LESémotions

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Les quatre types d'expériences émotives

Émotions simples 

Ce sont les émotions proprement dites, dans leur plus simple expression. Pour s'informer sur ce qui est important pour nous, il estnécessaire de les ressentir.

Émotions mixtes Elles sont composées de plusieurs expériences émotives. Elles contiennent habituellement une ou deux émotions et d'autres genresd'expériences qui servent à se défendre contre une de ces émotions. Pour s'informer correctement, il faut donc décomposer l'émotionmixte afin de pouvoir ressentir la ou les émotions et traiter adéquatement les autres expériences qui la composent.

Émotions repousséesCe sont des expériences habituellement à dominance corporelle. Elles prennent place lorsqu'on repousse une émotion ou que l'onévite son expression. Il faut retrouver l'émotion refoulée.

Pseudo-émotions Elles ont l'apparence d'émotion. Elles sont plutôt des "façons de dire les choses" qui cherchent à cerner l'émotion. Il faut identifier l'émotion qu'elles traduisent.

Inventaire des différentes expériences émotives

Vous trouverez ci-dessous une liste d'expériences émotivesabaisséabandonnéabhorrer 

absentadmirationadorer affection (affectueux)affolementagitationagitéagrémentagressif aimableaiméambivalentamertume

amitiéamour angoisseanxiétéapathie (apathique)appréhensionarrogantattachement(attaché)attendrissement

 béatitude bégaiement bizarre blessé

 bloqué bonheur  boule dans la gorge brisé burnout

déceptiondécouragementdéfensif 

dégoûtdélaissédélectationdépendantdéprimédérangédésespoir désir désoeuvrementdetester de tropdévalorisédifférent

diminuédistantdouleur doutedouxdrôleécartéécoeuréeffroiégoïsmeéjectééloignéémerveillé

embarrasemprisonnéenchantéénervement (énervé)engourdissement

faiblefatiguéfébrilité

ferméfiertéfigéflottementfortfoufrayeur frustréfureur gelégêne gentilgratitude

haineharmonieuxheureuxhontehostilitéhumiliationimpatienceimpuissantimpulsif incomprisindifférentinférieur inquiétude

insécuritéintimidéirrité

 jalousie-amoureuse  jalousie-envie 

 panique paralysé paresse

 passion patient peine perdu persécuté perturbé pessimiste peur  peur-panique pitié plaisir  positif  proche

rageraisonnablerancuneravissementreconnaissancerefuséregretrejetéreposérepousséréservéressentimentretiré

révoltéridiculerougissementsatisfactionsensuel

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cafardcalmechagrinchérir choqué (colère)coincécolèrecompassionconfiance

confusionconsidérationcontentementcraintecrise de paniqueculpabilité

ennuienragéenthousiasteenvahienvahissantenvieépouvanteestimeétouffement

étourdissementeuphorieévaluéévanouissementexaspérationexcitationexcluexécrer extaseextrémités froides

 joie jouissance jugéloinmalaise (mal à l'aise) mal de têtemanipulationmanipuléMigraine de tension

mécontentementméfiancemélancolieméprismortnauséesnégatif nervositénon-désirénostalgieoptimisteouvert

sérénité (serein)solitude (seul)soupir stressésupérieur surprissympathietendressetensions diverses

terreur ticstimidetractrahitranspiration excessivetremblementtristessevanitévictimevideviolencevivant

volupté

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Prendre MA placePour apprivoiser l'affirmation de soi.

Date5 rencontres hebdomadaires : Dates ?

Durée 15 heures

Prérequis Aucun

Coût 350$

Responsable Karène Larocque

Aussi offert à Sherbrooke 

Description de l'atelier  Objectifs Comment s'inscrire? Dates  

Description de l'atelier "Prendre ma place"

L'affirmation de soi est la capacité d'être expressif de soi; de ses émotions, ses besoins, sesvaleurs, et ses opinions. Cette habileté à se respecter se développe. C'est par la pratique que l'onacquiert la sécurité et l'assurance permettant de s'affirmer sainement.

Cet atelier offre à chaque participant la possibilité de s'exercer selon son objectif particulier. Il estconçu pour apprivoiser l'affirmation de soi de façon progressive. Le niveau de difficulté desactivités est soigneusement gradué et chacun peut l'adapter à son propre niveau d'habileté.

Plan de l'atelier:

• Rencontre 1 : À la découverte de ma façon particulière de m'affirmer.• Rencontre 2 : M'inventer des expériences et Oser prendre ma place dans un groupe.• Rencontre 3 : Oser dire ce que je ressens.• Rencontre 4 : Oser demander, oser dire non.• Rencontre 5 : Oser être intense.

Les objectifs

• Savoir ce qu'est l'affirmation de soi et comment elle se développe.

• Identifier clairement sa façon habituelle de s'affirmer.

• Préciser des objectifs à partir de ses difficultés propres.• Apprendre à s'inventer des expériences pour développer son habileté.

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• Apprivoiser les risques de l'affirmation de soi.

Un atelier qui permet de développer sa capacité à s'affirmer 

mais aussi et surtout,

d'apprendre à utiliser la vie de tous les jours pour poursuivre sa démarche...

Dates Comment s'inscrire?

Vaincre la dépendance affectivePour devenir plus autonome

Date5 rencontres hebdommadaires : Dates ? 

Durée 15 heures

Prérequis Aucun

Coût 350$

Responsable Karène Larocque

Aussi offert à Sherbrooke 

Description de l'atelier  Objectifs Comment s'inscrire? Dates  

Description de l'atelier "Vaincre la dépendance affective"

Répondre à nos besoins affectifs est essentiel à notre vitalité. Nous avons tous des besoins d'ordreaffectifs tout au long de notre vie. Chez certains personnes, le besoin d'être aimé prend des

 proportions énormes et parfois des formes aiguës. Plusieurs se considèrent alors "dépendantsaffectif" ou se font qualifier ainsi.

Dans une série d'article sur la dépendance affective, Michelle Larivey explique que ce n'est pas lebesoin d'affection qui est le problème mais la façon dont on cherche à y répondre. Comme la

 personne répète une façon inefficace de répondre à son besoin d'affection, le manque devient de plus en plus criant. Plusieurs personnes qui se disent "dépendantes affectives" ont l'impressionqu'il leur est impossible d'être comblées affectivement tellement le besoin est intense. Elles seconsidèrent comme un puit sans fond!

Pourtant, il est possible renverser cette impression de puits sans fond et de réellement se nourrir affectivement dans nos relations. Cette habileté se développe.

Cet atelier offre à chaque participant la possibilité de travailler sur ses difficultés propres à senourrir affectivement. Il est conçu pour apprivoiser une nouvelle façon de considérer ses besoinsaffectifs et de les prendre en charge activement. Le niveau de difficulté des activités est

soigneusement gradué et chaque participant peut faire son cheminement propre à travers celles-ci.Plan de l'atelier:

• Rencontre 1 : Ce qui se cache derrière ma dépendance affective.

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• Rencontre 2 : M'accorder de l'importance.• Rencontre 3 : Ne plus me renier devant l'autre.• Rencontre 4 : Faire des demandes claires.• Rencontre 5 : Poursuivre ma démarche dans mes relations actuelles.

Les objectifs

• Comprendre ce que cache ma forme de "dépendance affective"• Prendre conscience de mes façons particulières de voir à mes besoins affectifs• Identifier ce qui perpétue mes frustrations dans mes rapports affectifs• Préciser des objectifs à partir des difficultés qui me sont propres• Apprendre des façons concrètes d'accorder de l'importance à qui je suis

o  pour ressentir mes émotionso  pour ne plus me renier devant les personnes qui m'importento  pour prendre la responsabilité de mes besoins

• Apprivoiser les risques de m'exposer devant l'autre et de prendre activement en charge lasatisfaction de mes besoins.

• Apprendre à utiliser mes relations pour vaincre la "dépendance affective".

Dates Comment s'inscrire?

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Le plaisir Une émotion simple

| Avant d'imprimer ce document | Mise en garde || Les quatre types d'expériences émotives | Pour explorer d'autres expériences émotives! |

Des expériences émotives connexes

• la joie, le bonheur, la béatitude, l'euphorie, l'extase, l'agrément, la délectation, la jouissance, la volupté, le ravissement,l'enchantement, l'émerveillement.

Des exemples

1. J’ai du plaisir à faire de l’escalade.2. Le plaisir des sens... le plaisir esthétique...3. La lecture est un de mes plaisirs dans la vie.4. Ma relation avec ces gens est généralement plaisante.

Qu'est-ce que le plaisir ?

L’être vivant est un être de besoins. Le plaisir est le nom générique de la la satisfaction d’un besoin physique, affectif ou intellectuelou encore de l’exercice harmonieux d’un fonction vitale. À l’autre extrémité du continuum de satisfaction, c’est le déplaisir (malaise, mécontentement, désagrément...). Le plaisir a un grand nombre de synonymes qui désignent des différences plus ou moinssubtiles dans l’expérience de satisfaction.

Que nous révèle le plaisir ?

 Nous éprouvons du plaisir lorsqu’un besoin (il peut s’agir même d’un caprice) est comblé, lorsque nous agissons dans le sens d’uneinclination qui nous est propre. Le plaisir est plus ou moins grand ou intense, selon l’importance du besoin ou de la tendance et ledegré de satisfaction de ceux-ci.

Variations sur le thème satisfaction-plaisir 

1. La joie (émotion simple)

La joie exprime une satisfaction qui se caractérise par un sentiment de plénitude. Pour qu’il y ait joie, il faut que lecontentement soit vécu sur un sujet très important. Il faut également qu’il porte sur la totalité du sujet ou sur tous sesaspects. De là le sentiment d’être comblé.

La joie peut être profonde et tranquille mais aussi intense donnant lieu à de l’excitation, de l’exaltation.

À la différence du plaisir, la joie ne porte pas sur des satisfactions d’ordre physique. Et bien qu’elle puisse s’exprimer par de la gaieté, elle est de nature plus intériorisée que le plaisir. La joie est une émotion qui gagne toute notre personne. La

 joie, contrairement au bonheur, est une émotion de courte durée et passagère.

2. Le bonheur (pseudo-émotion)

Le bonheur n’est pas une émotion. C’est un état provenant de plusieurs émotions indicatrices de satisfaction, y compris dela joie et du plaisir. Le bonheur est la manifestation d’une grande satisfaction dans tous les secteurs névralgiques de notrevie. Bien qu’il suppose différentes émotions d’intensité variable, le bonheur est une expérience paisible. Il peut être decourte ou de longue durée.

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Il y a des instants de bonheur qui proviennent du fait de combler un manque criant. Plus rien ne compte que de dormir lorsque nous sommes épuisés: le bonheur c’est un bon lit chaud. Étancher une grande soif avec une eau fraîche fait vivre uninstant de bonheur. Être enfin dans ses bras après une longue attente est la seule chose qui compte: c’est le comble du

 bonheur.3. La béatitude (pseudo-émotion) est un état de parfait bonheur. La satisfaction est à son comble dans tous les secteurs

importants de notre existence.4. L’euphorie (émotion simple) est un contentement d’extrême intensité qui peut susciter de l’excitation et de l’agitation.5. L’extase (pseudo-émotion) est un état d’ivresse provoqué par une joie extrême.6. L’agrément (émotion simple) est un plaisir de peu d’intensité et de courte durée.

7. La délectation (émotion simple) est un plaisir que l’on savoure.8. La jouissance (émotion simple) est un très grand plaisir dont on jouit pleinement. Habituellement il s’agit d’un plaisir d’ordre sensuel, intellectuel ou esthétique.

9. La volupté (émotion simple) est un vif plaisir des sens pleinement goûté.10. Le ravissement (émotion simple) est une joie très forte. L’intensité de la satisfaction dépasse nos attentes et nous rend

rayonnants.11. L’enchantement (émotion simple) est le plaisir vif d’être charmé.12. L’émerveillement (émotion simple ) est un plaisir mêlé d’étonnement et d’admiration devant ce qui nous paraît

extraordinaire..

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l'état de nos besoins et sur la façon de les satisfaire. Voyez comment décoder leurs messages. Par exemple: joie, fierté, colère, ennui, peur, etc

Ce sont les seules vraies émotions. Elles nous informent directement sur l'état de nos besoins et sur la façon deles satisfaire.

Voyez comment décoder leurs messages.

Les types d'information qu'elles transmettent

Les émotions servent à nous informer de l'état de nos besoins. Sont-ils satisfaits ? À quel degré ? De quel besoin s'agit-il ?

Il est important de reconnaître nos émotions et de les ressentir. En permettant au  processus naturel de l'émotion de se dérouler, ons'assure de pouvoir prendre en main la satisfaction de nos besoins.

Les émotions simples se divisent en deux grandes classes:

1. Positives: elles indiquent que le besoin est comblé2. Négatives: elles signalent que le besoin n'est pas comblé

Dans chacune de ces classes, il y a trois catégories:

1. Par rapport au besoin: quel est le besoin en cause2. Par rapport au responsable: qu'est-ce ou qui aide ou nuit à la satisfaction du besoin3. D'anticipation: mes réactions à ce qui pourrait survenir 

Pour des explications complètes sur les émotions simples:Les genres d'émotions  par  Michelle Larivey 

Inventaire des émotions simples

Vous trouverez ci-dessous une liste d'émotions simples. Pour chacune des expériences soulignées, vous pouvezaccéder à une fiche explicative. Chaque mois, nous ajoutons 3 nouvelles fiches.

Vous pouvez aussi recevoir ces fiches directement dans votre courrier électronique en vous abonnant gratuitement aumagasine électronique "La lettre du Psy"

(+) Positive:

indiquant

la satisfaction

Par rapportau besoin:

Par rapportauresponsable:

D'anticipation

agrémentcontentement

adorer affection

Par rapport

Par rapportau

D'anticipation

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délectationémerveillementenchantementeuphorie

 joie jouissanceheureux

 plaisir ravissementvolupté

attendrissementchérir fiertétendresse

au besoin:

responsable:

amertumechagrindésoeuvrementdouleur ennuienviemécontentementmélancolie vaguenostalgie

 peinetristesse 

abhorrer agressif choquécolèredégoûtdetester enragéexaspérationexécrer fureur haineimpatienceragerévolté 

Pour explorer d'autresexpériencesémotives! 

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Les émotions mixtes

| Avertissement et mise en garde | Avant d'imprimer ce document |

Ce sont des expériences défensives qui ont l'apparence d'émotions. En fait, elles sont un mélange d'émotions et de subterfuges quiont l'effet de nous berner nous-mêmes et notre interlocuteur. Elles tentent de nous "désinformer" (contrairement aux émotions

simples).

Qu'est-ce qu'une émotion mixte ?Inventaire des émotions mixtes

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La babillard électronique Infopsy( Qu'est-ce que c'est ? )

Qu'est-ce qu'une émotion mixte ?

Qu'est-ce que c'est ? 

• Un amalgame d'émotions et d'autres expériences émotives dont des subterfuges.• Une expérience en partie défensive.

Que tente-t-elle de faire ? 

•  Nous désinformer.

Que peut-on faire ? 

• Les décomposer pour identifier les subterfuges, confronter ces derniers et vivre les émotions réelles.

Exemples: • la culpabilité, la jalousie, le mépris, la pitié, la honte, etc.

Pour des explications complètes sur les émotions mixtes:Les genres d'émotions  par Michelle Larivey 

Inventaire des émotions mixtes

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Vous trouverez ci-dessous une liste d'émotions mixtes. Pour chacune des expériences soulignées, vous pouvezaccéder à une fiche explicative. Chaque mois, nous ajoutons 3 nouvelles fiches.

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amertumeamour culpabilitéécoeurement

honte jalousie-amoureuse jalousie-enviemépris

 passion pitiérancuneressentimenttrac 

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Les émotions repoussées

| Avertissement et mise en garde | Avant d'imprimer ce document |

Expériences à forte connotation corporelle: il s'agit de malaises qui résultent du fait qu'on repousse une expérience émotive, une

 préoccupation importante ou une action à poser pour se respecter.

Qu'est-ce qu'une émotion repoussée?Inventaire des émotions repoussées

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( Qu'est-ce que c'est ? )

Qu'est-ce qu'une émotion repoussée ?

Qu'est-ce que c'est ?• Une expérience à forte connotation corporelle.• Un malaise résultant du fait qu'on repousse une expérience émotive, une préoccupation ou une action à poser.

Que tente-t-elle de faire ? 

• Elle tente de détourner notre attention de ce que nous repoussons pour l'attirer vers le malaise qui en résulte.

Que peut-on faire ?

• Décoder ces réactions pour reprendre contact avec ce qui est repoussé.

Exemples: • L'anxiété, l'angoisse, la fébrilité, la gêne, le vide, les tensions musculaires, la surexcitation, la migraine, le noeud à

l'estomac, le bégaiement, la boule dans la gorge, etc.

Pour des explications complètes sur les émotions repoussées:Les genres d'émotions  par Michelle Larivey 

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Inventaire des émotions repoussées

Vous trouverez ci-dessous une liste d'émotions repoussées. Pour chacune desexpériences soulignées, vous pouvez accéder à une fiche explicative. Chaque mois,nous ajoutons 3 nouvelles fiches.

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agitationangoisseanxiété

 bégaiement boule dans la gorgecrise de paniqueengourdissement

étouffementévanouissementextrémités froides

faiblefatigues (certaines)fébrilitéflottementgênemalaise (mal à l'aise)mal de tête

migraine de tension

nauséesnervosité

 panique peur paniquerougissementtensions diversestics

transpiration excessivetremblementvide 

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Les pseudo-émotions

| Avertissement et mise en garde| Avant d'imprimer ce document|

 Nous confondons souvent avec des émotions des concepts qui traduisent notre réalité, des images utilisées comme métaphores, des

états d'âme, des attitudes ou des évaluations. En fait, ce ne sont pas des émotions, ce sont plutôt des pseudo-émotions.

Qu'est-ce qu'une pseudo-émotion ?Inventaire des pseudo-émotions

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( Qu'est-ce que c'est ? )

Qu'est-ce qu'une pseudo-émotion ? 

Qu'est-ce que c'est ? 

• Une façon d'exprimer ce que l'on ressent sans évoquer d'émotions.

Quels sont les types de pseudo-émotions ? 

• Concepts: le rejet, par exemple, est une action. Je suis l'objet du rejet de quelqu'un. Je ne peux donc "me sentir rejeté". Par contre, le fait d'être rejeté provoque des sentiments chez moi.

• Images: se sont des approximations de sentiments. Nous employons très souvent des images pour traduire ce que nousressentons. Se sentir "au-dessus", "petit", "loin", "étouffé", "écrasé", etc.

• États: je suis calme, serein, fatigué, déprimé, etc. Contrairement aux émotions, les états sont relativement stables. De plus,

ceux-ci sont inévitablement teintés d'une saveur émotionnelle. Je puis être calme et m'ennuyer, calme et triste.• Attitudes: il s'agit de prédispositions à agir dans un sens ou dans un autre. Être curieux, ouvert, chaleureux, hostile sont des

façons d'être. Être curieux fait que je suis toujours prêt à connaître et expérimenter de nouvelles choses.• Évaluations: enfin, le type de pseudo-émotions le plus pernicieux est sans doute l'évaluation. Par exemple, je me sens

stupide. Il serait plus juste de dire "je me trouve", car la stupidité est impossible à ressentir. Or, par définition, une émotionça se ressent.

Que peut-on faire ? 

• Lorsque l'on veut s'informer réellement, il faut aller au-delà de ces formulations et se demander ce que l'on ressent danscette situation. Ce n'est que de cette façon que nous pouvons ressentir les émotions.

Pour des explications complètes sur les pseudo-émotions:

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Les genres d'émotions  par Michelle Larivey 

Inventaire de pseudo-émotionsVous trouverez ci-dessous une liste de pseudo-émotions. Pour chacune des expériences soulignées, vous pouvezaccéder à une fiche explicative. Chaque mois, nous ajoutons 3 nouvelles fiches.

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abaisséabandonnéabsentadmirationaimableaiméaffolementambivalentamitiéapathieappréhensionarrogantattachement (attaché)

 béatitude bizarre blessé bloqué bonheur  brisécalmechoqué (choc)coincécompassionconfusioncraintedéceptiondécouragementdéfensif 

dépendantdéprimédérangédésespoir de tropdévalorisédiminuédistantdouxdrôle

écartééjectééloignéembarrasemprisonnéenthousiasteenvahiestimeévaluéexcluextasefaibleferméfigéfortfoufrustrégelégentilgratitudeharmonieuxhostilitéhumiliationimpuissantindépendantindifférentinférieur inquiétude

insécuritéintimidé jugéloinmanipulationmanipulémortnégatif non-désiré

optimisteouvert

 paralysé paresse patient perdu persécuté perturbé pessimiste positif  proche puissantreconnaissancerefuséregretrejetéreposérepousséréservéretiréridiculesensuelsérénité (serein)solitude (seul)stressésupérieur surprissympathie

timidetrahivictimeviolencevivant

Pour en savoir plus sur les quatre types d'expériences émotives! 

Pour explorer d'autres expériences émotives! 

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Les genres d'émotions Par  Michelle Larivey, psychologue 

Cet article est tiré du magazine électronique" La lettre du psy"

Volume 2, No 7: Juillet 1998

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Résumé de l'article

Dans cet article, Michelle Larivey introduit une nouvelle section de nos publications. Il s'agit du Guide des émotions quidonnera des explications précises sur la nature et l'utilité particulière de chaque expérience émotive. Dans cet articled'introduction, Michelle fournit une vision d'ensemble à partir de laquelle il sera possible de situer chaque émotion et declasser les différentes expériences émotives. Les émotions y sont distinguées des autres expériences qui les accompagnent

 parfois ou qui sont confondues avec elles (comme l'anxiété ou la culpabilité).

Table des matièresA. IntroductionB. L'importance des émotions

1. Un système d'information2. Un système de communication3. Les quatre genres d'expériences émotives

C. Les émotions simples4. L'émotion: indicateur de satisfaction ou d'insatisfaction5. Les émotions par rapport au besoin lui-même6. Les émotions par rapport au responsable ou à l'obstacle7. Les émotions d'anticipation

D. Les émotions mixtesE. Les émotions repousséesF. Les pseudo-émotionsG. Conclusion

Vous pouvez aussi voir:Vos questions liées à cet article et nos réponses !

Ce texte présente la classification des émotions que j'ai élaborée depuis plusieurs années. En mettant cesinformations à la disposition de tous, j'espère contribuer à démêler le vaste champ de la vie émotive et

démystifier les émotions, aux yeux de certains. De plus, je sais que le fait de mieux comprendre le rôle desdifférentes expériences augmente beaucoup notre capacité de nous diriger dans cet univers souvent

mystérieux. Je pense que "Le guide des émotions" a une grande utilité pour ceux qui s'intéressent à laquestion. Ce texte est une introduction nécessaire à son utilisation.

B. L'importance des émotions

 Nous avons constamment des émotions, comme nous avons constamment des sensations. Le film m'ennuie etmon ami de coeur m'attend pour dîner. La décision est facile à prendre: je quitte le cinéma et j'accours chez

lui. Mon enfant est malade, je suis inquiète. Malgré mon immense fatigue, je suis d'accord pour les nuits blanches qu'il m'impose. Voilà deux décisions prises à partir de l'information fournie par mes émotions. La

 plupart des émotions passent ainsi, presqu' inaperçues, car elles ne nous posent pas de problème. C'estlorsqu'elles nous dérangent que nous nous objectons et que nous tentons de les arrêter ou de les transformer 

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artificiellement. Pourtant, qu'elles nous dérangent ou non, elles jouent le même rôle.

1- Un système d'information 

L'article de Jean Garneau, "À quoi servent les émotions" est très éloquent sur leur rôle ainsi que sur lesdangers de les éliminer de notre vie. Rappelons seulement que les émotions sont aussi importantes pour 

diriger notre vie psychique que les sensations au plan physique. Elles nous informent du fait que nous sommes"atteints" par les choses. Leur intensité nous indique combien "fort" nous sommes atteints. Elle est donc

révélatrice du degré d'importance.

Si un geste, un événement nous atteint, c'est qu'il a une résonnance en nous. Il nous renvoie à un vécu qui aune signification subjective. Ainsi nous pouvons dire que ce qui nous touche correspond à un besoin en nous.Il peut s'agir d'un besoin plus ou moins grand, mais ce qui est certain, c'est qu'il est suffisamment important

 pour que nous soyons ainsi remués. Par exemple, mon employeur annonce une mise à pied prochaine.Comme je viens de gagner le gros lot à la loto, ça ne m'affecte aucunement. Mais si je n'ai pas gagné la loto et que par 

ailleurs je viens d'acheter une maison, je me ferai sans doute du mauvais sang. Dans le deuxième cas, monéquilibre, du point de vue sécurité est menacé. La situation éveille mon besoin actuel de sécurité. Le besoin

révélé par une émotion est toujours un besoin présent, comme c'est le cas pour les sensations.Les sensations sont ressenties elles aussi dans le présent et nous informent sur la situation présente. Chacune

d'entre elles peut être considérée comme nous donnant le pouls sur un aspect de notre état physique dumoment. Je vois un trou sur la chaussée, j'allonge le pas pour l'enjamber. J'ai un inconfort au dos, je change de

 position. J'ai l'estomac qui gargouille, je sais que j'ai faim. Je sens que je perds l'équilibre, j'essaie de lerattraper par divers mouvements. Tout comme nous avons plusieurs types de sensations qui nous renseignent

sur différents aspects de la réalité (vue, ouïe, odorat, toucher, goût, mouvement) nous avons divers typesd'émotions qui fournissent de l'information spécifique. Ainsi, la tristesse révèle un manque, l'impatience

informe du fait que ce que nous faisons présentement n'a pas de sens, la colère surgit lorsque nous rencontronsun obstacle à notre satisfaction, etc...

Les émotions surviennent à l'occasion d'un contact avec le monde extérieur mais elles peuvent aussi êtresuscitées par ce qui se passe en nous. Par la seule pensée, nous pouvons déclencher une émotion. Un souvenir ravive ma nostalgie. Constater que je reproduis le même comportement me décourage. L'idée qu'il pourrait sechoquer m'affole. L'anticipation de sa présence m'excite. Nous pouvons aussi avoir des émotions à partir de

nos sensations. Ma douleur m'exaspère. Je deviens affolée en perdant le souffle. Les symptômes de monangoisse me font paniquer.

Qu'elle provienne de nos pensées ou d'un événement extérieur, l'émotion a toujours la même fonction: ellenous informe. Ce n'est pas parce que nous n'aimons pas le message qu'elle nous transmet qu'il faut l'éliminer.

 Nous verrons, à mesure que nous préciserons le type d'information fourni par l'émotion, qu'il n'est pas rentable

de manipuler sa vie émotive.

La fonction informative de l'émotion fait d'elle, au contraire, un instrument très précieux pour nous orienter.Sentir ma tristesse me permet d'identifier ce qui me manque et de choisir ainsi les actions appropriées pour yremédier. En ressentant mon impatience j'identifie non seulement que je suis en train de perdre mon temps,mais aussi ce qui est ma priorité actuelle. Assister à la joute verbale de mes deux collègues ne m'intéresse

aucunement alors que je suis coincée par une importante échéance. Sentir à fond mon découragementm'amènera à des solutions que je n'ai jamais envisagées jusqu'à maintenant. La peine que j'ai à l'idée qu'il

 pourrait me rejeter me donne l'occasion de cerner l'importance de cette relation pour moi. Je peux ainsi entenir compte en m'adressant à lui.

2- Un système de communication 

 Nous sommes ébahis par la variété des sons qui semblent servir de système d'échange chez les cétacés. Nous

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devrions être médusés par l'ampleur et la sophistication du registre émotionnel humain! Nous disposons d'unequantité phénoménale de mots et d'expressions pour rendre compte des différentes teintes de nos joies et de

nos peines. Les mots et les autres formes d'expression de nos sentiments servent aussi à nous "dire" auxautres. Cette musique me transporte. J'ai à coeur de remettre un travail de grande qualité. Je tiens à obtenir cecontrat. Je suis fière de mon fils. J'admire ta compétence. Ton soutien m'est précieux. Je serai toujours là pour 

toi.

Sans émotion, nos échanges seraient moins nourrissants. Imaginons seulement que tous les gens avec lesquelsnous sommes en rapport nous soient indifférents. Quel ennui! Imaginons que les livres, les oeuvres d'art, les

films, la musique ne déclenchent aucune émotion en nous. Quel vide! Imaginons une relation amoureuseexempte d'émotion. Par définition, ce ne serait pas une relation amoureuse.

Ce sont les émotions qui font que nos relations avec les autres sont nourrissantes. À ce titre aussi elles ont unevaleur inestimable. Plus on est capable de les ressentir, plus on peut se nourrir. On se nourrit alors des effetsde nos actes ou de ce que les autres nous apportent parce qu'on absorbe, en quelque sorte, en ressentant. Pluson est capable d'exprimer et d'extérioriser nos émotions dans des actes, plus on est nourrissant pour les autres.

Cela entre autres parce que nous leur communiquons des choses qui sont importantes pour nous. Or ce quenous vivons leur importe ou les concernent souvent.

3- Les quatre genres d'expériences émotives 

Je distingue de toutes les autres expériences émotives, les émotions proprement dites que j'appelle les"émotions simples". Avec celles-ci, il n'y a rien d'autre à faire que de les ressentir. Il y a aussi ce que j'appelleles "émotions mixtes". Elles contiennent des émotions simples, mais souvent beaucoup d'autres choses qu'ilest nécessaire d'identifier pour s'informer correctement. Ces expériences émotives doivent absolument être

décomposées en leur plus simple expression pour en extraire l'émotion et pouvoir la ressentir. Viennentensuite les "émotions repoussées" qui donnent lieu à des phénomènes à dominance corporelle. Ces

expériences corporelles doivent être traitées de telle façon que l'émotion ou l'expression refoulée puissent être

identifiée. Enfin, sous le vocable de "pseudo-émotions", je présente diverses expériences qui n'ont d'émotionque l'apparence. Il est indispensable de les traduire en émotions si on veut réellement s'en servir pour s'informer sur notre expérience.

On trouvera dans la section "Le guide des émotions" un résumé de ces quatre genres d'expériences émotives etdes indications sur la manière de s'en servir. On trouvera aussi, le tableau de classification avec les

expériences émotives rattachées à chaque catégorie. Enfin, une section du site sera consacrée à la descriptiondétaillée de chaque émotion ou expérience connexe. Chaque description comprendra un exemple ainsi que des

explications sur la nature et la fonction de cette expérience. "Le guide des émotions" sera développégraduellement après la parution du présent article.

C. Les émotions simples

On peut diviser les émotions en deux grandes classes, les positives et les négatives. Les positives rendent compte de la satisfaction,les négatives, de l'insatisfaction. Dans chacune de ces classes, il y a trois catégories. J'appelle les émotions qui renseignent sur le

 besoin lui-même, les émotions par rapport au besoin. J'appelle celles qui renseignent sur le responsable ou l'obstacle à lasatisfaction, les émotions par rapport au responsable ou à l'obstacle. Enfin, la troisième catégorie porte le nom d'émotionsd'anticipation. Voyons de plus près en quoi ces distinctions sont importantes.

1- L'émotion: indicateur de satisfaction ou d'insatisfaction 

L'organisme vivant est toujours dans un équilibre instable. Cela s'explique par le fait qu'il est assailli par une multitude de besoins.

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Quand ses besoins sont satisfaits, il est en équilibre mais dès qu'un besoin apparaît, l'équilibre est rompu. De la petite plante sauvageà l'humain le plus évolué, tout organisme vivant a comme tâche de voir à ses besoins s'il veut demeurer en vie. Il a le devoir à la foisde se maintenir en vie et de croître. L'arbre doit assimiler l'eau, les minéraux et la lumière pour survivre et grandir. Il doit capter legaz carbonique et relâcher l'oxygène. Il est indispensable qu'il réussisse à s'adapter au lieu où il se trouve, en contournant des pierres

 par exemple, pour réussir à pousser ou pour trouver le soleil.

Se maintenir en vie, pour l'humain et pour les animaux, cela veut dire répondre à leurs besoins de maintien et de croissance au plan physique, mais aussi, au plan psychique. Beaucoup de besoins physiques sont impérieux et les conséquences de les négliger,tellement évidentes qu'on les prend volontiers en charge. Il est clair, par exemple, que le sommeil est une nécessité et qu'on ne peut

vivre sans se nourrir de façon appropriée.

Au plan psychique, les besoins sont évidents. Ce sont nos émotions qui sont chargées de nous révéler s'ils sont satisfaits ou non et àquel degré ils le sont. Je m'aperçois rapidement que j'ai besoin d'un contact stimulant parce que tout à coup, ma solitude me pèse etque j'ai une envie soudaine de voir quelqu'un. Si je m'adresse à un ami qui est plutôt demandant, je m'apercevrai rapidement quemon besoin n'est pas satisfait. Je deviendrai impatiente, je trouverai lourde sa demande d'écouter ses problèmes. Mes sentimentsm'auront informé non seulement de mon besoin, mais encore de la qualité de ce que je me suis procuré pour y répondre. Monimpatience me révèle en fait que je n'ai pas trouvé réponse à mon besoin.

 Nos sentiments nous informent de manière très précise de notre équilibre au plan psychique et cela, de façon continue. Si nousaboutissons parfois dans des états de grand manque, comme c'est le cas dans la dépression, ce n'est pas parce que nous n'avons pasun cours de psychologie qui nous permettrait de décoder ce qui nous arrive. C'est plutôt parce que nous ne nous fions pas auxémotions que nous vivons dans cet état dépressif. Il faut dire, toutefois, que le décodage est parfois difficile parce que le langage que

nous employons pour nommer ce que nous ressentons n'est pas toujours adéquat ni précis.

Les émotions ont comme fonction de rendre compte de notre degré de satisfaction. Cela, sans arrêt. C'est pour cela que j'ai divisé lesémotions en deux classes. Les positives qui signalent la satisfaction et les négatives, l'insatisfaction. Pour marquer la satisfaction,nous disposons d'une variété de sentiments qui s'étendent du simple contentement à l'euphorie. Entre ces deux extrêmes, onrencontre le plaisir, la joie, le ravissement, la jouissance... Chaque sentiment traduit un vécu différent en nature et en intensité, maistous sont indicateurs de satisfaction.

Pour marquer l'insatisfaction il y a aussi une longue série d'émotions qui vont du simple mécontentement jusqu'à la rage et ladouleur. Entre celles-ci, l'ennui, la tristesse, la déception, la mélancolie, la colère, etc... Chaque émotion, dans ce répertoire aussi,traduit un vécu différent en nature et en intensité, mais toujours reflétant l'insatisfaction.

2- Les émotions par rapport au besoin lui-même 

Il y a des émotions qui témoignent directement du besoin. C'est le cas de la tristesse, de l'ennui, de l'impatience, du mécontentement,de l'écoeurement, par exemple. Je suis seule et je me sens triste. Je ne suis pas suffisamment nourrie affectivement. Je m'ennuie autravail. Je trouve le temps long car il n'y a rien d'intéressant dans ce que je fais. Je suis exaspérée par cette discussion stérile.J'espérais une solution qui ne vient pas. Je suis mécontente de mes résultats d'examen. Ces résultats ne me conviennent pas. Je suisécoeurée de porter les problèmes de tout le monde sur mon dos. J'en ai trop fait. J'ai dépassé mes limites et je me retrouve avec untrop plein.

On trouve l'équivalent dans les émotions positives. Je suis contente de mon article. J'ai réussi à rendre clair un sujet difficile. Je suis joyeuse, remplie par toute l'affection que me témoigne mon ami de coeur. J'ai un plaisir fou à faire ce que je fais. Dans tous ces cas,mon sentiment rend compte du besoin satisfait. J'avais à coeur de bien réussir mon article. J'y suis arrivée. J'ai besoin de me sentir aimée. Ce besoin est rempli par mon ami. Ce que je fais correspond à ce que j'aime... j'adore cela.

Le seul fait de ressentir ces sentiments nous donne un accès direct au besoin. C'est si clair que lorsqu'il s'agit d'une insatisfaction, ilest facile d'identifier la direction à prendre pour remédier à la situation. Pour que ma tristesse disparaisse, je dois trouver desrelations qui me nourrissent affectivement. Mon ennui disparaîtra seulement si je trouve de nouveaux défis au travail. Je devraimettre fin à cette discussion stérile pour que mon exaspération cesse. Je ne puis rien faire pour les résultats de ces examens. Jedevrai donc travailler doublement pour me rattraper dans les suivants. Mon écoeurement ne pourra diminuer que si je cesse de fairece qui ne me convient plus.

