L’Information Jeunesse à l’heure du numérique

Constats et enjeux

Christophe MOREAU, Sociologuemoreau.sociologue@orange.fr

Eurl JEUDEVIChercheur au LARES / Université Rennes 2

15 minutes…

• 1 – Les fondements de l’information jeunesse – rappel

• 2 – Le développement d’internet

• 3 – Approche anthropologique et enjeux éducatifs

1 - Charte européenne de l’information jeunesse - Introduction

• Le travail en information jeunesse généraliste couvre tous les sujets qui intéressent les jeunes et peut inclure un éventail d’activités : information, conseil et avis, orientation, aide, accompagnement, « coaching » et formation, travail en réseau, ainsi que renvoi vers des services spécialisés. Ces activités peuvent être dispensées par des centres d’information jeunesse, ou par des services d’information jeunesse au sein d’autres structures, ou via des medias électroniques ou d’autres types de médias.

1 - Charte européenne de l’information jeunesse – extraits des principes

5 – Chaque usager est respecté comme un individu à part entière et la réponse à chaque question est personnalisée. Cela doit être fait d’une manière qui permette à l’usager de renforcer sa capacité à agir et à penser par lui-même, d’exercer son autonomie et de développer sa capacité à analyser et utiliser l’information

8 – L’information est dispensée de manière professionnelle par du personnel qui est formé à cet effet

15 – Les services et les centres d’information jeunesse doivent aider les jeunes à avoir accès à l’information par le biais des technologies modernes de l’information et de la communication, ainsi qu’à développer leurs compétences à les utiliser.

2 – Le développement d’internet

• Des pratiques « récentes » qui progressent sans cesse

• L’information Jeunesse a su s’adapter à cette technologie

2 - CLEMI Mediappro

• 9 pays européens (9000 questionnaires, 240 entretiens)

• Recherche sur les 12-18 ans et leurs relations aux média électroniques (internet, téléphonie mobile, jeux en ligne)

• Réflexion sur la capacité des jeunes à prendre de la distance avec leurs usages, leurs représentations et les comportements qu’ils adoptent (enjeu de sécurité).

2 – Usages selon le CLEMI, 2003• 96 % d’usages à la maison, mais peu à l’école• 70 % d’usage quasi quotidien à la maison, 65 % ne l’utilisent jamais à l’école• 75 % souhaiteraient l’utiliser plus à l’école• 40 % chez les copains (supérieur lorsque contrôle parental)

• Deux usages dominants : accéder à des sites et communiquer• 60 % être tout le temps connecté avec les amis• 90 % SMS (rendez vous), 60 % MSN (bavarder)• 23 % courriel (famille)

• 60 % ne communiquent jamais avec des inconnus• La fréquentation du chat se raréfie au profit de la messagerie instantanée• 50 % téléchargent des fichiers

• 25 % jouent à des jeux en réseau en ligne• 25 % ont un blog ou un site personnel• 45 % regardent la vidéo• Fortes différences sexuées• 52 % utilisent le téléphone pour recevoir des photos

2 - Le CRIJ de ma région• 70 lieux d’accueil sur 4 départements• 153 professionnels• 281 000 jeunes accueillis dans le réseau en 2006• 384 000 jeunes 16-25 ans recensés en 1999

• 89 % des structures proposent un accès internet (2006)• 32 % des structures ont un label multimedia (Point cyb ou autre)

• 2005 : 123 000 fréquentations internet• 33 000 téléchargements

• 2006 : 228 000 fréquentations internet• 109 000 téléchargements• 3700 jeunes sur la « mailing list »

2 - Les sites du CRIJ de ma région• CRIJ internet• CRIJ intranet• Fonds municipal d’initiatives• Chantiers bénévoles• Journal des jeunes• Tam Tam : accueil des étudiants (5 à 7000 personnes

physiques)• Dazibao : soirées festives sans alcool (2000 jeunes 1 soir /

mois)• Graff dans la ville• Quartiers d’été : festival d’été (30 000 spectateurs)• Logement • Point accueil écoute jeunes• Réseau associatif de jeunes• Paroles de jeunes.net : cabine d’expression• T’as la tchatche.com : plateau télé

2 - Exemple du site Logement

• Bilan sur 1 an (du 1e avril 2007 au 31 mars 2008) • 27 620 visites, soit une moyenne mensuelle de

2 300 consultations (76/jour)• 143 000 pages lues

– Dont 20 000 sur l’hébergement temporaire (Résidences et FJT)

– et 7 290 concernant les aides financières.• Durée moyenne : 3 minutes 17 sec. • Les visiteurs ont vu en moyenne un peu plus de 5

pages du site par visite. • 599 offres de location ont été mises en ligne sur

le site logement.

