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n°140 septembre 2006 / mensuel www.culture.gouv.fr et www.culture.fr ISSN 1255 - 6270

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SOMMAIREACTUALITÉS - Page 2Points forts/télex/régionsPage 7 - Manifestation« Faisons vivre notre patrimoine » les 16 et 17 septembrePage 8 - AudiovisuelUn projet de loi cadre ledéveloppement de la télédu futurPage 9 - DiversitéMieux se comprendre avecla journée européenne deslanguesDOSSIER - Page 10 Le nouveau musée des artsdécoratifs ouvre ses portesREPORTAGESPage 14 - FocusPatrick Bouchain : « le pavillon français sera à taille humaine »Page 16 - Grand angleune saison avec la créationcontemporainePage 18 - InternationalUn fonds européen favorisela mobilité des artistesPage 20 - Premier pasLe dispositif « école etcinéma » veut susciter un « désir de cinéma »Page 22 - PortraitAnna Moï, invitée du 5e « lundi du CNL »Page 24 - Pleins feuxErnesto Neto, LeviathanThot

Couverture : Vue de la nef du musée des

Arts décoratifs © Philippe Chancel

Directeur de la publication : Henri Paul

Rédacteur en chef : Paul-Henri Doro

Comité de rédaction : Jacques Bordet,

Emmanuel Boutier, Manuel Candré,

Marc-Antoine Chaumien, Xavier Froment,

Nicole Gasser, Marie-Christine Hergott,

Vincent Lorenzini, David Madec,

Sylvie Perruchon et Astrid Roche

Conception graphique / maquette :

Emmanuel Boutier

Impression : PLB Communication

N° de commission paritaire :

1290 AD, nouvelle série

Tirage : 35 000 exemplaires

0,30 s le numéro

Abonnement sur demande écrite au DIC,

ministère de la culture et de la communica-

tion, 3, rue de Valois, 75033 Paris Cedex 01

Fax : 01 40 15 81 72 / www.culture.gouv.fr

Louvre : les objectifs ducontrat de performanceEn signant avec Henri Loyrette, président directeur du musée duLouvre, le 11 juillet, le deuxième contrat de performance du muséedu Louvre, Renaud Donnedieu de Vabres a indiqué que les objectifsprioritaires du plus grand musée du monde pour les années 2006-2008 étaient « la poursuite du chantier du nouveau département desArts de l’Islam », qui va ouvrir « en 2009 » et pour lequel un effortsupplémentaire de 10 Ms est prévu, et le lancement du « projet Pyra-mide ». Conçu en liaison avec l’architecte I.M. Pei, ce projet vise à« améliorer l’accessibilité du musée à tous les publics, et notammentles publics prioritaires qui ne sont pas spontanément enclins à visiterles musées » et à faire face à la très forte hausse de la fréquentation(7,5 millions de visiteurs en 2005). Ce projet « Pyramide » permettrade rénover les espaces d’accueil et d’information d’ici 2012. Parmises autres objectifs, on retiendra le renforcement de son action terri-toriale, à travers le projet Louvre-Lens.

Monuments historiques :des ressources « excep-tionnelles » en 2007Où trouver les crédits suffisants pour l’entretien des monuments historiques, sachant que « les besoins sont estimés à six milliardsd’euros, soit trois fois le budget annuel de la culture »… RenaudDonnedieu de Vabres a apporté, dans un entretien accordé auFigaro, le 15 juillet, quelques éléments pour répondre à ce casse-tête. « Des mesures ont été prises cette année par l’affectation d’unepartie des privatisations, a-t-il précisé. Elles ont permis de lancer ou de reprendre de nombreux chantiers. En 2007, des dispositionsbudgétaires exceptionnelles devront rétablir les capacités de l’État enfaveur des monuments historiques ». Il reviendra sur ces annoncesau moment des Journées du patrimoine.

Le mot de RenaudDonnedieu de VabresPour présenter la nouvelle formule de notre magazine, je dirai que j’aisouhaité qu’elle soit encore plus en prise avec la diversité du mondeculturel. A côté d’une séquence « actualités » entièrement repensée,plus nerveuse et rapide, j’ai voulu donner davantage de place auxdécryptages, pour mieux expliquer les politiques mises en œuvre.Résultat : plus de trajectoires, plus de parcours, plus de réalisations et,au final, plus d’histoires de femmes et d’hommes qui sont les acteursde la culture. A noter : vous retrouverez aussi votre magazine surwww.culture.gouv.fr.

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AUDIOVISUEL

Radio France fixe ses objectifs pour 2006-2009A travers son premier contrat d’objectifs et de moyens signé avec le minis-tère de la culture et de la communication, le 12 juillet, Radio France verra saredevance augmenter de 2,6 % en 2007, 2,4 % en 2008 et 2,3 % en 2009.L’État lui donne ainsi les moyens de rester le premier groupe radiophoniquede France et de financer parallèlement, la réhabilitation de la Maison de laRadio, avec notamment la création d’un auditorium de 1 500 places. Pources travaux, le ministère de la culture et de la communication lui accorde6,2 Ms en 2007, 14,3 Ms en 2008 et 22,3 Ms en 2009.

INTERNATIONAL

Culturesfrance, un nouvel opérateur pourles échanges culturelsNouvel opérateur destiné à développer les échanges culturels internationaux, Culturesfrance réunit désor-mais l’AFAA (Association française d’action artistique)et l’ADPF (Association pour la diffusion de la penséefrançaise). Présidée par Jacques Blot et dirigée parOlivier Poivre d’Arvor, Culturesfrance s’est dotée d’une

identité visuelle, créée par Philippe Apeloig, qui symbolise « le dialogueentre la culture française et les cultures du monde ».

ARCHIVES NATIONALES

Signature de la conventionpour l’implantation du site à Pierrefitte-sur-SeineDestinée à formaliser le concoursfinancier des collectivités territorialespour l’acquisition du terrain pourl’implantation du futur site desArchives nationales, à Pierrefitte-sur-Seine, ainsi que la volonté de l’en-semble des participants d’œuvrer àl’insertion du projet dans le territoire,une convention a été signée le 7 juillet par l’État et les collectivitéslocales concernées. Elle concrétise leur engagement en faveur d’un des projets-phare du ministère de la culture dont la construction a étéconfiée à l’architecte italienMassimiliano Fuksas.

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TROIS QUESTIONS À...Muriel Mayette administrateur général de la Comédie françaiseC’est une première. A l’exception de la doyenne Catherine Samie,administrateur par intérim lors de la disparition d’Antoine Vitez, en1990, Muriel Mayette est la première femme à devenir administrateurgénéral de la Comédie-Française. Elle succède à Marcel Bozonnetdont le mandat est arrivé à expiration. Entrée à la Comédie-Françaiseen 1985, sociétaire depuis 1988, elle a joué plus de trente rôles et misen scène six spectacles. Enseignante au Conservatoire national supérieur d’art dramatique (CNSAD), elle va monter, en février 2007,Le retour au désert de Bernard-Marie Koltès.

Comédienne et metteur en scène issue de la troupe, vous avez été choisie pour être la garante « d’un théâtred’acteurs, géré par des acteurs ». Je suis entrée à la Comédie-Française il y a vingt ans. Je connais

aujourd¹hui parfaitement l¹ensemble des missions de cette maison. Ma priorité actuelle est précise : je veux repla-cer tous les acteurs duFrançais au c¦ur même de leur institution. Et je compte utiliser tous les moyens qui sont àma disposition pour faire en sorte que la formidable richesse que constitue la troupe puisse se situer à nouveau aucentre des projets artistiques. Pour commencer, les metteurs enscène extérieurs seront invités au Français à travail-ler pour latroupe, et plus seulement avec la troupe.

Votre projet concerne notamment l’alternance des grands textes et la création de formes légères susceptibles de tourner dans le monde. Pouvez-vous nous en dire plus ? Je tiens à respecter la mission première de la Comédie-Française, qui est de rendre accessibles les textes durépertoire. Je veux en même temps renforcer l¹alternance, un des principes fondateurs de la maison. Je tiens pourcela à repréciser les rôles des deux autres salles, le Vieux-Colombier et le Studio-Théâtre. Nous devons pouvoirproposer une véritable alternance entre les grands spectacles qui nécessitent un dispositif scénique complexe, et d¹autres pièces techniquement plus simples, ce qui ne signifie pas moins justes, bien au contraire...

Vous avez indiqué également votre désir de fidéliser de jeunes auteurs et metteurs scène…Je constitue aujourd¹hui même une équipe de metteurs en scène et d¹auteurs, avec qui je compte travailler tout au long de mon mandat. Je veux qu¹apparaisse une réelle cohérence d¹ensemble. Nous allons essayer de fairepartager au public français et international notre joie et notre fierté de faire ce métier.

