l’oméga de la performance nationale. Il le restera tant que nous n’aurons pas trouvé une autre solution unique et convaincante.

Cette solution est pour moi évidente. Elle consiste à mesurer la qualité de vie telle que la perçoivent subjectivement les individus. Dans un monde vraiment démocratique, les responsables politiques devraient accorder aux différents aspects de la vie la même importance que celle qu’ils revêtent aux yeux de la population dans son ensemble. En d’autres termes, il faudrait qu’ils fassent du bien-être subjectif de la population leur objectif, et qu’ils envisagent tous les autres biens comme l’éducation, la santé, le revenu, etc., comme autant de moyens au service de cette fin.

Les raisons en sont les suivantes. Il y a une façon très simple de savoir, en définitive, ce qui est bon pour les individus : c’est ce qui s’impose comme tel avec la force de l’évidence. Il suffit pour s’en rendre compte de dresser la liste de tous les critères que nous jugeons importants pour notre bonheur : liberté, santé, réussite, revenu, etc., et de nous demander ensuite « pourquoi est-ce bon pour nous ? ». Par exemple, à la question de savoir pourquoi la liberté est-elle un bien précieux, les gens

répondront généralement « parce que l’esclavage rend malheureux ». Il en va de même pour la santé et le reste. Mais si vous demandez pourquoi il est important que les gens soient heureux plutôt que malheureux, vous ne recevrez pas d’explication car la réponse va de soi.

Telle est la raison philosophique pour laquelle on considère depuis longtemps que les meilleures sociétés sont celles où l’on trouve le plus de bonheur et le moins de malheur. Aux XVIIIe et XIXe siècles, cette conviction, largement répandue, a favorisé l’instauration d’un ordre social plus humain, mais au début du XXe siècle, la montée du scepticisme lui a porté un rude coup. On s’est mis à douter de la possibilité même de savoir ce que quiconque éprouve, et la révolution de la psychologie behavioriste, pour laquelle le seul objet d’étude possible est le comportement et non les motivations ou les sentiments, n’a fait qu’exacerber ce doute.

Heureusement, ces 50 dernières années, la psychologie a changé de cap pour revenir à l’idée que les sentiments ont une réalité objective. On s’est aperçu, par exemple, qu’il existe une corrélation entre la situation d’un individu qui se déclare lui-même heureux et la perception qu’en a l’un de ses proches – ce qui, lorsqu’on y réfléchit, est une condition indispensable pour une amitié solide et une vie sociale réussie. Mais l’élément le plus décisif dans le débat intellectuel a été l’identification par les

neuropsychologues des zones cérébrales associées au bonheur et au malheur. Là, les corrélations entre bonheur exprimé et lecture électronique de l’activité cérébrale ne font aucun doute – aussi bien dans le temps qu’entre les individus. Cela constitue à mon sens une preuve suffisante de la réalité objective, et donc de la pertinence de la prise en compte des sentiments. Cela montre aussi que l’on peut faire confiance aux individus et utiliser leurs déclarations comme principale source d’informations

Les pouvoirs publics pourraient préférer réduire le malheur plutôt qu’accroître le bonheur

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pour apprécier leur situation. Il est donc extrêmement encourageant que l’OCDE travaille à la mise au point d’un indicateur normalisé du bien-être subjectif, susceptible d’être utilisé par les pays pour leurs propres besoins, mais aussi pour des comparaisons internationales.

De toutes les composantes du bien-être subjectif, celui de la satisfaction est le plus étudié pour une raison très simple : la satisfaction générale étant la résultante de la satisfaction éprouvée dans les divers domaines du quotidien, laquelle dépend à son tour de facteurs particuliers, par exemple l’organisation des services publics et leur qualité, il est très utile et instructif pour les décideurs de la mesurer.

Comment les décideurs peuvent-ils exploiter ce genre de données ? De nombreuses manières. Notamment en observant les tendances générales pour voir quels sont les domaines où la situation est satisfaisante et ceux où elle l’est moins.

Les décideurs pourraient analyser plus finement la répartition du bien-être afin

de déterminer qui va bien et qui va mal. À partir de ces observations pourrait ensuite se dessiner un changement de politique. Pour évaluer l’impact de ce changement sur le niveau global de satisfaction, deux approches sont ensuite possibles : celle du modèle causal qui analyse les conséquences d’une action en termes de bien-être, et celle de l’expérimentation contrôlée, qui permet une estimation plus précise.

Dans tous les cas, l’objectif ultime serait évidemment le bien-être de la population. Les pouvoirs publics pourraient préférer réduire le malheur plutôt qu’accroître le bonheur, faisant ainsi un choix éthique. Mais toutes les autres étapes de l’analyse seraient fondées sur la science sociale positive. Ce type d’analyse quantitative est sans nul doute appelé à se propager largement dans les 20 à 30 prochaines années.

Pendant 40 ans, j’ai participé à des analyses coûts/avantages fondées sur le critère financier, mais les limites de ce système apparaissent de plus en plus nettement : il fait inévitablement abstraction de la répartition des revenus (tout dollar en valant

un autre) et n’est pas conçu pour intégrer nombre de facteurs sociaux du bonheur qui échappent à toute notion de « consentement à payer ». Le concept des QALY (années de vie corrigées de la qualité), utilisé dans la recherche sur la santé, est bien plus adapté mais, tel qu’il est appréhendé, il implique une évaluation arbitraire de différentes dimensions de l’expérience. Nous voilà donc revenus, une fois de plus, au critère de la satisfaction.

En entreprenant de redéfinir la notion de progrès, l’OCDE a pris une initiative formidable. Il serait désastreux que, malgré le scepticisme qui entoure aujourd’hui le critère du PIB, rien ne change faute de consensus sur une proposition cohérente. La mesure financière a une logique forte, mais limitée. Seul un autre indicateur unique pourra s’y substituer. Si ce à quoi nous attachons le plus de prix, en définitive, est la qualité de l’expérience humaine, cet indicateur doit être centré sur les notions de bonheur et de malheur.

RéférenceLayard, Richard, Le Prix du bonheur : Leçons d’une science nouvelle, Armand Colin (2007)

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La question de la solidarité intergénérationnelle devrait se hisser au premier plan des préoccupations à l’avenir, et pas uniquement dans les pays de l’OCDE. Voici pourquoi.

La dépendance entre générations est un phénomène complexe. Le mécanisme de la « solidarité intergénérationnelle » permet des échanges mutuellement avantageux, d’ordre financier ou non, entre les générations. Trop souvent, ce mécanisme est considéré comme à sens unique : les impôts des travailleurs

Le conflit des générations : mythe ou réalité ?

SOCIÉTÉ ET InTÉGRITÉ

John Martin, Directeur, et Edward Whitehouse, direction de l’Emploi, du Travail et des Affaires sociales

jeunes servent à financer les régimes de pension et d’assurance-santé des personnes âgées. En fait, il s’agit bien d’un mécanisme réciproque, qui s’appuie sur l’État et sur la famille : les générations plus jeunes profitent des investissements consacrés aux infrastructures, à l’éducation et à l’innovation et des divers legs de leurs ascendants, tandis que les plus âgés bénéficient des systèmes de retraite et de santé et de la solidarité de l’État et de la famille.

Les soins informels – aux personnes âgées ou aux jeunes enfants vulnérables – sont également dispensés de manière réciproque entre générations.

Si les échanges qui étayent la solidarité intergénérationnelle fonctionnent bien en période d’équilibre démographique, la situation actuelle est bien différente. En 2011, l’OCDE a célébré sont 50e anniversaire : en 1961, date de sa création, on comptait 18,5 millions de naissances environ dans les 34 pays qui composent actuellement l’organisation, soit le record du baby boom. Par rapport à la population totale, le nombre de naissances a diminué de moitié ces cinquante dernières années, tandis que l’espérance de vie s’est allongée de 10 ans, à 76 ans pour les hommes et 82 ans pour les femmes. Il s’agit là d’une avancée remarquable et bienvenue.

Toutefois, le vieillissement de la population pourrait provoquer des tensions dans les relations intergénérationnelles. Aujourd’hui, dans la zone OCDE, on dénombre en moyenne quatre personnes d’âge actif pour chaque personne en âge de prendre sa retraite. Ce ratio devrait tomber à trois pour un vers 2040 et à deux pour un d’ici à 2050. Pour les générations futures, il sera difficile de supporter une charge fiscale en constante augmentation pour subvenir aux besoins d’une proportion toujours plus grande d’inactifs. La prise en charge des seniors était plus aisée lorsqu’elle pouvait être partagée entre plusieurs enfants et proches. Les familles sont non seulement plus restreintes mais aussi plus complexes, pour diverses raisons (divorces, remariages et parents isolés). Or, l’évolution de la structure familiale a affaibli les liens entre ses membres. Les femmes, à qui il incombait traditionnellement de s’occuper des personnes à charge, sont aujourd’hui plus nombreuses à avoir un emploi rémunéré et sont donc moins à même qu’autrefois d’assumer leurs responsabilités familiales.

Il est donc utile d’évaluer les relations actuelles entre les générations. S’il est difficile de mesurer la solidarité intergénérationnelle, les enquêtes d’opinion offrent certaines informations précieuses. En 2009, l’une de ces enquêtes posait cette question quelque peu provocatrice : « les personnes âgées

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sont-elles un fardeau pour la société ? ». Dans 21 pays européens membres de l’OCDE, la grande majorité des individus répondaient par la négative : 62 % d’entre eux n’étaient pas du tout d’accord avec cette affirmation, 23 % n’étaient pas d’accord et seuls 14 % répondaient par l’affirmative.

Les réponses varient selon l’âge : les personnes âgées de 40 à 50 ans, amenées à prendre leur retraite au cours des 10 à 25 prochaines années, étaient plus enclines à considérer que les personnes âgées ne représentent pas un fardeau pour la société, tandis que les jeunes âgés de 20 à 30 ans étaient moins enclins à partager cette opinion. Notons que ce sont les seniors eux-mêmes qui s’estiment être un poids pour la société, les plus de 55 ans étant plus nombreux que la moyenne à répondre par l’affirmative à la question posée.

Si l’on étudie les variations entre les pays, les personnes interrogées étaient plus nombreuses à considérer que les seniors représentent un poids pour la société dans les pays où l’État garantit une grande partie des revenus des plus de 65 ans, comme la Belgique, la République tchèque, la République slovaque, la Hongrie et le Portugal. En revanche, cette proportion est moins importante dans les pays où le revenu des seniors dépend d’autres sources, comme le Danemark, l’Irlande, les Pays-Bas et le Royaume-Uni. La proportion des 60-65 ans qui continuent à travailler et les mesures démographiques du vieillissement de la population entrent aussi en ligne de compte.

Quelles implications pour l’action publique ? Prenons le cas des retraites, premier poste de dépenses publiques touché par le vieillissement de la population (devant la santé et la prise en charge de la dépendance). La solidarité intergénérationnelle joue à plein lorsque l’on considère que les seniors prennent leur situation en main, en investissant dans l’épargne-retraite privée ou en travaillant plus longtemps, ce qui va dans le sens de la stratégie à trois volets de l’OCDE en matière de retraite.

Dans la zone OCDE, les régimes publics constituent le pilier des systèmes de retraite et assurent 60 % en moyenne des revenus des

seniors. En 2010, les pays de l’OCDE consacraient en moyenne près de 8,5 % de leur revenu national aux régimes de retraite publics. D’ici à 2050, cette proportion pourrait presque doubler sous l’effet des seules

pressions démographiques, même si l’évolution des dépenses varie d’un pays à l’autre. Néanmoins, les récentes réformes des retraites devraient freiner l’augmentation des dépenses à 11,5 % du revenu national. De nombreuses réformes devraient conduire à diminuer fortement le montant des pensions à un âge donné et pourraient entraîner une résurgence de la pauvreté chez les personnes âgées. Il faut donc trouver un équilibre entre la garantie d’un revenu adéquat et la viabilité financière des régimes de retraite.

L’allongement de la vie active est l’une des clés. La moitié des pays de l’OCDE ont déjà relevé l’âge de la retraite ou s’apprêtent à le faire. Mais ces efforts difficiles ne suffiront pas à faire face à l’allongement de l’espérance de vie, qui se poursuit. C’est pourquoi un nombre croissant de pays choisissent d’indexer les droits à pension ou leurs montants sur l’espérance de vie.

Pour de nombreux hommes politiques et citoyens, il n’est pas judicieux d’encourager les individus à travailler plus longtemps alors que le chômage est élevé. Mais le fait que les travailleurs âgés poursuivent leur activité ne limite pas les possibilités d’emploi des jeunes, comme le montre l’évolution de l’emploi des jeunes et des seniors, tant au niveau national qu’international. Toutefois, cette idée fausse semble solidement ancrée et il n’y a que dans quatre pays européens (Danemark, Irlande, Pays-Bas et Royaume-Uni) qu’une majorité d’individus ne partagent pas l’opinion selon laquelle « lorsque les seniors travaillent plus longtemps, le nombre d’emplois disponibles pour les jeunes diminue ». C’est en Grèce, en Hongrie, en Italie et au Portugal que cet argument rencontre le plus grand soutien.

Près de la moitié des réformes des retraites menées dans la zone OCDE prévoient de cibler davantage les pensions des régimes publics sur les plus démunis, soit en protégeant les bas salaires des baisses de pension les plus drastiques, soit en relevant les prestations sociales de base. Des pensions plus ciblées permettent d’améliorer la viabilité des régimes de retraite et leur capacité à garantir un revenu adéquat. Mais elles pourraient aussi affaiblir le lien entre pensions et cotisations, déjà mis à rude épreuve par le vieillissement de la population.Enfin, l’échelle des régimes publics de retraite étant réduite pour garantir leur viabilité financière, le déficit qui en découlera devra être comblé au moyen d’une augmentation de l’épargne-retraite. Cette diversification des sources de revenus est un gage de pérennité des retraites.

Un conflit intergénérationnel sur la question des ressources publiques serait préjudiciable pour toutes les classes d’âge et générations confondues. Il serait en effet synonyme de rupture non seulement au niveau du rôle de l’État mais aussi du réseau d’aide informel au sein et à l’extérieur de la structure familiale, complément crucial à l’État providence pour assurer la cohésion sociale.

S’il touche tous les pays, c’est en Asie que le vieillissement de la population est le plus problématique : la transition démographique qui s’est déroulée sur plus d’un siècle en Europe et en Amérique du Nord interviendra en Asie en moins d’une génération. C’est pourquoi les pays asiatiques doivent s’attaquer dès maintenant à cette question, en s’inspirant des solutions trouvées par les pays de l’OCDE.

Références

OCDE (2011), Paying for the Past, Preparing for the Future: Intergenerational Solidarity in an Ageing World and Pensions at a Glance: Retirement-Income Systems in OECD and G20 Countries, Monographs, Paris.

Voir www.oecd.org/els/social/pensions-fr

Pour plus d’articles sur les retraites, voir www.observateurocde.org

Pour les générations futures, il sera difficile de supporter une charge fiscale en constante augmentation pour subvenir aux besoins d’une proportion toujours plus grande d’inactifs

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Les classes moyennes en souffranceArianna Huffington, Présidente et rédactrice en chef, Huffington Post

La prospérité et la stabilité économique des pays développés reposent depuis longtemps sur les classes moyennes. Mais la crise exerce des pressions croissantes sur ce pilier de la société. Faut-il sauver les classes moyennes ?

La récession mondiale est techniquement terminée depuis un certain temps, mais on en ressent encore les effets dans le monde entier. Et pour comprendre l’obstacle majeur auquel se heurte une véritable reprise – faute pour nos dirigeants d’avoir perçu l’urgence de la situation – il faut revenir aux origines de cette crise.

Un mélange détonant d’avidité calculatrice et d’imprudence patente de la part de l’élite financière mondiale a déclenché une série de catastrophes économiques dans le monde, notamment un chômage de masse, la saisie de nombreux logements et une dette écrasante. À cela s’ajoute une crise de leadership : de nombreux responsables politiques proposent des solutions qui ne feront qu’aggraver les problèmes et qui continueront à récompenser ceux qui sont, en premier lieu, responsables de la crise.

Vous souvenez-vous des difficultés de Wall Street en septembre 2008 ? Les instances

financières et politiques s’étaient alors réunies deux jours durant et avaient tout mis en œuvre pour sauver la bourse. Mais quand il s’est agi des difficultés financières

des gens ordinaires, ce sens de l’urgence s’est totalement évanoui. Et l’on peut en dire autant, malheureusement, de beaucoup d’autres pays. Les sauvetages se poursuivent en Europe, mais ce sont les banques que l’on sauve, pas les particuliers.

Partout dans le monde, les faucons de l’austérité et de la lutte contre les déficits ont détourné le débat économique en préconisant des réductions de dépenses, qui non seulement pèseront lourdement sur les familles et maintiendront des millions de gens au chômage, mais anéantiront aussi les chances de croissance et renforceront les problèmes de déficit à long terme qu’elles sont censées résoudre. Certaines de ces propositions émanent de responsables bien intentionnés mais mal avisés. D’autres proviennent de ceux qui tentent de se servir de

cette crise pour nous ramener aux temps où les assurances sociales et autres programmes de protection fournissant les services publics essentiels, qui ont contribué à la croissance de la classe moyenne, n’existaient pas encore.

Aux États-Unis, plus de 4 millions de maisons ont été saisies depuis 2008. Le taux de chômage s’élève à 8,2 % et plus de 23 millions d’Américains sont sans emploi ou sous-employés. Beaucoup, à Washington et dans les médias, considèrent que c’est une « bonne nouvelle ». Mais, comme l’a récemment écrit Joseph Stiglitz, avec ce taux de croissance, il faudrait 13 ans pour atteindre le plein emploi. Il n’est pas besoin d’être Prix Nobel d’économie pour constater la lenteur de la reprise. Dans un récent sondage Gallup, 71 % des Américains se déclarent « très préoccupés » par la situation économique, ce qui en fait le souci numéro un du pays.

Pendant ce temps, la classe politique se fourvoie dans des débats sur les coupes budgétaires au lieu de chercher par tous les moyens à stimuler les revenus, la croissance et l’emploi, seule façon efficace de combattre les déficits. Et la classe moyenne américaine, moteur de tant de réussites, se trouve malmenée, ce qui sape une composante essentielle du rêve américain : la promesse

Les faucons de l’austérité et de la lutte contre les déficits ont détourné le débat économique

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qu’en travaillant dur et en étant disciplinés, nos enfants peuvent réussir mieux que nous, de même que nous avons pu mieux réussir que la génération qui nous a précédée.

Les dégâts ne se font pas sentir qu’aux États-Unis. Le taux chômage dans la zone euro est de 10,8 %, et l’on prévoit une hausse record à 11 % d’ici fin 2012. Le chômage progresse aussi au Royaume-Uni : il était de 8,4 % fin 2011. Dans ma Grèce natale, le chômage atteint 21 % et, en Espagne, où le taux de chômage des jeunes dépasse les 50 %, on parle désormais de « génération perdue ».

Face à cette réalité maussade, une dynamique de fond émerge, alimentée par les médias sociaux et l’engagement des communautés. On peut penser que ce ne sont pas tant les responsables politiques qui feront émerger les véritables solutions que ces millions d’individus, au sein de milliers de communautés, qui prennent l’initiative de partager, de s’engager, de sympathiser, de résoudre les problèmes et de revendiquer une certaine maîtrise de leur avenir.

Dans Abundance: The Future is Better Than You Think, Peter Diamandis et Steven Kotler décrivent la trajectoire d’innovateurs brillants et altruistes qui emploient toute leur énergie à améliorer la condition humaine. Ils nous rappellent ainsi qu’il est possible de changer le monde en puisant dans l’intelligence et la sagesse collectives. Ils évoquent le cas de Burt Rutan, un ingénieur californien qui, déçu par le programme d’exploration spatiale du gouvernement américain, a conçu un vaisseau spatial habitable plus performant que le modèle officiel, à moindre coût.

Les auteurs insistent sur ce qu’ils appellent « le milliard qui monte », à savoir les plus pauvres de notre planète dont, auparavant, on n’entendait jamais la voix. Or, d’ici à 2020, la communauté des internautes comptera environ 3 milliards de membres de plus, ce qui créera, selon les auteurs, une « méta-intelligence collective géante ».

Au final, nous devons choisir quel type de société nous voulons. Il est assurément dans l’intérêt public que la société soit composée

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d’une classe moyenne en progression, et qu’elle assure l’égalité des chances et l’ascension sociale. Ce qui fait défaut, du moins pour l’instant, c’est la volonté politique menant à cette vision largement partagée. Certains intérêts particuliers ont pris le contrôle du système et ont fait obstacle à ce modèle.

La question est de savoir si ces obstacles engendreront cynisme et apathie ou si nous trouverons d’autres voies. En tant qu’optimiste invétérée, je suis persuadée qu’avec l’aide de la technologie et des médias sociaux, nous saurons atteindre la masse critique porteuse des changements dont nous avons tant besoin.

Références

Voir www.huffingtonpost.com

Diamandis, Peter et Steven Kotler (2012), Abundance: The Future is Better Than You Think, Free Press, New York.

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CleanGovBiz : la corruption en ligne de mireRichard Boucher, Secrétaire général adjoint de l’OCDE

L’initiative CleanGovBiz de l’OCDE aide les États à combattre la corruption tout en coopérant avec la société civile et le secteur privé pour promouvoir l’intégrité.

La corruption est un fléau mondial quicause de grandes souffrances humaines, et dont le coût excède largement les sommes disparaissant en pots-de-vin, détournements de fonds ou fraudes. Au mieux, les contrefaçons de médicaments ne font aucun bien, au pire, elles peuvent tuer ; au mieux, les ponts bâtis avec des matériaux défectueux coûtent plus cher à entretenir, au pire, ils peuvent s’effondrer, faisant des blessés et des morts.

La corruption recouvre toutes sortes d’activités. Il peut s’agir de la multinationale versant des commissions occultes pour remporter le contrat de construction d’une autoroute, ou de l’agent public sollicitant un pot-de-vin pour délivrer un permis de conduire. Dans tous les cas, c’est le contribuable ou le consommateur qui paie l’addition. Au bout du compte, ce sont les plus démunis et les plus vulnérables qui en souffrent le plus.

Il est temps de lancer une nouvelle offensive contre la corruption, car les citoyens du

monde entier ne veulent plus porter le fardeau des régimes corrompus. Le Printemps arabe et le mouvement Occupy Wall Street, ainsi que les manifestations dans le monde entier, du Brésil à l’Inde en passant par l’Espagne, sont le signal évident d’une frustration et d’une impatience croissantes de l’opinion vis-à-vis des structures politiques actuelles, et de ce qu’elle perçoit comme une incapacité ou une réticence de leur part à combattre l’injustice et la corruption. Parallèlement, les contraintes budgétaires draconiennes imposées par la crise exercent de nouvelles pressions sur les États et les entreprises, et les incitent à mieux utiliser les ressources disponibles.

Dans ces circonstances, dans l’intérêt de la reprise économique, il est impératif d’intensifier la lutte internationale contre la corruption, afin de faire un meilleur usage des deniers publics et de restaurer la confiance dans les institutions, les États et les marchés.

L’OCDE a prouvé sa capacité à aider les États et les entreprises à lutter contre la corruption et à renforcer leur intégrité. La Convention anti-corruption de l’OCDE a été, en 1997, le premier instrument du genre à s’attaquer à l’offre et au versement de pots-de-vin, faisant de la corruption d’agents publics étrangers remporter un marché une infraction pénale. D’autres initiatives, comme les Principes directeurs de l’OCDE à l’intention des entreprises multinationales, et les Lignes directrices de l’OCDE sur le gouvernemens d’entreprise, définissent un cadre éthique aux pratiques des entreprises privées et couvrent, outre leurs conseils d’administration, leurs sous-traitants et leurs fournisseurs à l’autre bout du monde.

Les principes et recommandations de l’OCDE aident également les États à renforcer l’intégrité du service public. Ils couvrent des domaines allant des marchés publics à la transparence de la procédure budgétaire, pour que les contribuables puissent savoir à quoi servent leurs impôts. Par ailleurs, les travaux menés par l’organisation pour lutter contre la fraude fiscale ont permis aux États de recouvrer 14 milliards d’euros de recettes supplémentaires auprès de plus de 100 000 contribuables fortunés.

Mais la corruption est un monstre protéiforme, qui doit être combattu à l’aide d’un arsenal très complet. C’est pourquoi l’OCDE a conçu l’initiative CleanGovBiz, qui regroupe sous une seule bannière, pour la première fois, tous les instruments de lutte contre la corruption identifiés en 2009 par les ministres dans la Déclaration sur la probité, l’intégrité et la transparence, ainsi rendus facilement accessibles et utilisables grâce à des conseils pratiques. Le manuel CleanGovBiz pour l’intégrité, très détaillé, présente une série de mesures prioritaires, mais aussi des conseils pour les mettre en œuvre ainsi qu’un ensemble très étoffé

d’exemples de bonnes pratiques en matière de lutte contre la corruption et de promotion de l’intégrité dans de multiples domaines de l’action publique : politique de la réglementation et de la concurrence, gestion financière publique, lobbying, administration fiscale et criminalisation de la corruption, entre autres.

En plus des instruments de l’OCDE, ce nouveau manuel contient les instruments des autres principales organisations participant à la lutte contre la corruption : Nations unies, Banque mondiale, Groupe d’action financière, Transparency international, Initiative pour la transparence dans les industries extractives et Forum économique mondial.

CleanGovBiz propose en outre des contrôles d’intégrité, analogues à des « tests de résistance », afin d’aider les États à évaluer les points forts et les lacunes de leurs cadres juridique, administratif et économique, et à recenser les mesures qu’ils doivent prendre, sans tarder mais sans rien négliger, pour renforcer l’intégrité.

Voir www.CleanGovBiz.org

Les citoyens du monde entier ne veulent plus subir le fardeau de systèmes corrompus

SOCIÉTÉ ET InTÉGRITÉ

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Occupy : quelques leçons pour un avenir meilleurnaomi Colvin, Groupe de travail sur l’économie, Occupy London, Royaume-Uni

Militants du mouvement Occupy London au pied de la Cathédrale St Paul : « Veuillez nous excuser pour la gêne occasionnée pendant les travaux essentiels d’amélioration du monde »

Une crise peut focaliser l’attention du public, mais cela ne suffit pas pour croire qu’un vrai changement est possible. Pourtant, des citoyens du monde entier se sont mobilisés et ont commencé à y croire. Dans plusieurs pays membres de l’OCDE, un mouvement spontané s’est emparé des espaces publics du jour au lendemain pour pratiquer une démocratie directe, à l’image des mouvements d’occupation des places au cœur des villes espagnoles un an plus tôt. Après que ces manifestations ont atteint Wall Street, le mouvement Occupy s’est mondialisé, et j’ai eu la chance d’y participer à Londres.

Le mouvement des « Indignés » est souvent perçu comme une lutte contre le capitalisme, mais, bien que la crise financière et les plans d’austérité qui l’ont suivie en aient été les déclencheurs, je ne crois pas que

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cela corresponde à la réalité. À l’origine, Occupy n’est pas une protestation contre l’ordre établi, mais une démonstration par l’action qu’une meilleure façon de faire est possible, consistant à exploiter les capacités individuelles pour poursuivre des objectifs établis dans le cadre d’un processus politique intégrateur.

Occupy London a démarré par une journée d’action internationale, le 15 octobre 2011. Nous nous dirigions vers la Bourse de Londres mais nous sommes retrouvés – peut-être de manière inespérée – devant l’un des bâtiments les plus emblématiques de Londres, la Cathédrale St Paul. C’est là, au pied de cet édifice néoclassique, que le mouvement a installé son village de tentes, dans un sympathique désordre plein de vie et de fantaisie. Je ne dirais pas que tout

s’y est déroulé à merveille, mais il y a des enseignements à tirer de ces cinq mois, qui pourraient nous aider à avancer à plus grande échelle.

La première leçon d’Occupy, c’est que la société civile peut être une vraie force

de changement. Ceux qui ont rejoint le mouvement voulaient qu’il se passe quelque chose, sans nécessairement savoir quoi, ni même avec qui ils devaient y œuvrer – mais

À l’origine, le mouvement Occupy n’est pas une protestation contre l’ordre établi, mais une démonstration par l’action qu’une meilleure façon de faire est possible

Militants du mouvement Occupy London au pied de la Cathédrale St Paul : « Veuillez nous excuser pour la gêne occasionnée pendant les travaux essentiels d’amélioration du monde »

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Militants du mouvement Occupy London au pied de la Cathédrale St Paul : « Veuillez nous excuser pour la gêne occasionnée pendant les travaux essentiels d’amélioration du monde »

SOCIÉTÉ ET InTÉGRITÉ

objectifs économiques sur les impératifs environnementaux.

Ces défis, de même que d’autres problèmes que nous connaissons, sont d’une ampleur gigantesque et aucune fraction de la société n’a la capacité d’y répondre de manière isolée. Les solutions ne peuvent passer que par une participation vaste et profonde à un débat qui donne toute sa place à l’égalité citoyenne. J’espère que les institutions mondiales et leurs agents prendront part à ce débat. L’OCDE, le Fonds monétaire international et d’autres organisations recèlent un savoir et une expertise considérables. En tout état de cause, la société civile évolue, et elle évolue rapidement. Elle devient de plus en plus sûre d’elle et de plus en plus capable. Pour tout un chacun, les leçons d’avenir continuent à émerger.

RéférencePour plus d’informations sur Occupy London, voir occupylondon.org.uk

l’expérience de l’éducation politique et de la participation a eu sur eux un effet addictif. Pendant l’année écoulée, des espaces publics ont été le théâtre de réunions de groupes de travail ad hoc qui se sont saisis du débat sur les politiques publiques et les difficiles arbitrages à opérer. À Londres, ces travaux ont abouti en quelques semaines à des déclarations sur les multinationales, l’économie, l’environnement et les collectivités locales.

Les résultats des mouvements d’occupation rendent irrecevable le postulat de certains responsables politiques selon lequel leurs décisions ne peuvent être comprises par les citoyens qu’ils servent. Lorsque les lieux communs sonnent creux – je crois qu’il est désormais clair pour tout le monde que les produits dérivés complexes n’avaient pas d’effet stabilisateur sur le système financier –, il existe un impératif démocratique : associer les citoyens ordinaires au processus d’élaboration des politiques, et prendre leur avis au sérieux.

Second enseignement d’Occupy : avec des gens enthousiastes qui partagent des objectifs communs, on peut mobiliser une énergie considérable. Toute l’organisation du site de St Paul par Occupy London – hébergement, cuisine, université, infirmerie, assainissement, conseil juridique, communication – a été mise sur pied en moins de 48 heures, sans aucune planification préalable. Une organisation ouverte à tous et non hiérarchisée peut être extraordinairement efficace, car elle peut engendrer des ressources et des idées totalement inédites. Les responsables politiques pourraient utiliser certains de ces outils pour étendre le champ des possibles, mais cela requiert un projet convaincant, qui donne toute leur place aux citoyens, tant dans le projet lui-même que dans l’élaboration de ce projet.

Occupy et les Indignados espagnols tiennent beaucoup à leur mode de décision par consensus au sein d’assemblées nombreuses. Abaisser les barrières à la participation permet d’ouvrir les processus délibératifs à davantage de personnes, y compris celles qui n’auraient pas eu l’idée de participer à la vie politique. Il est également indispensable que les voix dissidentes aient toute leur place.

Bâtir un consensus peut être un processus long et lourd, mais il peut porter des fruits précieux. Cela s’apparente à ce que Kant nomme l’usage public de la raison : s’emparer de la sphère publique, comme le fait le mouvement Occupy, supprime certaines des limitations qui relèvent de l’usage privé de la raison, à savoir essentiellement les freins bureaucratiques à une parole franche et directe.

Nous le savons tous, nous sommes confrontés à d’immenses défis pour organiser nos économies, nos sociétés et nos gouvernements. Pour commencer à les relever, il faut dès maintenant encourager les idées audacieuses au sein et à l’extérieur des institutions.

L’expérience des mouvements populaires cette année a démontré une immense aspiration des peuples à participer à la vie politique – mais aussi un grand désenchantement à l’égard de systèmes perçus comme inféodés aux intérêts particuliers. L’idée selon laquelle les citoyens ordinaires ont été conduits à payer pour éponger l’ardoise des banquiers porte autant atteinte à l’idée de démocratie qu’aux principes fondamentaux d’équité. Ce n’est pas pour rien que le slogan « Nous sommes les 99 % » a eu un tel succès.

Il existe aussi des menaces externes à la gouvernance démocratique – et sans doute faudrait-il s’attaquer à certaines d’entre elles à l’échelle internationale. Les paradis fiscaux et l’opacité financière de certains territoires précipitent les gouvernements dans une course au moins-disant fiscal, dont leurs populations font les frais. C’est là l’une des causes majeures de l’aggravation des inégalités, si préjudiciable à la santé des sociétés. L’OCDE a joué un rôle important dans la prise en main de ces questions par les responsables politiques, mais ces efforts doivent être poursuivis et renforcés.

Il y a d’autres problèmes urgents à résoudre. Sans une réforme fondamentale du système bancaire qui mette fin à l’actuel équilibre entre privatisation des bénéfices et mutualisation des risques, il y aura d’autres crises, c’est une quasi-certitude. Par ailleurs, il nous faudra mener une réflexion vraiment audacieuse si nous voulons aligner nos

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Militants du mouvement Occupy London au pied de la Cathédrale St Paul : « Veuillez nous excuser pour la gêne occasionnée pendant les travaux essentiels d’amélioration du monde »

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Réinventer la gouvernanceSunjoy Joshi, Directeur, Observer Research Foundation, New Delhi

La mondialisation et l’émergence de groupes de la société civile interconnectés, quoique d’horizons divers, constituent un véritable défi pour les cadres de gouvernance en place. Il n’y a pas d’alternative au changement.