3- Les émotions par rapport au responsable ou à l'obstacle 

Certaines émotions reflètent nos réactions à ce qu'on identifie comme étant la source ou l'obstacle à notre contentement. La sourceou l'obstacle peut autant être soi-même qu'une autre personne ou une personne morale (comme une institution). L'affection, la fierté,l'amour sont du nombre des émotions par rapport au responsable ou à la source de la satisfaction. L'impatience, la colère et la hainefont parties des négatives liées à l'obstacle.

J'ai raté mon train et j'en veux au discourtois qui est monté dans le taxi que j'ai hélé. Et je m'en veux aussi de l'avoir laissé faire. Ma

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colère porte sur les obstacles: l'individu qui m'a pris mon taxi et moi qui ne suis pas intervenue pour l'arrêter. J'ai une immenseaffection pour cet enfant. Je lui attribue une partie de mon bonheur de vivre parce qu'avec lui je me sais utile et aimée. Je suis fièrede ce que j'ai accompli jusqu'ici dans ma vie. Je reconnais mes efforts et ma persévérance dans mon exigence de qualité. Je suis encolère contre la collègue de mon mari avec laquelle il a l'air d'aimer passer tout son temps. Je lui en veux car je pense qu'elle estresponsable de la détérioration de notre couple.

Les émotions en rapport avec la source ou l'obstacle informent aussi sur le besoin mais ce n'est pas cette information qui se situe au premier plan. À cause de cela, il peut arriver qu'on perde le besoin de vue et qu'on s'acharne à retrouver la source ou à éliminer l'obstacle. Dans ces deux cas, il est possible que nous fassions fausse route pour arriver à la satisfaction. Si je suis impatiente parce

que je trouve notre discussion inutile et que ma solution est d'accuser les autres d'insipidité, il y a de fortes chances que je ne sois pas satisfaite. Si, par contre, j'introduis un sujet qui me tient à coeur et que je travaille à y faire adhérer les membres du groupe, jemets toutes les chances d'être satisfaite de mon côté.

De la même façon, la colère contre la collègue de mon mari me dit que je lui attribue la responsabilité et aussi que je suis affectée par la détérioration de notre couple. Je pourrais tenir compte uniquement de ma colère et mettre mon énergie à détruire l'image decette femme auprès de mon mari. On pourrait dire, dans ce cas, que l'arbre me cache la forêt parce que ce n'est pas en mettant toutemon énergie à rendre cette femme moins intéressante que je redonnerai vie à notre couple.

4- Les émotions d'anticipation 

Les émotions de cette catégorie sont vécues par rapport à ce qui pourrait survenir. Elles sont donc déclenchées par l'imagination. Il

est important de reconnaître ce type de sentiments afin de les utiliser pour ce qu'ils sont.

L'anticipation peut être positive comme dans les émotions de type désir: l'excitation, l'appétit... Elle peut être négative comme dansle cas de l'inquiétude, la peur, la panique, la terreur. Ou encore mixte: le trac qui est fait à la fois de la crainte d'échouer et del'excitation de réussir.

Malgré que cette catégorie d'émotions repose sur l'imagination, celles-ci donnent autant d'indications que les autres sur nos besoins.La peur, par exemple, nous permet d'identifier un danger potentiel et de prendre des mesures pour y faire face en protégeant ce quinous importe. De ce fait, elle met en lumière ce qui nous importe. Il arrive même que la peur nous révèle sur nos besoins, desinformations qui nous surprennent. Je pensais n'avoir plus de sentiments amoureux pour mon épouse. Voilà qu'elle est menacée ducancer et que la peur de la perdre m'envahit.

Même lorsqu'elles sont irréalistes, nos peurs nous permettent d'identifier ce à quoi nous tenons. Nos peurs sont donc précieuses.

Quoi qu'en disent les tenants de la pensée positive, ce sont les façons de s'informer et d'agir avec le type d'information que nos peursnous procurent qui sont parfois inefficaces et non le fait de les ressentir comme tel.

D. Les émotions mixtes

Elles ont l'apparence d'émotions. Elles sont en fait un amalgame d'émotions et de subterfuges pour nous voiler ce que nous vivonsréellement. La ruse est parfois assez efficace pour nous déjouer nous-mêmes. À moins d'avoir affaire à des gens avertis, on berneaussi les autres. Elles sont des expériences qui sont en partie défensives. Contrairement aux émotions simples, dont le but est denous informer, on pourrait dire qu'elles tentent de nous "désinformer".

Il faut donc examiner soigneusement ces expériences afin d'identifier de quoi elles sont faites. Si nous ne faisons pas cela, elles nousmaintiennent dans la stagnation. Savoir précisément de quoi elles sont composées permet également de comprendre pourquoi ellesont un effet pernicieux sur nous et sur nos relations.

La reine des émotions mixtes est sans doute la culpabilité. Mais il faut distinguer la saine culpabilité de celle qui est malsaine. La jalousie, le mépris, la pitié, le dégoût et la honte font aussi partie de ce cortège malicieux.

E. Les émotions repoussées

Les expériences que j'ai classées dans cette catégorie sont à forte connotation corporelle. Il s'agit de malaises plus ou moins grandsqui résultent du fait de repousser une émotion. Il peut s'agir d'une émotion que l'on cherche à éteindre ou à minimiser. Il peut s'agir d'une préoccupation importante dont on cherche à se détourner. Le malaise peut aussi venir du fait qu'on repousse une action quel'on sait que l'on doit poser afin de se respecter.

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Certains des phénomènes corporels de cette catégories sont considérés comme des émotions à cause de la portée émotionnelle qu'ilsont. L'angoisse fait partie de cette catégorie. En fait l'angoisse est un inconfort physique plus ou moins intense résultant du faitd'occulter un sujet important de notre vie. Les symptômes physiques reliés à l'angoisse sont très inconfortables et parfois mêmeincommodants. Ils suscitent de la peur, parfois même de la panique chez celui qui les vit. L'angoisse est un phénomène très répandu.J'ai expliqué en quoi celle-ci et l'anxiété consistent et comment s'en servir, dans un texte intitulé "L'angoisse et l'anxiété: les Vigilesde l'équilibre mental" . Malheureusement, chez de plus en plus de personnes, la fuite systématique de préoccupations majeuresdonne lieu à des crises de panique. La peur de ces crises porte à éviter toute situation où elles sont susceptibles de se produire. Voilàcomment les phobies commencent à apparaître.

En plus de l'angoisse, dans cette variété de manifestations on peut signaler la fébrilité, l'anxiété, la tension musculaire. Qui n'a pasconnu le poing dans le dos, la migraine du conflit, la douleur à la nuque, la mâchoire barrée, le noeud à l'estomac? La surexcitation,la difficulté de concentration et d'attention, la perte de conscience, quand elles ne sont pas dues à des troubles d'ordre physique,

 peuvent être considérées comme résultant d'émotions repoussées.

Les mêmes symptômes physiques peuvent prendre place lorsqu'on s'efforce non pas de repousser le ressenti, mais d'en éviter l'expression. La tension musculaire sert aussi à contenir ou retenir l'expression émotionnelle. Je suis très en colère; je parle les dentsserrées. Le bégaiement est une illustration spectaculaire de ce genre de retenue. À certains moments, le contrôle qu'on exerce sur notre expression est tel qu'on a l'impression d'être figé, paralysé. Des maux de têtes, des nausées sont parfois la manifestation d'unvécu auquel on n'ose pas être fidèle. J'en ai assez de me taper cette corvée, mais je n'ai pas le courage de dire non. Et ce, malgré unmal de tête débilitant. On connaît aussi la boule dans la gorge de la peine refoulée, les tremblements qui s'échappent de la rétentiontrop longtemps exercée, les tics nerveux.

Dans tous ces cas et beaucoup d'autres dont il sera question petit à petit dans "La lettre du psy" et dans le Guide des émotions, il estnécessaire de décoder ces réactions si on désire les dépasser pour reprendre contact avec les émotions elles-mêmes. Si on ne fait pascela, on stagnera dans divers symptômes qui la plupart du temps, créeront beaucoup plus de malheur dans notre vie que le fait defaire face à ce que nous vivons.

F. Les pseudo-émotions

Le fait de pouvoir commencer une phrase par "je me sens" ne garantit pas que j'évoque un sentiment. Nous confondons souventavec des émotions, des concepts qui traduisent notre réalité ou encore des images utilisées comme métaphores. Nous prenons aussi

des états d'âme ou des attitudes pour des émotions. Voyons quelques exemples de ce genre pour illustrer l'importance de traduire cesexpressions en sentiments.

Divers concepts 

Le rejet, par exemple, est une action. Je suis l'objet du rejet de quelqu'un. Je ne peux donc "me sentir rejeté". Par contre, le fait d'êtrerejeté par quelqu'un provoque des sentiments chez moi: douleur, rage, découragement... Je ne peux pas non plus "me sentir de trop".Ce que j'exprime par cela, c'est la perception que je ne suis pas désirée. Cette impression, qui peut être tout à fait juste, provoque enmoi certaines émotions. La solitude non plus n'est pas un sentiment bien qu'on utilise souvent l'expression "je me sens seul". Je puisêtre seul et parfaitement content de l'être, éprouver un soulagement. Je puis être seul et me sentir triste. La solitude n'est donc pasune émotion et aucune émotion y est liée de façon constante.

Citons enfin dans cette catégorie, l'ambivalence. L'ambivalence est quelque chose que l'on fait. On hésite entre deux possibilités. On balance entre deux choix. On peut faire cela plus ou moins longtemps sur un même sujet et plus ou moins souvent dans sa vie. Onest ambivalent parce qu'on a divers sentiments à l'idée de faire un choix ou l'autre, mais l'ambivalence elle-même n'est pas unsentiment.

Des images 

 Nous employons très souvent des images pour traduire ce que nous ressentons. Se sentir "au-dessus", "petit", "loin", "étouffé","écrasé" sont des approximations de sentiments. Ces expressions imagées sont vite trouvées et nous évitent parfois l'effort d'avoir à

 préciser ce que l'on ressent. Quelque fois, par contre, on a l'impression quelles traduisent plus justement ce que nous vivons.

Des états 

Je suis calme, serein, confus, déprimé, vide... Il s'agit d'états. Ceux-ci sont inévitablement teintés d'une saveur émotionnelle. Je suiscalme, mais il se peut qu'il s'agisse du calme froid de quelqu'un qui est extrêmement en colère et qui veut maîtriser la situation. Je

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 puis être calme et m'ennuyer, calme et triste. Suis-je déprimé plein de tristesse ou chargé d'une colère sourde que je réprime ? Par définition, un état est stable, alors que l'émotion est toujours mouvante.

Des attitudes 

Enfin, on méprend aussi des attitudes pour des émotions. Être curieux, ouvert, chaleureux, hostile sont des façons d'être. Êtrecurieux fait que je suis toujours prêt à connaître et expérimenter de nouvelles choses. Être chaleureuse veut dire que je suis portée àêtre aimante avec les gens. Je me sens généreuse veut dire en fait que je suis "disposée" à l'être. Quelqu'un qui a une attitude hostile

est toujours prêt à s'opposer, à se quereller. Être ouverte signifie que je suis disposée à laisser être ce qui est, à me laisser toucher. Ils'agit donc de prédispositions à agir dans un sens ou dans un autre.

Des évaluations 

Enfin, les méprises de sentiments les plus pernicieuses sont sans doute les évaluation que nous prenons pour des émotions. Je mesens stupide (sic), nulle, débile... Il serait plus juste de dire "je me trouve", car la stupidité, la débilité et la nullité sont impossible àressentir. Or, par définition, une émotion ça se ressent.

Lorsque l'on veut s'informer réellement, il est capital d'aller au-delà de ces formulations et de se demander ce que l'on ressent danscette situation. Je me sens "petit" et j'ai quel sentiment à ce sujet? Nous sommes loin l'un de l'autre et j'éprouve quoi par rapport à toiou par rapport au fait que nous soyons à ce point distants? On doit trouver les sentiments qui sont ainsi formulés pour mieux

s'informer dans ces situations.

Tout au long de ce texte, je n'ai donné que quelques exemples pour illustrer le fait que notre langage ne rend pas toujours compte denotre réalité intérieure. J'ai insisté sur cela parce qu'il est capital de bien cerner et de formuler correctement notre expérience pour l'aider à évoluer. Ce n'est que de cette façon que nous pouvons ressentir les émotions. Ce n'est qu'en ressentant nos émotions quel'on peut "avancer" sur le sujet que nous vivons. Ce n'est qu'en vivant nos émotions qu'on peut compléter les boucles de vécu. Sinon,on est voué à accumuler des expériences incomplètes.

Les distinctions que j'ai fournies sont sommaires. Elles pourront toutefois servir de guide en attendant une élaboration au sein de lanouvelle section "Le guide des émotions".

G. Conclusion

La peur des émotions est malheureusement assez généralisée. Les objections à leur expression, encore davantage. Quand on décided'apprivoiser sa vie émotive on s'aperçoit que telle la bête apparemment effrayante de nos fantasme, elle gagne à être connue. On serend compte d'abord que tout ce qu'on vit a un sens mais on constate en plus qu'il est facile de saisir ce sens quand on "s'écoute del'intérieur". Ce qui donne un air effrayant à ce qui se passe en nous, c'est le fait de le regarder à distance, de l'extérieur et de tenter del'interpréter ou de le deviner. C'est ainsi qu'on demeure un étranger pour soi-même. N'est-il pas normal de n'être pas tout à fait àl'aise avec un étranger?

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Les outils d'Exploration de soi

• Cheminer avec ma jalousieOutil de développement personnel pour identifier clairement la source réelle de la jalousie, préparer un plan d'action pour résoudre le vrai problème et assumer une nouvelle dimension de soi-même.

• Oublions les résolutions et créons des projets!

Un truc simple pour vous aider à ne pas prendre de résolutions que vous ne tiendrez pas!• Un "kit" d'outils pour profiter des Fêtes en famille!

Un ensemble de 3 outils de développement personnel pour profiter des rencontres en famille du temps des Fêtes pour avoir des relations plus satisfaisantes et des vrais contacts!

• "Ressentir ses sensations pour mieux ressentir ses émotions"Un exercice pour vous aider à développer votre habileté à ressentir.

• "Une image pour dire comment je me sens..."Un exercice pour vous aider à clarifier ce que vous ressentez.

• "Le génie imaginaire"Un truc pratique pour vous aider à cerner votre besoin le plus important du moment.

• C'est comme si...Un truc pratique pour vous aider à mieux assumer ce que vous exprimez.

• "Ma mauvaise humeur ... me parle !"Un truc pratique pour vous aider à comprendre le message que votre organisme vous envoie lorsque vous êtes de mauvaisehumeur.

• "J'ai une chanson dans la tête !"Un truc pratique pour vous aider à cerner le message que votre organisme tente de vous transmettre de cette façon.

• La réappropriation des perceptionsUn truc pratique pour vous aider à utiliser vos perceptions pour identifier votre préoccupation la plus importante dumoment.

• Le journal de bordUn truc pratique pour vous aider à cerner ce qui se passe en vous, cerner les voies à suivre pour atteindre la satisfaction quevous recherchez, préparer une rencontre avec une personne importante, noter vos découvertes...

• Respirer pour ressentir 

Une technique de respiration pour être disponible à ressentir plus clairement vos émotions.• La contemplation

Une technique pour développer votre habileté de centration et améliorer votre capacité à vous intérioriser.• Le grand ménage

Une liste d'étape à suivre pour vous aider si vous nagez dans le fouillis. Cela vous permettra de récupérer la concentrationet l'énergie que vous sentez s'évanouir peu à peu.

• Repérer les noeuds dans mes relations (1ère partie)Un exercice qui permet de devenir conscient du type d'impasse qui semble se reproduire dans nos relations importantes. Le

 premier d'une série d'outils visant à dénouer ces noeuds.• Repérer les noeuds dans mes relations (2ième partie)

La suite de l'exercice précédent. Prochaine étape pour dénouer les noeuds: découvrir la source de ces noeuds.• Je suis plus forte que je ne le crois !

Pour me donner la force de faire quelque chose lorsque je n'en ai pas le goût et que j'ai l'impression de n'avoir pas le choixet pour faire face aux moments de découragement.

• Ces peurs qui me paralysentPour mieux connaître mes peurs et ne plus être paralysé par mes peurs "plus grandes que nature".

• Recevoir les complimentsPour me servir des compliments que je reçois comme occasion de m'assumer, de porter davantage ce que je suis et ce que

 je vis.• Test: "Inventaire de ses symptômes de stress"

Pour me sensibiliser à mon niveau de stress.• Test: "Comment je gère mon stress"

Pour évaluer rapidement l'adéquacité de nos méthodes de gestion de notre stress.(Cet outil fait suite à un article intitulé "Le stress: causes et solutions".)

• Je décide

Pour devenir plus sensible au pouvoir que nous abandonnons en dissimulant notre responsabilité et pour récupérer une partie de ce pouvoir.

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"Ma mauvaise humeur ... me parle !"

Type d'outil: Exploration de soiForme: Truc pratiqueSuggéré par: Karène Larocque, psychologue.But: Comprendre le message que votre organisme vous envoie lorsque vous êtes demauvaise humeur.

Il nous arrive tous, de temps en temps, d’être de mauvaise humeur. Cet état ne tombe pas du ciel ! Nous réagissons à quelque chosequi ne nous convient pas. Nous avons, sans aucun doute, un besoin qui n’est pas satisfait.

Parfois, plutôt que d’écouter le message que nous envoient nos émotions, nous expliquons notre humeur d’une façon qui n’a pas delien véritable avec ses causes. Comme c’est "dérangeant" de prendre conscience d’une insatisfaction, nous préférons l’ignorer. Pasétonnant que nous demeurions insatisfaits!

La liste de ces fausses explications peut être longue:• Je suis fatigué• C’est mon syndrome pré-menstruel• Je me suis levé du mauvais pied•

etc.

Ces excuses sont pernicieuses parce que:1. Elles empêchent de voir le vrai problème. Plutôt que de m’interroger sur ce qui ne va pas, je prends cette excuse au sérieux.

Mais le problème demeure... et la mauvaise humeur aussi.2. La plupart du temps, elles nous enlèvent toute possibilité de changer notre état. Par exemple, lorsque je suis de mauvaise

humeur parce que je me suis levée du mauvais pied, tout ce que je peux faire c’est de me recoucher et de me lever avec le bon !!! Il est certain que cela ne fonctionnera pas, car le problème n’est pas là!

Que faire ? 

Une des meilleures choses que nous puissions faire, c’est utiliser cette "mauvaise humeur" comme signal d’alarme pour nousindiquer qu’un de nos besoins est insatisfait.

1. Prendre conscience que je suis de mauvaise humeur (évidemment !)2. Me demander lequel de mes besoins est insatisfait à ce moment-ci ?

Ensuite, il ne reste qu’à décider de ce qu’on veut faire à partir de cette conscience accrue. On peut, entre autres, entreprendre detransformer l’insatisfaction en satisfaction !

"J'ai une chanson dans la tête !"

Type d'outil: Exploration de soiForme: Truc pratiqueSuggéré par: Karène Larocque, psychologue.But: Cerner le message que votre organisme tente de vous transmettre de cette façon.

Il vous est sûrement déjà arrivé d'avoir une chanson qui vous trotte dans la tête sans pouvoir vous en débarasser.

Souvent, cette chanson me parle... de moi... de mes besoins... de mes préoccupations...

Parfois, ce sont les paroles qui me cachent un message que mon organisme (certains diront mon inconscient) tente de metransmettre. Parfois, c'est l'atmosphère suggérée par la mélodie, un souvenir relié à cette chanson, etc.

Comment procéder pour cerner le message ? 

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1. Laissez la chanson et/ou la mélodie se manifester librement sans tenter de la faire taire.2. Demeurez attentif à ce que cela évoque en vous: une émotion, un souvenir, etc.3. Laissez le sens du message se former sans le forcer ou essayer de le deviner.

J'ai de la difficulté à cerner le message, que puis-je faire ?  

Vous pouvez tenter de l'amplifier en exagérant son expression. Vous pouvez chanter à haute voix, danser, dessiner en même tempsque vous chantez, etc.

La réappropriation des perceptions

Type d'outil: Exploration de soiForme: Truc pratiqueSuggéré par: Ressources en DéveloppementBut: Identifier ma préoccupation la plus importante du moment

Rationnel:

Chaque fois que nous regardons ce qui nous entoure, nous l'interprétons. C'est ce qu'on appelle une perception. Sans cetteinterprétation, nous ne saurions même pas que l'ensemble de points de diverses couleurs sur lequel s'attarde notre oeil est une table,une personne, notre enfant...

Cette interprétation, nous la faisons à partir des sensations qui nous parviennent (les points lumineux sur notre rétine, les ondessonores sur notre tympan, les sensations diverses sur notre peau et dans nos muscles, les goûts sur notre langue et les odeurs dansnotre nez). Mais les sensations ne suffisent pas: nous créons notre interprétation en nous appuyant aussi sur notre expérienceaccumulée (nous reconnaissons un goût, un son, une forme). Nous complétons cette perception par une synthèse où nous relions dessensations, des souvenirs, des émotions attachées à ces souvenirs et nos réactions du moment.

Chaque perception est donc une création qui traduit à la fois ce qui se trouve devant nous et ce qui se passe en nous sur le moment.C'est cette création perceptuelle qui permet d'utiliser nos perceptions pour identifier ce qui se passe en nous.

Comment procéder:

1. Parmi un groupe de personnes que je connais relativement peu, choisir celle qui me frappe le plus. (Il ne doit pas s'agir d'une personne qui me frappe toujours, mais de quelqu'un que je remarque plus que d'habitude.)

2. Formuler (par écrit) ma perception de cette personne.3. Repasser chaque élément de ma perception en cherchant à identifier en quoi il correspond à ce que je suis ou à ce qu'est ma

vie en ce moment.4. Noter ce qui ressort le plus clairement de l'étape 3. Il s'agit d'une dimension de moi ou de ma vie qui est au centre de mes

 préoccupations d'aujourd'hui. J'en prends note et je m'en sers comme un rappel de ce qui m'importe vraiment.

Exemple:

1. Dans le métro, je remarque une vieille dame.2. J'écris comment je la vois: "Vieille, ridée, repliée sur elle-même dans son coin, craintive devant tout ce monde bruyant qui

l'entoure".3. Je réapproprie chaque élément:

"Je me sens vieux et ridé aujourd'hui." (Ouais, je dirais plutôt terne, fatigué)"Je suis replié sur moi-même... (Comme rétréci, inhibé, humm...)"... seul dans mon coin". (C'est vrai que je me sens isolé, beaucoup!""Craintif devant ce monde bruyant", (Oui, j'ai reculé devant mon épouse qui m'engueulait au petit déjeuner, j'ai fait le mort

 parce que j'avais peur que ça tourne encore en chicane interminable.)4. Ce qui en ressort: Ce n'était pas une bonne idée de faire le mort. J'en sors diminué, isolé, terne et triste. Je crois que je vais

lui téléphoner en arrivant au bureau pour lui proposer qu'on s'explique vraiment ce soir... Je note mon projet et je le gardedans mon agenda pour y penser plusieurs fois aujourd'hui.

C'est pas plus compliqué que ça. Et ça marche vraiment!

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Le journal de bord

Type d'outil: truc pratique

Suggéré par: Ressources en DéveloppementOrigine: Inspiré du programme SavoirRessentir  

Le journal de bord est un outil qui permet de cerner ce qui se passe en vous. Pour l'utiliser, vous n'avez besoin que d'un papier etd'un crayon.

Utilité

• Préciser tout simplement ce qui se passe en vous.• Aider à mieux se connaître.• Préciser ce qui ne va pas et trouver une voie à suivre lorsque vous vivez quelque chose de malheureux.•

Préciser ce qui va bien et identifier la direction à poursuivre lorsque vous vivez quelque chose d'heureux.• Préparer une rencontre avec une personne importante pour vous.• Aide-mémoire où vous notez ce que vous découvrez sur vous.

Voici quelques suggestions concernant les façons d'utiliser le journalde bord.

 Se préciser en formulant.Le seul fait de s'arrêter et d'écrire ce que l'on ressent nous aide à le préciser. Ce que nous vivons devient plus clair et plus concret.Le journal est donc utile lorsque ce qui ce passe en vous est confus. Vous pouvez écrire comme si vous vous adressiez à une

 personne en qui vous avez confiance et à qui vous êtes à l'aise de vous confier. Cela permet aussi de préciser davantage ce qui se passe en vous et de mieux vous connaître.

 Écrire à quelqu'un.Si vous aviez quelque chose de très important pour vous à dire à quelqu'un, vous pouvez l'écrire dans votre journal avant de le faire'en personne'. Vous pourrez alors demeurez attentif à vos réactions et vos émotions. Il sera plus facile de prendre le temps de vousarrêter pour bien sentir, vous pourrez alors mieux cerner ce que vous avez vraiment à lui dire.

Faire le point.À tout moment, vous pouvez vous arrêter pour faire le point. Il suffit de vous demander: "qu'est-ce qui est important pour moiactuellement?". Il peut s'agir de ce qui vous ressentez, de ce qui vous préoccupe, de vos réactions à quelque chose qui vient de se

 passer, d'une chose que vous voudriez exprimer, etc. Cela vous permettra de voir plus clair en vous.

Consigner ses découvertes et ses observations.Vous pouvez aussi inscrire dans votre journal les découvertes que vous faites sur vous-mêmes, des phrases qui vous ont fait

réfléchir ou que vous aimez particulièrement, vos apprentissages de la vie, des faits lourds de sens qui vous sont arrivés et que vousne voulez jamais oublier, etc.

Plusieurs de nos clients trouvent le journal de bord très utile. Il suffit de l'essayer pour voir de quelle façon il pourrait être utile pour vous. N'hésitez pas à nous faire part de vos commentaires.

Respirer pour ressentir

Type d'outil: techniqueSuggéré par: Ressources en DéveloppementOrigine: Inspiré du Programme SavoirRessentir  

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Utilité

• Augmenter votre disponibilité à ressentir.• Ressentir plus clairement vos sentiments.• Ressentir l'intensité réelle de vos émotions..

La manière de respirer a beaucoup d'influence sur notre capacité de ressentir nos émotions. Une respiration courte, par exemple,favorise l'anxiété. Ainsi, une personne pourrait n'avoir aucun sujet d'anxiété et devenir anxieuse seulement en conservant unerespiration courte, c'est-à-dire au niveau du torax seulement, pendant moins d'une minute. Or il y a des gens dont la respirationdemeure toujours à la hauteur du torax. Les personnes anxieuses ou angoissée d'ailleurs, gardent une respiration courte. Cela a pour effet de les empêcher de connaître l'objet de leur anxiété ou de leur angoisse.

 Notre manière de respirer peut aussi avoir un effet sur la clarté de ce que nous ressentons. Enfin, c'est en respirant bien que l'on permettra à notre sentiment de prendre toute son intensité, c'est-à-dire, son intensité réelle. Ces deux dernières choses sont trèsimportantes puisque nos émotions servent à nous informer sur l'état actuel de nos besoins.(Voir à ce sujet l'article de Jean Garneau intitulé À quoi servent les émotions?)

Si on veut respirer pour bien ressentir, il y a quatre règles à respecter:

1. respirer lentement (5 à 6 respirations à la minute)2. respirer par le nez, si possible3. respirer profondément, en gonflant le ventre4. faire gonfler le ventre avant la poitrine.

Vous pouvez utiliser cette technique dans les situations suivantes:• si vous n'arrivez pas à déceler de sentiment en vous et que vous voulez les découvrir. (Il y a toujours des sentiments qui

sont présents en nous!)• si vous éprouvez des sentiments vagues et confus et que vous voulez les aider à se préciser.• si vous ressentez un sentiment clair et que vous voulez l'aider à prendre toute son intensité.• si vous vous sentez angoissé et que vous vous demandez ce que vous repoussez comme préoccupation ou comme

sentiment.

Avertissement:

Si, en respirant de cette manière vous avez des étourdissements ou des engourdissements, sachez que ces réactions corporelles sontnormales lorsqu'on n'a pas l'habitude d'une telle respiration. Un trop grand apport d'oxygène provoque l'étourdissement. Unerespiration trop rapide et insuffisamment profonde amène un engourdissement progressif. C'est un début d'hyperventilation. Cesréactions sont sans danger si vous ne persistez pas à respirer rapidement et peu profondément au moment où elles se manifestent.Vous n'avez donc qu'à revenir à votre respiration habituelle pour que les étourdissements ou les engourdissements cessent.

Une fois ceux-ci disparus, vous pouvez reprendre l'exercice en n'oubliant pas de ne pas prendre plus de 5 à 6 respirations à la minuteet de respirer par le ventre. (Il s'agit bien sûr d'une image.)

 Nous vous recommandons de prendre l'habitude de respirer de cette façon car elle changera la couleur de votre vie. Pour vous

habituer, nous vous encourageons à la pratiquer 4 à 5 fois par jour, durant 3 à 4 minutes. En dehors de ces pratiques, vous pouvezrespirez de cette manière lorsque vous vous promenez dans la nature, écoutez de la musique, pratiquez un sport, regardez un film,etc. Demeurez alors sensible à l'effet que cela vous fait de respirer ainsi dans cette situation.

 Nous vous souhaitons une expérimentation fructueuse!

La contemplation

Type d'outil: techniqueSuggéré par: Ressources en Développement

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Utilité

• Développer votre habileté de centration• Devenir de plus en plus capable de s'intérioriser 

La technique est simple : 

Il vous suffit de prendre un objet qui vous est familier (par exemple: une tasse, une plante...), de vous asseoir confortablementdevant et de la regarder, de la contempler.

Vous n'avez rien d'autre à faire que de garder votre regard et votre attention sur l'objet, sans chercher à réussir quoi que ce soit. Dèsque vous sentez votre esprit s'éloigner de votre objet, ramenez le à votre objet de contemplation.

Au début, il est difficile d'empêcher votre esprit de voyager, de réfléchir... Ce n'est pas grave : ramenez simplement votre attention àvotre objet dès que vous constatez qu'elle n'y est plus, aussi souvent que nécessaire.

Plus vous pratiquerez cette technique et plus vous serez habile à le faire. Vous pouvez l'utiliser n'importe où, pourvu qu'il s'agissed'un endroit raisonnablement tranquille où il n'y a aucun danger à rester ainsi concentré.

Trois minutes suffisent au début. Augmentez progressivement la durée lorsque vous serez plus habitué.

Vous pouvez vous servir de cette forme de contemplation à tout moment, mais elle vous sera particulièrement utile lorsque vousserez 'éparpillé', confus, nerveux, etc. Essayez-le et faites nous connaître les situations pour lesquelles cette technique vous a étéutile.

Le grand ménage

Type d'outil: liste d'étapes à suivreSuggéré par: Ressources en DéveloppementOrigine: Inspiré de "Cleanups" par Ira M. Pasternack Marketing Tip of the day - Janvier 12, 1998, Tip # 259 (Anglais)http://www.clearlyinternet.com/mtotd.html 

 Nous avons tous des aspects de notre vie qui sont dans un état de fouillis. Si vous avez des piles de papier sur votre bureau, vousêtes dans le fouillis. Lorsque vous remettez toujours à demain l'un de vos projets, vous ajoutez un dégât à votre fouillis. Lorsquevous tardez à prendre une décision importante, vous nagez encore dans le fouillis.

Un dégât est une situation laissée en suspens. Dans ce cas, consciemment ou non, votre esprit est tenté de compléter ce qui estinachevé. Vous devenez alors préoccupé et vous avez l'impression de manquer d'énergie. Effectivement, chaque dégât ronge une

 partie de votre énergie.

Comment sortir de ce fouillis ?

Pour sortir du fouillis, il faut terminer ce qui est laissé en suspens. Chaque fois que l'on fait un peu de ménage, on libère de l'énergieemprisonnée. On libère aussi son esprit. Donc, à chaque "dégât" nettoyé on retrouve un peu de concentration et d'énergie !

Si vous soupçonnez que certains aspects de votre vie sont dans un état de fouillis, voici une démarche qui vous permettra de levérifier. Elle vous aidera également à organiser votre grand ménage pour retrouver votre énergie et votre concentration.

 Étape 1 : Préparation

Préparez votre feuille "Opération nettoyage" Cette feuille est divisée en 4 sections :

1. Projets non-complétés

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2. Projets en attente3. Tâches à exécuter 4. Habitudes à changer 

Si vous préférez, vous pouvez utiliser le modèle que nous avons préparé. Vous le trouverez àhttp://www.redpsy.com/outils/fouillis1.html 

 Étape 2: Inventaire du fouillis 

Il s'agit maintenant d' identifier un à un tous les dégâts entassés qui forment votre fouillis. Vous classez chaque dégât dans la sectionappropriée.

1. Projets non-complétés

Inscrivez tous les projets que vous avez démarrés mais que vous n'avez pas complétés. Cela inclut les mini-projets et les méga- projets, à la maison comme au travail.

2. Projets en attente

Inscrivez tous les projets que vous aimeriez voir se réaliser mais pour lesquels vous n'avez posé aucune action. Vous pouvez aussi yinscrire une date où vous êtes certain que vous pourrez débuter ce projet (il est possible que vous sentiez une libération immédiateen inscrivant cette date).

3. Tâches à exécuter 

Inscrivez les petites tâches que vous devez faire mais que vous remettez continuellement au lendemain. Exemple : le changementd'huile de votre voiture, la mise à jour votre carnet de chèques, une lettre à un ami, etc.

4. Habitudes à changer 

Inscrivez ici les façons d'agir que vous voulez changer dans votre vie (personnelle ou professionnelle), que vous voulez cesser detolérer. Exemple : Vos heures de travail, l'organisation de vos journées, votre alimentation, un problème avec un ami, etc.

 Étape 3: Arrêt "Ressentir"

Maintenant que l'inventaire de votre fouillis est complet, arrêtez-vous et prenez quelques minutes pour bien ressentir l'effet que cetexercice à sur vous jusqu'à maintenant. Vous pouvez inscrire vos réflexions dans votre journal de bord ou simplement à l'endos devotre feuille "Opération nettoyage". Si vous avez de la difficulté à ressentir, l'outil "Respirer pour ressentir " pourrait vous aider.

 Étape 4: Classement des dégâts

Tous les dégâts que vous aurez inscrits à l'étape 2 sont ceux qui alimentent votre fouillis. Chacun est une opportunité de faire un peude ménage. Certains peuvent être nettoyés rapidement et facilement; ce sont les petits dégâts. D'autres sont plus complexes et seront

 plus difficiles à nettoyer, ce sont les gros dégâts. Identifiez tous les petits dégâts faciles à nettoyer qui se retrouvent dans votreinventaire. Étape 5: Nettoyage des petits dégâts

Commencez par régler vos petits dégâts immédiatement.

 Étape 6: Planification du nettoyage des gros dégâts

Pour les éléments plus complexes, choisissez-en un ou deux et accordez-vous un mois pour les nettoyer. Lorsque ce sera fait,choisissez en deux autres et donnez vous un autre mois pour faire le ménage. Continuez de cette façon jusqu'à ce que votre grandménage soit complet.

Vous sentirez probablement une différence dès vos premiers efforts pour démêler ce fouillis. Vous vous sentirez plus énergique etvous aurez plus de facilité à vous concentrer.

Faites nous part des effets de votre grand ménage chez vous.

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Repérer les noeuds dans mes relations(1ère partie)

Type d'outil: Exploration de soiSuggéré par: Michelle Larivey, psychologue

Préambule 

Pour réussir l'exercice, il est préférable d'avoir lu le texte intitulé "Le transfert dans les relations".

L'exercice sera mieux réussi également si on répond aux questions par écrit plutôt que mentalement. Le fait d'écrire libère l'esprit lui permettant ainsi d'avoir accès à d'autres données de l'expérience psychique.

Exercice 

1. Identifier toutes les personnes de ma vie (intimes, enfants, parents, amis, relations de travail...) avec lesquelles j'éprouvedes difficultés de relation. Faire une colonne par personne, avec le nom de chacune au haut de sa colonne.

