L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

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UNIVERSITE D’ANTANANARIVO Faculté de Droit, d’Economie, de Gestion et de Sociologie Département ECONOMIE MAITRISE Option : « ADMINISTRATION » Mémoire pour l’obtention du Diplôme de Maîtrise ès-Sciences Economiques L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ DE L’EMPLOI A MADAGASCAR Impétrant : Monsieur ANDRIAMBOLOLONTSOA Rajaobelina Masoandrohenintsoa Encadré par : Monsieur FANJAVA Refeno, Chef de Département Date de soutenance : 28 Mai 2014 ANNEE UNIVERSITAIRE : 2012/1013

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UNIVERSITE D’ANTANANARIVO

Faculté de Droit, d’Economie, de Gestion et de Sociologie

Département ECONOMIE

MAITRISE Option : « ADMINISTRATION »

Mémoire pour l’obtention du Diplôme de Maîtrise

ès-Sciences Economiques

L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

DE L’EMPLOI A MADAGASCAR

Impétrant : Monsieur ANDRIAMBOLOLONTSOA Rajaobelina

Masoandrohenintsoa

Encadré par : Monsieur FANJAVA Refeno,

Chef de Département

Date de soutenance : 28 Mai 2014

ANNEE UNIVERSITAIRE : 2012/1013

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L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

DE L’EMPLOI A MADAGASCAR

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I

REMERCIEMENTS

Au début de cette lettre, il m’est agréable d’exprimer et d’adresser mes remerciements

les plus dévoués à tous ceux qui ont contribué de près ou de loin à la réalisation de ma

mémoire ainsi qu’à la réussite de cette année universitaire.

Je tiens tout d’abord à remercier Dieu Le tout puissant de m’avoir donné la force et la

patience pour accomplir ce travail.

Je tiens à remercier sincèrement Monsieur FANJAVA Refeno, qui, en tant

qu’encadreur de mémoire, s’est toujours montré à l’écoute et très disponible tout au long de la

réalisation de ce mémoire, pour l’aide et le temps qu’il m’a consacrés sans lesquels ce

mémoire n’aurait jamais vu le jour.

Ma reconnaissance s’adresse également :

Au Secrétaire Général du Ministère des postes, des télécommunications et des

nouvelles technologies : Monsieur RAJOBSON Johary ; ainsi qu’au Chef de service de la

formation et de la gestion des carrières au sein de ce même Ministère : Madame

RAZAFINDRATSIMA Ranoromalala

Aux personnels de bureau de la porte 119 de l’INSTAT.

J’exprime ma gratitude à tous les consultants rencontrés lors des recherches effectuées

et qui ont accepté de répondre à mes questions avec gentillesse.

Enfin, J’adresse mes reconnaissances à tout le personnel de la faculté DEGS et du

département économie sans exception, sans lesquels mes études auront été vaines.

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II

AVANT-PROPOS

A la fin de chaque année universitaire, chaque étudiant postulant au diplôme de

Maitrise en sciences économiques doit choisir impérativement un thème de mémoire à

soutenir avant de pouvoir obtenir ce précieux diplôme. Ce choix a été influencé par la grande

question que se sont posés les observateurs internationaux : « comment Madagascar arrive-t-il

à tenir malgré la suspension des aides internationales alors que celle-ci a entrainé des très

mauvaises répercussions sur l’économie ? »

Vu la situation critique que traverse notre pays, notamment sur la persistance de la

crise, ce travail tente d’apporter une approche sur les différentes voies que peuvent prendre les

agents économiques dans une circonstance de dérèglement manifeste de l’économie.

Ce mémoire présente une analyse économique des relations entre le secteur informel et

le marché de l’emploi à Madagascar. Mais afin de mieux comprendre les réalités du pays,

quelques descentes sur terrain furent nécessaires pour bien examiner les faits. Certaines ont pu

être effectuées inopinément mais d’autres descentes ont nécessité une audience particulière.

Cependant, les réponses obtenues ne sont qu’un bref aperçu des réalités.

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III

SOMMAIRE

Introduction

Première partie : Aperçu global du secteur informel et du marché de l’emploi

Chapitre I : Approche su secteur informel

A. Les concepts de l’informalité

B. Les facteurs prolifiques à l’accroissement du secteur informel

Chapitre II : Cadres théoriques du marché de l’emploi

A. Les approches selon les courants de pensée

B. Les politiques de l’emploi

Deuxième partie : Les réalités de Madagascar

Chapitre III : Les impacts des crises à Madagascar

A. Les impacts globaux

B. Les impacts sur le marché de l’emploi

Chapitre IV : Les enjeux du secteur informel sur l’économie malgache

A. Le secteur informel, une alternative aux défaillances du système économique

B. Les rôles de l’Etat

Chapitre V : Recommandations et perspectives

A. Instaurer un cadre propice à la formalisation du secteur informel

B. Amélioration du quotidien de la population

Conclusion

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IV

GLOSSAIRE

Assujettie : Une personne est dite assujettie quand elle est soumise habituellement aux

différentes contraintes supportées par la nature de son assujettissement.

Chômage : D’une manière plus globale, le chômage peut être défini comme le fait

d’être en situation d’inactivité bien que le sujet en question soit apte à exercer une activité

donnée. Selon les théories, il peut être volontaire ou involontaire.

Crise : La crise est une situation de trouble ou de dérèglement des mécanismes de

fonctionnement, mais également un affaiblissement des performances vitales. Elle peut être

généralisée ou partielle.

Etat : C’est une organisation politique, juridique et sociale. Dotée d’une personnalité

morale et délimitée par une frontière bien définie, l’Etat exprime son pouvoir par voie

d’autorité.

Formalisation : Elle consiste à rendre formel une pratique ou une entité donnée, c’est-

à-dire de se conformer aux normes et règlementations en vigueur.

Imposition : L’imposition désigne le fait d’être frappé par les divers impôts, taxes et

autres charges sociales relatives à l’exercice d’une activité ou à l’occupation d’un statut.

Marché de l’emploi : Aussi appelé « marché du travail », c’est le marché théorique où

se rencontre l’offre d’emploi et la demande d’emploi. D’ailleurs, ces deux facteurs influent

énormément sur son fonctionnement.

Pauvreté : Elle désigne une situation de manque de ressource suffisante pour

s’épanouir librement et décemment. Les critères pour qualifier de pauvre sont nombreux mais

ils portent sur les conditions de vie en général.

Secteur informel : regroupe les activités productrices de biens et de services qui

s’effectuent en marge de la législation et échappent aux contrôles étatiques.

Sous-emploi : le sous-emploi se caractérise par la situation vulnérable, en matière

d’emploi, causée par l’insuffisance des heures de travail ou de la productivité.

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V

LISTE DES ABREVIATIONS

AGOA : African Growth and Opportunity Act

BAD : Banque Africaine pour le Développement

BIT : Bureau International du Travail

CEFOR : Crédit-Epargne et Formation

CNaPS : Caisse Nationale de Prévoyance Sociale

DGI : Direction Générale des impôts

DIAL : unité de recherche IRD : Développement, Institutions et Analyses de Long terme

EDBM : Economic Development Board of Madagascar

ENEMPSI : Enquête Nationale sur l’Emploi et le Secteur Informel

EPM : Enquête Permanente auprès des Ménages

FMI : Fonds Monétaire International

IDH : Indicateur de Développement Humain

IFC : International Finance Corporation

INSTAT : Institut National de la Statistique

IRD : Institut de Recherche pour le Développement

JIRAMA : Jiro sy Rano Malagasy

MFB : Ministère des Finances et du Budget

OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economiques

OIT : Organisation Internationale du Travail

OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement*

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VI

ONG : Organisation Non Gouvernementale

ONU : Organisation des Nations-Unies

ORSTOM : avant 1984, Office de Recherche Scientifique et Technique Outre-mer. A partir

de 1984, Institut français de recherche scientifique et technique pour le développement

PIB : Produit Intérieur Brut

PME : Petites et Moyennes Entreprises

PNE : Politique Nationale de l’Emploi

PNPS : Politique Nationale de la Protection Sociale

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

PSDR : Projet de Soutien au Développement Rural

RCS : Registre du Commerce et des Sociétés

RNDH : Rapport National sur le Développement Humain

SIM : Syndicat des Industries de Madagascar

SMIC : Salaire Minimum Interprofessionnel de la Croissance

SMIG : Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti

TVA : Taxe sur la Valeur Ajoutée

UPI : Unité de Production Individuelle

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INTRODUCTION

Les potentiels d’un pays s’apprécient par le biais de différents critères et facteurs

comme ses richesses minières, sa position géographique mais surtout par sa situation politico-

économique. Ces différents critères contribuent à l’atteinte des objectifs macroéconomiques.

Mais Madagascar est un pays considéré comme instable politiquement et économiquement.

Cette instabilité se traduit par des crises à répétition qui plonge le pays vers des

dysfonctionnements au niveau économique. Les crises politiques ont eu des effets néfastes

majeurs sur les relations avec les extérieurs. Les sanctions prises par la communauté

internationale ont conduit à une baisse de la production du pays et à celle des revenus de la

population mais surtout à des problèmes graves sur le marché de l’emploi. Ces différents

facteurs, entre autres, se sont combinés et ont favorisé la prolifération des activités

informelles.

Aucun pays dans le monde n’échappe à l’existence du secteur informel ainsi qu’aux

problèmes liés au marché du travail. En fait ce sont des problèmes courants qui ne se

dissocient guère des réalités économiques. Ils peuvent se présenter sous plusieurs aspects mais

des ressemblances existent. C’est pourquoi il est important d’avoir des connaissances sur les

faits observés dans les autres contrées. Autant dire que Madagascar est lui aussi soumis aux

mêmes difficultés auxquelles les nations d’aujourd’hui doivent surmonter.

Vu le chômage accru frappant les secteurs les plus importants en terme de création

d’emploi ainsi que la nécessité pour la population malgache d’assurer sa consommation

autonome, force est de constater que pour survivre, il faut à tout prix trouver des sources de

revenus à titre principal ou supplémentaire. Par conséquent, entrer dans l’informel s’avère

alors, pour certaines personnes, être une nécessité de survie surtout pour les plus démunis. La

faculté des agents économiques à s’adapter aux réalités du pays constitue une énigme pour

certains observateurs. C’est justement cet exploit à toute épreuve qui prouve que la grande île

a beaucoup de potentiels exploitables.

Il est alors intéressant de savoir dans quelle mesure le secteur informel contribue-t-il à

combler les lacunes du marché de l’emploi à Madagascar. Doit-on le formaliser pour assurer

un meilleur avenir ?

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2

L’étude de ce contexte nécessite non seulement une approche théorique, mais

également des études empiriques matérialisées par des descentes sur terrain. A partir de là, les

hypothèses pourront être vérifiées ou contestées.

Afin de mieux comprendre ce phénomène, on doit d’abord avoir un aperçu global sur

le secteur informel et le marché du travail (I) pour ensuite pouvoir les confronter avec les

réalités de Madagascar (II).

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3

PREMIERE PARTIE : APERҪU GLOBAL DU SECTEUR

INFORMEL ET DU MARCHÉ DE L’EMPLOI

Les problèmes liés au marché du travail et au secteur informel sont des phénomènes

habituels de la société. Ils influent énormément sur le fonctionnement de l’économie. De ce

fait, il est important de déceler toutes leurs facettes. Ayant une corrélation directe avec la

pauvreté, ces deux phénomènes méritent des attentions particulières tant sur le plan

économique que social. Par ailleurs, le cinquième rapport national sur le développement

humain (RNDH de 2010) à Madagascar introduit les problèmes de l’emploi en général ainsi

que le secteur informel dans le concept de développement humain.

Mis à part cela, le secteur informel rend difficile et incertain toutes sortes d’évaluation

de performance utilisant les indicateurs macroéconomiques habituels comme le PIB par tête

par exemple.

Certains auteurs économistes se sont penchés sur l’étude de ces circonstances et ils

ont ainsi sorti des théories pour pouvoir s’exprimer davantage sur ces phénomènes. Certains

de ces ouvrages sont devenus des références mondiales.

A l’image de John Maynard Keynes avec son ouvrage : « Théorie générale de

l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie » publié en 1936 qui a connu un énorme succès, en

partie dû à la répercussion catastrophique de la crise de 1929 dans le monde. Ou encore le

livre de Bruno Lautier intitulé : « L’économie informelle dans le tiers monde » sortie en 1994

et réédité en 2004.

Ces ouvrages permettent d’avoir une grille d’analyse sur les situations que l’on veut

observer. En effet, les théories et les concepts élaborés par ces auteurs aident à mieux

interpréter et ainsi à mieux comprendre les fonctionnements de l’économie en général.

Cependant, le débat animant le secteur informel est largement plus récent par rapport à celui

du marché de l’emploi. De ce fait, les rapports relatifs aux relations de dépendance ou

d’indépendance entre les deux (2) sujets restent encore dans le stade primitif. « On pense

souvent à tort que les deux secteurs sont indépendants l’un de l’autre …»1. Or, le marché de

1 http://www.memoireonline.com/02/10/3187/m_Le-secteur-informel-comme-strategie-de-survie-des-

congolais1.html

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l’emploi et le secteur informel sont étroitement liés dans la mesure où l’équilibre du premier

peut être influencé par le second. Cette interdépendance peut aller dans le même sens ou bien

s’opposer complètement. Effectivement, le secteur informel peut soulager les distorsions du

marché de l’emploi mais dans des cas particulier, il peut se présenter comme étant une source

de perturbation à l’équilibre du marché du travail.

L’étude de cette première partie nous amène exposer les théories dominantes, mais

également à maîtriser les grilles d’analyses existantes. Deux chapitres y seront traités :

Le premier chapitre : Approches du secteur informel

Le second s’intitule : Cadres théoriques du marché de l’emploi

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Chapitre I : Approches du secteur informel

5

CHAPITRE I : APPROCHES DU SECTEUR INFORMEL

Le terme « Secteur Informel » tire son origine de la Conférence internationale2 du

travail tenue en 1969. Cette conférence lançait le programme mondial de l'emploi. La

première mission organisée en Afrique concerne le Kenya. Lors de cette mission, il s’est

révélé que dans les pays en développement, le principal problème n'est pas celui du chômage,

mais celui de l'existence d’une catégorie de personnes qui travaillent et qui peuvent même

travailler très dur, mais dont l'emploi n'est pas productif, dans les sens où celui-ci ne leur

permet pas de gagner un revenu atteignant un minimum décent.

L’économie informelle est une expression perverse de la rationalité. De ce fait, elle

relève encore du domaine de la science. Etant donné que c’est la nuance entre les moyens

engagés pour arriver aux fins qui différencie le sens informel du sens formel. Cependant,

l’informel n’obéît pas aux mêmes lois économiques que le secteur formel. En effet, les

avantages de l’un ne sont pas forcément favorables à l’autre, dans certains cas, ils sont même

opposés. Si l’on considère le fait que le secteur informel est plus compétitif parce qu’il

supporte moins de charge (sans impôt à payer…), force est de constater que celui-ci, ne peut

en aucun cas bénéficier d’aucune protection vis-à-vis de la législation et du gouvernement.

« Dans la littérature, un débat est ouvert sur le rôle de l’informel dans le processus

d’intégration : Pour certains, l’informalité est un ferment du marché régional ; comme tel, elle

constitue un facteur de développement qui doit être encouragé et inséré dans les stratégies de

développement des pays, notamment de réduction de la pauvreté. D’autres y voient plutôt un

phénomène en marge de la législation de l’Etat dont la soustraction à la régulation de celui-ci

en fait un élément de déstructuration des Etats-nations. »3

Présent dans tous les secteurs d’activités et pratiqués par toutes les catégories sociales,

le secteur informel attire des discussions, des études ainsi que les attentions particulières des

différents observateurs (Organismes internationaux et Auteurs…). Du fait de cette popularité,

l’étude du secteur informel a donc toute son importance tant sur le plan économique que

social. Beaucoup se sont alors intéressés sur le sujet et ont tenté de classer ou de définir ce

secteur selon des normes et des principes d’observation.

2 Réalisée à Genève, c’était la 53

ème session de cette conférence.

3 http://www.google.mg/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&cad=rja&ved=0CCkQFjAA&url

=http%3A%2F%2Fwww.afdb.org%2Fuploads%2Ftx_llafdbpapers%2Farticl_informailte_integration_regionale.

docx&ei=tJHPUrjcB6Gy0AXF14GgAw&usg=AFQjCNFE4mv2pm6V7eXFUBUC25zQmdLjvg

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Chapitre I : Approches du secteur informel

6

Généralement, l’économie informelle dans les pays pauvres est une économie de

survie contenant des réseaux sociaux, familiaux avec une faible dimension de l’activité.

« Dans les pays développés, on cantonne l’économie informelle à des activités

économiques et commerciales qui ne seraient effectuées que par des personnes, donc en

dehors du champ des organisations. Si on leur concède une dimension, c’est au nom d’un

usage extensif de la notion de réseau social et à la lumière de l’illégalité plus ou moins

tolérée. Dans plusieurs pays dits émergents, cette économie est ignorée malgré son

importance majeure… Dans les pays en développement, l’importance de l’économie

informelle se situe entre 50 et 75% de la production non agricole et même parfois plus, ce qui

conduirait à affirmer que c’est l’économie formelle, … Dans les pays développés, elle « pèse

» entre 15 et 20% de l’activité économique. »4

En d’autres termes, malgré les similitudes concernant les activités dans le secteur

informel, il y a des classifications sur la nature ou le degré d’informalité des pratiques

informelles. Effectivement, toutes les activités informelles ne sont pas identiques aux yeux de

la loi. Certaines sont juste informelles à cause du non-paiement des diverses charges

étatiques, (c’est-à-dire non-conformes aux procédures générales pour exercer une activité

donnée), tandis que d’autres sont totalement illégales et ne pourront en aucun cas être

régularisées parce que c’est la nature même de l’activité qui est interdite par la loi (exemple le

travail des enfants).