De l’eau a coulé sous les ponts depuis la création de l’OCDE en 1961. Notre monde n’est plus dominé par des superpuissances ; les régimes de fer d’autrefois se sont révélés fragiles et instables et les réponses confuses de régimes, même bien ancrés, aux défis contemporains, posent toutes sortes de questions nouvelles sur le système de gouvernance mondial.

La gouvernance est essentiellement un discours dominant, dont l’enjeu fondamental est le contrôle des idées et des idéaux. Pour autant, le débat sur la gouvernance

n’avait jamais suscité une rivalité aussi intense et généralisée entre gouvernants et gouvernés.

Un paradoxe manifeste s’est fait jour : d’un côté, dans certaines régions du monde, la ligne de démarcation entre les gouvernements et leurs administrés est claire ; de l’autre, il devient de plus en plus difficile de distinguer gouvernés et gouvernants, la société civile endossant des rôles jusqu’ici considérés comme l’apanage des États.

Une chose est sûre : la rigidité des structures de gouvernance officielles est constamment remise en cause par les jugements très divers, et en perpétuelle évolution, du grand public sur le bien-fondé de la notion naguère révérée d’une croissance et d’un développement mesurés par le PIB.

Les modèles de gouvernance centrés sur l’État, et les organisations multilatérales qui s’en inspirent, mettent généralement en commun toutes leurs expériences pour définir un ensemble de règles universelles qui deviennent ensuite autant de références en matière d’action publique et de bonne gouvernance. Mais ces cadres politiques uniformes, déjà ébranlés lorsqu’ils sont appliqués à des régions variées, sont sur le point d’être mis à rude épreuve. De fait, le vigoureux appel à de nouveaux cadres et institutions, inspirés d’expériences alternatives et beaucoup plus locales, n’est pas près de faiblir.

Observons l’émergence des pays en développement et, pour la première fois, la montée en puissance des pays à faible revenu sur la scène internationale. Dans nombre

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d’entre eux, les régimes de gouvernance, souvent importés de régions lointaines, ont produit des structures normatives lacunaires qui ne sont que partiellement adaptées à leurs normes et valeurs sociales. Elles se révèlent donc incapables de répondre aux pressions démographiques et économiques croissantes, créant un clivage, entre riches et pauvres notamment, concernant la satisfaction des besoins fondamentaux. De ce fait, les intérêts antagonistes qui se manifestent sur le chemin de la croissance risquent de susciter des mouvements contestant le discours dominant actuel sur la mondialisation. La scène internationale pourrait ainsi voir s’exprimer une multitude impressionnante d’associations et de coalitions aux revendications diverses dont les positions auront une tendance déconcertante à évoluer au fil du temps, ce qui nécessitera des stratégies tout aussi variées de la part des organisations et des États. Cela peut-il fonctionner ?

Prenons l’urbanisation. Fondamentalement, dans les pays émergents, l’exode sans précédent des populations vers les agglomérations est un phénomène préoccupant, induit par la logique inexorable de la croissance économique. De nombreux pays émergents ou en développement connaissent une urbanisation d’une ampleur inédite. En Chine et en Inde, où se concentre plus du tiers de la population mondiale, ce mouvement de masse vers les villes n’a jamais été aussi rapide. Les villes indiennes et leurs agglomérations devraient encore croître de 20 %, ce qui représente un afflux de près de 300 millions d’habitants supplémentaires dans les centres urbains anciens et nouveaux en à peine plus de deux décennies.

Contrairement à de nombreux pays atlantiques, où l’urbanisation a produit des banlieues tentaculaires, l’Inde connaît un phénomène très différent. Les populations convergent vers les centres urbains qui concentrent la plupart des équipements, infrastructures et services. En conséquence, les immenses bidonvilles abritant les franges les plus marginaliséesde la population côtoient les centres du pouvoir politique, les quartiers financiers et les centres d’affaires. Ce mouvement pose des défis particuliers en termes de gouvernance, en raison de la

multiplication de ces véritables « villages dans la ville ».

La grande diversité culturelle de l’Inde a toujours représenté à la fois la métaphore et le symbole de l’idéal qu’incarne cette immense nation. Au gré des mouvements de population, chacune de ses agglomérations urbaines vastes et dispersées correspond en réalité à un microcosme où la diversité s’exprime au quotidien. La multiplicité des identités, aspirations et modes de consommation engendre de nouveaux

discours hétérogènes, énonçant des priorités parfois communes, parfois différentes. Pour fonctionner, les structures de gouvernance doivent composer avec les innombrables interactions que cela implique, tout en respectant, au sein de la ville, l’inviolabilité des différents espaces que chacun est en droit de revendiquer.

En pratique, les gouvernements nationaux et les organisations internationales auront de plus en plus de mal à suivre, prévoir et gérer ces mouvements de masse. Leur diversité donnera immanquablement naissance à des connexions et à des réseaux informels et labyrinthiques entre les individus et les organisations, au travers de coalitions changeantes, dans un monde désormais interconnecté. Les organisations internationales et appareils d’État traditionnels, conçus comme des systèmes structurés et immuables, auront généralement du mal à conserver ou affirmer leur utilité dans ce contexte. Les structures de gouvernance sont condamnées à évoluer.

Ceci est particulièrement manifeste à travers l’usage perceptible d’une expression qui a fait florès : la sécurité humaine. De fait, la sécurité humaine constitue l’un des plus grands enjeux des structures traditionnelles, puisque les besoins de l’individu sont constamment en conflit avec l’idée classique du statocentrisme. L’individu que l’État cherche à servir et protéger ne peut plus être

considéré comme un objet passif, soumis à un ensemble préconçu de besoins ou à des aspirations prédéterminées par des comportements ayant été « observés » dans d’autres nations ou sociétés, en d’autres temps et d’autres lieux.

Dans le même temps, au lieu d’une gouvernance universelle, nous voyons émerger une tendance à la désagrégation de plusieurs États-nations. La montée de l’hostilité envers les immigrés, le protectionnisme commercial et l’appel à une plus grande fédéralisation dans de nombreuses régions du monde vont à l’encontre de toute tentative d’homogénéisation du « village mondial ».

De même, le débat actuel sur le développement durable et les Objectifs du millénaire des Nations unies pour le développement reflète également l’obstination de ceux qui restent attachés au mythe d’un développement homogène. Les pays en développement ne continueront pourtant pas nécessairement à croître selon des trajectoires de revenu et de consommation prédéfinies : c’est donc presque un vœu pieux que de définir des politiques et des mandats en fonction de cadres déterministes et linéaires, en espérant qu’ils produiront un jour les résultats escomptés.

Pour réinventer la gouvernance, il faudra à nouveau étudier le terrain humain et, avant tout, en apprécier la diversité. Au XXIe siècle, le défi de la gouvernance consiste à gérer la mondialisation sans sacrifier le droit absolu de chaque être humain à emprunter, pour réaliser ses rêves, la voie qu’il aura choisie. Il n’existe peut-être pas de valeurs communes dans un monde d’inégalités, mais il peut y avoir des aspirations communes. Mettons-nous donc au service de la diversité et gardons-nous surtout de la faire disparaître.

Voir www.observerindia.com

Le vigoureux appel à de nouveaux cadres et institutions inspirés d’expériences alternatives ne faiblira pas

SOCIÉTÉ ET InTÉGRITÉ

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Au Brésil, des vies meilleuresCesar Cunha Campos, Directeur exécutif, Fondation FGV

Grâce à sa croissance économique, le Brésil a connu des bouleversements considérables pendant la dernière décennie. Les inégalités sociales ont régressé et le revenu est aujourd’hui plus équitablement réparti. Ces modifications concrètes se traduisent par un regain de confiance de la population brésilienne. La demande est plus forte et les priorités ont changé, ce qui a conduit à des modifications au sein du gouvernement ainsi que dans le secteur privé.

Ayant connu l’adversité, le Brésil fait maintenant figure d’exemple pour d’autres pays. En moins d’une décennie, le pays est passé d’une situation caractérisée par des vicissitudes telles qu’un coup d’État militaire et la destitution d’un président à l’accueil de plusieurs événements internationaux de premier plan. L’efficacité des politiques publiques a été déterminante pour la nouvelle stabilité économique du pays, et a permis à la population brésilienne d’être le moteur de ces améliorations.

Contribuer à la croissance socio-économique du Brésil fait partie de la mission de la Fondation Getulio Vargas (FGV). Dans ce but, la fondation recueille et analyse des données utilisées pour élaborer des politiques gouvernementales efficaces. Par exemple, une étude sur les prévisions, la crise européenne et la nouvelle classe moyenne brésilienne (voir les références) montre comment une économie forte a aidé quelque 30 millions de Brésiliens à accéder à la classe moyenne au

cours de la dernière décennie, tandis que le PIB national augmentait de façon continue malgré la crise internationale.

Dans cette étude, le directeur du Centre des politiques sociales de la FGV, Marcelo Neri, et son équipe, ont effectué des projections de croissance économique et de réduction des inégalités pour la période allant de 2003-2009 jusqu’à 2014. Les projections laissent entrevoir de sérieuses améliorations, quelque 67,8 millions de Brésiliens (une population supérieure à celle du Royaume-Uni) sortant de la pauvreté pour accéder à des groupes à revenu plus élevé. Les auteurs font observer que « si nous maintenons la tendance à la hausse de la croissance moyenne et au recul des inégalités, observée dans chaque État du Brésil depuis 2003, nous compterons environ 118 millions d’individus dans la classe C d’ici 2014 et 29,1 millions dans les classes AB, contre respectivement 67,8 millions et 13,3 millions en 2003 ».

Les auteurs notent que ce phénomène est « particulièrement remarquable » considérant la contraction des marchés de la consommation dans les pays développés, due à la crise internationale.

Cette amélioration est le résultat de réglementations financières cruciales pour endiguer les effets de la crise économique mondiale de 2008 sur l’économie brésilienne. Ces mesures ont joué un rôle essentiel dans l’amélioration de la qualité de vie des populations brésiliennes. Pour autant, les inégalités sociales demeurent un grave sujet de préoccupation, dans la mesure où elles sont liées à des problèmes d’infrastructure. Le gouvernement s’attaque actuellement à ces problèmes. Beaucoup pourront arguer du caractère « court-termiste » de l’État, mais avec une saine gouvernance, telle que mise en œuvre dans les récentes stratégies de sécurité à Rio de Janeiro, on peut penser que la collaboration entre les secteurs public et privé contribuera à un développement à long terme.

L’étude montre aussi que le bonheur individuel de chaque Brésilien est considéré comme plus élevé que celui de la population dans son ensemble. Elle met en exergue les données du sondage mondial Gallup, basées sur des questions subjectives sur les attentes

des personnes interrogées en matière de satisfaction à l’égard de leur vie au cours des cinq prochaines années. Ces données font du Brésil un « quadruple champion du monde ». Cela dit, à la question portant sur le classement mondial du pays dans les cinq ans à venir, la notation baisse de deux points. Le Brésil se classe au neuvième rang mondial, avec les écarts les plus larges entre les notations individuelles et collectives. Le bonheur général du pays sera probablement inférieur à la somme des bonheurs individuels.

Comment chaque Brésilien peut-il donner une note aussi haute à sa propre vie et aussi faible à la vie de la population dans son ensemble ? Les auteurs estiment que l’optimisme et la difficulté à vivre en groupe

font que les Brésiliens sont plus cigales que fourmis. Heureusement, comme le pays s’attaque à ses problèmes collectifs, la société brésilienne sera capable de progresser à grands pas. Par problèmes collectifs, les auteurs entendent le manque de démocratie, l’inflation, les inégalités, l’économie informelle, le manque d’infrastructures sanitaires basiques et la violence. Si le Brésil parvient à prendre ces défis en charge, il cessera d’être un pays du passé se percevant comme le pays du futur, mais sera en mesure de devenir le pays du présent.

Le Brésil a atteint un « point de non retour » critique dans son histoire, et les données de ce type sont indispensables pour l’aider à élaborer des stratégies garantissant une croissance économique durable. Indépendamment du pessimisme individuel, le bonheur collectif constitue un premier pas pour maintenir les nouveaux acquis et travailler à de futures améliorations.

Références

Neri, Marcelo (2012), « Back to the Country of the Future : Forecasts, European Crisis and the Brazilian New Middle Class », Fondation FGV, Brésil

Voir www.fgv.br/en

Ayant connu l’adversité, le Brésil fait maintenant figure d’exemple pour d’autres pays

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Parité : changer d’ère

Des résultats scolaires similaires en sciencesRésultats des étudiants en sciences, PISA 2009

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La crise a révélé de nombreux défauts du modèle économique et social actuel dans la zone OCDE, et a mis en lumière l’un des défis les plus ardus : celui des inégalités entre les sexes. Tandis que 40 % des femmes, contre 31 % des hommes, sont diplômées de l’enseignement supérieur, seules 65 % des femmes participent au marché du travail, contre 79 % des hommes. Et les femmes qui travaillent sont moins bien payées, font davantage d’heures non payées et sont peu nombreuses à accéder aux postes à hautes responsabilités.

Comment combler ce fossé ? Comment répondre au problème posé dans les carrières scientifiques, par exemple, qui attirent peu les femmes alors que les filles réussissent aussi bien que les garçons dans les disciplines scientifiques à l’école ?

Pour prendre les bonnes mesures, il faut connaître les faits. Le site Internet de l’Initiative de l’OCDE sur la Parité, lancé à l’occasion de la Journée internationale de la Femme le 8 mars 2012, rassemble ces faits et bien d’autres informations, dont les opinions et analyses d’experts et d’acteurs d’horizons très variés. Le site comprend une base de données Égalité homme-femme, Institutions et Développement, ainsi qu’un nouveau navigateur de la parité (Gender Data browser), un outil interactif pour connaître et évaluer les résultats obtenus dans l’éducation, l’emploi et l’entreprise.

Les graphiques ci-dessous reflètent quelques grandes tendances en la matière.

Pour en savoir plus

OCDE (2012), L’Annuel de l’OCDE : des politiques meilleures pour une vie meilleure, Paris.

www.observateurocde.org/parite

www.oecd.org/parite

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L’InITIATIVE DE L’OCDE POUR LA PARITÉ

Donner l’exemple

Les hommes restent mieux payésÉcart de revenus médians entre les sexes, salariés à plein temps, 2000 et 2010 (ou année la plus proche disponible), %

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Santé et métiers sociauxIngénierie, industrie et construction

Yves Leterme, Secrétaire général adjoint, OCDE

La discrimination homme-femme est malheureusement toujours un problème dans nos sociétés et nos économies. En fait, le vocable « problème » est beaucoup trop faible. Il est plus véridique de parler d’une injustice inacceptable. Les femmes ont moins de chances que les hommes en termes d’enseignement, d’emploi et d’entrepreneuriat et sont en moyenne moins bien rémunérées pour leur travail.

Aggravant le constat est que déjà il y a plus de trente ans de cela, l’OCDE publiait une stratégie pour réduire les inégalités homme-femme. Depuis 1980, les choses n’ont pas assez changé. C’est la raison pour laquelle l’initiative a été prise de remettre cette injustice au centre du débat.

Il y a pour cela naturellement des raisons relevant du respect des droits fondamentaux et des raisons éthiques. Moins cité est le fait que du point de vue de l’efficacité économique également, les discriminations existantes sont contre-productives. Pour reprendre le chemin d’une croissance durable, nos sociétés doivent pouvoir mobiliser tous les talents et tout le monde doit pouvoir participer à la création de valeur ajoutée dans les divers domaines.

D’ailleurs, les problèmes que connaissent les pays en voie de développement frappent plus les femmes que les hommes. Partant de la place que les femmes occupent dans les sociétés les plus pauvres, les problèmes les plus graves en termes d’approvisionnement en eau potable, et d’accès aux soins médicaux de base par exemple, sont supportés par les femmes. Là aussi, tant les pays plus riches que les gouvernements des pays concernés ont une responsabilité spécifique

envers les femmes de ce monde. Toujours sujette à amélioration, la politique d’égalité des chances est au centre de l’activité de l’OCDE. Nous devons en effet au monde et aux femmes de montrer l’exemple autant que possible.

Voir www.oecd.org/parite

Pour la parité« Si nous voulons réaliser pleinement le potentiel de l’ensemble de nos sociétés, nous devons aider davantage les femmes et les jeunes filles qui veulent apprendre, travailler ou créer leur entreprise ; c’est pourquoi je suis fière de soutenir l’Initiative de l’OCDE pour la parité. »

Extrait du discours de Hillary Rodham Clinton, Secrétaire d’État des États-Unis,

prononcé lors de la Semaine de l’OCDE 2012. Voir aussi « Le 50e anniversaire

de l’OCDE », L’Observateur de l’OCDE n° 285, disponible sur

www.observateurocde.org

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Les femmes des pays arabes sont-elles sur le point d’accéder à une autonomie réelle et durable ? Tout dépendra de leur aptitude à entretenir la dynamique du changement et à peser sur les politiques publiques.

Alors que les gouvernements du monde entier revoient leurs stratégies économiques pour rétablir la croissance à long terme, et que des voix s’élèvent de toutes parts pour exiger davantage de transparence et de responsabilité dans les secteurs public et privé, il nous apparaît nécessaire, pour répondre aux aspirations des femmes et des jeunes, d’articuler la stratégie économique à un vaste projet visant le progrès sociétal.

Le monde arabe évolue dans la bonne direction en éliminant progressivement les obstacles culturels à l’égalité des sexes par l’éducation, l’entrepreneuriat et l’émancipation politique. Les avancées réalisées par les femmes arabes depuis 15 ans continuent de réduire l’écart entre les sexes au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (région MENA), notamment dans les domaines de l’alphabétisation,

Au-delà du Printemps arabeHaifa Al Kaylani, Présidente, Forum arabe international des femmes (AIWF)

de l’entrepreneuriat féminin et de la participation à la vie politique. Désormais, les taux d’alphabétisation des femmes y sont partout supérieurs à ceux des hommes, et leurs effectifs ont fortement progressé à tous les niveaux d’enseignement.

Les femmes sont plus nombreuses que les hommes dans l’enseignement supérieur et représentent environ 75 % des étudiants de la région. Au Koweït, au Qatar et en Arabie saoudite, elles représentent respectivement 67 %, 63 % et 57 % des diplômés de l’université. Le nombre de femmes occupant un poste de niveau ministériel, ou exerçant une fonction à responsabilité dans la vie publique, a beaucoup augmenté depuis dix ans. On voit plus de femmes exercer une influence forte, positive et durable sur leur communauté, leur société et leur économie. Elles tiennent davantage de rôles décisionnels et participent à la vie économique et sociale en tant qu’enseignantes, professeures

d’université, doyennes de faculté, journalistes, juges, avocates, responsables de presse, banquières, médecins, chercheuses ou ministres.

Les femmes se lancent aussi davantage dans les affaires, et le nombre de celles qui préfèrent l’entrepreneuriat au salariat – 12 000 pour les seuls Émirats arabes unis (EAU) – croît chaque année à un rythme impressionnant. Elles dirigent la moitié des petites et moyennes entreprises (PME) de la région MENA, et leur taux de participation était de 33 % en 2008, contre 10 % en 1986. Selon des estimations récentes du Boston Consulting Group, la richesse détenue par les femmes de la région MENA atteint 500 milliards de dollars, et d’après MEED, société de presse spécialisée dans l’information économique sur le Moyen-Orient, les femmes gèrent 385 milliards de dollars dans les six pays du Conseil de coopération du Golfe (Arabie saoudite, Bahreïn, EAU, Koweït, Oman et Qatar).

Ces progrès doivent toutefois être relativisés : les femmes sont toujours largement sous- représentées dans la région, surtout dans les sciences, le sport, les médias, la religion, la médecine, les métiers de l’ingénierie et le droit. Prenons le travail : le Qatar connaît un taux de femmes actives relativement élevé (35 %), devant Bahreïn (30 %), mais celui-ci est de 25 % en Oman et d’à peine 17 % en Arabie saoudite. Ces chiffres sont bien inférieurs aux moyennes de l’OCDE. Et malgré une augmentation de la représentation féminine dans les parlements, des obstacles liés au sexe empêchent les femmes d’avoir une réelle influence sur certaines institutions essentielles de la région MENA.

Les normes et traditions sociales imposent toujours leurs limites, et les femmes entrepreneurs ont encore des difficultés à accéder aux capitaux, à la technologie, aux réseaux, aux débouchés commerciaux, au développement des compétences et à la formation spécialisée, et ce dans tous les pays arabes.

Il faut éliminer ces obstacles. Il est d’ailleurs prouvé que les PME détenues par des femmes excellent dans la création d’emplois et le recrutement de femmes et de jeunes. L’emploi est le problème le plus critique de notre époque ; or, il existe un lien étroit entre l’entrepreneuriat féminin et une croissance économique et sociale durable et solidaire. Les femmes arabes peuvent être de véritables moteurs de changement et des partenaires clés dans le secteur privé dense et dynamique dont la région a désespérément besoin pour sa population majoritairement composée de jeunes.

Peut-être les obstacles à l’égalité sont-ils en train d’être levés dans le monde arabe, mais les inégalités entre les sexes et les disparités de revenus s’aggravent. La crise financière mondiale et le Printemps arabe ont révélé que, dans certaines parties de la région, la croissance économique des dernières décennies n’avait nullement profité à tous, ni engendré le moindre progrès notable sur le plan social. Il faudra probablement des décennies avant de pouvoir cerner ou mesurer les véritables répercussions du Printemps arabe, mais à l’évidence, celui-ci a ouvert les yeux des gouvernements de la

Peut-être les obstacles à l’égalité sont-ils en train d’être levés dans le monde arabe, mais les inégalités entre les sexes et les disparités de revenus s’aggravent

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L’Observateur de l’OCDE N° 290-291, T1-T2 2012 39

FOOD FOR THOUGHT

Global economic power and influence is rapidly shifting east. But the onset of the Asian Century is accompanied by what some observers are calling the Asian Paradox: the fact that the world’s fastest growing region is home to almost half the world’s extreme poor, and faces major challenges in areas such as health, governance and food security.

At the University of Sydney, our experts are working to find solutions to these real world problems – experts like Robert Park, who is developing new strains of wheat that are resistant to the rust diseases that devastate crops and threaten the food supplies of millions.

It’s just one example of the impact our research is having on the world.

Active minds. We change worlds.

For more information, head to

sydney.edu.au

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région sur les vents du changements. Aucun retour en arrière n’est possible.

Combler l’écart entre femmes et hommes quant à leurs opportunités économiques respectives doit donc constituer l’une des premières priorités. Si l’importance des questions de développement social et humain, telles que l’éducation, la santé, la situation des jeunes et la situation des femmes, était mieux prise en compte, ce serait un immense progrès qui pourrait avoir un impact décisif sur les domaines cruciaux que sont la participation à la vie économique, l’accès aux ressources économiques et l’émancipation politique. Pour progresser vers l’égalité des sexes dans la région MENA, ses gouvernants doivent aborder des stratégies de développement durable axées sur les droits de ceux qui constituent la ressource la plus précieuse du monde arabe : ses populations, en particulier les femmes et les jeunes.

Mais le changement ne pourra être que progressif et viendra seulement de l’intérieur. À l’avenir, la principale question qui préoccupe l’AIWF et ses membres est de savoir si les femmes parviendront

à se faire une place et à se faire entendre dans les toutes jeunes démocraties arabes. Plusieurs de nos membres, qui militent sur le terrain en Égypte et en Tunisie pour que les femmes participent à l’élaboration des nouveaux cadres politiques, estiment que l’aide extérieure doit viser l’éducation et la formation à l’emploi, mais aussi la sensibilisation du grand public à l’importance

du rôle des femmes dans l’économie, de façon formelle ou informelle.

Maintenant plus que jamais, l’égalité des sexes et l’égalité des opportunités économiques pour tous sont indispensables à un développement constructif, durable et solidaire dans la région MENA ; les femmes arabes y sont un moteur du progrès social et de la croissance économique. Pour chaque pays MENA s’ouvrent de longues années d’incertitude, mais les femmes ont aujourd’hui une occasion unique de revendiquer un rôle de premier plan dans la définition du socle juridique, politique et social sur lequel sera bâti l’avenir.

Références

Pour en savoir plus sur le Forum arabe international des femmes, voir www.aiwfonline.com Voir www.meed.com Sur le Conseil de coopération du Golfe, voir www.gcc-sg.org/eng/

Il faudra probablement des décennies avant de pouvoir cerner ou mesurer les véritables répercussions du Printemps arabe

L’InITIATIVE DE L’OCDE POUR LA PARITÉ

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À l’approche de la Conférence Rio+20, on considère de plus en plus le développement comme un processus global comportantdes dimensions économiques, sociales et environnementales – les trois piliers du développement durable. De même, le combat pour l’égalité implique un engagement politique, une évolution des politiques et une mobilisation de la société et de chaque individu : filles, garçons, femmes et hommes.

Mais malgré notre connaissance du sujet, c’est l’écoute des gens ordinaires qui nous permet de comprendre ce qu’il faut faire, à l’instar de quelques femmes d’affaires afghanes qui se sont récemment rendues à l’ONU. La créatrice d’une entreprise de mobilier pour bureaux et habitations déclarait : « J’ai créé mon entreprise parce

que j’ai deux filles et que j’ai pensé à leur avenir ». Une autre femme, fondatrice d’une entreprise agro-alimentaire employant plus de 250 femmes, indiquait : « J’ai voulu changer le mode de vie traditionnel des Afghanes ».

Interrogées sur les conditions nécessaires à leur réussite, ces chefs d’entreprise ont toutes répondu la même chose : l’éducation et la sécurité.

Partout dans le monde, l’objectif du développement ne se résume pas à l’augmentation du produit national brut : il s’agit d’accroître le bien-être et la liberté des individus.

J’identifie quatre axes d’action pour mieux assurer la sécurité des populations et lutter contre l’exclusion économique.

Premièrement, nous devons faire en sorte que les gouvernements et les institutions multilatérales répondent efficacement aux défis financiers, sociaux, économiques et environnementaux actuels, qui sont tous liés. Le Programme des Nations unies pour

Parité : le chemin est encore longMichelle Bachelet, Directrice exécutive d’ONU Femmes et ancienne Présidente du Chili

Dans tous les pays où je me rends, les femmes veulent faire entendre leur voix. Dans les pays arabes, où elles continuent à lutter pour la liberté et la démocratie, mais aussi dans le reste du monde, le combat pour l’égalité des droits, des chances et de la participation se généralise avec, déjà, d’importantes victoires à la clé.

En 1911, les femmes n’avaient le droit de vote que dans deux pays. Un siècle plus tard, ce droit est presque universel. Les femmes exercent davantage d’influence sur les décisions prises dans les sphères publiques et privées. La scolarisation des filles a progressé, et les femmes sont plus nombreuses à percevoir un revenu, à ne pas mourir en couches et à pouvoir programmer la naissance de leurs enfants. Toutefois, le chemin pour parvenir à l’égalité homme-femme est encore long.

Le siècle dernier a profondément transformé les droits des femmes, mais les lois écrites ne suffisent pas à garantir l’égalité et la justice. Même si les pays ont redoublé d’efforts en matière d’égalité homme-femme, les femmes sont trop souvent empêchées de disposer librement de leur corps, de participer aux décisions et d’échapper à la violence.

Aujourd’hui, moins d’un président ou premier ministre sur dix, et moins d’un parlementaire sur cinq, est une femme. Seules 3 % des entreprises du classement Fortune 500 sont dirigées par des femmes. Environ 600 millions de femmes occupent des emplois précaires. Les écarts de salaire entre hommes et femmes persistent et, chaque jour, les femmes doivent trouver un difficile équilibre entre vie professionnelle et familiale.

Moins d’un parlementaire sur cinq est une femme, et seules 3 % des entreprises du classement Fortune 500 sont dirigées par des femmes

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l’environnement définit l’économie verte comme « une économie qui entraîne une amélioration du bien-être humain et de l’équité sociale, tout en réduisant de manière significative les risques environnementaux et la pénurie de ressources ».

Il est de notre devoir de préserver les citoyens de la pauvreté et de la déchéance. Les gouvernements doivent utiliser les fonds publics à bon escient, assurer la bonne santé et l’éducation de la main-d’œuvre, favoriser la création d’emplois, protéger les consommateurs, assurer un niveau de vie décent et protéger l’environnement.

Deuxièmement, en conséquence du premier point, il faut un leadership éthique. C’est ce qu’ont revendiqué l’an dernier les manifestants du monde entier, des protestataires du mouvement Occupy Wall Street aux étudiants et travailleurs descendus dans les rues d’Europe et d’ailleurs, en passant par les peuples réclamant la liberté et la démocratie dans le monde arabe.

Le mouvement de protestation continue cette année. Les manifestants exigent un leadership éthique pour réduire l’insécurité et l’inégalité économiques, lutter contre le chômage et le manque d’opportunités, et éradiquer la cupidité et la corruption. Bref, un leadership qui respecte l’être humain.

Troisièmement, il faut une protection sociale et des créations d’emplois. Six décennies de forte croissance économique n’ont fait que creuser les inégalités. Le PIB mondial est dix fois supérieur, en termes réels, à ce qu’il était en 1950, mais l’accès à des prestations et à des services sociaux dignes de ce nom reste un privilège réservé à une population relativement restreinte.

Aujourd’hui, environ 5,1 milliards de personnes, soit 75 % de la population mondiale, ne bénéficient pas d’une protection sociale suffisante. Quelque 1,4 milliard de personnes vit avec moins de 1,25 dollar par jour. Environ 38 % de la population mondiale, soit 2,6 milliards de personnes, n’a pas accès à des installations sanitaires satisfaisantes. Pas moins de 884 millions d’individus n’ont pas un accès correct à l’eau potable.

Beaucoup trop de gens, notamment des jeunes, sont au chômage. La persistance d’une telle exclusion du marché du travail représente un gaspillage considérable de potentiel humain et économique, ainsi qu’un risque en termes de sécurité. Les stratégies de croissance et les politiques économiques et sociales doivent assurer à la population des services et des emplois.

En octobre, nous avons publié avec l’Organisation internationale du travail (OIT) un rapport préconisant un socle – plutôt qu’un filet – de protection sociale. Tout d’abord, chacun devrait avoir accès à des services de base en matière de santé, d’éducation, de logement, d’eau et d’installations sanitaires, entre autres services essentiels. Ensuite, tout le monde

devrait pouvoir bénéficier d’un certain revenu minimum, assuré par exemple par des pensions pour les personnes âgées ou lourdement handicapées, des allocations familiales ou des garanties d’emploi.

La protection sociale ne se borne pas à une prestation de services : elle vise à émanciper les individus en leur permettant de travailler et de bénéficier d’un salaire et de conditions de travail acceptables. C’est possible, c’est faisable. De nombreux pays, dont l’Argentine, le Brésil, l’Inde et le Rwanda, ont considérablement progressé. Je peux en témoigner à titre personnel.

La protection sociale a été au cœur de l’action de mon gouvernement au Chili de 2006 à 2010. Nous avons lancé de nombreuses réformes et réalisé des investissements considérables pour améliorer l’accès à la santé, à la retraite, à l’éducation, au logement, à l’eau et aux installations sanitaires et, surtout, pour favoriser le développement de l’enfant et l’égalité homme-femme.

Il ne faut pas croire que le prix de ces programmes est prohibitif. Les études menées par l’OIT en concertation avec

le Fonds monétaire international montrent que dans des pays comme le Bénin, le Salvador, le Mozambique et le Vietnam, un vaste socle de protection sociale ne coûterait qu’entre 1 et 2 % du PIB.

À long terme, ces socles de protection sociale se financent eux-mêmes, car ils améliorent la productivité de la main-d’œuvre, stimulent la demande globale et augmentent les recettes fiscales.

Enfin, pour bâtir des économies et des sociétés plus saines, il faut miser sur les femmes. Les femmes constituent la moitié de l’humanité, mais on ne leur accorde pas les mêmes chances ni la même place qu’aux hommes. Or, il apparaît de plus en plus clairement que leur exclusion de la vie sociale, économique et politique est dommageable pour elles, mais aussi pour nous tous, parce qu’elle nous prive d’un potentiel précieux et nous fait payer un lourd tribut. Lever les obstacles à une participation pleine et entière des femmes et protéger leurs droits fondamentaux conduiraient à une croissance économique plus forte et plus solidaire, à des enfants en meilleure santé et plus instruits, et à un processus de prise de décision plus équilibrée. La participation pleine et égale des femmes renforce la bonne gouvernance et la démocratie.

Nous pouvons bâtir des sociétés solidaires et plus saines en plaçant les droits des femmes et l’égalité homme-femme au centre de l’action économique et des priorités politiques, en les prenant en compte dans chaque décision. La participation pleine et entière des femmes n’est plus une simple option : c’est une nécessité pour notre avenir commun.

Voir www.onufemmes.org

L’InITIATIVE DE L’OCDE POUR LA PARITÉ

La protection sociale ne se borne pas à une prestation de services : elle vise à émanciper les individus

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JEUnES ET COMPÉTEnCES

Andreas Schleicher, Directeur adjoint, direction de l’Éducation de l’OCDE, et Conseiller spécial chargé de l’éducation auprès du Secrétaire général de l’OCDE

Les responsables politiques ont besoin de solutions pour faire progresser leur pays. La Stratégie de l’OCDE sur les compétences, présentée en mai lors de la Réunion du Conseil au niveau des ministres de 2012, peut s’avérer fondamentale à cet égard. Voici pourquoi.