2. Préciser, pour chacune, les principales insatisfactions que j'éprouve avec elle.3. Préciser, pour chacune, mes attitudes et mes comportements au sujet de chacune de ces insatisfactions.4. Faire ressortir les éléments communs aux différentes personnes, concernant:

o les insatisfactions que j'éprouveo les attitudes que j'adopte généralemento les comportements que j'ai

5. Noter, sur une page distincte, la synthèse qui en ressort.

Cette synthèse ne sera peut-être pas définitive. En tant qu'ébauche, elle permet de devenir plus conscient de ce qui se passed'important dans ces relations. En s'observant ensuite, au moins dans quelques-unes de ces relations, il sera possible de réajuster leschéma.

Cet exercice pourra être complété après la lecture du deuxième article de cette série: "La source des noeuds"

Repérer les noeuds dans mes relations(2ième partie)

Type d'outil: Exploration de soiSuggéré par: Michelle Larivey, psychologue

Préambule 

Il est important d'avoir fait la première partie et d'avoir lu "Aux sources du transfert". L'exercice donne de meilleurs résultats s'il estfait par écrit.

Exercice 

6. Pour chacune des relations dans lesquelles j'ai des difficultés, identifier le sujet qui me préoccupe. (Tenter de cerner ce qui est en

cause pour moi et non pas les agissements de l'autre.)7. En m'appuyant sur la partie III du texte "Aux sources du transfert", noter ce que je fais dans ces relations qui contribue à la

formation ou au durcissement du noeud.

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Il est possible que toutes les réponses ne viennent pas du premier coup. Si la qualité de ces relations nous importe, il est utile deconserver cette activité "en chantier" et de faire les ajouts à mesure qu'on les découvre.

"Je suis plus forte que je ne le crois !"

Type d'outil: TechniqueSuggéré par: Arlette Xhaard, abonnée à La lettre du PsyPréparé par: Karène Larocque, psychologue.

Utilité:

• Pour me donner la force de faire quelque chose lorsque je n'en ai pas le goût et que j'ai l'impression de n'avoir pas le choix.• Pour faire face aux moments de découragement.

Description de l'outil:

Parfois, j'ai l'impression d'être obligée d'aller à un endroit à contrecoeur. J'ai peur, je me sens angoissé, il y a des gens à cet endroitque je préfèrerais éviter mais je dois y aller. C'est alors que je me répète la phrase:

"Je suis beaucoup plus forte que je ne le crois!"

Cette petite phrase prend aussi toute sa valeur pour moi lorsque je suis devant un obstacle et que je me sens découragée. Cette phrase me donne momentanément le courage et la force qu'il me faut pour agir même si je m'en sens incapable.

"Ces peurs qui me paralysent"

Type d'outil: TechniqueSuggéré par: Karène Larocque, psychologue.

Utilité:

Mieux connaître mes peurs•  Ne plus être paralysé par mes peurs "plus grandes que nature"

Description de l'outil:

"Je ne serai jamais capable !""Je ne pourrai jamais réussir !"... Pour traduire ce type de phrase, je pourrais dire tout simplement: "J'ai peur !"

Dans une telle situation, j'ai envie de faire quelque chose mais je suis paralysé. Un choix se présente alors à moi:

1. Je le fais = j'ai la possibilité d'être satisfait et le risque d'avoir à affronter quelques inconvénients2. Je ne le fais pas = Je ne risque rien et je suis certain de ne pas satisfaire mon besoin

Souvent, j'opte pour cette dernière option sans même prendre le temps de vérifier si le risque qui me paralyse est vraimentdangereux pour moi. C'est la question à se poser ! Il ne s'agit pas de faire fî de mes peurs et de m'occuper d'être satisfait sans tenir compte des risques que je prends. Il s'agit de me poser la question et de faire un choix éclairé.

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Comment faire ? 

Lorsque je me rends compte que je suis dans cette situation:

1. Je clarifie ma peur:"De quoi j'ai peur ?" "Qu'est-ce que je risque exactement ?"

2. Je me pose la question: " Et si ces inconvénients se réalisaient comme je l'anticipe, quelles seraient les conséquences ? "3. Je fais le choix de:

a) prendre le risque et agir malgré ma peur parce que les inconvénients et conséquences ne sont finalement pas sidangereux pour moi.ou

 b) ne rien faire pour le moment parce que les inconvénients et conséquences sont trop dangereux pour moi.4. Selon que j'ai choisi a) ou b)

a) Je savoure le plaisir d'avoir dépassé mes peurs b) Je savoure le plaisir de m'être respecté

"Recevoir les compliments"

Type d'outil: Exercice pour s'assumer Suggéré par: Michelle Larivey, psychologue

Les compliments peuvent nous servir à nous assumer comme personne. Or s'assumer dans tout ce qu'on est, est le genre dematuration à laquelle, comme humains, nous aspirons instinctivement. Tout le travail de développement psychique que nous faisonssur nous-même, qu'il soit fait volontairement ou involontairement, nous conduit systématiquement, à

•  porter davantage ce que nous vivons•  porter davantage ce que nous sommes• actualiser notre potentiel•  porter la responsabilité de notre vie et de notre satisfaction dans notre vie.

Dans la mesure où un compliment revêt une importance pour moi, le recevoir réellement me permettra de m'assumer. L'exercice quisuit propose une manière concrète de se servir du compliment à cette fin. L'exercice porte sur le compliment qui a de l'importance àmes yeux. L'importance peut être liée au 'sujet' du compliment ou à la 'personne' que me le fait.

Exercice 

1. Me laisser atteindre et constater l'effet que le compliment a sur moi. (Il s'agit de tourner mon attention vers mon intérieur,respirer normalement mais profondément et prendre conscience de ce qui se passe en moi.)

2. Identifier le ou les sentiments qui émergent.3. Ressentir à fond la ou les émotions émergées.4. Laisser paraître l'émotion telle quelle (dans son intensité exacte) devant la personne qui m'a adressé ce compliment et

devant les autres personnes présentes, s'il y a lieu.

" M'assumer c'est, entre autres, porter mon émotion en interaction avec d'autres

lorsque cette émotion surgit en contact avec l'autre."

Du point de vue du processus émotionnel, il y a eu 'émergence' et 'immersion' de sentiment(s).

Il est possible que les autres phases du processus se fassent rapidement ('développement' et 'prise de signification'). Si oui, je comprendrai l'importance de ce compliment ou du fait qu'il provienne de cette personne.

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Je pourrai alors, si je le veux, communiquer cet 'insight' (prise de signification) à celui qui m'a fait le compliment. Cetteexpression sera fertile en émotions pour moi (et peut-être aussi pour mon interlocuteur). Elle sera valable (me permettantde m'assumer) dans la mesure où je laisserai place à ces émotions en m'exprimant.

 M'assumer, c'est aussi porter devant témoin, l'importance de ce que je vis. 

5. Une fois l'expression complétée, prendre soin d'identifier l'effet qu'elle a eu sur moi et ressentir la nouvelle émotion quisurgit.

Donnez-moi des nouvelles de cette activité. Écrivez-moi si elle vous pose problème. [email protected] 

Test: "Inventaire de ses symptômes de stress"

Type d'outil: Exploration de soiAuteurs: Jacques Lafleur, psychologue et Robert Béliveau, médecin

Le questionnaire permet d'augmenter sa sensibilité à son niveau de stress. Il comprend des questions sur les dimensions physiques et psychologiques: tensions musculaires et autres symptômes physiques; symptômes émotionnels, intellectuel, comportementaux etrelationnels; symptômes au plan de la perception et de la motivation.

Les auteurs fournissent les consignes pour interpréter ses résultats. Ils recommandent la passation régulière du test pour demeurer conscient de son niveau de stress.

Pour accéder au test, cliquez ici. 

Pour en savoir plus sur le sujet, voyez l'article "Le stress: causes et solutions" de Jean Garneau.

Test: " Comment je gère mon stress "

Type d'outil: Exploration de soiAuteur: Jean Garneau

Cet outil fait suite à un article intitulé "Le stress: causes et solutions". Il s'inspire de la conception présentée par Jean Garneau danscet article pour donner une façon d'évaluer rapidement l'adéquacité de nos méthodes de gestion de notre stress.

Cet outil n'est pas un test scientifique. Il s'agit simplement d'un instrument dont on peut se servir pour réfléchir sur ses moyenshabituels de gestion du stress et sur les améliorations qu'on pourrait y apporter. Si votre situation est sérieuse, n'hésitez pas àconsulter un professionnel de la santé mentale.

Pour évaluer dans quelle mesure votre situation comporte des risques de stress, vous pouvez aussi consulter un autre outil:"L'inventaire de ses symptômes de stress."

Pour accéder au test, cliquez ici. 

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Je décide

Type d'outil: Exploration de soiSuggéré par: Ressources en Développement

Utilité 

• Devenir plus sensible au pouvoir que nous abandonnons en dissimulant notre responsabilité.• Récupérer une partie de ce pouvoir.

Description de l'outil 

Souvent, nous dissimulons notre responsabilité par la façon dont nous parlons de ce que nous faisons. Nous laissons croire auxautres et à nous-mêmes que nos actes et nos opinions ne dépendent pas vraiment de nous. Nous dissimulons le fait que nous avonsfait un choix dont nous sommes responsables en prétendant que nous n'avons pas réellement le choix. Nous disons, par exemple:

Camouflage Au lieu de Responsable

"J'ai besoin..." au lieu de "Je veux..."

"Il faut..." au lieu de "Je décide..."

"Je ne peux pas..." au lieu de "Je ne veux pas..."

"Il est évident que..." au lieu de "Je pense que..."

"J'ai pas le choix..." au lieu de "Je choisis..."

Etc. (Vous pouvez ajouter vos méthodes préférées.)

Lorsque nous utilisons ces formes d'expression, nous croyons généralement faire une bonne affaire. Ça nous permet d'agir comme

nous le voulons tout en laissant croire que nous ne sommes pas vraiment responsables. Ce n'est pas notre choix, c'est une nécessité,un cas de force majeure.

Par exemple, " J'ai besoin que tu ..." commence généralement une phrase qui vise à créer pour l'autre une sorte d'obligation. Aprèstout, un besoin est une chose relativement vitale à laquelle il ne peut être approprié de s'objecter. Ce n'est pas comme une préférenceou un caprice! Ce n'est pas de ma faute si j'ai des besoins et il n'est pas légitime de refuser d'y répondre.

Mais en utilisant ce truc, nous perdons souvent quelque chose de bien plus important: c'est notre pouvoir personnel que nousabandonnons en nous cachant derrière de prétendues nécessités impérieuses. Nous faisons disparaître notre liberté, notre volonté etnotre pouvoir derrière une soi- disant nécessité. Et au bout du compte, nous en venons à nous sentir à la merci des obligations etdes événements, sans voir que nous avons d'autres options et sans réaliser que nous avons effectivement exercé notre liberté.

Cet exercice peut aider à devenir plus sensible au pouvoir que nous abandonnons ainsi. Il peut même servir à en récupérer une

 partie.

Comment faire ? 

1. Choisissez (dans la liste ci-dessus) le style de "camouflage" que vous utilisez le plus souvent. (Vous pouvez ajouter uneautre expression à la liste si nécessaire.)

2. Utilisez plusieurs exemples pour explorer (par écrit) les effets de la traduction. Vous écrivez d'abord une phrase-camouflage, puis vous écrivez la même chose sous la forme d'une phrase responsable.

Exemple: "Je ne peux pas te rendre ce service." (Camouflage) "Je n'ai pas l'intention de (ou je ne veux pas) faire ça pour toi." (Responsable)

3. Dites à haute voix chacune de ces phrases, en imaginant que la personne est présente. Prenez le temps, après avoir ditchacune, de constater comment vous vous sentez et de vérifier s'il y a une différence entre l'effet que vous font les deuxversions.

4. Pendant quelques jours, essayez de remarquer les moments où vous utilisez des phrases-camouflage. Remplacez-les par des phrases responsables si vous le désirez.

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d'action pour résoudre le vrai problème et assumer une nouvelle dimension de soi-même. Par MichelleLarivey, psychologueMalgré son apparente simplicité, cet outil est exigeant et ne convient pas à tous. Il commande plusd'application que la plupart de nos outils. Et même avec tout le soin désirable, il n'est pas toujours suffisant

 pour obtenir les résultats souhaités. Il faut comprendre, en effet, que ce guide cherche à supporter unedémarche très raffinée et très complexe. Parfois, une aide professionnelle est nécessaire pour réussir cettedémarche.

Vous auriez peut-être intérêt à lire un autre document avant d'utiliser cet outil. Voyez laréponse à une question intitulée "J'aimerais tellement avoir confiance" qui introduit cetexercice.

1- Imaginer ce que nous craignons 

Il s'agit de laisser la jalousie s'exprimer pleinement en nous afin de laisser son message prendre forme. Il fautéviter ici de l'exprimer à l'autre ; c'est à nos yeux qu'il faut la laisser se développer pleinement.

Par écrit, nous décrivons aussi précisément que possible ce que l'autre ferait et ce qu'il ressentirait si

nos craintes se réalisaient. Nous inventons exactement le scénario qui nous fait peur et nous notons nosréactions (émotions) devant les choses que nous imaginons. Il n'est pas important que le scénario soitréaliste ; l'important c'est qu'il corresponde bien à ce que nous craignons.

Si nos craintes vont dans plusieurs directions différentes, il est préférable d'inventer plusieurs scénarios. Dansce cas il faut noter pour chaque version (1) les actions de l'autre, (2) ce qu'il éprouve et (3) ce que nousressentons devant tout cela.

Après un certain temps de cette exploration, nous en arrivons à un point où nous savons clairement ce quenous craignons le plus. Dès que cette crainte principale est bien identifiée, il est temps de passer à la deuxièmeétape.

2- Nous approprier notre préoccupation 

Il s'agit maintenant de retrouver comment cette jalousie exprime un aspect important de ce que nous vivons,de notre façon générale d'être. Autrement dit, il ne s'agit pas d'une inquiétude qui appartient uniquement à larelation ; nous cherchons à cerner quelle insécurité générale nous voudrions apaiser en contrôlant lecomportement de notre partenaire.

Pour y parvenir, il faut tenter deux expériences en nous inspirant directement du scénario le plus pertinent que

nous avons créé à l'étape 1. Nous faisons cette étape par écrit afin de nous aider à mieux cerner ce que nousvivons. Dès que nous arrivons à une découverte qui soulève en nous des émotions claires, il faut passer directement à l'étape 3 même si nous n'avons pas fini.

2a- Première expérience : l'identification 

Il s'agit de faire comme si nous étions à la place de notre partenaire. Nous revoyons le scénario choisien nous imaginant que c'est nous qui vivons ce que nous avions attribué à l'autre. C'est nous quifaisons tout ce qu'il ferait et qui ressentons tout ce qu'il ressentirait.

Pendant que nous faisons cet échange de rôles, nous notons l'effet de cette expérience sur ce que nousressentons. Nous notons également dans quelle mesure ces actions et ces émotions de l'autre pourraientvraiment nous appartenir ou ressembler à ce que nous vivons réellement.

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Cette expérience est terminée lorsque nous avons repris possession ainsi de chaque action et de chaqueémotion que le scénario attribuait à notre partenaire. Si nous avons l'impression d'avoir appris ou découvertquelque chose d'important, il faut sauter directement à l'étape 3. Sinon, nous passons à la deuxièmeexpérience.

2b- Deuxième expérience : les assurances 

Dans cette deuxième expérience, nous tenterons d'imaginer que notre scénario se réalise vraiment. Ceci pourrait nous permettre de découvrir quels risques de la vie nous cherchons à neutraliser en essayant decontrôler le comportement ou les sentiments de notre partenaire.

La question essentielle que nous pouvons nous poser pour faire cette expérience est la suivante:"Quelle insécurité personnelle ce scénario me forcerait-il à affronter s'il se réalisait ?". Dès que noustrouvons une réponse valable à cette question, il est temps de passer à l'étape 3.

Pour aider cette insécurité à devenir plus claire à nos yeux, nous pouvons imaginer que le scénario sedéveloppe directement devant nous, mais sans que nous puissions intervenir. Nous notons nosréactions pendant que l'action se déroule, particulièrement nos émotions, nos inquiétudes et lesmoments où nous devenons angoissés. Normalement, si nous sommes disposés à la connaître, notreinsécurité principale devrait devenir évidente assez rapidement.

3- Assumer ce que nous sommes 

Comme l'explique Michelle Larivey dans "La jalousie amoureuse" la solution à la jalousie repose sur le faitd'assumer ouvertement nos besoins au lieu de les dissimuler en cherchant à contrôler l'autre. Les deux

 premières étapes servaient à découvrir le véritable enjeu que dissimule la jalousie. La troisième consiste àcréer une autre solution dans laquelle nous assumons vraiment nos besoins, nos insatisfactions et nosinsécurités personnelles.

Le principe est assez simple : il s'agit de prendre vraiment la responsabilité de ce que nous vivons etd'agir en conséquence. Nous allons créer un projet personnel dans lequel nous oserons tenir compteouvertement des besoins, des insatisfactions ou des insécurités que nous avons identifiés. Ce pland'action est évidemment différent pour chaque personne.

Cette démarche n'est pas facile. Elle nous force à nous avouer clairement des insatisfactions ou desvulnérabilités que nous préférions jusque-là ignorer en concentrant notre attention sur les actions de notre

 partenaire. Elle nous force aussi à reconnaître l'importance de besoins qui nous apparaissent peu acceptables.

Elle exige enfin que nous affichions ouvertement ces besoins et que nous prenions nous-mêmes les initiatives pour les satisfaire.

On ne peut donc pas s'attendre à obtenir rapidement à une victoire complète. C'est à une véritable démarched'épanouissement personnel que cette jalousie nous convie lorsque nous entreprenons d'y apporter dessolutions permanentes. Il faut nous attendre à vivre toute une gamme d'émotions et à rencontrer des momentsdifficiles en cours de route. Mais nous pouvons compter aussi sur de grandes joies grâce au contact réel etnourrissant que provoqueront nos tentatives et à l'occasion des résultats partiels que nous obtiendrons

 progressivement. Et, en approchant du terme du voyage, nous éprouverons en plus un sentiment de liberté etde sécurité que nous n'avions jamais connu ou cru possible auparavant.

Bon succès !

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 Nous aimerions connaître votre expérience avec cet outil: comment elle s'est déroulée, les difficultés que vousavez rencontrées, les résultats que vous avez obtenus.

Si vous le voulez vous pouvez utiliser le babillard Infopsy pour partager votre expérience dans la section"Relations intimes".

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Oublions les résolutions!Créons des projets!

 ______________________________________________ 

Type d'outil: Exploration de soi

Forme: ExerciceSuggéré par: Karène Larocque, psychologue. ______________________________________________ 

But: •  Ne pas prendre de résolutions que je ne tiendrai pas

| Avant d'imprimer cet outil | Mise en garde | D'autres outils! |

Cet outil est tiré du magazine électronique" La lettre du psy"

Volume 3, No 11: Décembre 1999

Dans le texte " Les résolutions", Jean Garneau explique que les résolutions basées sur des obligations ou des devoirs sonthabituellement rapidement délaissées. Il dit aussi que ce qui fait qu'un projet se réalise, c'est qu'il est nourri par un rêve ou un désir 

 profond.

Cet outil vous aidera à identifier (à l'avance!) si votre résolution va terminer dans l'oubli (résolution-devoir) ou si elle vous tientvraiment à coeur (résolution-désir)

1) Identifier si ma résolution est un devoir ou un désir

Voici des indices pour vous aider:

résolution-devoir: résolution-désir:

il faut que... il est souhaitable que... je dois... c'est important pour (autre que moi) je le fais pour (autre que moi) j'ai besoin de le dire à d'autres

je le fais par défi avec un autre ça fait longtemps qu'on me ledemande j'ai besoin de me convaincre

je veux... j'aimerais... je désire... c'est important pour moi je le fais pour moi je peux garder le secret

je le fais par défi avecmoi c'est un vieux rêve je suis convaincu

2) Quoi faire avec une résolution-devoir?

Il est préférable de l'oublier tout de suite! La lutte est perdue d'avance!

Essayez plutôt de la remplacer par une autre résolution mais... qui vous respecte cette fois-ci! Une résolution qui correspond à VOSdésirs.

3) Quoi faire avec une résolution-désir?

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Gardez-la précieusement! Cela vaut vraiment la peine d'en faire un projet...VOTRE projet!

Bonne réalisation et bonne année!

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d'aimer? Aime-t-il vraiment trop

Résumé de l'article

Depuis la parution du livre "Ces femmes qui aiment trop", on parle beaucoup de "dépendance affective". Nombreux sont les hommes et le femmes qui se définissent maintenant dans ces termes parce qu'ils sereconnaissent dans la description de l'auteur.

Michelle Larivey souligne en quoi il est inexact et dangereux de traiter cette forme de recherche de l'amour comme une assuétude comparable à l'alcoolisme. Elle montre comment les solutions que suggère cette visionne peuvent être efficaces.

En s'inspirant de sa conception du transfert et des besoins, elle explique ce qu'il y a de "sain" dans cetterecherche douloureuse qu'on appelle la "dépendance affective". Elle précise aussi les causes essentielles desimpasses qu'on y rencontre souvent.

Table des matières

A. IntroductionB. Suis-je dépendant affectif?C. La dépendance au plan affectif 

1. L'importance des besoins affectifs2. Les variations dans les besoins

D. Le vrai problème de la "dépendance affective"3. Peu de contact avec ce qu'elle ressent4. Une expression camouflée

E. Conclusion

F. Comment vous servir de ce texte

Vous pouvez aussi voir:Vos questions liées à cet article et nos réponses !

À la lecture de cet ouvrage, plusieurs concluent que la dépendance est pathologique et qu'il faut s'endébarrasser. Les personnes qui se considèrent atteintes de ce mal cherchent typiquement à s'en sortir en seraisonnant et en tentant d'éviter les personnes qui les attirent naturellement.

J'entends souvent des témoignages comme les suivants:

"Après un an de séparation, je souffre encore beaucoup. Je pense à elle chaque jour. Est- ce de la

dépendance affective?" 

"Je tombe facilement amoureux et dépends beaucoup des femmes. Est-ce ça qu'on appelle être

dépendant affectif?" 

"J'ai besoin de contacts sexuels avec les femmes. C'est une question d'équilibre. Est-ce de la

dépendance affective?" 

"Je ferai tout pour ne pas déplaire à la femme que j'aime et tout pour lui plaire. Je m'oublie. Ce n'est 

 pas grave. Il me semble que ce serait plus grave de la perdre." 

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Comme vous le constaterez à la lecture de cet article, je n'ai pas la même vision de cette problématique et deses solutions. Vous comprendrez pourquoi je déplore l'existence de ce diagnostic de "dépendance affective"en tant qu'étiquette de comportement maladif.

Vous verrez également pourquoi je parle plutôt de la "dépendance au plan affectif". Je situerai cette problématique du point de vue de la croissance psychique afin d'aider à déceler les véritables enjeux qu'ellerecèle. C'est dans un autre article que je présenterai les solutions et les directions sur lesquelles débouche cettefaçon de voir.

Mais cette insécurité a un autre effet, encore plus grave: elle amène ces personnes à remettre en question leurs besoins affectifs. Tout ce qui concerne leur attachement, leur soif de relation, leur besoin d'aimer et d'êtreaimées leur apparaît comme pathologique. Ces gens se demandent même s'ils sont normaux d'avoir desréactions émotives fortes.

Cette remise en question vient en partie du fait que l'auteur de "Ces femmes qui aiment trop" assimile la forteattirance du "dépendant affectif" à une assuétude pathologique comme la dépendance à l'alcool ou à la droguede l'alcoolique et du toxicomane. Ce rapprochement est, à mon avis, dangereux et largement injustifié.

En réalité, l'alcoolique et le toxicomane ont recours aux stupéfiants et aux euphorisants pour éviter le contactavec leurs besoins affectifs et leurs émotions. Ces besoins sont typiquement négligés au point de prendre unegrande intensité. En consommant des substances toxiques, ces personnes se distraient de leurs besoinsaffectifs et de la souffrance occasionnée par leur manque. On pourrait comparer ce qu'ils font à l'assoiffé dudésert qui s'injecterait de l'héroïne pour ne plus souffrir de la soif. Il mourrait déshydraté, mais peut-être sanséprouver clairement sa souffrance!

Il est certain que les stupéfiants et les stimulants ne combleront jamais les besoins affectifs. Même lesalcooliques et les toxicomanes ne sont pas dupes de cela. Mais ils ont souvent peur et se sentent démunisdevant l'ampleur de leurs besoins. Malheureusement, l'accent qu'on met sur la dépendance physique dans lecas de ces assuétudes contribue à dévier l'attention des véritables raisons qui ont mené à la consommation

abusive.

En plus, lorsqu'on considère ces assuétudes comme des maladies, on voile en grande partie la responsabilitéde la personne dans son choix d'évitement. On concentre alors le travail thérapeutique sur l'arrêt ducomportement pathologique plutôt que sur l'apprivoisement des besoins affectifs et l'apprentissage à lescombler. En agissant ainsi, on s'empêche de régler le problème de fond.

En laissant croire que la "dépendance affective" équivaut à une assuétude, on empêche de trouver dessolutions saines aux insatisfactions affectives et aux façons de réagir qui la composent. On laisse croire qu'ils'agit d'une maladie plutôt que d'une tentative maladroite de trouver satisfaction. On prive ainsi la personne detout moyen réel d'y remédier par elle-même. On laisse entendre qu'il s'agit d'une forme d'assuétude qui ne peut

être résolue que par un contrôle de la volonté et un évitement systématique des tentations. Ceci interdit àtoutes fins pratiques au "dépendant affectif" de répondre à ses besoins émotifs fondamentaux.

C. La dépendance au plan affectif 

Les êtres vivants ont besoin d'air et d'eau pour survivre. Ils sont dépendants de ces éléments et deleur environnement où ils les trouvent. Ils peuvent même devenir "obsédés" par ces éléments danscertaines circonstances.

Imaginons la situation suivante. En expédition dans le désert, nous arrivons au bout de nosréserves d'eau. Si nous n'avons pas de moyen de nous ravitailler à proximité, il est certain quenous deviendrons obnubilés par l'eau. Plus le manque se fera sentir, plus notre vie, nos pensées ettous nos efforts seront orientés vers un seul but: trouver une oasis.

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Peut-on qualifier notre groupe de "dépendants physiques"? Nous n'y penserons certainement pas,car il nous semble normal d'avoir besoin d'eau et de nous mobiliser pour en trouver. Il est sain, sion en manque dramatiquement, que sa recherche devienne la priorité de notre vie. Ce que noustrouverions anormal, ce serait de danser pour faire tomber la pluie, de tourner en rond en espéranttrouver de l'eau, ou d'implorer l'eau d'apparaître... On considérerait certainement comme

 pathologique le comportement d'un membre du groupe qui demeurait passif en souhaitantardemment que l'eau se rende à sa bouche. S'il persistait dans cette méthode jusqu'à risquer sa vie,on le croirait auto-destructeur.

1. L'importance des besoins affectif  

Les êtres vivants n'ont pas que des besoins physiques, ils ont également des besoins affectifs.Ceux-ci ne sont pas aussi palpables et sont encore mal connus. Mais on en sait assez, à l'heureactuelle, pour conclure à l'importance d'y répondre. On sait par exemple, qu'un bébé tombe dansun état de torpeur ("marasme") s'il n'est pas soigné, avec une attitude au moins bienveillante. Il

 peut même en mourir. On sait aussi pourquoi un enfant risque de développer des problèmes psychiques graves s'il reçoit, du parent qui en prend soin et sur une période prolongée, unmessage fondamental de haïne camouflé dans un discours positif.

L'enfant a besoin, pour se développer harmonieusement, d'être traité comme une personne à part

entière et d'avoir l'opportunité de répondre à ses besoins. C'est même indispensable à sa santémentale. Mais c'est vrai aussi chez les adultes.

 Nous continuons d'avoir des besoins affectifs tout au long de notre vie. Nous devons les satisfaire pour conserver notre équilibre affectif et notre santé mentale. C'est même important pour notresanté physique! De plus en plus, on découvre l'effet néfaste des manques affectifs sur la santé

 physique.

Ainsi, l'adulte de 30 ans a encore besoin d'affection et il en aura toujours besoin. À 50 ans une personne a encore besoin d'être appréciée et reconnue. Quel que soit son âge, celui qui vit uneexistence peu nourrissante, tend à déprimer. Qui n'a pas connu quelqu'un qui a sombré dans ladépression ou même est mort par manque affectif?

Je pense à cet homme qui demeure replié dans sa solitude par peur du contact dont il a besoin. Jele vois perdre sa vitalité et se maintenir en vie grâce à des occupations répétitives et terre à terre.Je pense aussi à cette jeune femme abandonnée par son amant. Je la revois, piaffant indéfinimentdans la peine et la rage, en négligeant ses besoins affectifs laissés en plan au départ de son amant.En persévérant dans cette attitude, elle peut se rendre à la dépression et même jusqu'au suicide. Jeme rappelle aussi ce cadre d'entreprise usé, brisé, et devenu défaitiste à force de voir ses efforts etréussites banalisés. Je vois le vieillard qui se laisse dépérir parce qu'il n'a plus la possibilité decontribuer à quelque chose qui soit valable à ses yeux.

Tous ces gens ont besoin d'affection, d'être importants pour quelqu'un qu'ils aiment ou encored'être reconnus par quelqu'un qu'ils estiment. L'absence de satisfaction entraîne toutes sortes desymptômes et de troubles psychiques et physiques, tout comme les carences au plan physique lefont.

2. Les variations dans les besoins 

Lorsqu'ils sont comblés, les besoins sont la plupart du temps invisibles. Je ne sens pas la faim,mon besoin de manger disparaît quand je viens de prendre un bon repas. Je suis également peuconsciente de mon besoin d'être aimée si je vis avec des personnes dont l'affection me comble.J'apprécie alors tout simplement mon état de satisfaction et j'en profite sans même y penser. Toutcomme au plan physique, le besoin ne fait surface que lorsqu'il est en souffrance, lorsqu'il netrouve pas de réponse adéquate.

L'urgence et l'intensité du besoin varient aussi d'un moment à l'autre ou d'une période à l'autre denotre vie. Ils varient même selon les personnes avec qui nous sommes en contact. Comme au plan

 physique, c'est le degré de satisfaction actuel qui détermine combien chaque besoin est crucial,intense ou urgent. L'individu dont le système manque sérieusement de fer se met, par exemple, àrêver de persil; il se jette sur la première botte de persil qui lui tombe sous la main. De la même

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façon, l'individu qui souffre d'un manque affectif a tendance à être obnubilé par ce besoin.

J'ai déjà expliqué, dans d'autres articles, pourquoi les besoins importants inassouvis donnaientsouvent lieu à une préoccupation obsédante et à des comportements répétitifs menantinexorablement à l'impasse. Voyez plus particulièrement:

• Les noeuds dans les relations• Aux sources du transfert• Conquérir la liberté d'être soi-même

• Transfert et droit de vivre

D. Le vrai problème de la "dépendance affective"

On parle habituellement de "dépendance affective" lorsqu'une personne dont les besoins affectifssont urgents et intenses répète constamment un scénario non satisfaisant qui la conduit à uneimpasse. Mais ces caractéristiques ne sont pas réservées aux personnes qu'on étiquette"dépendantes affectives".

Toute personne arrive à l'âge adulte avec des déficits affectifs substantiels. Chacune cherchenaturellement à répondre à ces carences. La recherche d'assouvissement prend souvent uncaractère urgent à cause de l'intensité du manque qu'elle veut combler. Tout ça est relativementnormal pour tout adulte; il faut plus pour qu'on puisse parler d'un problème de "dépendanceaffective".

C'est à la longue, si cette recherche demeure stérile, qu'elle devient destructrice. Parce qu'elles'appuie sur des moyens inadéquats, elle est alors vouée à l'échec, tout comme le serait celle d'unassoiffé qui ferait des incantations pour obtenir de l'eau dans le désert. Ce n'est pas le fait d'avoir 

 besoin d'eau qui est le problème. De même, ce n'est pas le fait d'avoir besoin de l'autre qui est pathologique chez la personne dite "dépendante affective". Ce n'est pas le fait d'avoir besoind'affection, d'être reconnu comme ayant une valeur ou comme étant aimable par une autre

 personne qui crée l'impasse.

Ce n'est pas d'avantage le fait de choisir des personnes peu adéquates pour combler ses besoinsqui est le vrai problème. La dépendance est inhérente à la vie; les besoins qui en font partie sontnormaux et les personnes élues pour les combler sont choisies d'instinct. Cet instinct est fiable car il la mène justement vers des personnes qui permettent de compléter des situations incomplètes(de régler ses transferts).

Mais si ce n'est ni le besoin, ni le choix des personnes pour y répondre qui sont problématiques,où donc est le problème? Les impasses destructrices de la "dépendance affective" sont bienconnues; il doit bien y avoir quelque chose qui ne va pas!

Ce qui est au coeur du problème, ce qui en fait un comportement pathologique, c'est le fait de ne

 pas porter son besoin. C'est cet évitement fondamental qui donne lieu à toutes sortes decomportements disfonctionnels et même aberrants.

Ceci n'est pas toujours bien clair. La personne consciente de son besoin d'être aimée et qui se"désâme" pour obtenir l'affection peut nous apparaître comme "portant son besoin". Elle est touteau service de l'autre, elle se sacrifie souvent au nom de son amour, elle renie ce qu'elle ressent

 pour ne pas déranger l'autre. Plus: elle lui dit très clairement qu'elle veut qu'il l'aime et le met ensituation de le lui prouver. Que pourrait-elle faire de plus pour prouver à l'autre combien il estimportant et pour obtenir son amour en retour?

Mais justement, il ne s'agit pas de faire plus, mais de faire autrement. Voyons ce qui me fait direque cette personne en mal d'amour n'assume pas son besoin, même si elle semble y accorder uneimportance considérable.

1. Peu de contact avec ce qu'elle ressent 

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Cette personne est généralement "mal dans sa peau". Le plus souvent, elle ne ressent à peu prèsque l'angoisse ou l'anxiété. Et elle agit à partir de cette angoisse: demandes pressantes à l'autre,gestes généreux à son égard, contrôle pour obtenir ce qu'elle désire et calmer par là son angoisse.

Le plus souvent, elle cherche avant tout à se débarrasser de son angoisse. Il est rare qu'elle tentede trouver ce que cache cette angoisse (Voir "L'angoisse et l'anxiété" ). Si elle le faisait, elledécouvrirait diverses préoccupations, divers sentiments. De la même façon, elle s'abandonnerarement à ressentir complètement ses émotions (Voir "La vie d'une émotion"). Si elle le faisait,

elle comprendrait mieux ce qui se passe en elle et serait davantage en mesure d'identifier ses besoins (et non seulement ce qu'elle veut de l'autre). Une fois ses besoins plus clairs, elle sauraitaussi ce qu'elle doit exprimer (plutôt que de mettre toute son énergie à faire exprimer l'autre).

Cette personne évite ainsi le contact avec son expérience parce qu'elle "est mal" avec elle-même. Non seulement a-t-elle peur du contact avec elle, mais en même temps, elle ne s'accorde pas assezd'importance pour vouloir s'arrêter sur ce qu'elle ressent. Elle cherche donc avant tout à s'éviter.Mais plus elle s'évite de cette façon, plus elle devient inconfortable et angoissée.

En plus, elle est profondément convaincue que ce sont la considération de l'autre, son amour etson respect, qui apaiseront son angoisse et la rendront confortable. Paradoxalement, en attendantainsi de recevoir de l'autre des marques de considération sans oser déclarer ouvertement qu'elleles recherche, elle perpétue sa faible estime d'elle-même. Elle manifeste peu de respect et de

considération pour ce qu'elle vit en le reniant aussi facilement.

Dans ce contexte, on ne peut s'étonner qu'il soit presque impossible pour cette personned'identifier ses besoins. On n'est pas surpris, non plus, qu'il lui soit très difficile de les exprimer directement.

2. Une expression camouflée 

Tout comme elle refuse ce qu'elle ressent et le traite comme peu important, cette personne a lesmêmes objections à l'égard de son ressenti. Elle ne se considère pas assez importante pour communiquer ce qu'elle vit vraiment. Elle ne parvient pas à faire, à celui dont elle veut l'amour,une expression claire et authentique comme:

"Je souhaite de tout mon être que tu m'aimes! J'ai l'impression que ton amour serait la

 preuve que j'ai de la valeur. Je t'assure que parfois j'ai l'impression de n'être pas plus

importante qu'un verre de terre sur cette planète. Un seul regard de toi... un seul regard 

de toi où je lis un peu d'appréciation et je me sens pousser des ailes." 