Propos recueillis par Paul-Henri Doro

Muriel Mayette © John Foley / Opale

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CRÉATION

Les vitrines du Palais Royal accueillent David GilJusqu’au 30 septembreEn réalisant de véritables petites mise en scène sur « la paix », « l’amour »ou « l’apparence » dans les vitrines du Palais Royal, le créateur David Gil (néen 1978 en Colombie) a conçu « une série de photos reportages » plutôtqu’une simple présentation de mode. Objectif : raconter de brèves histoiressur « notre rapport à la violence et au quotidien » à travers des vêtements.Ceux-ci ont valeur de signes, de fétiches, et sont associés à des créationsplastiques. Chiffons à poussière devenus jupe, poussière devenue robe,serpillières devenues tailleurs, poule naturalisée devenue sac à main, cache-mire, soie, vison, argent massif sont également travaillés avec la rigueur duluxe et dans une finalité de détournement. Réalisées avec le concours ducollectif PASSPORT N° 79934321, fondé par David Gil en 2004, ces vitrinestémoignent d’un imaginaire en prise directe avec une réalité présentée defaçon souvent provocatrice.

« Carte blanche » à David Gil est en accès libre, suivant les horaires d’ouverture des jardins

du Palais Royal (7h -23h). Cette sixième édition de la programmation des vitrines du Palais

Royal est produite par le ministère de la culture et de la communication (délégation aux arts

plastiques).© Didier Plowy

TEMPS FORT« Visa pour l’image », un témoignage brûlant sur notre actualitéJusqu’au 17 septembre à PerpignanAvec une trentaine d’expositions consacrées aux photographes de presse, le festival « Visa pour l’image » couvre laplupart des terrains d’opération qui ont mobilisé les photoreporters depuis un an. De la guerre en Irak au tremble-ment de terre au Cachemire, en passant par la situation au Darfour et le 20e anniversaire de Tchernobyl, les imagesqu’ils ont ramenées proposent une autre vision, toujours brûlante, des plaies de notre monde. En marge de ce tra-vail, le photographe Eric Baudelaire s’interroge, dans de larges plans panoramiques intitulés The Dreadful Details,non pas sur la nécessité d’informer, mais sur l’efficacité de cette information devant « la répétition » et « l’indiffé-rence » provoquées par des images qui saturent notre espace médiatique avant même d’être produites. Un travaildécapant, issu d’une commande publique du Centre national des arts plastiques (CNAP).

« Visa pour l’image » est organisé avec le soutien du ministère de la culture et de la communication (DRAC Languedoc Roussillon).

www.visapourl’image.com

Eric Baudelaire, The DreadfulDetails © CNAP

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LE CHIFFRE DU MOIS

+155%de visiteurs au Grand PalaisC’est la progression du nombre de spectateurs ayant visité au printemps 2006 les expositions pro-posées par les galeries nationales du Grand Palais par rapport au printemps 2005. Le « DouanierRousseau » et « Italia Nova » ont été les artisans de ces excellentsrésultats, a précisé la Réunion desmusées nationaux (RMN) qui a rappelé qu’en 2005 « Klimt, Schiele,Kokoshka… » et « Mélancolie »avaient connu une croissance de136 % par rapport à l’hiver 2004.

L’EXPOSITION

Les créateurs de mode primés en 2006Les jeunes créateurs Natalia Brilli, Jens Laugesen et Christian Wijnants ontété distingués en 2006 par l’Association nationale pour le développementdes arts de la mode (ANDAM), qui soutient, depuis près de vingt ans, les ini-tiatives dans le domaine de la mode. Succédant à de prestigieux aînés,Martin Margiela ou Viktor & Rolf, Natalia Brilli (née en 1970) a reçu unebourse pour ses collections d’accessoires, Jens Laugesen (né en 1967) pourréaliser sa prochaine collection de prêt-à-porter féminin et Christian Wijnants(né en 1977) pour créer sa collection femme printemps-été 2007. Le grandpublic pourra découvrir l’univers de ces trois créateurs dans le cadre des« cartes blanches » données par le ministère de la culture et de la communi-cation dans les vitrines du Palais Royal.

www.andam.fr

Vêtements de Christian Wijnants © Viviane Sassen

© D.R.

PRECISIONRéalisé par la « Missionmécénat » du ministère de la culture et de la communication, laparution de l’ouvrage L’essor dumécénat culturel en France, quenous avions annoncé dans la LIn°139, a été rendu possible grâceau concours du Crédit Agricole.

NOMINATIONS

Jean de Saint-Guilhem etJean Gautier au ministèrede la cultureJean de Saint-Guilhem est le nou-veau directeur de la musique, de ladanse, du théâtre et des spectacles.En charge de la politique du specta-cle vivant, il devra notamment « fixerles grandes priorités en directiondes artistes, des professionnels etdes publics ». Il succède à JérômeBouët, nommé directeur régional enRhône-Alpes. Par ailleurs, JeanGautier, conseiller maître à la Courdes comptes, ancien directeur desaffaires culturelles de la Ville deParis, a été nommé directeur, adjointau directeur de l’architecture et dupatrimoine, chargé de l’architecture.

INTERNET

Une étude des usagesnumériques lancée en septembreJuste après l’adoption de la loi surles droits d’auteur dans la sociétéde l’information, Renaud Donnedieude Vabres a indiqué, le 11 juillet, lorsd’une réunion de l’Observatoire desusages numériques culturels, qu’une« analyse qualitative centrée sur lesusages numériques culturels » allaitêtre « lancée début septembre ».Avec « un tableau de bord des usages numériques » et « un grouped’expertise sur les méthodes d’ob-servation des usages numériquesculturels », elle permettra la mise enplace d’un « suivi précis et objectifde l’émergence des offres légales etdes usages des internautes ».

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PROVENCE ALPES CÔTE D’AZURUn panorama des formations aux arts de la rueLLeess 2200,, 2211,, 2222 eett 2233 sseepptteemmbbrree àà MMaarrsseeiilllleeAprès dix-huit mois de formation approfondie, les quinze « apprentis » de la FAI-AR (la formation avancée et itinérante des arts de la rue), présentent,du 20 au 23 septembre, à Marseille, leur projet de création. Véritable rite de passage, ce « panorama des chantiers » consistera en un aboutissementde ces années d’apprentissage, ouvrant sur des expériences menées dansl’espace public. Sous l’œil de la profession et ses partenaires, ces troisjours apparaissent donc comme un point d’étape avant « l’accomplissementde leur vie d’artiste », selon une intervenante. Créée par Michel Crespin, le fondateur du Festival d’Aurillac et de Lieux publics, cette formation anotamment pour but de faciliter les réalisations à venir.

Par ailleurs, la FAI-AR lance son deuxième appel à candidatures pour suivre une formation

entre octobre 2007 et mars 2009.

Retrait du dossier : novembre 2006.

Clôture : 31 mars 2007. Contacts : www.faiar.org

BRETAGNE« Chers amis »… ou les 20 ans du centre d’art de KerguehennecJJuussqquu’’aauu 11eerr ooccttoobbrree aauu ddoommaaiinnee ddee KKeerrgguuééhheennnneeccPour les vingt ans du Centre d’art et après une restauration du châteaudatant du XVIIIe siècle, le centre d’art de Kerguéhennec s’agrandit. Et, aucours d’une exposition rétrospective de sa jeune histoire, intitulée « Chersamis », revisite ses liens privilégiés avec une vingtaine d’artistes mais scelleaussi ses retrouvailles avec un fidèle public. L’occasion de redécouvrir lestravaux de Hubert Duprat, Jonathan Monk, Harrell Fletcher, Claude Closky,Richard Artschwager ou William Wegman, dont certains ont été conçus spécialement pour cet anniversaire.

www.art-kerguehennec.com

HAUTE-NORMANDIELe Cirque d’Elbeuf change de statutEdifié en 1892, le cirque-théâtre d’Elbeuf a été doté du statut d’établissementpublic de coopération culturelle (EPCC), par l’État (ministère de la culture etde la communication), le Conseil régional de Haute-Normandie, le Conseilgénéral de Seine-Maritime et la communauté d’agglomération Elbeuf-Bouclede Seine. Roger le Roux, directeur du Carré magique de Lannion (Bretagne),a été nommé directeur à partir du 1er octobre pour un mandat de trois ans. Il aura notamment pour mission d’animer le Cirque d’Elbeuf, l’un des onzepôles régionaux de création et d’accueil pour les arts du cirque reconnuspar le ministère de la culture et de la communication. Haut lieu de la vie culturelle de la région de la fin du XIXe siècle aux années 60, il est l’un deshuit derniers cirques en dur de France et le seul à posséder à la fois unescène de théâtre à l’italienne et une piste. Actuellement en cours de réhabilitation, il rouvrira ses portes en 2007.

www.cirquetheatre-elbeuf.com

R.Artschwager, Herodias/Hostess© FRAC Limousin

Le cirque d’Elbeuf © Jean-François Cange

© D.R.

