L'ESPAGNE AUJOURD'HUI un problème d’État · 2011. 7. 8. · de Bourbon Parme et S.E. Rifaat el...

16
2 0 0 0 L’ACTION FRANÇAISE 2689 58 e année du 17 au 30 novembre 2005 Prix : 3 s (20 F) Tremblez, honnêtes gens ! Les policiers sont entrés dans une grande colère. Depuis deux semaines ils étaient mobilisés toutes les nuits contre les voyous. 118 d'entre eux ont été blessés, et voilà comment la justice les traite. Il est incroyable que le gou- vernement n'ait pas mis les poli- ciers à l'abri des poursuites alors qu'il exige beaucoup d'eux dans les circonstances périlleuses que traverse le pays. Le nommé Fouad, nous apprend le Figaro, « a été mis en cause à une ving- taine de reprises pour vol, vol avec violence, vol avec arme, trafic de stupéfiants, recel... Mais écroué une seule fois. » On a vraiment beaucoup d'égards pour un tel individu ! Si le gouvernement veut écœurer la police il n'a qu'à conti- nuer. Les voyous dans la rue et les policiers en prison : voilà où nous conduisent MM. Chirac, Vil- lepin et Sarkozy. Honnêtes gens, tremblez ! L'anarchie s'installe en France. Jacques CÉPOY Le discours de Pierre PUJO au Banquet des Amis de l’Action française (page 3) L'ESSENTIEL Page 2 ÉCONOMIE – Le retour du "ni-ni". par Henri LETIGRE Pages 4, 5 et 6 L’EXPLOSION DES BANLIEUES – Insécurité d'État et état d'urgence par Aristide LEUCATE – La terrible fracture par Guillaume CHATIZEL Sécuriser l’école par Jean-Philippe CHAUVIN – Quand la France est absente par Ahmed RACHiD CHEKROUN Pages 6, 11 et 16 POLITIQUE ÉTRANGÈRE – Azerbaïdjan : crise à Bakou par Pascal NARI – Kosovo : un bilan catastrophique par Gérald BEIGBEDER – Cote d'Ivoire : la descente aux enfers par Pierre-Frédéric DANJOU Page 11 SOCIÉTÉ – Le bien commun chassé par Narcisse par Grégoire DUBOST Pages 12 et 13 ARTS-LETTRES- SPECTACLES – La victoire posthume de Bismarck par René PILLORGET – Journée de lecture : Itinéraires trotskistes par Pierre LAFARGE – 14-18 : vie et mort des Français par Anne BERNET Page 14 CHRONIQUE – En bonnes compagnies par Jean-Baptiste MORVAN LE TRÉSOR DE L’A.F. Romantisme et Révolution de Charles Maurras par Stéphane BLANCHONNET Notre dossier L'ESPAGNE AUJOURD'HUI par Guillaume CHATIZEL Jacques CEPOY Michel FROMENTOUX Pierre HILLARD Pierre LAFARGE Serge MARCEAU (pages 7 à 10) Banlieues : un problème d’État Tout ce qui est national est nôtre Aussitôt il portait plainte contre les policiers qui l'avaient frappé. Filmé par la télévision, il ne paraissait pas pourtant avoir été très amoché... Toujours est-il que quatre agents étaient placés sous contrôle judiciaire par le tribunal de Bo- bigny et un cinquième incarcéré à la Santé. Le gouvernement veut montrer qu'il n'accepte pas de bavures policières ! L'ennui est que sa faiblesse est interpré- tée par les voyous comme un en- couragement à continuer leurs méfaits... paraît provisoirement les premier et troisième jeudis de chaque mois 10, rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 Paris – Téléphone : 01-40-39-92-06 – Fax : 01-40-26-31-63 – Site Internet : www.actionfrancaise.net F ouad a été incarcéré à nou- veau le 11 novembre pour avoir participé à un caillas- sage de pompiers à La Cour- neuve. Espérons qu'il restera en- fermé un certain temps et sera ainsi neutralisé dans son activité délictueuse. Le soir du 7 no- vembre il avait été interpellé avec d'autres jeunes après un incendie de voitures. À peine relâché, il avait de nouveau nargué les po- liciers en jetant une bouteille dans le commissariat où il avait été re- tenu. Ces derniers l'avaient alors tabassé puis remis en liberté. 3:HIKLKJ=XUXUUU:?c@g@s@t@a; M 01093 - 2689 - F: 3,00 E Dimanche 13 novembre s'est tenu au Palais de la Mutualité à Paris le grand banquet annuel des Amis de l'Action française sous la présidence de Pierre Pujo. L'assistance était enthousiaste et les jeunes plus nombreux que jamais. S.A.I. la princesse Vinh Thuy, S.A.R. le prince Sixte-Henri de Bourbon Parme et S.E. Rifaat el Assad, ancien vice-président de la République syrienne, nous honoraient de leur présence. Prirent la parole, outre Pierre Pujo et le prince Sixte Henri de Bourbon Parme, François Leger, Thierry Bouclier, Élie Hatem, Michel Fromentoux, Albert Salon, Jean-Pierre Papadacci, François Bel-Ker, Paul-Marie Coûteaux. Nous donnerons dans notre prochain numéro un compte- rendu de cette belle manifestation du nationalisme français. Les jeunes participants groupés autour de Pierre Pujo pour le chant de La Royale. S UCCÈS DU B ANQUET D ’A.F. Photo Arnaud Danloux

Transcript of L'ESPAGNE AUJOURD'HUI un problème d’État · 2011. 7. 8. · de Bourbon Parme et S.E. Rifaat el...

Page 1: L'ESPAGNE AUJOURD'HUI un problème d’État · 2011. 7. 8. · de Bourbon Parme et S.E. Rifaat el Assad, ancien vice-président de la République syrienne, nous honoraient de leur

2000

L’ACTIONFRANÇAISE

N° 268958e année

du 17 au 30

novembre 2005

Prix : 3s (20 F)

Tremblez, honnêtes gens !Les policiers sont entrés dans

une grande colère. Depuis deuxsemaines ils étaient mobiliséstoutes les nuits contre les voyous.118 d'entre eux ont été blessés,et voilà comment la justice lestraite.

Il est incroyable que le gou-vernement n'ait pas mis les poli-ciers à l'abri des poursuites alorsqu'il exige beaucoup d'eux dansles circonstances périlleuses quetraverse le pays. Le nomméFouad, nous apprend le Figaro,

« a été mis en cause à une ving-taine de reprises pour vol, vol

avec violence, vol avec arme,trafic de stupéfiants, recel...Mais écroué une seule fois. »On a vraiment beaucoup d'égardspour un tel individu !

Si le gouvernement veutécœurer la police il n'a qu'à conti-nuer. Les voyous dans la rue etles policiers en prison : voilà oùnous conduisent MM. Chirac, Vil-lepin et Sarkozy. Honnêtes gens,tremblez ! L'anarchie s'installe enFrance.

Jacques CÉPOY

Le discours de Pierre PUJO au Banquet des Amis de l’Action française (page 3)

L'ESSENTIELPage 2ÉCONOMIE– Le retour du "ni-ni".

par Henri LETIGRE

Pages 4, 5 et 6L’EXPLOSION DES BANLIEUES– Insécurité d'Étatet état d'urgence

par Aristide LEUCATE– La terrible fracture

par Guillaume CHATIZEL– Sécuriser l’école

par Jean-Philippe CHAUVIN– Quand la Franceest absente

par Ahmed RACHiD CHEKROUN

Pages 6, 11 et 16POLITIQUE ÉTRANGÈRE– Azerbaïdjan : crise à Bakou

par Pascal NARI– Kosovo :un bilan catastrophique

par Gérald BEIGBEDER– Cote d'Ivoire :la descente aux enfers

par Pierre-Frédéric DANJOU

Page 11SOCIÉTÉ– Le bien communchassé par Narcisse

par Grégoire DUBOST

Pages 12 et 13ARTS-LETTRES-SPECTACLES– La victoire posthumede Bismarck

par René PILLORGET– Journée de lecture :Itinéraires trotskistes

par Pierre LAFARGE– 14-18 : vie et mortdes Français

par Anne BERNET

Page 14CHRONIQUE– En bonnes compagnies

par Jean-Baptiste MORVAN

LE TRÉSOR DE L’A.F.

– Romantisme et Révolutionde Charles Maurraspar Stéphane BLANCHONNET

Notre dossier

L'ESPAGNEAUJOURD'HUI

par Guillaume CHATIZEL

Jacques CEPOYMichel FROMENTOUX

Pierre HILLARDPierre LAFARGESerge MARCEAU

(pages 7 à 10)

Banlieues : un problème d’État

Tout ce qui est national est nôtre

Aussitôt il portait plaintecontre les policiers qui l'avaientfrappé. Filmé par la télévision, ilne paraissait pas pourtant avoirété très amoché...

Toujours est-il que quatreagents étaient placés sous contrôlejudiciaire par le tribunal de Bo-bigny et un cinquième incarcéréà la Santé. Le gouvernement veut montrer qu'il n'accepte pasde bavures policières ! L'ennuiest que sa faiblesse est interpré-tée par les voyous comme un en-couragement à continuer leursméfaits...

paraît provisoirement les premier et troisième jeudis de chaque mois10, rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 Paris – Téléphone : 01-40-39-92-06 – Fax : 01-40-26-31-63 – Site Internet : www.actionfrancaise.net

Fouad a été incarcéré à nou-veau le 11 novembre pouravoir participé à un caillas-

sage de pompiers à La Cour-neuve. Espérons qu'il restera en-fermé un certain temps et seraainsi neutralisé dans son activitédélictueuse. Le soir du 7 no-vembre il avait été interpellé avecd'autres jeunes après un incendiede voitures. À peine relâché, ilavait de nouveau nargué les po-liciers en jetant une bouteille dansle commissariat où il avait été re-tenu. Ces derniers l'avaient alorstabassé puis remis en liberté.

3:HIKLKJ=XUXUUU:?c@g@s@t@a;M 01093 - 2689 - F: 3,00 E

Dimanche 13 novembre s'est tenuau Palais de la Mutualité à Paris legrand banquet annuel des Amisde l'Action française sous laprésidence de Pierre Pujo.L'assistance était enthousiaste etles jeunes plus nombreux quejamais. S.A.I. la princesse VinhThuy, S.A.R. le prince Sixte-Henride Bourbon Parme et S.E. Rifaat elAssad, ancien vice-président de laRépublique syrienne, noushonoraient de leur présence.Prirent la parole, outre Pierre Pujoet le prince Sixte Henri deBourbon Parme, François Leger,Thierry Bouclier, Élie Hatem,Michel Fromentoux, Albert Salon,Jean-Pierre Papadacci, FrançoisBel-Ker, Paul-Marie Coûteaux.Nous donnerons dans notreprochain numéro un compte-rendu de cette belle manifestationdu nationalisme français.

Les jeunes participants groupés autour de Pierre Pujo pour le chant de La Royale.

SUCCÈS DU BANQUET D’A.F.

Photo Arnaud Danloux

Page 2: L'ESPAGNE AUJOURD'HUI un problème d’État · 2011. 7. 8. · de Bourbon Parme et S.E. Rifaat el Assad, ancien vice-président de la République syrienne, nous honoraient de leur

POLITIQUE FRANÇAISE

2 L’Action Française 2000 n° 2689 – du 17 au 30 novembre 2005

10, rue Croix-des-Petits-Champs,75001 Paris

Tél. : 01-40-39-92-06 • Fax : 01-40-26-31-63I.S.S.N. 1166-3286

• Directeur : Pierre Pujo• Secrétaire de rédaction :

Michel Fromentoux• Politique : Georges Ferrière,

Yves Lenormand• Politique étrangère : Pascal Nari• Chronique militaire : Bernard Guillerez• Économie : Henri Letigre,

Serge Marceau.• Enseignement, famille :

Michel Fromentoux, chef de rubrique• Sciences et société : Guillaume

Chatizel, • Outre-mer : Pierre Pujo• Médecine : Jean-Pierre Dickès• Livres : René Pillorget, Anne Bernet,

Pierre Lafarge, Philippe Aleyrac,Romaric d’Amico

• Arts-lettres-spectacles : Léon Camus,Renaud Dourges, Monique Beaumont

• Cinéma : Alain Waelkens• Combat des idées : Pierre Carvin,

Jean-Philippe Chauvin• Art de vivre : Pierre Chaumeil• Chroniques : Jean-Baptiste Morvan,

François Leger• Maquettiste : Grégoire Dubost• Photos : François Tabary

Abonnements, publicité, promotion :Monique Lainé

Ces contorsionsjuridico-financièrespourraient produiredes contradictions

comme seule l'Europe

est susceptible d'en engendrer…

LE MESSAGE DU COMTE DE PARIS

lors du Banquet d'Action française

Paris, le 11 novembre 2005

Mon cher Pujo,

À l’image de la Tour de "Ba-bel", la confusion règne dansnotre pays et ne parlons pasde notre monde en grande par-tie faute d’un langage commun.

Si nos banlieues flambent,une des raisons principales,nous le constatons, en est le"sabir" qui n’est même plus du"verlan" et le manque de com-munication qui en résulte.

Merci à tous les partici-pants, à tous les amis ras-semblés ce jour pour défendrenotre langue commune le fran-çais, non seulement cimentd’un pays mais également pas-serelle diplomatique permet-tant de mieux construire l’Eu-rope des patries de demain.

Très chaleureusement,

HENRIComte de ParisDuc de France

Al’heure oules publica-tions se

multiplient sur les années Mitter-rand, la nostalgie semble mêmetoucher ses plus grands adver-

miques" font leurréapparition avecles dernières ces-

sions d’actifs publics au secteurprivé engagées par le gouverne-ment Villepin. Ces opérations nesont plus inspirées par une foi li-bérale, mais par la situation comp-table de l’Etat et des groupesconcernés. "L’actionnaire de réfé-rence" n’a plus les moyens de fi-nancer de nouveaux investisse-ments au sein de ses sociétés.Ces dernières manquent de fondspropres et doivent néanmoinsprendre des positions stratégiquesen Europe, à l’heure ou la Com-mission de Bruxelles sonne l’ou-verture du vent dévastateur de laconcurrence, annoncée pour le 1erjuillet 2007. Une seule solutions’impose : la recapitalisation. Cetteopération consiste à créer de nou-velles actions vendues au public,aux salariés et à quelques inves-tisseurs institutionnels. Les fondsrécoltés pour E.D.F., près de 7 mil-liards d’euros, vont servir à finan-cer son expansion et ses projetsde développement international.

Une entreprisesous "curatelle"

Mais cette privatisation partielle(à peine 15 % du capital) s’ac-compagne de clauses qui enca-drent la future sixième capitalisa-tion de la place parisienne. Un nou-veau "ni-ni" apparaît. E.D.F ne seraplus vraiment une entreprise na-tionalisée puisque son statut et soncapital ne seront plus entièrementpublics. L’avantage que procureun statut privé en matière de li-berté de tarifs ne sera pas non plusappliqué à la nouvelle société, quisera contrainte de respecter cer-taines obligations. Un véritablecontrat de service public "à duréeindéterminée" s’imposera à cettesociété de droit privé : sécurité desapprovisionnements et des instal-lations, péréquation tarifaire pourpréserver l’égalité des consom-mateurs sur tout le territoire, mo-dération des révisions annuellesdes tarifs payés par les ménagesqui ne devront pas augmenter plusvite que l’inflation au cours descinq prochaines années, continuitéde la fourniture aux plus précaires,développement du parc nucléairecivil, obligation d’investissementdont au moins 20 milliards d’eu-ros en France dans les cinq ansqui viennent, développement des

sources d’énergies renouvelables,etc. Comme dans le cas de G.D.F.,qui a dû renoncer à son plan ini-tial de relèvement des tarifs du gazaprès avoir consulté les autoritésde tutelle, E.D.F. sera une entre-prise privée sous "curatelle". Voilànotre nouveau "ni-ni" : ni publique,ni privée, mais mixte.

Espérons que, pour l’avenirénergétique de la France, cescontorsions juridico-financièresdestinées à satisfaire à la foisBruxelles (qui interdit à l’Etat dejouer son rôle d’actionnaire en fi-nançant les investissements deses entreprises) et la C.G.T. (quin’hésite pas à s’octroyer les bienscommuns de tous les Français) neproduiront pas des contradictionsingérables comme seule l’Europeest susceptible d’en engendrer…

LE CRÉNEAU

saires politiques. Ceux-ci l’imitentet s’accrochent aux palais de laRépublique jusqu’au dernier mo-ment, alors que la France traverseune tempête. La politique écono-mique, présentée comme le der-nier moyen de distinguer droite etgauche, finit par confondre cesdeux pôles dans leur soif de pou-voir.

La cession d’une partie du ca-pital d’E.D.F. illustre parfaitementcette maxime : intérêts partisanset pécuniaires passent avant l’in-térêt national. Après G.D.F. et avantles sociétés d’autoroutes, l’Etatvient donc d’engager la privatisa-tion d’une nouvelle entreprise pu-blique. Mais derrière le dogme li-béral, apprécié par une tranche dela majorité parlementaire, nouspouvons remarquer que les visionséconomiques chères à l’ancienprésident de la République trans-paraissent.

"OGMéconomiques"

En effet, après avoir ruiné laFrance pendant son premier sep-tennat, le premier président so-cialiste de la Vème Républiqueconstata que les principes écono-miques chers à la gauche n’étaientque des utopies. Il s’engagea alorsdans son deuxième septennat enconceptualisant la théorie du"ni–ni" : ni privatisation, ni natio-nalisation. Cette inaction s’ac-compagnait de la volonté de faireémerger des entreprises "hy-brides", à la fois privées et pu-bliques, sous l’appellation de "so-ciétés mixtes", censées cumulerles avantages des deux structuresprécédentes sans hériter de leursinconvénients.

Dix ans après le départ de l’an-cien président, ces "OGM écono-

Le retour du “ni-ni” ?

Messes pourCharles Maurras

� Une messe a été célébrée le mer-credi 16 novembre à 19 heures à Pa-ris, en l'église Saint-Eugène-Sainte-Cécile par l'abbé Jean-Bernard de Lan-galerie, à l'initiative de l'Associationdes amis du Chemin de Paradis.

� Une messe sera dite le mercredi23 novembre à 11 h 15 en l'égliseSainte-Jeanne d'Arc, 50 rue de l'Isle àLimoges (Haute-Vienne).

LE MONDEET LA VILLE

parHenri LETIGRE

Vente-dédicacedes écrivainscatholiquesLa vente-dédicace des

écrivains catholiques aura lieule vendredi 25 novembre2005 de 14 heures à 19 h 30à la mairie du VIè arrondisse-ment, place Saint-Sulpice (mé-tro Saint-Sulpice). Pierre Pujo,Philippe Prévost, HuguettePerol, Régine Lussan, AbbéFrancis Volle, Louis Pozzo diBorgo, Michel de Poncins, etc.signeront leurs ouvrages.

Salon du Livred’Histoire

La deuxième Salon duLivre d’Histoire se déroulerale dimanche 4 décembre2005, de 13 à 18 heures dansles salons Étoile-Marceau, 79B avenue Marceau, Paris 16è

(à deux minutes de la placede l’Étoile). 50 écrivains y si-gneront leurs ouvrages, parmilesquels Pierre Pujo, PhilippePrévost, Dominique Paoli,Jean Madiran, Minh DungLouis Nghiem, Florence deBaudus, etc.

La Commissions’empare

du droit pénal

�� L'INDÉPENDANCE, le journalde Paul-Marie Coûteaux, publiedans son numéro de novembre2005 un entretien avec un fonc-tionnaire européen qui com-mente l'arrêt du 13 septembrede la Cour de Justice des Com-munautés européennes. Cet ar-rêt reconnaît à la Commissionle droit d’assortir les directiveseuropéennes qu’elle adopte desanctions pénales, alors que ledroit pénal reste de la compé-tence des États et plus particu-lièrement du pouvoir législatif.

Le fonctionnaire européeninterviouvé explique la portéede cet arrêt : « Cette décision portesur les sanctions pénales qui doi-vent punir les contrevenants à laréglementation européenne en ma-tière d’environnement. Le Conseilavait refusé, à juste titre, que cessanctions soient déterminées parla Commission, et avait établi lui-même et comme le prévoient lesTraités, une décision-cadre à ceteffet. La Cour de Justice de Luxem-bourg ne s’est pas contentée detrancher en faveur de la Commis-sion ; elle a indiqué clairement qu’ils’agit d’un arrêt de principe, c’est-à-dire d’une jurisprudence qui s’ap-plique à tous les domaines de com-pétences communautaires. Elle es-time que si les sanctions sont deséléments essentiels du respectd’une directive, elles doivent êtrede la compétence de la Commis-sion. La "Constitution européenne"n’osait même pas aller clairementjusqu’au même point. Peu importe

qu’elle ait été rejetée ; la plusgrande partie du droit pénal desÉtats-membres vient d’être com-munautarisée, loin des peuples tur-bulents, par simple décision judi-ciaire ! »

Les Français ont rejeté laConstitution européenne le 29mai mais le processus intégra-tionniste européen se poursuitsans que le gouvernement et lesparlementaires français (de quirelève le droit pénal) ne réagis-sent. Faisons respecter notre« non » !

Sur le cheminde la nation

�� INTERROGÉ par FRANCE IN-TER le 8 novembre, Lionel Jos-pin a déclaré qu’il fallait dire auxjeunes des banlieues « Ça vautla peine d’être français » et leurfaire comprendre les avantagesqu’ils en retirent.

Quant à Ségolène Royal, elledonne dans 20 minutes(10/11/05) un point de vue qui nemanque pas de bon sens : « Pourles plus jeunes, il faut rétablir l’au-torité parentale et assurer des sou-tiens scolaires gratuits après laclasse. Ensuite il faut rétablir uneforme de service national au moinspour six mois. Sa suppression aété une grave erreur. C’était le seulendroit où des jeunes qui n’avaientpas été cadrés, structurés, avaientune chance de l’être. »

La crise aura eu au moins lemérite de mettre certains socia-listes sur le chemin de la nation...

Jacques CEPOY

Page 3: L'ESPAGNE AUJOURD'HUI un problème d’État · 2011. 7. 8. · de Bourbon Parme et S.E. Rifaat el Assad, ancien vice-président de la République syrienne, nous honoraient de leur

L’Action Française 2000 n° 2689 – du 17 au 30 novembre 2005 3

BANLIEUES : UN PROBLÈME D'ÉTAT

É D I T O R I A L

Depuis deux semaines la France connaîtune guérilla urbaine qui enflamme lesbanlieues. Les voyous ne s’en prennent

pas seulement à la police mais aussi aux pom-piers, à toutes les institutions sociales. Ils brû-lent des voitures particulières, des autobus etmême des écoles maternelles. Ils se compor-tent comme des sauvages, détruisant tous lessymboles d’une société à laquelle ils se sen-tent étrangers.