Les compétences sont devenues la monnaie internationale des économies du XXIe siècle. Sans investissement conséquent dans les compétences, les individus restent en marge de la société, les progrès technologiques n’entraînent pas de croissance économique, et les pays ne peuvent plus rivaliser dans une société mondiale de plus en plus fondée sur le savoir.

On estime qu’une amélioration d’un seul semestre des performances des élèves de la zone OCDE représenterait un gain de 115 billions de dollars sur l’ensemble de la carrière professionnelle des personnes nées cette année. Cependant, cette « monnaie » se déprécie à mesure que les exigences

des marchés du travail évoluent et que les individus perdent les compétences qu’ils n’utilisent pas.

La coexistence délétère de diplômés au chômage et d’employeurs incapables de trouver les compétences recherchées envoie un message clair : les compétences ne se traduisent pas systématiquement par une hausse des revenus et de la productivité. Pour mettre les compétences au service d’emplois et de vies meilleurs, nous devons mieux appréhender ces compétences qui améliorent nos vies et nos économies.

Nous devons ensuite faire en sorte que ces compétences soient enseignées et apprises efficacement tout au long de la vie des individus. De plus, il faut établir un cadre permettant aux employeurs de tirer pleinement parti des talents disponibles. C’est l’affaire de tous : gouvernements, employeurs, employés et apprenants doivent trouver des modalités de financement durables et acceptées par tous.

C’est ici que la Stratégie de l’OCDE sur les compétences intervient, en aidant les pays à déterminer les forces et les faiblesses de leurs viviers et de leurs systèmes nationaux de gestion des compétences, mais aussi en les aidant à se situer par rapport aux autres pays et à élaborer des politiques de progrès.

Qu’entendons-nous par le développement des compétences appropriées ? La crise nous a rappelé que nos économies pouvaient subir des changements radicaux, soudains et inattendus. Les étudiants de la génération précédente pensaient que ce qu’ils apprenaient serait valable toute leur vie. Aujourd’hui, les enseignants et les formateurs doivent préparer les individus à des changements plus rapides que jamais, à des emplois qui n’ont pas encore été créés, à des technologies qui n’ont pas encore été inventées et à des problèmes dont on ne soupçonne pas encore l’émergence.

Il faut plus que jamais favoriser une culture de l’apprentissage continu, qui

Stratégie de l’OCDE sur les compétences : les voies du choix continu

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permette aux apprenants de relever les défis inattendus d’aujourd’hui et de demain. Les gouvernements doivent améliorer la collecte et l’utilisation d’informations permettant d’anticiper l’évolution de la demande de compétences. Ils doivent coopérer plus étroitement avec les entreprises lors de l’élaboration et de la mise en œuvre des programmes scolaires et des programmes de formation. Le développement des compétences est beaucoup plus efficace si le monde de l’apprentissage est lié à celui du travail. La formation sur le lieu de travail plonge les jeunes dans un environnement professionnel et leur permet d’acquérir des compétences techniques en travaillant sur des équipements modernes, ainsi que les compétences générales qu’apporte une expérience concrète. La formation pratique favorise également la motivation et l’implication de jeunes déscolarisés dans le système scolaire, puis facilite la transition vers le marché du travail. En collaborant avec les entreprises, les gouvernements peuvent s’assurer que la conception et la gestion des programmes de formation sont suffisamment souples au niveau local, tout en veillant à ce que les régimes fiscaux ne découragent pas l’investissement dans l’apprentissage.

Cependant, même ceux qui ont des compétences solides ne trouvent pas toujours leur place sur le marché du travail. Par exemple, les personnes handicapées ou souffrant de problèmes de santé chroniques, mais aussi les femmes et les seniors, ont plus de risques d’être inactifs. Or, la recherche et l’expérience nous ont appris que des compétences non utilisées se dégradent. Que faire ? Nous devons d’abord mieux identifier les personnes inactives et comprendre les raisons de leur inactivité. Ensuite, nous devrons peut-être créer des incitations financières valorisant le travail, supprimer les obstacles gênant la participation à l’activité économique (tels que l’absence de services de garde d’enfants), et nous pencher sur la question des congés parentaux, du temps partiel et des services proposés sur le lieu de travail. Enfin, nous devons trouver les moyens d’encourager les plus âgés à prolonger leur carrière, non pour réduire les coûts sociaux d’une retraite anticipée, aussi important cela soit-il, mais pour que les autres acteurs – travailleurs,

entreprises et l’économie dans son ensemble – puissent pleinement bénéficier de leur expérience et de leur savoir.

Néanmoins, même lorsque les compétences appropriées sont développées et lorsque les gens veulent travailler, les résultats ne sont pas garantis. Prenons le chômage : un jeune sur quatre est sans emploi en France, en Italie et aux États-Unis. En Espagne et dans certains pays d’Afrique du Nord, ils sont au moins 40 %. Pour un jeune cherchant du travail, c’est une perspective terrible et un gaspillage dramatique de compétences.

En outre, les conséquences d’un mauvais départ sur le marché du travail peuvent durer dix ans, voire plus, et peser sur les perspectives de carrière, les niveaux de rémunération et la sécurité de l’emploi. Lutter contre le chômage et aider les jeunes à prendre pied sur le marché du travail, à des postes en adéquation avec leurs compétences, doit être une priorité.La Stratégie sur les compétences montre qu’il existe des moyens d’y parvenir, notamment dans les entreprises. Les recherches révèlent

que les entreprises qui savent mettre en œuvre les bonnes pratiques de gestion sont plus innovantes et performantes que les autres au plan économique. Dans les entreprises bien gérées, les compétences des employés sont utilisées de manière plus productive, ce qui améliore la satisfaction professionnelle. L’action publique doit inciter les employeurs à ajuster leurs stratégies d’entreprise en fonction de leurs pratiques de gestion des ressources humaines et de développement des compétences des effectifs.

Une autre solution consiste à améliorer notre connaissance de l’offre et de la demande de compétences. Une orientation professionnelle de qualité devrait être un élément clé des politiques publiques. Des professionnels compétents, disposant d’informations à jour sur le marché du travail, peuvent orienter les individus vers les programmes d’apprentissage convenant le mieux à leur future carrière. Des qualifications cohérentes et lisibles

Le développement des compétences est beaucoup plus efficace si le monde de l’apprentissage est lié à celui du travail

permettent aux employeurs d’identifier les compétences des candidats, facilitant ainsi le recrutement et l’adéquation des compétences. Des qualifications fondées sur les compétences donnent aux employeurs une idée de ce que peuvent accomplir leurs futurs employés et permettent aux personnes possédant une expérience professionnelle d’obtenir les titres reflétant les compétences acquises en pratique.

Les entreprises de nombreux pays pourraient aussi assouplir les conditions de travail. Notre vie est devenue plus compliquée. Les emplois à vie sont révolus. La vie familiale et la vie professionnelle sont de plus en plus imbriquées et doivent être gérées parallèlement. Le monde du travail doit s’adapter à ces changements et offrir davantage de flexibilité pour éviter d’exclure des personnes de la vie active.

Des efforts supplémentaires sont aussi nécessaires pour encourager la création d’emplois plus qualifiés à forte valeur ajoutée. Les marchés du travail évoluent, et les politiques publiques peuvent viser à « orienter » la demande plutôt que se contenter de s’y ajuster. En favorisant la concurrence et l’esprit d’entreprise qui l’accompagne, les dirigeants peuvent promouvoir une activité économique intense et productive, et la création d’emplois plus gratifiants. Un tel environnement permet l’apparition de davantage d’entrepreneurs ; or, ce sont eux qui créent les emplois. Et nous savons que les compétences entrepreneuriales peuvent s’acquérir et se développer grâce à un système éducatif dynamique.

Cela nous ramène aux compétences : nos établissements d’enseignement et de formation peuvent jouer un rôle important dans la création d’emplois plus qualifiés en aidant les élèves à repérer les opportunités, et à transformer celles-ci en expériences réussies. Les établissements doivent également aider les élèves à reconnaître et affronter les difficultés et les obstacles. Ces objectifs sont ceux de la Stratégie de l’OCDE sur les compétences. Ce n’est pas un programme facile, mais l’avenir de nos économies et de nos sociétés en dépend.

Références

OCDE (2012), Des compétences meilleures pour des emplois meilleurs et une vie meilleure : Panorama de la Stratégie de l’OCDE sur les compétences, Paris

www.oecd.org/education/SkillsStrategy

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La curiosité, une qualité indispensable

JEUnES ET COMPÉTEnCES

Dipak C. Jain, Doyen de l’Institut européen d’administration des affaires (INSEAD)

Des compétences sans cesse renouvelées et la passion d’apprendre sont indispensables dans l’économie mondiale du savoir. Réussir dans ce contexte requiert plusieurs qualités.

Dans son numéro de février 1950, la revue Popular Mechanics prédisait que de nos jours, nous mangerions tous des aliments à base de sciure de bois, nettoierions l’intérieur de nos maisons totalement imperméables au tuyau d’arrosage et contrôlerions la météo. L’auteur se trompait. Pourtant, s’il est généralement difficile de prévoir l’avenir avec précision, il est souvent possible d’en distinguer les contours. En particulier, on peut identifier les compétences qui seront déterminantes au cours des prochaines décennies en observant les tendances du marché mondial. En 1962, dans les premiers numéros de L’Observateur de l’OCDE, les experts estimaient qu’il faudrait à l’avenir renforcer les compétences liées à un monde de plus en plus axé sur la technologie. Ce type d’anticipations permet aux enseignants, ainsi qu’à leurs partenaires du secteur privé, de l’administration publique et de la société civile, de coopérer afin de préparer les générations futures à des carrières réussies et intéressantes.

En cartographiant le chemin à parcourir, on s’aperçoit que les établissements d’enseignement comme les individus devront être assez souples pour répondre rapidement aux évolutions du marché, en adaptant leurs politiques, leurs programmes et leurs ressources aux conditions présentes et à venir. Ce n’est pas chose facile, les institutions étant souvent lentes à évoluer. Ce que nous apprenons, et pourquoi nous l’apprenons,

reflètent les valeurs fondamentales de nos sociétés. C’est à nous de façonner le monde auquel nous aspirons, alors même que nous réagissons aux évolutions du marché. C’est ce qu’exprime implicitement Peter Drucker lorsqu’il dit que « la meilleure façon de prédire l’avenir, c’est de le créer ».

Il est assez facile d’acquérir de nouvelles compétences, mais il est plus difficile d’acquérir les bonnes compétences et de les mettre en pratique. Acquises sans sagesse, elles n’offrent aucune garantie de succès, et peuvent même produire l’effet inverse. Certes,

la sagesse est un concept assez flou. J’entends par là l’habitude de cultiver la connaissance de soi, l’humilité et une vision à long terme ancrée dans des valeurs éthiques stables. Cet état d’esprit – qui constitue une compétence en soi – a pour finalité une action qui « donne la priorité à l’humain » et fait naître une société plus harmonieuse et plus prospère. Le marché est le principal moteur dont nous disposons pour atteindre cet objectif à grande échelle, c’est pourquoi les compétences que nous choisissons de développer à cette fin sont si importantes.

Considérons les compétences comme une pyramide, ainsi que l’ont fait dans leurs travaux mes collègues de l’INSEAD, Bruno Lanvin et Nils Fonstad. On trouve à sa base la lecture, l’écriture et les compétences fondamentales, comme les mathématiques, les sciences et les TI. Au-dessus se trouvent les compétences liées à l’exercice d’une profession, puis, au sommet, on trouve les compétences phares de l’économie mondiale du savoir, comme celles qui permettent de diriger des équipes virtuelles et multiculturelles. Toutes ces compétences sont essentielles et liées entre elles, même si nous nous intéresserons ici au sommet de la pyramide.

Nous assistons aujourd’hui, dans de nombreuses régions du monde, à un abandon progressif du capitalisme traditionnel au

profit d’un « entrepreneurialisme » accru. La mondialisation et le progrès technologique, qui contribuent largement à cette évolution, vont continuer à s’accélérer, nous obligeant à apprendre et à réapprendre pour pouvoir rester dans la course. Compte tenu de la complexité du marché mondial, en particulier dans l’économie du savoir avec ses outils informatiques, le développement du capital humain sera le moteur des progrès de ce siècle, comme la vapeur a propulsé la Révolution industrielle. Réussir dans ce contexte requiert plusieurs qualités.

D’abord, il faut avoir une intelligence interdisciplinaire. La capacité à synthétiser et intégrer des informations disparates, en travaillant avec des collègues de tous horizons, sera cruciale. Il faudra compléter sa propre spécialisation en acquérant une connaissance pratique de disciplines connexes ou voisines. Prenons l’Internet : prouesse technologique au départ, il est devenu ce qu’il est aujourd’hui grâce aux contributions de nombreuses personnes, des linguistes aux neuroscientifiques. De fait, la technologie numérique montre bien l’importance de la pluridisciplinarité : en plus de bien diriger les personnes, les responsables doivent maîtriser les technologies, puisqu’elles vont rester au cœur de la conception organisationnelle, de la communication, de la gestion du capital humain et du processus décisionnel.

Autre facteur : la diversité culturelle. Un marché international exige des individus capables de se fondre dans de nombreux contextes culturels, à l’instar d’un caméléon. Pour réussir au mieux, les dirigeants doivent comprendre des parties prenantes de tous horizons, tout en tirant parti des divers points de vue de leurs équipes. Les écoles, en particulier les écoles de commerce, peuvent accroître leur valeur en développant les compétences liées à la diversité. À l’INSEAD, la dimension internationale et la diversité culturelle sont au cœur de nos recherches et de notre enseignement depuis plus de 50 ans. Cela nous a conduits à créer des campus complets à Singapour et à Abou Dhabi, en plus de notre campus originel de Fontainebleau. Ces valeurs sous-tendent nos campus, et confortent notre objectif de réunir des idées et des individus d’horizons variés pour transformer les organisations.

C’est à nous de façonner le monde auquel nous aspirons, alors même que nous réagissons aux évolutions du marché

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Une curiosité inlassable est également nécessaire. Dans un monde qui se réinvente en permanence, seuls les curieux réussiront. Les personnes désireuses d’apprendre tout au long de leur vie s’adapteront aux évolutions et seront à l’avant-garde de la création de valeur. Dans ses travaux sur l’innovation et l’entrepreneuriat, Hal Gregersen, professeur à l’INSEAD, a défini cinq compétences fondamentales nécessaires à ce qu’il appelle la découverte « perturbatrice » : savoir associer, remettre en cause, observer, expérimenter et collaborer. Il a découvert que les personnes les plus inventives reliaient différents domaines de connaissances et idées, cherchaient à connaître d’autres points de vue et questionnaient inlassablement pour préciser leurs idées et vérifier leur validité. Le défi pour les établissements d’enseignement consiste à transmettre cette curiosité constante, ainsi qu’à fournir les ressources pour la nourrir. L’INSEAD le fait de bien des façons, notamment en coopérant avec les secteurs public et privé. Ces relations attirent des dirigeants sur nos campus et dans nos programmes, et garantissent l’actualité

et la pertinence de nos cours. Cette pratique nous permet, en retour, de transmettre des compétences de leadership global et de former des diplômés capables d’occuper des rôles de premier plan.

Enfin, viennent l’humilité et le respect – des autres, de la société et de la planète. Pour ceux qui veulent améliorer les choses, une véritable intelligence éthique sera aussi indispensable que l’intelligence analytique et psychologique.

Toutes ces qualités réunies forment un état d’esprit général mêlant analyse et sagesse. Les compétences sont une condition préalable à de bons emplois qui soutiennent l’économie. Mais il ne faut pas négliger d’autres facteurs. L’évolution démographique, notamment en Europe et au Japon, entraîne des difficultés sur le marché du travail, où les jeunes sont moins nombreux pour compenser les départs à la retraite. Les retraités vivent plus longtemps, grâce aux innovations médicales et sociales, mais cela constitue un enjeu économique qui requiert des politiques rigoureuses. Certaines propositions, comme l’allongement de la durée

du travail, sont contestées car considérées comme injustes. Cette situation souligne la nécessité d’un effort institutionnel concerté sur l’apprentissage tout au long de la vie, alors même que les individus prennent conscience qu’ils devront étoffer leurs compétences pour accompagner des carrières plus longues.

L’OCDE, comme l’INSEAD, est aux avant-postes sur ces questions. En tentant d’y répondre et en faisant notre possible pour anticiper les grandes orientations futures, nous pouvons réduire les « déficits de compétences », accroître le potentiel humain et renforcer nos fondations économiques et sociales.

Références

Kaempffert, W. (1950), « In the Next Fifty Years », Popular Mechanics, Hearst Magazines, Harlan, Iowa.

Fonstad, N.O, et B. Lanvin (2010), « Economic Tigers: Sustaining the Roar », INSEAD eLab Skills Report.

Gregersen, H., J. Dyer et C. M. Christensen (2011), The Innovator’s DNA: Mastering the Five Skills of Disruptive Innovators, Harvard Business Review Press, Harvard.

www.insead.edu

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Développement des compétences : repenser l’avenir

JEUnES ET COMPÉTEnCES

Alessio J.G. Brown, Directeur exécutif, Global Economic Symposium (GES), et Dennis J. Snower, Président du Kiel Institute for the World Economy et Directeur du GES

La concurrence mondiale et la crise financière internationale accentuent les pressions pesant sur les programmes éducatifs de nombreux pays. Des approches radicalement nouvelles de l’apprentissage sont désormais nécessaires.

Nous assistons à une nouvelle vague de mondialisation dans laquelle ce ne sont plus seulement les emplois non qualifiés et l’industrie manufacturière qui sont touchés par l’externalisation et les délocalisations, mais aussi les emplois qualifiés et le secteur des services. Cette évolution fait peser de nouvelles exigences sur les systèmes d’éducation et de formation dans le monde entier car, dans ce contexte, l’éducation et les compétences sont fondamentales – en particulier celles qui valorisent la flexibilité et l’adaptabilité au changement.

Malheureusement, nombre des systèmes éducatifs existants ne sont pas équipés pour relever ces défis. Actuellement, le modèle standard d’apprentissage n’est adapté ni à la diversité des talents et des comportements, ni aux exigences des employeurs. Malgré de récentes réformes, les écoles et universités de nombreux pays privilégient encore le développement des compétences cognitives traditionnelles, l’enseignement d’éléments précis et la résolution de problèmes courants à

l’aide de solutions fondées sur des règles. Les politiques publiques mettent trop fortement l’accent sur l’enseignement secondaire et supérieur, et pas assez sur l’éducation des jeunes enfants ni sur le contexte familial et social.

Comment réformer les approches traditionnelles ? Cette question est cruciale et suscite maints débats, mais le Global Economic Symposium (GES), forum annuel réunissant des responsables politiques et des personnalités issues des universités, des entreprises et de la société civile, a identifié trois approches fondamentales.

Premièrement, rendre les systèmes éducatifs plus flexibles : il s’agit de repenser le déroulement de la formation tout au long de la vie et de privilégier « l’apprentissage de l’apprentissage » et la recherche de solutions à des problèmes parfois inédits.

Les systèmes éducatifs actuels doivent être réformés pour permettre aux individus de s’investir davantage dans leur formation et leur développement, et dans ceux de leurs enfants. Cela pourrait impliquer davantage de flexibilité dans le calendrier de la formation et un déploiement des dépenses d’éducation tout au long de la carrière. Cela supposerait

aussi d’accroître les sommes consacrées à l’apprentissage tout au long de la vie pour qu’elles correspondent au moins au surcroît de recettes fiscales attendu d’un tel apprentissage. Le développement des compétences ne

devrait pas être cantonné aux écoles et aux universités, mais s’étendre de la petite enfance à la vieillesse, du cadre familial à l’école et à l’université, mais aussi au monde du travail, aux organismes publics et à la société en général.

Il faudrait valoriser un processus d’apprentissage plus participatif fondé sur l’idée d’« apprendre à apprendre » et d’« apprendre par la pratique ». Un apprentissage actif privilégiant la participation des élèves et la prise d’initiatives a davantage d’impact sur la réalisation du potentiel des élèves qu’un apprentissage passif. Les enseignants, en particulier dans le primaire et dans le secondaire, devraient davantage s’attacher à développer l’imagination, la créativité, l’inventivité, la spontanéité, l’interaction, les aptitudes sociales et de communication des élèves, car ces compétences seront toujours

Nombre des systèmes éducatifs existants ne sont pas équipés pour faire face à ces défis

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être créés afin de multiplier les ressources éducatives à la portée de tous les apprenants. Les forums ouverts offrent aux utilisateurs davantage de possibilités d’agir à titre individuel, ainsi que d’interagir et de discuter avec des utilisateurs intéressés par les mêmes sujets, et ainsi d’approfondir leur apprentissage. Cela efface partiellement la frontière entre enseignants et apprenants, et augmente l’efficacité du transfert et de la diffusion des connaissances. Les forums ouverts peuvent aussi bénéficier aux pays pauvres où, utilisés de façon combinée, les médias comme les radios communautaires et les téléphones mobiles constituent clairement une source d’éducation et de formation. Les responsables politiques pourraient s’inspirer du programme « Text2Teach », partenariat entre des compagnies téléphoniques, des fournisseurs de contenu, des sociétés commerciales et les ministères de l’éducation, qui a permis d’améliorer l’enseignement dans les écoles élémentaires aux Philippines, en Indonésie et dans certains pays africains.

Que le fait d’améliorer l’utilisation des TIC dans l’éducation signifie investir dans du matériel et des logiciels de dernière génération ou tout simplement tirer le meilleur parti d’équipements plus anciens et abordables, la conclusion est la même : la nouvelle vague de mondialisation transforme le monde, et l’éducation doit elle aussi évoluer. Des politiques davantage centrées sur l’individualisation de l’apprentissage, l’éducation préscolaire et la technologie électronique constitueraient un pas dans la bonne direction.

Références

Baines, Ed, P. Blatchford et A.Chowne (2007), « Improving the effectiveness of collaborative group work in primary schools: effects on science attainment », British Educational Research Journal, Vol 33, N°5, p. 663-680, Londres.

Heckman, J., S. H. Moon, R.Pinto, P. A. Savelyev et A. Yavitz (2010), « The rate of return to the High/Scope Perry Preschool Program », Journal of Public Economics, Elsevier, N°94, p. 114-128, New York.

Hwang, D-J., H-K. Yang et H. Kim (2010), « E-Learning in the Republic of Korea », Institut de l’UNESCO pour l’application des technologies de l’information à l’éducation, Moscou.

Voir aussi « Global Economic Solutions: Proposals from the Global Economic Symposium (GES) (2008, 2009, 2010, 2011) », Kiel Institute for the World Economy, www.global-economic-symposium.org

plus importantes pour assurer la compétitivité des individus dans une économie de services mondialisée.

Les écoles doivent stimuler la capacité à résoudre des problèmes inédits, à combiner différents ensembles de connaissances et à interagir de manière productive avec les autres. En sciences, les élèves devraient être encouragés à tenter des expériences plutôt qu’à suivre à la lettre les manuels. Cela exigerait de modifier les programmes scolaires et de revoir la façon d’évaluer et de noter les élèves, par exemple en introduisant davantage de questions ouvertes, et en leur soumettant des problèmes complexes n’appelant pas une réponse univoque. Cela pourrait passer par plus d’activités en groupe, et par un système de notation des résultats du groupe plutôt qu’une notation de l’individu. Au Royaume-Uni, on a pu constater que l’initiative SPRinG (Social Pedagogic Research into Group-work), qui vise à développer les aptitudes au travail en groupe dans le primaire, a eu des effets positifs sur les progrès scolaires des enfants, car on les encourage aussi à apprendre à penser par eux-mêmes, à avoir confiance en eux et à être capables d’autocritique face à différents défis.

Deuxièmement, investir dans l’éducation des jeunes enfants. Toute réforme du système éducatif doit prêter une attention particulière à l’éducation préscolaire et primaire. Certains pays sont en retard pour garantir l’accès à l’éducation préscolaire de tous les enfants, qui est pourtant la clé de l’égalité des chances et d’une réussite ultérieure. Investir dans l’éducation préscolaire a des impacts positifs sur la suite de la scolarité (environ 7 à 10 % d’amélioration des résultats par an selon certaines études), mais cela augmente les niveaux de réussite des enfants issus de familles défavorisées. L’éducation préscolaire doit être indissociable du soutien aux familles. L’exemple de la Finlande, en tête du classement du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) de l’OCDE, en témoigne : la scolarité formelle y commence plus tard que dans la plupart des pays, mais l’apprentissage bénéficie d’un important soutien aux familles.

Les difficultés cognitives et émotionnelles apparaissent souvent très tôt, généralement avant la scolarisation, et sont difficiles à

corriger plus tard. Des facteurs familiaux et sociaux peuvent être en jeu. Il faudrait donc compléter les politiques éducatives par des politiques familiales et sociales qui aident les familles défavorisées, facilitent l’intégration des immigrés et aident à la transformation des quartiers urbains et à la réduction de la pauvreté en milieu rural. On en a un exemple en Nouvelle-Zélande avec le dispositif Early Childhood Education (ECE) Participation Program, spécialement axé sur les enfants maoris, sur les enfants des autres minorités du Pacifique et sur les enfants des communautés défavorisées. Celui-ci comprend des allocations, des projets associatifs, des groupes de jeu, et une éducation des jeunes enfants à domicile flexible et réactive. L’aide financière doit être correctement ciblée et soumise à conditions pour garantir son utilisation adéquate.

Troisièmement, réinventer l’éducation en exploitant les nouvelles technologies et les outils d’apprentissage en ligne. Les technologies de l’information et de la communication (TIC) sont le principal moteur de la croissance

de la productivité et du changement social. Pourtant, on constate un retard mondial dans la formation des professionnels à ces « compétences électroniques ». Les programmes d’enseignement traditionnels devraient être modifiés pour mieux intégrer les outils d’apprentissage en ligne. Il faudrait apprendre aux élèves non seulement à utiliser les TIC, mais aussi à en tirer parti pour apprendre et penser par eux-mêmes. On devrait les laisser s’écarter de l’apprentissage classique, suivre leurs propres intérêts, chercher des informations sur Internet ou grâce à des logiciels intégrés d’apprentissage en ligne, tout en les accompagnant sur la voie de l’apprentissage.

Des plateformes de ressources en libre accès et des forums ouverts – comme la Fundação Getulio Vargas (FGV) au Brésil, le centre de ressources pédagogiques de l’Université virtuelle africaine (UVA), ouvert au monde entier, et le Centre de l’Université de l’Utah pour un apprentissage ouvert et durable – devraient

Investir dans l’éducation préscolaire a des incidences positives sur la suite de la scolarité

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L’Observateur de l’OCDE N° 290-291, T1-T2 2012 49

Europe : investir dans la jeunesse

JEUnES ET COMPÉTEnCES

Peter Matjaši , Président, Forum européen de la jeunesse

Jeunes, qualifiés, formés, ouverts sur le monde et pourtant sans travail : voici les caractéristiques d’une génération que l’on dit sacrifiée. Les difficultés des jeunes sont aujourd’hui trop nombreuses, et diffèrent selon les régions et les individus. Beaucoup de jeunes souffrent du chômage ; certains doivent lutter pour leurs libertés fondamentales ou pour créer des structures représentatives de la jeunesse, d’autres sont confrontés à différentes formes de discrimination. Les Indignés sont légion !

Le chômage et la montée des inégalités suscitent de l’indignation et un profond sentiment d’injustice. Les citoyens ont le sentiment de payer le prix d’une crise dont ils ne sont pas responsables, et les jeunes estiment avoir été les premiers sacrifiés. Les nouveaux mouvements de protestation populaire réclament plus de justice sociale à l’échelle mondiale, un nouvel agenda politique, et de nouveaux modèles économiques et sociaux visant non seulement la croissance, mais aussi l’ouverture, l’équité et l’intégration. Notre rôle, en tant qu’acteurs reconnus de la société civile, est de mettre à profit la dynamique de ces mouvements, de relayer leurs revendications auprès des décideurs et de traduire celles-ci en propositions d’actions concrètes. Le Forum européen de la jeunesse travaille sur ces mêmes problématiques. Il s’emploie à donner aux jeunes les moyens de participer activement à la société et d’améliorer leur destin ; il se fait l’avocat de leurs besoins et de leurs intérêts, ainsi que de ceux des organisations de la jeunesse. Au Forum européen de la jeunesse, l’emploi des jeunes figure en tête de nos priorités. Nous sommes les principaux promoteurs de l’accès des jeunes

à la protection sociale, de la qualité des stages et de l’apprentissage, des opportunités accrues de création d’entreprise, et de la nécessité de créer un dispositif de Garantie pour la jeunesse. Nos organisations membres sont de plus en plus nombreuses à souscrire aux Plans d’action nationaux en faveur de l’emploi des jeunes, afin de contribuer par leur action à l’amélioration de la situation des jeunes sur le marché du travail.

Nous sommes, certes, très préoccupés par l’aggravation de la crise et par son impact sur les budgets nationaux à court terme, mais nous sommes aussi convaincus que le « tout austérité » n’est pas la solution. Il est fondamental d’investir plus – et mieux – dans l’éducation et la création d’emploi. C’est pourquoi nous proposons un Plan européen

pour l’emploi, afin d’aider les entreprises à investir dans la jeunesse et à recruter des jeunes, grâce à un accroissement des fonds structurels et de cohésion. Autre axe d’action important : la réduction de la précarité – due notamment aux bas salaires et à des mesures limitant l’accès à l’assurance sociale –, et la sécurisation de la transition entre formation et emploi.

Les jeunes font déjà preuve d’une grande flexibilité. Ballotés entre stages et contrats temporaires, dépourvus de protection statutaire car sans ancienneté, ils sont souvent considérés comme des « exclus du marché du travail », privés d’accès aux mêmes niveaux de rémunération et de sécurité de l’emploi que les « inclus ». Les réponses possibles sont multiples, mais toutes passent par une volonté politique forte et par l’investissement !

Il est une mesure importante, qui permettrait de lutter contre le chômage des jeunes et donnerait un coup de fouet à l’économie européenne : un système généralisé de Garantie pour la jeunesse, assorti d’une dotation financière et d’une supervision adéquates, qui garantirait à chaque jeune, au bout de quatre mois d’inactivité, soit une proposition d’emploi, soit une formation, soit une reconversion. Une telle mesure permettrait aux jeunes de rester en

contact avec le marché du travail, d’actualiser leurs qualifications et leurs compétences, et ainsi d’améliorer leur employabilité pour l’avenir.

S’il y a trop peu d’emplois sur le marché, la formation, la reconversion et les études ne sont que des solutions temporaires. La réponse réside dans la promotion de l’entrepreneuriat, autrement dit dans la création d’emploi. La création d’entreprise devrait être couverte par cette Garantie pour la jeunesse : c’est une manière pour les jeunes de rester actifs sur le marché du travail, de s’assurer un revenu et d’exploiter leur potentiel. Pourtant, actuellement, les jeunes ne voient pas l’entrepreuneuriat comme une option viable pour gagner leur vie. Trop d’obstacles subsistent.

Les stages et l’apprentissage de qualité peuvent aussi faire partie de la solution, mais leur mise en œuvre soulève des difficultés. Ils ne doivent pas se substituer à de vrais emplois. Cependant, les stages et les places d’apprentissage de qualité sont fort utiles pour combler l’écart entre les qualifications et les besoins.

Cette inadéquation entre l’offre et la demande de qualifications sur le marché du travail a provoqué l’émergence d’une catégorie de plus en plus nombreuse de jeunes surqualifiés qui, faute d’emplois adaptés, se tournent vers l’émigration ou l’emploi sous-qualifié. Pour y remédier, il faut améliorer l’orientation professionnelle et resserrer les liens entre le système éducatif et le marché du travail. Soulignons aussi les résultats de l’éducation non formelle et des possibilités d’apprentissage informel offertes dans le cadre des organisations de jeunesse et des projets menés par des jeunes. Grâce à ce type d’expérience, il est possible d’acquérir des compétences générales comme des langues étrangères, la confiance en soi, l’aisance à parler en public ou encore la gestion de projets et de budgets.

Nous pensons que les jeunes, en ces temps de crise et d’austérité, ont besoin de véritables investissements plus que de belles paroles. Politiquement et financièrement, les jeunes doivent être une priorité pour l’Europe – ils le méritent vraiment.

Voir www.youthforum.org

Les stages et l’apprentissage font partie de la solution, mais ne doivent pas se substituer aux vrais emplois

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Chine : investir dans le capital humainLu Mai, Secrétaire général, China Development Research Foundation

Pour ajuster son moteur de croissance aux enjeux actuels, la Chine doit investir dans le capital humain et ne pas négliger les plus jeunes.

En 30 ans de réformes et d’ouverture, l’économie chinoise a réussi à afficher une croissance moyenne quasiment à deux chiffres et à passer d’un PIB par habitant de 190 dollars en 1978 à 5 432 dollars en 2011. La Chine a ainsi rejoint le groupe des pays à revenu intermédiaire, et est finalement devenue la deuxième économie mondiale en 2010, dépassant le Japon.

La réussite économique du pays repose en grande partie sur les réformes qui ont créé des incitations favorables et libéré les forces productives. D’autres éléments y ont également contribué : structure démographique favorable, offre de main-d’œuvre adaptée aux besoins, accumulation de capital importante et stratégie économique axée sur l’export.