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Manifestation« Faisons vivre notrepatrimoine » les 16 et 17 septembreProlongeant la thématique retenue l’andernier, les 23e Journées européennes du patrimoine proposent, les 16 et 17septembre, une « nouvelle démarched’appropriation du patrimoine », selonRenaud Donnedieu de Vabres. En mettantl’accent sur les nombreuses pratiquesculturelles qui peuvent s’exprimer dansles monuments

Alors que les Journées européennes du patrimoineconnaissent un succès grandissant année aprèsannée, Renaud Donnedieu de Vabres a vouludonner une nouvelle impulsion à ce largemouvement de réappropriation des lieux patrimo-niaux par les Français. En 2005, ce sont plus deseize mille ouvertures de sites et de vingt mille animations qui ont fait le succès de l’opération,attirant quelque douze millions de personnes.Cette année, les Journées européennes dupatrimoine veulent « étendre » et « amplifier » cette« démarche d’appropriation » par les citoyens, lescollectivités locales et les associations dupatrimoine culturel national et local. Et augmenterle potentiel d’attractivité des monuments, à l’instardu château de Versailles, qui a accueilli l’an dernierle tournage du Marie-Antoinette de Sofia Coppolaou de l’hôtel de Sully, à Paris, où s’est tournéependant l’été une adaptation télévisuelle sur LaFontaine. Pour l’ensemble des 200 monumentshistoriques qui sont sous sa tutelle, le Centre desmonuments nationaux (CMN) a d’ailleurs entreprisune démarche de transparence qui porte déjà sesfruits.

Patrimoine et création Comment faire pour que le public s’approprie les

Quelques exemples... Citons pour mémoire les concerts dans les châteaux de Cambon à Saint-Cernin (Auvergne) ou à l’Hôtel de Villede Barbézieux-Saint-Hilaire (Poitou-Charentes), les spectacles dans le site templier La Couvertoirade (Languedoc-Roussillon), au Palais Rihour à Lille (Nord-Pas-de-Calais) ou au manoir de Briançon à Criel-sur-Mer (Haute-Normandie), les pièces de théâtre au château de Tocqueville (Basse-Normandie) et au château de Villandraut (Aquitaine), les arts culinaires à la préfecture de Haute-Garonne (Midi-Pyrénées), l’art contemporain à la Villa Arsonà Nice (Alpes-maritimes), la photographie à la Chartreuse de Villeneuve-les-Avignon (Languedoc-Roussillon) et àla Saline royale d’Arc-et-Senans (Franche-Comté) ou la bande-dessinée au château de Menetou-Couture (Centre).

Les journées du patrimoine en 2005 © MCC

monuments ? En proposant aux participants d’investir lieux, sites et monuments qui valoriseronttoutes les pratiques culturelles qui peuvent s’exerceren leur sein. En somme, les Journées européennesdu patrimoine vont mettre en avant les « passerel-les » entre les monuments et un large éventaild’activités culturelles. Pour chacune des manifes-tations proposées, une ou plusieurs activitésentrent en résonance avec l’architecture oul’histoire d’un lieu. Le patrimoine français a toujoursété un théâtre pour la création. En encourageantchacun d’entre nous à en faire un lieu d’expressionartistique, le ministère de la culture et de lacommunication veut inciter les Français à redécouvrir les richesses de leur patrimoine.

Paul-Henri Doro

Se renseigner : www.culture.fr

A partir du 11 septembre au : 0820 20 25 02

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AudiovisuelUn projet de loi pour la télévision du futurAlors que la télévision numérique terrestre (TNT) connaît un succèsgrandissant, le Gouvernement va créerun cadre juridique pour assurer le bascu-lement complet du mode de diffusionanalogique vers le numérique. Et entendfaire de la France, « l’un des pays les plusavancés dans le domaine de la télévisiondu futur », selon Jacques Chirac.

Avec le projet de loi relatif à la modernisation de la diffusion audiovisuelle et à la télévision du futur,présenté le 26 juillet en Conseil des ministres,Renaud Donnedieu de Vabres poursuit le travail de modernisation du paysage audiovisuel qu’il aentrepris. Et jette les bases du développement dela télévision en haute définition (TVHD) et de latélévision mobile personnelle.

Basculement de « l’analogique » au « numérique »Avec une offre de programmes multipliée par trois,puisque ce sont aujourd’hui dix-huit chaînes quisont accessibles sur la TNT, celle-ci génère uneforte attente du public, « couvert » à 58 %, aprèsun an et demi d’existence. C’est pourquoi le gouvernement propose un basculement définitif,« au plus tard le 30 novembre 2011 », du mode dediffusion « analogique » à un système de diffusionnumérique, qui permet une meilleure qualité del’image et du son. Lancé à partir du 1er mars 2008,le basculement aura lieu progressivement par zonesgéographiques. Il nécessitera toutefois une condi-

tion : tous les Français doivent posséder un équi-pement adéquat permettant de recevoir la TNT.Pour les plus démunis, un fonds d’aide sera créé.De plus, le lancement d’une offre gratuite parsatellite permettra à 100 % de la population derecevoir les chaînes gratuites de la TNT sans abonnement dans les zones où elle n’est pas diffusée. Ces chaînes seront proposées avec lamême numérotation que celle utilisée pour la diffusion par voie hertzienne terrestre.

Pour la création audiovisuellePar ailleurs, le passage au numérique doit prendresoin de « préserver les grands équilibres économi-ques du monde de l’audiovisuel », a assuré leministre. Le projet de loi prévoit que lorsque lestrois grandes chaînes privées basculeront vers lenumérique, elles pourront faire la demande d’uneautre chaîne au Conseil supérieur de l’audiovisuel(CSA). Concernant le marché publicitaire, la création de ces nouveaux canaux sur les emplace-ments « analogiques » laissés libres, ne va pasdéstabiliser le marché publicitaire. Elle « profiteraau contraire aux téléspectateurs et à la créationaudiovisuelle », a souligné le ministre, ajoutant quele « pluralisme » était assuré par un « dispositif anticoncentration ». Pour les téléspectateurs, celasignifie qu’en 2012 ils auront une vingtaine dechaînes gratuites qui prendront des engagementsen faveur de la production audiovisuelle.

Paul-Henri Doro

Pour les chaînes analogiques

Pour les chaînes TNT

2011arrêt anticipé

2017+ 5 ans

conditions : être membre du GIP et offre satellite

2022+ 5 ans :

couverture au delà des 115 sites

2005autorisation

2015terme des

autorisations

2020+ 5 ans : prolongationautomatique

2025+ 5 ans :

couverture au delà des 115 sites

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Les prolongations des autorisations prévues par le projet de loi

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DiversitéMieux se comprendre avec la Journée européennedes languesPour mettre en valeur la richesse de ses langues, leConseil de l’Europe consacre, le 26 septembre, unejournée à ce précieux patrimoine. En France, le ministèrede la culture et de la communication reviendra sur ladiversité dont témoignent nos échanges linguistiques.

Nos langues sont un patrimoine d’autant plus précieux qu’il semblenaturel, presque évident. Pourtant, elles constituent une véritablerichesse, à la fois sociale et individuelle, qu’il faut développer, fairevivre, enrichir. A la suite de l’Année européenne des langues qui avaiteu lieu en 2001, la Journée européenne des langues, qui se tiendra le26 septembre, permettra de célébrer, dans tous les pays d’Europe, ladiversité linguistique.

Plusieurs actionsEn France, plusieurs actions ont été lancées par le ministère de laculture et de la communication. Un « Passeport pour les langues »sera proposé, à Paris, par le Forum des instituts culturels étrangers à Paris (FICEP) et la délégation générale à la langue française et auxlangues de France (DGLFLF), dans le cadre de la Semaine des culturesétrangères. Il permettra au public de s’initier gratuitement auxlangues de son choix. D’autre part, l’Agence Socrates-Leonardo daVinci France, qui accompagne les projets européens en matièred’éducation, a lancé un appel à participation à son réseau d’établis-sements d’enseignement scolaire et supérieur, aux organismesd’éducation ou de formation ainsi qu’à toutes les associations impli-quées dans l’apprentissage des langues tout au long de la vie. Enfin,des séances de démonstrations destinées aux journalistes permettrontde faire découvrir des dispositifs et des technologies innovantes pourpromouvoir le plurilinguisme, à la Bibliothèque publique d’information(BPI) du Centre Pompidou, où un espace d’auto-formation offre lapossibilité d’apprendre plus de cent cinquante langues différentes.

Le plurilinguisme autrementOrganisée autour de trois thèmes, parler, comprendre, traduire, cette journée sera aussi l’occasion pour Renaud Donnedieu de Vabresde présenter sa politique d’appui au plurilinguisme. Si l’apprentissagetout au long de la vie et la maîtrise de deux langues étrangères parles européens restent un objectif essentiel à ses yeux, il existe aussid’autres façons d’aborder le plurilinguisme. D’abord, le principe del’intercompréhension entre langues apparentées qui permet, avecune formation courte, d’avoir accès à une palette élargie de languessans nécessairement les parler ; ensuite, les technologies les plusavancées de traitement automatique du langage (traduction assistéepar ordinateur, logiciels de gestion des mémoires de traduction…).

