Libé - Centrafrique, carnets d'urgence de msf.pdf

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  • Les livres numriquesde LibrationL'essentiel sur un sujet.

    Rpartis en quatre collections - Actu, Magazine, Archives,Ides - chacune symbolises par un code couleur sur lacouverture.

    Les articles, analyses et enqutes les plus significatifs pub-lis dans le journal ces derniers mois, enrichis d'lments decontexte indits.

    Rforme de l'cole, monte du racisme, Syrie ou dbat sur laprostitution pour l'Actu; reprise des sries du cahier t,slections de portraits de der, de formats longs ou depages Voyages pour la partie Magazine; retour sur quelquesppites du journal retrouves dans nos archives, telles larencontre avec Jacques Mesrine, l'interview de Michel Plat-ini par Marguerite Duras ou la mort de Claude Lvi-Strauss...

    Le meilleur de Libration, lire sur tous supports, cran,tablette, mobile ou liseuse.

  • Centrafrique: Carnetsd'urgence de MSF

    Les tueries intercommunautaires ont fait plus d'un millierde morts dans la capitale centrafricaine depuis le5 dcembre 2013, date du dbut de lintervention franaise.

    Autour de laroport, zone scurise par les soldats franaiset la Misca, ils sont encore en ce dbut d'anne 2014 environ100 000 rfugis et dplacs, vivant sous des tentes de for-tune, dormant mme le sol...

    C'est dans ce chaos que sont intervenues les quipes de M-decins sans frontires, prsentes en RCA depuis 1997. MSFgre actuellement sept projets rguliers ( Batangafo,Boguila, Carnot, Kabo, Ndle, Paoua et Zmio) et quatreprojets durgence ( Bangui, Bossangoa, Bouca et Bria), of-frant des soins mdicaux gratuits environ 400 000 per-sonnes dans 7 hpitaux et plus de 40 postes de sant.

    100 personnels expatris et quelque 1 100 personnelscentrafricains sont prsents sur le terrain. C'est le rcit de

  • leur quotidien, racont par un de leur mdecin, que nousproposons dans ce livre numrique.

    Ces chroniques sont parues sur liberation.fr en dcembre2013.

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  • Table des matires Couverture Les livres numriques de Libration Carnets d'urgence en Centrafrique Table des matires Chronique d'une catastrophe annonce C'tait la confusion la plus totale Les sites de MSF en Centrafrique Bossangoa, le 8 dcembre 2013 Bangui, le 9 dcembre 2013 Bangui, le 10 dcembre 2013 Bangui, le 11 dcembre 2013 Bangui, le 12 dcembre 2013 Bangui, le 13 dcembre 2013 Bangui, le 14 dcembre 2013 Bangui, le 15 dcembre 2013 Bossangoa, le 16 dcembre 2013

  • Chronique d'unecatastrophe annonce

    ANALYSE. La crise couvait depuis des mois et avaitt maintes fois voque par les humanitairesprsents sur place.Par THOMAS HOFNUNG

    A l't 2013 se tient dans les locaux de l'association Mde-cins sans frontires (MSF) Paris, une confrence de presserunissant plusieurs ONG humanitaires. Au menu : la situ-ation alarmante qui prvaut en Rpublique centrafricaine.Depuis qu'un mouvement rebelle agissant sous la bannirede la Slka (l'Alliance en sango, la langue locale) a ravi lepouvoir Bangui l'ex-prsident Franois Boziz, en mars,l'ancienne colonie franaise dj trs mal en points'enfonce chaque jour un peu plus dans le chaos. Dansl'indiffrence gnrale.Le monde regarde vers la Syrie, o la guerre civile dans unenvironnement rgional explosif vire au bain de sang. Versl'Egypte ou la Tunisie, o les forces islamistes tentent derafler la mise des printemps arabes. Ou encore vers le

  • Mali, o la France vient de chasser du nord du pays lesgroupes salafistes qui s'y incrustaient mthodiquementdepuis des annes, transformant cette vaste rgion dser-tique en nouveau sanctuaire du terrorisme.En Occident, rien de nouveau. Cela fait des annes, qu'unepoigne d'ONG, prsentes sur le terrain prchent dans ledsert, malgr des indicateurs locaux catastrophiques. LaCentrafrique, comme le souligne MSF, dtient ainsi la deux-ime esprance de vie la plus faible du monde: 48 ans. En2011, cinq enqutes pidmiologiques distinctes (conduitespar MSF et dautres organismes de recherche) avaientrvl des taux de mortalit suprieurs au seuil durgence qui dfinit une crise humanitaire. Les taux les plus levsavaient t observs dans des zones pourtant pargnes detout conflit ou dplacement de populations et refltaientdj une situation humanitaire et sanitaire trs dgrade,rappelle l'ONG. En 2012, elle publiait un rapport intitul:RCA : une catastrophe silencieuse.Cette fois, pourtant, le cri d'alarme des ONG (outre MSF,Action contre la faim, Solidarit et Premire urgence parti-cipent la runion) ne passe pas inaperu. Au sein dugouvernement franais, l'ide qu'il n'est plus possible derester les bras croiss face la descente aux enfers de cetteex- colonie franaise fait en effet son chemin. Dans les cou-lisses du pouvoir, on se rsout progressivement une pos-sible intervention militaire, la seconde en moins d'un an sur