Mais certains des facteurs qui ont permis l’essor économique de la Chine sont en train d’évoluer. Face à un vieillissement rapide de la population et à un surinvestissement

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entraînant une surcapacité de production, alors même que la demande des marchés mondiaux ralentit, le miracle chinois peut-il durer ? La Chine va-t-elle pouvoir rejoindre

les rangs des pays à revenu élevé ? Cela dépendra de sa capacité actuelle et future à investir davantage et plus équitablement dans le capital humain.

Ces 30 dernières années, le niveau de capital humain de la Chine a considérablement augmenté, mais il reste bien inférieur à celui des économies développées. La petite enfance est un enjeu particulièrement crucial pour le pays. Entre 1980 et 2010, l’espérance de vie en Chine est passée de 66 à 73,5 ans, et la durée moyenne de scolarisation de 3,78 à 7,55 ans. Entre 1990 et 2010, la prévalence du retard de croissance chez les enfants de moins de 5 ans a reculé, passant de 33,1 % à 9,9 %, de même que l’anémie chez les enfants ruraux de moins de 24 mois (20,8 % en 2010 contre 38,7 % en 1990). Les progrès sont donc considérables, mais encore insuffisants pour soutenir la Chine dans l’effort qu’elle devra fournir face à la double nécessité de moderniser sa structure industrielle et de restructurer son économie.

Ajoutons que ces moyennes nationales ne reflètent pas le déséquilibre, pourtant manifeste, entre zones rurales et zones urbaines. Selon une étude de la China Development Research Foundation parue en 2009, le retard de croissance affectant les enfants âgés de 6 à 11 mois dans les régions rurales pauvres était 3,3 fois supérieur à la moyenne nationale ; dans le Xundian (province du Yunnan), on enregistre un taux de retard de croissance 5,7 fois supérieur à la moyenne nationale ; dans le Ledu (province du Qinghai) et dans le Xundian, l’anémie des enfants âgés de 12 à 23 mois y est respectivement 3,9 et 3,2 fois plus importante que la moyenne nationale.

Il y a quelques années, les autorités chinoises ont pris conscience de

l’importance d’investir dans le capital humain et depuis, les investissements dans l’éducation, la santé, l’alimentation des élèves et l’éveil des tout petits ont considérablement augmenté. Mais en Chine, où les disparités régionales sont variées et importantes, l’augmentation des investissements ne peut suffire à améliorer substantiellement et équitablement le capital humain. Nous avons surtout besoin de pratiques innovantes aptes à faire évoluer les systèmes et les politiques. Le gouvernement chinois s’est par exemple engagé à ce que 70 % des jeunes enfants aient accès à trois ans de préscolarisation d’ici à 2020. Mais beaucoup d’enfants des régions reculées et pauvres pourraient ne jamais franchir la porte d’une école maternelle. C’est pourquoi, dans ces régions pauvres et reculées de l’ouest du pays, la China Development Research Foundation a déployé, à titre expérimental, une mesure qui offre une préscolarisation abordable grâce à des pratiques innovantes, en partie inspirées des débats relayés par la collection de l’OCDE intitulée « Petite enfance, grands défis ». Dans le cadre de cette expérience baptisée « Allez enseigner », des professeurs changent de village chaque semaine pour dispenser une éducation préscolaire aux enfants défavorisés des environs. Ce système d’éducation mobile a permis à de nombreux jeunes élèves de développer des compétences cognitives et linguistiques proches de celles des enfants scolarisés dans les villes chinoises. Ce système contribuera à réduire l’écart qui existe à ce niveau d’enseignement et qui, si l’on ne fait rien, affectera le développement du capital humain de la Chine de demain et entretiendra les inégalités actuelles.

Références

OCDE (2001-2012), Petite enfance, grands défis : Éducation et structures d’accueil, Paris ; pour en savoir plus sur ces monographies et accéder aux résumés, voir www.ocde.org

Voir le site de la China Development Research Foundation : www.cdrf.org.cn/en

JEUnES ET COMPÉTEnCES

Beaucoup d’enfants des régions reculées et pauvres pourraient ne jamais franchir la porte d’une école maternelle

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DES POLITIQUES MEILLEURES POUR UNE VIE MEILLEURE

Les Essentiels de l’OCDE : Comprendre les enjeux

Les grands enjeux sociaux et économiques du momentExpliqués aux non-spécialistesGrâce aux analyses et aux données uniques de l’OCDE

Pour plus d’informations, voir www.oecd.org/insights

Faites entendre votre voix sur le blog des Essentiels de l’OCDE http://oecdinsights.org/

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La fiscalité au service de l’équité

FISCALITÉ ET COHÉSIOn SOCIALE

Alan Carter, Directeur, Secrétariat du Dialogue fiscal international, et Stephen Matthews, Centre de Politique et d’Administration fiscales de l’OCDE

Aujourd’hui, la marée montante pourrait ne plus soulever tous les bateaux, pour reprendre la métaphore du Président Kennedy qui, en 1963, liait la croissance économique à une prospérité unanimement partagée. Les gouvernements peuvent-ils préserver la cohésion sociale indispensable à une croissance pérenne ? Assurer une répartition équitable des revenus reste l’un des objectifs clés de la politique budgétaire et fiscale.

Au cours de la dernière décennie, la croissance rapide des économies émergentes a permis à des centaines de millions d’individus de sortir de la pauvreté absolue, et a réduit les disparités de revenus au niveau mondial. Jusqu’à la crise financière et économique de 2008, la plupart des autres économies connaissaient également une phase d’expansion. Cependant, au sein de l’OCDE comme des économies émergentes, les différentes régions et catégories sociales n’ont pas toutes tiré profit des années de croissance de la même manière. Au contraire, la répartition des revenus est généralement devenue plus inégalitaire.

Sans surprise, cette évolution confère aujourd’hui une importance prééminente à la question de l’« équité » dans les débats politiques de nombreux pays, notamment depuis le début de la crise. Cette question se pose autant en termes d’égalité des chances que d’égalité des revenus et de consommation des ménages. Si le principe d’équité n’est guère remis en cause, les interprétations que l’on en fait diffèrent largement ; cela s’explique en partie par les trajectoires historiques de répartition des revenus, qui varient fortement selon les pays (voir le graphique). Cela dit, trop d’inégalités peuvent, à long terme, être dommageables à la croissance.

La politique fiscale peut grandement contribuer à réduire les inégalités de répartition du revenu après impôt. En outre, elle est nécessaire pour lever les recettes permettant de financer les dépenses publiques de transferts, notamment les dépenses de santé et d’éducation, qui bénéficient plutôt

aux ménages à faible revenu, ainsi que pour financer les infrastructures, vecteurs de croissance, mais aussi potentiellement d’équité sociale.

Bien que les inégalités tendent à être moins marquées dans les pays de l’OCDE que dans le reste du monde, la répartition du revenu disponible est plutôt devenue plus inégalitaire au cours des dernières années. Au milieu des années 1980, le coefficient de Gini, pour lequel la valeur 0 équivaut à une égalité parfaite (plus le coefficient est élevé, plus la répartition est inégale) était de 0,28 en moyenne pour la population active des pays de l’OCDE. Au milieu des années 2000, il atteignait 0,31, ce qui traduit une montée des inégalités.

Quelles sont les conséquences en termes de politique fiscale ? Les travaux des experts de l’OCDE, entre autres, soulignent la nécessité de mesurer l’effet désincitatif de taux marginaux d’imposition sur le revenu élevés vis-à-vis, par exemple, de l’investissement dans le capital humain ou de l’entrepreneuriat ; ils soulignent également qu’une fiscalité progressive est l’un des principaux instruments de redistribution à la disposition des gouvernements. Pour de nombreux pays, les arbitrages à effectuer entre les objectifs de croissance économique et l’équité sont aujourd’hui particulièrement décisifs.

Les effets de la fiscalité sur la répartition des revenus doivent s’apprécier dans le contexte de ces arbitrages. Il faut s’intéresser aux effets d’ensemble de la réforme du régime fiscal, et non pas uniquement au caractère

progressif ou régressif de la fiscalité des ménages. En effet, la répartition du revenu disponible dépend à la fois de la fiscalité et des prestations sociales. Par exemple, le relèvement de la fiscalité indirecte est souvent régressif car celle-ci pèse sur la consommation, qui absorbe une part

relative du budget des ménages pauvres plus importante que celle des ménages aisés. Mais l’impact global de la réforme peut néanmoins être progressif si les effets de ce relèvement sont contrebalancés par d’autres aménagements du régime fiscal et des prestations sociales. Par exemple, les prestations dépendantes du niveau de revenu sont un instrument beaucoup plus efficace que la réduction des taux de TVA pour accroître le revenu disponible des ménages pauvres. La TVA n’est pas forcément néfaste à la redistribution. C’est clairement le cas dans les pays en développement où la fiscalité indirecte, relativement importante, peut rendre le système fiscal plus régressif. Cela dit, une taxe sur la consommation comme la TVA peut être la seule façon de financer des dépenses fortement (ou plus fortement) progressives. Cependant, certains pays n’ayant pas la capacité administrative requise pour opérer les transferts sociaux au profit des ménages, il peut être souhaitable, le cas échéant, de différencier les taux de TVA pour moins taxer les biens et services de première nécessité.

La plupart des pays développés disposent déjà de régimes fiscaux élaborés leur permettant de lever, en moyenne, des recettes fiscales représentant quelque 35 % du PIB. L’ampleur des recettes fiscales est telle qu’elle permet une importante redistribution. Cependant, la fiscalité, si elle est mal structurée, peut aussi handicaper la performance économique.

Dans les années 1980, un certain nombre de pays ont commencé à penser que des taux marginaux d’imposition élevés étaient l’un des facteurs expliquant le ralentissement de l’activité économique des années 1970. Ils pointaient aussi le fait que les taux d’imposition élevés encouragent le développement de niches fiscales, qui faussent les décisions d’investissement et incitent à la planification fiscale active (voire agressive) exploitant les lacunes du système, ce qui réduit la base imposable. Les décideurs ont alors opté pour une fiscalité à assiette large et à taux bas, c’est-à-dire réduisant les prélèvements sur le revenu et sur les entreprises, tout en élargissant l’assiette pour récupérer le manque à gagner.

Le succès apparent de ces réformes a

Le simple relèvement du taux marginal d’imposition sur les hauts revenus n’engendrera pas nécessairement un important surcroît de recettes

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conduit d’autres pays à les adopter. En outre, l’accroissement des pressions concurrentielles dues à la libéralisation du commerce et des flux financiers (avec l’accentuation de la mondialisation et de l’intégration internationales) poussent à réduire les taux d’imposition. En particulier, le taux marginal supérieur de l’impôt sur le revenu des personnes physiques a très nettement diminué dans de nombreux cas, la moyenne de l’OCDE passant de 66,8 % en 1981 à 41,7 % en 2010.

Face à la nécessité de rétablir la viabilité des finances publiques ainsi que la croissance de la production et de l’emploi après la récession post-2008, quelles politiques fiscales les pays de l’OCDE doivent-ils appliquer ? Peut-on concevoir des politiques fiscales qui seront perçues comme « justes » et aideront à maintenir la cohésion sociale tout en favorisant la croissance ? Lorsqu’il faut augmenter les recettes dans le cadre des plans d’assainissement budgétaire, faut-il élargir l’assiette fiscale de manière à rendre imposable une plus large part du revenu des personnes les plus aisées, ou faut-il aussi relever le taux marginal d’imposition ?

Le simple fait de relever le taux marginal de l’impôt sur les hauts revenus ne permettra pas nécessairement de mobiliser beaucoup plus de ressources, notamment parce que

cela aurait des conséquences sur l’intensité de l’activité, les choix de carrière ou l’évasion fiscale, entre autres. Si des hausses d’impôts sont nécessaires, la démarche la plus favorable à la croissance consisterait à réduire les distorsions fiscales nuisibles à la croissance, notamment en éliminant les lacunes fiscales et en augmentant les recettes issues de la fiscalité récurrente sur la propriété foncière, tout en appliquant des taxes destinées à réduire les dommages à l’environnement et à corriger d’autres externalités.

Comme toujours, le diable est dans les détails, mais il y a plusieurs façons de s’assurer que de

telles réformes contribuent à l’équité sociale. Par exemple, de nombreuses exonérations fiscales favorisent démesurément les hauts revenus. Il est clair qu’il faut en réexaminer le bien-fondé.

Il est également possible de relever l’impôt foncier, relativement faible dans de nombreux pays. Cependant, si les plus aisés sont généralement propriétaires des biens les plus coûteux, de nombreux propriétaires relèvent également de la classe moyenne. La prudence

s’impose donc, d’autant que de nombreux propriétaires ont été durement touchés par l’éclatement de la bulle immobilière. Néanmoins, des valeurs périmées à des fins fiscales nuisent souvent à l’efficacité du marché immobilier (dissuadant les gens de déménager, et réduisant ainsi la mobilité de la main-d’œuvre), et de nombreuses taxes foncières tendent à être régressives, en ce sens qu’elles sont proportionnellement plus lourdes pour les ménages moins aisés. La réforme et la révision des bases d’imposition pourraient rendre l’impôt foncier plus juste et moins sujet à distorsion.

Il est également crucial d’avoir une bonne administration fiscale. Les nouveaux systèmes de TI utilisés par les administrations fiscales intègrent de plus en plus souvent des instruments sophistiqués qui permettent par exemple de faire apparaître les déclarations sous-évaluées. On a intensifié la lutte contre les paradis fiscaux en rendant plus efficace l’échange d’informations entre les autorités fiscales. Les lieux où cacher son argent pour éviter l’impôt sont devenus plus rares. Ces initiatives stimulent aussi les efforts internationaux du FMI, de l’OCDE, des Nations unies et de la Banque mondiale pour aider les pays à bas revenu à développer des systèmes fiscaux plus efficaces.

En résumé, la réforme fiscale peut promouvoir l’équité tout en libérant la croissance, afin que la prochaine marée montante soulève davantage de bateaux.

Références

FMI (2011), Mobilisation des recettes dans les pays en développement, document du FMI, 8 mars.

FMI et al. (2011), Supporting the Development of More Effective Tax Systems, A Report to the G20 Development Working Group by the IMF, OECD, UN and World Bank.

Dialogue fiscal international (2011), 4th ITD Global Conference on Tax and Inequality, Delhi, décembre. Documentation disponible en ligne.

OCDE (2010), Tax Policy Reform and Economic Growth, Tax Policy Study No 20.

Saez, Emanuel, Joel Slemrod et Seth Giertz (2011), « The elasticity of taxable income with respect to marginal rates: A critical review », dans Journal of Economic Literature, American Economic Association, vol. 50 (1), pages 3-50, mars.

Toder, Eric et Daniel Baneman (2012), « Distributional

Effects of Individual Income Tax Expenditures: An Update », Urban-Brookings Tax Policy Center, 2 février 2012.

Répartition du revenu disponibleSélection de pays, coefficients de Gini : plus important = plus inégal

Source : Base de données sur les inégalités de revenu au niveau mondial UNU-WIDER, Version 2.0c, mai 2008http://www.wider.unu.edu/research/Database/en_GB/databaseNote : coefficients de Gini basés sur les revenus et non sur la consommation, sauf pour certains pays en développement où ils sont basés sur la consommation (car pas de données comparables sur les revenus disponibles). Pour un plus grand nombre de pays, voir cet article surwww.observateurocde.org

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Éliminer les lacunes fiscalesHeather A. Lowe, Conseillère juridique et Directrice des affaires gouvernementales, Global Financial Integrity, et nathan Williams, Global Financial Integrity*

Les conséquences économiques de la crise ont opportunément déclenché une réévaluation des pratiques de dépenses publiques et de recouvrement des recettes publiques de part et d’autre de l’Atlantique. Pendant que des super-commissions du Congrès américain et des délégations de l’UE élaborent des plans pour payer la facture d’une dette colossale, divers groupes de la société civile, le mouvement Occupy, mais aussi le simple bon sens, ont légitimement attiré l’attention sur certaines échappatoires fiscales et pratiques d’entreprises qui coûtent des milliards de dollars aux finances publiques.

Un rapport, publié en novembre 2011 par le groupement Citizens for Tax Justice, a examiné les pratiques d’évasion fiscale des 280 plus grandes sociétés américaines : 78 d’entre elles

n’ont pas payé d’impôts, voire ont été imposées à des taux négatifs, pendant une période d’au moins un an depuis 2008. L’arbitrage fiscal, une pratique courante consistant à analyser les différentes règles fiscales entre pays et à en jouer pour payer le moins d’impôts possible, est l’une des nombreuses lacunes fiscales exploitées par ces grandes entreprises.

Certains spécialistes de l’arbitrage fiscal ont élaboré de nombreuses tactiques d’évasion fiscale, dont certaines confinent à l’absurde. L’une consiste à découper les voitures en deux pour qu’elles puissent être considérées à la frontière comme des pièces détachées. Une fois passées en douane, les deux moitiés sont simplement ressoudées en un seul morceau et le véhicule est mis en vente, après paiement de taxes nettement inférieures à celles appliquées aux véhicules importés neufs.

La plupart des entreprises conservent jalousement le secret de leurs techniques d’exploitation des lacunes fiscales. Aussi ne

faut-il pas s’étonner que ces stratagèmes finissent par coûter des milliards de dollars aux finances publiques, tout en restant invisibles.

En 2011, l’OCDE, en la personne de son Secrétaire général Angel Gurría, a appelé les dirigeants des plus grandes économies mondiales à limiter les possibilités de contourner le système en exploitant les déductions multiples, la création de revenus non imposés et d’autres conséquences involontaires de l’arbitrage fiscal international. Outre le manque à gagner sur les recettes, l’OCDE reconnaît les effets négatifs de l’arbitrage fiscal sur la concurrence, la transparence et l’équité dans l’économie mondiale.

Quelques semaines à peine avant que le gouvernement français et d’autres aient déclaré la fin des paradis fiscaux au sommet du G20 à Cannes, le Président Barack Obama a annoncé son intention d’éliminer les lacunes fiscales portant sur l’investissement étranger, conformément à la résolution de l’OCDE sur l’arbitrage fiscal.

Alors que la dette publique occupe le devant de la scène internationale, la fermeté de l’OCDE et des dirigeants de ses pays membres à l’égard de l’évasion fiscale des entreprises va dans le bon sens. Certes, le problème de la dette mondiale ne sera pas résolu par l’élimination des lacunes fiscales. Mais, comme le relève Jeffrey Owens, ancien haut responsable des questions fiscales à l’OCDE, qui a mené le combat international contre les paradis fiscaux et le secret bancaire, la fiscalité n’est peut-être pas à l’origine de la crise, mais des mesures fiscales inadaptées peuvent avoir une incidence indirecte sur l’instabilité financière en accroissant l’endettement et la prise de risques accrus, et en amoindrissant la transparence. Il est vrai qu’un système financier mondial plus transparent et responsable peut faire reculer les stratégies fiscales offensives. En 2010, un rapport de l’un de nos membres, Global Financial Integrity, estimait que plus de 9 400 milliards de dollars étaient dissimulés dans des paradis fiscaux offshore et des juridictions pratiquant le secret bancaire. En outre, rien que sur les deux dernières années, la lutte contre le secret bancaire a accru les recettes fiscales de près de 20 milliards de dollars, selon des

chiffres publiés en novembre par l’OCDE.C’est pourquoi notre groupe de travail estime que les pays doivent exiger des entreprises multinationales qu’elles déclarent, dans leurs rapports annuels certifiés et dans leurs déclarations fiscales, leur chiffre d’affaires, leurs bénéfices et leurs impôts acquittés dans toutes les juridictions. Nous estimons également nécessaire que les informations relatives à la propriété effective soient obligatoirement publiées, afin que les institutions financières puissent pleinement identifier les propriétaires effectifs ou les actionnaires majoritaires de toute entreprise, trust ou fondation cherchant à ouvrir un compte.

Alliée à des politiques budgétaires précises, la lutte contre les stratégies fiscales offensives peut être une arme puissante pour résorber la dette en Europe et aux États-Unis. Le Groupe d’étude sur l’intégrité financière et le développement économique compte sur l’OCDE pour mener le combat contre les failles du système afin de s’extirper d’une faille encore plus profonde.

*Global Financial Integrity est membre du Groupe d’étude sur l’intégrité financière et le développement économique

RéférencesGurría, Angel (2011) « Challenges in designing competitive tax systems », Allocution, 30 juin, voir www.oecd.org/discours

Owens, Jeffrey (2011), « Pionniers contre la fraude fiscale », L’Annuel de l’OCDE 2011, disponible sur www.observateurocde.org

Owens, Jeffrey (2011), « Options for financial sector taxation following the crisis », Allocution, 28 mars, voir http://ec.europa.eu/taxation_customs/index_en.htm

Voir www.gfintegrity.org et www.financialtaskforce.org

Voir www.oecd.org/fiscalite

FISCALITÉ ET COHÉSIOn SOCIALE

La fermeté de l’OCDE et des dirigeants de ses pays membres à l’égard de l’évasion fiscale des entreprises va dans le bon sens

Jeffrey Owens, directeur et fondateur du Centre de Politique et d’Administration fiscales, a pris sa retraite en janvier 2012. Il a dirigé les travaux de l’OCDE sur l’évasion fiscale pendant plus de 30 ans.

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L’investissement de long terme est une priorité pour répondre aux mutations rapides en cours dans nos sociétés.

Relever les grands défis tels que la transition vers une économie sobre en carbone, le développement urbain durable ou la création et l’aménagement d’infrastructures porteuses de croissance, nécessite des ressources financières massives.

Les budgets nationaux étant, dans de nombreux pays, contraints par la crise financière et économique actuelle, il est indispensable d’adapter les cadres réglementaires afin d’encourager l’investissement à long terme et la coopération entre investisseurs de long terme.

Telle est la mission du Club des investisseurs de long terme (www.ltic.org).

Fondé en 2009, le Club a pour ambition de rassembler de grandes institutions financières – fonds souverains, fonds de pension et banques de développement, notamment – pour promouvoir leur identité commune d’investisseurs de long terme et faciliter leur coopération.

Le Club se compose actuellement de 14 grandes institutions financières issues, en particulier des pays du G20 et de l’OCDE, représentant un total de bilan de 3 200 milliards de dollars US.

Le Club participe activement aux débats, au niveau européen et au niveau international, sur les cadres réglementaires applicables aux investissements de long terme (Bâle III, IFRS, IASB, travaux de l’OCDE, etc.) et encourage la mise en œuvre de projets, parmi lesquels on citera la création de deux grands fonds d’investissement :

le fonds Marguerite, destiné à financer des investissements • stratégiques dans les domaines de l’énergie, du changement climatique et des infrastructures de transports dans les 27 États membres de l’UE ;

le fonds InfraMed Infrastructure, destiné à financer des projets • dans les transports, l’énergie et les infrastructures urbaines, sur les rives sud et est de la Méditerranée.

Ces fonds, qui ont déjà réalisé leurs premiers investissements, constituent les prototypes des instruments financiers associant investisseurs publics et privés sur des projets de long terme.

Voir www.ltic.org.

Podium

Le Club des investisseurs de long terme : une plate-forme mondiale de grands investisseurs

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InVESTISSEMEnT, ÉCHAnGES ET MOnDIALISATIOn

Investisseurs de long terme : trouver le bon modèleCarolyn Ervin, Directrice, direction des Affaires financières et des Entreprises, OCDE

Depuis la crise financière de 2008, les tensions qui s’exercent sur le secteur financier et sur les budgets des administrations publiques se traduisent par une contraction régulière de l’offre de capitaux à long terme. Cette situation a de profondes implications pour la croissance et la stabilité financière. Les décideurs politiques doivent agir.

Un rapport de l’OCDE intitulé Les infrastructures à l’horizon 2030 estime les besoins en infrastructures dans le monde à environ 50 000 milliards de dollars. De son côté, l’Agence internationale de l’énergie chiffre à environ 45 000 milliards de dollars, soit environ 1 000 milliards de dollars par an, le coût de l’atténuation du changement climatique et de l’adaptation à ses effets au cours des 40 ans à venir, c’est-à-dire d’ici à 2050.

La demande mondiale en capitaux à long terme va augmenter, non seulement pour aider les pays à sortir de la crise financière actuelle et à renforcer la croissance des économies matures, mais également pour financer les programmes d’infrastructures, d’innovation, d’éducation et d’environnement. Il faut agir pour répondre à cette demande et pallier la pénurie anticipée.

Les prêts bancaires, source traditionnelle de financement privé des infrastructures et des énergies renouvelables, subissent la double contrainte de la réduction de l’effet de levier

– consécutivement à la crise – et des nouvelles réglementations bancaires. Au cours du premier trimestre 2012, le volume mondial de financement de nouveaux projets, soit 64,6 milliards de dollars, était inférieur d’un tiers à celui de l’année précédente, et on estime qu’il devrait continuer à se contracter.

Les investisseurs institutionnels (fonds de pension, assurances, fonds communs de placement, fonds souverains) pourraient récupérer une partie de ce marché. Les principaux investisseurs institutionnels de l’OCDE (fonds de pension, assurances et fonds communs de placement) détiennent plus de 71 000 milliards de dollars d’actifs. Les fonds souverains sont les premiers investisseurs des pays émergents, avec plus de 4 000 milliards de dollars d’actifs. Ces institutions sont souvent considérées comme des investisseurs de long terme, mais ce n’est pas toujours le cas.

Il existe trois types d’investissement à long terme. Dans le cas des capitaux « patients », les investissements sont détenus sur de longues périodes, la rotation du portefeuille est faible, les stratégies sont moins procycliques et les actifs moins liquides. Il en résulte généralement des rendements nets supérieurs et une plus grande stabilité financière.

Les capitaux « engagés » encouragent un exercice actif du vote, qui favorise une meilleure gouvernance et une meilleure gestion des entreprises.

Enfin, les capitaux « productifs » soutiennent le développement des infrastructures, les initiatives de croissance verte, le financement des PME… favorisant ainsi une croissance durable.

Malgré leur contribution apparente à la stabilité financière (en absorbant les chocs en période de difficultés financières) et au développement des marchés de capitaux (en améliorant la liquidité du marché et l’accès aux financements), les investisseurs institutionnels sont souvent critiqués pour leur vision à court terme. En effet, les périodes de détention des actifs raccourcissent, et l’affectation des fonds vers des actifs moins liquides à long terme – comme les infrastructures et le capital-risque – diminuent, alors que leur affectation vers les fonds spéculatifs et les opérateurs spécialisés

dans le trading à haute fréquence augmente. On reproche également aux investisseurs institutionnels leur mentalité moutonnière, susceptible d’alimenter des bulles du prix des actifs, et leur tendance à ne pas participer à la gouvernance des entreprises dont ils sont actionnaires. On rappelle également leur silence lorsque les banques étaient au bord de la faillite et que les grands patrons s’octroyaient des rémunérations injustifiées. Pourquoi les investisseurs institutionnels ne réalisent-ils pas leur potentiel d’investissement à long terme ? Plusieurs obstacles complexes et interdépendants les en empêchent.

De plus en plus, les investisseurs institutionnels se concentrent d’un côté sur l’investissement passif, ou indiciel, de l’autre sur les investissements alternatifs (comme les fonds spéculatifs). La première option les dissuade d’exercer activement leur rôle d’actionnaire, la seconde met en œuvre des stratégies d’investissement à court terme et une rotation rapide des actifs.

Les mandats de gestion constituent un frein à l’investissement à long terme. Par exemple, les fonds de pension délèguent de plus en plus leur activité d’investissement à des consultants ou des gestionnaires d’actifs externes, sans toujours leur donner de directives ni même exercer une surveillance efficace. Ils confient des mandats et suivent les performances sur de courtes périodes, perturbant les priorités de la chaîne d’investissement. Certaines des activités courantes des investisseurs institutionnels favorisent indirectement le court terme, comme les prêts de titres ou l’investissement croissant dans des fonds indiciels négociables en bourse. Ils peuvent ainsi contribuer involontairement au déploiement d’opérations spéculatives sur les titres de leur propre portefeuille.

La réglementation peut également exacerber l’intérêt pour la performance à court terme, notamment lorsque les actifs et les passifs sont évalués au prix du marché. Par exemple, le recours aux prix du marché pour calculer les actifs et les engagements de retraite (notamment l’application de taux d’actualisation au comptant) et la mise en œuvre de normes quantitatives de capitalisation en fonction des risques, semblent

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avoir aggravé le caractère procyclique des investissements réalisés par les fonds de pension lors de la crise financière de 2008 dans certains pays.

Autre obstacle possible : l’absence d’opportunités d’investissement à long terme, et notamment de projets d’infrastructure, faute de programmes mis en œuvre par les pouvoirs publics, et faute de mécanismes de financement offrant aux investisseurs institutionnels le ratio risque/rendement recherché. Il est également possible que les investisseurs ne disposent pas des connaissances ou du périmètre nécessaires pour s’impliquer dans ces projets (c’est notamment le cas pour les petits fonds de pension).

Enfin, il se peut également que les conditions ne soient pas réunies du fait du manque de données ou d’analyses comparatives de ce type de projets.

Quel peut être le rôle des pouvoirs publics ? L’OCDE estime que les réformes politiques peuvent contribuer à inciter les investisseurs institutionnels à s’engager davantage sur le long terme.

L’amélioration du cadre réglementaire serait un pas dans la bonne direction. Il faudrait par exemple mettre au point des systèmes de gestion du risque prenant en compte les risques de long terme et les mandats à long terme ; il faudrait contrôler l’action des gestionnaires externes, supprimer les obstacles

réglementaires à l’investissement et corriger les potentielles incitations involontaires au court terme présentes dans les règles de solvabilité et de capitalisation.

Il faut également encourager l’actionnariat actif. Les gouvernements doivent d’abord s’assurer qu’aucune réglementation (immobilisation des actions, fiscalité, mesures anti-OPA, règles contre la coopération) n’empêche les investisseurs institutionnels de jouer pleinement leur rôle d’actionnaires. Ils peuvent ensuite prendre des mesures pratiques (vote électronique) ou

contraignantes (obligation pour l’investisseur de communiquer son vote ou sa politique en matière de vote, de gouvernance et de conflits d’intérêts).

Il existe également d’autres incitations envisageables, comme l’octroi de droits de vote multiples aux investisseurs de long terme. Le poids d’une forte implication peut être allégé, notamment pour les petits investisseurs, en favorisant la coopération avec des groupes d’investisseurs, des fonds activistes ou des cabinets spécialisés dans le vote par procuration, sous réserve que des garde-fous adaptés soient prévus.

Il faut aussi informer les investisseurs institutionnels sur ce que l’on attend d’eux. Les autorités financières ont un rôle à jouer pour « orienter » les institutions financières vers l’investissement actif à long terme.

L’élaboration d’un cadre politique favorable est cruciale. Les décideurs politiques devraient également aider les investisseurs à gérer les risques à long terme, notamment en favorisant la mise au point d’indices fiables et transparents. L’État pourrait ainsi émettre des obligations à long terme indexées sur l’inflation. Un cadre bien structuré pour les partenariats public-privé serait également précieux, les gouvernements évaluant les « bonnes » opportunités d’investissement avec les investisseurs institutionnels.

Après avoir vanté les mérites de l’investissement de long terme, il convient de rappeler que le financement de court terme joue également un rôle important dans nos systèmes de financement. De fait, les investisseurs « de court terme » (fonds spéculatifs notamment) ont souvent parié « juste » en misant sur l’effondrement des marchés des titres adossés à des créances hypothécaires, qui a déclenché les crises financière et économique. Il nous faut un système financier plus équilibré, incitant les investisseurs à appliquer le modèle le plus productif.

Références Della Croce, R., Stewart, F., Yermo, J., (2011), « Promoting Longer-term Investment by Institutional Investors: Selected Issues and Policies », OECD Journal: Financial Market Trends, Volume 201, n° 1.

Della Croce, R. (2011), « Pension Funds Investment in Infrastructure: Policy Actions », OECD Working Papers on Finance, Insurance and Private Pensions, n° 13, Éditions OCDE.

Della Croce, R., C. Kaminker et F. Stewart (2011), « The Role of Pension Funds in Financing Green Growth Initiatives », OECD Working Papers on Finance, Insurance and Private Pensions, n° 10, Éditions OCDE.

OCDE (2011), The Role of Institutional Investors in Promoting Good Corporate Governance, Corporate Governance, Éditions OCDE.

OCDE, (2010), « Pension Funds Investment in Infrastructure: A Survey », International Futures Programme, Project on Strategic Transport Infrastructure to 2030.

La demande mondiale en capitaux à long terme va augmenter

Investisseurs institutionnelsPart relative et total des actifs par type, milliards USD, 1995-2010

Fonds d’investissement

Autres*

Compagnies d’assurance

Fonds de pension

En milliards USD

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70 000

60 000

50 000

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20 000

10 000

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* Les autres formes d’épargne institutionnelle comprennent les fondations et fonds de dotation, les placements bancaires hors fonds de pension, les partenariats d’investissement privé et les autres types d’investisseurs institutionnels.

Sources : OECD Global Pension Statistics and Institutional Investors databases, et estimations de l’OCDE

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Le commerce mondial évolue, et les responsables politiques doivent aussi revoir leur façon de l’aborder, selon Pascal Lamy. Explication. L’Observateur de l’OCDE : La crise économique et financière des dernières années a conduit les dirigeants mondiaux, l’OCDE et d’autres organisations internationales, à préconiser de nouveaux modèles de croissance et à mettre en garde contre un retour aux pratiques antérieures. Vous avez également exhorté au changement en déclarant que « les solutions d’hier ne peuvent pas être appliquées aux problèmes d’aujourd’hui ». Quelles sont, selon vous, les mesures qui ne peuvent plus s’appliquer au commerce mondial ?