On accuse globalement les immigrés, ce-pendant beaucoup d’entre eux sont intégrésdans la société française et même s’assimilent.C’est une minorité de jeunes – souvent nés enFrance mais déracinés – qui fomentent lestroubles.

On accuse aussi l’islam qui serait incom-patible avec notre société chrétienne et laïque.Mais les chrétiens et les musulmans ont desvaleurs communes et déjà une longue expé-rience de cohabitation entre eux. Il y a des fon-damentalistes musulmans qui inspirent le ter-rorisme international et qui sont dangereux,mais il n’y a pas de guerre de civilisations.

Les coupables

Pour notre part, nous accusons les respon-sables politiques, de droite comme de gauche,d’avoir conduit à la situation actuelle par leursfautes, leurs négligences et leur démagogie.

Ils ont laissé entrer sur le territoire natio-nal des millions d’immigrés. Ils ont autorisélargement le regroupement familial, régulariséles clandestins.

Ils ont concentré ces immigrés dans desbanlieues inhumaines en les logeant dans destours et des barres de béton.

Ils ont laissé se créer des centaines de zonesde non-droit, permettant à des trafics de toutgenre de proliférer.

Ils ont laissé les jeunes des cités sans en-cadrement, sans repères. Sans doute beaucoupd’associations ont-elles été créées avec des aidespubliques, mais elles ont servi davantage à en-tretenir des permanents, à caser des copains,qu’à aider les jeunes à s’épanouir.

La fiertéd’être français

Alors, on s’interroge : face aux troubles quefaut-il faire ?

Il faut d’abord rétablir l’ordre public et lasécurité. Sinon des milices d'autodéfense s’enchargeront et ce sera la guerre civile. L’étatd’urgence proclamé par le gouvernement y suf-fira-t-il ? Ce n’est pas sûr. Il faut tendre à ap-pliquer le principe de la "tolérance zéro" si sou-vent proclamé mais demeuré lettre morte. Cequ’on appelle pudiquement les incivilités doi-vent être sanctionnées sans faiblesse.

Il faut aussi mener une action sociale et dé-velopper l’emploi dans les banlieues. À cet

égard on ne peut qu’approuver M. de Villepinde vouloir abaisser à quatorze ans l’âge de l’ap-prentissage, d’autant plus que beaucoup de mé-tiers manquent de bras. Cela dit, il faut inciterles jeunes à fournir l’effort nécessaire poursuivre une formation. La "discrimination posi-tive" chère à M. Sarkozy est une mauvaise so-lution : les jeunes des banlieues doivent at-teindre un niveau professionnel suffisant pourêtre embauchés et ne pas constituer une maind’œuvre au rabais.

Le problème des banlieues n’est pas d’abordun problème de subventions à fournir, mais unproblème d’éducation à rétablir et un problèmed’esprit national à restaurer.

– Un problème d’éducation : c’est à la foisl’affaire de la famille et de l’école à qui l’Étatdoit permettre de retrouver leurs missions res-pectives, qui sont complémentaires.

– Un problème de restauration de l’espritnational. Il faut inculquer aux jeunes des ban-lieues la fierté d’être français. C’est ce que sou-lignait 10 novembre le ministre Azouz Begagsur France Inter en souhaitant que les jeunesdes banlieues se rendent à l'étranger « afin deconstater ce qu’est la vraie misère ». En re-venant, ajoutait-il, ils devront reconnaître que« la France, c’est formidable ».

C’est là une question essentielle. Il faut ces-ser de victimiser les jeunes des banlieues. Ilfaut en finir avec le dénigrement de la Franceet de son histoire. Il faut cesser de soutenirqu’elle doit faire repentance pour avoir prati-qué jadis l’esclavage (tout comme d’ailleursles Arabes et les potentats africains) ou pouravoir permis les bavures de la colonisation. LaFrance a réalisé outre-mer une œuvre considé-rable de civilisation dont les populations au-tochtones ont été les principales bénéficiaires.

Une France souveraine

Si l’on veut intégrer les jeunes des ban-lieues il faut cesser de diffuser l’idée que laFrance souveraine et indépendante a fait sontemps et qu’elle doit se fondre dans une Eu-rope qui deviendrait une nouvelle "puissance".

L’actuelle "construction européenne" conduità une impasse. L’Europe qui est possible et sou-haitable est celle qui développerait la coopé-ration entre des États souverains ainsi que l’har-monisation de leurs législations quand celle-ciest réciproquement bénéfique pour chaque pays.

Ce n’est pas là l’Europe prônée par nos di-rigeants, lesquels cherchent le moyen de faireadopter par morceaux la Constitution euro-péenne qui a été rejetée par le référendum du29 mai.

Ce référendum, écrit Lionel Jospin dans sonrécent ouvrage, a exprimé « la crainte d’unedilution de l’identité nationale ». C’est assezlucide de la part d’un ancien trotskiste ! Et ilest vrai que, plus ou moins consciemment, lesFrançais ont voulu manifester leur volonté dedemeurer les maîtres de leur destin. Noussommes fiers à l’Action française d’avoir contri-bué à la victoire du "non" !

On ne sortira de la crise des banlieues quepar une reprise de conscience nationale. Il estessentiel de réhabiliter la nation française nonseulement dans les banlieues, mais dans tousles milieux sociaux, notamment parmi les élitesqui cèdent trop souvent au mirage européisteet donnent le triste exemple d’une démissionnationale.

Refaire un État

Réhabiliter la nation, mais aussi mener unepolitique ferme et continue. C’est nécessairepour les banlieues comme d’ailleurs pour la so-lution des autres grands problèmes économiqueset sociaux de la France. Or la politique fran-çaise est pourrie par la perspective de l’élec-tion présidentielle de 2007. On constate nonseulement l’opposition de la droite et de lagauche mais les profondes divisions qui tra-versent les deux camps, et notamment la riva-lité entre M. de Villepin et M. Sarkozy qui s’està peine atténuée au plus fort des troubles dansles banlieues. Comment la France peut-elle êtregouvernée correctement dans ces conditions ?

L’élection présidentielle de 2007 fait res-sortir les graves défauts de la Ve République.Celle-ci était selon De Gaulle le moyen de dé-signer "l’homme de la nation", mais cela n’estplus possible lorsque les candidatures sont aussidispersées qu’aujourd’hui. Chaque famille po-litique veut avoir son candidat, mais aucun can-didat n’est en mesure de réaliser l’unité.

C’est pourquoi la Monarchie demeure d’ac-tualité. Le Roi représente une autorité au-des-sus des partis, des clans, des intérêts. Il incarnel’identité de la nation et sa souveraineté.

Au moment où la France doit faire face àtant de problèmes non résolus par nos politi-ciens qui ont remis les solutions à plus tard, oùla cassure entre le pays réel et le pays légal n’ajamais été aussi profonde, la ré-instauration dela Monarchie pourrait être tout simplement lemoyen de reconstruire en France un État.

NOTRE SOUSCRIPTION POUR L’A.F.

SIGNESDES TEMPS

PARPIERRE PUJO

Nous publions ci-dessous le texte du discours de Pierre Pujo au Banquet des amis de l'Action française du 13 novembre 2005.

n Regardez la photographie quenous publions en première page.Regardez celles de la page 15.Elles montrent une Action fran-çaise qui ne cesse de bouger, quine renie rien de son passé maisqui est présente dans le débat po-litique et va de l’avant.

L’A.F. continue de préconiserdes solutions inspirées par le seulintérêt national face aux gravesproblèmes dans lesquels la France

APPEL PRESSANTse débat. Contrairement à tantd’autres, elle n’a pas de préoccu-pations électoralistes. Elle n’at-tend pas pour 2007 la venue d’unsauveur.

Comme le déclarait Michel Fro-mentoux au Banquet du 13 no-vembre « L’heure de l’Action fran-çaise a sonné ». Évoquant les dif-ficultés financières du journal, ila ajouté : « Il est impensable quel’Action française recule ou seule-

ment s’assoupisse ». De fait, nosfinances sont aujourd’hui engrand péril.

Alors, si vous n’avez pas versévotre obole lors de la quête ef-fectuée au Banquet, adressez-nous un don pour que vive l’A.F.Nous avons besoin de 60.000 eu-ros. Merci !

P.P.N.B. : Prière d’adresser la sous-cription à Geneviève Castelluccio,L’AF 2000, 10 rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 Paris.

LISTE N° 17

Virements réguliers :M. Derville, 7,62 ; Jean-Michel deLove, 7,62 ; Vincent Claret-Tournier,15 ; Général Jacques le Groignec,15,24 ; Mme Yvonne Peyrérol, 15,24 ;Mlle Annie Paul, 15,24 ; JacquesRolland, (3 mois) 30,49 ;

Pierre Bonnefont, 22,87 ;Mme Marie-Magdeleine Godefroy,22,87 ; Georges Delva, 25 ;Mme Françoise Bedel-Giroud, 30,49.

Vincent Claret-Tournier, 75 ;anonyme 37, 120 ; EmmanuelBibollet, 75 ; Vincent Gaillère, 20 ;

Denis Artaud, 20 ; Gérard de Ligny,80 ; Mme du Plessis d’Argentré, 25 ;Mme Capet-Sellenet, 100.

Quête au Banquet : 2.887.Pour mon absence au

Banquet : Roger Beaudeloche, 20 ;Mlle Annie Paul, 20 ; Philippe Boiry,30 ; Jean Foyard, 50 ; ChristianMalaurie, 50 ; Mme Germaine Bénech,60 ; M. et Mme Pierre Vuillerme, 80 ;Gérald WaIlliez, 10.Total de cette liste : 3.969,92 sListes précédentes : 26.653,81 s

Total : 30.623,73 sTotal en francs : 200.878,50 F

Paroles

Les jeunes des banlieues, issusde l'immigration, ont peu de di-plômes, pas de travail, peu de pers-pectives d'avenir et nombre d'entreeux ne sont évidemment pas inté-grés dans la société française. Êtrebaptisés « filles et fils de la Répu-blique » suffira-t-il à régler leurs pro-blèmes ? Une fois de plus, Chiracsemble croire qu'en politique, lesmots peuvent remplacer les actes...

Capitalisme

Alors qu'il n'existe plus, depuisla chute du mur de Berlin et l'effon-drement du communisme, d'alter-native crédible au capitalisme, unétonnant sondage réalisé par LH2pour Libération, révèle que deux-tiers de nos concitoyens rejettent cesystème qu'ils décrivent, pour 41 %d'entre eux comme « l'exploitationde l'homme par l'homme » et pour45 % d'entre eux comme « l'accu-mulation des richesses » par unpetit nombre de personnes. C'estévidemment le résultat d'un capita-lisme à outrance qui n'est plus tem-péré par l'humanisme. Dans Le Ca-pitalisme total, le patron de gaucheJean Peyrelevade a raison de dé-noncer les « exigences de renta-bilité excessives » des gestion-naires de fonds de pension, qui« polluent par pure cupidité la lé-gitime volonté d'entreprendre ».Ce n'est pas le capitalisme qu'il fautremettre en cause : c'est le poidsexagéré de la spéculation boursièreet financière.

Aberrations

La presse relaie complaisam-ment la campagne lancée par laGrande-Bretagne qui stigmatise lesaberrations de la Politique AgricoleCommune pour mieux réclamer saréforme. Certes le système est im-parfait et quelques gros propriétairesterriens bénéficient de subventionsscandaleusement élevées. Mais cen'est pas une raison pour offrir auxAnglais l'abolition de la PAC qui achè-verait l'agriculture française. Cettetechnique consistant à mettre enavant quelques aberrations d'un sys-tème pour mieux en réclamer la ré-forme a déjà été employée il y aquelques semaines pour réformerl'ISF : en montant en épinglequelques cas de propriétaires ter-riens de l'île de Ré trop lourdementimposés, les députés libéraux ontobtenu de copieux allégements fis-caux pour leurs riches amis, au mo-ment où les Français sont invités àl'austérité.

Guillaume CHATIZEL

Page 4: L'ESPAGNE AUJOURD'HUI un problème d’État · 2011. 7. 8. · de Bourbon Parme et S.E. Rifaat el Assad, ancien vice-président de la République syrienne, nous honoraient de leur

4 L’Action Française 2000 n° 2689 – du 17 au 30 novembre 2005

L'alternative ducommunautarisme

pourrait être un grave danger

dans une républiquequi a fragilisé le sentiment

national.

Insécurité d'État et état d'urgence

Après plusde dix joursd’émeutes

urbaines qui ravagent nos banlieuesen les mettant à feu et à sang, legouvernement a enfin déclaré l’étatd’urgence qui permettra aux pré-fets d’instaurer, notamment, descouvre-feu dans certains quartiersparticulièrement exposés. La classepolitique, Sarkozy en tête, a beaujeu, à présent, de clamer, à qui veutl’entendre, sa volonté de « fer-meté » et de « maintenir l’ordrerépublicain », etc.

Droite et gauche confonduesont, depuis plus de trente ans, laissépourrir une situation devenue litté-ralement explosive. Une immigra-tion massive et incontrôlée, un tauxde chômage galopant, la déliques-cence de l’autorité de l’État et, lepire de tous les maux en politique,la démagogie sont les causes tra-giques qui ont conduit à l’instaura-tion insidieuse mais progressived’une véritable insécurité d’État.

Restrictiondes libertés

S’il est parfaitement légitime etsouhaitable que l’État fasse usagede pouvoirs exceptionnels en tempsde crise, il est, en droit, toujoursdouteux et contestable que ces me-sures de « légitime défense » del’État soient mises en œuvre tantpar suite d’une défaillance de sonautorité, qu’à cause d’une inertiede longue durée de ses respon-sables politiques, administratifs etjudiciaires.

Il ne faut pas perdre de vue, eneffet, que l’état d’exception s’ana-lyse en une mise entre parenthèsesdu droit commun. Les principaleslibertés (réunion, presse, circula-tion, inviolabilité du domicile, droitau respect de la vie privée) sontétroitement subordonnées aux im-pératifs de l’ordre public qu’il revientà l’État de faire prévaloir en premieret en dernier ressort. Le droit fran-çais dispose, à cet égard, d’un éven-tail assez large de ce que l’on pour-rait également nommer les der-nières défenses immunitaires del’autorité publique, en vue de ré-pondre à des situations extrêmesdont la persistance serait de natureà mettre gravement en péril la sur-vie de l’État et celle de la popula-tion.

Défensesimmunitaires

Le premier dispositif est consti-tué par l’état de siège (article 36 denotre Constitution) qui peut être ins-titué en cas de guerre étrangère,de « péril imminent pour la sé-curité intérieure » ou « d’insur-rection à main armée ».

Le deuxième arsenal provientd’une vieille jurisprudence duConseil d’État dite des « circons-tances exceptionnelles » qui per-met aux pouvoirs publics, en tempsde guerre, de prendre des mesuresqui seraient illégales en temps nor-mal.

Le troisièmerégime d’exceptionest l’état d’ur-

gence, cité plus haut. Issu de la loidu 3 avril 1955, il est établi notam-ment, en cas de « péril imminentrésultant d’atteintes graves àl’ordre public ». Il a été appliquédurant les "événements" d’Algérieet en Nouvelle-Calédonie en 1985.

Le dernier dispositif est prévupar l’article 16 de la Constitution de1958 qui ne prévoit rien de moinsqu’une dictature temporaire du chefde l’État, lequel se voit investi detous les pouvoirs habituellement ré-partis entre l’exécutif et le législatifen cas d’atteinte aux « institutionsde la République », à « l’indé-pendance de la Nation » ou à« l’intégrité de son territoire ». Ilfut utilisé une seule fois, lors duputsch des généraux Salan, Jou-haud, Zeller et Challe à Alger enavril 1961.

Le roi,salut du peuple

Quoi qu’il en soit, ces divers pro-cédés juridiques ont en commun,selon leur intensité, d’interdire lacirculation des personnes, d’insti-tuer des zones où le séjour de cesdernières est réglementé (abusive-ment appelées « zone de couvre-feu »), d’assigner à résidence, voire,selon les régime d’exception, detransférer entre les mains des au-torités militaires des pouvoirs de po-lice et de justice.

La terrible fracturepar

Guillaume CHATIZELDepuis le temps que l'on pré-dit l'échec du "modèle ré-publicain" français, certains

pourraient s'attendre à ce que noustentions de tirer parti des émeutesqui ont touché le pays. On pourraitgloser sur l'autisme des respon-sables politiques qui n'ont pas senti

monter l'exaspération et la terriblefracture grandissante entre laFrance et ses banlieues. On pour-rait disserter sur l'échec d'un mo-dèle éducatif privé de valeurs et derepères. On pourrait analyserl'échec complet d'une pseudo "in-tégration" dans un pays qui pou-vait d'autant moins assimiler desétrangers qu'il s'était lui même privéde l'idée nationale.

Image déplorable de la France

Mais aujourd'hui pas plusqu'hier, les malheurs du pays nepeuvent constituer une "divine sur-prise" et il faut, avant même deconsidérer les désordres nationauxet les moyens d'y remédier, son-ger aux ravages que cette situa-tion entraîne pour l'image de laFrance dans le monde. Télés, ra-dios et journaux du monde entieront couvert, parfois avec une évi-dente mauvaise foi, ces "frenchriots" qui ont donné du pays uneimage déplorable.

Il n'est pas besoin d'évoquer lelangage guerrier de Nicolas Sar-kozy, ni le double jeu qu'il mène ensa qualité de ministre de l'Intérieuret de candidat à l'élection prési-dentielle, pour réclamer sa démis-sion. À l'évidence, l'incapacité dupremier flic de France à contenirces émeutes et l'image déplorableque ces événements ont donnéede la France sur la scène interna-tionale devraient suffire à lui fairequitter la place Beauveau. Ceux quis'étaient laissés prendre au dis-cours de Nicolas Sarkozy, ceux quiavaient cru que la "racaille" pour-rait être nettoyée au "karcher", au-ront en tout cas pu mesurer la fla-grante inefficacité de celui qui pré-tend incarner le changement en2007.

Car même si Nicolas Sarkozya voulu se défausser sur ses pré-décesseurs en indiquant que « çafait trente ans qu'on a laissé lasituation s'aggraver dans un cer-tain nombre de quartiers », Do-minique Strauss-Kahn a eu beaujeu de voir dans ces événementsla preuve que « le sarkozysme,ça ne marche pas » et Lionel Jos-pin, qui garde le souvenir amerd'une campagne électorale qu'il aperdue en grande partie à cause

du thème de l'insécurité, a eu rai-son de juger sévèrement « ce gou-vernement qui s'était tant vantéde son savoir-faire en matière desécurité ».

Valseshésitations

Après avoir laissé son ministrede l'Intérieur monter seul en pre-mière ligne, le Premier ministre estfinalement venu jouer les pompiers.De son train de mesures, on re-tiendra tout d'abord que le gou-vernement va « restaurer l'aideaux associations » qu'il avait di-minuée dans de nombreux quar-tiers. C'est évidemment l'aveu desmauvais choix politiques du gou-vernement et il sera encore plusmanifeste lorsque le gouvernementrouvrira le débat sur la police deproximité que M. Sarkozy avait sup-primée en 2002 au profit du "toutrépressif". On touche là un despoints-clés du problème des ban-lieues : voilà trente ans que la ban-lieue est le théâtre des valses-hé-sitations d'une république incapablede conduire une politique à longterme.

La mesure phare de Dominiquede Villepin est évidemment lecouvre-feu, qui constitue lui aussiun constat d'échec. S'il était né-cessaire pour rétablir l'ordre, il estégalement maladroit car il eût mieuxvalu une nouvelle loi plutôt que d'ex-humer cette loi du 3 avril 1955 quin'avait été appliquée jusqu'à pré-sent qu'à l’occasion de la guerred’Algérie et en Nouvelle-Calédo-nie. Surtout, le retour au calme au-rait sans doute pu se contenter desarrêtés municipaux qui prévoientde conduire au commissariat lesmineurs circulant seuls la nuit, sansrecourir à cette loi presque mar-tiale.

Le plus étonnant est finalementle fait que Dominique de Villepinn'a pas craint, alors que les voi-tures brûlaient encore, de propo-ser des priorités pour l'avenirconcernant l'éducation, l'emploi, lelogement et la discrimination.Comme si, après trente ansd'échec, on pouvait régler le pro-blème des banlieues au momentmême où elles s'enflamment...

Les Français auront sans doutepeine à croire aux promesses d'em-ploi du Premier ministre et ne pour-ront que constater la terrible frac-ture ethnique, religieuse et géo-graphique que révèlent cesévénements.

Règles du non-droit

La fracture est géographiquecar il existe à l'évidence des coinsde France qui ne vivent pas avecles mêmes règles que le reste dupays. Dans ces zones, lorsque deuxjeunes, qui ne sont pas délinquantset ne sont pas connus des services

de police, font l'objet d'un contrôled'identité, ils préfèrent se réfugierdans une centrale électrique plutôtque de montrer leurs papiers...Dans ces zones, lorsqu'un père defamille prend, dans le cadre de sontravail, des photos de mobilier ur-bain, il est mortellement roué decoups... Dans ces zones, lorsquela police intervient pour rétablirl'ordre, sa seule présence est vé-cue comme une provocation et en-gendre une flambée de violence.

À l'évidence, le dialogue et laconfiance entre la population et lapolice sont gravement détériorésdans cette partie du pays. La fauteaux jeunes qui ne respectent rien ?La faute aux policiers qui font plusde répression que de dissuasion ?Peu importe. Le mal est plus pro-fond et ne concerne pas seulementla police. Car dans ces quartiers,les écoles, la justice, l'emploi... nefonctionnent pas non plus et l'échecscolaire, le sentiment d'impunité, larègle du non-droit, l'absence deperspective, l'échec social... sontle terreau fertile des situations in-extricables que la police ne peutplus gérer.

Entre la France et ses ban-lieues, la fracture est égalementethnique et religieuse et l'explosiond'une grenade lacrymogène dansla mosquée de Clichy-sous-Bois aréveillé pour beaucoup d'habitantsdes cités le sentiment que leur re-ligion n'était pas respectée par lasociété française. Si une grenadeavait explosé dans une synagogue,un ministre ne serait-il pas venu im-médiatement apporter le soutiende la Nation à la communautéjuive ? A Clichy, on a préféré indi-quer que la grenade n'avait peut-être pas explosé dans la mosquéeavant d'envisager, avant enquête,qu'elle n'avait peut-être pas été lan-cée par la police...