Donc, pour mieux cerner les caractéristiques du secteur informel, il faut d’abord

comprendre sa définition avant d’exposer les causes de son existence. D’où les deux grands

points suivants :

Les concepts de l’informalité

Les facteurs prolifiques à l’accroissement du secteur informel

A. Les concepts de l’informalité

« Depuis son introduction au début des années 1970, le concept d’informalité a donné

naissance à d’intenses débats. Les opinions divergent non seulement sur les causes et la nature

du secteur informel, mais aussi sur ses liens avec le secteur formel. Jusqu’au milieu des

années 1990, ces opinions divergentes pouvaient facilement être classées en trois grandes

4 Source : Yvon PESQUEUX, CNAM, France : in www.transformare.adm.branaisYvon-Pesqueux-

Economieinformelle-19-mars.pdf

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Chapitre I : Approches du secteur informel

7

écoles de pensée : l’école dualiste, l’école structuraliste et l’école légaliste (Chen5, 2005 ;

Cimoli6 et al., 2005). L’approche dualiste… est basée sur un modèle de marché du travail

dual, où le secteur informel est considéré comme une composante résiduelle de ce marché

n’entretenant pas de lien avec l’économie formelle ; c’est une économie de subsistance qui

n’existe que parce que l’économie formelle est incapable d’offrir des emplois en nombre

suffisant. Par contraste, l’école structuraliste… considère le secteur informel comme étant

formé de petites entreprises et de travailleurs non immatriculés, soumis à des grandes

entreprises capitalistes. Les premiers fournissent de la main-d’œuvre bon marché et des

entrées aux dernières, améliorant ainsi leur compétitivité. Selon l’école structuraliste, il est

improbable que la croissance élimine les relations informelles de production, car celles-ci sont

intrinsèquement associées au développement capitaliste. Ainsi, les entreprises modernes

réagissent à la mondialisation en mettant en place des systèmes de production plus flexibles et

en sous-traitant, ce qui leur permet de réduire leurs coûts. Ces réseaux de production mondiale

engendrent une demande de flexibilité que l’économie informelle est la seule à pouvoir

fournir, selon cette école. Enfin, l’école légaliste ou orthodoxe, prônée par Hernando de Soto

dans les années 1980 et 1990, considère le secteur informel comme étant fait de micro-

entrepreneurs qui préfèrent fonctionner de manière informelle afin d’éviter les coûts associés

à l’immatriculation (De Soto, 1989). Tant que les coûts d’immatriculation et d’autres

procédures officielles seront supérieurs aux avantages à se trouver dans le secteur formel, les

micro-entrepreneurs continueront à choisir l’informalité. Ils constituent ainsi un vaste

réservoir d’augmentations futures de la croissance et des niveaux de vie, si des réformes des

règlementations et des réductions des impôts pouvaient être introduites. Cette école souligne

la nature potentiellement volontaire de l’informalité lorsque les travailleurs et entreprises

décident de quitter l’économie formelle suite à une analyse coûts-bénéfices. »7

Malgré quelques divergences de point de vue, ces trois approches semblent reconnaitre

la coexistence entre le secteur formel et le secteur informel.

Juridiquement parlant, toute entreprise qui n’est pas inscrite dans le Registre du

commerce ou auprès d’une autre autorité compétente, ou dont le fonctionnement n’a pas été

5 Amin Chen, Vol. 13, No.1, 2005 : « Urbanization : The Chinese Way »

6 Mario Cimoli, 2005, « An enclave-led model of growth : the structural problem of informality persistence in

Latin America » 33 pages. 7 Source :

http://www.google.mg/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&cad=rja&ved=0CCkQFjAA&url=http

%3A%2F%2Fwww.afdb.org%2Fuploads%2Ftx_llafdbpapers%2Farticl_informailte_integration_regionale.docx

&ei=tJHPUrjcB6Gy0AXF14GgAw&usg=AFQjCNFE4mv2pm6V7eXFUBUC25zQmdLjvg

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Chapitre I : Approches du secteur informel

8

agréé par l’Etat est une entreprise informelle. Toutefois, l’informalité peut être partielle (par

exemple : activité avec une autorisation municipale mais non enregistrée au registre du

commerce) ou bien totale (l’entité est inconnue des organismes publiques).

Les avis sur la classification d’une activité en tant qu’informelle sont nombreux, mais

les approches de quelques institutions et auteurs célèbres semblent être plus intéressants à

étudier. Certains de ces critères sont même devenus de célèbres références pour classifier la

nature d’une activité donnée.

1. D’après les Auteurs

Bruno Lautier a distingué deux époques concernant le rôle de l’informalité dans les

pays en voie de développement. Avant 1985, l’informel était le lieu de stratégies de survie,

mais après 1986, celui-ci devient de plus en plus avantageuse ou même une solution aux

problèmes sociaux.

Selon cet auteur, il n’est pas juste de considérer l’informel comme « un secteur ». A ce

propos, il a dégagé deux (2) explications. D’une part, l’informel est très hétérogène

(commerce de rue, emploi non déclaré dans les entreprises, gardiens de voiture, activités

illégales…). D’autre part, si l’on définit l’informalité comme étant le non-respect des règles

étatiques, cela sous-entendrait qu’elle est donc sûrement partout présente, à un degré

quelconque, y compris dans les plus grandes firmes et au cœur même de l’État.

L’économie informelle est alors régie par un ensemble de mécanismes économiques et

de logiques sociales. Elle entretient beaucoup de liaison avec l’économie formelle. Les

relations entre ces deux économies sont si étroites qu’on devrait parler de complémentarité et

non de substitution. Un travailleur peut également exercer à la fois dans les deux économies.

Néanmoins, l’économie informelle ne pourrait remplacer ni l’Etat dans la fourniture

des biens et services collectifs, ni les grandes firmes industrielles en matière de création

d’emploi stable. D’ailleurs, Bruno Lautier affirme même que l'économie informelle maintient

ceux qui en dépendent aux marges de la citoyenneté et qu'elle réduit le contrôle de l'Etat sur

les sociétés au profit de puissances encore plus douteuses.

Nettement critiqué par Bruno Lautier, Hans Singer (une grande figure parmi les

économistes de l’ONU) compare une unité informelle à une girafe qui selon ses dires est

difficile à décrire mais immédiatement reconnaissable dès qu’on la voit. De plus, cette

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Chapitre I : Approches du secteur informel

9

pratique s’exerce souvent dans des conditions dégradées, par conséquent, les activités

s’exerçant habituellement dans des cadres décents (comme les professions libérales…) y sont

écartées d’office. Enfin, les entreprises du secteur informel restent de taille réduite pour

demeurer imperceptibles et insignifiantes aux regards des autorités et ainsi éviter le paiement

des charges étatiques qui font gonfler les dépenses.

Pour Hernando De Soto8, l’informalité d’une entité se reconnaît par son caractère

illégal dans la mesure où les activités du secteur informel ne se conforment pas aux

réglementations étatiques dans le but de fuir les inconvénients du système d’imposition et des

autres lois. Cependant, les activités informelles fournissent du dynamisme et de la force à

l’économie. En effet, le secteur informel est une forme d’activité favorable à l’émergence de

la concurrence malgré une réglementation étatique étouffante et une structure quelquefois

défaillante du marché. Justement, ce secteur a pris naissance à cause du fait qu’il faut à tout

prix éviter cette réglementation gouvernementale pesante.

Ainsi, la fonction prise par l’économie informelle varie donc à la fois entre :

une valve de sécurité face à une économie et un régime incapable de remédier le

problème du chômage massif ;

une alternative pour fuir les réglementations excessives et paralysantes qui sont

nocives à l’esprit d’entreprise ;

une autre forme fondamentale du capitalisme qui assurera non seulement son devenir

mais également témoignera ses succès antérieurs.

2. Selon les Organismes Internationaux

Pour le BIT, d’une façon générale, le secteur informel peut être décrit comme un

ensemble d’unités produisant des biens ou des services en vue principalement de créer des

emplois et des revenus pour les personnes qui les exercent. Ces unités, sont très mal

organisées, opèrent à petite échelle et des méthodes spécifiques, avec peu ou pas de division

du travail et utilisant un capital minime comme facteurs de production.

8 Dans son œuvre intitulé : « L’autre sentier, la révolution informelle dans le Tiers-Monde » 244 pages (traduit

de l’espagnol par Martine Couderc)

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Chapitre I : Approches du secteur informel

10

Les relations d’emploi, bien qu’elles ne soient pas courantes, sont surtout basées sur

l’emploi occasionnel, les liens familiaux ou les relations personnelles et sociales plutôt que

sur des accords contractuels comportant des garanties en bonne et due forme. Les unités de

production du secteur informel sont fréquemment des entreprises individuelles et de petites

tailles. Les avoirs immobilisés ou autres actifs utilisés n’appartiennent pas aux unités de

production en tant que telles, mais à leurs propriétaires. Par conséquent, ces unités ne peuvent

réaliser d’opérations ou conclure de contrats formels avec d’autres unités, ni souscrire des

engagements.

Les propriétaires doivent se procurer les ressources nécessaires à leurs propres risques

et périls. Ils sont personnellement responsables de toutes les dettes et de tous les engagements

contractés à des fins d’exploitation. Les dépenses engagées dans la production sont souvent

similaires à celles du ménage. De même, les biens d’équipement, comme les bâtiments et les

véhicules, peuvent être habituellement utilisés pour l’entreprise et pour les besoins familiaux.

Les activités exercées par les unités de production du secteur informel ne sont pas

nécessairement réalisées avec l’intention délibérée de se soustraire au paiement des

différentes charges étatiques ou d’enfreindre les législations existantes ou autres dispositions

administratives. Par ailleurs, le concept des activités du secteur informel ne devrait pas être

confondu avec celui des activités de l’économie dissimulée ou souterraine.

Le concept d’économie informelle englobe les travailleurs pauvres, exerçant un travail

pénible, mais dont les activités économiques ne sont ni reconnues, ni enregistrées, ni

protégées, ni réglementées par les pouvoirs publics. Ainsi, sept (7) critères ont été retenus

pour caractériser le travail dans le secteur informel :

la facilité d'accès aux activités ;

l'utilisation des ressources locales ;

la propriété familiale des entreprises ;

l'échelle restreinte des opérations ;

l'utilisation des techniques simples et le nombre réduit de travailleurs ;

des qualifications qui s'acquièrent en dehors du système scolaire officiel ;

des marchés non régularisés et ouverts à la concurrence.

Comme il ne faut ni beaucoup de moyens ni d’autres procédures particulières pour

exercer dans ce secteur, les gens ont une libre entrée et sortie. Donc, ces personnes font

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Chapitre I : Approches du secteur informel

11

recours aux instruments quotidiens déjà en leur possession. C’est la raison pour laquelle ces

activités sont de tailles réduites puisque leurs entreprises se confondent avec leur mode de vie

domestique. Par conséquent, ces pratiques décalent du système habituel en termes de

fonctionnement et également sur le plan règlementaire. Par ailleurs, les personnes assujetties à

l’informalité sont généralement des gens vulnérables, c’est-à-dire facilement écartés par la

société à cause de leurs faiblesses (professionnelles, sociales...). Ainsi, le secteur informel

s’est fondé un cycle de production qui lui est propre.

Le secteur informel emploi près de 30 à 95% de la main-d’œuvre disponible selon les

pays : 74% en Madagascar en 2005, 37% au Lesotho en 2008, 60% au Liberia en 2010, 91%

au Cameroun en 2010, 82% au Mali en 2004, 33% en Afrique du sud en 2010, 68% en

Ouganda en 2010, 69% en Zambie en 2008, 54% au Zimbabwe en 2004, 90% au Gabon en

2005, 93% au Tchad en 2005, 87% en RCA en 2005 et 46% au Congo en 2005 (BIT9, 2011).

Ces chiffres indiquent globalement que le secteur informel a quelque rapport avec la pauvreté.

Quels sont alors les autres éléments qui pourraient influencer cette pratique ?

B. Les facteurs prolifiques à l’accroissement du secteur informel

Il est évident que le secteur informel prolifère beaucoup plus dans un contexte de

lacune ou faiblesse au niveau de l’autorité concernée notamment en termes de contrôle et de

moyen. Certes, ceci ne signifie guère que lorsque les contrôles sont fréquents et que les

moyens mis en œuvre sont importants il n’y a pas d’activité informelle, mais néanmoins, les

actions prises par les autorités dissuadent ces pratiques. Par ailleurs, il y a des contextes

externes qui sont favorables au secteur informel mais restent difficilement contrôlables par le

pouvoir public comme les crises internationales.

L’existence d’un secteur informel dans les pays pauvres est un phénomène massif et en

grande partie urbain. Pourtant, l’observation de ce phénomène conduit à considérer les aspects

économiques, sociaux, politiques, ou même culturels de la société concernée. Par conséquent,

l’étude de cette prolifération mérite une attention particulière dans la mesure où celle-ci peut

engendrer des modifications significatives sur l’environnement macroéconomique et

microéconomique dans une région donnée. A cet effet, il convient de remarquer que parmi ces

9Source :

http://www.google.mg/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&cad=rja&ved=0CCkQFjAA&url=http

%3A%2F%2Fwww.afdb.org%2Fuploads%2Ftx_llafdbpapers%2Farticl_informailte_integration_regionale.docx

&ei=tJHPUrjcB6Gy0AXF14GgAw&usg=AFQjCNFE4mv2pm6V7eXFUBUC25zQmdLjvg

Page 21: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

Chapitre I : Approches du secteur informel

12

différents facteurs favorables au secteur informel, il y en a ceux qui y participent de manière

directe et ceux qui n’y contribuent que de façon indirecte.

Effectivement, comme l’informalité est un phénomène de société qui reflète l’état de lieu

dans lequel elle évolue, le secteur informel est alors influencé en permanence par tous les

contextes environnants.

Par ailleurs, l’inefficacité des institutions publiques en matière de règlementation, la

lourdeur des procédures administratives ou encore une défiance généralisée des populations à

l’égard des Etats sont autant de facteurs qui peuvent encourager le développement de

l’informalité. Cependant, les personnes assujetties à l’informalité ont eux aussi leur part de

responsabilité.

Bien qu’il y ait un nombre incalculable de facteurs, le chômage et le sous-emploi

méritent d’être étudiés en premier lieu parce que ce sont généralement les deux grands

problèmes majeurs rencontrés au niveau du marché du travail.

1. Le chômage et le sous-emploi

Tout d’abord, il est important de bien cerner ce qu’on entend par chômage et sous-

emploi. Selon l’INSTAT10

toute personne dépourvu d’emploi, à la recherche d’un emploi et

disponible à travailler est un chômeur. Par contre, toute personne ayant exercée un emploi au

moins une heure au cours des sept derniers jours, à la recherche d’un autre emploi et

disponible à l’exercer est assujetti au sous-emploi. A cet effet, on distingue deux catégories :

Le sous-emploi lié à la durée du travail concerne le travail effectif moins de 35heures

par semaine contre son gré ;

La situation d’emploi inadéquat désigne un travail à productivité réduite.

Les problèmes du marché de l’emploi sont évidemment liés à l'état général de l'économie

et du marché du travail, mais il est aussi le résultat des incohérences entre les compétences

des personnes en quêtes de travail et les exigences des employeurs. Le cumul de ces facteurs

sur le long-terme peut déboucher à un chômage, ou dans la meilleure des situations, à un

travail peu qualifié et précaire.

En effet, en règle générale, un ménage tire la quasi-totalité de ses revenus par le biais de

l’exercice d’un emploi. Ce dernier dépend exclusivement de la performance

macroéconomique du pays ou de la région en question puisque toute production a besoin de

10

Avec une collaboration de DIAL’IRD. Ces critères sont inspirés de ceux de l’OIT.

Page 22: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

Chapitre I : Approches du secteur informel

13

débouché. Or, chaque contraction de l’activité économique se traduit par la diminution des

débouchés. C’est pourquoi les tensions sur le marché du travail s’amplifient et conduisent les

plus vulnérables vers le chômage ou le sous-emploi.

Cependant, dans le souci d’assurer sa consommation autonome, un individu ne peut se

permettre de rester au chômage (d’autant plus que dans les pays pauvres, il n’y a pas

d’allocation chômage) et parfois même ce dernier est obligé de trouver d’autres sources de

revenus pour combler les manquements causés par le sous-emploi.

« La durée en moyenne du chômage à Madagascar en 2012 est de 12,2 mois, soit

environ un an. Mais pourtant, 33,8% des chômeurs sont au chômage depuis plus d’un an. Ce

phénomène touche un peu plus les primo-demandeurs (42,1% pour les hommes contre 38,9%

pour les femmes) que les anciens occupés. Cette situation traduit la difficulté pour les jeunes

de s’insérer sur le marché du travail. C’est ainsi que le secteur informel est devenu le refuge

de la plupart des actifs occupés qui se débrouillent au quotidien. »11

. Ceci montre que dans la

plupart des cas, l’exercice d’activité dans l’informel est plus une nécessité qu’un choix car

étant en chômage beaucoup trop longtemps, ces gens ont beaucoup de mal à se faire

réembaucher. Malheureusement pour ces gens, le peu de soutien que leur offre le

gouvernement ne suffit pas à remédier à leurs problèmes. C’est pourquoi, ils cherchent des

solutions par leurs propres moyens. Par conséquent, ils sont pris dans un cercle vicieux où la

seule issue possible qui leur semble évidente est l’auto-emploi (généralement informel).

11

Enquête intitulée « Le Marché du travail à Madagascar en 2012 : dominé par le sous-emploi et le secteur

informel » réalisée avec les données de l’ENEMPSI et en collaboration avec le PNUD page 3

Page 23: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

Chapitre I : Approches du secteur informel

14

Le tableau suivant (tableau n°1) donne un aperçu sur les caractéristiques des chômeurs

et la durée du chômage

Source : INSTAT/DSM-PNUD-BIT, ENEMPSI2012, nos propres calculs.

On peut clairement voir que les jeunes sont plus touchés par rapport aux personnes

ayant déjà occupé un emploi. De plus les femmes sont plus affectées. De ce fait elles sont plus

nombreuses à exercer dans le secteur informel. En effet, selon l’INSTAT, 94.5% de ces

dernières sont dans l’informel contre 91.7% pour les hommes (dont 21,3% des femmes contre

14,5% chez les hommes se trouvent dans le secteur informel hors agricultures).

2. Les autres facteurs

Les migrations sont plus fréquentes chez les personnes qui n’ont pas de situation

stable, c'est-à-dire dans le cas où il n’y a ni engagement pris vis-à-vis d’une entité (Etat ou

autres organismes) ni une garantie fiable de la bonne continuité de l’activité exercée par ces

gens. De ce fait, les plus vulnérables ont recours à cette pratique dans l’espoir de trouver

mieux. « … , il est à relever que la migration a toujours fait partie du mode de vie des

populations africaines du fait qu’elle constitue une stratégie d’adaptation au chômage et de

recherche perpétuelle d’amélioration des conditions de vie des populations. »12

. Plus connu

sous l’appellation d’exode rural, l’arrivée dans les villes d’une masse de travailleurs non

qualifiés qui ne peuvent intégrer l’économie dite formelle constitue un tremplin pour les

activités informelles. Au fur et à mesure que les campagnards viennent alourdir la population

12

Source :

http://www.google.mg/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&cad=rja&ved=0CCkQFjAA&url=http

%3A%2F%2Fwww.afdb.org%2Fuploads%2Ftx_llafdbpapers%2Farticl_informailte_integration_regionale.docx

&ei=tJHPUrjcB6Gy0AXF14GgAw&usg=AFQjCNFE4mv2pm6V7eXFUBUC25zQmdLjvg

Sexes Répartition

(en %)

Age moyen

(en années)

Années

d’études (en

années)

Durée

moyenne du

chômage

(en mois)

Chômeurs

de longue

durée (en

%)

Primo-

demandeur

Hommes 25,8 21,7 7,7 14,9 42,1

Femmes 36,1 23,4 6,9 13,5 38,9

Ancien

occupé

Hommes 15,6 31,1 8,4 8,6 24,9

Femmes 22,4 29,7 7 9,2 22,2

Total 100 25,6 7,4 12,2 33,8

Page 24: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

Chapitre I : Approches du secteur informel

15

des villes urbaines alors que les infrastructures et la croissance n’arrivent pas à suivre cette

tendance, le déséquilibre s’intensifie et crée des tensions au niveau de la société.