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  • le continent africain, afin d'viter une nouvelle hcatombedans l'ancien pr carr franais, prs de vingt ans aprs legnocide au Rwanda.Plusieurs raisons peuvent expliquer cette mobilisation desautorits Paris. Un sentiment de responsabilit historique:depuis l'indpendance, la Centrafrique n'a jamais connu devritable stabilit politique et l'ancien tuteur n'a pas hsit s'impliquer directement dans les affaires de ce pays, commeen 1979 lorsqu'un dtachement franais dposaitl'empereur Bokassa pour installer sa place David Dacko.Malgr les vicissitudes de l'histoire, la France a toujoursmaintenu un contingent Bangui, certes allg au fil des an-nes. En tant que membre du Conseil de scurit, et au nomd'un principe de go-subsidiarit qui ne dit pas son nom,Paris ne peut ignorer ce qui se trame dans cette rgion dumonde. L'Afrique est bien le dernier continent o cette puis-sance moyenne peut encore peser sur le cours des vne-ments. Enfin, aprs la russite de l'opration Serval ron-dement mene au Mali, il n'est pas question d'offrir auxgroupes terroristes de la rgion un nouveau sanctuaire danscet Etat failli.Le principe de l'intervention militaire, en soutien uneforce africaine dj sur place, mais peu active, est acquis Paris. Ne manque plus que le vote d'une rsolution del'ONU pour autoriser le dploiement d'une force franaisede 1600 hommes en Rpublique centrafricaine (RCA) afin

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  • de stopper les violences, permettre l'acheminement de l'aidehumanitaire et enclencher un processus politique devantconduire des lections dbut 2015 au plus tard. C'est chosefaite le 6 dcembre au Conseil de scurit de l'ONU NewYork.Trop tard ! La veille, des milices d'autodfense, constituesen raction aux violences exerces par la Slka, ont attaquBangui, esprant ravir le pouvoir pour mieux se positionnerune fois que les Franais seront dans la place. C'est le bainde sang. Les hommes de la Slka repoussent l'attaque et ri-postent en tuant plusieurs centaines de personnes. Les ca-davres jonchent les rues de Bangui. Une mcanique in-fernale est active. Dans la capitale, on s'affronte quartierpar quartier, communaut contre communaut. La Slkatant dominante musulmane, le conflit prend un tour con-fessionnel : la majorit chrtienne cible les musulmans. Enquelques semaines, c'est prs d'un habitant sur deux qui, Bangui, a fui son domicile pour chapper la violence. Plusde 100 000 personnes campent dans des conditions effroy-ables prs de l'aroport, l'ombre du camp militairefranais. A Bangui, les soldats de l'opration Sangaris s'interposent pour tenter d'empcher la guerre de touscontre tous.Prsente de manire continue depuis 1997, MSF est auxpremires loges de ce drame. Avec les vnements de lan-ne 2013, une crise aigu sest superpose une crise

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  • chronique, rsume l'association. L'ONG adapte ses r-ponses, qu'elle dcrit ainsi : Prise en charge des blesss etassistance aux personnes dplaces en brousse ou sur dessites de regroupement non-adapts, dans des conditions devie dplorables, victimes de maladies comme le paludismeou la malnutrition et prives daccs aux soins. Dans unpays de 4,5 millions d'habitants plus grand que la France, lequart de la population serait, dbut 2014, dplac. Un vrit-able dsastre.Fin dcembre 2013, en attendant que la communaut inter-nationale daigne enfin ragir, MSF grait sept projetsrguliers ( Batangafo, Boguila, Carnot, Kabo, Ndle, Paouaet Zmio) et quatre projets durgence ( Bangui, Bossangoa,Bouca et Bria). Aprs cinq dcennies de faillite desdiffrents rgimes qui se sont succd Bangui, c'est bientout un pays qu'il faut dsormais soigner.

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  • C'tait la confusion laplus totale

    VERBATIM. Sabine Roquefort fait partie desmdecins de MSF qui ont travaill dans lesservices d'urgences, de chirurgie etdhospitalisation lhpital Communautaire deBangui. De retour Paris, la mi dcembre 2013,elle raconte les semaines passes sur place.Par Sabine Roquefort

    (Publi le 11 dcembre 2014)Je travaille depuis longtemps avec MSF. Je suis arrive le15 novembre Bangui. Ctait dj trs tendu, il y avaitbeaucoup de tirs en ville. Jtais responsable des activitsmdicales durgence de MSF pour toute la RCA. Nous pen-sions dj quil serait pertinent de positionner une quipechirurgicale dans un des hpitaux de la ville. En une se-maine, nous avons mis en place cette activit lhpitalCommunautaire, qui est une structure centrale, proche denotre base de vie, ce qui est important en cas dinscurit.Nous y avions dj travaill en avril et mai derniers, suite

  • la prise de la capitale par les forces de lex-Slka. Le per-sonnel de lhpital nous connaissait, cela a facilit notremise en place.

    Il pleuvait dans les blocs opratoires

    Il a fallu dabord lancer des travaux logistiques. Il pleuvaitdans les blocs opratoires, la peinture tait caille et il yavait des grappes de champignons au plafond. Nous avonscommenc par rhabiliter une des salles du bloc opratoire.En une semaine, les commandes internationales de mdica-ments et de matriels mdicaux taient l. Une quipechirurgicale (un chirurgien, une infirmire anesthsiste etun infirmier de bloc) est galement arrive trs vite. Lesamedi 30 novembre, nous tions prts recevoir desblesss.Le 2 dcembre, Bouali, un campement de nomades peulssitu 3 heures de Bangui, a t attaqu. Selon les gens, desgroupes dautodfense (anti-balakas) les avaient attaqus.Les blesss ont march dans la brousse et ont attrap unevoiture sur la route principale pour rejoindre lhpital. Unefemme nous a racont que son bb de 6 mois avait t tu la machette. Elle-mme avait le cuir chevelu lacr. Unautre de ses enfants tait bless, nous lavons opr. En fait,contrairement ce quon envisageait au dpart, ce projet

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  • nous permettait de prendre aussi en charge les victimes deviolences venant de lextrieur de Bangui.Le 5 dcembre, les affrontements ont commenc vers 5heures du matin, dans Bangui mme, et se sont intensifisau cours de la journe. Ce jour-l, nous avons reu 120 per-sonnes lhpital Communautaire ; 8 taient dj morts leur arrive. Ces blesss ont t pris en charge essentielle-ment par des expatris MSF car, du fait de linscurit, lepersonnel centrafricain na pas pu nous rejoindre. Seul ledirecteur a pu venir. Il a opr en mme temps que nous,paul par une de nos infirmires anesthsistes et avecnotre matriel.