Les médias ont quasimentpassé sous silence un autre élé-ment révélateur de cette fractureethnique et religieuse : deux cock-tails Molotov ont été jetés contre lebâtiment du presbytère de l'églisede l'Ile de Thau à Sète, seule égliseperdue au milieu d'un quartier trèsmajoritairement musulman...

Les"intellectuels"ouvriront-ils les yeux ?

Est-ce jeter de l'huile sur le feuque de rappeler l'importance decette fracture ethnique et religieusedans la crise des banlieues ? Lesémeutes auront eu le mérite d'ou-vrir les yeux de quelques intellec-tuels sur le danger qu'il y a à nier,comme ils l'ont fait pendant des an-nées, l'existence de ces fracturesque les Français constatent chaquejour.

Dans Le Monde du 7 novembre,dans un article qui fera date, le so-ciologue de gauche Alain Touraineest le premier à confesser que lerejet du communautarisme, au nomde l'intégration, ne répond plusaux problèmes actuels. « J'ai

parAristide LEUCATE

L’EXPLOSION DES BANLIEUES

Ces mesures sont, en principe,d’application limitée dans le tempset permettent d’assurer le rétablis-sement de l’ordre et de la sécuritépublics. Mais, en dehors des si-tuations d’agression étrangère, leurimpact psychologique sur la popu-lation est important et, sur le planpolitique, elles ont tendance à af-faiblir le pouvoir en place. Ce qu’ilrecouvre en autorité, il le perd né-cessairement en légitimité. C’estdire que la mise en œuvre d’un étatd’exception, s’il est conforme àl’adage romain, « salus populissuprema lex esto », fragilise néan-moins le régime républicain. Instablepar définition à cause du principeélectoral ; un gouvernement d’ori-gine démocratique est, par surcroît,soumis aux aléas d’une opinion ver-satile qui, devant la veulerie de sesdirigeants, fera le choix de la dé-magogie ou, pire, de la dictature.

La preuve est encore faite queseul un roi aurait assez de sagessepour user de prérogatives aussi ca-pitales.

Dominique de VillepinL’état d’urgence fragilise le régime

Page 5: L'ESPAGNE AUJOURD'HUI un problème d’État · 2011. 7. 8. · de Bourbon Parme et S.E. Rifaat el Assad, ancien vice-président de la République syrienne, nous honoraient de leur

L’Action Française 2000 n° 2689 – du 17 au 30 novembre 2005 5

parJean-Philippe CHAUVIN

L'école est devenue

l'un des derniersliens sociaux

dans des banlieuesabandonnées

par les servicespublics

ou négligées par les entreprises,

quand elles ne sont pas,

purement et simplement,

des "zones de non-droit".

Sécuriser l’écoleFaut-il toujours attendre que

des quartiers qualifiés, sou-vent à juste titre, de "difficiles"

s’embrasent pour que la Républiquese souvienne alors que les "ban-lieues" existent ?

Un préalable intellectuel pourmener une politique nouvelle et, àplus ou moins long terme, efficaceest de renier l’égalitarisme encorefort vivace dans l’Éducation natio-nale : égalitarisme qui souvent res-semble à une hypocrisie, voire àune escroquerie, pratiquée par ceux-là mêmes qui s’autoproclament "ex-perts" ou "pédagogues" et seraientsouvent bien incapables d'appliquerleurs grands principes dans les col-lèges de Z.E.P. (Zone d’ÉducationPrioritaire).

Il faut le souligner : ce n’est pasla même chose d’enseigner au ly-cée Hoche de Versailles et au col-lège Jean Vilar des Mureaux (col-lège dans lequel j’ai travaillé durantneuf ans). Ce n’est pas la mêmechose parce que ce ne sont pas lesmêmes publics, les mêmes milieuxsociaux ni les mêmes environne-ments urbains et culturels. Vouloirappliquer les mêmes méthodes, en-seigner les mêmes connaissanceset savoirs-faire, apparaît comme uneabsurdité. Il est nécessaire d’adap-ter la stratégie éducative aux diffi-cultés des populations fragiliséesdes banlieues. D’ailleurs, la mise enplace des Z.E.P. était une recon-naissance de ce "particularisme",reconnaissance malheureusementpartielle et viciée par des politiquespeu honnêtes de recrutement et degestion des enseignants.

En effet, envoyer de jeunes pro-fesseurs à peine sortis de l’Univer-sité et de l’I.U.F.M. dans ces éta-blissements de Z.E.P. est évidem-ment catastrophique et, surtout,démobilisateur et déprimant pources "novices" pleins de bonne vo-lonté, mais souvent (il y a certesquelques brillantes exceptions) vitedépassés par l’ampleur de la tâcheet les difficultés propres aux élèves.L’impression, désagréable, de "fairegarderie" est, évidemment, répul-sive et les jeunes enseignants, àpeine arrivés, ne pensent souventqu’à leur prochaine mutation, en gé-néral vers des établissements pluscalmes...

Redonnerconfiance

aux enseignantsDe nombreuses voix s’élèvent

pour réclamer des "profs expéri-mentés" : il est peu probable, dansles conditions actuelles, que ces ap-

La mémoire courte des gouver-nements qui se sont succédé de-puis plus de trente ans est affligeanteet, désormais, prend des tours as-sassins ; c’est un constat qu’il fautdésormais prendre en compte et ilest trop tard pour regretter. Il est dé-sormais nécessaire d’agir, de mettreen place une stratégie à long terme,adaptée aux terrains et aux tempsprésents sans négliger ceux à ve-nir.

Renierl'égalitarisme

L’une des pièces de cette stra-tégie, c’est l’école qui est, parfois,devenue le dernier lien social dansdes banlieues abandonnées par lesservices publics ou négligées parles entreprises, quand elles ne sontpas, purement et simplement, des"zones de non-droit". Il est évidentque l’école n’est pas capable à elleseule de résoudre des problèmesqu’elle vit et subit aussi au quoti-dien dans ses rapports aux lieux età ses communautés, ses habitants,mais elle peut participer activementau nécessaire apaisement des es-prits et au "désarmement" desconflits et tensions. Ne serait-ce quepar son caractère obligatoire, elleest le lieu de passage des jeunes,de tous les jeunes, sur tous les "ter-ritoires de la nation".

pels soient entendus... La difficultéest de redonner confiance à des en-seignants qui ont, eux aussi, tropsouvent l’impression d’être aban-donnés par l’Éducation nationale.

Sans doute faut-il repenser lesstructures et les pratiques éduca-tives dans les banlieues : mais nenous leurrons pas, le problème fi-nancier va vite apparaître aux poli-tiques comme un obstacle... Et pour-tant ! Les investissements d’au-jourd’hui, s’ils sont bien pensés etcontrôlés, peuvent être les écono-mies de demain...

D’autre part, répondre à l’ur-gence ne signifie pas tomber dansla précipitation mais, au contraire,intégrer les notions de durée et decontinuité dans la politique menée.Il appartient à l’État, aujourd’hui

intercours (moments les plus "ten-dus" : bousculades, frictions sus-ceptibles de dégénérer en heurts,etc.). La cour de récréation, endroitsensible, doit répondre à quelquescritères simples : vaste mais biendélimitée, sans trop de recoins oude zone d’ombre susceptibles"d’abriter" des rackets... Il n’est pasnécessaire de mettre des caméraspartout : la présence de quelquessurveillants et médiateurs aux en-droits "stratégiques" peut dissuaderdes fauteurs de troubles ou rassu-rer des élèves.

Sécuriser l’école, c’est aussi évi-ter la "sanctuarisation" qui mène àun véritable décalage avec la réa-lité : chaque établissement scolaireappartient à un lieu donné (province,commune, quartier) et il ne peut faireabstraction ni de l’environnementculturel et social, ni du public qu’ilreçoit, surtout là où il y a une grandehétérogénéité d’origines et de pra-

partagé cette position et je continue à la dé-fendre. Mais ce refus du communautarisme

doit s'associer à la reconnaissance des diffé-rences ».

Intégration oucommunautarisme ?

L'aveu est lâché. La République qui, depuis l'abbéGrégoire, a nié le droit à la différence des Bretons, desProvençaux et des Alsaciens, pourrait donc aujourd'huireconnaître les particularismes des communautés magh-rébine, africaine, turque, musulmane...

L'échec flagrant de l'intégration républicaine rendcette solution presque alléchante. Mais le remède, pour-tant, serait pire que le mal : dans cette France où lesentiment national s'est émoussé, où la souveraineté

nationale est sans cesse menacée, toute marge demanœuvre laissée à des communautarismes forts dé-raperait rapidement à l'encontre de l'intérêt du pays.Nous ne pouvons pas nous empêcher de penser quele moindre communautarisme est particulièrement dan-gereux tant qu'on n'aura pas restauré, à la tête du pays,un arbitre capable de rassembler les Français.

En attendant, il est fort à parier que l'on continueralongtemps à engager des fonds dans des plans de ré-novation et des mesures sociales d'accompagnementdes banlieues à l'efficacité toute relative. Et l'on ne peutque craindre, à moins de parvenir à briser les frontièresgéographiques, ethniques et religieuses de ces ghet-tos, que les mêmes causes produisent longtemps lesmêmes effets. Avec le risque que chaque nouvelle crisesoit d'une intensité supérieure à la précédente...

sans les exclure du système sco-laire apparaît nécessaire ("classe-relais", déjà existantes mais encoretrès insuffisantes). Mais il n’y aurade prévention efficace que s’il existeune politique de répression des in-civilités, politique ferme et adaptéeaux situations autant des élèves enfaute que des établissementsconcernés. C’est en responsabili-sant les élèves par la confiancecomme par le risque encouru en casd’infraction qu’il sera possible de"casser l’impunité" des fauteurs detroubles.

Sortir des conformismes

Voici quelques autres proposi-tions qui n’ont rien de définitif maischerchent avant tout à faire avan-cer le débat pour sortir des habi-tuels conformismes et illusions dé-magogiques :

– deux professeurs par classelors d'une même heure de cours,en particulier lors des Travaux diri-gés, pour mieux encadrer les élèveset permettre de passer plus detemps avec ceux qui connaissentdes difficultés ou seraient enclins àperturber le cours;

– une politique de jumelageentre établissements réputés diffi-ciles et établissements plus calmes,avec des échanges d'enseignantset d'élèves, sur la base du volonta-riat et d'un "projet de classe", ainsique l'organisation de voyages sco-laires en commun et, pourquoi pas,une aide aux devoirs mise en placepar des élèves-référents ou des en-seignants volontaires : des projetscommuns pourraient créer une "sy-nergie positive" et sortir des élèvesdes établissements difficiles de lalogique de l'enfermement sur leurseul "quartier";

– la mise en place d'un véritableenseignement manuel susceptiblede permettre aux élèves d'apprendreà "créer de leurs mains" et le ren-forcement (ainsi que l'intégrationdans les structures collégiennes) del'apprentissage professionnel;

– la mise en place d'un "projetpatrimonial et historique" pour lesétablissements scolaires (de ban-lieue comme de centre-ville) qui soitl'occasion de "découvrir les héri-tages" de notre pays et, donc, d'in-sérer les élèves dans une continuitéou, en tout cas, dans un cadre quileur soit un "point de repère" sansêtre pour autant un "carcan", etc.

Ces propositions sont celles d’unprofesseur royaliste qui ne déses-père ni de sa nation, ni de son ave-nir, mais cherche à les honorer età les servir de la manière la plus fi-dèle qui soit. Je n’ai pas la préten-tion d’affirmer qu’elles sont le "pro-gramme de l'Action française". Maisl’urgence de la situation oblige tousles monarchistes à ne pas déserterle "champ des projets" mais, aucontraire, à l’enrichir, avec le seulsouci de la France, cette nation quine se confond pas avec une Répu-blique qui n’est que l’autre nom del’usurpation...

maître de l’Éducation nationale, dedonner l’impulsion et de préciser lespremières directions à suivre. C’estun véritable "colbertisme éducatif"qu’il faut mettre en place, dont l’undes objectifs doit être de "sécuriserl’école" et ainsi de remotiver de nom-breux enseignants tout en rassurantles élèves et leurs familles.

“Sanctuarisation”des locaux

La sécurisation scolaire des lo-caux, retour à une situation normalepour enseigner et apprendre dansde bonnes conditions, passe, entreautres, par la sécurisation des lieux :un plan simple des locaux (en par-ticulier pour les collèges et les ly-cées) permet un meilleur contrôlede ses issues, des déplacementsd’élèves en son sein ainsi qu’unemeilleure gestion des flux lors des

tiques culturelles.Aussi, et c’est une politique au-

jourd’hui ébauchée par les Z.E.P.,est-il nécessaire de mettre en placedes statuts différents selon les en-droits, adaptés aux difficultés et auxbesoins des établissements ; celadoit s’accompagner pour les admi-nistrations scolaires d’une grandeautonomie de gestion, de décisionmais aussi, et sous le contrôle del’État (ministère et structures d’en-seignants et d’inspecteurs issus desrangs professoraux) et des collec-tivités locales (régions, communes,etc.), de recrutement et de forma-tion des cadres-enseignants et non-enseignants.

Le rôle de l'État

Cela n’est possible et viable quesi l’État s’engage à soutenir ferme-ment son personnel dans ses fonc-tions tout en garantissant son au-tonomie : cette application concrètede la subsidiarité rendrait au per-sonnel une confiance nécessaire aubon exercice de son métier puisquel’État ne le "lâcherait" pas en casde difficulté mais, au contraire, joue-rait son rôle "d’autorité tutélaire"(protection de ses fonctionnaires)en rappelant, par le droit et la pra-tique, que « chaque fonctionnaireest l’État » et que « l’offense faiteau fonctionnaire est faite à l’É-tat » et doit être punie comme telle.

Rétablir la sécurité dans l’écolepasse aussi et même surtout par laprévention, dès le primaire. Mettreen place, pour tous les niveaux descolarité, des structures capablesd’accueillir des élèves "à problèmes"

La Duchère, un quartier sensible de la banlieue lyonnaise

L’EXPLOSION DES BANLIEUES

Page 6: L'ESPAGNE AUJOURD'HUI un problème d’État · 2011. 7. 8. · de Bourbon Parme et S.E. Rifaat el Assad, ancien vice-président de la République syrienne, nous honoraient de leur

6 L’Action Française 2000 n° 2689 – du 17 au 30 novembre 2005

POLITIQUE ÉTRANGÈRE

L'exempleazerbaïdjanais

illustre une fois de plus

l'hypocrisiedominante

et la relativité du respect des droits

de l'homme par les pays

donneurs de leçons.

AZERBAÏDJAN

Crise à Bakou

Azerbaïdjan, ex-république so-viétique, pays à majorité(70 %) chiite, 8,2 millions d’ha-

bitants pour une superficie de 86.600kms², terre iranienne jusqu’au mi-lieu du XIXe siècle, russe jusqu’à1918-19, annexée de force par Lé-nine à l’Union soviétique, républiqueindépendante depuis la dislocationde celle-ci.

chev, avant de devenir président,puis par son fils Ilham Aliev, 43 ans.

Corruption

Les libertés publiques et poli-tiques y sont dérisoires, la répres-sion (parfois sous forme d’assassi-nat) des opposants est monnaie cou-rante dans ce pays. Lesobservateurs sont unanimes : la cor-ruption au profit du clan au pouvoiry est de règle. L’argent du pétrolecoule et une minorité en profite : letaux de pauvreté y est de 40 % !

On parle, néanmoins, peu de cepays. Les États-Unis et les grandesmultinationales pétrolières en sontles véritables maîtres. La protectionde leurs "intérêts" exige un pouvoir"fort", "stable" et surtout obéissant.Le reste est sans importance.

Pour Washington, l’Azerbaïdjanprésente aussi un grand intérêt stra-tégique face à la Russie et à l’Iran.L’armée azerbaïdjanaise a été for-mée et est encadrée par les Améri-cains. Deux stations d’écoute et desurveillance géantes viennent d’yêtre installées. Elles contrôlent toutela région. Les intérêts en jeu sonttrop importants et méritent sur-veillance et protection.

Des élections législatives géné-rales viennent de se dérouler le di-manche 6 novembre dans ce pays.Les conditions de leur déroulementet le sort fait aux opposants ont étécondamnés par les organisations in-ternationales. Avec fermeté, certes,mais dans la discrétion. Intérêts pé-troliers exigent.

Intérêts pétroliers

En Ukraine, en Géorgie, en Kir-ghizistan, il s’agissait de s’attaqueraux intérêts et à l’influence de Mos-

Pays au sous-sol immensémentriche de ses gisements pétroliers etgrâce aux gisements prometteursdans sa partie de la mer Caspienne,l’Azerbaïdjan est également la terreoù transite un gigantesque oléoducBakou-Tbilissi-Ceyhan sur la côteturque de la Mer Noire. Un oléoducde 1.770 kilomètres construit par lescompagnies anglo-américaines auprix de 3,7 milliards de dollars, quiachemine une partie du pétrole dontl’Occident a besoin.

L’Azerbaïdjan connaîtra cette an-née 2005 un taux de croissance de18,4 % par rapport à 2004. Le F.M.I.prévoit un taux de 26,6 % pour 2006,que les autorités contestent, avan-çant celui de 30 % ! Insensé certes,mais avec la hausse du pétrole etles revenus de l’oléoduc, tout estenvisageable.

L’Azerbaïdjan est une "répu-blique dynastique". Gouvernée d’unemain de fer par Geydar Aliev, offi-cier supérieur du K.G.B., numéro 2de l’Union soviétique sous Gorbat-

parPASCAL NARI

Quand la France est absente

Comment être fierd'être français

quand la France se dilue

dans un ensemblemercantile

aux frontières mal définies ?

Cette flam-bée deviolence

traduit une crise à multiples fa-cettes. Personnellement, commeacteur éducatif, culturel et hommede terrain, je ne suis pas surprispar l’événement. Il fallait s’y at-tendre. J’avais toujours le pres-sentiment qu’on était assis surun volcan. Ce qui vient de se pro-duire est le fruit d’une politiquequi a commencé dans les an-nées 1980. Sur le fond, la colèreest justifiée. Sur la forme, la vio-lence n’est pas acceptable. Lesjeunes en sont les premières vic-times.

que les habitantsdes banlieuesont le sentiment

d’être des laissés-pour-compte.La preuve en est que même lesentreprises installées dans ceszones délaissées refusent d’em-baucher les jeunes des cités en-vironnantes. Elles y vont uni-quement pour bénéficier desavantages fiscaux mais se mon-trent rarement solidaires.

Souvent ces banlieues sontdes cités-dortoirs manquant del’essentiel. Elles sont tout saufce qu’on appelle des espaces devie. Dépourvues de centre d’ani-mation, de théâtre, de musée,de salle de cinéma, de biblio-thèque, de commerce de proxi-mité..., elles n’offrent pas uncadre attrayant pour les habi-tants. Il est difficile d’y vivre etde s’y sentir bien. Dans cesconditions, livrés à eux mêmeset manquant de perspectives, lesjeunes de banlieues sont uneproie facile pour les trafiquantsde drogue et pour les intégristesprêts à exploiter tous les événe-ments.

La citoyenneté suppose l’at-tachement et l’adhésion à desvaleurs qui sont la langue, la par-ticipation, la culture, la spiritua-lité... Le système politique fran-çais étant ce qu’il est, les habi-tants des banlieues en déduisent

Tout se passe comme si nosgouvernants de gauche commede droite avaient décidé d’ache-ter la paix sociale à coups desubventions. Cette politique àcourte vue a forcément des li-mites. À la différence de leursparents qui, pour des raisons his-toriques, ont adopté profil bas,les jeunes des banlieues ontchoisi la confrontation pour sefaire entendre. Car ils ne se sen-tent de nulle part. Ils ne sont niAlgériens, ni Marocains, ni Fran-çais. Pour qu’ils aient le senti-ment d’être Français, il faut qu’ilsaient un modèle à imiter. Ce n’estpas le cas.

Comment peuvent-ils êtrefiers d’être français quand laFrance se dilue dans un en-semble mercantile aux frontièresmal définies ? Comment peu-vent-ils se retrouver et s’identi-fier alors que personne – pasmême l’Éducation nationale – n’acherché à leur inculquer l’histoirede France, sa civilisation, sa cul-ture, sa langue ?... Comment lesincriminer alors que nos gou-vernants de droite comme degauche ont renoncé depuis bellelurette aux valeurs qui ont fait laFrance, à savoir le patriotisme,l’esprit de sacrifice, la défensede la langue, de l’héritage reli-gieux et spirituel ?...

Ségrégation

Grosso modo, l’évolution éco-nomique et sociale de notre paysaboutit en fait à séparer le terri-toire national en deux zones : lesvilles et les banlieues. Les pre-mières constituent des pôles derichesse économique et cultu-relle. Les secondes sont deszones enclavées et dépourvuesd’équipements.

Nous avons affaire à une sé-grégation territoriale. De sorte

L’EXPLOSION DES BANLIEUES

parAhmed RACHID CHEKROUN

cou. Le tapage planétaire en faveurdes "droits de l’homme" et de la "dé-mocratie" a eu une très grande ré-sonance. En Azerbaïdjan point. Deuxdes principaux chefs de l’oppositionont été arrêtés à Kiev par l’Ukraine"démocrate" et livrés à Bakou. Au-cune protestation. D’autres ont étéarrêtés sur place, des manifestationsinterdites, le contenu des urneschangé au profit du pouvoir...

Silence sur toutes les ondes oupresque. Nos lecteurs connaissentbien les tenants de conscience sé-lective et de droits de l’homme àgéométrie variable et leur attitude.

Les opposants réunis au seind’une "coalition de liberté" réclamentl’annulation du scrutin – qui a évi-dement donné une écrasante ma-jorité aux partisans du président Aliev– et la tenue des élections libressous contrôle international. Ils me-nacent de descendre dans la rue,de refaire le coup de Kiev et de Tbi-lissi.

Il est probable que les Améri-cains vont intervenir pour faire an-nuler quelques élections locales oùles fraudes ont été trop visibles poursauver les apparences sans que celapuisse gêner Ilham Aliev.

L’exemple azerbaïdjanais illustreune fois de plus, si besoin en était,l’hypocrisie dominante et la relati-vité du respect des droits de l’hommepar les pays donneurs de leçons.

Selon que les intérêts pétrolierssont ou non respectés, selon queWashington est concerné ou non...

L’Azerbaïdjan est un pays parti-culièrement sensible. Américains,Russes, Turcs, Iraniens y ont desintérêts directs. Les réseaux isla-mistes s’y développent bien que trèssurveillés par le pouvoir. Le pétroley joue un rôle déterminant.