Elle choisit plutôt de tourner son attention sur lui et de gagner son amour en faisant ce qu'elle pense qu'il veut. Elle espère que ses efforts, son abnégation ou sa soumission lui amènerontl'affection, l'appréciation et la valorisation. Elle garde caché ce qu'elle vit réellement, y compris,

 bien sûr, ses réactions "négatives".

Si on sait comment se développe l'estime de soi (Voir "Fidèle à moi-même") on comprend qu'iln'y a aucune chance que cette stratégie donne les résultats visés. Non seulement en s'aliénant ainsielle n'obtiendra jamais l'estime et l'affection de l'autre, mais encore elle n'en aura pas pour elle-

même.

Ça semble paradoxal, mais ce n'est pas moins vrai pour autant: la personne qui agit de cette façonne se compromet pas émotivement. Exposer ses besoins et ce qu'elle ressent l'apeure trop. Elle est

 parfois même terrorisée à l'idée du refus, du jugement ou du rejet de la part de l'être important. Lerefus implicite qu'elle subit continuellement lui apparaît plus vivable que le refus clair et explicite.Il lui permet de garder l'espoir et de persister dans son effort.

Ce refus d'implication émotif entretien le cercle vicieux et explique la détérioration de lacondition de la personne ainsi que de sa relation avec l'autre. Chaque fois qu'elle se défile devantle risque de se porter et de s'assumer, son estime d'elle-même diminue. Mais comme elle n'est à

 peu près pas satisfaite malgré une grande dépense d'énergie, elle est de plus en plus en état decarence.

De son côté, l'autre finit par ne plus pouvoir supporter son harcèlement, cette demande indirectequ'elle répète par insécurité plus que par amour. Pour lui également, cette relation sans contact

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émotif réel ne peut être nourrissante.

E. Conclusion

Ce qu'on appelle la "dépendance affective" est donc une forme déficiente de recherche du droit de

vivre (Voir "Transfert et droit de vivre" ) . La personne reporte sur ceux qui font partie de sa vieactuelle le pouvoir de confirmer sa valeur comme personne. Comme tout individu inconscient deson transfert ou incapable de le résoudre, elle répète compulsivement des tentatives qui la mènentdans des impasses.

Pour plusieurs raisons, les besoins de cette personne sont aigus. Ce n'est pas pathologique d'avoir des besoins énormes et aigus. Ce n'est pas non plus parce que ces besoins sont criants et présentsdepuis longtemps (depuis l'enfance) qu'il est impossible d'y répondre. Je travaille tous les joursavec des clients qui trouvent le moyen de répondre pour la première fois à ce genre de besoins. Ilsapprennent en même temps à se nourrir réellement dans leurs relations interpersonnelles.

Dans un autre article, j'explique plus précisément ce qu'on peut faire pour sortir de l'impasse de la"dépendance affective". Avant d'y accéder, je vous propose une réflexion qui permettra de

cheminer sur cette question.

F. Comment vous servir de ce texte

Comme tout le monde, vous avez besoin d'être aimé et reconnu comme valable. Je vous proposede réfléchir aux questions ci-dessous. Que vous pensiez être "dépendant affectif" ou non importe

 peu: les réponses à ces questions sont au coeur de la qualité de votre vie.

• Quels sont les moyens que vous prenez pour répondre à votre besoin d'être aimé?• De quelle façon faites-vous voir ce besoin aux autres?• Quels sont les résultats que vous obtenez habituellement?

Il y a matière à discussion! Je vous donne rendez-vous sur le Babillard électronique Infopsy (Qu'est-ce que c'est?) pour échanger là dessus.

En plus de...

• Vos questions et nos réponses

Vous pouvez réagir à cet article ou en discuter avec les autres lecteurs...

• Le babillard électronique "Infopsy" ( Qu'est-ce que c'est ?)

La suite de cet article...

• Se renier par la "dépendance affective" de Michelle Larivey. 

Vous pouvez lire...

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...sur les émotions et l'importance d'en tenir compte 

• À quoi servent les émotions ? , de Jean Garneau• La vie d'une émotion (ou le processus vital d'adaptation) , de Jean Garneau• Fidèle à moi-même , de Jean Garneau

...sur les relations interpersonnelles 

•  Ne vous séparez jamais sans... , de Michelle Larivey• Le transfert dans les relations , de Michelle Larivey• Aux sources du transfert , de Michelle Larivey• Conquérir la liberté d'être soi-même , de Michelle Larivey• Transfert et droit de vivre , de Michelle Larivey• L'expression qui épanouit , de Gaëtane Laplante

Vous pouvez aussi vous servir de:

Pour développer votre habileté à ressentir 

La session "Vivre avec mes émotions"• Le programme: "Savoir Ressentir"• La psychothérapie individuelle

Pour développer votre habileté à exprimer vos émotions 

• La session "Vivre avec mes émotions"• La session "Satisfaction et liberté"

* Pour apprendre à dénouer mes noeuds dans mes relations importantes.• La session "Agressivité et affirmation "• La psychothérapie de groupe

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Question: Psychothérapie et besoins affectifs

Est-il possible de combler ses besoins affectifs avec son psychothérapeute?

Réponse

Il s'établit toujours un rapport affectif avec un psychothérapeute. Même lorsque ce dernier est peu

actif ou expressif, le client éprouve des sentiments à son égard. Le psychothérapeute éprouveaussi des sentiments envers son client.

La relation thérapeutique s'apparente à celle avec d'autres professionnels: le médecin, l'avocat...Elle en diffère toutefois par son objectif et par le degré d'intimité qu'exige celui-ci. Cesdifférences ont plusieurs conséquences.

En psychothérapie, on cherche habituellement à résoudre des blocages intérieurs. Le client espèreainsi devenir capable d'être lui-même plus librement. L'objectif de la thérapie implique donc unexamen soigné de la vie intérieure du client, de même qu'un changement important dans sesfaçons d'agir.

Pour parvenir à ces objectifs, le client en vient à se révéler plus que dans toute autre relation

 professionnelle, souvent même plus que dans ses relations avec ses proches. C'est donc unegrande intimité qui se développe entre le psychothérapeute et son client.

En principe, le cadre thérapeutique est idéal pour défaire les blocages ainsi que pour travailler àmieux s'assumer. Dans les approches humanistes d'ailleurs, on considère que la personne est égaleà elle-même dans son rapport avec le psychothérapeute, c'est-à-dire qu'elle entre en relation aveclui d'une manière qui traduit à la fois ses ressources et ses blocages. C'est pour cela que dans cesapproches, le vécu dans le présent à l'égard du psychothérapeute est utilisé comme occasion de"se découvrir", "se comprendre", "s'expérimenter dans du nouveau" et "s'assumer".

Dans cette perspective, il est avantageux pour le client d'exprimer à son thérapeute l'importancequ'il lui accorde et de lui révéler le pouvoir qu'il lui accorde, particulièrement celui de leconfirmer comme personne.Le seul fait de prendre ce risque lui permet de s'assumer davantage. Je

dirais même que pour exploiter la psychothérapie au maximum, il doit se laisser vivre et exprimer tous ses sentiments à l'égard du psychothérapeute. C'est l'importance du psychothérapeute commeinterlocuteur transférentiel qui rend cette expression nécessaire.

En fait, pour résoudre son transfert avec son psychothérapeute (et non pas seulement "comprendreson transfert"), le client doit aussi communiquer "ses besoins" et les prendre en charge. J'ai

 précisé ailleurs en quoi consiste exactement la prise en charge de ses besoins (cf. Question :"Porter la responsabilité de ses besoins").

En somme, il est vrai que le client peut combler des besoins affectifs avec son psychothérapeute.La psychothérapie peut même être considérée comme un lieu privilégié où apprendre à le faire.(Pour certaines personnes le cadre de la psychothérapie de groupe est moins menaçant, parce quemoins intime, pour apprendre à combler ses besoins affectifs.)

Le travail thérapeutique dans cette perspective est possible et peut être rentable, mais à certainesconditions. Premièrement, il est nécessaire que le psychothérapeute comprenne et accepte cette

 perspective et qu'il soit adéquatement formé à son utilisation thérapeutique. Deuxièmement, il estessentiel que le psychothérapeute respecte les règles d'éthique appropriées. Plus particulièrement,il doit absolument éviter de profiter de la situation (vulnérabilité de son client) pour répondre àses propres besoins.

Dans une approche thérapeutique où on enseigne à combler ses besoins affectifs, le client peutfaire des pas de géants sur ce sujet. Car en plus d'être un pédagogue et un conseiller dans cettedémarche d'apprentissage, le psychothérapeute agit comme interlocuteur. Il devient donc une

 personne qui répond tout en veillant à ce que le client prenne ses besoins en charge.

Mais il ne faut pas oublier que la "réponse" reçue n'est pas l'élément crucial du changement. Cequi est le plus important, c'est que le client ose "porter son besoin", c'est-à-dire, qu'il parvienne àl'exprimer directement. J'ai parlé de l'importance de cette expression dans l'article "Conquérir la

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liberté d'être soi-même".

Toute personne qui arrive à porter ainsi son besoin devient éventuellement capable de trouver,dans les situations de sa vie quotidienne, les interlocuteurs qui seront en mesure de la "prendre"avec ce besoin. Cette démarche peut s'amorcer avec le psychothérapeute, mais c'est hors de lathérapie qu'elle trouve son aboutissement. Si on devient capable, dans le cadre de la relationthérapeutique, de prendre le risque d'exprimer ouvertement son besoin, si on y parvient sanss'appuyer sur l'assurance qu'il dira oui à notre demande, il est certain qu'on sera capable d'avoir le

même courage avec les personnes importantes de notre vie.

Question: Manigancer pour combler ses besoins affectifs

Je crois souffrir d'un grave problème de dépendance affective. Dès qu'une personne, peu importequi et pour quelle raison, m'accorde un peu d'attention, j'essaie par tous les moyens imaginablesqu'elle devienne obligée à moi. Je fais aussi tout ce que je peux pour qu'elle reste disponible entout temps pour moi. Quand cela ne se passe pas de cette façon, j'ai très mal et je me sensabandonnée. C'est la déprime.

Réponse

En agissant de manière indirecte ("par tous les moyens inimaginables"), il n'y a aucune chanced'évoluer dans ma dépendance à l'égard des autres. Cela correspond à ce que j'appelle, dansl'article, les façons dysfonctionnelles, qui peuvent même devenir pathologiques, de tenter d'obtenir satisfaction.

Au lieu d'exprimer MOI-MÊME à l'autre son importance, je prends des moyens détournés pour que L'AUTRE se comporte comme si j'avais de l'importance pour lui. C'est comme si je lui"arrachais" des comportements, du temps...

En procédant de cette façon, il est impossible d'évoluer. Comme je ne porte pas mon besoin, jedemeure en situation de dépendance, même lorsque j'obtiens de l'autre les réponses que je

souhaite.

Lorsque l'autre ne tombe pas dans le piège, il est normal que je sois en mauvaise posture, car je ne peux éviter de constater ma dépendance à son égard. Si j'obtiens ce que je recherche, madépendance est moins visible car elle est cachée derrière la "disponibilité" excessive de l'autre.Mais il s'agit d'une illusion car je demeure tout aussi dépendant de cette "présence garantie".

Question: Vie religieuse et besoins affectifs

Si tout humain a des besoins affectifs qu'il satisfait grâce à ses contacts avec d'autres personnes,

comment les religieux peuvent-ils garder un équilibre psychique? S'agit-il d'exceptions ou setrouve- t-on dans le domaine de l'inconnu, de l'inexplicable, de la force divine?

Réponse

Les humains ont tous des besoins affectifs. Il n'y a pas d'exception à ce sujet. Mais ils n'ont pastous recours aux mêmes moyens pour répondre à leurs besoins.

Il existe de multiples moyens de répondre à nos besoins affectifs. Les rapports sexuels en font partie. À travers le contact sexuel, on peut trouver diverses nourritures. Ce peut être une occasiond'obtenir des confirmations sur sa valeur et son impact sur l'autre (je suis aimable, valable,attrayante, satisfaisante sexuellement...) Ce peut être une aussi une simple occasion de vivre uncontact agréable ou passionnant, réconfortant, stimulant.

Concernant les besoins affectifs, il faut distinguer deux réalités qui s'imbriquent très souvent: (1)la gestion quotidienne des besoins affectifs et (2) la conquête du droit d'être (incluant le droit à

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l'existence, le droit à une identité distincte et le droit d'être sexué). Plus sa conquête du droit d'êtreest avancée, plus une personne trouve normal d'avoir des besoins affectifs et de prendre l'initiativede les combler. Elle peut inventer toutes sortes de manières dans toutes sortes des situations pour le faire. Cela est possible pour les personnes engagées dans la vie religieuse et le célibat comme

 pour les autres.

La conquête du droit d'être sexué, toutefois, ne peut se faire qu'à travers des contacts de "naturesexuelle". Puisqu'elle consiste essentiellement à obtenir des confirmations sur soi comme être

sexuel, elle doit se faire en s'impliquant avec des individus de l'autre sexe. Je ne pense pas, eneffet, qu'il soit possible pour quelqu'un de se posséder comme être sexué, s'il ne s'est pas exposécomme tel avec des personnes signifiantes. Mais il ne faut pas oublier que la conquête du droitd'être sexué se fait en bonne partie à l'adolescence. On peut donc s'attendre à ce que tout le mondearrive à l'âge adulte en ayant fait un certain nombre d'acquisitions dans ce domaine.

Les gens qui renoncent à vivre cette dimension d'eux-mêmes choisissent, du même coup, derenoncer à se posséder comme personne sur le plan sexuel. Ils arrêtent le développement de cettediemension d'eux-mêmes. Ce ne sont pas nécessairement tous les religieux qui font ce choix et

 beaucoup de laïques, même parmi ceux qui ont régulièrement des relations sexuelles, ont fait lemême choix. Il faut noter aussi qu'il ne s'agit pas nécessairement d'un choix volontaire. Souvent,ce renoncement est plutôt la conséquence de n'avoir pas voulu prendre les risques nécessaires

 pour s'assumer.

La conquête du droit d'être sexué est une question assez complexe. Nous n'avons encore aucunarticle de "La lettre du Psy" qui en explique les nuances. Les personnes intéressées à y réfléchir davantage peuvent toutefois consulter le chapitre 5 "La résolution du Transfert" dans "L'Auto-développement: psychothérapie dans la vie quotidienne".

Question: L’amour à sens unique

Que faire avec quelqu’un que j’aime à la folie mais qui est très froid et distant avec moi ? Je saisque je vais souffrir, mais j’ai quand-même envie de rester avec lui. Même si j’ai l’impression

qu’il ne m’accorde aucune importance et qu’il invente toutes sortes de prétextes pour m’éviter, jem’accroche comme une folle et je suis prête à tout pour lui. Est-il possible qu’il soit simplementtimide ou qu’il ait des problèmes qui l’empêchent de répondre à mon amour ? Je ne sais plus quoifaire.

Réponse

Il arrive souvent qu’on amorce une relation amoureuse sur des bases aussi fragiles. Parfois,comme ici, c’est le comportement de l’autre qui ne correspond absolument pas à ce qu’onrecherche. Dans d’autres cas, c’est nous-mêmes qui donnons une fausse image de ce que noussommes dans l’espoir de plaire ou de séduire. Comment comprendre qu’une personne soit prête às’investir intensément alors que tous les indices lui signalent que la relation n’a aucune chanceréelle de survie ?

Ce n’est pas en examinant ou en interprétant le comportement de l’autre qu’on peut trouver laréponse. C’est en examinant ce que nous investissons dans la relation malgré les signes clairs quenous donne la réalité. Il faut arriver à déceler quelles sont les vertus magiques que nous accordonsà la personne choisie pour arriver à comprendre ce qui nous anime vraiment.

Si je choisis d’aimer “à la folie” quelqu’un qui m’ignore ou me repousse, ce n’est pas sans raison.C’est parce que je trouve “normal” qu’une telle personne ne me rende pas mon amour. Ou bien jene me considère pas vraiment digne de son amour, ou bien je suis incapable d’accepter son rejet.Dans les deux cas, je suis porté à persister malgré tous les signes qui me disent que cette relationn’a aucun avenir, aucun potentiel réel de satisfaction. Il n’est pas étonnant que ce cheminconduise toujours à des frustrations intenses et des souffrances prolongées.

Je ne suis pas digne de son amour 

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Si je ne me trouve pas vraiment digne de son amour, je serai tenté de “m’améliorer pour être à lahauteur”. Je tente alors de mettre en valeur des qualités que je n’ai pas vraiment, d’être mieux quece que je crois être à force d’efforts de volonté et d’application. Dans ce cas, je suis

 particulièrement porté à mettre en valeur des qualités qui correspondent aux attentes que je devinechez l’autre. Peu importe si ces caractéristiques ressemblent à ce que je suis réellement, peuimporte si c’est vraiment ce que l’autre attend d’un partenaire amoureux: ce qui compte c’estd’être à la hauteur des attentes que j’imagine.

Peu importe le résultat de mes efforts, ce que j’obtiens ainsi, ce n’est pas de l’amour. Si je réussis, je me retrouve emprisonné dans un rôle qui ne correspond pas à ce que je suis vraiment. Si j’échoue, je me retrouve dans le vide: loin de ma réalité et confirmé dans mon impression d’êtreinadéquat. Dans les deux cas, je me suis renié, j’ai perdu contact avec moi-même et j’ai contribuéà détruire le peu d’estime de moi qui me restait. Je suis encore plus handicapé pour mes

 prochaines relations.

Je ne peux accepter son rejet 

Dans la question telle qu’elle est posée ci-dessus, c’est plutôt le rejet qu’on ne peut accepter. Lemanque d’intérêt de l’être “aimé” a beau être évident, il n’est pas considéré comme une réalité.Pourtant, il est évident qu’on lui attribue une importance énorme.

Une question peut nous aider grandement à voir plus clair dans une telle situation: “pourquoi jetiens autant à être aimé par cette personne en particulier”? D’autres versions peuvent aider àidentifier plus clairement les vraies réponses:

• “Pourquoi je choisis d’aimer cette personne qui n’est pas intéressée à moi plutôt quequelqu’un qui m’aimerait ?”

• “Qu’est-ce que ça changerait à ce que je suis si cette personne consentait à m’aimer?”• “Qu’est-ce que cette personne a de particulier pour que je m’y attache aussi

intensément ?”• “Est-ce que ce que je vis avec cette personne ressemble à d’autres expériences de ma

vie ?”.

Poser ces questions, c’est déjà y apporter des éléments de réponse. C’est parce que cette personnereprésente quelqu’un d’autre qui a un pouvoir considérable sur mon identité et ma vie que j’yattache une telle importance. C’est à cause des implications qu’aurait son rejet que je suisincapable d’accepter la réalité.

C’est aussi parce que je ne veux pas me résigner à me passer de cette validation fondamentale dece que je suis que je n’accepte pas le rejet évident. En fait, j’espère convaincre cette personne dema valeur afin d’acquérir, en la validant ainsi, une valeur personnelle qui ne m’appartient pasencore. (Voir à ce sujet “Le transfert dans les relations” et “Transfert et droit de vivre”.)

L’essentiel de la solution 

Dans chacune de ces situations, c’est d’abord sur un retour à soi-même que repose la solution.Plutôt que de céder à la forte tentation d’examiner le comportement de l’autre, c’est à cerner nosvrais besoins que nous devrions investir nos premiers efforts.

Mais cette identification n’est pas une tâche aussi facile qu’on pourrait le croire. Il fautnotamment distinguer nos besoins des moyens auxquels nous avons pensé pour y répondre (voir http://redpsy.com/infopsy/noeuds3-qr.html#autre). Il faut aussi identifier notre vrai besoin alorsqu’il se dissimule parfois derrière une image familière et rassurante (nos habitudes) ou adopte uneforme socialement acceptable (conventionnelle) qui ne le respecte pas vraiment. L’aide d’un

 psychothérapeute est souvent nécessaire pour parvenir a faire clairement toutes les distinctionsnécessaires.

Lorsque les besoins sont bien identifiés, la situation change de façon radicale. Le fait de savoir clairement ce que nous recherchons nous donne automatiquement du pouvoir sur notresatisfaction. En nous laissant le choix des moyens qui peuvent, dans les circonstances où noussommes, nous procurer les satisfactions auxquelles nous aspirons, cette connaissance multiplie

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nos capacités et nos occasions de répondre à nos besoins réels.

L’autre personne devient alors un des moyens qui s’offrent à nous. Et souvent, nous constatonsalors que cette personne est bien loin de constituer le meilleur moyen pour obtenir satisfaction.

Dans la question telle qu’elle est résumée ci-haut, il est clair que la personne choisie n’est pas un bon choix si on cherche une réponse satisfaisante. Quelles que soient ses raisons, cette personnene se montre pas disponible. En identifiant bien précisément ce qu’on cherche à satisfaire avec

elle, il est possible d’investir ses énergies dans des relations plus prometteuses.

Vous avez une question qui demeure sans réponse ?Deux options vous sont offertes: 

1. Une question personnelle à laquelle vous voulez une réponse individuelle.

Le psy virtuel est à votre disposition. Pour 50$ (canadiens) un de nos psychologuesconsacrera 30 minutes à vous répondre s'il estime pouvoir vous être vraiment utile. Ils'agit d'un genre de consultation individuelle et vous aurez la réponse en 3 jours.

Voyez les détails ici: http://redpsy.com/virtuel/question.html 

2. Une question de clarification ou d'approfondissement dont la réponse est publiée surle site.

Les auteurs des articles répondent gratuitement aux questions d'intérêt général. Lesréponses sont des principes généraux dont chacun doit évaluer la pertinence pour sa

 propre situation. Il s'agit d'une intervention éducative et non d'une consultation personnelle. Les psychologues répondent à la fin du mois aux questions qui concernent

l'article du mois courant. Ils répondent aux autres questions au moment qui leur convient.

Il vous suffit de nous faire parvenir votre question à [email protected] 

, de Michelle Larivey  Transfert et droit de vivre , de Michelle Larivey  L'expression qui épanouit , de Gaëtane Laplante

Vous pouvez aussi vous servir de:

Pour développer votre habileté à ressentir 

• La session "Vivre avec mes émotions"• Le programme: "Savoir Ressentir"• La psychothérapie individuelle

Pour développer votre habileté à exprimer vos émotions 

• La session "Vivre avec mes émotions"• La session "Satisfaction et liberté"

* Pour apprendre à dénouer mes noeuds dans mes relations importantes.• La session "Agressivité et affirmation "• La psychothérapie de groupe

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Vos questions et nos réponses

Vous avez une question qui demeure sans réponse ?

Réponse

Il ne s'agit pas surtout d'éviter les conflits comme de savoir composer avec eux. Par définition, le faitd'exprimer des opinions différentes, d'avoir nos propres réactions, de manifester nos besoins particulierscomme de vivre ouvertement selon nos propres valeurs, tout ça peut facilement provoquer des heurts.

Cependant, le terme conflit ne réfère pas à la même réalité pour tout le monde. Pour certains il y a conflit dèsque l'autre manifeste du mécontentement. Pour d'autres un échange musclé est synonyme de mésentente.Enfin, d'autres parlent de conflit lorsqu'il y a une lutte pour détruire ou pour empêcher quelque chose.

Lorsque je choisis d'affirmer un point de vue différent, je dois m'attendre à déranger. Est-ce que je feraiseulement lever quelques sourcils ou si je lancerai un débat animé? Est-ce que je vais me faire des ennemis?Cela dépend souvent de la manière dont j'introduis mon idée.

Si mon but n'est pas de heurter, mais plutôt de faire valoir une idée, il faut que je m'exprime de manière àatteindre cet objectif. Pour y parvenir, je dois tenir compte de mon interlocuteur, du contexte dans lequel nous

sommes et souvent même du "momentum" comme disent les journalistes sportifs. En effet, il ne sert à rien de provoquer des résistances à mes propos ou de me mettre à dos les gens que je désire influencer.

Comment faire?

Parfois il est bon de me souvenir que tout le monde déteste se faire traiter d'imbécile. Je peux me rappeler également que beaucoup n'aiment pas se faire dire qu'ils sont dans l'erreur et que presque tous sont indisposés

 par l'arrogance. Ces rappels peuvent m'aider à aborder mes interlocuteurs avec une attitude qui ne suscite pasautomatiquement leur résistance ou des réactions hors sujet.

Si nous sommes sensibles au ton de nos interlocuteurs, nous pouvons souvent détecter leurs réactions profondes. Très souvent, ces réactions portent sur notre attitude plus que sur nos idées. On peut souventdéceler, sous un "je ne suis pas d'accord" un peu sec, un message plus fondamental comme "tu t'imagines

 peut-être détenir le monopole de la vérité!" Une objection apparemment anodine comme "je ne suis pas sûreque ce soit une bonne idée" cache parfois une réaction bien plus intense comme celle-ci: "je n'ai aucune enviede t'écouter car tu ne tiens aucunement compte de mon point de vue".

Pour obtenir une ouverture de la part de l'autre il me faut moi-même faire preuve d'ouverture. Essentiellement,il s'agit

1. de comprendre son point de vue (même s'il ne me plaît pas)

2. et de reconnaître ce qu'il contient de bon à mes yeux. (Si je n'y trouve rien de bon, je puis au moinsreconnaître ce qu'il présente de bon pour celui qui le défend.)

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C'est ensuite seulement que je pourrai présenter mes idées comme un autre point de vue ou comme une bonification du leur.

Question: l'amour de soi

Je crois que la solution à tous nos problèmes est l'amour de soi. Combien de fois j'entends dire qu'il faut s'aimer soi-même, que c'estainsi qu'on est heureux et que l'on peut aimer vraiment les autres. Mais personne n'explique ce que c'est au juste que de s'aimer soi-même et comment on y arrive. S'il-vous-plaît, donnez-moi un truc pour m'aimer d'une façon inconditionnelle car c'est le but de mavie.

Réponse

Il n'y a pas de "truc" pour s'aimer soi-même comme il n'y a pas de truc pour aimer quelqu'un. On aime une personne parce qu'ellenous apporte quelque chose de bon et parce qu'on trouve chez elle des qualités qui ont de la valeur à nos yeux. Ce sont là lesingrédients essentiels qui déclenchent notre affection pour une personne.

Mais je ne pense pas qu'on puisse éprouver pour soi-même un amour identique à celui qu'on connaît pour les autres car on neressent pas d'affection pour soi-même. On peut par contre, avoir de l'importance à ses propres yeux, désirer se faire du bien, serespecter assez pour faire de la place à ce qui est important pour soi... Tout cela ne traduit toutefois pas de l'amour mais une attitudede bienveillance et de la considération à l'égard de soi.

Pour ces raisons, même si je pense qu'il est impossible de recevoir l'amour d'un autre à moins d'avoir une certaine valeur à ses propres yeux, je ne conseillerai jamais à quelqu'un de s'aimer lui- même. Je lui recommanderai, par contre, d'augmenter sa valeur àses propres yeux.

Comment rehausser sa valeur? Essentiellement en s'investissant pour réaliser des choses qui nous tiennent à coeur. Nous avons tousdes choses qui nous importent: des besoins, des relations, des projets, des causes... Or, pour réussir ce qui nous importe, il faut fairedes efforts et souvent prendre des risques. C'est par ce chemin que nous parvenons à gagner de la valeur à nos propres yeux.

On laisse souvent croire qu'il faut d'abord s'aimer pour disposer de l'énergie nécessaire pour répondre à nos besoins, mais c'estexactement à l'inverse qu'il faut procéder. Comme on peut toujours identifier un besoin ou quelque chose qui a une certaineimportance à nos yeux, il est possible de travailler assidûment à cet objectif. Ce faisant, notre sentiment de valeur ne va bien sûr passe développer d'une manière spectaculaire mais il grandira petit à petit, au même rythme que nos réalisations. (C'est comme dans lanature: rien ne se développe d'une manière éblouissante, si ce n'est une fleur éphémère.)

Il est intéressant aussi de savoir que le sentiment de valeur n'est pas lié directement à nos réussites. Il provient plutôt de l'effort qu'onfait pour respecter ce qui nous tient à coeur et de la qualité de notre investissement. Ainsi, si la chose la plus importante à mes yeuxest de m'affirmer tel que je suis, c'est le fait de m'exercer réellement à le faire qui alimentera ma valeur à mes yeux, même si audébut je ne réussis qu'une fois sur cinq.

L'article de Jean Garneau, "Fidèle à moi-même", illustre bien mon propos en plus de servir de guide à qui veut augmenter sa valeur et son estime de lui.

Cela veut aussi dire "exprimer son besoin" quand il est important que l'autre le connaisse. Mais cela ne

signifie pas qu'on considère que le seul fait de dire son besoin oblige l'autre à y répondre. Il suffit parfoisd'exprimer son besoin pour que l'autre en tienne compte, mais ça n'a pas à être ainsi. C'est possible à laconditioin que l'autre soit disponible à y répondre ou qu'il consente à faire ce qu'il faut pour y répondre.

Mais l'autre n'est pas toujours disponible; il a sa propre vie et ses propres besoins. Il peut volontiersm'apporter un verre d'eau si ça lui fait plaisir de me faire cette douceur. Mais s'il le fait parce qu'il n'est pascapable de me refuser mes petits caprices, c'est malsain pour lui et pour moi. Tôt ou tard nous paierons tousles deux pour cet esclavage semi-volontaire.

Il peut faire des choses qui demandent beaucoup plus d'investissement de sa part: mes rapports d'impôt, mesrepas... S'il le fait avec plaisir, par affection pour moi, il n'y a pas de problème. S'il le fait parce qu'il considèreque c'est un échange équitable compte tenu de ce que je fais de mon côté pour lui, tout va bien... il n'y a pas de

 pépins à l'horizon de la relation à ce sujet.

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Si, par contre, je compte sur les efforts de l'autre pour éviter de m'assumer, je m'engage dans un processusmalsain à la fois pour moi et pour lui. Par exemple, si j'ai l'habitude de dire à mon amoureux que "j'ai le goûtde faire l'amour" et que c'est une manière de lui remettre l'initiative dans les mains, cela équivaut à luiremettre la responsabilité de la satisfaction de mon besoin. J'agis probablement ainsi par peur de montrer mondésir et d'être refusée, ou parce que je suis intimidée à l'idée de le séduire pour éveiller son désir. Lui faire partde mon goût m'évite alors d'assumer mon désir. C'est un mauvais choix du point de vue de mon évolutionsexuelle. Quant à mon partenaire, il souffrira éventuellement de mon évitement s'il n'en souffre pas déjà.

Prendre mon besoin en charge signifie donc de poser toutes les actions "compromettantes" nécessaires à sasatisfaction. Même s'il est plus rassurant de laisser à l'autre le soin de prendre les initiatives plus audacieusesou gênantes, c'est à moi de porter mon besoin en posant ces gestes. En assumant moi-même ces pascompromettants, je crée les conditions qui me permettront de profiter vraiment des résultats.

Prendre mon besoin en charge signifie aussi de "faire moi-même les efforts pour le satisfaire" plutôt quede compter sur les autres pour les faire. Par exemple, je mets les autres au service de mes besoins si, tout enayant la santé pour gagner ma vie, je choisis de me laisser entretenir pas l'assistance sociale sous prétexte queles prestations sont plus élevées que le maigre salaire que je suis capable de gagner. Si au contraire j'acceptede porter moi-même mes besoins, je ferai le nécessaire pour augmenter mes revenus; en travaillant davantage,en augmentant ma compétence ou encore en me mobilisant pour inventer des solutions. Je paierai moi-mêmele prix pour ce que je veux.

Porter la responsabilité de mes besoins signifie également "d'assumer les conséquences" de ce que je fais pour les combler. Imaginons que je décide de prendre une semaine de vacance en sachant que mon conjoint etma famille n'aiment pas le dérangement que cela leur cause. Il faudra bien que j'accepte qu'ils ne seréjouissent pas avec moi.

Il serait tentant de faire pression sur eux pour qu'ils m'endossent parce que cela m'éviterait de vivre unecertaine culpabilité. Si j'ai cette tendance, il me faudra être vigilante pour ne pas les accuser injustement devouloir me rendre coupable (de me manipuler pour que je change d'idée) s'ils ne jouent effectivement pascette carte. Ma culpabilité est à moi, bien sûr et elle n'est pas forcément générée par les autres. C'est peut-êtrema manière personnelle d'avoir de la difficulté à déranger les autres pour voir à mes propres besoins.

Prendre la responsabilité de mes besoins, enfin, signifie "d'assumer les conséquences" de ce que j'omets defaire pour les combler. Imaginons que devant le mauvais accueil qu'a reçu mon projet de voyage je décide derenoncer à cette semaine de vacance. Je prends cette décision parce que je ne veux pas vivre avec le désaccordde ma famille et de mon conjoint (je me sens trop coupable!). (Fiche explicative de la culpabilité.) Si je refusela responsabilité de ma satisfaction, je les ferai sans doute payer pour ma décision au lieu de considérer que

 j'ai fait le choix de me priver de vacances parce qu'il était plus facile pour moi que d'affronter leur désaccord.La notion de responsabilité personnelle paraît si complexe quand on s'y objecte (mais tellement évidentequand on l'accepte) qu'il faudrait un article complet pour l'expliquer à fond. Une lecture sur les dénis de la

solitude et de la liberté, toutefois, pourrait compléter avantageusement la réponse que j'ai donnée à votrequestion. (Cf. "Les questions existentielles", dans "L'Auto- développement: psychothérapie dans la viequotidienne").

Question: conflit avec le besoin de l'autre

Le chemin de la liberté peut s'avérer très difficile, surtout lorsqu'on transige avec des personnes qui n'éprouvent pas le même besoinque nous. Par exemple, je désire me rapprocher de la ville pour être plus autonome, mais il faut pour cela vendre la maison que je

 possède conjointement avec l'autre personne qui ne veut pas déménager? Que puis-je faire pour assumer mon besoin?

Réponse

Il est rare que l'autre éprouve le même besoin que soi. On a une influence sur cela, mais elle est assez limitée. Par exemple, je puis parfois susciter le désir chez mon partenaire mais à d'autres moments il est trop absorbé par ses préoccupations ou trop fatigué pour manifester seulement une ouverture. À ce moment, je ne peux pas compter sur lui pour répondre à mon besoin.

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Mais la question n'est pas vraiment de viser à avoir les mêmes besoins au même moment. Non seulement il est rare que ceux-cicoïncident, mais encore nous n'aurons jamais des besoins identiques puisque nous sommes deux êtres différents. Quand on est enrelation, la question est plutôt d'arriver à ce que chacun soit satisfait.

Si on veut atteindre cet objectif facilement, il est très important de distinguer les différents concepts qu'on confond habituellementavec le besoin. Par exemple, le "moyen" est souvent confondu avec le besoin. Il faut aussi distinguer le besoin de la "demande". Par exemple, je souhaite qu'on m'offre des fleurs non pas parce que j'ai besoin de fleurs mais parce que ce geste signifie quelque chose

 pour moi, c'est un symbole. Une "préférence", un "caprice" ne sont pas des besoins. Par ailleurs, il faut être conscient du degréd'importance et d'urgence de nos besoins. Dans son article " Négocier avec un partenaire", Jean Garneau apporte des précisions très

utiles sur ce sujet.

Lorsque le moyen privilégié par un des partenaires ne convient pas à l'autre, il est très utile d'identifier avec précision quel besoin dechacun est en cause, de même que l'importance de celui- ci. L'article de Jean Garneau met aussi en lumière le fait que la qualité de larelation à court terme et à long terme est un enjeu capital dans la négociation entre partenaires. En tenant compte de tous ceséléments, il est toujours possible de trouver une solution qui convienne réellement aux deux parties. Mais il faut parfois faire preuvede créativité!

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 propre situation. Il s'agit d'une intervention éducative et non d'une consultation personnelle. Les psychologues répondent à la fin du mois aux questions qui concernentl'article du mois courant. Ils répondent aux autres questions au moment qui leur convient.

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Vous pouvez discuter de cet article avec les autres lecteurs...

• La babillard électronique Infopsy

Vous pouvez lire...

• L'expresson qui épanouit de Gaëtane LaPlante• Fidèle à moi-même de Jean Garneau• L'Auto-développement: psychothérapie dans la vie quotidienne

Chapitre 5: La résolution du transfert

Vous pouvez vous servir de...

• La session "Satisfaction et liberté"

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• La psychothérapie de groupe

Les outils...