2 - L’accès à l’information• Information dans la proximité

• D’abord les parents, pour un quart des jeunes

• Internet arrive en deuxième position (21 %), puis viennent les amis (20 %)

• 12 % vont vers l’IJ, progression avec l’âge, concerne plus les filles

• 9 % d’isolés (plus chez les garçons)

Interocuteurs pour une recherche d'information, en général

0

5

10

15

20

25

30

35

Moins de 18 de 18 àmoins de 21

de 21 àmoins de 25

25 et plus

Personne, je me débrouilleseul

Parents

Amis

Structures d'information

Numéros verts ou gratuits

Internet

Médias (Presse, radio, TV)

●Pour les internautes, 1 sur cinq veut aussi rencontrer une personne qui conseille et qui écoute

14%

4%

11%

28%

14%

42%

4%

5%

0% 5% 10% 15% 20% 25% 30% 35% 40% 45%

Activités - Convivialité

Activités - Culture

développement informations

Educatif - Ecoute/Dialogue

lieux/espaces

Logistique - Financier

renforcer attractivité territoire

Soutien santé

Les priorités pour les jeunes en Bretagne% / 2800 répondants

3 – Questions de recherches

3 - Recherche Comparative Européenne « Children and young people in a changing media environment ». 1999

• La baisse des liens intergénérationnels avec les nouveaux médias, sauf dans les classes supérieures où de nouveaux liens père/fils se sont créés autour de l’ordinateur;

• De nouvelles segmentations de la sociabilité familiale par genre, avec une sphère masculine autour des jeux vidéo et de l’ordinateur et une sphère féminine qui reste centrée sur la musique, la télévision et le téléphone;

• Plus forte pénétration de la sociabilité amicale dans le foyer : les jeunes disent aller beaucoup plus souvent chez leurs amis ou recevoir ces derniers chez eux, pour pratiquer des jeux sur console ou ordinateur, qu’ils ne le font pour aller regarder un programme de télévision.

3 - Canada 2007

• Urgence de développer des programmes d’éducation aux médias qui fassent une large place aux nouvelles technologies.

• Les jeunes d’aujourd’hui sont la première génération à baigner depuis leur enfance dans un monde où la toile est présente. Il faut prendre acte de cette évolution et intégrer les nouveaux médias à la formation du citoyen de demain.

3 – Recommandations du Clemi, 2003

• L’école devrait garantir l’équité des élèves face à Internet

• Fonder une éducation aux médias sur l’expérience des jeunes et leur inclinaison spontanée à s’y intéresser

• Fonder une pédagogie d’accompagnement du changement

• Rejoindre les parents dans leurs demandes de connaissances et de réflexion

3 – Travaux de Serge Tisseron

Les nouvelles technologies induisent chez les jeunes de nouveaux comportements qui dessinent peu à peu une nouvelle culture.

Ce n’est plus celle du livre, mais des écrans.

Les bouleversements en jeu concernent*la représentation de soi,*la relation aux autres*le rapport aux images qu’on voit et qu’on fabrique, *la relation à l’espace, au temps et à la connaissance

3 – Serge Tisseron

1. Le désir d’extimité Les jeunes mettent sur la toile des fragments de leur intimité, physique ou psychique,

afin d’en éprouver la validité auprès des autres internautes.Intimité et extimité sont chacune articulées à l’estime de soi et constituent deux façons

de se construire un territoire

2. Etre remarqué plutôt qu’aimé 3. Avancer masqué : réapprendre la pudeur4. S’engager, se désengager (d’un simple

clic): la primauté de l’action

3 – Serge TisseronPropositions aux politiques territoriales

* Valoriser les diverses créations d’images où s’engagent les jeunes et favoriser le dialogue intergénérationnel autour des écrans

* Créer des espaces - polyvalents (permettant la coexistence et la rencontre, dans un

même lieu, d’usagers de générations et d’intérêts différents) - éphémères - à la fois réels et virtuels (sous la forme d’espaces ouverts aux

échanges sur un site virtuel )• Créer des espaces réels (et virtuels) susceptibles d’être

détournés • Développer des activités qui placent le corps, la parole et

l’empathie au centre de leur dispositif

3 – Approche anthropologique• La complexité de l’humain :

– Langage, compétence cognitive– Outil, compétence technique– Social, compétence identitaire et contributive– Désir, compétence éthique

• Spécificités de « l’adolescence - jeunesse »– Installation d’une compétence sociale et donc d’une identité

(unifier une pluralité de visages ; être reconnu ; négocier sa singularité)

– Accéder à l’engagement social (don - contre don)– Ré apprendre à réguler ses émotions

3 – Enjeux éducatifs• Être présent sur l’espace public numérique, mais aussi1 - Regard de l’autre, estime de soi, gratification2 - Sédimenter les expériences de vie3 - Autonomie / interdépendance (don / contre don)4 - Transmission communication/transmission expérimentation5 - Reconnaissance politique de la jeunesse6 - Accès à l’emploi (demande N° 1) = expérience sociale7 - Réguler ses émotions par le dialogue et le regard de l’autre8 - Passer du cognitif (fumer tue) à l’expérience sociale et

émotionnelle (capitaine de soirée, voiture tonneau)9 - Entrer en relation avec l’autre genre10 - Utiliser internet pour développer de l’intergénérationnelRenforcer le regard et la parole de l’adulte

4 - Illustrations

De l’écran à la rencontre

Quelques enjeux pour l’IJ

• La vie associative : état, collectivités, mais aussi CAF, MSA, missions locales, FJT, éducation populaire, acteurs de la santé

• Débat sur Information / animation

• Financement projets / fonctionnement

• Fonction recherche/observation à développer avec des partenaires