Bien que l’immigration des étrangers ne concerne pas la totalité des pays touchés par

ce fléau, il occupe quand même une place non négligeable en termes de secteur informel. En

effet, arrivés à destination, ces personnes là n’ont encore aucun emploi stable, elles sont alors

obligées de se rabattre vers les activités informelles.

Dans les pays pauvres, les immigrants sont communément considérés comme étant

riches, pourtant, lorsqu’ils recrutent des nationaux pour faire des commissions illégales

(comme le trafic de devise ou de ressources naturelles…) ces étrangers accentuent encore plus

l’insertion des personnes vulnérables dans le secteur informel.

L’inflation et la baisse du pouvoir d’achat sont également source de pratique

informelle. Lorsque les ménages constatent une diminution de leur revenu en termes de

pouvoir d’achat, et que celle-ci soit trop importante pour être ignorée, ils vont se trouver

d’autres sources de revenus supplémentaires. Pourtant ces gens ont déjà des occupations à

titre principales, alors ils vont se tourner vers des activités faciles d’accès. « Un pourcentage

croissant de la force de travail urbaine dégage des revenus de l’exercice d’activités dans les

secteurs tant informel que moderne. Et, parmi ceux qui sont uniquement liés à l’exercice

d’activités informelles. Un pourcentage significatif, pouvant aller dans certains cas jusqu’à

50 pour cent, est engagé dans plus d’une activité. »13

Concernant les charges liées à l’exercice d’une activité ou d’un emploi, notamment les

divers impôts et taxes, leurs augmentations peuvent influer sur la tentation des contribuables à

vouloir échapper à l’administration fiscale. A ce sujet, Luc Weber a dit que : « Les

contribuables peuvent essayer d’éviter l’impôt en recourant à l’évasion fiscale, voire à la

fraude. »14

. D’ailleurs, certains pays émergents15

ont saisi les enjeux considérables que

peuvent apporter l’adoption d’un taux d’imposition ou d’une taxe très basse voire inexistante

en matière d’investissement. Certes, les recettes de l’Etat vont chuter mais celles-ci seront par

contre compensées par d’autres gains comme les ristournes des grandes exploitations. Ainsi,

cette pratique permet de réduire au maximum les activités informelles et les évasions des

13

Bertrand Gaufryau dans : « L'économie informelle en Afrique francophone: structure, dynamiques et

politiques » page 85. 14

Weber dans « L'État, acteur économique: analyse économique du rôle de l'État » page 160. 15

Comme Dubaï,

Page 25: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

Chapitre I : Approches du secteur informel

16

capitaux puisque les charges envers l’administration étatique sont légères, par conséquent, les

agents économiques n’ont aucune raison de fuir leur devoir vis-à-vis des institutions.

La rigidité de la législation du travail dans le secteur formel constitue également une

puissante incitation à « l’informalisation » de l’économie dans la mesure où la lourdeur des

formalités administratives et les obligations des employeurs peuvent les amener à ne pas

régulariser complètement la situation judiciaire de leurs travailleurs.

La discrimination à l’embauche est aussi un autre phénomène qui prend de plus en

plus d’ampleur sur le marché du travail. Cette discrimination est beaucoup plus fréquente

dans le secteur privé que dans le secteur public. Bien qu’interdit par la loi, elle se présente

sous plusieurs formes :

discrimination liée aux genres : homme ou femme ;

selon l’âge : les victimes sont souvent les jeunes et les personnes âgées ;

ségrégation raciale ou religieuse ;

discrimination des handicapés ;

discrimination relative au lieu d’habitation (elle touche les habitants des quartiers

défavorisés et les zones dites ‘sensibles’).

Ce phénomène est très nocif car les personnes écartées sont obligées de se trouver des

emplois par eux-mêmes. Pourtant, elles sont victimes de cette discrimination parce qu’elles

sont considérées comme étant faibles ou des fardeaux. Leur meilleure issue est donc le secteur

informel qui est, rappelons le, facile d’accès.

Enfin, le travail des enfants reste un phénomène très répandu dans les pays pauvres,

or, ces pratiques ne pourront jamais être acceptées dans le secteur formel. En d’autres termes,

les mineurs qui travaillent pour ajouter les revenus de leurs familles s’engouffrent

systématiquement dans l’informalité. Pourtant, les familles les plus défavorisées atténuent

leur misère en envoyant leurs enfants vers des emplois informels souvent peu rémunérés.

Les activités issues du secteur informel sont avant tout des emplois pour les personnes

qui les pratiquent. D’ailleurs, secteur régulier et informel sont étroitement liés. Il est alors

nécessaire d’avoir un aperçu des cadres théoriques du marché de l’emploi.

Page 26: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

Chapitre II : Cadres théoriques du marché de l’emploi

17

CHAPITRE II : CADRES THÉORIQUES DU MARCHÉ DE L’EMPLOI

Le marché de l’emploi est l’un des critères déterminants de la performance

économique d’un pays. En effet, il donne un aperçu sur le niveau de développement industriel

ainsi qu’à la nature des secteurs d’activités. Par ailleurs, l’environnement relatif à l’emploi

donne également un aperçu sur les aspects sociaux ou parfois même sur les aspects politiques

dans lesquels évolue le pays en question.

Le marché de l’emploi est le marché où se rencontrent les offres (par les agents qui

cherchent du travail) et les demandes d’emploi (par les agents qui ont du travail). Par cette

définition, on peut déduire qu’il faut au moins deux agents pour qu’on puisse parler de

marché de l’emploi. En d’autres termes, ce dernier est régi, à la fois, selon le comportement

des travailleurs et des employeurs. Cependant, le fonctionnement du marché du travail est

évidemment sous l’influence de la réussite économique puisque ce marché est la principale

liaison entre les producteurs et les travailleurs.

D’une manière générale, le prix du travail (le salaire) est obtenu par la rencontre de

l’offre et de la demande de travail. Par conséquent, il dépend de la quantité de ces deux

facteurs. Quand l’offre est supérieure à la demande, le salaire va diminuer et inversement.

Discuter des cadres conceptuels du marché de l’emploi nous amène à deux approches

contradictoires dans la mesure où l’une est purement libérale et l’autre plus favorable à

l’interventionnisme. « Le modèle de l’offre et de la demande s’applique non seulement à la

taille de la main-d’œuvre mais aussi aux caractéristiques des travailleurs, telles que niveau

scolaire et niveau de compétence. Si une compétence donnée est rare (offre faible) mais très

recherchée par les employeurs (forte demande), un travailleur qui la possède aura tout loisir

de négocier son salaire. Si une compétence donnée est disponible en trop grande quantité

(offre forte) et peu demandée par les employeurs, un travailleur qui la possède aura alors

moins de marge pour négocier et sera peut-être même exposé au chômage. »16

Pour mieux comprendre le fonctionnement global du marché de l’emploi, il convient

de s’exprimer sur deux sujets essentiels, à savoir :

Les approches selon les courants de pensée et ;

16

Dans : « Un guide pratique pour les organisations d’employeurs : Relever les défis de l’emploi des jeunes »

page 21. Du Bureau des activités pour les employeurs et Programme des activités pour les employeurs, Centre

international de formation de l’OIT, Turin Edition 2012

Page 27: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

Chapitre II : Cadres théoriques du marché de l’emploi

18

Les politiques de l’emploi

A. Les approches selon les courants de pensée

Le marché de l’emploi a toujours attiré des grands débats tant pour les gouvernants

que pour les auteurs économistes. Ces débats ont donné naissance à l’apparition de différents

courants de pensée dans la mesure où aucun ne s’est avéré irréfutable. Effectivement, ce sont

les différentes contestations concernant certains points sur les hypothèses et explications

émises qui ont engendré la multitude de ces courants de pensée.

Ces courants de pensée économique qui ont dominé le monde sont nombreux

notamment le mercantilisme ; la physiocratie ; le classicisme ; le marginalisme ; le

keynésianisme et le néo keynésianisme. Les débats tournent essentiellement sur certains

points, à savoir :

Le marché est-il autorégulateur ou non ?

Les agents économiques sont-ils rationnels ? et à quel degré ?

Y-a-t-il un lien entre la microéconomie et la macroéconomie ?

La tendance de l’économie à être en équilibre ou en déséquilibre ?

La nécessité ou non de l’intervention de l’Etat dans l’économie ?

La possibilité ou non du chômage et du sous-emploi ? sont-ils volontaires ou

involontaires ?

Avoir un aperçu sur ces doctrines est d’autant plus indispensable dans la mesure où les

recommandations préconisées par ces courants de pensée ont été appliquées par de nombreux

dirigeants. C’est ainsi qu’au fil du temps ces théories ont acquis leur notoriété. Chacun de ces

courants ayant eu leur heure de gloire selon les époques et les circonstances. Effectivement, le

monde a été chamboulé par des perturbations majeures (comme les deux guerres mondiales

etc.) et des crises internationales sévères (crises de surproduction de 1929, chocs pétroliers,

crises financières…). L’ampleur de ces problèmes a suscité l’engouement de l’émission de

nombreuses hypothèses.

Toutefois, la controverse opposant les Libéraux et les Keynésiens semble être plus

intéressant pour comprendre et mieux cerner le fonctionnement du marché du travail. Ces

deux (2) grands courants de pensée admettent que l’offre est généralement une fonction

Page 28: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

Chapitre II : Cadres théoriques du marché de l’emploi

19

croissante du prix et que la demande en est habituellement une fonction décroissante. Ce

mécanisme est mieux connu sous l’appellation de «loi de l’offre et de la demande ».

1. Pour les Libéraux

Pour les Néoclassiques, si le marché du travail fonctionne librement (sans intervention

de l’Etat), il permet alors d’obtenir l’équilibre entre l’offre provenant des travailleurs et la

demande provenant des employeurs. En d’autres termes, la flexibilité des salaires réels doit

assurer l'équilibre de plein emploi sur le marché du travail parce que si les salaires réels

peuvent baisser en cas d’excès d’offre de travail de la part des travailleurs, les employeurs

augmenteront leur demande, ce qui va entrainer la diminution des offres et ainsi faire

disparaître le chômage. Donc, d’une part, plus les salaires sont élevés, plus les gens vont avoir

envie de travailler et d’autre part, plus les salaires sont élevés, moins les entreprises vont

vouloir embaucher.

Le graphique (graphique n°1) ci-après illustre ce raisonnement Néoclassique

Source : http://des-economistes-et-des-hommes.over-blog.com/article-la-theorie-

neoclassique-du-marche-du-travail-1--43693379.html

Page 29: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

Chapitre II : Cadres théoriques du marché de l’emploi

20

Par contre, en période de chômage, les demandes d’emploi sont supérieures aux offres

d’emploi ce qui fera baisser les salaires. Une baisse des salaires signifie plus de profits pour

les entrepreneurs qui vont embaucher davantage. Le chômage involontaire sera résorbé et le

retour à l’équilibre sur le marché du travail sera ainsi réalisé. Une baisse des salaires va donc

réduire le chômage.

Les libéraux sont donc favorables à la suppression du SMIC (Salaire Minimum

Interprofessionnel de la Croissance), car celui-ci serait un "destructeur d’emplois" dans la

mesure où ils prônent l’ajustement automatique entre l’offre et la demande de travail par les

prix.

Cette libéralisation que préconise les néoclassiques tend à appliquer au maximum

possible la loi de la concurrence pure et parfaite qui évolue dans un cadre d’économie pure

(c’est-à-dire une économie de marché parfaite). Ainsi, ils considèrent que le chômage

volontaire existe (mais n’est que transitoire) et assure le bon fonctionnement du marché du

travail puisque son issue est le meilleur emploi. Par ailleurs, il est à faire remarquer que les

néoclassiques désignent le travail comme une marchandise bien qu’il ne fasse pas partie des

marchandises produites. Ainsi, le coût du travail17

est considéré comme le déterminant

principal du volume de l’emploi et du chômage.

Pour eux, la confrontation de l’offre et de la demande de main d’œuvre obtenue par

l’agrégation des comportements individuels converge vers un point d’équilibre où le niveau

de l’emploi et le salaire réel sont déterminés simultanément.

2. Pour les Keynésiens

Les partisans de Keynes sont partis d’une doctrine qui stipule que le marché de

l’emploi n’est pas autorégulateur, d’où la nécessité de l’intervention de l’Etat. Ils ont

préconisé que lorsque l’économie nationale est dans une situation de sous-emploi, l’Etat doit

intervenir en augmentant les dépenses publiques afin d’accroître la demande effective (c’est-

à-dire la demande anticipée par les entreprises) qui va entraîner un accroissement de revenu

national et de l’emploi.

17

Ceci comprend le salaire net versé au salarié (avec primes,…), les cotisations sociales versées aux organismes

de protection sociale et les coûts d’embauche et de licenciement…

Page 30: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

Chapitre II : Cadres théoriques du marché de l’emploi

21

Selon les keynésiens, la flexibilité des salaires ne suffit pas à assurer l'équilibre de

plein emploi sur le marché du travail parce que ce n'est pas ce dernier qui fixe le niveau de

l'emploi ni celui des salaires réels. Pour ce faire ils ont avancé les deux (2) explications

suivantes :

Les travailleurs cherchent à éviter la baisse des salaires nominaux en formant des

groupements collectifs et syndicaux ;

Les salaires réels sont conditionnés par le rythme de l'inflation qui est déterminé par

les prix fixés par les entrepreneurs puisque le marché est en situation de concurrence

imparfaite.

Ils estiment en effet qu’une baisse des salaires des travailleurs ne signifie pas plus de

profit pour les entrepreneurs mais une baisse de la demande future. Les entrepreneurs étant

pessimistes, ils prévoient une baisse des ventes, donc ils vont diminuer les embauches. Une

baisse des salaires ne fera alors qu’aggraver le chômage.

Etant donné que pour les keynésiens les individus raisonnent en termes de salaire

nominal et non réel comme le pense les néoclassiques, ils peuvent être victimes de l’illusion

monétaire. Cette illusion monétaire, qui n’est perçue par les travailleurs qu’à postériori,

engendre alors beaucoup de complication comme des déséquilibres au niveau du marché de

l’emploi. Ainsi, le chômage qui résulte de la différence entre le niveau de l’emploi et l’effectif

de la population active peut donc être involontaire dans la mesure où sans l’intervention de

l’Etat, le volume de la production ne peut correspondre automatiquement à celui qui assure le

plein emploi. D’où la possibilité d’un ‘équilibre de sous-emploi’.

Ce mode de raisonnement basé sur la demande effective (demande future attendue par

les entrepreneurs) est le fondement de la théorie keynésienne. C’est pourquoi l’Etat doit

garantir un niveau de SMIC donné (et en même temps faire bénéficier une protection aux

agents économiques dans le but de réduire les inégalités) afin d’assurer un niveau minimum

de consommation et donc un minimum de débouchés pour les entreprises.

Par ailleurs, Keynes certifie qu’il n’y a pas forcément un ajustement automatique ni

entre la production et le revenu, ni entre le revenu et la demande parce qu’une part du revenu

peut être affectée à la thésaurisation. Trois (3) motifs peuvent pousser les agents économiques

à cette ‘préférence pour la liquidité’ :

Motif de transaction : pour faire face aux besoins usuels de monnaie ;

Page 31: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

Chapitre II : Cadres théoriques du marché de l’emploi

22

Motif de précaution : pour se préparer aux éventuels imprévus ;

Motif de spéculation : dans le but de pouvoir saisir immédiatement les éventuelles

opportunités d’affaires.

C’est de cette manière qu’une quantité non négligeable de liquidité sort du circuit

économique et que l’équilibre automatique du marché n’est pas toujours évident.

B. Les politiques de l’emploi

La définition la plus couramment utilisée pour définir les politiques de l’emploi est

celle proposée par l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement

Economiques) depuis 1985 dans ses « Perspectives de l’emploi »18

. Cette définition repose sur

deux grands principes :

D’abord, les politiques de l’emploi ne regroupent que les politiques visant à soutenir les

groupes en difficultés sur le marché du travail. Ainsi, les mesures générales qui cherchent à

améliorer l’emploi de façon globale sont exclus de ces politiques dites ‘ciblées’. Ces

politiques tendent à opérer selon les spécificités de l’agent en question. En d’autres termes, les

politiques de l’emploi agissent seulement du côté des travailleurs mais n’incluent pas les

programmes d’ordre structurel qui nécessitent des actions plus macroéconomiques propres à

l’Etat comme la croissance ou le taux d’intérêt.

Ensuite, l'OCDE a classifié ces politiques de l’emploi en neuf (9) catégories et suivant deux

(2) tranches bien distinctes.

Les mesures actives regroupent celles dont l'ambition est d'augmenter l'emploi des

bénéficiaires et leur niveau de formation ou encore d'améliorer le fonctionnement du marché

du travail (catégories 1 à 7).

1. Service public de l'emploi ;

2. Formation professionnelle ;

3. Rotation d'emploi et partage du travail ;

4. Incitations à l'emploi ;

5. Emploi protégé et réhabilitation ;

6. Création directe d'emplois ;

18

In http://www.melchior.fr/Les-Politiques-de-l-emploi.9529.0.html

Publication annuelle relatant les situations et les perspectives du marché du travail des pays membres

Page 32: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

Chapitre II : Cadres théoriques du marché de l’emploi

23

7. Aides à la création d'entreprises ;

Les mesures passives destinées à maintenir le revenu des chômeurs ou de certaines

catégories de personnes inactives (catégories 8 à 9)

8. Maintien et soutien du revenu en cas d'absence d'emploi ;

9. Préretraites

Ces mesures visent à donner à tous les mêmes opportunités d’emploi, d’où ces programmes

qui sont plus orientés en faveur des personnes vulnérables. En effet, comme les principaux

problèmes rencontrés au niveau du marché de l’emploi (mis à part le chômage) sont les

emplois précaires ou peu rémunérés, les politiques de l’emploi doivent alors prioriser

l’amélioration du niveau de vie des travailleurs.

Chaque pays a ses propres procédés en matière de politique de l’emploi puisque cette

dernière doit s’adapter avec les particularités et les complexités de la société. Cependant, des

points communs existent, à savoir :

En règle générale, elle est particulièrement orientée vers les jeunes et les

personnes en difficultés à trouver du travail ;

Elle nécessite des collaborations interministérielles ;

Cette politique s’attaque non seulement au chômage mais aussi au sous-

emploi.

1. Généralités de la politique de l’emploi

Les politiques de l’emploi comprennent l’ensemble des interventions publiques sur le

marché du travail qui visent à en corriger les déséquilibres et les effets néfastes qui peuvent en

résulter. Les politiques de l’emploi englobent des mesures très variées qui agissent

directement ou indirectement sur l’environnement du marché de l’emploi. Ce sont

généralement :

Des règlementations sur le marché du travail (élaboration du code travail,

fixation du salaire minimum…) ;

Des mesures ciblées pour les chômeurs (aide à la recherche d’emploi, l’octroi

de diverses formations, indemnités de chômage…) ;

Incitations à l’activité (pas d’impôt sur les revenus, primes pour l’emploi…)

Les mesures prises peuvent être soit de manière ‘générales’ ou ‘ciblées’ soit de nature

‘active’ ou ‘passive’.