Astrid Roche

Comment apprendre...207 langues ?La Bibliothèque publique d’informa-tion, installée au Centre Pompidou,propose un espace autoformationentièrement gratuit où l’on peutapprendre seul la bureautique, lacomptabilité, le code de la route…mais surtout 207 langues, de l’an-glais au japonais, en passant par letahitien et le quechua ! Avec 680méthodes audio, 145 cédéroms etsites internet, 215 vidéos et de nom-breux livres, chacun peut travailler àson rythme et créer un espace per-sonnel sur le système informatiquede la BPI pour conserver pendant 30jours son travail en cours. Que l’onsoit débutant ou que l’on souhaite seperfectionner, cet espace est ouvertà tous pour des séances journaliè-res d’une heure et sur réservation.

Renseignements : 01 44 78 13 54

[email protected]

Semaine des culturesétrangères et Journéeeuropéenne des langues« Créateurs d’ailleurs » est le titreévocateur de cette Semaine passion-nante et festive à travers 32 Centresculturels membres du FICEP, quimettent à l’honneur cette année unepersonnalité ayant profondémentmarqué le XXe siècle. Dans le cadrede cette manifestation, le FICEP etla DGLFLF proposent de célébrer ladiversité linguistique et culturelle del’Europe à travers la Journée euro-péenne des langues ; et mettent à ladisposition du public un véritable« Passeport pour les langues » quidonnera accès, le 26 septembre, àdes cours d’initiation gratuits dansplus de vingt Centres culturels.

Renseignements : www.ficep.info

ou 01 44 39 49 26

Actu

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DossierLe nouveau musée des arts décoratifsouvre ses portes

C’est un nouveau muséedes Arts décoratifs que le public va découvrir, le 15 septembre, dans un espace entièrementrénové, aux volumes et à la lumière originelsretrouvés. 6 000 œuvres y sont présentées,entraînant le visiteur dansun extraordinaire voyagedu Moyen Age à nos jours.D’un côté, les jardins desTuileries, de l’autre, la ruede Rivoli. Entre les deux :l’aile de Marsan du palais du Louvre entièrementrénovée et dans laquelle se trouvent désormais présentés dans deparfaites conditions denombreux objets. Dussouvent à des créateursillustres, de Boulle àGuimard, de Lalique à Perriand ou encore deChristofle à Starck, les milliers d’objets présentéssont intégrés dans unnouveau parcours qui lesmet en valeur et raconteune histoire : celle desstyles et du goût français.Installé dans l’aile deMarsan du palais duLouvre, il constitueaujourd’hui un des plusvastes et des plus richesau monde consacrés auxarts appliqués.

Vue de la nef du nouveau musée des arts décoratifs © Philippe Chancel

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Une institution singulièreCréés il y a un peu plus d’un siècle pour « entretenir en France la culture des arts qui poursuivent la réalisation dubeau dans l’utile », grâce aux mécènes, aux donateurs et à l’État, les Arts décoratifs ont su depuis cette époqueconserver leur spécificité. Association loi de 1901 présidée par Hélène David-Weill depuis 1995, reposant sur undouble financement public-privé, ils se composent aujourd’hui d’un ensemble muséal important : musée des Artsdécoratifs, musée de la Mode et du Textile, musée de la Publicité, musée Nissim de Camondo et de la bibliothèquedes Arts décoratifs. Sous la conduite de Sophie Durrleman, directrice générale, les Arts décoratifs comprennentégalement une école d’architecture et de design : l’école Camondo, ainsi que des ateliers de pratiques artistiques: les Ateliers du Carrousel.

Le fonds du musée est riche de150 000 objets et vous n’enprésentez que 6 000. Commentles avez-vvous choisis ? Nous les avons choisis en fonction de multiples critères :l’exemplarité, l’usage, le savoir-faire technique, la beauté… etpuis nous nous sommes efforcéde les mettre en relation entreeux, de marquer des convergen-ces, de construire, dans certainscas, des ensembles. Toutes lesœuvres présentées ont fait l’objet d’une intervention de restauration, allant du simpledépoussiérage à la restaurationdite « fondamentale », enpassant par le nettoyage ou lebichonnage suivi de la réintégra-tion d’éléments manquants.

Avez-vvous opté pour uneprésentation chronologique outhématique ? Le parcours est pour l’essentielchronologique : il va du MoyenAge à nos jours. Mais des ponctuations thématiques ontégalement été incluses dans leparcours. Et puis nous avonscréé une galerie d’étude qui,s’éloignant de la chronologie,présente, dans douze salles, des objets de toutes époques.Dans le cadre d’une thématiqueannuelle, cette galerie proposeraaux visiteurs d’enrichir leurconnaissance de l’histoire de l’arten confrontant des approchestransversales, formelles et sociologiques.

Dossier du n° 140 / Septembre 2006

6 000 objets : est-cce beaucoupou peu pour un musée de cetteimportance ? Avec plus de 6 000 m2 de surfaced’exposition permanente, 60salles et 6 000 objets présentés,le musée des Arts décoratifsrénové est incontestablement ungrand musée. Mais nous présen-tons moins de pièces que par lepassé… pour mieux les mettreen valeur et puis aussi pour nepas lasser le regard. Pour évitertoute monotonie, nous noussommes efforcé d’ouvrir deséchappées sur d’autres sallesréparties autour de la nef et deprovoquer des surprises. Lavisite du musée va constituer àde nombreux égards un véritablespectacle, qui s’achèvera avec

Barbara Nanning, Coupe-objet, Pays-Bas, 2003 © Nouveaumusée des Arts décoratifs, Paris

« Un extraordinaire voyage à travers les objets » entretien avec Béatrice Salmon,directrice des musées des Artsdécoratifs

Joe Colombo, Tube Chair, Italie, 1962 © Nouveau musée des Arts déco-ratifs, Paris

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Le financement des travauxLe montant des travaux assurés par l’État via la Direction des musées deFrance s’est élevé à 21,2 millions d’euros. Ce budget a été complété pardes ressources issues exclusivement du mécénat reçu par les Arts déco-ratifs et destinées à financer les éléments hors programme, soit 14 millionsd’euros réunis depuis 1995 en vue de la réouverture. Cette dotation a permisla mise en œuvre de tout ce qui n’est pas contractuellement à la charge del’État : acquisitions et restauration des collections, réalisation des décorset aménagement des period rooms, création d’une salle de conférences,aménagement de la salle des boiseries, installation du centre de documen-tation des musées et des ateliers pédagogiques du Service des publics.

Les travaux de rénovation du musée des arts décoratifs Quatre équipes d’architectes ont travaillé à ce vaste projet en étroite colla-boration avec les conservateurs : Oscar Tusquets et Bruno Moinard (collec-tions historiques), Sylvain Dubuisson (collection contemporaine), BernardDesmoulin (galerie Dubuffet, galerie des jouets et galerie d’étude), et DanielKahane (espace des expositions temporaires et circulations). L’ensembledes travaux effectués a permis non seulement de restituer l’architectured’origine de la nef, qui structure l’aile Marsan et accueillera les expositionstemporaires, mais aussi de réorganiser le parcours qui multiplie les pers-pectives et les vues internes, permettant de conserver presque toujours unevision d’ensemble du musée et fait dialoguer les collections entre elles.

les collections du XXe siècle, présentées sur les cinq niveauxsupérieurs du pavillon deMarsan, avec des vues étonnan-tes sur le jardin des Tuileries ettout l’Ouest de Paris…

En vous écoutant, on al’impression que les collectionsvous ont beaucoup inspiré… Il faut bien reconnaître que tousces beaux objets ont tendance à emballer l’imagination et, danscertains cas, nous n’avons pashésité à nous laisser entraîner.Mais cet enthousiasme ne nousa pas empêché de tout faire pourconserver - et inscrire autant quepossible dans le parcours - l’es-prit singulier de cette maison : un esprit fait d’indépendance et sans doute d’un peu d’irrévé-rence, mais aussi de respectpour le patrimoine dont nousavons la charge et de reconnais-sance à tous ceux, mécènes etdonateurs, qui ont permis qu’ilsoit constitué.

En quoi l’ouverture de cemusée constitue-tt-eelle une dateparticulièrement importante ? C’est une date doublementimportante. D’abord parcequ’elle vient clore une longuepériode de travaux et ensuiteparce qu’elle ouvre une nouvelleétape dans l’histoire de notre institution. Le musée des Artsdécoratifs, le musée de la Modeet du Textile, et le musée de laPublicité constituent désormaisun seul ensemble - auquel unbillet unique va donner accès - etc’est à un extraordinaire voyagequ’ils invitent à travers la mode,le graphisme, le design, le mobi-lier… Nous allons bien entendu,dans les mois et les années quiviennent, nous efforcer d’ouvrirces différents univers les uns surles autres, de les faire communi-quer et travailler ensemble.