    Une balle dans chaque genou

    Certains blesss devaient tre pris en charge immdiate-ment. Les plaies thoraciques ou abdominales par exemple,qui prennent beaucoup de temps parce quil faut faire unelaparotomie exploratrice, cest--dire ouvrir le ventre et al-ler voir sil ny a pas de balle lintrieur. Cela peut prendretrois quatre heures. La majorit des cas que nous avonsreus taient des fractures ouvertes : des balles dans les ar-ticulations ou dans les os. Jai moi-mme pris en charge unevieille dame qui on avait tir une balle dans chaque genou.Elle aura des squelles toute sa vie.

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  • Des hommes arms allaient et venaient dans lhpital. Il yavait beaucoup de tensions, des menaces, des pressionsNous ne pouvions pas rester aprs le couvre-feu (18 heures),ctait trop dangereux. Nous avions peur que des patientssoient tus la nuit, heureusement cela na pas t le cas,nous avons vit le pire.Dehors, nous entendions les tirs, cela donnait un senti-ment de chaos, a ltait dailleurs. Il fallait faire trs atten-tion quand on se dplaait, ctait dangereux. Il y avait descadavres dans les rues. On avait le sentiment que la villetait vide de ses habitants, personne dans les rues, les gensavaient fui ou bien se cachaient chez eux.Le 8 dcembre, nous avons fait face un nouvel afflux deblesss suite des combats vers laroport, plus loign delhpital. Des petits groupes taient amens par ambulance,ce qui nous permettait finalement de grer les arrives. Il yavait beaucoup de blesss lgers, mais la foule tait impres-sionnante. Ctait la confusion la plus totale. Il a fallu faireun gros travail de triage, demander que chaque patient nesoit accompagn que dun membre de sa famille, pour queles soins soient organiss au mieux et que les mdecinspuissent travailler dans un calme relatif. Ctait assez stress-ant cet afflux et ce mlange : blesss, hommes en armes, fa-milles, personnels.

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  • L'hpital de l'Amiti a t pill

    Au fil des jours, le personnel de sant centrafricain a pu re-venir travailler. Mais il faut garder en tte que pour les Cen-trafricains cest extrmement dangereux, ils ont t directe-ment menacs. Nous ne pouvons pas leur demander deprendre des risques inconsidrs. Il faut quils soient en-tours dexpatris car notre prsence les protge, en tout caspour le moment.Le principal hpital de Bangui, celui de lAmiti, a t at-taqu le 5 dcembre. Nous nous y sommes rendus quelquesjours plus tard et il tait compltement pill, vide de person-nel et de matriel. Il ne fonctionne plus depuis. LhpitalCommunautaire est la seule structure, pour les adultes, ac-tuellement oprationnelle. Nous avons ouvert un projet surla maternit Castor pour la petite chirurgie, les soins ob-sttriques, les csariennes et avons initi des dispensairesmobiles. Mais cela ne suffit pas.Le systme de sant fonctionnait dj trs mal avant lesdernires crises. Tout doit tre relanc, dautant quavec lesvnements, les besoins sont encore plus importants. Lespopulations sont extrmement vulnrables aujourdhui. Ilfaut une offre de soins primaires, de base, mais aussisecondaires : o hospitaliser, aujourdhui Bangui,quelquun qui serait gravement malade? A lheure actuelle,

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  • part Castor qui a des capacits daccueil limites il ny apar exemple aucune maternit en ville.Lapprovisionnement reste aussi trs problmatique, not-amment pour le fuel dont on a besoin pour alimenter lesgroupes lectrognes de lhpital. Lessence manque, ce quipose un souci aussi pour nos voitures, les ambulances, nosdplacements

    Les journalistes, pourtant chevronns, taientdcomposs

    Nous avons lhabitude de travailler dans des contextes trsviolents, mais cette intention volontaire et organise de mu-tiler, blesser, tuer ma choque. Lhistoire dune famille : 20hommes arms sont entrs chez eux et ont tout pill. Le fils,g dune trentaine dannes, a t bless aux deux bras lamachette. Ils ont fui vers laroport situ plusieurs kilo-mtres de chez eux, ils ont d traverser une rivire, de leaujusqu la poitrine et il a d lever les bras avec une doublefracture ouverte! Ce niveau de violence et de souffrance,cest a qui ma le plus frappe par rapport dautres con-textes de conflit o jai pu travaillerNous avons rencontr des journalistes qui avaient t surBossangoa le 5 dcembre, ils ont eu extrmement peur. Cesont pourtant des journalistes chevronns, mais ils taient

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  • dcomposs en nous racontant ce quils ont vu, des hommesemmens de force dans la nature, par exemple.Bangui nest pas la seule concerne par lextrme violence,cest toute la RCA et cela fait des mois que a dure. Il va yavoir beaucoup faire en termes de recueil de tmoignages.Sans glisser vers le catastrophisme et en se gardant de rac-courcis simplistes comme "gnocide" ou "chrtiens vs mu-sulmans", il faut que lon puisse nommer, qualifier ce qui sepasse en Centrafrique aujourdhui. Et ce qui sy passe estgrave et dramatique .

