L'habitat traditionnel kabyle entre r©sistance et transformation
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L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et
transformation
Cas du village Felden – Akbou-
Préparé par
2015 /2016
-KACI Tilelli
-KHELLAF Souhila
-KHIRI Anissa
- Encadré par : Mlle
BOUCHEFIRAT N. El Houda
- Co-Encadré par : Mlle
SEHAB Hbiba
Devant le jury :
Mme OUARET
M MESSAOUDI
République Algérienne Démocratique et Populaire
Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique
Université Abderrahmane Mira – Bejaia
Faculté de Technologie
Département d’architecture et d’urbanisme
Mémoire pour l’obtention de diplôme de master en architecture
Option :« Architecture, ville et territoire »
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
i
Résumé :
Les villages traditionnels kabyles constituent une partie indissociable de l’identité et du
patrimoine algérien. Les villageois de la Kabylie nous ont légué une architecture écologique qui
prend en compte l’environnement et qui puise ses ressources de celui-ci. Cette architecture
traditionnelle produite, depuis longtemps, au sein de ces villages, doit être gardée et préservée,
afin de faire vivre cet héritage et de le transmettre aux générations futures.
Toutefois, de nos jours, les villages traditionnels kabyles sont dans un état qui laisse à
désirer. En effet les constructions traditionnelles se dégradent au fil des années, et ce à cause
des nouvelles tendances de construire à l’occidentale et des nouveaux modes de vie qui
poussent les gens à transformer l’ancien pour laisser place à un nouvel habitat, voir de
l’abandonner complètement.
L’objectif de ce mémoire est de déterminer les transformations qui ont mené à la
dégradation de ce patrimoine, spécifiquement l’habitat, et à quel point celles-ci sont tolérables,
pour parvenir à remédier à la situation alarmante que connait celui-là. Pour ce faire, on fera
d’abord une étude des caractéristiques du village et de l’habitat traditionnels kabyles, puis on
essayera de détecter les problèmes qui touchent, actuellement, ceux-ci, et ce par le biais d’une
investigation menée au sein d’un village kabyle nommé « Felden » où on identifiera les
anomalies et les transformations qui ont touché ce dernier, en suivant une démarche basée sur
une méthodologie d’enquête et une analyse d’habitat par approche typologique.
Mots clés : villages traditionnels kabyles, nouvelles tendances de construire, habitat
traditionnel kabyle, méthodologie d’enquête, approche typologique.
Abstract:
Kabyle traditional villages form an inseparable part of the Algerian heritage and identity. The villagers of Kabylia bequeathed us an ecological architecture which cares about the environment and draws its resources from it. This traditional architecture which is produced, since a long time, should be kept and preserved in order to support this legacy and transmit it to the future generations.
However, nowadays, the Kabyle traditional country sides are in a bad condition. In fact, the traditional constructions are deteriorating over the years. This phenomenon is caused by the new occidental models of constructing and the new ways of life that makes people transforming the old architecture to implement a new one, or to completely abandon it. The aim of this work is to determine the transformations which caused the deterioration of this heritage, specially the housing, to remedy to the alarming situation of it.To do this, first, we will study village and traditional housing characteristics. After that, we will try to detect the problems that affect, actually, these ones. And this will be done by conducting an investigation in a Kabyle village called Felden where we will identify the anomalies and the transformations which affect this one by following an approach based on a methodological investigation and a typological housing analysis. Key words: Kabyle traditional villages, new models of constructing, Kabyle traditional housing,
a methodological investigation, a typological approach.
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
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Dédicace
À mes chers parents et à mes chères sœurs.
Tilelli KACI
À tous ceux qui comptent dans ma vie.
Souhila KHELLAF
À mes chers parents, à mes frères et sœurs et à toute ma famille.
Anissa KHIRI
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
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Remerciements
Nos sincères remerciements vont à toute personne ayant contribué de près ou de loin à
l’élaboration de ce travail.
Nous tenons à exprimer notre profonde reconnaissance à nos encadreurs : Mlle
BOUCHEFIRATE et Mlle SEHAB pour leur suivi, leur disponibilité et leurs orientations.
Nos remerciements les plus sincères vont également à nos enseignants qui nous ont
formées durant notre cursus universitaire.
Nos remerciements sont adressés aussi aux membres de jury qui ont bien voulu nous
honorer par leur présence.
Nous tenons à remercier les habitants du village Felden pour leur chaleureux accueil et
leur collaboration.
Nos vifs remerciements vont à nos amis(es) qui, d’une manière ou d’une autre, nous ont
soutenues et nous ont apporté leur aide.
Enfin, un grand merci à nos familles d’avoir toujours été là à nous soutenir et à nous
encourager à donner le meilleur de nous-mêmes tout le long de nos études.
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Sommaire
Résumé....................................................................................................................................... i.
Abstract ....................................................................................................................................... i.
Dédicace ................................................................................................................................... ii.
Remerciements......................................................................................................................... iii.
Sommaire ................................................................................................................................. iv.
Liste des tableaux .................................................................................................................... viii.
Liste des figures....................................................................................................................... viii.
CHAPITRE INTRODUCTIF
Introduction générale .................................................................................................................. 2
Problématique............................................................................................................................. 3
Hypothèses. ................................................................................................................................ 4
Objectifs. ..................................................................................................................................... 4
Méthodologie. ............................................................................................................................. 4
Structure de mémoire. ................................................................................................................ 4
PARTIE THEORIQUE
Introduction ................................................................................................................................. 7
I- PATRIMOINE ARCHITECTURAL RURAL ............................................................................ 8
I-1- Aperçu général sur le patrimoine architectural rural…….……………………………….8
1-1- Définition du patrimoine architectural rural .......................................................... 8
1-2- Emergence de la notion du patrimoine architectural rural ........................................ .8
1-3- Les valeurs du patrimoine architectural rural ............................................................. 9
1-3-1- La valeur historique ......................................................................................... 9
1-3-2- La valeur architecturale et esthétique ............................................................... 9
1-3-3- La valeur économique et valeur d’usage ....................................................... 9
1-3-4- La valeur identitaire et sociale ......................................................................... 9
1-3-5- La valeur pédagogique ................................................................................... 9
1-4- Facteurs de dégradation du patrimoine architectural rural ...................................... 10
1-4-1- Facteurs de dégradation naturels ............................................................. .10
1-4-2- Facteurs de dégradation anthropique ....................................................... .11
1-5- Valorisation du patrimoine architectural rural comme outil de développement durable
du territoire ...................................................................................................................... .11
1-5-1- Identification et conservation ..................................................................... .11
1-5-2- Valorisation .................................................................................................. 12
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I- 2- Généralité sur le patrimoine architectural en Algérie………………………………….12
2-1- Généralité sur le patrimoine architectural en Algérie ............................................... .12
2-2- Typologie de l’habitat rural ....................................................................................... .12
2-3- Typologie de l’habitat rural traditionnel .................................................................... .13
2-3-1- La maison Chaouia .................................................................................... .13
2-3-2- La maison traditionnelle du Souf ................................................................. 13
2-3-3- La maison traditionnelle Touareg ................................................................ 14
2-3-4- La maison kabyle ......................................................................................... 14
2-4- Typologie de l'habitat rural colonial ........................................................................... 15
2-4-1- Maison dans le village colonial ..................................................................... 15
2-4-2- Maison du maitre dans la ferme agricole .................................................... 15
II- L’ARCHITECTURE DANS LES VILAGES KABYLES………………………………………15
II-1- La notion du village kabyle ……………………………………………....…………..........15
1-1- Définition ................................................................................................................... 15
1-2- Typologies des villages kabyles .............................................................................. 16
1-3- Les éléments composant le village kabyle ............................................................. 16
1-3-1- Tajmaat ........................................................................................................ 17
1-3-2- Les ruelles « azniq », « avrid » ................................................................... 17
1-3-3- Les impasses .............................................................................................. 18
1-3-4- L’hara ............................................................................................................ 18
1-3-5- L’entrée de la maison .................................................................................. 18
1-4- Les facteurs influant la production du village Kabyle ............................................... 19
1-4-1- Facteur socioculturel ................................................................................. 19
1-4-2- Facteur environnemental ......................................................................... 19
1-5- Facteurs influant les mutations dans les villages kabyles ....................................... 20
1-5-1- Le phénomène de l’exode rural ................................................................ 20
1-5-2- Le phénomène de l’urbanisation .............................................................. 20
1-5-3- Evolution accélérée par la mondialisation ............................................... 21
II-2- Présentation de l’habitat traditionnel kabyle ……………..…………………...............21
2-1- Composition de la maison kabyle ................................................................... 22
2-1-1- Taqaât .......................................................................................................... 22
2-1-2- Taaricht ........................................................................................................ 22
2-1-3- Taghorfets .................................................................................................... 23
2-1-4- L’kanoun ...................................................................................................... 23
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2-1-5- Tadekkwant ................................................................................................. 24
2-1-6- Adaynine ...................................................................................................... 24
2-2-Impact de la modernité sur la vie sociale en Kabylie ......................................... 24
2-3-Impact de la modernité sur l'habitat ............................................................... 25
2-3-1- La juxtaposition du nouveau à l’ancien ......................................................... 25
2-3-2- La superposition du nouveau à l’ancien ..................................................... 25
2-3-3- La démolition totale de l’ancien .................................................................. 25
III- ETUDE D’EXEMPLES DE VILLAGES TRADITIONNELS………………………………....25
III-1- Kakopetria, Chypre ....................................................................................... 25
1-1- Présentation du village ................................................................................. 25
1-2- Historique ................................................................................................... 26
1-3- Identification des composantes du village ...................................................... 26
1-4- Opération de réhabilitation et de restauration du village ................................... 27
1-5- Les objectifs du projet .................................................................................. 28
1-6- Aboutissement de l’opération de réhabilitation ............................................... 28
1-7- Synthèse .................................................................................................... 28
III-2- Village Djebla à Beni Kessila ...................................................................................... 29
2-1- Présentation du village ................................................................................. 29
2-2- Situation ...................................................................................................... 29
2-3- Opération de restauration menée dans le village ............................................ 30
2-4- Objectifs de l'opération ................................................................................. 30
2-5- Aboutissement de l’opération ....................................................................... 31
2-6- Synthèse .................................................................................................... 31
Conclusion ............................................................................................................ 32
PARTIE PRATIQUE
Introduction…………………………………………………………………………………………...35
I- PRESENTATION DU CORPUS D’ETUDE .......................................................................... 35
I-1- Contexe du village Felden ............................................................................................. 35
1-1- Présentation de la commune ......................................................................... 35
1-1-1- Orientations du PDAU .................................................................................. 36
1-1-1-1- Interprétation des orientations du PDAU ........................................ 37
I-2- Présentation du village Felden ...................................................................................... 37
2-1- Situation ...................................................................................................... 37
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2-2- Historique .................................................................................................... 37
2-3- Accessibilité ................................................................................................. 38
2-4- Configuration spatiale du village ..................................................................... 38
2-5- Typologie d'habitat......................................................................................... 40
2-6- Analyse des données de l'enquête .................................................................. 50
2-6-1- Interprétation du questionnaire et analyse des résultas ............................... 50
2-6-1-1- Transformation de l’ancien bâti ..................................................... 51
2-6-1-2- Rattachement des habitants à l’ancienne maison ....................... 52
2-6-1-3- La question de la réhabilitation de l’ancien bâti ............................ 54
2-6-1-4- Les savoir-faire locaux ................................................................... 55
Conclusion ............................................................................................................ 57
Conclusion générale ........................................................................................................... 58
Bibliographie ............................................................................................................................. 61
ANNEXES ................................................................................................................................. 65
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Liste des tableaux
Tableau 01 : les points forts et les points faibles du projet de restauration du village
de Kakopetria…………………………………………………………………………………………28
Tableau 02 : Les objectifs de l’opération de restauration du village de Djebla……………… 30
Tableau 03 : les points forts et les points faibles du projet de restauration du village
De Djebla………………………………………………………………………………………………31
Tableau 04 : Analyse de la maison 01-type01-…………………………………………………...40
Tableau 05 : Analyse de la maison 02-type02-…………………………………………………...42
Tableau 06 : Analyse de la maison 03-type03-…………………………………………………...44
Tableau 07 : Analyse de la maison 04-type03- …………………………………………………...46
Tableau 08 : Analyse de la maison 05-type04- …………………………………………………...47
Tableau 09 : Nombre d’habitants dans l’ancienne maison……………………………………….50
Liste des figures
Figure 01 : les facteurs de dégradation du patrimoine architectural rural …………………… 10
Figures 02 : La maison traditionnelle du Souf……………………………………………….…. 13
Figure 03: la maison traditionnelle Touareg.…………………....……………………………… 14
Figures 04 : Maison traditionnelle kabyle. Village Felden, Akbou, Bejaia …….…………… 14 Figure 05 : Ferme coloniale. Wilaya d’Ain-Temouchent ……………………………………… 15 Figure 06: Village linéaire édifié le long de la ruelle …………………………………………… 16 Figure 07: Village construit sur un plateau …………….………………………………………...16 Figure 08 : Vue sur Tajmaat …………….……………………………………………………… 17 Figures 09 : Vue sur la ruelle. Village Felden à Akbou, Bejaia…………….………………… .18 Figure 10 : Vue sur taqaât. Village Feldenà Akbou, Bejaia……………………………..…… 22 Figure 11 : Vue sur taaricht. Village Feldenà Akbou, Bejaia………………………………… 23 Figure 12 : Vue sur taghorfets. Village Felden à Akbou, Bejaia……….………………………23 Figure 13: vue sur Adaynine. Village Felden, Akbou………………………………………… 24 Figure 14: vue sur Tadekkwant. Village Felden, Akbou...…………………………………… 24 Figure 15 : Répartition des espaces à l’intérieur d’axxam..……………………………………24
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Figure 16 : Situation de Kakopetria à Chypre…………...………………………………………26
Figure 17: Entrée d'une maison à Kakopetria……………………………………………………27 Figure 18 : Ruelle à kakopetria………..………………………………………………………… 27
Figure 19 : Situation du village Djebla……………………………………...…………………… 29 Figure 20 : Une maison du village Djebla……………………………………………………… 30
Figure 21 : L’intérieur d’une maison réhabilitée du village…………………...……………… 30 Figure 22 :Carte situant la commune de Chellata………...……………………………………35
Figure 23 : Situation du village Felden par rapport à la commune Chellata...……………… 36 Figure 24 : Situation du village Felden par rapport à la Daira Akbou….…………………… 36
Figure 25 : Accessibilité au village de Felden….…………………………………………… … 37 Figure 26 : Configuration spatiale du village de Felden……………………………………… 38
Figure 27 : Vue sur le village de Felden………..……………………………………………… 38 Figure 28 : La mosquée du village………………………..…………………………………… 38
Figure 29 :Tajmmaat du village…………………...…………………………………………… 38 Figure 30 : Une maison du village………..………………………………………………… … 38 Figure 31 : L’intérieur d’une maison du village……………………………………….. ...........38 Figures 32 : Les ruelles du village…………………..………………………………… ……… 39
Figures 33 : La situation des maisons dans le village……………..…………………… ……40 Figures 34: Plan de la maison 01.1/200.………………………………………… ……… …. 40
Figures 35 : Les pathologies de la maison 01………………..…………………… .………… 41 Figures 36 : Plan de la maison 02.1/100……………...………………….............................. 42
Figures 37 : les pathologies de la maison 02…………..………………………………..…… 43 Figure 38 : Plan du RDC de la maison 03. 1/100………………………………………..….. . 44
Figures 39 : Plan d’étage de la maison 03. 1/100……….……………………………………. .44 Figures 40 : les pathologies de la maison 03…………………………………………………. .45 Figures 41 : Plan de la maison 04.1/200…………………………………........................ .... 46 Figures 42 : les pathologies de la maison 04 ……………………………………………...…. 47
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
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Figures 43 : Plan du RDC la maison 05 1/100…………………………………………………47 Figures 44 :Plan d’étage la maison 05. 1/100 ……………………………...…………………48 Figures 45 : Les pathologies de la maison 05 ……………………………………………......48 Figure 46 : Le nombre total des personnes questionnées……………………………………49 Figure 47 :L’état de la maison traditionnelle…………………………………………………..49 Figure 48:Typologie de la maison habitée……………………………………………………..50 Figure 49 : Raison de modification des habitations………………………………………… ..50 Figure 50 : Préservation du caractère de l’ancienne maison……………………….……….. 51 Figure 51 : Fonction actuelle de l’ancienne maison……………………………………………51 Figure 52 : la pratique d’élevage et de l’agriculture………………………………………..…52 Figure 53 : La valeur de l’habitat traditionnel……………………………………………….…52 Figure 54 : La modification de l’ancienne maison avec les matériaux traditionnels………53 Figure 55 :L’adaptation des maisons traditionnelles aux besoins actuels des habitants…53 Figure 56 : Possibilité de retour des habitants à l’ancienne maison réhabilitée……………53 Figure 57 : Savoir construire avec les techniques et les matériaux anciens.………………54 Figure 58: L’intérêt des habitants à faire des formations sur les techniques de constructions traditionnelles………………………………………………………………………………..........54 Figure 59: Le nombre total des personnes questionnées…………………………………. 66 Figure 60 :L’état de la maison traditionnelle…………………………………………………..66 Figure 61:Typologie de la maison habitée…………………………………………………….66 Figure 62 : Raison de modification des habitations…………………………………….…….67 Figure 63 : Préservation du caractère de l’ancienne maison………………………..………67 Figure 64 : Fonction actuelle de l’ancienne maison…………………………………..………67 Figure 65 : Fonction actuelle de l’ancienne maison ………………………………………….67 Figure 66 : La valeur de l’habitat traditionnel…………………………………………..……. 68 Figure 67 : La modification de l’ancienne maison avec les matériaux traditionnels…….. 68
Figure 68 :L’adaptation des maisons traditionnelles aux besoins actuels des habitants..68 Figure 69 : Possibilité de retour des habitants à l’ancienne maison réhabilitée………….69
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Figure 70 : Savoir construire avec les techniques et les matériaux anciens. ………………….69
Figure 71: L’intérêt des habitants à faire des formations sur les techniques de constructions…………………………………………………………………………………………….69 Figures 72: Plan de la maison 01. Ech : 1/200…………………………………………… ……. 70 Figures 73 : Plan de la maison 02. Ech : 1/100…………………………………………………….70 Figures 74: Plan de RDC de la maison 03. Ech : 1/100……………………………………..……71 Figures 75 : Plan d’étage de la maison 03. Ech : 1/100……………………………………….…71 Figures 76 : Plan de la maison 04. Ech : 1/200…………………………………………….……..72 Figures 77 : Plan de RDC la maison 05. Ech : 1/100……………………………………..……...73 Figures 78 : Plan d’étage la maison 05. Ech : 1/100……………………………………..……....73
CHAPITRE
INTRODUCTIF
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
2
Introduction générale :
Le patrimoine architectural est le témoignage de l’héritage bâti légué par nos ancêtres. Selon
l’UNESCO celui-ci englobe les monuments, les ensembles architecturaux, et les sites qui sont
l’œuvre combinée de l’homme et de la nature.
