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MEMOIRE DE STAGE DE FABIEN GARDENAT
JUILLET 2009
Mémoire de stage effectué à l’AGENCE D’URBANISME POUR LE DEVELOPPEMENT DE L’AGGLOMERATION LYONNAISE dans le cadre du MASTER 1 GENIE URBAIN ET ENVIRONNEMENT
de l’Université de la Réunion
FFFaaabbbiiieeennn GGGAAARRRDDDEEENNNAAATTT
Sous la direction de : Tutrice de l’agence : Laurence BERNE Chargée d’étude espaces périurbains et agricoles Tuteur universitaire : Michel REYNAUD, Professeur en Gestion écologique
LLLEEESSS LLLIIIAAAIIISSSOOONNNSSS VVVEEERRRTTTEEESSS ::: FFFAAAIIIRRREEE EEENNNTTTRRREEERRR LLLEEE VVVEEERRRTTT DDDAAANNNSSS LLLAAA VVVIIILLLLLLEEE
Les liaisons vertes : faire entrer le vert dans la ville
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009
1
REMERCIEMENTS
Tout d’abord, j’adresse mes remerciements à l’Agence d’Urbanisme pour le développement
de l’agglomération lyonnaise pour m’avoir permis d’effectuer mon stage au sein du pôle
« Grands Territoires ». Je remercie plus particulièrement :
Madame Laurence BERNE, ma tutrice de stage, qui a fait preuve d’une grande
disponibilité à mon égard, pour m’avoir fait confiance et m’avoir laissé une grande autonomie
dans la réalisation de cette analyse. Je remercie ensuite, Monsieur Olivier ROUSSEL pour
m’avoir accueilli dans son pôle et pour les précieux conseils fournis. Ainsi, un grand merci à
Monsieur Olivier FREROT, directeur de l’Agence, pour m’avoir donné cette grande
opportunité et avoir gardé un œil sur moi malgré son emploi du temps surchargé.
Je remercie également Monsieur Michel REYNAUD pour m'avoir encadré et conseillé
au cours de mon stage. Ainsi que Monsieur Laurent SAUZAY et Madame Véronique
HARTMANN pour leurs compétences et leurs observations lors de nos séances de travail. Un
remerciement spécial à Joëlle DIANI pour ses conseils et son soutien.
Une mention spéciale au couple responsable du GUE, Madame Alexandra SCHAFFAR
et Monsieur Michel DIMOU pour nous avoir donné cette chance et leur confiance afin de
représenter leur formation.
Enfin, je remercie l’ensemble du personnel de l’Agence (Angele, Nicole, Sandra.M,
Sandra.L, Beravong, Jallali, Mr Patrick Brun, Mr Philipe Mary…) pour leur accueil très
chaleureux et pour avoir fait preuve de disponibilité et d’attention à mon égard tout au long
du stage. Egalement, à tous les stagiaires avec qui on a passé de très bons moments.
Un merci, tout particulier à Jonathan, Océane, Aurélie et Claudia qui ont su m’épauler et
m’apporter des moments de divertissements très agréables.
Je n’oublierai pas de remercier les services de l’Université, du Département, de la Région, de
l’ANT et tout ce qui ont participé financièrement à ce stage sans qui ce stage n’aurait pas eu
lieu dans des conditions aussi favorable.
Les liaisons vertes : faire entrer le vert dans la ville
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009
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RESUME
L’évolution de la perception de la nature en ville aborde un tournant décisif durant ses
dernières années. Autrefois chassée des villes, les limites de la ville et de la nature s’estompe
aujourd’hui pour arborer des « nouvelles » fonctionnalités nécessaires à la vie urbain. En
effet, les fonctions de l’Arbre en milieu urbain sont diverses :
Sociales (lieu de rencontre, d’échange, de paix sociale, récréatif…)
Pédagogiques (lieux d’apprentissage, d’enseignement et de sensibilisation)
Esthétiques et paysagères (embellissement, structuration paysagère, valorisation)
Le contexte actuel concernant le cadre de vie, le réchauffement climatique, la disparition des
espèces et le besoin des citadins en nature définissent de nouveaux enjeux sociétaux :
Enjeux d’offre de loisirs, de bien être, de lieu de repos
Enjeux de lutte contre les effets d’îlot de chaleur, de pollution, assainissement
Enjeux de conservation de la biodiversité, des flux et des déplacements d’espèces
Enjeux urbanistiques avec la création d’espaces de nature à proximité et d’habitats
intégrant du vert.
Cette réappropriation de la ville par la nature est synonyme de réappropriation de la ville par
les citadins, d’intégrer dans la planification urbaine le désir du citoyen, son droit à une vie
meilleure en ville et sa volonté de participer à son fonctionnement. Les planificateurs et les
institutions redistribuent les cartes en misant également sur la valeur économique du vert
c'est-à-dire en jouant sur le marketing territorial du vert pour rendre son espace attractif aux
investissements. Le vert devient alors une arme pour les choix résidentiels, pour
l’implantation de société, pour l’attractivité d’une ville, pour freiner l’étalement urbain, pour
faire barrage à l’automobile et pour garantir un bon niveau de vie en ville.
A Lyon, la situation est semblable aux grandes métropoles conséquence d’une recherche de
nature, avec une ville dense gentrifiée qu’il faudra encore densifier, une périurbanisation
paupérisée croissante grignotant l’espace naturel et agricole, un étalement urbain
pavillonnaire à maitriser et des espaces de nature saturés.
La planification de la ville et même du territoire doit concilier la ville dense et la ville
habitable par conséquent trois principaux chantiers sont en cours: Information/conseil
en faveur de la biodiversité et du maintien du vivant (suite de l’étude réalisée sur les
corridors écologiques)
Les liaisons vertes : faire entrer le vert dans la ville
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009
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Nature en ville : accompagner la densification d’une présence forte de nature
(toiture/mur végétalisés, herbes folles, requalification de voirie)
Produire une nouvelle offre de loisirs de proximité : mettre en œuvre les liaisons
vertes du Scot (Définition pages 7 et 69 )
Ainsi dans cette réconciliation avec la nature, le développement de l’agglomération lyonnaise
passe par l’application du Scot qui met l’environnement comme facteur d’attractivité de la
métropole en élaborant une armature verte basée sur les parcs, les jardins, les grands
paysages, les espaces naturels et agricoles. Dans ce schéma, les liaisons vertes instaurent une
connexion entre ces espaces pour aboutir à une offre de nature et d’espaces récréatifs de
proximité. Ces Liaisons Vertes deviennent un moyen de faire entrer la nature en ville.
Les liaisons vertes : faire entrer le vert dans la ville
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009
4
Sommaire REMERCIEMENTS ................................................................................................................ 1
RESUME ................................................................................................................................... 2
PREAMBULE .......................................................................................................................... 5
INTRODUCTION .................................................................................................................... 7
I. De l’importance du vert dans la ville .................................................................... 8
1.1 Les enjeux du vert .................................................................................................... 8
1.2 Réappropriation de la nature par la ville ................................................................ 18
1.3 Quelle compatibilité entre la ville dense et une ville verte ? ................................. 26
II. Faire entrer la nature dans l’agglomération Lyonnaise ............................... 35
2.1 Le contexte urbanistique Lyonnais ........................................................................ 35
2.2 Les nouveaux enjeux .............................................................................................. 41
2.3 40 ans de planification au service du vert (Inversion de regard) ........................... 53
2.4 Le Scot et l’armature verte de l’agglomération pour un développement urbain
équilibré ............................................................................................................................ 62
III. La mise en œuvre des liaisons vertes ; un processus en cours
d’élaboration ..................................................................................................................... 69
3.1 Principe des liaisons vertes métropolitaines .......................................................... 69
3.2 Rôle de structuration du tissu urbain (Mise en réseau de l’armature verte de
l’agglomération) ............................................................................................................... 74
3.3 Du Principe au projet ............................................................................................. 82
CONCLUSION ..................................................................................................................... 102
BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................... 103
ANNEXES ............................................................................................................................. 105
Les liaisons vertes : faire entrer le vert dans la ville
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009
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PREAMBULE
Depuis l’Antiquité, il existe une certaine idée de la nature et de ses relations avec l’homme.
Elle incarne à cette époque la puissance des éléments naturels et la démesure qui fait
opposition à la cité qui apparaît comme le lieu de la « nature » humaine. En effet, la cité est
l’espace de la civilisation, de la tempérance, de la mesure : le métron, qui a donné le mot
métropole.
Au fil des siècles, la ville façonnée par les constructeurs ne cesse de faire référence à la
nature. Alors que l’art roman renvoie à une conception cosmique de la nature, l’art gothique
évoque une conception organique et naturaliste du vivant. La Renaissance a fait de la nature
en ville le décor du pouvoir. Pour les architectes et urbanistes hygiénistes et utopistes de la fin
du XIXe siècle qui sont à l’origine des jardins ouvriers, des parcs, la nature est source
d’équilibre, de santé et d’apaisement social.
A chaque époque la ville renouvelle son rapport à la nature. L’image de la ville moderne que
façonnent les journaux est celle de la dureté et du stress, tandis que la campagne serait
synonyme de douceur de vivre et de paix. Les métropoles sont les lieux de concentration de
l’économie, mais le bien-être serait-il ailleurs ? En quelques décennies, l’expansion urbaine a
connu une évolution sans précédent. La ville s'étale en annexant des espaces naturels et ruraux
périurbains et, dans le même temps, valorise quelques espaces urbains épargnées de
l'urbanisation. L’aspiration à davantage de nature n’est pas étrangère à ce phénomène surtout
que quatre français sur cinq vivent aujourd’hui en ville. Les villes se desserrent. Les
agglomérations grandissent, leur densité baisse. Les villes qui ont perdu des habitants dans les
recensements précédents ont réagi en misant sur le renforcement de leur attractivité. Elles
redoublent d’investissements et de projets pour améliorer leur cadre de vie. Elles édifient ainsi
des squares, des parcs et des jardins sur les bas-fonds marécageux, les terrains
inconstructibles, et les espaces boisés pentus. Rien n’arrête l’ambition des villes pour
s’affirmer comme des lieux de bien être et d’épanouissement. La revendication de nature est
partout, au centre, en périphérie, dans les espaces publics, sur les balcons, jusque dans nos
assiettes. Tous ces espaces composent un paysage végétal unique, un assortiment
d'infrastructures vertes qui structurent l'armature urbaine.
Les liaisons vertes : faire entrer le vert dans la ville
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009
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Quel est le rôle de ces coupures vertes dans le tissu urbain ? La séparation ville/nature serait
elle finie ? Trois objectifs pour un retour de la nature dans la ville : maintenir un bon état de
fonctionnement des écosystèmes, répondre aux aspirations des citadins et valoriser l’espace
urbain. Mais comment se fait se retour ? Quels planifications et aménagements sont
préconisés ? Vers quelle forme d’urbanisme et de ville tend t’on ? Quels sont les nouveaux
enjeux et les nouvelles approches à prendre en compte ? La mission confiée par l’Agence
d’Urbanisme de Lyon est de réaliser une analyse spatiale, sensible et illustrée de la place du
végétal dans les tissus urbains constitués. Les lieux d’analyse privilégiés pour répondre à cette
problématique ont été, à l’occasion d’un stage réalisé à l’Agence, les liaisons vertes
métropolitaines du Scot lyonnaise (concept développé page 69).
Les liaisons vertes : faire entrer le vert dans la ville
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009
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INTRODUCTION
Le travail effectué est le fruit d’un stage de 3 mois réalisé d’avril 2009 à juillet 2009 sur les liaisons
vertes. En effet, les objectifs principaux ont consisté à :
Participer à la réflexion de l’agence sur le rapport ville-nature.
Prendre connaissance et analyser plus particulièrement les 4 liaisons du Scot identifiées pour
la commande
Illustrer la place du végétale dans le tissu urbain constitué en lien avec les liaisons vertes
Faire du « benchmarking1 » de ce qui a été réalisé dans d’autres agglomérations en matière
d’aménagement de nature
Mon stage a été réalisé simultanément au démarrage d’une commande du Grand Lyon2 sur la mise en
place d’un cahier des charges « liaisons vertes », dans la perspective d’une mise en œuvre d’une de ces
liaisons au cours du mandat actuel. Mon travail apporte donc une réflexion théorique de la nature en
ville (enjeux en autre des liaisons vertes), également de préciser et d’illustrer la mise en place des
liaisons vertes inscrites dans le projet du Scot (suite de l’étude réalisée par le cabinet TIKOPIA3 pour
le compte du SEPAL4 et du travail de Serena Vanbutsele stagiaire agence). Les enjeux étant de
produire une nouvelle offre d’espaces récréatifs de proximité dans les espaces de nature.
Pour ce faire, il a d’abord fallu comprendre et donc de mettre à plat le contexte dans lequel s’inscrit
cette démarche de nature en milieu urbain. Ainsi, Il est nécessaire d’emblé d’évoquer la place de la
nature en ville ses effets sur le territoire pour apprécier l’importance de cette nature. Ensuite, il m’a
paru inévitable de comprendre les projets existant à Lyon, leur philosophie et comment ils sont
planifiés dans le Scot. On s’attache alors à analyser les choix de l’agglomération lyonnaise et sa
politique, notamment par la mise en place du Scot, pour faire enter la nature en son sein.
Enfin, on passe à l’étude de cas et aux principes des liaisons vertes métropolitaines qui est un moyen
de faire entrer la nature à Lyon et de créer une nouvelle offre.
Définition de liaison verte5 :
1 Ou Analyse Comparative : est une technique de marketing ou de gestion de la qualité qui consiste à étudier et analyser les techniques de gestion, les modes
d'organisation des autres entreprises afin de s'en inspirer et d'en retirer le meilleur. 2 La communauté urbaine de Lyon regroupe 57 communes et s'étend sur 51 500 hectares, au cœur de la région Rhône-Alpes. Sa population s'élève à plus de 1
300 000 habitants, soit 80% de la population du département du Rhône. 3 Bureau d’étude dans le domaine de la nature, des loisirs, du tourisme et d’analyse de territoire. 4 Syndicat mixte d’études et de programmation de l’agglomération lyonnaise 5 Définition de l’Institut d’Aménagement et d’Urbanisme de la Région d’Ile-de- France, dans « Note rapide sur l’environnement, les liaisons vertes desservant les
bases de loisirs régionales », n°367, novembre 2004.
« Les liaisons vertes sont des espaces de circulation réservés aux piétons et aux cyclistes, espaces de dimensions variables, mais suffisamment larges pour être
agrémentés de plantations. Elles sont utilisées pour les déplacements quotidiens ou pour la promenade et facilitent l’accès aux équipements publics. Elles permettent
de décloisonner et de structurer les espaces urbains traversés, d’améliorer le paysage et l’environnement dans les secteurs dégradés. (…) Leur organisation en réseau
ramifié, sur plusieurs kilomètres, permet d’irriguer l’agglomération dense et de la relier aux massifs forestiers périphériques et à l’espace rural, également support des
activités récréatives de plein air. En milieu urbain, elles permettent la pénétration de la nature, grâce à un accompagnement végétal et une emprise assez large. Leur
parcours peut être agrémenté d’espaces de détente. Les traversées d’obstacles sont protégées ou dotées d’ouvrages de franchissement. Elles trouvent leur
prolongement dans les cheminements verts d’intérêt local, les pistes cyclables ou les sentiers de grandes randonnées. »
I. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 8
I. De l’importance du vert dans la ville
Par nature en ville, on entend les espaces verts, les parcs, les jardins, les arbres d’alignement
et les animaux domestiques peuplant la ville: une nature introduite, organisée et gérée par
l’homme. Mais la nature en ville peut également être sauvage ; on pensera par exemples aux
friches urbaines. La ville et sa nature, est un théâtre où se rencontrent l’écologie et
l’ethnologie. Une approche interdisciplinaire, centrée sur le monde végétal, se trouve
proposée. Pour l’écologue, la nature en ville s’appréhende en terme de biodiversité. Comment
la caractériser ? Quelles fonctions joue t-elle ? En quoi le contexte actuel favorise t-il son
retour ?
1.1 Les enjeux du vert
1.1.1 Fonctions de l’arbre en milieu urbain et caractéristiques de sa prise en compte
a. Des fonctions sociales et pédagogiques évidentes
Intuitivement, la vague hygiéniste du 19e siècle l’avait bien senti : les arbres adoucissent la
vie. Depuis, des études du comportement humain l’ont confirmé : les couleurs ont une
influence considérable sur la vie des hommes. Le vert et le bleu sont reconnus comme des
couleurs particulièrement apaisantes. Des observations précises dans les hôpitaux révèlent
combien la vue sur des arbres participe au moral des malades, à leur réconfort et donc à
l’amélioration de leur état. Associés à la promenade et au repos, les arbres sont facteurs
d’équilibre. L’ombrage estival, le bruissement des feuilles et l’odeur qu’ils procurent sont
évident bienfait qui n’est plus à démontrer (C.M Gillig, 2008).
Les espaces végétalisés, dans leur diversité, peuvent être le support d’activités variées et offrir
de nombreuses opportunités : jardinage, jeu, terrain d’aventure, promenade, détentes,
cueillette, festivité... Les espaces de nature sont des lieux privilégiés de rencontres
intergénérationnelles et de mixité sociale. Moins onéreux que les structures en dur, ils peuvent
être un vecteur pour rompre l’isolement. Accessibles à tous, ils peuvent contribuer à
l’épanouissement des habitants ou à l’amélioration de leur santé. S’ils sont suffisamment
attrayants ils peuvent détourner les enfants des activités passives d’intérieur (télévision, jeux
vidéo, …).
Cette dynamique peut permettre aux citoyens de mieux s’investir dans la vie de la cité. De
consommateurs d’espaces verts, ils peuvent en devenir initiateurs, animateurs voire
gestionnaires.
I. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 9
b. Des fonctions culturelles souvent esthétiques et paysagères
L’arbre joue un rôle prépondérant dans la structuration paysagère en ville et constitue un
élément de référence pour les citadins par rapport à l’espace (C.M Gillig, 2008). L’insertion
harmonieuse de l’arbre dans l’environnement urbain permet de créer un cadre agréable, de
mettre en valeur les bâtiments, les vues et perspectives. L’arbre articule et définit les espaces.
L’arbre est un élément central du paysage de nos villes ; il met en valeur ou au contraire
occulte des éléments architecturaux ou urbains. Il a toujours été vu et perçu comme un
« faiseur » de paysage, c'est-à-dire une fonction esthétique et embellissement d’un espace.
c. Des fonctions écologiques
Les arbres constituent un des éléments majeurs des écosystèmes urbains et permettent la
présence de nombreux êtres vivants en ville : insectes, oiseaux, mammifères et communautés
végétales. Les arbres de ville sont le siège d’une intense activité de l’avifaune. Le nombre
d’espèces varie en fonction de la diversité du milieu. L’effet positif de la végétation dans le
maintien ou l’introduction de véritables écosystèmes urbains est d’autant plus important si les
espaces plantés sont reliés entre eux et sont en connexion avec les périphériques plus
champêtres (notion de mise en réseau et de corridor biologiques).
La colonisation de la flore et la faune se fait en effet de proche en proche et les échanges
permanents entre le milieu construit et le milieu extérieur sont, de ce fait, essentiels pour le
maintien et le renouvellement de la biodiversité urbaine. Ce réseau en milieu urbain s’appelle
la trame verte et est la somme :
-des habitats naturels de la flore et de la faune sauvage et spontanée,
-des sites de reproduction,
-des sites de nourrissage,
-des sites de repos et d’abri,
-des « couloirs » (corridors) de déplacement (dont migrations) de la faune sauvage,
-des « couloirs » (corridors) de dispersion de la flore.
L’état et la qualité de cette trame verte se mesurent dans la qualité et la quantité des habitats
naturels et des connexions biologiques entre ces habitats. Les habitats sont en quelque sorte
les nœuds du maillage, et ils jouent le rôle de réservoir de gènes, d’espèces, de communautés
pour la biodiversité.
I. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 10
d. Différentes échelles pour aborder la nature en ville
Deux constats peuvent être observés : la trame verte s’apprécie à des échelles spatiales
variées :
- à l’échelle des grands couloirs de migration pour les oiseaux,
- à échelle paysagère pour les habitants,
- ou à échelle plus locale (berge de rivière, fossé).
- à différentes échelles administratives (pays, région, Département, Parc naturel
régional, Agglomération, ville, etc.)
Elle s’apprécie aussi dans le temps, c'est-à-dire que certains corridors ne remplissent leur
fonction qu’à certaines époques de l’année (ex : corridors de migration pour les amphibiens,
poissons, oiseaux ou papillons migrateurs), ou ponctuellement lors de migrations imposées
par des aléas climatiques ou de type incendies…
Ainsi, à titre d'exemple la trame verte d'agglomération du Scot de l’agglomération lyonnaise
tient compte à la fois d’une logique métropolitaine d’organisation d’un réseau maillé
d’espaces naturels et agricoles mais également des projets communaux concernant ces
espaces.
L’entrée par les paysages permet de faire état des fonctions d’un espace mais également de
ces représentions. On peut avoir une approche plus écologique en considérant les classements
par biotope (voir Tableau 1 et 2 ci-dessous) :
Tableau 1 : Classement typologique des espaces
verts mis au point par les ingénieurs de l’AITF
en 1995
Tableau 2 : CORINE biotope, classement européen des
différents biotopes
I. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 11
1.1.2 Dérouler le tapis rouge au vert pour atténuer les îlots de chaleur urbains
Les villes vont devoir se préparer au changement climatique : une végétalisation abondante
des tissus urbains permettra de réduire les effets dramatiques des vagues de chaleur sur la
santé humaine6.
Etant dans une zone tempérée, la France présenterait une variabilité climatique plus grande
que sur d’autres parties de la planète. L’évolution de la température moyenne nationale
devrait prendre plus de degrés que la moyenne mondiale. En région Rhône-Alpes, les vagues
de chaleur seront plus fortes en été, les hivers plus doux. Sur Lyon, depuis le siècle dernier,
les températures maximales ont augmenté d’un degré et les températures minimales de deux
degrés. Les relevés mettent également en évidence un réchauffement plus important au sein
des villes du fait de l’effet d’îlot de chaleur urbain.
Les précipitations restent constantes mais il y aura sans doute des épisodes pluvieux plus
intenses en automne, avec des risques de ruissellements, de crues, etc.
Les relevés effectués à la station de Bron, sur la période 1922-2005, montrent que la région
Rhône-Alpes a connu une réduction des précipitations cumulées d’environ 20 % sur les mois
6 Emmanuel Boutefeu, article paru dans la revue Techni-Cités n°129 du 8 mai 2007
Photo 1 : Le parc technologique de la porte
des Alpes à l’entrée Est de l’agglomération
lyonnaise est équipé de bassins d’infiltration
d’eau pluviale (Certu-Stéphane Autran)
I. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 12
de juin, juillet et août. Les niveaux d’enneigement des massifs montagneux devraient
diminuer avec des répercutions notables au niveau des écosystèmes : la majeure partie de la
Région Rhône-Alpes7 devrait évoluer vers une biodiversité plutôt méditerranéenne d’ici 2030-
2050.
En ce qui concerne l’aménagement du territoire, la création et la préservation d’espaces verts
et de parcs en milieu urbain constituent des mesures simples qui s’avèrent bénéfiques quelle
que soit l’ampleur du réchauffement. Elles s’accompagnent d’autres avantages : réduction des
poussières dans l’air, limitation des écoulements d’eau lors des pluies intenses, espaces
supplémentaires pour la biodiversité. Leur développement peut aussi se faire par la promotion
des toits et rails verts, peu répandus actuellement en France. Selon certaines études de
l’Institut de veille sanitaire (INVS), les villes denses sont décrites comme plus vulnérables
que les villes vertes durant la vague de chaleur de 2003. Les auteurs mettent en évidence que
certaines caractéristiques des logements diminuent le risque de mortalité comme la hausse de
l’indice de végétation à proximité des logements pour rafraichir l’air ambiant et d’abaisser les
températures extérieures.
D’autres travaux montrent que des écarts de température entre un parc urbain et ses environs
vont de 1°C à 7°C et que cette différence est plus importante aux abords de grands parcs
arborés « baignés » par une rivière. L’orientation donnée au projet d’aménagement des berges
du Rhône à Lyon a fortement été influencée par les épisodes caniculaires. La volonté a été de
privilégier un aménagement « vert » basé sur le développement et la conservation des espaces
verts, parcs et zones de rafraîchissement.
Par extrapolation de ces données d’études, des mesures sont à mettre en place pour rafraîchir
les villes8 :
réduire les surfaces imperméables ;
préférer les revêtements clairs réfléchissant la lumière ;
planter des arbres capables de transpirer en période de forte chaleur ;
ombrager les parkings, les cours d’école, les esplanades ;
végétaliser les murs, les balcons, les toitures-terrasses ;
mettre en service des fontaines, jets d’eau, bassins d’eau vive ;
multiplier les espaces verts de proximité.
7 Changement climatique : comment s’adapter en Rhône-Alpes ? Rhône-Alpes énergie environnement, juillet 2007, 40 p. et cédérom. 8 Concevoir, édifier et aménager avec le développement durable, Éditions Le Moniteur, 368 p.
I. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 13
Afin de limiter les effets négatifs des pics de chaleur, l’introduction massive d’espaces verts et
d’arbres doit être une priorité. Les villes doivent anticiper cette nouvelle donne climatique.
1.1.3 Nouvelle perception de la ville et de l’espace vert
a. De nouveaux rapports à la nature : des limites ville/nature qui
s’estompent
Une représentation idéologique traditionnelle de la nature oppose la ville à la campagne ; la
campagne serait le lieu de production de ressources naturelles tandis que la nature en ville,
constituée d’espaces verts paysagers, aurait une fonction récréative, esthétique et hygiénique.
Ce schéma simpliste est mis à mal par l’évolution des facteurs socio-économiques. En ce
sens, Martin Vanier considère que, dans les relations ville/campagne, l’âge de la transaction a
succédé à l’âge de la production et à l’âge de la consommation9. Cette phase de transaction, se
caractérise par de nouveaux rapports à la nature, de nouvelles formes et valeurs de mobilité, et
de nouvelles configurations politico-territoriales au travers du développement de l’inter-
territorialité.
Contrairement aux zones rurales isolées (dites rurales profondes), qui continuent à perdre des
habitants, les zones rurales proches des agglomérations voient leur population s’accroître par
l’arrivée des ménages ayant un emploi en ville et un mode vie urbain10
. L’accroissement de la
mobilité par l’usage des moyens de transport individuels et collectifs est à la fois moteur et
conséquence du phénomène de périurbanisation. Des zones rurales très éloignées des
métropoles deviennent de facto péri-urbanisables avec le TGV.
Dans ce contexte, la dimension paysagère revêt une importance particulière ; la
convention européenne du paysage recommande de mettre en œuvre des politiques paysagères
au niveau local, notamment en territoires urbains et périurbains.
Dans cette convention, ratifiée par la France, le paysage est défini comme le résultat de «
l’action de facteurs naturels et/ou humains et de leurs interrelations ». Le paysage n’est donc
pas exclusivement lié à la problématique de l’environnement et de l’écologie, il possède aussi
une dimension culturelle et identitaire, il constitue enfin une ressource économique qui
intéresse beaucoup la ville.
9 Vanier Martin, 2005. La relation « ville/campagne » ré-interrogée par la périurbanisation. Villes et territoires n° 328 - Septembre-Octobre 2005 10 Pierre Merlin ; L’aménagement du territoire en France ; La Documentation française, 2007, 174 pages.
I. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 14
b. Nouveaux jardins, nouveaux espaces verts urbains
La gestion écologique des espaces verts est avant tout une gestion différenciée qui s’inscrit
dans la démarche du développement durable. C’est ensuite une gestion excluant autant que
possible les traitements chimiques biocides en les remplaçant par la lutte biologique contre les
animaux « ravageurs », en binant le sol pour retirer les mauvaises herbes et en limitant
l’emploi de fertilisants.
Selon la formule de Gilles Clément11
: « le jardin combine l’industrie de l’homme à
l’inventivité de la nature » et pour lui l’industrie du jardinier doit consister à « faire le plus
possible avec, le moins possible contre ». Il définit ainsi le concept de « jardin en mouvement
» qu’il a décrit pour la première fois en 1985 sous la dénomination de « friche apprivoisée » :
« Dans cette dynamique de gestion, l’une des manifestations les plus remarquables du jardin
en mouvement vient du déplacement physique des espèces sur le terrain. Ce déplacement
rapide et spectaculaire concerne les espèces herbacées à cycle court - annuelles, bisannuelles
(coquelicots, bleuets, nielles, nigelles, digitales, molènes, résédas (...) - qui disparaissent sitôt
leurs graines formées (...). Le jardin en mouvement préconise de conserver les espèces ayant
décidé du choix de leur emplacement (...). Le dessin du jardin change au fil du temps, dépend
de celui qui l’entretient ».
Les délaissés urbains ou ruraux, les friches urbaines, marais, landes, tourbières, bords de
routes, talus de voies ferrées, rives de cours d’eau, qui étaient autrefois les espaces naturels les
plus dépréciés sont aujourd’hui valorisés en tant qu’espaces d’accueil de la biodiversité. Ces
espaces représentent ce que Gilles Clément appelle le tiers-paysage qui devient un élément
marquant du paysage urbain. En régions périurbaines, sujettes à l’implantation de
lotissements, zones d’activités, où les infrastructures (routes, autoroutes, voies ferrés) sont
particulièrement denses, les habitats naturels subissent une fragmentation qui fragilise
certaines populations animales. Des dispositifs offrent des voies de passage à la faune
sauvage, soit sur les voies de communication (passages à faune), soit sous forme de tunnels
(crapauducs). Toutes ces notions, développées par l’écologie scientifique sont appliquées dans
une nouvelle discipline au service de l’aménagement du territoire : l’écologie du paysage. «
Pour analyser la mosaïque paysagère et en tirer des enseignements, l’écologue utilise toute
une batterie de paramètres qui découlent de la nature et de la longueur des contacts entre
unités écologiques différentes (...) de la diversité et de la fragmentation dans l’espace de ces
unités, de la nature des relations qu’entretiennent ces unités entre elles grâces à des
11 Clément Gilles et Louisa Jones, Une écologie humaniste, Aubanel, 2006
I. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 15
corridors. Il parle de complexité, de diversité, de connectivité, et finalement d’hétérogénéité
du paysage qui en conditionne la biodiversité (...).
C’est une démarche longue et complexe mais qui est à la mesure de l’enjeu : créer des
paysages pour demain qui soient modernes et productifs tout en étant harmonieux, équilibrés
et foisonnants de vie sauvage.12
»
Cette vision nous amène à penser ou repenser le jardin de manière différente. Il ne servira plus
seulement à répondre aux besoins des êtres humains, mais il servira de refuge, de nichoir, ou
de garde-manger pour une multitude d’espèces animales, une quantité d’essences végétales et
de champignons… D'apparence inorganisé, le jardin « naturel » est moins sophistiqué que le
jardin traditionnel. Chaque élément qui le compose est soigneusement agencé pour recréer les
habitats naturels de la faune et de la flore.
1.1.4 La valeur économique des infrastructures vertes et de la biodiversité
a. Le fleurissement des villes et espaces verts : un poids économique
significatif
Le Conseil national des villes et villages fleuris, association relevant de la loi de 1901 (B.
Reygrobellet, 2007), anime le concours Villes et villages fleuris créé en 1959 par Robert
Buron. Actuellement 12 000 collectivités locales sont inscrites à ce concours dont le but est de
« promouvoir et encourager toute action en faveur du développement des espaces verts et de
l’amélioration du cadre de vie. ». L’attribution du label « ville fleurie » ou « village fleuri »
génère également des retombées économiques importantes pour la filière horticole qui
emploie 150 000 personnes dans 45 000 petites et moyennes entreprises : les communes
françaises consacrent annuellement 152,45 millions d’euros pour le fleurissement Cet effort
est accompagné par les particuliers qui ont dépensé en 2005 1,8 milliard d’euros pour l’achat
de fleurs et plantes d’intérieur et 728 millions d’euros pour l’achat de végétaux d’extérieur (B.
Reygrobellet, 2007).
Globalement, les communes françaises dépensent 2,44 milliards d’euros par an pour la
création et l’entretien de leurs espaces verts. Une indication du budget annuel de
fonctionnement du service des espaces verts de vingt-cinq villes est donnée dans le tableau 3
ci-après. Certaines villes se distinguent par des budgets nettement plus élevés que les villes de
population équivalente ; soit elles ont une forte vocation touristique qui les conduit à investir
dans les parcs et jardins, comme Thonon-les-Bains ou Versailles, soit elles appliquent un
programme d’Agenda 21, comme Beauvais ou Nantes. Versailles a de gros budgets
12
Fischesser Bernard et Marie-France Dupuis-Tate, 1996 ; Le guide illustré de l’écologie ; Coédition La Martinière-CEMAGREF
I. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 16
d’investissement : 880 000 € en 2006 pour des aménagements de nouveaux espaces verts. Le
budget annuel d’investissement des métropoles atteint plusieurs millions d’euros (Lyon 2006 :
10,25 millions d’euros contre 3,55 millions d’euros en 2008).Ce gros écart entre 2006 et 2008
s’explique par le début d’une politique très volontariste mise en place pour faire de Lyon la
référence en matière d’espaces verts (dépenses majeures en travaux et en matériel surtout
consacré à la Plaine Africaine de la Tète d’Or en 2006).
Le budget de fonctionnement (coût direct, indirect et masse salariale) de la ville de Lyon à été
de 25 000 000 € en 2008 contre 14 000 000 € en 2006, et souligne une dépense de plus en
plus conséquente dans le budget globale de la ville.
b. Vers un marché financier de la biodiversité ? 13
Des mesures de compensation des pertes de biodiversité sont prévues dans les lois et
règlements aux États-Unis, au Brésil, en Australie et en Europe (dans les directives « oiseaux
» et « habitats »). Deux conditions doivent être remplies pour qu’elles soient mises en œuvre :
- le projet doit présenter un grand intérêt public ;
- il n’existe aucune alternative pour éviter tous les dommages prévus dans l’étude d’impact
malgré les mesures d’atténuation des impacts.
13 Les informations présentées dans ce paragraphe ont été exposées lors du séminaire du 6 juillet 2006 organisé par le MEDD: les mécanismes de compensation,
une opportunité pour les secteurs économiques et financiers et les gestionnaires de la biodiversité.
Tableau 3 : Budget alloué aux services des espaces verts dans 25 villes françaises
(fonctionnement)
Source : Sites internet officiels des villes, à l’exception de Nantes, Lyon, Gex et Saint Valery-
en Caux
I. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 17
La compensation porte alors sur l’impact résiduel du projet et doit satisfaire à l’obligation
d’absence de perte de biodiversité. Plutôt que de prendre en charge lui-même la création
d’habitats équivalents et aussi riches en biodiversité que ceux qu’il endommage, l’initiateur
du projet peut actuellement dans certains pays acheter des crédits d’habitats ou d’espèces à un
organisme financier qui dispose d’un portefeuille de sites naturels variés dont la haute qualité
écologique est certifiée par une autorité compétente. Il se constitue ainsi un marché de la
biodiversité sur le modèle du marché du carbone avec l’objectif affiché de réduire les pertes
de biodiversité comme son modèle réduit les émissions de dioxyde de carbone.
Parmi les arguments avancés en faveur du marché financier de la compensation, deux
doivent être considérés avec attention. Le premier repose sur le constat d’échec des politiques
de protection de la nature reposant sur des mesures législatives et réglementaires, le second
met l’accent sur le fait que seul le marché financier permet de fixer un prix aux sites naturels
et aux espèces et de passer de la valeur au prix. Les difficultés rencontrées et les risques qui
en résultent portent sur les incertitudes de la méthode de fixation de la valeur du bien mis sur
le marché, la question des équivalences (qui ne se pose pas pour le carbone pour lequel la
tonne est l’unité universellement admise), celle de l’additivité des valeurs (un même site peut-
il avoir une valeur totale correspondant à somme des valeurs partielles des habitats qui y sont
représentés). Enfin, la proportionnalité entre les superficies dégradées et celles compensées (il
est généralement admis que le rapport se situe entre deux et dix), pèse sur le risque financier
de l’investissement.
En France, une expérimentation a été lancée en 2007 par la société forestière de la
Caisse des Dépôts et Consignations qui a créé un fond de compensation dédié aux dommages
à la biodiversité pour établir un rapport marchand entre des actions de préservation de la
biodiversité et des demandeurs de mesures compensatoires. Selon les propos tenus par son
président14
, l’objectif de cette expérimentation que le ministère français considère comme une
étude de faisabilité est de « récupérer ailleurs ce qui a été détruit ici » et de le « faire par le
marché pour optimiser les coûts ».
14 Pour mieux la préserver, l’Etat met la nature à prix, Libération, 11.05.09
I. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 18
1.2 Réappropriation de la nature par la ville
1.2.1 La place de la nature dans l’espace et les paysages de la ville ; dans la vie des citadins,
dans leurs préoccupations et leurs représentations mentales
De prime abord, il est essentiel de se demander quelle est la place de la nature dans l’espace
urbain dans les paysages de la ville, dans la vie des citadins ainsi que dans leurs
préoccupations pour mettre en avant les moyens de réappropriation de la nature.
a. Quelle place pour la nature en ville ?
Les espaces verts ne représentent pas tous ce qu’on peut appeler la nature en ville même si ils
y sont assimilés fréquemment par les citadins ou les aménageurs. Elle ne se résume pas alors
qu’aux espaces verts, ni aux coulées vertes, encore moins aux arbres d’alignement. Le
végétal en compagnie de la vie animale colonise des vieux murs de pierres, des berges d’un
cours d’eau, les annexes vertes d’une voie rapide urbaine. La nature s’affirme et s’infiltre
partout. La nature gagne tous les espaces urbains quels qu’ils soient :
Les espaces verts publics (squares, parcs, mails, plantations d’alignement, forêts
domaniales) ;
Les espaces verts intérieurs privés (arbres, vergers, jardins des particuliers)
Les espaces construits et minéralisés (murs d’enceinte, toits-terrasses, pavés de cours
d’immeuble, ouvrages d’art)
Les espaces interstitiels (terrains vagues, friches, jachères, berges de cours d’eau).
b. La nature en position insulaire15
La théorie des peuplements insulaires permet de mieux comprendre comment les espèces
arrivent à coloniser un vieux parc boisé ou un jardin de création récente, comment elles
s’organisent, comment les populations animales maintiennent des effectifs stables suivant la
stratégie de croissance démographique déployée : rapide pour les espèces opportunistes et
vagabondes ou bien, au contraire, lente pour les espèces sédentaires et spécialisées
(R.MacArthur., E.WILSON, 1967). La surface est un paramètre clé pour expliquer le niveau
de richesse spécifique d’un espace vert : un square est toujours plus pauvre qu’un parc urbain.
Mais ce n’est évidemment pas le seul facteur déterminant. Une faible distance de connexion
du square au « continent rural » via un corridor vert - la berge arborée d’un cours d’eau, un
alignement d’arbres d’ornement, un cordon de haies vives d’un lotissement - diminue les
risques d’extinction locale des espèces présentes. En ville, l’extinction des espèces isolées
15 Le modèle insulaire de Robert H.MacArthur et Edward O.Wilson
I. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 19
dans le tissu urbain est un péril permanent, car le flux d’immigration reste occasionnel et
aléatoire tant les obstacles physiques à la colonisation sont nombreux. Sur le plan pratique, la
théorie des peuplements insulaires apparaît d’une grande utilité pour améliorer les conditions
de vie des espèces animales et des plantes sauvages qui poussent ville. Si l’on admet que le
processus d’urbanisation s’accompagne d’une fragmentation des habitats naturels et d’un
éloignement des sources extérieures d’approvisionnement, on peut alors convenir que la ville
ressemble à un « archipel » (Concept développé page 43) et en tirer toutes les conséquences
stratégiques pour agir sur deux paramètres clés sur lesquels on peut justement intervenir : la
surface et la distance ville-campagne (D, SIMBERLOFF, L.ABELE, 1982). Concrètement,
l’établissement de liaisons vertes entre les parcs et les jardins publics, la création de corridors
de verdure assurant une interconnexion des milieux naturels, l’aménagement de zones
tampons entre la ville et la campagne s’inscrivent dans le droit fil de cette théorie.
Si la faiblesse des surfaces végétalisés est évidente dans les centres-villes (de l’ordre de 5 à
10%, en revanche, la végétation reprend vite la place qu’elle mérite dans les banlieues lâches
à l’habitat diffus et dans les quartiers pavillonnaires où la végétation est très largement utilisée
par les habitants.
Les abords plus ou moins verdis des centres d’activités sont 4 à 5 fois plus étendus que les
parcs et les jardins ouverts au public. Les espaces verts aménagés ne représentent qu’une part
infime de la couverture végétale d’une ville. Ce sont les espaces verts intérieurs privés ainsi
que les surfaces agricoles et forestières qui font le patrimoine vert d’une agglomération.
Photo 2 : Le parc de la commune de Paris est situé en position insulaire dans le tissu urbain de la commune de Villeurbanne (69)16
16 Certu - Emmanuel Boutefeu, juin 1998
I. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 20
c. Place de la nature dans la vie des citadins et ses usages
Une meilleure connaissance des attentes et des représentations des citadins, concernant la
nature devrait apporter quelques enseignements utiles aux professionnels des espaces naturels.
Pour ce faire, une enquête a été réalisée en 2002 auprès des habitants de la Communauté
urbaine de Lyon qui plébiscite les squares de proximité. Parmi les résultats de cette enquête,
on note que, dans les parcs urbains ou en pleine nature, les citadins recherchent la même
chose : calme, paix et détente (E. Boutefeu, 2005).
« SALON DE VERDURE »
Durant la semaine, il y a 54% des citadins qui fréquentent quotidiennement les squares (cf
figure 1). Le square est considéré comme un espace multifonctionnel : un lieu de détente, une
salle de lecture en plein air, un terrain de jeux et une aire de pique-nique mais surtout selon E.
Boutefeu : « un salon de verdure où les riverains viennent rompre l’isolement et renforcer les
liens sociaux ». Les usagers aiment bavarder avec leurs voisins de palier, après la sortie des
classes, pendant qu’ils surveillent discrètement leurs enfants comme si c’était leur jardin
privé.
Figure 1 : À la question de savoir quels nouveaux types d’espaces
verts les Lyonnais souhaitent-ils près de chez-eux, le square de
proximité arrive en tête, quel que soit l’âge de la personne interrogée.
Concernant le trajet domicile-square, la promenade est le premier motif de visite évoqué
(40 %), assez loin derrière, les riverains accompagnés d’enfants sont attirés par les aires de
jeux (26 %). Le temps de déplacement domicile-square est de l’ordre de dix minutes : ce
budget-temps permet de mesurer le rayon d’attractivité d’un square ; la fréquentation étant
cependant fortement tributaire des rythmes scolaires et des conditions météorologiques. Un
square est d’autant plus sollicité que la population riveraine se compose de jeunes ménages,
Photo 3 : Lyon : le jardin du Palais Saint-Pierre (Emmanuel Boutefeu, Certu)1
I. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 21
avec des enfants, habitant en immeubles collectifs groupés et une surreprésentation de la jante
féminine.
LIEU DE DETENTE ET D’EXERCICE
Le week-end, les citadins fréquentent les parcs urbains (86 % des personnes interrogées). La
marche reste l’activité favorite de ses usagers ; ils viennent au parc avec la ferme intention de
se promener afin de se détendre et de contempler le spectacle de la nature. Plus la surface
d’un parc est grande, plus il est capable d’offrir une aire végétale importante, et plus le parc
attire de visiteurs venus de loin. Les équipements d’accueil (aires de jeux, grands toboggans,
animaux de la ferme, plans d’eau) et les installations sportives (terrains de basket, skate-parc,
pistes cyclables) sont des aménagements très sollicités des enfants et des adolescents. Compte
tenu que ces derniers sont souvent des prescripteurs de sortie dominicale, un parc disposant de
l’un de ces équipements spécialisés a une meilleure notoriété en direction des familles et des
adolescents.
Un parc en position centrale est un espace public très prisé des habitants de la ville-centre,
notamment les jours travaillés durant lesquels il fonctionne comme un square de proximité.
En fin d’après-midi et en soirée, un parc connaît une fréquence d’utilisation plus importante
qu’un square. Et plus encore le week-end, car il attire les habitants de la ville pavillonnaire et
des communes périurbaines.
UNE CAMPAGNE A VIVRE : UN MONDE DE SILENCE
Plus de 60 % vont à la campagne régulièrement : dont 48 % deux fois par mois et 18 % toutes
les semaines en toutes saisons. Les motifs souvent évoqués sont : « le besoin de calme et de
verdure », celui « d’être en famille ou entre amis » et profiter de « leur pied à terre pour
s’immerger dans la campagne » pour ceux qui possédaient une résidence secondaire à la
campagne. Cependant, la majorité d’entre eux ne pratique aucun activité (sportives, balades,
cueillettes…), elles font essentiellement « le plein de calme » et « le vide en eux ». Pour les
autres, une sortie à la campagne est l’occasion de « se promener dans la nature ».
Une moitié des personnes allant régulièrement à la campagne y reste une demi-journée à une
journée complète tandis que l’autre moitié prolonge son séjour sur deux jours consécutifs ou
plus. Le prix à payer pour accomplir un séjour à la campagne est donc beaucoup plus élevé
que pour un parc et un square : il faut organiser la sortie, disposer d’un véhicule, prévoir la
I. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 22
logistique d’accompagnement, les repas et les nuitées. Face à ces contraintes matérielles et
financières, on comprend que 35 % des répondants renoncent à se balader dans les espaces
naturels et ruraux.
LE PARC URBAIN LE MODELE DE NATURE
Le parc est le modèle référent de jardin public. Non seulement les squares mais aussi les
espaces naturels et ruraux sont perçus à travers le prisme des qualités que doit présenter un
parc urbain. Les caractéristiques de l’urbain ne doivent pas y siégées c'est-à-dire c’est un
endroit calme, assimilé à un lieu propre, sans déchet ni pollution. Dans l’imaginaire du public,
il correspond à une « île verte », composée d’arbres, de pelouses et de plans d’eau, dont la
mise en scène rehausse les bons côtés de la nature : apaisante, aimable et agréable. Aux yeux
du public, un espace végétalisé en ville, engazonné et arboré, même restreint, incarne « le
petit coin de nature ». Cette enclave de verdure jouit d’une position extraterritoriale : elle est
perçue hors la ville. Aussi, à quoi bon quitter la ville le week-end, pour se balader en forêt, si
les panneaux d’accueil et les sentiers balisés ne se démarquent pas de ceux que le citadin
côtoie dans un parc urbain ? Quel plaisir à se retrouver dans une forêt-parc, bondée de
visiteurs, sous la surveillance d’un garde-moniteur ? Les publics urbains qui fréquentent les
espaces naturels protégés attentent le libre contact avec la nature, attendent la rupture sociale
avec la vie active.
1.2.2 L’espace agricole une nouvelle alternative de nature
L’étalement urbain en milieu rural semble offrir aux citadins la possibilité d’accéder à un
logement moins cher et plus grand, dans un espace ouvert, à proximité de la nature. Les
espaces agricoles sont perçus comme des espaces de loisirs et de détente, par opposition à
l’environnement urbain.
Le souhait des ruraux s’exprime davantage en termes de conservation de cet environnement,
auquel certains d’entre eux, comme les agriculteurs, contribuent.
L’ouverture de l’espace et la présence de nature se présentent comme les caractéristiques
communes des paysages recherchés par la demande sociale actuelle. D’une manière générale,
il y a un attachement pour l’espace agricole en tant que reflet d’une activité menacée, car il
évoque la nature au travers des souvenirs d’enfance, les histoires des aïeux : il est le reflet des
civilisations agricoles qui nous ont précédées. Les espaces naturels de proximité, comme le
« L’homme aime tant l’homme que, Quand il fuit la ville, c’est encore pour chercher la foule,C'est-à-dire
pour refaire la ville à la campagne ».
Charles Baudelaire
I. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 23
maraîchage, sont prisés des citadins car ils peuvent en partager le produit et en retirer un
aspect ludique et éducatif. L’agriculture moderne et mécanisée, ressentie comme une
altération de la relation entre l’homme et son environnement, est moins appréciée et est
souvent écarté très loin des espaces périurbains.
De ces attentes sociétales ressort l’affirmation du rôle primordial de l’agriculture comme
maintien d’espaces de nature dans, et en périphérie des zones urbanisées. Puis, le souhait de
voir se développer des espaces gérés par les agriculteurs, où les citadins peuvent accéder à la
nature (fermes pédagogiques, espaces de loisirs, chemins de randonnée…). La volonté de
découvrir, de mieux comprendre l’espace agricole et la manière de produire se développe,
comme en atteste le succès des initiatives prises par les agriculteurs en termes d’ouverture au
public (visites des fermes, cueillettes, ventes...). C’est l’occasion d’établir le lien entre les
produits, les producteurs, leurs savoir faire et le territoire. Par ailleurs, les consommateurs
établissent une relation forte entre la qualité des paysages et la valeur des produits, confortant
la nécessité et l’intérêt pour les agriculteurs, d’une gestion paysagère qualitative des espaces
agricoles et de la valorisation économique qui peut en résulter. Paradoxalement, les citadins
résidant dans les villages périurbains s’intéressent peu aux activités agricoles qui les
entourent. Ils perçoivent l’intérêt de l’agriculture en termes de paysage et de cadre de vie.
Mais en elle-même l’activité agricole est plutôt vécue comme une source de gêne (bruits,
odeurs…). Ce décalage entre les missions souhaitées de l’agriculture et la perception des
activités agricoles s’explique par une profonde méconnaissance du monde agricole, de ses
logiques, de ses contraintes et de ses exigences.
Répondre aux demandes de qualité en termes de produits et de territoires constitue le défi des
prochaines années pour l’agriculture. C’est un atout social et économique à valoriser.
Les citadins attendent de l’agriculture une qualité des produits avec une recherche de la
sécurité alimentaire et de la qualité gustative. Mais également une qualité des espaces naturels
en tant qu’espaces de production, de cadre de vie, de récréation et de lieux d’identité, ce qui
permet le rétablissement du lien entre l’urbain et le rural. La vente à la ferme et les cueillettes
répondent aux objectifs des consommateurs de recherche de qualité, de contact avec les
producteurs et de renseignements sur l’origine du produit.
I. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 24
1.2.3 Les ambiances urbaines
En tant que perception sensible de l’environnement urbain et architectural, l’ambiance est une
expérience partagée par tout le monde mais le plus souvent difficilement communicable et
explicable. Les définitions les plus courantes du terme « ambiance » sont les suivantes17
:
- « Éléments et dispositifs physiques qui font une ambiance »
- « Atmosphère matérielle et morale qui environne un lieu, une personne ».
Les travaux sur les ambiances18
sont caractérisés (pour ce qui nous concerne) par une
recherche architecturale sur les objets. Il s’agit ici des phénomènes physiques d’ambiances,
naturels et anthropiques, qui sont en interaction avec l’environnement construit (bâtiments,
infrastructures, …) et naturel (parcs, végétation, plans d’eau, …) ;
L’architecture paysagère va au-delà de la simple fonction ornementale : elle doit permettre
certes de valoriser les parcs, les places et les jardins, mais aussi les espaces interstitiels non
construits que l’on considère malheureusement encore trop souvent comme des surfaces
négligeables. Il faut considérer les habitants comme des clients (le sujet), les motiver et
étudier avec eux les possibilités d’aménager leur environnement. Les professionnels ont
ensuite la tâche de traduire leurs souhaits en solutions viables.
Définir une ambiance signifie « ….Il est moins urgent de développer des conceptions pour la
nature urbaine. Il s’agit en l’occurrence de redécouvrir la plante en tant qu’élément urbain et
non pas comme facteur écologique ou dendrologique, de la considérer comme un élément
architectonique de l’espace. Nous devrions apprendre qu’il existe de nombreux tons de vert,
que les plantes bruissent de façon différente dans le vent et que non seulement les fleurs, mais
également les feuilles tombées au sol, ont un parfum. Nous devrions impliquer les ombres,
tenir compte de l’effet des branches dénudées en hiver, mettre le doigt sur la valeur de
symbole du végétal et ressentir sa sensualité » pour Dieter KIENAST (C.M Gillig, 2008).
Le choix des arbres porte sur la forme, la grandeur, l’aspect et la qualité du feuillage, les
changements saisonniers, les floraisons des différentes essences, etc. Les ambiances créées
sont directement liées aux jeux de lumières à travers les feuillages, aux épaisseurs de
houppiers apportant plus ou moins d’ombrage, aux variations saisonnières, aux caractères
spectaculaires de certaines écorces ou de certaines floraisons. En outre, les essences sont
souvent une évocation faisant appel aux références de chacun. Ainsi, le saule et le peuplier
évoquent facilement l’eau, le cyprès et l’olivier, le climat méditerranéen.
17 Source : site du Laboratoire Techniques, Territoires et Sociétés (LATTS) 18 Trois articulations possibles des ambiances : l’objet, le sujet et le projet
I. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 25
L’agencement des arbres entre eux permet la mise en valeur de certaines de leurs
caractéristiques et offre une multitube de réponses propre à chaque projet.
C’est pourquoi il est important de savoir jouer avec un arbre isolé ou avec un ensemble mais
en toute connaissance du développement adulte de chaque essence.
Un double alignement permet une
promenade ombragée, un isolement par
rapport à l’environnement.
L’arbre isolé marque un carrefour, une
place, il devient repère pour l’usager, il
ombre un espace mais il est aussi refuge ou
perchoir pour la faune
Un alignement souligne un axe de circulation tel qu’une route, une allée, une rue, un canal, une
entrée de ville ou de parc, etc. En soulignant un axe, les alignements d’arbres conduisent le regard et
masquent ou révèlent des points forts du lieu et de son architecture. En tant qu’ensembles d’arbres,
les alignements amplifient le rôle écologique de l’arbre isolé en multipliant les possibilités d’accueil
de la faune, l’infiltration et l’épuration de l’eau, de même que la filtration des poussières. Selon
l’implantation par rapport au cheminement et selon les distances de plantation d’un alignement, la
perception de l’espace et l’ambiance du site seront très différentes.
