L'escoubo n°10 - février 2005
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À voir, à faire
au cœur de notre terroir...
Trimestriel gratuit - numéro 10 - février 2005
La vie des gens au cœur de notre terroir
L’ESCOUBOGard rhodanien, Haut-Vaucluse, Drôme provençale, Ardèche méridionale
Magazine
Art urbain
Mireille mise en scène de Michel Gelas
Nuite de laguirare
Vous avez ditdu balai...
Crème de marron ?
>> Éditorial page 3
>> JeuUn pont dont le temps n’est pas suspendu page 2
>> JeuxJuste un petit morceau page 2Les mots croisés page 15
>> NostalgieAujourd’hui : calcul page 3
>> Art urbainArt, tags ou grafs ? page 4
>> La cuisine de notre terroirJarret d’agneau à l’avignonnaise page 8
>> Au dessus de notre terroirLe « point de vue » de Philippe Chaupin page 4
>> ThéâtreMistral Gelas, un lien solide page 5
>> ReportageLa farine des arbres page 7
>> Sport et handicapLe nouveau défi d’Yves Pol page 8
>> MusiqueLe sel de la Country page 12Nuit de la Guitare page 12
>> RécitLes contes du maset pages 9, 10, 11
>> LectureÀ propos d’un auteur de chez nous page 6
>> DivertissementVoyage page 13Hé bé ! page 2D’où ça vient page 13La phrase célèbre page 15Poésie : Le naufrage des fromages page 15Un pseudo célèbre page 15Les marques de balais page 3
2
De part son succès grandissant, vous n’êtes pas sûr
de trouver régulièrement votre magazine dans un
des 300 dépôts des 30 villes et villages où celui-ci est
diffusé. Pour pallier à ce problème : Abonnez-vous !
Abonnement,mode d’emploi...Notez sur papier libre : votre nom, prénom, adresse
complète et numéro de téléphone, accompagnés
d’un chèque d’un montant de 10 ¤, couvrant uni-
quement les frais d’envoi pour quatre numéros, à
l’ordre de l’Escoubo à l’adresse suivante :
l’Escoubo, 9, rue Saint-Louis, 84860 Caderousse.
Bonne lecture !
>> Sommaire
Hé bé !Tintin a deux amis très connus en France sous
les patronymes de Dupont et Dupond. Mais,
dans d’autres régions ou pays, savez-vous com-
ment ils se nomment ?
Voici quelques exemples !
Bretagne : Braz et Bras, Espagne : Hernandez et
Fernandez, Angleterre : Thomson et Thompson,
Hollande : Jansen et Jansens, Bernois : Hueber et
Grueber, Arabe : Tik et Tak, Grèce : Ntupen et
Ntupent, Pologne : Tajuniak et Jauviak, Japon :
Dupont et Duvont.
Les aventures de Tintin,l’île noire, par HERGÉ aux éditions CASTERMAN.
En 1960 on pouvait lire sur le tableau noir de notre classe : Un
paysan vend un sac de pommes de terre pour 100 F. Ses frais
de production s’élèvent aux 4/5 du prix de vente. Quel est son
bénéfice ? Dès le début des années 70, juste après les événe-
ments de mai 1968, tout étant, soi-disant, trop difficile pour les
pauvres petits écoliers, l’énoncé se simplifiait ainsi : Un paysan
vend un sac de pommes de terre pour 100 F. Ses frais de pro-
duction s’élèvent aux 4/5 du prix de vente, c’est-à-dire 80 F. Quel
est son bénéfice ? Mais rappelez-vous mes chers camarades de
classe, les maths modernes avec leurs fameux « ensembles »
sont arrivés et là ce fut beaucoup plus simple : Un paysan échan-
ge un ensemble « P » de pommes de terre contre un ensemble
« M » de pièces de monnaies. Le cardinal de l’ensemble « M »
est égal à 100 et chaque élément sygma de « M » vaut 1 F.
Dessine 100 gros points représentant les éléments de l’en-
semble « M ». L’ensemble « F » des frais de production com-
prend 20 gros points de moins que l’ensemble « M ».
Représente « F » comme un sous-ensemble de « M » et donne
la réponse à la question : quel est le cardinal de l’ensemble « B
» des bénéfices, (à dessiner en rouge). Dès les années 80, les
mathématiques n’avaient pas, aux yeux de certains une place
prépondérante dans la vie scolaire. Cette place était surtout lais-
sée à la réflexion zen à l’échange et à la rénovation de l’ensei-
gnement. Aussi notre énoncé devenait : Un paysan vend un sac
de pommes de terre pour 100 F. Les frais de production s’élèvent
80 F et le bénéfice est de 20 F. Devoir : souligne les mots «
pommes de terre » et discutes-en avec ton voisin. Pendant les
années 90 les élèves des années 60 et 70 sont devenus des profs
et tout permettait de penser que l’on retrouve avec plaisir notre
cher « calcul ». Mais c’était sans compter sur la grande réforme
de l’enseignement qui prit une tournure politique en négli-
geant l’essentiel : Un péizan kapitalist privilégié sanrichi injus-
temant de 20 F sur un sac de patat. Analiz letekst et recherch lé
fôte de contenu de gramère d’ortograf de ponktuassion et
ansuite di se ke tu panse de cête maniaire de sanrichir. Toujours
dans les années 90, l’ordinateur fait son entrée dans les établis-
sements scolaires et le langage s’informatise : Un producteur de
l’espace agricole câblé consulte en conversationnel une data-
bank qui display le day-rate de la patate. Il load son progiciel de
computation fiable et détermine le cash-flow sur écran bit-map
haute résolution. Dessine avec ta souris le contour intégré 3D du
sac de pommes de terre puis logue-toi au réseau Arpanot par le
code 3615 B.P. (Blue Potatoe) et suis les indications du menu
pour piloter le graphe sur ta super imprimante laser. Enfin !
Voici les années 2000 qui fortes de ces 40 années de recherches
du meilleur enseignement possible, arrivent avec l’espoir que
tout va se remettre en marche d’une façon raisonnable. Ainsi
l’énoncé devient : Qu’est-ce qu’un paysan ?
Bien sage le directeur de la publication
Chères lectrices, chers lec-
teurs. Tout en vous sou-
haitant une très bonne santé
pour cette nouvelle année, je
pense aussi vous souhaiter
une grande sérénité, car il en
faut dans ce monde de plus
en plus fou : des catastrophes
démoniaques, un avion
monstrueux de 800 places,
des guerres qui n’en finissent
plus, une maman de 67 ans,
une sonde interplanétaire à
plus de 1,2 milliards de kilo-
mètres, sans compter : les
enlèvements, les kamikazes,
un condamné de plus exécuté
au US, les tortures, la misère...
Ah bon ! La misère aussi en
fait partie de ce monde un
peu fou ? Oui monsieur ! Et
c’est cette catastrophe en Asie
du sud-est qui m’y a fait pen-
ser. Comment ça ? Eh bien !
Figurez vous que j’ai fait un
calcul : 165 000 victimes du
tsunami c’est horrible ! Mais
savez-vous que tous les jours,
23 500 personnes meurent de
malnutrition et qu’au bout
d’une semaine ce fléau fait
autant de victimes qu’un tsu-
nami. Vous voulez dire qu’en
un an la misère emporte un
nombre de victimes équiva-
lent à 52 tsunamis. Eh oui,
monsieur ! Mais alors, il ne
faut pas que la solidarité
mondiale s’arrête ! Je suis
d’accord avec vous, mais, il ne
faut pas y penser tous les
jours sinon on ne s’amuserait
plus ! Heureusement, il y a :
les soldes, la star’ac, la ferme
des célébrités, qui veut
gagner des millions ? etc. Ah !
Vous vous trouvez que ça
réconforte ? Eh bien pas moi !
Au revoir monsieur ! J’oubliai
de vous dire : ce matin bien
au chaud sous ma couette j’ai
entendu que trois sans abri
venait de mourir de froid sur
le trottoir ! Allez, bonne jour-
née !
3
Yves Furic
Les marques de balaisEncore une marque de balais qui après la deuxième guerre
mondiale se devait de donner un nom marquant, précisant ainsi
jusqu’à quel point nos anciens avaient donné un sérieux coup «
d’escoubo » afin de nous débarrasser de l’envahisseur.
Fabriqués dans le triangle magique de Lapalud, Courthézon et
Caderousse, les balais qui partaient, en grande partie et ceci
d’après certains anciens, dans les arsenaux de la côte méditer-
ranéenne, font la preuve que le savoir-faire de notre terroir s’ex-
portait même au-delà des mers.
>> Éditorial >> Nostalgie
Aujourd’hui calcul !