Propos recueillis par Jacques Bordet

Les Arts décoratifs :

107, rue de Rivoli - 75001 Paris.

01 44 55 57 50 / www.lesartsdecoratifs.fr

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Fauteuil à la reine, France, vers 1720 © Nouveau musée des Arts décoratifs, Paris

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Outre ses galeries chronologiques et sa galerie d’étude, le musée desArts décoratifs comprend égalementquelques collections plus spécifiquesqui bénéficient d’une présentationparticulière :

> la galerie des Jouets, qui, avec sesjeux vidéo, robots des années 60,jouets mécaniques de l’entre-deuxguerres, poupées et maisons depoupée, présente l’histoire du jouetdu XIXe siècle à nos jours ;

> la galerie des bijoux, ouverte aupublic depuis juin 2004 et qui, avecses 800 pièces, offre un panoramaexemplaire de l’histoire du bijou etde la joaillerie du Moyen Age à nosjours ;

> la galerie Jean Dubuffet, qui présente un choix, chaque annéerenouvelé, effectué parmi les 160œuvres (dessins, aquarelles et sculptures) données par l’artiste au

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musée en 1967.

Les 10 period rooms qui rythment leparcours et font revivre les œuvresdans leur contexte constituent éga-lement une particularité du musée.Parmi ces period rooms, réaliséesgrâce à la collaboration du décora-teur François-Joseph Graf, figurentnotamment :

> le Cabinet doré d’Avignon créé par le sculpteur des Bâtiments du roi, Thomas Laîné, dans les années1720, pour l’hôtel de Rochegude àAvignon : ce décor particulièrementriche malgré sa petite taille sertd’écrin à un beau mobilier ainsi qu’à des porcelaines et des piècesd’orfèvrerie évoquant les collectionsprécieuses d’un riche amateur ;

> une chambre à coucher luxueused’époque Louis-Philippe constituéede boiseries provenant de l’hôtel dubaron William Hope, situé au 27, rue

La galerie des jouets, la galerie des bijoux, la galerie Jean Dubuffet… et lesperiod rooms

Saint-Dominique à Paris : cette trèsbelle chambre constitue l’un des rares témoignages du goût de cette époque pour une riche polychromie ;

> l’appartement privé de JeanneLanvin réalisé pour la couturière parAlbert-Armand Rateau de 1920 à1922 : l’appartement incarne parfai-tement le style singulier d’Albert A.Rateau, mis au point dans les années20 et inspiré de l’art antique, tout enfaisant référence à un bestiaire ori-ginal ;

> le bureau-bibliothèque de l’ambas-sadeur, réalisé par Pierre Chareaupour le pavillon de la Société desartistes décorateurs, à l’expositionde 1925 : reconstituée avec sonplafond en dôme et sa partie centraledélimitée par des rayonnages en boisde palmier, la pièce abrite notam-ment le bureau et son fauteuil ainsiqu’un tapis de Jean Lurçat.

Appartement privé de Jeanne Lanvin, Paris 1924, Armand-Albert Rateau 1924-1925, Paris, Salle de bain de l’appartement privé deJeanne Lanvin, plâtre, bronze, marbre, stuc, verre © Philippe Chancel

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ArchitecturePatrick Bouchain : « Le pavillon françaissera à taille humaine »

« Metavilla », pavillon de la France à la 10e biennale de Venise, document de travail par EXYZT © D.R.

Focus

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Quel sens avez-vvous souhaitédonner à la présence françaisecette année, et comment vousinsérez-vvous dans le thèmegénéral de cette nouvelleédition de la Biennaleinternationale d’architecture de Venise, la « Métacité » ?Avant tout, l’architecture doitpermettre l’harmonie entre leshommes et l’hospitalité. En cesens, elle est l’écho de ce que laFrance a toujours été, une terred’accueil ouverte à l’autre, à saculture et à sa différence. Nousavons donc abordé le thèmegénéral de la « Métacité », nonpas sous l’angle désincarné dumacro, c’est-à-dire des chosesvues en très grand et de très loin,mais sous celui du micro, del’échelle humaine et individuelle,pour comprendre comment laville est aussi tissée de micro-capillarités et faire en sorte queles hommes se rencontrent, setouchent, se parlent - notammentd’architecture - ce qui est l’objetd’une Biennale aussi bien qued’une exposition.

Le thème de la « Métavilla »,que vous proposez pour lepavillon français, évoque enparticulier ceux que vousappelez les « délaissésurbains », ainsi que le chantiercomme lieu d’expérimentation.Que signifient pour vous cesdeux notions et quelles valeursportent-eelles pour l’avenir ?Comme les « délaissés urbains »,qui loin d’être marginaux, repré-sentent le quart non-programmédu territoire aménagé, le pavillonde la France à Venise est pourainsi dire à l’abandon, laissé pourcompte dix mois par an. Nousprofitons de ce bâtiment quiattend chaque année sa réouver-ture pour démontrer que l’onpeut réanimer, redonner vie àtous ces lieux au repos, en lesouvrant et en les occupant. Nousallons donc ouvrir le Pavillon etl’occuper en l’habitant tout aulong de la Biennale, comme onhabiterait une maison, pouraccueillir les gens comme chez

Un « acte d’architecture »au pavillon françaisEn 2006, pour la Biennale d’architec-ture, le pavillon français annoncerésolument la couleur. En concevantl’espace « non pas en tant qu’hypo-thèse utopique » mais « comme ungeste à accomplir », explique PatrickBouchain. Quelque chose de concret,ancré dans le réel, tangible, « àéprouver ». Un choix. Qui revendiqueun droit à l’expérimentation. Et quiconstitue surtout un véritable « acted’architecture ». « On s’efforce demettre en œuvre ce mouvement col-lectif », assure le concepteur dupavillon. A travers huit exemples deréalisations ou de projets. Du Lieuunique de Nantes (1999) à la Tentenomade de l’Université populaire deCaen (2006), ce sont autant de pro-positions de réhabilitation qui serontexposées et feront l’objet de débats.Alimenté par des personnalitéscomme le cinéaste Otar Iosseliani, lephilosophe Michel Onfray ou encoreDaniel Buren, ce projet « atypique »et « évolutif » présentera aussi uneautre face de l’architecture : la convi-vialité. « Fort heureusement, conclutPatrick Bouchain, la cité joyeuse quise déploie dans le pavillon existe, iciou ailleurs. Cette exposition n’en estque l’indice ».

Du 10 septembre au 19 novembre

Le pavillon français a été produit par les

ministères de la culture et des affaires

étrangères. Direction artistique : Patrick

Bouchain / Commissaire de l’exposition :

Francis Lacloche / Réalisation : EXYZT.

nous, avec joie. Nous allonsaussi montrer qu’il est possiblede construire autrement, en sedonnant une part de liberté quipermet d’expérimenter d’autresfaçons de faire et un autretemps, qui réconcilie le temps de la vie et celui de la construction.Ce qui, en tout cas, est porteurpour l’avenir, c’est de libérer les initiatives, faire confiance aux petites unités, aux indépen-dances des groupes, à la priseen main par chacun de sespropres affaires.

Comment sera physiquementagencé le pavillon français,cette année ?Le pavillon sera une grandemaison de la France, danslaquelle nous pourrons accueillir,offrir « le gîte et le couvert » et transmettre. Il sera unesuccession d’actesd’architecture, un lieu d’échangeset de convergence des savoirscomme peut l’être un chantier, et non un discours sans actes. Àla différence des autres pavillons,il montrera, en réunissant descompétences diverses, que l’architecture est un art majeur etqu’elle appartient à tous les arts,ce qu’on a tendance à oublier.En effet, les « constructeurs »avec lesquels je travaille, pour le Pavillon comme sur tous leschantiers, exercent des métiersdifférents - architectes certes,mais aussi plasticiens, cinéastes,philosophes…Ensemble, nous définissons et nous mettons en œuvre uneréponse transdisciplinaire à laquestion de la Métacité.

Propos recueillis par Manuel Candré

« Nous allons

ouvrir le pavillon

pour accueillir le public »

Patrick Bouchain © D.R.

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Au moment où la rentréeartistique démarre, nousréalisons pour vous un tourd’horizon d’une scène fran-çaise en pleine ébullition.Parcours.

Les pessimistes la disaient malen point… Pourtant, à y regarderde plus près, force est deconstater que la créationfrançaise s’offre une nouvellefois, pour sa rentrée, une belledémonstration de santé. Et dediversité. Après le succès de lapremière édition de la triennale« La Force de l’art », qui aaccueilli au printemps quelque130 000 visiteurs, elle proposeune série de manifestationstraduisant une vitalité multiforme.Qu’on en juge. Du Palais deTokyo, avec une programmationévénement consacrée à « Cinqmilliards d’années » jusqu’à Tou-louse, où aura lieu le désormaisfameux « Printemps de Septem-bre », et du FRAC Languedoc-Roussillon, où sont présentéesune série de propositions autourde Marcel Duchamp, à Bangkoket Séoul, où est organisée une

exposition présentant lesrelations fructueuses entre lamode et la photographie, leslieux ne vont pas manquer oùl’on pourra découvrir l’état de lacréation contemporaine. Petittour d’horizon… surtout pasexhaustif.