Un ensemble d’arbres peut être conçut également en termes de
bosquets, de boisements appelés plutôt à créer des ambiances
forestières. Il s’agit alors de « chambres de verdure » à concevoir et
gérer de manière globale avec un équilibre. Le mot équilibre est
important à souligner ici car la recherche de l’harmonie est à la base
même du projet de plantation : une plantation trop dense peut aussi
générer de l’angoisse
Source : C.M Gillig, 2008 Source : C.M Gillig, 2008
Source : C.M Gillig, 2008
Source : C.M Gillig, 2008
I. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 26
1.3 Quelle compatibilité entre la ville dense et une ville verte ?
1.3.1 Espèces envahisseurs et tolérantes aux perturbations humaines
La ville crée sa part de nature en aménageant des îlots de verdure ou en laissant des friches
propres au développement d’une biodiversité. Mais des espèces viennent parfois envahir ces
espaces.
a. Maîtriser les nuisances biologiques et le risque sanitaire
Si l’aspiration des citadins à une plus grande proximité avec la nature dans leur cadre de vie
minéral est forte, encore faut-il veiller à ce que la présence de celle-ci ne se traduise pas par
des désagréments ou des risques incontrôlés.
Menace représentée par les insectes et les rongeurs qui consomment et gâchent les denrées
agricoles conservées dans des greniers et les magasins des villes, par les insectes qui
s’attaquent aux bois et aux tissus, par tous les ravageurs des plantes du jardin, du potager, du
verger en milieu urbain... La blatte, le moineau, le pigeon, la souris et d’autres animaux
sauvages (ou revenus à la vie sauvage, tels les chats harets) vivant auprès des humains sont
des animaux commensaux de ceux-ci. Bien que certains d’entre eux causent des nuisances
incontestables, ils ne sont plus considérés comme nuisibles mais pourraient être qualifiés de
« parasitisme modéré ».
Le terme « nuisible » appliqué à la faune sauvage a aujourd’hui une signification très précise.
L’appellation de « nuisible » n’est applicable qu’aux dix-huit espèces d’oiseaux et de
mammifères qui figurent sur la liste nationale des espèces susceptibles d’être classées
nuisibles19
fixée par le décret n° 88-940 du 30 septembre 1988. En outre, sur le fondement de
l’article R.227-6 du Code rural, seules trois causes peuvent justifier le classement : l’intérêt de
la santé et de la sécurité publique, la prévention de dommages importants aux activités
agricoles, forestières et aquacoles et la protection de la flore et de la faune.
Des exemples d’extension de ces espèces sont relevés par les biologistes : un noyer exotique
colonise les rives de la Loire à Nantes ; une plante aquatique, la jussie et une petite lentille
d’eau américaine (Lemna minuta) recouvrent les plans d’eau et les asphyxient, une autre
plante introduite, la renouée du Japon (Fallopia japonica) envahit les berges de la Thur en
Alsace... Comme dans bien d’autres domaines relatifs à la biodiversité, le changement
climatique renforcera les tendances déjà observées.
19 Mammifères: Belette, Chien Viverrin, Fouine, Lapin de garenne, Martre, Putois, Ragondin, Rat musqué, Raton laveur, Renard, Sanglier, Vison d’Amérique.
Oiseaux : Corbeau freux, Corneille noire, Etourneau sansonnet, Geai des chênes, Pie bavarde, Pigeon ramier
I. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 27
Dernièrement les citadins ont surtout été sensibilisés aux zoonoses par la crise médiatique
déclenchée autour de la grippe aviaire et du chikungunya qui a frappé les Comores en 2004
puis la Réunion en 2005. Bien qu’ils diffèrent sur de nombreux points, notamment quant au
risque sanitaire réel qui est bien plus grand pour le chikungunya en l’état actuel des
connaissances, il s’agit dans les deux cas de maladies transmises par des animaux présents en
ville : oiseaux et moustiques.
Qu’il s’agisse des nuisances engendrées par les animaux commensaux du citadin ou des
problèmes sanitaires qu’ils posent, les enjeux en termes de salubrité et de santé publique sont
très important.
1.3.2 Des politiques complexes face à une demande complexe
a. Des politiques souvent réfractaires à la densification du tissu urbain
Selon un sondage CSA de mars 2007 réalisé pour le Forum pour la gestion des villes et
des collectivités locales, la vision des maires de deux cent cinquante-deux villes de plus de 10
000 habitants (30 % des villes françaises de cette catégorie) montre un avis globalement
défavorable sur la politique de densification urbaine : 54 % y sont opposés et 43 % y sont
favorables. Il faut noter l’écart net entre l’opinion des maires et l’idée qu’ils se font de
l’opinion de leurs administrés. Un tiers environ des maires favorables à la densification
pensent que les habitants de leur commune y sont hostiles.
Cela étant, malgré le rejet massif des tours ou d’immeubles de grande hauteur (89 % en
région parisienne, 92 % en province) les enquêtes d’opinion révèlent un désir de nature qui
semble exprimer la volonté d’intégrer des espaces verts à l’habitat urbain et témoignent du
besoin d’espaces naturels peu ou pas artificialisés à proximité des lieux de résidence.
Ces attentes sont majoritairement partagées par les élus locaux, et s’applique à agglomération
lyonnaise, qui veut rendre sa ville dense attractive et habitable. Pour ce faire, la ville de Lyon
a mis en place une politique pour renforcer l’offre d’espace vert de proximité (moins de 15
minutes par habitants). L’implantation de mur et toitures végétalisés est une des solutions
testées pour un rééquilibrage des surfaces minéralisées en gardant une ville dense.
De plus, la loi relative à la solidarité et au renouvellement urbain (loi SRU du 13 décembre
2000) vise clairement à redensifier la ville, mais elle ne prend pas en compte la dimension
bien-être, qualité de vie, réchauffement climatique. Alors comment répondre aux politiques et
aux attentes des uns et des autres ? De quelle manière le réchauffement climatique
questionne-t-il la ville ?
I. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 28
Le milieu urbain, tel qu’il est actuellement conçu et aménagé, n’est pas adapté aux
changements climatiques, et encore moins aux fortes canicules à venir (cf 1.1.2 page 11). La
densité urbaine est un facteur aggravant de mortalité pendant les pics de températures élevées.
Une étude menée par la ville de Gênes (Italie) a comptabilisé les décès des personnes vivant à
leur domicile, selon les caractéristiques des quartiers : habitat pavillonnaire, tissu urbain
dense, très dense. La corrélation est nette entre forte densité et forte mortalité : les personnes
qui ont le mieux résisté sont celles qui résident en habitat pavillonnaire, aéré, de faible
hauteur, et qui disposent d’un pourcentage de verdure important à proximité20
. La température
est également très dépendante de la présence végétale. Un square de 1.000 m2 de surface au
sol permet de réduire la température alentour d’au moins un degré Celsius sur une distance
cumulée de 100 mètres de profondeur. Athènes, par exemple, qui possède un grand parc
central, réduit sa température intérieure de 6-7 degrés par rapport aux quartiers riverains.
L’espace vert est donc un excellent climatiseur naturel. Pour faire face au réchauffement
climatique, il faut créer plus d’espaces verts, et aborder le problème de l’étalement urbain
avec un regard nouveau. Verdir la ville, c’est gagner en qualité de vie et en santé publique.
Or, la présence d’espaces verts de grande taille, les coupures d’urbanisation et les trames
vertes, ne favorisent pas la ville compacte, car les espaces verts limitent et freinent le
développement des espaces urbanisés. Malheureusement, en plus des budgets importants que
les espaces verts mobilisent, tant pour la création que l’entretien, les parcs et jardins prennent
la place des espaces libres qui sont dédiés au bâti, à la voirie, aux centres commerciaux. Les
espaces verts contribuent à l'étalement urbain par la recherche du vert en périphérie mais aussi
en occupant des espaces libres en zone urbaine. Ils vont à l’encontre du développement
durable, véritable école de la densité urbaine, dont les préconisations sont revisitées par les
urbanistes et soutenues par les pouvoirs publics. La densité est synonyme de réduction des gaz
à effet de serre, de baisse des consommations énergétiques pour le chauffage urbain, de
transports collectifs efficients, de mixité sociale... Sur ces critères, la ville dense est gagnante,
mais au regard des critères de qualité de vie et d’ambiances, elle ne l’est plus.
Le tissu pavillonnaire des banlieues est décrié, parfois démoli et recyclé en quartier
d’habitation plus dense. Est-ce une tendance dans l’avenir ?
A Lyon et son agglomération, le quartier de Montchat, est un quartier pavillonnaire, fort
attractif, qualifié de « villages urbains ». Ne serait-il pas dommage ou profitable de les
densifier d’avantage?
20 Emmanuel Boutefeu, Centre d'études sur les réseaux, les transports, l'urbanisme et les constructions publiques (CERTU).Entretien réalisé le 3 avril 2008 par
Sylvie Mauris-Demourioux
I. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 29
Les formes urbaines denses créent de l'exclusion sociale alors que le périurbain permet à des
ménages défavorisés de pouvoir se loger à moindre coût. Les centres urbains sont de plus en
plus onéreux (plus valus par le vert ou densification), et de ce fait, les ménages à faible
revenu, voire les classes moyennes, ne peuvent plus accéder au logement. La densité induit
des coûts supérieurs de transaction et de montage des opérations immobilières par rapport au
périurbain : le portage du foncier, les techniques et pratiques constructives, le
dimensionnement des réseaux et des raccordements, les délais d’instruction des permis de
construire sont des postes incompressibles qui renchérissent les prix de sortie d’un
logement…. Au final, à surface égale, le prix de vente d’un logement en centre-ville est plus
élevé qu’un logement pavillonnaire. Ces questions soulèvent nombre de paradoxes et de
contradictions.
Actuellement la réflexion porte essentiellement sur la densité en négligeant tous les autres
aspects de la problématique, alors que devant nous, ce sont notamment des enjeux de santé
publique qui se profilent.
b. Des évolutions sociologiques
Les évolutions sociologiques en milieu urbain influent aussi sur la représentation de la nature
par les citadins. Comme le souligne Alain Bourdin21
, la force des groupes organisés a permis
le développement de la civilisation urbaine. Lieu de conflits entre ces groupes, la ville est
aussi le lieu du développement de la société civile, lieu du dialogue permanent entre les
pouvoirs et les représentants de tous les groupes sociaux. Dans la métropole contemporaine,
les groupes persistent et continuent à jouer leur rôle mais les liens d’appartenance sont
distendus.
La migration des classes moyennes vers la périphérie a profondément affecté la composition
socio-économique de la ville dense, à la fois dans son centre et dans ses banlieues. D’une part,
les grands ensembles et les cités d’habitat collectif sont désormais habités par des populations
pauvres, souvent immigrées ou issues de l’immigration, qui exercent leur droit au logement
social. Certains de ces « quartiers sensibles » sont aujourd’hui assimilés à des « zones de non-
droit », foyers d’insécurité, de délinquance et de violences urbaines. D’autre part, les
opérations de rénovation et de réhabilitation, l’augmentation vertigineuse du prix des
logements et des loyers, ont chassé les classes populaires des centres-villes, laissant la place à
une catégorie moyenne supérieure (cadres, professions libérales, artistes...) qui manifeste des
21 Bourdin Alain, La civilisation urbaine Villes et territoire. Les cahiers français. Troisième trimestre 2005.
I. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 30
besoins culturels spécifiques et qui recherche un cadre de vie « écologique » dans lequel la
nature figure en bonne place. Ce phénomène est observé dans toutes les métropoles en France
(Paris, Lyon, Lille...) comme au Royaume-Uni et en Amérique du Nord ; il est connu sous
l’appellation de « gentrification » des centres-villes créé en Angleterre en 1963.
Jacques Donzelot22
intègre ces éléments dans le modèle de la ville à trois vitesses : relégation,
périurbanisation et gentrification. Anne Wyvekens résume son analyse relative aux classes
moyennes qui sont devenues « le problème de la ville mondialisée » ; elles cherchent à se
démarquer des exclus de la mondialisation et sont rejetées par les couches sociales gentrifiées.
Deux causes non exclusives sont évoquées pour expliquer le départ vers les périphéries : un
choix contraint par le prix de l’immobilier et le résultat d’une confrontation entre offre et
demande de logement.
La définition de la ville durable s’enrichit d’une dimension socioculturelle exprimée par Cyria
Emelianoff23
: « est durable une ville qui parvient à conserver son identité, à protéger son
patrimoine et à cultiver sa résilience (...). Est durable une ville qui assure une certaine qualité
de vie à ses habitants en permettant, grâce à des formes originales de densité urbaine, de
favoriser les proximités sociales, générationnelles et fonctionnelles ».
1.3.3 Entre développement durable et urbanisation
a. Relations ville-périphérie et étalement urbain
L’urbaniste Pierre Merlin schématise les rapports entre la ville et sa périphérie en décrivant
trois types de situations, dont le modèle méditerranéen, caractérisé par des centres urbains
denses qui demeurent forts, vivants et attractifs, avec toutefois l’extension croissante des
zones périurbaines.
En France, où le modèle urbanistique méditerranéen domine, dans la périphérie des grandes
villes, le développement de l’urbanisation se fait avec une densité du bâti beaucoup plus faible
qu’en centre-ville en raison de son caractère essentiellement pavillonnaire. Dans ces aires
périurbaines, l’accroissement des surfaces urbanisées se produit au détriment des espaces
agricoles et naturels. Cet étalement urbain incontrôlé est perçu comme incompatible avec le
modèle de la ville durable : « Une périurbanisation faiblement organisée, au sein des aires
métropolitaines comprenant plusieurs milliers d’habitants, conduit inévitablement à une plus
grande segmentation sociale des communes de l’agglomération et à des atteintes
22 Donzelot Jacques ; La ville à trois vitesses : relégation, périurbanisation, gentrification. Esprit, n° 3-4, mars-avril 2004, pp. 14-39 23 Emelianoff, Cyria, 2007. Qu’est-ce qu’une ville durable ? La ville durable. Perspectives françaises et européennes. La Documentation française. Problèmes
politiques et sociaux n° 933, février 2007.
I. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 31
environnementale »
24. Les zones périurbaines sont au cœur de la réflexion des écologistes.
Parmi les « dix objectifs pour changer de cap » du pacte écologique de Nicolas Hulot25
,
l’aménagement du territoire figure en quatrième position et l’accent est mis sur la maîtrise de
l’extension des zones périurbaines : « Territoire : contenir l’extension périurbaine et
relocaliser les activités humaines. Objectifs : préserver l’espace rural et naturel, cesser de
multiplier les infrastructures et d’artificialiser les surfaces, lutter contre l’étalement urbain
par le rapprochement des lieux de travail et d’habitation ». L’espace utilisé par habitant dans
les villes en Europe a plus que doublé au cours des cinquante dernières années, la surface des
agglomérations a augmenté d’environ 20 % dans de nombreux pays d’Europe occidentale et
orientale, tandis que la population n’a augmenté que de 6 % dans le même temps.
Le rapport du CESR d’Île-de-France sur la densification de l’habitat26
distingue d’une part la
densité bâtie27
et la densité résidentielle28
, d’autre part la densité perçue, notion subjective
nourrie par un imaginaire marqué par l’image négative des tours et des grands ensembles.
Pour réhabiliter la densité, des agences d’urbanismes et des CAUE ont initié des actions de
sensibilisation reposant sur des exemples qui font apparaître la distinction entre densité perçue
et emprise au sol29
.
C’est pourquoi le Grand Lyon a élaboré une politique, à travers le PLH, pour maîtriser
l’étalement urbain et favoriser un développement urbain durable sur l’ensemble de
l’agglomération. Outre le développement des transports en commun, cette politique porte sur
une plus grande prise en compte des capacités foncières encore disponibles et sur le potentiel
constructible mobilisable au centre de l’agglomération. Ce mouvement s’est notamment
concrétisé à travers l’élaboration et la réalisation du programme Villa Urbaine Durable
(VUD) lancé en 2001 par le Plan Urbanisme Construction Architecture (PUCA) qui s’inscrit
dans la loi « Solidarité Renouvellement Urbain » : Maîtrise de l’étalement urbain - Mixité
sociale et urbaine de l’habitat - Qualité environnementale et efficacité énergétique des
constructions. Le Plan Local de l’Habitat en cours de révision souligne l’importance du cadre
de vie en matière d’habitat.
24 Lydie Laigle ; Les paradoxes de l’attractivité urbaine, in La ville durable. Perspectives financières et européennes. La Documentation française. Problèmes
politiques et sociaux, n° 933, février 2007. 25 Hulot Nicolas et le comité de veille écologique, 2006. Pour un pacte écologique. Calman-Lévy 2006, 282 p 26 Dumont-Fouya Lucien (rapporteur). La densification : pour un urbanisme à échelle humaine en Île-de France ; rapport du CESR Île-de-France. 22 mars 2007 27 Densité bâtie : coefficient d’emprise au sol multiplié par le nombre de niveaux ; densité faible : 0 à 1, densité moyenne : 1 à 2, forte densité : > 2 28 Densité résidentielle : nombre de logements à l’hectare. L’îlot haussmannien atteint de très fortes valeurs, supérieures à 200 logements par hectares. 29 . Dumont-Fouya Lucien (rapporteur). La densification : pour un urbanisme à échelle humaine en Île-de France ; rapport du CESR Île-de-France. 22 mars 2007
I. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 32
b. Le vert, une carte blanche à une urbanisation contrôlée
La proximité d’une trame végétale ponctuée de parcs et jardins est un élément déterminant en
matière de localisation résidentielle : un plan local d’urbanisme ouvre des opportunités
d’augmenter l’offre d’habitat de qualité et d’accroître le maillage des espaces verts30
. Face à
un déficit d’espaces verts, plus durement ressenti dans les quartiers denses, le risque de
" déclassement " social et économique s’avère une variable d’ajustement des flux migratoires
et des parcours résidentiels des habitants. Ces derniers peuvent ainsi se mobiliser pour
préserver leur standing, en repoussant les projets dénaturant leur cadre de vie, et augmenter la
valeur de leurs biens immobiliers, en privilégiant les quartiers verts. L’équilibre entre espaces
non urbanisés et surtout non urbanisables est un sujet sensible, un enjeu de gouvernance
urbaine. Comment contenir l’urbanisation diffuse et verdir des tissus urbains ménageant peu
d’espaces libres ?
Établir d’abord un plan vert (S. AUTRAN, 2004). Ce plan d’ensemble de référence, que
certains nomment plan vert, de paysage ou d’embellissement, se présente sous la forme d’une
étude préalable qui vise à coordonner les différents projets destinés à améliorer le cadre de vie
à l’échelle d’un quartier ou de la commune. Un plan vert définit une stratégie globale
d’aménagement à moyen terme, propre à guider la conduite de chaque opération vers un
projet urbain cohérent. Le caractère préopérationnel du plan vert en fait l’instrument
permanent de gestion de la municipalité : il hiérarchise les interventions en établissant les
priorités, permet à la municipalité de saisir les opportunités qui s’offrent à elle. Ce plan induit
des points de passage obligé : l’établissement d’un diagnostic partagé, des scénarios
d’aménagements envisageables, un programme d’action doté de moyens, la tenue d’un bilan
et le suivi des réalisations achevées.
Traduire les orientations d’aménagement dans le PLU. Outre les dispositions applicables
aux zones agricoles (A) et aux zones naturelles et forestières (N), trois articles-clés du code de
l’urbanisme permettent de renforcer la présence d’espaces verts en tissu urbain dense, là où la
demande sociale est la plus forte.
En premier lieu, l’article 13 du règlement d’un PLU a vocation à gérer les espaces
libres existants, non encore consommés par le bâti, la voirie ou une aire de
stationnement. Un square, un parc urbain, un mail, un espace vert intérieur privé, tel
30 Emmanuel BOUTEFEU article paru dans la revue Techni-Cités n°111 du 8 juin 2006
I. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 33
qu’un jardin en retrait d’une rue peuvent bénéficier d’une protection stricte en espace
boisé classé au titre de l’article L.130-1 du code de l’urbanisme. Le classement interdit
tout changement d’affectation ou tout mode d’occupation du sol de nature à
compromettre la conservation, la protection, la création de boisements.
Les jardins familiaux sont des espaces verts à classer en zone inconstructible dans un
PLU
En second lieu, l’article 13 peut édicter des obligations de réaliser un espace vert à
l’occasion d’un aménagement de voirie, d’une opération immobilière, d’un
lotissement, d’une zone d’activité. Cette disposition permet de délimiter les espaces
libres à végétaliser aux abords d’une voie publique, d’une aire de stationnement, d’une
construction nouvelle. Certaines communes vont jusqu’à fixer un pourcentage en
pleine terre pour augmenter les continuités vertes et les surfaces perméables.
L’emplacement réservé pour espace vert permet de verdir des délaissés fonciers, non
sans difficulté, mais surtout de créer un jardin public dans des secteurs appelant des
requalifications : des démolitions d’entrepôts vétustes, des recompositions de places,
de parcs de stationnement… L’emplacement se doit de rechercher la meilleure
localisation, notamment dans les quartiers déficitaires, au cœur des îlots denses. Un
espace vert fonctionne d’autant mieux qu’il est facilement accessible, à 10 minutes de
marche, en prise avec les besoins de détente des habitants.
Le vert présente donc plusieurs visages. D’une part, il est réclamé de toute part par les
citadins, les institutions et les scientifiques pour ses valeurs esthétiques, écologiques,
économiques et sociales. D’autre part, sa recherche est source de plusieurs maux non
négligeable en ville : étalement urbain, dé-densification du centre, occupation d’espace libre
et absence de gouvernance. Comment lutter contre l’étalement urbain en amenant de la nature
de proximité quand la densification est mal acceptée ? Qui doit gérer ce besoin de nature
quand les échelles de prise en compte dépassent les frontières administratives ? Comment
intégrer le vert dans la planification tant les acteurs sont multiples et que les démarches des
particuliers et des collectivités ne sont pas cohérentes ? Comment satisfaire le plus de
personnes quand chaque perception de nature est différente ? Va-t-on vers un marché du vert
de stratégie économique de la part des aménageurs ? L’espace agricole ne devient-il pas un
pole touristique qui sera dénaturé à son tour au profit de plus d’attractivité ? Les aménageurs
sont confrontés à beaucoup de difficultés pour intégrer ce retour avec efficacité. Pour le
I. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 34
moment traiter « à coup de pinceaux » ici et là est une démarche certes simplistes mais qui
donne de bons résultats. Il n’y a pas qu’une seule solution qui s’offre à eux mais plusieurs
stratégies réfléchies et beaucoup de prospections. La réflexion sur la « nature en ville » ou « la
ville dans la nature » ne fait que commencer.
II. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 35
II. Faire entrer la nature dans l’agglomération Lyonnaise
2.1 Le contexte urbanistique Lyonnais
2.1.1 L’Agence d’Urbanisme pour le Développement de l’Agglomération Lyonnais
L’agence d’urbanisme est une association loi 190131
qui regroupe plus d’une vingtaine de
partenaire à vocation d’intérêt général (collectivités territoriales, Etats, syndicats mixtes,
chambre consulaires). Elle doit contribuer, par ses travaux, à l'harmonisation des politiques
publiques (article L121-3 du Code de l’urbanisme), à la planification, au projet urbain et à
l’observation des territoires.
Elle permet aux différents acteurs de l’aménagement du territoire de confronter leurs points de
vue et de coordonner leurs actions en conjuguant études urbaines et animations
interinstitutionnelles.
Elle s’articule autour de 4 pôles : Métropolisation et territoire, Connaissance et représentation,
Villes et formes urbaines, Processus et design urbains (cf organigramme en annexe page 106).
Egalement, elle suit 4 axes de travail :
Mettre en commun la connaissance des territoires, des acteurs et des projets
• Planifier l’aménagement des territoires
• Aider à l’élaboration de projets communs
• Développer une activité à l’international
Dans cet objectif de planification du territoire et d’aménagement, le pôle « grands territoires »
(dirigé par Olivier Roussel) participe à l’élaboration du Scot et de l’Inter-Scot (regroupement
de 11 Scot métropolitain) grâce à la cohésion d’études sur des problématiques variées, dont
les espaces naturels et agricoles, urbains et périurbains. C’est dans ce pôle que j’ai réalisé mon
stage sous la direction de Laurence32
Berne, stage au cour duquel je me suis penché sur à un
des principes du Scot33
: la mise en place des liaisons vertes, éléments de structuration et de
mise en réseau de l’armature verte.
31 En droit des associations, une association loi 1901 est, en France, une association à but non lucratif qui relève de la loi du 1er juillet 1901 mise en place par
Waldeck-Rousseau et du décret du 16 août 1901 32 Laurence BERNE : Chargée d'études espaces naturels et agricoles au pôle Grands territoires en collaboration avec Joëlle DIANI, chargée de mission espaces
naturels et agricoles et Philippe MARY chargé d’études Scot et Inter-Scot au pôle Grands territoires 33 Mis en place par la loi SRU (Solidarité et renouvellement urbains), le SCOT - Schéma de cohérence territoriale - est un document de planification urbaine
déterminant, car il produit des effets juridiques vis-à-vis des futurs projets et des futures politiques à mettre en œuvre. Il remplace l’ancien Schéma directeur.
II. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 36
2.1.2 Le Scot de l’agglomération lyonnais
Depuis 2006, l’Agence d’urbanisme assure la maitrise d’œuvre du Scot (Maitrise d’ouvrage
SEPAL), qui devrait être adopté fin 2010. Le Scot de l’agglomération lyonnaise s’appliquera
ensuite aux communes du Grand Lyon ainsi qu’au 17 communes voisines de l’Est lyonnais et
du Val d’Ozon, soit 1,25 millions d’habitants pour 73 000 hectares.
Le territoire du SCOT de l’agglomération lyonnaise concentre ¾ de la population de l’aire
urbaine pour seulement 20% du territoire et accueille près de 80% des emplois de l’aire
urbaine (Cf annexe p107). Fortement urbanisé, ce territoire offre cependant des espaces
naturels et agricoles de qualité sur la moitié de sa surface. Il est d’ailleurs situé au contact de
trois « poumons verts » : les Monts du Lyonnais, la Dombes et la plaine du Bas Dauphiné (cf
figure 2 page 37).
Le SCOT vise à assurer une cohérence et un suivi des différents documents de planification
sectoriels (PDU34
, PLU, PLH, SDUC …), dans le respect des principes du développement
durable.
Il vise une organisation globale et intercommunale du cadre de vie : transport, habitat,
économie, éducation, culture, sport, santé, sécurité… Il permettra de préparer les conditions
de vie des habitants de l’agglomération lyonnaise, à l’horizon 2030, en termes de logements,
transports, emplois, commerces, éducation, santé et de loisirs.
Le Scot fixe une organisation multipolaire qui vise à localiser habitat, emplois et services dans
des polarités urbaines bien équipées et bien desservies, pour permettre une utilisation plus
économe de l’espace. Ainsi, le projet d’aménagement s’inscrit dans le développement durable
avec des choix stratégiques concernant le développement économique, le développement
résidentiel, la solidarité et l’environnement.