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  • Dj 37 000personnes dplaces

    8 DECEMBRE 2013. Au cours des violentsaffrontements meurtriers de ces deux derniersjours, les quipes MSF ont travaill non-stop pourporter assistance plus de 37 000 personnesdplaces dans la zone.Par Isabelle MERNY, de MSF

    A lhpital de Bossangoa, 21 blesss par balle et 2 parmachette ont t pris en charge ; 16 blesss svres ont toprs et une soixantaine de patients ont t hospitaliss.Nos activits dhygine et de sanitation se poursuivent : ap-provisionnement en eau et installation de latrines pour les37 000 personnes dplaces regroupes lEvch et lcole Libert de la ville. Dans le mme temps, MSF a initiune assistance 2000 nouveaux dplacs rpartis surplusieurs autres sites. En coopration avec la Croix Rougeinternationale, nos quipes ont ramass les cadavres auxalentours de la ville.

  • Un second bloc opratoire a t ouvert

    A Bangui, dans les heures qui ont suivi le dbut des com-bats, des quipes MSF ont rejoint lhpital Communautaireafin de faire face lafflux de blesss. Seize personnels mdi-caux travaillent dans les services des urgences, de chirurgieet dhospitalisation. Environ 260 blesss ont t pris encharge depuis le 5 dcembre. La plupart prsentent desblessures par arme feu ou arme blanche (machettes etcouteaux). Un peu plus de 100 personnes sont actuellementhospitalises. Plus de 60 oprations chirurgicales ont tmenes. Une quipe chirurgicale supplmentaire viendraprochainement soutenir les quipes MSF et du ministre dela Sant. Un second bloc opratoire a t ouvert, et 7 tentesinstalles afin de recevoir les blesss et augmenter la capa-cit dhospitalisation. Environ 200 morts ont t amens la morgue de lhpital par les quipes de la Croix-Rouge, duCICR et les familles.Maternit Castor : 27 lits hospitalisation pour la prise encharge des blesss lgers (petite chirurgie) et des femmesenceintes.Centre pour personnes dplaces de Don Bosco: MSF met en place un approvisionnement en eau et des lat-rines pour les 5000 6000 personnes dplaces regroupessur la zone. Une donation de mdicaments et de matriel

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  • mdical a t faite la clinique Saint-Luc, situe dans lecamp de dplacs de Boy-Rabe (15 000 personnes).

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  • Un spot sur lesradios locales

    9 DECEMBRE 2013. A l'hpital Communautaire,aujourdhui, nous avons reu 19 patients. Parmieux : de nouveaux blesss par balle ou armeblanche, couteau ou machette...Par Isabelle MERNY, de MSF

    Treize personnes ont t hospitalises et six ont t vues enconsultation externe. Quatre prsentaient des viscrations.14 interventions chirurgicales ont t menes : 2 laparotom-ies, 1 traitement de plaie complique (parage), 2 dbride-ments sans fracture, 8 fractures ouvertes, 1 drain thoraciquepos. Au total, depuis le 5 dcembre au matin, dbut des af-frontements Bangui, 279 blesss ont t pris en charge.Actuellement 97 personnes sont hospitalises (46 en pr-opet 51 en post-op) dont 57 sous les 6 tentes de 45 m opra-tionnelles (60 lits) et dotes dlectricit. Deux autres tentesdont une de 85 m sont en cours dinstallation, ce qui port-era la capacit dhospitalisation supplmentaire, hors bti-ments en dur, 100 lits. 0 dcs aujourdhui.

  • Un deuxime bloc opratoire a t quip pour que lechirurgien supplmentaire puisse travailler ds son arrive.Il y a eu une coupure dlectricit qui a dur une minute, legroupe lectrogne a bien pris le relais. Coupure deau aussiau niveau des lavabos du bloc : il faudra installer une citernesupplmentaire. Ncessit de lits pour les personnes soustraction (traitement de rduction des fractures). La mater-nit est vide, on pourrait y rcuprer des lits ? A voir avec ladirection de lhpital. Six latrines ont fini dtre construites.Au total, 8 latrines sont oprationnelles. Deux repas ont putre servis aujourdhui tous les patients de lhpital.Dans les centres de dplacs de laroport et DonBosco : soins mdicaux pour les enfants gs de moins de5 ans et pour les femmes enceintes. Transferts de blesss etdes cas mdicaux et chirurgicaux durgence vers la mater-nit Castor, lhpital Communautaire ou le complexe pdiat-rique de Bangui soutenu par lONG Emergency. Apprivoise-ment en eau et mise en place de latrines Don Bosco.Maternit Castor : environ 30 lits dhospitalisation pourla prise en charge des blesss lgers et des femmes en-ceintes. Possibilit dy proposer des soins post-opratoireset de la chirurgie ambulatoire. Problme : cette structure desant est trs enclave et situe dans un quartier tendudepuis deux mois. Nous avons pass un spot sur les radioslocales pour dire quon y travaille et inviter les patients syrendre. A la demande du complexe pdiatrique de Bangui,

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  • nous avons fait une donation de traitements antipaludens.Nous limitons nos mouvements, plusieurs zones de la villesont chaudes. Tous les axes ne sont pas empruntablestout le temps du fait des oprations militaires.

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  • Nous manquons debrancardiers

    10 DECEMBRE 2013. Une journe difficile dans lacapitale : accrochages, changes de tirs, violenceset pillages toute la journe dans diffrentsquartiers.Par Isabelle MERNY, de MSF

    A l'hpital Communautaire, 35 blesss ont t reus au-jourdhui. En majorit des cas graves. 24 ont t hospital-iss. 21 oprations chirurgicales : laparotomies,dbridement de fractures ouvertes, blessures par balle, luxa-tions, prise en charge de plaies svres Nous avons mal-heureusement eu 3 dcs en salle de rveil. Au total,314 blesss ont t pris en charge depuis le 5 dcembre. Ac-tuellement nous avons 91 personnes hospitalises, dont66 sous tentes. 66 patients sont passs au bloc opratoire,25 sont en attente dune intervention chirurgicale.Nous avons install deux tentes supplmentaires, une de84 m et une de 30 m. Peut-tre en monter une ou deux deplus ? Nous avons aussi mis en place un petit groupe