« Cinq milliards d’années »au Palais de Tokyo (Paris)> Du 14 septembre au 31 décembreA la rentrée, le Palais de Tokyoréalise un saut… galactique.Avec un credo : « l’expansion del’univers ne connaîtra jamais derépit », prévient Marc-OlivierWalher, le nouveau directeur dulieu. Sous-entendu : celle de lacréation, aussi. C’est pourquoi il lance, « Cinq milliardsd’années », un concept deprogrammation multiforme « quiva se décliner toute une année ».Expositions collectives et person-nelles, performances, concerts et salons composent une« session » d’événements multiples. Avec Mark Handforth,Jonathan Monk, RenaudAuguste-Dormeuil ainsi que denouveaux modules qui accueille-

ront Fabien Girand et le motardGhost Rider, des concertos pourtronçonneuses, des conférencesde motards…

www.palaisdetokyo.com

« Lignes brisées / Broken lines » au Printemps de septembre àToulouse > Du 22 septembre au 15 octobreAprès la physique quantique, lathéorie du chaos… C’est peu dedire que l’art contemporain meten relation, cet automne, lesnotions scientifiques et celles de la création. A Toulouse, où ilofficie comme directeur artistiquedu festival le « Printemps de sep-tembre », Jean-Marc Bustamanteparle également d’une « infinitéde fluctuations », de « lignesbrisées » et « d’universinconnus ». Ils apportent un« bouleversement des repères »qui doit nous conduire jusqu’à de « nouvelles fréquences ».Dans une programmation conçuecomme une partition musicale,on appréciera notamment la succession des « approches critiques » et des « moments de

ExpositionsUne saison avec lacréation contemporaine

Une diffusion qui irrigue l’ensemble du territoireA côté des grandes institutions phares dont le rôle est de défendre la création, comme le Palais de Tokyo ou leJeu de paume, le ministère de la culture et de la communication a mis en place depuis longtemps un quadrillageserré du territoire, destiné à rompre l’isolement des régions par rapport à l’art contemporain. Avec la création desFonds régionaux d’art contemporain (FRAC), récemment revitalisés avec une « seconde génération » de ces ins-titutions, on ne compte plus seulement sur une « scène parisienne de l’art contemporain » mais plus largementsur une « scène française ». De Vassivière (Poitou-Charente) à Carquefou (Pays de la Loire) et Clermont-Ferrand(Auvergne), elle dessine une nouvelle cartographie de l’art contemporain en France. C’est un tel mouvement quia permis également à une artiste de renommée internationale comme Aurelie Nemours, peu de temps avant sondécès, de réaliser à Rennes une magistrale commande publique (voir LI n°139). Aujourd’hui, grâce à cette politi-que valorisant l’ensemble des territoires, avec les FRAC et les Centres d’art, il n’existe plus de coupure entre lacréation contemporaine et l’ensemble du pays. Mais il ne faut pas baisser la garde. Et continuer d’aller à la ren-contre des publics afin de poursuivre leur sensibilisation.

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silence ». Avec de nombreuxartistes, parmi lesquels AnishKapoor, Mircea Cantor ouTatiana Trouvé.

www.printempsdesptembre.com

« Chauffe Marcel ! » au FRACLanguedoc-RRoussillon> Jusqu’au 29 octobreEntre humour et dérision, unevingtaine de propositions,éparpillées dans toute la région,revisitent les principales œuvresdu maître avec un espriticonoclaste du meilleur effet.

Un ensemble d’expositions quise veulent des « soigneurs degravité ».

www.fraclr.org

« Théâtre de la mode » est présenté à Bangkok puis à Séoul> Jusqu’au 30 septembrePoursuivant la présentation de la création française à l’étranger(voir LI, n° 130), une expositionexplorant les relations entre la photographie et la mode,« Théâtre de la mode » est

légende photo + ©

présentée aujourd’hui à Bangkokpuis Séoul. Conçue notammentdans un esprit de valorisationdes remarquables collections duFonds national d’art contemporain(FNAC) et du Centre national des arts plastiques (CNAP), elleprésente de nombreux artistestels que Valérie Belin, FrançoiseHuguier, Sarah Moon, DeborahTurbeville ou Gérard Uferas. Où la photographie est considé-rée comme « un mementomori », selon le commissaire del’exposition, Agnès de GouvionSaint-Cyr.

Au Palais de Tokyo , une installation de Fabien Giraud (2006) permet de remonter « 5 milliards d’années » © Le Fresnoy et Palais de Tokyo

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Un fonds européen favorise la mobilité des artistes

Thème central desrécentes rencontres deGrenade (voir la Lettred’information n°138), le dialogue interculturelest aujourd’hui au cœurdes préoccupationseuropéennes. L’actionmenée depuis plusieursannées par le FondsRoberto Cimetta est à ce titre exemplaire : cetteassociation soutient lamobilité des artistes en assurant le coût des voyages. LaëtitiaManach, sa secrétairegénérale répond à nosquestions.

En quoi consiste le soutien à la mobilité mis en place par le Fonds Roberto Cimetta ?Il s’agit d’un programme debourses de voyage s’adressantaux professionnels considéréscomme individus et non à desstructures ou des compagnies.La nuance est importante. Le faitde considérer les professionnelsindividuellement nous permet de mieux prendre en compte

le milieu artistique et culturel dela région, notamment des paysde la rive Sud, où l’absence destatut des artistes et le peu deliberté des associations freinentles démarches de création destructures indépendantes.N’étant pas liées à une obligationde résultat, les bourses que nousattribuons leur permettent

de lancer un projet, se former ou découvrir des paysages artistiques étrangers. Autre spé-cificité, nous encourageons éga-lement les échanges multilatérauxdans un environnement où leséchanges bilatéraux sont plus

fréquents, notamment en raisondes liens historiques (entre laFrance et le Maroc, par exemple).

Quels sont les enjeux de lamobilité dans cet espace« Euromed » ?Les artistes et acteurs culturelsqui ont obtenu une bourse devoyage du Fonds Cimetta soulignent tous à quel point la mobilité est essentielle pourdévelopper leurs pratiques artistiques. Nous plaidons pour sensibiliser les pays surl’importance des circulationsartistiques. Et nous espérons que la Fondation Anna Lindh, qui arécemment été créée par les 35 États membres du Partenariateuro-méditerranéen, instauré lorsde la Conférence de Barcelonede novembre 1995, pourrarelayer nos efforts en ce sens. À cette inégalité fondamentaleentre les acteurs européens etleurs voisins du Sud face à lamobilité, s’ajoutent d’autres obstacles, tels le manque decommunication et une faible visibilité des possibilités offertesaux artistes.

LE FONDS ROBERTO CIMETTA, C’EST…Créé en 1999 afin de favoriser la mobilité des professionnels des arts de la scène et des arts visuels, le FondsRoberto Cimetta est une association qui a choisi de résoudre d’une manière originale les problèmes de mobilitédes artistes et des professionnels du monde culturel. En leur attribuant des… bourses de voyage. Depuis sa création, ce fonds a examiné plus de 1 000 candidatures et attribué plus de 500 bourses de voyage. Son aire géographique ? l’espace euro-méditerranéen qui comprend les 25 États membres de l’Union européenne et lespays du sud de la Méditerranée.

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« ... lancer un

projet, se former

ou découvrir des paysages

artistiques étrangers. »

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« Tout a fait thaï » traduitle renouveau des relationsculturelles franco-thaïlan-daises Inaugurant une nouvelle ère de coo-pération entre les deux pays, « Toutà fait Thaï », la saison culturelleconsacrée à la Thaïlande, aura lieupendant l’automne 2006 dans plu-sieurs villes de France. Depuis lescultures ancestrales, comme lethéâtre Khon, ce théâtre de mimesmasqués, jusqu’à ses manifesta-tions les plus contemporaines,comme en attestera la présence desa jeune création au Passage deRetz, lors de la Nuit blanche, àParis, on retiendra, parmi lesmoments forts, plusieurs événe-ments. Deux villages thaïs serontinstallés du 15 au 23 septembre àParis et du 27 septembre au 4 octo-bre à Lyon, tandis que l’HôtelMeurice, à Paris, sera le cadre d’unfestival de la gastronomie thaïlan-daise, du 14 au 21 octobre. Lecinéma sera particulièrement mis envaleur à travers une programmationà la Cinémathèque française, unesoirée au Centre Pompidou consa-crée le 28 septembre à ApichatpongWeerasethakul, l’auteur notammentdu très beau Tropical Malady, etune présence importante de filmsthaïlandais aux festivals de Lyon (du 8 au 13 novembre), d’Amiens(du 10 au 19 novembre), de Nantes(du 21 au 28 novembre). Ce festival permettra également de renforcerles projets en cours au MuséeGuimet autour de l’art Dvaravati (VIe-Xe siècles), à la Cité des Sciencesautour des musées scientifiques,ainsi qu’une programmation thaïlan-daise à la Cité de la Musique.