• La querelle fructueuse• Profiter des fêtes de famille• Dire l'essentiel

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lorsqu'une personne est "dépendante affective". Comment elle se dissimule aux autres et à elles-mêmes ?Comment le fait de se renier ainsi est aliénant? Découvrez une impasse majeure de la "dépendanceaffective

Résumé de l'article

Cet article fait suite à "Dépendance affective et besoins humains" où Michelle Larivey explique que ce n'est pas la dépendance elle-même qui maintient les personnes dites "dépendantes affectives" dans des relationsstériles. C'est plutôt par un évitement fondamental qu'elles adoptent des comportements dysfonctionnels.

On peut comprendre comment les personnes dites "dépendantes affectives" arrivent à se dissimuler aux autresainsi qu'à elles-mêmes. On peut voir comment le fait de se renier ainsi est aliénant, comment ces personnessont de moins en moins "quelqu'un" et se fient de plus en plus à l'autre pour le devenir. Car c'est là uneimpasse majeure de la "dépendance affective."

Table des matières A. Introduction

B. L'aliénation à force de se renier C. Deux exemplesD. L'aliénation au quotidienE. Ignorance, transfert et résistanceF. La solution: renverser le processus d'aliénationG. Comment vous servir de ce texte

Vous pouvez aussi voir:Vos questions liées à cet article et nos réponses !

Je tenterai dans ce texte de faire comprendre comment les personnes dites "dépendantes affectives" arrivent àse dissimuler aux autres ainsi qu'à elles-mêmes. J'essaierai de faire comprendre comment le fait de se renier ainsi est aliénant, comment ces personnes sont de moins en moins "quelqu'un" et se fient de plus en plus àl'autre pour le devenir. Car c'est là une impasse majeure de la "dépendance affective."

La personne "dépendante affective" est à la recherche de son droit à l'existence. (Voir "Dépendance affectiveet besoins humains" et "Transfert et droit de vivre" ) Mais elle effectue cette recherche d'une manièredéficiente. Comme toute personne à la conquête de son droit d'être, elle souhaite être aimée, acceptée telle

qu'elle est. Elle désire qu'on prenne soin d'elle et même parfois qu'on la prenne en charge, preuve ultime deson importance. (Si elle cherche aussi à être désirée, ce n'est pas par besoin d'être confirmée comme êtresexué, mais encore comme preuve qu'elle est aimable et valable.)

Encore une fois, ce ne sont pas ses besoins qui constituent un problème mais bien le fait de dissimuler lesenjeux fondamentaux de la relation. Son droit d'exister étant précaire, elle se retrouve souvent et facilementdans une relation transférentielle, occupée essentiellement à cette recherche. Comment nourrir ce besoinimpérieux d'être aimée et confirmée tout en le cachant à son interlocuteur? C'est le drame vécu par la personnedite "dépendante affective". Elle choisit malheureusement une solution qui devient vite un mode de vie:l'aliénation de soi.

Être aliéné c'est n'être plus tout-à-fait soi-même. On devient graduellement aliéné à force de s'abstenir d'êtresoi, à force de renier sa réalité vécue. On peut en venir à avoir l'impression que le "vrai soi" n'est pas présentdans sa relation avec les autres.

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Il y a différentes manières de se renier. Ignorer ce que je vis (ma colère, par exemple) en est une. Agir àl'inverse de ce que je ressens en est une autre (je suis triste mais je souris). Banaliser ce que je ressens ou

 perçois en est une autre ("ce n'est pas grave, d'autres vivent des choses pires que ça"). Renoncer à mon propre jugement, faire davantage confiance au jugement de l'autre qu'au mien, refuser de regarder ma réalité enface... Les textes de Jean Garneau "Fidèle à moi-même" et "À quoi servent les émotions" sont très instructifssur ce sujet.

Il peut paraître étrange de parler d'aliénation de soi chez une personne qui recherche avidement l'amour,comme c'est le cas du "dépendant affectif". N'est-il pas paradoxal de dire que cette personne se renie?

L'affirmation prend, au contraire, beaucoup de sens si on considère que cet individu, dans ses tentativesd'obtenir l'amour, tient très peu compte de ce qu'il vit, ignore une partie de ce qu'il perçoit, agit à l'encontre dece qu'il ressent, sacrifie des choses qui sont importantes pour lui,. On peut dire que le "dépendant affectif"s'efforce de "ne pas exister" pour donner la place à ceux dont il veut être aimé. L'aliénation peut mêmedevenir une caractéristique de son mode de vie.

Voyons à travers deux exemples, comment se manifeste cette aliénation de soi.C. Deux exemples

1. Les malheurs de Julie 

Julie ne comprend pas pourquoi elle se lie régulièrement à des hommes qui ne l'aiment pas vraiment, qui ne sont là que pour le sexeet que pour l'exploiter. La relation commence toujours de la même façon: l'homme est fou d'elle et impressionné par elle. Elle estalors transportée de joie et pense qu'elle a enfin trouvé "l'homme de sa vie".

Julie occupe un poste en vue. Elle est très à l'aise financièrement et possède ses entrées dans les groupes à la mode. Malgré sa popularité et son succès professionnel, elle n'est pas très sûre d'elle. Intellectuellement elle se sait intéressante, mais elle n'a pas cetteconviction "dans ses tripes". Elle est très sensible au rejet et chaque rupture (elles sont nombreuses) l'atteint au plus profond d'elle-même: "il n'y a rien à faire, je ne suis pas aimable, personne ne voudra jamais de moi."

Avec ses amants elle est généreuse; elle leur ouvre les portes dans la société et les comble de cadeaux. Elle demande peu pour elle,sinon qu'ils l'aiment. De ses attentes, elle ne parle jamais car elle considère que "faire voir son besoin d'amour, c'est quêter". Alors,elle profite des relations sexuelles pour puiser des miettes de tendresse, obtenir des caresses qu'elle s'efforce de décoder commeaffectueuses. Elle rêve d'être parfois bercée par ses amants, se sent, au fond comme une enfant (l'image tranche tellement à ses yeuxavec celle de la femme qui réussit professionnellement!). Elle est convaincue que les hommes qui auront accès à ses fantaisies etdémasqueront "ce besoin d'enfant" la quitteront sur le champ.

Elle oublie qu'ils la quittent de toutes façons! Un jour, quand elle se décide à devenir un peu plus exigeante quant à la place qu'elle prend dans la relation, quand elle ose être davantage elle-même, ils la quittent. Sans tambour, ni trompette, ils s'effacentdoucement... elle n'a jamais d'explication et ne comprend pas bien pourquoi tout est soudain fini.

2. La prison de Bruno 

Bruno a choisi il y a longtemps d'être un "gentil garçon". Adulte, il perpétue cette stratégie pour atteindre le même objectif: êtreaimé. Docile et accommodant il ne se fâche jamais. Tout semble aller bien dans sa vie: en famille comme au travail. En apparence,une seule chose fait défaut: il est aux prises avec une phobie envahissante qui prend de plus en plus de place avec les années. Toutendroit le moindrement fermé déclenche chez lui une grande angoisse. Il se sent "enfermé", "prisonnier". Il craint d'être en proie à la

 panique et de tout casser pour se sauver.

Bruno est sensible. Il montre peu cet aspect de lui, sauf à travers les services qu'il est toujours prêt à rendre et dans sa relation avecRembrandt, son vieux Berger allemand. Les remarques de son père, durant sa jeunesse, lui ont fait croire que seuls les faiblesmontrent leurs sentiments. Aujourd'hui il se conduit en "homme affectivement indépendant". Seulement il n'arrive pas à être tout àfait indépendant: en tant que "phobique", il doit compter sur ses proches pour lui éviter les situations susceptibles de déclencher unecrise de panique. Affectivement il se présente comme un homme "au-dessus de ses affaires" mais dans les faits, il vit comme unhandicapé.

D. L'aliénation au quotidien

Julie et Bruno ont toute l'information nécessaire pour comprendre leur malheur et pour en sortir. Seulement, ils ne font passuffisamment confiance à leur expérience pour s'y arrêter et en tenir compte. Chaque jour, ils ont des sentiments, des perceptions,

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des impulsions, des réactions. Ils font même, la nuit, des rêves qui pourraient les éclairer sur ce qu'ils vivent (s'ils voulaient prendrela peine de les considérer).

Les constats que Julie ignore systématiquement .

1. Son amant (comme les précédents) est avare d'affection et de gestes de tendresse.

(Julie considère cette information comme secondaire puisqu'il se montre passionné.)

2. Il a parfois des réactions qui la mettent mal à l'aise et la laisse perplexe. Malgré qu'il se dise admiratif, elle perçoit parfoisdes réactions méprisantes. Des remarques, sur ses seins, par exemple, inutiles et dégradantes. L'impression, à certainsmoments, d'être exploitée ou qu'il profite de sa situation.

(Julie ne veut pas s'arrêter à cette information. Elle craint de lui en vouloir et de s'éloigner de lui.)3. Elle est convaincue de ne pas recevoir autant qu'elle donne.

(Quand elle pense à cela, Julie repousse un sentiment rageur. Mais elle se console en se disant que lorsqu'il l'aimeradavantage, il changera. Elle trouve toutes sortes de raisons pour justifier l'égocentrisme de son amant: il passe un momentdifficile, il n'a pas été gâté dans la vie, il a eu une enfance malheureuse...

Julie a une autre série d'explications pour justifier le déséquilibre dans la relation: elle se considère comme trop exigeante.

Elle a trop besoin d'amour, personne ne peut lui donner ce qu'elle souhaite, c'est à elle de changer ses attentes.)4. Ses rapprochements sont souvent refusés sous prétexte qu'ils sont désagréables. Il la dit "collante", lui reproche de

s'agripper...

(Elle n'accorde pas d'importance à cette information, même si elle est bouleversée de l'entendre. Elle retrouve alors uncertain calme en se répétant qu'il est normal que son amant n'apprécie pas ses gestes d'affection, car il n'est pas affectueuxde nature.

5. Elle sait qu'elle lui "arrache" des faux "je t'aime".

(Elle ne tient pas compte de cette information, ni de celle que pourrait lui donner le sentiment amer qu'elle éprouve à cesmoments-là. Elle se dit qu'un faux vaut mieux que rien du tout.)

6. Concernant sa propre personne, elle n'est pas non plus tout à fait inconsciente. Elle sait qu'elle emploie toujours la mêmetactique de séduction parce que c'est dans les rapports sexuels qu'elle a le plus confiance en elle. Sur ce terrain, elle se saitcapable d'être satisfaisante. Lorsqu'elle séduit un homme, elle s'affiche comme une femme "au-dessus de ses affaires" oumême comme une "vamp". Elle camoufle complètement son besoin d'affection; ce n'est que lorsque la relation est un peumieux établie qu'elle ose montrer cet aspect d'elle.

Les dénis de Bruno 

1. Son épouse est froide et souvent dure avec lui, à peu près de la même façon que son père l'a été et l'est encore.

(Il ne veut pas s'arrêter à ce fait, ni à la peine et la déception qu'il déclenche. De plus, il déteste le sentiment d'échec quiémerge à ces moments-là.)

2. Son épouse est capricieuse et égocentrique. Les choses doivent se passer à sa façon et elle a l'habitude d'ignorer les préférences de Bruno.

(Il ferme toujours les yeux sur son irritation à ce sujet. Il considère que s'il réagit, la discussion n'aura pas de fin et il sortirasûrement perdant.)

3. Il a souvent l'impression de ne pas compter, sinon pour payer les factures.

(Il repousse systématiquement cette impression qui, chaque fois, le met en rage. Il ne peut s'empêcher de penser que safemme ne l'aime pas. Chaque fois, il repousse cette idée en se disant qu'il se trompe sûrement. Alors, il pense aux premierstemps de leur relation et se dit que cela reviendra dès qu'elle vivra moins de stress.

De toutes façons, il ne peut pas envisager de vivre sans elle car il se trouve trop handicapé avec sa phobie. En fin decompte, il se dit qu'il est peut-être lourd pour elle. Ce n'est pas facile d'aimer un homme dont les activités doivent être aussi

restreintes.

Ce que Bruno oublie, c'est que sa phobie est justement le symptôme qui découle du fait qu'il se renie systématiquement.C'est après des moments où il s'est renié que le symptôme est le plus vif. Typiquement, après une altercation où il a baisséla tête, il est incapable d'aller dans un lieu public.)

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4. À chaque concession pour éviter de "faire des vagues", il éprouve d'abord de la colère qu'il tente de masque dansl'impassibilité. Peu de temps après, il se sent déprimé.

(Le médecin lui a donné des cachets contre cela. C'est la solution dont il se sert pour se neutraliser dans ces moments-là..)5. Chaque fois qu'il s'abstient de se respecter, il n'est pas fier de lui.

(Lorsque cela se produit il s'efforce de penser à autre chose, ce sentiment est vraiment trop pénible.)6. Il se rend compte que le fait d'être toujours très gentil ne lui gagne pas l'estime tant souhaitée de son père.

(Il essaie donc de renoncer à l'obtenir de son père, mais constate qu'il n'y arrive pas.)

Julie et Bruno n'ont pas besoin de fouiller profondément leur expérience pour faire les constats rapportés plus haut. Ils ontcontinuellement accès à ce vécu qui n'est aucunement "inconscient".

Ils se comportent toutefois comme s'ils voulaient nier la réalité qu'ils vivent. Ils attendent qu'une autre réalité s'y substitue à forced'efforts et de don de soi. Ils espèrent une réalité qui leur épargnerait la nécessité d'être complètement eux-mêmes, c'est-à-dired'avoir à se respecter. ("Si l'autre devinait, si l'autre me donnait ce dont j'ai tant besoin! Si l'autre était différent, si l'autre pouvaitchanger!")

Ayant toutes les informations à leur disposition pour expliquer à la fois leur insatisfaction chronique et leurs impasses, on peut sedemander pourquoi Bruno et Julie ne sortent pas de cette dépendance affective qui les annihile. On peut se demander pourquoi ils

attendront d'être "au bout de leur corde" pour se séparer et recommencer un scénario semblable avec un autre partenaire.E. Ignorance, transfert et résistance

La solution qui permet de sortir de ce scénario absurde est difficile à adopter car le "dépendant affectif" doit faire exactementl'inverse de ce dont il a l'habitude. Il lui faut faire de la place à son expérience et la respecter. Ce n'est évidemment pas sa façon"normale" d'agir et il ignore que c'est par ce chemin qu'il construira sa solidité.

Mais même s'il sait que c'est de cette manière qu'il s'en sortira, il a tendance à y résister car c'est pour lui un chemin très difficile.Amorcer un virage dans cette direction lui demande donc un grand courage et un encadrement thérapeutique est loin d'être un luxe

 pour lui. C'est souvent la conviction du thérapeute quant au chemin à prendre qui lui permettra de trouver le courage de s'engager dans la nouvelle voie. La psychothérapie est d'autant utile que le "dépendant affectif" tentera de reproduire un scénario semblableavec le psychothérapeute.

On pourrait chercher à expliquer les impasses des "dépendants affectifs" par le fait qu'ils choisissent des partenaires incapables derépondre à leurs besoins. Pourquoi Julie choisit-elle toujours des hommes qui sont si peu affectueux? Pourquoi Bruno a-t-il épouséeune femme froide qui se montre dure avec lui?

Si on comprend la logique du phénomène du transfert, on comprend que chaque personne choisit le partenaire qui lui permet detravailler sur les cibles les plus importantes pour sa croissance psychique. Julie choisit des hommes avec lesquels il est difficile defaire place à ses besoins d'affection. Elle les choisit justement pour cela (sans le savoir clairement). Aussi, son travail consiste-t-il àoser assumer devant eux cet aspect d'elle- même. Elle n'est d'ailleurs pas attirée par les hommes doux et aimants. Elle les trouveennuyeux et insipides.

Il en est de même pour Bruno qui n'ose pas s'abandonner à son besoin de tendresse. Il choisit une épouse avec laquelle le défid'assumer cet aspect est aussi difficile qu'il l'est avec son père. Ce dernier et son épouse sont donc deux personnes fort appropriéesavec lesquelles conquérir son droit à l'existence.F. La solution: renverser le processus d'aliénation

On peut donc imaginer que pour sortir de la "dépendance affective" Julie et Bruno devront renverser le processus d'aliénation. Voiciun aperçu du cheminement qui permet de le faire. Je commence par Bruno parce que son symptôme plus précis rend les explications

 plus simples.

Dès qu'il choisira de s'arrêter sur sa phobie plutôt que de la combattre, Bruno aura accès à plusieurs indices de son insatisfaction.Rapidement il deviendra convaincu que ses phobies sont un symptôme. Il verra comment ce dernier tente de l'informer qu'unedimension importante de sa vie ne lui convient pas. (Voir: "La phobie démystifiée" ). La recrudescence de sa phobie, à certainsmoments, sera pour lui le signe qu'il suffoque dans cette vie de gentil-jeune-homme-prêt-à-tout-endurer-pour-être-aimé.)

Dès qu'il accueille son angoisse plutôt que de la chasser, Bruno a accès à un sentiment qui traduit toujours la même impression: "iln'y a pas de place pour moi dans ma vie!" Il est clair aussi pour lui qu'il doit se nier pour être constamment gentil. Il ne compte plusles fois où il aurait pu sortir de sa gentillesse pour se manifester clairement. Combien de fois il aurait dit à sa femme qu'elle le blesseen le dévalorisant. Combien de fois il aurait refusé de lui faire plaisir juste après qu'elle l'ait attaqué? Combien de fois a-t-il eu

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l'impulsion de révéler à son père sa peine immense devant son indifférence?

Il se rend compte aussi que tout ce renoncement à être lui-même ne lui procure pas l'estime qu'il cherche à obtenir de son père. Ils'aperçoit que ses tactiques pour être aimé ne lui procurent pas l'amour recherché. Comble d'absurdité, il voit bien qu'il se traite lui-même comme indigne d'estime en se comportant ainsi.

Julie devra faire un travail semblable. Elle devra s'arrêter à son expérience pour s'informer correctement de ce qu'elle vit. Elle etBruno devront traiter leur expérience autrement qu'il ne le font jusqu'à maintenant s'ils veulent sortir de la "dépendance affective".

C'est dans un autre texte que nous verrons d'une manière concrète comment se déroule cette démarche, celle qui fera de nos deux protagonistes, des êtres plus solides, qui se portent davantage et gagnent graduellement l'estime d'eux-mêmes.

En attendant, je vous propose une réflexion qui vous permettra de continuer de cheminer sur cette question.G. Comment vous servir de ce texte

Les changements que je propose pour sortir de l'aliénation propre à la "dépendance affective" ne sont pas faciles à réaliser.D'ailleurs, il n'y a pas que ceux qui se considèrent "dépendants affectifs" qui ont des difficultés sur ces points. C'est difficile etexigeant pour chacun d'entre nous.

Que vous pensiez être "dépendant affectif" ou non, vous pourrez voir plus clair sur la qualité de vos relations en pratiquant ce que je propose ci-dessous. Il suffit de vous questionner sur les aspects de votre expérience que vous repoussez.

Qu'est-ce que j'ignore, repousse, neutralise, banalise avec les personnes à qui j'accorde le plus d'importance (mon conjoint,mon patron, mon enfant, mon meilleur ami, mes parents).  

Il y a matière à discussion! Je donne rendez-vous aux abonnés de la liste de discussion LETPSY pour échanger la-dessus.

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Conquérir la liberté d'être soi-même 

Par Michelle Larivey, psychologue

Cet article est dabord paru dans le magazine électronique" La lettre du psy"

Volume 3, No 4: Avril 1999

sous le titre "Conquérir sa liberté"

Résumé de l'article

Comment sortir des impasses que sont Le transfert dans les relations? Comment résoudre les "transferts" qui rendent nos relationstrop tumultueuses et souvent décevantes?

Faisant suite aux articles portant sur "les noeuds", Michelle Larivey explique par quel chemin on peut trouver l’harmonie et lasatisfaction tant recherchées dans nos relations importantes. Elle évoque aussi les habiletés et les attitudes qu’il est nécessaire dedévelopper pour réussir à dénouer nos noeuds à travers la vie quotidienne. L’enjeu: la liberté d’être vivant et d’être unique!

Pour tirer profit de ce texte, il est préférable d'avoir lu " Le transfert dans les relations " et " Aux sources du transfert "

Table des matièresA. IntroductionB. Qu'est-ce que cette liberté?C. Le chemin de la libertéD. Le cul-de-sacE. Comment conquérir sa libertéF. La fausse libertéG. Conclusion

Vous pouvez aussi voir:

Vos questions liées à cet article et nos réponses !

Comme je l'ai expliqué dans les articles sur les noeuds, il existe, deux sortes de situations dans lesquelles on al'impression d'être prisonnier de soi-même ou de son passé. Il y a d'une part, les expériences incomplètes qui

surgissent souvent et avec force, à des moments où on ne s'y attend souvent pas. Il y a d'autre part, lesscénarios stériles que nous répétons à travers nos nombreuses relations significatives.

Cet article est consacré au chemin qui permetconquérir notre liberté. D'autres y feront suite pour expliquer, plus en détails, ce qui est nécessaire pour compléter les expériences incomplètes et dénouer les noeuds de nos

relations afin de retrouver notre pleine liberté. Voyons d'abord d'une manière générale en quoi consiste la

conquête de sa liberté.

Je suis libre lorsque...

... je suis capable de te dire que je t'aime et que ton amour est crucial pour moi... je peux risquer d'être ridicule pour faire ce qui me plaît

... j'oser montrer que je ne suis pas sûr de moi... je suis capable de te demander de t'occuper de moi quand j'en ai besoin

... je suis capable d'avouer mon inconfort même devant des gens importants pour moi... je supporte facilement la critique

... je suis capable de te montrer à quel point je te trouve attirant

... je prends le risque de demander des critiques... je suis prête à t'avouer mon amour sans être certaine de tes sentiments

...

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Je ne suis pas libre lorsque...

... j'attends anxieusement que tu m'aimes... je renonce à m'exprimer par peur du ridicule

... je bégaie par manque d'assurance... je te manipule pour que tu t'occupes de moi

... je te cache combien tu me séduis... je croule sous la critique

... je me haïs de rougir en m'exprimant... j'ai besoin qu'on m'approuve mais je n'ose pas le demander 

... je cherche à capter l'attention en faisant mine de rien... je considère mes besoins affectifs comme infantiles... je m'excuse lorsque tu n'aimes pas ce que je ressens

...

C'est une indépendance intérieure. C'est celle qui me permet d'oser être moi-même, en tout temps, avec toutesles personnes qui ont de l'importance à mes yeux. C'est la liberté qui me permet de ne pas avoir besoin de medurcir pour le faire ou de nier l'affection et l'estime que j'ai pour eux.

Je crois que chaque personne aspire à cette liberté qui est, en fait, une liberté intérieure. Je crois même quechacun d'entre nous travaille assidûment à la gagner. Cette liberté correspond à l'idée qu'on se fait d'être bien

dans sa peau: être à l'aise d'être soi-même, qu'on soit seul ou en relation avec d'autres personnes.

Même si l'atteinte de cette liberté est un objectif crucial dans notre vie, il peut arriver qu'on y renonce. Maisc'est le découragement devant la difficulté ou l'usure d'avoir beaucoup essayé en vain, qui nous conduit à ce

 point. Nos essais ne donnent pas les résultats escomptés et on n'a plus l'espoir d'y arriver ou l'énergie de

continuer. On opte alors pour laisser faire: renoncer "à être comme on voudrait être" avec son conjoint, sonfils, sa mère...

Le plus souvent, ce renoncement s'accompagne d'une distance et d'un refroidissement des sentiments. Onabandonne parce qu'on ne sait plus quoi faire, mais le besoin de se vivre librement demeure et le retrait nous

laisse triste, sinon amer.

D'autres fois, l'abdication est catastrophique. Ne parvenant pas à être bien dans notre peau, on opte pour lesanti-dépresseurs, les anxiolytiques, l'alcool, devenir une bête de travail... Ce choix peut être situationnel, mais

 pour il peut imperceptiblement devenir définitif.

À quelles conditions est-il réaliste d'aspirer à gagner cette liberté intérieure? Par quel chemin est-il possible dedevenir bien dans sa peau et satisfait de sa façon d'être dans toutes ses relations?

Il n'y a pas de recette miracle, mais un chemin bien particulier. On pourrait dire que ce chemin n'est pastellement fréquenté, parce qu'il est inconnu. Mais il faut reconnaître aussi qu'il rebute, à première vue car il

comporte de volumineux cahots qui peuvent décourager celui qui craint de vivre avec ses sentiments. Mais cechemin est comme certaines montagnes et certaines mers: une fois qu'on devient habile à les fréquenter, aucun

autre ne nous paraît meilleur et plus satisfaisant.

C. Le chemin de la liberté

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Chaque fois que je m'assume, je fais un pas en direction de la liberté intérieure. Qu'est-ce que m'assumer? C'est me porter avec ce jeressens, avec mes besoins, mes valeurs, mes aspirations. (Voir: " Fidèle à moi-même"pour des éclaircissements importants sur cettequestion. )

À première vue il peut être étonnant de lire que le chemin pour gagner la capacité d'être libre passe par cette façon d'assumer sessentiments et ses besoins. Nous avons plusieurs objections à accorder une telle place à nos émotions inconfortables et à nos besoinscompromettants. Nous sommes plutôt tentés de croire que c'est en étant accepté et aimé comme nous sommes, voireinconditionnellement, qu'on bâtit la sécurité nécessaire pour nous sentir libre d'être nous-même. C'est avec cette conviction d'ailleurs

qu'on s'acharne parfois à rechercher l'amour, l'acceptation, l'approbation.

On constate toutefois que même en les obtenant gratuitement, on ne parvient pas à s'accepter mieux ou à se sentir plus libre d'êtrenous-même. Tout l'amour du monde et toute l'acceptation des êtres chers ou estimés ne parviennent pas à nous transformer en

 personnes libres d'être elles-mêmes.

Pourquoi Marie qui désire tant qu'on la trouve extraordinaire est-elle incapable d'accepter un seul compliment? Ce qui devrait, selonelle, contribuer à la solidifier, à la rendre plus sûre d'elle, n'a aucun impact.

Certains diront que Marie devrait se reconnaître elle-même, que c'est la seule façon d'arriver à se rehausser à ses propres yeux. Maiscomment peut-elle se confirmer elle-même, sincèrement, si elle n'a justement pas une haute opinion d'elle-même?

Pourquoi Georges qui se trouve minable est-il incapable d'admettre que Marie-Claire l'aime; pourquoi est-il incapable de jouir de cet

amour?

Certains croient que Georges doit commencer par s'aimer lui-même avant de pouvoir recevoir l'amour de son épouse. Maiscomment arrive-t-on à s'aimer soi-même quand on ne s'aime pas??? C'est le paradoxe dans lequel plusieurs sont paralysés.

En réalité, Marie n'arrive pas à recevoir un compliment parce qu'elle refuse d'avoir besoin de l'approbation des autres. Georges ne peut se laisser toucher par l'amour de sa femme parce qu'au fond, il refuse d'en avoir tant besoin.

C'est une grave erreur de croire qu'on puisse se donner soi-même, artificiellement, l'amour ou la reconnaissance qu'on attend desautres. Et c'est aussi une erreur de penser que l'amour et la reconnaissance des autres peuvent nous transformer alors qu'au fond nousrefusons d'en éprouver le besoin. L'amour, l'acceptation, la reconnaissance des personnes qui ont de l'importance à nos yeux peuventconstituer une nourriture affective fort précieuse, mais à trois conditions:

1. que je consente réellement à en avoir besoin2. que je prenne l'initiative d'exprimer mon besoin.3. qu'il s'agisse d'une personne très importante à mes yeux.

Contrairement à ce qui paraît logique à première vue, ce n'est pas le fait de recevoir qui augmente notre solidité et notre libertéd'être, mais bien le fait d'oser être ce que nous sommes.

En consentant à vivre mes émotions, à éprouver les besoins qu'elles sous-tendent et en étant expressive de ceux-ci, j'obtiens deuxrésultats importants. Non seulement je m'assume comme personne, mais en plus j'augmente mon estime de moi. C'est par ce cheminaussi que celui qui veut s'aimer davantage y parviendra car "l'amour de soi" est en fait une "considération de soi" qu'on gagne àforce d'agir d'une façon estimable à nos propres yeux.

D. Le cul-de-sac

Affirmer qu'il faut porter ses besoins ouvertement est "contre-culturel" pour la plupart d'entre nous. Nous avons appris à refuser lessentiments qui nous procurent de l 'inconfort. Nous avons aussi acquis la conviction que la dépendance à l'égard d'une personneaimée ou estimée est un signe de faiblesse psychologique, une sorte de preuve qu'on est incapable de vivre par soi-même. Cela nous

 porte parfois à nous rebeller contre l'ascendant qu'une personne exerce sur nous et à le camoufler devant elle.

 Pour être conforme à sa conception d'une personne saine et adulte, Laura s'efforce de garder son indépendance. Elle

 s'abstient de montrer ses sentiments, même lorsqu'elle est très affectée. Elle a cette attitude à l'égard de toutes les

 personnes qui ont de l'importance pour elle: ses amoureux, mais aussi son père, sa soeur aînée, ses deux adolescents, son

 patron...

Son refus de dépendance est à l'origine de nombreuses querelles avec ses amoureux; ceux-ci lui ont souvent reproché sa

raideur et sa difficulté de se laisser atteindre. Pour lui éviter de perdre la face, ces derniers doivent d'ailleurs deviner ses

besoins (sinon elle leur en tient rigueur). Comme ils n'y arrivent pas, il lui faut inventer des façons indirectes de manifester 

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 ses besoins. Elle a donc développé un répertoirede subterfuges qu'ils doivent décoder pour lui prouver qu'elle est vraiment 

importante à leurs yeux.

 Mais lorsqu'une personne comble son besoin, Laura ne peut exprimer complètement sa satisfaction ou sa reconnaissance,

car ce serait montrer l'existence de son besoin. Or, elle craint qu'on prenne par là davantage de pouvoir sur elle ou qu'on

abuse de sa vulnérabilité.

Voilà comment, malgré toute sa bonne volonté, Laura s'aliène de plus en plus dans ses relations et se sent de plus en plus

 prisonnière d'elle-même. En outre, elle se retrouve dévalorisée par les nombreux échecs de ses relations qui surviennent 

 parce qu'elle est insatisfaite ou que l'autre l'est. Laura est vraiment dans une impasse. Comment sortir de cette prison danslaquelle elle s'emmure?

E. Comment conquérir sa liberté?

Je conquiers ma liberté

1. en consentant à ressentir mes émotions2. en prenant le risque de m'exprimer telle que je suis3. en consentant à mes besoins4. en prenant en charge les démarches pour satisfaire mes besoins.

1- Ressentir mes émotions

Ressentir mes émotions signifie les accueillir, bien sûr, mais ça exige plus que cela. Je dois les ressentir complètement et les laisser être présentes durant tout le processus qui constitue leur "vie". L'émotion traverse plusieurs étapes d'un processus qui est décrit dans" La vie d'une émotion " . En tentant de faciliter ce processus au lieu de lui opposer des obstacles, je laisserai l'émotion m'informer sur ce qui m'atteint, me manque et m'importe. Je comprendrai mieux ce qui m'arrive et pourrai davantage tenir compte de mes

 besoins.

2- Consentir au besoin

Comme l'émotion, le besoin s'impose à moi. Mon pouvoir sur son existence se limite à le combler ou à refuser de le combler. Le premier choix le fera disparaître au moins temporairement. Certains besoins sont en effet récurrents. La faim est l'exemple parfaitd'un besoin qui revient régulièrement.

Il en est de même de l'affection, du désir sexuel et de plusieurs besoins affectifs. Si je choisis de ne pas combler mon besoin, ilsubsistera tout simplement et prendra forcément de l'ampleur. C'est parfois à mon insu qu'il grandira. Alors, le manque donneranaissance à toutes sortes de symptômes qu'après un certain temps je ne pourrai plus relier au besoin. " À quoi servent les émotions "décrit bien la descente aux enfers qu'entraîne le refus des besoins.

Pour utiliser une fois encore l'analogie avec le plan physique, ce n'est pas parce que j'ignore ma faim qu'elle disparaît. Le signal

habituel par lequel elle m'est indiquée pourra s'estomper, me laissant sous l'impression que je n'ai plus faim. Mais il sera remplacé par d'autres signaux: faiblesse, mal de tête... Si je cessais de m'alimenter sous prétexte que je ne ressens pas la faim, c'est sur masanté elle-même que je constaterais des répercussions.

Le combat "contre" un besoin est une lutte parfaitement stérile car l'existence du besoin n'est pas soumise à la volonté. À cet égard,les besoins psychiques fonctionnent sur le même modèle que les besoins physiques: on ne le choisit pas. Cependant, alors que les

 besoins physiques trouvent la plupart du temps une réponse automatique, la réponse aux besoins psychiques est soumise à notrelibre-arbitre. Voilà pourquoi nos besoins affectifs sont souvent malmenés!

3- M'exprimer réellement

Pour m'assumer, il est nécessaire que je m'exprime lorsque l'enjeu a de l'importance pour moi. Il y a plusieurs modes d'expression:

les gestes, les paroles, les actions, les choix. On peut s'exprimer par son attitude, son habillement, en faisant une demande, enrépondant à une demande..., s'exprimer en fait, c'est se montrer.

Pour contribuer à la conquête de ma liberté, la qualité de mon expression est capitale: il faut j'extériorise ce qui est réellementimportant et que j'ose m'impliquer en le faisant. Une telle expression génère en effet des émotions; je dois être "en contact" avec moi

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et me laisser vivre les émotions qu'elle déclenche. Et comme pour m'assumer il est nécessaire d'être moi devant les autres, il estindispensable aussi que je demeure sensible aux émotions et réactions des personnes face auxquelles je m'expose.

Bien des gens ne sont pas habitués à cette manière de s'exprimer "directement". Mais il est possible de devenir habile à le faire si on pratique un peu. Dans " L'expression qui épanouit ", Gaëtane LaPlante donne un bon aperçu de la façon de s'y prendre pour yarriver. Les sessions de groupe où on enseigne l'expression sont aussi un bon moyen de retrouver cette habileté.

4- Prendre en charge la satisfaction de mes besoins

Prendre en charge la satisfaction de mes besoins ce n'est pas les combler moi-même mais plutôt de prendre l'initiative de faire cequ'il faut pour les combler. Parfois je pourrai y répondre moi-même, mais d'autre fois il me faudra alors faire des demandes, exposer mes besoins, négocier et même les défendre pour qu'il soit possible de les satisfaire.

Pour plusieurs d'entre nous, il est difficilement acceptable de porter l'entière responsabilité de nos besoins. Certains refusent parcequ'ils voient dans l'initiative des autres à leur égard, une preuve de considération ou d'amour. ("N'est-ce pas une grande preuved'amour d'être deviné", pensent-ils.) D'autres s'y objectent parce que faire connaître leurs besoins, dire ce qui leur importe, c'est tropse dévoiler et surtout, c'est informer l'importance qu'ils lui accordent. ("Je ne vais quand même pas lui dire que j'aimerais voir plusdirectement son appréciation; il va penseer que je le prends pour mon père !")

En prenant mes besoins en charge, en effet, non seulement j'expose ce que je suis, mais en plus j'avoue à d'autres l'importance qu'ilsont dans ma vie! Il y a là un risque: celui de n'avoir pas la même importance pour l'autre ou que le besoin de l'autre ne coïncide pas

avec le mien. Il se peut que je vive cette différence comme un rejet, que j'en sois dévalorisé ou que cela blesse mon orgueil. Siconsidère comme dramatique l'un ou l'autre de ces scénarios, il est évident que je m'abstiendrai. Je choisirai alors de renier mon besoin ou d'attendre que l'autre le prenne en charge.

Si au contraire je suis prête à risquer de faire face à un refus, j'aurai fait un pas de plus vers le respect de ce qui m'importe. Mêmeinsatisfaite, j'en sortirai alors plus libre, grandie.

Voilà à quoi se résume essentiellement le chemin qui mène à la liberté. Le parcours peut s'avérer relativement facile lorsqu'ontransige avec certaines personnes et très difficile avec d'autres. Le risque d'être nous-même est particulièrement grand avec les

 personnes qui ont le plus d'importance à nos yeux. Pour conquérir notre liberté avec ces personnes il faut prendre d'autres réalités enconsidération. Nous verrons dans un article subséquent, comment y arriver.