Dans cette optique, l’architecture traditionnelle constitue une richesse qui éveille la mémoire
pour nous rappeler l’existence de générations ayant vécu dans un milieu précis à une époque
antérieure. « Il s’agit d’une architecture qui a été réalisée avec des ressources locales aussi
bien en ce qui concerne les matériaux, les techniques que les compétences de ses
constructeurs. Elle est ainsi l’expression fondamentale de la culture des différentes
communautés et de leur rapport avec la nature et le paysage. »1
Cette architecture traditionnelle fait face, aujourd’hui, aux risques de mondialisation et
d'uniformisation, c’est pourquoi toutes les sociétés, sans exception, aspirent à protéger ce
qu’elles considèrent appartenir à leurs cultures, leurs identités et leurs histoires. Cependant, la
prise en conscience patrimoniale s’est fait progressivement à travers le temps .À l'origine, la
notion du patrimoine se résumait au patrimoine monumental notamment en milieu urbain. Or
actuellement de nouveaux types de patrimoine (patrimoine industriel, maritime, rural, récent…)
sont reconnus protégés et valorisés, car ils constituent un enjeu capital notamment lors ce qu’ils
sont étudiés et conçus dans le cadre du développement durable.
C’est alors qu’évoquer le patrimoine rural revient à s’interroger sur l’un des derniers types de
patrimoine. Celui-ci désigne, donc, les édifices se situant dans les milieux ruraux qui se
présentent principalement sous forme d’habitat traditionnel construit par la population qui y
habite, ayant généralement recours à l’utilisation des ressources locales existantes au sein des
villages.
Comme l’Algérie est un pays dont les racines sont rurales, on y retrouve un patrimoine qui
se manifeste sous plusieurs formes. En effet, le pays est vaste et chaque région possède ses
particularités. Qu’elles soient en relation avec la nature, le climat ou la topographie, celles-ci
poussent à produire une architecture distincte, en harmonie avec le milieu de sa naissance.
Parmi les différentes formes de ce patrimoine, les villages kabyles ont gravé une empreinte
particulière dans le paysage rural algérien .Nichés dans les hautes montagnes, ils
représentent l’expression la plus parfaite de l’alliance homme-nature. En effet, malgré le
caractère difficile des régions montagnardes, à savoir leur topographie, les Kabyles ont su s’y
adapter et composer leur espace de vie. « Leurs habitations se groupent en villages ; tournant
le dos à l’extérieur, elles forment une sorte d’enceinte sans ouverture, aisée à défendre, et
ouvrent sur des ruelles étroites et raboteuses. »2
1CASANOVAS, Xavier &al. Architecture Traditionnelle Méditerranéenne.2007. p 9
2BOURDIEU, Pierre. Sociologie de l’Algérie. 1980. p 9.
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
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L’habitation traditionnelle kabyle est la composante principale du village, elle est d’une
forme architecturale élémentaire, répondant ainsi aux besoins les plus basics de ses occupants.
S’agissant d’une maison unicellulaire, celle-ci regroupait différentes fonctions dans un même
espace. Ces habitations formaient, autre fois conjointement, un ensemble harmonieux à la fois
socialement et architecturalement. Malheureusement ce patrimoine peine aujourd'hui à survivre
et à durer dans le temps.
Problématique :
De nos jours, beaucoup de questions se posent sur le patrimoine architectural en Kabylie et
sur son devenir. Les villages kabyles sont, en effet, soit délaissés ou bien transformés par leurs
habitants. S’inspirant de modèles constructifs importés, ceux-ci ont été contraints de choisir
d’évoluer et de moderniser leur cadre de vie au détriment de leur culture et de leur identité
architecturale originelle. Tel est le cas du village ‘Felden’ situé sur les hauteurs d’Akbou. Un
village à fort potentiel naturel et culturel, dont le paysage est en mutation permanente, ce
dernier se trouve transformé par l’extension de maisons traditionnelles existantes ou bien par
l’implantation de nouvelles constructions qui ont comme fin principale de répondre aux
exigences de la vie moderne.
De ce fait, une évaluation de la situation s’impose et un passage à l’action devient
indispensable. Ce trait d’union entre le passé et le futur tend à disparaitre. Certes, il faut penser
à des alternatives qui nous permettront de le conserver et de le sauver de l’oubli, afin de
pouvoir le transmettre aux générations à venir. Cependant, il faut garder à l’esprit que ce
patrimoine doit être évolutif pour durer dans le temps .On est appelé, donc, à maintenir cette
identité ancestrale par le biais de la conservation de ce patrimoine bâti tout en prenant en
compte les besoins actuels des habitants qui accompagnent le progrès et la modernité. « La
sauvegarde du patrimoine dépend pour beaucoup de la capacité de chaque société à habiter
ses lieux et à savoir concilier tradition et modernité. »3, donc la conservation de ce patrimoine
doit passer essentiellement par l’étude des transformations entreprises sur celui-ci et de leurs
légitimités du point de vue social, patrimonial et juridique ,le but étant de conserver l’habitat
traditionnel kabyle et d’assurer sa durabilité tout en l’adaptant aux besoins de confort et au
mode de vie moderne, alors :
Quels sont les types de transformations perçues dans les habitations traditionnelles
kabyles et quelle est leur influence sur la durabilité de ce patrimoine ?
- Les transformations sont-elles en continuité ou on rupture avec l’habitat traditionnel du
village?
- Quelles sont les causes de transformation et leurs conséquences sur la vie sociale et
sur les valeurs patrimoniales du village ?
- Comment contrôler les transformations de façon à concilier entre la conservation du
patrimoine et le mode de vie moderne ?
3 GRAVARI-BARBAS, Maria. Habiter le patrimoine. 2005. p13.
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
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Hypothèses :
- Avec l’évolution du mode de vie, les habitants sont devenus exigeants en matière d’espace et de confort. Le retour des habitants à leurs maisons traditionnelles délaissées peut être envisageable en cas d’amélioration de la configuration intérieure de leurs demeures, pour atteindre une qualité de vie qui répond aux besoins des habitants, et aux exigences du confort, et la poursuite de l’usage originel doit être prioritaire par rapport au réemploi.
- Paradoxalement, la pérennité de la maison kabyle et de son usage implique d’accepter certaines modifications, mais ces dernières doivent être contrôlées en mettant en place des structures et des outils qui imposent aux villageois de produire une architecture respectueuse de l’aspect traditionnel du village kabyle.
- Les techniques de construction et les matériaux traditionnels doivent être respectés
dans les interventions pour assurer l’harmonie du paysage.
Objectifs :
- Identifier les causes qui ont poussé les villageois à modifier leurs maisons
traditionnelles.
- Proposer des solutions qui permettront de remédier aux problèmes existants dans
l’habitat kabyle.
- Préserver l’authenticité architecturale du village kabyle tout en améliorant la qualité de
vie de ses habitants.
Méthodologie :
Afin d’arriver à répondre aux objectifs de cette présente recherche et comprendre la raison
de la dégradation du patrimoine architectural kabyle, nous suivrons une approche
méthodologique que l’on classera en deux phases.
La première étant une phase théorique, elle se basera sur une recherche bibliographique
pour une compréhension globale de la production et de la transformation des villages kabyles,
et leur place dans la politique de valorisation patrimoniale.
La deuxième étant une phase pratique, où un village kabyle sera analysé d’une échelle macro
à une échelle micro selon deux éléments. Le premier, est une approche typologique suivant
différents critères qu’on classera dans une grille d’analyse, comme la dimension, la fonction, la
distribution…etc. Le deuxième quant à lui, est une enquête par questionnaire pour évaluer les
causes de transformation de l’habitat et la prise de conscience des habitants sur la valeur
patrimoniale d’un village kabyle. Et ce, afin d’établir une relation entre les deux pour illustrer la
production et la transformation de l’habitat traditionnel kabyle.
Structure du mémoire :
Notre travail est structuré en deux parties. La première étant la partie théorique que nous
avons développée en trois principaux points. Pour contextualiser le thème, le premier point
portera sur le concept du patrimoine architectural rural où on introduira, en premier lieu, ses
valeurs, les facteurs pouvant mener à sa dégradation et les différents procédés de sa
valorisation et en deuxième lieu, on traitera le patrimoine architectural rural en Algérie où on
montrera ses différents aspects. Dans le deuxième point, nous mettrons l’accent sur
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
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l’architecture traditionnelle dans les villages kabyles où nous présenterons le village kabyle
avec ses typologies, les différents éléments qui le composent, ses modes de production on
détaillera par la suite l’habitat traditionnel kabyle et nous finirons par déterminer l’impact de la
modernité sur la vie sociale et l’architecture au sein de ces villages. Le troisième point traite des
exemples de valorisation de deux villages traditionnels, l’un désigne celui de Djebla à Beni
K’Sila et l’autre est un village étranger se trouvant à Chypre et qui est le village traditionnel de
kakopetria. Nous allons étudier à travers cette partie les opérations de réhabilitation menées
dans chacun des deux villages.
Dans la partie pratique, nous procéderons à une analyse de notre corpus d’étude qui est le
village kabyle de Felden situé à Akbou dans la wilaya de Bejaia. Nous présenterons, dans un
premier temps, le village à travers sa situation, son histoire, sa configuration puis nous nous
attarderont sur l’habitat dans le cœur historique du village par le biais d’une analyse
typologique. Pour finir, nous effectuerons une analyse des données recueillies sur le terrain à
travers l’enquête sociale par questionnaire menée au sein de ce village.
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
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PARTIE
THEORIQUE
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
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Introduction
Le patrimoine architectural rural est le témoin des générations passées, il contribue à
l’identité de chaque région. L’homme de la compagne a toujours su tirer le meilleur de son
environnement. Les matériaux, formes et volumes du bâti sont toujours liés aux conditions
locales, qui à leur tour produisent des styles d’architecture spécifiques qui aboutissent à des
représentatifs du lieu. Ce qui fait la richesse du milieu rural.
Il existe plusieurs procédés de valorisation de ce patrimoine architectural rural, comme, la
sensibilisation des gens et la promotion touristique. Cette valorisation peut se faire pour de
multiples fins, soit dans le cadre de la promotion d’une culture et identité locales d’un pays, ou
encore dans le but de booster l’économie à travers le tourisme culturel de compagne. Pour ce
faire, des opérations de valorisation se font au niveau des villages qui présentent des
potentialités matérielles ou immatérielles témoignant de l’histoire d’une région.
Les villages kabyles témoignent d’un riche patrimoine bâti. Ils occupent, en général, une
crête, un plateau ou un versant et ils comprennent plusieurs maisons. «Les kabyles vivent
groupés en villages généralement assez importants, pouvant atteindre plusieurs milliers d’âmes
et ne descendant que rarement au-dessous de cinq cents ». 4 Ces villages se composent
quasiment des mêmes éléments « Ils se ressemblent tellement que, quand on ne connait pas
les noms, on les prend indéfiniment les uns pour les autres».5 À l’entrée du village, on trouve
des aires à battre, des greniers à fourrage et des presses rustiques. Au centre, on y trouve
généralement une mosquée, habituellement sans minaret. Il existe aussi des lieux de rencontre
spécifiques au village kabyle, l’un est destiné uniquement aux hommes appelé Tajmaat et
l’autre aux femmes qui est Thala.
La maison kabyle, d’une grande simplicité et d’une forme parallélépipédique, est réalisée à
l’aide des matériaux locaux comme la pierre, la tuile et le bois, un savoir-faire est exigé pour
arriver à l’accomplir. Plusieurs unités d’habitation sont groupées autour d’une cour centrale, une
seule porte assure l’accès.