Retrouvez la programmation sur

http://www.culturesfrance.com

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Vous avez organisé les premières « Assises de lamobilité dans l’espaceEuromed » à Fès, les 12 et 13mai : quelle a été la teneur desdébats ?Cette rencontre a eu lieu à l’Insti-tut Français de Fès enpartenariat avec l’Ambassade deFrance. Elle a mis en lumière les spécificités de la mobilité desacteurs culturels dans la zoneEUROMED, en replaçant cettequestion dans le cadre des relations géopolitiques de larégion, marquées par destensions et un déséquilibre

nord-sud. Cette rencontre s’inscrit dans un processus etdevrait être suivie d’une publica-tion et de l’organisation desdeuxièmes Assises en 2007.

Contacts : www.cimettafund.org

Le Fonds Cimetta est soutenu

notamment par :

> le Ministère de la culture et de la

communication (DDAI)

> la Fondation Gulbenkian (Portugal)

> la Fondation de France

> l’ONDA (Office National de Diffusion

Artistique)

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Le dispositif « école etcinéma » veut « susciterun désir de cinéma »

Un dispositif étendu sur toute la France> Depuis la rentrée 2005-2006 toutes les régions françaises sont couvertes par le dispositif École et cinéma,y compris les régions d’Outre-mer.> 87 départements et 2 700 communes accueillent École et cinéma. Pour chaque département, un binôme« cinéma et Éducation nationale » met en œuvre le projet. Ces binômes constituent le réseau des 174 coordi-nateurs départementaux.> 760 salles de cinéma fixes et 32 circuits itinérants sont associés au dispositif. 35 % des établissementscinématographiques actifs en France y participent.> 5 580 écoles sont impliquées contre 1 055 en 1994-1995. C’est une progression constante de 15 % par an(12,5 % des écoles dans les 87 départements concernés).> 405 825 enfants ont pu, à ce jour, en bénéficier, soit 11 % des élèves des 87 départements concernés. Autotal, 17 000 classes sont inscrites en 2004-2005.> 1 200 410 entrées scolaires sont recensées en 2004-2005, contre 167 393 en 1994-95 auxquelles s’ajoutent quelques 15 000 entrées publiques réalisées hors-temps scolaire par les films du dispositif dans les salles associées au projet.> 23 des films du catalogue ont dépassé les 100 000 entrées cumulées entre 1994 et 2005. En tête, trois films sont présents depuis 10 ans au catalogue : Le Magicien d’Oz culmine à 250 887 entrées, suivi par le programme original d’École et cinéma Les 5 Burlesques (241 045 entrées) puis du Cirque de Charles Chaplinavec 230 246 entrées cumulées.

Les Enfants de cinéma, avec le soutien du SCEREN-CNDP, ont édité un bilan des 10 ans d’École et cinéma.

Ce document de 175 pages, présente une évaluation complète du dispositif.

Édition Les Enfants de cinéma, avril 2006.

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mie

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Ecole et cinéma © Les enfants du cinéma

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Former le jeune public enliant éducation et cinéma,tel est le but poursuividepuis dix années par un dispositif soutenu à la fois par le ministère de la culture et de la communication et celui de l’éducation nationale.

En 1994, quand l’association« Les enfants du cinéma » estcréée, le but qu’elle poursuit estsimple : faire partager au jeunepublic scolarisé, de quatre etdouze ans, un « projet exigeantd’éducation au cinéma »,explique son délégué général,Eugène Andréanszky. « Pour luimontrer que l’école n’est passeulement le lieu d’apprentissagede la grammaire ou des mathé-matiques, mais aussi d’uneexpérience artistique ». Le dispo-sitif national « Ecole et cinéma »sera mis en place à partir de1996. Dix ans après, le résultatest à la mesure de ces ambitions :en 2006, « avec 1 200 000 spectateurs réunis en une année,« Ecole et cinéma » est devenu le premier des dispositifs d’édu-cation au cinéma », indiqueJean-Pierre Daniel, le présidentde l’association.

L’organisation du dispositif…Dispositif « national », les « Ecoleet cinéma » nécessite un vérita-ble travail de « terrain ». « Coor-dinateurs départementaux,enseignants, directeurs de sallespoursuivent un engagementcommun », précise EugèneAndréanszky. Si le développement,la mise en œuvre, le suivi etl’évaluation nationale « d’Ecole et cinéma » sont confiés aux« Enfants de cinéma » qui assureégalement la conception, larédaction et l’impression desdocuments pédagogiques pourchaque film, au niveau régional,les DRAC, interlocuteurs despartenaires institutionnels et pro-fessionnels locaux, soutiennentla coordination du dispositif dansles départements. En particulier,ils subventionnent les coordina-

tions départementales ainsi quecertaines missions. Le ministèrede l’éducation nationale ouvre,pour sa part, ses dispositifs deformation, dans le cadre du planacadémique de formation, auxenseignants impliqués dansl’opération. Parallèlement, un interlocuteurdépartemental est désigné poursuivre l’opération, au sein del’Inspection académique.

… et son accompagnement Reste le cœur du dispositif : lesfilms. Cinquante quatre films figu-rent en 2004/2005 au cataloguenational, contre une trentaine lapremière année. Comment ont-ilsété choisis ? « Avec uneexigence, celle de représenterune grande variété de genres,d’époques et de culture ». Deplus, cinquante neuf documentsd’information, intitulés Lescahiers de notes sur…, ont étéréalisés pour les enseignants.Rédigés par des auteursreconnus, ils constituent une collection complète de monogra-phies originales sur les films ainsi« qu’une mémoire affective ».Financées au niveau national,ces publications sont diffuséesgratuitement aux enseignants etélèves. Des formations dans lesdépartements sont égalementproposées aux enseignants du dispositif. En 2004/2005,quarante deux stages spécifique-ment « École et cinéma » ont étéinscrits aux Plans départementaux

de formation de l’Éducationnationale, ainsi que vingt troisstages à dominante « cinéma ».Pour développer le réseau« École et cinéma » sur le terrain,« Les Enfants du cinéma » sonten relation avec de nombreuxpartenaires : salles de cinéma,festivals, syndicats ou associa-tions telles que l’Agence ducourt métrage ou Kyrnea, aveclesquelles sont développés plusieurs projets annuels de partenariat.

Et maintenant ? Chaque année, une rencontrenationale de trois jours estproposée aux cent quatre vingtcoordinateurs départementaux« d’École et cinéma » et à leurspartenaires. Depuis 1998, ungroupe de réflexion, véritablelaboratoire de recherche sur lecinéma animé par Carole Desba-rats, directrice des études à laFEMIS, accompagne le projet ausein des « Enfants de cinéma ».Plus qu’une extension de « Edu-cation et cinéma », c’est dans larecherche des voies pour que le« laboratoire » continue d’être un « lieu de référence » pourl’éducation artistique tout entière que se trouve l’avenir d’Ecole etcinéma. Et aussi dans sa volontétoujours intacte de « susciter un véritable désir de cinéma »,conclut Eugène Andréanszky.

École et cinéma est un dispositif national

d’éducation au cinéma, mis en œuvre et

coordonné par l’association Les Enfants

de cinéma, en liaison avec le Ministère de

la culture et de la communication (CNC),

la Délégation au développement et aux

affaires internationales et le Ministère de

l’éducation nationale, de l’enseignement

supérieur et de la recherche (Desco,

Sceren-Cndp).

« ... l’école n’est

pas seulement

le lieu d’appren-tissage de la

grammaire ou des

mathématiques,

mais aussi d’uneexpérience

artistique. »

Edward aux mains d’argent par Tim Burtonavec Johnny Depp © Les enfants du cinéma

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burin dans le marbre afin detester sa force et la puissance dela matière ». Ainsi, dans sondernier roman, Violon, elle« teste ». Et se plaît à malaxer lalangue française, en faisant res-sortir des effets souventcomiques, parfois absurdes,entre Raymond Queneau etAlphonse Allais.« Leucosélophobe » désignel’angoisse de la page blanche ;immanent s’écrit « hymanent »en écho au contexte familialsexué de la narratrice ;« pertinent » se dit « congru » (lecontraire d’incongru…) et « non-chalindolence » traduit unedouce oisiveté… On est auxportes d’une certaine légèreté,presque du jeu.