F. La fausse liberté

Il n'est pas possible d'aborder la question de la recherche de liberté sans discuter quelques propositions qu'on considère parfoiscomme des solutions pour obtenir le même genre de sérénité. Je vais signaler ici quelques écueils qui ne sont pas toujours visibles à

 première vue, pour permettre à ceux qui le désirent, de faire des choix plus éclairés.

1- L'acceptation inconditionnelle

Il existe des mouvements de croissance personnelle qui offrent l'acceptation et l'amour inconditionnels. Dans ces groupes, les genssont assurés d'être acceptés et aimés pour ce qu'ils sont, avant même d'être connus; il n'y a aucun risque d'être critiqué ou rejeté si onse montre "authentique".

L'acceptation inconditionnelle est une attitude préconisée par le psychologue Carl Rogers, pour faciliter chez le client, une ouvertureà sa vie intérieure et, à la longue, une plus grande acceptation de son expérience. L'acceptation inconditionnelle est une attitude"thérapeutique" et ne peut se pratiquer qu'en situation thérapeutique parce qu'elle exige qu'on soit complètement "centrée" sur leclient. C'est d'ailleurs le nom que Rogers a donné à son approche: "Client-Centered Therapy".

Cette attitude n'est pas ni naturelle ni saine dans une relation inter-personnelle ordinaire. Même la mère la plus aimante ne peut tenir cette position continuellement avec son enfant. À certains moments, ce que vit ou fait son enfant la bouleverse et elle réagit. Elle ne

 pourra, par exemple accepter inconditionnellement que son bébé la repousse, que son adolescent se comporte comme s'il laméprisait.

Préconiser un mode de relation basé sur l'acceptation inconditionnelle, c'est oublier que celle-ci n'est possible que dans la mesure oùce que vit ou fait l'autre n'a pas réellement d'effet sur notre existence. C'est donc encourager les personnes à renier parfois ce qu'ellesvivent ou à le fausser artificiellement. En plus, cela laisse faussement croire à ceux qui n'y arrivent pas qu'ils sont inadéquats.

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Enfin, on peut comprendre à partir des explications données plus haut, qu'à cause de l'absence de risque qu'elle implique,l'acceptation inconditionnelle ne peut, en elle-même, conduire à la liberté intérieure, même si elles est très utile pour apprendre àtenir compte de ce que l'on vit. L'expérience d'être accepté inconditionnellement peut cependant inciter à accueillir davantage sonexpérience

2- L'absence de risque

Il est tellement difficile d'oser être à la hauteur de ce que l'on vit et de l'exprimer ouvertement qu'on cherche souvent à minimiser les

risques. Par exemple, on prend la précaution de prévenir son interlocuteur de ce qu'il pourrait vivre en nous entendant, on s'excused'avance de l'impact que nos gestes ou nos propos auront sur lui, etc...

L'action qui permet de se posséder c'est celle où justement on s'assume devant une adversité potentielle. Il n'est pas nécessaire quel'adversité se manifeste, il est seulement indispensable qu'elle existe réellement dans notre esprit, que le risque de ne pas être acceptésoit subjectivement présent.

À la lumière de ces précisions, on peut comprendre pourquoi la culture de certains groupes de de croissance et de support ne conduit pas à s'assumer réellement comme personne. On peut comprendre également, la tentation, pour éviter l'insécurité, de rechercher lesgroupes qui promettent cette protection.

3- L'autarcie

Une autre optique fort à la mode consiste à choisir de s'auto-suffire. À l'encontre même de l'interdépendance qui caractérise les êtresvivants dans toute la nature, on choisit de se donner soi- même ce qu'on pourrait chercher à obtenir des autres. Cette façon de voir repose en partie sur une conception de la responsabilité qu'on pourrait illustrer ainsi: ‘il s'agit de mes besoins, c'est donc à moi d'yrépondre". C'est ainsi qu'on recommande de "s'aimer soi-même", "d'être sa propre mère", "de se confirmer soi-même", "des'encourager soi-même".

Cette tentative maladroite d'indépendance est un choix que plusieurs font après plusieurs tentatives infructueuses dans les relationsinter-personnelles. D'autres fois, c'est une peur excessive de la dépendance qui entraîne la personne dans cette direction.

Une telle option n'est pas prometteuse de satisfaction car il est impossible de se suffire affectivement. Les échanges affectifs sont eneffet une nourriture psychique nécessaire durant toute notre vie. Au bout du compte, cette méthode permet de moins se buter sur desnoeuds relationnels, mais c'est au prix d'une solitude qui en découle nécessairement et des manques affectifs qui s'ensuivent.

Et comme cette stratégie s'appuie sur un retrait et un évitement du contact avec les autres, elle ne permet pas non plus d'augmenter le sentiment d'être une personne libre, capable de se vivre pleinement en relation avec les autres. C'est donc sur une fausse piste quenous conduit cet objectif. Ce n'est pas parce que je suis responsable de mon besoin que je peux remplacer adéquatement le supportaffectueux d'une mère en me supportant "affectueusement" moi-même.

4- Se laver le cerveau et passer outre les difficultés

L'auto-persuasion est une tactique de plus en plus d'ampleur. Elle vise à passer outre aux difficultés réelles vécues par rapport à soi-même et par rapport aux autres. Dans cette optique, on tente de se débarrasser de ce que l'on vit en se convainquant que cela n'a pasde raison logique d'exister.

Cette approche logique réussit parfois à convaincre intellectuellement, mais on pourrait dire que "le coeur ne suit pas" et qu'il fautaccepter d'ignorer son vécu profond pour obéir aux directives qu'on se donne.. C'est comme si on avançait "déconnecté de soi-même". À cause de cela, le chemin parcouru dans cette optique, c'est-à-dire, sans tenir compte de notre vécu complet, ne mène pas àune plus grande possession de soi, mais au sentiment inverse: on se sent dépossédé. (Certains diront "Je suis perdu", "Je ne sais plusce que je veux exactement", "Je ne sais plus qui je suis au fond".)

La liberté intérieure n'est pas plus grande, au contraire, on a l'impression que c'est seulement en se persuadant et en s'encadrant d'uncontrôle perpétuel qu'on peut réussir à fonctionner. On se retrouve donc, en quelque sorte, dans une prison différente dont on est soi-même le gardien, mais sans plus de liberté.

Si j'ai évoqué ces quatre tactiques de développement personnel, c'est parce qu'elles sont à la mode et qu'elles sont aux antipodes dutype de cheminement dont j'ai parlé dans cet article, celui qui mène à la liberté intérieure . J'ai voulu établir les distinctions quis'imposent pour clarifier des concepts et des interprétations dans lesquels il est parfois difficile de s'y retrouver. En développement

 personnel, il n'est pas vrai que tous les chemins mènent à Rome. Certains mènent à Paris, d'autres à Miami et d'autres, simplementau village voisin. Or la destination ne nous est pas toujours précisée quand on s'engage dans le voyage.

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G. Conclusion

Frederick Perls, le père de la Gestalt, disait qu'il faut d'abord être ce que l'on est si on veut changer. À première vue cela ressemble àune tautologie, mais en fait ça n'a rien d'évident. Dans les termes de cet article, on pourrait dire que pour devenir intérieurementlibre, il est nécessaire d'être en contact avec soi et de se donner la liberté d'être soi. Cela signifie d'abord de s'autoriser à être atteint

 par les choses et les personnes comme on l'est, donc d'avoir les émotions et les besoins que l'on a réellement. Cela signifie ensuitede se vivre ouvertement tel que l'on est, car la liberté d'être est illusoire si elle s'applique seulement en catimini.

En d'autres termes je pourrais dire, "j'existe, donc j'ai le droit d'exister", "je ressens, donc j'ai le droit de ressentir", "j'ai tel besoin,donc j'ai le droit de l'avoir" car en fait, je suis la seule qui puisse m'octroyer ces droits et décider d'exister. Si j'ai besoin des autresdans cette démarche d'affirmation libératrice, c'est surtout à titre de témoins auxquels j'accorde une valeur ou un pouvoir.

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Se renier par la "dépendance affective"Par Michelle Larivey , psychologue

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Vos questions et nos réponses

 boulimie et dépendance affective? 

Vous avez une question qui demeure sans réponse ?

L'Auto-développement:psychothérapie dans la vie quotidienne".

Devenir sujet, confortable avec soi-même et solide avec les autres,est un long processus. Il s'amorce à l'orée de la vie, mais toute

 personne doit continuer consciemment cette démarche, une foisadulte. J'ai déjà décrit ce qui nous pousse à poursuivre notredéveloppement. (Voir "Aux sources du transfert").

On devient sujet plutôt qu'objet, en s'assumant petit à petit. Lesarticles "Conquérir la liberté d'être soi-même" et "Fidèle à moi-même" ont déjà traité de ce cheminement. Toutefois, comme ils'agit d'une notion cruciale je vais reprendre l'explication pour 

 préciser davantage.

S'assumer c'est à la fois s'accepter et se prendre en charge.Assumer un besoin signifie donc accepter son existence et prendreen charge sa satisfaction.

1- Accepter le besoin 

D'abord reconnaître le besoin Le terme accepter, dans ce contexte, veut dire "recevoir",

"accueillir". Ce n'est pas une action volontaire mais bien unconsentement venant de l'intérieur. Il est donc irréaliste des'attendre à accepter d'emblée un besoin "conflictuel". Commentune personne "dépendante affective", dont une caractéristiqueimportante est de se renier, peut-elle assumer son besoin d'êtrereconnue comme réalité valable?

À défaut d'accepter le besoin, on commence par "reconnaître" sonexistence. On lui fait d'abord une place dans son for intérieur. Onfait, par la même occasion, une place à nos réactions à ce besoin:nos craintes, nos objections... Ces réactions peuvent souvent

 prendre la forme des affirmations suivantes. "Ce besoin estillégitime! "Je suis anormal!" "C'est dangereux d'avoir tant besoin!" "Je me sens vulnérable et je déteste!"

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Une fois qu'on a consenti à son existence, il faut reconnaîtreouvertement le besoin, c'est-à-dire le vivre devant les autres. Dansun premier temps il est souvent nécessaire de manifester noscraintes et nos objections. La nécessité de montrer nos résistancess'estompe à mesure qu'on assume mieux le besoin.

Pour cette étape plus "publique", le choix des interlocuteurs estcrucial: il est indispensable qu'il s'agisse de personnes importantesà nos yeux. Le choix n'est pas compliqué à faire: sont éligiblestoutes les personnes devant lesquelles il est difficile d'avouer et devivre le besoin. Plus la difficulté est grande, plus le pas dans ladirection "sujet" sera considérable.

Respecter ses résistances Cette démarche est ardue à cause de la peur du rejet. C'est pour cette raison qu'il faut absolument tenir compte de ses résistances.La résistance est un phénomène psychique sain et indispensable à

la vie. Elle nous guide pour vivre ce qu'on est apte à vivre, en nousévitant de "perdre les pédales" ou d'être submergé par les émotions.

On tient compte des résistances sur n'importe quel sujet en yadaptant son rythme de travail, notamment en augmentant de façongraduelle l'intensité de la difficulté. Par exemple, en écrivant à une

 personne avant d'aborder le sujet en direct, en choisissant, d'aborddes personnes avec lesquelles on est légèrement plus à l'aise, etc...

C'est en osant reconnaître ouvertement son existence qu'oncommence à accepter le besoin. Ce n'est pas surprenant, car luifaire une place permet de l'apprivoiser. En plus, il arrive souventque la réaction des autres ne soit pas aussi tragique qu'onl'anticipait. On a donc un peu moins de craintes la fois suivante.

2- Assouvir le besoin 

Même si on a d'énormes résistances il faut chercher à assouvir son besoin. Cela implique souvent une action de la part de l'autre, mais

 pas toujours.

Prendre, mais en contact "J'ai manqué d'attention dans ma vie. Dans ma famille, les enfantsétaient considérés comme "quantité négligeable". Chaque foisqu'une personne m'accorde de l'attention, je suis bouleversée, à lafois réjouie et triste."

Chaque occasion du genre représente une possibilité d'assumer mon besoin de valeur (celui qui me porte à vouloir avoir del'importance pour l'autre). Pour l'assumer, je dois vivre les

émotions qui émergent dans ce contact avec l'autre, les exprimer etdemeurer sensible devant la réaction de l'autre. En d'autres termes,

 je dois demeurer vivante et en mouvement dans ce contact. C'est ce

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que nous appelons "répondre à ses besoins en étant en contact".Cette méthode permet de s'assumer. À chaque fois que je me porteainsi, j'augmente ma solidité, je grandis un peu au plan psychique.(Voir "L'expression qui épanouit".)

C'est à la condition d'agir ainsi en contact que je pourrai laisser  pénétrer en moi ce que l'autre m'apporte à travers l'attention ou

l'affection qu'il m'adresse. C'est donc une condition nécessaire pour nourrir mon besoin.

Prendre l'initiative Mon besoin m'appartient. L'autre a ses propres besoins. On pourraitdire que chacun en a plein les bras avec la responsabilité de ses

 propres besoins. Dans cette perspective, il est juste que chacun prenne ses risques pour sa propre vie. Mais juste ou pas, il estessentiel de porter la responsabilité de la satisfaction de mon

 besoin car cette condition est indispensable pour que la réponse del'autre m'atteigne vraiment et que mon besoin soit réellement

comblé.

Il y a presque toujours un risque à prendre des initiatives et c'esttoujours compromettant. La difficulté est encore plus grande si onrésiste au besoin. La crainte s'amplifie aussi lorsque l'importancede l'autre est très grande. Un refus est difficile à encaisser car on levit comme un rejet et il ébranle notre valeur. Ce qui estextraordinaire pour l'estime de soi, toutefois, c'est qu'un "non"survenant après qu'on ait pris un risque est beaucoup moinsdéstabilisant. En général, la fierté d'avoir osé se porter l'emportesur l'impression de rejet.

Pour que le besoin soit assumé, les initiatives doivent, elles aussi,être prises "en contact" (c'est-à-dire en se laissant ressentir, ens'exprimant et en se laissant atteindre par les gestes et les mots deson interlocuteur). Tout ce que l'on fait en se durcissant ou ens'engourdissant pour ne pas ressentir est sans valeur pour aider às'assumer.

Se réajuster dans la situation Quelque fois, il s'agit seulement d'ajouter un geste, une

 parole, pour satisfaire mon besoin. Serrer davantage son bras, rapprocher ma chaise de la sienne, l'embrasser avec plus d'ardeur... Ça me semble risqué et la tentation estgrande de m'abstenir ou de le faire en catimini. Si j'ose lefaire en contact, je m'offre une occasion supplémentaired'assumer mon besoin.

Il se peut toutefois que les autres, surtout les êtres aimés, nesoient pas sympathiques à mon besoin. Il importe alorsd'identifier si c'est la manière de le manifester qui estirrecevable ou son existence.

Par exemple, si je cherche à ce que l'autre s'approche pour me prouver son amour en me renfermant sur moi-même

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d'une manière hostile, ce n'est pas mon besoin qu'ilrefusera, mais la manière de l'exprimer. D'autres fois, c'estle moment choisi qui l'indispose: je l'aborde pendant qu'ilest concentré, par exemple.

De telles informations sur l'impact de ma façon de faire sur l'autre sont capitales. Elles me permettent un réajustement

qui peut rendre mes efforts et mes risques plus rentables.

Assumer un besoin conflictuel demande du temps. Letravail se fait plus rapidement si on s'en occupe assidûment,c'est-à-dire tous les jours.

Réponse

On ne peut jamais faire avec certitude une simpleéquivalence comme celle sur laquelle s'appuie cettequestion. Il faut examiner ce qui en est pour chaque

 personne. Heureusement, il n'est pas extrêmement difficilede trouver la réponse lorsqu'on se pose la question pour une

 personne en particulier.

Mais même s'il était possible de faire une telle déductiongénérale, elle serait inutile. En effet, la personne concernéedoit découvrir elle-même en quoi consiste son problème età quoi sert son symptôme avant de parvenir à des solutions.

Voici donc comment on peut aborder cette question afind'arriver à des réponses utiles.

Manger abondamment sans avoir faim ou ressentir la faimalors qu'on est repu sont des signes qu'il y a quelque chosequi ne va pas. Pour savoir de quel signe exactement il estquestion, il faut y regarder de plus près.

La clarification ne sera pas longue à venir si je demeureattentive à mon expérience (à ce que je vis). Par exemple,en prenant soin d'identifier ce que je ressens au moment de

la fringale et en ressentant à fond les sentiments émergés jesaurai rapidement quels sentiments et quels besoins me poussent à manger d'une manière compulsive. Je peux porter la même attention à mon expérience pendant que jemange, ainsi qu'après avoir mangé.

 Nos rêves aussi méritent une attention car ils peuvent nousen dire long sur nous. Les souvenirs, de même que tout ceque je vis dans le présent et que je peux associer aucomportement boulimique, peuvent également être pris encompte.

Tout ne devient pas clair d'un seul coup, mais en faisant detels exercices à répétition, il est possible de faire des

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découvertes éclairantes. Des découvertes que personned'autre que moi ne peut faire (même pas mon

 psychothérapeute) parce que j'ai un accès à ma vieintérieure que personne d'autre ne peut avoir. C'est cetteconnaissance de moi "de l'intérieur" qui m'amène à faire cequ'il faut pour changer.

En fait, si pour me comprendre sur un sujet, je suis prête àconsacrer à ce que je vis la même énergie et la mêmeattention minutieuse que je mets à faire un casse-tête, j'yarriverai. L'utilité d'une telle compréhension, "del'intérieur" et donc spécifique à moi, n'est d'aucune façoncomparable aux étiquettes devenues si populaires en

 psychologie.

Vous avez une question qui demeure sans réponse ? Vous avez une question quidemeure sans réponse ?

Deux options vous sont offertes: 

1. Une question personnelle àlaquelle vous voulez uneréponse individuelle.

Le psy virtuel est à votredisposition. Pour 50$

(canadiens) un de nos psychologues consacrera 30minutes à vous répondre s'ilestime pouvoir vous êtrevraiment utile. Il s'agit d'ungenre de consultationindividuelle et vous aurez laréponse en 3 jours.

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Les auteurs des articlesrépondent gratuitement auxquestions d'intérêt général.Les réponses sont des

 principes généraux dontchacun doit évaluer la

 pertinence pour sa propresituation. Il s'agit d'uneintervention éducative et nond'une consultation

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 personnelle. Les psychologuesrépondent à la fin du mois auxquestions qui concernentl'article du mois courant. Ilsrépondent aux autresquestions au moment qui leur convient.

Il vous suffit de nous faire parvenir votre question à[email protected] 

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Apprendre à m'aimer(Sortir de la dépendance affective)

Par  Michelle Larivey , psychologue

Cet article est tiré du magazine électronique" La lettre du psy"

Volume 4, No 3: Mars 2000

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Cet article est le dernier d'une série de trois sur la "dépendance affective". Pour bénéficier de cette lecture, on aurait avantage à lired'abord les textes suivants:

• Dépendance affective et besoins humains• Se renier par la dépendance affective

Résumé de l'article

Dans l'article " Dépendance affective et besoins humains", Michelle Larivey explique que le fait d'avoir des besoins affectifs aigusn'est pas une chose anormale. Tout individu atteint l'âge adulte avec un certain déficit du point de vue de ses besoins fondamentaux.C'est la manière de combler ou d'éviter de confronter ces manques qui peut devenir un problème si elle est inefficace. C'est le casdans ce qu'on appelle la "dépendance affective".

Dans " Se renier par la dépendance affective", elle explique comment la manière du "dépendant affectif" d'obtenir l'amour et le "droitd'être" ne peut conduire qu'à l'échec. Comme c'est en se reniant qu'il chercher à se faire aimer, son but ne peut jamais être atteint.

Dans le troisième article de cette série, Michelle Larivey propose des façons concrètes de renverser le processus d'aliénation pour sortir graduellement de la "dépendance affective". Reconnaissant qu'il s'agit d'une démarche longue et ardue, elle propose desmoyens qu'on peut mettre en pratique tous les jours afin d'accélérer les progrès. Cette démarche graduelle s'appuie sur deux piliersfondamentaux: reconnaître ce qu'on vit réellement et développer sa capacité de porter son expé rience devant des personnesimportantes. Elle a pour but de renforcer son estime de soi et de se solidifier comme personne.

Table des matièresA. IntroductionB. Renverser le processus d'aliénationC. Parvenir à m'aimer 

1. porter attention à ce que je ressens2. consentir à ce que je ressens

3. aller au-delà de l'anxiété4. ressentir à fond

D. Des outilsE. Conclusion

Vous pouvez aussi voir:Vos questions liées à cet article et nos réponses !

Fidèle à moi-même")

Le changement se fait graduellement et comprend plusieurs étapes qui peuvent s'entre-couper par moments.La durée de chacune est plus ou moins longue; elle varie selon l'importance de l'aliénation et selonl'investissement que chacun met dans le travail sur son changement.

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Voici dont une énumération des acquisitions les plus importantes pour sortir du modèle d'interaction de la"dépendance affective". Plusieurs de ces questions ont déjà été traitées dans d'autres textes de "La lettre duPsy". Certaines ont été abordées dans les réponses aux questions qui apparaissent sur notre site. Lorsque c'estle cas, je me contenterai d'indiquer la référence.

Les phase du changement 

1. La première tâche à réaliser pour sortir de ce modèle d'interaction consiste à devenir important à mes propres yeux. C'est là un travail fondamental et d'importance capitale sur lequel j'élaborerai en détaildans la prochaine section de cet article.

2. En deuxième lieu, je devrai travailler à assumer mon besoin d'être aimé. Voir les questions-réponsessuivantes à ce sujet:

o Qu'est-ce que s'assumer?o Porter la responsabilité de ses besoins

Dans les deux premiers articles de cette série, j'ai expliqué que le modèle d'interaction de la"dépendance affective" est une tentative déficiente de conquérir son droit d'être. Pour réussir la quêtedu droit à l'existence, il faut la faire en portant ouvertement son besoin d'être une personne de valeur ou son besoin d'être aimé. Ceci a été explicité dans l'article " Transfert et droit de vivre".

3. Troisièmement, ma démarche de changement sera plus efficace si je suis sensible à la dimensiontransférentielle de mes réactions et si je cherche activement à résoudre mes transferts.

En effet, tous ceux qui cherchent activement à être aimés tout en dissimulant cet enjeu lorsqu'il est

 présent, vivent cela dans le cadre de relations "tranférentielles". (Voir " L'Auto-développement: psychothérapie dans la vie quotidienne", chapitre V: "La résolution du transfert") La conquête du droità l'existence est grandement accélérée si on apprend à se servir efficacement de nos relationstransférentielles pour évoluer.

4. Quatrièmement, ma conquête du droit à l'existence réussira si je consens à me mobiliser et à prendredes risques d'exprimer ce que je vis d'important. Ce travail d'expression permet d'assumer ses besoins;il existe des façons de s'exprimer qui sont plus efficaces pour y parvenir. Dans " L'expression quiépanouit", Gaëtane La Plante explique les qualités de l'expression qui permettent de communiquer notre expérience complètement et en contact.

Comme vous l'imaginez sûrement, tout ce travail prend du temps. Il s'agit en effet d'une transformation profonde et difficile qui est très exigeante au plan émotif. Il faut remplacer des comportements où il ya peu de contact réel par une façon d'être dans laquelle on se montre vraiment. Il s'agit de mettre à jour continuellement les enjeux de la relation plutôt que d'en dissimuler l'importance réelle.

Voyons maintenant plus en détail, la première tâche à laquelle doit se consacrer la personne prise dansle modèle d'interaction de la "dépendance affective". Comment peut-elle parvenir à devenir importanteà ses propres yeux? Comment parvenir à "s'aimer" suffisamment pour commencer à tenir à serespecter?

C- Parvenir à m'aimer

Ce titre me déplaît car il n'est pas juste de dire qu'on apprend à s'aimer. S'aimer veut dire qu'on a de l'estime pour soi et qu'on se veut

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du bien. L'estime de soi, comme celle qu'on porte aux autres, repose sur une évaluation. Je m'estime dans la mesure où, de façongénérale, j'agis d'une manière estimable à mes yeux. Cela veut dire être à la hauteur de mes standards.

Il est donc plus juste de dire qu'on arrive à s'aimer en gagnant sa propre estime. L'estime de soi porte à se vouloir du bien. Il en estde même pour les personnes qu'on estime: on adopte naturellement une attitude bienveillante à leur égard .

Pour apprendre à s'aimer ou pour se donner cet amour de soi, certains auteurs recommandent de se faire plaisir. Ils prétendent qu'àforce de "bien se traiter" on arrivera à s'aimer. Dîners solitaires à la chandelle, bains mousseux, bouquets de fleurs sont desrecommandations classiques (au fait, existe-t-il des suggestions pour les hommes?). Elles devraient permettre d'arriver à être

quelqu'un d'important à ses propres yeux.

Je ne pense pas que c'est ainsi qu'on devient important pour soi. En fait, il est quasi impossible d'appliquer de tellesrecommandations quand on ne s'aime pas.

Tout comme on n'est pas porté à passer du temps avec une personne qu'on n'aime pas, on ne trouve pas particulièrement agréable de passer du temps avec soi-même si on est une personne qui ne s'aime pas. Les personnes qui se forcent ainsi à se comporter avecelles-mêmes comme si elles étaient importantes jugent généralement l'expérience artificielle. Dans ce cas, il est normal que lesrésultats escomptés ne se manifestent pas. Au contraire cette tentative ne réussit souvent qu'à mettre en relief le fait qu'on est maldans sa peau et mal avec soi-même.

Que reste-t-il alors? Comment puis-je prendre de l'importance pour moi-même et comment puis-je arriver, un jour à m'aimer?Commençons par la question d'importance.

1. Accorder de l'attention à ce que je ressens 

Il n'est pas nécessaire de m'aimer pour porter attention à ce que je ressens, il s'agit de le décider et de me discipliner à le faire. Pour le décider, toutefois, puisque je pressens que ce ne sera pas toujours la fête, il me faut de bonnes raisons. Voici les plus importantes.

Pour me découvrirEn tant que "dépendant affectif" j'ai tendance à mettre beaucoup d'énergie à me faire accepter par l'autre. Mais j'atteins rarement unniveau de satisfaction élevé à cet égard. Lorsque j'y arrive, la satisfaction est toujours très éphémère.

Porter attention à ce que je ressens me permettra de me découvrir au lieu de me fuir. Il est vrai que je sais beaucoup de choses de

moi et sur mon passé, mais il s'agit maintenant de me découvrir "de l'intérieur", dans l'ici et maintenant. Savoir autre chose que ceque je fais: savoir ce que je ressens, m'apercevoir que mon ressenti immédiat se modifie. Mais c'est aussi saisir les nuances de monexpérience émotive, identifier mes besoins, constater les liens entre mes fantaisies, mes désirs et mes besoins.

Pour m'apprivoiser à moi-mêmeMa vie a été souvent souffrante. La plupart du temps, le contact avec moi me ramène à mes manques, mes échecs et ravive cettesouffrance. C'est pour cela, entre autres, que je me fuis.

Mais c'est une erreur de me fuir, d'ignorer ou de combattre ma souffrance. Pour en sortir il faut au contraire que je l'apprivoise. Elleme donnera le courage de nouveaux gestes qui me permettront de régler les problèmes dans lesquels je m'enlise.

Mais il ne s'agit pas seulement de porter attention à ce que je ressens, il faut aussi que je consente à mon expérience intérieure. C'est

une autre bataille que j'aurai à livrer contre mes propres résistances.

2. Consentir à ce que je ressens

Je peux difficilement m'autoriser à être qui je suis. Je ne m'aime pas assez pour cela. (Encore le cercle vicieux!) Il m'est souventimpossible de trouver légitimes mes sentiments et mes besoins.

Un conjoint, un ami pourrait m'aider à m'accepter davantage, dans la mesure où les sujets sur lesquels je lui demande ce soutien nesont pas en conflit avec ses propres besoins ou ses propres évitements. Il est irréaliste, en effet, d'exiger d'un conjoint qu'il accepteinconditionnellement ma colère s'il a peur de l'agressivité ou s'il la vit comme un rejet de ma part. Dans bien des couples, les deux

 partenaires se demandent mutuellement la même chose: une acceptation inconditionnelle qu'ils n'ont pas envers eux-mêmes.

Je dois préciser ici qu'il peut être extrêmement difficile de travailler à consentir à mon expérience intérieure sans le support d'une psychothérapie. Pourquoi?

Il est possible que je n'aie jamais reçu de mes parents l'attention bienveillante qui permet à l'enfant de sentir qu'il a une certaine

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importance comme personne. Il est possible même que j'aie vécu l'inverse: me sentir constamment de trop, avoir l'impression den'être pas aimable, être ignoré ou même détesté.

J'ai maintenant tendance à me faire ce que mon entourage avait l'habitude de faire avec moi: dévaloriser ce que je vis, banaliser monexpérience, rejeter mes émotions. Je me blâme de ce que je vis, je me gronde de mes réactions, je considère ce que je vis commeimpertinent et encombrant. Je continue de vivre une impuissance à être comme celle de " l'homme sans voix".

Avec un départ aussi négatif du point de vue de notre importance comme personne, il est presqu'impossible de consentir à prendreréellement en considération ce que l'on vit. Pour amorcer un changement d'attitude il peut être nécessaire de faire appel à une

 personne qui nous laissera l'espace psychique pour le faire. C'est une des fonctions les plus importantes d'un psychothérapeute.

À défaut d'un parent qui m'aurait offert un minimum d'acceptation, il me faut donc une personne équivalente (figure transférentielle) pour compléter ma recherche du droit à l'existence. C'est d'ailleurs ce que je recherche constamment chez mes amoureux et chez lesautres personnes dont je désire l'affection: être acceptée pour ce que je suis.

Il faut savoir que, dans la vraie vie, il est IMPOSSIBLE pour un adulte d'obtenir l'acceptation inconditionnelle. Toutes les personnesde qui on cherche à l'obtenir ont leurs propres besoins par rapport à nous. Qu'il s'agisse de notre conjoint, de nos enfants, d'amis, du

 patron... tous ont leurs propres enjeux avec nous. Ils sont même souvent eux aussi en "transfert" avec nous. En fait, il n'y a probablement que le chien, ce fidèle ami de l'homme, qui puisse nous offrir quelque chose qui ressemble à cet amour inconditionnel.Mais c'est insuffisant! (Voir  Acceptation inconditionnelle et respect )

Le psychothérapeute qui estime nécessaire la conquête de mon droit à l'existence aura une attitude propice pour m'aider à me

recevoir moi-même. La véracité de cette attitude, sa constance et la consistance du psychothérapeute d'un entretien à l'autre, meconvaincront petit à petit, mais profondément, de l'importance de ce que je vis. Graduellement, je deviendrai de plus en plusintéressé à porter attention à mon expérience intérieure.

3. Aller au-delà de l'anxiété 

Je suis souvent assailli par l'anxiété. Je cherche à m'en débarrasser parce que c'est désagréable et ça me semble inutile. Or, l'anxiétéest l'expérience typique que l'on vit quand on fuit le contact avec soi. (Voir " Anxiété et angoisse; les Vigiles de l'équilibre mental")

Plus je deviendrai capable de m'arrêter à ce que je vis et d'y consentir, plus je serai à même de m'occuper de mes préoccupationsimportantes. Petit à petit, l'anxiété disparaîtra de mon existence pour faire place à des préoccupations plus claires et plus utilisables.

4. Ressentir à fond 

Enfin, pour aller au bout du chemin qui permet d'apprendre à accorder de l'importance à ce que je vis, il ne suffit pas de constater etde reconnaître mon expérience intérieure; il faut aussi ressentir complètement mes émotions. Effleurer l'émotion et la mettre de côté

 pour passer à autre chose ou pour passer à l'action ne donne pas de bons résultats. Car cela ne permet pas à l'émotion de m'instruirede ce qui se passe vraiment. Il est alors difficile d'avoir un accès clair à mes besoins.

Pour être vraiment en contact avec soi, il ne suffit pas d'avoir accès à ses émotions. Il faut en plus s'immerger dans l'émotion ainsiémergée. Le processus émotionnel dont il est question ici est décrit dans " La vie d'une émotion".

Illustrons ce point à l'aide des deux exemples suivants.

Scénario #1: éviter le sentiment en passant à l'action 

Je me sens mal devant l'attitude de mon ami. Je ne m'arrête pas longtemps à ce malaise, juste le temps de me rendre compteque son attitude distante m'inquiète. Aussitôt que je me rends compte de cela, je m'approche pour l'embrasser en prenant unair enjoué qui masque mon tremblement intérieur. Au lieu de demeurer avec mon inquiétude, j'agis de façon à la fairedisparaître artificiellement.

Scénario #2: s'immerger dans le sentiment 

Je me sens mal. Je reste en contact avec mon malaise qui se transforme immédiatement en inquiétude. Je demeure présenteà l'inquiétude, même si c'est un sentiment inconfortable. Il devient clair qu'elle a surgi en apercevant le visage de mon ami.Il ma semblé qu'il n'était pas content de me voir (alors que je l'attendais avec impatience). Je sais qu'il est possible que jeme trompe comme il est possible que je voie juste, mais que l'idée qu'il ne soit pas heureux de me retrouver me chagrine.J'interprète la distance que j'observe chez lui comme un manque d'amour. Maintenant que je sais ce qui se passe réellement

 pour moi, j'ai plusieurs possibilités pour en tenir compte.Il est très difficile pour plusieurs d'entre nous de s'abandonner à l'émotion comme dans le deuxième exemple. On ne sait pas oùl'émotion nous mènera, qu'elle intensité elle prendra, ce qu'elle nous fera découvrir de nous-mêmes, de la situation. En évitant de

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 prendre ces risques cependant, nous nous privons d'un contact essentiel pour agir en respectant notre expérience.

L'apprentissage de l'immersion est difficile à faire sans guide extérieur. Aussi étrange que cela puisse paraître, plusieurs d'entre nousne savent pas "comment" ressentir leurs émotions!

D. Des outils

Il existe des outils qui peuvent aider à effectuer plusieurs changements décrits plus haut. Je présente ici ceux que je connais pour yavoir contribué ou les avoir utilisés. Plusieurs sont disponibles gratuitement dans la section du site redpsy.com qui s'intitule "Lecoffre d'outils".

Le journal de bord 

Lorsque le journal sert de lieu pour se laisser aller à écrire ce qui se passe en soi, il constitue un excellent moyen de faire de la placeà son expérience. Il permet aussi de démêler nos diverses expériences inté rieures et d'y voir rapidement plus clair. C'est un outil à la

 porté de tous (pourvu qu'on ne déteste pas écrire). On peut traîner son journal avec soi pour être en mesure de s'en servir toutes lessituations. Bref, il s'agit d'un moyen quasi incontournable pour celui qu veut prendre en main son développement.

Ressentir ses sensations 

Pour bien des gens il est moins apeurant d'être présent aux sensations qu'aux émotions. Tout comme notre expérience émotionnelle,les sensations changent continuellement. Il y en a des fortes et des subtiles, des plaisantes et des déplaisantes. Il faut le même genred'attention à soi pour les identifier et les ressentir. Se pratiquer à être sensible à ses sensations est un excellent moyen de sefamiliariser avec l'écoute de ses émotions, car l'habileté requise est presqu'identique.

On peut aussi utiliser ce genre d'exercice pour travailler à l 'acceptation de nos émotions. On commence par s'entraîner à accepter nos sensations, quelles qu'elles soient. Il s'agit d'un exercice la plupart du temps agréable parce qu'il nous permet d'établir un contactavec nous-même. De plus, il procure souvent de la détente.

Respirer pour ressentir  

Respirer en profondeur est bénéfique. Il faut prendre la peine d'en faire l'expérience pour s'en rendre compte. Entre autres, larespiration en profondeur nous aide à dissiper l'anxiété pour faire place à la préoccupation qui cherche à apparaître. La sensationd'être "stressé" peut aussi faire place à un peu plus de calme et permettre de se centrer, c'est-à-dire de "mettre au foyer" ce qui est le

 plus important dans notre expérience du moment.

La respiration en profondeur aide aussi à se détendre en permettant d'identifier à quel propos on se contracte. Ainsi, on peut dissiper un mal de tête de tension et toutes sortes de tensions physiques par la simple respiration.

Il est impossible d'être en contact avec une expérience émotive précise sans une respiration adéquate. Lorsque notre respiration estcourte on vit surtout de l'anxiété, de la confusion, du malaise, du bien-être flou... Il est impossible d'identifier le mouvement de notreexpérience intérieure et les nuances dans ce qu'on ressent lorsqu'on respire mal. Ce qui veut dire que mal respirer nous empêched'avoir de la prise sur notre vie!