Dans cette première partie, nous allons, d’abord, aborder la notion du patrimoine
architectural rural. Par la suite nous présenterons les villages kabyles, leur composition spatiale,
leurs typologies et la composition de leur habitat traditionnel. Enfin, nous analyserons la
démarche suivie pour valoriser l’architecture traditionnelle et le patrimoine culturel au sein de
deux villages, le premier étant le village « Kakopetria » à Chypre et le deuxième étant celui de
« Djebla, Beni K’sila » à Bejaïa. Dans chaque exemple nous évaluerons l’aboutissement des
4CHAOUCHE, S. L’habitat rural en Algérie : vers une uniformisation de l’architecture. 2003. p 115.
5CHAOUCHE, Salah et BENCHERIF, Meriama. Une promenade patrimoniale maghrébine à travers le
temps.2013. p 178.
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
8
opérations de valorisation du bâti traditionnel, ainsi nous déterminerons les points forts et les
points faibles de chacune des deux opérations.
I- PATRIMOINE ARCHITECTURAL RURAL
I-1- Aperçu général sur le patrimoine architectural rural :
1-1- Définition du patrimoine architectural rural :
Appelé aussi architecture locale, c’est un patrimoine immobilier attribué aux zones rurales,
celui-ci représente non seulement les habitations, les granges, les étables, mais aussi les
édifices représentatifs comme les églises, les mosquées, les châteaux…etc.
1-2- Emergence de la notion du patrimoine architectural rural :
Le patrimoine architectural rural a commencé à attirer l’attention des spécialistes en
patrimoine, dans les pays de l’occident. En effet en France, le patrimoine rural a été identifié
parmi les nouveaux patrimoines, en 1980, venant s’ajouter à la conception classique qu’on avait
en ce temps-là du patrimoine, qui désigne les patrimoines classiques et monumentaux.6
Ce qui a poussé à parler de ce patrimoine rural c’est bien les menaces auxquelles il fait
face. On a remarqué que, les compagnes dans les différents recoins du monde subissent des
transformations dues aux nouveaux modes de vie contemporains ou encore à l’abandon total
de celles-ci. Cependant plusieurs mesures ont été proposé, afin de faire revivre et de conserver
ce patrimoine. Parmi celles-ci, il y a eu l’instauration des lois obligeant les villageois à respecter
certains critères architecturaux spécifiques à la région où ils vivent, comme c’est le cas au
bourg de Mens situé au sud de Grenoble en France, où l’on oblige les habitant à couvrir les
constructions d’un toit en tuiles écailles afin de préserver l’aspect d’ensemble du village.7
Toutefois, dans les pays du tiers monde, ce bâti traditionnel rural reste méconnu et tend à
disparaitre. Si on prend l’exemple du Maroc, il est vrai que des opérations de réhabilitation de
l’ancien bâti rural ont été mises en place, mais ceci n’est entrepris que pour des fins
d’attractivité touristique dans des zones rurales destinées à recevoir des touristes, en d’autres
termes, les habitants autochtones n’en tirent pas profit de ces opérations-là. « La réhabilitation
des maisons traditionnelles habitées par des populations démunies est loin d’être une
préoccupation des autorités publiques, des actions de coopération internationale et, bien sûr,
de l’initiative privée ; même si certaines demeures recèlent des valeurs architectoniques et
décoratives inestimables et constituent des pans incontournables de l’histoire de l’architecture
et de l’art marocain. »8
6 GUIBOURDENCHE, Pierrette. Conserver le patrimoine, pourquoi ?. 2010. p 5.
7 Ibid. p.11.
8 Pdf Architecture traditionnelle et réhabilitation au Maroc. p9.
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
9
1-3- Les valeurs du patrimoine architectural rural :
Pour qu’un bien architectural soit reconnu comme patrimoine, des valeurs doivent être
attribuées et reconnues à celui-ci. « Dans une perspective patrimoniale, les valeurs peuvent
être définies comme un ensemble de caractéristiques ou de qualités positivement perçues par
certains individus ou groupes d’individus».9
Parmi ces valeurs, on va développer quelques-unes ci-après :
1-3-1- La valeur historique :
La valeur historique représente les apports du temps sur les constructions traditionnelles
rurales, il faut donc en tenir compte afin de conserver l’empreinte historique qui témoigne de la
vie de ces constructions, de l’histoire de la ruralité, des traditions, et des évènements qui ont
influencé la production de l’architecture rurale.
1-3-2- La valeur architecturale et esthétique :
L’ancien bâti témoigne toujours des savoir-faire d’une certaine communauté, pour cela, on
est appelés à le respecter et à se le réapproprier. L’aspect esthétique des constructions rurales
se manifeste dans une architecture simple et épurée produite par les habitants eux-mêmes.
Donc, c’est une architecture vernaculaire qui s’adapte au milieu et qu i tient compte du paysage
dans lequel elle s’inscrit.
1-3-3- La valeur économique et valeur d’usage :
Indique le témoignage que nous apporte un édifice qui a su garder ses fonctions d’origine
et les modes de vie qu’il enveloppe, et ce malgré les effets qui émanent de la modernité. La
valeur économique d’un bien historique se manifeste à travers l’intégration de nouvelles
fonctions qui assureront par la suite l’évolutivité de ce patrimoine et sa contribution au
développement de l’économie. Ceci peut se faire par le biais du tourisme.
1-3-4- La valeur identitaire et sociale :
Le patrimoine architectural rural est considéré comme l’œuvre des sociétés rurales. Il
représente, aussi, une référence et un élément stabilisant au milieu des mutations que
subissent les compagnes.
1-3-5- La valeur pédagogique :
Le patrimoine rural est l’empreinte de nos ancêtres. Celle-ci peut être transmise aux
nouvelles générations par le support pédagogique, c’est-à-dire, par la sensibilisation des jeunes
générations à la protection et à la perpétuation de ce patrimoine à travers son intégration dans
les programmes pédagogiques.
9BENARBIA, Islem. L’évaluation de la valeur esthétique des monuments historiques. 2012, p 15.
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
10
1-4- Facteurs de dégradation du patrimoine architectural rural :
Malgré l’élargissement de la notion du patrimoine architectural et la mise en place d’un
ensemble de chartes internationales, ce patrimoine reste menacé à cause du manque ou
d’absence de stratégie de protection. En effet, plusieurs facteurs ont engendré à la dégradation
de cet héritage à savoir :
1-4-1- Facteurs de dégradation naturels :
La nature peut causer de nombreuses dévastations dans l’ancien bâti, en particulier, le
climat, qui est sans doute le principal destructeur des constructions (l’effet du vent, la pluie, la
neige…etc.) qui agit sur les matériaux provoquant ainsi des effets néfastes dans les différents
éléments de la structure (dégradation des murs, endommagement de la maçonnerie…etc.) qui
s’aggravent au cours du temps. A cela s’ajoute le phénomène du vieillissement des édifices
causé par la pollution atmosphérique et l’humidité. Cette dernière pourrait être le pire ennemie
de l’architecture lorsque l’édifice est laissé sans entretien, puisque la pénétration de l’eau dans
le bâtiment entraine une perte de résistance de ses matériaux, par la suite, la construction
devient inconfortable et risque de se dégrader rapidement. En outre, Les catastrophes qui sont
dues aux forces de la nature (tel que séisme, inondations, incendies) sont aussi des agents
destructeurs.
Figure 01 : les facteurs de dégradation du patrimoine architectural rural. (Source : auteurs, 2016)
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
11
1-4-2- Facteurs de dégradation anthropiques :
A traves le temps, L'action humaine se fait également sentir. L’homme a toujours voulu
modifier et améliorer son cadre de vie ainsi, il a engendré la dégradation du patrimoine et a été
la cause des dégâts qui menacent son héritage, cela à travers différentes manières:
- L’effet destructif des guerres et colonisations, qui dévastent tous ce qui est construit, et
conduit à la dégradation de nombreux édifices patrimoniaux. A cela s’ajoute les travaux
de démolition totale ou partielle des anciennes constructions effectués par les habitants
des zones rurales afin de construire de nouvelles maisons pour répondre à leurs
besoins actuels.
- L’abandon des maisons traditionnelles et leur délaissement par les habitants engendrent
le problème de détérioration de ce patrimoine architectural. En effet, certaines
personnes allant habiter dans les nouvelles constructions, utilisent leurs anciennes
habitations pour d’autres intérêts (écuries, débarras….etc.) cela entraine
l’endommagement progressif de la construction.
- Le mal entretien ou parfois son absence totale qui entraine la dégradation de l’habitat
puisqu’il joue un rôle très important dans la préservation des caractéristiques
architecturales de l’édifice.
Parmi les actions destructrices de l’homme, on a aussi la pollution sous toutes ses formes
qui est due au développement des activités industrielles et à l’augmentation de la population. La
pollution exerce directement des dommages sur les constructions anciennes si le bâti est
abandonné et mal entretenu.
1-5- Valorisation du patrimoine architectural rural comme outil de
développement durable du territoire :
Comme tout patrimoine, le patrimoine rural passe par le processus de patrimonialisation
pour qu’il soit classé « Les sites ou monuments possédant une valeur culturelle ou naturelle,
d'intérêt local ou national, sont répertoriés, évalués et ensuite classés. On appelle ce
processus la patrimonialisation ».10
Les étapes de ce processus peuvent être classées comme suit :
1-5-1- Identification et conservation :
« Pour qu’un objet devienne patrimoine à sauvegarder, il faut l’identifier, le restaurer et le
réhabiliter ; le réfléchir pour qu’il devienne le lieu de la continuité et le rehausser pour qu’il
devienne une référence comme lieu de fierté ».11
10
OUARET, Manel. Cours Patrimoine et processus de patrimonialisation. 2015. p 1. 11
CHAOUCHE, Salah et BENCHERIF, Meriama .Op. Cit. p.15.
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
12
Selon Françoise Choay, les critères de patrimonialisation, sont :
Identité : est l’ensemble des caractères principaux d’un bâtiment.
Qualité architecturale inhérente.
Le rapport du bâtiment au site.
Le degré de conservation du bâtiment.
La représentativité ou l’exemplarité
Le bâtiment peut être témoin de l’histoire ou représentatif d’une théorie ou d’un
savoir-faire.
Il peut occuper une place importante dans la mémoire collective « patrimoine social.
La continuité : il doit permettre un renouvellement constant, et doit pouvoir survivre en
changeant de fonction par exemple, cette recréation lui permet de s’enraciner dans la
mémoire collective.
1-5-2- Valorisation :
La valorisation est une étape importante pour la conservation du patrimoine, dans une
démarche durable, elle réussit à garder le patrimoine vivant et empêche tout risque qu’il tombe
dans l’oubli. Elle participe à la diffusion de sa valeur, démontre son importance dans la vie des
populations. La valorisation du patrimoine se fait par les habitants, par la sensibilisation à
travers des agences et programmes pédagogiques ou encore par le tourisme
I-2- Le patrimoine architectural rural en Algérie :
2-1- Généralité sur le patrimoine architectural en Algérie:
L’Algérie est à dominante rurale avec sa morphologie, sa nature, ses montagnes, ses oasis
et son Sahara. Son milieu rural renferme différents bâtiments ruraux, qui s’intègre à la fois au
site, climat, mais aussi à l’organisation et à la structure sociale des habitants. Plusieurs
éléments ont aidé à garder et à produire l’architecture traditionnelle rurale comme :
l’attachement de l’homme à la production agricole et sa maitrise du processus de production de
son logement, pour ainsi produire une architecture vernaculaire. L’Algérie est un territoire qui a
connu un passage de plusieurs civilisations : Romaine, Ottomane et en dernier la colonisation
française. Chacune ayant laissé son empreinte architecturale engendrant ainsi une variété dans
les tissus ruraux.
2-2- Typologie de l’habitat rural :
L’Algérie présente un territoire étendu, d’où sa variété morphologique, ajouté à cela les
conditions socio-économiques et historiques, ce qui a favorisé la production de plusieurs
typologies de l’habitat afférentes aux différentes régions et époques « Cependant, et s'il est vrai
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
13
que la ruralité est un mode d’occupation de l'espace, c'est aussi un mode de vie, caractérisé par
un rapport particulier à cet espace. »12 . On a classé les habitations selon deux typologies
2-3- Typologie de l’habitat rural traditionnel :
2-3-1-La maison Chaouia :
Dans le village « dechera chaouia » ou « Tadarth », les maisons sont adossées aux mi-
versants de montagnes s’intégrant ainsi au site rocheux. Un escalier est créé grâce à ces
maisons «la terrasse de la maison sert de plancher à la maison supérieure. La couverture,
donc, est une terrasse légèrement en pente qui déborde sur les murs» 13 . L’aération des
maisons est assurée à l’aide des trous qui ont une forme triangulaire.
2-3-2-La maison traditionnelle du Souf :
La maison du Souf se montre comme un lieu clos, cela est dû à ses murs aveugles qui ont
pour but la préservation de l’intimité de ses habitants. Les dimensions des pièces dans la
maison du Souf sont réduites, les ouvertures sont présentes avec des dimensions réduites et
elles sont perchées assez hautes. La toiture est l’élément qui caractérise la maison du Souf,
elle se présente en voûte ou en coupole pour ne pas amasser le sable « tous ces facteurs
permettent de créer un microclimat intérieur qui ne nécessite ni chauffage en hiver, ni
climatisation en été».14
12
BAKLOUTI, Naceur. L’architecture traditionnelle en Tunisie : l’habitat en Tunisie. p 1. 13
CHAOUCHE, Salah et BENCHERIF, Meriama. Op.cit.p.75. 14
Ibid.p.183.
Figures 02 : La maison traditionnelle du Souf. (Source : http://algeriadz.com/)
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
14
2-3-3-La maison traditionnelle Touareg :
La maison traditionnelle Touareg est
nommée « LA ZERIBA », elle est construite
avec des matériaux locaux, à savoir la pierre et
les feuilles de palmiers. Elle est installée au
pied d’une colline ou d’un petit mont pour
assurer la protection contre les vents de sable.
2-3-4-La maison Kabyle :
La maison Kabyle est d’une architecture authentique de la région Kabyle, où elle s’intègre
aux montagnes qui caractérisent cette région. La maison est implantée sur la crête ou sur la
pente. Une architecture léguée par nos ancêtres, qui répondait à leurs besoins, construite à
l’aide des matériaux locaux comme : la pierre, la tuile, le pisé. La maison kabyle est d’une forme
parallélépipédique surmontée d’un toit en tuile, une seule porte d’entrée et une petite percée
(fenêtre) viennent interrompre cet espace clos qui assure l’intimité des gens qui y habitent.
L’ensemble de ces maisons forment un espace introverti « tournant le dos à l’extérieur, les
habitations, sans ouvertures, sont jointes entre elles si bien qu’elles en font de véritables
forteresse »15. La maison Kabyle reste une maison exemplaire en matière de respect de
l’environnement où elle est insérée parfaitement.
15
CHAOUCHE, Salah et BENCHERIF, Meriama. Op. cit. p. 178.
Figure 03: la maison traditionnelle Touareg. (Source : http://www.villagegraphic.com/)
Figures 04 : Maison traditionnelle kabyle. Village Felden, Akbou, Bejaia. (Source : auteurs, 2016).
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
15
2-4- Typologie de l’habitat rural colonial :
L’architecture rurale coloniale, est une architecture produite par le colonialisme français sur
le sol algérien dès son arrivée en 1830. Le peuplement officiel du pays a commencé en 1848,
avec la création de 42 colonies agricoles16. La France a attribué de petits lots de terrains aux
colons afin que ces derniers les exploitent et y construisent des maisons pour y habiter.