« Mes deux langues maternelles »Pourtant, avant d’en arriver là, illui a fallu faire remonter une autreforme de violence à la surface.Sourdement présente. Trop long-temps tue. Celle de la guerre duVietnam, évoquée dans Riz noir,son premier roman, où ellerevient sur ces années sombres,tout en soulignant un inattenducontre poison : la languefrançaise. « J’ai grandi pendantune guerre en parlant deuxlangues, poursuit-elle. Le vietna-mien, ma langue maternelle, estaussi celle dans laquelle la mortm’a été décrite dans toutes sesvariantes ; le français, lui, appar-tenait à un pays lointain, rêvé,libre et qui n’existait pour moiqu’à travers la littérature et lapoésie. J’ai choisi d’écrire dansma deuxième langue maternelle,celle du monde imaginaire qui,même confronté plus tard avecsa réalité parfois violente, gardeintimement les traces, dans monesprit, du paradis ». Deux« langues maternelles », commeelle le dit joliment. Et plusieursautres qu’elle apprend. « Mesparents voulaient que je fasseconnaissance avec un mondeaussi vaste que possible », expli-que-t-elle. Faire connaissanceavec des civilisations commeavec des camarades de classe :

mais vaguement inquiétant, enforme de serpent, la gueuleouverte. Une ruse, peut-être.Pour contrebalancer la ligne par-faite du visage. Ou un symbole ?Ce ne serait pas vraimentétonnant de la part d’un auteurqui exprime son « désir deviolenter la langue ». Et parle deson rapport « intime » avec lefrançais, « tour à tour ami etennemi », dont elle veut « voirjusqu’où il résiste, comme unsculpteur donnera des coups de

Face à face avec...La géographielittéraired’Anne MoïAnna Moï écrit des livresfrançais au Vietnam etinterprète des chansonsvietnamiennes en France.Le 25 septembre, le Centrenational du livre lui donnecarte blanche pour unesoirée de lectures et dechants. Portrait.

Comme pour mieux détournerl’attention, Anna Moï a piqué uneépingle dans des cheveux sage-ment ordonnés. Un bijou discret

Port

rait

© D.R.

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Anna Moï en 5 dates1955 : naissance à Saïgon (Vietnam)Années 80 : styliste à Paris2001 : publie son premier recueil denouvelles, L’Echo des rizières(L’Aube)2004 : publie son premier roman, Riz noir (Gallimard)2006 : publie un nouvel opus roma-nesque, Violon (Flammarion) et unessai sur les langues, Espéranto,désespéranto (Gallimard)

Les prochains « lundis du CNL »Chaque dernier lundi du mois, leCentre national du livre laisse carteblanche à un auteur de renom pourorchestrer « sa » soirée à l’hôteld’Avejan. Après Mona Ozouf, MarcelGauchet, Daniel Rondeau, ainsi queRégis Debray et Robert Abirached,le CNL recevra le25 septembre : Anna Moï - carteblanche30 octobre : Angelo Rinaldi : « La critique littéraire » - animé parJacques-Pierre Amette27 novembre : Claude Durand : « Lemétier d’éditeur » - animé par MichelCrépu30 janvier : François Weyergans(thème et modérateur en cours)27 février : hommage à Jean-FrançoisRevel, avec Claude Imbert et LaurentTheiss27 mars : Marie Billetdoux

Centre national du livre

53 rue de Verneuil 75007 Paris

l’idée est jolie. « … après m’avoirinscrite dans une école primairefrançaise, ils m’ont envoyée àdes cours privés d’anglais dèsl’âge de neuf ans. Ensuite, j’aiappris une quatrième langue, l’allemand. Plus tard, j’ai vécu enThaïlande et au Japon et je n’en-visageai à aucun moment de nepas parler thaï avec les Thaïs etjaponais avec les Japonais ».

Déroute et stupéfactionPourtant, autre paradoxe, c’estvers le Vietnam qu’elle revientsans cesse. Pour écrire. C’est àHô-Chi-Minh-Ville (anciennementSaïgon) qu’elle le fait… enfrançais. « Je pense que l’oppo-sition, ou la tension, est àl’origine de toute création ; jel’éprouve en écrivant des textesfrançais au Vietnam, ou en chan-tant des mélodies vietnamiennesen France. Dans les deux cas, je me sens décalée, étrangère :n’est-ce pas une condition préalable à toute création ?L’étrangeté est une formed’innocence qui vous rend fragileet indestructible ; un enfant estainsi : vulnérable et puissant. Et sans innocence, commentcréer ? Comment redessiner lemonde sans un regard stupéfaitet déroutant ? » Déroute et stupéfactiondéfinissent bien le travail d’AnnaMoï qui, après avoir publié unpoème en anglais dans unmagazine à l’âge de seize ans, aétouffé cette voix intérieurependant vingt-six ans. Le tempsde vivre. De voir, sentir, chercher.

La musique l’inspire : elle étudiele piano à Saïgon, découvrel’opéra à Paris et s’initie auchant. Autre découverte : elle sepassionne pour les vêtements ets’essaye à les dessiner, avant dedevenir styliste. Les couleurs, lessons. « Je suis chromopathe,comme d’autres sont psychopa-thes, dit-elle en plaisantant àmoitié. Les couleurs empreignentles étoffes mais aussi lespigments minéraux ou floraux, letimbre (d’une voix, d’un violon),l’expression littéraire. Le chroma-tisme donne aux choses un reliefparticulier, et le rôle de l’artisteest de dessiner avec ses outilspersonnels et sa palette distinc-tive une géographie originale. »Avant de revenir, autour de l’an2000, à ce qui se révèle sonmoyen d’expressionprédominant : l’écriture.

Un écrivain francophone ? Du fait de ses origines, Anna Moïentre dans la catégorie « écrivainfrancophone ». Ce qui nous vautun savoureux plaidoyer de la partdu récent chevalier des arts etlettres (elle a été nommée enjanvier) sur l’absurdité desétiquettes. « L’expression littéra-ture francophone est condescen-dante à partir du moment où ellene désigne pas tous les écrivainsde langue française, comme on pouvait s’y attendre, mais uniquement les écrivains non-français. Par ailleurs, l’étymologiede littérature francophone metracasse : phonos signifie voix,son. Or, la littérature est écrite.Au dernier Salon du livre deParis, un écrivain de langue française a proposé : littératurefrancographe ».Avant de revenir sur les sujets quil’occupent : « Je suis trèsconcernée par la question del’identité et de la destinée :comment se structure-t-on àpartir d’une histoire personnelleavec ses secrets et ses non-dits ? Comment gère-t-on samémoire martyrisée ? Pourquoiles chemins lumineux que nousrevendiquons bifurquent-ils

parfois vers le malheur, etcomment les individus résistent-ils ? Mes questions sonttournées vers le futur, loin de lanostalgie, même si les réponsessont contenues dans le passé ».Gageons que ces interrogationsvont transparaître d’une manièreou d’une autre dans sesnombreux projets : un livre pourla collection Terre humaine, unjournal concernant deux mois desa vie où elle a fait une rencontrepeu commune, un livre dephotos sur le Vietnam et unsecond roman « normand ».« Mes parents

voulaient que jefasse connais-sance avec un

monde aussi vaste

que possible. »

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Ernesto Neto,Leviathan Thot Du 15 septembreau 31 décembreau Panthéon

Prénom : Léviathan. Le Léviathandu Livre de Job, dans la Bible.Une créature monstrueuse, dont on ignore jusqu’à la forme. Nom : Thot, le dieu égyptien de l’écriture. Représentant lesvaleurs de l’écrit, du verbe, de la civilisation. Sous cette doubleet improbable dénomination, l’artiste brésilien Ernesto Neto aconçu un monstre à l’état pur :une installation monumentalefaite de galbes de polystyrènequasi organiques, de lambeauxde tulle flottant dans l’air, demorceaux de lycra étirés dansl’espace et répandant un parfumde lavande et de camomille. Un« corps spatial », selon l’artiste.Qui se développe de façon anarchique. Jusqu’à ce que ceprincipe d’expansion rencontresa limite extérieure, son« harnais » : le Panthéon, « un monument de culture etd’histoire dont mon installationserait l’enfant ». Le monstre ytrouvera « l’identité de sa forme »et pourra enfin « s’immobiliser ».Et Thot, dans tout cela ? Il viendra à son heure, prometNeto, pour « perturberl’installation… »

Paul-Henri Doro

Commande publique du ministère

de la culture (délégation aux arts

plastiques / centre national des arts plasti-

ques) et du Festival d’Automne de Paris,

Leviathan Thot de Ernesto Neto est

accueillie au Panthéon / Centre des

monuments nationaux.

Brillante figure de la scène artistiquebrésilienne, Ernesto Neto, né en1964 à Rio de Janeiro, poursuit untravail aux contours singuliers, utili-sant pour ses sculptures des maté-riaux flexibles et translucides commeune peau. Entre installations etsculptures, ses travaux traduisent saréflexion sur « la légèreté de lamasse ».

Dessin préparatoire © Ernesto Neto

Ple

ins

feux

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