  • lectrogne pour alimenter le bloc opratoire en cas decoupure dlectricit et avons pu rcuprer des lits pour lespatients sous traction (traitement de rduction des frac-tures). Il faut trouver une solution pour llimination desdchets coupants. Nous manquons de brancardiers.Maternit Castor : aujourdhui, nous avons pris encharge 37 blesss.Centre de dplacs de laroport : Plus de 20 000 per-sonnes dplaces sy trouvent. Nos quipes dispensent plusde 200 consultations par jour (essentiellement des cas detraumatismes corporels et de paludisme) pour les enfantsgs de moins de 5 ans et les femmes enceintes. Nous con-tinuons le transfert des blesss et des cas mdicaux etchirurgicaux urgents vers la maternit Castor, lhpitalCommunautaire ou une structure pdiatrique de Banguisoutenue par lONG Emergency.Centre de dplacs du monastre de Boy-Rabe: nous commenons mettre en place sur ce site, o setrouvent 15 000 personnes, le mme type dactivits quecelles de laroport.A Bossangoa : MSF continue ses activits mdicales, dontdes oprations chirurgicales pour les blesss qui arrivent lhpital, ainsi que la prise en charge des cas de paludismesur les sites de dplacs. Nous poursuivons galement notreassistance logistique pour les 37 000 personnes dplaces et

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  • regroupes autour de la mission catholique et lcoleLibert (approvisionnement en eau, y compris potable, in-stallation de latrines, distribution de kits dhygine). Depuisle week-end dernier, des milliers de dplacs suppl-mentaires sont arrivs lcole Libert.A Batangafo : les quipes mobiles ont du mal traverserune rivire pour porter assistance aux personnes dplacescaches en brousse.

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  • On voit encore desblesss qui nont past soigns depuisune semaine

    11 DECEMBRE 2013. Journe trangement calme, avecjuste quelques cas isols de pillage de boutiques...Par Isabelle MERNY, de MSF

    Hpital Communautaire : 16 blesss ont t reus au-jourdhui. En majorit des cas graves. 9 ont t hospitaliss.15 oprations chirurgicales : laparotomie, dbridement defractures ouvertes, 2 poses de drain thoracique, prise encharge de 2 plaies tendues Nous avons malheureusementeu un dcs en soins post-opratoires. Au total, 330 blesssont t pris en charge depuis le 5 dcembre. Actuellementnous avons 97 personnes hospitalises, dont 80 sous tentes.60 patients sont passs au bloc opratoire, 37 sont encoreen attente dune intervention chirurgicale.Nous avons maintenant dans lhpital neuf tentes, avec unecapacit de prs de 100 lits. Des ventilateurs ont t

  • prpars pour les tentes supplmentaires quon a installesmais il en faut plus car il fait assez chaud dans les tentes,malgr le filet ombre. Pour le brancardage, cela va beauc-oup mieux, on a plus de personnel. En hospitalisation, leproblme est que la plage du temps de surveillance est tropcourte. Le personnel arrive vers 8-9h et part vers 16-17h. Onva les chercher et on les raccompagne chez eux. Ce sont nosrgles de scurit car pas de taxis, pas de motos dans lesrues. On a reu 1,1 tonne de nourriture (huile, farine,haricots, sel) du PAM (Programme alimentaire mondial)suite notre demande. Avant, on avait reu 330 kg deharicots, 300 litres dhuile et 30 kg de sel du CICR (ComitInternational de la Croix-Rouge).Maternit Castor : Nous voyons encore des blesss quinont pas t soigns depuis une semaine. Aujourdhui, nousavons reu 30 blesss et 10 femmes enceintes.Camp de dplacs de laroport : Un recensement faitdans le camp les 8 et 9 dcembre donne un chiffre de 32000 personnes dplaces. Mais cette liste nest pas com-plte, il y a encore quelques milliers de personnes recenserdans le camp. Nos quipes ont donn au total 876 consulta-tions depuis le 7 dcembre. Nous continuons le transfert desblesss et des cas mdicaux et chirurgicaux urgents vers lamaternit Castor, lhpital Communautaire ou une structurepdiatrique de Bangui soutenue par lONG Emergency.

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  • Camp de dplacs du monastre de Boy-Rabe : Nousavons donn les mdicaments et le matriel mdical nces-saire pour les soins. Lquipe mdicale dexpatris est surplace depuis aujourdhui pour assurer les soins mdicaux,comme laroport, pour les enfants de moins de 5 ans etles femmes enceintes.Camp de dplacs de Don Bosco : nous avons toujoursune petite quipe qui donne plus de 70 consultations parjour essentiellement des enfants souffrant de paludisme.Village SOS de Ouango : Aprs la visite de ce centre dedplacs, nous avons donn des mdicaments la cliniqueSOS pour la prise en charge des cas de paludisme, des infec-tions respiratoires et des diarrhes, le traitement des infec-tions et les pansements.

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  • Il ny plus de matrielpour les csariennes

    12 DECEMBRE 2013. Sur dcision gouvernementale,toutes les frontires du pays ont t fermes cejeudi. A part quelques incidents et tensions danscertains quartiers, la situation est relativementcalme. Quasiment aucun service de transportpublic ne circule. Nous restons sur nos gardes...Par Isabelle MERNY, de MSF

    Hpital communautaire : aujourdhui, nous avons reu13 patients dont beaucoup venaient du quartier Gobongo.La plupart prsentaient des blessures (par balle) datant dily a plusieurs jours. 2 ont t blesss par arme blanche plusrcemment. 16 oprations chirurgicales ont t menes : ab-domens, fractures ouvertes, dbridements, changements depansementsAu total, nous avons pris en charge 343 blesss depuis le5 dcembre. Plus de la moiti sont arrivs au cours des 2premiers jours de la crise. Nous avons actuellement 100personnes hospitalises dont 84 sous tentes. 24 sont en