L’existence dans ce pays d’unpouvoir stable, mais moins corrompu,et plus présentable serait dans l’in-térêt de ses citoyens, mais aussi detout le monde.

��

UNE UNIVERSITÉ VRAIMENT LIBRE

L'Institut universitaire Saint-Pie X a fêté ce sa-medi 8 novembre, au cours de la leçon inau-gurale, son vingt-cinquième anniversaire.

L'abbé Christian Thouvenot, recteur, avait invitéles fondateurs, notamment l'abbé Alain Lorans,recteur émérite, et le professeur Jean-Pierre Bran-court, qui retracèrent avec enthousiasme et hu-mour les débuts difficiles de cette entreprise qui fitsortir un bien de la mauvaise loi Edgar Faure etqui fut encouragée par Mgr Marcel Lefebvre sou-cieux de restaurer les intelligences à la lumière dela foi. Le professeur Lanavère évoqua pour sa partle deuxième recteur, l'abbé Michel Simoulin. puisMe Franck Bouscau précisa le fonctionnement dujury propre à l'Institut, grâce auquel les étudiantsobtiennent à partir de programmes spécifiques desdiplômes d'État.

Cette journée fut aussi l'occasion de constaterle sérieux des thèses et mémoires de maîtrise ef-fectués par les étudiants sous la direction des pro-fesseurs de l'Institut. Ainsi l'auditoire a-t-il pu ap-prendre beaucoup sur l'Œuvre de Saint-Françoisde Sales, ou sur la Congrégation du Saint Nom de

Jésus dans les années difficiles entre le XIXe et leXXe siècle, ou sur saint Ignace d'Antioche ou en-core sur l'apologétique chrétienne au XVIIIe siècleà l'occasion d'une assemblée du clergé en 1775.

M. l'abbé Régis de Cacqueray-Valménier, su-périeur du District de France de la Fraternité Saint-Pie X, a conclu la journée en montrant l'exemplede courage, d'espérance et de foi que donne cettenoble maison.

M.F.

� L'Institut organise le samedi 10 décembre 2005un important colloque Le Christ-Roi face à l'aposta-sie laïque. Interventions de Mgr Bernard Fellay, MgrBernard Tissier de Mallerais, les abbés Christian Thou-venot, Benoît de Jorna, Bruno Schaeffer, les profes-seurs Godeleine Lafargue-Dickès, Claude Rousseau,Daniel Pannier, Hugues Petit, Gérard Frémiot, ThierryMartin, Franck Bouscau. De 9 à 12 heures et de 14à 17 heures, Salons du Press Club de France, 8, rueJean Goujon, Paris VIIIe. Inscription impérative :Institut Saint-Pie X, 21 rue du Cherche-Midi, 75006Paris. Droit d'entrée : 20 euros (étudiants : 12 euros).

qu’il n’y a pas de place pour eux.La démocratie représentative oùà peine 35 % des Français sontreprésentés laisse peu de placepour une réelle participation ci-toyenne. Dans l’état actuel denotre régime politique caracté-risé par une coupure réelle entreles gouvernants et le peuple, lacrise des banlieues ne peut trou-ver une issue favorable.

Pour aider à résoudre ce pro-blème, non seulement il faut res-taurer l’autorité, celle de l’État etcelle des parents, mais il faut ré-former les institutions, faire res-pecter les valeurs de la nation,poser des repères fermes... Dansun pays où l’élite manifeste unattachement mou à la France, àson histoire, à sa civilisation, iln’est pas étonnant que les jeunesne cherchent pas à s’y identifier.

La France doit retrouver sa fierté

Page 7: L'ESPAGNE AUJOURD'HUI un problème d’État · 2011. 7. 8. · de Bourbon Parme et S.E. Rifaat el Assad, ancien vice-président de la République syrienne, nous honoraient de leur

L’Action Française 2000 n° 2689 – du 17 au 30 novembre 2005 7

L’ESPAGNE AUJOURD’HUI

En Espagne,l'expérience

monarchique a été parfois

cahotante,mais la république

s'est discréditée en débouchant

sur des atrocités.

D O S S I E R

Régner en Espagne...

S i des princesses venues d'outre-Pyré-nées ont donné le jour aux plus grandsrois de France (saint Louis, fils de

Blanche de Castille, – Henri IV fils de Jeanned'Albret reine de Navarre, – Louis XIV, filsd'Anne d'Autriche infante d'Espagne), le droitreconnu aux femmes de régner ou de trans-mettre la couronne a empêché qu'en Espagnela monarchie incarnât sans discontinuité lesdestinées de la nation.

Les descendants de la grande Isabelle laCatholique ne furent guère à la mesure de leurtâche : Charles-Quint accumulant les héri-tages voyait trop grand, Philippe II assura unvéritable Âge d'or, mais Philippe III, PhilippeIV, Charles II, rois souffreteux, firent perdre àl'Espagne sa place dans les affaires euro-péennes.

Sans enfant, Charles II se choisit commesuccesseur le petit-fils de sa sœur Marie-Thé-rèse, épouse de Louis XIV. Le jeune Philippe,duc d'Anjou, renonça donc au trône de France,devint en 1700 le premier Bourbon d'Espagnesous le nom de Philippe V, fut vivement ac-clamé par les Espagnols, mais dut son main-tien au pouvoir à la ruineuse guerre dite deSuccession d'Espagne où son royaume per-dit Naples, la Sicile, Milan, la Sardaigne, lesPays-Bas, Minorque et Gibraltar.

Ses successeurs, tandis qu'ils installaientpar héritage ou reconquête leurs cadets àParme et dans les Deux-Siciles, assurèrentune certaine prospérité au pays sans pour au-tant empêcher la fuite des hommes de valeur

vers les Amériques. Le peuple restant inculte,les idées révolutionnaires vinrent semer ai-sément leur venin. Un conflit entre Charles IVet son fils le futur Ferdinand VII attira les mal-heurs de l'incursion napoléonienne. L'insur-rection contre l'usurpateur Joseph Bonapartefut pour des têtes légères l'occasion d'ino-culer au pays le goût du parlementarisme,dont l'instable Ferdinand VII – que la Francedut secourir – était bien incapable de le gué-rir.

Ferdinand VII commit une autre erreur fa-tale : n'ayant eu de ses quatre mariages quedeux filles, il rompit avec la sage traditionbourbonnienne et décréta que l'aînée pré-nommée Isabelle lui succéderait. Aussitôt leshommes d'ordre et de tradition se rangèrentderrière le frère du roi, Don Carlos. Il s'en-suivit trois guerres carlistes (la lignée desdescendants de Don Carlos ne s'éteignit qu'en1936).

Peuple farouche

Le règne d'Isabelle II fut catastrophique.Les libéraux qui l'entouraient se montrèrentvite incapables de la moindre action suivie,les pronunciamentos se succèdérent jusqu'aujour où, en 1868, la reine se prélassant auxbains de mer, la flotte se souleva. Déchéanced'Isabelle. Profusion de candidats au trône(un Hohenzollern, un Savoie). Puis un beaujour, tandis que la Navarre et la Catalogne

s'agitaient, proclamation de la république,donc de nouveau le chaos (quatre présidentsen dix mois !).

Puis en 1874 un général de bon sens ap-pela au trône le fils d'Isabelle, Alphonse XII,qui sut s'attacher les cœurs mais mourut àvingt-neuf ans, laissant à sa veuve Marie-Christine le soin de préparer le futur AlphonseXIII à sa tâche. Celui-ci fut un roi courageuxet habile : voyant sans cesse les libéraux ten-ter de le réduire à l'impuissance, il toléra ladictature de don Miguel Primo de Riveira, maisles errrements républicains réapparurent etle roi, voyant la situation lui échapper, duts'exiler en 1931. Il n'abdiqua jamais, pensantqu'après le calvaire de la guerre civile, cetteEspagne farouche aurait à nouveau besoind'un roi pour garantir l'unité et la paix.

La poigne indispensable pour rattraperl'Espagne au bord du précipice fut celle dugénéral Franco, mais une dictature ne sauraits'éterniser. Après tant d'épreuves seul un roipouvait panser les plaies ; d'où les pourpar-lers parfois orageux mais concluants entre leCaudillo et le fils d'Alphonse XIII, le comte deBarcelone, afin de préparer au trône le fils dece dernier Juan Carlos. On comprend qu'aprèstant de décennies cruelles pour son peuple,le roi n'ait pas de plus grand service à rendreà l'Espagne et à la monarchie que de ne pastrop s'immiscer dans les questions opposantles Espagnols entre eux...

M.F.

Pas d'unité sans le Roi

Àl'école de Maurras, nousne sommes pas les "char-latans" de la monarchie. Il

ne suffit pas à nos yeux qu'unpays soit en monarchie pour enfaire un État modèle. Si noussommes convaincus que l'ac-cession au trône du roi Juan Car-los 1er fut une chance pour l'Es-pagne, c'est parce qu'il est faciled'imaginer l'horreur des troubles

néral Franco, l'Espagne s'est em-bourbée dans les scories quetraîne la démocratie. Là où ré-gnait il y a peu l'ordre, la tradition

et la foi catholique, se sont viteengouffrées la frénésie parle-mentaire, les idéologies mondia-listes, les utopies libérales et so-cialistes, les licences intellec-tuelles et morales à la mode...Faut-il incriminer le roi ? Ce se-

rait mal connaître son rôle dansle système des monarchiesconstitutionnelles modernes oùl'on se réfère à la Couronne au-tant qu'on s'en méfie...

Le roi ne peutpas tout

La monarchie, disons-nous,est la condition du rétablissementdes valeurs propres à une nation.Si les élites sont prêtes à un telrétablissement, l'institution facili-tera leurs efforts et en multiplierales fruits. Si, en revanche, malformées, elles n'éprouvent pas lebesoin de sortir de la mélassemercantilo-hédoniste, le roi nepeut se substituer aux forces in-tellectuelles, morales et reli-gieuses démissionnaires...Qu'après Vatican II, en Espagnecomme ailleurs, les évêques aientcru devoir adopter un profil basau lieu de parler avec autorité, etqu'à la même époque les intel-lectuels se soient laissés conta-miner par les idées mortifères pas-sant les Pyrénées, cela a beau-coup plus aidé à la décadencespirituelle de l'Espagne que le pré-tendu laxisme du souverain.

La loi Zapatero

Au moins, nous rétorquera-t-on, le roi aurait-il pu s'opposer àla légalisation du mariage homo-sexuel avec droit à l'adoption d'en-fants. Cette loi Zapatero (dunom du Premier ministre so-

et des soubresauts qui, après lamort du général Franco en 1975,auraient ensanglanté ce pays oùles blessures de la guerre civilene sont pas encore toutes cica-trisées. Par sa seule présenceau-dessus des partis et des fac-tions, le Roi, surmontant toutesles rancœurs, a sauvegardé l'unitéde son pays. N'aurait-elle offertque ce seul bien, la restaurationdevrait être regardée avec re-connaissance par les Espagnols,car ce bien-là est le premier detous, la condition de tous lesautres – la condition de l'existencemême d'une nation.

Il n'en reste pas moins qu'ens'ouvrant à l'Europe beaucoupplus vite que n'eût souhaité le gé-

parMichel FROMENTOUX

S.M. Juan Carlos 1er

TRENTEANS APRÈS

�� Ce lundi 31 octobre, à 1 h 46, est née à Madrid,une petite princesse au dé-licieux prénom de Leonor,premier enfant du princehéritier d'Espagne Felipe,prince des Asturies, et deson épouse Letizia.Bien des Français envientla joie que se préparent àmanifester les Espagnolslors du baptême de leur in-fante dans quelques se-maines. Heureux peuple quipeut encore sentir vibrer lafibre nationale au rythmedes battements de cœurd'une famille où chaquenaissance est signe d'espé-rance pour le pays entier !Selon la constitution espa-gnole Leonor ne pourrasuccéder à la couronne quesi ses parents n'ont pas unjour un fils. Souhaitons l’ar-rivée prochaine d’un héri-tier car, à nos yeux, rien nevaut mieux que la traditionfrançaise de succession demâle en mâle par ordre deprimogéniture pour assurerla pérennité de la lignée etson identification à la conti-nuité nationale.

Stabilitépolitique

De toute façon l'arrivée deLeonor est un beau cadeaupour S.M. le roi JuanCarlos 1er en ce trentièmeanniversaire de son acces-sion au trône (22 novembre1975). Beaucoup pronosti-quaient, alors, que sonrègne ne durerait pas. Ilsdoivent maintenant recon-naître que la popularité dusouverain n'a cessé decroître pendant ces années,alors que celle de n'importequel chef d'État élu dansles autres pays européenss'effrite en quelques an-nées... C'est la force desmonarchies d'être l'ultimeélément de stabilité au-des-sus du fourmillement despassions. Force bien né-cessaire quand, faute d'uneénergique formation poli-tique, le peuple espagnol,avec le soutien du roi lui-même, s'est cru obligéaprès la dictature fran-quiste de plonger dans lesjeux suicidaires de la dé-mocratie, empêchant du faitmême la monarchie de don-ner toute la mesure de sesbienfaits...Le sort de l'Espagne, notrevoisine et notre sœur ca-tholique et latine, ne peutlaisser les Français indiffé-rents. Nous lui rendons vi-site dans ce dossier.

M.F.

Page 8: L'ESPAGNE AUJOURD'HUI un problème d’État · 2011. 7. 8. · de Bourbon Parme et S.E. Rifaat el Assad, ancien vice-président de la République syrienne, nous honoraient de leur

8 L’Action Française 2000 n° 2689 – du 17 au 30 novembre 2005

L’ESPAGNE AUJOURD’HUI

cialiste) a été adoptée enavril dernier par les députés

avec une majorité de 57 %. Loid'autant plus inique que jus-qu'alors la famille était en Es-pagne moins bafouée qu'ailleurs: seuls 20 % des mariages (entrehomme et femme, bien sûr) dé-bouchent sur un divorce et les fa-milles nombreuses ne sont pasrares.

D O S S I E R

douin de Belgique qui, en 1990,s'était fait reconnaître une "im-possibilité temporaire de régner"afin de ne pas avoir à signer laloi autorisant l'avortement. JuanCarlos n'est pas allé jusque là et,de la part de l'héritier des Roiscatholiques, cela est attristant.

Nul n'a toutefois le droit deparler à la place du pape BenoîtXVI qui n'a pas estimé opportunde signifier au roi une excom-munication. En outre, il convientde se demander si Juan Carlosavait la possibilité de faire valoirses convictions personnelles sansexposer l'Espagne au risque d'unecrise institutionnelle. Il appartientaux Espagnols d'en juger. Conten-tons-nous de redire que la fonc-tion royale est d'assurer unité etcontinuité et que c'est dans la me-sure où les Espagnols auront,grâce à la lignée royale d'âge enâge, le sentiment d'exister en tantque nation qu'ils éprouveront lebesoin de revenir aux sages prin-cipes qui fondent la civilisation.

Surtout pas la république !

Ajoutons qu'en Espagne ré-gner n'est pas seulement difficile(comme partout) mais périlleux.Le peuple ayant été dans les tur-bulences de l'histoire des deuxderniers siècles assez peu formépolitiquement, tout ce qui diviserisque de mettre le feu auxpoudres et les séparatismes ré-gionaux sont vite exacerbés. L'ex-périence monarchique a été sou-vent cahotante (voir page 7), alorsque la république s'est discrédi-tée en débouchant sur des atro-cités. Il faut reconnaître la grandesagesse du général Franco le-quel, ayant sorti son peuple de laguerre civile en lui demandant ungrand effort de discipline, a voulurestaurer la monarchie pour quecelle-ci apaise le pays. Même trèsimparfaite, elle vaut en Espagne(et ailleurs) mille fois mieux qu'unerépublique..

(1) Cahiers Saint-Raphaël, ACIM,20 B, place Dupleix, 75015 Paris.

Pas d'unitésans le Roi

Immigration : le danger grandit

L'hémorragie des mouvements nationaux

parPierre LAFARGE

Si le régimefranquiste

a réussi sa transition

institutionnelle,force est

de constater qu'il a échoué

sur le planintellectuel.

La mort de Franco signifie lafin de l’influence des mouve-ments nationalistes et contre-

révolutionnaires en Espagne, ceux-là même qui avaient permis sonaccession au pouvoir.

pagnols et leur héritier spirituel, leprince Xavier de Bourbon Parme(1889-1977). Dans les rangs deleurs milices, les Requetes, com-battent un certain nombre de roya-listes français.

Marginalisationet émiettement

En 1937, le général Franco dé-cide d’unifier l’ensemble des mou-vements nationaux au sein de laPhalange traditionaliste, qui de-meura le parti unique jusqu’en1967, où son nom même disparaît(les partis ne seront autorisés qu’en1976). Son programme écono-mique initial ne sera jamais réalisé.Le mouvement ne survivra pas àla disparition du Caudillo. Commel’écrit Arnaud Imatz : « L’agoniedu courant se poursuit inélucta-blement. Faut-il donc conclure àla marginalité et à la disparitiondéfinitive de toute forme de pha-langisme ? L’histoire récenteconduit à répondre par l’affir-mative. » Effectivement, éclatésentre divers groupuscules, les ras-semblements de phalangistes serésument bien souvent à l’heure

et ceux de son fils cadet, Sixte-Henri, héraut d’un traditionalismeintégral.

Les carlistes sont aujourd’huidivisés en trois tendances. L’une

En 1936, au déclenchement dela guerre civile espagnole, deuxprincipales familles de pensée etd’action rallient l’insurrection desmilitaires et lui apporte le soutiende leurs nombreux militants : laPhalange nationale-syndicaliste etles traditionalistes carlistes.

Phalange et carlisme

La Phalange (1) a été fondéeen 1933 par l’avocat José AntonioPrimo de Rivera (1903-1936), quisera fusillé par les républicains audébut de la guerre civile. Catho-lique, nationaliste, corporatiste ilest marqué par la pensée conser-vatrice de José Ortega y Gasset etde Miguel de Unamuno. Il agrégeraen 1934 à son mouvement les Jun-tas de Ofensiva National-Sindica-lista du positiviste et agnostiqueRamiro Ledesma Ramos (1905-1936), marqué de son côté parNietzsche et Auguste Comte. LaPhalange apparaît alors commel’expression espagnole du vastemouvement intellectuel et politiquerévolutionnaire-conservateur quis’anime en Europe.

Les carlistes sont les héritiersdes combattants contre-révolu-tionnaires des guerres civiles es-pagnoles du XIXe siècle. Bien im-plantés en Navarre, ils combattentautant pour la religion et la mo-narchie traditionnelle que pour ladéfense des libertés locales, lesfueros. Il soutiennent les droits dela branche aînée des Bourbons es-

Sites internetPhalangistes :www.falange.es

www.falange-autentica.orgwww.la-falange.com

Carlistes :www.partido-carlista.com

www.ctcarlista.org

Le général Franco

José Luis Zapatero,chef du gouvernement espagnol

L’Espagne se trouve face à un pro-blème d’immigration de plus en plussérieux. Elle accueille des Africains,

mais aussi des Sud-Américains qui, eux,s’intègrent plus aisément car hispano-phones. Les images diffusées récemmentà la télévision sur les Africains tentant defranchir les barrières de Ceuta et Melilladonnent une idée de la pression migratoirequi s’exerce venant d’Afrique.

Céclie Chambraud donne dans LeMonde du 12/11/05 les chiffres suivants :« En 2000, l’Espagne comptait moins de

900.000 étrangers en situation régulière,c’est-à-dire 2,21 % de la population. Au-jourd’hui, ils sont 3,69 millions à être en-registrés dans les mairies, soit 8,4 % dela population ». Entretemps le gouverne-ment du socialiste Zapatero a régularisé lasituation de 700.000 "sans-papiers".

L’essor économique que connaît l’Es-pagne permet d’offrir des emplois à ces im-migrés. D’autre part, ceux-ci ont des lieuxde résidence dispersés, ce qui a épargnéjusqu’à présent aux Espagnols des troublesanalogues à ceux que connaît la France.

Il n’empêche que plusieurs villes situéesà la périphérie de Madrid ne cessent decroître : Getafe, Leganès, Al Corcon, Mos-tolès et Fuenlabrada. « Ensemble, cesvilles réuniront dans dix ans un milliond’habitants » prédit Cécile Chambraud.« Dans la capitale, écrit-elle par ailleurs,de 156.000 en juillet 2000, ils [les immi-grants] sont passés à 513.000 en juillet 2005, soit 15,9 % de la popula-tion ».

Jacques CEPOY

Comme le disent les CahiersSaint-Raphaël de septembre,cette loi « se trouve ainsi en dé-calage total avec la manière devivre des Espagnols » (1).D'ailleurs les protestations ont étéet continuent d'être très vives :un million et demi des personnes– dont des évêques – manifes-tant le 18 juin dans les rues deMadrid, refus de plusieurs mairesde grandes et petites villes d'ap-pliquer la loi, un million de si-gnatures au bas d'une pétition de-mandant que le texte repasse de-vant le Sénat, saisie par un grandnombre de juges du Tribunalconstitutionnel... Tout n'est peut-être pas encore joué.

Le roi, pour sa part, n'a passemblé touché par l'appel deJean-Paul II mourant : « Tous lesfidèles sont tenus de s'oppo-ser à la reconnaissance juri-dique des unions homo-sexuelles ». L'épiscopat espa-gnol l'a supplié de faire valoir sondroit à l'objection de conscience,au besoin en imitant le roi Bau-

est clairement marquée à gauche :le Partido carlista, qui soutient lesprétentions de Carlos-Hugo deBourbon, duc de Parme (0,01 %aux européennes de 2004). La Co-munion tradicionalista carlista, quantà elle n’a plus de prétendant etconcentre ses activités sur la dé-fense des valeurs traditionnelles del’Espagne. Enfin un certain nombrede carlistes soutiennent les droitsde S.A.R. le prince Sixte-Henri deBourbon Parme.

Si le régime franquiste a indé-niablement réussi sa transition ins-titutionnelle, force est de constaterqu’il a lamentablement échoué surle plan intellectuel : la marginali-sation de la droite anti-libérale,qu’elle soit nationaliste ou traditio-naliste, en est la preuve irréfutable.

(1) Sur la Phalange et Primo de Ri-vera il faut lire le remarquable ou-vrage d’Arnaud Imatz : José Anto-nio, la Phalange Espagnole et le na-tional syndicalisme. Éd. Godefroy deBouillon, 2000.

actuelle à des défilés de skinheads.Les trois listes phalangistes n’ob-tiennent par exemple aux électionseuropéennes de 2004 que 0,08 %des voix.