Page 33: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

Chapitre II : Cadres théoriques du marché de l’emploi

24

Les mesures générales agissent sur l’ensemble des salariés sans tenir compte de leurs

spécificités individuelles, tandis que les mesures ciblées visent des catégories particulières

comme les jeunes ou les handicapés par exemple.

Ainsi, les mesures générales cherchent à promouvoir les créations d’emplois en ajustant tous

les déséquilibres de manière objective pour qu’il n’y ait aucune exclusion sur les

bénéficiaires. Par contre, les mesures ciblées cherchent à réduire les inégalités présentes sur le

marché du travail en soutenant les travailleurs les plus vulnérables. Donc, les mesures ciblées

ont des vocations plus orientées vers la recherche d’équité par le biais de l’emploi.

Les mesures actives quant à elles ont des objectifs directement orientés vers la cause

du problème comme remettre les chômeurs en emploi ou augmenter le niveau d’emploi,

(créations d’emploi par des investissements publics, subvention à l’embauche, agences

d’assistance à l’emploi…), alors que les mesures passives penchent plutôt vers l’atténuation

des problèmes engendrés par le chômage.

A partir de ces concepts on peut constater l’étendu des opérations pouvant être

entreprises dans le cadre d’une politique de l’emploi.

En effet, la politique de l’emploi cherche, entre autres, l’équité sociale à travers

l’instauration d’un emploi décent. Cette politique est d’autant plus utile parce qu’au fil des

années, il a été clairement démontré que les progrès économiques ne conduisent pas

forcément à la résolution des problèmes au niveau du marché de l’emploi et des revenus y

afférents.

2. La Politique National de l’Emploi (PNE) à Madagascar

A l’instar des autres pays en développement, Madagascar a lui aussi adopté des mesures

pour faire face aux problèmes liés à la pauvreté. Par ailleurs, un programme n’est efficace que

lorsqu’il prend en compte tous les domaines pouvant influencer la résolution des obstacles.

La PNE est le fruit d’un long processus de travail. Dans ce cadre, l’affranchissement

de la pauvreté par le travail et l’emploi comme condition du développement économique

forme une stratégie de base en matière de promotion de l’emploi. A cet effet, le

Gouvernement, par l’intermédiaire du Ministère de la fonction publique, du travail et des lois

sociales focalise sa mission sur la promotion d’un environnement favorable à la création

d’emploi et à l’amélioration de la qualité de vie, dans le cadre d’un marché de travail.

Page 34: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

Chapitre II : Cadres théoriques du marché de l’emploi

25

Cette mission se traduit par la définition des quatre objectifs19

principaux suivants :

Mettre en place une Politique Nationale de l’Emploi (PNE) pour mieux aider au bon

fonctionnement du marché de travail et une Politique Nationale de la Protection

Sociale (PNPS) garantissant les droits fondamentaux des partenaires sociaux ;

Renforcer le partenariat entre l’Etat, les travailleurs et les investisseurs pour le

développement rapide, humain et durable ;

Assurer que les règles du marché de travail favorisent la compétitivité et l’emploi tout

en protégeant les droits fondamentaux des travailleurs ;

Encourager l’engagement et la participation du patronat dans la réalisation des projets

sociaux.

Cette politique prend en compte plusieurs éléments comme : la libéralisation

économique ; la croissance et emploi ; la dynamique démographique ; la pauvreté et l’emploi ;

l’état du marché de travail ; les groupes sociaux sensibles et le monde du travail ; les

dispositifs existants en matière d’information et d’observation sur l’emploi. Vu la multitude

de ces domaines d’intervention, force est de constater que la politique nationale de l’emploi à

Madagascar est ambitieuse. Pourtant, la mise en pratique de ces programmes ne peut se faire

sans une hiérarchisation des actions à entreprendre.

Dans le souci de résoudre les anomalies de l’environnement socioéconomique

malgache, les programmes de la PNE ont été sectionnés selon des critères spécifiques afin de

mieux les cerner.

Ainsi, il y a les objectifs prioritaires et les axes d’orientation stratégiques.

Les objectifs prioritaires, comme son nom l’indique, cherchent à corriger les

problèmes les plus graves et ceux qui peuvent être corrigés dans une courte période. Ils

agissent directement sur l’environnement global du marché de l’emploi (favoriser la création

d’emploi et les formations professionnelles, soutenir les entreprises et les groupes sociaux

vulnérables…).

Cependant, ces mesures n’ont que des effets temporaires de soulagement. D’où

l’existence des trois (3) axes d’orientations stratégiques qui visent une meilleure perspective

d’avenir pour le marché de l’emploi malgache. C’est pourquoi ces mesures agissent sur le

domaine de l’innovation technologique, mais également sur l’environnement législatif et

19

in PNE(2006) page5 1.1.2 Lignes générales de la politique gouvernementale

Page 35: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

Chapitre II : Cadres théoriques du marché de l’emploi

26

institutionnel. A cet effet, il a été reconnu que l’éducation et la formation professionnelle

jouent un rôle considérable dans l’atteinte d’un meilleur emploi et d’un meilleur revenu à

travers l’augmentation de la productivité. Par ailleurs, dans le souci de suivre les évolutions

engendrées par la mondialisation, l’intégration des nouvelles technologies dans les

programmes nationaux fût adoptée progressivement.

La Politique Nationale de Soutien à l’Emploi (PNSE)

Etant donné que la PNE comporte tout type d’opération influant sur l’environnement

global de l’emploi à Madagascar, ce programme vient la renforcer en appuyant

l’investigation, la valorisation, la participation et la responsabilisation des acteurs concernés.

C’est pour ainsi dire que la PNSE est beaucoup plus accentuée vers les travailleurs et les

employeurs.

Ayant bénéficié d’un budget à part, la PNSE vise à combler les lacunes non résolues

par la PNE. Comme cette dernière s’est adressée à tout le monde sans exception, elle a

quelque peu préservé les écarts entre les plus défavorisés et les privilégiés. Ainsi, la PNSE

vise à défendre l’équité sociale en assurant l’accroissement des opportunités d’emploi pour les

pauvres. L’objectif fondamental c’est de leur fournir un emploi décent procurant des revenus

stables et durables. Par conséquent, les programmes (régionaux, communaux...) adoptés ne

sont pas nécessairement les mêmes mais peuvent varier en fonction des ressources locales

mais également selon les circonstances spécifiques des bénéficiaires.

Si telle en est la politique nationale de l’emploi appliquée à Madagascar, a-t-elle été

efficace pour faire face aux différents problèmes présents au niveau de l’économie en

général ?

On ne peut répondre à cette question sans connaître les réalités de la grande île.

Page 36: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

27

DEUXIÈME PARTIE : LES RÉALITÉS DE MADAGASCAR

Bien qu’en règle générale Madagascar suit les modèles politico-économiques

occidentaux, les faits observés dans la grande île présentent des nuances spécifiques

remarquables qui méritent d’être évoquées. Néanmoins, ces phénomènes trouvent une

explication plus ou moins rationnelle en termes de cause et d’effet. Puisqu’à Madagascar la

crise s’amplifie dès qu’il y a des perturbations20

économiques à l’échelle mondiale, et que

cette crise se traduit par des pertes d’emplois massives, les victimes consolident alors leurs

intérêts pour le secteur informel.

Etant un pays pauvre, Madagascar a une très forte proportion d’activité informelle et

un taux de chômage et de sous-emploi élevé. C’est d’ailleurs ces derniers qui ont favorisé la

prolifération du secteur informel. Mais si l’on veut remonter à la source, ce sont les crises à

répétition qui sont les principales causes du problème.

Pour s’en apercevoir, il suffit de sillonner les rues où il a une foule de petits vendeurs

et vendeuses qui envahissent les trottoirs, voire la chaussée. Cette situation ne se limite pas à

Antananarivo mais dans toute l’île. Cependant, ce n’est là qu’une des nombreuses facettes de

l’informel. En réalité, le fait de vendre sans être inscrit au registre du commerce est illégal,

bien que toléré dans de nombreux cas (surtout dans les campagnes).

« Le poids des jeunes actifs est assez important dans le secteur informel, avec 27% des

actifs de moins de 25 ans et un niveau d’étude moyen de 6,4 ans ; ce qui explique l’état

alarmant de la situation des jeunes dans la dynamique de la population face à l’emploi.

Annuellement, environ 60 000 jeunes avec un niveau de qualification très bas arrivent sur le

marché de l’emploi. »21

. Donc, selon les circonstances, le fait d’avoir une forte proportion de

population jeune peut être à la fois un avantage et une faiblesse.

Classé parmi les pays à risques en matière d’investissement, Madagascar a beaucoup

de mal à séduire de nouveaux investisseurs. Entre autres, les instabilités, le manque

d’infrastructure, le prix élevé de l’énergie et de la communication constituent autant de

facteurs de blocage pour le développement.

20

Comme les augmentations des prix du pétrole… 21

In Page 8 de la Politique Nationale de l’Emploi

Page 37: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

28

En effet, la plupart des grandes infrastructures d’aujourd’hui provient de l’héritage

colonial et elles manquent cruellement d’entretien ou même de remplacement. Cette mise à

jour est primordiale pour se conformer aux exigences de la mondialisation.

Par ailleurs force est de constater que les grandes firmes consomment beaucoup

d’énergie notamment de l’électricité. Pourtant, à Madagascar, non seulement la puissance de

l’électricité n’arrive pas à suivre les demandes mais son prix est également cher. En effet, le

Syndicat des Industries de Madagascar (SIM22

) affirme que le prix de l’électricité occupe une

part très importante de 40% dans leur coût d’exploitation. Ainsi, la grande île a une mauvaise

réputation en termes de condition d’attractivité des investissements. Cependant, des solutions

(voir page 55) peuvent apportées pour corriger ces lacunes.

Tous ces facteurs se combinent et provoquent des ralentissements économiques. Ce

bref survol n’est pourtant que la partie visible de l’iceberg puisque l’aventure de la grande île

est aussi conditionnée par les troubles économico-politiques et ses conséquences. C’est

pourquoi, cette seconde partie sera composée de deux (2) chapitres qui sont :

Les impacts des crises à Madagascar ;

Les enjeux du secteur informel sur l’économie malgache.

22

Source : http://www.afriquinfos.com/articles/2012/2/10/afrique-australe-196484.asp

Page 38: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

Chapitre III : Les impacts des crises à Madagascar

29

CHAPITRE III : LES IMPACTS DES CRISES A MADAGASCAR

Il est évident que toute crise, de quelque nature qu’elle soit, est nuisible au bon

développement de l’économie. Or, mis à part les crises internationales qui se répercutent au

pays, Madagascar est fréquemment frappé par des crises politico-économiques. Par

conséquent, l’économie malgache peine à se remettre des nombreuses récessions engendrées

par ces troubles. La grande île est alors plongée dans un cercle vicieux puisque dès qu’il y a

trouble, les relations avec les extérieurs se compliquent. Comme Madagascar reste largement

dépendant des extérieurs, que ce soit vis-à-vis des pays occidentaux ou des organismes

internationaux, toutes décisions prises par ces derniers se répercutent directement sur l’île.

La fréquence et la lenteur de la sortie de crises ont altéré la réputation de Madagascar.

C’est pourquoi le pays n’arrive plus à séduire les touristes, les investisseurs et les bailleurs de

fonds. De ce fait, les investissements directs étrangers reçus par l’économie malgache ont reçu

un recul puisque la crise a détérioré le pouvoir d’attraction des capitaux étrangers. Par

conséquent, les entrées des monnaies étrangères ont chuté et la grande île manque cruellement

d’investissement en matière de grandes infrastructures. Autant dire que les manques à gagner

sont phénoménales : rien que dans la croissance du PIB, il y a huit (8) milliards de dollars

américain de perdu.

Par ailleurs, quand la crise internationale frappe les pays développés, leur première

réaction est de limiter les demandes des produits importés. Cela pénalise directement la

production de notre pays puisque certains secteurs (notamment le textile, les cultures

d’exportation…) sont destinés à l’exportation. La production doit alors se comprimer et

également les emplois qui vont avec. Comme l’exportation diminue, la balance des paiements

devient de plus en plus déficitaire et la monnaie nationale se déprécie. De ce fait, la

dépréciation de l’Ariary entraine directement l’inflation. Dès lors, les entités vulnérables

(comme les PME…) subissent des perturbations importantes qui les conduisent vers la

contraction de leurs activités et parfois même vers leur fermeture.

Quels que soient la nature et les causes de ces crises, leurs conséquences atteignent

plusieurs domaines et se répercutent comme une trainée de poudre. Dans ces conditions, on va

voir :

en premier lieu, les impacts globaux ;

et en second lieu, les impacts sur le marché de l’emploi.

Page 39: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

Chapitre III : Les impacts des crises à Madagascar

30

A. Les impacts globaux

D’une manière globale, les crises successives qui ont frappé Madagascar sont à

l’origine de nombreuses détériorations du système politique, social mais surtout économique

dans la grande île. Ces crises ont gâché la continuité de nombreux programmes

gouvernementaux, par conséquent, certaines actions entreprises n’ont abouti à aucun succès à

cause de leurs interruptions.

Dans ces conditions, force est de constater que Madagascar ne sera pas en mesure

d’atteindre la plupart des objectifs du millénaire pour le développement (OMD) d’ici 2015,

alors qu’en 2007 certains ont encore été jugés potentiellement réalisables (comme la mortalité

infantile, la réduction de l’extrême pauvreté…). C’est pourquoi le classement de Madagascar

a pris un coup dans l’aile dans de nombreux domaines. D’après un rapport intitulé « Doing

business 2013 », publié par la Banque mondiale et l’ « International Finance Corporation »

(IFC) :

Dans la facilité de faire des affaires, Madagascar se trouve au 142e rang parmi les 185

pays analysés, perdant quatre places par rapport à l’année précédente ;

Dans le domaine d’obtention de prêt, aucun changement n’a été vu (toujours classé

180ème

)

Dans le domaine du raccordement à l’électricité, la grande île est passée de 181ème à

la 183ème place.

Dans le domaine de paiement des impôts, le pays est passé de la 67ème place à la

68ème place.

En matière d’octroi des permis de construire, de la 143ème place à la 148ème place.

Dans le domaine de la protection des investisseurs, du 66ème au 70ème rang mondial.

Concernant le commerce transfrontalier, Madagascar est passé de la 111ème place à la

112ème place.

Ces changements sont assez alarmants dans la mesure où ils sont survenus dans un

laps de temps très court (1 an). C’est ainsi que Madagascar est devenu, en 2013, le sixième

pays le plus pauvre du monde.

Ces conséquences sus citées donnent les pertes au niveau national. Cependant, les

vraies victimes de ces crises est le peuple malgache. D’où le la nécessité de développer les

deux (2) grands points suivants :

Page 40: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

Chapitre III : Les impacts des crises à Madagascar

31

Les conséquences socioéconomiques ;

Augmentation de la pauvreté

1. Les conséquences socioéconomiques

Suite à la crise politique dont Madagascar a été victime, les organismes internationaux

ont gelé leurs aides et leurs financements (notamment les Aides Publiques au

Développement). Cela a eu des répercutions néfastes sur la finance publique ainsi que sur les

programmes d’investissement public. « …l’Union Européenne a supprimé toute aide au

développement qui passe entre les mains des dirigeants malgaches : un manque à gagner de

600 millions de dollars pour la grande île de l’océan indien. Cette manne venue de l’étranger

est habituellement utilisée pour l’éducation, la santé et l’amélioration des infrastructures. Mais

lorsque le flot de dollars se tarit, les conditions se dégradent. Le taux de fréquentation dans

l’enseignement primaire a chuté de 83% en 2005 à 73% en 2010. Les routes se détériorent, les

opportunités de travail se tarissent… »23

. Or, mis à part cette diminution des financements

extérieurs, l’Etat malgache connaît aussi une mauvaise performance sur les activités

économiques dans le territoire. Ces deux diminutions ont eu pour conséquences directes le

manque de devises étrangères qui à son tour engendrera la dépréciation de la monnaie

nationale.

A partir de ce stade, les fléaux économiques s’enchainent comme une trainée de

poudre. En effet, comme Madagascar importe beaucoup plus qu’il n’exporte et que certains de

ces produits24

sont fondamentaux pour le bon fonctionnement de la vie quotidienne, leur

importation devient alors de plus en plus coûteuse et favorise l’inflation. C’est pourquoi, le

pouvoir d’achat des ménages subit une baisse conséquente tandis que la part de la

consommation dans les revenus augmente.

Le tableau (tableau n°2) ci après montre les conséquences de la crise sur l’évolution de

la consommation à Madagascar.

23

Source : http://www.jean-loncle-photo.com/2013/04/06/madagascar-les-sanctions-economiques-atteignent-

elles-leur-cible/ 24

Notamment le pétrole, les produits de première nécessité…

Page 41: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

Chapitre III : Les impacts des crises à Madagascar

32

Répartition de la Consommation

(En pourcentage du PIB) 2008 2009 2010 2011 2012

Consommation totale :

Publique :

Privée :

82,9

10,1

72,8

91,9

9,7

82,2

94,6

9,3

85,3

84,1

9,9

74,2

85,4

9,6

75,8

Source : MFB/SG/DGB/DPCB

On voit clairement que la crise (à partir de 2009) a fait augmenter la part de la

consommation dans le PIB. Or on sait que la consommation est néfaste pour l’épargne et

l’investissement. Cette augmentation a deux (2) explications possibles.

D’une part, la crise a entrainé un ralentissement accru de l’économie en général. A son

tour, les débouchés et les productions se sont comprimés. Pourtant, il existe certaines

dépenses liées à la consommation (consommation d’énergie et les autres consommations

incompressibles) qui ne peuvent faire l’objet d’une réduction malgré cette décroissance

d’activité. Il est alors évident que la proportion de la consommation augmente dans le PIB.

D’autre part, comme l’investissement n’est plus avantageux, les revenus et autres

recettes sont de plus en plus affectés pour la consommation.

2. Augmentation de la pauvreté

Un individu subsiste dans la pauvreté lorsqu’il ne dispose pas des ressources

(financières, matérielles, …) suffisantes pour mener sa vie de façon digne selon les normes

internationales établies. Cette pauvreté se présente sous plusieurs dimensions et peut être

interprétée de plusieurs façons. Ainsi, il y deux (2) approches pour définir le taux de

pauvreté :

Selon l’approche absolue, le seuil est fixé en fonction d'un panier de biens alimentaires

(2400 calories par jour pour la pauvreté et 1800 pour l'extrême pauvreté) et non

alimentaires (qui comprennent l'habillement, le transport, l'hygiène, l'eau et l'énergie)

nécessaires à la survie quotidienne.