L’art urbain est entré dans
les mœurs, mais la confu-
sion persiste dans les termes.
Les avis sont partagés : « J’en
ai repéré un hier soir !
J’attends qu’il grandisse, qu’il
ait des enfants, qu’il s’achète
une maison et ensuite, j’irai
écrire sur ses murs. On verra
bien s’il apprécie ! » Me dit le
propriétaire d’une villa dont
le mur d’enceinte est tagué.
Est-ce la colère, le ras-le-bol
ou les deux à la fois ? « Si per-
sonne ne les dérangeait, ils
auraient le temps de fignoler
! » dit une autre personne
sensible à l’art en général,
mais habitant dans un
appartement. Les avis sont
décidément très partagés.
Démuni devant ce fait de
société, les pouvoirs publics
ne savent que faire. Interdire
n’est certainement pas une
bonne solution puisque ça les
démange encore plus. Peut
être des murs mis à la dispo-
sition des artistes ? Oui des
artistes ! Car il ne faut pas
confondre tags et grafs. Le
dictionnaire prend là toute sa
valeur : un graffiti est une
inscription ou un dessin grif-
fonné à la main sur un mur.
Pourtant le même diction-
naire définit le verbe griffon-
ner en ces termes : Écrire très
mal ou hâtivement. Doit-on
en déduire qu’un graffiti est «
l’œuvre » d’un mauvais
artiste ? Certainement ! Mais
le tag alors ? Eh bien ! Là
aussi le dictionnaire remet les
choses à leur place, car la déf-
inition commence ainsi : Tag :
graffiti tracé ou peint. Nous
revoilà avec le mot graffiti et
de ce fait, on à le droit de
penser que nos académiciens
sont eux aussi un peu dans le
pâté. En tout cas, si effective-
ment les avis sont partagés à
ce sujet, et que le travail et le
bien d’autrui doivent être
respectés, il n’en est pas
moins que, telles les illustra-
tions de notre article, quand
comme à Toulon, des murs
sont mis à la disposition des
jeunes artistes, il en ressort
des fresques très riches en
couleurs, d’une imagination
débordante, d’une finesse et
d’une précision incroyable.
Ajouté à cela que l’outillage
nécessaire réduit à une sim-
ple bombe de peinture d’un
prix exorbitant, montre bien
qu’à ce niveau artistique, les
tags libres sur des supports
adaptés peuvent être de véri-
tables œuvres d’art. Alors à
quand les expositions dont
les œuvres ne seront pas aux
cimaises mais les cimaises
elles-mêmes ?
Yves Furic
Art, tags ou grafs ?
4
>> Art urbain
Si un jour en vous prom-
enant vous apercevez dans
les airs un gros rond jaune, ne
croyez pas à un OVNI ni à la
lune. Non ! Rapprochez-vous
et vous verrez tenant la
ficelle, un jeune homme qui
n’a rien d’un rigolo ni d’un
hurluberlu en quête de sensa-
tionnel. Philippe Chaupin
vient de monter sa petite
entreprise. À 11 ans déjà, il
pratique l’aéromodélisme,
mais c’est à 12 ans, qu’il con-
struit sa première
Montgolfière. Il brûle aussi sa
première moquette en util-
isant dans une boite de con-
serve de l’alcool à brûler.
Après des études de droits et
de sciences éco, en 1999, il
crée à Brighton en Angleterre
une structure de vente de
Champagne. Mais le grand air
le rappel à son bon souvenir
et notre Géo-trouvetou, dès
2000, revient à son rêve :
réaliser des photos aériennes.
En 2002, il pratique de nou-
veaux essais avec de l’hélium
et invente une nacelle mobile
et réglable soutenant un
appareil numérique avec ren-
voi d’images au sol. Philippe
explique que ce système est
écologique et sans risque
puisqu’il n’utilise pas de
moteur, qu’il travaille depuis
le sol et que tout cela est
totalement silencieux. Toutes
prises de vues est possibles
jusqu’à 150 m d’altitude. Il
peut opérer sur de nombreux
sites comme des chantiers,
des paysages, des maisons
individuelles, des entreprises,
des forêts, des sites archéo-
logiques, etc. Beaucoup
moins coûteux que la prise de
vues aériennes classiques
avec avion ou hélicoptère, la
prise de vues par mont-
golfière devrait devenir une
belle entreprise et
souhaitons, comme dit
Bashung, qu’elle ne connaisse
pas la crise.
Yves Furic
Philippe Chaupin 81chemin des oliviers
84440 ROBION Tél. : 06 82 29 40 34
Le point de vue de Philippe Chaupin
>> Au-dessus du terroir
Né à Maillane en 1830,
Frédéric Mistral se lie dès
l’adolescence avec Joseph
Roumanille. Il consacre son
génie à illustrer les beautés
de la Provence et à faire
renaître sa langue (cf. Mesorigines, mémoires et récits,1906). Se voulant « humble
élève du grand Homère » il
commence en 1851 un poème
épique en douze chants,
Mireille (Mirèio 1859) qui
évoque des passions soumis-
es à une fatalité toute roman-
tique dans le cadre puissam-
ment réaliste de la Provence
rhodanienne. Il faut noter
que Mistral l’associe à la
Vierge : « Je suis persuadé
que « Mirèio » est le nom
même de Marie, dérivant de
l’hébreu Myriam et
provençalisé par les juifs de
Provence, très anciens dans le
pays ». « Mireille » est salué
par le monde entier comme
un chef-d’oeuvre. Lamartine
salue la « majestueuse sim-
plicité » de cette œuvre que
Ch. Gounod adapte au théâtre
lyrique en 1864. Un des sept
félibres depuis 1854, Mistral
donne en 1886 une seconde
épopée rustique où le
merveilleux côtoie le pit-
toresque, Calenda (Calendau).Au recueil lyrique Les Îles d’or(Lis Isclo d’or, 1876) d’une
grande richesse verbale, suc-
cède en 1878, un vaste lexique
embrassant les divers dia-
lectes occitans modernes : leTrésor du félibrige, destiné à
aider le peuple des « pastre e
gènt di mas » à reconquérir
sa langue. Après Nerte (Nerto,1884) « poème avignonnais »
inspiré d’une légende médié-
vale et après un drame his-
torique, La Reine Jeanne (LaRèino Jano, 1890) il préfère
donner avec Le Poème duRhône (Lou pouèmo dou Rose,
1897) un tableau allégorique
de la Provence qui doit
évoluer sans renier ses légen-
des et ses traditions. Dans son
dernier recueil, Les Olivades(Lis Oulivadou, 1912) plus que
représentant de « l’idée
latine », Mistral s’affirme
comme le grand écrivain qui
sut « par l’influx et la flamme
de la divine poésie » évoquer
la figure éternelle de la
Provence. Après la mas du
Juge et la maison du Lézard,
Frédéric Mistral n’habite
qu’une seule maison jusqu’à
sa mort, celle qu’il occupe
avec son épouse .Entourée
d’un jardin, elle se situe en
face de la maison du Lézard
où réside sa mère. Mistral n’en
bouge plus, recevant de très
nombreuses visites. La plus
surprenante vient de Buffalo
Bill qui franchit l’océan pour
venir saluer le poète. Il laisse
son chien en cadeau à Mistral.
Cette rencontre explique que
quelques années plus tard
des indiens viennent rencon-
trer Mistral dont les écrits ont
eux aussi franchit l’océan.
Frédéric Mistral s’éteint en
1914. Dans sa maison de
Maillane, devenue musée, on
peut découvrir l’arc et les
flèches offerts par les Sioux
au grand poète.
Illustre poète
5
>> Culture
Le 10 décembre 1904, il y a de cela cent ans, Frédéric
Mistral recevait le Prix Nobel de littérature.
Frédéric Mistral dédia ce prix au musée ethnographique provençalappelé « Muséon Arlaten » musée à Arles, qu’il fonda en 1899.
Mistral, Gelas,un lien solide
L’œuvre de Mireille reste pour beaucoup méconnue voire
oubliée, à l’exception de l’opéra qu’en avait fait Gounod.
Mireille est une grande fresque romantique et initiatique qui
se déroule en Provence et l’exalte dans toute sa splendeur.
Deux jeune gens : Mireille, fille d’un riche fermier de la Crau,
et Vincent, un pauvre vannier s’aiment. Les prétendants de
Mireille, la loi sociale, l’argent les séparent.
