Lettre ouverte de l'intersyndicale à Fleur Pellerin

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LETTRE OUVERTE À MADAME LA MINISTRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION Madame la Ministre de la Culture et de la Communication, En ce vingtième jour de grève, l’intersyndicale de Radio France s’adresse à vous dans la situation insupportable où la Direction de la Radio nationale a mis les personnels et les auditeurs. Malgré la défiance que nous éprouvons pour la présidence de notre entreprise, nous avons bien voulu nous rendre à la réunion proposée samedi 4 avril par la DRH, suivie, après une longue interruption, d’une discussion avec, notamment, Christian Mettot et Frédéric Schlesinger, directeur adjoint de Monsieur Gallet. Pour la première fois depuis dix jours, un représentant de la Direction, Monsieur Schlesinger, a tenté d’intégrer dans le projet de protocole d’accord les demandes, essentielles pour les salariés, sur trois points: - La garantie d’absence de toute externalisation des services ouvriers et de surveillance, qu’il s’agisse de mesures collectives ou de mesures progressives, au fil de départs en retraite. À cette revendication, s’ajoute l’exigence de maintien des effectifs de surveillants par l’intégration de CDD et la garantie de maintien des activités dans les services existants. - La garantie d’ouverture ou de réouverture de cabines de montage, de mixage, de studios d’enregistrement ou de diffusion en cas de fermeture de locaux techniques pour réhabilitation, selon le principe d’équivalence d’un local pour un local. Cette garantie est pour nous tous essentielle pour garantir le niveau de production, en particulier artistique, et l’emploi, tant des personnels techniques de réalisation et de production que des artistes (comédiens et musiciens). - L’engagement de la Direction de stopper la “syndication”, c’est à dire la mise en commun de programmes, préjudiciable à l’emploi et à la nature de radio de proximité des radios locales. Ce processus de syndication a atteint la limite au- delà de laquelle il n’y a plus de principe de radio locale. Sur ces trois points, alors que Monsieur Schlesinger s’engageait à adopter nos demandes, Monsieur Mettot intervint, n’hésitant pas à couper la parole à ce responsable, et, en invoquant la possibilité de réaliser des économies sur ces trois points, refusa en son nom d’accéder à nos demandes, comme c’est le cas depuis plus deux semaines. Peut-on négocier avec une direction qui se divise et se contredit? C’est de toute évidence impossible. Nous n’avons plus d’interlocuteur. Madame la Ministre, malgré la défiance que nous inspire cette direction, nous avons voulu répondre à votre appel à la négociation, considérant, comme vous le déclariez, que Monsieur Gallet avait “toutes les cartes en mains”. Votre “Lettre de cadrage” offrait la possibilité à la direction de négocier et de trouver une issue positive au conflit le plus long qu’ait connu Radio France. Aujourd’hui même, la Direction de Radio France nous a proposé un rendez-vous, mais en refusant de faire de nouvelles propositions.

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Lettre ouverte de l'intersyndicale à Fleur Pellerin du 10 avril 2015

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  • LETTRE OUVERTE MADAME LA MINISTRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION

    Madame la Ministre de la Culture et de la Communication, En ce vingtime jour de grve, lintersyndicale de Radio France sadresse vous dans la situation insupportable o la Direction de la Radio nationale a mis les personnels et les auditeurs. Malgr la dfiance que nous prouvons pour la prsidence de notre entreprise, nous avons bien voulu nous rendre la runion propose samedi 4 avril par la DRH, suivie, aprs une longue interruption, dune discussion avec, notamment, Christian Mettot et Frdric Schlesinger, directeur adjoint de Monsieur Gallet. Pour la premire fois depuis dix jours, un reprsentant de la Direction, Monsieur Schlesinger, a tent dintgrer dans le projet de protocole daccord les demandes, essentielles pour les salaris, sur trois points:

    - La garantie dabsence de toute externalisation des services ouvriers et de surveillance, quil sagisse de mesures collectives ou de mesures progressives, au fil de dparts en retraite. cette revendication, sajoute lexigence de maintien des effectifs de surveillants par lintgration de CDD et la garantie de maintien des activits dans les services existants.

    - La garantie douverture ou de rouverture de cabines de montage, de mixage, de studios denregistrement ou de diffusion en cas de fermeture de locaux techniques pour rhabilitation, selon le principe dquivalence dun local pour un local. Cette garantie est pour nous tous essentielle pour garantir le niveau de production, en particulier artistique, et lemploi, tant des personnels techniques de ralisation et de production que des artistes (comdiens et musiciens).

    - Lengagement de la Direction de stopper la syndication, cest dire la mise en commun de programmes, prjudiciable lemploi et la nature de radio de proximit des radios locales. Ce processus de syndication a atteint la limite au-del de laquelle il ny a plus de principe de radio locale.

    Sur ces trois points, alors que Monsieur Schlesinger sengageait adopter nos demandes, Monsieur Mettot intervint, nhsitant pas couper la parole ce responsable, et, en invoquant la possibilit de raliser des conomies sur ces trois points, refusa en son nom daccder nos demandes, comme cest le cas depuis plus deux semaines. Peut-on ngocier avec une direction qui se divise et se contredit? Cest de toute vidence impossible. Nous navons plus dinterlocuteur. Madame la Ministre, malgr la dfiance que nous inspire cette direction, nous avons voulu rpondre votre appel la ngociation, considrant, comme vous le dclariez, que Monsieur Gallet avait toutes les cartes en mains. Votre Lettre de cadrage offrait la possibilit la direction de ngocier et de trouver une issue positive au conflit le plus long quait connu Radio France. Aujourdhui mme, la Direction de Radio France nous a propos un rendez-vous, mais en refusant de faire de nouvelles propositions.

  • Ni les salaris de Radio France, attachs viscralement leurs mtiers, un renouvellement permanent de leurs connaissances, la transmission de ces savoirs, ni les organisations syndicales ne sont des boutefeux ou des jusquau-boutistes. La grve cote cher aux salaris, dont les revenus sont trs loigns de ceux dune poigne de hauts cadres, habitus aux dpenses somptuaires De toute vidence, et les auditeurs qui nous soutiennent ardemment le pensent aussi, la Direction et la Prsidence de Radio France jouent la carte du pourrissement du conflit. Elles mettent en danger lavenir de la radio publique, dj obr par leurs pratiques et leurs plans destructeurs. Nous avons not que le seul vritable progrs dans la ngociation (les formations musicales) est li votre intervention. Vous tes, Madame la Ministre, notre mdiateur naturel, et nous renouvelons notre dmarche auprs de vous, dans le droit fil du courrier adress vos conseillers, les informant de limpasse o nous met la direction actuelle de Radio France. Nous vous demandons dintervenir en tant que mdiatrice, dans une situation o vous avez commenc vous engager. Veuillez agrer, Madame la Ministre, lexpression de nos sentiments respectueux. LIntersyndicale de Radio France CFDT, CGT, SNFORT, SUD et UNSA.

    Paris, le 7 avril 2015