Page 42: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

Chapitre III : Les impacts des crises à Madagascar

33

Selon l’approche relative, le seuil est fixé par rapport à l’attribution des revenus fixant

les niveaux de vie de l'ensemble de la population, avec comme référence le revenu

médian (le revenu séparant la population en deux : la moitié avec un revenu plus

élevé, et l’autre moitié avec un revenu inférieur).

L’augmentation de la pauvreté durant la crise n’est pas vraiment une surprise quoique

celle-ci ait atteint un niveau critique. Les causes en sont nombreuses mais la plus marquante

est sans doute la suspension de certaines aides destinées à lutter contre la pauvreté.

Malgré le fait que la pauvreté était déjà à un niveau élevé avant la crise, les

estimations indiquent que, de 2008 à 2013, la proportion de la population vivant sous le seuil

de pauvreté a augmenté de plus de 10 points de pourcentage, dont le plus grand impact fût

observé entre 2011 et 2013, causé par la persistance de la crise. Avec un taux de pauvreté de

plus de 92% au seuil de 2 dollars PPP (en termes de parité du pouvoir d’achat) par jour,

Madagascar est désormais un des pays les plus pauvres du monde.

Le taux de pauvreté évalué à 76,5 % en moyenne nationale en 2010, s’est aggravé en

atteignant 80% en 2012. Cette pauvreté a progressé plus rapidement dans les zones rurales et

notamment celles habituellement frappées par les cyclones, contribuant ainsi à un

accroissement de la fragilité du pays et de la vulnérabilité de la population, c’est pourquoi

certaines personnes ont été tenté par l’exode rural dans l’espoir de trouver mieux.

Cette pauvreté est en grande partie due à la dégradation de l’environnement de

l’emploi à Madagascar puisque le travail décent (c’est-à-dire dans des bonnes conditions de

travail, avec un revenu correct…) est la principale source d’un développement équitable et

durable.

L’échec sur l’atteinte des objectifs du millénaire pour le développement prévus pour

2015 fût une grande désillusion dans la lutte contre la pauvreté à Madagascar. L’indicateur

qui illustre le mieux la situation en matière de pauvreté reste « l’indicateur du développement

humain » donné par le PNUD. Si l’on se réfère à la définition de la ‘pauvreté humaine’

donnée par cette institution qui stipule que c’est l’« absence des capacités humaines de base :

analphabétisme, malnutrition, longévité réduite, mauvaise santé maternelle, maladie pouvant

être évitée »25

, on peut nettement apercevoir que la population malgache est majoritairement

touchée par cette pauvreté humaine. Effectivement, l’IDH de Madagascar a reculé en termes

25

Dans son rapport intitulé : « Vaincre la pauvreté humaine » p19.

Page 43: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

Chapitre III : Les impacts des crises à Madagascar

34

de valeur (et par conséquent en termes de classement) parce qu’en 2005 il a été de 0,533

(classifiant ainsi la grande île en tant que pays au ‘développement humain moyen’) soit à la

143ème

place, mais en 2013, ce chiffre est redescendu à 0,483 soit 151ème

pays sur les 187

étudiés.

B. Les impacts sur le marché de l’emploi

Une des conséquences de la sanction internationale fût la fermeture de la quasi totalité

des entreprises textiles de la capitale. En effet, la suspension de l’AGOA a conduit à une

diminution brutale des débouchés de ces zones franches. Rien qu’à Antananarivo cinquante

mille (50 000) emplois ont été perdus et la majorité des victimes sont des femmes. En l’espace

de trois ans à partir de la crise de 2009, trois cent trente six mille (336 000) travailleurs

malgaches ont perdu leur emploi.

Ces pertes d’emploi ont eu des répercutions graves sur la concurrence en matière de

recherche de travail. Les plus faibles, comme les jeunes et les peu qualifiés ont été les

premières victimes de la tension croissante qui s’est exercée sur le marché du travail. En effet,

le nombre de personne en quête d’emploi ont été largement alourdi par rapport aux offres

d’emploi. Par conséquent, les patrons peuvent imposer les salaires et les conditions de travail

qui leur donne beaucoup d’avantage tandis que les travailleurs sont en forte concurrences pour

se faire embaucher. Cette asymétrie de possibilité entre les patrons et les travailleurs a

entrainé des complications et des tensions accrues sur le marché de l’emploi. Ainsi, ce dernier

a largement reculé en matière de concurrence et de performance. L’écart des pouvoirs des

acteurs du marché du travail malgache (notamment les travailleurs et les employeurs) est

devenu trop important. De ce fait, les pouvoirs d’influence sur marché penchent de plus en

plus en faveur des employeurs et au détriment des salariés. L’autorégulation de ce marché par

lui-même est donc peu probable, d’où la nécessité de l’intervention de l’Etat malgache pour

solutionner ce déséquilibre.

1. Augmentation du chômage et du sous-emploi

Comme beaucoup de sociétés ont été victimes de chômage technique et de

compression de leur débouché, les licenciements ainsi que les réductions des activités sont

devenu obligatoires pour certaines entreprises. Ce phénomène a pris une ampleur considérable

surtout pour les entreprises franches mais aussi celles dont les débouchés sont étroitement

Page 44: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

Chapitre III : Les impacts des crises à Madagascar

35

liées aux différents accords de coopération bilatérale ou internationale comme l’AGOA

(African Grouth and Opportunity Act).

Ce tableau (tableau n°3) illustre la proportion de chômage dans les vingt deux (22)

régions de Madagascar.

Taux de chômage, selon le genre et selon la région

Région Masculin Féminin Ensemble

Analamanga 3,4 7,4 5,4

Vakinankaratra 1,6 1,5 1,6

Itasy 4,0 3,3 3,7

Bongolava 0,6 2,9 1,7

Mahatsiatra Ambony 5,7 3,3 4,5

Amoron'i Mania 0,5 1,8 1,2

Vatovavy Fitovinany 1,7 1,7 1,7

Ihorombe 2,4 16,4 8,6

Atsimo Atsinanana 0,5 0,7 0,6

Atsinanana 6,1 9,5 7,8

Analanjirofo 0,9 4,8 2,9

Alaotra Mangoro 2,0 4,3 3,0

Boeni 2,9 3,3 3,1

Sofia 5,6 6,0 5,8

Betsiboka 3,8 4,5 4,2

Melaky 1,4 2,9 2,2

Atsimo Andrefana 2,7 7,0 4,8

Androy 2,9 4,0 3,4

Anosy 1,8 5,4 3,6

Menabe 1,5 3,2 2,3

Diana 4,8 9,9 7,4

SAVA 3,5 5,9 4,7

Ensemble 2,9 4,8 3,8

Source : INSTAT/DSM/EPM 2010, mis à jour le 18 Janvier 2012.

Cette statistique montre globalement que les femmes sont les plus touchées par le

chômage. Ceci est en partie dû au fait qu’un grand nombre de ces femmes sont celles qui ont

été obligées de quitter l’école très jeune (en tout cas plus jeune que les hommes).

Ce chômage touche toutes les couches sociales de la population, aussi bien les

personnes sans instruction que les personnes diplômées. La cause en est que lorsqu’une

entreprise met les clefs à la porte, tous les salariés sont au chômage et les sociétés sous-

Page 45: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

Chapitre III : Les impacts des crises à Madagascar

36

traitants subissent eux aussi les conséquences de cette fermeture. D’ailleurs, la contraction

globale des activités du pays a encore alourdi le sous-emploi déjà nombreux dans différents

secteurs d’activité. Cependant, le secteur public n’est pas vraiment concerné par ce problème

de sous-emploi parce que tous les employés des établissements publics travaillent trente cinq

(35) heures par semaine.

2. Impacts sur les facteurs déterminants de l’investissement

Qui dit investissement dit création d’emploi, donc, pour attirer de nouveaux

investisseurs, il faut qu’il y ait un cadre favorable. On se demande alors quels sont les facteurs

qui nuisent à l’investissement et ceux qui y sont favorables ?

Pour Keynes, l’investissement ne dépend pas directement des revenus des ménages qui

est une variable exogène, mais il est déterminé par la comparaison entre :

L’efficacité marginale du capital, c’est-à-dire le taux de rentabilité, qui mesure le

profit attendu que rapporte un investissement et ;

Le taux d’intérêt réel à long terme, c’est-à-dire le prix de la monnaie prêtée à long

terme et sans inflation.

L'entrepreneur ne va investir que si le taux de rentabilité est supérieur au taux d'intérêt

réel. Dans le cas contraire, il préférera placer ses capitaux. « La règle fondamentale est qu’un

investissement ne vaut pas la peine d’être entrepris que si le taux de rendement interne (ou

l’efficacité marginale du capital) est supérieur au taux d’intérêt du marché. Le volume

d’investissement a donc tendance à augmenter si le taux d’intérêt baisse et inversement. »26

Justement, le problème vient de là parce qu’en période de crise, toute l’économie est

au ralenti (baisse du pouvoir d’achat, compression de la demande…). Les investisseurs étant

rationnels, ils anticipent cette baisse de la demande en ralentissant leur taux d’activité.

De plus, l’insécurité croissante et les instabilités qui s’en suivent dissuadent encore

plus les entrepreneurs à étendre leurs activités. Pourtant, la sécurisation des capitaux investis

constitue un élément clé pour attirer les investisseurs étrangers. D’ailleurs, la dégradation des

infrastructures de base (les routes, l’énergie...) est un handicap majeur pour les grands

investissements.

26

Dans « L’Etat, acteur économique : analyse économique du rôle de l’Etat » de Luc Weber, Dominique

Zupponi page 214

Page 46: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

Chapitre III : Les impacts des crises à Madagascar

37

Comme le secteur informel prolifère beaucoup plus que le formel et que les banques

ne leur accordent pas de prêts, un nouveau phénomène commence à faire son apparition dans

le pays. Il s’agit des institutions financières informelles qui proposent de prêter de l’argent

avec des conditions beaucoup plus attractives que les institutions traditionnelles tant sur les

conditions d’octroi que sur leur rapidité. Leurs annonces trouvent place dans les quotidiens et

autres éditoriaux destinés à cet effet. Elles apparaissent beaucoup plus adaptées aux besoins

des micros et petites entreprises et spécialement celles qui sont informelles.

Bien que la prolifération du secteur informel a été majoritairement causée par les

dégâts générés par ces crises, ce secteur présente beaucoup de potentiels exploitable pour

contribuer au développement de l’économie nationale. Le chapitre suivant sera alors consacré

aux enjeux du secteur informel sur l’économie malgache.

Page 47: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

Chapitre IV : Les enjeux du secteur informel sur l’économie malgache

38

CHAPITRE IV : LES ENJEUX DU SECTEUR INFORMEL SUR

L’ÉCONOMIE MALGACHE

L’informel occupe une très grande place dans l’économie malgache. En 2012, le

pourcentage du secteur informel dans le PIB non marchand a atteint 36% et la valeur ajoutée

créée par celui-ci a atteint quatre mille huit cent quarante (4 840) milliards d’Ariary qui

représente 24% du PIB total officiel. Par conséquent, l’Etat malagasy supporte un manque à

gagner de neuf cent soixante-huit (968) milliards27

d’Ariary rien que pour le titre de la TVA.

Ceci signifie qu’il y a vraiment un enjeu considérable en matière de production et de recette

au niveau national puisque l’Etat tire la quasi-totalité de ses recettes par l’encaissement des

différents impôts et taxes. Or, ces derniers ne sont prélevés que si les entités concernées sont

inscrites dans les registres de l’Etat.

Comme près de neuf unités sur dix qui exercent dans l’informel sont totalement

inconnues des services publiques, il reste beaucoup à faire sur la régularisation de ces

pratiques. Selon l’INSTAT, les activités du secteur informel ont affiché une hausse de 80%

par rapport à l'année 2005. L’informel a comme principal débouché le marché intérieur,

notamment la consommation finale des ménages.

Dans une économie, le commerce constitue une courroie essentielle dans le système

productif. Cette branche d'activité figure parmi les plus dynamiques et dégage une forte

proportion de valeur ajoutée. Pourtant, le secteur informel à Madagascar concerne en grande

partie le domaine commercial.

Voici un graphique illustrant la « Forte prédilection des activités commerciales en

milieu urbain » en (%). (Graphique n°2) :

27

Ce chiffre représente les 20% du montant de la Taxe sur les Valeurs Ajoutées créées par le secteur informel

Page 48: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

Chapitre IV : Les enjeux du secteur informel sur l’économie malgache

39

Source : INSTAT/DSM-PNUD-BIT, ENEMPSI2012, nos propres calculs.

Etant donné l’importance du secteur informel, le Fond Monétaire International (FMI)

et la Banque Mondiale ont pris des résolutions pour l’encourager et la considérer comme

stratégies de développement en Afrique. Cette dernière considère l’économie informelle

comme étant un amortisseur de crise.

L’atout principal du secteur informel demeure en sa flexibilité, c’est-à-dire sa capacité

à s’adapter rapidement aux besoins du marché et aux changements de la demande. La création

d’emploi est parfaitement souple et n’est contrainte par aucune barrière réglementaire.

Le secteur informel a donc joué un rôle primordial dans la survie des malgaches face

aux circonstances, parfois catastrophiques, auxquelles la nation toute entière a dû traverser

pour ne pas se faire anéantir.

Ainsi, ce second chapitre explicitera les différents problèmes pouvant être atténués par

le secteur informel et les fonctions étatiques susceptibles de résoudre durablement et

efficacement ces problèmes, d’où les deux (2) sections suivantes :

Le secteur informel, une alternative aux défaillances du système économique ;

Les rôles de l’Etat.

Page 49: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

Chapitre IV : Les enjeux du secteur informel sur l’économie malgache

40

A. Le secteur informel, une alternative aux défaillances du système

économique

Tout d’abord, ce n’est pas un hasard si le secteur informel a pris une proportion

considérable dans l’économie malgache. Effectivement, les évènements qui se sont déroulés à

Madagascar ont été lourds de conséquences sur le plan socioéconomique. Autant dire que le

système économique tout entier fût bouleversé. Pourtant, la population se doit de surmonter

ces problèmes. Par conséquent, certaines personnes se sont réfugiées dans les activités

informelles afin de survivre. « Il a également pour fonction de satisfaire les besoins essentiels

de la population disposants de revenus modestes et ayant un faible pouvoir d’achat…. Le

secteur formel, compte tenu de la dégradation de la structure des revenus et la vulnérabilité

accentuée des ménages urbains, ne répond qu’à une partie de la demande. C’est dans ce

contexte qu’intervient le secteur informel. Ainsi, les biens et services du secteur informel

dépendent essentiellement d’une demande locale provenant des classes moyennes et

populaires à faible pouvoir d’achat, salariés ou non. »28

En effet, à mesure que l’économie

se perturbe, l’informel semble jouer le rôle de soupape de sécurité des économies normalisées

et être un gage de flexibilité des sociétés, où les performances toujours plus élevées qu'on

espère atteindre ne sont obtenues que par le biais d’une adaptation permanente. Cette

adaptation est largement plus rapide que celle observée traditionnellement dans le milieu

formel.

Par ailleurs, le système économique malgache est très vulnérable à cause de sa

dépendance vis-à-vis de l’extérieur. C’est pourquoi, dès qu’il y a des problèmes sur les

relations avec les extérieurs, le secteur informel s’adapte rapidement aux différentes

circonstances présentes. Entre autres, le secteur informel joue un rôle important devant le

problème de la baisse du pouvoir d’achat des ménages. Etant donné les difficultés engendrées

par cette diminution des moyens budgétaires des foyers malgaches, le prix abordable des

produits issus du secteur informel sont très utiles pour satisfaire les besoins des familles

modestes. Effectivement, la rude concurrence qui s’exerce sur les activités informelles, ainsi

que la légèreté des charges par rapport aux entreprises formelles, font en sorte que les prix

affichés soient plus accessibles. Par conséquent, le secteur informel joue un rôle primordial

dans la satisfaction des besoins de consommation des ménages. Ainsi, il y non seulement une

complémentarité entre ces deux parties mais également des avantages réciproques

28

B Gaufryau et al. dans : « L'économie informelle en Afrique francophone: structure, dynamiques et

politiques » page 90.

Page 50: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

Chapitre IV : Les enjeux du secteur informel sur l’économie malgache

41

considérables auxquels ils ne peuvent s’en passer puisque la quasi-totalité des débouchés du

secteur informel se trouve dans le marché interne.

Actuellement, la mondialisation impose parfois des changements assez radicaux qui ne

sont pourtant pas faciles à intégrer. En admettant que ces transformations (notamment les

nouvelles technologies) apportent une meilleure efficience et contribue à l’amélioration du

bien-être en général, la population pauvre n’arrive pas toujours à suivre convenablement ce

rythme. C’est là que l’informel entre en jeu parce qu’il arrive à proposer des prix nettement

inférieurs à celui du secteur formel.

1. L’informel en tant que solution de secours face aux lacunes du

marché du travail

Le secteur informel a toujours été un refuge pour des individus non préparés à exercer

certaines catégories de métiers. Il suffit juste d’avoir une petite formation ou même se

contenter des compétences acquises « sur le tas ». Pourtant, au fur et à mesure que le sous-

emploi et le chômage gagne du terrain, l’informel est devenu un passage quasi-obligé

d’insertion sociale et professionnelle pour un bon nombre de population active, même celles

normalement préparées à occuper une situation professionnelle au sein de l’économie

formelle.

Dans un contexte où l’offre d’emploi se situe largement insuffisante par rapport à la

demande, mieux vaut créer sa propre activité plutôt que d’attendre une opportunité demeurant

aléatoire. Effectivement, l’informel devient le secteur d’accueil des personnes rejetées plus ou

moins temporairement par le système économique bien que ces dernières aient une capacité

pour dynamiser le domaine d’activité dans lequel elles se trouvent. De plus, les personnes29

effectuant ces activités informelles affirment que, selon les circonstances actuelles, pour

trouver du travail il faut : soit avoir des contacts à l’intérieur de l’établissement en question ;

soit donner des pots de vin aux responsables du recrutement. D’ailleurs, ils considèrent que

les ‘patrons’ abusent de leur pouvoir et qu’il faut se plier en quatre pour garder son emploi

puisque les droits des employés ne sont plus respectés.

Si le secteur informel prolifère énormément à Madagascar, c’est aussi grâce au faible

niveau de qualification d’un grand nombre de personne qui cherche de l’emploi. En effet, soit

le sujet en question a quitté le banc de l’école très tôt. En 2012 : l’analphabétisme touche

29

Une enquête menée personnellement auprès de quelques vendeurs à la sauvette sillonnant les rues de la capital.

Page 51: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

Chapitre IV : Les enjeux du secteur informel sur l’économie malgache

42

27,9% des ruraux contre 11% pour les citadins. De plus, la majorité des malgaches ne maîtrise

pas la langue française et l’outil informatique puisque seuls 16,2% des urbains de 10 ans et

plus parlent couramment le français (contre 3,5% en milieu rural) et 31,9% ont une

connaissance moyenne (contre 16,9% en milieu rural). Pourtant, ce sont des compétences

essentielles exigées par les professions.