De leur côté, à la mort deFranco, les carlistes s’entredéchi-rent entre les partisans du fils aînédu prince Xavier, Carlos-Hugo, ral-liés au socialisme autogestionnaire

José Antonio Primo de Rivera,fondateur de la Phalange

MESSE� Une messe sera célébréepar M. l'abbé Xavier Beauvaisen l'église Saint-Nicolas-du-Chardonnet, rue des Bernar-dins, Paris Ve (métro Maubert-Mutualité) le vendredi 25 no-vembre 2005 à 19 h 30 pourle repos de l'âme de FranciscoFRANCO BAHAMONDE, chefde l'État espagnol, rappelé àDieu le 20 novembre 1975, etde José Antonio PRIMO deRIVERA, fondateur de la Pha-lage espagnole, fusillé le 20 no-vembre 1936.

Page 9: L'ESPAGNE AUJOURD'HUI un problème d’État · 2011. 7. 8. · de Bourbon Parme et S.E. Rifaat el Assad, ancien vice-président de la République syrienne, nous honoraient de leur

L’Action Française 2000 n° 2689 – du 17 au 30 novembre 2005 9

L’ESPAGNE AUJOURD’HUI

Un théâtre où se détermine

l'avenir de l'équilibre

des forces dans le monde.

Trait d'union entre trois mondes

La tentative du présidentaméricain George W. Bushde créer une zone de libre-

échange américain, allant del’Alaska à l’extrême sud de l’Ar-gentine et du Chili, et, naturelle-ment dominée par les États-Unis,vient d’échouer. Non pas à causedes manifestations violentes demilliers d’opposants, ni des dia-tribes du président Chavez, duVenezuela, mais par suite des

dans cette partie du monde et durôle primordial qu’elle pourrait yjouer si la volonté politique enexistait. L’Espagne est la clé devoûte de cette politique.

"Grande"d’Europe

Avec une superficie de504.782 km², une population depresque 40 millions de per-sonnes, un taux de croissancede 2,7 % par an, des exporta-tions en augmentation de 4,2 %(en 2004 par rapport à 2003), etson revenu par tête d’habitant(2004) de 22.391 dollars, l’Es-pagne est avec l’Allemagne, l’Ita-lie, la France et la Grande-Bre-tagne, une des cinq grandes puis-sances de l’Union européennedont elle fait partie depuis 1986.

Pays, certes, avec de grandsproblèmes structurels à ré-soudre : la tension dans la ré-gion basque, un chômage su-périeur à 10 % de la populationactive – mais le travail "noir" yest important comme en Italie etce taux de chômage n’est pasune exclusivité espagnole – etun afflux migratoire venu du Ma-roc et de l’Afrique subsahariennedifficile à maîtriser…

Le gouvernement actuel a dé-cidé de régulariser 700.000"clandestins". Une fois régulari-sés ces immigrés pèseront surle marché du travail et circule-ront librement en Europe.

Mais le dynamisme écono-mique et un minimum de consen-sus social, absent des deuxautres grandes puissances la-tines de l’Europe, permettent àl’Espagne de faire face à ses pro-blèmes avec optimisme et fer-meté.

Deux atoutsde taille

On ne dira jamais assez quela monarchie espagnole – au-jourd’hui trentenaire après unelongue parenthèse – est le prin-cipal facteur d’unité, d’équilibreet de stabilité en Espagne doncde son développement écono-mique et social.

tion et sa place historiques, parle général Franco qui a vraimentformé le roi Juan Carlos.

Si l’Espagne d’aujourd’hui estune véritable puissance, un paysqui compte et qui est respecté,c’est aussi grâce à l’héritagelaissé par le général Franco.Toute guerre civile laisse destraces qui s’effacent beaucoupplus difficilement et plus longue-ment qu’une guerre extérieure.La guerre civile espagnole a étélongue, sanglante et impitoyable.Il faudrait encore une ou deuxgénérations pour que tout soitnormalisé. Mais sans le généralFranco et son régime l’Espagneaurait été impliquée dans la Se-conde Guerre mondiale et sesinfrastructures économiques, por-tuaires, universitaires… qui fontla fierté de l’Espagne d’aujour-d’hui n’auraient pas existé. Sesélites non plus, y compris cellequi critique, souvent injustement,le caudillo.

Un chantierdiplomatique

exaltantL’échec de la tentative mon-

dialiste de Bush jr. en Amériquelatine ouvre la voie royale à unecoopération renforcée et institu-tionnalisée entre une partie del’Europe au moins, et cette Amé-rique du sud attachée à l’Es-pagne – et au Portugal pour leBrésil – par la religion catholique,la culture, la langue et un passécommun même s’il fut parfoisdouloureux.

Depuis des décennies et avecune montée en puissance régu-lière, l’Espagne tente de confir-mer et de renforcer sa présenceet son influence en Amérique his-

réserves exprimées par de nom-breux États latino-américains et,surtout, de l’opposition du Brésilet de l’Argentine, les deux"grands" du continent du sud.

L’événement est de taille, iln’a presque pas été analysé enFrance en raison de la place prisepar les désordres des banlieuesdans l’ensemble des médias.

Il a deux significations ma-jeures et conduit à une conclu-sion : il signifie d’abord l’échecvoire le recul du mondialisme etde la globalisation érigés en nou-veaux dogmes planétaires. Il tra-duit aussi les limites de la poli-tique hégémonique de l’admi-nistration Bush et l’importancecroissante de la résistance desnations face à une américanisa-tion et une unification destruc-trices des identités culturelles etdes spécificités économiques despays et des régions.

La conclusion politique à ti-rer de cet événement passé in-aperçu est l’importance de l’Eu-rope, surtout de l’Europe latine

panophone. Ses succès sontconsidérables, son attirance faceà une Amérique du Nord peu ai-mée pour le moment, est grande.Mais sur le plan économique,l’Espagne seule n’est pas detaille. Elle le serait avec quelquespuissances européennes uniesà elle.

Voici un chantier diplomatiqueexaltant, et autrement plusconforme aux réalités historiqueset culturelles, que la construction"européenne" bureaucratique,sans âme et au service des mul-tinationales avides de profit etrien d’autre.

À ne pas oublier non plus lesrelations privilégiées, et non tou-jours faciles, que l’Espagne a en-tretenues depuis des siècles avecl’Afrique et le monde musulman.

Actuellement avec le Maroc,des dossiers lourds subsistent.Mais en partie grâce aux rela-tions privilégiées et dépassion-nées des deux monarchies, l’axeMadrid-Rabat est une réalité.D’autres exemples pourraientêtre cités.

La France, avec sa grandeexpérience du monde musulmanet de l’Afrique, pourrait être unfacteur et un acteur de taille dansun partenariat avec ces pays etparticiper à une stabilisation desrapports Nord-Sud dans cette di-rection.

On voit mal, encore une fois,la "diplomatie" européiste jouerun rôle sur ce théâtre où se dé-termine l’avenir de l’équilibre desforces dans le monde.

L’Espagne, trait d’union entredes mondes tellement différents,sinon opposés : voici un élémentdont une diplomatie française au-rait dû et devrait tenir compte.

parSerge MARCEAU

Une évolution régionale inquiétante

Depuis la fin du régime franquiste,l’Espagne s’est dotée d’une consti-tution instituant une monarchie par-

lementaire. D’emblée, s’est mise en place

toute une structure permettant de réglerles rapports entre l’autorité centrale et lesdifférentes entités régionales. Cette consti-tution fut approuvée par référendum àplus de 87 % le 6 décembre 1978. Elle ainstitué des régions dotées de capacités

variables d’autogouver-nement. On distingue troisniveaux d’administrationterritoriale : les communes, les provinceset les communautés autonomes.

Les communes au nombre de 8092disposent d’un conseil élu au suffrage uni-versel. Ce dernier élit à son tour le mairesecondé par une commission de gou-vernement local. Les communes sontcompétentes en matière d’éducation, d’ur-banisme, de protection de l’environne-ment ou encore de salubrité publique.

Les provinces sont à la fois des uni-tés d’administration locale et des cir-conscriptions de l’administration centrale.Au nombre de 50, elles sont dirigées parun président élu par le conseil provincial.Celui-ci est composé de députés provin-ciaux élus par les conseillers communaux.Parmi les compétences accordées auxprovinces, on peut rappeler la coopéra-tion juridique, économique et technique.

Enfin, la troisième strate dans l’orga-nisation institutionnelle espagnole se si-

tue au niveau des dix-septcommunautés autonomes(basque, catalane…). Dis-

posant de son propre règlement d’auto-nomie, le président de chaque commu-nauté est élu par l’Assemblée législative.Celle-ci est élue au suffrage universel di-rect. L’ensemble est secondé par un re-présentant de l’État afin d’établir le lienentre l’autorité centrale et la communautéautonome. En dehors des principes ré-galiens propres au fonctionnement de l’É-tat castillan, ces communautés détien-nent des compétences très larges (amé-nagement du territoire, agriculture, activitééconomique…).

"Ping-pong"permanent

Les articles 148 et 149 de la consti-tution espagnole donnent à chaque com-munauté la possibilité de fixer le niveaude compétences qu’elle souhaite exer-

cer. C’est pourquoi ces communautés secaractérisent par une variation de leurscompétences évoluant au gré de l’habi-leté des dirigeants régionaux. Ce pointest à souligner puisqu’il a permis à la Ca-talogne d’adopter un nouveau statut le 30septembre 2005 à la condition officieusede ne pas heurter la constitution espa-gnole. Compte tenu des ambitions crois-santes des féodalités ibériques, les fric-tions se font sans cesse plus dures avecMadrid. Le droit de fixer de nouvellesrègles pour chaque communauté a seslimites mais leurs dirigeants l’admettentde moins en moins. À partir du momentoù une communauté obtient une facilitédans sa gestion interne, les autres enti-tés régionales espagnoles font pressionpour obtenir des droits similaires. Le prin-cipe du "ping pong" permanent entre lescommunautés autonomes ayant obtenugain de cause et celles restées sur leurfaim est une source constante de conflitsqui prend une ampleur d’autant plusgrande que la politique européenne

parPierre HILLARD

Les conséquencesinévitables

du renforcementpolitique et linguistique

des communautésautonomes entraînent

une désaffectationcroissante des citoyens

espagnols à l'égard de la constitution

de 1978.

D O S S I E R

L’institution royale est unani-mement acceptée et respectéepar toutes les familles politiquesdu pays. Les querelles du passés’oublient progressivement et lesEspagnols, grâce à un monarquequi joue parfaitement son rôle –se sentent solidaires. Il y a unrecours, un élément de stabilité,un rempart. Cela compte pour unpays.

On n’oubliera pas non plusque cette monarchie, qui fait au-jourd’hui l’unanimité, a été res-taurée dans ses droits, sa fonc-

George W. Bush et José Maria Aznar,

l’ancien chef du gouvernement espagnol

Page 10: L'ESPAGNE AUJOURD'HUI un problème d’État · 2011. 7. 8. · de Bourbon Parme et S.E. Rifaat el Assad, ancien vice-président de la République syrienne, nous honoraient de leur

10 L’Action Française 2000 n° 2689 – du 17 au 30 novembre 2005

L’ESPAGNE AUJOURD’HUI

en faveur des régions ai-guise les appétits.

Cette variété dans l’organi-sation des communautés auto-nomes se traduit de deux ma-nières. En effet, il faut distinguerles communautés de "pleine au-tonomie" des communautés"d’autonomie progressive". Les

particulièrement respecté etprotégé ».

L’article 20 introduit des élé-ments favorisant la diffusion deslangues régionales puisque qu’ilprécise que la future réglemen-tation de l’organisation et ducontrôle parlementaire desmoyens de communication so-

Une évolution régionale inquiétante

La réussite de la viticulture

espagnole

L'Espagne montrel'exemple

d'une politique qui ne craint pas

d'affirmer la dimension

culturelle du vin.

«El Vinoet laviña

son inseparables de nuestra cul-tura ». Tel est le premier article dela "ley de la viña y del vino" pro-mulguée le 10 juillet 2003 sous l'au-torité de Juan Carlos. Pour restau-rer l'image du vin et lui permettred'affronter les marchés export, l'Es-pagne a en effet réformé profondé-ment sa législation sur le vin, révi-

envisage de copierle modèle espa-gnol.

Le soutien accordé au vin parl'administration espagnole, la re-connaissance par la loi de la placedu vin dans la société ne sont cer-tainement pas étrangers à l'éton-nante réussite du vin espagnol àl'export : alors qu'en 2002 la Francereprésentait 23 % des parts de mar-chés à l'export contre seulement14 % pour l'Espagne, nous sommesdescendus à 21 % pendant que l'Es-pagne atteignait 17 %.

3e producteurmondial

Troisième producteur mondialderrière la France et l'Italie, l'Es-pagne produit 40 millions d'hecto-litres (contre 55 Mhl en France) etexporte 14 millions d'hectolitres, soitpresque autant que la France.

sant son système de classificationet d'appellation, et définissant le vincomme un « aliment », échappantde ce fait à certaines des restric-tions imposées aux boissons al-cooliques et permettant même quel'État espagnol finance des cam-pagnes d'information, de diffusionet de promotion du vignoble et duvin.

Évidemment, cette loi n'a paspour but de faire la promotion del'alcoolisme et elle est d'ailleursconforme avec la réglementationeuropéenne et avec la réglementa-tion qui interdit la consommation deboissons alcooliques aux mineurs.Comme en France, les ventesd'autres alcools plus forts ont pro-gressé alors que la consommationde vin a de toutes façons diminué,passant en Espagne de 46,6 à 28litres par habitant entre 1987 et2003. La loi espagnole affirme doncque le vin, élément de la culture mé-diterranéenne et chrétienne, n'a pasà être la cible principale des cam-pagnes contre l'alcoolisme et quela promotion du vin et de la modé-ration permet tout au contraire demener une politique de préventionde l'alcoolisme d'autant plus efficacequ'elle évite le piège d'une infor-mation et d'une communicationaveugles.

La loi de 2003 a également in-nové en mettant en place un sys-tème d'appellations et de classifi-cation du vin assez bien fait pourque notre prestigieux Institut natio-nal des appellations d'origine contrô-lée, qui ne peut que constater laperte de crédibilité et le déclin pro-gressif de notre système d'A.O.C.,

parGuillaume CHATIZEL

D O S S I E R

TARIF DES ABONNEMENTS(paraît les 1er et 3e jeudis de chaque mois)

1. Premier abonnementFrance (un an) . . . . . . . . . . . . . . . 76 ss

2. Premier abonnementÉtranger (un an) . . . . . . . . . . . . . . 85 ss

3. Abonnement ordinaire (un an) . 125 ss4. Abonnement de six mois . . . . . . . 70 ss

5. Abonnement de soutien(un an) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150 ss6. Étudiants, ecclésiastiques,

chômeurs (un an) . . . . . . . . . . . . . 45 ss7. Outre-mer (un an). . . . . . . . . . . . 135 ss8. Étranger (un an) . . . . . . . . . . . . . 150 ss

BULLETIN D’ABONNEMENTNom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Adresse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Tél. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Ville . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Code postal. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Entourez le numéro correspondant à votre abonnementBulletin à retourner à L’Action Française 2000

10, rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 Paris – C.C.P. Paris 1 248 85 A

d’une direction de la politique lin-guistique au sein de leur propreministère de l’Éducation. Char-gées de concevoir et de favori-ser l’application de ces mesuresen faveur des langues, ces di-rections de la politique linguis-tique témoignent de cette volontéassidue d’affirmer le basque, lecatalan ou encore le galiciencomme le socle incontournablede l’aire géographique de chaquecommunauté autonome.

Ambiancedélétère

Les conséquences inévitablesdu renforcement politique et lin-guistique de ces communautésautonomes entraînent une désaf-fectation croissante des citoyensespagnols d’origine catalane oubasque à l’égard de la constitu-tion de 1978. Signe de l’am-biance délétère du climat poli-tique en Espagne, un récent son-dage a dévoilé que 3 % desEspagnols considèrent la consti-tution de leur pays comme trèsmauvaise. En revanche, 70%d’entre eux estiment nécessairede procéder à une refonte ducadre politique afin de le rendreplus compatible avec les exi-gences nouvelles de la sociétéespagnole, sous-entendu descommunautés autonomes cher-chant à se soustraire à l’autoritéde Madrid.

La crise institutionnelle qui sedéveloppe en Espagne inquiètele chef de l’État, le roi Juan Car-los, symbole de l’unité et de lapermanence de la nation. Cedescendant de Louis XIV a reçu

Le Palais del Congreso, siège du Parlement espagnolUn climat politique délétère

communautés de pleine autono-mie ont la possibilité « d’accèsà l’autonomie », c’est-à-dire ledroit d’exercer de vastes préro-gatives grâce à l’article 151 dela constitution espagnole. En re-vanche, le principe de l’autono-mie progressive correspond auxdroits accordés par l’article 148aux communautés mais sus-ceptibles d’être améliorés suiteà une réforme de leurs statuts.Ce processus a été établi le 28février 1992 par le "Pacte auto-nomique" suite à un accordconclu entre les deux grands par-tis, le Parti Socialiste Ouvrier Es-pagnol (le PSOE) et le Parti Po-pulaire (le PP). La conséquencede cette réforme a été une mon-tée en puissance des commu-nautés autonomes disposant deprérogatives inférieures rattra-pant celles jouissant de droitsforts.

Prérogativeslinguistiques

Ces caractéristiques régio-nales en Espagne prennent untour particulièrement vif avec ledéveloppement et l’enracinementdes langues propres à la pénin-sule ibérique. Trois articles de laconstitution espagnole (de 1978)se rapportent à la question deslangues : les articles 3, 20 et 148.

Comme le précise l’article 3 :« L’espagnol est la langue of-ficielle de l’État. Tous les Es-pagnols ont le devoir de laconnaître et le droit de l’utili-ser. Les autres langues espa-gnoles seront également deslangues officielles dans lescommunautés autonomes se-lon les statuts de chacune decelles-ci. La richesse des di-verses modalités linguistiquesde l’Espagne constitue un pa-trimoine culturel qui doit être

ciale du secteur public « devrase faire dans le respect du plu-ralisme de la société et des di-verses langues de l’Espagne ».

Enfin, l’article 148 dont nousavons mentionné les caractéris-tiques larges accorde de grandesprérogatives linguistiques commele développement de la culture,de la recherche et l’enseigne-ment de la langue de la com-munauté autonome.

Le renforcement des languesrégionales en conformité avecces articles et entrant inévita-blement en concurrence avec

l’espagnol s’est traduit par unerafale de mesures prises par lescommunautés autonomes favo-risant l’utilisation de ces idiomes.Les mesures normalisant l’em-ploi de ces langues ont com-mencé dès le début de la dé-cennie 1980 : loi du 24 novembre1982 favorisant l’usage dubasque, loi du 23 novembre 1985favorisant l’usage et l’enseigne-ment du valencien, loi organiquedu 29 avril 1986 de normalisa-tion linguistique aux Iles Baléares,etc.

Qui plus est, ces commu-nautés autonomes disposent

en 1982 la plus haute distinctioneuro-fédéraliste, le Prix Charle-magne qui, ironie de l’histoire,représente l’idéal des mondia-listes cherchant à décomposerles nations afin de les rendre plusdociles à leur philosophie. L’Es-pagne commence à en faire lesfrais et son roi à payer son en-gagement dans un système trèsloin de l’esprit de son ancêtresaint Louis... �

* Pierre Hillard, auteur de La dé-composition des nations euro-péennes. Éditions François-Xavierde Guibert, 2005.

BarceloneLa montée en puissance des communautés autonomes

Le vin espagnol affiche égale-ment de belles réussites commer-ciales à l'instar du groupe Freixe-net, producteur de vins efferves-cents d'appellation Cava, qui estaujourd'hui propriétaire du négociantbordelais Yvon Mau et qui a ouvertplace de la Madeleine en 2002 leplus beau magasin de vin existanten France, sous l'enseigne Lavinia.

Alors que les vignerons françaisn'en finissent pas de se plaindred'être abandonnés et même atta-qués par le gouvernement français,alors qu'ils manifestaient le 8 dé-cembre 2004 en demandant si « l'in-terdit est le seul avenir du vin enFrance », l'Espagne nous montrel'exemple d'une politique qui necraint pas d'affirmer la dimensionculturelle du vin et récolte une belleréussite économique au moment oùla viticulture française sombre dansla crise...

Vin pétillant espagnol

Page 11: L'ESPAGNE AUJOURD'HUI un problème d’État · 2011. 7. 8. · de Bourbon Parme et S.E. Rifaat el Assad, ancien vice-président de la République syrienne, nous honoraient de leur

L’Action Française 2000 n° 2689 – du 17 au 30 novembre 2005 11

La question de l'homosexualité

et de sareconnaissanceinstitutionnelle

est abordée de façon

superficielle dans les médias.

Le bien commun chassé par Narcisse

Depuis la parodie de mariageorchestrée par Noël Ma-mère, les partisans de la

"cause homosexuelle" semblentpeut-être moins pressants, maisleur résolution n’a pas faibli. Le re-tour de leurs revendications sur ledevant de la scène politique sera-t-il l’occasion d’un débat plus ré-fléchi ? Le dernier ouvrage duprêtre et psychanalyste Tony Ana-trella, Le Règne de Narcisse, de-vrait nous aider à en cerner les en-jeux.

avancées ici alors qu’il faut cher-cher l’explication ailleurs ; d’autresreviennent comme un leitmotivsans être suffisamment argumen-tées : le déni de la différencesexuelle est peut-être dénoncé àchaque page, mais aucune n’estconsacrée à la définition de cetteréalité jugée fondamentale.

Dans une première partie, l’au-teur se propose de définir l’homo-sexualité. Il y voit la conséquenced’un manque d’intériorisation de ladifférence des sexes, le résultatd’une identification au même quesoi. Cette « fixation narcissique »donnerait parfois des personnali-tés très imbues d’elles-mêmes ; àl’opposé, elle pourrait aussi en-courager les individus à se déva-loriser. Dans tous les cas, elle neserait pas une option équivalenteà l’hétérosexualité, mais un échecdans le processus normal du dé-veloppement psychique de l’indi-vidu.

Principede précaution

Représente-t-elle une imagede la sexualité à partir de laquellela société doit s’organiser ? Dansune seconde partie, Tony Anatrellaexpose les motifs de son opposi-tion à la reconnaissance institu-tionnelle de l’homosexualité. Il dé-crypte la théorie du gender, selonlaquelle la masculinité et la fémi-nité seraient déterminées par laculture. Ses implications sont pro-fondes : le déni de la différencesexuelle pourrait notamment ame-ner la société à dissocier la pro-création de la sexualité, brouillantainsi les repères de la filiation.