En plus d'être nécessaire à la vie elle-même, la respiration a de multiples fonctions dans notre contact avec nous-même. Il s'agit d'unautre "outil" incontournable.

Immersion 

S'exercer à la contemplation est un bon exercice pour se familiariser avec l'attitude réceptive- passive qu'il est nécessaire d'adopter  pour s'immerger dans nos sentiments. Cet exercice fait vivre des difficultés semblables à celles qu'on rencontre lorsqu'on veuts'abandonner à ses émotions. Mais il est plus facile de dépasser ces obstacles car les sensations font habituellement moins peur queles émotions.

Le programme "Savoir Ressentir" 

Ce programme d'une durée d'un mois environ est entièrement auto-administrable. Il se fait seul, à la maison, au rythme qui nousconvient. Il se présente sous forme de fascicules et de cassettes audio.

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 Nous l'avons conçu pour développer les attitudes et les habiletés à être présent à son expérience intérieure. On y enseigne desmoyens de le faire en s'apprivoisant graduellement à son expérience. Ces moyens sont concrets et peuvent s'utiliser dans toutes lessituations de la vie quotidienne.

Ce programme est un instrument très puissant pour parvenir à se donner le droit de vivre ses émotions. Il m'arrive même de lerecommander à des personnes qui sont en psychothérapie pour les aider à accélérer leur démarche.

E. Conclusion

Comme ce qui précède le laisse entendre, le défi du "dépendant affectif" est considérable. La lecture de tous les textes cités ici peutaider à se comprendre et à identifier des changements à faire. Mais je ne pense pas qu'elle suffise à guider le travail de changement

 personnel que doit réussir le dépendant affectif. La nature des changements à réaliser et les nombreuses résistances qui y sontassociées font qu'il est pratiquement impossible d'y arriver sans l'aide d'un guide extérieur.

Il faut évidemment du temps pour s'en sortir. Mais ce qu'il faut aussi, comme dans tout travail de changement de soi, c'est del'assiduité. On pourrait comparer cette tâche à la physiothérapie ou kinésothérapie. La réhabilitation d'un membre accidenténécessite de multiples exercices ex écutés sur une base régulière. Ceux-ci sont parfois souffrants, d'autre fois fastidieux, mais ilssont indispensables pour se remettre sur pied.

Il en est de même des changements psychiques. Il faut faire les exercices appropriés avec assiduité et persistance. Le

 psychothérapeute est un guide et un support qui fait souvent la différence entre les efforts stériles et ceux qui sont couronnés desuccès.

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Apprendre à m'aimer"(Sortir de la dépendance affective) 

Par Michelle Larivey, psychologue

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Vos questions et nos réponses

Amour et dépendance S'attacher vs s'accrocher  Faire fuir en s'accrochant Être ou ne pas être... expressif  Les émotions contradictoiresAider son conjoint à résoudre ses problèmes

Vous avez une question qui demeure sans réponse ?

Question: Amour et dépendance

Lorsque j'aime une femme elle devient le centre de ma vie. J'ai toujours peur qu'elle pense que je l'aime trop et qu'elle me trouvedépendant. Je ne veux pas qu'elle pense que je vais m'accrocher parce que je ne peux pas me passer d'elle. Je camoufle donc monattachement et parfois cela donne lieu à des situations pénibles. Mais je ne vois pas d'autres solutions car je crains par-dessus tout lerejet.

Réponse

L'attachement fait partie de l'amour. Il exprime le fait qu'on tient à la personne aimée. Si on y tient, c'est parce que son contact est

 bienfaisant pour nous, qu'il nous permet de répondre à certains de nos besoins. ( Pour en savoir plus, voir la fiche explicative del'amour )

Lorsque'on aime on est aussi forcément dépendant. Mais cette dépendance ne signifie pas nécessairement qu'on est à la merci del'autre ou encore qu'il est indispensable à notre satisfaction. La dépendance est liée à notre besoin plus qu'à la personne elle-même.C'est notre besoin qui est incontournable et non la personne aimée qui est indispensable.

Prenons un exemple dans la nature: la plante qui a besoin d'eau. La qualité de son existence et même sa survie dépendent de cetélément. L'intermédiaire par lequel l'eau lui parvient est secondaire pourvu que l'eau soit d'une qualité suffisante et qu'elle soitdispensée au moment approprié. (Un arrosage trop abondant est néfaste.). Que l'eau provienne de la pluie, du jardinier ou d'unsystème d'irrigation ne change rien pour le bien-être de la plante.

Il en est de même des besoins affectifs. Ils doivent être suffisamment satisfaits pour assurer notre survie psychique et notre

épanouissement. Mais les personnes avec lesquelles nous pouvons combler ces besoins sont nombreuses. Il peut donc y avoir  plusieurs sources de satisfaction pour chacun de nos besoins. En fait, bien que cela puisse paraître choquant, aucune personne n'estréellement indispensable à la survie ou même au bonheur d'une autre.

Les personnes qu'on peut considérer comme indispensables à la vie ou à l'épanouissement d'une autre sont les parents. Mais mêmeceux-ci peuvent être remplacés par des substituts (des parents adoptifs, par exemple). On observe d'ailleurs dans la résolution dutransfert que les besoins qui n'ont pas été satisfaits dans la relation avec les parents peuvent l'être, bien des années plus tard, dansune relation substitut, c'est-à-dire une relation transférentielle.

Il est impossible et il serait inutile d'éliminer la dépendance au plan affectif. C'est sur notre capacité de tolérer le rejet qu'il fauttravailler s'il est trop difficile d'exprimer nos besoins et de prendre les initiatives nécessaires à leur satisfaction. Il est possible etmême nécessaire d'arriver à vivre le rejet sans être démoli. C'est un des obstacles qu'il faut apprendre à surmonter si on veutcontinuer de grandir comme personne.

Question: S'attacher vs s'accrocher

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Y a-t-il une différence entre s'attacher et s'accrocher? J'ai tellement peur de m'accrocher que je fais tout pour ne pas m'attacher. Jesais que le prix à payer est la solitude, mais c'est plus fort que tout.

Réponse

Oui, il y a une grosse différence entre s'attacher à quelqu'un et s'accrocher à lui. L'attachement est l'expérience qui découlenormalement de l'amour. ( Pour en savoir plus, voir la fiche explicative de l'amour  ) On en arrive à "tenir" à la personne ou à l'objetqui nous procure tant de satisfaction. (Voir la question précédente.) Plus la relation est satisfaisante, plus ce lien est fort.

S'accrocher c'est prendre l'autre comme une bouée. On s'appuie sur lui et on compte sur lui pour prendre en main, par exemple,notre vie affective. S'accrocher est donc la manifestation du refus de prendre la responsabilité de nos besoins. (Voir " porter laresponsabilité de ses besoins"). Voici les deux principales façons dont cette résistance à soi-même se manifeste.

1. En misant sur la culpabilité de l'autre pour se faire prendre en charge.

On lui laisse entendre qu'il est responsable de notre satisfaction, notre bonheur ou notre bien-être. On peut se reposer sur lui passivement: attendre qu'il devine nos besoins, nos préférences, nos désirs, nos frustrations. On peut faire pitié et êtresans vie s'il ne s'occupe pas assez de nous. On peut le faire aussi d'une manière plus active: en multipliant les reproches, enfaisant des demandes précises auxquelles on ne lui laisse pas réellement le choix de répondre...

2. En ne laissant pas à l'autre la liberté de dire "non".

On refuse et on nie la réponse négative de l'autre. On agit comme s'il n'avait pas le droit de refuser de répondre à nos besoins. On le tourmente, le harcelle ou le menace (cela peut aller jusqu'à la menace de suicide). On lui fait payer de toutessortes de façons le culot qu'il a de ne pas nous aimer assez ou de ne plus nous aimer. Le cinéma a souvent exploité le thèmede l'amante délaissée qui se venge. Les journaux nous rapportent des scènes matrimoniales d'horreur: le mari qui assassinela femme qui l'a quitté. Il existe des versions moins extrêmes mais de même acabit: celle qui n'accepte pas le divorce et quifait payer, sa vie durant, le conjoint qui a osé déranger sa vie en cessant de l'aimer.

Question: Faire fuir en s'accrochant

Pourquoi une personne prend-elle ses distances lorsqu'elle nous trouve trop accrochée à elle?

Réponse

Pour comprendre, il suffit d'imaginer la vie qui se dessine pour celui qui reste aux côtés de quelqu'un qui a tendance à s'accrocher.(Voir  question-réponse précédente.) Il n'est pas difficile de voir que la personne qui sert de bouée a d'excellentes raisons de fuir.

Ce n'est pas très nourrissant d'avoir la responsabilité de satisfaire l'autre. Même celui qui est porté à prendre les autres sur sesépaules s'en rend compte après un certain temps. Il sent que son énergie est drainée. Si l'autre est très lourd ou très exigeant, larelation n'est pas nourrissante et peut devenir toxique. Il s'y voit alors dévalorisé et culpabilisé; il ne reçoit lui-même que peu ou pasd'affection et de reconnaissance en échange de sa "générosité".

En plus d'être peu nourrissant, il est lourd d'être l'unique moteur d'une relation. Cela veut dire avoir les idées, prendre les initiativeset faire ce qu'il faut pour être satisfaisant pour l'autre. Il faut en plus réussir tout cela sans avoir accès directement aux besoins, aux

sentiments, aux états d'âme de l'autre. Un tour de force impossible!

Enfin, côtoyer quelqu'un qui s'accroche c'est être en présence de quelqu'un qui ne se donne pas la peine d'être vivant. Une personne peu vivante est peu attrayante. La stimulation manque et la relation devient rapidement terne.

Il arrive parfois que de fréquents éclats émotifs donnent beaucoup de couleur à la relation. Mais si les scènes et les querelles neconduisent pas à des améliorations satisfaisantes pour celui qui se vit comme la bouée, on ne peut considérer ces échanges commeune stimulation pour lui. La couleur émotive ne doit pas dans ce cas être considérée comme un signe de vitalité.

Ce sont les principales raisons qui portent à fuir ceux qui s'accrochent. En résumé on peut dire que, par son manque de réciprocité,une relation avec une personne qui s'accroche draine beaucoup d'énergie tout en étant peu nourrissante.

Question: Être ou ne pas être... expressif 

Je ne pense pas être dépendante affective. Mais quand j'aime, j'aime fort et je suis démonstrative. J'ai l'impression de faire peur aux

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hommes. Dois-je me contenir et faire davantage l'indifférente.

Réponse

Il y a des personnes qui n'aiment pas qu'on soit trop expressif de notre amour, qui sont gênées par les manifestations d'affection.C'est souvent parce qu'elles-mêmes ne sont pas confortables avec leurs propres sentiments ou avec leurs besoins affectifs.

Lorsque ça semble être le cas, on a intérêt à discuter ouvertement de cette question. Le nouveau partenaire préfère-il vraiment quenous contenions nos émotions et notre expression? Si oui, pourquoi?

À la lumière des réponses à ces questions, on peut rapidement savoir si on est intéressé à une relation durable avec cette personne. Ilfaut prendre une décision et non commettre l'erreur fréquente qui consiste à espérer un changement majeur. Il est illusoire d'établir une relation sur l'espoir que l'autre changera. Il n'est pas plus réaliste de croire qu'on parviendra à se satisfaire d'une relation où ilnous faut neutraliser notre expressivité naturelle.

Question: Les émotions contradictoires

Je tente de m’appuyer sur les deux piliers fondamentaux que vous énoncez: reconnaître ce que l’on vit réellement et développer sacapacité de porter son expérience devant des personnes importantes. Mais je suis dans une impasse. Je ressens profondémentancrées en moi deux tendances contradictoires. D’un côté, une envie de symbiose avec l’autre, une recherche de chaleur et de

douceur, un désir de contact tendre et intime. De l’autre, une colère terrible, permanente, qui remonte en surface de temps à autre etqui voudrait détruire toute expérience imprégnée d’amour. Je dois reconnaître que les deux sont réelles et font partie de moi, mais jene sais pas dans quelle direction partir. Je ne peux négliger aucune de ces vérités en moi. Comment sortir de cette confusion ?

Réponse

Je sais qu’il peut être troublant de ressentir des émotions opposées et aussi intenses que ce que vous décrivez. Il est tentant de penser qu’il vaut mieux privilégier une de ces expériences et camoufler l’autre autant que possible. Cet écartèlement est difficile à accepter 

 pour deux raisons principales.

Premièrement parce que nous ne savons pas ce que sous-tend cette expérience. Plus nous résistons à lui faire une place réelle, plus ilest impossible d’en comprendre la vraie teneur. Le chapitre “La vie d’une émotion” dans le livre Les Émotions source de vie décriten détail comment on peut faciliter son processus émotionnel pour comprendre en profondeur son expérience psychique.

Deuxièmement, il est gênant d’avoir des émotions extrêmes et mystérieuse en présence d’une autre personne. Si en plus il s’agitd’émotions qu’on éprouve envers elle, c’est encore plus embarrassant. Mais si on arrive à laisser cette émotion se dérouler il estcertain qu’on en trouvera le sens. Elle prendra alors une signification qui nous apparaîtra fort précieuse.

Il n’est pas facile de s’autoriser à vivre à fond cette émotion devant l’autre. À cause de cela, il peut être judicieux de se retirer lorsqu’elle survient. Il faut alors prendre soin de ne pas chasser ce que l’on vit mais, au contraire, de demeurer ouvert pour leressentir à fond et laisser apparaître tout ce qui vient à ce sujet. Souvent il est bien utile d’écrire dans son journal, à mesure que sedéveloppe l’expérience émotionnelle.

Lorsqu’on est plus confiant dans son expérience émotive, on peut tolérer de demeurer dans l’inconnu même devant l’autre. Par exemple, on ne comprend pas pourquoi on éprouve cette vive colère, on ne sait pas ce qui nous pousse à vouloir rejeter massivement l’autre ou un comportement précis qu’il a eu, mais on accepte de réagir ainsi. C’est une acceptation aveugle qui reposesur la conviction que nous avons une “bonne raison” intérieure de réagir ainsi. Un peu plus tard, en restant en contact avec notreexpérience, on finit par comprendre.

Mais si on n’arrive pas à s’abandonner à ces expériences intenses il est possible qu’une psychothérapie soit nécessaire. Le psychothérapeute nous aidera à acquérir les attitudes et les habiletés nécessaires pour y arriver.

Question: Aider son conjoint à résoudre ses problèmes

Comment quelqu'un qui est sûr de ses besoins en amour et qui est allé au fond de lui-même pour s'assurer de ses sentiments, de ses besoins face à sa relation et de ses besoins personnels peut-il aider sa conjointe à traverser le désert de la dépendance affective sans

y laisser sa propre peau ?

Réponse

Même les spécialistes du domaine n'osent pas s’y aventurer ou essayer de faire la psychothérapie de leurs proches. En tant que

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conjoint, on est trop impliqué pour être vraiment utile, sauf en tant que personne réelle avec des réactions réelles. Le rôle d'aidantdevrait toujours être assumé par quelqu'un d'autre (même si les étudiants en psychologie sont souvent tentés de croire le contraire).

Cette prudence n’est pas limitée aux psychothérapeutes. Dans plusieurs professions, on considère qu’il est naïf, maladroit oucontraire à l’éthique de prendre des proches comme clients. Mais en psychothérapie cette réalité est encore plus évidente à cause dela nature de la relation thérapeutique.

Il faut comprendre que la relation entre un thérapeute et la personne qui le consulte n’a rien d’une relation “ordinaire”. En effet, la personne qui demande de l’aide se met volontairement dans une position de grande vulnérabilité en exposant ses faiblesses et ses

doutes. Elle doit pouvoir compter de façon absolue sur le fait que son psychothérapeute n’utilisera pas contre elle le pouvoir qu’ellelui donne ainsi et qu’il se consacrera entièrement à la poursuite de son mieux-être.

Une autre dimension est essentielle au succès: le fait que la personne désire vraiment être aidée. Tous les psychothérapeutesl’apprennent très rapidement: on ne peut aider une personne malgré elle ou à son insu. Ce n’est pas une question de bonne volontéou d’habileté, c’est une affaire de motivation et une condition essentielle pour que les apprentissages et les progrès soient vraimentassimilés.

La maturité personnelle ou la pureté des motifs de la personne qui veut aider l’autre ne sont pas des garanties suffisantes de laqualité de l’intervention. Si nous avons beaucoup à gagner personnellement à travers les progrès ou les succès d’un autre, nous nesommes pas en mesure de l’aider vraiment car nous n’avons pas tout à fait la capacité de le laisser faire ses choix, notamment ceuxqui pourraient lui convenir tout en nuisant à nos intérêts ou à notre satisfaction. En tant que conjoint, nous avons toujours beaucoupà gagner ou à perdre dans le cheminement de notre partenaire.

Cette limite définit en même temps l’utilité réelle d’un conjoint ou d’un proche dans la psychothérapie d’une personne: être uninterlocuteur, une personne réelle qui donne accès à ses vraies réactions. Malheureusement, la plupart des gens ont justementtendance à faire l’inverse: à faire des efforts énormes pour aider, quitte à se renier complètement.

La personne qui entreprend une psychothérapie trouve un professionnel du domaine pour l’aider. C’est avec celui-ci qu’elle obtientle support, l’empathie, les questions habiles, les interprétations et les explications qui l’aident à voir plus clair en elle-même et danssa situation. Mais ce contexte favorable est vite limité s’il ne s’appuie pas sur des expériences de vie réelle dans des relations plus“normales”.

C’est avec les personnes qui peuplent sa vie de tous les jours qu’elle peut vivre ces expériences: avec son conjoint, ses enfants, ses parents, ses frères et soeurs, ses collègues, ses patrons et subalternes. Sans ces interlocuteurs représentants du quotidien, la psychothérapie se déroule en vase clos, dans un vide interpersonnel qui élimine artificiellement les contraintes de la réalité

extérieure et laisse faussement croire à une toute-puissance de l’imaginaire et de la vie intérieure. Mais dans la mesure où elleobtient de son entourage des réactions authentiques et claires, elle peut profiter du contexte thérapeutique pour examiner etcomprendre les événements de son existence réelle.

En somme, nous recommandons toujours d'inviter un proche qui a besoin d’aide à consulter un professionnel de la psychothérapie.Ça lui permet d’obtenir une aide de meilleure qualité tout en bénéficiant de la contribution essentielle d’une personne réelle dans savie de tous les jours. Et ça permet à l’autre de continuer à assumer ses responsabilités comme personne vivante: voir à sa sécurité

 personnelle et à la satisfaction de ses besoins.

Mais attention: ce ne sont pas la plupart des médecins ni tous les psychologues ou psychiatres qui ont la compétence pour faire de la psychothérapie. Il leur faut une formation pratique spécialisée en plus des diplômes nécessaires à l’obtention de leur titre professionnel.

Vous avez une question qui demeure sans réponse ?Deux options vous sont offertes: 

1. Une question personnelle à laquelle vous voulez une réponse individuelle.

Le psy virtuel est à votre disposition. Pour 50$ (canadiens) un de nos psychologues consacrera 30 minutes à vous répondres'il estime pouvoir vous être vraiment utile. Il s'agit d'un genre de consultation individuelle et vous aurez la réponse en 3

 jours.

Voyez les détails ici: http://redpsy.com/virtuel/question.html 

2. Une question de clarification ou d'approfondissement dont la réponse est publiée sur le site.

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Les auteurs des articles répondent gratuitement aux questions d'intérêt général. Les réponses sont des principesgénéraux dont chacun doit évaluer la pertinence pour sa propre situation. Il s'agit d'une intervention éducative et non d'uneconsultation personnelle. Les psychologues répondent à la fin du mois aux questions qui concernent l'article du moiscourant. Ils répondent aux autres questions au moment qui leur convient.

Il vous suffit de nous faire parvenir votre question à [email protected] 

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Apprendre à m'aimer(Sortir de la dépendance affective)

Par  Michelle Larivey , psychologue

Cet article est tiré du magazine électronique" La lettre du psy"

Volume 4, No 3: Mars 2000

| Avant d'imprimer ce document | Mise en garde | Autres articles |

Cet article est le dernier d'une série de trois sur la "dépendance affective". Pour bénéficier de cette lecture, on aurait avantage à lired'abord les textes suivants:

• Dépendance affective et besoins humains• Se renier par la dépendance affective

Résumé de l'article

Dans l'article " Dépendance affective et besoins humains", Michelle Larivey explique que le fait d'avoir des besoins affectifs aigusn'est pas une chose anormale. Tout individu atteint l'âge adulte avec un certain déficit du point de vue de ses besoins fondamentaux.C'est la manière de combler ou d'éviter de confronter ces manques qui peut devenir un problème si elle est inefficace. C'est le casdans ce qu'on appelle la "dépendance affective".

Dans " Se renier par la dépendance affective", elle explique comment la manière du "dépendant affectif" d'obtenir l'amour et le"droit d'être" ne peut conduire qu'à l'échec. Comme c'est en se reniant qu'il chercher à se faire aimer, son but ne peut jamais êtreatteint.

Dans le troisième article de cette série, Michelle Larivey propose des façons concrètes de renverser le processus d'aliénation pour sortir graduellement de la "dépendance affective". Reconnaissant qu'il s'agit d'une démarche longue et ardue, elle propose desmoyens qu'on peut mettre en pratique tous les jours afin d'accélérer les progrès. Cette démarche graduelle s'appuie sur deux piliersfondamentaux: reconnaître ce qu'on vit réellement et développer sa capacité de porter son expé rience devant des personnesimportantes. Elle a pour but de renforcer son estime de soi et de se solidifier comme personne.

Table des matièresA. IntroductionB. Renverser le processus d'aliénationC. Parvenir à m'aimer 

1. porter attention à ce que je ressens2. consentir à ce que je ressens

3. aller au-delà de l'anxiété4. ressentir à fond

D. Des outilsE. Conclusion

Vous pouvez aussi voir:Vos questions liées à cet article et nos réponses !

Fidèle à moi-même")

Le changement se fait graduellement et comprend plusieurs étapes qui peuvent s'entre-couper par moments.La durée de chacune est plus ou moins longue; elle varie selon l'importance de l'aliénation et selonl'investissement que chacun met dans le travail sur son changement.

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Voici dont une énumération des acquisitions les plus importantes pour sortir du modèle d'interaction de la"dépendance affective". Plusieurs de ces questions ont déjà été traitées dans d'autres textes de "La lettre duPsy". Certaines ont été abordées dans les réponses aux questions qui apparaissent sur notre site. Lorsque c'estle cas, je me contenterai d'indiquer la référence.

Les phase du changement 

1. La première tâche à réaliser pour sortir de ce modèle d'interaction consiste à devenir important à mes propres yeux. C'est là un travail fondamental et d'importance capitale sur lequel j'élaborerai en détaildans la prochaine section de cet article.

2. En deuxième lieu, je devrai travailler à assumer mon besoin d'être aimé. Voir les questions-réponsessuivantes à ce sujet:

o Qu'est-ce que s'assumer?o Porter la responsabilité de ses besoins

Dans les deux premiers articles de cette série, j'ai expliqué que le modèle d'interaction de la"dépendance affective" est une tentative déficiente de conquérir son droit d'être. Pour réussir la quêtedu droit à l'existence, il faut la faire en portant ouvertement son besoin d'être une personne de valeur ou son besoin d'être aimé. Ceci a été explicité dans l'article " Transfert et droit de vivre".

3. Troisièmement, ma démarche de changement sera plus efficace si je suis sensible à la dimensiontransférentielle de mes réactions et si je cherche activement à résoudre mes transferts.

En effet, tous ceux qui cherchent activement à être aimés tout en dissimulant cet enjeu lorsqu'il est présent, vivent cela dans le cadre de relations "tranférentielles". (Voir " L'Auto-développement:

 psychothérapie dans la vie quotidienne", chapitre V: "La résolution du transfert") La conquête du droità l'existence est grandement accélérée si on apprend à se servir efficacement de nos relationstransférentielles pour évoluer.

4. Quatrièmement, ma conquête du droit à l'existence réussira si je consens à me mobiliser et à prendredes risques d'exprimer ce que je vis d'important. Ce travail d'expression permet d'assumer ses besoins;il existe des façons de s'exprimer qui sont plus efficaces pour y parvenir. Dans " L'expression quiépanouit", Gaëtane La Plante explique les qualités de l'expression qui permettent de communiquer notre expérience complètement et en contact.

Comme vous l'imaginez sûrement, tout ce travail prend du temps. Il s'agit en effet d'une transformation

 profonde et difficile qui est très exigeante au plan émotif. Il faut remplacer des comportements où il ya peu de contact réel par une façon d'être dans laquelle on se montre vraiment. Il s'agit de mettre à jour continuellement les enjeux de la relation plutôt que d'en dissimuler l'importance réelle.

Voyons maintenant plus en détail, la première tâche à laquelle doit se consacrer la personne prise dansle modèle d'interaction de la "dépendance affective". Comment peut-elle parvenir à devenir importanteà ses propres yeux? Comment parvenir à "s'aimer" suffisamment pour commencer à tenir à serespecter?

C- Parvenir à m'aimer

Ce titre me déplaît car il n'est pas juste de dire qu'on apprend à s'aimer. S'aimer veut dire qu'on a de l'estime pour soi et qu'on se veutdu bien. L'estime de soi, comme celle qu'on porte aux autres, repose sur une évaluation. Je m'estime dans la mesure où, de façon

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générale, j'agis d'une manière estimable à mes yeux. Cela veut dire être à la hauteur de mes standards.

Il est donc plus juste de dire qu'on arrive à s'aimer en gagnant sa propre estime. L'estime de soi porte à se vouloir du bien. Il en estde même pour les personnes qu'on estime: on adopte naturellement une attitude bienveillante à leur égard .

Pour apprendre à s'aimer ou pour se donner cet amour de soi, certains auteurs recommandent de se faire plaisir. Ils prétendent qu'àforce de "bien se traiter" on arrivera à s'aimer. Dîners solitaires à la chandelle, bains mousseux, bouquets de fleurs sont desrecommandations classiques (au fait, existe-t-il des suggestions pour les hommes?). Elles devraient permettre d'arriver à êtrequelqu'un d'important à ses propres yeux.

Je ne pense pas que c'est ainsi qu'on devient important pour soi. En fait, il est quasi impossible d'appliquer de tellesrecommandations quand on ne s'aime pas.

Tout comme on n'est pas porté à passer du temps avec une personne qu'on n'aime pas, on ne trouve pas particulièrement agréable de passer du temps avec soi-même si on est une personne qui ne s'aime pas. Les personnes qui se forcent ainsi à se comporter avecelles-mêmes comme si elles étaient importantes jugent généralement l'expérience artificielle. Dans ce cas, il est normal que lesrésultats escomptés ne se manifestent pas. Au contraire cette tentative ne réussit souvent qu'à mettre en relief le fait qu'on est maldans sa peau et mal avec soi-même.

Que reste-t-il alors? Comment puis-je prendre de l'importance pour moi-même et comment puis-je arriver, un jour à m'aimer?Commençons par la question d'importance.

1. Accorder de l'attention à ce que je ressens 

Il n'est pas nécessaire de m'aimer pour porter attention à ce que je ressens, il s'agit de le décider et de me discipliner à le faire. Pour le décider, toutefois, puisque je pressens que ce ne sera pas toujours la fête, il me faut de bonnes raisons. Voici les plus importantes.

Pour me découvrirEn tant que "dépendant affectif" j'ai tendance à mettre beaucoup d'énergie à me faire accepter par l'autre. Mais j'atteins rarement unniveau de satisfaction élevé à cet égard. Lorsque j'y arrive, la satisfaction est toujours très éphémère.

Porter attention à ce que je ressens me permettra de me découvrir au lieu de me fuir. Il est vrai que je sais beaucoup de choses demoi et sur mon passé, mais il s'agit maintenant de me découvrir "de l'intérieur", dans l'ici et maintenant. Savoir autre chose que ce

que je fais: savoir ce que je ressens, m'apercevoir que mon ressenti immédiat se modifie. Mais c'est aussi saisir les nuances de monexpérience émotive, identifier mes besoins, constater les liens entre mes fantaisies, mes désirs et mes besoins.

Pour m'apprivoiser à moi-mêmeMa vie a été souvent souffrante. La plupart du temps, le contact avec moi me ramène à mes manques, mes échecs et ravive cettesouffrance. C'est pour cela, entre autres, que je me fuis.

Mais c'est une erreur de me fuir, d'ignorer ou de combattre ma souffrance. Pour en sortir il faut au contraire que je l'apprivoise. Elleme donnera le courage de nouveaux gestes qui me permettront de régler les problèmes dans lesquels je m'enlise.

Mais il ne s'agit pas seulement de porter attention à ce que je ressens, il faut aussi que je consente à mon expérience intérieure. C'estune autre bataille que j'aurai à livrer contre mes propres résistances.

2. Consentir à ce que je ressens

Je peux difficilement m'autoriser à être qui je suis. Je ne m'aime pas assez pour cela. (Encore le cercle vicieux!) Il m'est souventimpossible de trouver légitimes mes sentiments et mes besoins.

Un conjoint, un ami pourrait m'aider à m'accepter davantage, dans la mesure où les sujets sur lesquels je lui demande ce soutien nesont pas en conflit avec ses propres besoins ou ses propres évitements. Il est irréaliste, en effet, d'exiger d'un conjoint qu'il accepteinconditionnellement ma colère s'il a peur de l'agressivité ou s'il la vit comme un rejet de ma part. Dans bien des couples, les deux

 partenaires se demandent mutuellement la même chose: une acceptation inconditionnelle qu'ils n'ont pas envers eux-mêmes.

Je dois préciser ici qu'il peut être extrêmement difficile de travailler à consentir à mon expérience intérieure sans le support d'une psychothérapie. Pourquoi?

Il est possible que je n'aie jamais reçu de mes parents l'attention bienveillante qui permet à l'enfant de sentir qu'il a une certaineimportance comme personne. Il est possible même que j'aie vécu l'inverse: me sentir constamment de trop, avoir l'impression de

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n'être pas aimable, être ignoré ou même détesté.

J'ai maintenant tendance à me faire ce que mon entourage avait l'habitude de faire avec moi: dévaloriser ce que je vis, banaliser monexpérience, rejeter mes émotions. Je me blâme de ce que je vis, je me gronde de mes réactions, je considère ce que je vis commeimpertinent et encombrant. Je continue de vivre une impuissance à être comme celle de " l'homme sans voix".

Avec un départ aussi négatif du point de vue de notre importance comme personne, il est presqu'impossible de consentir à prendreréellement en considération ce que l'on vit. Pour amorcer un changement d'attitude il peut être nécessaire de faire appel à une

 personne qui nous laissera l'espace psychique pour le faire. C'est une des fonctions les plus importantes d'un psychothérapeute.

À défaut d'un parent qui m'aurait offert un minimum d'acceptation, il me faut donc une personne équivalente (figure transférentielle) pour compléter ma recherche du droit à l'existence. C'est d'ailleurs ce que je recherche constamment chez mes amoureux et chez lesautres personnes dont je désire l'affection: être acceptée pour ce que je suis.

Il faut savoir que, dans la vraie vie, il est IMPOSSIBLE pour un adulte d'obtenir l'acceptation inconditionnelle. Toutes les personnesde qui on cherche à l'obtenir ont leurs propres besoins par rapport à nous. Qu'il s'agisse de notre conjoint, de nos enfants, d'amis, du

 patron... tous ont leurs propres enjeux avec nous. Ils sont même souvent eux aussi en "transfert" avec nous. En fait, il n'y a probablement que le chien, ce fidèle ami de l'homme, qui puisse nous offrir quelque chose qui ressemble à cet amour inconditionnel.Mais c'est insuffisant! (Voir  Acceptation inconditionnelle et respect )

Le psychothérapeute qui estime nécessaire la conquête de mon droit à l'existence aura une attitude propice pour m'aider à merecevoir moi-même. La véracité de cette attitude, sa constance et la consistance du psychothérapeute d'un entretien à l'autre, me

convaincront petit à petit, mais profondément, de l'importance de ce que je vis. Graduellement, je deviendrai de plus en plusintéressé à porter attention à mon expérience intérieure.

3. Aller au-delà de l'anxiété 

Je suis souvent assailli par l'anxiété. Je cherche à m'en débarrasser parce que c'est désagréable et ça me semble inutile. Or, l'anxiétéest l'expérience typique que l'on vit quand on fuit le contact avec soi. (Voir " Anxiété et angoisse; les Vigiles de l'équilibre mental")

Plus je deviendrai capable de m'arrêter à ce que je vis et d'y consentir, plus je serai à même de m'occuper de mes préoccupationsimportantes. Petit à petit, l'anxiété disparaîtra de mon existence pour faire place à des préoccupations plus claires et plus utilisables.

4. Ressentir à fond 

Enfin, pour aller au bout du chemin qui permet d'apprendre à accorder de l'importance à ce que je vis, il ne suffit pas de constater etde reconnaître mon expérience intérieure; il faut aussi ressentir complètement mes émotions. Effleurer l'émotion et la mettre de côté

 pour passer à autre chose ou pour passer à l'action ne donne pas de bons résultats. Car cela ne permet pas à l'émotion de m'instruirede ce qui se passe vraiment. Il est alors difficile d'avoir un accès clair à mes besoins.

Pour être vraiment en contact avec soi, il ne suffit pas d'avoir accès à ses émotions. Il faut en plus s'immerger dans l'émotion ainsiémergée. Le processus émotionnel dont il est question ici est décrit dans " La vie d'une émotion".

Illustrons ce point à l'aide des deux exemples suivants.

Scénario #1: éviter le sentiment en passant à l'action 

Je me sens mal devant l'attitude de mon ami. Je ne m'arrête pas longtemps à ce malaise, juste le temps de me rendre compteque son attitude distante m'inquiète. Aussitôt que je me rends compte de cela, je m'approche pour l'embrasser en prenant unair enjoué qui masque mon tremblement intérieur. Au lieu de demeurer avec mon inquiétude, j'agis de façon à la fairedisparaître artificiellement.

Scénario #2: s'immerger dans le sentiment 

Je me sens mal. Je reste en contact avec mon malaise qui se transforme immédiatement en inquiétude. Je demeure présenteà l'inquiétude, même si c'est un sentiment inconfortable. Il devient clair qu'elle a surgi en apercevant le visage de mon ami.Il ma semblé qu'il n'était pas content de me voir (alors que je l'attendais avec impatience). Je sais qu'il est possible que jeme trompe comme il est possible que je voie juste, mais que l'idée qu'il ne soit pas heureux de me retrouver me chagrine.J'interprète la distance que j'observe chez lui comme un manque d'amour. Maintenant que je sais ce qui se passe réellement

 pour moi, j'ai plusieurs possibilités pour en tenir compte.Il est très difficile pour plusieurs d'entre nous de s'abandonner à l'émotion comme dans le deuxième exemple. On ne sait pas oùl'émotion nous mènera, qu'elle intensité elle prendra, ce qu'elle nous fera découvrir de nous-mêmes, de la situation. En évitant de

 prendre ces risques cependant, nous nous privons d'un contact essentiel pour agir en respectant notre expérience.

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L'apprentissage de l'immersion est difficile à faire sans guide extérieur. Aussi étrange que cela puisse paraître, plusieurs d'entre nousne savent pas "comment" ressentir leurs émotions!

D. Des outils

Il existe des outils qui peuvent aider à effectuer plusieurs changements décrits plus haut. Je présente ici ceux que je connais pour y

avoir contribué ou les avoir utilisés. Plusieurs sont disponibles gratuitement dans la section du site redpsy.com qui s'intitule "Lecoffre d'outils".

Le journal de bord 

Lorsque le journal sert de lieu pour se laisser aller à écrire ce qui se passe en soi, il constitue un excellent moyen de faire de la placeà son expérience. Il permet aussi de démêler nos diverses expériences inté rieures et d'y voir rapidement plus clair. C'est un outil à la

 porté de tous (pourvu qu'on ne déteste pas écrire). On peut traîner son journal avec soi pour être en mesure de s'en servir toutes lessituations. Bref, il s'agit d'un moyen quasi incontournable pour celui qu veut prendre en main son développement.

Ressentir ses sensations 

Pour bien des gens il est moins apeurant d'être présent aux sensations qu'aux émotions. Tout comme notre expérience émotionnelle,les sensations changent continuellement. Il y en a des fortes et des subtiles, des plaisantes et des déplaisantes. Il faut le même genred'attention à soi pour les identifier et les ressentir. Se pratiquer à être sensible à ses sensations est un excellent moyen de sefamiliariser avec l'écoute de ses émotions, car l'habileté requise est presqu'identique.