Selon une enquête menée par l’INSTAT30

, au dernier trimestre 2012, le nombre

d’unité de production individuelle (UPI) hors agriculture, élevage, chasse et pêche à

Madagascar est estimé à deux millions deux cent quatre vingt deux mille cinq cents (2

282 500) unités, employant trois million trois cent douze mille (3 312 000) personnes dans les

branches marchandes hors agriculture, élevage, chasse et pêche. La quasi-totalité, soit 99,9%

d’entre elles sont classées comme unités de production informelles c’est-à-dire soit ne

possédant pas de numéro statistique soit ne tenant pas de comptabilité écrite ayant une valeur

administrative. Mais la proportion varie d’un secteur à un autre puisqu’en moyenne plus de

la moitié des ménages tire l’ensemble ou une partie de leurs revenus d’une unité de

production informelle. Les UPI se concentrent dans les secteurs de circulation, notamment

commerciaux (34% des UPI) et les activités de transformation manufacturière (35%).

Actuellement, la privatisation, le désengagement de l’Etat des entreprises publiques et

parapubliques sont unanimement reconnus comme étant une source de perte d’emploi massive

mais aussi d’appauvrissement de la majorité des travailleurs. Ces pertes d’emplois tendent à

devenir un risque social grave pouvant mettre en cause la poursuite dans des conditions

favorables de la libéralisation économique.

Entre autres, le sous-emploi est aussi un facteur qui contribue à la prolifération du

secteur informel. En effet, lorsqu’une personne est sous-employée, elle a tendance à se lancer

dans une double activité qui, dans la plupart des cas, est une activité informelle.

2. L’informel en tant que solution au chômage de première insertion

Il s'agit essentiellement d'un chômage qui affecte surtout les jeunes qui recherchent

pour la première fois un travail mais qui sont vite confrontés aux difficultés du marché de

l’emploi. Comme bon nombre de jeunes ont abandonné trop tôt leurs études et sont entrés

30

Enquête intitulée : « Le Secteur Informel à Madagascar en 2012 : Poids économique et social important,

secteur en déconnexion avec le système formel »

Page 52: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

Chapitre IV : Les enjeux du secteur informel sur l’économie malgache

43

précocement dans la vie active, ils rencontrent des barrières majeures sur leur insertion dans

le monde du travail.

Selon la Banque Africaine de développement (BAD), les jeunes représentent 60% des

chômeurs en Afrique et de ces quarante millions (40 000 000) de jeunes, vingt deux millions

(22 000 000) ont renoncé à trouver un emploi dont beaucoup de femmes. C’est pourquoi, ils

sont obligés de se rabattre dans les activités faciles d’accès notamment le secteur informel.

Bien qu’en période de crise la concurrence sur le secteur informel atteint un niveau culminant,

cette alternative constitue la principale issue pour les jeunes à la recherche de leur premier

gagne-pain.

Cependant, l’exercice d’activité dans le secteur informel contribue à une formation du

capital humain dans la mesure où « L’apprentissage artisanal constitue un important moyen

de formation et d’emploi pour les jeunes ainsi qu’une source de main d’œuvre peu qualifiée

pour les patrons dans les divers secteurs de l’économie. L’apprentissage en atelier, à titre de

moyen de formation, a une portée sociale, économique et politique considérable dans les

sociétés africaines. Ce système vient en effet au secours de structures institutionnelles de

formation chancelantes, mal adaptées à l’environnement économique et culturel et dans

l’incapacité de promouvoir les effectifs qu’elles reçoivent. Astreints à entrer en

apprentissage, les laissés-pour-compte du système scolaire y trouvent, par des voies diverses,

une structure d’accueille qui les introduit dans le monde du travail et les initie à la maîtrise

d’une profession au sens très large du terme. En effet, ce système de formation imbriqué dans

la production, grâce à la faiblesse de son coût, permet à un grand nombre de défavorisés

d’entrer dans le monde du travail, d’acquérir des capacités techniques mais aussi sociales et

organisationnelles et d’y nouer des contacts utiles avec les professionnels, les fournisseurs et

les clients. Parmi les mérites attribués à l’apprentissage, on retiendra l’aspect polyvalent

(bien qu’à un niveau très limité) des qualifications qu’il transmet, son orientation

essentiellement pratique et sa projection immédiate sur l’auto-emploi, une certaine pédagogie

implicite favorisant le développement des capacités d’improvisation de l’individu et, ce qui

n’est pas à négliger, son faible coût. L’apprentissage a le mérite de transférer lentement le

savoir-faire, quelquefois jusqu’à la maîtrise du métier. Les qualifications en présence sont

diversifiées. Elles correspondent à des combinaisons d’expériences acquises en milieu

Page 53: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

Chapitre IV : Les enjeux du secteur informel sur l’économie malgache

44

extrascolaire et en milieu dit formel. Le système d’apprentissage permet une bonne

adéquation de la formation à l’emploi. »31

Effectivement, l’absence d’attestation liée à cette insertion dans le monde

professionnel à travers le secteur informel ne pose pas, fréquemment, de problème pour les

entreprises qui recrutent dans la mesure où le ‘contrat à l’essai’ permet d’évaluer les

compétences du jeune travailleur en question. D’ailleurs, même les stages ne sont pas

certainement un moyen de se faire recruter.

B. Les rôles de l’Etat

C’est à travers l’Etat qu’on peut apprécier la liberté, la souveraineté et la puissance

d’une nation. Il a un rôle fondamental dans la gouvernance à la fois en tant que régulateur et

animateur de l’environnement économique, social et politique. Ayant la force légitime, l’Etat

peut l’utiliser pour mettre en œuvre ses programmes. Toutefois, à Madagascar, il n’existe pas

de distinction claire entre l’Etat et ses représentants. Ceci engendre des problèmes sociaux

graves notamment la corruption et l’abus de pouvoir.

L’Etat doit alors agir pour clarifier les responsabilités et l’étendue de pouvoir relatif à

une fonction déterminée puisque la réussite de ses programmes dépend de la compétence de

ses représentants. Effectivement, nombreux sont les activités informelles exercées au vu et au

su de tous. Pourtant, aucune amélioration n’a été apportée sur ce secteur. La raison de ce

blocage réside sur ces deux (2) problèmes sociaux sus cités que sont la corruption et l’abus de

pouvoir.

Cette corruption cause des troubles majeures sur le fonctionnement de l’économie en

général. Elle casse toutes les formalités relatives à l’établissement d’une opération. Cette

corruption est souvent la conséquence d’un abus de pouvoir.

Donc, l’Etat devrait trouver des solutions concrètes de lutte efficace contre la

corruption pour qu’il puisse atteindre ses objectifs. Entre autres, le coût économique de la

corruption est colossal.

Un autre obstacle pour le bon fonctionnement de l’Etat réside également dans le non-

respect de l’indépendance de l’administration publique par les politiciens. En effet,

31

B Gaufryau et al. dans : « L'économie informelle en Afrique francophone: structure, dynamiques et

politiques » page 94.

Page 54: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

Chapitre IV : Les enjeux du secteur informel sur l’économie malgache

45

normalement, « le politique définit ce qui doit être fait (le quoi) et l’administratif détermine

comment cela doit être réalisé (le comment). Dans, cette perspective, le parlement, comme

représentant du peuple, approuve le budget et définit les orientations et les objectifs.

L’exécutif définit les objectifs stratégiques ainsi que les buts opérationnels, et alloue le

budget. »32

Pourtant, à Madagascar, les postes de hauts fonctionnaires de l’Etat (comme le

gouverneur de la banque centrale, les directeurs généraux des ministères…) sont

généralement occupés par les partisans du pouvoir. Par conséquent, il n’y a ni continuité des

actions et programmes entreprises, ni autonomie des fonctionnaires dans l’accomplissement

de leur fonction.

Enfin, le gouvernement se doit de conduire le pays vers un développement durable, et

équitable. Pour ce faire, il faut instaurer les cadres propices à l’essor des activités

micro/macroéconomiques et privées/publiques.

1. Les rôles sur la règlementation et le soutien du secteur informel

L’Etat joue un rôle considérable sur l’existence ou la prolifération du secteur informel.

Affecté directement ou indirectement, le pouvoir public ne peut ignorer les causes et les

conséquences de l’informel. Ce dernier agit sur l’économie, sur la société, et même sur la

politique. Donc, l’Etat a vivement intérêt à règlementer ou au moins à avoir un contrôle sur

les activités informelles afin de réduire le manque à gagner sur ces pratiques. Comment alors

formaliser le secteur informel ?

Cette question revêt toute son importance vu la situation préoccupante que traverse le

pays actuellement. Cependant, cette formalisation ne pourra aboutir que lorsque les deux

parties concernées (d’un côté l’Etat et les établissements formels, et de l’autre côté les

informels) trouveront des compromis qui leur soient favorables.

D’une part, il existe un obstacle structurel à la transition du secteur informel vers le

formel : c’est l’incapacité des unités de production informelles à accumuler du capital. Ce qui

caractérise l’économie de subsistance, c’est l’absence de visibilité de la demande en raison de

l’incertitude dans laquelle vivent les individus quant à leurs situations futures. Etant donné

que leurs recettes sont très irrégulières, le meilleur moyen d’éviter la faillite est alors de

minimiser les charges. C’est ce qui explique par exemple le recours à une main-d’œuvre

familiale irrégulièrement rémunérée. Ce problème lié à la difficulté d’accumuler un capital

32

Dans « La pensée comptable : ÉTAT, NÉOLIBÉRALISME, NOUVELLE GESTION PUBLIQUE » Page 84

Page 55: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

Chapitre IV : Les enjeux du secteur informel sur l’économie malgache

46

empêche toute possibilité d’améliorer leur statut professionnel. D’ailleurs, ils ne peuvent

établir de relation juridique stable qui est pourtant une condition indispensable dans la vie des

affaires.

D’autre part, l’informel représente d’importantes pertes de recettes fiscales, et donc de

capacités de financement des investissements publics. Pourtant, l’Etat est très dépendant vis-

à-vis de la fiscalité et celle-ci sera alors supportée intégralement par le secteur formel. Cette

pression fiscale influe directement sur la rentabilité des entreprises formelles et à la longue

elle va peser comme étant une « désincitation » pour l’investissement et favoriser l’évasion

des capitaux. Par ailleurs, l’informel exerce une concurrence déloyale en profitant des faibles

coûts puisqu’ils échappent aux charges fiscales et sociales, les entreprises formelles

deviennent moins attractives, notamment pour les investisseurs, ce qui a pour effet de freiner

l’investissement au sein du secteur régulier.

Force est de constater que les deux parties peuvent améliorer leur situation à condition

de trouver des accords convenables.

Si l’Etat instaure un cadre de protection et d’appui au secteur informel, et que ce

dernier contribue aux paiements des charges fiscales en régularisant leur situation, non

seulement l’Etat pourra accroître ses recettes mais les assujettis à l’informel seront devenus

formels et auront de meilleur perspective d’avenir. En effet, selon une enquête33

menée par

l’INSTAT, près de 41% des unités de production sont prêtes à enregistrer leur établissement

auprès de l'administration concernée, 61% sont prêtes à payer l’impôt et plus de 27% des

unités de production individuelle sont favorables au principe du « guichet unique » pour

simplifier les démarches d'enregistrement. Ceci montre la volonté des assujettis à l’informel à

se régulariser à condition quand même que l’Etat accomplisse ses responsabilités.

Le tableau (tableau n°4) qui suit contient des recommandations intéressantes pour

soutenir le secteur informel.

33

Enquête intitulée « Secteur informel à Madagascar en 2012 : Poids économique et sociale important, secteur

en déconnexion avec le système formel » avec la collaboration du PNUD et de l’OIT.

Page 56: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

Chapitre IV : Les enjeux du secteur informel sur l’économie malgache

47

Approche participative et intégrée d’appui à l’économie informelle.

Nature du

problème Objectif Moyen d’appui Instrument de promotion

Financier

Accroître la capacité

d’investissement et la

garantie des petits

producteurs

Système d’épargne

volontaire et de crédit aux

investissements productifs

Mutuelle d’épargne/ de

crédit.

Caisse populaire.

Banques artisanales.

Technico-productif

Améliorer la capacité

productive et la

productivité des unités

économiques de

production.

Perfectionnement des

compétences techniques,

R&D de nouveaux

produits et techniques.

Ateliers ou base d’appui

proposant des services à la

production.

Formation.

Commercial

Meilleure insertion des

unités économiques dans

les marchés de bien et de

débouchés commerciaux.

Diversification de l’offre,

amélioration de la qualité,

recherche et élargissement

des nouveaux marchés.

Systèmes associatifs

d’approvisionnement et de

commercialisation.

Ouverture de service.

D’organisation

Accroître la capacité

collective de négociation

des petits producteurs avec

le système institutionnel en

place.

Animation, programmation

et évaluation en vue de

l’organisation et l’action

collective.

Groupements solidaires.

Associations par métier.

Fédérations

socioprofessionnelles.

Source : Maldonado, C. « Rompre l’isolement : une expérience d’appui aux petits

producteurs urbains du Bénin », dans Revue internationale du Travail (Genève, BIT, 1993),

vol 132, n°2, p 282.

2. Rôles sur l’instauration d’un meilleur cadre pour l’emploi

En premier lieu, le gouvernement doit collecter les attentes des gens vis-à-vis de l’Etat

en matière d’environnement favorable au marché de l’emploi. Ensuite, il faut établir une

meilleure protection sociale dans le cadre d’un emploi exercé légalement afin d’inciter le

secteur informel à se régulariser et résorber le chômage par des stratégies de création

d’emploi en engageant les moyens nécessaires. A partir de là, les actions doivent porter sur

ces avantages réciproques que chaque entité peut obtenir.

Les entreprises constituent une des principales sources d'emploi et de revenus pour la

population, notamment pour la population urbaine qui ne cesse d’augmenter. On ne peut donc

s’en passer si l’on veut agir sur le marché du travail. Mais les problèmes se présentent lorsque

le décalage entre les attentes des entreprises et celles des personnes en quête d’emploi

deviennent trop important. C’est là que l’Etat doit entrer en jeu. Effectivement, la création

d’entreprise et les autres activités créatrices d’emploi dépendent de l’environnement

Page 57: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

Chapitre IV : Les enjeux du secteur informel sur l’économie malgache

48

macroéconomique. Ainsi, en améliorant ce dernier (taux d’imposition, sécurisation des

investissements, formation professionnelle adaptée…), le gouvernement allège le chômage et

le sous-emploi qui frappe le marché du travail dans le pays.

Si Madagascar n’arrive pas à attirer des investisseurs de bon calibre34

, c’est surtout à

cause des risques potentiels de trouble politico-économique. Par conséquent, ceux qui tentent

le risque les font avec beaucoup de méfiance notamment sur la nature des investissements.

Ainsi, ceux qui séduisent le plus les investisseurs étrangers sont les domaines faciles d’accès

et nécessitant peu de dépense matérielle comme : le textile ; le téléopérateur ; la sous-

traitance ; le commerce ; etc.

Le problème engendré par ce phénomène est que la rémunération octroyée par ces

activités est généralement médiocre. Par conséquent, elle ne permet pas aux travailleurs

d’améliorer leur condition de vie. Ainsi, nombreux sont les victimes des emplois qui ne

permettent autres choses que la survie.

Ces activités sont pourtant peu bénéfiques pour les employés puisque la plupart

d’entre eux payent au SMIG (Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti). Les postes

gratifiant sont alors en sous effectifs par rapport aux diplômés de la grande île. D’où le

chômage et le sous-emploi qui atteignent toutes les couches sociales (même les diplômés).

Cela favorise les tensions sur le marché du travail dans la mesure où tout le monde doit se

rabattre sur la moindre occasion de se faire embaucher même si cette dernière n’est guère

enthousiasmante.

Concernant le secteur public, le problème fondamental réside sur le manque de moyen,

d’outil et également de personnel. Effectivement, une enquête35

menée auprès du ministère

des postes, des télécommunications et des nouvelles technologies a révélé que les effectifs des

employés diminuent de plus en plus parce que les départs à la retraite et les décès survenus au

cours de ces cinq (5) dernières années ne sont guère remplacés jusqu’à présent. Pourtant, il y a

en moyenne dix huit (18) départs à la retraite par an sans compter les décès. Alors les tâches

occupées par ces personnes sont juste cumulées par les autres membres. « On essaie de

s’adapter avec ce qu’on a »36

. Or, la plupart des personnels commencent à vieillir, donc leurs

performances (physiques, intellectuelles…) s’affaiblissent. Ceci explique alors, selon leur

dire, la lenteur des services fournis par ces établissements.

34

On entend par là les investisseurs des grandes firmes internationales comme les constructeurs automobiles, les

géants électroniques qui fournissent des emplois de qualité et bien rémunérés. 35

Enquête menée personnellement auprès de l’Etablissement du ministère en question sise à Antaninarenina 36

Phrase dite par le Secrétaire Général de ce ministère

Page 58: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

Chapitre IV : Les enjeux du secteur informel sur l’économie malgache

49

L’ironie de l’histoire est que nombreux établissements publics manquent cruellement de

personnel et en même temps il y a un nombre toujours croissant de personnes au chômage qui

ne trouvent pas de travail. Les responsables de ce ministère espèrent vraiment que le futur

gouvernement ordonnerait de nouveaux recrutements et améliorerait les outils mis à

disposition pour leurs établissements.

Page 59: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

Chapitre V : Recommandations et perspectives

50

CHAPITRE V : RECOMMANDATIONS ET PERSPECTIVES

La situation actuelle de Madagascar n’est pas une fatalité insurmontable dans la

mesure où des rénovations peuvent être entamées pour remédier aux complications

engendrées par les dérèglements de l’environnement socioéconomique du pays.

La tâche s’annonce longue et difficile mais des problèmes comparables ont déjà été

corrigés à travers le monde. Certes il faut se doter des outils et moyens nécessaires pour y

arriver mais ils ne sont pas forcément inaccessibles.

Les cabinets concernés par la lutte contre le secteur informel sont nombreux mais la

Direction Générale des Impôts (DGI) et le ministère du commerce et de l’industrie semblent

être les deux principaux intéressés par la formalisation de ces pratiques parce que l’informel

échappe à la quasi-totalité des différents impôts et taxes. Effectivement, la première phase de

normalisation consiste à être inscrite au Registre du Commerce et des Sociétés (RCS). A

partir de là, on doit impérativement s’acquitter des différentes charges fiscales auprès des

établissements fiscaux compétents.

À propos de la DGI, le problème d’effectif mérite une attention particulière car mis à

part les tâches effectuées au sein de leurs locaux, les descentes sur terrain constituent

également le moyen le plus efficace en termes de sensibilisation et de contrôle. Pourtant, les

statistiques montrent que leurs nombres ont supporté une diminution au fil du temps. Le

tableau (tableau n°5) suivant illustre cette tendance.