Dans une maison près du Rhône, où j’ai grandi, Frédéric
Mistral, Théodore Aubanel, Joseph Roumanille et tant d’autres
poètes de notre Provence venaient régulièrement festoyer, lire
leurs derniers écrits que le fleuve très proche emportait sans
doute jusqu’au Delta afin que tous les oiseaux de Camargue
s’emparent de ces paroles chargées de Provence pour les
porter aux quatre coins du monde. Cette maison, celle de mes
parents, était autrefois l’Auberge du Chêne Vert. En con-
séquence de quoi, une fois passée l’enfance où l’évocation de
Mistral me faisait rêver, sans évidemment l’avoir jamais connu,
ni même l’avoir lu, avec Camus, Breton et quelques autres, je
découvris dès mes premiers vagabondages littéraires le verbe
mistralien. Je devais porter au théâtre cette parole. Et c’est
parce qu’elle me nourrit, parce que je la respecte et l’aime et
parce que je veux qu’elle soit entendue par le plus grand nom-
bre dans une époque où beaucoup de valeurs mistraliennes
sont en passe d’être oubliées, que je porte ces chants à la
scène, dans une scénographie et une direction d’acteurs tout à
fait contemporaines.
Dans une boite de nuit, un jeune « DJ » devant ses platines
devient follement amoureux d’une toute jeune fille. Pour lui
dire son amour, il va lui offrir le récit de Mistral; il deviendra
Vincent, elle sera Mireille. Les grands poèmes provoquent à
l’amour, là est la piste que je suivrai. Il va sans dire que malgré
le grand respect que j’ai pour le folklore provençal en général
et le Félibrige en particulier, ce spectacle est d’aujourd’hui
comme Mistral est de toujours. Une création loin de toute
reconstitution historique. Très loin même de ce monde qui se
déploie aujourd’hui sous le soleil tout à fait différent de ce
qu’il pouvait être, lorsque de l’Auberge du Chêne Vert on se
rendait à pied sous les hauts peupliers de cette berge du
Rhône où les aubergistes tenaient au frais de grandes nasses
d’osier gorgées de poissons vifs. Des nasses tressées peut-être
par Vincent le vannier, qui sait ?
Gérard Gelas
J’ai vu la pièce !
Quand je titre : « j’ai vu la pièce ! » ce ne peut être qu’un euphémis-
me, car en fait, je l’ai bue, je l’ai dégustée, j’ai pleuré, j’ai ri, j’ai voya-
gé dans toute notre région en compagnie de Frédéric Mistral et des
deux fabuleux acteurs que sont Alice Belaïdi et Damien Rémy. Des
petits rires innocents de Mireille à l’écoute de son amour naissant
avec Vincent aux colères de son père jusqu’à sa rencontre avec les
Saintes, font de cette adaptation et mise en scène de Gérard Gelas un
lien solide à toute l’œuvre de Frédéric Mistral. Chapeau bas !
Yves Furic
6
Une entreprise à valeur humaine
>> Initiative
Une chose est sûre : si vous voulez acheter un vrai balai, une balayette
digne de ce nom ou une aile de pigeon en paille de millet pour balayer
le bord de la cheminée ou les miettes laissées sur la table de la ferme,
vous ne pouvez aller ailleurs que dans l’atelier de fabrication de balai de
cette Entreprise Adaptée située sur la zone artisanale de Lapalud au
bord de la mythique Nationale 7. Si la fabrication des balais est menée
de mains de maîtres par deux artisans baletiers, l’aide apportée autour
de cette activité est l’œuvre de 22 travailleurs handicapés qui contri-
buent à travers des tâches très précises à la qualité des produits finaux.
Une Entreprise Adaptée est un lieu d’insertion qui permet à des per-
sonnes handicapées productives mais non compétitives, d’accéder à une
pleine citoyenneté par la pratique d’un travail salarié adapté. C’est la loi
du 23 novembre 1957 qui officiellement créé ce que l’on appelait alors
les ateliers protégés. L’objectif était clair : sortir de l’assistanat certaines
personnes handicapées dont le placement en milieu ordinaire s’avérait
impossible en leur offrant un véritable emploi au sein d’une entreprise
créée à cet effet. Aujourd’hui, la loi du 30 juin 1975 donne une nouvelle
définition : L’atelier protégé est une unité de production qui offre à des
travailleurs handicapés les conditions particulières de travail nécessaires
à l’exercice de leur profession et les modalités d’emploi susceptibles de
faciliter leur promotion professionnelle, notamment par leur accession
à des emplois en milieu ordinaire de production. La production de l’ate-
lier protégé s’intègre dans l’économie normale du marché. En plus
d’une mise à disposition de personnel dans l’entreprise, Didier Dubois,
Directeur des Ateliers Gilles Kerchêne partenaire de l’A.P.E.I KERCHENE
développe depuis quelques mois une nouvelle activité. Avec l’aide de
plusieurs stages à la Chambre d’Agriculture de Vaucluse, cinq tra-
vailleurs handicapés et un encadrant se sont spécialisés en vue de pres-
tations de service dans le milieu viticole. Ces travailleurs sont capables
de vendanger, de tailler, d’aider à diverses tâches dans les caves, etc.
Nombre de Domaines et de Caves Coopératives ont déjà pris contact
avec la direction qui, en plus de la prestation de service, offre un enca-
drement qualifié, seul interlocuteur entre le propriétaire et l’équipe de
l’Entreprise Adaptée.
Les Ateliers Gilles Kerchêne vendent leur production de balais directe-
ment dans leurs locaux où vous pourrez trouver un accueil chaleureux
ainsi que retrouver les gestes précis des artisans, qui font du balai l’ou-
til le plus vieux et le plus pratique de tous les temps.
À faire l’apologie d’une entreprise,autant en choisir une qui lie plusieurs valeurs tant dans le domaine professionnel que dansle domaine humain. Il m’a été d’autant plus facile de choisir la manufacture de balai les ateliers Gilles Kerchêne à Lapalud quel’une de leurs activités est la fabrication artisanale des balais paille de riz,balai bruyères,balai piassava et autres.Un vrai fabri-cant d’escoubo comme avant.
Entreprise Adaptée
LES ATELIERS GILLES KERCHÊNE
Z.A. de l’Enclos 84840 LAPALUD
Tél. : 04 90 40 36 11
Fax : 04 90 40 27 10
Courriel :
ateliers-gilles-kerchene@wana-
doo.fr
Mise en œuvre la veille
Préparation de la marinade : Laver, éplu-
cher, tailler les différents éléments de 2 à
3 cm. Tailler de gros lardons. Faire risso-
ler à l’huile d’olive (sans co1oration) les
différents éléments, ajouter le concentré
de tomate, cuire à feu doux 5 mn. Verser
dessus le vin rouge, laisser bouillir 5 mn,
sortir du feu et y mettre les aromates
(thym, laurier) laisser tiédir. Verser la
marinade sur les jarrets. Réserver une
nuit au frigo.
Finition
Dans une cocotte faire colorer les jarrets, assaisonner, ajouter la farine
(singer) Verser la marinade froide dessus les jarrets. À la reprise
d’ébullition, rajouter 1/2 litre de bouillon de viande ou de l’eau (cou-
vrir et laisser cuire 2 heures) Retirer les jarrets, augmenter le feu et
réduire 1/3 le volume de bouillon (consistance sirupeuse) Oter les ali-
ments aromatiques. Rectifier assaisonnement, ajouter de nouveau les
jarrets ainsi que les o1ives préalablement blanchies.
Suggestion d’accompagnement : purée maison, carottes sautées ou
aubergines frites.
Bon appétit !
Lyon Marseille sur un tricycle pour handicapé : le nouveau défi d’Yves Pol
7
>> Sport et handicap
>> La cuisine de votre terroir
coureur insolite qui se permet
de doubler une bonne moitié
des participants courant à
l’avant. Je ne vois pas où je
vais, mais je sais d’où je
viens... Je suis le seul coureur
que cela ne gêne pas d’avoir le
vent dans le nez. Son dossier
de presse de plus d’un millier
d’articles ferait pâlir de nom-
breux sportifs internationaux
qui se prennent à son goût un
peu trop au sérieux. Mais le 9
janvier 1992, c’est l’accident.
La nacelle sur laquelle il tra-
vaille à 10 m du sol se couche
emportée par un vent violent.
Il ne se réveille qu’après un
coma de trois mois, partielle-
ment paralysé. Depuis, il n’a
qu’un but : Courir utile en fai-
sant connaître des causes et
en levant des fonds pour des
trucs bien. Courir ! Mais et son
handicap qu’en fait il ? Ce
n’est pas un problème pour
lui : Je ne peux plus courir ni
en avant ni en arrière mais je
peux pédaler et si je n’ai plus
le sens de l’équilibre et bien je
partirai sur un tricycle ! Il se
rapproche d’une association
et envisage dès le printemps
prochain, excusez du peu, de
rallier Lyon à Marseille avec
un tricycle spécialement
conçu pour cet exploit. Si tout
va bien et que son ami ancien
pompier de Marseille arrive à
rassembler ses anciens col-
lègues, Yves devrait faire une
entrée triomphante contre
toutes les maladies et tous les
handicaps dans le mythique
stade Vélodrome.
