« L’intérêt des sociétés de géographie de Bruxelles et d’Anvers

pour l’Afrique avant le Congrès de Berlin (1884-1885) »

dr. Jan Vandersmissen

Université de LiègeCentre d’Histoire des Sciences et des Techniques

Introduction

Les sociétés de géographie belges du XIXe siècle:• Société (royale) belge de Géographie – Bruxelles• Société (royale) de Géographie d’Anvers

- alliés du Roi Léopold II dans sa politique africaine (1876-1885)- instruments de propagande influencer l’opinion des élites- la géographie comme science impériale

Les origines du mouvement géographique

Le mouvement géographique :• voit le jour partout dans le monde occidentale dans le courant du XIXe s.• ensemble hétéroclite d’hommes et d’institutions• « intérêt » pour « la géographie » faible statut scientifique

début XIXe s. : sous l’influence de

la science humboldtienne seconde moitié XIXe s. :

essor de la géographie économique

« philosophie de la terre » versus « géographie matérialiste »• géographie et « progrès »• la bourgeoisie / les « intéressés économiques »• les cadres de mouvement géographie• journaux / conférences / congrès• sociétés de géographie

Les origines du mouvement géographique

Les sociétés de géographie dans le monde :• Paris (1821)• Berlin (1828)• Londres (1830)• Saint-Pétersbourg (1845)• New York (1851)• Vienne (1856)• Genève (1858)• Leipzig (1861)• Dresde (1863)• Turin (1867)• Kiel (1867)• Munich (1869)• etc.

L’essor du mouvement géographique en Belgique

Le tournant décisif à la fin des années 1860 :• groupe anversois 1er Congrès international de géographie (1869/1871)• groupe autour de C.-X. Sainctelette première Société belge de Géographie (dès 1869)Congrès de 1871 :• développement du discours matérialiste• importance d’expansion économique

Société de Sainctelette (1869-1873) :• politique libérale / aversion contre la colonisation• en faveur de l’expansionnisme• respecter le libre-échange• créer des marchés au loin pour la surproduction belge

La relance de 1875 : géographie et colonisation au Congrès de Paris

La relance de 1875 : géographie et colonisation au Congrès de Paris

1875 : deuxième Congrès international de Géographie à Paris• nouvel élan pour le mouvement géographique belge• rapport de Goblet d’Alviella « Nous faudra-t-il un Sedan belge ? »• géographie et darwinisme• rentabilité des modèles de colonisation• analyses de flux migratoires dans le monde• l’explorateur – « héros » de la géographie• intérêt de Léopold II pour les thèmes du Congrès

1876 – « l’année miraculeuse » de la géographie belge

1876 : trois initiatives• 27 août : 1re séance de la nouvelle Société belge de Géographie• 12-14 septembre : Conférence géographique internationale• création de la Société de Géographie d’Anvers

1876 – « l’année miraculeuse » de la géographie belge

Société belge de Géographie• siège à Bruxelles• ambition nationale• le populaire et le savant• diffusion d’informations géographique• importance du « Bulletin »• environ 1.000 membres

1876 – « l’année miraculeuse » de la géographie belge

Société de Géographie d’Anvers• siège à Anvers• monde commercial et maritime• le populaire et le savant• mêmes objectifs qu’à Bruxelles• importance du « Bulletin »• discours d’expansionnisme économique

1876 – « l’année miraculeuse » de la géographie belge

Les sociétés de géographie et la Cour• contacts étroits• fusion de forces• Jean-Baptiste Liagre (Bruxelles)• Henri-Emmanuel Wauwermans (Anvers)

Jean-Baptiste Liagre, premier présidentde la Société belge de Géographie

Diffusion de connaissances sur l’Afrique parmi les élites belges

• conférences et publications• descriptions et représentations cartographiques de l’Afrique• vulgarisation / synthèse des récits de voyage• géographie pratiquée par des géographes en chambre• rôle d’Alphonse-Jules Wauters• le potentiel économique de l’Afrique

Route de la premièreexpédition de l’AIA,BSBG, III, 1879.

Une géographie historique avec une connotation impérialiste

• l’histoire comme justification de l’expansionnisme « belge »• la cosmographie et cartographie « flamande » du XVIe siècle et la fascination pour les sources du Nil• les « Flamands » dans l’Atlantique…• les voyageurs belges « inconnus » du XIXe siècle • terminologie nationaliste

Mercator et Ortelius dans le logo de la Société de Géographie d’Anvers

Renforcement de « l’humanisme » et de « l’internationalisme » léopoldiens

• renforcement des termes « humanistes » de 1876• « la science », « le progrès », « la paix », « la lumière », à transférer vers les « ténèbres »• Louis Delgeur et la « mission civilisatrice » chrétienne• Les sociétés et le commerce des « produits de la civilisation »• Les sociétés et « l’internationalisme »

Ouverture de la Conférence de Bruxelles par le Roi Léopold II (1876).

Transferts d’information à partir du réseau léopoldien

• membres d’honneur / membres correspondants• les sociétés et les conseillers du roi• l’épithète royale (1882)• les sociétés et l’AIA, le CEHC et l’AIA• lecture et publication de lettres• contributions « scientifiques » sur les problèmes pratiques de l’exploration

- climat- santé- transport

• « instructions aux voyageurs »• premières études anthropologiques et météorologiques

Débarquement des éléphants à Msasani,planche dans BSGA, IV, 1879.

Développement du « paradigme héroïque »

• « paradigme héroïque » : ensemble de définitions, attributions, rituels et cérémonies qui visaient à représenter l’entreprise africaine, les explorateurs et Léopold II lui-même comme points culminants d’une longe tradition héroïque.• mythification de Stanley

- publication de lettres et d’extraits d’ouvrages- célébrations publiques- terminologie et valeurs bourgeoises- physionomie

• les « héros » belges (ex. Ernest Cambier)

Propagande pour la politique congolaise de Léopold II avant Berlin

• menaces étrangères• géopolitique et concurrence• défense de « l’internationalisme »• opposition aux agendas « nationalistes » et « colonialistes »• la géographie historique – une science « objective » ?• les sociétés et la concurrence entre de Brazza / Stanley• les sociétés contre la France• plaidoyers pour la souveraineté de l’AIC• distribution de cartes qui revendiquent des stations contestés• les sociétés et la Conférence de Berlin (1884-1885)

Remarques finales

• période 1876-1885- le mouvement géographique devient instrument de propagande- au niveau du contenu les deux sociétés étaient interchangeables- la tradition expansionniste- l’opinion publique

• après 1885-l’Etat indépendant du Congo prend contrôle de la communication- avalanche de propagande- « idée » / « projet » versus « réalité »- rôle des sociétés change