L’auteur s’inquiète des consé-quences de ce bouleversementsymbolique. Selon lui, l’amour nesuffit pas à combler les besoins del’enfant, qui risque d’être perturbé.Il en appelle donc au principe deprécaution pour justifier son refusd’ouvrir le mariage et l’adoptionaux « duos homosexuels ».

Imposture

Reste à convaincre nos com-patriotes… La troisième partie estconsacrée à la dénonciation d’unconcept désormais consacré par

parGrégoire DUBOST

KOSOVO

Un bilan catastrophique

Après toutes les fautes qu'ils ont

commises,les occidentaux

en commettront-ilsune nouvelle

en donnantl'indépendance au

Kosovo ?

Les statis-tiques étanttotalement

fausses et les communicationstant de l’O.N.U. que de l’O.T.A.N.,que de l’Union européenne se ré-duisant à une autojustification deleurs actions passées et pré-sentes, il est très difficile d’obte-nir des renseignements. Certes

nalité (tabac,prostitution, volsde biens, des-

tructions diverses des habitationsdes non-Albanais et des lieux deculte orthodoxe).

On assiste à un "boom" dansla construction. D’où vient l’ar-gent ? On peut dresser l’inven-taire suivant :

– retour des fruits de la cor-ruption et de la prostitution, etc.d’Europe occidentale,

– cotisations obligatoires destravailleurs albanais de l’étranger(rackets),

– subventions de l’O.N.U,– dépenses des fonction-

naires et soldats des organismesinternationaux, des armées et desorganismes non gouvernemen-taux (ONG),

– trafic de drogue, – subventions de l’Arabie

Saoudite pour la construction demosquées et la distribution defonds aux convertis.

Pessimisme

L’O.N.U. doit quitter le Kosovole 1er juin 2006. L’O.T.A.N. estd’ores et déjà remplacée parl’Union européenne.

En conclusion, les résultatssont catastrophiques. Les consé-quences des fautes des États-

tous les services de renseigne-ment des armées et des servicesde contre-espionnage sont aucourant et par voie de consé-quence les ministères des Affairesétrangères, de l’Intérieur et de laDéfense nationale et les chefsd’État et de gouvernement n’igno-rent rien de la situation.

Le Kosovo aurait actuellement1.900.000 habitants dont 300.000Albanais de la République d’Al-banie qui se sont introduits clan-destinement depuis 1999. Il fau-

parGérald BEIGBEDER

la loi, l’"homophobie". Ce n’estqu’une « imposture » pour TonyAnatrella. Sa fonction ne serait passeulement de discréditer l’opposi-tion aux revendications homo-sexuelles, par analogie avec le ra-cisme. Ce concept pourrait égale-ment contribuer à occulter certainsphénomènes.

La détresse des jeunes ho-mosexuels, particulièrement en-clins au suicide, est connue detous, mais quelle en est l’origine ?La mise en accusation de la so-ciété est une explication naïve auxyeux de l’auteur. Considéréecomme « le résultat d’un com-plexe psychologique », l’homo-sexualité suscitera un trouble in-dépendamment du regard portésur elle par la société. Quant à laréaction des parents découvrantl’homosexualité de leur enfant, par-fois vive, elle témoigne « d’uneangoisse existentielle et non pasd’une quelconque "homopho-bie", comme on veut le pré-tendre dans un excès d’inter-prétation psychologique mora-lisante ».

Bons sentiments

S’il est démuni de touteconnaissance en psychologie, lelecteur ne se sentira peut-être pasà son aise, et dans ce cas il re-grettera d’autant plus que l’ouvragene soit pas construit d’une façonplus rigoureuse. Trop d’idées sont

Rin Tin Tin�� De 1954 à 1959 fut tourné aux États-Unis un feuilleton qui passasur l’unique chaîne de la R.T.F. en France à partir de 1961 ou 1962.Rin Tin Tin fut probablement la première série de type western àêtre diffusée chez nous. Dès que retentissait le clairon du régi-ment de cavalerie, les enfants s’assemblaient devant l’écran noiret blanc et assistaient fascinés vingt-six minutes durant aux aven-tures du plus célèbre berger allemand et de son maître le jeunecaporal Rusty, chaperonné par le lieutenant Rip Masters et le ser-gent O’Hara.

Les trente-deux premiers épisodes de Rin Tin Tin viennentd’être édités dans un coffret de quatre D.V.D. Les téléspectateursqui avaient huit ou dix ans lors des premières diffusions s’aper-cevront avec étonnement, tant leur mémoire a conservé une imageenjolivée de cette saga, que les décors étaient presque toujoursles mêmes au fil des épisodes et que la garnison du fort se ré-duisait à une poignée de soldats.

Rin Tin Tin ne fut certes pas une superproduction hollywoo-dienne, mais les histoires n’ont pas trop vieilli et, au fil de l’action,on découvre avec étonnement un acteur ayant fait ensuite carrière.Il en est ainsi pour un soldat déserteur d’une des aventures dontl’interprète n’est ni plus ni moins que Lee Van Cleef à ses débuts.

Un conseil pour les quinquagénaires voulant revivre un pan deleur enfance : la série ayant été colorisée pour atteindre un nou-veau public, manœuvrer votre télécommande de façon à recevoirles images en noir et blanc comme au bon vieux temps. Et en route,pour des chevauchées à travers les prairies et les montagnes duvieil ouest américain.

Renaud DOURGES

Références :* Rin Tin Tin, coffret de quatre D.V.D. Distribution : TF1 Vidéo

D.V.D.

On comprend néanmoins com-bien la question de l’homosexua-lité et de sa reconnaissance insti-tutionnelle est abordée de façonsuperficielle dans les médias. Sadimension psychologique est écar-tée, les possibles conséquencessociales sont ignorées… Sous « lerègne de Narcisse », les intelli-gences sont dévoyées par les bonssentiments. Ce constat est in-quiétant à plus d’un titre, car il estsymptomatique d’une société oùle bien commun n’a plus sa place.

��

* Tony Anatrella : Le Règne de Nar-cisse – Les enjeux du déni de la dif-férence sexuelle. Presses de la Re-naissance, 250 p., 18 euros.

POLITIQUE ÉTRANGÈRE SOCIÉTÉ

drait soustraire de ce montant lesAlbanais qualifiés Yougoslavesqui sont aux États-Unis, au Ca-nada et en Australie et les réfu-giés du Kosovo demeurant en Al-lemagne, en Suisse, en Suèdeet dans d’autres pays d’Europeoccidentale. Il ne demeure que100.000 Serbes (150.000 sontréfugiés en Serbie-Monténégro).Les Roms et autres nationalitésont été chassés pour la plupart.Ceux qui sont demeurés dans laprovince sont dans des camps etvictimes actuellement d’un véri-table génocide du fait qu’ils sontparqués dans les anciennesmines de plomb.

Le Kosovo est un territoirevoué à la drogue principalementet à toutes les formes de crimi-

Unis, de la Grande-Bretagne, dela France, de l’Allemagne et desautres États de l’U.E., del’O.T.A.N. et même des neutresdépassent tous les pronostics lesplus pessimistes. On fait craindreque les incendiaires occidentauxne trouvent pas de solution pourremédier à cette situation saufcelle de l’indépendance ou d’unprotectorat quasi indépendant.Nombre de Ponce Pilate démo-crates chrétiens ou sociaux-dé-mocrates commencent à invo-quer cette mauvaise solution. Sicette solution était adoptée, unpas de plus serait accompli dansla destabilisation de la Serbie, dela Serbie-Monténégro, des Bal-kans et de l’Europe.

Soldats de la KFOR en opérations

Page 12: L'ESPAGNE AUJOURD'HUI un problème d’État · 2011. 7. 8. · de Bourbon Parme et S.E. Rifaat el Assad, ancien vice-président de la République syrienne, nous honoraient de leur

12 L’Action Française 2000 n° 2689 – du 17 au 30 novembre 2005

JOURNÉEDE LECTURE

Hervé Ryssen

Les Espérances planétariennes� Ce livre d’Hervé Ryssen est une analyse de la littérature, de la philo-sophie et du cinéma cosmopolites. À travers l’étude des ouvrages denombreux intellectuels contemporains, marxistes ou libéraux (Alain Minc,Jacques Attali, Edgar Morin, Marek Halter, Jacques Derrida, Pierre Bour-dieu, Guy Konopnicki, Albert Jacquard, etc.), on découvre que les intel-lectuels "cosmopolites" appellent maintenant ouvertement au métissagegénéralisé, à la suppression des frontières et à l’unification du monde,dans un discours inlassablement répété et de plus en plus débridé.

L’avènement du monde nouveau et des temps messianiques passepar la destruction du catholicisme et du monde européen traditionnel. Ilfaut avoir lu les travaux de Wilhelm Reich et les ouvrages des"freudo-marxistes" pour comprendre jusqu’où peut aller cette volonté de des-truction. Le thème de la "vengeance" se retrouve d’ailleurs aussi biendans les textes religieux du XVIe siècle que chez certains romancierscontemporains comme Albert Cohen. Ces permanences sont étonnantes.Elles traversent les siècles, se transmettent sans prendre une ride de gé-nération en génération. Voilà ce que sont les "espérances planétariennes".

J.C.

* Hervé Ryssen : Les Espérances planétariennes, 432 pages ; 19,90 eu-ros franco. Commandes à Éditions Baskerville, 14 rue Brossolette, 92300Levallois. Chèques à l’ordre de HERVÉ FRANÇOIS (en majuscules, sansrien ajouter).

Itinéraires trotskistes

Le trotskismeest une ex-ception fran-

çaise. Depuis les années 30 il atoujours eu sa place dans l’imagi-naire politique et militant de notrepays. Jean Birnbaum, journalisteau Monde, nous propose une plon-gée dans l’univers, la mémoire etles représentations des trois cou-rants historiques du trotskismefrançais : la L.C.R., Lutte Ouvrièreet le lambertisme (Parti des Tra-vailleurs). C’est moins l’histoire oules prises de positions des trots-kistes que Birnbaum s’attache àprésenter que l’esprit animant cesorganisations.

Jean Birn-baum entend dé-montrer qu’il

existe une tradition révolutionnairese transmettant tant par l’écrit (re-vues, livres), que par l’oral. Unetradition qui s’est également for-gée dans les coups incessants re-çus du Parti communiste, surtoutdurant la période stalinienne.

Violence interne

L’auteur, s’il décrit cette tradi-tion révolutionnaire avec sympa-thie, ne fait pas l’impasse sur laviolence interne (en attendantqu’elle s’externalise après le grandsoir…) de ces organisations et surla tendance aux purges internesde ceux qui prétendaient dénon-cer les purges staliniennes. Écou-tons à ce sujet un militant lam-bertiste : « Un jour que nous dé-jeunions ensemble, quelquesannées après son exclusion,Stéphane m’avait dit : "Jacques,heureusement qu’on n’a pas prisle pouvoir, parce que sinon…"Et il s’était passé la main der-rière la nuque, d’un air de dire :on aurait fusillé des gens, ou onaurait été fusillé. Je crois qu’ilavait raison. »

Ce livre constitue donc une ex-cellente introduction à l’esprit trots-kiste, à ses forces et à ses dan-gers à l’heure où, les incertitudespolitiques grandissant, certains deces militants révolutionnaires sevoient déjà au deuxième tour dela prochaine élection présidentielle.

* Jean Birnbaum : Leur jeunesse etla nôtre. L’espérance révolutionnaireau fil des générations. Éd. Stock,258 p., 20 euros.

parPierre LAFARGE

Il distingue trois générationsde trotskistes français : celle desannées 30, aux visées anti-nazis,même si beaucoup d’entre eux en-tendaient renvoyer dos à dos lesdémocraties anglo-saxonnes et letotalitarisme hitlérien, celle des an-nées 60, violemment anti-colonia-liste et enfin celle des années 90,résolument altermondialiste. PierreBoussel, dit Lambert, peut sym-boliser la première, Alain Krivineou Arlette Laguiller la deuxième etOlivier Besancenot la dernière.

Edith Piaf

La victoire posthume de Bismarck

HISTOIRE

Le livre de M. Jean-Paul Blednous rappelle combien futconsidérable et relativement

rapide l'œuvre de Bismarck. Entre1859 et 1871, il a rejeté l'empired'Autriche hors de l'Allemagne, uni-fié celle-ci sous l'autorité de laPrusse, et il lui a fait acquérir enEurope une prépondérance quasiinébranlée jusqu'en 1914.

qu'elles se sont exercées dans lecadre d'institutions excellentes,telles « que toute force nationaley était employée, presque sansdéperdition, de manière à don-ner le maximum de rendement »écrit Charles Maurras.

« Dans une Prusse républi-caine, il y eût de grandeschances pour que Bismarck,Moltke et Roon se fissent laguerre. La Prusse eut donc valuce que valait le parti de l'un deces hommes, du vainqueur,moins ce que valait la sommede chacun des partis vaincus.Avec la royauté, la Prusse avalu : Bismarck plus Molke plusRoon, plus l'effet multiplicateurde leur bonne harmonie, établietant par la fonction que par lahaute valeur personnelle duRoi » (1).

Ajoutons que si la Prusse étaitdotée d'un Landtag élu, son ré-gime n'était nullement parlemen-taire : Bismarck ne pouvait pas êtrerenversé au gré d'une majorité.D'ailleurs « le loyalisme monar-chique figure toujours en pre-mière place dans le système devaleurs du ministre, même si safidélité n'est pas exclusive d'uneréelle indépendance d'esprit »,note M. Bled.

Il analyse de façon très vivantela personnalité de Bismarck, sonpragmatisme, et son incomparabletalent de diplomate qui lui per-

parRené PILLORGET

professeur émérite d'Université

mettait, par touches imperceptiblesde faire croire à son interlocuteurque sa pensée correspondait auxdésirs ou aux rêves de celui-ci. Ilsavait manier à plaisir la nuanceet l'ambiguïté, sans s'embarrasserde trop de scrupules, mais, biensûr, en respectant les formes. Ladépêche d'Ems n'est pas un fauxmatériel, mais un faux moral.

Le livre de M. Bled dépeinttoutes les facettes de ce person-nage exceptionnel. Il rappelle que"le chancelier de fer", après 1871,mit en place un système diploma-tique destiné avant tout à isoler laFrance et à protéger l'Allemagned'une éventuelle invasion russe ;qu'il osa parler de "socialisme d'État" et dota l'Empire d'une lé-gislation sociale qui n'avait, alors,pas d'équivalent en Europe.

Enfin il pose une question cru-ciale : dans quelle mesure la pen-sée et l'œuvre de Bismarck an-noncent-elles l'hitlérisme ? Àconsidérer les ressorts idéolo-giques et les choix fondamentauxdu régime, il parait difficile deconclure à une telle continuité (p.306). Sur ce point, d'ailleurs, leshistoriens allemands apparaissentdivisés. En tout cas, la réunifica-tion de l'Allemagne, en 1989, ap-paraît « une victoire posthumedu père de l'unité » (p. 308). Unlivre à lire et à méditer.

��

* Jean-Paul Bled : Bismarck. De laPrusse à l'Allemagne. Éd. Alvik, 332pages.(1) Mes idées politiques, p. 284.

I ls ne sont plus là. Qui s’enaperçoit ? Les moineaux ontdéserté Paris. D’en avoir vu un,

il y a peu, place Sainte-Opportune– le joli nom ! – qui sautillait surle trottoir, solitaire, blessé, peut-être ? J’en restai les yeux écar-quillés. Où sont-ils passés, cesjoyeux compagnons qui guet-taient, au square, les miettes desgoûters enfantins, pépiaient sansvergogne sur le banc où nous pré-tendions lire ? Évanouis, enfuis...la vie leur est dure : plus decaches dans les faîtages, de trousdans les gouttières, tout est aucordeau. Plus de mouches ni devermisseaux, accaparés par lesgros pigeons dandinant, seraient-ils aussi – c’est à frémir – desproies faciles pour les faucons deNotre-Dame ?

Veille ou rêve, cette pensée sepoursuit depuis quelque temps.pour les moineaux partis... Aussi,est-ce d’un pied allègre que j’aipris le chemin du Petit Gymnaseoù Jacques Pessis nous propose,dans une mise en scène de RubiaMatignon, une rencontre avec celledont le nom de scène fut l’appel-lation argotique de notre oiselet :le Piaf. Du moins, augurai-je, cœurjoyeux ou mélancolique, celui-cime dira sa chanson.

Édith Piaf, un moineau de ParisFaçon "Sacha", le raconteur

Jacques Pessis est à sa table,crayon en main. Sur scène, sta-tique, la Piaf des faubourgs, celledes années 30 et 40 et son fidèleaccordéoniste. Tombe une piècedans la sébile et la chanson s’en-vole. Et nous aussi, "emportés parla foule", nous suivons, ahuris,roulés-boulés dans ce flot musi-cal, si familier à nos oreilles.

refrains baignés de rires et delarmes, comme la vie même dePiaf.

Nathalie Lhermitte qui l’incarnen’est pas son clone : elle a gardéses cheveux blonds – bravo ! Sisa voix, son timbre sont prochesde celui de la chanteuse, lesnuances, les intonations sont biensiennes. Très brillamment ac-compagnée à l’accordéon par Au-rélien Noël, elle parvient sans peineà nous émouvoir par son ardeuret à faire fredonner la salle. Ainsiégrenons-nous près de cinquanteannées d’une vie, vouée au bon-heur de chanter et à l’amour.

Gageons que ce moineau-làdevrait bien enchanter notre au-tomne.

Monique BEAUMONT

* Piaf, une vie en rose et noir. PetitGymnase, 38, boulevard Bonne Nou-velle Paris 10e locations :01.42.46.79.79. Jusqu’au 17 dé-cembre 2005.

* À voir aussi : Exposition PierreBonnard. Thème : les "ciels". À l’Écude France, 76 avenue du GénéralLeclerc, 78220 Viroflay dans le cadredu salon "Le souvenir de Corot".jusqu’au 27 novembre 2005 (entréelibre).

Alors défilent les auteurs :Conté, Asso, Marguerite Monod,Moustaki, depuis les débuts àl’A.F.C. jusqu’aux triomphes in-oubliables : La Vie en rose, My-lord, l’Hymne à l’amour, tant de

Les analystes qui tendent àtout expliquer par les facteurs éco-nomiques ne manquent pas desouligner que la Prusse produisait90 % du charbon et de l'acier fondude l'Allemagne et qu'elle y occu-pait la première place dans la plu-part des industries textiles. Onévoque à juste titre sa démogra-phie, « il n'est de richesse qued'hommes ». Mais il convient sur-tout de souligner que les capaci-tés exceptionnelles de Bismarckont pu porter leur fruit parce

LIVRE

Page 13: L'ESPAGNE AUJOURD'HUI un problème d’État · 2011. 7. 8. · de Bourbon Parme et S.E. Rifaat el Assad, ancien vice-président de la République syrienne, nous honoraient de leur

L’Action Française 2000 n° 2689 – du 17 au 30 novembre 2005 13

parAnne BERNET

HISTOIRE

14-18 : vie et mort des FrançaisAvec la mort de ses derniers

acteurs, la Grande Guerreentre définitivement dans

l’Histoire, et devient tout de bon unsujet d’études. Or, tandis que lespublications la concernant se mul-tiplient, sa place dans les mémoireset les sensibilités diminue. Et sansdoute n’est-ce pas une bonnechose. Voici des livres pour ne pasoublier.

Affrontementinterminable

Pierre Vallaud consacre sonœuvre aux conflits du XXe siècle.Après plusieurs ouvrages traitantde la Seconde Guerre mondiale oude l’Indochine, il publie, en deuxvolumes, un 14-18, la PremièreGuerre Mondiale, véritable précisqui allie à un récit d’une grandeclarté une très abondante icono-graphie, largement inédite, et denombreuses cartes.

jeunes Français couchés froidset sanglants sur leur terre mal-défendue » qu’il prophétisait, cequi ne l’incitait certes pas à préci-piter la France à l’aveuglette dansun conflit dont il était l’un des raresà prévoir le coût. C’est oublier,même, le prix du sang payé parl’A.F. et les sacrifices que les siensconsentirent à la défense de la pa-trie …

Plumes illustres

Le travail des correspondantsde guerre et des envoyés spéciauxdans la zone des armées entre1914 et 1918 fut, en général, sé-vèrement jugé. Entre la crainte des"ciseaux d’Anastasie" qui incitaientles journaux prévoyants à s’auto-censurer et le bourrage de crânes,entre désinformation et discoursbravaches rédigés par les plan-qués de l’arrière, il semblait im-possible de rien pouvoir retirer desérieux ni d’intéressant de l’étudede la presse de l’époque, qu’ellefût française ou étrangère.

Les historiens reviennent unpeu sur cette mauvaise opinion.Outre quelques témoignages depremière main, datant pour la plu-part du début du conflit, avant queles journalistes se vissent interdirel’accès au front et à ses abords,les articles en tous genres écritsen ces années-là présentent mal-gré tout quelque intérêt. Littéraired’abord, car beaucoup furent si-gnés des plus grands écrivains dutemps ; historique ensuite, car lesnon-dit, les outrances, voire lesmensonges, sont révélateurs d’uneatmosphère, et plus encore desmentalités du moment.

Voilà pourquoi Alain Quella-Vil-léger n’a pas perdu son temps, nicelui de ses lecteurs, en se livrantà une quête patiente, à travers lespublications françaises et étran-gères, de tous les papiers qui pou-vaient apporter quelque chose àl’historiographie. 14-18, grands re-portages couvre toute la durée dela guerre et rassemble une collec-tion internationale de plumesillustres assez remarquable. L’Amé-ricaine Édith Wharton, francophilepassionnée, raconte la mobilisa-tion, le quotidien à Paris et son in-cursion en direction de Verdun avecdes accents de ferveur touchants.Le Britannique John Buchan ditl’enfer des Tommies sur la Somme.Albert Londres accompagnequelques Poilus au Mont Athos.Blaise Cendrars réussit à sourireavec tendresse de la petite sœurPhilomène et de son chaste émoidevant ce légionnaire blessé, et nu… Myriam Harry, l’arabisante, com-patit aux souffrances des spahis etdes goumiers blessés. L’Italien LuigiBarzini suit au jour le jour l’agoniede la Belgique envahie. Des textesde Colette, aimablement mondaine,de Pierre Loti, caricatural dans sahaine forcenée et forcée de l’en-nemi, d’Arthur Conan Doyle, rejoi-gnent les témoignages et les ré-cits, venus de tous les fronts, dejournalistes allemands, russes,turcs, pour la plupart inconnus en

France, et peignent, avec des sen-sibilités différentes, la mêmefresque tragique de l’héroïsme etde la peine des hommes.