2-4-1-Maison dans le village colonial :
« L’implantation des villages était liée aux possibilités agronomiques »17, dans le village
colonial, généralement chaque maison est accolée à la rue, avec un espace pour le jardin. La
maison est d’une taille moyenne et s’étale sur deux niveaux maximum. Elle est d’une forme
simple, généralement recouverte d’un toit en tuile. La maison dans le village colonial est
destinée aux colons exclusivement d’origine européenne.
2-4-1- Maison du maitre dans la ferme agricole :
Située au milieu rural, dans la ferme agricole, la maison du maitre est celle du propriétaire
de cette ferme. Elle est souvent plus spacieuse que celle du village colonial. Elle dispose d’une
toiture en tuile.
II- L’ARCHITECTURE DANS LES VILLAGES KABYLES
II-1- La notion du village kabyle :
1-1- Définition :
Le village kabyle dit « taddart » du mot kabyle « idder » qui signifie « vivre en dualité avec
la nature »18 est définie comme une « unité politique et administrative, fondamentale dans la
16
<http:// www.wekipidia.fr/>: Centre de colonisation – Algérie. 17
BOUFASSA, Sami. Cours : L’Algérie comme territoire de colonisation. 2015/2016. p 3. 18
< https://www.tizihibel.net/>: toponymie village kabyle
Figure 05 : Ferme coloniale. Wilaya d’Ain-Temouchent. (Source : http://fr.alltravels.com/)
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
16
société kabyle »19. Plusieurs autres définitions ont été attribuées au village kabyle, E.Masqueray
définit « taddart » comme un « mot vague » qui signifie « pluralité de maisons »20.
En général, la plupart des villages kabyles sont construits sur les crêtes et les versants des
montagnes ou encore sur les plateaux. Ces villages sont formés progressivement, au cours du
temps, par la construction de nombreuses maisons qui sont accolées l’une à l’autre formant
ainsi un quartier appelé taxxarubt (pluriel ixxerben) qui, eux-mêmes réunis, constituent adrum
(pluriel iddermen) dont le regroupement forme taddart( pluriel thudrine ou tuddar).
Les villageois subvenaient à leur besoins personnels par la culture de la terre et l’élevage
des animaux et aussi, ils pratiquent d’autres activités artisanales tel que la poterie, la bijouterie,
le tissage, etc ; qui permettent aux habitants d’échanger leur production les uns avec les autres.
1-2- Typologies des villages kabyles :
La typologie des villages kabyles est liée à la géographie et à la morphologie de la région.
Selon Emile MASQUERAY, il existe deux types de développements des villages : l’un présente
des villages allongés qui se développent de manière linéaire longeant ainsi sur les versants et
les montagnes, l’autre présente des villages circulaires qui se développent d’une manière
concentrique sur les sommets des montagnes ou bien sur les plateaux. Dans les deux cas, la
morphologie du site avec ses reliefs et ses pentes dirige la structure spatiale du village dont les
composants sont les mêmes.
1-3- Les éléments composant le village kabyle :
Le village kabyle est composé de plusieurs éléments. Selon un passage graduel de
l’extérieur vers l’intérieur, on peut distinguer les structures suivantes : Tajmaat, la ruelle (aznik),
l’impasse, l’hara et enfin l’entrée de la maison.
19
BASAGANA, Ramon et SAYAD, Ali. Habitat traditionnel et structures familiales en Kabylie. 1974. p 18. 20
MASQUERAY, Emile. Formation des sites chez les populations sédentaire de l’Algérie, Kabylie du Djurdjura,
Chaouia de l’Aoures, Béni M’ZAB. 1983. P 83. Cité dans « ALILI, Sonia. Guide technique pour une opération de réhabilitation du patrimoine architectural villageois de Kabylie. 2013, 20 p. »
Figure 06: Village linéaire édifié le
long de la ruelle. (Source :
http://labellerebellekabylie.centerblog.net/)
Figure 07: Village construit sur un
plateau. (Source : ALILI, S. Op.cit. p21)
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
17
A ceux-ci, on peut rajouter les éléments qui accompagnent le village : la mosquée du
village (l’djamaa), la fontaine (tala), le moulin d’olivier (lmaasra) et l’aire de battage (anar).
1-3-1-Tajmaat :
C’est le lieu où se génère toutes les affaires et les réunions du village dans le but de
résoudre les problèmes des habitants et régir les intérêts communs. C’est un espace destiné
exclusivement aux hommes, constitué généralement des aaqâlet l’imam du village où les
kanouns (lois) sont établies avec la participation de tous les habitants du village. Tajmaat est un
espace bâti qui a des formes variées, il peut être un lieu fermé ou parfois un passage recouvert
d’un toit. En effet, Tajmaat est le premier espace qui se situe à l’entrée du village, il est
considéré comme un lieu de transition entre l’intérieur et l’extérieur du village.
1-3-2-Les ruelles « azniq », « avrid » :
Les ruelles sont les éléments qui composent la structure du village kabyle, elles desservent
les différentes maisons, et ont des formes diverses, elles peuvent être linéaires ou sinueuses
changeant à chaque fois de directions.21 Ces ruelles sont tracées parallèlement aux courbes de
niveaux, elles sont considérées par les villageois comme des éléments extérieurs alors que les
étrangers les considèrent comme des éléments intérieurs. Les ruelles sont revêtues de petites
pierres taillées qui sont posées d’une manière à avoir interstices de terre pour évacuer les eaux
pluviales et éviter ainsi toutes inondations.22
21
ALILI, Sonia. Guide technique pour une opération de réhabilitation du patrimoine architecturale
villageois de Kabylie.2013. 133 p. 22
Ibid. p.22.
Figure 08 : Vue sur Tajmaat. (Source : http://www.djazairess.com/)
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
18
1-3-3-Les impasses :
C’est aussi un élément composant la structure du village, elle se présente comme une
ruelle, espace fermé et étroit mais, très rarement tortueuse et se termine en cul de sac, ce qui
crée un effet de répulsion et de rejet chez le passant.
1-3-4-L’hara :
C’est l’espace privé du villageois, elle se compose de deux parties principales, c'est-à-dire
elle est formée d’un espace couvert « axxam», ordonnée autour d’un espace découvert
« afreg »23 ou « amrah », et avec l’agrandissement de la famille, la parcelle sera de plus en
plus densifiée par l’addition d’autres axxam ou tixxamin à cet espace. Ces hwaris(pluriel de
l’hara) se diffèrent dans leurs formes et leurs dimensions selon la forme et la superficie du
terrain ainsi que le nombre d’occupants qui y habitent.
La cour ou « afreg » est un espace à plusieurs fonctions, il sert pour la circulation mais
aussi comme un lieu pour effectuer les différentes activités quotidiennes de la famille comme
les tâches ménagères.
1-3-5-L’entrée de la maison :
A l’entrée de la maison, « asquif » est le premier espace qu’on rencontre. Il est considéré
comme le lieu de transition entre l’intérieure et l’extérieure de la maison, c’est l’endroit où le
visiteur devra attendre avant d’être admis dans l’hara. On y trouve parfois des banquettes qui
sont disposées latéralement de part et d’autre ; on les appelle « idekkwanen » (pluriel de
« Adekkwan »). On peut aussi y accéder avec des porches d’entrée ou par des espaces en
chicane.24
23
KACI, Mebarek. Contribution à la protection de l’architecture rurale traditionnelle : cas du village antique de Taksebt en Kabylie maritime. p 42. 24
ALILI, Sonia. Op. Cit.p.25.
Figures 09 : Vue sur la ruelle. Village Felden à Akbou, Bejaia. (Source : auteurs, 2016).
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
19
1-4- Les facteurs influant la production du village Kabyle :
L’organisation spatiale et fonctionnelle du village kabyle est liée à plusieurs éléments tel
que le mode de vie de la société, la relation avec l’environnement ainsi que le mode de la
production, ces différents éléments peuvent être résumés en deux principaux facteurs :
1-4-1- Facteur socioculturel :
Le village kabyle est formé de plusieurs maisons qui sont accolées les unes aux autres ou
bien séparées par des ruelles dont cette disposition des maisons est liée directement au mode
de vie des villageois qui se base sur la solidarité et la cohésion sociale,
Dans le village traditionnel kabyle, la famille est considérée comme l’unité fondamentale
dans la structure de la société, où l’individu, homme et femme, ont pour chacun un ensemble
d’activités et devoirs à accomplir, cette séparation est bien appréciable à l’extérieur de la
maison(village) qu’à l’intérieur , du fait que la maison est un espace de vie familiale, de relation
d’intimité et apparait comme un domaine féminin réservé aux femmes (cuisine, repas, tissage,
etc.) tandis que l’extérieur est l’univers de l’homme( la culture des champs, faire le marché,
…).Pourtant, l’habitation kabyle se compose d’une seule pièce qui abritait tous les membres de
la famille, cela a poussé les habitants de ces village de mettre au point une architecture qui
s’adapte plus à leur mode de vie.
En outre, La croissance du village se faisait horizontalement par dédoublement 25 des
maisons à l’intérieur des parcelles appartenant à la même famille, et très souvent, « des
propriétaires de plus grands terrains pouvaient annexer à cette habitation principale, autour
d’une cour, d’autres unités plus petites, taxxedint, à l’usage de chambres, pour accueillir les
garçons mariés. la vie domestique (cuisine, repas, tissage) continue à se dérouler entièrement
dans la maison «mère», l’axxam »26. En effet, cette façon de regrouper les maisons donne au
village kabyle son caractère de compacité qui assure son intimité.
1-4-2- Facteur environnemental :
Le fonctionnement du village traditionnel kabyle répond aux besoins de l’homme tout en
respectant l’environnement ainsi que l’intégration à la morphologie du site. La société kabyle est
fortement attachée à ses terres, faisant de l’agriculture un travail au quotidien, et malgré les
contraintes que le site présente, la culture de la terre et l’élevage des animaux sont considérées
comme des ressources indispensables pour la population locale. En effet, ce mode de
production influence l’organisation fonctionnelle du village kabyle.
En outre, Les maisons dans le village kabyle se localisent sur le sommet des crêtes et
descendent progressivement vers le bas, elles sont implantées perpendiculairement aux
courbes de niveaux tandis que les passages et les ruelles le sont parallèlement, ce procédé de
25
KACI, Mebarek. Op. Cit. p. 40. 26 GUIBBAUD Charly. La maison kabyle. P 15.
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
20
construction sur les versants a pour but de préserver les terres fertiles, pour des raisons
défensives, la protection contre l’eau (inondations) et pour dominer l’environnement.
Les maisons kabyles sont construites à base de matériaux naturels prélevé in situ : la
pierre (extraites des oueds, de l’épierrage des champs, etc.), la terre, le bois, la tuile qui est
fabriquée traditionnellement par les habitants, cela signifie l’existence d’une forte liaison entre
la société kabyle et son environnement.
L’orientation des maisons kabyles est imposée par le climat et la topographie du site, pour
la pénétration de la lumière, levé et couché du soleil , l’aération et la protection contre les vents
violents.
1-5- Facteurs influant les mutations dans les villages kabyles :
Pendant ces dernières années, les conditions générales de la vie en Algérie se sont
grandement transformées. Les différentes crises politiques, économiques et sociales ont
accéléré ces changements dans tout le territoire algérien et en particulier dans les zones
rurales. L’Algérie d’après-guerre offrait l’image d’un monde traditionnel rural, structuré et
hiérarchisé 27 . En effet, juste après 1962, des mutations considérables liées aux différents
phénomènes et événements ont favorisé la naissance de nouvelles pensées dans les
espaces ruraux. En effet, ces transformations ont un impact direct sur l’héritage architectural
rural légué par nos ancêtres.
1-5-1- Le phénomène de l’exode rural :
L’avènement de l’exode rural n’est pas récents en Algérie, le pays a connu des grandes
transformations dues au déplacement de la population rurale vers les centre urbains ; avant et
après l’indépendance, « La guerre d’indépendance (1954-1962) va considérablement accélérer
le processus de concentration urbaine. La violence des combats et de la répression dans les
campagnes pousse des multitudes de familles rurales à se réfugier dans les villes, tandis que la
politique des regroupements conduit au déplacement forcé et au déracinement souvent définitif
de plus de deux millions de ruraux ».28
Ajoutant à cela, la situation défavorable de la société rurale : pauvreté, chômage, conditions
climatiques difficiles, marginalisation et isolement…etc., qui a encouragé l’exode rural vers les
nouvelles villes urbaines. En effet, ce déplacement de la population a engendré un
délaissement des anciennes habitations, qui, peu à peu ont été abandonnées à la ruine.
1-5-2- Le phénomène de l’urbanisation :
Le phénomène d’urbanisation en Algérie s’accentue de plus en plus de façon non
maitrisée. L’urbanisation a touché même l’espace rural. L’augmentation de la population des
villes entraine les citadins à se déplacer et à s’installer dans l’espace rural au-delà de la
banlieue. Cet étalement urbain sur les milieux ruraux est effectué dans des terres agricoles ou
parfois au profit des espaces contenant des anciens bâtis qui sont abandonnées par leurs
27
BENALI, Radjia.Education familiale en Algérie entre tradition et modernité.2005. 28
GUILLERMOU, Yves. Villes et campagnes en Algérie. 1999 .p 50.
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
21
occupants. En outre, ces espaces ruraux subissent, sous l’influence urbaine d’importantes
mutations et se transforment par la suite en de nouvelles compagnes qui deviennent un espace
de vie, de travail et de récréation pour les citadins comme pour les ruraux29. En effet, les
travaux (infrastructures, zones commerciales…etc.) dus à l’urbanisation dans les zones rurales
entrainent sans cesse la détérioration de l’héritage architectural rural et provoquent ainsi sa
disparition.
1-5-3- Evolution accélérée par la mondialisation :
Pendant la colonisation, les communautés rurales en Algérie ont été soumises à une
destruction des structures spatiales et sociales ce qui a engendré par la suite des
conséquences graves sur l'environnement bâti. La confrontation avec le mode de vie et en
particulier le mode d'habiter occidental généré par cette colonisation a entrainé des mutations
de grandes ampleurs. Après l’indépendance, ce phénomène s'est accru sous l'influence des
médias. Ces changements ont évidemment entrainé beaucoup de problèmes qui touchent le
mode de vie dans les zones rurales. Aujourd'hui, les ruraux considèrent que les maisons
traditionnelles représentent ce qui est vieux et n'a pas évolué, et que le fait de vivre dans ces
anciennes maisons souligne concrètement leur retard. Cela a poussé les habitants à
développer de nouvelles habitudes qui s’adaptent aux besoins de vie actuels et essayent de
transformer leurs habitations suivant l'image qu'ils se font de la modernité. A travers cela, une
nouvelle architecture est en train de se développer tout en essayant de se démarquer du
traditionnel (nouveaux matériaux de construction, nouveaux modèles constructifs, nouvelle
relation à l'espace extérieur …). En effet, ces transformations dans l’ancien bâti engendrent
l’effacement du patrimoine architectural traditionnel ce qui mène par la suite à une rupture
identitaire.