  • attente dune premire intervention chirurgicale. Nous al-lons commencer les oprations pour les patients ayant be-soin dune deuxime intervention.Le chirurgien et linfirmier anesthsiste supplmentairessont arrivs. Aux blocs : il faut que lon termine les travauxdlectricit et quon amliore lapprovisionnement en eau.Il faut dratiser. Les 3 citernes sont pleines. Toutes lestentes sont dsormais quipes dlectricit et de ventil-ateurs. 4 douches ont t ajoutes. Les travaux sanitairessont termins. Des couvertures ont t distribues aux pa-tients. Une partie des mdicaments est arrive, les inject-ables et ceux devant rester au froid. A cause de linscurit,nous ne pouvons toujours pas rester au-del du couvre-feude 18 heures.Au niveau de lhpital, en dehors des services o MSF trav-aille, les urgences ont rouvert 24 heures sur 24. Le gynco-logue est de retour. Par contre, lhpital est en rupture destock doxygne. La socit qui le fabrique a t pille. A lamaternit il faut payer 18 euros pour un accouchement et 91euros pour une csarienne. De toute faon, il ny plus dematriel pour les csariennes. Il faut voir comment nouspouvons tendre nos activits dautres services.Nous allons mener une valuation dans le quartier PK 5 deBangui (nombre de dplacs, leur vulnrabilit, tat ducentre de sant qui serait priori ferm). Nous en

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  • profiterons pour nous prsenter la population, expliquerqui nous sommes et ce que nous faisons.

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  • Bangui est vide, lesgens se sontregroups dans lescamps

    13 DECEMBRE 2013. La nuit du 12 au 13 a t calmeautour de la base de vie MSF. Quelques tirslointains et trs sporadiques ont tout de mme tentendus entre 19 h et 23 heures...Par Isabelle MERNY, de MSF

    De plus en plus de boutiques sont ouvertes, quelques taxiscirculent, il y a davantage de gens dans les rues. Les stationsessence rouvrent quelques heures durant la journe.Malgr cette lgre amlioration, la situation reste trsvolatile. Ce matin, vers 8 heures, il y a eu des tirs et explo-sions dans le quartier Miskine. Pendant deux heures, laroute vers laroport a t momentanment coupe. Cestaussi tendu sur Petevo, au sud de Bangui. Plus au nord cestcalme. Les quartiers sont vides, leurs populations sont

  • regroupes sur divers sites de dplacs (aroport, Don Bo-sco, etc.).Des affrontements Bohong auraient fait 27 morts et 25blesss. Le village serait vide, certaines maisons auraient tincendies. A Carnot, o nous travaillons depuis 2010, desrumeurs dattaque sur la ville par des anti-balakas ont pro-voqu un mouvement de panique au sein de la population.Les centres de sant de Mbonnet et Charpente, que noussoutenons, ont d fermer.Lquipe durgence MSF est compose du chef de missionadjoint, du coordinateur des activits mdicales adjoint etde 2 logisticiens. Elle mne les valuations des besoins(comme actuellement dans le quartier PK5) et ouvre les pro-jets durgence comme celui lhpital Communautaire.Hpital Communautaire de Bangui : aujourdhui, 19nouveaux blesss sont arrivs. Nous en avons transfr 9vers la maternit Castor. Huit sont passs au bloc de lhpit-al Communautaire. Tous sont originaires du quartierMiskine. Vingt interventions chirurgicales ont t menespar les quipes MSF et les quipes du ministre de la Sant :pathologies ORL, fractures ouvertes, pose de pansements,dbridement de plaies. Aucun dcs dplorer parmi nospatients.Au total, nous avons pris en charge 362 blesss depuis le5 dcembre. Nous avons 112 personnes hospitalises, dont

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  • 101 sous les tentes. 12 sont encore en attente dune interven-tion chirurgicale. Nous avons fourni du matriel mdical auservice des urgences. Nous navons toujours pas assez debrancardiers. Nous devons aussi former le personnel journ-alier en charge de lhygine car il y a des lacunes. Il estdsormais possible de faire faire les radios de nos patientsau complexe pdiatrique soutenu par lONG Emergency.Nous allons aussi organiser une session dinformation et desensibilisation sur lutilisation des douches et latrines quelon vient de mettre en place pour les patients, les dplacset les familles vivant actuellement dans lenceinte de lhpit-al. Il nous reste un stock de 80 couvertures, nous pouvonspeut-tre nous en servir pour constituer des kits dadmis-sion donner aux patients leur arrive (couverture, assi-ettes, gobelet, 2 cuillres).Notre quipe est compose de : Jesse, responsable de projet; Stphane, logisticien ; Francis, mdecin, et Sophie, infirm-ire, tous deux urgentistes ; Kerstin, mdecin, et Becky, in-firmire, toutes deux en charge du suivi post-opratoire ;Laurent et Jacques, chirurgiens ; Marie-Anne et Jean-Louis,infirmiers anesthsistes ; et Stephan, infirmier de bloc.