34 Plan de Déplacement Urbain, Plan Local d’Urbanisme, Plan Local de l’Habitat, Schéma Directeur d’Urbanisme Commerciale
Quelques chiffres Le périmètre du SCOT de
l’agglomération lyonnaise, c’est :
• 72 communes
• 73 000 ha
• 1 250 000 habitants
• 585 000 emplois
• 524 000 ménages
II. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 37
Ce dernier devient donc, par le Scot, facteur d’attractivité pour la métropole. La mise en
œuvre de la multipolarité s’appuie sur :
Le développement des transports en commun, notamment sur le « réseau fer (1)
Le maintien des espaces naturels et agricoles : protection et valorisation du « réseau
vert » et de l’ «armature verte » (2)
La valorisation du « réseau bleu », les fleuves dont les fonctions écologiques,
paysagères et économiques en font une composante majeure de l’armature du
territoire. (3)
Figure 2 : Les principales orientations du Scot de l’agglomération lyonnaise
1 2 3
II. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 38
La carte ci-dessus regroupe les principales orientations du Scot
35 de l’agglomération
lyonnaise:
La priorité au système RER et au désengorgement du nœud ferroviaire lyonnais
La constitution d’une « ville nature » aux espaces verts partout accessibles grâce
à leur mise en réseau : concept des liaisons vertes »
Des dispositions environnementales majeures telles que la préservation des corridors
écologiques ou encore la réduction des vitesses sur les voiries interurbaines
2.1.3 L’état des lieux du territoire
De 1955 à 2005, les espaces urbanisées sur l’aire métropolitaine de Lyon ont
considérablement augmenté, colonisant le centre vers la périphérie le long des grandes voies
de circulation. Elle conjugue les effets de l’étalement à une dispersion généralisée des terrains
urbanisés dans les sites naturels et agricoles de plus en plus éloignés des pôles urbains
principaux : développement concentrique en périphérie, développement axial autour des
voies, dispersion des constructions sur les sites naturels et agricoles à partir de petits pôles
urbains.
Figure 3 : Evolution de la consommation d’espaces urbanisés dans l’aire métropolitaine de Lyon
La diffusion de l’urbanisation à l’extérieur des territoires les plus centraux s’accélère
fortement au tournant des années 70. Ce mouvement concerne tout le territoire national. Les
communes les plus éloignées de Lyon connaissent une forte croissance, alors même que celles
du centre et de la première couronne (cf annexe p108) voient leur population stagner ou
régresser significativement, à partir des années 80. Cette tendance restera forte jusque dans les
années 90 qui seront marquées par un développement de la croissance urbaine amplifiée à
l’extérieur du Grand Lyon.
35 Fiche d’intervention du 19/05/2009
II. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 39
De plus, on observe ce phénomène de périurbanisation en analysant la part de maisons
construites. En effet, plus on s’éloigne du centre, plus la part de maisons dans la construction
augmente.
Ce phénomène s’est intensifié et éloigné de l’agglomération lyonnaise notamment sous l’effet
de la création du prêt à taux zéro (1995). Au sein de l’aire urbaine, la géographie des prix
présente une organisation concentrique. L’attrait croissant pour l’Est de l’aire urbaine et les
territoires de plus en plus lointain (30Km de Lyon et au delà), provient d’une offre foncière
plus abondante et encore bon marché.
Dans le Grand Lyon en 2005, 18,7% des constructions sont des maisons. Ce taux atteint
67,5% sur l’aire urbaine hors Grand Lyon. Il est intéressant de noter que l’habitat
pavillonnaire représente 21,7% du total d’artificialisation (58% de la surface) du Grand Lyon
et que l’habitat représente 12,1% de l’espace.
Cet étalement urbain est le fruit en autre du protectionnisme de la part du Grand Lyon sur ces
territoires par sa politique d’écologique. Au delà de son territoire l’urbanisation devient plus
lâche et moins contrôlée.
Cet étalement urbain a des effets négatifs : consommation forte des espaces naturels, perte
d’identité et dégradation des paysages, augmentation des déplacements et de la motorisation.
L’activité agricole, très présente dans l’espace, l’économie et la vie du territoire de l’aire
urbaine, est une valeur patrimoniale identitaire forte. Néanmoins, en 20 ans, l’aire urbaine a
perdu plus de 700 exploitations. L’extension urbaine et la forte pression sur les prix du foncier
agricole conduisent à un incessant recul de l’activité. Le maintien de cette activité en « porte
de ville » représente un défi pour les politiques d’aménagement du territoire.
En 12 ans, le territoire de l’aire urbaine a perdu 9% de sa SAU (prés de 1300 ha/an). La
pression urbaine en est la principale cause et imprime dans la trame verte des « traces »
irréversible. Mais la baisse de la surface agricole est moins rapide que celle des exploitations.
Celles-ci ont diminué de 32% entre 1988 à 2000 ce qui correspond à une perte annuelle de
plus de 136 exploitations. Ce repli est plus prononcé sur le territoire du Grand Lyon qui,
depuis 1988, a perdu 15% de sa SAU et 39% de ses exploitations.
II. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 40
LES PARCS ET JARDINS
Lyon entretient un rapport privilégié avec la nature en raison de sa configuration
géographique : outre ses deux collines et ses deux fleuves, la ville est entourée d'une
prestigieuse ceinture verte. Quel que soit l'endroit où l'on se trouve la nature est toujours toute
proche : les Monts d'Or, les Monts du Lyonnais et la Dombes, vallonnée et rafraîchie par de
nombreux étangs, sont autant de lieux à découvrir. L'agglomération recèle 3 grands parcs
urbains : le parc de la Tête d'Or dont les 105 hectares conçus sur le modèle du jardin anglais
intègrent un lac de 16 hectares créé à partir d'un bras du Rhône mais aussi un parc zoologique
et un jardin botanique ; le parc des Hauteurs dominant la ville et le parc du confluent à
Gerland, remarquable aménagement des berges du Rhône. En sortant de la ville, à quelques
minutes du centre, le parc de Miribel Jonage constitue une zone de loisirs qui offre de
nombreuses activités sportives et nautiques. Le parc de Lacroix-Laval offre un espace de 115
ha de verdure composé de futaies aux essences les plus variées et de vastes prairies, d'étangs
et d'une rivière. Le Parc Départemental de Parilly, situé aux frontières de Lyon, Bron et
Vénissieux, abrite un hippodrome et accueille lui aussi de nombreux visiteurs dans les allées
et ses multiples aires sportives. L’affluence de ces espaces est phénoménal et amène une offre
de nature de proximité et récréative saturée :
Parc de la Tète d’Or : plus de 3 000 000 visiteurs par an jusqu'à 65 000 visiteurs les
jours d'affluence
Parc nature de Miribel Jonage : 4 million de visiteurs/an, 2.5 million de visiteurs sur
les 3 mois d’été et 55 000 visiteurs/jour.
Plateau des Grandes terres (Corbas, Feyzin, Vénissieux) : 1152 visiteurs sur 10
journées d’observation au printemps/été 2004.
Les parcs urbains et périurbains actuels ne pouvant plus faire face à la demande croissante de
la société urbaine, il devient indispensable de mettre en réseau les espaces proches et de
localiser de nouveaux sites et espaces permettant notamment un rééquilibrage vers le sud et
l’est. Il est incontestable que ce « réseau vert » acquiert sa force et sa valeur grâce à la
continuité, aux connexions entre la trame verte, la couronne et les cœurs verts (cf figure 4).
Les liaisons entre les parcs (Miribel-Jonage, Lacroix-Laval, Tête d’Or, Gerland, Feyssine,
Parilly, Hauteurs, Berges du Rhône), la ceinture verte et les cœurs verts permettraient de
passer d’un usage intensif d’un nombre limité d’espaces à un usage extensif d’un réseau
beaucoup plus étendu : ces liaisons sont les liaisons vertes (cf page 69).
II. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 41
Figure 4 : La ceinture verte, les cœurs verts et les parcs de l’agglomération lyonnaise
2.2 Les nouveaux enjeux
2.2.1 Un nouveau contexte urbain
L’évolution des relations homme/nature en milieu urbain est à la fois profonde et récente. Les
données de sociologie et de géographie montrent clairement l’évolution des idées et des
structures, et l’abolition des « systèmes » (système rural, système urbain) qui enfermaient
usage et pouvoir dans des cadres précis. Les perceptions et les appréciations par l’homme du
« naturel » d’une part, et la multiplication des moyens de transports qui permettent une autre
notion et pratiques des distances, d’autre part, ont façonné des paysages complexes où ville et
campagne s’interpénètrent. Toute la ville n’est pas bouleversée, les centres villes et
péricentres gardent tout leur caractère de zones artificielles bâties et aménagées ; toute ruralité
n’est pas bouleversée, de grandes régions conservent un fonctionnement agricole ; mais une
large frange mixant ville (intégrant un périurbain rural jusqu’à souvent plus de 20 Km de la
ville) sont ces nouveaux paysages. Nouveaux paysages qui deviennent de plus en plus
importants avec l’extraordinaire croissance des villes, les bourgs devenant villes devenant
mégalopoles, car l’expansion est avant tout spatiale, avant d’être celle du nombre d’habitants.
En traçant le périmètre des 354 aires urbaines en 1999, l’Insee souligne que l’espace à
dominante urbaine concentre les trois quarts de la population française, soit 48 millions de
personnes.
Aujourd’hui, quatre Français sur cinq habitent dans un pôle urbain (ville comptant au
minimum 5 000 emplois). L’ancienne opposition ville-campagne s’estompe progressivement
au profit d’une nouvelle ligne de partage entre l’artifice et la nature36
.
36 Article paru dans la revue Techni-Cités n° 28 du 23 avril 2002
II. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 42
a. Nouveaux désirs du citadin
Si les Français reconnaissent volontiers que la qualité de la vie s'est améliorée depuis les
années 1990, ils déplorent de ne pas avoir suffisamment d'espaces verts à proximité de leur
logement. C'est l'un des faits marquants de l'urbanisme actuel : les Français manifestent
clairement leur quête de verdure d'autant plus qu'ils vivent dans une grande ville (cf figure 5).
Les ménages résidant en immeuble collectif ressentent plus que d'autres l'absence de nature.
Dès la naissance du premier enfant, les jeunes ménages, les familles à l’étroit dans leur
appartement quittent les villes centres ou les banlieues fortement urbanisées pour les
couronnes périurbaines afin d’occuper des logements plus spacieux et d’accéder à la maison
individuelle dotée d’un jardin. Insécurité, stress, pollution, cherté du logement, anonymat sont
les maux couramment évoqués par les « accourus », c’est-à-dire d’anciens citadins en mal de
verdure. Quatre motivations sont fréquemment évoquées par ces nouveaux migrants :
la recherche d’une meilleure qualité de vie qu’il ne trouve plus en ville ;
l’envie d’habiter une maison attenante à un jardin privatif, bien exposée, protégée des
bruits extérieurs et des nuisances urbaines ;
le souhait de vivre dans un village authentique bénéficiant de toutes les commodités,
proche d’une ville rapidement accessible ;
le désir de retrouver ses lointaines racines rurales et de maintenir un lien fécond avec
la nature.
Avoir des espaces verts à proximité
Pouvoir habiter près de votre lieu de
travail
Pouvoir devenir propriétaire
Avoir un logement plus accessible
Pouvoir facilement sortir au cinéma, au
restaurant, faire du sport
Habiter en dehors de la ville
Avoir des transports en commun
pratiques dans l’agglomération
Avoir des commerces à proximité
Figure 5: Les Français veulent des espaces verts de proximité (source CSA Opinion, 1999, en % de personnes sondées)
II. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 43
Les perceptions de la nature sont en train de changer. La dernière enquête disponible réalisée
par le bureau d'études Tremplin-Protocoles, en 2003, confirme cette lame de fond : 84 % des
Français estiment qu'il faut créer davantage de jardins et de parcs en milieu urbain.
La notion de proximité semble importante et appelle d’autres formes que seulement quelques
jardins publics éloignés les uns des autres. Un travail rapporté par Lapoix (1991) qui
concerne les relations entre l’état de santé de l’homme et celui de la ville (étude
MAB/UNESCO « Qualité de la Vie, qualité de la ville ») souligne également l’importance de
la relation à la nature dans la sociabilité urbaine. La notion de service rendu par la nature dans
la ville est souvent posée mais reste toujours délicate à inventorier si elle est exprimée
uniquement par une visée économique. Les citoyens savent bien tout cela et avec l’inquiétude
du réchauffement climatique, les ombrages des arbres vont devenir une demande encore plus
pressante dans toutes les villes (c’est déjà largement une justification dans les villes du sud) et
les surfaces d’infiltration des eaux de pluie, une obligation. Les aspirations des citadins
portent sur le modelage des paysages urbains, pas seulement sur la gestion des espaces
plantés. Enfin, utilisés comme lieux de rassemblements festifs, les espaces verts sont facteurs
de mixité sociale, de convivialité à l’occasion de repas et de spectacles.
b. Nouveaux territoires
La ville est multiforme mais la ville « archipel 37
» définie par Yves Chalas (2002) devient une
réalité applicable a beaucoup de cas. Cette ville émergeante n’est plus continue, elle ne
s’étend pas contre la campagne et la nature mais au contraire, elle les intègre à son
fonctionnement. Le territoire de cette ville peut être largement rural puisqu’on peut être
urbain en vivant à l’extérieur de la ville grâce aux transports et aux moyens de
télécommunication. Cette ville-territoire est d’ailleurs souvent de plusieurs villes. Elle
suppose aussi une ville-nature qui ne se réduit plus aux parc et jardins récréatifs mais qui
implique une pratique de cette nature, une campagne vécue. Les services municipaux de
certaines villes parlent non seulement de la qualité du cadre de vie mais aussi aujourd’hui
aussi des possibilités pour le citadin de « s’approprier et d’user de la nature ».
De ce fait, les espaces deviennent multifonctionnels. Dans un tel contexte, les travaux de
Donadieu et Fleury (1997, 2004) montrent comment un espace agricole d’une boucle de la
seine peut évoluer vers un « parc de campagne » où des relations de loisirs de proximité sont
37 Le modèle de « Ville Archipel » permet de conjuguer trois objectifs stratégiques : le rayonnement métropolitain, les fonctions de centralité et la logique de
proximité. Ce modèle qui s’inspire du polycentrisme préserve l’alternance ville/ campagne et donne vie à la notion de ville des proximités favorisant la mise en
réseau des communes périphériques. Cet équilibre entre le développement et la préservation des espaces naturels est au service des habitants qui vivent dans ce
territoire où la qualité de vie est reconnue. Basée sur les solidarités, la cohésion et la mobilité, la ville archipel structure le territoire durable, la ville durable pour
tous.
II. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 44
intégrées aux espaces de production agricole. A l’opposé d’un zonage entre agriculture et
ville, il est suggéré une campagne urbaine, construite, habitée et cultivée. Ce « ne sont ni des
vides, ni des coupures entre les communes : au contraire, ce sont des pleins, le « ciment » sur
lequel s'est fait le développement partagé du territoire ». Un travail comparatif récent réalisé
dans l’agglomération de Rome (Sorace, 2001) montre qu’un site agricole urbain est un
meilleur choix qu’un parc urbain pour augmenter une faune sauvage évaluée à travers les
communautés d’oiseaux et de micromammifères.
Les paysagistes qui ont repris aussi le terme d’écologie, passent progressivement d’un
aménagement des formes (dans un but esthétique essentiellement) à l’intégration de biotopes,
comme c’est le cas dans plusieurs projets d’habitats ou de réhabilitations industrielles dans la
Ruhr (Peter Latz in Masboungi, 2002). La Trame paysagère de la ville-archipel est l’addition
et la mise en réseau des espaces non bâtis qui font la ville intercommunale, qui l’organisent et
la structurent : espaces agricoles, bois, rivières, espaces inondables, espaces de respiration (ou
coupures d’urbanisation), espaces patrimoniaux et corridors écologiques. La Trame paysagère
doit intégrer les circulations douces, les points de franchissements des infrastructures qui
forment des coupures, afin de garantir la mise en réseau de ces espaces au bénéfice des
habitants, ainsi que des plantes et des animaux. A l’échelle intercommunale de
l’agglomération, le concept de Trame paysagère prend finalement le relais de celui de «
ceinture verte », qui reste mieux adapté à l’échelle locale d’un site. Les SCOT sont les
instruments privilégiés de définition de la Trame paysagère intercommunale (cf Scot de lyon
page 62).
Pourtant, dans les faits, bon nombre de plans d’urbanisme restent sur des procédures
simplistes où les projets architecturaux sont les plus importants que la réflexion sur
l’organisation et l’intégration des occupations du sol. Le changement d’échelle nécessaire à
la prise en compte de façon durable des relations environnementales, économiques et sociales
reste difficile.
c. Nouvelles règles
Pourtant l’émergence du concept de développement durable a marqué une rupture
considérable avec l’époque précédente. Apparue lors de la conférence de Stockholm sur
l’Environnement en 1972, la définition du terme de développement durable qui a été retenue
La ville-archipel ne prône pas en effet une dilution du bâti dans le non bâti (ou l’inverse), mais
une claire organisation entre densité bâtie et densité de nature, à l’échelle de la perception
sensible. Densifier et protéger : la décantation nécessaire du territoire
II. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 45
est celle donnée par Brundtland (1987) : « le développement durable répond aux besoins des
générations présentes sans compromettre ceux des générations futures ». Le sommet de Rio
en 1992 a fixé, notamment à travers le concept d’Agenda 21, les différents objectifs en
matière de développement durable. Parmi ceux-ci, les responsabilités qui incombent aux
collectivités locales, ont été établies (Agenda 21 locaux) et ont abouti à la création d’un
réseau de villes durables qui s’est consolidé au fur et à mesure des conférences européennes.
Les villes françaises n’ont réagi qu’après un appel à projet du ministère de l’Aménagement et
du territoire en 1997 ; en 1999, seulement 51 projets d’Agenda 21 locaux étaient déposés. En
fait, beaucoup plus de villes se sont investies dans la Charte d’Environnement (ou charte
d’écologie urbaine) qui correspond à une première étape vers l’Agenda 21 local. Il s’agit alors
plus d’un guide d’action que les collectivités définissent elles-mêmes et contractualisent avec
le ministère de l’Environnement.
D’un point de vue législatif, le principe de développement durable a été consacré à travers la
loi d’Orientation sur l’Aménagement et le Développement Durable (LOADDT) de 1999.
Cette loi tend à donner des outils contractuels à l’initiative locale des agglomérations ou des
pays pour qu’ils élaborent des projets de développement en cohérence avec l’agenda 21. La
loi de Solidarité et Renouvellement Urbain (SRU) qui suit en décembre 2000 donne un cadre
juridique aux politiques d’aménagement en s’appuyant sur les principes du développement
durable et sur l’exigence de mixité sociale. Elle définit notamment de nouveaux Schémas
Directeurs, les Schémas de Cohérence Territoriale (SCOT), dont un des objectifs est de mettre
en cohérence les politiques sectorielles sur un ensemble de plusieurs communes et d’assurer
l’équilibre entre les zones urbanisées et les zones naturelles ou agricoles. La transformation
des Plans d’Occupation du Sol (POS) en Plan Local d’Urbanisme (PLU) doit également
répondre aux nouveaux enjeux de renouvellement urbain et de la mixité sociale. Le PLU
dépasse donc le droit des sols pour intégrer en plus un projet d’aménagement et de
développement durable (PADD) pour la commune.
Il existe aujourd’hui donc un contexte très propice à une gestion de l’espace à la fois plus
intégrante et plus cohérente sur des plus larges territoires qui aboutit à toute une série de
questions sur le fonctionnement et les stratégies de gestion de la part des collectivités.
II. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 46
2.2.2 Le marketing territorial
a. Les espaces verts urbains sont-ils un facteur de choix résidentiel ?
Derrière l’évolution du rapport ville-nature, se jouent des revalorisations territoriales, des
opportunités de développement, des enjeux d’équité sociale, des défis environnementaux, des
identités culturelles locales ou régionales. Tout ce qui a une valeur peut faire l’objet de
captation, de privatisation, de ghettoïsation. La nature n’est pas en reste. Les nouvelles formes
de valorisation de la nature redistribuent les cartes de la valeur foncière, de la ségrégation
spatiale, de la qualité de vie.
Comment faire pour que la protection de la nature ne fasse pas de l’inflation des prix
immobiliers et de l’exclusion sociale ?
Désormais, les urbains veulent faire pénétrer la nature en ville, ils protègent les espaces
interstitiels, les espaces agricoles périurbains, les coulées vertes (cf figure 6 ci-dessous). La
tentation est grande de classer inconstructibles les espaces naturels restants pour éviter de
payer le foncier au prix du terrain à bâtir. Ainsi, le propriétaire situé en zone constructible, en
limite d’un espace naturel protégé, bénéficie d’une vue qui constitue une rente, intégrée dans
la valeur de sa propriété bien qu’elle provienne de l’espace voisin.
Les projets de préservation de la nature en ville inventent de nouvelles négociations avec les
agriculteurs et les propriétaires d’espaces naturels. Les projets de reconversion de sites
naturels et de friches urbaines expérimentent de nouvelles façons de produire de la valeur, de
la financer, de récupérer les plus-values dans l’opération. Ils anticipent l’effet de valorisation
sur l’exclusion sociale des populations et prévoient le maintien sur place des habitants.
Figure 6 : Critères de choix du logement cités par les personnes
interrogées dans l’enquête de S. Gueymard
II. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 47
Concevoir un projet à partir de l’élément naturel inverse l’ordre habituel des interventions. La
nature n’est plus l’espace d’accompagnement des projets, mais l’architecture préalable aux
projets.
Dans un article de l’express du 5 septembre 2005, Philippe Fertoret, responsable de la régie
Lyonnaise confirme cette aspiration à plus de nature dans l’habitat «l’appel du vert fonctionne
à plein et le jardin est l’objet de toutes les convoitises. Ce qui se développe le plus, c’est
l’appartement –maison à un étage avec un bout de terrain. Les gens veulent au minimum une
terrasse, un balcon ou un peu de pelouse ». L’étude sur l’attractivité résidentielle dans le
territoire du Scot de l’agglomération lyonnaise conduite en 2004 pour le compte du Grand
Lyon, de la DDE et de SEPAL montre que l’appartement terrasse est privilégié par 77 % des
1150 personnes interrogées. Le naturel, le végétal, l'organique deviennent des éléments
incontournables dans l'habitat38
.
Le centre aéré de Caluire est un bel exemple de construction en lien avec un environnement
d’exception39
. Antoine Gaillard, cabinet d’architecture Richard Plottier, relate l’évolution du
projet, significative de cette préoccupation de prise en compte des éléments naturels en centre
urbain : «Nous avons donc particulièrement travaillé à l’interface entre le bâti et le site, sur
les vues, à la prise en compte de la pente, des végétaux. Nous avons voulu conjuguer un effet
intérieur « cocon » avec une relation au végétal, à l’extérieur. Dans la construction de
logements, on va rechercher à donner à l’extérieur ce qu’il n’y a pas à l’intérieur, d’où la
création de terrasses plantées…Cette attention portée à l’extérieur est telle qu’on parle même
de bâti planté… »
b. Entre protection et projet marketing : l’exemple du V.VERT
En vue d’augmenter la présence d’espaces verts, les pouvoirs publics estiment opportun de
mettre en place une politique de verdissement et de reconquête du paysage : « c’est le moyen
de hausser la qualité d’un espace appauvri par l’urbanisation récente, et de constituer, avec
des équipements de loisirs tels que golfs, parcs urbains, itinéraires de promenades, le cadre
attractif qui doit accompagner les développements urbains prévus » (Jean-Philippe
HUERTAS, 2008)40
.
38 Source : La végétalisation verticale s'implante à Paris - La Gazette des Communes - 17/01/05 Les architectes adorent les murs végétaux - Management - février
2005 Balades d'archi - l'Expressmag - 11/10/04 L'immeuble aux 379 bambous – Le Moniteur du BTP - 11/06/04. 39 Entretient de Millénaire 3 et Catherine Panassier, 2006 40 Source : Le mémoire de fin d’études, rédigé par Jean-Philippe HUERTAS, élève ingénieur à l’École nationale des travaux publics de l’État
II. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 48
Un tracé en forme de V prend le nom
de « V-Vert », c’est une zone
soustraite à l’urbanisation, en qualité
de patrimoine d’intérêt écologique et
paysager. Il est composé d’une
branche nord s’adossant sur les
communes de Décines-Charpieu,
Genas et Meyzieu ; une branche sud
s’appuyant sur les communes de Bron
et de Saint-Priest. Le parc
départemental de Parilly, les forts de
Bron et de Saint-Priest, le golf de Chassieu constituent des « cœurs de nature », autrement dit
des espaces verts préexistants autour desquels s’articule une trame verte plus ou moins lâche.
La trame verte organisée « en pas japonais » va peu à peu être confortée par des plantations
arborées pour créer des liaisons vertes fonctionnelles entre les « réservoirs de nature »,
notamment entre le fort de Saint-Priest et le parc de Parilly (cf figure 7 ci-dessus). Certains
épaississements du trait de crayon prennent corps sur le terrain : la plantation de la forêt des
Hauts de Feuilly dont la gestion est confiée à l’Office national des forêts en est l’illustration la
plus aboutie.
Malgré une vocation écologique (préfiguration des corridors écologiques) du V-vert de l’Est
lyonnais, la technopole de la Portes des Alpes fût créée. Depuis quelques années déjà, sa
vocation dans les textes de planification était difficilement discernable : zone naturelle
protégée pour sa qualité écologique ou espace vert destiné à donner de la valeur à
l’urbanisation alentour. La naissance du V-vert a eu lieu, mais elle est restée basée sur une
ambigüité durable entre protection du patrimoine naturel et agricole et urbanisation paysagée.
Pour légitimer l’urbanisation du V-vert, le Grand Lyon avance l’argument du développement
durable : il faut associer développement économique, développement social et protection de
l’environnement. Il semble que le parti préconisé soit une urbanisation raisonnée et «
paysagée ».
Dans l’objectif de développer le paysage, 40 hectares de forêt ont été plantés au début des
années 2000 sur le pourtour de la technopôle. Géré par l’ONF, cet espace permet l’insertion
paysagère de la technopole dans son environnement : la forêt de Feuilly.
Figure 7 : Coulée verte du V-vert sud, panneau
d’information dans la forêt de Feuilly
II. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 49
Le Grand Lyon et la technopole Porte des alpes, se défendent d’urbaniser un espace de nature
en arguant son caractère HQE, la faiblesse de la densité, la part de l’occupation du sol
réservée aux espaces verts41
. Ceci est pourtant en contradiction avec les orientations de la «
ville compacte » comme réponse à la crise environnementale. La technopôle participe t’elle à
l’étalement urbain ?
La première chose que l’on peut noter, c’est qu’il a permis de limiter l’urbanisation diffuse
des périmètres et la préservation d’une agriculture périurbaine, notamment au niveau de la
branche nord. A l’échelle du Grand Lyon, un total de 2000 hectares a été rétro-zoné
d’«urbanisable» à «naturel ».
Les représentants du Grand Lyon insistent sur le fait que la technopole Porte des Alpes fait
partie intégrante du V-vert en raison de son fort caractère paysager, même si elle comporte
des nombreuses industries et établissements tertiaires. Les associations expliquent en
revanche que ce projet a complètement dénaturé le V-vert sud, celui-ci étant voué à
disparaître prochainement sous l’impact de l’urbanisation.
La démarche de création de nouveaux espaces verts tels que le V-vert est bien une démarche
marketing urbain: il s’agit d’améliorer l’image du territoire en formalisant l’ensemble des
actions sous un même patronyme. En améliorant l’image de l’Est Lyonnais auprès du grand
public, on crée l’envie d’y habiter ou d’y travailler. Dans l'espace mondialisé, avec
l'importance croissante du phénomène de métropolisation, l'enjeu pour les villes consiste à
attirer les hommes et les capitaux pour conforter leur croissance.
La notion de cadre de vie et de protection de l’environnement devenant des problématiques
majeurs dans le monde d’aujourd’hui, une ville qui joue la carte de la ville « verte » en tirera
forcement une image avantageuse sur la scène nationale et internationale.