Grâce à vous, chers lecteurs
tout est possible alors, souhai-
tons que ce projet aboutisse
et n’ayez pas peur de contac-
ter Virginie 06 16 32 13 18,
Courriel : [email protected]
Yves Furic
C’est un p’tit bonhomme, pas
plus haut que trois pommes,
mais avec un cœur énorme !
Yves Pol est né le 21 Juillet
1953. Avec lui, nous quittons
la terre pour entrer dans une
autre galaxie. 1,60 m, 50 kg,
un coeur qui bat à 40 pulsa-
tions minutes, rien dans la vie
de cet extra-terrestre n’est
tout à fait comme chez les
autres. C’est par le Guinness
des Records que l’idée de cou-
rir à reculons lui vient. Il se
lance en 1985 dans le premier
marathon à reculons de son
existence. Puis on le retrouve
très vite aux quatre coins de
la France et dans de très nom-
breuses courses humanitaires
un peu partout dans le
monde de Montréal à
Moscou, de Budapest à New
York. Aux U.S.A, il traverse des
états entiers, dormant n’im-
porte où quand la fatigue est
trop grande et repartant aussi
bien à l’avant qu’à l’arrière car
tout est bon pour ce clown
sportif dont la passion est
d’aller toujours plus loin. Il
est détenteur de nombreux
records mondiaux en course
arrière du 5 Km au 200 Km.
Les médias s’emparent de ce
Jarret d’Agneau à l’avignonnaiseProposé par le Chefde Cuisine ChristianBrunet
Ingrédients
8 jarrets d’agneaux arrières
(gigots) environ 300 / 350g
Marinade
Oignons 200 g
Carottes 100 g
Céleris branches 80 g
Poireaux 150 g
10 gousses d’ails
2 feuilles de lauriers
100 g poitrine fumée
3 branches de persil
Poivre et thym à convenance
100 g concentré de tomate
1,5 1 de vin rouge
15 cl d’huile d’olive
50 g de farine
8
La farine des arbres
C’est au cœur du Parc
Régional des Monts
d’Ardèche, sur cette montagne
chantée par Ferrat que crois-
sent dans des bois pentus les
châtaigniers ancestraux. Au
fond d’une vallée étroite coule
un torrent bordé de pâtures
où paissent les troupeaux de
moutons. Le berger semble
être l’un des santons de la
crèche. Si le hangar qui abrite
une partie de la chaîne de
fabrication de farine de châ-
taignes se trouve dans le val-
lon, la maison de pierres
sèches où vivent Sylvie et
Patrice Duplan, domine la val-
lée d’une centaine de mètres.
Dans ce hameau de Bise, sur la
commune de Genestelle, il y a
quelques années de cela, Jean,
le père de Patrice, élevait des
ovins environ 350 têtes et son
fils lui donnait un sérieux
coup de main. Mais son papé
qui avait quelques arpents de
bois lui a tourné la tête
ailleurs et après des études
agricoles réussies, c’est en
1993 que Patrice démarre l’ac-
tivité châtaigne avec la fabrica-
tion de la farine et de la
fraîche, comme il dit. La
fraîche étant les châtaignes
que l’on voit sur les étals des
marchés. La récolte se fait vers
le 10 octobre pour se conti-
nuer jusqu’au 10 décembre.
Quand on dit récolte, c’est plu-
tôt de ramassage qu’il s’agit
car si le plus bel outil pour ce
travail est la main, on utilise
aussi des filets étendus sous
les arbres. On attend alors que
ça tombe tout seul où on
gaule avec une grande perche.
Bien sûr, tout ce travail se fait
sur des pentes très abruptes ce
qui ne facilite pas les déplace-
ments. C’est alors que pendant
la mise en sacs de jute de 30
kg, on opère un premier tri.
Ensuite, on en recommence
un nouveau et celui-ci se fait à
la main voire à l’eau car toutes
les impuretés légères remon-
tent à la surface. Là on dis-
tingue les sacs vendus aux
grilleurs et qui feront la joie
des citadins en réchauffant
leurs mains en hiver quand «
les chostognes » sont bien
brûlantes à travers le cornet
de papier journal et les sacs
vidés dans les séchoirs afin
que les châtaignes puissent
perdre toute humidité en 10
jours environ. Le passage à «
la pise » débarrasse ensuite les
coques et les châtaignes
dorées partent dans des
caisses au moulin. Juste avant,
un troisième tri sur table à la
main a lieu et là pas d’autres
moyens que de le faire en
famille. Ce tri qui permet d’en-
lever les châtaignes trop fon-
cées, garanti une grande quali-
té à la mouture obtenue par
écrasement sous une meule
de pierre. Ensuite le condition-
nement dans des sachets de
500 g jusqu’aux sacs de 20 kg
est lui aussi effectué à la main.
Les livraisons dans les boulan-
geries, les restaurants, les com-
merces de bio via la France
bien sûr mais aussi la
Belgique et L’Angleterre sont à
Sylvie et PatriceDuplan,les Agiers, Bise,07530 Genestelle.Tél./Fax : 04 75 38 74 47
acides. Puis pour finir on lais-
se gonfler quelques pruneaux
secs. Hum ! Je ne vous dis que
ça ! Sans compter que le
velouté de châtaignes est
aussi très apprécié et quoi dire
de cette confiture de châ-
taignes que nous appelons
aussi crème de marron qui
depuis notre tendre enfance
ne fait que nous satisfaire.
Découvrez ce hameau de Bise
et n’hésitez pas à rendre visite
au meun... Tient au fait com-
ment s’appelle un meunier
qui fabrique de la farine de
châtaignes ?
Yves Furic
la charge de Sylvie qui s’occu-
pe aussi de toutes les tâches
administratives. La brise (bri-
sure concassée de châtaignes)
est conditionnée en petit
sachet de 250 g et remplace
avec en plus un goût extraor-
dinaire, un plat de riz ou de
pâtes. Mais, chers lectrices et
chers lecteurs, connaissez-
vous « la cousina » cette
soupe traditionnelle ardéchoi-
se ? Patrice m’en a donné la
recette et je peux vous dire
que ça donne envie : Les châ-
taignes trempent toute la nuit.
Ensuite on les fait cuire avec
un peu de sel puis à la fin de la
cuisson quand les châtaignes
sont ni trop cuites ni trop
fermes, on lie le tout avec un
peu de farine de châtaignes.
On ajoute alors des quartiers
de pommes fraîches un peu
>> Reportage au cœur de notre terroir
>> Récit
9
Je suis arrivé chez mes amis
vers midi. Ils ont deux
enfants avec un lourd handi-
cap de surdité : Sandra et
Michaël qui dialoguent en
langue des signes. Mon
regard se promène sur les
murs du salon. Je m’arrête sur
un portrait. Sandra, dont le
handicap est moins prononcé
que son frère, s’approche et
dans un langage n’utilisant
que des sons graves, elle m’in-
dique le nom qui se trouve
sous le portrait « Abbé Sicard
» Ce portrait, me dit-elle, a été
découvert par hasard.
Coïncidence incroyable, elle
ajoute que cet homme a été le
premier à s’intéresser aux
sourds et malentendants. La
maîtresse de maison nous
convie à prendre place autour
de la table. Prenant la parole,
j’explique que Sandra m’a
parlé du portrait et de cette
coïncidence. Leur maman se
lève et fouille dans un tiroir :
- « Vous allez voir, vous n’avez
pas fini d’être surpris ! »
Elle pose devant moi un bou-
ton doré où est gravé : « INS-
TITUT DES SOURDS ». Me pré-
cisant que ce bouton a été
trouvé dans le jardin de son
père, cette seconde coïnciden-
ce m’interpelle. Un peu abruti
par la gnole du grand-père en
clôture du dîner et affaibli par
ma cheville qui me fait encore
un peu souffrir, je monte me
coucher. Sur le lit, je repense
au portrait et au bouton.
Coïncidences ou pas, les deux
objets me livrent leur secret.
n’aviez ni carriole ni cheval.
Alors, et malgré des revenus
corrects, le sieur Palanquier
cultivait son jardin avec beau-
coup d’amour et de minutie
afin de fournir à toute la mai-
sonnée de magnifiques
légumes. Sa profession le lui
permettait, il était négociant
en fromages. À part quand il
partait chez les fromagers
choisir les meules et s’occu-
per des expéditions sur la
grande ville, il pouvait tenir
sa comptabilité sur le petit
secrétaire de sa chambre au
grand bonheur de sa femme
qui avait son mari quasiment
tout le temps auprès d’elle.