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  • Il y a risque derupture de stock defilms radio

    14 DECEMBRE 2013. La nuit a t calme Bangui :nous navons entendu aucun tir. Dune faongnrale, la situation samliore, notamment dansle centre-ville. Mais certains quartiers restent trstendus...Par Isabelle MERNY, de MSF

    Ainsi, Boeing, des maisons et des magasins ont t brlset pills ; Miskine, des affrontements ont fait quatremorts ; il y a eu galement un tu dans la zone delaroport ; Gobongo et PK5 sont aussi sous pression.Hpital Communautaire : Il ny a plus dhommes enarmes devant lhpital et plus de problmes de scurit lanuit, depuis quatre jours. Nous restons nanmoins attentifset prudents. Aujourdhui, 21 patients ont t reus aux ur-gences. 3 blesss venaient du quartier Miskine. 19 opra-tions ont t menes (laparotomie, plaies, fractures,

  • pansements). 6 radios ont pu tre faites au complexe pdiat-rique de Bangui, seul endroit de la ville o il est possibleden faire. Nous ne pouvons pas dpasser ce quota quoti-dien car il y a risque de rupture de stock de films radio.Nous avons actuellement 110 patients hospitaliss dont 100sous les tentes. Tous les patients qui avaient besoin dunedeuxime opration sont repasss au bloc chirurgical. Lespersonnes dcharges de lhpital et ayant besoin dun suivipour leurs pansements sont renvoyes vers la maternitCastor. Il faut former le personnel infirmier du ministre dela Sant afin que la qualit des soins samliore. Il faut aussiscuriser le puits (ouvert) de lhpital et faire des travauxdamlioration dans la zone des sanitaires (douches etlatrines).

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  • Les conditions de viese dgradent laroport

    15 DECEMBRE 2013. A Bangui, selon Ocha (le bureaudes Nations Unies en charge de la coordination desaffaires humanitaires), dix jours aprs le dbut desviolences, 189 000 personnes seraient dplaces,fuyant les violences. Soit un habitant sur quatre.Par Isabelle MERNY, de MSF

    Une quarantaine de sites de regroupement ont t rpertor-is sur Bangui. MSF travaille dans plusieurs dentre eux, etse concentre principalement sur les secours porter aux en-fants de moins de 5 ans, aux femmes enceintes et auxblesss. A compter daujourdhui, lInstitut Pasteur de Ban-gui peut faire des analyses laboratoires pour les ONG. Anous dassurer lacheminement des chantillons. Etat deslieux.Hpital Communautaire : 7 patients ont t reus auxurgences. Au total, depuis le 5 dcembre, nous avons pris en

  • charge 390 blesss et plus de 200 oprations chirurgicalesont t effectues. 109 patients sont toujours hospitaliss.A la maternit Castor, MSF mne des activits de santmaternelle (consultations prnatales et accouchements) etdes activits chirurgicales afin daccrotre les capacits deprise en charge des blesss dans la capitale. Depuis le 7dcembre, 124 blesss ont reu des soins et une vingtainedoprations ont t effectues.Camp de dplacs de laroport : Plus de 45 000 per-sonnes vivent dans le camp Mpoko, en lisire de laroportde Bangui, dans la boue, sous des bches de fortune, sansassistance matrielle suffisante. Cest l que la situation hu-manitaire est aujourdhui la plus dramatique Bangui. Dansle dispensaire MSF, install dans les locaux de la sretaroportuaire, nos quipes dispensent prs de 400 consulta-tions par jour, contre environ 200 les premiers jours. Unesalle a t amnage pour la petite chirurgie des blessuresles moins svres et pour y stabiliser les patients les plusgraves avant leur transfert vers les 2 structures hospitalireso MSF travaille. Dans une seconde salle, 3 mdecins con-sultent sans relche, essentiellement pour des enfants gsde moins de 5 ans. Une troisime salle a t amnage pourles accouchements. A lextrieur, 3 tentes permettent dsor-mais lhospitalisation des patients, lune dentre elles fait of-fice de maternit. Entre le 7 et le 15 dcembre, plus de 32 ac-couchements et 1 800 consultations ont t menes

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  • (essentiellement pour la prise en charge de cas de paludismeet de victimes de violences). Des centaines de blesss ont tpris en charge et plus de 760 chirurgies mineures ont t ef-fectues. Les enfants souffrant de malnutrition svre aveccomplications sont transfrs vers Action contre la faim(ACF).Les nombreux cas de paludisme, dinfections respiratoires,et de maladie diarrhiques tmoignent de la dgradationdes conditions de vie au sein du camp de Mpoko. Restslongtemps sans latrines ni assistance alimentaire, dpour-vus dabris et de moustiquaires, les dplacs de laroportsurvivent sans assistance adquate. Les enfants gs demoins de 5 ans, les mres isoles, et les femmes enceintessont les principales victimes de cet abandon.Au monastre de Boy-Rabe, qui regroupe 12 000 d-placs, nous sommes plus de 200 consultations par jour.Depuis le 8 dcembre, plus de 1 300 consultations ont teffectues, la moiti pour des enfants de moins de 5 ans.A Don Bosco, qui regroupe 20 000 dplacs, 548 con-sultations mdicales ont, au total, t dispenses, essenti-ellement pour des enfants souffrant du paludisme.

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  • Nous avons rarementvu une telle dtresse

    16 DECEMBRE 2013. La ville de Bossangoa, situedans la prfecture de lOuham dans louest dupays, est depuis plusieurs mois le thtre rgulierde violents affrontements entre groupes arms...Par Isabelle MERNY, de MSF

    La quasi-totalit de la population de la zone a fui les at-taques, exactions et violences pour se rfugier en brousse.Exposs au paludisme et la malnutrition, les dplacs sontaujourdhui dans une situation de grande dtresse. Rcit deJulian Donald, responsable des projets MSF Bossangoa.En septembre, des affrontements entre groupesdautodfense (anti-balakas) et forces de lex-Slka ontpouss environ 30 000 personnes (soit presque lintgralitdes habitants de la ville) se rfugier dans lenceinte de lamission catholique de la ville de Bossangoa. Avec la promis-cuit, les conditions dhygine taient dsastreuses. Pourviter lmergence dpidmies et amliorer les conditionsde vie de ces dplacs, MSF a immdiatement lanc la

  • construction de latrines, assur lapprovisionnement en eauet gr le drainage ainsi que la collecte des dchets.Dans les semaines qui ont suivi, la situation sur la villeelle-mme a t plus calme, mais quasiment chaque jour desattaques taient rapportes dans les environs. Beaucoup depetits villages ont alors t incendis, pills et, la plupart dutemps, les villageois fuyaient en brousse. Actuellement, danstoute la prfecture de lOuham, on estime prs de 157 000le nombre de personnes dplaces.