Le projet de grand stade « OL LAND » vient compliquer la situation au niveau du V-vert
nord, et nourrit la polémique entre acteurs institutionnels, associations et habitants. Le Grand-
Lyon et l’agence d’urbanisme envisagent la probable installation de l’OL LAND comme un
possible moteur pour l’aménagement de cette zone. Aujourd’hui délaissée car considérée
comme un non-enjeu, le V-vert nord pourrait profiter de l’attrait nouveau engendré par le
grand stade par la mise en place d’aménagement paysager de grande ampleur.
Les associations locales telles que l’ADDEL et Chassieu Environnement redoutent que le V-
vert soit urbanisé progressivement dans les dix ans à venir
41 Entretient Stéphane MAZEREEL, grand Lyon et Jean-Philippe HUERTAS
II. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 50
2.2.3 Des réponses foisonnantes face à cette demande de nature
a. Les jardins partagés : lieu de réappropriation de l’espace commun
Depuis une petite dizaine d'années, la plupart des initiatives visibles correspondent à la
création de jardins familiaux ou partagés42
. Initiatives spontanées accompagnées par des
structures associatives en partenariats avec la ville et ses services, ces jardins se multiplient
dans les coins les plus incongrus de la ville43
. Leur grande diversité permet toutefois
d’observer des bénéfices communs44
. Comptent ainsi parmi les grands atouts de ces initiatives
: l’amélioration de la diversité de l’alimentation et une économie (pour les potagers
essentiellement), des temps forts de sociabilité (échanges de savoir-faire, coups de mains, le
jardin devient un espace extérieur pour des repas collectifs improvisés…), une vie publique
enrichie (le jardin est un lieu de promenade, souvent respecté par tous…), un facteur de
socialisation des jeunes (notamment par une approche valorisée de la valeur travail même
lorsqu’ils ne fréquentent pas le lieu), et d’autres bénéfices plus évidents et non moins
importants, individuels, collectifs ou interpersonnels, comme le plaisir de la récolte, la
possibilité d’offrir des légumes (partage), mais aussi des fleurs dont la valeur esthétique se
double d’une valeur affective. C’est ainsi souvent la sphère privée (la famille, la personne),
mais aussi la sphère publique qui se trouve consolidée par les jardins collectifs qu’ils soient
familiaux ou à vocation d’insertion45
.
Plusieurs institutions (Grand Lyon, bailleurs sociaux, communes...) concourent au
développement de l'offre de jardins familiaux et partagés, sous diverses formes : jardins
collectifs, pédagogiques, communautaires, d'insertion… Dans l'agglomération c'est
essentiellement l'association le Passe-Jardins qui accompagne les projets de jardins partagés46
sur les plans méthodologiques, techniques et administratifs. Une dizaine d'hectares de
nouveaux jardins sont d'ailleurs prévus sur les communes de Feyzin, Rillieux, Saint-Priest,
Vaulx-en-Velin, Vénissieux, Villeurbanne. Le Grand Lyon compte en septembre 2005, 47
jardins partagés répartis sur son territoire : 9 jardins partagés en pied d'immeuble, 21 jardins
pédagogiques, 10 jardins collectifs d'habitants, 6 jardins d'insertion et 1 jardin nomade.
42 Le premier jardin partagé est le Vert Luizet, créé à Villeurbanne en 1998 en lieu et place d'un futur immeuble. Une fois constitué, l'importance de cet espace
pour ses usagers a contraint la mairie à leur trouver un nouvel endroit où installer leur jardin. Aujourd'hui, on compte une soixante de jardins partagés dans
l'ensemble de l'agglomération dont la moitié a pour vocation l'éducation à l'environnement (jardins pédagogiques dans des écoles, centres de loisirs). La surface
totale de ces jardins s'élève environ à 30 000 m². Les plus grands étant les jardins d'insertion. 43 Parmi les nouvelles initiatives en lien avec la nature en ville se distinguent quelques actions très originales comme celles de l’association Jardingue, jardin
collectif dans le 5è arrondissement de Lyon qui fleurit les fissures au milieu du bitume, ou le jardin Brin d’Guill, concept de jardin nomade, qui se déplace en
fonction de l’avancement d’un projet immobilier du 7è arrondissement. 44 L'ensemble de ces jardins a été présenté dans l'annuaire des jardins partagés réalisés par l'association le Passe-Jardins, édité par le Grand Lyon. 45 Jardinage et développement social –Le jardin dans tous ses états, guide méthodologique 46 cf. Interview de Bernard Justet, Président de l'association des jardins familiaux du Fort de Bron, propos reccueillis par Sandra Decelle, novembre 2005.
www.millenaire3.com
II. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 51
Ces jardins témoignent d’une réappropriation du terrain collectif qui s’accompagne d’une
véritable valorisation. Le terrain collectif n’est plus seulement l’affaire des collectivités
territoriales, elle est aussi celle de chacun. Ainsi, comme le dit Catherine Creuse,
coordinatrice du Passe-Jardins, relais du réseau Le Jardin dans Tous ses États, «un jardin
partagé, c’est aussi laisser ses habitants se saisir de leur territoire » et « le jardin est à la fois
un prétexte pour se rencontrer et pour être acteur de son environnement ». C’est donc la
collectivité, dans son soutien à ses initiatives qui légitime cette appropriation et la favorise.
Elle permet en tout cas de faire naître le désir chez les habitants, la volonté politique chez les
élus et l'orchestration, le conseil et l'accompagnement par les associations ou les fédérations
impliquées et spécialisées, de garantir la réussite d’un projet de jardin collectif.
b. Projet nature et Charte de l’arbre
Le Grand Lyon a mis en place la politique des « Projet Nature ». C’est un « outil de gestion
durable et de mise en valeur des espaces de la trame verte, un instrument financier, un espace
de concertation »47
Il s’agit d’une politique de gestion des espaces vert en collaboration avec d’autres acteurs
institutionnels : le conseil général du Rhône et les communes concernées par les projets
nature. Ce sont les communes qui doivent initier le processus de projet nature. Elles sont alors
soutenues financièrement et logistiquement par le Grand Lyon et le conseil général pour la
mise en place du projet. Les « projets nature » du grand Lyon font l’objet d’une charte de
gestion qui est censée assurer leur pérennité. Les principes des chartes de gestion sont les
suivants, déclinés en plans annuels : La préservation, pour maîtriser l’étalement urbain
Les sites les plus sensibles sont protégés par acquisition, par convention amiable ou par le
biais des documents d’urbanisme. La valorisation de la diversité
Des actions sont menées pour maintenir des paysages variés sur le territoire, et pour aider au
maintien de l’agriculture.
La gestion et l’entretien
Les zones agricoles : des contrats sont signées avec les agriculteurs pour l’entretien des
parcelles peu rentables ou pour des restaurations paysagères. Les espaces naturels : ils sont
nettoyés et entretenus par les communes et les Brigades vertes du Département du Rhône.
47 Guide nature du Grand Lyon
II. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 52
L’accueil et la sensibilisation du public
Dans le cadre de ses Projets Nature, le Grand Lyon a créé 24 sentiers de promenade,
permettant une ouverture raisonnée des milieux naturels au plus grand nombre de citadins : La
fréquentation anarchique est contrôlée.
Le territoire du V-vert dispose d’un projet nature au niveau de sa branche nord, sur les
communes de Decines-Charpieu et Chassieu. Il s’agit du projet nature des « collines de l’est
». Le projet nature des collines de l’est lyonnais s‘est donné comme objectifs de sensibiliser le
public à la fonction de l’agriculture périurbaine, d’aider au maintien de l‘agriculture dans la
plaine de l’est lyonnais et de favoriser la fréquentation de cet espace par le public tout en
préservant les cultures. La maîtrise d’ouvrage du projet est portée par la commune de
Décines- Charpieu après accord et délégation faite par la commune de Chassieu dans le cadre
d’une convention les liant. Le financement de l’ensemble des opérations (par exemple achat
de parcelles, démolition de bâtiments agricoles, viabilisation de sentier), sont financés à
hauteur de 40% pour le Grand Lyon, 40 % pour le conseil général, 10% par commune
concernées. Ce dernier objectif est permis par la mise en place de sentiers piétonniers ; ici, le
sentier du Tournesol.
La charte de l’arbre du Grand Lyon : un outil pour respecter la biodiversité
L’arbre urbain, l’hôte privilégié du Grand Lyon48
, cristallise à la fois les attentes sociales
fortes et des réactions affectives aigües révélant un attachement profond de la population,
mais aussi parfois une méconnaissance de cet acteur incontournable de notre cadre de vie.
Afin de préserver les arbres de l’agglomération mais aussi de mieux les faire connaître, le
Grand Lyon a adopté une charte de l’arbre en 2000. L’élaboration de la charte est fondée sur
un état des lieux précis et sur l’identification des enjeux concernant la présence de l’arbre en
ville (ses vertus, une situation sanitaire préoccupante).
A partir de ces connaissances et de leurs analyse, cinq principes fondamentaux ont été définis
afin de devenir le socle des plantations de demain (intégrer l’arbre dans les paysages – la
diversité, enjeu esthétique, écologique et culturel – la permanence ; pour un paysage attrayant
tout au long de l’année – la durée, faire du temps un allié – la maîtrise des dépenses
publiques). Une vingtaine de fiches actions permettent de protéger l’arbre en ville, de
concevoir les futures plantations pour développer harmonieusement l’arbre dans la cité,
informer et sensibiliser le public.
48 Charte de l’arbre, Communauté Urbaine de Lyon, Direction de la voierie, unité des arbres et paysages, 2000
II. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 53
2.3 40 ans de planification au service du vert (Inversion de regard)
L’espace vert se situe historiquement dans le contexte de l'histoire des jardins et se rapporte à
des conceptions héritées, dans le domaine de l'urbanisme, des hygiénistes du XIXe siècle qui
se souciaient de dé-densifier l'espace urbain pour que les habitations (et les habitants) aient
accès au soleil et à l'air pur. Le Corbusier reprit cette idée dans sa Charte d'Athènes en 1943.
En 1933 au Congrès international d'architecture moderne (CIAM) d'Athènes, il affirme : « Les
matériaux de l'urbanisme sont le soleil, l'espace, les arbres, l'acier et le ciment armé, dans cet
ordre et dans cette hiérarchie. » Par conséquent, les "espaces verts" sont nés sous l'égide de
la volonté de donner une plus grande place à la nature au sein même de la ville, ce que les
politiques urbaines ont consacré depuis les années 1950 en affectant une certaine part de
l'espace à la création d'espaces non bâtis, "libres", généralement plantés, donc "verts".
2.3.1 Historique des concepts de la planification verte face a la croissance urbaine : Une
évolution de la perception
a. Les débuts des réflexions sur les espaces verts pendant la première partie
du XXe siècle
Au début du XXe siècle, Lyon connait une croissance urbaine rapide et continue qui
submerge les tentatives des services techniques. Mais déjà des critiques fusent sur la situation
lyonnaise en déplorant « le manque d’air pur, de jour, de la verdure, des squares pour les
amusements d’enfants et pour les promenades des habitants comme cela se pratique ailleurs,
comme le commande l’hygiène » par la revue Construction Lyonnaise.
Dés 1911, la société française des urbanistes est fondée, regroupant architectes, ingénieures et
paysagistes, qui avait déjà pour but de « réaliser des études en commun des questions
relatives à la construction et à l'amélioration des agglomérations urbaines et rurales ainsi
que le développement de cette science49
».
Ces techniciens participaient au sein du Musée Social sous la direction de Jules Siegfried, à la
préparation du texte qui devint la première loi française sur "l'Aménagement,
l'embellissement et l'extension des villes50
" et fut l’occasion en 1910 de la naissance du mot
« urbanisme » en France (C.DELFANTE, A.DALLY-MARTIN, 1994).
Cette loi précise que toute commune de plus de 10 000 habitants est tenue d’établir des projets
d’aménagement, d’extension et d’embellissement des villes constitués d'un plan et d'un
programme de servitudes. Le plan délimitait les éléments de la voirie, les places, les jardins,
49 Site internet de la Société Française des Urbanistes : www.urbanistes.com/page-4.html 50 Loi "Cornudet" du 14 Mars 1919 et modification du 19 juillet 1924
II. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 54
les réserves boisées et les emplacements réservés aux services publics. Le programme de
servitude constituait la partie réglementaire du document, il permettait d'assurer le respect des
dispositions du projet en fixant la nature et les conditions d'implantation des constructions de
chaque zone nécessaire à la beauté, à la salubrité et à l’assainissement de la ville51
.De plus,
elle expose pour la première fois la nécessité dans un contexte de croissance urbaine forte, de
planifier les espaces non-construits, destinés à la détente. La participation de Jean Claude
Forestier à la rédaction de la loi sur les plans d’extension et d’embellissement est
certainement capitale par la vision qu’il apporte car dans le cas lyonnais des similitudes plus
ou moins fortes ont été observé au fil des documents de planification urbaine. Il publie en
1908 « Grandes villes et systèmes de parcs » dans lequel il théorise un système hiérarchisé
d’espaces végétaux structurant la croissance urbaine (J.FORESTIER, 1997). Forestier prend
conscience de la nécessité de programmer un système de parcs, de jardins, la protection des
paysages et la constitution de grandes réserves foncières en prévision d’une extension urbaine
future face à la situation parisienne « endormie après l’effort admirable d’Haussmann et
d’Alphand52
qui nous faisait croire à la réalisation de la cité parfaite. »
Le système de parc entend d’une part apporter un palliatif à la croissance urbaine et à la
nécessité de vivre en ville et d’autre part être constitué d’un réseau complexe et hiérarchisé.
Ce système regroupe 5 éléments :
Les grandes réserves et les paysages (reste dans leur état initial ex des bois, pâturages,
rivières…)
Les parcs suburbains (déterminés selon les besoins de la ville et régulièrement
répartis)
Les grands parcs urbains (embellissement de la ville et de son hygiène)
Les petits parcs-les jardins de quartier (purs ornements de verdure)
Les avenues de promenades (liaisons à tout l’ensemble) ; Eléments essentiels (supra :
liaisons vertes) pour mettre en valeur les points de vue, les bords de rivière, les
paysages intéressants ou pittoresques.
51 Site de l’Université Lumière Lyon 2 : http://doc-iep.univ-lyon2.fr/Ressources/Documents/Etudiants/Memoires/MSPCP/fenestref/these_front.html 52 Jean-Charles Adolphe Alphand (1817-1891) : il concentre les instruments nécessaires à la maîtrise de l’espace bâti, planté, voirie et réseau ferré. Ses travaux
vont accompagner les grandes percées du préfet Haussmann.
II. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 55
b. L’intégration des espaces naturels dans l’urbanisme par Le Corbusier
Le Corbusier53
dès 1925 déclarait « il faut planter des arbres ! L’arbre s’offre pour notre
bien-être physique et spirituel.» La ville moderne s’inscrit en contraste avec la ville
traditionnelle qui ne fait qu’accroitre sa densité aux dépens « des plantations qui sont le
poumon de la ville » ; « la ville de demain peut vivre totalement au milieu des verdures » ;
qui relève déjà une vision très forte sur l’espace vert dans l’urbanisme. Suite au congrès
d’urbanisme de Strasbourg de 1923, Le Corbusier pose les quatre principes de l’urbanisme
moderne (Le Corbusier, 1925) :
Décongestionner le centre des villes
Accroître leur densité
Développer les moyens de circulation
Augmenter les surfaces plantées pour assurer une hygiène suffisante et un calme utile
au travail.
L’idée de « ville verte » est déjà largement développée ainsi les centres villes voient leur
densité s’élever tout en augmentant leurs surfaces plantées avec la typologie de 3 type
d’habitat : le gratte ciel, les immeubles et la cité-jardin54
. Son mode de pensée est toujours
présente aujourd’hui dans les visions d’aménagement c'est-à-dire une organisation spatiale de
la ville autour et dans les parcs qui doivent permettre de limiter les déplacements et de
faciliter la marche.
La Charte d’Athènes est le nom donné au document ayant pour base les conclusions du
quatrième congrès des CIAM55
qui s’est tenu lors d’une croisière entre Marseille et la capital
grecque en 1933 et dont le thème fut : « La ville fonctionnelle. » La Charte d’Athènes fut
publiée anonymement en 1942 mais c’est la version de 1957, signée Le Corbusier et assortie
de ses commentaires (« un véritable manifeste de l’urbanisme progressiste ») qui va avoir un
succès retentissant. L’organisation des espaces urbains autour des espaces verts de loisirs est
une des caractéristiques importantes de la charte d’Athènes.
Le rôle des espaces verts est ici à la fois esthétique mais surtout social, pour le « repos du
travailleur ». Deux niveaux y est décrits : le parc dans la ville verte composée d’unités
d’habitations et le vaste parc d’activités sportives et culturelles, relié par voie routière. Le
sport, activité encore peu démocratisé doit se développer et être réaliser en quasi-totalité dans
53 Charles Edouard Jeanneret (1887-1965) prend dès 1919 le pseudonyme de « Le Corbusier », adaptation d’une ancienne branche de sa famille 54 Les cités-jardins sont des villes, aménagées pour une vie saine, largement pourvues d’espaces verts, ce sont également des villes autonomes qui ont leurs
propres activités économiques basées sur trois principes selon l’anglais Ebenezer Howard : l’élimination de la spéculation sur les terrains ; ensuite le contrôle de
croissance de la population, puis la limitation de cette population. 55 Les Congrès Internationaux d’Architecte Moderne sont fondés en 1928 à la Sarraz en Suisse et réunissent un groupe d’architectes de toutes nationalités
II. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 56
les espaces verts. Cependant dans la plupart des réalisations des grands ensembles, l’espace
vert est vite devenu l’équipement le moins urgent à réaliser, au fur et à mesure que le réseau
routier offre des possibilités nouvelles. En effet le développement des routes et d’autoroutes a
eu un effet démultiplicateur sur les choix d’implantation des acteurs : habitat, emplois mais
aussi loisirs.
L’organisation prévue par la Charte d’Athènes pour les loisirs s’est vite trouvée dépassée
même si ses bases d’organisation restent actuelles. Cette organisation s’est trouvée finalement
« abandonnée au marché »56
. Pour preuve, les loisirs gratuits que constituent les parcs et les
espaces verts, ainsi que dans une moindre mesure l’espace public urbain sont les dernières
exceptions et ne sont jamais cités en lui-même dans les enquêtes relatives aux loisirs
montrant l’ampleur de leur popularité. Cependant, l’espace vert joue toujours un rôle très
important au niveau social : la moitié de la population française ne part pas en week end57
(dont la moitié pour des raisons financières). Les principes de la Charte d’Athènes vont se
retrouver à des degrés divers dans l’élaboration des SDAU58
et des POS dits de première
génération. Le zonage de l’ensemble du territoire, incluant les espaces naturels et ruraux va
devenir la base d’intervention des acteurs publics.
c. La prise en compte des espaces verts dans les documents d’urbanisme
après la charte d’Athènes
Les premières normes nationales en matière d’espaces verts sont postérieures à la Charte
d’Athènes et remontent aux travaux de la Commission de la vie dans les grands ensembles qui
a élaboré en 1959, la « Grille Dupont 59
» d’où procède la circulaire du 2 juin 1960 sur les
équipements collectifs. Cette circulaire recommande d’affecter de 80 à 85 mètres carrés
d’espaces verts par logement (sans tenir compte des équipements sportifs) auxquels il
convient d’ajouter 17 à 35 mètres carrés par logement d’espaces boisés périphériques, soit
d’après les données démographiques de l’époque, 25 à 30 mètres carrés par habitant. Pour un
grand ensemble de 10 000 logements, cela représente 100 à 120 hectares.
Le pourcentage de la surface du grand ensemble occupé par l’addition des espaces verts, des
jeux et des jardins représente alors entre 45 et 55% de la superficie totale.
De 1962 à 1965, les normes d’espaces verts sont reconsidérées et modulées en fonction des
caractéristiques de l’habitat, individuel ou collectifs variant de 40 mètres carrés par logement
56 PAQUOT Thierry, Urbanisme n°330,mai-juin 2003 57 Enquête CREDOC 2001 58 Le schéma directeur d'aménagement et d'urbanisme, ou SDAU, était un document d'urbanisme français, composant les règles locales d'urbanisme
supracommunales et fut remplacé par les Schémas directeurs par la Loi du 7 janvier 1983 (décentralisation du droit de l'urbanisme). 59 Urbanisme n°62-63 (1959) « L’équipement des grands ensembles »
II. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 57
dans un petit ensemble à 150 mètres carrés dans un grand ensemble, soit de 11 à 45 mètres
carrés par habitant.
En 1969, l’institut d’Aménagement et d’Urbanisme de la région Parisienne porte l’ensemble
des équipements « d’extension urbaine » à 25 mètres carrés par habitant. Les parcs régionaux,
forêts et les parcs de fin de semaine atteignent 100 mètres carrés par habitant.
En 1971, le Centre de Recherche en Urbanisme (CRU) définit les fonctions des espaces
interstitiels dans une optique de lutter contre une urbanisation diffuse (G.CORINIO, JP.JOLY,
1971).
L’espace interstitiel est le support principal des activités de loisirs de plein air « de part ses
relations de proximité et l’étendue qu’il offre, il sera l’outil privilégié de l’intégration de la
totalité des espaces ludiques de la vie urbaine ». Les rôles de sociabilisation et de réserve
pour l’urbanisation future sont également attribués à cet espace. La conception de l’espace
vert est donc toujours fortement marquée par la chartre d’Athènes.
La circulaire du 8 février 197360
relative à la politique des espaces verts attribue deux rôles
majeurs aux espaces verts et boisés : un rôle écologique et un rôle social :
Les actions envisagées sur le rôle d’équilibre écologique s’appuient sur 5 axes d’intervention :
Aménagement des couronnes forestières autour des grandes agglomérations,
Maintien des espaces verts existants des centres-villes et création d’espaces verts
ouverts au public dans les extensions urbaines,
Préservation des coupures vertes entre les zones d’habitations
Sauvegarde des plantations d’accompagnement ou d’alignement,
Prise en compte de facteurs écologiques, lors de l’élaboration ou de l’exécution des
travaux ruraux.
En 1975, le Conseil Economique et Social (CES) émet des recommandations61
concernant les
espaces verts dans les grandes agglomérations d’autant plus que son rôle est réaffirmé : rôle
biologique, de repos, loisirs, activités culturelles et pratiques sportives.
Le CES retient une typologie basée sur trois niveaux :
Les espaces verts urbains, accessibles ou non
Les espaces verts périurbains, comprenant boisements importants et équipements
sportifs, culturels et de loisirs
Les zones naturelles d’équilibre, coulées vertes, boisées ou non qui convient de
maintenir entre les zones d’urbanisation
60 Circulaire n°45 du 22 février 1973, politique définie par le Comité Interministériel d’Action pour la Nature et l’Environnement (CIANE) paru au J.O. 61 Avis et rapport du Conseil Economique et Social, Séances du 11 et 12 mars 1975 : Les espaces verts dans les grandes agglomérations
II. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 58
Les normes devant remédier aux besoins en espaces verts sont reprises des précédentes
études, à savoir 10m² par habitant en zone centrale, 25 m² pour la périphérie et 75 m² pour les
zones naturelles d’équilibre. Le constat du CES pointe le retard des grandes villes françaises :
à part l’urbanisation nouvelle, les situations sont très insuffisantes, et au deçà des normes.
Plus on se situe dans une zone construite et minérale, plus les éléments végétaux prennent de
la valeur.
2.3.2 Les infrastructures vertes dans les documents de planification de l’agglomération
de Lyon
La ville a subis une lente recomposition urbanistique au cours de ces quarante dernières
années, fruit d’une rupture liée à la décentralisation, c'est-à-dire au développement d’un
urbanisme plus « stratégique », ayant comme objectif de mieux intégrer la nature et l’urbain et
implication d’une multiplicité d’acteurs (privés et publics) dans les affaires d’urbanisme et
d’aménagement, et de nouvelles formes de représentation de l’espace à travers les documents.
Généralement un double mouvement est observé dans les villes, d’un coté la ville défait les
espaces naturels et ruraux, les annexe, les raye du territoire avec une relative indifférence, et
de l’autre, elle les réhabilite, les requalifie, les célèbre en parcs et jardins avec une grande
ferveur. Aujourd’hui, l’agglomération lyonnaise dispose déjà d’une diversité d’infrastructures
vertes formant un réseau équilibré de parcs et jardins. Nous allons retracer la progression des
infrastructures vertes au sein de l’agglomération lyonnaise à travers l’histoire de la protection
des espaces naturels et ruraux dans les plans d’urbanisme, allant des années 1930 à nos jours.
a. Le plan d’extension et d’embellissement à Lyon (1935)
En 1912, Lyon devient la première ville de France à se lancer dans la planification urbaine
grâce au maire Edouard Herriot (1872-1957), un membre actif de la société française des
urbanistes. La ville est ainsi découpée en cinq secteurs, délimitation que reprendra le POS
actuel (C.DELFANTE, A.DALLY-MARTIN, 1994). Les questions principales portent sur la
voirie et son amélioration avec déjà des critiques de la revue Construction Lyonnaise sur
l’insuffisance de la prise en compte des questions sur les parcs et squares (C.DELFANTE,
A.DALLY-MARTIN, 1994). La nature participe à la « beauté » de la ville, notée dans la loi
comme tel et comme espace de respiration chère aux hygiénistes. L’application de la Charte
d’Athènes amène une urbanisation organisée autour des axes de transports routiers, des zones
principales de croissance installées autour de « centres de structurations », et prône une
conservation des « boisements » de l’ouest, du massif des Monts d’Or et des îles de Miribel-
II. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 59
Jonage. Il y a alors un zonage systématique et une séparation des fonctions, l’espace vert se
doit d’être proche de l’habitat, permettant à l’homme de se recréer par la pratique du sport. Le
Plan d’Urbanisme Directeur (PUD ancêtre des POS) des différentes villes prévoit déjà en
1958 une planification en équilibre avec les activités agricoles prenant en compte la
topographie et les sites naturels et paysagers face à un développement spatial sans précédent.
L’Organisation d’Etudes d’Aménagement de l’Aire Métropolitaine (OREAM) LYON-
SAINT-ETIENNE de 1966 préconise déjà une modernisation des structures agraires pour
résister à la pression urbaine. La protection du milieu agricole ou naturel est suggérée par un
zonage spécifique défini par leur plan d’urbanisme : l’agriculture est définie alors comme in
frein à un développement « en tache d’huile » de l’habitat et de l’urbanisation induite. Les
espaces ruraux deviennent des espaces réservés pour les loisirs des citadins : « …ce n’est pas
une amélioration du service offert mais seulement d’une tentative pour compenser la
dégradation du cadre de vie qui se produit lorsque la ville se densifie inconsidérément62
».
Pour lutter contre le phénomène « résidence secondaire », signe de la hausse du niveau de vie,
qui amène les gens à échapper à la ville pour retrouver dans la nature, une organisation des
loisirs est faite par des parcs aux pourtours des villes. De plus, les 3 agglomérations de Lyon,
Saint –Etienne et Grenoble devront veiller à ce que des coupures vertes viennent rompre
l’urbanisation linéaire.