Evolution des effectifs des employés de la DGI

Années Effectifs

1980 1765

1990 1756

1995 1552

2000 1238

2005 1256

2008 1267

Source : www.impot.mg/

Si l’on augmente donc le nombre des agents de terrain et que ces derniers collaborent

étroitement avec les agents municipaux, les campagnes de sensibilisation seront sans doute

Page 60: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

Chapitre V : Recommandations et perspectives

51

plus fructueuses parce que le rayon d’action serait plus vaste sur le plan géographique mais

également sur le plan sectoriel. Effectivement, comme les effectifs des fonctionnaires sont

faibles, ils sont obligés de focaliser leurs interventions vers les faits les plus flagrants. Or les

personnes interpellées prônent toujours des traitements équitables sur les contrôles ou les

sanctions. Alors, tant que certains se font saisir alors que les autres non, ils recommenceront

jusqu’à ce que la totalité de ceux qui sont dans la même situation qu’eux soient eux aussi

interpellés.

Cependant, si l’on veut normaliser les activités informelles, il faut agir sur les deux

côtés du problème, d’où les deux grands points suivants :

Instaurer un cadre propice à la formalisation du secteur informel

Amélioration des conditions de vie des personnes vulnérables

A. Instaurer un cadre propice à la formalisation du secteur informel

Un des problèmes fondamentaux du secteur informel est l’anarchie dans laquelle il

évolue. Cette anarchie se présente sous différentes formes comme le non respect des

règlementations élémentaires et les seuils de sécurité...

La mise en place de ce milieu favorable à la formalisation du secteur informel doit se

faire progressivement et selon le degré d’importance relative des obstacles à surmonter.

Engageant plusieurs ministères, cette démarche sollicite l’adoption de plusieurs programmes

qui peuvent s’étaler sur un long horizon temporel.

Pour ce faire, l’Etat dispose des outils et des moyens nécessaires pour mettre en œuvre ce

programme. Etant donné que certains fonctionnaires ou techniciens des établissements publics

(comme ceux de l’INSTAT, les agents de terrain de l’impôt...) mènent seulement des enquêtes

de vérification ou de collecte d’information sur le terrain, alors ces missions n’aboutissent

qu’à de simple rapport et constatation ou, au mieux, à des sanctions sans suivies. Pourtant, ces

missions seront sans doute plus efficaces si elles sont accompagnées par des programmes de

sensibilisation en vue de formaliser les activités informelles.

A propos des budgets devant être engagés pour l’aboutissement des programmes de ce

genre, si le gouvernement attribue une part des dépenses d’investissements à la formalisation

du secteur informel, les moyens financiers seraient plus conséquents. D’ailleurs, la

reconnaissance du fait que les dépenses sur la formalisation des pratiques informelles font

Page 61: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

Chapitre V : Recommandations et perspectives

52

parties des dépenses d’investissement constitue une bonne stratégie de développement dans la

mesure où le succès de ce programme se soldera par l’augmentation des recettes de l’Etat.

1. Accentuer les regroupements par secteur d’activité

Dans le souci de faciliter davantage les contrôles du secteur informel, l’Etat a

vivement intérêt à regrouper ces activités suivant les critères les mieux adaptés. En effet, au

fur et à mesure que les activités sont rassemblées selon leur nature (commerces, services,

artisanats...) ou leur grandeur (unipersonnelles ou employant plusieurs personnes), la suivie de

ces pratiques sera plus aisée. De quel regroupement s’agit ?

Le regroupement peut prendre plusieurs formes :

regroupement physique : regrouper les activités de même nature dans une zone

géographique bien définie ;

ou bien immatériel : par l’intermédiaire des organisations et collectivités.

Ce regroupement a déjà fait ses preuves dans certaines régions de Madagascar,

notamment dans les provinces. C’est le cas des conducteurs de « pousse-pousse37

».

Comme ce moyen de locomotion a gagné du terrain, les responsables municipaux ont

créé un statut légal pour ces engins et même pour leurs conducteurs. A Toamasina par

exemple, les pousse-pousse payent une vignette38

annuelle de mille (1000) Ariary tandis qu’à

Antsirabe39

, les conducteurs de pousse-pousse ont reçu une formation concernant le code de la

route et jouissent des avantages relatifs à cette profession et les machines sont soumis à la

nécessité d’homologation avant d’exercer le métier.

Un autre regroupement qui a été couronné de succès est celui réalisé par le PSDR40

(Projet de Soutien au Développement Rural). Ayant créé huit mille (8 000) associations

paysannes, ce programme a fait un million cent quatre mille six cent quatre vingt (1 104 680)

bénéficiaires à travers la grande île. En effet, ce projet comprenait : des formations pour une

meilleure conservation des récoltes ; des techniques d’accroissement de la productivité ; des

méthodes de transformation des récoltes en produits finis ; des formations en broderie,

vannerie et tissage. C’est pour ainsi dire que l’union fait la force et elle permet la transmission

37

Ici, cette dénomination englobe les « cyclo-pousse ». Voir annexe pour plus de précision. 38

Source : http://www.lexpressmada.com/index.php?p=display&id=5031 39

Connaissance personnelle 40

Mis en œuvre depuis 2001 et achevé en 2012 : http://www.lagazette-

dgi.com/index.php?option=com_content&view=article&id=27771:developpement-rural-les-beneficiaires-du-

psdr-sont-legion&catid=45:newsflash&Itemid=58

Page 62: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

Chapitre V : Recommandations et perspectives

53

des expériences et des savoir-faire. Malheureusement, ce programme touchait à son terme en

2012 et n’a pas encore été remplacé ou renouvelé jusqu’à présent.

2. Faciliter les procédures administratives

Il s’agit ici de réadapter certaines parties des réglementations en vigueur aux

spécificités du secteur informel. A ce sujet, il est évident que les démarches administratives

pour formaliser les établissements informels sont incompréhensibles pour les concernés

puisque bon nombre d’entre eux ont peu de qualification académique.

Etant donné que les personnes assujetties à l’informalité ont généralement peu de

parcours conventionnel et n’ont pas de connaissance du monde des affaires légales, la création

de bureau de soutien et de suivi des dossiers devrait être priorisée par l’Etat. Ainsi, la peur de

ne savoir quoi faire ne sera plus un obstacle pour ces gens.

Récemment, la direction générale des impôts a lancé une campagne de sensibilisation

via la télévision afin d’inciter les gens à régulariser facilement leur situation en accentuant

une nouvelle possibilité qui est de pouvoir s’inscrire en ligne. La question qui se pose est

que : Les non-initiés à l’informatique seront-ils en mesure de le faire ?

Une des grandes lacunes du système d’imposition concerne les tarifs forfaitaires41

d’impôts synthétiques pour certaines activités. Plus connu sous le nom de « patente », ce

montant est un vrai obstacle pour la formalisation du secteur informel puisqu’il n’est pas du

tout à la portée des petites exploitations informelles. Pour créer légalement sa société, mis à

part les longues procédures et la multitude des dossiers à fournir, il faut au moins débourser la

somme de trois cent quatre vingt sept mille cinq cent (387 50042

) Ariary. En effet, la plupart

des activités informelles sont de petites tailles. Autrement dit, beaucoup d’entre elles n’ont

même pas un chiffre d’affaire atteignant ce montant. Par conséquent, il est impossible pour

eux d’envisager cette démarche de normalisation. Il faut donc impérativement revoir ce tarif

à la baisse pour qu’il puisse être accessible pour tous.

Concernant les commerçants ambulants et les petits commerces de fortune, mis à part

les problèmes susmentionnés qui les concernent également, le problème de domiciliation de

leurs activités constitue une fatalité insurmontable dans la mesure où celle-ci est sine qua non

41

C’est-à-dire les impôts minimum à payer pour exercer une activité donnée (commerce, transport...). 42

Tarif basé sur le montant affiché par la plate-forme « edbm » pour créer une société :

http://www.edbm.gov.mg/fr/Guichet-Unique/Creation-de-societe

Page 63: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

Chapitre V : Recommandations et perspectives

54

pour s’inscrire dans le registre du commerce et des sociétés. Justement, la domiciliation de

l’activité commerciale fait partie des facteurs de blocage pour la formalisation des vendeurs

ambulants puisque ces gens n’ont pas la possibilité de se procurer ces documents puisqu’ils ne

sont pas installés dans des locaux adéquates. Leur domiciliation devrait donc être acceptée

comme étant celle de leur activité.

B. Amélioration du quotidien de la population

A Madagascar comme dans la plupart des pays pauvres, les activités informelles

s’exercent souvent dans des conditions très déplorables tant sur le plan matériel que moral.

Étant donné que les personnes assujetties à l’informel ont généralement peu de moyen pour

améliorer les cadres de leur activité, l’Etat a le devoir de remédier à ce problème. En effet,

certaines pratiques s’exercent dans des conditions tellement catastrophiques (insalubrités,

insécurités...) que la priorité des autorités n’est plus de formaliser les activités mais de lutter

contre ces fléaux majeurs. Effectivement, il y a des cas où le secteur informel se mêle à des

obstacles majeurs sur le milieu dans lequel il évolue.

Cette situation fût observée lors de l’explosion de l’exploitation de saphir à Didy

Ambatondrazaka en 2012. L’engouement pour ce site fût tellement important que les autorités

ont été dépassées par les évènements. Dès lors, l’anarchie a pris le dessus et les problèmes se

sont multipliés. En effet, en quelques semaines, plus de quarante mille (40 000) personnes se

sont précipitées vers cette région pourtant peu peuplée à l’époque. En conséquence,

l’exploitation illicite a engendré d’autres catastrophes encore plus prioritaires pour les

autorités, à savoir : l’insécurité ; les maladies épidémiques ; la prostitution ; la dégradation de

l’environnement etc.

L’accès au financement joue alors un rôle primordial dans l’amélioration des cadres où

évoluent ces pratiques dans la mesure où l’Etat n’arrive pas à assurer toutes les infrastructures

nécessaires au bon fonctionnement de ces activités. Ainsi, ces gens pourront améliorer leur

situation par leurs propres initiatives.

A cet effet, force est de constater que le manque de moyen, notamment financier, constitue le

principal facteur de blocage pour le bon développement des activités informelles. Comme les

assujettis à l’informalité ne peuvent accéder à l’octroi de crédit par le biais des agences de

prêt conventionnelles, ces gens sont obligés de se contenter avec le peu de moyen qu’ils ont

en leur possession.

Page 64: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

Chapitre V : Recommandations et perspectives

55

L’enjeu réside donc sur la manière dont on devrait procéder afin de pouvoir octroyer

convenablement des crédits à ceux qui en ont besoin.

Mis à part le fait que non seulement les établissements de crédit traditionnels

n’accordent pas de prêt pour des sujets ne se conformant pas aux règlements fondamentaux

(personnes non salariées ; entités informelles etc.), ces banques se plaignent également du

manque d’authenticité sur les informations fournies (comme le certificat de résidence etc.) par

les demandeurs de prêt. De leur côté, bon nombre de personnes trouvent que ces

établissements demandent trop de dossier. Ce sont des facteurs de blocage qui influent

énormément sur le devenir de ces entités.

Effectivement, à Madagascar le niveau de développement est encore faible, et par

conséquent, beaucoup d’activités s’exercent dans des conditions rustiques qui ne se

conforment guère aux exigences de la mondialisation actuelle. Le dilemme se situe là

puisqu’il y a une incompatibilité entre les exigences règlementaires et les réalités du pays. Si

l’Etat fonde une commission spéciale chargée de vérifier et de faciliter les procédures

d’obtention des dossiers, les financements octroyés seront plus sûrs pour les banques et plus

aisés pour les bénéficiaires.

1. Consolider les plateformes déjà présentes

Malgré les nombreuses faiblesses au niveau de l’environnement macroéconomique de

Madagascar, il y a tout de même des infrastructures déjà présentes qui ne nécessitent que des

renforcements pour qu’ils puissent contribuer à l’amélioration des investissements locaux.

Effectivement, le problème d’énergie reste un problème auquel une entreprise doit faire face

parce que la lourdeur des charges liées à l’exploitation est très néfaste au bon fonctionnement

des entreprises. Ainsi, il faut remédier aux complications engendrées par le manque de

compétitivité de la JIRAMA.

Les plaintes sont nombreuses mais les plus importantes concernent en général : les

délestages répétitifs ; les instabilités des tensions électriques ; le prix élevé ; la faible étendue

des zones de couverture etc.

Toutefois, la grande île regorge beaucoup de potentiels énergétiques encore peu exploités

jusqu’à présent. Selon le SIM43

(Syndicat des Industries de Madagascar), le pays pourrait

produire jusqu’à sept mille huit cent (7800) mégawatts en termes de potentiel hydroélectrique,

soit 65 fois plus que la production actuelle. De plus, promouvoir les énergies renouvelables

43

Source : http://www.afriquinfos.com/articles/2012/2/10/afrique-australe-196484.asp

Page 65: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

Chapitre V : Recommandations et perspectives

56

(éoliennes et solaires) est une chose très avantageuse vu que Madagascar profite d’un grand

ensoleillement mais également des vents permanents dans les régions côtières. Ainsi, la

multiplication de la production énergétique fera en sorte que le prix de cette énergie vitale

sera plus compétitif et les attentes des industriels en matière de dépenses énergétiques seront

satisfaites.

En effet, sur les cent quatorze (114) centres44

de production électrique de la JIRAMA, seul

quatorze (14) d’entre eux sont des centrales hydroélectriques mais les autres sont des centrales

thermiques alimentées par des groupes diesel. Pourtant, douze (12) de ces centrales

thermiques produisent 68% de l’énergie électrique de la grande île. Par ailleurs, les centrales

thermiques sont peu productives et leurs entretiens sont très coûteux. En conséquence, le prix

affiché reste très cher et fragilise davantage les industries malgaches. La stratégie consiste

donc à privilégier les centrales hydroélectriques parce qu’elles sont beaucoup plus

compétitives. De plus, le pays possède des grands fleuves exploitables pour la réalisation de

ce projet.

Comme le problème de l’énergie reste un grand facteur de blocage pour l’économie

malgache, un programme à part entière devrait donc être affecté à ce sujet. Si l’Etat tient

encore à monopoliser ce secteur, la création d’un Ministère chargé uniquement du

fonctionnement de la JIRAMA serait un grand pas vers la résolution du problème. Etant

donné que cette société d’Etat demeure sous le contrôle du Ministère de l’énergie et des

mines, toutes les ressources (matérielles ; humaines ; financières...) de ce ministère sont

encore divisées entre les différentes branches qu’il contient. De ce fait, le domaine de

l’énergie électrique s’est toujours retrouvé mis de côté par son ministère lui-même.

Avec un ministère qui lui est propre, la JIRAMA aura alors une autonomie qui sera

favorable à son bon développement puisque non seulement elle possède un budget à part

entière, mais aussi que ses recettes pourront être exclusivement affectées à son amélioration.

Concernant les marchés, certains commerçants45

réglementaires déjà installés dans les

marchés publics se plaignent du fait que leurs établissements sont peu fréquentés. Deux (2)

causes apparentes ont été évoquées :

La première est que les infrastructures des marchés publics sont très endommagées

(notamment les toilettes et les systèmes d’évacuation des eaux usées) et à cela

s’ajoutent les insalubrités engendrées par cette manque d’entretien ;

44

Source : http://www.solarmad-nrj.com/jiramavssolaire.html 45

Enquête personnelle

Page 66: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

Chapitre V : Recommandations et perspectives

57

Deuxièmement, le secteur informel est partout présent à côté même des vendeurs

légalement enregistrés et prennent une part importante de leur clientèle.

Ce problème d’infrastructure est lié au fait que l’emplacement de la plupart des grands

marchés actuels se trouve à l’endroit même où il y avait jadis les anciens marchés. Pourtant à

l’époque, ces endroits n’accueillaient pas autant de monde qu’aujourd’hui. Mais ces marchés

ont déjà pris racine là où ils sont actuellement, l’enjeu pour les autorités est donc d’améliorer

les marchés communaux tout en protégeant les intérêts communs.

Pour les autres activités nécessitant des savoir-faire particuliers, les nombres des

organismes d’assistance aux plus défavorisés doivent être multipliés car ils sont beaucoup

plus efficaces en termes d’insertion socio-économique des personnes démunies.

Effectivement, en prenant le cas de CEFOR (Crédit-Epargne et Formation) par

exemple, on constate que malgré leur budget modéré, cette organisation arrive à récolter des

résultats encourageants. Avec des programmes simples mais efficients (Soutenir la création

et le développement d'activité génératrices de revenus afin d'augmenter le revenu des familles

et d'améliorer leurs conditions de vie ; Former les jeunes adultes à des compétences

techniques spécifiques et à un comportement adapté au monde de l'entreprise pour permettre

l’accès ou le maintien à un emploi salarié), cette ONG a réussi à former neuf cent quatre vingt

(980) stagiaires avec cinq filières différentes en 2012. Cela montre à quel point la proximité

des institutions influe énormément sur l’atteinte des objectifs. La meilleure stratégie est donc

de favoriser la multiplication du nombre de ces établissements plutôt que de les faire croître.

2. Soutenir les droits fondamentaux

Tant que le secteur informel échappe aux contrôles de l’Etat, les personnes qui y sont

assujetties ne pourront réellement exiger leur droit. Pourtant, l’Etat est le principal garant du

respect des droits de ses citoyens. Il est alors primordial d’éradiquer les pires formes de non-

respect des droits de l’homme. Ainsi, en 2000, Madagascar a ratifié la Convention n° 138 de

l'OIT sur l’âge minimum d’admission à l’emploi, fixé à 15 ans, et en 2001, le pays a ratifié la

Convention n° 182 de l’OIT sur les pires formes de travail des enfants. Leurs applications

reposent sur l’efficience des autorités.

Les ONG, quant à eux, sont d’une manière générale plus proche des gens. De ce fait,

ils ont une meilleure connaissance des réalités du pays et contribuent énormément à la

protection des nécessiteux. Comme la lutte contre la pauvreté est primordiale pour notre pays,

Page 67: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

Chapitre V : Recommandations et perspectives

58

les ONG occupent donc une position stratégique dans la mise en œuvre des programmes

visant à réduire cette pauvreté mais surtout en matière de protection des droits fondamentaux.

Alors, il revient au gouvernement de faciliter le plus possible les démarches administratives

de ces organismes. Bien que ces établissements bénéficient déjà d’un assouplissement de

traitement administratif, ceux qui ont des projets indispensables à l’amélioration des

conditions de vie des plus nécessiteux méritent d’obtenir des priorités en matière de procédure

administrative lors des dédouanements etc.

Les raquettes et la corruption sont des phénomènes courants sur le secteur informel à

Madagascar. C’est un facteur de blocage qui maintient ces pratiques dans leur état informel.

En effet, les fonctionnaires qui font des raquettes ou de la corruption ne font que détériorer la

situation des activités informelles. Afin d’éviter ces fléaux, l’Etat devrait octroyer des primes

aux agents de terrain pour chaque interpellation faite. Par ailleurs, si ces derniers contribuent à

la normalisation des pratiques informelles, il y aurait plus d’effet.