Nous ne pouvons plus envisager le commerce mondial dans les mêmes termes qu’il y a 20 ans tant il a changé. Les filières de production sont désormais mondialisées, et les étapes de fabrication réparties dans plusieurs pays. Le commerce mondial ne consiste plus exclusivement en échanges de produits finis, comme dans la théorie de David Ricardo, mais de plus en plus en échanges des biens intermédiaires. Le contenu en importations des exportations a

doublé en 20 ans (passant de 20 % à 40 % en moyenne). Le protectionnisme au sens classique, c’est-à-dire la hausse des droits de douane ou les restrictions quantitatives à l’importation, n’assure plus de protection : dans le monde d’aujourd’hui, taxer les importations revient à taxer les exportations, et nuit par conséquent à la compétitivité. En d’autres termes, les recettes traditionnelles du protectionnisme ne font plus l’affaire ; elles ne nous sortiront pas de la crise, au contraire.

Ce qui nous protège véritablement, à mon avis, c’est la qualité des politiques économiques et des systèmes de sécurité sociale. Prenons l’Europe : elle dispose d’une politique commerciale commune, mais les

politiques sociales diffèrent d’un pays à l’autre. La différence de compétitivité entre la France et l’Allemagne, par exemple, vient en grande partie des différences de conception et d’application des politiques économiques et sociales. Dans la société mondialisée d’aujourd’hui, et dans un contexte de crise

financière et économique, les politiques sociales sont plus importantes que jamais. Elles sont la clé de la compétitivité et d’une croissance durable.

L’OMC est traditionnellement favorable à l’ouverture des échanges et opposée au protectionnisme. Ces positions ont-elles évolué du fait de la crise ou des effets dela mondialisation ?

Oui, elles ont beaucoup évolué. Je viens de mentionner les profonds bouleversements qui ont marqué le commerce mondial au cours des dernières décennies, et leurs conséquences sur le protectionnisme. La hausse des droits de douane ne protège

plus ; le véritable protectionnisme consiste à mettre en place les politiques sociales et économiques justes pour accompagner ceux qui sont touchés par la mondialisation.

L’ouverture des échanges a pris la forme de réductions tarifaires pendant des décennies. En 1947, avant la mise en place du GATT, les droits de douane moyens variaient entre 20 et 30 % dans le monde industrialisé. Huit cycles successifs de négociations commerciales ont permis de ramener à 4 % les taux NPF* moyens sur les importations de produits manufacturés. Cette baisse a modifié la nature des obstacles aux échanges.

À bien des égards, les obstacles non tarifaires sont aujourd’hui plus importants que les droits de douane. C’est sur eux que nous devons maintenant nous concentrer ; ce sera d’ailleurs le thème du rapport de l’OMC sur le commerce mondial en 2012. Cette évolution influe sur les modalités de l’ouverture des échanges.

Ouverture ne signifie pas déréglementation ; il s’agit d’ouvrir les échanges à l’intérieur d’un cadre de règles mondiales. La crise actuelle a montré que pour tirer parti de la mondialisation, des réglementations sont nécessaires. Quelle est la meilleure solution ? Les accords commerciaux régionaux et

Un nouveau scénario pour le commerce mondialEntretien avec Pascal Lamy, Directeur général, Organisation mondiale du commerce

Ce qui nous protège véritablement, c’est la qualité des politiques économiques et des systèmes de sécurité sociale

La crise actuelle a montré que pour tirer parti de la mondialisation, des réglementations sont nécessaires

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bilatéraux influent positivement sur l’ouverture des échanges en abaissant les droits de douane, mais ils multiplient les cadres réglementaires. Ils ne sont donc sans doute pas idéaux pour résoudre les questions de réglementation, car ils peuvent engendrer des disparités aux effets coûteux pour les entreprises. Compte tenu de l’évolution permanente des obstacles aux échanges et des chaînes de production mondiales, les accords multilatéraux sont, à l’heure actuelle, les meilleurs instruments de l’ouverture des échanges.

Vous avez récemment constitué un groupe de réflexion chargé de définir les défis commerciaux du XXIe siècle. Pourquoi cette initiative et qu’en attendez-vous ?

Le commerce et les obstacles aux échanges ayant complètement changé de nature au cours des dernières décennies, il nous faut un nouveau scénario. Nous devons analyser ces changements pour déterminer quels sont les obstacles réels aux échanges dans le contexte mondialisé actuel, et comment y faire face au mieux. J’ai décidé de nommer ce groupe de réflexion pour examiner les nouveaux défis auxquels sont confrontés le commerce mondial et l’OMC, évaluer les tendances à moyen et à long terme des relations commerciales multilatérales et réfléchir aux orientations futures de l’OMC. Ce groupe – où sont largement représentés les entreprises, la société civile et d’importants partenaires du commerce mondial – est chargé de recenser les obstacles aux échanges actuels et futurs, et les solutions possibles pour le système commercial multilatéral. Il étudiera la contribution des échanges au développement, et les mesures à prendre pour que le système commercial continue à soutenir la croissance, la création d’emploi, la réduction de la pauvreté et l’amélioration du niveau de vie.

*NPF : clause de la « nation la plus favorisée ».

Voir www.wto.org et www.oecd.org/echanges

Grandeur et misères des échangesAu IIIe siècle, l’Empire romain a été frappé par une crise financière majeure entraînant un effondrement des échanges et une contraction de l’économie. Ses effets auraient duré plusieurs siècles et auraient même eu des répercussions jusqu’au Moyen âge. Par exemple, les villes fortifiées remplacèrent les grandes cités ouvertes, tandis que les biens manufacturés furent produits sur le domaine des seigneurs au lieu d’être achetés auprès des spécialistes. C’est une leçon que nous ne devons pas oublier : la mondialisation n’est pas un processus linéaire, elle peut s’arrêter et même faire machine arrière. Autre leçon à retenir, les échanges ont tendance à être influencés par des facteurs non commerciaux – tels que les dépenses militaires et l’inflation dans le cas de Rome – et non l’inverse.

Les époques suivantes présentent également des similitudes avec la nôtre. L’Europe médiévale a connu un boom économique tiré par la consommation qui, à travers les innovations touchant la comptabilité et d’autres services, influence aujourd’hui encore la façon de mener les échanges. À nos yeux, la division internationale du travail et la délocalisation des services marchands caractérisent l’économie moderne. Pourtant, dès l’an 1200, les activités des grandes familles de commerçants italiens s’étaient développées à une échelle telle que la spécialisation des services marchands était devenue le moyen le plus efficace de négocier et de gérer les marchés. Les marchands eux-mêmes ne voyageaient plus, mais se fiaient à des agents et à des convoyeurs pour le transport de leurs marchandises. Ils avaient également mis au point de nouvelles méthodes de comptabilité et, dès le milieu du XIVe siècle, souscrivaient des contrats d’assurance.

La demande de biens de consommation – surtout des produits de luxe comme la soie ou le thé en provenance d’Orient – n’a pas uniquement stimulé les échanges. Les centres urbains ont également commencé à prospérer, et l’industrie locale s’est mise à

produire à la fois des biens de luxe pour les nantis et des objets plus courants destinés à la population urbaine en croissance rapide. D’où l’augmentation de la demande de matières premières, ainsi que de la demande de nourriture pour les citadins. Si la route de la soie est la plus connue des routes commerciales de l’ère préindustrielle, d’autres produits, que les populations urbaines ne pouvaient pas produire elles-mêmes, comme les céréales, le sel ou les épices, commencèrent également à être échangés en quantités importantes.

Les échanges favorisèrent la diffusion non seulement des biens matériels, mais aussi de nouvelles façons de faire les choses (des innovations organisationnelles comme nous les appellerions aujourd’hui) et de nouvelles connaissances sur la façon de faire les choses (diffusion de la technologie), mais le rythme du changement restait lent. Il fallut plusieurs siècles avant que le capitalisme industriel remplace l’organisation socio-économique médiévale, fondée sur la propriété héréditaire des terres et la richesse agricole.

Extrait du Commerce international : libre, équitable et ouvert ?, Collection Les Essentiels de l’OCDE, 223 pages, Paris 2009

Voir www.oecd.org/echanges

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La mondialisation et la résilience d’une ville

InVESTISSEMEnT, ÉCHAnGES ET MOnDIALISATIOn

Wolfgang Michalski, auteur et ancien Directeur à l’OCDE

La mondialisation a toujours été un processus de changements importants et souvent inattendus, ainsi que de transferts de pouvoir, et cela se reflète dans l’essor et le déclin des grandes villes. Quelles leçons pouvons-nous en tirer pour l’avenir ?

Aujourd’hui plus que jamais, le monde se caractérise par des transformations de plus en plus rapides et profondes, des interconnexions sans limites et des interdépendances omniprésentes. En résultent une complexité sans précédent, une incertitude croissante et une perte de confiance aiguë en l’avenir. La seule véritable constante semble être le changement perpétuel. Mais, chose importante, comme par le passé, ce monde de plus en plus globalisé n’introduit pas seulement de nouveaux risques et menaces, mais il offre également tout un ensemble de nouvelles opportunités.

Pour tirer parti de cet environnement en mutation permanente, il n’est d’autre choix que d’accepter les défis nouveaux et de s’impliquer pleinement pour façonner le changement ; lorsque cela n’est pas possible, il faut alors se montrer suffisamment flexible et innovant pour s’adapter aux nouvelles circonstances. Du point de vue des décideurs, cette posture

s’applique aux pays, aux régions et aux villes. La mondialisation n’est pas un phénomène propre à l’époque moderne. On peut distinguer au moins six périodes de mondialisation différentes au cours des deux ou trois derniers millénaires. La première période, correspondant à une vision eurocentrée, s’étend de l’âge d’or d’Athènes, sous le règne de Périclès au Ve siècle avant J.C., à la fin de l’empire romain après le IVe siècle après J.C. La deuxième période est celle de l’apogée de Venise dans la région de la Méditerranée, et de la Ligue hanséatique au nord et au nord ouest de l’Europe, à la fin du Moyen Âge. La troisième période correspond au début de l’ère coloniale, qui commence avec les Grandes Découvertes portugaises et espagnoles et s’achève avec la domination maritime néerlandaise.

La quatrième période correspond à la mondialisation à grande échelle, marquée par des rivalités intra-européennes intenses et par l’essor géopolitique, économique et militaire ininterrompu de l’Angleterre, à partir du milieu du XVIIIe siècle. La cinquième période s’établit pendant la première moitié du XXe siècle avec la mondialisation de la guerre, puis entre les deux guerres avec un boom illusoire dans les années 1920, suivi de la Grande Dépression au début des années 1930. Enfin la sixième période, dont nous sommes peut-être en train de connaître la fin, correspond à une période d’offensive menée par les États-Unis pour parvenir à la croissance et à la prospérité économiques, au moins dans les régions du monde qui, pour une raison ou une autre, en sont devenues partie intégrante.

Chacune de ces six périodes du processus de mondialisation se caractérise par un élargissement et une intensification des échanges internationaux, et par une interdépendance économique accrue impliquant des conséquences économiques et sociales d’ampleur, d’intensité et de complexité croissantes. En outre, ces périodes ont toutes été marquées par un déplacement des centres économiques et financiers de l’économie mondiale.

Dans l’Antiquité, c’étaient Athènes puis Rome qui dominaient l’économie mondiale. Quelque 700 ans plus tard, l’apogée des villes-républiques du nord de l’Italie fut

consacrée. Après que Venise se fut imposée devant Gênes en 1380, la ville lagunaire devint le centre économique de la région de la Méditerranée et, de loin, la ville la plus riche du monde d’alors. Contrairement à ce modèle hégémonique du sud, les évolutions sur le pourtour de la Baltique et de la mer du Nord prirent une configuration multipolaire autour d’une soixantaine de villes clés, dont Lübeck, Hambourg et Bruges étaient les plus importantes.

Le succès des expéditions portugaises et espagnoles, aux XVe et XVIe siècles, ont non seulement conduit à l’élargissement de la zone d’influence de l’Europe et à l’expansion du commerce vers les Amériques et l’Asie, mais aussi au déplacement du centre de gravité géographique des relations économiques internationales de la mer Méditerranée et de la Baltique vers l’Atlantique. Le port flamand d’Anvers est alors devenu le centre économique et financier de l’économie mondiale pendant environ 60 ans, avant de céder brièvement la place à Gênes, puis surtout à Amsterdam à partir du milieu du XVIIe siècle.

Si l’on peut dire que le XVIIe siècle a été le siècle des Pays-Bas, le XIXe siècle a été celui de l’Angleterre. Sa supériorité maritime, sa domination industrielle et technologique et ses possessions outre mer considérables ont fait de la Grande Bretagne la première superpuissance des temps modernes, et de Londres le cœur de l’économie mondiale. Mais, à l’aube de la première guerre mondiale, et davantage encore pendant la seconde, ce centre se déplaça à nouveau, New York détrônant Londres. Les États-Unis dominèrent la finance mondiale mais aussi l’industrie. Ce pays autrefois très protectionniste se sentit dès lors suffisamment fort pour imposer un nouvel ordre économique mondial, fondé sur la liberté des échanges commerciaux multilatéraux et sur un système monétaire international ancré sur le dollar.

L’ampleur de la participation au processus de mondialisation, et la répartition des coûts et bénéfices associés, ont toujours été inégaux. L’Histoire indique que les villes dynamiques et innovantes, en particulier les ports de commerce et les places financières, en ont toujours davantage profité que les campagnes. Concernant les villes, mais également les pays et les régions, ce sont toujours les mêmes

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facteurs qui distinguent les gagnants des perdants.

Les gagnants disposent généralement de structures gouvernementales et administratives solides, d’un cadre légal et réglementaire fiable, de fortes dynamiques économiques et sociales, d’une main-d’œuvre instruite et disciplinée, d’une monnaie plus ou moins stable et, dans le cas de pays hégémoniques, d’une puissance politique et militaire. À ces caractéristiques générales viennent toujours s’ajouter une série de politiques économiques et sociales spécifiques qui stimulent la croissance économique et la création de richesse. Ce sont notamment des politiques d’établissement et d’immigration, un soutien aux universités et aux instituts de recherche, sans oublier l’existence d’un environnement créatif, intellectuel et culturel riche.

Outre les guerres et conflits tribaux, les perdants cumulent globalement toujours les mêmes facteurs d’échec : un gouvernement corrompu ; une société percevant le changement comme une menace plutôt qu’une chance ; une inertie économique et sociale entravant l’adaptation au changement politique, économique ou technologique ; des politiques intérieures ne tenant pas suffisamment compte des interdépendances économiques internationales ; la continuation de politiques qui ont été couronnées de succès par le passé mais ne sont plus adaptées ; des infrastructures matériellement et socialement inappropriées ; une situation médiocre en termes d’éducation et de santé ; et enfin, une crise financière majeure ou de graves troubles sociaux.

Athènes ne s’est jamais remise des guerres du Péloponnèse. La chute de Rome, outre les problèmes aux frontières, a été causée par sa gouvernance inadaptée, sa corruption endémique et son instabilité sociale. Bien avant que la guerre ne l’affecte, Venise a connu un déclin économique à cause d’une régulation excessive du commerce des épices et de la production textile, et parce qu’elle avait ignoré les interdépendances économiques internationales. Lübeck et Anvers ont perdu de leur importance parce qu’elles n’ont pas su s’adapter au changement économique et technologique. Gênes et Amsterdam illustrent l’effet désastreux d’une série de crises financières graves.

Londres est l’une des rares villes au monde à avoir tiré profit de la mondialisation au fil des siècles. Mais son influence a diminué suite aux deux guerres mondiales, et à la perte de son influence géopolitique et militaire engendrée par la fin de l’empire britannique, au sein duquel la société était devenue de plus en plus rigide et conservatrice. Quant à New York, la question est de savoir si,

après la très récente crise économique et financière mondiale (la troisième que cette ville ait générée après celles de 1857 et 1930), les déplacements continus des structures de pouvoir de l’économie mondiale mettront un jour fin à sa domination.

Un autre exemple moins connu de ville ayant prospéré de façon ininterrompue pendant près d’un millénaire, en tirant profit du processus de mondialisation, est celui de Hambourg, qui est aujourd’hui un véritable moteur du succès économique de l’Allemagne. Hambourg a été une plaque tournante du commerce entre les régions de la mer du Nord et de la Baltique pendant un millénaire. Vers 1320, elle est devenue le centre de la production européenne de bière, exportant vers la Russie, les Pays-Bas, l’Angleterre et même le Portugal. Elle dominait le commerce européen du textile et est devenue une porte d’entrée sur l’Europe centrale et orientale. Au XVIIe siècle, elle s’est imposée comme le centre de l’industrie sucrière européenne et, à la fin du XIXe siècle, la ville était devenue la principale place commerciale et financière du continent européen, et le troisième port maritime au niveau mondial après Londres et New York.

Aujourd’hui, Hambourg est la ville la plus importante (hors capitales) de l’Union européenne et de la Zone économique européenne, à la fois par sa population et par son PIB. Malgré la perte de la construction navale et de l’industrie pétrolière, elle reste la première ville industrielle et le premier centre commercial d’Europe du Nord, Allemagne

La mondialisation n’est pas un phénomène propre à l’époque moderne, et ce sont toujours les mêmes facteurs qui distinguent les gagnants des perdants

comprise. En termes d’activité économique, elle occupe la troisième place mondiale pour la production et la maintenance d’aéronefs civils. Avec Rotterdam, elle exploite l’un des deux principaux ports de conteneurs d’Europe. Elle possède le plus grand haut fourneau d’Europe pour le cuivre, et est à la pointe des nouvelles technologies en matière d’énergie. De plus, en dépit de toutes ces activités industrielles, la ville reste agréable à vivre, connaissant des résultats élevés dans les classements sur la qualité de la vie.

L’exemple de Hambourg révèle quatre enseignements utiles à tous les décideurs. Tout d’abord, il montre que même une localité secondaire dépourvue de pouvoir géopolitique ou militaire peut massivement bénéficier du processus de mondialisation sur le long terme. Ensuite, il montre à quel point l’adaptation permanente des structures économiques et sociales est fondamentale pour faire partie des gagnants de la mondialisation. L’exemple de Hambourg illustre également le fait que le succès à long terme, dans un environnement mondialisé, requiert la mise en œuvre d’une série de politiques qui, en plus de fournir un climat économique et social général propice à l’investissement innovant et à la prise de risque, adhère à l’ouverture et à la concurrence internationales. Enfin, cet exemple signale que les décideurs peuvent rendre les processus de marché compatibles avec les objectifs politiques fondamentaux, sans entraver durablement le fonctionnement des marchés ni l’activité entrepreneuriale.

Nous vivons une époque incertaine, et les tendances passées se révèlent beaucoup moins fiables qu’auparavant pour indiquer la voie à suivre. Les solutions anciennes, les procédures classiques et les stratégies qui ont si bien fonctionné par le passé, dans la seconde moitié du XXe siècle, ne constituent plus aujourd’hui des remèdes viables.

RéférenceMichalski, Wolfgang (2011), Capitalising on Change in a Globalising World: A View from Hamburg, Murmann-Verlag, Hamburg.

Page 65: L'Observateur de l'OCDE n° 290-291 T1-T2 2012

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L’Observateur de l’OCDE N° 290-291, T1-T2 2012 65

Depuis deux ans, la zone euro est au centre de la tourmente financière mondiale, et certains observateurs commencent à se demander si elle survivra à ces turbulences. La dernière Étude économique de l’OCDE sur la zone euro indique comment faire en sorte que la courageurse entreprise d’intégration économique européenne fonctionne.

La crise actuelle de la dette souveraine au sein de zone euro est en gestation depuis plus de dix ans. La stratégie d’uniformisation des taux d’intérêt n’a pas permis de stabiliser les économies de l’union monétaire, très hétérogènes. Pendant que certaines économies rattrapaient leur retard de croissance à un rythme parfois spectaculaire et ouvraient leurs marchés financiers, d’autres connaissaient une croissance lente. L’Allemagne, qui représente près d’un quart du PIB de la zone euro, a absorbé la fin du boom engendré par les reconstructions induites par la réunification, et a entrepris d’ambitieuses réformes. Elle a exporté et investi à l’étranger, tout en épargnant chez elle. Cette dichotomie entre pays à croissance lente et pays à croissance rapide, et entre épargnants et emprunteurs, a généré

Faire fonctionner la zone euro

DOSSIER SPÉCIAL EURO

Sebastian Barnes, département des Affaires économiques de l’OCDE

d’importants déséquilibres économiques : entre 2002 et 2007, le solde moyen des opérations courantes représentait plus de 5 % du PIB en valeur absolue, un chiffre colossal comparé aux décennies précédentes.

L’ampleur des déséquilibres d’avant la crise résulte de bien autre chose que d’une simple uniformisation de la politique monétaire. L’un des problèmes a été que les gouvernements nationaux ont trop souvent failli aux obligations découlant de leur adhésion à l’union monétaire. Or, en l’absence de politique monétaire nationale – du ressort de la Banque centrale européenne – il est d’autant plus important

que les autres politiques publiques soient correctement menées au niveau national. Certains pays ont au contraire choisi d’entretenir leurs déficits budgétaires pendant les années de surchauffe économique – ce que l’on appelle des politiques procycliques – sans prévoir de marge de manœuvre budgétaire

suffisante pour la phase de repli. De plus, un pays membre d’une union monétaire doit faire preuve de flexibilité et veiller à l’alignement des salaires sur la productivité. Dans de trop nombreux cas, les réformes nécessaires de la réglementation des marchés et des institutions du marché du travail, préconisées à plusieurs reprises par l’OCDE et d’autres instances, n’ont tout simplement pas été menées.

La prise de risque inconsidérée, le laxisme des conditions de prêt et la faiblesse de la réglementation financière se sont greffés à la frénésie de crédit et à l’accumulation de la dette à mesure que les capitaux affluaient vers les pays à croissance rapide. Sans union monétaire, on aurait pu jouer sur les taux de change ou les taux d’intérêt, mais pas dans le cadre d’une monnaie unique. Le niveau trop faible des taux d’intérêt réels dans des pays comme l’Irlande et l’Espagne a gonflé l’endettement du secteur privé et entraîné une ruée sur l’immobilier. Les prêts bancaires de pays à fort taux d’épargne, comme l’Allemagne ou la France, ont été dirigés vers des économies très vite en surchauffe. Dans le même temps, les marchés financiers, euphoriques, ont sous-estimé le prix de la dette souveraine en prêtant à la Grèce à des taux à peine supérieurs à ceux de la dette publique allemande. Mais en dépit d’une convergence en apparence réussie, l’union monétaire dissimulait des failles structurelles, vite apparues au grand jour lors de l’éclatement de la crise financière en 2008.

Avec la crise de la dette souveraine, ces erreurs coûtent maintenant cher aux pays de la zone euro. La croissance est en panne et la zone euro fera sans doute moins bien que d’autres grandes économies. Les pays débiteurs ont payé le tribut le plus lourd. La Grèce, l’Irlande, le Portugal et l’Espagne, malgré leurs grandes différences, ont tous connu une baisse d’activité sévère, et le chômage y atteint des sommets – frôlant même 50 % chez les jeunes en Espagne par exemple. Les prêts et emprunts excessifs du secteur privé ont provoqué des crises financières et largement ponctionné les finances publiques. D’un niveau très faible, le ratio dette/PIB de l’Irlande est passé bien au-delà de 100 % du PIB en quelques années seulement, lorsque le déficit s’est creusé et que les pouvoirs publics ont voulu soutenir le secteur financier, réclamant l’aide financière de l’UE et du FMI. Le rééquilibrage des

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Les leçons de la crise ont été tirées et d’importantes évolutions sont en cours

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économies de la zone euro et le retour de la croissance seront des tâches ardues, qui prendront des années

Pour sortir de la crise, l’Europe doit agir rapidement pour résorber une accumulation sous-jacente de déséquilibres et d’endettements excessifs. Il faut mettre en place un « pare-feu » crédible contre la crise de la dette souveraine, et soutenir le plus possible la demande. Parallèlement, il faut remettre les finances publiques sur les rails, puis assainir et consolider le bilan des banques. Mais surtout, des réformes structurelles ambitieuses sont nécessaires pour stimuler les perspectives de croissance, améliorer la viabilité de la dette et renforcer la cohésion de la zone euro. La leçon de cette première décennie d’union monétaire est claire : pour que l’union monétaire réalise sa finalité, des changements majeurs s’imposent. Les politiques économiques et financières doivent être plus efficaces qu’elles ne l’ont été ces dix dernières années pour instaurer une croissance durable et une stabilité financière.

La crise a poussé les responsables politiques d’Europe et d’ailleurs à agir. Les leçons de la crise ont été tirées, et d’importantes évolutions sont à l’œuvre au niveau européen et dans chaque pays. Nombre de ces changements auraient paru inimaginables avant la crise. Le mécanisme européen de stabilité (MES), fonds permanent de gestion de crise, opérationnel en juillet 2012, est emblématique à cet égard. Doté d’une capacité de prêt atteignant 500 milliards d’euros (près de 5 % du PIB de la zone euro), il constitue un rempart nécessaire pour que les pays solvables puissent se financer même en cas d’attaque des marchés à leur égard.

Grâce à la mise en place d’un vaste arsenal législatif – le « six pack » – portant sur des questions budgétaires et macroéconomiques, et d’un nouveau traité articulé autour d’un « pacte budgétaire » conçu pour préserver la bonne santé des budgets nationaux, les règles régissant la zone euro sont désormais plus strictes. À terme, ces mesures doivent permettre, par une surveillance renforcée, d’éviter l’accumulation de nouveaux déséquilibres, y compris l’endettement du secteur privé, et d’inciter les pays à réagir. Mais la première priorité est de renforcer les institutions budgétaires européennes et nationales. Ce renforcement est nécessaire

pour améliorer la gestion budgétaire, mais aussi pour que les fonds du nouveau mécanisme de secours n’affaiblissent pas les efforts de discipline budgétaire. Maintenant que ces nouvelles mesures cruciales existent, la principale difficulté réside dans leur mise

en oeuvre. Il faut en finir avec l’incapacité récurrente de certains pays – dont la France et l’Allemagne – à appliquer la réglementation.

Il y a également lieu de remédier aux lacunes de la surveillance financière, qui ont alimenté les déséquilibres. L’Europe participe à la révision internationale de son édifice réglementaire. Elle a pris des mesures pour améliorer la surveillance transfrontalière en créant des « super-gendarmes » chargés de coordonner la surveillance des banques, des assurances et des marchés de valeurs mobilières dans toute l’UE. Il existe maintenant un Conseil européen du risque systémique (CERS), qui examine les risques macroprudentiels. Cependant, certaines questions cruciales ont peu progressé. Les liens étroits entre les banques nationales et les gouvernements se sont révélés dangereux pendant la crise. Pour les banques en difficulté, il convient de remédier à l’absence de mécanismes de

résolution efficaces, notamment au niveau transfrontalier.

En définitive, la meilleure protection contre le risque de résurgence de la crise actuelle consiste fondamentalement à assainir les économies et le système financier de l’Europe. Le renforcement du contrôle et de la surveillance ne pourra pas grand-chose face à une économie sujette à l’instabilité. Pour gagner en stabilité au sein de la zone euro, les économies nationales doivent être plus adaptables. Les institutions du marché du travail doivent veiller au maintien de l’alignement des salaires sur la productivité. Les incitations fiscales qui favorisent les bulles immobilières doivent être supprimées, et les règles d’urbanisme revues. Le système bancaire doit être plus intégré et plus diversifié.

La zone euro peut fonctionner sur le plan économique. Les responsables politiques européens ont pris certaines mesures importantes, mais il faudra davantage de temps et d’efforts pour surmonter la crise de la dette souveraine et veiller à empêcher l’accumulation de nouveaux déséquilibres excessifs à terme. L’union monétaire peut fonctionner, mais il faudra prendre des décisions politiques courageuses.

RéférencesOCDE (2012), Étude économique 2012 : Zone euro, Paris

Voir www.oecd.org/ue

L’union monétaire peut fonctionner, mais il faudra prendre des décisions politiques courageuses

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Dette brute (axe de gauche)

Source : Études économiques de l’OCDE : Zone euro 2012 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932590684

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L’Observateur de l’OCDE N° 290-291, T1-T2 2012 67

L’euro : un choix stratégique

DOSSIER SPÉCIAL EURO

Jan Vincent Rostowski, Ministre des Finances de la Pologne

La Pologne n’est pas encore membre de la zone euro, mais elle suit l’évolution de la situation de l’euro avec beaucoup d’intérêt.

Du point de vue de la Pologne, il y a deux questions majeures : premièrement, la crise de la zone euro, ses causes, ses effets et ses implications sur une croissance durable ; et deuxièmement, l’impact de cette crise sur la Pologne et sur son projet d’adopter la monnaie unique.

Si l’économie mondiale montre les signes d’une amélioration progressive, la reprise reste fragile et vulnérable aux risques liés à la crise de l’euro. Cette crise est imputable tant à l’action des pouvoirs publics qu’à un facteur plus fondamental : la structure même de l’union monétaire.

Politique budgétaire expansionniste, mésestimation du risque, et faiblesse des politiques et des cadres prudentiels ont tous contribué à l’accumulation, avant 2008, d’une dette privée et publique excessive, dans plusieurs pays de la zone euro. Ces économies sont aujourd’hui en proie à une fragilité budgétaire caractérisée par d’importants déficits et/ou une lourde charge de la dette. Cette fragilité est en partie responsable de la propagation de la tension qui a gagné les

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systèmes bancaires européens en raison de leur forte exposition au risque de défaut souverain. À cela s’ajoutent des faiblesses substantielles, structurelles et institutionnelles. Plusieurs pays – essentiellement les économies dites « périphériques » – sont structurellement exposés aux déficits extérieurs en raison de l’érosion continue de leur compétitivité relative. Le fonctionnement des marchés de produits et de facteurs de production demeure problématique, entravant une réaffectation pourtant nécessaire des ressources – davantage au profit des industries à l’export.

Les responsables politiques ont déjà progressé dans leur manière de réagir face à la crise, tant au niveau national qu’au niveau de la zone euro. Les pays bénéficiant d’une aide financière commencent à mettre en œuvre des programmes d’ajustement macroéconomique, notamment en assainissant leurs finances publiques. La capacité financière du FESF (Fonds européen de stabilité financière) a été renforcée, et la mise en place du MES (Mécanisme européen de stabilité) a progressé. Globalement, la capacité de prêt du FMI a augmenté. Des mesures essentielles ont par ailleurs été prises pour améliorer la

surveillance du secteur financier au sein de l’UE, et pour garantir la solidité du capital des banques. La réaction énergique de la BCE, notamment en lançant les LTRO (opérations de refinancement à long terme) et des mesures non conventionnelles, a été déterminante pour contenir la crise et empêcher de nouvelles contagions.

Question de calendrierIl n’en reste pas moins que plusieurs problèmes fondamentaux sous-jacents demeurent. La zone euro est confrontée à un double défi. Premièrement, il est vital de garantir son intégrité et d’écarter le risque d’une désintégration catastrophique de la monnaie unique, sous peine de faire fuir définitivement les investisseurs privés sans lesquels la zone ne peut renouer avec la croissance. Deuxièmement, la croissance économique, qui constitue la seule solution à

long terme face à un endettement excessif, doit être restaurée.

L’adoption de l’euro est un choix stratégique pour la Pologne, mais aucun calendrier ne peut être défini tant que la zone euro ne sera pas stabilisée. Nous en sommes conscients, l’euro représente des gains potentiels considérables pour la Pologne en termes de croissance, d’échanges, d’investissements et, évidemment, de niveau de vie. Mais pour en bénéficier, le pays doit se préparer correctement au passage à la monnaie unique, et mener des politiques économiques aptes à réduire le risque de volatilité accrue qui résulterait de la perte de sa souveraineté monétaire. Pour les futurs membres de la zone euro, la crise et le nouveau cadre de gouvernance économique (« six-pack » et « twin-pack ») modifient sérieusement l’importance relative des coûts et avantages associés à l’adhésion.

Forte d’une politique macroéconomique et d’un secteur financier sains, la Pologne a évité une croissance fondée sur le surendettement. C’est la seule économie de l’UE à ne pas être entrée en récession pendant la crise, grâce aux effets conjugués d’une politique budgétaire pertinente, aux ajustements structurels que le pays a su opérer suffisamment tôt, à une politique monétaire indépendante et à un système de taux de change flottant. La Pologne est aujourd’hui l’un des premiers pays de l’UE à voir son ratio dette/PIB s’améliorer, alors qu’il était déjà relativement bas. La Ligne de crédit modulable du FMI a efficacement soutenu la politique intérieure et les mesures structurelles de la Pologne, permettant en outre à son économie de continuer de résister aux chocs externes.

À travers son prêt bilatéral au FMI et son importante participation aux Nouveaux accords d’emprunt, la Pologne contribue à renforcer la sécurité financière à l’échelle mondiale. Sur le plan intérieur, le principal défi des responsables politiques demeure la poursuite de l’amélioration des finances publiques, en ramenant notamment le déficit public au-dessous de zéro d’ici à 2016.

Voir www.mf.gov.pl

Il est vital de garantir l’intégrité de la zone euro

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La crise de l’euro est-elle finie ?Thomas Mayer, Économiste en chef, Deutsche Bank

La nouvelle architecture de l’euro, qui doit entrer en vigueur dès juillet, est encore très imparfaite et les États en difficulté n’ont toujours pas prouvé leur capacité à se maintenir dans la zone euro, selon Thomas Mayer.