L’espace non urbain y est classé, répertorié avec un zonage précis ainsi qu’une évocation de
la « protection de la nature » (Dombes et Côtière de la Dombes comme couloir de migration
des oiseaux en Europe) et de l’aménagement des « zones de loisirs de plein air » (Balmes
Viennoise au sud de Lyon, Monts du Lyonnais, Ile Crémieu, Monts d’Or…). Cependant ces
espaces sont relégués derrière la priorité des transports, l’activité économique et l’habitat.
Malgré tout il reste un document de référence qui inspire encore les professionnels de
l’aménagement urbain émerveillés par la vision prospective d’un document de 30 ans d’âge.
Pour preuve, ses orientations sont reprises dans les Schémas Directeur d’Aménagement et
d’Urbanisme successifs. Le schéma de l’OREAM a contribué à forger une identité et une
représentation des espaces urbains et limitrophes de l’ensemble de la métropole.
En 1978, la création du Schéma Directeur d’Aménagement et d’Urbanisme (SDAU),
fortement inspiré du « livre blanc63
» de 1969, met en place des mesures de conservations
des espaces libres qui deviennent des enjeux majeurs pours les loisirs des citadins. Le centre
ville est entouré de centres secondaires, disposés en couronne reliés par des TCSP.
62 Schéma d’aménagement de la métropole Lyon- Saint-Etienne- Grenoble. OREAM Région Rhône-Alpes 63 Livre blanc, préparation du SDAU,DDE, 1969
II. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 60
Entre eux, les espaces verts doivent maintenir des coupures dans l’urbanisation. Le POS
prévoie alors « la création de 3400 hectares supplémentaires de terrains boisés par rapport aux
anciens PUD soit une augmentation de 80%. Des parcs urbains et naturels sont créer (Mont
d’Or au Nord, et au sud les Balmes Viennoises) avec pour ces derniers interdiction de
construction, d’abattage non contrôlé des bois, d’extraction de matériaux et le camping.
Cependant à l’image de l’OREAM, le SDAU ne propose pas plus d’informations sur le
devenir de ses espaces verts, leurs gestions et leurs spécificités. Dans la version de 1992,
l’espace vert devient un « patrimoine naturel » mettant en valeur l’environnement des espaces
non urbanisées de la ceinture verte. En une vingtaine d’années, le patrimoine naturel est
devenu un élément d’attractivité d’un territoire très fort, aussi bien pour les résidents que pour
les futurs habitants. En effet, les démarches consistent à valoriser le territoire et sa diversité au
vue de le rendre plus attractifs et coordonner les projets portés par les différentes
municipalités. C’est le début de l’ère « marketing territoriale ».
Après la publication en 1988 du rapport stratégique sur « Lyon 2010 », le Schéma Directeur
de l’Agglomération Lyonnaise (SDAL), approuvé en 1992, cherche à retrouver-non sans un
certain succès- ce souffle métropolitain à travers une procédure d’élaboration concertée et une
ambition de rayonnement international, alliées à une recherche du cadre de vie (mise en
valeur des fleuves, politiques urbaines). En effet, il y a eu la nécessité d’inscrire
l’environnement dans les politiques publiques de manière formelle d’où une mission
« écologie urbaine » qui se développe en parallèle.
Le concept d’espace inaltérable est né avec une prise en compte des données écologiques des
territoires et en particuliers des ZNIEFF. La réflexion sur les espaces verts à l’échelle du
Schéma Directeur est passée d’une politique d’équipement obligatoire (cf circulaire de 1973)
à une politique d’écologie urbaine facultative. L’environnement émerge comme notion
propre, et se veut plus écologiste.
La mission écologie urbaine donne naissance à la Chartre de l’Ecologie en 1992, fruit des
travaux des techniciens du Grand Lyon, de l’agence d’Urbanisme, des élus, et de débat avec
les associations et les experts. Elle se compose de 4 chapitres :
Les ressources
La pollution
Le patrimoine naturel
La synthèse des engagements
II. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 61
Le principe de Chartre se divise en 3 axes principaux : la trame verte qui relie les espaces
verts entre eux, l’inventaire des sites écologiques du Grand Lyon et les projets nature. Cette
politique est possible grâce à une démarche volontaire de politique environnementale et
qu’elle considère que les espaces naturels et agricoles de la trame verte d’agglomération, dans
lesquels sont développés les projets nature constituant des équipements structurant d’intérêt
communautaire (Y.LEPRINCE, 1993). Dans cette charte , il y a également le projet nature qui
entend instituer un mode de gestion de certains territoires ruraux ou naturels dont on veut,
pour des raisons « urbaines », figer l’évolution naturelle, l’urbanisation, l’enfrichage ou la
forêt pour une zone agricole par exemple.
L’instauration en 1991 du Plan Bleu (R. FULCHIRON, 1991) amène une prise en compte,
lors de toutes les opérations, de l’aménagement le long des berges.
b. Une directive territoriale d’aménagement comme frein à l’étalement
urbain de l’aire métropolitaine lyonnaise
Depuis l’élaboration de la Charte de l’Ecologie urbain, les principes du développement
durable sont intégrés dans le code de l’urbanisme avec l’inscription des directives territoriales
d’aménagement en 1995 (Loi d’orientation pour l’aménagement et le développement du
territoire du 4 février) puis la loi Solidarité et Renouvellement urbains (SRU) instaurant le
Plan Local d’Urbanisme (PLU) et le Schéma de Cohérence Territorial (Scot) en 2000. Les
DTA fixent obligatoirement les orientations fondamentales de l’Etat en matière
d’aménagement et d’équilibre entre perspectives de développement, de protection et de mise
en valeur des territoires. L’Agence d’Urbanisme de l’Agglomération Lyonnaise coordonne les
travaux du groupe de travail « réseau maillé d’espaces naturels, agricoles et paysagers » de la
DTA de l’aire métropolitaine lyonnaise.
Le réseau maillé d’espaces naturels reprend les même fonctions et rôles qu’il a été défini
pour la trame verte du Grand Lyon. La typologie et hiérarchie des espaces proposés sont :
une trame verte, entourée des liaisons et coupures vertes, couronnes vertes, espaces de
transition et cœurs verts. (Figure 8 ci-dessous et voir définition en annexe p108)
II. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 62
2.4 Le Scot et l’armature verte de l’agglomération pour un développement urbain
équilibré
Le PADD précise qu’il convient de « changer le regard » porté sur les espaces non urbanisés.
Leur rôle dans la structure du territoire doit désormais être central. L’objectif est de constituer
un « réseau maillé d’espaces naturels, agricoles et paysagers ». Ils ne peuvent en aucun cas
être considérés comme des espaces libres pour l’urbanisation. Cet ensemble d’espaces forme
un système cohérent à travers un principe de mise en réseau qui se traduit par des liaisons
vertes ». Ces liaisons forment une véritable infrastructure naturelle. Elles sont appelées à jouer
un rôle clef dans la qualité de vie de l’ensemble de l’agglomération, de son équilibre social et
de son attractivité.
C’est ce que traduit la ville-archipel ou ville nature : Il n’y a plus ni ville, ni campagne, mais
une imbrication complexe des deux qui s’insère dans le territoire en s’appuyant sur l’armature
naturelle existante.
« Notre rôle et le vôtre, aujourd'hui est de restituer la nature à l'Homme, de l'y intégrer. » : docteur P. Winter
Figure 8 : Typologie des éléments du réseau maillé
II. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 63
2.4.1 L’«armature verte» : vers une ville-archipel/ville-nature
La DTA de l’aire métropolitaine lyonnaise renforce la protection des principaux espaces
naturels, agricoles et paysagers. A cette fin, elle retient pour ces espaces la typologie
suivante : cœur, couronne, trame verte. Elle affiche, les concernant deux principes
importants : leur valorisation et leur mise en réseau. Le Scot reprend les typologies d’espaces
retenus par la DTA en vue de leur valorisation et met en œuvre le principe de mise en réseau
de ces espaces par des « liaisons vertes » qu’il adapte à l’échelle de l’agglomération.
a. Les « cœurs verts », de grands réservoirs de nature aux portes de
l’agglomération
Les « cœurs verts » sont les grands espaces naturels de l’aire métropolitaine à préserver. Ces
espaces ont un rayonnement régional. Le Scot intègre également les Balmes viennoises dans
son armature verte et considère que le massif des Monts d’Or participe à ce type d’espace.
Dans les « cœurs verts », le Scot préconise le maintien des activités agricoles et sylvicoles, le
développement du tourisme et des loisirs de proximité, et la préservation de la biodiversité.
b. Une « couronne verte » pour structurer le territoire urbain
L’essentiel des espaces non bâtis de l’aire métropolitaine est structuré par les activités
agricoles. Leur pérennité dépend largement de la nature et du dynamisme de cette activité. Le
Scot préconise la mise en œuvre de politiques de valorisation agricole et de préservation de
cette couronne verte qui est intégrer à l’armature verte (plateau du Franc Lyonnais, la plaine
d’Heyrieux, le Val d’Ozon et le plateau de Dardilly.
c. La « trame verte » : la nature au coin de la rue
La DTA prescrit la préservation et la mise en valeur d’une trame verte située au plus près des
tissus bâtis denses. Cette « trame verte » est un ensemble d’espaces à dominante non bâtie,
naturelle et agricole, en relation avec les parcs publics urbains. Elle constitue des espaces de
respiration au sein des quartiers urbains de l’agglomération et la possibilité pour les habitants
d’accéder à des espaces de nature au plus près de leur lieu de vie. Le Scot intègre dans son
« armature verte » les grandes composantes de la trame verte localisées dans la DTA : les
vallons du Franc-Lyonnais, le Grand Parc de Miribel-Jonage, la plaine du Biézin, les Grandes
Terres, les îles et lônes du Rhône aval, le réseau des vallons et plateaux de l’Ouest lyonnais
autour du Parc de Lacroix-Laval. Dans ces espaces, le Scot préconise des aménagements
paysagers et récréatifs, des actions de sensibilisation des habitants à la protection de la nature
et l’élaboration de projets avec les agriculteurs et les associations environnementalistes.
II. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 64
La trame verte est également constituée des principaux parcs d’agglomération : parc de la
Tête d’Or, Parc de la Feyssine, Parc de la Rize, Parc de Sermenaz, Parc de Parilly-Feuilly,
Parc Sergent Blandan, Parc de Gerland, Parc des Hauteurs, Parc de Lacroix-Laval, Parc du
Fort de Meyzieu et Parc du Fort de Saint-Priest. Les « cœurs verts, la « couronne verte » ne
représentent pas des entités séparées ; ces espaces tirent leur force et leur valeur du fait qu’ils
sont reliés entre eux et qu’ils constituent un système (cf figure 9 ci-dessous).
Figure 9 : L’armature verte : un réseau maillé d’espaces naturels et agricoles
2.4.2 L’urbain au service de l’agriculture vers une campagne urbaine
a. L’urbain sauvegarde ses terres agricoles
Dans le Scot de l’agglomération Lyonnaise, l’inversion de regard sur l’agriculture amène à
considérer l’espace agricole comme composant majeur du projet spatial. Les espaces naturels
et agricoles ne peuvent plus être considérés comme le négatif de l’urbain et comme un
réservoir de terrains à construire. Ils représentent :
• une infrastructure naturelle structurante au même titre que les autres
infrastructures
• un outil de régulation de la forme et de l’expansion urbaine
• un élément essentiel de l’attractivité économique et résidentielle de
l’agglomération
Document
de travail
II. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 65
Il y a eu un « mariage de raison » selon les termes employés par l’Agence d’Urbanisme, entre
une agglomération qui a besoin de son agriculture, et une activité agricole péri-urbaine
appelée à se repositionner face au nouveau contexte économique et une nouvelle demande
urbaine et sociétale64
.
Globalement, l’agriculture est intégrée à un projet de territoire dans ses dimensions
multifonctionnelles : économiques, environnementales, urbanistiques, paysagères et aussi
récréatives. En termes de démarche, il y a une double nécessité d’intégrer une approche
économique de l’agriculture dans les projets de SCOT en s’appuyant sur des diagnostics
spatialisés, concrets prenant en compte les spécificités des systèmes d’exploitation , et,
d’appréhender l’agriculture dans ses dimensions multifonctionnelles
Par conséquent, les défis de cette démarche sont :
- construire des projets de territoire avec les agriculteurs et définir les politiques
d’accompagnement des acteurs public
- assurer la pérennité des espaces et des projets par des stratégies foncières adaptées
- transcender les limites administratives et s’obliger à des réflexions en termes de bassins
de production et des terroirs
- aller au-delà des politiques de protection foncière et faire émerger des projets.
b. Des PENAP65
pour soutenir la protection par le Scot
Depuis juillet 2005, le Département du Rhône a pris en charge une nouvelle compétence. Il
peut désormais instituer des périmètres d’intervention destinés à protéger durablement les
espaces, dont la disparition ou le mitage entrainerait une déstructuration majeure des
territoires. Mais surtout, un programme d’actions est associé à ce périmètre de protection. En
accompagnant les porteurs de projets, le Département entend aider au maintien de
l’agriculture périurbaine mais aussi favoriser la reconversion de certains espaces (tourisme
rural, animations pédagogiques…). Ces PENAP viendront en appui de la protection assurée
par le SCOT.
Les champs d’intervention des projets PENAP sont :
L’accès au foncier, notamment pour les jeunes agriculteurs
La gestion des contraintes périurbaines, avec le maintien des continuités entre secteurs
agricoles, l’organisation de la fréquentation
64 La prise en compte de l’agriculture dans le SCOT de l’agglomération lyonnaise, Agence d’urbanisme pour le développement de l’agglomération lyonnaise,
Septembre 2008 65 Protection des Espaces Naturels et Agricoles Périurbains
II. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 66
La viabilité économique des exploitations, grâce au développement de nouveaux
modes de commercialisation (circuits courts) à des démarches de valorisation du type
label, au développement de nouveaux services comme le tourisme rural, l’accueil
pédagogique
La gestion durable des ressources, avec une aide au maintien d’un paysage agricole
diversifié, une préservation de la biodiversité et des corridors écologiques, de la
ressource en eau potable…
Cette double intervention du Département du Rhône et du Scot par le SEPAL permettra de
maintenir un « réseau » d’espaces verts, de retrouver une agriculture dynamique qui
alimentera les marchés locaux et « tiendra » le territoire, tout en créant de nouvelles vocations
pour ces espaces (usage récréatif, éducation à l’environnement…).
Deux principes de protection, qui s’imposeront ensuite aux PLU , sont envisagés :
• À l’échelle de l’agglomération, le réseau maillé forme une « enveloppe verte » où
l’urbanisation ne sera pas possible. Garantissant l’équilibre avec le territoire bâti, cette
enveloppe sera en général localisée (et non délimitée par un trait précis). Les futurs PLU
auront donc une marge d’appréciation pour en définir les contours exacts (zonage N ou A).
• À l’échelle locale, les sites à forts enjeux forment « l’armature verte », dont ils garantissent
la fonctionnalité agricole, environnementale et récréative. Ils seront identifiés et en général
délimités à la parcelle. Leurs limites devront êtres précisément reprises dans les PLU (zonage
U ou AU). Ces sites sont par nature des territoires d’accueil de projets de type PENAP.
2.4.3 Une grande trame paysagère pour renforcer l’identité paysagère du territoire
La beauté d’une ville est un des éléments de son image. Si l’architecture et les perspectives
urbaines doivent être à l’échelle d’une métropole, les grands paysages, les principales
richesses de la trame verte et les sites fluviaux sont aussi des facteurs d’attractivité pour
l’agglomération.
CHIFFRES CLÉS
(SUR LE TERRITOIRE DU SCOT)
36,5% d’espaces agricoles soit
+ de 26 000 ha
13% d’espaces boisés
3 % d’espaces en eau
Espaces en danger :
300 ha en moins d’activité agricole
chaque année entre 1988 et 2000
II. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 67
Au nord et à l’ouest de l’agglomération, le couvert végétal est important et de qualité. Les
politiques de gestion et de mise en valeur des espaces naturels doivent s’assurer du bon état
écologique des forêts présentes dans le territoire, de leur renouvellement et de leur pérennité.
Dans le Massif des Monts d’Or, les PLU et les collectivités maintiennent une alternance entre
espaces ouverts (les prairies et les champs cultivés) et les espaces fermés (espaces boisés) de
manière à assurer la valorisation paysagère du massif. Dans les côtières boisées et vallons du
val de Saône, les PLU préservent les deux forêts remarquables au plan paysager : celle du fort
de Vancia et la forêt du Parc à Montanay.
Le Scot désigne comme une action prioritaire la création d’un grand paysage dans l’est de
l’agglomération, compte tenu de la volonté, exprimée dans le PADD, de valoriser ce secteur.
Les PLU arrêtent les modalités contribuant à la constitution d’une charpente paysagère dans
l’est de l’agglomération à partir du « V Vert », dont le principe était déjà inscrit dans les
Schéma directeurs précédents (cf liaisons vertes page 69). Ils protègent les liaisons vertes du
Biezin et la plaine d’Heyrieux, éléments fort de la charpente paysagère, de manière à ce
quelles relient les points attractifs du territoire. Ils les aménagent en vue de la constitution
d’un maillage local d’itinéraires et de promenades.
2.4.4 Des mesures pour la protection et la mise en réseau de l’« armature verte »
Pour l’ensemble des espaces de l’ « armature verte », les orientations définies par le Scot sont
de nature à assurer à la fois leur protection, leur mise en réseau et leur valorisation. Les PLU
en assurent la déclinaison locale, en veillant tout particulièrement à rechercher la cohérence
d’ensemble du système.
a. Une forte protection de l’armature verte
Le Scot a fait le choix de localiser les territoires appartenant à l’armature verte sans en fixer
les limites de manière précise, sauf à certains endroits. Cette localisation se traduit par une
représentation graphique schématique conformément à l’esprit de la loi Solidarité et
renouvellement Urbain (SRU).
Les territoires de l’armature verte ne sont pas urbanisables. Ils couvrent une surface proche de
la moitié de la superficie totale du territoire, tout comme dans le schéma directeur de 1992. La
superficie couverte par ces espaces permet de maintenir un équilibre entre le territoire urbain
et l’armature verte.
L’ensemble des espaces de l’armature verte est préservée de toute urbanisation.
II. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 68
La localisation de ces zones prend en compte la cohérence, la qualité et la sensibilité
paysagère et environnementale caractéristiques de l’armature verte d’agglomération.
S’agissant d’espaces de l’armature verte particulièrement fragiles et menacés par la pression
urbaine, les PLU prennent toute mesure de nature à assurer le maintien de la consistance et de
l’intégrité d’un espace dans un secteur où les risques de le voir disparaitre sont importants.
b. La vocation des liaisons vertes: mettre en réseau
Le Scot définit un système de « liaisons vertes », complémentaire à l’armature verte
d’agglomération dont il relie les grandes composantes. Ces liaisons vertes sont le support
d’une ou plusieurs fonctions : écologiques, paysagère et récréative. Leur dimensionnement
vise à assurer efficacement ces différentes fonctions. Les liaisons vertes ont vocation à
accueillir un réseau de cheminements récréatifs destiné notamment à l’usage des modes doux.
Sur certaines d’entre elles, des aménagements pour transports collectifs sont en outre admis.
Le système de liaison verte est enfin complété par un principe de mise en réseau des parcs
d’agglomération. Compte tenu de son positionnement au sein de la ville dense, le Scot admet
que ce principe de mise en réseau des parcs d’agglomération puisse se limiter à l’accueil d’un
cheminement pour modes doux. Lorsque ces liaisons jouent le rôle de coupure entre deux
fronts d’urbanisation, ou entre un front d’urbanisation et une infrastructure de transport ou
lorsque ces coupures66
figurent dans la DTA au titre de coupures vertes, elles sont identifiées
par le Scot. Les politiques d’aménagement assurent la mise en valeur écologique, paysagère,
et récréative des liaisons vertes. Les PLU dimensionnement et assurent la protection des
liaisons vertes identifiées par le Scot. Ils protègent de toute urbanisation les terrains
correspondant et précisent les limites du développement urbain de part et d’autre. Ils en
prévoient le prolongement et les ramifications au cœur du territoire urbain.
66 Coupure verte : espace naturel ou agricole entre deux zones urbanisées ou entre une zone urbanisée et une infrastructure de transport. Ces coupures vertes sont
un enjeu pour le passage des liaisons vertes (à vocation écologique, paysagère ou récréative) qui permettent de relier les grandes entités de l’armature verte.
III. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 69
III. La mise en œuvre des liaisons vertes ; un processus en cours
d’élaboration
3.1 Principe des liaisons vertes métropolitaines
3. 1. 1 Le concept
La « Liaison Verte » est caractérisée par son approche plurifonctionnelle (tous les
déplacements doux), son organisation (réseau local, régional voire national) et ses multiples
vocations (espaces récréatifs, corridors écologiques, continuité paysagère).
Attention ne pas confondre liaisons vertes avec voies vertes, corridors écologiques ou pistes
cyclables.
Suite à la définition donnée au début de ce mémoire, on peut dire que la Liaison Verte se
caractérise par un environnement dominé par le végétal, par la présence de l’eau ou par une
grande qualité environnementale et paysagère. De plus, les liaisons vertes n’ont pas seulement
une fonction récréative ou de déplacement alternatif. En effet, elles révèlent aussi les autres
fonctions des espaces sur lesquelles elles prennent appui :
Corridors écologiques, sites d’intérêt écologique, continuités « naturelles ».
Matrices paysagères, continuités d’ambiances agricoles et/ou naturelles.
Espaces et sites aménagés pour l’accueil du public.
Réseaux identifiés à vocation touristique ou de loisirs.
Un réseau de Liaisons Vertes maille le territoire, et permet à l’usager, marcheur ou cycliste de
se déplacer aisément dans un cadre agréable. Les Liaisons Vertes doivent aussi permettre une
cohabitation entre les différentes catégories d’usagers. La desserte de pôles de loisirs ou de
sites naturels aménagés favorise en outre les rencontres, les échanges et les activités les plus
variées, renforçant le rôle social de ces espaces.
Les Liaisons Vertes doivent posséder un certain nombre de caractéristiques garantissant une
possibilité de mise en œuvre opérationnelle :
Des continuités d’aménagement : sans interruption y compris en zone urbaine
Diversités d’usage : Pas ou peu de contraintes physiques (relief) et structurelles
(franchissement et de voiries, …), adaptée à tous les cyclistes, y compris les moins
expérimentés. Sa déclivité est donc fortement limitée.
Présence d’itinéraires de loisirs de pleine nature
III. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 70
Présence de pôles générateurs de déplacement
Sécurité : L’absence ou la limitation de tout trafic motorisé. Haut niveau de sécurité
vis-à-vis d’un véhicule à moteur
Linéarité : itinéraire allant d’ne ville à une autre le plus rapidement possible
Jalonnement : il est spécifique, uniforme et facilement identifiable sur l’ensemble de
l’itinéraire
Un temps et un lieu aussi importants que la destination
Le trajet est pour l’usager l’occasion de s’immerger dans un vaste parc linéaire. En s’appuyant
sur l’offre locale d’espaces récréatifs et/ou naturels et agricoles, et en les interconnectant, les
Liaisons Vertes deviennent des axes majeurs de déplacements modes doux. Les liaisons
vertes permettent un accès rapide et direct à la nature, mais aussi un déplacement vers
d’autres buts de promenade mis en réseau sans recours à l’automobile.
Le but est clairement que l’espace-temps consacré au trajet devienne lui-même un lieu de
nature et de loisirs (cf figure 10 ci-dessous).
Figure 10 : Schéma du concept : un itinéraire normal et d’un itinéraire en parc linéaire
La mise en place de liaisons vertes est un projet
d’agglomération. Les liaisons vertes constituent une
armature principale sur laquelle vient se greffer un
maillage local de promenades et de liaisons, comme
le montre le schéma concept ci contre. La liaison
participe alors à l’articulation entre différentes
échelles. L’usage au niveau local est favorisé par
l’installation de points d’entrée sur la liaison (type
aménagement de parkings).
Plus qu’un itinéraire, une Liaison Verte est
également le support de nouveaux lieux de vie.
III. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 71
Le parcours est alors épaissi d’aires de jeux, de pique-nique ou encore de « poches » de
nature, d’espaces boisés, … autant de points d’appui au tracé qui tendent à transformer la
Liaison Verte en parc linéaire (cf figure 11 et 12). En plus d’être un outil fonctionnel de
déplacement, les Liaisons Vertes sont des lieux d’échange et de vie répondant à une demande
sociale de plus en plus forte en matière de nature et « d’authenticité ».
Figure 11 : Exemple d’un cheminement, épaissi d’un espace de jeux
Figure 12 : La liaison peut devenir un véritable parc linéaire quand elle relie des grands espaces comme le
parc Miribel Jonage à Lyon
III. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 72
3.1.2 LE PRINCIPE
Les liaisons peuvent être considérées selon trois niveaux : les liaisons structurantes à l’échelle
nationale voire européenne (le val de Saône et la voie qui relient le Léman à la méditerranée),
les grandes liaisons d’agglomération s’articulant sur les parcs urbains et les liaisons plus
locales
Niveau 1 – L’épine dorsale
Niveau 2 – La charpente du réseau.
Niveau 3 – Les liaisons locales
La figure ci-après montre la hiérarchisation de l’armature des liaisons vertes et les différentes
liaisons vertes identifiées au Scot.
Il s’agit du Val de Saône et de la Véloroute « Léman – mer
Méditerranée » traversant l’agglomération lyonnaise de part en part
en utilisant les aménagements et les rives du Rhône. Cette liaison
dessine un arc constitué de parcs linéaires (Grand Large – Rize,
Feyssine – Tête d’Or, Gerland, Iles et lônes en aval de Lyon). Ce
projet de Leman-mer Mediterranée est intégré au projet de REseau
VERt européen et sera à terme un aménagement de 650 km de long.
La charpente du réseau est constituée d’une dizaine de liaisons.
Ces liaisons prennent appui sur les berges du Rhône (niv.1) et sur
le réseau des grands parcs d’agglomération. Les liaisons relient
des tronçons aménagés (Voie Verte de Caluire) des réseaux locaux
de promenades et de randonnées ou des Sentiers nature du Grand
Lyon
Les liaisons de niveau 1 et 2 constituent l’armature principale sur
laquelle viennent se greffer d’autres liaisons vertes locales ou
périphériques. Les réseaux locaux de promenade et de randonnée
ainsi que les réseaux de pistes et bandes cyclables offrent la
possibilité de se connecter aux territoires périphériques pris en
compte par les autres SCOT de la région lyonnaise.
III. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 73
Figure 13 : Hiérarchisation de l’armature des liaisons vertes
III. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 74
3.2 Rôle de structuration du tissu urbain (Mise en réseau de l’armature verte
de l’agglomération)
3.2.1 Développement et diversification de l’offre de loisirs de proximité
Le PADD a défini le réseau maillé des espaces naturels et agricoles de l’agglomération
comme un système multifonctionnel devant répondre notamment aux attentes de la population
en matière de loisirs récréatifs et en matière de lieux de repos et de détente. L’objectif du
PADD est de développer des aménagements de loisirs compatibles avec les enjeux de
préservation du réseau maillé. Il est en outre d’offrir des sites en nombre suffisant pour
répondre aux besoins croissants d’une agglomération qui va approcher les 1 500 000
habitants. Il est enfin de faciliter l’accès des habitants à la nature et aux espaces récréatifs.
Un itinéraire vers les grands sites de nature et les parcs d’agglomération
Le Scot planifie la mise en place d’une offre de parcs capable de concurrencer celle des
grandes métropoles européennes. (Les principaux espaces récréatifs sont identifiés à la carte
dans l’armature verte)
Leur vocation est d’offrir de grands espaces propices à la détente et à la pratique des activités
de loisirs. Ils contribuent au bon fonctionnement de l’écosystème d’agglomération (DOG).