La corruption est encore un phénomène très courant dans la grande île. Comme elle

intervient généralement durant le laps de temps qui sépare la sensibilisation et le contrôle

alors que les agents qui effectuent ces tâches ne le font pas ensemble, les auteurs réels de la

corruption sont alors difficilement reconnaissables. En effet, la séparation des tâches et des

obligations des différents agents étatiques est parfois floue dans la mesure où ces agents

exercent quelquefois des missions dont ils ne sont pas les vrais mandataires. Ainsi, surtout

dans les endroits isolés ou discrets, certains employés de l’Etat (notamment avec les forces de

l’ordre) organisent des décentes illégales pour simplement intimider les assujetties à

l’informalité dans le but de leur soutirer de l’argent. Ces gens ne connaissent pas quels sont

les types d’agent qui ont le droit de les contrôler. La sensibilisation doit aussi se porter sur ce

point pour éradiquer les raquettes.

L’enjeu est donc de faire respecter les droits des sujets informels mais également de faire

en sorte que les agents étatiques honorent leurs obligations. En imposant des obligations de

rendement strictes (avec des primes) à ces fonctionnaires, ils seront sans doute plus difficiles à

corrompre puisqu’ils doivent avant tout remplir leurs quotas. Ce mode opératoire consiste à

institutionnaliser les quotas des fonctionnaires selon des normes préétablies pour faire en sorte

que ces derniers soient dans l’obligation de remplir correctement leur mission sans qu’ils

puissent avoir beaucoup de marge en matière de corruption.

La LOI N° 2003-011 portant Statut Général des Fonctionnaires renferme toutes les

dispositions globales relatives à l’environnement professionnel d’un fonctionnaire. Bien

Page 68: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

Chapitre V : Recommandations et perspectives

59

qu’elle contienne quatre vingt (80) articles répartis dans onze (11) titres, le mot

« corruption » n’y est même pas prononcé. Pourtant, cette loi renferme les obligations que

les fonctionnaires doivent respecter dans le cadre de l’exercice de leur fonction. C’est pour

ainsi dire que même les lois en vigueur à Madagascar ne sont pas toujours explicites en

matière de lutte contre la corruption.

L’interdiction impérative de pratiquer la corruption devrait alors être inscrite

ouvertement dans cette loi puisque les établissements publics sont très touchés par ce fléau.

Un des problèmes majeurs auxquels beaucoup de Malgaches sont confrontés est celui

du problème lié à l’absence de protection sociale. Pourtant, la déclaration universelle des

droits de l’homme, dans son article 22, stipule que « Toute personne, en tant que membre de

la société, a droit à la sécurité sociale ; elle est fondée à obtenir la satisfaction des droits

économiques, sociaux et culturels indispensables à sa dignité et au libre développement de sa

personnalité, grâce à l'effort national et à la coopération internationale, compte tenu de

l'organisation et des ressources de chaque pays. »46

. Malgré cela, en 2013, il n’y a que 12% de

la population qui bénéficie de la protection sociale de la CNaPS. En effet, à Madagascar, seuls

les travailleurs salariés formels jouissent du régime de protection sociale et le recours aux

syndicats n’est pas suffisamment habituel pour la plupart des travailleurs. De plus, parmi les

cent dix (110) Contrôleurs et Inspecteurs de travail47

que compte la grande île, la moitié réside

dans la capitale et seuls le quart est disponible à effectuer des descentes sur terrain car les

autres sont déjà engagés dans les ministères.

Pourtant, le fait de permettre la cotisation sociale aux personnes assujetties à

l’informalité est une marche progressive à leur formalisation. Par ailleurs, l’octroi des

protections sociales constitue une condition attrayante de régularisation pour ces gens.

46

Source : https://www.un.org/fr/documents/udhr/#a22 47

Source : http://www.revue-projet.com/articles/2009-2-conditions-du-travail-a-madagascar/

Page 69: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

60

CONCLUSION

Bref, malgré les nombreux problèmes, Madagascar a beaucoup de potentiels qui

permettent à sa population d’y faire face. Pourtant, les crises nombreuses et fréquentes ont

engendré de nombreuses difficultés et ont posé des obstacles majeurs au développement. Par

ailleurs, beaucoup de programmes gouvernementaux ont été interrompus et la plupart des

objectifs du millénaire pour le développement prévus pour 2015 ne seront pas atteints. Mais la

faculté d’adaptation et de débrouillardise des malgaches fût remarquable.

Les sanctions internationales ont fortement affaibli la grande île notamment dans le

domaine social et économique puisque celles-ci ont aggravé non seulement la pauvreté mais

ont également entrainé des distorsions graves sur le marché de l’emploi. En effet, la

suspension des coopérations commerciales internationales comme l’AGOA a engendré une

perte massive d’emploi et par conséquent l’augmentation du chômage et du sous-emploi.

Cependant, le secteur informel a joué un rôle de soupape de sécurité à l’économie en

général. Il a permis aux personnes vulnérables écartées du marché du travail de trouver à la

fois un emploi et une autre source de revenu. De plus, ce secteur a assuré le maintien du

niveau de consommation des ménages à un degré supportable. La prolifération du secteur

informel a tout de même permis d’éviter des troubles sociaux majeurs malgré l’augmentation

de la pauvreté, et la dégradation de la vie socioéconomique.

Vu sous ces angles, le secteur informel semble être, pour la population malgache, plus

une opportunité qu’un problème. Néanmoins, force est de constater que ce secteur demeure

fragile et son futur est aléatoire. C’est pourquoi, il est important de normaliser ces pratiques

en vu d’une meilleure perspective d’avenir. Effectivement, tant que les parties concernées

n’arrivent pas à trouver une entente, elles seront toutes perdantes puisque la formalisation du

secteur informel permet de garantir un bon développement pour l’Etat mais également une

prospérité pour le devenir de ces pratiques.

Ayant tous les potentiels nécessaires pour remédier à ces problèmes, le gouvernement

devrait privilégier les programmes adaptés aux réalités du pays surtout ceux qui ont déjà fait

leurs preuves.

Page 70: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

VII

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

Ouvrages

DE SOTO Hernando Polar, « L’autre sentier, la révolution informel dans le Tiers-

Monde », Edition La Découverte, 1994, Paris, 244 pages

ERHEL Christine, « Les politiques de l’emploi », Edition PUF, Collection Que sais-je,

2009, 128 pages

GAUFRYAU B., MALDONADO C. et autres Auteurs, « L'économie informelle en

Afrique francophone: structure, dynamiques et politiques », Edition International

Labour Organization, 2001, BIT Genève, 502 pages

HUFTY Marc, Collectif, LA PENSEE COMPTABLE. « Etat, néolibéralisme, nouvelle

gestion publique », Editeur IUED, Collection Enjeux, 1999, 256 pages

LAUTIER Bruno, « L’économie informelle dans le tiers monde » ,2è éd., Edition La

Découverte, Collection Repères, 2004, Paris, 128 pages

MUHEME Gaspard B., « Comprendre l'économie informelle: sociologie, économie et

histoire de la filière mboga », Edition Academia-Bruylant, 1996, Louvain-la-Neuve,

225 pages

WEBER Luc, ZUPPONI D., « L’Etat, acteur économique : Analyse économique du

rôle de l’Etat », Edition Économica, 1988, Paris, 303 pages

Rapports et Publications

INSTAT, OIT, PNUD, « Le marché du travail à Madagascar en 2012 : dominé par le

sous-emploi et le secteur informel », 4 pages

INSTAT, OIT, PNUD, « Le secteur informel à Madagascar en 2012 : Poids

économique et social important, secteur en déconnexion avec le système formel », 4

pages

Ministère de la fonction publique, du travail et des lois sociales/ Direction de l’emploi

et de la formation professionnelle, « Politique Nationale de l’Emploi », 2006,

Madagascar, 69 pages

PNUD, « Vaincre la pauvreté humaine », Editeur Organisation des Nation-Unies,

2000, 144 pages

Page 71: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

VIII

Tribunele di Trento, « An enclave-led model of growth : The structural problem of

informality persistence in Latin America », CIMOLI Mario, PRIMI A., PUGNO M.,

2005, Italie, 33 pages

Articles et Revues

Maldonado, C. « Rompre l’isolement : une expérience d’appui aux petits producteurs

urbains du Bénin », dans Revue internationale du Travail (Genève, BIT, 1993), vol

132, n°2, p 282.

Centre international de formation de l’OIT, « Un guide pratique pour les organisations

d’employeurs. Relever les défis de l’emploi des jeunes », 2012, Turin, pp.31, 134

pages

Webographie

www.cnam.fr

www.edbm.gov.mg/fr

www.google.mg

www.impot.mg

www.jean-loncle-photo.com

www.lagazette.dgi.com

www.lexpressmada.com

www.melchior.fr

www.memoireonline.com

www.un.org/fr

Page 72: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

IX

TABLE DES MATIERES

REMERCIEMENTS ....................................................................................................... I

AVANT-PROPOS ......................................................................................................... II

SOMMAIRE ................................................................................................................. III

GLOSSAIRE ................................................................................................................ IV

LISTE DES ABREVIATIONS ..................................................................................... V

INTRODUCTION .......................................................................................................... 1

PREMIERE PARTIE : APERҪU GLOBAL DU SECTEUR INFORMEL ET DU

MARCHÉ DE L’EMPLOI ........................................................................................................ 3

CHAPITRE I : APPROCHES DU SECTEUR INFORMEL ..................................... 5

A. Les concepts de l’informalité ........................................................................... 6

1. D’après les Auteurs ........................................................................................ 8

2. Selon les Organismes Internationaux ............................................................. 9

B. Les facteurs prolifiques à l’accroissement du secteur informel ....................... 11

1. Le chômage et le sous-emploi ...................................................................... 12

2. Les autres facteurs ........................................................................................ 14

CHAPITRE II : CADRES THÉORIQUES DU MARCHÉ DE L’EMPLOI ........... 17

A. Les approches selon les courants de pensée .................................................... 18

1. Pour les Libéraux .......................................................................................... 19

2. Pour les Keynésiens ...................................................................................... 20

B. Les politiques de l’emploi ................................................................................ 22

1. Généralités de la politique de l’emploi ......................................................... 23

2. La Politique National de l’Emploi (PNE) à Madagascar ............................. 24

DEUXIÈME PARTIE : LES RÉALITÉS DE MADAGASCAR ................................ 27

CHAPITRE III : LES IMPACTS DES CRISES A MADAGASCAR ..................... 29

A. Les impacts globaux ........................................................................................ 30

1. Les conséquences socioéconomiques ........................................................... 31

Page 73: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

X

2. Augmentation de la pauvreté ........................................................................ 32

B. Les impacts sur le marché de l’emploi ............................................................ 34

1. Augmentation du chômage et du sous-emploi ............................................. 34

2. Impacts sur les facteurs déterminants de l’investissement ........................... 36

CHAPITRE IV : LES ENJEUX DU SECTEUR INFORMEL SUR L’ÉCONOMIE

MALGACHE ....................................................................................................................... 38

A. Le secteur informel, une alternative aux défaillances du système économique

.......................................................................................................................................... 40

1. L’informel en tant que solution de secours face aux lacunes du marché du

travail ............................................................................................................................ 41

2. L’informel en tant que solution au chômage de première insertion ............. 42

B. Les rôles de l’Etat ............................................................................................ 44

1. Les rôles sur la règlementation et le soutien du secteur informel ................ 45

2. Rôles sur l’instauration d’un meilleur cadre pour l’emploi .......................... 47

CHAPITRE V : RECOMMANDATIONS ET PERSPECTIVES ........................... 50

A. Instaurer un cadre propice à la formalisation du secteur informel .................. 51

1. Accentuer les regroupements par secteur d’activité ..................................... 52

2. Faciliter les procédures administratives ....................................................... 53

B. Amélioration du quotidien de la population .................................................... 54

1. Consolider les plateformes déjà présentes .................................................... 55

2. Soutenir les droits fondamentaux ................................................................. 57

CONCLUSION ............................................................................................................ 60

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES .................................................................... VII

TABLE DES MATIERES ............................................................................................ IX

LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES ............................................................ XI

ANNEXES .................................................................................................................. XII

Page 74: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

XI

LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES

LISTE DES TABLEAUX

Tableau n°1 : Caractéristiques des chômeurs et durée du chômage.......................................14

Tableau n°2 : Répartition de la consommation.......................................................................32

Tableau n°3 : Taux de chômage selon le genre et selon la région..........................................35

Tableau n°4 : Approche participative et intégrée d’appui à l’économie informelle...............47

Tableau n°5 : Evolution des effectifs des employés de la DGI.............................................50

LISTE DES GRAPHIQUES

Graphique n°1 : Raisonnement Néoclassique sur le mode de fonctionnement du marché du

travail........................................................................................................................................19

Graphique n°2 : Les activités commerciales en milieu urbain à Madagascar........................39

Page 75: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

XII

ANNEXES

Annexes I : Documents nécessaires pour la création d’entreprise à Madagascar

Pièce Nombre

Statuts de société, paraphé par page (voir statuts types ci-après) 8

Carte d'identité du ou des gérants ou (copie passeport avec visa transformable si

étranger) 3

Certificat de résidence du ou des gérants (obtenu auprès du Fokontany de son/leurs

domicile(s)) 2

Jouissance de local : Contrat de bail ou Lettre d'occupation gratuite visée par le

Fokontany ou Contrat de domiciliation 4

Pièces justificatives : Copie du titre de propriété ou Certificat de situation juridique

moins de 3 mois ou acte de vente définitif enregistré pour le Contrat de bail et lettre

de mise à disposition gratuite, extrait du registre de commerce moins de 3 mois et

contrat de bail du domiciliataire pour le contrat de domiciliation

2

Enveloppe(s) timbrée(s) à 300 Ar adressée à la Société 1

Enveloppes timbrées à 300 Ar si Gérant né en province 2

Page 76: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

XIII

Annexes II : Natures et Statuts des sociétés

Typologie Nombre d'associés Capital en MGA

SARL 2 minimums 2.000.000

SA 1 ou 2 10.000.000

SARL Unipersonnelle 1 1.000.000

SA Unipersonnelle 1 2.000.000

Page 77: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

XIV

Annexes III : Différence entre « Cyclopousse » et « Pousse-pousse »

Les cyclopousses

Les Poussepousses

Page 78: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

XV

Annexes IV : Les obligations fiscales des sociétés

TVA : Taxe sur la Valeur Ajoutée

Déclaration trimestrielle :

1er trimestre : 1er au 20 avril

2eme trimestre : 1er au 20 juillet

3 eme trimestre : 1er au 20 octobre

4 eme trimestre : 1er au 20 janvier

Si la société a exercé (CA > 0) : faire le dépôt du bordereau de versement de la TVA.

Si la société n'a pas encore exercée ou si le chiffre d'affaires est néant (CA < 0) : dépôt de

bordereau de situation sinon ; pénalité de 40 000 Ar

IRSA : Impôt sur les Revenus Salariaux et Assimilés

Si la société n'a pas de salarié, alors elle doit faire une déclaration sur l'honneur qu'elle

n'a pas de salarié

Si la société a des salariés : versement mensuel de l'IRSA du 1er au 15 de chaque mois

qui suit le paiement des salaires

IRCM : Impôts sur les Revenus des Capitaux Mobiliers

Déclaration néant ou paiement de l'impôt:

1er semestre du 1er au 20 avril

2eme semestre du 1er au 20 octobre

IBS : Impôts sur les Bénéfices de Sociétés

Clôture au 31/12/N : du 1er janvier au 30 avril de l'année N+1 avec dépôt états

financiers

Clôture au 30/06/N : du 1er juillet au 30 octobre de l'année N avec dépôt états

financiers

Autre clôture : dans les deux mois de la clôture d'exercice, IBS dû + 50%

Taxe Professionnelle

Dépôt de déclaration de patente au centre fiscal compétent du 1er au 15 octobre de

chaque année

paiement de la taxe professionnelle après la sortie du rôle de patente

établissement de la carte professionnelle auprès du centre fiscal compétent

Page 79: L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ

Name : ANDRIAMBOLOLONTSOA

First name : Rajaobelina Masoandrohenintsoa

Title : “Informal towards the labor market in Madagascar”

Pages number : 60

Analytical Summary

Increasing poverty and frequent political and economical troubles have greatly altered

the socio-economic situation in Madagascar. However, the resoucefulness’s faculty of

Malagasy people allowed them to resist somehow the various problems caused by this

situation.

The job market was the most affected area. Indeed, the Big Island has undergone

major recession that has encorked a massive loss of jobs. Thus, the informal sector has

proliferated to mitigate or address the failures of economic system in general.

The potentials of informal therefore deserve special attention as it has proved to be an

alternative relief for many victims of these crisis. However, as the informal sector escapes the

control of the State, it remains fragile. Hence the importance of formalizing these informal

activities for better future prospects. To do this, we must first state that engages all necessary

human and financial resources to achieve it. Thereafter, before starting the various

regularization programs, structural and legislative reforms are needed in the fight against

corruption, but also for facilitating administrative procedures. Grouping by sector, access to

finance and support of human rights, then, are the first actions of this progress.

Keywords : Subjugated ; unemployement ; crises ; State ; formalization ; taxation ; young

people ; labor market ; poverty ; informal sector ; underemployement.

Assisted by : Sir FANJAVA Refeno

Contact : +261 33 02 811 63 or [email protected]

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Nom : ANDRIAMBOLOLONTSOA

Prénom : Rajaobelina Masoandrohenintsoa

Titre : « L’informel vis-à-vis du marché de l’emploi à Madagascar »

Nombre de pages : 60

Nombre de tableau : 05

Nombre de graphique : 02

Résumé analytique

L’augmentation de la pauvreté et les troubles politico-économiques fréquents ont

énormément altéré la situation socioéconomique de Madagascar. Pourtant, la faculté de

débrouillardise des malgaches leur a permis de résister tant bien que mal aux différents

problèmes engendrés par cette situation.

Le marché de l’emploi fût le domaine le plus touché. Effectivement, la grande île a

subi de grande récession qui s’est débouchée sur une perte d’emploi massive. C’est ainsi que

le secteur informel a proliféré pour atténuer, voire combler, les défaillances du système

économique en général.

Les potentiels de l’informel méritent donc une attention particulière dans la mesure où

il s’est révélé être une alternative de secours pour bon nombre de personnes victimes de ces

crises. Cependant, tant que le secteur informel échappe aux contrôles de l’Etat, il demeure

fragile. D’où l’importance de la formalisation de ces activités informelles pour une meilleure

perspective d’avenir. Pour ce faire, il faut d’abord que l’Etat engage tous les moyens humains

et financiers nécessaires à cette réalisation. Par la suite, avant d’entamer les divers

programmes de régularisation, des réformes structurelles et législatives s’imposent en matière

du lutte contre la corruption, mais également concernant la facilitation des procédures

administratives. Le regroupement par secteur d’activité, l’accès au financement et le soutien

des droits fondamentaux sont alors les prémices de ce progrès.

Mots clés : Assujetties ; chômage ; crises ; Etat ; formalisation ; imposition ; jeunes ; marché

de l’emploi ; pauvreté ; secteur informel ; sous-emploi.

Encadré par : Monsieur FANJAVA Refeno

Adresse de l’auteur : IV W 54 AD Anosizato Est-II