Mais revenons au sieur
Palanquier, ses prouesses de
jardinier lui permettaient
donc de mettre sur la table
des légumes, des fruits et
grâce à un petit élevage de
basse-cour, de temps en
temps, un magnifique poulet
ou un lapin bien dodu. Le
sieur Palanquier faisait vrai-
ment tout afin que sa famille
ne manque de rien.
Sa maison, il en avait hérité
de son grand-père paternel au
lieu dit « les barils » D’après
les paysans du coin, ce nom
provenait du fait que bien
avant les Palanquier, l’endroit
était une auberge et qu’il y
rentrait plus de barils de vin
que de nourriture. Il faut dire
aussi qu’il en sortait plus de
viande saoule que de ventres
remplis. C’était une grande
bâtisse dont les murs de
pierres grises mesuraient au
moins deux coudées d’épais-
seur et protégeaient aussi
bien du froid que de la cha-
LE PORTRAIT ET LE BOUTON
En mille sept cent soixante
deux, le sieur Palanquier était
négociant en fromage et
marié depuis vingt ans à une
gentille femme qui s’occupait
à merveille de ses trois char-
mants enfants. Noémie, l’aî-
née, aidait régulièrement sa
mère aux diverses tâches de
la maison, espérant qu’un
jour, un gentilhomme de pas-
sage l’emmènerait à la ville
car c’est bien de cela dont elle
rêvait le plus souvent.
Elisabeth, la deuxième, ne se
compliquait pas la vie, ce qui
l’intéressait au plus haut
point c’était la poésie. Au
grand désarroi de ses parents,
elle n’écoutait rien d’autre
que les oiseaux aux prin-
temps, les abeilles en été, les
gouttes de pluie en automne
et le crépitement des tisons
en hiver. Qu’allons nous faire
d’une poétesse ? Disaient-ils,
quel homme voudra d’elle ?
Jean-Sébastien, le petit der-
nier, aimait surtout s’occuper
de la basse-cour et jouait
volontiers avec le chat de la
maison.
Dame Palanquier, qui avait
servi autrefois dans une gran-
de famille bourgeoise de la
région, n’avait pas perdu l’ha-
bitude du vouvoiement et
l’avait instauré chez elle, invo-
quant à chaque fois que sieur
Palanquier trouvait cela ridi-
cule, la raison indiscutable
que les enfants élevés de cette
façon étaient mieux éduqués
que les autres. Preuve en était
faite, sachant que les enfants
de la maison où elle avait
servi étaient devenus : notai-
re, professeur et religieux.
L’instruction de ses propres
enfants avait été confiée au
maître d’école du village mais
encore une fois, voulant imi-
ter ses anciens maîtres, leur
mère insista pour que la clas-
se se fasse à la maison. Ce
n’était pas pour arranger les
déplacements du pauvre ins-
tituteur qui rentrait, de ce
fait, très tard chez lui.
À la campagne, il était très dif-
ficile de se déplacer si vous
Les contes du maset par Paul-Alice Clément
leur. En hiver, tout de même,
il fallait allumer un feu dans
la cheminée afin de réchauf-
fer la pièce principale tou-
jours un peu humide. La cor-
vée de bois avait été confiée à
Jean-Sébastien et ce jour là, la
pluie tombait à verse :
- « Jean-Sébastien ! Ce n’est
pas parce qu’il pleut fort que
vous devez nous priver des
bonnes flammes nécessaires
à notre bien-être ! » Dit sa
mère.
Jean-Sébastien compris à son
grand regret qu’il devait
affronter les bourrasques de
la cour car les bûches sèches
se trouvaient à une trentaine
de pas dans la grange. Celle-ci
longeait la route qui à cette
époque n’était qu’un chemin
boueux rendu difficilement
carrossable par la pluie et les
ornières.
Jean-Sébastien se couvrit
d’un sac de jute en guise de
capuche et sortit affronter ce
qui pour lui ressemblait plus
à un ouragan qu’à une simple
averse. La nuit n’arrangeait
pas les choses ; seuls quelques
éclairs lointains éclairaient ce
déluge. Il se précipita dans la
grange, les jambes se couvri-
rent de boues dès les pre-
miers pas. Il posa son panier
près du tas de bois et com-
mença à le charger en priant
le bon Dieu qu’il y en ait suf-
fisamment pour la soirée.
Soudain alors que le charge-
ment était presque fini, il
entendit des cris. Il était indé-
niable que quelqu’un était sur
la route ou dans les champs
et appelait. Apeuré, Jean-
Sébastien prit l’anse du
panier et malgré la pluie, la
nuit, les éclairs et la boue, traî-
na son lourd fardeau jusqu’à
la maison sans demander son
reste :
- « Père, Père ! Venez vite !
Quelqu’un crie sur la route. »
Ni une ni deux, Le Sieur
Palanquier laissa sa plume, sa
comptabilité et suivit son fils.
Dans la grange, ils firent le
silence, bien perturbé par le
bruit de l’orage, afin d’en-
tendre d’où cela pouvait bien
venir. Car, avec ce déluge et ce
froid, la mort ne ferait pas de
cadeau à celui qui resterait
dehors toute la nuit. La voix se
faisait plus nette :
- « Hue, hue ! Encore un
effort, hue ! »
Cette voix venait du petit
pont. Ils se précipitèrent et
aperçurent au milieu d’un tor-
rent, causé par la crue du ruis-
seau, un homme tenant par la
bride un cheval attelé à un
fiacre en mauvaise posture. Le
pauvre animal, affolé,
envoyait de grands coups de
tête à droite et à gauche si
bien que l’homme était
secoué comme une feuille au
bout d’une branche un jour
de grand vent :
- « Attendez ! Dit Palanquier,
nous allons vous aider. »
- « Il faudrait décharger la voi-
ture car il y a une roue qui est
bloquée et le poids empêche
mon cheval de la sortir. »
- « Allez Jean-Sébastien, sors
les malles et les sacs nous les
abriterons dans la grange ! »
Jean-Sébastien s’exécuta et un
à un il emmena les bagages.
Dès que le fiacre fut allégé, le
cheval se calma et d’un coup
de rein, la roue fut dégagée.
Enfin, ils arrivèrent dans la
cour. Libéré, l’animal fut
réchauffé à grand coup de poi-
gnée de paille sur les flancs.
Une bonne ration d’avoine le
récompensa de ses efforts. Le
voyageur, invité à entrer dans
la modeste demeure eut le
privilège d’un bon feu de che-
minée et d’un bol de vin
chaud :
- « Merci mes amis ! Sans
vous, j’y serais encore et le
froid aurait peut-être eu rai-
son de mon cheval. »
Le sieur Palanquier invita le
voyageur à passer la nuit à
l’abri invoquant les dires d’un
paysan du village, un peu
devin : l’annonce d’un
meilleur temps pour le lende-
main. Fatigué, les vêtements
trempés, le voyageur ne se fit
pas prier. Sous l’auvent de la
porte d’entrée, il secoua si fort
son grand manteau qu’il en
perdit un gros bouton doré
mal cousu ou trop sollicité
pendant les événements tor-
rentiels. Jean-Sébastien reçut
l’ordre de le retrouver. À
quatre pattes, à la seule lueur
d’une lampe à huile qui avait
bien du mal à résister aux
bourrasques de vent, il fouilla,
gratta en vain car le bouton
resta introuvable.
À table, le voyageur était deve-
nu la curiosité et les questions
tombaient en aussi grand
nombre que les gouttes de
pluie dans la cour. Il raconta
qu’il était entré dans les
ordres et qu’il travaillait avec
des sourds sur l’élaboration
d’une langue par signes. Il
s’appelait Charles Michel de
l’Épée et suite à son ordina-
tion, il était devenu l’abbé de
l’Épée. Cette confession rassu-
ra toute la famille car les ban-
dits de grands chemins
étaient assez nombreux dans
la région ; alors qu’un prêtre,
bien au contraire, cela ne pou-
vait être qu’un bon présage. Il
ajouta qu’il partait à Versailles
afin de rencontrer le roi pour
lui demander que cette
langue soit enseignée dans
tout le royaume.
À la fin du repas, il en fit la
démonstration et ajouta fort
justement que si les enten-
dants apprenaient ce langage,
ils pourraient eux aussi
converser. Les enfants
Palanquier voulurent tout de
suite apprendre mais leur
mère, très superstitieuse les
en interdire de peur que la
maladie ne les gagne eux
aussi. L’abbé avait beau souri-
re et la rassurer en l’infor-
mant que ce handicap n’était
pas contagieux, rien n’y fai-
sait. Le sieur Palanquier mal-
gré la confiance en l’abbé
n’était pas non plus très
chaud, mais il trouvait cette
méthode très intéressante. Le
lendemain matin, les bagages
furent rechargés et le fiacre
disparut au loin.