Ces grands espaces doivent offrir une nature authentique, préservée, peu aménagée. Ils sont
reliés entre eux par le système des liaisons vertes d’agglomération (cf Scot page 62).
De plus, les PLU préservent les grands sites de nature de toute urbanisation, cependant les
installations de type récréatif ou de loisirs y sont toutefois admises à condition de prendre en
compte leur valeur écologique, paysagère, et l’économie agricole.
Les parcs d’agglomération constituent les « têtes de pont » de l’offre récréative c'est-à-dire ce
sont les points de départ mais aussi les lieux de convergence des « cheminements récréatif »
d’agglomération. Pour accroître le rayon d’influence des parcs d’agglomération, le Scot
propose leur mise en réseau. Ce principe peut intégrer la réalisation de nouveaux parcs
d’agglomération et amélioration de leur accessibilité notamment en modes doux.
Accès à une offre récréative à proximité des habitants dans la trame verte
En complément des grands sites de nature et des parcs d’agglomération, le Scot précise que
les autres espaces composant la trame verte peuvent assurer une fonction récréative à l’échelle
des bassins de vie, dans des conditions adaptées au respect de leur rôle environnemental et de
leur valeur agricole. Dans cette trame verte, les principaux sites (Grandes terres, Biézin,
plateau des Etangs, plateau des Barolles, vallons et plateau du Franc Lyonnais, vallons des
III. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 75
Planches, bois de Montrond) offrent aux habitants des lieux de repos et de détente. Ils
constituent en outre des espaces de respiration essentiels pour les liaisons vertes
d’agglomération. Ils sont également les lieux privilégiés de la mise en place de projets
« Nature ». Certains de ces espaces peuvent faire l’objet d’aménagements de type « parc de
nature » ou « parc d’agglomération » à l’image du parc de Sermenaz (Rillieux-la-Pape), de la
forêt de Feuilly (Saint-Priest) ou encore des îles et des Iônes du Rhône aval.
Le Scot vise au développement de la végétation au cœur du territoire urbain » : plantations
d’arbres, créations de jardins, »verdissement » des terrasses, des toitures et des murs. Dans
chaque quartier, l’habitant doit trouver près de son lieu de résidence, un espace de détente de
type jardin public, square ou terrain de jeux. Les PLU réservent les espaces à la réalisation
d’espaces verts de proximité et assurent des espaces de respiration, du type coulée verte, parc
ou jardin dans l’objectif de renforcement de la végétalisation de la ville. La superficie de ces
espaces est adaptée à la densité résidentielle et à la prédominance ou non de l’habitat collectif.
La constitution de cheminements récréatifs
Les cheminements récréatifs peuvent être aménagés pour faciliter les pratiques sportives et
ludiques. Ils peuvent également être constitués de chemins ruraux entretenus et réservés aux
usages récréatifs comme le réseau des sentiers aménagés dans l’est lyonnais ou dans le val
d’Ozon. Certains de ces cheminements récréatifs peuvent accueillir sur tout ou partie de leurs
parcours des aménagements de type Transports collectifs en site propre.
D’une manière générale, la nature des aménagements qui peuvent être réalisés dans les
cheminements récréatifs est laissée à l’appréciation des PLU. Les croquis A-B-C ci-dessous
illustrent des traductions possibles :
Figure 14 : Principe de cheminement récréatif
III. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 76
Le Scot identifie les éléments forts du patrimoine local à l’exemple des forts et de zones
boisées qui les ceinturent et sur lesquels les cheminements récréatifs d’intérêt plus local, afin
d’organiser un réseau ramifié irriguant l’ensemble des territoires. Les points de blocage à la
mise en œuvre des liaisons récréatives d’agglomération sont de trois ordres : l’absence de
cheminement, un franchissement d’obstacle difficile et un resserrement du principe de liaison.
3.2.2 Requalification de certains espaces
a. Intervenir sur les espaces annexes à la voirie
Végétaliser les terre-pleins centraux
Un terre-plein central de voie urbaine se transforme aisément en « jardinière », sous réserve
que les contraintes de visibilité et de sécurité soient prises en compte dès la phase amont de
conception du projet (avant-projet sommaire). Quoi qu’il en soit, à défaut d’un gazon
gourmand en entretien, une prairie maigre peut joliment garnir un terre-plein central qui n’a
pas été ensemencé et qui ne dispose pas d’un système automatique d’arrosage.
Prendre en compte les talus et les accotements
Selon de nombreuses études (Les talus des bords de route et des cours d’eau : résultats de
cinq années d’action, 1996) les dépendances des bords des routes, les emprises vertes des
échangeurs, les talus, les accotements ou les merlons sont loin d’être des milieux hostiles pour
la faune sauvage et la flore spontanée. Au contraire, ces annexes vertes constituent des
refuges qui servent de lieux de nourrissage, d’escales de repos pour les oiseaux, de gîtes pour
les insectes, de couverts pour les petits mammifères ou même de couloirs de propagation pour
les graines ailées transportées par le vent. Pour peu qu’un talus côtoie un bois, la richesse
spécifique du bord de route est importante, réunissant à la fois des fleurs des bois et des fleurs
de champs. La réhabilitation des annexes de la voirie (surlargeur, trottoir, parking, îlot)
comme principal vecteur de reconquête du végétal par les arbres d’alignement et les autres
végétaux (herbe, couvre-sols, arbuste) représente le b.a.-ba de toute action de promotion de la
nature en ville qui sera « obligé » le long des liaisons vertes.
Ne pas oublier de jardiner les espaces intermédiaires
Il faut renouer avec la tradition d’Haussmann de l’ « avenue-promenade » et revenir à une
conception partagée de la voirie, du boulevard ou du quai, qui s’affranchisse de la circulation
motorisée et regagne la confiance des promeneurs. Il n’est pas utopique de vouloir « re-
calibrer » les axes accueillants les liaisons vertes ou même les autres axes s’y greffant afin
qu’ils redeviennent des espaces publics agréables et commodes pour les piétons et les
III. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 77
cyclistes, dont les chaussées et les contre-allées, accompagnées de plates-bandes plus ou
moins jardinées à l’ombre des grands arbres d’ornement, incitent à la découverte de points de
vue pittoresques et à la promenade.
La réflexion ne doit pas s’arrêter aux seules emprises du domaine public, elle doit bien sûr
concerner aussi les espaces mitoyens et les espaces intermédiaires qui assurent les jonctions
entre les propriétés publiques et privées. Les terrains vagues des zones industrielles, les
immenses parkings des hypermarchés, les espaces verts intérieures des ensembles résidentiels,
les friches qui s’insinuent dans le tissu lâche des banlieues, doivent participer à l’effort de
reconquête. Il est important de prendre en compte l’ensemble des surfaces interstitielles non
encore loties pour améliorer l’efficacité des liaisons vertes, logiques de continuité spatiale, les
transitions entre espaces publics et privés, en autant de relais d’intérêt esthétique et paysager.
Toutes ces superficies intermédiaires constituent un énorme « gisement » d’espaces verts
potentiels voués à des fins de « promenade plantée » et d’aération du tissu urbain et surtout
d’accompagnement des liaisons vertes.
b. Laisser la végétation naturelle gagner les espaces non aménager et
les dépendances
La nature le long des berges des cours d’eau
Outre la valeur esthétique des rideaux d’arbres qui jalonnent les berges, les cours d’eau sont
des axes privilégiés de communication pour les espèces animales, des lieux d’échange et des
terres de brassages pour les graines flottantes transportées par les courants. Ce sont aussi des
lieux possibles de promenade et offre de loisirs et de contemplation. Le réseau hydraulique
fait office de couloir de migration pour la faune sauvage, notamment pour les oiseaux d’eau et
les poissons migrateurs à la recherche de frayères sauvegardées en amont des villes, tels
l’alose qui remonte le Rhône. Les bords de rivières sont les derniers refuges pour un grand
nombre d’espèces végétales et animales qui profitent des ravins impraticables, des îles et des
bancs de sable inaccessibles, des bras-morts peu profonds, pour se reposer, chasser, pêcher, se
reproduire. Certaines villes dont Lyon sur le Rhône, ont entrepris des actions exemplaires de
restauration des berges des cours d’eau, via un plan bleu, qui laissent une part belle à la
végétation spontanée en aménageant des sentiers piétons et des pistes cyclables dans des
écrans boisés, à peine retouchés qui jouent le rôle de corridors ou de liaisons vertes.
III. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 78
Multiplier le recouvrement des surfaces vertes
Les espaces verts, les parcs et les jardins publics sont des « infrastructures naturelles »
indispensables au même titre que ses équipements culturels, des centres commerciaux ou des
routes. Dés le départ, ils doivent être conçus comme un atout essentiel et structurant d’un
urbanisme de qualité : un espace vert ne doit pas être considéré comme le « bouche trou » qui
meuble une parcelle inconstructible. Mais s’il est essentiel de multiplier les surfaces vertes au
sol, les parcs, les jardins, les espaces verts ne doivent pas échapper à cet effort de reconquête.
Car malgré leur aspect naturel, les parcs et les jardins réservent parfois une part trop belle aux
« surfaces grises » qui diminuent l’espace disponible. Mis bout à bout, les voies carrossables,
allées asphaltées, les parkings goudronnés, les terrains de sports gravillonnés, en un mot,
toutes les « aires minéralisées » finissent par représenter des surfaces imperméabilisés
importantes qui sont autant d’étendues vertes en moins (Composer avec la nature en ville,
2001). Ainsi, pour ne citer que l’exemple du bois de Vincennes, les surfaces « asphaltées »
occupent en moyenne 42% de la superficie du parc (355ha sur 847 ha), c'est-à-dire que des
opportunités d’extension existent, ne serait-ce qu’à l’intérieur même du site (M.PAQUET,
1989)
Tirer parti des dépendances vertes des voies ferrées
Il est bien rare qu’une vieille installation ferroviaire, un remblai ou un déblai attenant à une
voie ferrée, une ancienne ligne désaffectée, voire un quai à l’écart de la circulation des
voyageurs, ne soient pas colonisés par des ligneux et des hautes herbes (C.Vincent, 1997). Car
les maigres terrains rechargés de ballast et de gravillons compactés sont propices à la friche.
La pauvreté des sols, la réduction du piétinement, le bon éclairement ; l’absence d’entretien
régulier font des talus des voies ferrées des milieux prospères pour toute une gamme de
plantes pionnières, de criquets, de sauterelles et de coléoptères (Composer avec la nature en
ville, 2001)
3.2.3 Vers de nouvelles formes de mobilité et d’accessibilité
a. Points d’appuis des liaisons vertes
Le Schéma Départemental Vélo, défini par le Pôle Vélo du Conseil général du Rhône, qui
est un inventaire de voiries départementales susceptibles d’être équipées de bandes cyclables
(non séparées de la circulation automobile), ou de pistes cyclables (en site propre). En plus de
ces équipements, le Département a valorisé une partie de ce réseau par la mise en place
III. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 79
d’itinéraires cyclotouristiques jalonnés. Certains éléments inscrits au Schéma constituent des
alternatives à court terme évitant des points de blocage sur certaines liaisons identifiées. Le
Grand Lyon a adopté en juillet 2003 le « plan de développement des modes de déplacements
doux de l’agglomération lyonnaise », pour faciliter la marche ou l’usage du vélo ou des
rollers.
Le schéma modes doux du Grand Lyon, qui définit un réseau principal, continu et homogène
assurant les liaisons entre les pôles d’agglomération.
Le PDIPR, Plan Départemental des Itinéraires de Promenade et de Randonnée, établi par le
Service Environnement Agriculture du Conseil général du Rhône, qui est un inventaire des
chemins ruraux en vue de leur préservation. Une partie de ce réseau est aussi valorisé par la
mise en place de maillages locaux d’itinéraires de Promenade et de Randonnée balisés,
jalonnés et décrits dans une collection de carto-guides.
Concernant la marche, le « Plan de développement des modes de déplacements doux de
l’agglomération lyonnaise » réaffirme les objectifs de la charte piétonne adoptée en 1999 :
favoriser les déplacements à pied (en particulier par la continuité des itinéraires), assurer la
sécurité des piétons, développer la qualité des aménagements piétons, informer, sensibiliser et
éduquer l’usager.
La révision du PDU a donc pour objectif de conforter la politique menée depuis 1997, pour
réellement favoriser les modes alternatifs à la voiture, en insistant plus particulièrement sur
les points insuffisamment traités, comme par exemple la question des marchandises en ville.
Avant d’être automobiliste ou passager des transports collectifs, tous les usagers de la ville
sont des piétons. C’est donc bien autour du piéton que doit être prioritairement aménagé
l’espace urbain. Dans Lyon et Villeurbanne, la moitié des déplacements sont faits à pied.
Pourtant, entre circulation et stationnement, la voiture monopolise 95% de l’espace public.
Il ne s’agit pas de renoncer à la voiture, mais à l’excès de voiture, car elle n’est pas
propriétaire de l’espace public. Dans cette logique, il convient de donner la priorité
successivement à la marche à pied, au vélo et aux transports en commun, et enfin à la voiture
dans les aménagements.
b. L’exemple du PEDIBUS
L’autobus scolaire pédestre ou PEDIBUS est un accompagnement des enfants vers l’école
par des parents solidaires qui, à tour de rôle, conduisent à pied un groupe d’enfants vers
l’école en faisant des arrêts sur le trajet pour récupérer des enfants qui rejoignent le convoi.
Un parent " coordinateur " organise le fonctionnement de la ligne, les horaires, l’inscription
III. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 80
des enfants, le planning. Les "conducteurs" sont les parents accompagnateurs qui mènent le
convoi d’enfants vers l’école. Il y a plus de sécurité car ceci amène moins de trafic aux
abords de l’école et moins de stationnement anarchique.
On profite aussi d’un environnement plus sain car il y a moins de pollution à proximité des
groupes scolaires et moins de bruit.
D’autres avantages sont à prendre en compte :
Pédagogique : Des enfants encadrés qui acquièrent plus tôt un
comportement responsable dans la rue.
D’écocitoyenneté : Une démarche participative impliquant la communauté
éducative et les enfants qui rend chacun acteur de la protection de
l'environnement.
De convivialité : Des parents solidaires qui se rendent mutuellement
service et gagnent du temps, des liens plus forts entre enfants, une
animation dans la vie du quartier
Une meilleure hygiène de vie : La marche à pied est un excellent exercice
pour les enfants comme pour les parents et contribue à la prévention de
l’obésité.
Le PEDIBUS s’inscrit dans une politique de développement durable soutenue par le Grand
Lyon pour promouvoir l'accompagnement des enfants à l'école à pied. Cette démarche
associée aux infrastructures des liaisons vertes permettra d’amplifier le phénomène aux
liaisons à proximité des écoles. Ce sera une bonne occasion pour ces enfants de profiter des
aménagements récréatifs et de favoriser la marche à pied ou le vélo (VELOBUS). On verra
bientôt l’apparition d’une nouvelle mobilité liée à la marche et à une place plus importante
aux piétons en ville. La marche (re)devient un mode de mobilité intéressant comme un mode
« lent moderne » (efficace et rapide, bon pour la santé, pour la planète…). On a ici une
nouvelle façon de « revisiter » l’ensemble du système de transport et de « repenser » la ville :
le marcheur est le concepteur d’une mobilité durable.
c. La ludification des espaces pour augmenter les modes doux
La ludification est un mot créé à partir de « ludique » et de « fluidification » pour évoquer la
capacité des villes à augmenter les déplacements en modes doux grâce à un recadrage ludique,
éphémère ou permanent, des espaces traversés (S. Lavadinho,Y. Winkin, 2009). La
proposition de ces chercheurs de l’Agence Nationale de la Recherche française est
d’améliorer la « marchabilité » des villes et des périphéries en améliorant la qualité des
III. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 81
dispositifs cheminatoires dans lesquels s’inscrivent les liaisons vertes. Cette ludification doit
se déployer sur l’ensemble des aires cheminatoires (liaisons vertes, voie locale, voie
piétonne…) qui relient les lieux d’activité de toute sorte (récréative, loisirs, écologique..) à
l’échelle de toute l’aire urbaine. La ludification des villes est donc à la fois un objectif :
fluidifier les artères (de la ville et du corps), et un moyen : faire marcher plus loin et plus
longtemps en engageant un rapport ludique avec l’environnement traversé au cours du
déplacement. Par exemple au festival Arbres & Lumières de Genève, un jardinier-chef avait
pensé à des vers (polyphonique) expliquant que le sol est trop bitumé, les empêchant de
remonter à la surface ; des fleurs décrivant leurs difficultés à vivre en rangs aussi serrés, des
oiseaux se plaignant de la disparition des vielles aux miettes. Quelques mois plus tard, le
parcours s’étirait à travers la ville.
Ce principe fût utilisé à Lyon sur les berges du Rhône (cf figure 15 ci-dessous) et d’autres
espaces festifs de la ville. Il permet une promenade le soir, des décors différents en fonction
des saisons et des événements et des possibilités pour le piéton de déambuler jour et nuit le
long des berges. Cette idée est à développer le long des liaisons vertes et surtout au niveau
des zones élargies.
Figure 15 : La ludification des berges du Rhône
III. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 82
3.3 Du Principe au projet
L’étude porte sur la mise en œuvre des orientations du Scot de l’agglomération lyonnaise : les
liaisons vertes métropolitaines. Elle s’inscrit dans le prolongement du travail réalisé par le
cabinet TIKOPIA pour le compte du SEPAL et par le travail de Serena Vanbutsele stagiaire à
l’agence. Les enjeux sont de produire une nouvelle offre d’espaces récréatifs de proximité
dans des espaces de nature, ainsi on peut considérer les liaisons vertes comme les parcs
linéaires du XXI siècle. Cette offre des liaisons vertes métropolitaines est à mettre également
en connexion avec le réseau de pistes cyclables urbaines. Pour ce faire il a été indispensable
d’emblée d’identifier à travers toutes les liaisons vertes inscrites au Scot quelle sera ou seront
la ou les liaisons les plus pertinentes à mettre en œuvre. 4 liaisons ont été identifiées selon
leurs enjeux, faisabilité et projets futurs.
3.3.1 Acteurs et partenaires, les modes de gouvernance urbaine
Les projets de liaisons vertes mettent en lumière le déficit en terme de gouvernance
métropolitaine sur le thème du loisir récréatif et du tourisme. Il est vraiment difficile de
définir sans concertation et réflexion, un groupe de travail des gens concernés par le projet car
la liaison verte dessert différents échelles de territoire et donc différentes entité de gestion.
a. Le pilotage du projet
Etant une des orientations du Scot, le projet est piloté par le Grand Lyon en collaboration avec
l’agence. Le projet fait suite à une commande de la Direction de la Planification et des
Politiques d’Agglomération (DGDU du Grand Lyon) Corinne TOURASSE suivie par la
chargée de projet Véronique HARTMANN, chargée de mission espaces naturels et agricoles
Grand Lyon. Les associés prioritaires sont le SEPAL représenté par Laurent SAUZAY,
chargé de mission SEPAL. Dans sa mission de mettre en commun la connaissance des
territoires, des acteurs et des projets, l’agence est représentée, d’une part, par O.ROUSSEL
chef de projet qui assure la coordination du travail rendus et d’autre part, par Laurence
BERNE référente sur la question des liaisons vertes et de l’agriculture périurbaine. Ce groupe
de travail réfléchit aux meilleurs voies pour la mise en œuvre du projet et l’approfondissement
des études. L’objectif actuel du travail effectué est la constitution d’un cahier de charges
(démarche, méthodologie, calendrier) définissant un peu plus en détails les tracés choisis, la
faisabilité, et les enjeux touristiques, économiques et environnementales.
III. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 83
b. Les partenaires
La recherche de partenaire est le plus délicat et le plus problématique. Outre les partenaires
habituels pour lesquels l’agence à l’habitude de travailler (Grand Lyon, Etat, Conseil
Général, Sytral, Région, chambre d’agriculture, chambre de métiers et de l’artisanat….)67
il a
été nécessaire d’identifier d’autres partenaires plus locaux et plus stratégiques (maire des
communes concerné etc.). Cependant d’autres partenaires plus en charge des enjeux et rôle
que pourrait apporter les liaisons vertes, sont à intégrer à la réflexion comme le responsable
des modes doux, ceux des projets Grand Stade ou Rive de Saône ou des différentes instances
de voirie. Il serait toutefois aussi intéressent d’intégrer les associations écologistes,
d’agriculteurs, touristiques, cyclistes randonneurs…, qui sont très volontaires dans la
communication et apports par petite touche même si le projet concerne le plus souvent le
domaine public. Le défis qui se dresse est une cohérence public/privée,
professionnelle/associatif.
c. les modes de gouvernance urbaine
Voici un sujet problématique pour ce projet, car certaines personnes refusent une gouvernance
métropolitaine. Le sujet est délicat tant les acteurs concernés par les liaisons vertes sont
nombreux. Il est clair que le projet émane du Grand Lyon et qu’il compte gérer sa mise en
place. D’autant plus que les limites des liaisons vertes métropolitaines vont être à terme en
dehors du Scot d’où une mise en œuvre encore plus complexe que prévue. Naturellement, le
Grand Lyon ( et l’Agence) s’active pour mettre concrètement ce projet sur papier et attractif
pour les maires et adjoint ou autres élus de collectivités. Trop de compétences et de
responsabilités sont détenus par trop de différents acteurs. Par exemple pour intervenir sur les
espaces verts le Grand Lyon doit se rapprocher de la Ville de Lyon et comme les liaisons
vertes accompagnent des voies routières, c’est la voirie de la Ville de Lyon qui en a
compétence. D’autant plus qu’un verdissement de ses voies sera nécessaire et cela relève
toujours de la ville de Lyon. On a alors le Grand Lyon et l’Agence d’Urbanisme qui doivent
jongler et définir comment coordonner chaque acteurs pour arriver à mettre en place une
marche à suive des opérations. En effet, ceci soulève le problème de la territorialisation du
projet. En l'occurrence, les liaisons vertes dépassent les logiques politico-administratives et
sont donc soumises aux affres de la gouvernance multipartite.
Les liaisons vertes créent des continuités et des solidarités territoriales qui vont au-delà du pur
découpage administratif.
67 Ville de Lyon, Ademe, EPORA (Etablissement Public de foncier Rhône Alpes), VNF (Voie navigable de France)
III. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 84
En ce sens, elles constituent un réseau d'aménités qui défie l'organisation classique du
fonctionnement politico-administratif des instances de l'aménagement du territoire. Pourquoi?
L'enjeu de gouvernance des liaisons vertes est bien entendu le suivant : comment créer un
projet de mise en œuvre puis de gestion de ces espaces naturels dans une géométrie de projet
en discordance avec les découpages classiques spatialisés des collectivités territoriales. Une
stratégie payante est la mise en route d'un projet capable de servir toutes les parties prenantes
à la hauteur de leurs intérêts, c’est à dire autour d'un dénominateur commun acceptable par
tous (implications financières, objectifs d'aménagement du territoire en termes de mixité
socio-fonctionnelle, tourisme vert, loisirs de proximités...). Tel est le choix qui semble être
retenu, c'est-à-dire de présenter le concept liaisons vertes comme un élément d’attractivité
touristique, environnementale et paysagère d’une commune traversée. Les liaisons vertes
seront donc présenter aux élus comme l’élément à avoir à l’image d’un label de ville verte ou
la réalisation d’un tronçon sera médiatisé pour attirer d’autre partenaire et de nouvelle
création de liaisons vertes. Le dénominateur commun est le marketing territoriale apporté par
l’image que va être véhiculé par la liaison verte. Et l’investissement financière qui va en
découlé.
3.3.2 Les temporalités et les étapes
a. Etudes antérieurs
Les liaisons vertes étaient déjà dans les documents de planification antérieurs, sous d’autres
appellations ou intégrées dans des problématiques différentes (cf 2.3.2 page 58).
Le projet est actuellement dans sa phase « dessinée » avec une réflexion sur les prochaines
étapes à suivre. Deux travaux ont permis de caractériser les liaisons vertes :
Réalisé par le cabinet TIKOPIA pour le compte du SEPAL sur le « Scot
d’agglomération lyonnaise : réseau des espaces naturels et agricoles de
l’agglomération lyonnaise » fin 2008
Réalisé par une stagiaire Serena Vanbutsele, « Liaisons vertes : les nouvelles voies de
la ville nature » début 2009
III. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 85
La démarche a consisté pour le travail de TIKOPIA à superposer les différents enjeux, à partir
d’une collecte d’informations et de données, de reconnaissance de terrain et d’une
cartographie des continuités :
En identifiant les principaux obstacles, naturels ou artificiels
En identifiant et en prenant compte les continuums écologiques
En mettant en évidence les points de conflits potentiels
En formulant un schéma global d’organisation d’une armature verte
Il s’agissait ici d’une étude d’opportunité, pointant les champs de possibilités qu’il conviendra
de compléter localement par des études de faisabilité technique. Elle a permis la mise en
place des bases, des « fuseaux de tracé », de définir les enjeux et de mettre en évidence la
configuration des du principe.
Le travail de Serena Vanbutsele s’est concentré sur la définition du concept avec une vision
architecturale et paysagère, les formes que peuvent prendre les représentations de ses liaisons
dans le Scot et l’illustration d’un cas concret.
Les cartes de TIKOPIA ont été l’appuie de mon travail, et les définitions de S.Vanbtsele
m’ont permis de m’imprégner des objectifs des liaisons vertes.
b. « Benchmarking » : Les aménagements de nature dans les autres
agglomérations
LE PROJET DU QUAI DE DELAWARE (Sud de la Pennsylvanie)
Le projet consiste à un réseau vert dans le nord de Delaware soit plus de 17 km qui va du
Parc de Pulaski à celui de Glen Foerd, ainsi il y aura la transformation des passerelles et des
rues existantes en liaison vert ce qui apportera une nouvelle distinction et identité à la Ville
(en drainant le centre ville urbain vers les quais) et stimulera l'économie et la culture de la
Ville entière. Ce plan a été adopté en 2006 par la Commission d'Urbanisme de Philadelphie et
sera développé sous les conseils de la Société Fluviale de la ville Delaware (DRCC). Le
corridor situé au bord de la rivière fournira un accès au public continu au quai et inclura aussi
des paysages passifs et des restaurations de la rive, des voies cyclables et piétonnes, des
nouvelles voiries, des nouvelles perspectives de loisirs et sportives. Une liaison verte
principale de 17 km (voie piétonne et cyclable) en continu est développée et s'étendrait de
l'Avenue Allegheny et l'Avenue Delaware au Parc de Pulaski dans le Port Richmond, le long
de la Rivière Delaware par Bridesburg, Wissinoming, Tacony, Holm.
III. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 86
Exemple de banc sans dossier construit par
PAPIO pour le Parc de LARDNER POINT
Zone inondable
Espaces verts publics
Voies existantes
Port de mise à l’eau
Liaisons vertes sur les quais proposés
Voies proposées (sans financement)
Liaisons verte sur les quais à concevoir
Liaisons vertes secondaires
Bretelle d’accès à l’I.95
Porte d’accès proposée avec des
parkings, des toilettes et aménités.