II-2- Présentation de l’habitat traditionnel kabyle :
La maison traditionnelle kabyle, appelée « axxam », a longtemps été construite de manière
à respecter l’environnement dans lequel elle s’implante. Le matériau principal de sa
construction étant la pierre, était soit extrait par son propriétaire ou bien acheté. « Lorsque
quelqu’un veut construire une maison, il fait extraire de la pierre ou en achète, puis il prépare
les poutres de la charpente, les pieux de bois qui le soutiendront, les cheverons et les tuiles. »30
La construction, en Kabylie, se fait collectivement avec l’aide des villageois. Ces derniers
viennent aider lors de la pose de la toiture, pendant que les femmes préparent le repas auquel
sont invités les villageois ayant pris part à cet évènement.
L’architecture de l’habitat, dans les villages kabyles, était à caractère évolutif, se
transformant au fil des années suivant les besoins des familles au sein de leurs maisons. En
effet, plus la famille s’agrandissait plus de nouvelles pièces se développaient à côté de la
maison principale entourant la cour centrale appelée « afrag ».
29
De la ville à l’espace rural.p 8. 30
GENEVOIS, H. Op. cit. p. 31.
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
22
Vue de l’extérieur, la maison kabyle est généralement pourvue de deux murs à pignon et
deux murs de façade. L’ensemble de ces murs n’est généralement percé que par une seule
petite fenêtre, servant à la fois à l’évacuation de la fumée et à l’éclairage de « taaricht » ; ainsi
que par une ou deux portes, l’une donnant sur la cour ou « afrag »,servant de passage pour les
hommes et les bestiaux à la fois, et l’autre qui donne sur un jardin appelé « tachraht », celle-ci
n’étant empreinte que par les humains.
Pour ce qui est de l’organisation intérieure, la maison est à l’origine composée d’une seule
pièce de vie. Elle englobe deux principaux espaces : « taqaԑet » pour les gens et « adaynine »
pour les animaux. « C’est à la taqaԑet que les gens dorment, mangent, font de la cuisine. »31
2-1- Composition de la maison kabyle :
La maison kabyle est une maison unicellulaire d’une grande simplicité. Elle se compose de
deux parties de base. L’une est dédiée aux gens et l’autre aux animaux. La première partie
réunit à la fois plusieurs espaces. À chacun de ces derniers sont attribuées une appellation et
une fonction spécifique qu’on va définir dans ce qui suit :
2-1-1- Taqaât:
Appelée aussi « agun » ou « tigherghert » selon les régions, elle est de plan rectangulaire
occupant dans la plupart du temps les deux tiers de la superficie de la maison. Elle représente
l’espace de vie dans l’habitation kabyle où les habitants dorment, préparent à manger, et
pratiquent le métier à tisser.
2-1-2- Taaricht :
«Taaricht est une soupente située sur
adaynine et dont les dimensions sont identiques à ce dernier sauf en hauteur, taaricht étant
plus basse qu’addaynine».32Elle est faite avec des planches. Les habitants y déposent leurs
31
Ibid. p. 33.
Figure 10 : Vue sur taqaât.Village Felden à Akbou, Bejaia (Source : ALILI, S. Op.cit. p28)
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
23
provisions, les couvertures, les coffres...etc. Elle est aussi utilisée comme dortoir quand la
famille se sent à l’étroit. Cet espace est soit clôturé par un mur muni d’une ouverture pour y
accéder, soit cachée aux regards par les ikufan qui s’alignent au-dessus de tadekkwant.
2-1-3-
Taghorfets :
C’est un espace situé au deuxième niveau, au-dessus de asqif ou de thaxxamt. L’accès à
taghorfets se fait à l’aide d’un escalier ou juste d’une échelle. Cette pièce est rajoutée lorsque la
famille manque d’espace à cause de son agrandissement. Elle est utilisée soit pour dormir ou
bien pour le rangement des réserves.
2-1-4- L’kanoun:
32
BASAGANA, Ramon et SAYAD, Ali. Op. cit. p.21.
Figure 12 : Vue sur taghorfets. Village Felden
à Akbou, Bejaia. (Source : auteurs, 2016).
Figure 11 : Vue sur taaricht. Village Felden à Akbou, Bejaia. (Source : auteurs, 2016)
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
24
Le foyer se trouve dans l’un des coins opposés à addaynine. C’est une « cavité circulaire
d’environ 15 cm de profondeur et 20 cm de diamètre »33. Il est placé près du mur opposé à
l’étable appelé tacravt.
2-1-5- Tadekkwant :
Tadekkwant est la partie intermédiaire entre l’étable et taqâat. Il s’agit d’un mur à claire-voie
sur lequel reposent à la fois les ikufan et les poutres du plancher recouvrant la partie réservée
aux animaux. En dessous de tadekkwant se situent les mangeoires des bestiaux qu’on appelle
lemdawed. Elle est habituellement construite par le propriétaire ou le maçon en utilisant les
pierres restantes après avoir terminé la construction des murs de la maison.
Quant à la partie réservée aux animaux, elle se résume en un seul espace qui est :
2-1-6- Adaynine :
Il occupe le tiers restant de la superficie de la maison kabyle. Cet espace est situé en
contrebas de taqaât et destiné à héberger les animaux. Ces derniers représentaient une source
de chaleur pour les occupants de la maison, en hiver.
33
BASAGANA, Ramon et SAYAD, Ali. Op. Cit. p. 23.
Figure 15 : Répartition des espaces à l’intérieur d’axxam.
(Source : GUIBBAUD, C. la maison kabyle, élément structurant de la
société kabyle. p.6)
Figure 14:Vue sur tadekkwant. Village Felden, Akbou. (Source : auteurs, 2016)
Figure 14: vue sur Tadekkwant. Village Felden, Akbou. (Source :
auteurs, 2016)
Figure 13: vue sur Adaynine. Village Felden, Akbou. (Source :
auteurs, 2016)
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
25
2-2- Impact de la modernité sur la vie sociale en Kabylie:
La venue de la modernité a transformé la société rurale kabyle. Cette société qui était
autrefois liée à ses terres, faisant de l’agriculture un travail au quotidien, une société unie avec
de forts rapports de voisinage et d’entraide entre les villageois. Il s’agit là d’un processus de
mutations qui a été accéléré par la mondialisation et la diffusion de nouveaux modèles de vie et
de réussite sociale par les différents moyens de communication. Influant ainsi sur les rapports
sociaux existants au sein des villages, et cela par le « passage du mode de vie de famille
large/traditionnelle à celui de famille nucléaire/moderne »34.A cela s’ajoute l’urbanisation, qui a
poussé les gens à laisser le travail de la terre, ayant toujours été leur gagne-pain principal, pour
aller travailler dans les villes.
2-3- Impact de la modernité sur l’habitat :
L’habitat dans les villages est l’un des éléments principaux qui ont été touchés par les
effets de la modernisation dans l’espace rural kabyle. En effet, avec la mondialisation de
nouveaux modes d’habiter ont vu le jour dans les villages kabyles. Les gens en quête de confort
et d’espace, ont peu à peu transformé leurs habitations. Commençant par l’ajout des sanitaires
allant jusqu’à la modification totale de la maison traditionnelle. Les formes de modifications se
présentent sous 3 aspects principaux qui sont :
2-3-1- La juxtaposition du nouveau à l’ancien :
Dans ce cas de figure, l’ancienne maison est gardée intacte, mais les habitants
construisent une nouvelle habitation jouxtant l’ancienne, dotée de nouvelles commodités et
avec des matériaux nouveaux qui sont en rupture avec ceux utilisés habituellement lors de la
construction.
2-3-2-La superposition du nouveau à l’ancien :
Ce cas-ci est encore un, où les habitants préfèrent préserver leur ancienne demeure, mais
l’agrandissent en construisant au-dessus de celle-ci. Là encore, avec de nouveaux matériaux
marquant ainsi un contraste entre le bas niveau et celui du dessus.
2-3-3- La démolition totale de l’ancien :
Les habitants construisent une nouvelle bâtisse au détriment de l’ancienne. Cette dernière
est totalement détruite et remplacée par une habitation plus confortable et plus moderne qui est
en totale rupture avec le bâti traditionnel.
34
SINI, Chérif. Le kabyle à l’épreuve de la modernité et des mutations sociopolitiques et
socioéconomiques. 2015. p 1.
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
26
III - ETUDE D’EXEMPLES DE VILLAGES TRADITIONNELS
III-1- Kakopetria, Chypre :
1-1- Présentation du village :
Kakopetria est un village chypriote, il fait partie de la région de lefkosia, dans la vallée de
Soléa. Il se situe à 55 km à l’est de la capitale. Son cœur historique se trouve sur la rive Est de
Karkotis. Il est plutôt compact avec une architecture traditionnelle très marquée, et ce grâce à
sa classification comme zone protégée par le Ministère des Antiquités et le Ministère de la
Planification urbaine et du Logement.35
Le village compte près de deux mille habitants36 qui se sont stabilisé dans la région grâce aux
opportunités de travail que leur a offert le secteur du tourisme.
1-1- Historique :
« Kakopetria » est à l’origine composé de deux mots : « Kaki-petra ». Ce dernier veut
dire « pierre noire ». Selon la légende, ce nom a été donné au village après un incident qui est
survenue lors d’une cérémonie de mariage, où une grosse pierre était tombée de la montagne
tuant sur son passage le jeune couple qui célébrait ce mariage37.
Le peuplement du village a débuté autour du 6 ème – et 7 ème siècle. En 1974, les turques
ont envahi le village et y ont développé le tourisme. Actuellement, ce dernier est considéré
35Achitecture traditionnelle méditerranéenne Kakopetria. p 01 36Rehabimed Architecture Traditionnelle Méditerranéenne. p174 37
Vacanceachypre: <http://www.vacancesachypre.com/>.
Figure 16 : Situation de Kakopetria à Chypre (Source: Architecture Traditionnelle
Méditerranéenne et auteurs)
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
27
comme la plus importante source économique de la région, en plus de la production fruitière
(particulièrement de la vigne)38.
1-2- Identification des composantes du village :
Le tissu bâti du vieux Kakopetria se développe linéairement le long des rues, sur la pente
de la montagne. La fonction d’origine de ce bâti est essentiellement l’habitat. Les maisons,
d’une architecture extravertie, bordent les ruelles sans laisser d’espace entre elles et couvrant
la totalité de la parcelle, donc on remarque l’absence des cours et jardins. De par la forte pente
du site ainsi que son humidité, les habitants ont construit leurs maisons verticalement. Le rez-
de-chaussée de l’habitation fait, habituellement, office de rangement, de cave ou d’étable,
tandis que l’étage servait d’espace de vie familiale.39
1-3- Opération de réhabilitation et de restauration du village :
C’est l’entreprise Kouspes qui s’est chargé du programme de valorisation du bâti
traditionnel dans le village. A ce jour plus de 20
maisons traditionnelles ont été réhabilité, et ce par leur
reconversion en deux restaurants, un centre culturel
muni d’une cafétéria et une multitude d’habitations.
L’entreprise emploi quinze personnes dans le secteur
du tourisme et cinq autres dans les travaux de
construction40.
38
Achitecture traditionnelle méditerranéenne Kakopetria. p 02 39
Ibid. p.1. 40
Réhabimed. Op. cit. p.174.
Figure 17: Entrée d'une maison à Kakopetria (source: www.flickr.com)
Figure 18 : Ruelle à kakopetria (Source:tripwow.tripadvisor.com )
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
28
Le Ministère des Antiquités et le Ministère de la Planification urbaine et du Logement ont
enregistré la majorité des habitations du village comme secteurs protégés, et le gouvernement
s’occupe largement des frais de restaurations. De ce fait, L’ancien village a été déclaré Zone
sous contrôle, et des restrictions et obligations ont été émises afin d’homogénéiser la hauteur et
le style des constructions41.
1-4- Les objectifs du projet :
L’objectif principal du projet est axé sur le tourisme de compagne, à travers celui-ci découlent
des sous-objectifs qui sont les suivants :
Stabiliser la population rurale en lui offrant des opportunités d’emploi et de sources de
revenu.
Protéger et valoriser le patrimoine rural, le patrimoine architectural en le réhabilitant les
constructions et le patrimoine immatériel en poussant les habitants à exploiter leurs savoir-
faire.
Attirer les touristes en leurs proposant une architecture qui témoigne d’un patrimoine et
d’une culture ancestrale.
Créer des structures d’accueils pour les touristes en convertissant quelques habitations en
hôtels, maisons d’hôtes, restaurants…etc.
Protéger le paysage culturel de la région.
1-5- Aboutissement de l’opération de réhabilitation :
Volet architectural :
Projet toujours en cours.
20 maisons déjà réhabilitées.
Reconversion et création de deux restaurant et un centre culturel.
Volet social :
Renaissance du village grâce au retour des habitants qui ont été attiré par les opportunités
de travail qu’offre le secteur du tourisme.
Sauvegarde des savoir-faire locaux par les habitants pour le service du touriste.
Volet économique :
Développement de l’économie locale grâce au tourisme.
Création d’emplois pour la population locale dans les deux secteurs de construction et du
tourisme.
1-6- Synthèse :
41
Achitecture traditionnelle méditerranéenne Kakopetria. p.3.
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
29
Dans le tableau ci-dessous, nous avons défini les points forts et points faibles du projet de
restauration du village de Kakopetria à Chypre:
Points forts Points faibles
Le but de projet de réhabilitation de protéger le paysage culturel du village.
Prise en considération de la population locale en lui offrant des possibilités de travail dans le secteur du tourisme et de la construction.
Développer l’économie locale par le biais du tourisme.
Promotion de la culture locale au niveau international
Sauvegarde des savoir-faire locaux.
Retour des habitants qui ont été attiré par offres d’emplois
Création de différentes structures nécessaires au tourisme.
.
La durée de réalisation de l’opération peut être considérée comme longue, vu qu’elle a débuté en 1995 et qu’elle est toujours en cours.
III-2-Village Djebla à Beni Kessila :
2-1- Présentation du village :
Djebla est un village traditionnel kabyle qui se trouve sur les hauteurs de la commune de
Beni K’sila, dans la wilaya de Bejaia. Ce village qui compte un nombre total de 104 maisons, a
pu garder l’aspect traditionnel de son architecture et ce grâce au fait que ses habitants l’aient
déserté pendant les années 80. Donc, le village s’est vu épargné de l’urbanisation chaotique
qui, de nos jours, touche la majorité des villages kabyles.42
2-2- Situation :
Le village s’érige sur la plus haute crête de Beni K’sila, sur une altitude de 670 m, entouré
des villages Tabouda, Djarah, Abad, Imarriwen, Ighzar-Abass. Il est d’une superficie de 12.82
hectares. L’accessibilité au village se fait au moyen de la route de wilaya numéro 14venant de
la route nationale numéro 12 qui relie Bejaia et Tizi-Ouzou.43
42
El watan,2008 43
BOUSSAA, A ; BOUHADJ, L ; BOUKOUANE, N. Le village Kabyle, en tant que patrimoine architectural
et composante de l’écotourisme à Bejaia, cas du village Djebla Beni Ksila. 2015.p.58.
Tableau 01 : les points forts et les points faibles du projet de restauration du village de Kakopetria.
(Source : auteurs, 2016)
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
30
2-3- Opération de restauration menée dans le village :
Le projet a été initié en 2006 par l’association du village, à savoir l’Association Tajmaât
n’Djebla qui a été fondée par les habitants mêmes. Son financement a été pris en charge par
l’Union Européenne.44
2-4- Objectifs de l’opération :
L’objectif principal de l’opération est la contribution au développement de l’écotourisme au
sein du village, et ce en restaurant une partie des habitations traditionnelles ainsi que
l’ensemble des ruelles existantes.45
Les différents objectifs de l’opération ont été classés comme suit :
Objectifs sociaux Objectifs économiques Objectifs environnementaux
44
Ibid. p 63. 45
BOUSSAA, A ; BOUHADJ, L ; BOUKOUANE, N. Op.cit. p.64.