On peut aussi utiliser ce genre d'exercice pour travailler à l 'acceptation de nos émotions. On commence par s'entraîner à accepter nos sensations, quelles qu'elles soient. Il s'agit d'un exercice la plupart du temps agréable parce qu'il nous permet d'établir un contactavec nous-même. De plus, il procure souvent de la détente.

Respirer pour ressentir  

Respirer en profondeur est bénéfique. Il faut prendre la peine d'en faire l'expérience pour s'en rendre compte. Entre autres, larespiration en profondeur nous aide à dissiper l'anxiété pour faire place à la préoccupation qui cherche à apparaître. La sensationd'être "stressé" peut aussi faire place à un peu plus de calme et permettre de se centrer, c'est-à-dire de "mettre au foyer" ce qui est le

 plus important dans notre expérience du moment.

La respiration en profondeur aide aussi à se détendre en permettant d'identifier à quel propos on se contracte. Ainsi, on peut dissiper un mal de tête de tension et toutes sortes de tensions physiques par la simple respiration.

Il est impossible d'être en contact avec une expérience émotive précise sans une respiration adéquate. Lorsque notre respiration estcourte on vit surtout de l'anxiété, de la confusion, du malaise, du bien-être flou... Il est impossible d'identifier le mouvement de notreexpérience intérieure et les nuances dans ce qu'on ressent lorsqu'on respire mal. Ce qui veut dire que mal respirer nous empêched'avoir de la prise sur notre vie!

En plus d'être nécessaire à la vie elle-même, la respiration a de multiples fonctions dans notre contact avec nous-même. Il s'agit d'unautre "outil" incontournable.

Immersion 

S'exercer à la contemplation est un bon exercice pour se familiariser avec l'attitude réceptive- passive qu'il est nécessaire d'adopter  pour s'immerger dans nos sentiments. Cet exercice fait vivre des difficultés semblables à celles qu'on rencontre lorsqu'on veuts'abandonner à ses émotions. Mais il est plus facile de dépasser ces obstacles car les sensations font habituellement moins peur queles émotions.

Le programme "Savoir Ressentir" 

Ce programme d'une durée d'un mois environ est entièrement auto-administrable. Il se fait seul, à la maison, au rythme qui nousconvient. Il se présente sous forme de fascicules et de cassettes audio.

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 Nous l'avons conçu pour développer les attitudes et les habiletés à être présent à son expérience intérieure. On y enseigne desmoyens de le faire en s'apprivoisant graduellement à son expérience. Ces moyens sont concrets et peuvent s'utiliser dans toutes lessituations de la vie quotidienne.

Ce programme est un instrument très puissant pour parvenir à se donner le droit de vivre ses émotions. Il m'arrive même de lerecommander à des personnes qui sont en psychothérapie pour les aider à accélérer leur démarche.

E. Conclusion

Comme ce qui précède le laisse entendre, le défi du "dépendant affectif" est considérable. La lecture de tous les textes cités ici peutaider à se comprendre et à identifier des changements à faire. Mais je ne pense pas qu'elle suffise à guider le travail de changement

 personnel que doit réussir le dépendant affectif. La nature des changements à réaliser et les nombreuses résistances qui y sontassociées font qu'il est pratiquement impossible d'y arriver sans l'aide d'un guide extérieur.

Il faut évidemment du temps pour s'en sortir. Mais ce qu'il faut aussi, comme dans tout travail de changement de soi, c'est del'assiduité. On pourrait comparer cette tâche à la physiothérapie ou kinésothérapie. La réhabilitation d'un membre accidenténécessite de multiples exercices ex écutés sur une base régulière. Ceux-ci sont parfois souffrants, d'autre fois fastidieux, mais ils

sont indispensables pour se remettre sur pied.

Il en est de même des changements psychiques. Il faut faire les exercices appropriés avec assiduité et persistance. Le psychothérapeute est un guide et un support qui fait souvent la différence entre les efforts stériles et ceux qui sont couronnés desuccès.

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lorsqu'une personne est "dépendante affective". Comment elle se dissimule aux autres et à elles-même?Comment le fait de se renier ainsi est aliénant? Découvrez une impasse majeure de la "dépendanceaffective

Résumé de l'article

Cet article fait suite à "Dépendance affective et besoins humains" où Michelle Larivey explique que ce n'est pas la dépendance elle-même qui maintient les personnes dites "dépendantes affectives" dans des relationsstériles. C'est plutôt par un évitement fondamental qu'elles adoptent des comportements dysfonctionnels.

On peut comprendre comment les personnes dites "dépendantes affectives" arrivent à se dissimuler aux autresainsi qu'à elles-mêmes. On peut voir comment le fait de se renier ainsi est aliénant, comment ces personnessont de moins en moins "quelqu'un" et se fient de plus en plus à l'autre pour le devenir. Car c'est là uneimpasse majeure de la "dépendance affective."

Table des matières A. Introduction

B. L'aliénation à force de se renier C. Deux exemplesD. L'aliénation au quotidienE. Ignorance, transfert et résistanceF. La solution: renverser le processus d'aliénationG. Comment vous servir de ce texte

Vous pouvez aussi voir:Vos questions liées à cet article et nos réponses !

Je tenterai dans ce texte de faire comprendre comment les personnes dites "dépendantes affectives" arrivent àse dissimuler aux autres ainsi qu'à elles-mêmes. J'essaierai de faire comprendre comment le fait de se renier ainsi est aliénant, comment ces personnes sont de moins en moins "quelqu'un" et se fient de plus en plus àl'autre pour le devenir. Car c'est là une impasse majeure de la "dépendance affective."

La personne "dépendante affective" est à la recherche de son droit à l'existence. (Voir "Dépendance affectiveet besoins humains" et "Transfert et droit de vivre" ) Mais elle effectue cette recherche d'une manièredéficiente. Comme toute personne à la conquête de son droit d'être, elle souhaite être aimée, acceptée telle

qu'elle est. Elle désire qu'on prenne soin d'elle et même parfois qu'on la prenne en charge, preuve ultime deson importance. (Si elle cherche aussi à être désirée, ce n'est pas par besoin d'être confirmée comme êtresexué, mais encore comme preuve qu'elle est aimable et valable.)

Encore une fois, ce ne sont pas ses besoins qui constituent un problème mais bien le fait de dissimuler lesenjeux fondamentaux de la relation. Son droit d'exister étant précaire, elle se retrouve souvent et facilementdans une relation transférentielle, occupée essentiellement à cette recherche. Comment nourrir ce besoinimpérieux d'être aimée et confirmée tout en le cachant à son interlocuteur? C'est le drame vécu par la personnedite "dépendante affective". Elle choisit malheureusement une solution qui devient vite un mode de vie:l'aliénation de soi.

Être aliéné c'est n'être plus tout-à-fait soi-même. On devient graduellement aliéné à force de s'abstenir d'êtresoi, à force de renier sa réalité vécue. On peut en venir à avoir l'impression que le "vrai soi" n'est pas présentdans sa relation avec les autres.

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Il y a différentes manières de se renier. Ignorer ce que je vis (ma colère, par exemple) en est une. Agir àl'inverse de ce que je ressens en est une autre (je suis triste mais je souris). Banaliser ce que je ressens ou

 perçois en est une autre ("ce n'est pas grave, d'autres vivent des choses pires que ça"). Renoncer à mon propre jugement, faire davantage confiance au jugement de l'autre qu'au mien, refuser de regarder ma réalité enface... Les textes de Jean Garneau "Fidèle à moi-même" et "À quoi servent les émotions" sont très instructifssur ce sujet.

Il peut paraître étrange de parler d'aliénation de soi chez une personne qui recherche avidement l'amour,comme c'est le cas du "dépendant affectif". N'est-il pas paradoxal de dire que cette personne se renie?

L'affirmation prend, au contraire, beaucoup de sens si on considère que cet individu, dans ses tentativesd'obtenir l'amour, tient très peu compte de ce qu'il vit, ignore une partie de ce qu'il perçoit, agit à l'encontre dece qu'il ressent, sacrifie des choses qui sont importantes pour lui,. On peut dire que le "dépendant affectif"s'efforce de "ne pas exister" pour donner la place à ceux dont il veut être aimé. L'aliénation peut mêmedevenir une caractéristique de son mode de vie.

Voyons à travers deux exemples, comment se manifeste cette aliénation de soi.C. Deux exemples

1. Les malheurs de Julie 

Julie ne comprend pas pourquoi elle se lie régulièrement à des hommes qui ne l'aiment pas vraiment, qui ne sont là que pour le sexeet que pour l'exploiter. La relation commence toujours de la même façon: l'homme est fou d'elle et impressionné par elle. Elle estalors transportée de joie et pense qu'elle a enfin trouvé "l'homme de sa vie".

Julie occupe un poste en vue. Elle est très à l'aise financièrement et possède ses entrées dans les groupes à la mode. Malgré sa popularité et son succès professionnel, elle n'est pas très sûre d'elle. Intellectuellement elle se sait intéressante, mais elle n'a pas cetteconviction "dans ses tripes". Elle est très sensible au rejet et chaque rupture (elles sont nombreuses) l'atteint au plus profond d'elle-même: "il n'y a rien à faire, je ne suis pas aimable, personne ne voudra jamais de moi."

Avec ses amants elle est généreuse; elle leur ouvre les portes dans la société et les comble de cadeaux. Elle demande peu pour elle,sinon qu'ils l'aiment. De ses attentes, elle ne parle jamais car elle considère que "faire voir son besoin d'amour, c'est quêter". Alors,elle profite des relations sexuelles pour puiser des miettes de tendresse, obtenir des caresses qu'elle s'efforce de décoder commeaffectueuses. Elle rêve d'être parfois bercée par ses amants, se sent, au fond comme une enfant (l'image tranche tellement à ses yeuxavec celle de la femme qui réussit professionnellement!). Elle est convaincue que les hommes qui auront accès à ses fantaisies etdémasqueront "ce besoin d'enfant" la quitteront sur le champ.

Elle oublie qu'ils la quittent de toutes façons! Un jour, quand elle se décide à devenir un peu plus exigeante quant à la place qu'elle prend dans la relation, quand elle ose être davantage elle-même, ils la quittent. Sans tambour, ni trompette, ils s'effacentdoucement... elle n'a jamais d'explication et ne comprend pas bien pourquoi tout est soudain fini.

2. La prison de Bruno 

Bruno a choisi il y a longtemps d'être un "gentil garçon". Adulte, il perpétue cette stratégie pour atteindre le même objectif: êtreaimé. Docile et accommodant il ne se fâche jamais. Tout semble aller bien dans sa vie: en famille comme au travail. En apparence,une seule chose fait défaut: il est aux prises avec une phobie envahissante qui prend de plus en plus de place avec les années. Toutendroit le moindrement fermé déclenche chez lui une grande angoisse. Il se sent "enfermé", "prisonnier". Il craint d'être en proie à la

 panique et de tout casser pour se sauver.

Bruno est sensible. Il montre peu cet aspect de lui, sauf à travers les services qu'il est toujours prêt à rendre et dans sa relation avecRembrandt, son vieux Berger allemand. Les remarques de son père, durant sa jeunesse, lui ont fait croire que seuls les faiblesmontrent leurs sentiments. Aujourd'hui il se conduit en "homme affectivement indépendant". Seulement il n'arrive pas à être tout àfait indépendant: en tant que "phobique", il doit compter sur ses proches pour lui éviter les situations susceptibles de déclencher unecrise de panique. Affectivement il se présente comme un homme "au-dessus de ses affaires" mais dans les faits, il vit comme unhandicapé.

D. L'aliénation au quotidien

Julie et Bruno ont toute l'information nécessaire pour comprendre leur malheur et pour en sortir. Seulement, ils ne font passuffisamment confiance à leur expérience pour s'y arrêter et en tenir compte. Chaque jour, ils ont des sentiments, des perceptions,

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des impulsions, des réactions. Ils font même, la nuit, des rêves qui pourraient les éclairer sur ce qu'ils vivent (s'ils voulaient prendrela peine de les considérer).

Les constats que Julie ignore systématiquement .

1. Son amant (comme les précédents) est avare d'affection et de gestes de tendresse.

(Julie considère cette information comme secondaire puisqu'il se montre passionné.)

2. Il a parfois des réactions qui la mettent mal à l'aise et la laisse perplexe. Malgré qu'il se dise admiratif, elle perçoit parfoisdes réactions méprisantes. Des remarques, sur ses seins, par exemple, inutiles et dégradantes. L'impression, à certainsmoments, d'être exploitée ou qu'il profite de sa situation.

(Julie ne veut pas s'arrêter à cette information. Elle craint de lui en vouloir et de s'éloigner de lui.)3. Elle est convaincue de ne pas recevoir autant qu'elle donne.

(Quand elle pense à cela, Julie repousse un sentiment rageur. Mais elle se console en se disant que lorsqu'il l'aimeradavantage, il changera. Elle trouve toutes sortes de raisons pour justifier l'égocentrisme de son amant: il passe un momentdifficile, il n'a pas été gâté dans la vie, il a eu une enfance malheureuse...

Julie a une autre série d'explications pour justifier le déséquilibre dans la relation: elle se considère comme trop exigeante.

Elle a trop besoin d'amour, personne ne peut lui donner ce qu'elle souhaite, c'est à elle de changer ses attentes.)4. Ses rapprochements sont souvent refusés sous prétexte qu'ils sont désagréables. Il la dit "collante", lui reproche de

s'agripper...

(Elle n'accorde pas d'importance à cette information, même si elle est bouleversée de l'entendre. Elle retrouve alors uncertain calme en se répétant qu'il est normal que son amant n'apprécie pas ses gestes d'affection, car il n'est pas affectueuxde nature.

5. Elle sait qu'elle lui "arrache" des faux "je t'aime".

(Elle ne tient pas compte de cette information, ni de celle que pourrait lui donner le sentiment amer qu'elle éprouve à cesmoments-là. Elle se dit qu'un faux vaut mieux que rien du tout.)

6. Concernant sa propre personne, elle n'est pas non plus tout à fait inconsciente. Elle sait qu'elle emploie toujours la mêmetactique de séduction parce que c'est dans les rapports sexuels qu'elle a le plus confiance en elle. Sur ce terrain, elle se saitcapable d'être satisfaisante. Lorsqu'elle séduit un homme, elle s'affiche comme une femme "au-dessus de ses affaires" oumême comme une "vamp". Elle camoufle complètement son besoin d'affection; ce n'est que lorsque la relation est un peumieux établie qu'elle ose montrer cet aspect d'elle.

Les dénis de Bruno 

1. Son épouse est froide et souvent dure avec lui, à peu près de la même façon que son père l'a été et l'est encore.

(Il ne veut pas s'arrêter à ce fait, ni à la peine et la déception qu'il déclenche. De plus, il déteste le sentiment d'échec quiémerge à ces moments-là.)

2. Son épouse est capricieuse et égocentrique. Les choses doivent se passer à sa façon et elle a l'habitude d'ignorer les préférences de Bruno.

(Il ferme toujours les yeux sur son irritation à ce sujet. Il considère que s'il réagit, la discussion n'aura pas de fin et il sortirasûrement perdant.)

3. Il a souvent l'impression de ne pas compter, sinon pour payer les factures.

(Il repousse systématiquement cette impression qui, chaque fois, le met en rage. Il ne peut s'empêcher de penser que safemme ne l'aime pas. Chaque fois, il repousse cette idée en se disant qu'il se trompe sûrement. Alors, il pense aux premierstemps de leur relation et se dit que cela reviendra dès qu'elle vivra moins de stress.

De toutes façons, il ne peut pas envisager de vivre sans elle car il se trouve trop handicapé avec sa phobie. En fin decompte, il se dit qu'il est peut-être lourd pour elle. Ce n'est pas facile d'aimer un homme dont les activités doivent être aussi

restreintes.

Ce que Bruno oublie, c'est que sa phobie est justement le symptôme qui découle du fait qu'il se renie systématiquement.C'est après des moments où il s'est renié que le symptôme est le plus vif. Typiquement, après une altercation où il a baisséla tête, il est incapable d'aller dans un lieu public.)

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4. À chaque concession pour éviter de "faire des vagues", il éprouve d'abord de la colère qu'il tente de masque dansl'impassibilité. Peu de temps après, il se sent déprimé.

(Le médecin lui a donné des cachets contre cela. C'est la solution dont il se sert pour se neutraliser dans ces moments-là..)5. Chaque fois qu'il s'abstient de se respecter, il n'est pas fier de lui.

(Lorsque cela se produit il s'efforce de penser à autre chose, ce sentiment est vraiment trop pénible.)6. Il se rend compte que le fait d'être toujours très gentil ne lui gagne pas l'estime tant souhaitée de son père.

(Il essaie donc de renoncer à l'obtenir de son père, mais constate qu'il n'y arrive pas.)

Julie et Bruno n'ont pas besoin de fouiller profondément leur expérience pour faire les constats rapportés plus haut. Ils ontcontinuellement accès à ce vécu qui n'est aucunement "inconscient".

Ils se comportent toutefois comme s'ils voulaient nier la réalité qu'ils vivent. Ils attendent qu'une autre réalité s'y substitue à forced'efforts et de don de soi. Ils espèrent une réalité qui leur épargnerait la nécessité d'être complètement eux-mêmes, c'est-à-dired'avoir à se respecter. ("Si l'autre devinait, si l'autre me donnait ce dont j'ai tant besoin! Si l'autre était différent, si l'autre pouvaitchanger!")

Ayant toutes les informations à leur disposition pour expliquer à la fois leur insatisfaction chronique et leurs impasses, on peut sedemander pourquoi Bruno et Julie ne sortent pas de cette dépendance affective qui les annihile. On peut se demander pourquoi ils

attendront d'être "au bout de leur corde" pour se séparer et recommencer un scénario semblable avec un autre partenaire.E. Ignorance, transfert et résistance

La solution qui permet de sortir de ce scénario absurde est difficile à adopter car le "dépendant affectif" doit faire exactementl'inverse de ce dont il a l'habitude. Il lui faut faire de la place à son expérience et la respecter. Ce n'est évidemment pas sa façon"normale" d'agir et il ignore que c'est par ce chemin qu'il construira sa solidité.

Mais même s'il sait que c'est de cette manière qu'il s'en sortira, il a tendance à y résister car c'est pour lui un chemin très difficile.Amorcer un virage dans cette direction lui demande donc un grand courage et un encadrement thérapeutique est loin d'être un luxe

 pour lui. C'est souvent la conviction du thérapeute quant au chemin à prendre qui lui permettra de trouver le courage de s'engager dans la nouvelle voie. La psychothérapie est d'autant utile que le "dépendant affectif" tentera de reproduire un scénario semblableavec le psychothérapeute.

On pourrait chercher à expliquer les impasses des "dépendants affectifs" par le fait qu'ils choisissent des partenaires incapables derépondre à leurs besoins. Pourquoi Julie choisit-elle toujours des hommes qui sont si peu affectueux? Pourquoi Bruno a-t-il épouséeune femme froide qui se montre dure avec lui?

Si on comprend la logique du phénomène du transfert, on comprend que chaque personne choisit le partenaire qui lui permet detravailler sur les cibles les plus importantes pour sa croissance psychique. Julie choisit des hommes avec lesquels il est difficile defaire place à ses besoins d'affection. Elle les choisit justement pour cela (sans le savoir clairement). Aussi, son travail consiste-t-il àoser assumer devant eux cet aspect d'elle- même. Elle n'est d'ailleurs pas attirée par les hommes doux et aimants. Elle les trouveennuyeux et insipides.

Il en est de même pour Bruno qui n'ose pas s'abandonner à son besoin de tendresse. Il choisit une épouse avec laquelle le défid'assumer cet aspect est aussi difficile qu'il l'est avec son père. Ce dernier et son épouse sont donc deux personnes fort appropriéesavec lesquelles conquérir son droit à l'existence.F. La solution: renverser le processus d'aliénation

On peut donc imaginer que pour sortir de la "dépendance affective" Julie et Bruno devront renverser le processus d'aliénation. Voiciun aperçu du cheminement qui permet de le faire. Je commence par Bruno parce que son symptôme plus précis rend les explications

 plus simples.

Dès qu'il choisira de s'arrêter sur sa phobie plutôt que de la combattre, Bruno aura accès à plusieurs indices de son insatisfaction.Rapidement il deviendra convaincu que ses phobies sont un symptôme. Il verra comment ce dernier tente de l'informer qu'unedimension importante de sa vie ne lui convient pas. (Voir: "La phobie démystifiée" ). La recrudescence de sa phobie, à certainsmoments, sera pour lui le signe qu'il suffoque dans cette vie de gentil-jeune-homme-prêt-à-tout-endurer-pour-être-aimé.)

Dès qu'il accueille son angoisse plutôt que de la chasser, Bruno a accès à un sentiment qui traduit toujours la même impression: "iln'y a pas de place pour moi dans ma vie!" Il est clair aussi pour lui qu'il doit se nier pour être constamment gentil. Il ne compte plusles fois où il aurait pu sortir de sa gentillesse pour se manifester clairement. Combien de fois il aurait dit à sa femme qu'elle le blesseen le dévalorisant. Combien de fois il aurait refusé de lui faire plaisir juste après qu'elle l'ait attaqué? Combien de fois a-t-il eu

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l'impulsion de révéler à son père sa peine immense devant son indifférence?

Il se rend compte aussi que tout ce renoncement à être lui-même ne lui procure pas l'estime qu'il cherche à obtenir de son père. Ils'aperçoit que ses tactiques pour être aimé ne lui procurent pas l'amour recherché. Comble d'absurdité, il voit bien qu'il se traite lui-même comme indigne d'estime en se comportant ainsi.

Julie devra faire un travail semblable. Elle devra s'arrêter à son expérience pour s'informer correctement de ce qu'elle vit. Elle etBruno devront traiter leur expérience autrement qu'il ne le font jusqu'à maintenant s'ils veulent sortir de la "dépendance affective".

C'est dans un autre texte que nous verrons d'une manière concrète comment se déroule cette démarche, celle qui fera de nos deux protagonistes, des êtres plus solides, qui se portent davantage et gagnent graduellement l'estime d'eux-mêmes.

En attendant, je vous propose une réflexion qui vous permettra de continuer de cheminer sur cette question.G. Comment vous servir de ce texte

Les changements que je propose pour sortir de l'aliénation propre à la "dépendance affective" ne sont pas faciles à réaliser.D'ailleurs, il n'y a pas que ceux qui se considèrent "dépendants affectifs" qui ont des difficultés sur ces points. C'est difficile etexigeant pour chacun d'entre nous.

Que vous pensiez être "dépendant affectif" ou non, vous pourrez voir plus clair sur la qualité de vos relations en pratiquant ce que je propose ci-dessous. Il suffit de vous questionner sur les aspects de votre expérience que vous repoussez.

Qu'est-ce que j'ignore, repousse, neutralise, banalise avec les personnes à qui j'accorde le plus d'importance (mon conjoint,mon patron, mon enfant, mon meilleur ami, mes parents).  

Il y a matière à discussion! Je donne rendez-vous aux abonnés de la liste de discussion LETPSY pour échanger la-dessus.

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Conquérir sa liberté

Par  Michelle Larivey , psychologue

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Vos questions et nos réponses

Vous avez une question qui demeure sans réponse ?

Réponse

Il ne s'agit pas surtout d'éviter les conflits comme de savoir composer avec eux. Par définition, le faitd'exprimer des opinions différentes, d'avoir nos propres réactions, de manifester nos besoins particulierscomme de vivre ouvertement selon nos propres valeurs, tout ça peut facilement provoquer des heurts.

Cependant, le terme conflit ne réfère pas à la même réalité pour tout le monde. Pour certains il y a conflit dèsque l'autre manifeste du mécontentement. Pour d'autres un échange musclé est synonyme de mésentente.Enfin, d'autres parlent de conflit lorsqu'il y a une lutte pour détruire ou pour empêcher quelque chose.

Lorsque je choisis d'affirmer un point de vue différent, je dois m'attendre à déranger. Est-ce que je ferai

seulement lever quelques sourcils ou si je lancerai un débat animé? Est-ce que je vais me faire des ennemis?Cela dépend souvent de la manière dont j'introduis mon idée.

Si mon but n'est pas de heurter, mais plutôt de faire valoir une idée, il faut que je m'exprime de manière àatteindre cet objectif. Pour y parvenir, je dois tenir compte de mon interlocuteur, du contexte dans lequel noussommes et souvent même du "momentum" comme disent les journalistes sportifs. En effet, il ne sert à rien de

 provoquer des résistances à mes propos ou de me mettre à dos les gens que je désire influencer.

Comment faire?

Parfois il est bon de me souvenir que tout le monde déteste se faire traiter d'imbécile. Je peux me rappeler également que beaucoup n'aiment pas se faire dire qu'ils sont dans l'erreur et que presque tous sont indisposés

 par l'arrogance. Ces rappels peuvent m'aider à aborder mes interlocuteurs avec une attitude qui ne suscite pasautomatiquement leur résistance ou des réactions hors sujet.

Si nous sommes sensibles au ton de nos interlocuteurs, nous pouvons souvent détecter leurs réactions profondes. Très souvent, ces réactions portent sur notre attitude plus que sur nos idées. On peut souventdéceler, sous un "je ne suis pas d'accord" un peu sec, un message plus fondamental comme "tu t'imagines

 peut-être détenir le monopole de la vérité!" Une objection apparemment anodine comme "je ne suis pas sûreque ce soit une bonne idée" cache parfois une réaction bien plus intense comme celle-ci: "je n'ai aucune envie

de t'écouter car tu ne tiens aucunement compte de mon point de vue".Pour obtenir une ouverture de la part de l'autre il me faut moi-même faire preuve d'ouverture. Essentiellement,il s'agit

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1. de comprendre son point de vue (même s'il ne me plaît pas)2. et de reconnaître ce qu'il contient de bon à mes yeux. (Si je n'y trouve rien de bon, je puis au moins

reconnaître ce qu'il présente de bon pour celui qui le défend.)

C'est ensuite seulement que je pourrai présenter mes idées comme un autre point de vue ou comme une bonification du leur.

Question: l'amour de soi

Je crois que la solution à tous nos problèmes est l'amour de soi. Combien de fois j'entends dire qu'il faut s'aimer soi-même, que c'estainsi qu'on est heureux et que l'on peut aimer vraiment les autres. Mais personne n'explique ce que c'est au juste que de s'aimer soi-même et comment on y arrive. S'il-vous-plaît, donnez-moi un truc pour m'aimer d'une façon inconditionnelle car c'est le but de mavie.

Réponse

Il n'y a pas de "truc" pour s'aimer soi-même comme il n'y a pas de truc pour aimer quelqu'un. On aime une personne parce qu'ellenous apporte quelque chose de bon et parce qu'on trouve chez elle des qualités qui ont de la valeur à nos yeux. Ce sont là lesingrédients essentiels qui déclenchent notre affection pour une personne.

Mais je ne pense pas qu'on puisse éprouver pour soi-même un amour identique à celui qu'on connaît pour les autres car on neressent pas d'affection pour soi-même. On peut par contre, avoir de l'importance à ses propres yeux, désirer se faire du bien, serespecter assez pour faire de la place à ce qui est important pour soi... Tout cela ne traduit toutefois pas de l'amour mais une attitudede bienveillance et de la considération à l'égard de soi.

Pour ces raisons, même si je pense qu'il est impossible de recevoir l'amour d'un autre à moins d'avoir une certaine valeur à ses propres yeux, je ne conseillerai jamais à quelqu'un de s'aimer lui- même. Je lui recommanderai, par contre, d'augmenter sa valeur àses propres yeux.

Comment rehausser sa valeur? Essentiellement en s'investissant pour réaliser des choses qui nous tiennent à coeur. Nous avons tousdes choses qui nous importent: des besoins, des relations, des projets, des causes... Or, pour réussir ce qui nous importe, il faut fairedes efforts et souvent prendre des risques. C'est par ce chemin que nous parvenons à gagner de la valeur à nos propres yeux.

On laisse souvent croire qu'il faut d'abord s'aimer pour disposer de l'énergie nécessaire pour répondre à nos besoins, mais c'estexactement à l'inverse qu'il faut procéder. Comme on peut toujours identifier un besoin ou quelque chose qui a une certaineimportance à nos yeux, il est possible de travailler assidûment à cet objectif. Ce faisant, notre sentiment de valeur ne va bien sûr passe développer d'une manière spectaculaire mais il grandira petit à petit, au même rythme que nos réalisations. (C'est comme dans lanature: rien ne se développe d'une manière éblouissante, si ce n'est une fleur éphémère.)

Il est intéressant aussi de savoir que le sentiment de valeur n'est pas lié directement à nos réussites. Il provient plutôt de l'effort qu'onfait pour respecter ce qui nous tient à coeur et de la qualité de notre investissement. Ainsi, si la chose la plus importante à mes yeuxest de m'affirmer tel que je suis, c'est le fait de m'exercer réellement à le faire qui alimentera ma valeur à mes yeux, même si audébut je ne réussis qu'une fois sur cinq.

L'article de Jean Garneau, "Fidèle à moi-même", illustre bien mon propos en plus de servir de guide à qui veut augmenter sa valeur et son estime de lui.

Cela veut aussi dire "exprimer son besoin" quand il est important que l'autre le connaisse. Mais cela nesignifie pas qu'on considère que le seul fait de dire son besoin oblige l'autre à y répondre. Il suffit parfoisd'exprimer son besoin pour que l'autre en tienne compte, mais ça n'a pas à être ainsi. C'est possible à laconditioin que l'autre soit disponible à y répondre ou qu'il consente à faire ce qu'il faut pour y répondre.

Mais l'autre n'est pas toujours disponible; il a sa propre vie et ses propres besoins. Il peut volontiersm'apporter un verre d'eau si ça lui fait plaisir de me faire cette douceur. Mais s'il le fait parce qu'il n'est pascapable de me refuser mes petits caprices, c'est malsain pour lui et pour moi. Tôt ou tard nous paierons tousles deux pour cet esclavage semi-volontaire.

Il peut faire des choses qui demandent beaucoup plus d'investissement de sa part: mes rapports d'impôt, mes

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repas... S'il le fait avec plaisir, par affection pour moi, il n'y a pas de problème. S'il le fait parce qu'il considèreque c'est un échange équitable compte tenu de ce que je fais de mon côté pour lui, tout va bien... il n'y a pas de

 pépins à l'horizon de la relation à ce sujet.

Si, par contre, je compte sur les efforts de l'autre pour éviter de m'assumer, je m'engage dans un processusmalsain à la fois pour moi et pour lui. Par exemple, si j'ai l'habitude de dire à mon amoureux que "j'ai le goûtde faire l'amour" et que c'est une manière de lui remettre l'initiative dans les mains, cela équivaut à luiremettre la responsabilité de la satisfaction de mon besoin. J'agis probablement ainsi par peur de montrer mondésir et d'être refusée, ou parce que je suis intimidée à l'idée de le séduire pour éveiller son désir. Lui faire partde mon goût m'évite alors d'assumer mon désir. C'est un mauvais choix du point de vue de mon évolutionsexuelle. Quant à mon partenaire, il souffrira éventuellement de mon évitement s'il n'en souffre pas déjà.

Prendre mon besoin en charge signifie donc de poser toutes les actions "compromettantes" nécessaires à sasatisfaction. Même s'il est plus rassurant de laisser à l'autre le soin de prendre les initiatives plus audacieusesou gênantes, c'est à moi de porter mon besoin en posant ces gestes. En assumant moi-même ces pascompromettants, je crée les conditions qui me permettront de profiter vraiment des résultats.

Prendre mon besoin en charge signifie aussi de "faire moi-même les efforts pour le satisfaire" plutôt quede compter sur les autres pour les faire. Par exemple, je mets les autres au service de mes besoins si, tout enayant la santé pour gagner ma vie, je choisis de me laisser entretenir pas l'assistance sociale sous prétexte queles prestations sont plus élevées que le maigre salaire que je suis capable de gagner. Si au contraire j'acceptede porter moi-même mes besoins, je ferai le nécessaire pour augmenter mes revenus; en travaillant davantage,en augmentant ma compétence ou encore en me mobilisant pour inventer des solutions. Je paierai moi-mêmele prix pour ce que je veux.

Porter la responsabilité de mes besoins signifie également "d'assumer les conséquences" de ce que je fais pour les combler. Imaginons que je décide de prendre une semaine de vacance en sachant que mon conjoint etma famille n'aiment pas le dérangement que cela leur cause. Il faudra bien que j'accepte qu'ils ne seréjouissent pas avec moi.

Il serait tentant de faire pression sur eux pour qu'ils m'endossent parce que cela m'éviterait de vivre unecertaine culpabilité. Si j'ai cette tendance, il me faudra être vigilante pour ne pas les accuser injustement devouloir me rendre coupable (de me manipuler pour que je change d'idée) s'ils ne jouent effectivement pascette carte. Ma culpabilité est à moi, bien sûr et elle n'est pas forcément générée par les autres. C'est peut-êtrema manière personnelle d'avoir de la difficulté à déranger les autres pour voir à mes propres besoins.

Prendre la responsabilité de mes besoins, enfin, signifie "d'assumer les conséquences" de ce que j'omets defaire pour les combler. Imaginons que devant le mauvais accueil qu'a reçu mon projet de voyage je décide derenoncer à cette semaine de vacance. Je prends cette décision parce que je ne veux pas vivre avec le désaccordde ma famille et de mon conjoint (je me sens trop coupable!). (Fiche explicative de la culpabilité.) Si je refuse

la responsabilité de ma satisfaction, je les ferai sans doute payer pour ma décision au lieu de considérer que j'ai fait le choix de me priver de vacances parce qu'il était plus facile pour moi que d'affronter leur désaccord.La notion de responsabilité personnelle paraît si complexe quand on s'y objecte (mais tellement évidentequand on l'accepte) qu'il faudrait un article complet pour l'expliquer à fond. Une lecture sur les dénis de lasolitude et de la liberté, toutefois, pourrait compléter avantageusement la réponse que j'ai donnée à votrequestion. (Cf. "Les questions existentielles", dans "L'Auto- développement: psychothérapie dans la viequotidienne").

Question: conflit avec le besoin de l'autre

Le chemin de la liberté peut s'avérer très difficile, surtout lorsqu'on transige avec des personnes qui n'éprouvent pas le même besoin

que nous. Par exemple, je désire me rapprocher de la ville pour être plus autonome, mais il faut pour cela vendre la maison que je possède conjointement avec l'autre personne qui ne veut pas déménager? Que puis-je faire pour assumer mon besoin?

Réponse

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Il est rare que l'autre éprouve le même besoin que soi. On a une influence sur cela, mais elle est assez limitée. Par exemple, je puis parfois susciter le désir chez mon partenaire mais à d'autres moments il est trop absorbé par ses préoccupations ou trop fatigué pour manifester seulement une ouverture. À ce moment, je ne peux pas compter sur lui pour répondre à mon besoin.

Mais la question n'est pas vraiment de viser à avoir les mêmes besoins au même moment. Non seulement il est rare que ceux-cicoïncident, mais encore nous n'aurons jamais des besoins identiques puisque nous sommes deux êtres différents. Quand on est enrelation, la question est plutôt d'arriver à ce que chacun soit satisfait.

Si on veut atteindre cet objectif facilement, il est très important de distinguer les différents concepts qu'on confond habituellementavec le besoin. Par exemple, le "moyen" est souvent confondu avec le besoin. Il faut aussi distinguer le besoin de la "demande". Par exemple, je souhaite qu'on m'offre des fleurs non pas parce que j'ai besoin de fleurs mais parce que ce geste signifie quelque chose

 pour moi, c'est un symbole. Une "préférence", un "caprice" ne sont pas des besoins. Par ailleurs, il faut être conscient du degréd'importance et d'urgence de nos besoins. Dans son article " Négocier avec un partenaire", Jean Garneau apporte des précisions trèsutiles sur ce sujet.

Lorsque le moyen privilégié par un des partenaires ne convient pas à l'autre, il est très utile d'identifier avec précision quel besoin dechacun est en cause, de même que l'importance de celui- ci. L'article de Jean Garneau met aussi en lumière le fait que la qualité de larelation à court terme et à long terme est un enjeu capital dans la négociation entre partenaires. En tenant compte de tous ceséléments, il est toujours possible de trouver une solution qui convienne réellement aux deux parties. Mais il faut parfois faire preuvede créativité!