Quelques jours plus tard, le
sieur Palanquier trouva au
fond de la grange un coffret. Il
faisait partie des bagages de
l’abbé. Les sacs de jutes qui
avaient servi à protéger les
sauveteurs avaient été jetés là
et avaient caché, bien involon-
tairement, le coffret. Celui-ci
fut rangé dans le grenier et le
sieur Palanquier décida qu’il
resterait là jusqu’à ce que l’ab-
bé revienne le chercher au
retour. Mais l’abbé ne repassa
jamais et les jours, les
semaines, les mois, les années,
les siècles, au total, deux cent
vingt huit ans passèrent sans
que jamais le coffret ne fut
trouvé. Même pendant les
guerres et les changements
de propriétaires. Le coffret
était toujours dans le grenier
sans doute enfoui sous de la
vieille paille grisâtre, protégé
par des toiles d’araignées cen-
tenaires et par un vieux hibou
ermite et déplumé.
En mille neuf cent quatre
vingt dix, un couple de retrai-
té acheta la ruine au lieu dit «
les barils » Pour sûr, c’était
bien une ruine : le toit s’effon-
drait en son milieu, les volets
et les fenêtres n’existaient
plus et la porte et la grange
pourrie n’attendait qu’une
chose : tomber ! Enfin, il était
plus simple de dire qu’elle
comportait quatre murs et
une poutre faîtière, un point
c’est tout. Les travaux com-
mencèrent rapidement. La
chance était avec les nou-
veaux propriétaires car la
pluie inexistante et le soleil
radieux donna de la vigueur à
tous les corps de métiers. Ce
qui est incroyable, c’est que
personne ne vit le coffret.
Pourtant, le hibou s’était
envolé, les araignées avaient
élu domicile ailleurs et la
paille putréfiée s’était trans-
formée en poussière ; mais
malgré sa mise à jour le cof-
fret resta dans le coin du gre-
nier.
La restauration terminée, une
grande fête familiale fut orga-
nisée. Une table avait été
improvisée au beau milieu de
la cour et toute la famille :
enfants et petits enfants, cou-
sins et cousines, neveux et
nièces, parents et grands-
parents s’amusaient, dan-
saient, chantaient. Sauf
Sandra et Michaël, petite-fille
et petit-fils des propriétaires
qui à un bout de la table l’un
en face de l’autre, parlaient
avec des signes. Sourds de
naissance et dès leur plus
jeune âge, ils apprirent ce lan-
gage. Ils n’entendaient pas la
musique ni les paroles des
chansons mais pourtant la joie
de vivre remplissait leurs yeux
et ils n’étaient pas les derniers
à rire de bon cœur. C’était la
toute première fois qu’ils
venaient à la maison des
grands-parents et à cette occa-
sion ils leurs demandèrent la
permission de la visiter.
Les pièces du bas furent visi-
tées rapidement sans beau-
coup d’enthousiasme, mais à
l’approche de l’échelle de
meunier qui menait au gre-
nier, leurs yeux se mirent à
briller. Quel trésor de pirates
allaient-ils découvrir ? Peut-
être la cachette d’un vieux gri-
moire magique ? Ils gravirent
les quelques marches, avides
de curiosité. Leur déception
fut grande à la vue des fils à
linge tendus et des pots de
confiture bien rangés sur une
étagère. Ce ne sont pas non
plus les pommes étalées sur la
clayette qui pouvaient avoir
un effet magique. Déçus,
Sandra et Michaël assis au
bord de la trappe, prirent cha-
cun une pomme bien rouge et
10
>> Récit Les contes du maset suite page 9Horizontalement :
1.Homologuer.2.Avares.3.
Bâtisseur.4.Il - Bar.5.Tienne
- Une.6.As - Aise - Ge.7.Telle
- Tuer.8.Ire - Cure.9.Solide.
10.Niet - Leste.
Verticalement :
A.Habitation.B.Ovaliser.C.
Mat - Lèse.D.Orignal - Ot.E.
Les - Nie.F.Ossues - Cil.G.
Etude.H.Urubu - Ures.I.
Rangée.J.Ra - Réer - Pe.
Solution des mots croisés p15
Grand succès pour le chapitre d’hiver de la confrérie Saint-Vincent de VisanLes Maîtres Vignerons de la Confrérie Saint-Vincent de Visan ont célébré avec faste leur 55e chapitre,samedi 22 janvier.Chantal Malot et Paul Léaunard deux intervenants de grand talent ont donné des conseils pour harmo-niser au mieux les mets et les vins, Chantal proposant des mets et Paul un vin ou un type de vin s’accor-dant avec ces mets.L’animation picturale de l’artiste Ingrid Christoffels durant la dégustation a été également très appréciée,cette artiste peintre professionnelle a mis en couleur des dessins représentant le Marot et la Cave Saint-Vincent pendant la dégustation, en s’inspirant des commentaires des dégustateurs.Deux cuvées destinées à devenir « Saint-Vincent » 2003 et « cuvée du Marot » 2004, ont été sélectionnéespar les 6 jurys sous la houlette de Paul Léaunard.
>> Récit
croquèrent les fruits de dépit.
Soudain, Sandra bouscula son
frère et fronçant les sourcils,
lui indiqua le coin du grenier
où grâce au dernier rayon de
soleil, un morceau de métal
étincelait. À quatre pattes, ils
s’avancèrent et aperçurent le
coffret si longtemps oublié.
Tout juste si ce dernier ne
leurs disait pas : « Merci ! Oh !
Merci ! Je commençais à avoir
des courbatures ! » Le cade-
nas n’avait pas résisté au
temps et il n’y eut pas besoin
d’outils pour l’enlever ; un
simple mouvement de la
main suffit. Au moment où
Michaël allait ouvrir le petit
coffre, Sandra lui retint le bras
comme si la règle de discré-
tion de Palanquier venait de
s’abattre sur elle. Mais les
temps changent et la règle se
volatilisa aussi vite qu’elle
était venue ; la curiosité de
deux enfants fut beaucoup
plus forte.
Le couvercle du petit coffre
n’offrit pas plus de résistance
que le cadenas et dès qu’il fut
complètement rabattu, de
nouveau la déception se lut
sur le visage des enfants. Que
des vieux papiers à moitié
rongés par la vermine, illi-
sibles. Seul au fond du coffret,
deux morceaux de cartons
avaient soutenu le siège du
temps et quand Sandra les
écarta, elle vit entre les deux
un portrait et sous le portrait,
un nom : « Abbé Sicard » Elle
regarda son frère comme si le
destin venait de les toucher
du doigt. Ils se congratulèrent
d’une tape amicale dans les
mains. Cette découverte allait
avoir au sein de la famille des
effets divers.
L’abbé Sicard, de son vrai nom
: Ambroise Cucurron, bien
connu des sourds et malen-
tendants, avait été un des plus
fidèles adeptes de la méthode
de l’abbé de l’Épée et cette
coïncidence de retrouver un
tel document dans ce coffret
et dans cette maison ne prou-
vait rien quant à la présence
ancienne de l’un ou de l’autre
en ces lieux. Les seuls à
défendre cette opinion étaient
bien Sandra et Michaël.
L’histoire de cette trouvaille fit
la une des discussions fami-
liales pendant quelques mois
et puis plus rien. Les grands-
parents vivaient une retraite
bien méritée et de temps en
temps, recevaient la visite de
leurs petits enfants. Et c’est
lors d’une de ces visites que
l’histoire trouva sa fin.
Grand-mère, dès le petit
matin, était affairée au brossa-
ge des dalles du perron. Le
balai brosse au bout de ce
grand manche n’était pas très
efficace et malgré son âge, elle
s’agenouilla, prit la brosse
d’une main ferme et frotta
vigoureusement les dalles que
la mousse du printemps avait
verdies. Soudain, passant trop
près de la terre de la cour, elle
vit apparaître un caillou doré.
Après l’avoir déterré, elle fut
surprise de découvrir un joli
bouton de manteau comme
elle en portait au pensionnat
de jeune fille. Son mari fut
alerté aussitôt ainsi que les
petits enfants. On nettoya l’ob-
jet et sur la table de la cuisine,
muni d’une loupe, le grand-
père lut : « INSTITUT DES
SOURDS » À la vue de cette
inscription, Sandra et Michaël
eurent un sourire satisfait. Le
mystère restait malgré tout
entier quant à l’identité du
propriétaire du portrait et du
bouton ; mais il était sûr que
ce lieu avait abrité quelqu’un
qui s’intéressait à eux.