Figure 19 : Situation du village Djebla. (Source : BOUSSAA, A. & al. Op. cit. p 58)
Figure 21 : Une maison du village Djebla. (Source : aokas-aitsmail.forumactif.info)
Figure 21 : L’intérieur d’une
maison réhabilitée du village Djebla. (Source :
www.comboost.com)
Figure 20 : Une maison du village Djebla. (Source : aokas-aitsmail.forumactif.info)
Figure 20 : Une maison du village Djebla. (Source : aokas-aitsmail.forumactif.info)
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
31
Sensibilisation des villageois sur l’importance du projet.
Lutte contre l’exode rural.
Amélioration du cadre de vie au sein du village.
Préservation du patrimoine culturel et identitaire.
Echanges d’expériences au niveau national et international.
Promotion des activités artisanales et création d’emplois.
Attractivité touristique, source de revenus.
Réservation d’une part de l’apport financier engendré par le tourisme au profit des propriétaires des maisons.
Utilisation de matériaux locaux.
Débroussaillage des environs du village.
Création d’espaces verts.
Protection des sols contre l’érosion.
2-5- Aboutissement de l’opération :
A cause de l’insuffisance du coût de financement pris en charge par l’union européenne, le
taux de restauration du village n’a atteint que 35% de l’opération globale, en 2015. Ce taux de
restauration comprend tous les espaces en commun du village ainsi que 46% de ses maisons,
dont 12 totalement restaurées et 56 partiellement restaurées.46
2-6- Synthèse :
Dans le tableau qui suit, nous allons déterminer les points forts et points faibles du projet de
restauration du village de Djebla.
Points forts Points faibles
Respect des caractéristiques des
villages kabyles dans la restauration.
Respect des techniques de
construction traditionnelle dans les
travaux de restauration qui ont
touché les habitations
Le projet n’est pas mené à termes.
Non mise en place de structures
d’accompagnement et d’activités qu’il
faut pour attirer les touristes.
Projet, à but touristique, incomplet
destiné seulement au logement.
Manque de médiatisation.
46
BOUSSAA, A ; BOUHADJ, L ; BOUKOUANE, N. Op. Cit. p.65.
Tableau 03 : les points forts et les points faibles du projet de restauration du village de Djebla.(Source : auteurs, 2016)
Tableau 02 : les objectifs de l’opération de restauration du village de Djebla. (Source : BOUSSAA, A. & al. Op. Cit p 64 + traitement auteurs)
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
32
Conclusion :
Le patrimoine rural occupe une place importante dans le patrimoine universel, notamment
avec la reconnaissance des patrimoines mineurs sur l’échelle internationale. En Algérie ce
dernier se présente sous plusieurs aspects, dont le village kabyle, objet de notre étude. Nous
avons pu retenir que le village kabyle est une leçon d’architecture qui, à la fois s’intègre
parfaitement au site et répond aux besoins et modes de vie des villageois à une époque
antérieure. Les villageois ont su communiquer cette leçon à travers les différents éléments qui
composent le village: de la ruelle et Tajmaat jusqu’à l’entrée de la maison. Quant à la maison
kabyle axxam, elle est l’unité fondamentale de chaque village kabyle, un lieu où se développent
les activités domestiques et un abri à la fois pour les êtres humains et les animaux.
Afin de valoriser cette architecture traditionnelle et de la protéger des différentes formes de
transformation agressive et de détérioration, il serait judicieux de mener des opérations de
réhabilitation dans les sites présentant des valeurs patrimoniales. Et pour comprendre
l’importance de cette opération, nous avons étudié deux exemples déjà réalisés. Le choix du
premier exemple s’est porté sur un village où l’opération témoigne d’un succès remarquable et
qui est le village de Kakopetria à Chypre. En effet à travers les différents éléments qu’on a
décelés dans notre analyse, nous avons noté que l’opération a pris en considération non
seulement le volet économique par le biais du tourisme, mais aussi le volet social en captivant
les habitants avec des offres d’emploi et la promotion de leurs savoir-faire. Nous en avons,
donc, conclu que l’opération entreprise dans ce village présente globalement que des atouts.
En ce qui concerne le deuxième exemple, nous avons choisi un exemple local qui présente
des lacunes dans l’opération de réhabilitation, et ce afin de détecter les problèmes et d’en tirer
des leçons. Le village choisi est celui de Djebla à Beni K’Sila dans la wilaya de Bejaia.
L’opération menée au niveau de ce village consiste en la réhabilitation à l’identique de quelques
habitations kabyles, mais les problèmes détectés sont nombreux, à commencer par le plus
alarmant qui est l’absence du tourisme qui est à la base l’objectif principal du projet. En effet le
projet n’a pas été bien réfléchi de manière à ce qu’on intègre toutes les commodités que
cherche un touriste. L’emplacement et le cadre paysager d’un projet ne suffisent pas pour attirer
des touristes, il aurait été préférable de prévoir toutes les structures d’accueil dont le touriste a
besoin, soient les restaurants, les boutiques, circuits touristiques, activités de plaisance…etc. et
pour avoir tout cela il faut une implication de la population qui assurera certaines fonctions
comme les magasins d’artisanat et la restauration locale, hors la réalité est toute autre, le
village est quasiment vide et inhabité. Donc le village, même après avoir été réhabilité, il
demeure sans âme.
On retire donc, que pour réussir un projet de réhabilitation d’un village dont le but est d’en
faire une destination touristique, il serait souhaitable de le penser à plusieurs niveaux. En plus
de la réhabilitation architecturale qui redonnera un nouveau souffle au paysage culturel et qui
viendra affirmer son authenticité, il est essentiel de tenir compte du facteur humain qui est un
facteur incontournable pour la sauvegarde d’un patrimoine. Il nécessaire de captiver les
populations vers leurs maisons et les encourager à y rester en leur offrant des opportunités de
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
33
travail et en leur conférant un meilleur cadre de vie. Il est utile de ne pas oublier le facteur
économique, car il serait souhaitable de rentabiliser le projet afin de récupérer les frais dédiés
aux opérations de réhabilitation et pour développer l’économie locale à long terme et assurer la
durabilité du patrimoine.
.
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
34
PARTIE
PRATIQUE
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
35
Introduction :
Notre cas d’étude est le village de Felden ; situé sur les hauteurs de la région de la
Kabylie. Ce village appartient à la commune de Chelatta qui fait partie de la daïra d’Akbou.
Cette dernière est située dans la vallée de la Soummam, en petite Kabylie et attaché
administrativement à la wilaya de Bejaia.
Felden est l’un des anciens villages que compte la région d’Akbou, Il se compose d’un
ensemble de maisons ayant un caractère architectural traditionnel, ces maisons sont
construites avec des matériaux locaux qui sont extraits de l’environnement immédiat tel que la
pierre et le bois, et sont recouvertes le plus souvent de toitures à deux pans constituée de
charpentes en tuile ronde. Les habitations de ce village, comme dans tous les villages
traditionnels kabyles, sont accolées les unes aux autres, ou parfois sont séparées par des
ruelles. Cet aspect général du village témoigne de la mémoire collective de la société
villageoise kabyle.
Hélas, ce village aujourd’hui connait de grandes transformations dues à l’importation de
nouveaux types constructifs et l’implantation des constructions modernes qui présentent des
formes architecturales et des matériaux qui ne représente guère la culture traditionnelle du
village ni le paysage rural. L’importation de nouveaux modèles et l’absence d’une politique de
sauvegarde et de mise en valeur de cette architecture traditionnelle ont fortement participé au
processus de dégradation du village traditionnel qui, par la suite tend à perdre son identité.
Dans cette partie, nous allons analyser les différentes composantes du village de Felden et
son organisation spatiale et fonctionnelle. Nous aborderons de manière plus détaillée l’habitat
traditionnel et ses transformations suivant une approche typologique et une méthodologie
d’enquête par questionnaire. Cela nous aidera à classifier les maisons existantes et à
déterminer les pathologies, pour ainsi envisager les solutions possibles.
I- PRESENTATION DU CORPUS D’ETUDE
I-1- Contexte du village Felden :
1-1- Présentation de la commune:
La commune de Chellata se situe au nord d’Akbou. Elle fait partie des communes rurales
les plus peuplées d’Akbou grâce à sa proximité à la ville. Elle se compose de 06
agglomérations secondaires, soit : Ighil Oumsed, Felden, Ait Hyani et Ait Mkedem, Chellata,
Alma et en fin Ait Sidi Amar.
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
36
La région de Chellata renferme des villages kabyles très aniciens. Ceux-ci présentent une
architecture traditionnelle typique de la région de la Kabylie, mais cette architecture est en
transformation permanente et risque de disparaitre.
1-1-1- Orientations du PDAU :
Le PDAU propose des projets d’aménagement basés sur la politique de renouveau rural.
Celle-ci consiste globalement en la reconquête des espaces ruraux en valorisant les ressources
environnementales et patrimoniales. Parmi les objectifs visés par cette politique nous citerons
les suivants :
- Contribuer à la viabilité des zones rurales en améliorant les conditions d’emploi, en
revitalisant le tissu économique et en assurant un niveau de vie équitable pour les
communautés rurales.
- Stabiliser les populations et maintenir un monde rural vivant et actif en améliorant les
conditions de vie et de travail des populations rurales, en favorisant l’accès aux
ressources économiques et culturelles, et en garantissant la sécurité des
approvisionnements alimentaires.
- Contribuer à la protection des potentiels en ressources naturelles et à la réhabilitation
des patrimoines culturels.
(PDAU intercommunal Ighrem, Aouzellaguen,
Chellata, 2015)
Le PDAU met aussi en avant les potentialités touristiques de la commune, naturelles et
patrimoniales, et considère la possibilité de programmation de circuits touristiques visant la
mise en valeur des paysages montagnards (forêts, sources, cours d’eau, grottes…etc.) et des
N
Figure 22 : Carte situant la commune de Chellata. ( source: Google Maps et auteurs, 2016)
CHELLATA
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
37
patrimoines matériels (architecture, artisanat) et immatériels (traditions, fêtes…etc.) dans les
villages kabyles.
1-1-1-1- Interprétation des orientations du PDAU :
Il est vrai que Le PDAU a intégré les questions de protection, de réhabilitation et de mise
en valeur du patrimoine culturel et de l’habitat traditionnel de la commune, mais ça reste des
orientations vagues et sans projection d’actions concrètes réalisables sur le terrain.
I-2- Présentation du village Felden
2-1- Situation :
Le village Felden est situé sur la rive gauche de l’Oued Soummam, à une altitude de 600
mètres du niveau de mer. C’est un village de la commune Chellata, situé au Nord-Est de la
daïra d’Akbou, à 10 Km du chef-lieu de cette dernière et à 65 Km du chef-lieu de la wilaya de
Bejaia.
2-2- Historique :
Le village kabyle Felden date d’une époque très ancienne, il est d’une forte densité et fait
partie de la tribu (Aarch) des Illoulas Oussammer. Le village est implanté sur une crête
rocheuse avec une situation importante. L’histoire fait preuve que le groupement d’habitations
fut sur trois différents sites qui s’articulent autour des points d’eau et de larges ressources
alimentaires.
Par ses traditions et expression de type originel, les villageois gardaient leur origine avec
soin « Les esprits étaient nourris de faits formidables inoculés par une population villageoise
entièrement distincte de toute autre car ni le renouvellement périodique et régulier des
N N
Figure 23 : Situation du village Felden par
rapport à la commune Chellata (Source : Google Maps et auteurs,2016)
Figure 24 : Situation du village Felden par
rapport à la Daira Akbou (Source :Google Maps et auteurs,2016)
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
38
générations, ni les bouleversements accidentels qui viennent l’atteindre ne peuvent faire
disparaître les traits caractéristiques de sa position géographique privilégiée de la localité. »47
Des récits mythiques révèlent que le lac Adloun actuellement est le premier emplacement
du village, mais suite à un séisme plus au moins important, les habitations se sont effondrées et
les villageois ont dû se réfugier dans un nouveau lieu, et ce fut l’emplacement actuel du village
à trois kilomètres sud-ouest dénommé « Izeloumen ». Mais les villageois ont fini par quitter ce
deuxième emplacement pour des raisons qu’on ignore, pour s’installer à l’emplacement actuel
du village.
Après son fort peuplement, le village fut constitué de quatre fractions. Les demeures étaient
construites de pierres. Le village témoigne encore de la disposition des maisons suivant l’ordre
du rassemblement des nouveaux venus en sens croissant de bas en haut.
2-3- Accessibilité :
Le village Felden est facilement
accessible à partir de deux routes
nationales, la RN26A à l’ouest reliant
Bejaïa à Bouira et la RN26 à l’est menant
à Tizi-Ouzou.
2-4- Configuration spatiale du village :
Le cœur historique du village Felden se situe sur le versant d’une montagne. Nous
retrouvant, à son entrée, la place publique du village « Tajmaât », où s’organisent les
différentes réunions du village. Il est percé de ruelles étroites tantôt sinueuses tantôt droites,
bordées d’habitations de chaque côté. Des impasses se relient à ces ruelles, servant de
passages vers quelques maisons. Tout en bas du village se trouve une fontaine « thala », où
les femmes se procuraient, autrefois, de l’eau et faisait la lessive. Un peu plus haut, se trouve la
mosquée du village.
47
Village FELDEN: <http://www.village-felden.com/>.
Figure 25 : Accessibilité au village de Felden. (Source : Google Maps et auteurs, 2016)
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
39
Figure 26 : Configuration spatiale du village
de Felden. (Source : Google et auteurs, 2016) Figure 27 : Vue sur le village de Felden.
(source : felden.lyl.website )
Figure 29 : Tajmmaat du village. (Source : auteurs, 2016)
Figure 30 : Une maison du village. (source : auteurs, 2016)
Figure 28 : La mosquée du village. (Source : auteurs, 2016)
Figure 31 : L’intérieur d’une maison du village.(source : auteurs, 2016)
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
40
2-5-Typologie d’habitat :
Plusieurs maisons composent le cœur ancien du village de Felden, chacune ayant subi
soit des modifications, des extensions ou ayant été complètement démolie, toutefois il reste
encore quelques-unes intactes qui témoignent de la forme et de la typologie des maisons
traditionnelles du village. Nous avons essayé de classifier les maisons selon leurs degrés de
transformation et par la suite, nous avons élaboré une grille d’analyse qui englobe les critères
suivants :
la dimension.
la fonction.
la distribution.
le système constructif.
les pathologies.
Nous avons pu détecter quatre cas de maison et chacun est constitué d’un nombre de
maisons ayant les mêmes conformités architecturales.
.
Figures 32 : Les ruelles du village.(source : auteurs, 2016)
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
41
Type 1 :
Maison Critères de classification
Maison 01 : Maison intacte, habitée.