Bretelle de sortie à l’I.95
Voies à concevoir (déjà financer)
« Borrowed Landscape »
Modélisation des futures liaisons : Les eaux pluviales sont filtrées et absorbées par les plantes avant qu’elles se retrouvent en excès dans le système d'évacuation des eaux pluviales.
Exemples de poubelles fabriquées par PETOSKEY pour le Parc de LARDNER POINT
Exemple de table universelle de pique-nique et accessible
construite par PILOT ROCK
Exemple de double fontaine protégée libre d’accès et d’une fontaine
pour animaux fabriquée par STERN WILLIAMS
Exemple de banc sans dossier construit par
PAPIO pour le Parc de LARDNER POINT
Espaces verts publics proposés
III. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 87
LE CONCEPT DES LIASONS VERTES DANS LA VILLE D’OAKLAND (Michigan)
Le concept de réseau vert du Comté Oakland a été développé pour fournir une structure afin
de créer un système connecté d'espaces verts par des liaisons vertes partout dans le comté
urbanisé d’Oakland.
Exemple d’un support pour vélo avec ses
dimensions et son implantation
Exemple d’un support pour vélo (fabriqué
par DERO)
III. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 88
Ce système non-motorisé est prévu pour servir une gamme diverse d'utilisateurs, fournissant
des liens sûrs et bien entretenus aux destinations naturelles, culturelles et patrimoniales
importantes et d'autres points d'intérêt à l'intérieur ou à l'extérieur du comté. La carte des
routes de Oakland s'est développée continuellement et parallèlement à la mise en œuvre ou à
l'implantation de systèmes de plus en plus non-motorisés et à l'augmentation de l'intérêt de
communautés et de certains groupes d'utilisateurs aux connexions existantes et potentielles.
Le Plan Directeur représente alors une vision à long terme pour des équipements non-
motorisés, ainsi ces systèmes non-motorisés et les connexions potentielles sont les différentes
étapes de la planification. Le système de liaisons vertes du comté, recherche le moyen de lier
des espaces de circulation et des espaces verts partout dans le Comté Oakland et le sud-est du
Michigan. Le concept du comté prévoit une hiérarchie des espaces de circulation. Le premier
niveau d'espace de circulation (liaison verte) dans ce système inclue une Cross County Trail68
et une North County Trail Loop (boucle de liaison nationale passant à travers plusieurs états
pour offrir des paysages forestières, fluviales, rocheuse des montagnes, d’anciennes fermes et
de mines).
Figure 16 : Schéma du réseau maillé d’Oakaland
68 c'est le principal axe à plusieurs utilisations Nord/Sud dans le comté, passant par des régions boisées et des espaces libres et ouvert tout le long de sa
longueur. Les utilisateurs peuvent expérimenter une multitude de paysages, du terrain boisé aux des parcs aménagés, de larges vallées au terrain plus
accidenté. Sa surface varie aussi, avec des parties composées sur sa largeur de chemins pavés ou en pierres naturelles et des surfaces naturelles plus
appropriées aux excursionnistes à pied, des motards de montagne ou des cavaliers.
Franchissement facilité aux intersections
Liaisons principales
LIAISONS SECONDAIRES
Liaisons à l’étude
Liaisons Terminées
Liaisons en cours
Liaisons en réflexion
Espaces récréatives
de l’état
Parcs du comté
Espaces Récréatives
Frontière municipale
III. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 89
Après la réalisation de ce benchmarking, (même si toutes mes recherches ne se retrouvent pas
dans ce mémoire), on peut déjà dire que plusieurs éléments sont similaires au projet du Scot :
Un système maillé de parcs et d’espaces naturels apportant une offre récréative
supplémentaire
Des espaces avec une forte présence de végétal et dédiées à un mode de transport non
motorisé et doux.
De fortes orientations vers la marche le cycliste dans des tracés faisant découvrir le
patrimoine du territoire traversé
Des accès facilités et sécurisés avec un tracé linéaire accessible à tous.
Des inaugurations de tronçon (non préciser ici) à l’image d’inauguration de nouvelle
autoroute (médiatisé avec une grande campagne de communication)
Un mobilier urbain et jalonnement diversifiés et attractifs apportant une vrai identité
Exemple de plusieurs utilisations
Usage d’une liaison
Franchissement facilité aux intersections
Parking à vélos
Franchissement facilité aux intersections
III. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 90
c. Les 4 liaisons à la loupe
4 liaisons ont été identifiées et vont être décrites ici afin d’apprécier leur caractéristiques
principales et leur niveau de faisabilité (cf figure 17 ci-dessus) :
- liaison verte du Biezin (V-Vert Nord)
- liaison verte de Parilly/côtières (Plaine d’Heyrieux, V-Vert Sud)
- liaison verte Grandes Terres/Balmes viennoises
- liaison verte du Franc Lyonnais
Dans la description suivante 2 caractéristiques ont été utilisées pour aborder la liaison : la
typologie des espaces traversés et les aménagements présents associés au type de voie routière
(voir cartes ci-dessous).
La typologie des espaces traversés permet de mieux appréhender les divers paysages qui
s’offrent à l’usager mais également de distinguer lors des aménagements le type d’espace
concerné. Par exemple, l’espace agricole est présent sur une grande partie des liaisons, cela
permet d’emblée de lier cette typologie à différents acteurs (agriculteur, chambre
d’agriculture...) et les leviers possibles pour son aménagement (projet nature, protection
4 liaisons « expérimentales » au plan opérationnel
Figure 17 : Schéma du réseau maillé et
des espaces récréatifs de Lyon
III. La mise en œuvre des liaisons vertes : un processus en cours d’élaboration
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 91
agricole par le PLU…). Cette représentation souligne de la même manière les différents
attraits des liaisons vertes.
Les aménagements présents apportent une donnée essentielle et ici une vue directe sur les
sections très satisfaisantes. Les sections ayant une voie verte et une piste cyclable entre dans
le calcul du pourcentage d’aménagement existant. Ces sections offrent aucune difficulté et
sont relativement opérationnelles.
Concernant les voies routières avec accotements larges et arborés, elle permet de caractériser
le niveau de faisabilité, nécessitant de simples et petits aménagements. Elles ont suffisamment
d’espace pour recevoir des aménagements et ont déjà comme autre avantage, une végétation
arborée. Les voies réservées aux véhicules agricoles sont déjà aménagées pour le randonneur
ou les VTT et font partie des sections ou des faibles aménagements sont nécessaires pour un
meilleur confort pour tous.
Les voies routières étroites, bordées de talus sont souvent les points noires des liaisons vertes
avec des aménagements plus conséquent. Ces voies sont caractérisées par des espaces
inexistantes pour le passage libre, en toute sécurité de l’usager. Un gros effort est à mettre en
place pour ses tronçons.
Dans chacune des descriptions, il a été listé les parcs d’agglomération, les golfs, et points
remarquables patrimoniaux à proximité de l’itinéraire de la liaison verte. D’un coup d’œil, le
visionnement apporte les éléments essentiels et les enjeux de chaque liaison verte.
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009
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Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009
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DESCRIPTION DE LA LIAISON DU BIEZIN (V-Vert Nord) Localisation Commune concernée Bron, Chassieu, Genas, Pusignan
Présentation de la liaison
Intérêt de la liaison
- Liaison avec l’Anneau bleu (via Décines pour rejoindre Grand large) - Désenclavements des quartiers denses de la couronne Est (Chassieu, Genas, Décines) et du pôle de Loisirs Carré de Soie - Protection des fonctions agricoles et naturelles du Biezin - Parc de Parilly (parc urbain) est l’espace « rotule » commun avec la liaison verte V-vert sud. - Plusieurs étapes de la liaison sont bien desservi en transport en commun notamment le Parc de Parilly par le T2 (début de parcours) et la Rue
Lamartine par le bus Rhône n° 68 (une étape avant la fin du parcours). - Franchissement aisé de l’autoroute A43 et la national N346 respectivement par l’avenue du 8 mai (passage sous l’autoroute) et le pont de la rue
de l’Epine (chemin agricole) - Voie verte opérationnelle sur Chemin d’Azieu à Pusignan (+3Km) et plus de 7 Km de piste cyclable aménagée. - Branche Nord du corridor biologique - Liaison offrant des paysages urbains, industriels, agricoles et naturels assez variés
Sites remarquables
- Cimetière paysager de Bron, Parc du Fort de Bron (Air de jeu+jardin), Mont aux Fusillés de 1944, Parc de l’école de Santé des Armées (privé), Golf de Chassieu (privé), jardins familiaux à Chassieu, proximité du Mas de Beauregard et des connexions au itinéraire vers le fort de Genas et de Meyzieu (le Parc du Fort de Meyzieu)
- Sentier des Tournesols et plateau agricole du Biezin - Espace Naturel Sensible à Chassieu et à Bron
Longueur de la section : 16Km
- Existante et relativement opérationnelle : 60% - Section où des aménagements simples peuvent être réalisés : 30% - Point de blocage : 10%
Difficultés fonctionnelles:
- Nombre de coupures : 2 - Nature des coupures : infrastructure routière (A43 et N346) - Faible dénivelé : Début Boulevard des Droits de L’homme et après le pont du chemin de l’Epine
Observations
- Gros point noir de la liaison à la rue de l’Egalité et l’entrée de la Rue Hilaire Chardonnet, avec une voie réduite, sans accotement, mais un trafic automobile moindre.
- Dans ces 7 Km de piste cyclable aménagée une grande partie est une voie piétonne circulable librement avec son vélo. - Ces sections doivent avoir une visibilité d’ensemble pour une meilleure ambiance générale. Il faut dire aussi qu’elles se situent en zone dense
urbaine et dure, fortement minéralisée. Les traitements possibles sont limités. - Sur la première moitié du parcours, la présence et la pression de la circulation automobile est très fortement ressentie (ex : D112) et
occasionne un désagrément à cause du bruit et des odeurs dû aux voitures. - Les deux portions possédant un revêtement « naturel » ne sont adaptées qu’à une certaine catégorie de cycliste (VTT, VTC), et ne convient pas
aux rollers, skates, poussettes, trottinettes…. - Pas de mobilier de repos (banc, point d’eau)
Projets - Porteur potentiel par le grand Lyon par le Biais du Projet Grand Stade
Type d’aménagement à mettre en place
- Une voie dédiée pour la rue de l’Egalité et entrée de rue Hilaire de Chardonnet - Des passages protégés au nombreux croissements hors zone urbaine et du vert en profusion - Une amélioration du parcours Parilly-Golf de Chassieu, par une meilleure continuité de voie et d’alignement arboré. Idem pour la section dans
Chassieu. Une voie verte à créer en site propre - Secteur non aménagé, celui de la plaine agricole du Biezin d’où un itinéraire envisagé sur chemin agricole avec un paysagement simple et par
« petit pinceau » (haies, arbres isolé, murets, etc)
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009
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DESCRIPTION DE LA LIAISON DE LA PLAINE D’HEYRIEUX (V-Vert Sud) Localisation Commune concernée Bron, St-Priest, Manissieux, St-Bonnet de Mure
Présentation de la liaison
Intérêt de la liaison
- Point de départ : le parc urbain de Parilly
- Configuration pour relier le Parc Parilly au Fort de St-Priest par la forêt de Feuilly
- Valorisation de la branche Sud du V-vert
- Enjeu géostratégique de liaison vers l’Isle d’Abeau ou le territoire Nord Isère en général
- Projet de « projet nature » dans le secteur situé entre le Fort de Saint Priest et la Fouillouse
- Une grande diversité de paysage : urbain, boisé, rural, agricole et une surface minéralisée faible
- Branche sud du corridor biologique
- Une desserte par le T2 et par le bus du Rhône 165 en fin de parcours
Sites remarquables
- Bois de Parilly, bois de Feuilly, Fort de St-Priest, Côtières de Saint Bonnet de Mure, Bois des Pies.
Longueur de la section : 13Km
- Existante et relativement opérationnelle : 17%
- Section où des aménagements simples peuvent être réalisés : 68%
- Point de blocage : 15%
Difficultés fonctionnelles :
- Nombre de coupures : 3
- Nature des coupures : infrastructure routière (Boulevard Urbain E, A46 et A43)
- Faible dénivelé : le long du sentier de la forêt de Feuilly et du chemin St-Martin
- Dénivelé moyen lors du franchissement de l’A46 et de l’A43
Observations
- Une partie de l’itinéraire relativement dur (de Bron à la forêt de feuilly)
- Deux points vraiment durs : franchissement de l’A43 et l’A46 même si des voies piétonnes sont présentes ou cyclistes cela
restent insuffisantes.
- Le gros point noir du parcours : le chemin St-Martin avec aucun espace pour le promeneur, une grande proximité avec
l’automobile malgré la faible circulation.
- Pas beaucoup d’aménagement végétal sur l’ensemble de la liaison
- Même commentaire sur le mobilier de repos et les revêtements « naturel »
Projets - Porteur potentiel par le groupe de travail Scot, inscrire la liaison lors de la révision de la Chartre CCEL, projet des municipalités
sur la mise en place de piste cyclable (St Priest et Manissieux)
Type d’aménagement à mettre en place
- Dans les tissus durs, traiter par des aménagements dédiés et un paysagement des abords de la liaison verte.
- Depuis Manissieux jusqu’au centre de Saint-Laurent de Mure, sur la côtière, le long du bois des Pies mises en place d’une
emprise spécifique
- Sécuriser et améliorer le franchissement des autoroutes
- Uniformisé la présence du vert, et réduire les nuisances des voitures.
- Réaménagement de la chaussée du chemin Saint Martin avec une voie dédié et peut être un ralentissement des vitesses.
-
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Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009
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DESCRIPTION DE LA LIAISON GRANDES TERRES
Localisation Commune concernée Ville de Lyon (8éme), Vénissieux, Feyzin, St-Symphorien d’Ozon, Corbas, Marennes, Simandres.
Présentation de la liaison
Intérêt de la liaison
- Enjeu métropolitain : rapprocher le territoire de l’Ozon et l’agglomération lyonnaise
- Valorisation du patrimoine naturel et agricole (Grandes terres, Ozon et Balmes Viennoises)
- Un cheminement urbain de 10 Km de piste cyclable (début de liaison sur boulevard des Etats Unis) très bien desservi tout le long par le T4 et par
certaines stations de métro
- Un itinéraire existant sur le plateau des Grandes Terres, utilisant les chemins agricoles
- Début de liaison desservit également par le T2 et la fin de liaison par le bus du Rhône 176
- Réseau sentiers PDIPR, Golf de Lyon à Saint-Symphorien d’Ozon, domaine des Pachottes
Sites remarquables
- Fort de Feyzin, plateau agricole des Grandes Terres, Zone humide et plaine alluviale de l’Ozon (patrimoine écologique), Massif des Balmes
Viennoises, Forêt de Simandres (espace naturel protégé), cimetière de la Guillotière, proximité du parc des Minguettes et de Corbas, musée
Tony GARNIER, musée de la Résistance et des Déportés
Longueur de la section : 20 Km
- Existante et relativement opérationnelle : 50%
- Section où des aménagements simples peuvent être réalisés : 40%
- Point de blocage : 10%
Difficultés fonctionnelles:
- Nombre de coupures : 4
- Nature des coupures : infrastructure routière (la D301, l’A46 à deux reprises et la RD149)
- Faible dénivelé : le long de l’avenue Jean Moulin
- Dénivelé moyen lors du franchissement de l’A46, de la D301 et sur l’avenue Marcel Houël
Observations
- Pas de trottoir pour le piéton pour le franchissement de la D301
- Un traitement particulier (ou le choix de prendre le boulevard de Jodino) pour le chemin de Feyzin avec une vrai place pour le promeneur,
des aménagements verts car ce n’est vraiment pas un endroit agréable à traverser.
- Idem pour le mobilier de repos et revêtement naturel
Projets - Porteur potentiel par le groupe de travail Scot, inscrire la liaison lors de la révision de la Chartre Ozon, Projet nature des Grandes Terres
Type d’aménagement à mettre en place
- Une partie de la liaison verte à aménager au cœur du val d’Ozon
- Un très gros travail sur les franchissements d’autoroute et de départemental, plus de sécurité, d’espace, de confort….
- Rendre agréable le passage dans les différents paysages : traitement par du vert et continuité des ambiances ou des aménagements dans les
mêmes tissus.
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Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009
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DESCRIPTION DE LA LIAISON DU FRANC LYONNAIS Localisation Commune concernée - Caluire- et-Cuire, Sathonay, Cailloux sur Fontaines, Montanay et Civrieux.
Présentation de la liaison
Intérêt de la liaison
- Accompagnement du projet Val de Saône
- Enjeu touristique en lien avec la Dombes
- Aménagements à envisager en cohérence avec la protection du corridor écologique du Franc Lyonnais
- Voie verte existante de Caluire à Sathonay
- Beaucoup de connexion au réseau sentiers PDIPR
- De grandes qualités paysagères (vallon des Echets, Vallon des Torrières, Dombes)
Sites remarquables - Forêt du Parc à Montanay, proximité du fort de Vancia, du Fort de Montéssuy et d’espaces naturels sensibles
Longueur de la section : 19 Km
- Existante et relativement opérationnelle : 47%
- Section où des aménagements simples peuvent être réalisés : 37%
- Point de blocage : 16%
Difficultés fonctionnelles :
- Nombre de coupures : 2
- Nature des coupures : infrastructure routière (A46) et Voie ferrée à Montanay (chemin des Brettets)
- Dénivelé moyen du chemin de Biesse et dénivelé fort dans la Montée du Village et Montée des Voissières à Sathonay
Observations
- Des endroits très minéralisés (Sathonay Village, boulevard des Oiseaux), avec aucune place pour le végétal
- Le gros point noir de la liaison : Route de Saint Trivier et Rue des Dîmes qui possèdent aucun espace pour la circulation piétonne, des
accotements impraticables, des voitures roulant assez vite, aucun confort ni d’ambiance végétale.
- Présence de déchets agricoles et de restes d’incinération sur le chemin de Biesse
- Deux franchissements qui se font aisément par des ponts qui autorisent aucune circulation automobile (hors agricole).
Projets - Porteur potentiel par la conférence des Maires et Projet nature
Type d’aménagement à mettre en place
- Il y a une possibilité de poursuite de la voie verte existante de Caluire au-delà de son tracé actuel sur l’emprise ferroviaire.
- Les deux autre tiers de la liaison verte sont à aménager sur des voies peu roulantes, à transformer en voie verte à part entière avec
report du trafic automobile sur le réseau routier avoisinant
- Traitement végétal en profondeur des zones dures (avenue Boutharey, Boulevard des Oiseaux et les rues de Sathonay Village) avec une
place pour le piéton, une vraie ambiance et un vrai confort. Idem pour la Route de Saint Trivier avec une voie dédiée.
- Sécurisé la Montée du Village lors de son franchissement par le piéton en direction de l’escalier servant de raccourci.
- Améliorer l’accès au chemin de Revaux qui est difficile à trouver depuis le chemin de la Guire
- Même commentaire pour le mobilier de repos et les revêtements naturels.
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3.3.3 Les modalités de mise en œuvre
a. La méthodologie
La démarche consiste, dans une réflexion partenariale, à élaborer une stratégie de mise en
œuvre et à identifier les scènes de portage des projets (financement de la maitrise d’œuvre,
conception et réalisation). Le comité de pilotage de l’étude pourra identifier des opérations
d’urbanisme constituant des opportunités pour la réalisation d’aménagements bénéficiant aux
liaisons vertes (ex : traitement de l’avenue de l’Université ou du Boulevard des Droits de
l’Homme et à l’occasion du prolongement du T2).
L’agence d’urbanisme (chef de projet) définira avec le pilote principal les voies et moyens les
plus adaptés pour garantir la mise en œuvre de ces orientations. La démarche ensuite est
d’imaginer une vision d’ensemble d’une liaison dans son intégralité et de la tronçonner. Enfin,
dégager un tronçon prioritaire pour lequel une communication importante sera établie. Ce
tronçon sera la figure de proue qui lancera le chantier des liaisons vertes.
b. Coordination avec les autres projets
Plusieurs projets prévus à moyen terme pourraient de façon coordonnés profiter à certains
tronçons. Plus précisément, le projet nature et les PENAP qui pourraient lancer la réalisation
des tronçons de la liaison verte du Franc Lyonnais, des Grandes Terres et du V.Vert. Si on
prend l’exemple de l’opportunité du projet Grand Stade (OL Land), on s’aperçoit que
beaucoup peut être fait mais que surtout que la voie routière la LY6 coupe la branche nord du
V-Vert. Est-ce un avantage ou un inconvénient que ce projet existe ? Une chose est sur, le
projet est lancé et les travaux vont se faire à priori comme prévu. D’après la figure ci-dessous
on peut voir donc que la liaison du Biezin est vraiment à proximité de la route LY6 desservant
le futur Grand Stade. Sa construction, en incluant des aménagements dédiés à un ou plusieurs
tronçons de la liaison verte, permettra d’avoir une séquence opérationnelle à moindre prix.
Autre avantage, la liaison bénéficiera des travaux pour utilité public ce qui sera un gros atout
pour les gros travaux (cf figure 18 ci dessous).
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009
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Figure 18 : Projet de l’OL Land ou du Grand Stade
Les différents commentaires rue par rue et les traitements envisagés pour chaque liaison sont
présent à l’annexe page 112 à 120. Les photos permettent de mieux appréhender
l’environnement et la faisabilité des séquences. Le Franc Lyonnais semble avoir un haut
niveau de faisabilité surtout avec ses tronçons déjà opérationnels.
Liaison du Biézin
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009
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CONCLUSION
« Quand le dernier arbre aura été coupé, Quand la dernière rivière aura été empoisonnée,
Quand le dernier poisson aura été attrapé, Seulement alors, l'Homme se rendra compte que
même le billet « vert » ne se mange pas» Prophétie indienne
Mettre de la nature dans la ville s’avère, en fin de compte, un exercice complexe, opposant
des points de vue contradictoires selon les orientations sociales, environnementales et
économiques, qui sous-tendent une certaine vision de la ville idéale. Par manque d’espaces
libres, il a été proposé d’urbaniser plus densément le centre-ville en édifiant des tours, mais
cette solution pose un problème, car le renchérissement des logements en centre-ville expulse
les classes défavorisées dans les communes situées à l’arrière de la ceinture verte. La présence
de parcs urbains et de squares de proximité joue un rôle important en matière de cohésion
sociale, notamment pour les populations urbaines captives qui ne disposent pas des moyens
pour aller au vert en fin de semaine. Et l’expulsion des classes défavorisées de la ville centre
dans les lointaines banlieues génèrent d’importants déplacements motorisés « domicile-travail
et domicile-loisirs » qui sont une source de nuisances. L’idéale est d’arriver à un équilibre
entre densification et présence de nature avec une implication plus active de la population. Le
concept de « liaison verte » permet d’amener la nature au centre plus dense et « d’irriguer »
la ville. Sa mise en place est complexe tant la gouvernance est à définir et que le territoire
traversé est sous compétence de différentes institutions. L’analyse faite, montre une grande
faisabilité et beaucoup d’enjeux sous jacent. Mais comme tous travaux affectés à une voirie,
l’aménagement direct est très cher d’où une concrétisation par tronçon et coordonner avec
d’autre projets. L’étude de ces 4 liaisons met en évidence la fragilité de l’opération, un long
chemin à parcourir et beaucoup de moyens techniques, logistiques et beaucoup de d’acteurs à
mobiliser. Mais au final tout le monde à y gagner, une attractivité et une image « vert » pour
la ville, des investissements pour les institutions, un meilleur cadre de vie et d’hygiène de vie
pour les citoyens et enfin une meilleur cohérence des politiques de logement et d’agriculture.
Cette étude est à approfondir et à appliquer aux autres liaisons vertes car ce concept et celle de
l’armature verte doivent devenir les instruments de planification.
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009
103
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ANNEXES
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 105
ANNEXES
ANNEXES
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 106
Grand Lyon 57 communes
500 km² 1,2 millions d’habitants Echelle institutionnelle
Définition de politiques Action (mise en œuvre des
projets)
ANNEXES
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 107
DEFINITIONS Les cœurs verts sont de grands sites d’intérêt régional à forte valeur patrimoniale. Se sont des
territoires tous différent dans leurs pratiques et fonctionnement mais ils deviennent des « territoires
ressources » du système vert.
Les espaces de transition sont les zones de transition entre les grands sites naturels et les sites plus
urbains. Leur évolution tend vers une urbanisation diffuse faisant disparaitre les liaisons paysagères
et les corridors écologiques. Ce sont les territoires devant faire l’objet d’une planification active
Les couronnes vertes d’agglomération sont situées en limites des taches urbaines des agglomérations,
elles marquent les limites de la ville. A dominante agricole, ces espaces sont actuellement une réalité
et un enjeu pour la planification urbaine. Il fait proposer une alternative volontariste à l’étalement et
à la déqualification des franges. Il faut ici promouvoir un aménagement concerté et durable des
territoires en accordant une place significative aux fonctions paysagères, récréatives et écologiques
des espaces non-bâtis.
Les liaisons et coupures vertes sont des espaces dont la continuité assure des fonctions de corridor
écologique, coupure verte sur les grands axes de conurbation, de liaisons paysagères à grande échelle
entre les cœurs verts ou, localement, de circulations douces pour les loisirs. Ce sont les capillarités
principales du réseau maillé des espaces naturels, agricoles et paysagers.
Les trames vertes de l’agglomération sont celles identifiées par la mission écologie du Grand-Lyon. Ce
sont des espaces intra-urbains peu ou pas construits, s’appuyant sur des espaces à dominante
ANNEXES
Fabien GARDENAT Mémoire de stage juillet 2009 108
naturelle, boisées ou agricoles. Ces espaces ont une vocation paysagère et de loisir complémentaire de
l’espace public urbain.
Les grands axes urbains de vallées, souvent accompagnés des infrastructures routières majeures,
accompagnant le phénomène de conurbation. Il s’agit de replacer des grands axes à l’échelle du site
et des horizons naturels qui les encadrent par la préservation des coupures vertes et des paysages de
coteaux, de redonner une place au végétal dans la reconquête paysagère des sites dégradés.
Le Square est un espace vert urbain ouvert au public, peu étendu, allant de 1 000 m² (1ha) à 20 000
m², aménagé dans une cour intérieure d’immeuble, un quartier d’habitation, ou situé sur une place
protégée des circulations générales, agrémenté d’arbres et de pelouses, généralement doté d’une aire
de jeux, et clos par une grille, un grillage ou une haie.
Le Parc est un espace vert urbain ou périurbain ouvert au public, clos ou non, de plus grande
proportion qu’un square, allant de 2 ha à 3000 ha. Le parc est aménagé à des fins récréatives,
composé de pelouses d’agrément, d’arbres d’ornement et de massifs boisés. Il est généralement
attenant à une propriété privée (château, manoir, maison de maître) ou jouxtant une propriété
publique (hôtel de ville, domaine public fluvial, forêt domaniale). Les parcs hérités du Second Empire
(parc boisé, jardin public, parc-jardin) disposent parfois d’une ligne de mobilier de jardin spécifique
(banc, lampadaire, grille, porte d’entrée monumentale, fontaine). En revanche, certains parcs naturels
urbains et périurbains peuvent inclure des terres agricoles cultivées, et ne présenter aucun mobilier
et équipement urbain.
Le jardin public au sens strict, le jardin public est un espace vert urbain, enclos, à dominante
végétale, protégé des circulations générales, libre d'accès, conçu comme un équipement public et géré
comme tel.
(Emmanuel Boutefeu,CERTU pour Géoconfluences le 28 avril 2007)
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