Ces objets, chers lecteurs,
pour les avoir vus réellement
chez Sandra et Michaël, font
obligatoirement partie d’une
histoire. Est-ce celle que je
viens de vous conter ou en
est-ce une autre ? Je vous lais-
se seuls juges mais pourtant,
plus je me relis et plus je crois
que j’ai raison ! En tout cas
rien que pour une aussi mys-
térieuse coïncidence, ce n’est
pas Sandra et Michaël qui me
contrediront.
(suite dans le prochain
numéro)
Caveau ouvert 7jours/7 - Pour plus d’informations : [email protected] - http://www.coteaux-de-visan.fr Tél. 04 90 28 50 80 - fax 04 90 28 50 81
Journée du vin au féminin, samedi 7 mai*
Visite de la cave de vieillissement avec dégustation sur fûts. Sélection dela cuvée « Femmes 2004 » par un jury féminin présidé par Isabelle Forêt.(*programme non définitif )
Offre spécialePâquesÀ découvrir à partirdu 5 mars au caveaude la cave « LesCoteaux » de Visanouvert 7 jours / 7
Les professionnelles du vin : de gauche à droite : GisèleMarguin Présidence de l’ASF Marseille, Maryse AllaroussePrésidente d’Honneur de l’ASF Lyon, Isabelle forêt et RenéePayan de l’Université du vin de Suze-la-Rousse.
Les oeuvres picturales d’IngridChristoffels sur le thème «Emotions envue» seront exposées au caveau de la CaveLes Coteaux de Visan, du 20 janvier au20 février 2005.
11
ATTENTION !
Importants risques de
fous rires à Mandelieu-la-
Napoule
On prévoit d’importants
risques de fous rires à
Mandelieu-la-Napoule !
PASTAGA LIMONADE sévira
à nouveau avec la Comédie
Musicale « Farigoule
Attitude » de Fiorélia.
Samedi 19 février 2005 à 20 h
30 salle Léonard de Vinci -
Estérel Galerie.
Infos et réservations :
04 92 97 99 27.
Directeur artistique Bruno Liger
Né à Guérande, tout en haut à
gauche de l’hexagone, Bruno
Liger aurait pu devenir un
grand marin. Allez savoir com-
ment la vie est faite ? Il se
retrouve dans le sud est, tout
en bas à droite. Pas le temps
de goûter à la fleur de sel que
les cigales l’appel déjà dans
les bois de la Montagnette
près de Barbentane.
Ce « grizzly » des forêts,
influencé par la musique celte
et le folklore de toute la pla-
nète s’éprend d’amour pour la
musique Nord-américaine,
tout près des Appalaches, de
la Virginie, du Tennessee et de
la Caroline du nord. De là à
confondre le sud est des US
avec le sud est de la France, il
lui manque quelque chose. Et
ce quelque chose, il le trouve
avec une guitare très spéciale.
Si plus jeune, il gratte sur une
rythmique, très rapidement il
cherche un instrument plus
puissant qui lui offrirait un
peu plus de possibilités de
création. Il tombe, par hasard,
sur un morceau de Jerry
Douglas (Son maître à jouer.)
et trébuche sur son instru-
ment : la fameuse guitare à
résonateur, plus communé-
ment appelée par les connais-
seurs, la « DOBRO ». Il crée
plusieurs groupes et aujour-
d’hui c’est avec « Mohagany
Spirit » « l’esprit de l’acajou »
afin de toujours faire référen-
ce à la guitare et à sa matière,
qu’il présente toutes les
facettes de sa DOBRO. Mais, si
on en disait un peu plus de
cette fameuse DOBRO ! Dès le
début du XXe siècle, les guita-
ristes recherchent un instru-
ment pouvant supplanter les
cuivres (trompettes saxos,
etc.) voire, jouer sans ampli à
l’extérieur. Les luthiers s’y
intéressent. Ce sont deux
frères tchèques les D’O’PEYRA
BROTHERS qui conçoivent un
système en remplaçant la
table en bois de la guitare par
un ensemble de pièces en alu-
minium amplifiant ainsi le
son. Plus perçante, plus réson-
nante, plus métallique et bien
sûr plus puissante que n’im-
porte quelle guitare acous-
tique, la DOBRO, affublée d’un
manche standard ou hawaïen,
devient l’instrument incon-
tournable de la « COUNTRY ».
Et voilà comment, le grizzly
de la forêt de Barbentane,
alias Bruno Liger, le seul
musicien français profession-
nel à avoir choisi la DOBRO
comme son instrument de
prédilection, arrive finale-
ment à s’entendre, accompa-
gné par les cigales de
Provence sans même ajouter
un soupçon de sel de sa
Bretagne natale avec les Dieux
de la COUNTRY, puisqu’il joue
comme eux !
Yves Furic
12
Le sel de la country
Caderousse : Nuit de la guitare
Pour cette 4ème édition, le programmateur a volontairement effectué des choix à la fois ambitieux
et éclectiques, l’idée de la manifestation étant de donner un aperçu au public des nombreuses
possibilités qu’offre cet instrument apparemment si «simple». 3 espaces musicaux traduisant des
atmosphères différentes avaient été aménagés à l’intérieur de la salle des fêtes : une bodega, un
bar à vins et la salle principale. Ces trois lieux ont fait l’objet d’une décoration singulière, d’un tra-
vail sur la lumière, l’objectif étant de transfigurer le réel. 50 bénévoles se sont mobilisés pour par-
ticiper à l’organisation. Il est très important que des jeunes et des moins jeunes, d’un même vil-
lage ou d’un village voisin, puissent se retrouver autour de projets, de manière totalement libre et
informelle. Nous avons pu écouter et voir : Les Guitares de Kirikou avec des jeunes guitaristes de
Caderousse. Une première expérience scénique qu’ils ne sont pas prêts d’oublier. Marilyn
Montalbano et Olivier Giraud, une alliance guitare flûte, peu courante. Pop Rock Français et
Rock’n’roll avec Ces Âmes et Jumping Jack Flash and the Easy Riders. Serge Pesce, ce jazzman d’ex-
ception a interprété Chantier Riviera - concert en forme de fresque musicale - une évocation jubi-
latoire, un hommage poétique et burlesque à la mémoire du temps qui passe. Il a su captiver le
public malgré un style toujours difficile d’approche. Jean-Félix Lalanne, ce guitariste hors pair a
subjugué le public par une interprétation sans faille, d’où se dégageait une très forte émotion.
Palinka -Manoucheries quatuor à cordes parisien, déjanté mais toujours juste a su communiquer
au public son jazz manouche énergique et envolé. Cordes à corps, un trio de grande qualité aux
sons tantôt tziganes, tantôt flamenca. Jazzimut 3 sets des standards de jazz interprétés par ce grou-
pe amateur de Caderousse qui excelle dans l’impro.
La 5e édition de la nuit de la guitare à Caderousse aura lieu le 21 mai 2005
pour tout renseignement, contacter Laurent au 04 90 51 93 92 ou au 06 09 24 38 57.
>> Musique
Il en est de notre terroir comme toutes choses d’aujourd’hui. S’y ressent ce
besoin d’originalité qui oblige à regarder de belles images décrites par d’autres
voix. Parmi elles, celle de Jacques Benoist, profonde, grave et douce. Différente.
Cet ingénieur se fixa à Donzère (Drôme) voilà tout juste 40 ans pour point de
départ d’une carrière professionnelle qui le mena de gauche à droite, jusqu’à ce
Sud lointain dont on ne revient jamais tout à fait. Maintenant retraité, il arpen-
te ses années passées de la pointe de son crayon sans jamais parler de lui dans
ses romans où se rencontrent personnages et paysages de lumière en un style
original et fort. Une activité parmi d’autres pour ce créateur qui fonda une mai-
son d’éditions afin que paraissent ses écrits ainsi que ceux d’auteurs de notre
région. De plus, pour permettre la découverte aisée des romans de son petit
catalogue, il les enregistre et les fait enregistrer par leurs auteurs sur disques
CD MP3 à l’aide des moyens techniques les plus modernes et s’apprête à éditer
son prochain livre en gros caractères pour une lecture plus facile aux mal
voyants.
Si Jacques Benoist reste discret sur ses propres souvenirs, il avoue volontiers
écrire pour ces lecteurs inconnus à la recherche d’aventures où se mêle l’ima-
ginaire à la vraie vie.
Le Félibrige
13
>> D’où ça vient ?
La signification de félibrige, cette école littéraire fondée par Mistral, n’est pas
clairement définie. Il pourrait s’agir de celui qui « fait des livres » ou de ce qui
« rend libre ». En latin, « Libra » signifie aussi « balance » symbole de justice.