Plan
Dimension -Grande (223,5 m2)
Figures 34: Plan de la maison 01. Ech : 1/200. (Source : auteurs, 2016)
Figures 33 : La situation des maisons dans le village. (source : Google et
auteurs, 2016)
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
42
Fonction
-Habitation
Distribution -Un ensemble d’unité d’habitation (Axxam) autour d’une cour centrale. -Chaque Axxam avec une fonction : Cuisine, chambre, débarras. -Rajout des sanitaires
Système constructif
-Mur porteur en pierre. -Bois pour la structure du toit et pour les ouvertures. -Tuile pour le toit
Volet social -Obligation de rester par manque de possibilités financières pour changer d’habitation -La maison ne répond pas aux besoins et aux modes de vie actuels.
Pathologies
Figures 35 : les pathologies de la maison 01. (Source : auteurs, 2016)
Tableau 04 : Analyse de la maison 01 -type01- selon les critères. (Source : auteurs, 2016)
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
43
Type 2 :
Maison 02 : Maison Intacte, abandonné.
Plan
Dimension -Petite (60 m2)
Fonction
-débarras et espace de jardinage
Distribution -Une seule unité à côté d’une cour. -Axxam est partagé en deux espaces: Tigherghart et Addaynin -La cour dispose d’un espace pour jardin
Système constructif
-Mur porteur en pierre. -Bois pour la structure du toit et pour les ouvertures. -Tuile pour le toit
Volet social -Les habitants ont abandonné la maison, ils ont déménagé vers une autre maison. -Garder l’ancienne maison comme lieu de mémoire.
Figures 36 : Plan de la maison 02. Ech : 1/100. (Source : auteurs, 2016)
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
44
Pathologie
-Dégradation de la maison par manque d’entretien. -Risque de ruine.
Figures 37 : les pathologies de la maison 02, abandonnée.
(Source : auteurs, 2016)
Tableau 05 : Analyse de la maison 02-type 02- selon les critères. (Source : auteurs, 2016)
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
45
Type 3 :
1er cas :
Maison 03 : Maison modifié par juxtaposition
Plan
Dimension -Grande (148m2 )
Figures 38 : Plan de RDC de la maison 03. Ech : 1/100. (Source : auteurs,
2016)
Figures 39 : Plan d’étage de la maison 03. Ech : 1/100. (Source : auteurs,
2016)
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
46
Fonction -Un lieu de mémoire. Distribution - les nouvelles extensions accolées à une unité d’habitation(Axxam), le
tout autour d’une cour centrale. -La première extension à droite de l’ancienne maison avec 04 pièces (Tixxamin). -La deuxième extension à gauche de l’ancienne : chambre, cuisine et sanitaire.
Système constructif
-Mur porteur en pierre, Bois pour la structure du toit et pour les ouvertures, et tuile pour le toit. (pour l’ancienne maison) -Mur porteur en pierre, Bois pour la structure du toit et les planchers et la tuile pour le toit. (pour la première extension) -Système poteau-poutre pour la structure, brique et béton. (deuxième extension)
Volet social -Extension (pour répondre à leurs besoins) garder l’ancienne maison intacte comme une mémoire. -L’extension est faite par juxtaposition et ce pour la disponibilité du terrain. -la première extension allie entre matériaux traditionnels et nouveaux (pierre, ciment) créant une nouvelle manière de construction intermédiaire en continuité avec l’ancien. -deuxième extension en brique et béton marquant une rupture avec l’ancien
Pathologies
-Non homogénéité architecturale entre l’ancienne et la nouvelle maison.
Figures 40 : les pathologies de la maison 03 modifié par juxtaposition.
(Source : auteurs, 2016)
Tableau 06 : Analyse de la maison 03 -type 03- selon les critères. (Source : auteurs, 2016)
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
47
2ème cas :
Maison 04 : Maison modifié par juxtaposition
Plan
Dimension -Grande et imposante 333m2
Fonction
-Habitation (les deux extensions) -débarras (l’ancienne maison)
Distribution -Un ensemble de pièce autour d’une cour centrale -L’ancienne maison se compose d’une seule pièce (adaynine, taâricht et taqaâts) -La première extension se situe à droite de l’ancienne maison et constitue un ensemble de pièces (trois chambres et un séjour) -La deuxième extension se situe à gauche de l’ancienne maison et constitue un ensemble de trois chambres -Des sanitaires de la deuxième extension sont à droite de l’ancienne maison.
Système constructif
-Mur porteur pour l’ancienne maison et la première extension. -Structure poteau-poutre pour la deuxième extension -Mélange dans l’utilisation des matériaux de construction : la pierre pour l’ancienne maison et la première extension, la brique et le parpaing pour la nouvelle extension.
Volet social -Extension pour répondre à leurs besoins.
Figures 41 : Plan de la maison 04. Ech : 1/200. (Source : auteurs, 2016)
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
48
Type 4 :
Maison 05 : modifié par superposition
Plan
Pathologies
Figures 42 : les pathologies de la maison 04. (Source : auteurs, 2016)
Figures 43 : Plan du RDC la maison 05. Ech : 1/100. (Source : auteurs,
2016)
Tableau 07 : Analyse de la maison 04 -type 03- selon les critères. (Source : auteurs, 2016)
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
49
Dimension -Grande
Fonction
-Etable pour la nouvelle construction -Débarras pour l’ancienne construction
Distribution - les nouvelles extensions superposées sur les anciennes constructions
Système constructif
-La partie basse avec la pierre et une alternance de poteaux, et la partie supérieure avec les nouveaux matériaux (la brique, le béton, poteau-poutre)
Volet social
-Extension pour répondre à leurs besoins. -Extension qui se fait verticalement et ce par manque d’espace et pour profiter de la structure porteuse des murs des anciennes maisons.
Pathologie
Synthèse :
A partir de l’analyse des 5 maisons, nous avons conclus que quand une maison est habitée,
elle perd sa valeur architecturale originelle, par des modifications (extensions par juxtaposition,
extension par superposition) et cela afin que ses habitants puissent l’adapter à leurs modes de
Figures 44 : Plan d’étage la maison 05. Ech : 1/100.
(Source : auteurs, 2016)
Figures 45 : Les pathologies de la maison 05. (Source : auteurs, 2016)
Tableau 08 : Analyse de la maison 05-type 04- selon les critères. (Source : auteurs, 2016)
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
50
vie actuels. Tandis que les maisons qui gardent l’architecture traditionnelle perdent leurs
valeurs d’usage et présentent les pathologies que nous avons développées auparavant.
2-6- Analyse des données de l’enquête :
L’enquête par questionnaire est une méthode composée d’une série de questions qui
permet d’évaluer et de vérifier une hypothèse théorique.
Les questions ont été choisies en se référant aux outils qui permettent d’évaluer la
production et la transformation de l’habitat kabyle, ses causes et ses conséquences. Nous
avons choisi des questions fermées pour faciliter l’interprétation et afin d’arriver aux objectifs
tracés. La population visée est celle du village Felden qui représente les usagers de l’espace
bâti traditionnel kabyle.
Notre objectif de l’enquête par questionnaire est de vérifier nos hypothèses vis-à-vis des
productions, transformations et démolitions de l’habitat traditionnel kabyle, le degré de
conscience des habitants de son importance en tant que patrimoine et encore de leur
engagement pour le valoriser.
Notre questionnaire est composé de seize questions, pour soixante habitants, de sexe, tranche
d’âge et d’habitats différents afin d’avoir des réponses plus crédibles de la situation de l’habitat
traditionnel kabyle à Felden.
2-6-1- Interprétation du questionnaire et analyse des résultats :
Les résultats obtenus par rapport au nombre total de personne questionnés selon les
catégories, réparties par sexe sont montrés dans ce qui suit.
un pourcentage total de 45,2% d’hommes et un pourcentage de 54,8% de femmes, soit 60
personnes questionnés.
24,2% 21%
24,2%
30,6%
0%
5%
10%
15%
20%
25%
30%
35%
habitant dansl'ancien village
habitant dans lenouveau village
homme femme
Figure 46 : Le nombre total des personnes
questionnées. (Source : auteurs, 2016)
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
51
2-6-1-1- Transformations de l’ancien bâti :
a. L’état de la maison traditionnelle :
Interprétation :
29,1% des habitants ont gardé le caractère
ancien de leurs maisons, 27,4% les ont
modifié quant à 43,5% ont démoli leurs
habitations.
b. Typologie de la maison habitée :
Interprétation :
27% des habitants de l’ancien village
habitent dans des nouvelles maisons, 3%
dans des anciennes maisons tandis que
70% occupent des habitations anciennes
modifiées.
c. Nombre d’habitants dans l’ancienne maison :
Interprétation :
Une seule famille habite dans son ancienne maison par obligation.
Synthèse :
Par obligation Par choix
habitant dans l'ancienne maison 1 0
29,10% 27,40%
43,5%
0,00%5,00%
10,00%15,00%20,00%25,00%30,00%35,00%40,00%45,00%50,00%
Tout les habitants
27%
3%
70%
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
80%
nouvelle ancienne anciennemodifiée
habitant dansl'ancien village
Figure 47 :L’état de la maison traditionnelle. (Source : auteurs, 2016)
Tableau 09: Nombre d’habitants dans l’ancienne maison (Source : auteurs, 2016)
Figure 48: Typologie de la maison habitée. (Source : auteurs, 2016)
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
52
La plus part des maisons ont été modifiées afin d’être habitées, la plus grande partie du
reste a été démolie afin d’être remplacée par des nouvelles maisons, une minorité de la
population a gardé son habitation dans son état original, soit habitée par obligation ou
abandonnée.
2-6-1-2- Rattachement des habitants à l’ancienne maison :
a. Raison de modification des habitations :
Interprétation :
Les modifications dans les anciennes maisons
ont été élaboré par leurs habitants, pour la
plupart la raison été l’inconfort et le manque
d’espace (62%).
b. Préservation du caractère de l’ancienne maison dans la construction de la nouvelle
maison :
Interprétation :
La plus part des habitants (88%) du nouveau
village n’ont pas pris en considération
l’architecture traditionnelle dans la conception
de leur nouvelle maisons.
13%
88%
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
80%
90%
100%
OUI NON
habitantdans lenouveauvillage
Figure 49 : Raison de modification des
habitations. (Source : auteurs, 2016)
Figure 50 : Préservation du caractère de l’ancienne maison. (Source : auteurs, 2016)
9,50%
28,50%
62%
0,00%
10,00%
20,00%
30,00%
40,00%
50,00%
60,00%
70,00%
Inconfort Manqued'espace
les deux
Leshabitantsdesanciennesmaisonsmodifiées
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
53
c. Fonction actuelle de l’ancienne
maison :
Interprétation :
14.8% des habitations sont abandonnées,
pour le reste elles ont été reconverties en
étable (13%), débarras (26%) ou encore
démolie (26%) ou vendue (11,1%).
d. la pratique d’élevage et de l’agriculture :
Interprétation :
La majorité des habitants, que ce soit, de
l’ancien ou du nouveau village ont gardé
leur statut agricole et pastoral.
e. La valeur de l’habitat traditionnel :
Interprétation :
L’habitat traditionnel présente une valeur
pour la majorité absolue des habitants
(96,8%), et ils ont conscience de la
nécessité de la protection de ce patrimoine.
14,80% 13,00%
26,00%
11,10%
26,00%
9,20%
0,00%
5,00%
10,00%
15,00%
20,00%
25,00%
30,00%
Tout leshabitants
96,80%
3,20%
0,00%
20,00%
40,00%
60,00%
80,00%
100,00%
120,00%
OUI NON
Tout leshabitants
Figure 51 : Fonction actuelle de l’ancienne maison (source : auteurs, 2016)
Figure 52 : la pratique d’élevage et de l’agriculture. (Source : auteurs, 2016)
Figure 53 : La valeur de l’habitat traditionnel. (Source :
auteurs, 2016)
70%
30%
56%
44%
0%
20%
40%
60%
80%
OUI NON
habitant dansl'ancien village
habitant dans lenouveau village
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
54
Synthèse :
Le manque d’espace et l’inconfort ont poussé les habitants à transformer leurs anciennes
maisons ou construire de nouvelles habitations avec un nouveau cachet architectural qui
répond mieux à leurs besoins, mais malgré ça, les habitants sont encore attachés à leur habitat
traditionnel, cela se reflète par la pratique des activités rustiques, les villageois sont conscients
de l’importance du patrimoine architectural qui doit être protégé. Or, sur terrain, l’implication
reste à désirer.
2-6-1-3- La question de la réhabilitation de l’ancien bâti :
a. la modification de l’ancienne maison avec les matériaux traditionnels :
Interprétation :
95% des habitants peuvent envisager
des modifications dans leurs anciennes
maisons avec des matériaux
traditionnels.
b. Adaptation des maisons traditionnelles aux Besoins actuels des habitants :
Interprétation :
La plus part des habitants du village
(75,8%) pensent que leurs maisons
traditionnelles peuvent être adaptées à
leurs besoins actuels (plus d’espace et
de confort).
95%
6,30%
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
80%
90%
100%
OUI NON
habitant dans lenouveau village
75,80%
24,20%
0,00%
10,00%
20,00%
30,00%
40,00%
50,00%
60,00%
70,00%
80,00%
OUI NON
Tout les habitants
Figure 54 : La modification de l’ancienne maison avec les matériaux traditionnels (Source : auteurs, 2016)
Figure 55 : L’adaptation des maisons traditionnelles
aux besoins actuels des habitants (Source : auteurs, 2016)
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
55
c. Possibilité de retour des habitants à l’ancienne maison réhabilitée :
Interprétation :
62,9% des habitants pensent à retourner
vivre dans leurs anciennes habitations
dans le cas où elles seront réhabilitées,
tandis que le reste (37,1%)ne sont pas
prêts à y retourner vivre.
Synthèse :
L’adaptation des aniciennes maisons aux besoins des occupants en utilisant des
matériaux traditionnels entraine une partie de la population à y retourner vivre.
2-6-1-4- Les savoir-faire locaux :
a. Savoir construire avec les techniques et les matériaux anciens :
Interprétation :
D’après le graph, on constate que
plus de la moitié des habitants de
l’ancien village savent construire avec
les techniques et les matériaux
anciens (53,3%), tandis que la
majorité des habitants du nouveau
village ignorent la construction avec
les techniques et les matériaux
anciens (72%).
62,90%
37,10%
0,00%
10,00%
20,00%
30,00%
40,00%
50,00%
60,00%
70,00%
OUI NON
Tout leshabitants
53,30% 46,70%
28%
72,00%
0,00%
10,00%
20,00%
30,00%
40,00%
50,00%
60,00%
70,00%
80,00%
OUI NON
habitant dansl'ancien village
habitant dansle nouveauvillage
Figure 56 : Possibilité de retour des
habitants à l’ancienne maison réhabilitée. (Source : auteurs, 2016)
Figure 57 : Savoir construire avec les techniques et les matériaux anciens. (Source : auteurs, 2016)
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
56
b. L’intérêt des habitants à faire des formations sur les techniques de constructions
traditionnelles :
Interprétation :
La plus part des habitants du village
sont intéressés de faire des formations
sur les techniques de construction
traditionnelles (71,4%).
Synthèse :
Les habitants du nouveau village ignorent les techniques et les savoir-faire locaux, ce qui
les pousse à vouloir apprendre ces méthodes qui sont maitrisées beaucoup plus par les
habitants de l’ancien village.