Le revirement n’aurait pu être plus spectaculaire. En novembre 2011, politiques et investisseurs craignaient l’implosion financière de l’Europe, les marchés semblant voués au blocage face à l’imminence d’une émission record des emprunteurs souverains et des banques de la zone euro, prévue au premier trimestre 2012. Quatre mois plus tard et après injection de quelque mille milliards d’euros de liquidités de la Banque centrale européenne (BCE), les mêmes affichaient une confiance débordante et

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cherchaient à nouveau des actifs risqués. La crise de l’euro est-elle réellement derrière nous ? Pouvons-nous espérer prochainement un retour au calme ? Rien n’est moins sûr.

Certes, nous avons considérablement amélioré le cadre institutionnel de l’Union

économique et monétaire (UEM). Début 2010, lorsque la Grèce a été exclue des marchés financiers, les dirigeants de la

zone euro se sont retrouvés complètement démunis et ont dû improviser des instruments et mécanismes de gestion de crise dans l’urgence. Deux ans plus tard, nous sommes en passe de finaliser un nouveau cadre de coordination et de surveillance des politiques budgétaires ainsi qu’un mécanisme permanent de gestion de crise.

Mais il n’est toujours pas certain que ce nouveau régime permette véritablement de prévenir ou de gérer les crises futures. En effet, pourquoi des États ayant bafoué le Pacte de stabilité et de croissance respecteraient-ils cette fois-ci les critères imposés par le paquet législatif sur la gouvernance économique (« six-pack ») et le nouveau pacte budgétaire intergouvernemental ?

Ces deux dernières années ont montré que la pression des marchés est le meilleur moyen de faire appliquer la discipline budgétaire et les réformes structurelles

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L’Observateur de l’OCDE N° 290-291, T1-T2 2012 69

DOSSIER SPÉCIAL EURO

Ces deux dernières années ont montré que la pression des marchés est le meilleur moyen de faire appliquer la discipline budgétaire et les réformes structurelles. Pourtant, le nouveau régime de gouvernance n’accorde quasiment aucun rôle aux marchés dans ce domaine. Au contraire, la restructuration de la dette grecque est considérée comme une mesure exceptionnelle à caractère unique, non comme un précédent pour traiter le cas d’un pays surendetté et insolvable.

Autre interrogation : où le Mécanisme européen de stabilité (MES), dispositif permanent de gestion de crise, trouvera-t-il les fonds nécessaires pour lutter contre une crise financière alors que c’est précisément cette crise qui provoque la paralysie de toutes les opérations de prêt sur tous les marchés ? Il semble que, par manque de confiance dans le bon fonctionnement des institutions de l’Union européenne (UE), la seule solution sensée, à savoir la création d’un fonds monétaire européen sur le modèle du Fonds

monétaire international (FMI), autorisé à emprunter directement, en dernier ressort, auprès de la Banque centrale, n’ait pas été retenue. De ce fait, le MES restera incomplet et devra s’en remettre au FMI comme ultime garde-fou en cas de tourmente financière. Reste à espérer pour l’Europe que les autres actionnaires du FMI tolèreront un rôle aussi systématique de l’institution dans l’architecture de l’UEM.

L’économie de la zone euro devrait être en récession cette année, les pays s’employant à réduire le déficit excessif de leur budget et de leur balance courante. Ils ne sortiront de la récession que lorsqu’ils parviendront à accroître leurs exportations et à limiter à la fois la demande intérieure et les importations. Les crises passées indiquent qu’il faudra pour cela déprécier les taux de change réels. Or, dans une union monétaire où le réalignement des taux de change nominaux est impossible, la dépréciation s’opère en jouant sur les prix relatifs. Cependant, malgré la récession, la Grèce, l’Italie, le Portugal et

l’Espagne conservaient, il y a peu encore, un taux de change effectif réel (basé sur les coûts salariaux unitaires relatifs) supérieur à celui affiché lors de leur entrée dans l’UEM (de +28 % pour l’Italie et +5 % pour le Portugal). Seule l’Irlande a pour l’instant réussi à ramener son taux de change réel à un niveau inférieur (d’environ 12 %) à celui affiché lors de son entrée dans l’UEM. La plupart des pays en difficulté devront donc continuer à réduire leurs coûts salariaux unitaires. Ils devront probablement pour cela baisser les salaires nominaux, puisque la contraction actuelle de l’économie pèse lourdement sur la productivité. Reste à savoir si la Grèce, pays le plus en difficulté et qui a déjà vécu trois ans de récession (son PIB réel a chuté de 13 %), sera en mesure de stabiliser son économie au sein de l’UEM.

Penser que la crise de l’euro est terminée serait une grave erreur : d’importants problèmes restent sans réponse. Les pays faisant actuellement l’objet de programmes d’ajustement interne et externe doivent avant tout renouer avec la croissance. S’ils n’y parviennent pas et s’ils sont trop petits pour que leur départ provoque l’éclatement de l’euro, ils pourraient être contraints de quitter l’UEM. Les grands pays incapables d’ajustement ne pourraient quitter l’UEM sans la faire imploser, et la BCE serait alors dans l’obligation de mener une politique monétaire inflationniste qui affaiblirait le taux de change de l’euro. La question d’une sortie de la monnaie unique se poserait alors probablement dans les pays privilégiant une monnaie forte. En définitive, le nouveau cadre de politique budgétaire et le mécanisme de gestion de crise échoueront très certainement à la première épreuve et devront être affinés. Par conséquent, à moins que la crise ne cesse soudainement, l’incertitude quant à la survie à long terme de l’euro restera d’actualité pendant encore un moment. Il est peu probable que l’euro disparaisse, mais le périmètre de la zone euro pourrait évoluer, et l’euro passer d’un statut de monnaie forte à monnaie faible.

Références

Voir www.db.com

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles de l’OCDE ou de ses pays membres.

La plupart des pays en difficulté devront continuer à réduire leurs coûts salariaux unitaires

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Les dirigeants européens devraient cibler en priorité la croissance et non plus l’austérité, en particulier pour lutter contre le chômage, selon la Confédération européenne des syndicats (CES), qui demande instamment à ce qu’un protocole sur le progrès social soit annexé aux traités européens.

Austérité et discipline budgétaire : telle est la réponse unanime à la crise profonde que traverse aujourd’hui l’Europe. Réductions des salaires et des prestations sociales, atteintes aux mécanismes de négociation et ultra-flexibilisation des contrats de travail : tel est le paradigme actuel, le consensus de l’axe Berlin-Bruxelles érigé en modèle et inscrit dans le Pacte budgétaire adopté par la plupart des gouvernements européens en janvier dernier.

Cette solution ne marche pas et ne marchera pas. Elle étouffe la croissance et bloque la création d’emplois. Nous ne pouvons plus

ignorer ses conséquences sociales désastreuses ni la montée des nationalismes qu’elle suscite dans de nombreux pays européens, qui remettent en cause nos valeurs de solidarité. Il nous faut écrire un autre scénario.

L’OCDE et l’Organisation internationale du travail (OIT) expliquent que l’austérité sans croissance mène à une dangereuse impasse. Christine Lagarde, directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), a exprimé sa préoccupation. Même les agences de notation reprennent ce refrain en chœur.

Désormais, le besoin de croissance est de plus en plus exprimé en Europe. Mario Draghi, président de la Banque centrale européenne (BCE), a suggéré de compléter le Pacte budgétaire par un Pacte de croissance, et Herman von Rompuy, président du Conseil européen, a envoyé une lettre aux chefs d’État pour les encourager à favoriser la croissance.

Angela Merkel en appelle également à la croissance. On dit même qu’un « Plan Marshall pour l’Europe » serait en négociation, bien que Berlin démente l’information.En réalité, il n’existe aucune mesure concrète proportionnée à l’ampleur du désastre qui menace, créant un contraste flagrant avec l’extrême minutie qui entoure les mesures budgétaires actuellement discutées. La CES est favorable à l’assainissement des finances, mais le pacte budgétaire doit être équilibré par un pacte social. Il nous reste à espérer qu’une démarche nouvelle soit adoptée sous l’impulsion du nouveau président français.

Le 18 avril, la Commission européenne a proposé un train de mesures sur l’emploi : « Vers une reprise créatrice d’emplois ». Si les propositions se concentrent, à juste titre, sur le redoutable défi que constitue un chômage élevé et durable, on ne peut que s’interroger sur leur capacité à y répondre.

Vers la croissance et un « contrat social » pour l’EuropeBernadette Ségol, Secrétaire générale, Confédération européenne des syndicats (CES)

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Le chômage atteint de nouveaux records. Le chômage des jeunes est endémique et touche presque la moitié des jeunes Espagnols. La pauvreté s’accroît, et 8 % de la population active européenne vit dans une extrême pauvreté à laquelle les dirigeants européens répondent par un nouveau tour de vis. Le Pacte budgétaire, inscrit dans un traité international qui grave la discipline budgétaire dans le marbre et qui s’appuie sur des sanctions, ne répond pas aux problèmes grandissants du chômage et de l’insécurité de l’emploi. Le texte n’aborde ces questions que d’un point de vue comptable, sans aucune vision politique.

Les inégalités se creusent. Des mouvements sociaux émergent pour protester contre l’injustice et l’insécurité. La justice sociale doit être la première priorité de tous les programmes politiques nationaux et européens. Si les dirigeants européens s’en détournent au profit des seules mesures d’austérité, notamment dans les pays déjà en difficulté, il ne faudra pas s’étonner que la pauvreté progresse et que les inégalités engendrent l’instabilité sociale et politique. Les syndicats européens prônent une Europe sociale et démocratique, non l’Europe budgétaire, financière et technocratique que l’on nous a présentée. La récession ne fera qu’aggraver une situation sociale déjà dégradée.

Le Semestre européen, le Pacte pour l’euro plus et le « six pack » constituent le cadre actuel de la gouvernance économique européenne. Le « six pack », entré en vigueur l’an dernier, comporte une clause stipulant que les systèmes de négociation collective nationaux doivent être pleinement respectés, et ce principalement grâce aux efforts des syndicats européens et de leurs adhérents. Le traité international mentionne incidemment une idée du même ordre, mais cette mention est-elle juste ? On peut en douter.

La crise est également invoquée pour justifier une baisse des rémunérations, censée libérer des marges de compétitivité, stimuler

la croissance et instaurer une situation gagnant-gagnant. La CES estime néanmoins que les salaires sont davantage un moteur qu’un obstacle à la croissance économique. Si les règles de la gouvernance économique considèrent les salaires et les conditions de travail comme les variables d’ajustement prioritaires pour stimuler la compétitivité, la concurrence entre les pays s’exercera au niveau des salaires, des conditions de travail et plus généralement, des dépenses sociales. Là encore, les travailleurs en paieront le prix.

Le modèle social européen préserve la cohésion sociale. Élément clé d’une vision sociale née des décombres de la Seconde guerre mondiale dans les nations d’Europe de l’Ouest, il couvre les services publics, la protection sociale et la négociation collective. Or, les forces néolibérales utilisent aujourd’hui la crise pour le remettre en cause. Selon elles, la protection sociale et des salaires décents constituent une entrave au redressement économique, et les fondements mêmes de ce modèle de cohésion et de solidarité sont à proscrire.

Saper les fondements de la cohésion sociale, c’est aussi affaiblir la stabilité politique. L’exclusion sociale et la peur du lendemain sont le terreau des populistes qui préconisent l’autosuffisance nationale comme remède à tous les maux. La montée de l’extrême-droite en Europe doit nous inquiéter. Les dirigeants européens et tous les tenants de la déréglementation doivent prendre conscience de ce phénomène croissant, car certaines mesures comme l’austérité y contribuent.

D’autres solutions existent. L’Union européenne a besoin d’une union économique à forte dimension sociale. Ce qu’il nous faut, c’est un vrai plan de relance pour l’emploi, et une croissance pérenne. Nous voulons que l’Europe signe un contrat social, pas un simple pacte budgétaire. L’Europe doit investir dans une économie verte et durable, et donc dans les secteurs des transports et de l’énergie. L’Europe a besoin d’une politique industrielle qui investisse dans les secteurs de pointe et les secteurs d’avenir.

La BCE doit disposer d’un mandat clair, axé sur la défense de la stabilité des prix, la recherche du plein emploi et la convergence

des conditions financières entre États membres. La BCE doit pouvoir intervenir comme « prêteur et acheteur en dernier ressort » pour la dette souveraine, qui devrait être partiellement mutualisée par des euro-obligations.

Il faut prévoir une clause de protection des salaires, imposant le respect plein et entier de l’autonomie des partenaires sociaux pour la conduite des négociations collectives, et empêchant le pacte budgétaire d’interférer sur les questions de salaires, de conventions collectives, d’action collective et de syndicalisation.

Des dispositions pour protéger la croissance sont nécessaires : non-application de la règle d’équilibre budgétaire aux investissements publics visant le soutien à la croissance ; protection des recettes publiques par une taxe sur les transactions financières et par une lutte résolue contre l’évasion, la fraude et la concurrence fiscales ; rôle structurel du dialogue social européen pour éviter une application aveugle de règles rigides susceptibles de nuire à l’économie.

Un protocole sur le progrès social doit être annexé aux traités européens pour garantir le respect des droits sociaux fondamentaux. La CES plaide en faveur d’un « contrat social » pour l’Europe. Ce contrat privilégierait les investissements soutenant une croissance durable, des emplois de qualité et la justice sociale, tout en luttant contre les inégalités.

Références

Ségol, Bernadette (2012), « The Crisis: the Response of the European Trade Unions », Global Labour Column, n° 88, février. Voir http://column.global-labour-university.org

Coats, David, ed. (2011), Exiting from the crisis: Towards a model of more equitable and sustainable growth, TUAC, ITUC, ETUI, disponible sur www.tuac.org

Voir le site de la Conférence européenne des syndicats (CES) : www.etuc.org

Voir le site de la Commission syndicale consultative auprès de l’OCDE (TUAC) : www.tuac.org

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles de l’OCDE ou de ses pays membres.

DOSSIER SPÉCIAL EURO

Les salaires sont davantage un moteur qu’un obstacle à la croissance économique

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Pas de salut dans le repliHans Martens, Directeur, European Policy Centre

La crise a fait naître une tendance au repli sur soi qui expose l’Europe à de grands dangers.

Lorsque les crises économique et financière ont déferlé sur le monde occidental, de nombreuses voix se sont élevées contre toute velléité de protectionnisme. Ces avertissements étaient nécessaires, car l’expérience montre que, face à des difficultés économiques, la réaction viscérale est souvent de fermer les frontières à la concurrence étrangère. Jusqu’à présent, ces mises en garde se sont avérées efficaces – du moins parmi les responsables politiques européens.

Mais cela ne signifie pas pour autant que les idées protectionnistes ne progressent pas dans l’opinion publique, les partis politiques ou la société civile.

Certains voient la mondialisation comme une menace. Ils pointent du doigt les délocalisations et nient tous les effets positifs, comme l’accès à des produits meilleurs et moins chers, l’accès à des marchés d’exportation, l’afflux d’idées et de technologies nouvelles, enfin l’accès à de nouveaux médicaments. Pour les économistes, il n’y a aucun doute : la mondialisation présente bien plus d’avantages que d’inconvénients.

Mais tout dépend de la capacité et de la volonté de changement, car pour tirer pleinement parti de la mondialisation, les pays doivent s’adapter en permanence. Or, les changements ne sont possibles que si les entreprises et les marchés du travail sont suffisamment flexibles, et que cette flexibilité est considérée comme un atout. Ces changements s’effectuent plus facilement s’ils sont soutenus par des systèmes de protection sociale. Certains secteurs souffrent de la mondialisation, d’autres en bénéficient : c’est pourquoi il est important que les systèmes sociaux européens soient améliorés, de manière à permettre les changements tout en offrant aux travailleurs concernés l’accompagnement

nécessaire, par la formation ou la protection sociale.

Mais la mondialisation ne se limite pas aux échanges commerciaux. Elle signifie également l’ouverture aux investissements, aux personnes et aux idées. Les investissements internationaux suscitent souvent des craintes de voir des étrangers s’arroger la mainmise sur les actifs nationaux, et les décisions se prendre hors du territoire national. L’idée de voir affluer des personnes venues d’autres pays peut aussi provoquer des inquiétudes quant aux emplois, souvent accompagnées d’arguments culturels, voire racistes.

Ainsi, aux États-Unis, la campagne pour le made in America prend de l’ampleur et le rachat d’actifs nationaux par des étrangers prend parfois une dimension émotionnelle. Pourtant, les États-Unis sont généralement considérés comme plus libéraux sur le plan économique que les pays européens, et plus ouverts au commerce international. En effet, l’Europe n’est pas exempte de débats passionnels de ce type, et des mouvements xénophobes et antimondialistes influent désormais sur les programmes politiques, même dans certains grands partis. Une tendance que la crise économique a sans aucun doute renforcée.

Les partis nationalistes, notamment dans les pays d’Europe du Nord comme les Pays-Bas, l’Autriche, la Finlande et le Danemark, deviennent de plus en plus anti-européens – sans oublier la France, dont le Front national ne brille pas non plus par ses positions pro-européennes. Les pressions exercées par ces partis n’ont pas facilité l’action politique en période de crise. Elles ont révélé de futurs problèmes potentiels en remettant en cause la solidarité entre les nations européennes. Conjuguée à la montée du nationalisme, la disparition progressive de cette solidarité constitue incontestablement l’une des principales difficultés futures, non seulement pour l’euro mais aussi pour l’ensemble du projet européen, et porte en elle les germes de périls catastrophiques pour l’Europe.

Toute tendance au repli sur soi aurait des conséquences multiples pour la prospérité et la capacité d’innovation européennes. Et ces comportements affecteraient également nos relations extérieures, par exemple avec la Turquie, dont le rôle grandissant de puissance

régionale au Moyen-Orient pourrait être un atout pour l’Europe. Par ailleurs, le repli se traduirait par une raréfaction des nouveaux et des nouvelles idées venus d’ailleurs.

L’ouverture de la Californie aux cultures et idées du monde entier est souvent considérée comme l’une des clés de sa réussite en tant que centre d’innovation. Si l’Europe choisit le chemin inverse, les conséquences seraient considérables. Les entreprises européennes ont besoin de puiser leur inspiration sur les marchés mondiaux, elles ne peuvent se contenter de vendre et d’acheter. Or, la compétitivité, les nouvelles compétences et l’innovation ne peuvent émerger du repli.

L’ouverture est également le meilleur moyen d’influer sur l’élaboration des règles mondiales. Certaines pratiques déloyales en matière de normes de travail, de propriété intellectuelle et de protection de l’environnement sont inacceptables et nuisent aux entreprises

européennes, servant ainsi à justifier les critiques contre la mondialisation. Mais pour que les règles soient harmonisées, l’Europe doit être présente et totalement impliquée sur le terrain.

La crise a incontestablement conduit certains pays européens au repli. En période d’austérité, il est plus difficile de partager. L’Europe a accompli de réels progrès en termes de gouvernance économique et de mesures d’austérité, mais nos responsables doivent aller beaucoup plus loin pour la remettre sur le chemin de la croissance.

Telle doit être la priorité désormais. La morosité de la situation actuelle et les nombreux sujets d’inquiétude pour l’avenir, en particulier les sombres perspectives en matière d’emploi, notamment pour les jeunes, recèlent des risques politiques considérables. Ils constituent également un terreau fertile pour les partis populistes, dont les appels au repli sur soi sont totalement contraires à ce dont l’Europe a réellement besoin.

Voir www.epc.eu

La mondialisation ne se limite pas au commerce

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Parce que les solutions ne coulent pas de source

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Comment ouvrir les marchés du monde entier au bénéfice des consommateurs, des entreprises et de l’emploi européens ? La réponse de l’Union européenne à cette question est simple : en montrant l’exemple. Nous formons le plus grand marché unique au monde, et notre politique commerciale extérieure vise à poursuivre activement la libéralisation des échanges en négociant sur le plan multilatéral et bilatéral. Que se passe-t-il néanmoins si les autres ne suivent pas notre exemple ? Quel intérêt nos partenaires ont-ils à ouvrir leurs marchés à nos entreprises alors que les leurs accèdent sans restriction au nôtre ? En tant que négociateurs, c’est une question à laquelle on ne peut répondre de manière simple et concise.

Prenons les marchés publics, secteur économique de première importance. Ils représentent environ 19 % du PIB de l’UE, et les entreprises dont l’activité en dépend directement totalisent plus de 30 millions d’emplois. C’est aussi un secteur en plein essor dans les économies émergentes, dans lequel les entreprises européennes sont très compétitives.

Les marchés publics européens sont les plus ouverts au monde. Les fournisseurs extérieurs sont encouragés à émettre leurs offres sur notre marché, dans les mêmes conditions que les entreprises européennes. Les marchés publics sont également ouverts entre les 27 États membres de l’UE. Cela a fait baisser les prix, renforcé la compétitivité de nos entreprises et optimisé le rapport qualité-prix au profit des pouvoirs publics et des contribuables.

Mais notre approche dans ce domaine est très en avance par rapport à celle d’autres

Marchés publics européensDonner l’exemple, et si ça ne marche pas…Karel De Gucht, Commissaire européen au Commerce, et Michel Barnier, Commissaire européen en charge du Marché intérieur et des Services

pays. D’autres économies, qui ont pourtant accès au marché européen, sont bien plus réticentes à lui ouvrir le leur. Tandis que l’Accord sur les marchés publics (AMP) de l’OMC prévoit quelque 352 milliards d’euros au titre des marchés publics européens ouverts aux soumissionnaires des États parties à l’AMP, le montant des marchés publics américains ouverts aux soumissionnaires étrangers n’est que de 178 milliards d’euros, et celui des marchés japonais de 27 milliards d’euros. La Chine et l’Inde n’ont pas encore pris d’engagement concernant leurs marchés publics en croissance rapide, et les entreprises européennes ne remportent actuellement qu’une part infime des contrats.

Quels que soient les avantages et les inconvénients économiques de cette situation, il est de plus en plus difficile de la justifier auprès de nos entreprises, qui voient leurs concurrents étrangers opérer activement sur nos marchés alors qu’il leur est interdit d’en faire de même. Cette absence de réciprocité fragilise la légitimité de l’ouverture de nos marchés et fait obstacle à la politique commerciale volontariste que nous souhaitons mettre en œuvre. À la fin de l’année dernière, l’UE a mené les efforts de renégociation de l’AMP. Nous sommes heureux d’être parvenus à un nouvel accord entre les 15 membres de l’OMC parties à l’AMP, lequel prévoit le renforcement des disciplines applicables à ce secteur clé de l’économie et le relèvement de 100 milliards d’euros par an du montant des marchés publics ouverts à la concurrence internationale. Nos références en termes de libéralisation des marchés ne peuvent être mises en doute. Mais nous ne pouvons tolérer des déséquilibres toujours plus marqués entre partisans et opposants de l’ouverture des marchés.

Aussi avons-nous mis au point une procédure qui, si elle est approuvée par les États membres de l’UE et le Parlement européen, nous permettra de lutter contre les déséquilibres en matière de marchés publics internationaux. En vertu de cette procédure, les autorités contractantes des États membres pourront exclure, dans le cadre de marchés d’un montant élevé, les soumissionnaires qui ont recours à des biens ou services provenant pour l’essentiel d’un pays non membre de l’UE dont les marchés publics restent très fermés. Pour ce faire, elles devront obtenir le feu

vert de la Commission européenne, qui sera donné uniquement si ces biens ou services ne relèvent pas d’un accord signé par l’UE et si des négociations sérieuses sur un tel accord n’ont pas été entamées.

En outre, nous avons fixé un seuil au-dessous duquel les soumissionnaires de pays tiers ne peuvent être discriminés, de sorte que le nouveau régime exerce une pression sur les entreprises et les administrations publiques étrangères sans engendrer de bureaucratie inutile. En cas de discriminations graves et répétées, la Commission pourra engager des consultations avec l’administration concernée qui, si elle continue à interdire l’accès des entreprises européennes à son marché, pourrait se voir fermer l’accès de certains secteurs aux marchés publics de l’UE tout entière. Naturellement, si l’Union est légalement tenue de maintenir son marché ouvert au pays tiers, conformément aux dispositions de l’AMP ou de tout autre accord de libre-échange, elle honorera pleinement ses engageents.

Cette mesure est censée servir de carotte plutôt que de bâton, mais nous ne devrions pas avoir peur de brandir le second si nécessaire. Ainsi, nous sommes assurés de renforcer notre pouvoir de négociation lors des discussions sur l’accès des entreprises européennes aux marchés publics des pays tiers. C’est le seul moyen de faire comprendre aux entreprises étrangères qu’elles ne peuvent continuer à bénéficier des avantages et des possibilités qu’offre l’ouverture de nos marchés si les pouvoirs publics de leur pays s’obstinent à fermer leurs marchés. Notre proposition permettra aussi de préciser les règles d’accès aux marchés publics de l’UE et, ainsi, de procurer une plus grande sécurité juridique tant aux fournisseurs internationaux qu’aux entités publiques recherchant des biens ou des services. Elle confirmera le caractère fondamentalement ouvert du marché de l’UE, et notre volonté de le maintenir en l’état.

Néanmoins, la porte du libre-échange doit s’ouvrir dans les deux sens, faute de quoi les demandes du public en faveur de sa fermeture ne cesseront de croître.

RéférencesAccord de l’OMC sur les marchés publics, disponible sur www.wto.orgwww.oecd.org/echanges

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Apprenez des langues et… déployez votre être-au-monde

Bretagne, 1689. Voltaire raconte l’histoire d’un Huron, trilingue, fraîchement débarqué en Bretagne, qui est convié à un dîner chez des notables de la ville. Quand on lui demande laquelle de ses trois langues il préfère, il répond que c’est le huron. « Est-ce possible ? » s’écrie mademoiselle de Kerkabon ; « J’avais toujours cru que le français était la plus belle de toutes les langues après le bas-breton. » « On disputa un peu sur la multiplicité des langues, et on convint que, sans l’aventure de la tour de Babel, toute la terre aurait parlé français. »

Comme en écho à Voltaire, Dave Barry écrivait en 1991 : « Beaucoup d’Américains voyageant à l’étranger pour la première fois sont médusés lorsqu’ils s’aperçoivent que, malgré tous les progrès de l’humanité depuis 30 ans, il reste encore beaucoup d’étrangers qui s’expriment en langue étrangère ».

Derrière ces satires d’un ethnocentrisme universel perce une question essentielle. Quels sont les enjeux de la pratique de langues étrangères, et à quoi bon faire l’effort de leur apprentissage ? C’est la réflexion à laquelle nous convie Languages in a Global World: Learning for Better Cultural Understanding (ouvrage d’où sont reprises les deux citations ci-dessus). Cet épais volume publié par l’OCDE est le fruit d’une étroite collaboration avec le Département d’éducation de l’Université d’Harvard, où officie l’initiateur du projet, notre collègue de l’OCDE Bruno della Chiesa.

Ce travail embrasse un champ d’étude prodigieux et porte un regard sur l’apprentissage des langues dans différents pays du monde, du Canada à la Tanzanie, de la France au Kazakhstan. Bien au-delà du domaine de la linguistique (appliquée), il convoque l’histoire, la sociologie, l’ethnologie, la psychologie, les neurosciences, la musique,

la philosophie et l’éthique. Ceux qui fustigent l’austérité des publications de l’OCDE en seront pour leurs frais : voici un livre malicieux, impertinent et revigorant pour l’esprit.

Pourquoi apprendre des langues étrangères ? En ces temps de mondialisation, c’est plus crucial que jamais. Pour trouver un emploi, être monolingue est souvent en handicap. Will Hutton le note dans le Guardian : « Au Royaume-Uni, le taux de chômage des diplômés en langues est extrêmement bas. Le marché du travail les apprécie. L’économie a besoin de locuteurs de langues étrangères. C’est une compétence recherchée, tant pour les membres de la communauté scientifique mondiale que pour les participants au système commercial mondial. »

À l’échelle d’un pays, la pratique de plusieurs langues peut aussi devenir une force. En témoigne l’exemple du Canada, où les politiques de multiculturalisme et de bilinguisme constituent un véritable avantage concurrentiel.

Les sept milliards d’habitants de la planète parlent environ 6000 langues – 30 fois plus que le nombre d’États – et le plurilinguisme est finalement assez banal : plus de deux tiers des enfants du monde sont bilingues. Certains pays, toutefois, sont plus monolingues que d’autres. Pourquoi ? Cela pourrait-t-il devenir un désavantage concurrentiel, même lorsque la langue parlée dans ces pays est la lingua franca de notre époque, à savoir l’anglais ? Se pourrait-il que la domination (dans sa forme actuelle ou historique, c’est-à-dire coloniale) fasse accroire aux nations qu’il n’est (toujours) pas utile de connaître des langues étrangères ?

Seuls 7 % des habitants de la planète ont pour première langue l’anglais. Il a remplacé le latin dans le rôle de langue internationale, avec l’essor de l’Empire britannique puis l’expansion économique des États-Unis. Se pourrait-il qu’il cède à son tour le pas à la langue de ce nouveau géant économique qu’est la Chine ?

En considérant les vrais enjeux de l’apprentissage linguistique, Languages in a Global World plonge au cœur d’un sujet qui fait souvent l’objet d’un intense débat idéologique. La langue est indissociable de l’identité culturelle. Notre motivation à apprendre des langues est liée à des valeurs et à des idéaux.

L’identité nationale est-elle soluble dans les langues et les cultures étrangères ? L’avantage (ou l’inconvénient ?) de l’apprentissage de langues étrangères est qu’il favorise la conscience de soi, de l’autre, la consicence locale et la conscience mondiale. On peut étudier le monde uniquement dans sa langue maternelle. On peut aussi le vivre, le penser et le ressentir comme le font les locuteurs d’autres langues. Le monde en vrai. La musique de Shakespeare, Cervantès, Rimbaud, Musil, etc. Et si l’on en croit Goethe, « Qui ne connaît pas de langues étrangères ne sait rien de sa propre langue ».

On ne prend la pleine mesure de l’importance, de la richesse et de la spécificité d’une langue et d’une culture que si l’on connaît d’autres langues et d’autres cultures. Le « duende » de Lorca résonne en espagnol plus que dans toute autre langue. Il y a des mots (à résonance culturelle) qui perdent quelque chose lorsqu’on les traduit : « accountability »,« gobbledygook », « tartle » (écossais), « saudade » (portugais), « laïcité » (français), « Torschlusspanik » (allemand), « hyggelig » (danois), « mamihlapinatapei » (yagan, parlé en Terre de Feu), « Iktsuarpok » (inuit).

L’apprentissage de langues nouvelles est une découverte de nouveaux mondes. Nous apprenons à parler et à échanger avec d’autres personnes dans des contextes culturels totalement nouveaux – et des niveaux de perception, de cognition et d’émotion subtilement différents. L’individu y gagne une nouvelle conscience de son moi, de son identité et de sa culture. « Si vous ne parlez pas une autre langue, vous êtes enfermé toute votre vie dans les mêmes rôles, les mêmes expressions. Se surprendre est plus difficile dans une seule langue. Jouer est plus difficile », commente Michael Hofmann.

La connaissance de langues étrangères permet de déployer notre être-au-monde et d’entrer en phase avec autrui. Languages in a Global World renvoie aux notions de responsabilité et d’éthique développées par Emmanuel Levinas : au visage de l’autre, nous répondons par le langage. C’est le début de l’intelligibilité et de la compréhension. Le langage comme exigence éthique.

Et si le chemin de la paix passait par les langues étrangères ? Comment dissocier ouverture

Please cite this publication as:

Della Chiesa, B., J. Scott and C. Hinton (eds.) (2012), Languages in a Global World: Learning for Better Cultural

Understanding, OECD Publishing.

http://dx.doi.org/10.1787/9789264123557-en

This work is published on the OECD iLibrary, which gathers all OECD books, periodicals and statistical databases.

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Languages in a Global World

LEARNING FOR BETTER CULTURAL UNDERSTANDING

Contents

Part I. Globalisation, languages and motivations

Chapter 1. Learning languages in a globalising world

Chapter 2. Motivation and second language acquisition

Chapter 3. Motivational theories on language learning

Chapter 4. Economic incentives for language acquisition

Chapter 5. Bilingual education policy and language learning in Estonia and Singapore

Part II. Cultures, languages and identities

Chapter 6. Seeing the world through our hands: A cross-cultural gesture review

Chapter 7. Ideologies and alphabet reforms in Central Asia

Chapter 8. Verlan, l’envers: Reversing language and refl ecting culture

Chapter 9. Cochlear implants, deaf culture and narrowly defi ned cultural characteristics

Chapter 10. Neuroscientifi c research and the study of sign language

Part III. Landscapes, languages and policies

Chapter 11. Competencies in Canada in a globalisation context

Chapter 12. Catalan language policy and the challenge of new immigration: Nosaltres parlem Catalá

Chapter 13. Education and creativity in Tanzania

Chapter 14. English as a multicultural language for international communication in Asia

Chapter 15. Language education in Japan and Korea: Policies, practices and challenges

Chapter 16. Language learning and Chamorro culture in Guam

Chapter 17. Language learning in Peru: “De mi cerebro, su neurona”

Part IV. Movements, languages and migrations

Chapter 18. Why study abroad? Why not!