Au cœurde la détresse

Tel fut aussi le témoignage deGeorges Duhamel dont l’œuvre ro-manesque, depuis sa disparitionen 1966, n’a guère fait l’objet derééditions. Médecin mobilisé, enpremière ligne, Duhamel fut in-cessamment confronté aux résul-tats du progrès et de la modernitéappliqués à l’art de la guerre. C’est-à-dire à la réalité de blessures abo-minables telles que la chirurgie mi-litaire n’en avait encore jamaisconnu. « Il faut ne plus fabriquerd’armes qui infligent des bles-sures que nous ne savons passoigner ! » fait-il dire à l’un de seschirurgiens de fiction, ses porte-parole, impuissants et ravagés.C’est tout le drame, et sans doutela prise de conscience, d’uneépoque et d’une science trop sûresd’elles que La Première Guerremondiale arracha à leurs belles illu-

traits vrais de gens de tous milieuxqui furent, ces années-là, l’âme, lecœur de la France. Et l’on se de-mande, désolé, comment unpeuple pareil a pu, en moins d’unsiècle, autant dégénérer …

L'épreuvede la France

ruraleYves Pourcher est historien, l’un

des meilleurs spécialistes de 14-18, et l’auteur, entre autres, de Joursde guerre (Plon), incontestablementl’un des plus beaux livres écrits surle quotidien de la tragédie. En fait,trop bien connaître un sujet peutse révéler un handicap lorsque l’onveut passer au roman historique etles échecs sont, en la matière, bienplus nombreux que les réussites.Yves Pourcher, lui, se sort haut lamain de la tentative et Le Rêveurd’étoiles, fiction nourrie de son im-mense connaissance de l’époqueet de son terroir de Lozère, est uneincontestable et rare performance.

À travers l’histoire de JérômeCharbonnel, le fils et l’héritier de laferme de Coulagnettes, arraché àson foyer et à sa passion pour l’as-tronomie, qui reviendra une mainen moins, mais surtout amputé deses meilleurs amis, Pourcher com-munie intimement à la grandeépreuve de cette France rurale ar-rachée à ses traditions, à ses rêveset à ses espoirs pour aller mourirdans la boue des tranchées. Letexte, nourri de documents au-thentiques, n’ignore ni l’héroïsmedes femmes restées seules pourfaire tourner les exploitations, ni ledésarroi des maires de villages obli-gés d’annoncer les mauvaises nou-

Avec ce beau roman, Pourcher rap-pelle qu’un historien n’est pas seu-lement un froid compilateur de pa-perasses, ni un maniaque de lanote de bas de pages, et qu’il a ledroit d’aimer, de comprendre, et decompatir.

* Pierre Vallaud : 14-18, la PremièreGuerre Mondiale. Éd. Fayard. Deuxvolumes illustrés de 300 p., 30 eu-ros (196 F) chaque.* Collectif : 14-18, grands reportages.Omnibus-Presses de la Cité. 835 p.,24 euros (157,43 F).* Georges Duhamel : Vie des mar-tyrs et autres récits des temps deguerre. Omnibus-Presses de la Cité.750 p., 25 euros (119,71 F).* Yves Pourcher : Le rêveur d’étoiles.Éd. du Cherche-Midi. 190 p., 15 eu-ros (98 F).

LUS AUSSI�� Patrice Kleff : CEUX DE VERDUN ; LES ÉCRIVAINS ET LAGRANDE GUERRE

La collection "Étonnants classiques" s’adresse, en principe,aux élèves des collèges et lycées et à leurs enseignants. Elle estcensée mettre à leur portée les textes majeurs de la littérature fran-çaise, convenablement abrégés et accompagnés de notes, d’ex-plications, de commentaires. En cela, elle est d’ailleurs révélatricedu niveau d’adolescents auxquels il faut donner le sens des motsles plus usuels de notre langue.

Ceux de Verdun pourrait être un monument élevé aux com-battants de la Grande Guerre, et parmi eux, aux écrivains qui la ra-contèrent. Cela n’entraînerait pas fatalement de sombrer dans lecocardier… Ici, hélas, le principal souci est d’utiliser Dorgelès, Cé-line, Remarque, Cendrars, Romains, Barbusse (c’est moins sur-prenant), Martin du Gard, pour dire, non pas l’horreur de la guerre,mais son inanité, et exalter le pacifisme sous toutes ses formes,à travers la Chanson de Craonne ou les bandes dessinées de Tardi.

Vous chercherez donc une autre façon d’apprendre à vos en-fants comment leurs arrière-grands-pères se sont battus et sontmorts pour la France, sans que cela les ait transformés pour au-tant en monstres sanguinaires. * Garnier-Flammarion. 120 p., 2,90 euros (19 F).

�� Anne Perry : AVANT LA TOURMENTEQuels documents ultra-secrets, susceptibles de bouleverser le

destin de la Grande-Bretagne, pouvaient-ils justifier l’assassinatde l’ancien député aux Communes Reavley et celui de son épouse ?Car l’accident de voiture qui leur avait coûté la vie, en ce mois dejuin 1914, n’avait rien de naturel. Quant aux papiers que le défuntapportait au MI 5, ils avaient disparu … Les quatre enfants Reav-ley remettraient-ils la main dessus avant qu’il fût trop tard ?

Anne Perry est célèbre pour ses romans policiers situés autemps de Victoria. Elle est nettement moins convaincante dans leroman historique et ce premier tome d’une série destinée à ra-conter la Première Guerre mondiale côté anglais se révèle déce-vant, convenu, et assez mal ficelé. * 10-18. 460 p., 8,38 euros (55 F).

velles, ni l’élan de foi et de patrio-tisme qui dressa la France et luipermit de tenir.

Il y a là, outre Jérôme, quelquespersonnages difficiles à oublier, etsurtout celui de Roger, qui écoutaitchanter les oiseaux entre les obus.

sions. Vie des martyrs, Civilisation,Les sept dernières plaies, réuniesen volume Omnibus, complété parquatre ballades et la correspon-dance de l’auteur, au front, avecson épouse, sont, certes, desœuvres de fiction.

Duhamel, par respect du se-cret professionnel, par pudeur, avaitchangé les noms des soldats qu’ilavait soignés ou accompagnésdans leurs derniers instants ; cettedélicatesse lui valut longtempsd’être rejeté du nombre des té-moins sérieux, comme si le fondde ses récits, à défaut du détail,n’avait point participé à dire l’indi-cible, avec le franc-parler et la cru-dité du médecin qui ne s’encombrepas de raffinements hors de pro-pos.

Ces instantanés de soldats etd’officiers, saisis au cœur de la dé-tresse et de la souffrance, quandaucun masque poli ne vient pluscamoufler la vérité d’un homme nesont pas uniquement une descrip-tion sans fard, parfois teintée d’unhumour grinçant, de la vie, et sur-tout de la mort, dans les hôpitauxde campagne pilonnés par l’ar-tillerie, mais une galerie de por-

Cet ouvrage a beaucoup dequalités ; l’ampleur de la vue d’en-semble proposée, qui ne se can-tonne pas, comme souvent, au frontde l’Ouest, mais aborde tous lesterrains d’opérations, en est l’unedes principales. Le front d’Orient,souvent laissé de côté, malgré l’en-gagement français aux Darda-nelles, tient dans ces pages toutesa place, et la vision turque desévénements, ignorée, est prise encompte. Le front de l’Est, le rôledes troupes russes, l’effondrementde la Russie tsariste, la Révolutiond’octobre et ses conséquences,font l’objet de tous les développe-ments souhaitables, comme,d’ailleurs, l’extension du conflit auProche-Orient, et le début de lacourse au contrôle des champs pé-trolifères.

C’est que Pierre Vallaud tientà resituer le premier embrasementdu siècle passé dans le contexted’un affrontement interminable, età rappeler que rien n’était réglé en1919, bien au contraire.

Tous les aspects, toutes lesdonnées, pas seulement militaires,du conflit, sont abordés, étudiés,et les prémices, et les aboutisse-ments. Bien. Il faut s’étonner, ce-pendant, que Maurras et l’Actionfrançaise, sans doute à cause deleur nationalisme, soient classésdans ces pages au nombre desboute-feu qui auraient poussé lepays dans la guerre par esprit derevanche, sans se soucier desconséquences. C’est ignorer l’aver-tissement terrible du Maître de Mar-tigues, ces « cinq cent mille

Page 14: L'ESPAGNE AUJOURD'HUI un problème d’État · 2011. 7. 8. · de Bourbon Parme et S.E. Rifaat el Assad, ancien vice-président de la République syrienne, nous honoraient de leur

14 L’Action Française 2000 n° 2689 – du 17 au 30 novembre 2005

CHRONIQUE

parStéphane BLANCHONNET

LE TRÉSOR DE L’ACTION FRANÇAISE

Romantisme et Révolutionde Charles Maurras

�� Nous rappelons dans chacun de nos numéros les ouvrages desmaîtres de l'Action française pour en faire ressortir toute l'actualité.Nous entendons ainsi inciter nos lecteurs à lire ou à relire ces ouvragespour approfondir leur formation politique.

Ouvrages déjà présentés

dans le Trésor de l’Action française� Jacques Bainville : Les conséquences politiques de la paix (6/1/05), Histoirede France (21/10/04), Napoléon (7/4/05).� Augustin Cochin : Les sociétés de pensée et la démocratie moderne(3/2/05).� Léon Daudet : Bréviaire du journalisme (16/6/05), Le stupide XIXème siècle(21/4/05)), Les Universaux (18/11/04), Vers le Roi (20/1/05).� Pierre Gaxotte : La Révolution française (21/7/05)� Pierre Lasserre : Le romantisme français (25/8/05).� Charles Maurras : Anthinéa (3/3/05), Au signe de Flore (16/9/04), L’avenirde l’intelligence (7/10/04), La Contre-Révolution spontanée (17/2/05), LaDémocratie religieuse (5/5/05), De Démos à César (17/3/04), Le dilemmede Marc Sangnier (19/5/05), Enquête sur la monarchie (20/10/05), Kiel etTanger (16/12/04), L’ordre et le désordre (28/7/05), Pour un jeune Français(15/9/05), Mes idées politiques (4/11/04), Réflexions sur la Révolution (6/10/05),Trois idées politiques (2/12/04).� Léon de Montesquiou : Le système politique d’Auguste Comte (2/6/05).� Maurice Pujo : Les Camelots du Roi (3/11/2005), Comment Rome est trom-pée (1/9/05).

Pour vous procurer tel ou tel de ces ouvrages, vous pouvez interrrogerla librairie Le Pélican Noir, 94220 Charenton (Tél : 08 70 69 90 82 - [email protected]).

En bonnes compagnies...

M on vieilami Poly-dore,

ayant débarrassé sa boite aux lettresd'une grosse liasse de prospectusattendrissants et "caritatifs", me de-mande soudain : « Au fait ! Savez-vous quand arrive la Semaine deBonté ? » Je me rappelai vague-ment qu'elle devait se situer au com-mencement de novembre ; je fis re-marquer à Polydore que cette dé-nomination avait déjà un parfumd'ancienneté, et que lui, toujoursamateur de curiosités linguistiques,n'était pas sans remarquer que toutela famille de l'adjectif "bon" semblaitappelée à vieillir rapidement. "Bonhomme" en un mot, est devenu ir-révérencieux ; "ma bonne" était uneamabilité pour s'adresser à la ser-vante : mais celle-ci devint "la bonne"et même "la bonne à tout faire", avecparfois des sous-entendus coquins..."Bon enfant" est souvent une for-mule honteuse et craintive pour dé-signer les "incivilités" des voyous..."En bonne compagnie" sent son dix-huitième siècle. Et pour tout dire,l'affectation de "bonté" est trop sou-vent regardée comme un signe d'hy-pocrisie "bien-pensante", de "phari-saïsme", pour parler comme biendes gens qui ne savent pas trop ceque ce mot "La Pharisienne" étaitprononcé par certains comme "LaParisienne".

Pharisaïsme

Le pharisaïsme est devenu, enmême temps qu'un prétexte à indi-gnation aussi facile que spectacu-laires, un thème comique théâtral.Le pharisien manifesterait une sa-tisfaction fermée, dédaigneuse, im-perméable aux réalités socialescontemporaines. S'il affecte la bonté,il aggrave son cas : il se doit demettre la main à l'escarcelle, maisavec la perspective d'être engueulé...La "semaine de Bonté" ne peut man-quer d'être désuète et d'inspirer lescaricaturistes. On ne saurait s'éton-ner du réveil d'un certain esprit dé-fensif chez les fossiles fidèles à l'im-pératif de la "bonté", désormais de-venus des amis du paradoxe, du

paradoxe combatifet adhérents de laSecte des Tètes de

Lard... Ils se réfèrent volontiers, à lamanière de Marcel Aymé, à uneconception d'un pharisaïsmecontraire, unissant dans un mêmeaéropage philosophique toute la pro-géniture de Sartre et de quelquesautres. Tous ces doctes person-nages proclameraient, eux aussi,qu’« il n’est jamais de mal enbonne compagnie ». Mais les cri-tères de la bonne compagnie ontchangé, tout en présentant des struc-tures assez semblables.

Les "bonnes compagnies" d’hierou d’avant-hier, c’étaient les petitscercles bourgeois tels qu’on les re-voit dans La Cagnotte de Labicheou quelques autres vaudevilles dece temps-là. Les salons du XVIIIè

siècle avaient connu bien des pro-longements, avec les cafés du XIXè

siècle tels que nous les avonsconnus. Il me souvient de ce CaféChancriard, en la ville d’Auxerre, oùil arrivait que le dimanche matin j’ac-compagne ma famille et que je bé-néficie d’un petit verre de Fronti-gnan. Le Frontignan reste pour moiune sorte de souvenir proustien del’enfance finissante ...

Je constate aujourd’hui qu’end’autres petites villes, on assiste àune prolifération de bistros à pré-tentions philosophiques décorés dunom de "cybercafé" ou d’autres ana-logues. Au temps des "bobos" et dela pensée unique, on souhaite as-sister à l’invention de nouvelles"bonnes compagnies" en contradic-tion avec tout un langage social pré-sentement usité, garni jusqu’à l’ex-trême satiété de termes et de pro-pos capables de faire rougir lederrière d’un singe de pudeurmoyenne ! Des imbéciles officiels etsatisfaits ont évoqué les "incivilités",là où nous parlerions plus volontiersdes "incongruités", si nos contem-porains connaissaient encore le sensdu mot...

Le problème immense qui mé-rite notre attention et notre initiative,c’est de tenter l’instauration d’un XXIe

siècle "de bonne compagnie".

parJean-Baptiste MORVAN

Accaparé par les nécessités ducombat politique et la rédac-tion de ses articles quotidiens,

Maurras n’a pas pu écrire tous leslivres dont il avait le projet. Heu-reusement – et ceux qui ont beau-coup fréquenté son œuvre le saventbien –, il a souvent donné de pré-cieuses indications à leur sujet dansles nombreux avant-propos ou pré-faces qu’il a rédigés à l’occasion desfréquentes rééditions de certains deses textes sous forme d’anthologies.C’est le cas en 1922 avec le volumeRomantisme et Révolution qui unitL’Avenir de l’Intelligence à Trois Idéespolitiques et dont la préface est l’ob-jet de notre article.

Il affirme dans ce long prologueson intention d’entreprendre un vaste« exposé d’histoire politique et lit-téraire » qui compléterait sa critiquedu romantisme encore éparpilléedans plusieurs textes comme lesdeux réédités dans le volume oucomme ses célèbres Amants de Ve-nise, consacrés à George Sand etMusset. Le projet ne verra jamais lejour mais la préface de Romantismeet Révolution en constitue, commenous allons le voir, une version syn-thétique déjà substantielle.

Maurras veut d’abord y discul-per le classicisme de l’accusationd’avoir accouché de la Révolution :les auteurs des XVIIe et XVIIIe sièclespartagent la même écriture mais pasla même pensée, le même goût pourl’art des orateurs républicains del’Antiquité mais éclairé par l’étudede l’Histoire chez les uns, aveugleet sans réserve chez les autres.L’Histoire nous l’apprend en effet :« ces antiques expériences dugouvernement populaire […] com-portaient des conditions très spé-ciales, la servitude par exemple,et ces conditions favorables nepurent épargner au régime in-sensé des conséquences qui fontfigures de sanction. » C’est touteune interprétation de la Révolutioncomme conséquence logique dumouvement de l’humanisme et duclassicisme – interprétation attribuéepar Maurras à Taine mais que l’onretrouve au XXe siècle chez un Gué-non par exemple – qui est ici récu-sée.

La réalité et l'idée

Au-delà d’un simple plaidoyer enfaveur du classicisme, Maurras dé-nonce l’opposition des faits et de laraison dans laquelle se fourvoie unecertaine contre-révolution anti-ratio-naliste et anti-intellectualiste. Il fautmontrer au contraire que les idéesrévolutionnaires sont pernicieusesnon parce qu’elles sont abstraitesmais parce qu’elles sont fausses.« La réalité et l’idée n’ont riend’opposé ni d’incompatible. Il y ades idées conformes au réel, cesont les idées vraies ; il y a desréalités conformes aux plusnobles idées, ce sont les chosessaintes et les personnes grandes.S’il y a une opposition qu’il vaillela peine d’instituer, c’est celle desidées vraies et des idées fausses,des réalités bonnes et des mau-

vaises. » Maurras nous invite doncà ne pas calomnier la raison et à at-taquer l’idéologie révolutionnaire nonseulement sur le terrain de l’Histoiremais aussi sur celui de la philoso-phie et des principes.

Il prend l’exemple de l’article IIde La Déclaration des droits del’homme et du citoyen. Son énoncén’est pas seulement contestableparce que, voulant fonder la cité surdes principes universels, elle en ou-blie que la politique s’occuped’hommes concrets qui vivent dansune société réelle, mais surtout parceque, sur le plan même des idéespures, son raisonnement est faux.Relisons-le : « Le but de toute as-sociation politique est la conser-vation des droits naturels et im-prescriptibles de l'homme. Cesdroits sont la liberté, la propriété,la sûreté et la résistance à l'op-pression. »

entre les peuples, au peuple enretard. » Maurras opère donc un trià l’intérieur de la littérature du XVIIIe

siècle entre les éléments matériels,qui prolongent la langue et l’écrituredu siècle précédent, et les élémentsspirituels, en particulier l’exaltationde la conscience individuelle et l’op-position entre la nature et la civili-sation, qui annoncent l’avènementdu romantisme au siècle suivant.Que des romanciers et des poètesromantiques aient – dans un pre-mier temps – été favorables à laRestauration ne doit pas masquercette parenté profonde entre ro-mantisme et révolution.

Criseindividualiste

Maurras veut regarder la littéra-ture comme un témoin particulière-ment révélateur de la crise indivi-dualiste moderne par l’exaltation dustyle propre à chaque auteur et deson prétendu génie au détriment del’écriture et de la pensée. « Sœurlégitime de ce que les philologuesappellent le langage individuel,une littérature individualiste ten-dait à supprimer tout autre lec-teur que l’auteur : comment n’eût-elle pas attiré l’attention sur lesystème social qui oppose le ci-toyen à l’État et, au nom d’un Étatmeurtrier de lui-même, provoquetour à tour aux fureurs de l’in-surrection et aux torpeurs de l’in-différence civique ? » La solidaritéde fond de la Révolution et du ro-mantisme réside donc dans le dramed’une liberté absolue revendiquéepar le créateur dans le domaine lit-téraire ou artistique et par le citoyendans le domaine politique qui, aubout du compte, aboutit dans un casà la ruine de l’œuvre, dans l’autre àla ruine de la cité. Pour la littérature,Maurras rapporte ce jugement trèspénétrant de Barrès sur les consé-quences de ce primat de la libertéet de la spontanéité de l’écrivain :« Chose étrange, au XIXe siècle,il est plus aisé de citer des nomsimmortels que des œuvres qui nepériront pas. »

Aux yeux de Maurras, qui dé-veloppe ici un véritable Art poétique,ce n’est pas l’intensité de ce queressent le créateur qui importe maisl’art avec lequel il va traduire sesémotions, comme l’indique l’étymo-logie du terme "poète" (du grec"faire") : « la structure de son nomdonne son signe exact. Il est ce-lui qui fait quelque chose avec cequ’il sent. Les autres n’en fontrien que le vulgaire usage pourvivre et pour mourir. » On peut direque la poétique maurrassienne ense situant à égale distance du ro-mantisme, qui subordonne l’art auxforces brutes du sentiment, et duParnasse, qui prône l’art pour l’art,rejoint le classicisme éternel dont laformule consiste à équilibrer inspi-ration et technique. C’est ce dialoguepermanent entre poétique et poli-tique qui fait de la préface de Ro-mantisme et Révolution, un texteexemplaire de l’œuvre de Maurras.

Maurras remarque que ce textedéfinit la société comme une simple“association” (proposition irration-nelle puisque la société préexiste àl'individu et à son éventuelle volontéde s’associer) et lui assigne pour butnon le Bien commun (l'intérêt du toutétant nécessairement supérieur àcelui des parties) mais la conserva-tion de “droits”, en particulier dudroit de propriété. Les rédacteurs decet article auraient été bien inspirésde relire le livre I de La Politiqued’Aristote dont Maurras reprendra,en se situant justement sur le ter-rain philosophique, la démonstrationdans une autre préface, celle de MesIdées politiques.