71,40%
28,60%
0,00%
10,00%
20,00%
30,00%
40,00%
50,00%
60,00%
70,00%
80,00%
OUI NON
Tout leshabitants
Figure 58: L’intérêt des habitants à faire des
formations sur les techniques de constructions traditionnelles (source : auteurs, 2016)
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
57
Conclusion :
A travers ce chapitre, nous avons essayé d’identifier, à la fois, les pathologies et les
transformations qui touchent le bâti traditionnel kabyle, à partir d’une analyse typologique de ce
dernier, et aussi les causes de ses transformations à travers une étude sociologique auprès des
habitants du village de Felden. En effet, ce dernier, de par l’état actuel de son architecture qui
est en transformation permanente, il constitue un exemple très représentatif des mutations des
villages kabyles actuellement.
Il s’avère que le facteur humain soit la principale cause de la détérioration de l’ancien habitat
du village. En effet, les villageois ont déclenché et entraîné par eux-mêmes ce processus de
dégradation du caché architectural traditionnel de leur village, et ce à travers des modifications
du bâti, tantôt partielles tantôt totales, défigurant ainsi le paysage architectural traditionnel de
leur village.
Le cœur ancien de Felden déborde de nouveaux modèles d’habitats qui ne présentent
aucune référence à l’architecture traditionnelle. Un bon nombre d’ancienne constructions sont
en état de ruine à cause de leur abandon et du manque d’entretien, d’autres ont été modifiée
utilisant de nouveaux matériaux et cachant ainsi la partie ancienne des constructions, et y’en a
qui ont été complètement démolie et reconstruite avec de nouvelles techniques de
constructions et de nouveaux modes d’organisations. D’après notre analyse, les premières sont
celles qui témoignent de plus de pathologies, parmi celles-ci y’en a qui touchent les murs, les
planchers ou encore les toitures. Les effets causant ces pathologies constatées sur les
constructions sont souvent dus à l’humidité, au vent, à l’infiltration des eaux ainsi qu’aux
charges.
Les valeurs patrimoniales, qu’on a pu relever dans les maisons, diffèrent d’un type à un
autre. En effet, on a constaté que quand une maison garde sa valeur d’usage, ses valeurs
architecturale et esthétique font souvent défaut. Dans le cas contraire, quand on trouve une
maison ayant gardé sa valeur architecturale originelle on remarque que celle-ci est abandonnée
et inhabitée. Ce qui nous amène à déduire que l’habitation traditionnelle kabyle ne correspond
plus aux modes de vie actuels des villageois de la Kabylie.
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
58
CONCLUSION
GENERALE
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
59
Conclusion générale :
Les villages kabyles sont un atout considérable pour le parc patrimonial algérien. De par
leur configuration spatiale, leur architecture ainsi que le mode de vie de leurs habitants, ils
constituent un patrimoine authentique qui témoigne de l’identité et de la culture de la
communauté villageoise de Kabylie. Toutefois, ce lègue ancestral demeure méconnu et non
apprécié à sa juste valeur. En effet, l’état de ces villages est en dégradation constante car il n’y
a pas cette conscience de la nécessité de les sauvegarder afin d’ancrer cette culture et cette
identité dans l’histoire.
A travers l’étude que nous avons effectuée, nous avons abordé plus précisément le volet de
l’habitat traditionnel rural de Kabylie et ses transformations où nous avons essayé de détecter
les causes de sa dégradation et les pathologies qu’il présente. Dans le but d’avoir des résultats
reflétant la réalité du terrain, le recours à une enquête sociale nous semblait indispensable, en
plus d’une lecture typologique de cet habitat, qui nous facilitera par la suite l’analyse de celui-ci
et l’identification des pathologies qui l’affectent.
Pour mettre en œuvre nos méthodes d’analyse de ce phénomène de transformation de
l’habitat kabyle, nous avons choisi un cas d’étude qui reflète ce problème, ce cas-là étant le
village Felden qui se trouve dans la daïra d’Akbou (w. Bejaia). Nous y avons procédé par la
distribution d’un questionnaire dont le but est de comprendre les mutations sociales et les
causes du délaissement et de la modification de l’ancien bâti ainsi que le degré de conscience
patrimoniale. Les résultats du questionnaires nous ont révélé que les habitants ont
majoritairement modifié les anciennes maisons pour cause d’inconfort et de manque d’espace,
et que même si, dans la plus part des cas, ils disent que cette architecture traditionnelle
représente une certaine valeur pour eux, celle-ci demeure sentimentale vu que leurs
comportement sur le terrain reflète le contraire de ce qu’ils avancent et que plus de la moitié
des gens interrogés possédant des anciennes demeures disent ne pas être prêt à y retourner
vivre. Pour pousser plus loin notre analyse, nous avons fait une lecture typologique de l’habitat
suivant son état de transformation, et nous avons identifié 4 principaux types à savoir : la
maison traditionnelle abandonnée non modifiée, la maison non modifiée encore habitée, la
maison modifiée par superposition avec de nouveau matériaux et en dernier lieu la maison
modifiée par juxtaposition où l’on a détecté deux sous-types : l’un avec une extension en
utilisant de nouveaux matériaux en rupture avec les anciens et l’autre avec une extension
moyennant un alliage harmonieux entre la pierre et le ciment marquant ainsi une continuité
avec l’ancien. Cette classification nous a permis d’étudier les caractéristiques de chaque type
suivant quelques critères qui sont : la distribution, le système constructif, la fonction, la
dimension, les pathologies et le critère social pour enfin en tirer des conclusions. Ces critères-là
nous ont, à leur tour, aidé à évaluer le degré de transformation de l’habitat et il s’est avéré que
le caché traditionnel peine à résister aux mutations paysagères qui ne cessent de prendre du
terrain au sein du cœur ancien du village, et ce à travers l’implantation de nouvelles
constructions modernes en rupture avec l’identité architecturale ancienne et au détriment des
habitations traditionnelles qui reflètent la vraie identité du lieu.
Après l’analyse des différentes typologies et des résultats de l’enquête, nous en avons conclu
que l’habitation traditionnelle kabyle, dans sa configuration originelle, a perdu sa valeur d’usage
car elle ne répond plus aux exigences d’espace et de confort des habitants dans les temps
actuels, d’où l’apparition des différentes transformations entreprises par les habitants eux-
mêmes. Aujourd’hui, on ne peut nier que l’habitat kabyle a besoin de se transformer pour vivre
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
60
et durer en gardant sa valeur d’usage, mais ces transformations restent dangereuses car elles
marquent une rupture flagrante par rapport à son paysage culturel, ce qui nuit directement à ce
patrimoine. La cause principale de ses transformations anarchiques est l’indifférence des
autorités concernées par la protection du patrimoine et le manque de sensibilisation des
populations habitant les cœurs historiques des villages kabyles sur l’importance de cette
architecture ancestrale et de la conservation de ses valeurs.
Les résultats de cette étude nous ont permis donc de comprendre le phénomène de
transformation du bâti traditionnel dans les villages kabyles. Dans une optique de protection de
ce patrimoine architectural et de conciliation entre sa conservation et la réponse aux exigences
des gens qui y vivent, nous avons établi un ensemble de recommandations qui peuvent êtres
des alternatives à suivre pour la valorisation et la sauvegarde du caractère patrimonial de ces
villages et qui se présentent comme suit :
Recommandation :
Stabiliser les populations rurales en leur offrant un cadre de vie meilleur. Ceci va
permettre de perpétuer les savoir-faire et l’identité culturelle.
Prévoir des réglementations qui obligent les habitants à utiliser les matériaux
traditionnels lors de la construction afin de garder le paysage architectural des villages
kabyles.
Encourager la création des associations culturelles dans les villages.
Sensibilisation des habitants sur l’importante valeur de ce patrimoine, et ce au moyen
d’agences de la mise en valeur du patrimoine rural, ou encore par l’intégration dans les
programmes pédagogiques de la notion de respect et de sauvegarde du patrimoine
rural.
Proposer des offres de formations dans les techniques de construction et
d’ornementation traditionnelles pour les nouvelles générations pour empêcher la
disparition de ces savoir-faire et aboutir à une typologie d’habitat intermédiaire.
Promouvoir le tourisme de compagne dans les régions rurales, encourager les gens à
faire de leur savoir-faire un métier rentable au profit des villageois.
Restituer les habitations abandonnées en les reconvertissant vers de nouvelles
fonctions au service du touriste.
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
61
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Dictionnaire Hachette. Edition 2010.
Dictionnaire Larousse. Edition.
38 Dictionnaire et recueils de Correspondance. Edition Media DICO.
Figure 55 :L’adaptation des maisons traditionnelles aux besoins actuels des habitants. (Source : auteurs, 2016)
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
65
LES ANNEXES
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
66
ANNEXE01
MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
UNIVERSITE ABDERRAHMANE MIRA
FACULTE DE TECHNOLOGIE
DEPARTEMENT D’ARCHITECTURE
QUESTIONNAIRE
Ce présent formulaire est élaboré pour une fin purement académique. Il s’agit d’un
questionnaire établi dans le cadre d’une recherche de master en « Architecture et urbanisme»,
option « Architecture, Ville et Territoire ». Le but cherché à travers celui-ci, c’est de comprendre
les raisons de la détérioration et de l’abandon de l’habitat traditionnel dans les villages kabyles,
en particulier dans le village « Felden, Akbou », pour envisager des solutions qui permettront de
remédier à ce problème.
On vous remercie pour votre collaboration.
N.B : Veuillez mettre une croix dans les cases que vous jugez adéquates pour répondre s’il y a
lieu de le faire.
Questions spécifiques à l’usager
sexe Homme femme
Où habitez-vous actuellement :
Ancien village
Nouveau village Autre
Est-ce que vous pratiquez toujours l’élevage et l’agriculture :
Oui Non
Si vous habitez l’ancien village, votre maison est :
Nouvelle Ancienne Ancienne modifiée
Est-ce que votre maison traditionnelle a :
Gardé son caractère ancien
Subit des modifications
Démolie
Si vous habitez toujours votre ancienne maison, c’est par :
Choix obligation
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
67
Pensez-vous qu’il faut le protéger :
Oui
Non
Solutions et réhabilitation
Pourriez-vous envisager des modifications pour vos maisons anciennes avec des matériaux traditionnels (pierre, bois, tuile…) :
Maison ancienne modifiée
Qu’est-ce qui vous a poussé à modifier votre habitation :
L’inconfort Manque d’espace les deux
Nouvelle maison
Si vous habitez une nouvelle maison, Est-ce que vous y avez gardé le caractère de l’ancienne maison:
Oui Non
Qu’est-ce qu’est devenue votre ancienne maison:
Abandonnée Etables, écuries débarras démolie vendue Est-ce que cet habitat traditionnel a une valeur à vos yeux :
Oui Non
Oui
Non
Pensez-vous qu’on pourrait adapter les maisons traditionnelles à vos besoins actuels :
Oui
Non
Si l’on réhabilitait votre ancienne maison, envisageriez vous d’y retourner vivre :
Oui
Non
Savez vous construire avec les techniques et les matériaux ancien :
Oui
Non
Si non, seriez vous interressé de faire des formations sur les techniques de construction traditionelles :
Oui
Non
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
68
ANNEXE 02
ANNEXE 03
Colonne1 Par obligation
Par choix
habitant dans l'ancienne maison
1 0
24,2% 21%
24,2%
30,6%
0%
5%
10%
15%
20%
25%
30%
35%
habitant dansl'ancien village
habitant dans lenouveau village
homme femme
27%
3%
70%
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
80%
nouvelle ancienne anciennemodifiée
habitantdansl'ancienvillage29,10% 27,40%
43,5%
0,00%5,00%
10,00%15,00%20,00%25,00%30,00%35,00%40,00%45,00%50,00%
gardé soncaractère
subit desmodifications
démolie
Tout leshabitants
Figure 59: Le nombre total des personnes
questionnées. (Source : auteurs, 2016)
Figure 60 :L’état de la maison traditionnelle. (Source : auteurs, 2016)
Figure 61:Typologie de la maison habitée. (Source : auteurs, 2016)
Tableau 09: Nombre d’habitants dans l’ancienne maison (Source : auteurs, 2016)
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
69
ANNEXE 04
9,50%
28,50%
62%
0,00%
10,00%
20,00%
30,00%
40,00%
50,00%
60,00%
70,00%
Inconfort Manqued'espace
les deux
Leshabitantsdesanciennesmaisonsmodifiées
13%
88%
0%
20%
40%
60%
80%
100%
OUI NON
habitant dans lenouveau village
14,80% 13,00%
26,00%
11,10%
26,00%
9,20%
0,00%
5,00%
10,00%
15,00%
20,00%
25,00%
30,00%
Tout les habitants
70%
30%
56%
44%
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
80%
OUI NON
habitant dansl'ancien village
habitant dans lenouveau village
Figure 62 : Raison de modification des habitations. (Source : auteurs, 2016)
Figure 63 : Préservation du caractère de l’ancienne
maison. (Source : auteurs, 2016)
Figure 64 : Fonction actuelle de l’ancienne maison (source : auteurs, 2016)
Figure 65 : Fonction actuelle de l’ancienne maison (source : auteurs, 2016)
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
70
ANNEXE 05
96,80%
3,20%
0,00%
20,00%
40,00%
60,00%
80,00%
100,00%
120,00%
OUI NON
Tout leshabitants
95%
6,30%
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
80%
90%
100%
OUI NON
habitant dansle nouveauvillage
75,80%
24,20%
0,00%
10,00%
20,00%
30,00%
40,00%
50,00%
60,00%
70,00%
80,00%
OUI NON
Tout leshabitants
Figure 66 : La valeur de l’habitat traditionnel. (Source : auteurs, 2016)
Figure 67 : La modification de l’ancienne maison avec les matériaux traditionnels
(Source : auteurs, 2016)
Figure 68 :L’adaptation des maisons traditionnelles aux besoins actuels des habitants.
(Source : auteurs, 2016)
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
71
ANNEXE 06
62,90%
37,10%
0,00%
10,00%
20,00%
30,00%
40,00%
50,00%
60,00%
70,00%
OUI NON
Tout les habitants
53,30% 46,70%
28%
72,00%
0,00%
10,00%
20,00%
30,00%
40,00%
50,00%
60,00%
70,00%
80,00%
OUI NON
habitantdans l'ancienvillage
habitantdans lenouveauvillage
71,40%
28,60%
0,00%
10,00%
20,00%
30,00%
40,00%
50,00%
60,00%
70,00%
80,00%
OUI NON
Tout leshabitants
Figure 69 : Possibilité de retour des habitants à
l’ancienne maison réhabilitée.
(Source : auteurs, 2016)
Figure 70 : Savoir construire avec les techniques et les matériaux anciens.
(Source : auteurs, 2016)
Figure 71: L’intérêt des habitants à faire des formations sur les techniques de constructions
traditionnelles (source : auteurs, 2016)
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
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ANNEXE 07
Figures 72: Plan de la maison 01. Ech : 1/200. (Source : auteurs, 2016)
Figures 73 : Plan de la maison 02. Ech : 1/100. (Source : auteurs, 2016)
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
73
ANNEXE 08
Figures 74: Plan de RDC de la maison 03. Ech : 1/100. (Source : auteurs, 2016)
Figures 75 : Plan d’étage de la maison 03. Ech : 1/100. (Source : auteurs, 2016)
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
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ANNEXE 09
Figures 76 : Plan de la maison 04. Ech : 1/200. (Source : auteurs, 2016)
L’habitat traditionnel kabyle entre résistance et transformation 2015/2016
75
ANNEXE 10
Figures 77 : Plan de RDC la maison 05. Ech : 1/100. (Source : auteurs, 2016)
Figures 78 : Plan d’étage la maison 05. Ech : 1/100.
( source : auteurs, 2016)