Chapter 19. Migrants, language and education: An international perspective

Chapter 20. Migrants, early tracking and social mobility

Chapter 21. How the Mexican education system contributes to emigration

Chapter 22. Intercultural or multicultural education in Europe and the United States

Part V. Learning languages, means and ends

Chapter 23. Cosmopolitan education: Building on a biological inclination for care in a globalised world

Chapter 24. Music as an underutilised and underappreciated tool for language learning

Chapter 25. “Expansion of our own being”: Language learning, cultural belonging and global awareness

Epilogue. Prospects for language policies in an age of globalisation

ISBN 978-92-64-12324-3

96 2011 07 1 P -:HSTCQE=VWXWYX:

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linguistique et compréhension mondiale ? Le monolinguisme isole et appauvrit les individus – économiquement et humainement parlant. Ils se privent d’une occasion précieuse de devenir ouverts, curieux, réceptifs et créatifs. Ils ne réalisent pas tout leur potentiel lorsqu’ils s’enferment dans une langue. Comme l’a dit Robert Benchley : « M’appuyant sur mon excellente maîtrise de [leur langue], je gardai le silence. » Anne-Lise Prigent

Références

OCDE (2007), Comprendre le cerveau : Naissance d’une science de l’apprentissage, Paris

Hutton, Will (2012), « Why do we continue to isolate

ourselves by only speaking English ? » The Guardian, 5 février

Hofmann, Michael (2010), « To speak another language

isn’t just cultured, it’s a blow against stupidity », The Guardian, 15 août

www.oecd.org/education-fr

Ronald SearleRonald Searle, l’un des plus grands illustrateurs du XXe siècle, est décédé le 30 décembre 2011, en France, à l’âge de 91 ans. Nous avons publié ce dessin dans les pages de L’Observateur de l’OCDE n° 246-247, décembre 2004-janvier 2005, avec l’aimable autorisation de l’artiste et de la Sayle Literary Agency.

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Japon : mémoire et reconstruction

« Concrétiser les promesses de la croissance verte », tel était le thème de la Réunion des ministres de l’Environnement de l’OCDE 2012, les 29 et 30 mars derniers. La réunion a été présidée par la République de Corée et co-présidée par la République tchèque, Israël, la Commission européenne, la Suède et le Royaume-Uni. Y ont également participé les ministres ou les représentants de tous les pays de l’OCDE ainsi que de l’Union européenne, du Brésil, de la Chine, de la Colombie, de l’Indonésie, de l’Afrique du Sud, de la Fédération de Russie, ainsi que des représentants des entreprises, d’ONG environnementales, de syndicats, et enfin d’institutions telles que le PNUE, le DAESNU, la CEE-ONU, l’OMS, l’OMC et le GGGI.

La réunion a examiné les progrès des politiques environnementales. Bien que d’importantes avancées et innovations aient été menées par

les pouvoirs publics, les principaux objectifs de la Stratégie de l’environnement de l’OCDE pour les dix premières années du XXIe siècle n’ont pas été atteints, selon le résumé de la présidence. Les participants ont appelé à une action plus systématique, en particulier parce que « les coûts de l’inaction face à la poursuite de la dégradation de l’environnement sont potentiellement colossaux. »

Il a aussi été question de mieux lier les politiques environnementales à la science, et bien qu’ils aient reconnu la nécessité d’appuyer les décisions politiques sur la science, les participants ont aussi admis qu’il ne fallait pas attendre de disposer de certitudes scientifiques absolues pour agir. L’impact des politiques est plus fort lorsqu’il est conjugué à de solides analyses économiques, ont noté les participants, conscients néanmoins que « rien ne saurait remplacer l’impulsion politique. »

Les participants ont discuté des Perspectives de l’environnement de l’OCDE à l’horizon 2050, et

les ministres ont noté qu’il était primordial de mieux comprendre l’articulation entre les quatre problématiques étudiées dans le rapport : le changement climatique, la biodiversité, l’eau et les effets de la pollution sur la santé.

Les participants ont également évoqué le rôle des villes dans la gouvernance environnementale, notamment en matière de réduction des gaz à effet de serre. Enfin, la conférence Rio+20 a été abordée, marquant les 20 ans écoulés depuis le premier Sommet de la Terre à Rio en 1992. Les ministres ont rappelé que l’OCDE a beaucoup à apporter, particulièrement avec sa Stratégie sur la croissance verte et ses indicateurs du bien-être. Les pays de l’OCDE et la Fédération de Russie ont adopté les conclusions de la réunion préparatoire à Rio+20, tenue en mars, laissant ces conclusions ouvertes à l’adhésion d’autres pays à l’avenir.

Le résumé complet de la présidence de la Réunion des ministres de l’Environnement de l’OCDE 2012 est disponible sur www.oecd.org/environnement

Le 11 mars 2011, un séisme d’une magnitude de 9 frappait l’est du Japon, suivi d’un gigantesque tsunami et d’un accident nucléaire. Ces événements conjugués provoquaient une catastrophe sans précédent, causant la mort ou la disparition de plus de 19 000 personnes et des dégâts matériels considérables.

Se redresser après une conjonction d’événements aussi dévastateurs n’est pas chose aisée et nous luttons encore. Mais les Japonais ont montré un grand sens de la solidarité et de l’unité en ces temps difficiles. Même ceux qui ont le plus souffert ont su conserver civilité et discipline. Les habitants des

autres régions se sont précipités dans les zones dévastées pour apporter leur aide.

Par sa réaction prompte et chaleureuse témoignant de sa solidarité avec le Japon, la communauté internationale a, elle aussi, été source de réconfort. L’aide est venue du monde entier. J’ai moi-même reçu des messages chaleureux de la part de mes collègues ambassadeurs et du Secrétaire général, et de personnes rencontrées dans les rues parisiennes. Les membres du Secrétariat de l’OCDE ont fait un don d’un montant important aux victimes japonaises. Je ne les oublierai pas.

Permettez-moi de dire à présent quelques mots sur le rétablissement du Japon et la situation actuelle. Sur la situation dans les zones touchées, tout d’abord, bel et bien en cours de rétablissement avec un retour à la normale dans la plus grande partie du pays. Plus aucun obstacle majeur ne s’oppose à la venue des touristes, des étudiants et des hommes d’affaires étrangers pour visiter le Japon, y étudier et y travailler.

Sur l’accident nucléaire ensuite : en décembre dernier, les autorités japonaises annonçaient que les réacteurs de la centrale de Fukushima-Daiichi étaient désormais dans un « état d’arrêt à froid ». L’accident intervenu dans la centrale est donc terminé. Toutefois, de nombreuses questions demeurent : décontamination, gestion sanitaire, indemnisation, démantèlement des réacteurs. Elles sont considérées comme des priorités et des urgences absolues.

Sur la politique énergétique enfin : après cet accident nucléaire, le Japon reconsidère actuellement tous les aspects de sa politique énergétique, dont sa politique nucléaire.

Extraits des observations présentées par M. l’Ambassadeur Yoshikawa lors de la Conférence commémorative du grand tremblement de terre de l’est du Japon, Centre de conférences de l’OCDE, 14 mars 2012.

Objectif croissance verte

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Motohide Yoshikawa, Ambassadeur, Représentant permanent du Japon à l’OCDE

OCDE.ORG

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L’Observateur de l’OCDE N° 290-291, T1-T2 2012 79

OCDE.ORG

Nouveaux ambassadeurs17 janvier Michael Forbes a pris ses fonctions de nouvel ambassadeur d’Irlande. Il remplace Paul Murray.

16 janvier Maria Francesca Spatolisano a pris ses fonctions de nouvel ambassadeur de l’Union européenne. Elle remplace Laurence Argimon-Pistre.

Combating global headwinds: The OECD perspective

9 mars 2012Remarques prononcées au Chicago Council on Global Affairs Corporate Program, Chicago, États-Unis.

4e Table-ronde de l’OCDE des Maires et des Ministres

8 mars 2012Discours d’ouverture prononcé à Chicago, États-Unis.

The OECD Gender Browser: A benchmark for gender equality

8 mars 2012Remarques prononcées à Chicago, États-Unis.

50e anniversaire du Centre de Développement

1 mars 2012Remarques prononcées à la réunion de haut niveau, Paris, France.

Global economic prospects and rethinking global challenges

29 février 2012Discours d’ouverture prononcé lors de la réunion trimestrielle du Réseau Marchés émergents, Paris, France.

Objectif croissance 2012 : Des réformes structurelles peuvent faire la différence

24 février 2012 Remarques prononcées à Mexico, Mexique.

Nouvelle donne géopolitique et économique mondiale : l’alimentation et la production au cœur des équilibres

22 février 2012Discours d’ouverture prononcé à la conférence Les Échos & Passion Céréales, Paris, France.

Revitalising the Japanese economy: The way forward

24 avril 2012Remarques prononcées lors d’un séminaire organisé par l’Institut de recherche sur l’économie, le commerce et l’industrie (RIETI), Tokyo, Japon.

G20 : Understanding global value chains

19 avril 2012Remarques prononcées lors de la réunion des ministres du Commerce du G20, Puerto Vallarta, Mexique.

Making green growth deliver

29 mars 2012Discours d’ouverture prononcé lors de la réunion du Comité des politiques d’environnement au niveau des ministres, Paris, France.

Towards a stronger and greener Polish economy

28 mars 2012Remarques prononcées lors du lancement de L’Étude économique 2012 de la Pologne, Varsovie, Pologne.

The unfinished business of making Europe work

27 mars 2012Remarques prononcées lors du lancement des Études économiques de la zone euro et de l’Union européenne, Bruxelles, Belgique.

Going for growth and balance in Europe

26 mars 2012Remarques prononcées à la Commission des affaires économiques et monétaires du Parlement européen, Bruxelles, Belgique.

China Development Forum: Meeting with business leaders

20 mars 2012Remarques prononcées lors du déjeûner des Chambres de Commerce européenne et américaine, Pékin, République populaire de Chine.

Inequality

19 mars 2012Remarques prononcées à l’Académie chinoise de Gouvernance, Pékin, République populaire de Chine.

Promoting technological innovation for new sources of growth

18 mars 2012Remarques prononcées lors du Forum du Développement de la Chine, Pékin, République populaire de Chine.

Forum du Développement de la Chine

17 mars 2012Remarques prononcées lors du Sommet économique du Forum de Développement de la Chine, Pékin, République populaire de Chine.

A better global governance: What is at stake? The OECD perspective

16 mars 2012Remarques prononcées à l’Institut chinois des études internationales, Pékin, République populaire de Chine.

An amazing come-back: Working together for a strong recovery and sustainable growth in Japan

14 mars 2012Discours d’ouverture prononcé lors du Memorial Event for the Great East Japan Earthquake, Paris, France.

Good governance and sustainable financing: A strong nexus to address

13 mars 2012Discours d’ouverture prononcé lors du 6e World Water Forum for the Multi-stakeholders Panel, Marseille, France.

Water: Meeting the reform challenge

13 mars 2012Discours d’ouverture prononcé lors du lancement de la publication Water: Meeting the Reform Challenge, Marseille, France.

The green growth challenge: No nature, no water, no growth

12 mars 2012Discours d’ouverture prononcé lors du 6e

Forum mondial de l’Eau, Marseille, France.

Pour la liste complète des discours et allocutions en français, anglais et autres langues, voir www.oecd.org/discours

Discours récents d’Angel Gurría

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OCDE.ORG

Programme des conférencesVeuillez noter que la plupart des réunions ne sont pas ouvertes au public ni aux médias mais sont mentionnées pour information. Sauf indication contraire, toutes les réunions se tiennent à Paris. Une liste plus complète et mise à jour chaque semaine est disponible sur www.oecd.org/media/enbref

AVRIL

12-13 What Works, conférence sur l’internationalisation, facteur de création d’emplois et de croissance économique, organisée par la direction de l’Éducation et la State University de New York, New York, États-Unis.

19 Lancement de Financing SMEs and Entrepreneurs: An OECD Scoreboard.

19-21 Mesurer et favoriser le progrès des sociétés, conférence organisée en collaboration avec le Haut Commissariat au Plan du Maroc (HCP), la direction des Statistiques de l’OCDE, PARIS21, la Banque africaine de Développement et la Commission économique pour l’Afrique des Nations unies (CEA-ONU). Rabat, Maroc.

24-26 18e Forum pour le Partenariat avec l’Afrique

25-26 Forum sur les obligations, FMI/OCDE/Banque Mondiale. Washington DC, USA.

MAI

2-4 Transports sans rupture : développer les connexions, sommet annuel du Forum International des Transports. Leipzig, Allemagne.

8 Présentation des Perspectives économiques de l’Amérique latine 2012, en collaboration avec l’Académie de Chine pour les Sciences sociales (CASS). Pékin, Chine.

10-11 Financial Education Challenges Ahead: Turning Policy Guidance into Efficient Practices, conférence organisée par l’OCDE avec le soutien du Fonds Russie/Banque mondiale/OCDE et le ministère espagnol de l’Économie et de la Compétitivité. Madrid, Espagne.

15-22 Sommet du G8.

16-18 Réunion des ministres du Travail et de l’Emploi du G20.

22-23 Semaine de l’OCDE : Forum de l’OCDE 2012.

23-24 Semaine de l’OCDE : Réunion du Conseil de l’OCDE au niveau ministériel.

25 4e Forum économique international sur l’Amérique latine et les Caraïbes, coorganisé par le Centre de Développement de l’OCDE, la Banque inter-américaine de Développement et le gouvernement français. Paris, France.

JUIN

11-14 Forum annuel des Amériques. Montréal, Canada.

14-15 Corporate Governance for Process Safety: How good leadership can drive improvements in process safety, conférence organisée par la direction de l’Environnement.

14-15 Délits et fiscalité : une approche gouvernementale pour combattre les flux financiers clandestins, second forum annuel organise par le centre de Politique et d’Administration fiscales. Rome, Italie.

18-19 Sommet du G20. Los Cabos, Mexique.

18-20 Enhancing the Competitiveness of Universities through Educational Facilities, conference co-organised by the Centre for Effective Learning Environments and the Korean Educational Development Institute. Seoul, Korea.

20-22 Conférence des Nations unies sur le développement durable, Rio+20. Rio de Janeiro, Brésil.

26-28 European Framework for Measuring Progress, conférence co-organisée par l’OCDE, l’Institut national italien des Statistiques (Istat) et Statistics Netherlands (CBS), en collaboration avec Eurostat et le Système Statistique Européen.

27-29 6e Forum de l’OCDE sur la gestion de la dette publique en Afrique. Midrand, Afrique du Sud.

AOÛT

5-11 International Youth Nuclear Congress IYNC2012, co-sponsorisé par l’Agence pour l’énergie nucléaire. Charlotte, Caroline du Nord , États-Unis.

SEPTEMBRE

2-7 Radiation Shielding (ICRS-12), 12e conférence internationale organisée par l’American Nuclear Society et l’Atomic Energy Society of Japan, co-sponsorisée par l’Agence pour l’énergie nucléaire. Nara, Japon.

17-19 L’enseignement supérieur démocratique : y parvenir et le soutenir. Vers le développement équitable de l’enseignement supérieur.

24-26 Innovative Approaches to Turn Statistics into Knowledge, séminaire co-organisé par la direction des Statistiques et Statistics Korea. Séoul, Corée.

OCTOBRE

8-9 Forum mondial sur la conduite responsable de l’entreprise, organisé par la direction des Affaires financières et des Entreprises.

12-14 Réunions annuelles du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale. Japon.

16-17 Symposium économique mondial. Rio de Janeiro, Brésil.

16-19 4e forum mondial de l’OCDE sur les statistiques, connaissances et politiques : Mesurer le bien-être et le progrès des sociétés. New Delhi, Inde.

Page 83: L'Observateur de l'OCDE n° 290-291 T1-T2 2012

Pour consulter le Panorama des statistiques de l’OCDE en ligne, rendez-vous sur

www.OECD-iLibrary.org/factbook

Pour commander livres et versions numériques, rendez-vous sur la librairie en ligne et recherchez

« Panorama ». www.oecd.org/librairie

Pour télécharger la version iPhone, rendez-vous sur l’App Store. Versions Blackberry et autres

smartphones disponibles sur www.oecd.org/publications/factbook

Le Panorama des statistiques de l’OCDE, publication-phare annuelle de l’OCDE, présente un ensemble de variables-clés concernant tout l’éventail des sujets traités par l’OCDE.

Chaque variable est présentée sur une double-page avec des définitions et aperçus des tendances récentes, des commentaires sur la comparabilité des données

et des indications pour chercher des informations supplémentaires sur la page de gauche ; sur la page de droite se trouvent tableaux et graphiques présentant

les données brutes. Dans certains cas, les tableaux et graphiques couvrent plus d’une page. Tous incluent des StatLinks, des liens URL vers les tableurs Excel®

contenant les données sous-jacentes.

DES POLITIQUES MEILLEURES POUR UNE VIE MEILLEURE

Panorama des statistiques de l’OCDE

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L’Observateur de l’OCDE N° 290-291, T1-T2 2012 83

… Connaît bien la crise, contrairement au refrain de la célèbre chanson de feu Alain Bashung. C’est en tout cas ce qui ressort du Financement des PME et des entrepreneurs : Tableau de bord

de l’OCDE, un rapport inédit couvrant 18 pays, dont le Canada, les États-Unis, la France, le Royaume-Uni et la Suède.

La crise économique mondiale a en effet accru les difficultés de financement des PME, à travers deux faits majeurs : la chute de la demande de biens et services fournis par les PME et la crise du crédit. Cette situation a atteint de plein fouet la trésorerie et les liquidités des PME, poussant nombre d’entre elles à la faillite, ce qui a contribué aux taux de chômage records enregistrés dans de nombreux pays de l’OCDE.

L’éducation commence à la maison. Quand un parent parle à son bébé pour la première fois, il lui ouvre les portes du langage et d’un monde riche en explorations et en découvertes. Mais lorsque cet

enfant entre à l’école, de nombreux parents considèrent qu’il est temps de réduire leur rôle d’éducateurs. Ils ont tort : non seulement l’éducation est une responsabilité partagée, mais l’enquête PISA, qui compare au niveau international les aptitudes scolaires des jeunes de 15 ans, montre que l’implication des parents est un élément crucial de la réussite de l’enfant, tout au long de ses études comme par la suite.

Let’s Read Them a Story! The Parent Factor in Education présente les résultats et les analyses issus de l’enquête PISA et offre aux parents, aux éducateurs et aux responsables

publics des conseils pratiques sur la manière d’améliorer l’implication des parents et sur les activités qui aident le mieux à maîtriser la lecture. Ainsi, il est plus utile de lire des livres à un très jeune enfant que de jouer avec lui avec des jouets reproduisant les lettres de l’alphabet. En effet, contrairement aux lettres isolées, les livres lui montrent l’importance du contexte dans lequel les mots sont utilisés.

L’enquête montre aussi que les adolescents qui parlent politique, société, mais aussi cinéma et littérature avec leurs parents maîtrisent nettement mieux la lecture. Ces discussions, qui peuvent par exemple se dérouler pendant les repas, permettent aux plus jeunes de se faire un avis éclairé sur ces sujets et de développer leur esprit critique. Ils peuvent aussi être plus enclins à lire quand leurs parents sont intéressés par leurs impressions de lecture.

Les performances scolaires reflètent souvent le contexte socio-économique familial et les ressources qui leur sont accordées. Mais l’étude montre que, parmi les familles de

milieu équivalent, la lecture aux jeunes enfants est fortement liée à une meilleure maîtrise de la lecture à 15 ans. L’étude pointe également des programmes innovants, comme celui de la fondation All of Poland Reads to Kids, dont le succès a conduit au programme All of Europe Reads to Kids.

Cette publication évoque un grand nombre d’exemples, à l’échelle internationale, de programmes favorisant de bonnes modalités d’implication parentale et de partenariats réussis entre parents et écoles. Elle montre surtout aux parents qu’il n’est jamais trop tôt – ni trop tard – pour jouer un rôle dans l’éducation de leurs enfants.

ISBN 978-92-64-17623-2 (disponible en anglais uniquement)

Voir www.oecd.org/pisa

Si ces difficultés n’ont pas été le lot exclusif des petites entreprises, le rapport indique que celles-ci ont été plus durement frappées que les grandes par le resserrement du crédit. Ainsi, les PME ayant contracté des emprunts entre 2007 et 2010 se sont vu appliquer des taux d’intérêt plus élevés que les entreprises de grande taille. De même, les prêts accordés aux PME étaient assortis d’échéances plus courtes et les garanties exigées étaient plus importantes.

Selon le rapport, ces régimes différenciés traduisent un certain état d’esprit des créanciers : les petites entreprises auraient à la fois les reins moins solides et de moins bonnes perspectives commerciales que les grandes. Or, les PME jouent un rôle de premier plan dans la croissance économique, la création d’emplois et la cohésion sociale. Dans certains pays, elles représentent quelque 99 % de toutes les entreprises. L’accès au financement reste l’une des plus grandes difficultés pour les petites entreprises, et ce tout au long de leur vie, tant lors de leur création que

Ma petite entreprise…

Raconte-moi une histoire !

pour la poursuite de leurs activités et leur croissance.

L’inclusion financière a été citée comme l’une des priorités du G20 lors du Sommet de Séoul en décembre 2010. En 2011, les dirigeants des pays du G8 réunis en sommet à Deauville ont chargé l’OCDE, avec d’autres institutions internationales, d’identifier les obstacles au développement des PME.

C’est l’un des objets de ce rapport, à travers de nombreuses données et des indicateurs comparables. Appelé à couvrir bien d’autres pays, ce Tableau de bord devrait devenir une référence internationale pour suivre le financement des PME et agir afin qu’elles ne connaissent plus la crise.

ISBN 978-92-64-02802-9 (version française à paraître)

Voir www.oecd.org/entreprises

LIVRES

OECD iLibrary

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Perspectives économiques de l’OCDE, vol. 2011, n° 2

Les Perspectives économiques de l’OCDE présentent une analyse des grandes tendances économiques

qui marqueront les deux années à venir. Les Perspectives économiques proposent un ensemble cohérent de projections concernant la production, l’emploi, les prix et balances des opérations courantes et budgétaires.ISBN 978-92-64-09253-2, Décembre 2011, 312 pages€98 $137 £88 ¥12 700

Toujours plus d’inégalité : Pourquoi les écarts de revenus se creusent

Durant les trois décennies précédant le récent ralentissement économique, le fossé

entre les salaires s’est creusé et les inégalités de revenus entre les ménages ont augmenté dans une vaste majorité des pays de l’OCDE. Ce rapport analyse les principales forces sous-jacentes à l’origine de ces évolutions.ISBN 978-92-64-11954-3, Avril 2012, 450 pages€75 $105 £67 ¥9 700

Economic Policy Reforms 2012: Going for Growth

Going for Growth est le rapport annuel de l’OCDE sur l’évolution des politiques structurelles dans les pays de l’OCDE. Il

identifie les réformes structurelles prioritaires pour stimuler les revenus réels dans chaque pays de l’OCDE et dans les principales économies émergentes. ISBN 978-92-64-16825-1, Mars 2012, 220 pages€35 $49 £31 ¥4 500Édition française à paraître

Mal-être au travail ? Mythes et réalités sur la santé mentale et l’emploi

Ce rapport vise à cerner les données manquantes sur la santé mentale et l’emploi, à enrichir

la base de connaissances et ainsi à remettre en question certaines idées reçues, et à donner une vision plus complète des défis stratégiques sous-jacents.ISBN 978-92-64-12455-4, Avril 2012, 225 pages€50 $70 £45 ¥6 500

Comment va la vie ? Mesurer le bien-être

Ce livre offre un tableau complet du bien-être dans les pays de l’OCDE et dans d’autres grandes économies, en observant les

conditions de vie matérielle et la qualité de vie des personnes.ISBN 978-92-64-12118-8, Octobre 2011, 312 pages€35 $49 £31 ¥4 500

OECD Environmental Outlook to 2050: The Consequences of Inaction

Fondé sur des modèles conçus conjointement par l’OCDE et la

PBL Netherlands Environmental Assessment Agency, cet ouvrage adopte une perspective à l’horizon 2050 pour anticiper l’impact des tendances démographiques et économiques sur l’environnement.ISBN 978-92-64-12216-1, Mars 2012, 350 pages€80 $112 £72 ¥10 4000Édition française à paraître

Perspectives économiques en Afrique 2012 : Promouvoir le Travail des Jeunes

Les Perspectives économiques en Afrique présentent les récents développements

économiques, sociaux et politiques et l’évolution à court terme de l’Afrique. Cette année un chapitre est consacré à l’emploi des jeunes.ISBN 978-92-64-17613-3, Mai 2012, 263 pages€50 $70 £45 ¥6 500

Southeast Asian Economic Outlook 2011/2012

Ce numéro des Southeast Asian Economic Outlook étudie la situation macro-économique et les perspectives de croissance à

moyen terme pour les pays d’Asie du Sud-Est, ainsi que leurs défis en matière de politiques structurelles ; leurs stratégies, politiques et institutions liées à la croissance verte ; et leur fiscalité environnementale.ISBN 978-92-64-16686-8, Février 2012, 220 pages€40 $56 £36 ¥5 200Disponible en anglais uniquement

Latin American Economic Outlook 2012: Transforming the State for Development

Les solides performances économiques des pays d’Amérique

latine depuis 2003 leur ont permis d’améliorer les perspectives de développement. Les Perspectives économiques de l’Amérique latine 2012 analysent la réforme de l’État dans ce contexte et recommandent aux États d’Amérique latine d’œuvrer dès maintenant à l’amélioration des services publics.ISBN 978-92-64-12170-6, Février 2012, 164 pages€60 $84 £54 ¥7 800Édition française à paraître

Meilleures ventes

LIVRES

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Disponibles sur www.oecd.org/librairie et sur www.OECD-iLibrary.org/fr

Page 87: L'Observateur de l'OCDE n° 290-291 T1-T2 2012

L’Observateur de l’OCDE N° 290-291, T1-T2 2012 85

Nouvelles publicationsÉtudes économiques de l’OCDE : Suisse 2011ISBN 978-92-64-09433-8, Janvier 2012, 114 pages€58 $81 £52 ¥7 500

OECD Economic Surveys: Norway 2012 ISBN 978-92-64-12724-1, Mars 2012, 102 pages€61 $86 £54 ¥7 200Édition française à paraître

Panorama des comptes nationaux 2011 ISBN 978-92-64-13082-1, Février 2012, 112 pages€35 $49 £31 ¥4 500

AGRICULTURE

Qualité de l’eau et agriculture : Un défi pour les politiques publiquesISBN 978-92-64-12110-2, Mars 2012, 172 pages€35 $49 £31 ¥4 500

Improving Agricultural Knowledge and Innovation Systems: OECD Conference ProceedingsISBN 978-92-64-16743-8, Mars 2012, 372 pages€120 $168 £108 ¥15 600Disponible en anglais uniquement

Farmer Behaviour, Agricultural Management and Climate Change ISBN 978-92-64-16764-3, Avril 2012, 83 pages€24 $33 £21 ¥3 100Édition française à paraître

DÉVELOPPEMENT

From Aid to Development: The Global Fight against PovertyISBN 978-92-64-11152-3, Mars 2012, 130 pages€15 $19 £10 ¥2 000Édition française à paraître

Agricultural Policies for Poverty Reduction ISBN 978-92-64-16863-3, Mars 2012, 192 pages€50 $70 £45 ¥6 500 Disponible en anglais uniquement

ÉCONOMIE

Études économiques de l’OCDE : Union européenne 2012 ISBN 978-92-64-12963-4, Avril 2012, 81 pages€61 $86 £54 ¥7 200

Études économiques de l’OCDE : Zone euro 2012ISBN 978-92-64-12965-8, Avril 2012, 81 pages€61 $86 £54 ¥7 200

OECD Economic Surveys: Chile 2012 ISBN 978-92-64-12720-3, Janvier 2012, 124 pages€61 $86 £54 ¥7 200Édition française à paraître

OECD Economic Surveys: Denmark 2012ISBN 978-92-64-12678-7, Janvier 2012, 98 pages€61 $86 £54 ¥7 200Édition française à paraître

OECD Economic Surveys: Finland 2012 ISBN 978-92-64-12722-7, Février 2012, 118 pages€61 $86 £54 ¥7 200Édition française à paraître

OECD Economic Surveys: Germany 2012 ISBN 978-92-64-12706-7, Mars 2012, 118 pages€61 $86 £54 ¥7 200Édition française à paraître

OECD Economic Surveys: Hungary 2012 ISBN 978-92-64-12726-5, Mars 2012, 152 pages€61 $86 £54 ¥7 200Édition française à paraître

OECD Economic Surveys: Korea 2012 ISBN 978-92-64-12783-8, Avril 2012, 150 pages€61 $86 £54 ¥7 200Édition française à paraître

Études économiques de l’OCDE : Pologne 2012 ISBN 978-92-64-12961-0, Juin 2012, 125 pages€61 $86 £54 ¥7 200

Strategic Environmental Assessment in Development Practice: A Review of Recent ExperienceISBN 978-92-64-16673-8, Mars 2012, 124 pages€36 $50 £32 ¥4 600Édition française à paraître

International Drivers of Corruption: A Tool for AnalysisISBN 978-92-64-16750-6, Mars 2012, 108 pages€30 $42 £27 ¥3 900Disponible en anglais uniquement

Agricultural Policies for Poverty Reduction: A SynthesisISBN 978-92-64-16767-4, Mars 2012, 72 pages€24 $33 £21 ¥3 100Disponible en anglais uniquement

Greening Development: Enhancing Capacity for Environmental Management and GovernanceISBN 978-92-64-16788-9, Février 2012, 100 pages€28 $39 £25 ¥3 600Édition française à paraître

Global Security Risks and West Africa: Development ChallengesISBN 978-92-64-11066-3, Mars 2012, 136 pages

€35 $49 £31 ¥4 500Disponible en anglais uniquement

International Support to Post-Conflict Transition: Rethinking Policy, Changing PracticeISBN 978-92-64-16831-2, Avril 2012, 87 pages€24 $33 £21 ¥3 100Édition française à paraître

DÉVELOPPEMENT URBAIN, RURAL ET RÉGIONAL

OECD Territorial Reviews: Småland-Blekinge, Sweden 2012 ISBN 978-92-64-16949-4, Mars 2012, 248 pages€48 $67 £43 ¥6 200Disponible en anglais uniquement

OECD Urban Policy Reviews, Korea 2012 ISBN 978-92-64-17414-6, Mai 2012, 179 pages€54 $75 £48 ¥7 000Disponible en anglais uniquement

LIVRES

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86

Strong Performers and Successful Reformers in Education: Lessons from PISA for Japan ISBN 978-92-64-11851-5, Mars 2012, 210 pages€60 $84 £54 ¥7 800Disponible en anglais uniquement

Equity and Quality in Education: Supporting Disadvantaged Students and SchoolsISBN 978-92-64-13084-5, Février 2012, 168 pages€40 $56 £36 ¥5 200Édition française à paraître

OECD Reviews of Evaluation and Assessment in Education: School Evaluation in the Flemish Community of Belgium 2011 ISBN 978-92-64-16804-6, Janvier 2012, 143 pages€30 $42 £27 ¥3 900Disponible en anglais uniquement

OECD Reviews of Evaluation and Assessment in Education: Czech Republic 2012 ISBN 978-92-64-11675-7, Février 2012, 162 pages€30 $42 £27 ¥3 900Disponible en anglais uniquement

OECD Reviews of Evaluation and Assessment in Education: New Zealand 2011ISBN 978-92-64-16867-1, Mars 2012, 160 pages€30 $42 £27 ¥3 900Disponible en anglais uniquement

EMPLOI

Recruiting Immigrant Workers: Sweden 2011ISBN 978-92-64-16720-9, Janvier 2012, 160 pages€28 $39 £25 ¥3 600Disponible en anglais uniquement

ÉNERGIE

Electricity Security and a Climate-constrained World ISBN 978-92-64- 17552-5, Juin 2012, 100 pages€50 $70 £45 ¥6 500Disponible en anglais uniquement

Medium-Term Coal Market Report 2011: Market Trends and Projections to 2016ISBN 978-92-64-16766-7, Janvier 2012, 118 pages€100 $140 £90 ¥13 000Disponible en anglais uniquement

Inventory of Estimated Budgetary Support and Tax Expenditures for Fossil FuelsISBN 978-92-64-12872-9, Janvier 2012, 368 pages€110 $154 £99 ¥14 300Disponible en anglais uniquement

Energy Policies of IEA Countries: Slovak Republic 2012ISBN 978-92-64-09824-4, Février 2012, 150 pages€75 $105 £67 ¥9 700Disponible en anglais uniquement

Energy Policies of IEA Countries: Denmark 2011 ISBN 978-92-64-09820-6, Mars 2012, 162 pages€75 $105 £67 ¥9 700Disponible en anglais uniquement

ÉNERGIE NUCLÉAIRE

Trends towards Sustainability in the Nuclear Fuel CycleISBN 978-92-64-16810-7, Janvier 2012, 184 pages€50 $70 £45 ¥6 500Édition française à paraître

ENVIRONNEMENT

Meeting the Water Reform Challenge ISBN 978-92-64-16999-9, Mars 2012, 172 pages€48 $67 £43 ¥6 200Disponible en anglais uniquement

Mortality Risk Valuation in Environment, Health and Transport Policies ISBN 978-92-64-13076-0, Février 2012, 140 pages€42 $58 £37 ¥5 400Édition française à paraître

OECD Environmental Performance Reviews: Germany 2012 ISBN 978-92-64-16929-6, Mai 2012, 158 pages€50 $70 £45 ¥6 500Édition française à paraître

ÉCHANGES

Statistiques de l’OCDE sur les échanges internationaux de services, Volume 2011 numéro 1 : Tableaux détaillés par catégories de services

ISBN 978-92-64-17290-6, Janvier 2012, 102 pages€91 $120 £73 ¥11 700

Statistiques de l’OCDE sur les échanges internationaux de services, Volume 2011 numéro 2 : Tableaux détaillés par pays partenaires ISBN 978-92-64-17295-1, Février 2012, 163 pages