    Maisons brles, les exactions, lesassassinats

    Il y a quelques semaines, MSF a lanc des dispensairesmobiles dans cinq localits autour de Bossangoa. Nous nousrendons dans les villages abandonns et marchons traversla brousse jusqu ce que nous rencontrions quelquun quiprvient les autres et ainsi de suite. Les mamans amnentleurs enfants. Nos quipes ont pu constater la dtresse despopulations rfugies en brousse. Tous racontent les mais-ons brles, les exactions, les assassinats Beaucoup ontperdu tous leurs biens matriels, brls ou pills ; leur b-tail, tu ou vol. La plupart des rcoltes ont t perdues et,alors que la saison sche se profile, linscurit alimentairemenace.

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  • Les familles dorment dans la fort ou dans les marcages,sans abris ni moustiquaires. Le paludisme fait des ravages.Nous concentrons nos efforts sur les enfants gs de moinsde 5 ans, les plus vulnrables. Avec, en plus, les diarrhesprovoques par lingestion deau impropre la consomma-tion et le manque de nourriture, certains enfants sont ex-trmement maigres et doivent tre pris en charge poursoigner leur malnutrition svre. Beaucoup ont des plaiesouvertes sur les jambes et les bras. Nous soignons aussi pasmal dinfections parasitaires. Nous nous sommes rendusdans une localit nomme Boubou, 34 km lest deBossangoa. Nous y avons trouv 180 enfants gs de moinsde 5 ans. 169 souffraient du paludisme, 7 taient svrementmalnutris et 20 taient sur le point de ltre. Nous avonsdistribu des aliments thrapeutiques, des antipaludens etdes antiparasitaires.

    Seuls, nous ne pouvons pas tout faire

    Nous avons rarement vu des patients dans une situationaussi critique. Malheureusement, nous pensons que les plusmalades et affaiblis nont pas la force de parvenir jusqunous. Il est trs difficile dobtenir des donnes fiables sur lamortalit, mais le nombre de dcs dclars est en netteaugmentation. La plupart concernent des enfants ou despersonnes ges : paludisme et/ou malnutrition tuent les

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  • plus vulnrables en premier lieu. En revenant aux mmesendroits, toutes les semaines, nous esprons (re)voir plus demonde.La rponse de la communaut humanitaire sur Bossangoareste minimale. A part Action contre la faim (ACF), toutesles organisations que lon attendrait sur une telle situationhumanitaire sont encore trop absentes Seuls, nous nepouvons simplement pas tout faire.

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    Les livres numriques de LibrationCentrafrique: Carnets d'urgence de MSFTable des matiresChronique d'une catastrophe annonceANALYSE. La crise couvait depuis des mois et avait t maintes fois voque par les humanitaires prsents sur place.

    C'tait la confusion la plus totaleVERBATIM. Sabine Roquefort fait partie des mdecins de MSF qui ont travaill dans les services d'urgences, de chirurgie et dhospitalisation lhpital Communautaire de Bangui. De retour Paris, la mi dcembre 2013, elle raconte les semaines passes sur place.Il pleuvait dans les blocs opratoiresUne balle dans chaque genouL'hpital de l'Amiti a t pillLes journalistes, pourtant chevronns, taient dcomposs

    Dj 37 000 personnes dplaces8 DECEMBRE 2013. Au cours des violents affrontements meurtriers de ces deux derniers jours, les quipes MSF ont travaill non-stop pour porter assistance plus de 37 000 personnes dplaces dans la zone.Un second bloc opratoire a t ouvert

    Un spot sur les radios locales9 DECEMBRE 2013. A l'hpital Communautaire, aujourdhui, nous avons reu 19patients. Parmi eux: de nouveaux blessspar balle ou arme blanche, couteau ou machette...

    Nous manquons de brancardiers10 DECEMBRE 2013. Une journe difficile dans la capitale: accrochages, changes de tirs, violences et pillages toute la journe dans diffrents quartiers.

    On voit encore des blesss qui nont pas t soigns depuis une semaine 11 DECEMBRE 2013. Journe trangement calme, avec juste quelques cas isols de pillage de boutiques...

    Il ny plus de matriel pour les csariennes12 DECEMBRE 2013. Sur dcision gouvernementale, toutes les frontires du pays ont t fermes ce jeudi. A part quelques incidents et tensions dans certains quartiers, la situation est relativement calme. Quasiment aucun service de transport public ne circule. Nous restons sur nos gardes...

    Bangui est vide, les gens se sont regroups dans les camps13 DECEMBRE 2013. La nuit du 12 au 13 a t calme autour de la base de vie MSF. Quelques tirs lointains et trs sporadiques ont tout de mme t entendus entre 19h et 23heures...

    Il y a risque de rupture de stock de films radio14 DECEMBRE 2013. La nuit a t calme Bangui : nous navons entendu aucun tir. Dune faon gnrale, la situation samliore, notamment dans le centre-ville. Mais certains quartiers restent trs tendus...

    Les conditions de vie se dgradent laroport15 DECEMBRE 2013. A Bangui, selon Ocha (le bureau des Nations Unies en charge de la coordination des affaires humanitaires), dix jours aprs le dbut des violences, 189 000 personnes seraient dplaces, fuyant les violences. Soit un habitant sur quatre.

    Nous avons rarement vu une telle dtresse16 DECEMBRE 2013. La ville de Bossangoa, situe dans la prfecture de lOuham dans louest du pays, est depuis plusieurs mois le thtre rgulier de violents affrontements entre groupes arms...Maisons brles, les exactions, les assassinatsSeuls, nous ne pouvons pas tout faire