Bouleversementde la sensibilité

Le maître de l’Action françaisepeut alors proposer sa propre gé-néalogie des idées révolutionnaires.Il convient pour cela de prendre lamesure du bouleversement de lasensibilité initié par Rousseau quiintroduit derrière le classicisme ap-parent de l’écriture, une révolutionintellectuelle et morale qui fait du"Moi" le juge de tout et le critériumdes valeurs, en opposition totaleavec la pensée classique. « Lesarts, les lettres, les sciences, latradition, le passé, en un mot toutce qui était fait, n’importaient plus,car la nature pure introduisait im-médiatement au divin : elle seulepouvait parler au monde le lan-gage infaillible de l’avenir. Ondonnait la parole, entre leshommes, à l’homme ignorant,

Charles Maurras

Page 15: L'ESPAGNE AUJOURD'HUI un problème d’État · 2011. 7. 8. · de Bourbon Parme et S.E. Rifaat el Assad, ancien vice-président de la République syrienne, nous honoraient de leur

L’Action Française 2000 n° 2689 – du 17 au 30 novembre 2005 15

L’ACTION FRANÇAISE EN MOUVEMENT

CCEENNTTRREE RROOYYAALLIISSTTEE DD’’AACCTTIIOONN FFRRAANNÇÇAAIISSEE

1100,, rruuee CCrrooiixx --ddeess--PPeettiittss--CChhaammppss,,

7755000011 PPaarriiss

TTÉÉLL : 01-40-13-14-10 – FFAAXX : 01-40-13-14-11

Dans la ligne du mouvement fondé

par PPiieerrrree JJUUHHEELL

DDIIRREECCTTOOIIRREE

PRÉSIDENT : PPiieerrrree PPUUJJOO

VICE-PRÉSIDENT :

SSttéépphhaannee BBLLAANNCCHHOONNNNEETT

CCHHAARRGGÉÉSS DDEE MMIISSSSIIOONN

FORMATION : PPiieerrrree LLAAFFAARRGGEE

SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DES ÉTUDIANTS :

TThhiibbaauudd PPIIEERRRREE

ADMINISTRATION :

MMllllee ddee BBEENNQQUUEE dd’’AAGGUUTT

CCOOTTIISSAATTIIOONN AANNNNUUEELLLLEE ::

MMEEMMBBRREESS AACCTTIIFFSS ((3322 LL)),,

ÉÉTTUUDDIIAANNTTSS,, LLYYCCÉÉEENNSS,, CCHHÔÔMMEEUURRSS ((1166 LL)),,

BBIIEENNFFAAIITTEEUURRSS ((115500 LL))

CCCC....RRRR....AAAA....FFFF....associat ion déclarassociat ion déclar é eé e

Conférences étudiantes

Les conférences étudiantes ontlieu chaque vendredi à 19h15

aux locaux de l’AF.

18 novembre :Immigration - Intégration

ou désintégration, par Olivier DEJOUY

25 novembre : Le dépeçage de la Yougoslavie Conséquences géopolitiques,

par Patrick BARRIOT

2 décembre : Le libéralisme économique,

par Robert GRÉGOIRE

VENDREDI 11 NOVEMBRE

À 11 heures, nos amis du Gardet de l’Hérault se forment en cor-tège dans le cimetière Saint Bau-dile, à Nîmes, pour aller fleurir lemonument dédié aux « Jeunes Nî-mois d’Action française » morts pourla France durant la guerre 1914-1918 (43 noms y sont gravés). A 12heures, déjeuner à l’Orangerie, oùPierre Pujo prend la parole.

La France bouge !

Lors de la réception qui amarqué le centenaire del’Institut d’A.F., Michel Fro-

mentoux a rappelé les circons-tances dans lesquelles il a étécréé.

[... ] En 1905 l'Action françaiseavait six ans ; c'était déjà une grandefille qui n'avait pas froid aux yeux !Elle était née lors d'une réunion, le20 juin 1899, où Henri Vaugeois avaitlancé, avec l'expression "l'Actionfrançaise", tout un programme d'ac-tion. Quelques mois plus tard enétaient sorties les "idées-mères" dontla principale était que le nationalismeétait devenu une "obligation ration-nelle et mathématique" parce qu'ilétait temps d'inviter les Français àcoordonner et à résoudre tous lesproblèmes diviseurs par rapport àl'intérêt national. En six ans le mou-vement avait pris de l'ampleur : outrela Revue d'Action française qui avait

LE CENTENAIRE DE L’I.A.F.La pensée et l’action

Toutefois pour attirer les espritset susciter un grand débat intellec-tuel, l'Action française n'ayant pasencore de quotidien (celui-ci devaitnaître en 1908) avait besoin, en plusde ses organisations déjà existantes,d'un instrument de formation. C'estpourquoi à la fin de 1905, Maurras,Vaugeois et Montesquiou décidèrentla création d'un organisme s'inspi-rant un peu des Instituts catholiqueset un peu des universités populairesqui existaient alors. Ce fut l'Institutd'Action française : Léon de Mon-tesquiou eut tôt fait de mettre le pro-jet sur pied et dès la fin de l'annéetout fut prêt pour annoncer une pre-mière réunion le 14 février 1906 [...] »

Catholiqueset positivistes

Pierre Pujo a félicité MichelFromentoux de « la hauteconscience » qu’il a manifestéecomme directeur de l’Institutd’A.F. durant trente ans et de la« régularité de son activité ». « [...] Leprogramme des conférences de l’Ins-titut d’A.F. s’est renouvelé chaqueannée. Michel Fromentoux nous afait découvrir des professeurs et desécrivains n’appartenant pas à l’Ac-tion française mais qui, par leur spé-cialité avaient quelque chose à nousapporter, particulièrement auxjeunes ».

Pierre Pujo a évoqué le « la-boratoire intellectuel » qu'était l'Ac-tion française en 1905. « À ce la-boratoire collaborait tout particuliè-rement Léon de Montesquiou quiallait être l’un des principaux ani-mateurs de l’Institut. Bien qu’issud’une vieille et illustre famille, il n’étaitpas royaliste. Il professait le scepti-cisme sur la valeur des différents ré-gimes politiques, mais la penséed’Auguste Comte, dont il était im-prégné l’avait dirigé vers l’A.F.

La grande idée de Montesquiouétait de montrer combien le catho-licisme et le positivisme se rejoi-gnaient dans une même conceptionde l’ordre. Il cherchait à définir uneposition intellectuelle et politique surlaquelle les Français pourraient seretrouver par delà leurs divergencesphilosophiques et religieuses.

Cette démarche demeure légi-time et nécessaire. Les Français onttoujours besoin de trouver un ter-rain d’entente entre eux et il ne peutêtre que le réel face aux idéologiesqui se sont usées tout au long deXXe siècle, ce qui n’empêche pasles destructeurs de la société et dela France d’être, hélas, plus influentsque jamais.

Pour ce qui le concerne, Léonde Montesquiou fut conduit par l’Ac-tion française à retrouver la foi et lapratique religieuse. Mobilisé commelieutenant en 1914, il fut tué sur lefront le 25 septembre 1915, il y a90 ans. Léon de Montesquiou alaissé un enseignement dont nouspouvons encore faire notre profit [...] »

J.C.

A 19 h 30, 200 personnes serassemblent en haut des Champs-Élysées pour rendre hommage auxsoldats morts pour la France et com-mémorer la manifestation des étu-diants contre l’occupant en 1940. Enprésence d’André Pertuzio, qui avaitparticipé à l’organisation de l’évé-nement, François-Marin Fleutot sa-lue le patriotisme qui conduisit cesjeunes Français à transcender lesclivages partisans. Constatant le

Quartier latin pour une réunion pu-blique annoncée haut et fort dansles universités parisiennes, au coursde laquelle ils entendaient proposer« une alternative royale » pour ré-pondre à la crise du régime.

Dans une salle comble, ThibaudPierre, secrétaire général des étu-diants d’Action française, lance lesdébats en donnant la parole à PierreLafarge. Celui-ci revient sur le ma-laise des lycéens, que certains vou-

�� 11, 12, 13 novembre : cestrois jours ont été chargés enactivités pour l’Action fran-çaise, marquant la vitalité denotre mouvement. Ils ont ré-uni des publics différents, autotal plusieurs centaines depersonnes. Suivons le fil desévénements, conclus le di-manche par le Banquet desAmis de l’Action française surlequel nous reviendrons dansnotre prochain numéro.

augmenté son format et, de grise,était devenue bleue, venaient d'êtrefondés la Ligue d'Action françaiseet les Étudiants d'Action française.

Il faut dire qu'à cette époque laplupart des hommes politiques roya-listes – royalistes par habitude etsentiment – se voulaient conserva-teurs et justifiaient l'opinion expri-mée par le duc d'Orléans : "conser-vateur est un mot qui commencemal"... Leur rôle était d'une totalenullité face à une République qui,sans aucun scrupule, ligotée par sapropre philosophie, individualiste etlibertaire, trahissait l'honneur de laFrance (on venait de le voir avecl'affaire Dreyfus) et s'acharnait àabattre le catholicisme. CharlesMaurras dont l'Enquête sur la Mo-narchie venait de paraître et quis'était bien vite révélé le maître in-contesté de la jeune Action françaiseexécrait les conservateurs et lesroyalistes de salon. Il avait réussi àconvertir à l'idée monarchique pra-tiquement tous ses amis, dont HenriVaugeois, Léon de Montesquiou,Maurice Pujo... Le royalisme auquelMaurras attirait les esprits desmeilleurs des nationalistes avait dequoi faire peur aux "bien-pensants"car c'était un royalisme viril – l'abou-tissement d'un raisonnement fondénon sur des opinions, mais sur lesnécessités vitales du redressementnational, donc une pensée maisaussi une action raisonnée, et frap-pante (dans tous les sens du mot...)dans la rue quand il le fallait !

Michel Fromentoux

désarroi de la République face à lacrise que traverse notre pays, Sé-bastien de Kererro en appelle à larestauration d’une monarchie de sa-lut public, afin de réaliser une uniondurable depuis le sommet de l’Etat.

SAMEDI 12 NOVEMBRE

À 18 heures, les bureaux de l’AFcommencent à se remplir d’un nom-breux public venu célébrer le cen-tenaire de l’Institut d’Action française.Parmi les personnes présentes, onremarque plusieurs conférenciers del’IAF : Ghislain de Diesbach, RenéPillorget, Gérard Leclerc, Yves Amiot.Michel Fromentoux puis Pierre Pujorappellent la fondation et l’histoirede l’IAF avant que tous partagent leverre de l’amitié (voir ci-contre).

A 20 heures, les étudiants d’AFs’étaient donné rendez-vous en plein

draient occulter pour des motifs par-tisans. Olivier Perceval évoque quantà lui la crise de l’enracinement, donton mesure aujourd’hui les consé-quences… Hugues de Malval traitédes questions sociales ; il soulignela nécessité de replacer l’homme aucœur du système économique, in-vitant par ailleurs les militants d’AFà s’engager dans toutes les sphèresde la vie sociale. Enfin, Jean-Phi-lippe Chauvin dénonce la "prési-dentielle permanente" qui mine lerégime, réclamant le retour du seularbitre capable de donner à l’Etat unvisage humain : le Roi.

Cette soirée aura témoigné, unefois de plus, du dynamisme de lanouvelle génération d’AF ; avec elle,la République n’est pas au bout deses peines !

A.F.

À Nîmes : Pierre Bréban,Jean-Louis Enjolras et Pierre Pujo

Le 11 novembre en haut des Champs-Elysées

Réunion publique le 12 novembre

Vente de Noël Vous cherchez un livre de Maurras,

Daudet, Bainville, etc. ?Vous voulez offrir un objet fleurdelysé, porter une

cravate aux couleurs de l’A.F. ? Offrir des chocolats ou des objets divers pour Noël ?

Samedi 3 décembre, de 14 h à 19 heuresDimanche 4 décembre, de 10 h à 19 heures

dans les locaux de l’Action française, 10 rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 Paris,

M° Palais Royal (Tél.: 01.40.39.92.06.)

Pho

to G

régo

ire D

ubos

t

Pho

to G

régo

ire D

ubos

t

Pho

to G

régo

ire D

ubos

t

Photo Mathieu Marnay

Page 16: L'ESPAGNE AUJOURD'HUI un problème d’État · 2011. 7. 8. · de Bourbon Parme et S.E. Rifaat el Assad, ancien vice-président de la République syrienne, nous honoraient de leur

Édité par PRIEP S.A. au capital de 192.085 euros – 10, rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 Paris – Imprimerie RPN – 93150 Le Blanc-MesnilNuméro de commission paritaire 0407K86761 – Directeur de la publication : Pierre Pujo

CÔTE D’IVOIRE

« C'est le racismequi empêche

l'Afriqued'avancer »

parPierre-Frédéric DANJOU

La descente aux enfers...En cette fin d’année 2005, la

crise ivoirienne apparaît in-contestablement dramatique

car l’avenir de la Côte d’Ivoire estaujourd’hui de plus en plus incer-tain, politiquement et économi-quement.

sidence puis, le 22 octobre 1995,il est élu président triomphalement,avec 96 % des suffrages... Mais,l’opposition avait boycotté l’élec-tion.

Ancien ministre de l’Économieet des Finances, Henri Konan-Bé-dié, docteur en droit de l’Universitéde Poitiers, fut incontestablementun président très digne mais sonautoritarisme conduisit au coup d’É-tat qui le destitua le 24 décembre1999, fomenté par le général Ro-bert Guei, ancien chef d’état-ma-jor de l’armée ivoirienne.

La descenteaux enfers...

Ensuite, à partir de l’an 2000,la Côte d’Ivoire s’installa dans lacrise politique car, cette année-là,fin octobre, eurent lieu des élec-tions présidentielles conflictuelles.En effet, le général Guei se pro-clama élu mais, quelques joursaprès, la commission électorale an-nonça la victoire de LaurentGbagbo dont le parti (plus ou moinssocialiste...) triompha ensuite auxélections législatives.

Dès lors, apparurent peu à peules tensions politiques et les que-relles tribales, bien qu’à la fin de2001, le président Gbagbo ait or-ganisé, du 9 octobre au 8 dé-cembre, un "forum de réconcilia-tion nationale".

L’année suivante, au moisd’août 2002, il forma un gouver-nement composé de ministres ap-partenant à tous les partis poli-tiques, y compris le R.D.R. (Ras-semblement des républicains) dontle président, Alassane Ouattara,avait été le directeur général-ad-joint du F.M.I. (Fonds monétaire in-ternational), chargé de l’Afrique et,précédemment, un excellent pre-mier ministre de la Côte d’Ivoire,sous la présidence d’Houphouët-Boigny.

Mais, le 19 septembre 2002,quelques semaines après la for-mation du gouvernement d’unionnationale, le sang commença àcouler... D’une part, à Abidjan, ten-tative de coup d’État. Gbagbo resteau pouvoir mais on compte de nom-breux morts dont le général Guei,assassiné chez lui avec une par-tie de sa famille. D’autre part etsurtout, le Nord entre en rébellionet ses milices, solidement armées,s’emparent de deux villes, Korhogoau nord et Bouaké au centre.

Et pourtant... la Côte d’Ivoire,jusqu’au déclenchement de la criseactuelle, voici cinq ans, était in-contestablement, en tous do-maines, le pays le plus prometteurde l’Afrique francophone et l’onévoquait souvent "le miracle ivoi-rien"...

Undéveloppementexemplaire...

Le 7 août 1960, voici quarante-cinq ans, fut proclamée l’indépen-dance de la Côte d’Ivoire etquelques mois après, le 27 no-vembre, Félix Houphouët-Boignydevint le premier président de lanouvelle République. Sous sa pré-sidence caractérisée par un pater-nalisme autoritaire la Côte d’Ivoireconnut un étonnant essor écono-mique grâce à d’importants inves-tissements étrangers, majoritaire-ment français, tandis que crois-saient rapidement les productionsagricoles et leurs exportations, ca-cao, café et oléagineux notamment.Sait-on que la Côte d’Ivoire est lepremier producteur mondial de ca-cao ? Mais, jusqu’à quand ?

En 1993, décès du présidentHouphouët-Boigny. Conformémentà la constitution, Henri Konan-Bé-dié, président de l’Assemblée na-tionale, assure l’intérim de la pré-

forces gouvernementales et les par-tisans de Gbagbo aux Français deCôte d’Ivoire dont les deux-tiersquittèrent le pays.

En 2004, le 27 février, l’O.N.U.intervient ainsi que l’O.U.A. (Or-ganisation de l’Unité africaine). Fi-nalement les «forces de maintiende la paix» comprennent aujour-d’hui les 4.000 hommes de «l’opé-ration Licorne» et les 6.000 (prin-cipalement africains) de l’O.N.U.C.I.(l’O.N.U. en Côte d’Ivoire).

Comme on le sait, le mandatprésidentiel de Gbagbo venait àexpiration le 30 octobre derniermais il était inconcevable d’orga-niser actuellement des électionsprésidentielles. C’est pourquoi leConseil de sécurité des Nations-Unies a décidé le 21 octobre quedevait être nommé un Premier mi-nistre, principalement chargé d’or-ganiser des élections présiden-tielles avant le 31 octobre 2006.Mais pour l’instant, on attend sanomination et Gbagbo reste prési-dent...

Difficileréconciliation

Alors que les tensions semblents’accentuer entre le Nord tenu parles rebelles et le Sud où règne plusou moins Gbagbo, aujourd’hui pré-sident de facto, se pose mainte-nant une question fondamentale :pourquoi cette haine incontestableentre le Nord et le Sud ? La ré-ponse, pour beaucoup d’africa-nistes, c’est le racisme et il convientmême de souligner que le racismeévident en Afrique subsaharienneest trop souvent ignoré ou mini-misé.

Pourtant, il est incontestableque, depuis les indépendances descolonies africaines – françaises,belges, anglaises, portugaises –dans la décennie de 1960, le tri-balisme traditionnel s’est perverti

en un racisme qui a provoqué – ons’en souvient – des guerres eth-niques caractérisées par d’horriblesmassacres, au Rwanda, au Bu-rundi, au Liberia, en Somalie, enSierra Leone, au Zaïre, etc.

En revanche, depuis son indé-pendance et pendant près de qua-rante ans, la Côte d’Ivoire semblaità l’abri des méfaits du racisme, ap-paraissant politiquement stable etsocialement paisible, même si uncertain tribalisme y était apparent,avec une ethnie dominante, celledes Baoulés, l’ethnie du présidentHouphouët-Boigny et de son suc-cesseur le président Henri Konan-Bédié.

En Afrique comme en Europe,nous le soulignons à nouveau, laCôte d’Ivoire fut le modèle incon-testable d’un pays vraiment "en dé-veloppement". Arthur Conte sous-titra un gros album sur la Côted’Ivoire paru en 1981 : Côte d’Ivoireou les racines de la sagesse...

Aujourd’hui, c’est le racisme quiest à la source du conflit ivoirienet, pour l’instant, il est difficile d’ima-giner une réconciliation entre leNord et le Sud, d’autant que lesgens du Nord qui ont levé l’éten-dard de la révolte ne sont pas vé-ritablement ivoiriens, étant origi-naires majoritairement de l’Afriquesahélienne (Burkina, ancienneHaute-Volta, et Niger), alors queles gens du Sud, comme les Baou-lès, se proclament les seuls vraisIvoiriens.

Récemment, commentant leconflit ivoirien, une journaliste na-tive du Burundi, Marie Nzigamye,publiait dans La Libre Belgique unlong article reproduit dans le nu-méro du 1er septembre du CourrierInternational avec ce titre : C’est leracisme qui empêche l’Afriqued’avancer.

Comment, hélas, ne pas l’ap-prouver...

QUEL TRAITÉ D’AMITIÉ ENTRE LA FRANCE ET L’ALGÉRIE ?

Non à la repentance de la France !�� Plusieurs associations ont diffusé le 29 octobre 2005le communiqué suivant :

À l’oocasion du 51è anniversaire de la Toussaint sanglanteen Algérie, où parmi les premières victimes figurent, tombéscôte à côte, un instituteur récemment arrivé de Métropole etun notable français musulman qui prenait sa défense, les as-sociations de Rapatriés signataires expriment leur inquiétudedevant les rumeurs qui, à la veille d’un éventuel voyage duchef de l’État en Algérie, courent sur l’éventualité de l’ex-pression d’une forme de repentance unilatérale et devantl’absence de consultation, y compris de la représentation na-tionale, sur les mesures préalables à la signature d’un traitéd’amitié entre les deux États.

Elles constatent à ce jour le gouffre qui sépare l’attitudedes autorités de chacun des pays concernés, à l’occasionnotamment :

– des visites officielles réciproques, au cours desquellesle contraste a été frappant entre le comportement hostile etprovocateur en 2000 de M. Bouteflika, tant devant notre As-semblée nationale (où la France a été chargée d’une « dettemorale ineffaçable et imprescriptible ») qu’à la télévision

(où les harkis ont été traités de "collabos") ou à Verdun, etles gestes symboliques particulièrement forts accomplis en2003 par M. Chirac (dépôt de gerbe devant le monument auxchouhadas, poignée de mains donnée à d’anciens terroristes,Légion d’Honneur décernée à la ville d’Alger, effacement dedettes...) ;

– des manifestations et cérémonies organisées enFrance, sans aucune réciprocité, telles "l’Année de l’Algérie"au cours de laquelle les dérapages du domaine culturel versla polémique et la calomnie n’ont pas manqué, ou l’invitationen août 2004 aux cérémonies à Toulon ;

– des déclarations officielles, unilatérales, déplacéeset lourdes de conséquences, du représentant de la Franceen Algérie à propos des événements de Sétif, tranchant avecle déluge d’insultes et d’injures du chef de l’État algérien,osant assimiler les fours à chaux de Guelma aux fours cré-matoires nazis ;

– de l’ingérence intolérable de M. Bouteflika dans la lé-gislation de notre pays, condamnant la loi votée le 23 février2005 par le Parlement français, accusant nos élus de « cé-cité mentale confinant au négationisme et au révisio-nisme » et appelant ses amis en France à reconnaître « qu’ils

ont torturé, tué, exterminé de 1830 à 1962, qu’ils ont vouluanéantir l’identité algérienne » ;

– de l’absence totale de réaction des autorités fran-çaises face à ces multiples provocations.

Les associations signataires ne sont pas hostiles à l’éta-blissement de relations apaisées avec l’Algérie mais consi-dèrent que les conditions indispensables à la signature d’untraité d’amitié ne sont pas réunies aujourd’hui et ne le serontpas tant que le partenaire algérien restera ancré sur seshaines et ses rancoeurs, toujours farouchement opposé à lalibre circulation des Harkis et à la reconnaissance de la res-ponsabilité du F.L.N. dans les massacres de dizaines de mil-liers de civils, Harkis et Européens, après le 19 mars 1962.

Elles tiennent enfin à exprimer leur opposition la plusferme à toute forme d’expression d’une quelconque repen-tance au nom de la France qui ne pourrait que se révéler entotale contradiction avec l’affirmation solennelle de la volonténationale par le vote de la loi du 23 février dernier.

Agir pour les Harkis – Anfanoma – Cercle algérianiste – JeunePied-Noir – Recours France – Veritas – Association des Famillesdes Victimes du 26 mars 1962 et leurs Alliés

La réaction de la France futalors immédiate. Dès le 22 sep-tembre, débarquèrent à Abidjan lespremières troupes françaises de-vant intervenir en Côte d’Ivoire autitre de "l’opération Licorne". Ob-jectif : le maintien de la paix civile.

Puis, quelques mois après, du15 au 26 janvier 2003, la Franceréunit à Marcoussis, près de Montlhéry, des représentants deGbagbo et des rebelles mais leuraccord sur un "gouvernement deréconciliation nationale" ne fut qu’unleurre et la violence s’amplifia avecde nombreuses émeutes à Abid-jan, les rebelles s’attaquant aux

Laurent Gbagbo, maintenu au pouvoir

par la communauté internationale