€91 $120 £73 ¥11 700

ÉDUCATION

The Experience of New Teachers: Results from TALIS 2008ISBN 978-92-64-12094-5, Mars 2012, 100 pages€30 $42 £27 ¥3 900Disponible en anglais uniquement

Starting Strong III: A Quality Toolbox forEarly Childhood Education and CareISBN 978-92-64-12325-0, Janvier 2012, 372 pages€65 $91 £58 ¥8 400Édition française à paraître

Literacy, Numeracy and Problem Solving in Technology-Rich Environments: Framework for the OECD Survey of Adult SkillsISBN 978-92-64-12880-4, Mars 2012, 80 pages€30 $42 £27 ¥3 900

Disponible en anglais uniquement

Strong Performers and Successful Reformers in Education: Education Policy Advice for Greece ISBN 978-92-64-11957-4, Janvier 2012, 112 pages€30 $42 £27 ¥3 900Disponible en anglais uniquement

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L’Observateur de l’OCDE N° 290-291, T1-T2 2012 87

FINANCE ET INVESTISSEMENT

OECD Sovereign Borrowing Outlook 2012 ISBN 978-92-64-16912-8, Mars 2012, 88 pages€25 $35 £22 ¥3 200Disponible en anglais uniquement

Financing High-Growth Firms: The Role of Angel InvestorsISBN 978-92-64-11877-5, Janvier 2012, 156 pages€30 $42 £27 ¥3 900Disponible en anglais uniquement

OECD Investment Policy Reviews: Colombia 2012 ISBN 978-92-64-16772-8, Avril 2012, 150 pages€35 $49 £31 ¥4 500Disponible en anglais uniquement

OECD Investment Policy Reviews: Kazakhstan 2012 ISBN 978-92-64-09768-1, Avril 2012, 140 pages€30 $42 £27 ¥3 900Disponible en anglais uniquement

OECD Investment Policy Reviews: Zambia 2012 ISBN 978-92-64-16904-3, Mars 2012, 135 pages€40 $56 £36 ¥5 200Disponible en anglais uniquement

Related Party Transactions and Minority Shareholder RightsISBN 978-92-64-09825-1, Mai 2012, 112 pages€27 $37 £24 ¥3 500Disponible en anglais uniquement

Towards New Arrangements for State Ownership in the Middle East and North AfricaISBN 978-92-64-11090-8, Mars 2012, 175 pages€35 $49 £31 ¥4 500Disponible en anglais et en arabe

Inventaire des lois, politiques et pratiques pour l’intégrité dans les affaires et la lutte contre la corruption dans vingt pays africains ISBN 978-92-64-11423-4, Mai 2012, 195 pages€45 $63 £40 ¥5 800

Better Regulation in Europe: Italy 2012ISBN 978-92-64-16996-8, Avril 2012, 128 pages€30 $42 £27 ¥3 900Disponible en anglais uniquement

FISCALITÉ

Dealing Effectively with the Challenges of Transfer PricingISBN 978-92-64-16907-4, Février 2012, 106 pages€24 $33 £21 ¥3 100Disponible en anglais uniquement

Taxing Wages 2011 ISBN 978-92-64-17327-9, Mai 2012, 585 pages€150 $210 £135 ¥19 500Édition française à paraître

GOUVERNANCE

OECD Fiscal Federalism Studies: Reforming Fiscal Federalism and Local Government: Beyond the Zero-Sum GameISBN 978-92-64-09841-1, Février 2012, 136 pages€40 $56 £36 ¥5 200Disponible en anglais uniquement

OECD Fiscal Federalism Studies: Institutional and Financial Relations across Levels of Government ISBN 978-92-64-16689-9, Mars 2012, 157 pages€45 $63 £40 ¥5 800Disponible en anglais uniquement

Measuring Regulatory Performance: A Practitioner’s Guide to Perception SurveysISBN 978-92-64-16714-8, Janvier 2012, 88 pages€24 $33 £21 ¥3 100Disponible en anglais uniquement

OECD Integrity Review of Brazil: Managing Risks for a Cleaner Public ServiceISBN 978-92-64-11931-4, Avril 2012, 355 pages€100 $140 £90 ¥13 000Disponible en anglais uniquement

Value for Money in Government: Denmark 2011 ISBN 978-92-64-13070-8, Janvier 2012, 152 pages€30 $42 £27 ¥3 900Disponible en anglais uniquement

INDUSTRIE ET SERVICES

Financing SMEs and Entrepreneurs 2012: An OECD ScoreboardISBN 978-92-64-02802-9, Avril 2012, 206 pages€62 $86 £55 ¥8 000Édition française à paraître

Food and the Tourism Experience: The OECD-Korea WorkshopISBN 978-92-64-11059-5, Mars 2012, 176 pages€45 $63 £40 ¥5 800

Disponible en anglais uniquementQUESTIONS SOCIALES – MIGRATION – SANTÉ

The Future of Families to 2030 ISBN 978-92-64-11821-8, Janvier 2012, 280 pages€45 $63 £40 ¥5 800Disponible en anglais uniquement

SCIENCE ET TECHNOLOGIEOECD Handbook on Measuring the Space Economy ISBN 978-92-64-12180-5, Mars 2012, 110 pages€24 $33 £21 ¥3 100Disponible en anglais uniquement

TRANSPORTS

Strategic Transport Infrastructure Needs to 2030ISBN 978-92-64-09521-2, Mars 2012, 248 pages€60 $84 £54 ¥7 800Édition française à paraître

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La gastronomie serait-elle la recette miracle pour sortir du marasme économique ? Food and the Tourism Experience ne va pas jusqu’à l’affirmer, mais elle montre qu’il s’agit d’un ingrédient important

du dynamisme économique. Les articles de ce recueil avaient été réunis pour un atelier organisé en Corée en décembre 2010 : en guise d’amuse-bouche, deux chapitres évoquent la contribution de la gastronomie au tourisme et à la croissance ; ils sont suivis d’un buffet de chapitres sur l’Amérique latine, l’Autriche, la Corée, l’Espagne, la France, l’Italie, le Japon et les pays nordiques.

On y apprend que les touristes consacrent souvent au moins 30 % de leur budget à la nourriture, et qu’une partie importante de ce budget profite directement à l’économie locale. En 2009, 59 % des touristes étrangers citaient

la gastronomie comme leur principale raison de se rendre au Japon, avant le shopping. Le Japon s’est doté, depuis 2004, d’un bureau chargé de promouvoir sa gastronomie, et ses grandes villes comptent désormais plus de restaurants étoilés au Michelin que leurs homologues européennes.

Rendus plus exigeants par la multiplication des voyages et la mondialisation, les touristes se détournent des destinations sans tradition culinaire. Ils recherchent des expériences de cuisine locale authentiques, exotiques et parfois novatrices, et la gastronomie peut influencer l’image de marque d’un pays. Ainsi, le vin et le fromage sont étroitement associés à la France, et le kimchi à la Corée, où une foire de gastro-tourisme était l’une des manifestations majeures de l’opération Visit Korea Year en 2010.

L’expérience culinaire nordique se caractérise par l’innovation et la créativité locale ; en Italie, la gastronomie est pimentée par le mouvement du slow food, qui met en avant les ingrédients locaux et la production alimentaire durable. Les produits novateurs et respectueux de

l’environnement figurent aussi au menu en Autriche et, dans des villes comme Paris, la cuisine « fusion » inspirée de la gastronomie internationale gagne en popularité. En Amérique latine, des influences diverses venues d’Espagne, du Portugal ou d’Irlande, mais aussi d’Afrique et d’Asie, se sont conjuguées à la redécouverte du patrimoine culinaire andin pour produire une gastronomie extrêmement riche.

De fait, les touristes recherchent une évasion gustative totale, comme l’indique Tae Hee Lee dans l’ouvrage. Pour les responsables publics, cette publication offre une liste d’ingrédients clés : l’authenticité, la qualité et la cohérence, le respect de l’environnement, les réseaux, la créativité, le marketing et la R&D.

La croissance est peut-être à portée de fourchette…

ISBN 978-92-64-11059-5 (disponible en anglais et en coréen uniquement)

La croissance au menu ?

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DES POLITIQUES MEILLEURES POUR UNE VIE MEILLEURE

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L’économie turque

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Istanbul : la mosquée Ortaköy illuminée et le centre financier Maslak en arrière-plan

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L’Observateur de l’OCDE N° 290-291, T1-T2 2012 91

L’OCDE prépare une Étude économique sur la Turquie, qui paraîtra prochainement. Quels en seront les thèmes ? Nous avons interrogé le département des Affaires économiques.

La Turquie a enregistré une forte croissance du PIB et de l’emploi, et ses finances publiques se portent relativement bien. Vous préparez votre prochaine Étude économique sur la Turquie : quels facteurs expliquent ce succès, selon vous ?

Le rebond de la Turquie face à la récession mondiale a en effet été impressionnant, marqué par un taux de croissance annuelle de près de 9 %, comparable à celui de la Chine en 2010-2011. Des mesures de relance macroéconomiques ont favorisé cette reprise, dont le rythme s’explique toutefois largement par le dynamisme du secteur privé de la région d’Istanbul et de l’Anatolie. Les entreprises turques sont parvenues à rediriger leurs exportations vers le Moyen-Orient, vers les régions où la demande progresse relativement vite, et celles où leur avantage comparatif est sérieux. La croissance a fortement ralenti depuis quelques trimestres ; mais elle demeure vigoureuse et son rythme est désormais plus soutenable.

La réduction du déficit de la balance courante est la priorité du gouvernement. Quelles sont les mesures adoptées ?

Le déficit extérieur avoisinait 10 % du PIB l’an dernier, un niveau inconfortablement élevé. Cela s’explique en partie par la montée en flèche de la facture énergétique, mais aussi par la récente perte de compétitivité de la Turquie, l’inflation ayant progressé plus vite que la dépréciation de sa monnaie. Des mesures ont été prises depuis la mi-2011 pour freiner la demande intérieure et réduire le déficit courant, y compris des mesures prudentielles. Même si les nouvelles hausses des prix pétroliers l’ont quelque peu masqué, un ajustement, bien que progressif, est en cours.

Face à une forte inflation et à la volatilité des flux de capitaux, la Banque centrale mène une politique monétaire jugée peu orthodoxe. Quelle est sa stratégie ?

La Banque centrale applique un large corridor

de taux d’intérêt et modifie les taux de réserves obligatoires des banques ; elle intervient aussi occasionnellement sur le marché des changes pour tenter de ramener l’inflation proche de l’objectif de 5 % tout en limitant la réappréciation des changes. Nous comprenons ses raisons, mais l’équilibre reste délicat à trouver. Ces derniers mois, l’inflation a flirté avec les deux chiffres. Il est primordial de baisser ce taux, et d’arrimer l’inflation future à un niveau modéré. Quels sont aujourd’hui les autres grands défis de l’économie turque ?

Les niveaux de vie en Turquie progressent rapidement, mais restent bien inférieurs à ceux des grands pays de l’OCDE. La forte croissance des années 2000 a permis de réduire la pauvreté, mais la croissance devra à terme être plus solidaire et plus verte. Les efforts en ce sens doivent être poursuivis.

La réforme du marché du travail est primordiale, notamment pour réorienter les ressources du secteur informel vers l’économie formelle : les contrats de travail doivent être assouplis et la fixation du salaire minimum décentralisée. Parallèlement, il faut encourager l’activité féminine, en proposant en priorité des structures abordables pour l’accueil des enfants et des personnes âgées.

L’éducation des jeunes et l’amélioration des compétences des travailleurs plus âgés est tout aussi cruciale : les taux de scolarisation ont progressé, mais il faut améliorer la qualité et l’équité de l’enseignement, notamment en donnant plus d’autonomie aux écoles et aux universités. Il faudrait aussi renforcer les dispositifs de formation destinés à la population active actuelle.

Une concurrence accrue dans les industries de réseau et l’agriculture stimulerait la croissance de toute l’économie, et contribuerait à réduire le déséquilibre extérieur : prévue de longue date, la libéralisation des secteurs de l’électricité et du gaz naturel doit devenir réalité, et les aides à l’agriculture doivent privilégier les transferts directs plutôt que le soutien des prix. L’empreinte carbone de la Turquie est faible à l’échelle internationale, mais devrait s’amplifier rapidement à mesure que le pays

rattrape son retard économique, malgré l’importance de la fiscalité environnementale. Il est nécessaire de privilégier les incitations économiques fondées sur les mécanismes de marché pour modérer les émissions, et de favoriser davantage de neutralité entre les sources d’émissions.

Notre Étude économique 2012 sur la Turquie examinera tous les défis que celle-ci doit relever pour maintenir une croissance solide et durable.

OCDE (à paraître en 2012), Études économiques de l’OCDE : Turquie, Paris.

Voir www.oecd.org/turquie et www.oecd.org/economie

La collection complète des Études économiques de l’OCDE par pays est désormais accessible sur OECD iLibrary.

Mises en ligne à l’occasion du 50e anniversaire de l’OCDE, ces archives offrent un panorama historique unique des évolutions économiques dans les pays de l’OCDE depuis 1961.

Un demi-siècle d’études économiques

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L’Observateur de l’OCDE N° 290-291, T1-T2 2012 93

L’air de la villeSi vous lisez ces lignes dans une grande ville, l’air que vous respirez n’est sans doute pas très bon pour vos poumons. Tandis que plus de 50 % de la population mondiale vit aujourd’hui en zone urbaine, seulement 2 % de la population urbaine mondiale respire une concentration acceptable de particules en suspension, ou PM (de l’anglais particulate matter), qui peuvent être source de maladies respiratoires, de cancers et de mort prématurée. Les enfants, les personnes âgées et les personnes souffrant de troubles pulmonaires comme l’asthme ou les maladies pulmonaires chroniques sont particulièrement sensibles aux effets néfastes des particules en suspension.

Que peuvent les pouvoirs publics ? De nombreux pays ont mis en place des réglementations et des dispositifs économiques tels que des mécanismes fiscaux et des systèmes d’échanges de permis d’émissions. Plusieurs pays ont également lancé des programmes de volontariat visant à renouveler les fours et systèmes de chauffage, ainsi qu’à mettre à l’écart les vieux véhicules, particulièrement polluants.

Néanmoins, selon le scénario de référence des Perspectives de l’environnement de l’OCDE, le

nombre de morts prématurées dues à une exposition aux PM

10 et aux PM

2.5, deux types

de particules en suspension particulièrement nocives, devrait passer d’un peu plus d’un million en 2000 à plus de 3,5 millions en 2050. Cette hausse concernera surtout les grandes économies émergentes comme le Brésil, la Chine et l’Inde. Dans l’ensemble, les concentrations moyennes dans toutes les régions dépassent déjà les plafonds recommandés par les Lignes directrices de l’OMS sur la qualité de

l’air, ce qui devrait perdurer en 2050. En outre, la croissance démographique urbaine signifie que les personnes vivant dans des villes aux concentrations supérieures au plafond de l’OMS, de 0,7 µg/m3, seront encore plus nombreuses en 2050, malgré l’amélioration prévue de la qualité de l’air.

Sommeil pacifiqueEn Chine, le rythme du progrès économique semble aller de pair avec celui du sommeil. Le temps de sommeil est essentiel au bien-être. C’est important pour la productivité, même lorsque l’objectif ultime est la maximisation des revenus. Les habitants de la région Asie-Pacifique semblent l’avoir compris : ils passent la majeure partie de leur temps libre – bien plus de la moitié – à l’hygiène personnelle, qui passe d’abord par le sommeil.

Les Chinois sont les plus gros dormeurs de la région Asie-Pacifique, avec neuf heures quotidiennes de sommeil en moyenne. Dans tous les pays de la région sauf la Corée, les gens passent au moins la moitié de leur temps libre – c’est-à-dire le temps non consacré au travail – à dormir. Le sommeil représente plus de 70 % du temps libre, qui comprend le temps passé à manger. Et en matière de sommeil, la région Asie-Pacifique ne connaît pas de discimination sexuelle. Bien que les femmes tendent à travailler plus et ont donc moins de temps libre

que les hommes, cela ne réduit pas leur temps de sommeil. Au Japon, où l’écart hommes-femmes est le plus important, les femmes dorment seulement 10 minutes de moins que les hommes. Il semble également que les habitudes liées au sommeil soient proches dans des pays géographiquement proches. Ainsi, c’est

en Corée et au Japon que l’on dort le moins : moins de 8 heures par jour. De même, on dort quasiment autant en Australie qu’en Nouvelle-Zélande, et au Kazakhstan qu’au Kirghizistan.

Voir www.oecd.org/els/social/indicators/SAG

Particules en suspension dans les villes Concentrations PM10 dans les grandes villes : scénario de référence, 2010-2050

Note : 1. La région Asie du Sud exclut l’Inde

Source : Perspectives de l’environnement de l’OCDE à l’horizon 2050

Les Chinois champions du sommeilNombre d’heures consacrées quotidiennement au sommeil

Source : Society at a Glance: Asia/Pacific 2011

http://dx.doi.org/10.1787/888932571532

http://dx.doi.org/10.1787/888932546110

Asie du Sud1

Afrique

Chine

Indonésie

Inde

Russie

Brésil

OCDE

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Hommes Femmes

Voir www.oecd.org/environnement/perspectives2050

μg/m3

Lignes directrices OMS sur la qualité de l’air

BAnqUE DE DOnnÉES

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Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois

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T4-2011 6,0 7,0 T4-2011 5,7 6,7 T1-2012 1,0 1,1

T4-2011 -2,3 -2,4 T4-2011 5,2 5,1 T1-2012 4,4 4,9

T3-2011 2,1 2,8 T4-2011 4,3 4,2 T1-2012 1,0 1,1

T4-2011 -0,9 -0,0 T4-2011 7,2 7,8 T1-2012 1,0 1,1

T4-2011 -2,4 -2,5 T1-2012 7,4 7,7 T1-2012 1,2 1,2

T3-2011 -3,3 1,3 T4-2011 7,0 7,5 T1-2012 5,0 3,9

T4-2011 4,4 3,0 T4-2011 3,1 3,4 T4-2011 3,6 2,7

T4-2011 5,5 6,4 T4-2011 7,8 7,6 T1-2012 0,8 0,9

T4-2011 -3,0 -4,2 T4-2011 22,9 20,4 T1-2012 1,0 1,1

T4-2011 5,7 3,6 T4-2011 11,7 13,9 T1-2012 1,0 1,1

T4-2011 -3,2 -3,0 T1-2012 8,3 9,0 T1-2012 0,3 0,3

T4-2011 -3,9 2,9 T4-2011 7,6 8,1 T1-2012 1,0 1,1

T4-2011 -1,7 -2,6 T4-2011 9,8 9,7 T1-2012 1,0 1,1

.. .. T4-2011 20,4 14,1 T1-2012 1,0 1,1

T4-2011 1,3 2,2 T4-2011 10,9 11,1 T4-2011 6,6 6,0

T4-2011 -1,4 0,8 T4-2011 14,7 14,5 T1-2012 1,0 1,1

T4-2011 -14,7 -17,3 T4-2011 6,7 8,3 T4-2011 5,7 4,8

T4-2011 -1,2 1,1 T4-2011 5,4 6,5 T1-2012 2,5 2,4

T4-2011 -1,7 -3,6 T4-2011 8,7 8,2 T1-2012 1,0 1,1

T4-2011 1,6 3,6 T4-2011 4,5 5,0 T4-2011 0,3 0,3

T3-2011 3,9 11,1 T4-2011 5,0 4,7 T1-2012 1,0 1,1

Allemagne Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation

Australie Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation

Autriche Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation

Belgique Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation

Canada Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation

Chili Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation

Corée Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation

Danemark Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation

Espagne Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation

Estonie Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation

États-Unis Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation

Finlande Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation

France Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation

Grèce Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation

Hongrie Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation

Irlande Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation

Islande Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation

Israël Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation

Italie Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation

Japon Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation

Luxembourg Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation

T4-2011 -0,2 2,0 T4-2011 -2,0 3,9 T4-2011 0,3 2,3

T4-2011 0,4 2,3 T4-2011 0,7 2,1 T4-2011 0,0 3,1

T4-2011 -0,1 1,4 T4-2011 -1,6 2,5 T4-2011 0,5 3,4

T4-2011 -0,1 1,0 T1-2011 2,2 10,8 T1-2012 1,4 3,6

T4-2011 0,4 2,2 T4-2011 0,8 3,4 T4-2011 0,3 2,7

T4-2011 2,0 4,8 T3-2011 -1,4 1,8 T1-2012 0,9 4,1

T4-2011 0,3 3,4 T4-2011 -0,1 5,2 T1-2012 1,0 3,0

T4-2011 -0,1 0,5 T4-2011 -1,6 -0,1 T1-2012 1,3 2,8

T4-2011 -0,3 0,3 T4-2011 -2,0 -4,3 T1-2012 -0,6 2,0

T4-2011 -0,2 5,1 T4-2011 -5,1 1,7 T1-2012 1,4 4,4

T4-2011 0,7 1,6 T4-2011 1,1 3,9 T1-2012 0,8 2,8

T4-2011 0,1 1,4 T4-2011 -0,1 -2,1 T1-2011 1,1 3,1

T4-2011 0,2 1,3 T4-2011 -0,8 0,6 T1-2012 0,6 2,3

T1-2011 0,2 -5,5 T4-2011 -6,9 -10,7 T1-2012 -0,9 2,0

T4-2011 0,3 1,5 T4-2011 0,8 4,3 T4-2011 1,1 4,1

T4-2011 -0,2 1,0 T3-2011 3,2 2,1 T4-2011 0,4 2,8

T4-2011 1,9 2,8 T3-2011 9,6 25,2 T1-2012 1,6 6,4

T4-2011 0,8 3,7 T4-2011 3,3 6,4 T4-2011 0,1 2,5

T4-2011 -0,7 -0,4 T4-2011 -2,2 -3,0 T1-2012 0,9 3,3

T4-2011 -0,2 -0,6 T4-2011 -0,3 -2,5 T4-2011 -0,2 -0,3

T4-2011 0,2 0,8 T4-2011 -5,7 -10,0 T1-2012 0,6 2,9

variation par rapport à niveau

la période précédente

valeur courante

l’année précédente

même période année précédente

BAnqUE DE DOnnÉES

Page 97: L'Observateur de l'OCDE n° 290-291 T1-T2 2012

OECD Observer No 290-291 Q1-Q2 2012 95

Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois

Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois

Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois

Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois

Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois

Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois

Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois

Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois

Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois

Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois

Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois

Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois

Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois

Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois

Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois

Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois

Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois

Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois

Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois

Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois

T4-2011 0,4 3,7 T4-2011 0,8 .. T1-2012 1,8 3,9

T4-2011 0,5 1,8 T4-2011 -1,0 -4,4 T1-2012 0,5 0,8

T4-2011 0,5 2,1 T4-2011 -2,0 0,7 T4-2011 -0,3 1,8

T4-2011 -0,6 -0,2 T4-2011 -3,9 -4,6 T4-2011 0,3 2,5

T4-2011 1,1 4,3 T4-2011 2,9 8,7 T4-2011 1,3 4,4

T4-2011 -1,3 -2,8 T4-2011 -3,2 -4,2 T1-2012 0,9 3,4

T4-2011 0,9 3,4 T4-2011 3,2 3,8 T1-2012 1,9 3,8

T4-2011 -0,1 0,6 T4-2011 2,8 4,2 T4-2011 0,5 2,4

T4-2011 -0,3 0,5 T4-2011 -1,2 -3,0 T4-2011 0,2 4,7

T4-2011 -0,7 -1,5 T4-2011 0,1 -0,4 T1-2012 -0,1 2,5

T4-2011 -1,1 1,2 T4-2011 -1,2 0,8 T1-2012 -0,2 1,8

T4-2011 0,1 1,2 T3-2011 -1,0 -0,9 T1-2012 -0,2 -0,9

T4-2011 0,6 4,8 T4-2011 7,5 6,9 T1-2012 2,0 10,5

T4-2011 -0,3 0,7 T4-2011 -1,9 0,0 .. ..

T4-2011 0,8 2,6 .. .. T4-2011 1,2 6,3

T4-2011 0,3 1,4 T4-2011 -1,1 -1,8 T1-2012 1,4 5,8

.. .. .. .. T1-2012 1,6 3,8

T4-2011 1,9 4,6 T4-2011 0,8 3,4 T4-2011 0,8 6,7

T4-2011 1,8 6,5 T4-2011 0,6 1,2 T4-2011 1,7 8,4

T4-2011 2,1 6,4 .. .. T1-2012 1,3 3,7

T4-2011 -1,2 -1,0. T4-2011 5,0 5,4 T1-2012 4,8 4,9

T2-2011 13,0 12,1 T4-2011 3,4 3,5 T1-2012 2,6 2,6

T4-2011 -4,0 -5,2 T4-2011 6,3 6,7 T1-2012 2,7 3,0

T4-2011 12,0 8,4 T4-2011 4,9 4,4 T1-2012 1,0 1,1

T4-2011 -3,8 -5,2 T4-2011 10,0 9,6 T1-2012 5,0 4,1

T4-2011 -3,1 -8,6 T4-2011 14,1 12,3 T1-2012 1,0 1,1

T3-2011 0,3 -5,6 T4-2011 14,0 13,9 T1-2012 1,0 1,1

T4-2011 -1,2 -3,2 T4-2011 6,6 7,0 T1-2012 1,2 1,2

T4-2011 -2,2 -3,8 T4-2011 8,3 7,8 T1-2012 1,1 0,8

T3-2011 -0,6 -0,6 T4-2011 8,7 7,7 T1-2012 1,0 1,1

T4-2011 6,5 7,2 T4-2011 7,5 7,9 T4-2011 1,4 1,1

T4-2011 18,3 14,2 T4-2011 3,8 4,0 T1-2012 0,1 0,2

T4-2011 -8,7 -8,2 T4-2011 8,3 9,9 .. ..

T2-2011 -0,8 -0,5 T4-2011 10,5 10,1 T1-2012 1,0 1,1

.. .. .. .. T1-2012 5,5 5,5

.. .. .. .. .. ..

.. .. .. .. T4-2011 5,7 3,7

T4-2011 7,1 4,5 .. .. T4-2011 7,1 4,6

T2-2011 -3,0 -3,1 .. .. .. ..

T2-2011 0,3 1,0 .. .. T4-2011 7,0 7,0

Non membres

Mexique Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation

Norvège Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation

Nouvelle- Produit intérieur brut Zélande Production industrielle Prix à la consommation

Pays-Bas Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation

Pologne Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation

Portugal Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation

République Produit intérieur brut Slovaque Production industrielle Prix à la consommation

République Produit intérieur brut Tchèque Production industrielle Prix à la consommation

Royaume-Uni Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation

Slovénie Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation

Suède Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation

Suisse Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation

Turquie Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation

Zone euro Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation

Afrique Produit intérieur brut du Sud 2 Production industrielle Prix à la consommation

Brésil 2 Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation

Chine 2 Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation

Fédération Produit intérieur brut de Russie 1 Production industrielle Prix à la consommation

Inde 2 Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation

Indonésie 2 Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation

Produit intérieur brut : Séries en volume ; corrigées des variations saisonnières. Indicateur avancé : Indice composite basé sur différents indicateurs de l’activité économique, qui signale les mouvements cycliques de la production industrielle de six à neuf mois en avance. Indice des prix à la consommation : Mesure les variations dans le temps des prix de vente au détail d’un panier constant de biens et services, Balance courante : Milliards de dollars US ; corrigée des variations saisonnières. Taux de chômage : Pourcentage de la population active civile, taux de chômage standardisés ; définitions nationales pour l’Islande, le Mexique et la Turquie ; corrigé des variations saisonnières sauf pour la Turquie. Taux d’intérêt : 3 mois.

..= données non disponibles.1Candidat à l’adhésion à l’OCDE

2Programme d’engagement renforcé

Source : Principaux indicateurs économiques, avril 2012.

variation par rapport à

la période précédente

l’année précédente

niveau

valeur courante

même période année précédente

BAnqUE DE DOnnÉES

Page 98: L'Observateur de l'OCDE n° 290-291 T1-T2 2012

96

Aujourd’hui, les gouvernements reconnaissent le rôle des énergies renouvelables, non seulement pour promouvoir le développement durable et combattre le changement climatique, mais aussi en tant que source potentielle d’innovation et de croissance économique.

La fourniture totale d’énergie issue du renouvelable a augmenté de 2,4 % par an dans les pays de l’OCDE entre 1971 et 2010, contre seulement 1,2 % par an pour la fourniture totale d’énergie primaire. La croissance annuelle de la fourniture d’énergie hydro-électrique, de 1,1 %, a été inférieure à celle d’autres énergies renouvelables, comme la géothermie, de 5,3 %, ou les biocarburants et les déchets, de 2,9 %. Le solaire et l’éolien ont quant à eux connu la plus forte croissance dans la zone OCDE, en partie parce qu’ils ont été stimulés par les politiques publiques. Leur marge de croissance reste importante, ces deux types d’énergies ne représentant, avec l’énergie marémotrice, qu’une faible part de la

production totale d’énergie. Les biocarburants, la biomasse, les déchets et l’énergie hydraulique restent dominants.

Dans l’ensemble des pays de l’OCDE, la contribution des renouvelables à la fourniture énergétique est passée de 4,8 % en 1971 à 7,6 % en 2010. Cette part a beaucoup varié selon les pays : elle a représenté 85 % de la fourniture énergétique en Islande, 39 % en Nouvelle-Zélande et 37 % en Norvège, mais seulement 3 % ou moins au Japon, en Corée, au Luxembourg et aux États-Unis.

De manière générale, la part des énergies renouvelables dans la production énergétique totale est plus faible dans les pays de l’OCDE que dans les autres, ce qui s’explique par l’importance de la biomasse chez ces derniers. En 2009, les renouvelables représentaient 46 % de l’énergie fournie au Brésil, 34 % en Indonésie, 26 % en Inde, 12 % en Chine, 10 % en Afrique du Sud et 3 % en Russie.

Voir le Panorama des statistiques de l’OCDE 2011-2012 : Économie, environnement et société

L’aide publique au développement (APD) provenant des principaux donneurs de la zone OCDE a été réduite de près de 3 % en 2011, inversant une tendance ancienne marquée par des augmentations annuelles : de 2000 à 2010, l’aide a été constamment accrue (+63 % entre 2000 et 2010, année où elle a connu un pic). Les diminutions d’aide bilatérale, multilatérale et humanitaire (voir le graphique) ont toutes contribué à la baisse. Et les restrictions budgétaires à l’œuvre dans les pays de l’OCDE devraient accentuer la pression sur l’aide au cours de prochaines années.

En 2011, les pays du Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE ont fourni 133,5 milliards de dollars d’APD nette, représentant 0,31 % de leur revenu national brut (RNB) combiné. Ce montant traduit une baisse de 2,7 % en termes réels par rapport à 2010. L’aide affectée à des projets et des programmes de développement (c’est-à-dire hors remises de dettes et aide humanitaire) a baissé de 4,5 % en termes réels.

L’aide bilatérale aux pays d’Afrique subsaharienne a été de 28 milliards de dollars,

soit une diminution de 0,9 % en termes réels par rapport à 2010. Mais l’aide fournie à l’ensemble du continent africain a augmenté dans les mêmes proportions, atteignant 31,4 milliards de dollars. Cela traduit l’aide apportée aux pays d’Afrique du Nord après les révolutions du Printemps arabe. Les flux d’APD nette bilatérale destinés aux Pays les moins avancés (PMA) ont enregistré une baisse de 8,9 %, atteignant 27,7 milliards de dollars.

Efforts renouvelables

Budgets restreints, aide en baisse

Les plus importants donneurs ont été les États-Unis, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la France et le Japon, et les plus fortes hausses ont été réalisées par l’Italie, la Nouvelle-Zélande, la Suède et la Suisse. Mais l’APD a baissé dans 16 pays du CAD, notamment en Autriche, en Belgique, en Grèce, au Japon et en Espagne.

Voir www.oecd.org/cad

Part des énergies renouvelables dans la production énergétique Contribution en % de l’énergie primaire totale

fournie, 2010

L’aide au développement en baisse Composantes de l’APD des pays du CAD

Source : Panorama des statistiques de l’OCDE 2011-2012 : Économie, environnement et société

Source : OCDE

http://dx.doi.org/10.1787/888932535033

140

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40

20

02000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011

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10

(prél.)

BAnqUE DE DOnnÉES

Aide bilatérale affectée à des projets, programmes et à la coopération technique sur le développementAide humanitaire

APD multilatérale

Prêts de remise de dette nets

Page 99: L'Observateur de l'OCDE n° 290-291 T1-T2 2012

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Page 100: L'Observateur de l'OCDE n° 290-291 T1-T2 2012

Relever le défi mondial de l’eau

Aman Bajaj Sood, collaboratrice de Nestlé (à gauche) et Harinder Kaur, productrice, participent à un programme de sensibilisation à l’eau destiné aux producteurs, organisé près de la fabrique Nestlé de Moga (Inde).

A travers nos rapports de Création de valeur partagée, nous souhaitons fournir des informations concernant notre impact à long terme sur la société et son lien avec le succès durable de nos activités.

Parallèlement à nos autres principaux domaines clés CSV que sont la nutrition et le développement rural, le rapport de cette année synthétise la réponse que Nestlé apporte au défi de l’eau dans les cinq domaines clés suivants:

> Politiques publiques> Action collective> Opérations directes> Chaîne d’approvisionnement> Dialogue avec les communautés

www.nestle.com /csvVisitez le site internet CSV pour un rapport completde nos progrès, défis et performances en 2011