Mistral précise qu’il trouva le terme de félibre au cours de la lecture d’une
ancienne poésie dans laquelle la Vierge Marie explique avoir trouvé son fils
dans le temple, « parmi les sept félibres de la loi ».
Cette photographie fut faite à Font-Ségugne en 1854 lors d’une des réunions
qui précédèrent ou suivirent de près celle du 21 mai. On peut considérer
comme un document des plus précieux représentant les « Primadié » à
l’époque même de la fondation du Félibrige, bien que, ni Brunet ni Mathieu n’y
figurent. On y reconnaît en suivant de gauche à droite au premier rang assis :
Mistral, Roumanille, Jules Giéra et au second rang : Aubanel, Paul Giéra, Tavan
et le peintre Chastel. Ce jeune homme était de Saint-Rémy et ami des premiers
Félibres ; il prit part à plusieurs de leurs réunions.
Un voyage de poche
>> Voyage
Je revenais de la boulangerie. J’ai posé le pain sur la table de la salle à manger et j’ai voulu compter ce qui restait dans mon porte-
monnaie. Si cette opération ne prend que quelques secondes quand on se trouve chez un commerçant, il n’en est pas de même
quand on prend le temps d’observer l’origine des pièces. Je me suis assis, j’ai éparpillé sur la table quelques pays d’Europe et j’ai
voyagé : Parti de Lisbonne au Portugal je me suis vite retrouvé à Madrid en Espagne. J’ai franchi les Pyrénées, traversé la France et
visitant le Luxembourg, je n’ai pas mis longtemps en passant au-dessus du Rhin à rejoindre l’Allemagne. Un pas de plus afin de me
reposer au coeur Des Pays Bas et retour en France. J’ai franchi les frontières et je ne sais pourquoi, mais ce voyage était encoura-
geant pour l’avenir et la Paix.
À propos d’un auteur bien de chez nous
>> Lecture
VIESBEN ÉDITIONS, BP 12 à 26290 DONZÈRE
Tél. / Fax. : 04 75 51 63 38
[email protected] www.viesben-editions.com
€ Allemand € Espagnol € Luxembourgeois € Français € Néerlandais € Portugais
Jacques Benoist
14
Cave Saint-Marc - 84330 Caromb Tél. 04 90 62 40 24 - Fax 04 90 62 48 83
Internet : cave-st-marc.com - e-mail : [email protected] ouvert : du lundi au samedi de 8 h 30 à 12 h et de 14 h à 18 h 30,
dimanche et jour de fête de 9 h à 12 h et de 15 h à 18 h
Le caveau de la Cave Saint-Marc se dynamise
Une gamme de produits extrêmementcomplète vous est proposée au caveau.Vous trouverez en vrac des vins dePays et des AOC Côtes-du-Ventoux.Les fontaines à vin de 5 à 10 litres enrouge, rosé et blancDes cuvées traditionnelles comme :La cuvée Sénéchal (cépage Syrah)La cuvée Saint-Marc (cuvée embléma-tique de la cave)La cuvée Étienne de Vesc (vieillie en fûtsde chêne)Des vins de DomainesLa cuvée CarlaLa cuvée Vignes LonguesLa cuvée Estelle du RocanDes vins pétillantsMousseux en cuve closeMousseux méthodes traditionnellesDes jus de raisinsDes huiles de pépins de raisinsEt toute une frénésie de Crémeux duVigneronCitron vert, myrtille, cassis, figues,framboise, mûre, châtaigne, abricot,cerise, mandarine et coquelicot.
SUPER TOMBOLADu 1er au 14 février à l’occasion de laSaint-Valentin, la cave Saint-Marc deCaromb organise une tombola ouver-te à tous. Le prix est un repas pour 2personnes dans un grand restaurantde la région pour tout achat à partirde 15 €.
En petit : L’abus d’alcool est dange-reux pour la santé - consommez avecmodération.
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l’objet dont juste un
petit morceau vous est
dévoilé. Avant de don-
ner votre langue au chat
et lire la réponse en
page 15 du prochain
numéro, sachez que
grâce à cet objet, beau-
coup des fautes ont dis-
paru.
Journal trimestriel :
numéro 10 / Février 2005
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Rédacteur en chef
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er de publier les textes ou publicités
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Mise en pages
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Création : novembre 2002
Dépôt légal : mai 2004
ISSN: en cours
Tirage: 6000 exemplaires
Le caractère typographique
utilisé pour le corps de texte
et les titres de ce journal est
Le Monde Courrier, créé en 1999
par Jean-François Porchez.
L’ESCOUBO
15
Le parler que j’aime,c’est un parler simple et naïf,
tel sur le papier qu’à la bouche.
Je parle au papiercomme je parle
au premier que je rencontre.
Michel de Montaigne
(1533 - 1592)
2
La vie des gens au cœur de notre terroir Les mots croisés de Jeannine PoirierHorizontalement
1 Conforme à certaines normes.
2 Qui entassent.
3 Fondateur.
4 Pronom personnel ; mesure de pression.
5 Possessif à la deuxième personne ; pre-
mière du magazine.
6 Un ; confort ; terre antique.
7 Analogue ; descendre.
8 Colère ; après le traitement.
9 État résistant.
10 Non russe ; agile.
Verticalement
A À la campagne où à la ville.
B Pour permettre le passage de l’oeuf.
C Sans éclat ; fait tord.
D Élan du Canada ; phonétiquement retiré.
E Article au pluriel ; refuse la réalité.
F fortement charpentées ; protège un
orbite.
La phrase célèbre
Un pseudo célèbre
Poésie
Le naufrage des fromages d’Yves Pol.
Tandis que sans espoir, dans l’immense tempête,
Le navire attendait la débâcle complète ;
Tandis que l’âpre vent, soufflant dans la mâture,
Arrachait aux haubans de sinistres murmures ;
Alors que soulevé, couché comme un fétu,
Le navire attendait, malgré ses efforts éperdus,
Dans la cale, enfouis en proie à la détresse,
Des fromages semblaient s’agiter dans leurs caisses.
Parmi les bruits du bord, les cris des matelots,
On entendit soudain parler le LIVAROT :
- « Messieurs ! s’écria t-il, nous sommes tous perdus,
Il va falloir mourir ! Les affres de la mort qui partout se présentent
Ne font que me glacer d’un frisson d’épouvante ;
Pleurant ses amitiés, l’un d’eux citait ces vers :
- « Ma vie a son secret, mon âme a son MUNSTER
Puissé-je le revoir, si nous pouvions messieurs, un jour, revoir la terre
Voir nos espoirs comblés et l’océan vaincu
Et crier à plein cœur : voici le PORT SALUT ! »
Tandis qu’il achevait ses paroles altières,
Une sueur d’effroi perla sur les Gruyères
En chœur les CAMEMBERTS crièrent : « Nous coulons ! »
G Bureau de notaire.
H Grand vautour ; Bœufs sauvages.
I Garée.
J Roi soleil ; s’entend dans le bois ; Saint
pyrénéen.
(solution page 10)
« Il est incontestable
que,de tous les arts,
l’art culinaire est
celui qui nourrit le
mieux son homme.»
Pierre Dac
Charles Lutwidge Dodgson
fut professeur à Oxford et
signa plusieurs traités scienti-
fiques. Mais nous connaissons
mieux ce Monsieur sous le
nom de Lewis Carrol, 1832 -
1898. C’est en 1865 que les
aventures d’Alice paraissent
et lui valent un immense suc-
cès.
Ne pas jeter sur la voie publique
A
1
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3
4
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6
7
8
9
10
B C D E F G H I J
Jeu !
Juste un petit
morceau...
Magazine
À voir, à faire
au cœur de notre terroir...
Trimestriel gratuit - numéro 10 - février 2005
La vie des gens au cœur de notre terroir
L’ESCOUBOGard rhodanien, Haut-Vaucluse, Drôme provençale, Ardèche méridionale
Magazine
Charte QualitéUn vrai magazine de proximité
Un support efficace et respectueux
l’Escoubo est un magazine trimestriel gratuit de grande qualité. Il fonctionne grâce
à des partenaires-annonceurs. Son contenu rend compte de « La vie des gens au cœurde notre terroir » : Artisanat, patrimoine, histoire, création, passion, littérature, por-
traits, jeux... C’est une mise en page lisible et de bon sens, en quadrichromie.
l’Escoubo Magazine avec un lectorat estimé entre 15 000 et 30 000, est diffusé dans
3 régions : Rhône-Alpes, Languedoc-Roussillon et Provence-Alpes-Côte-d’Azur, sur
4 départements : l’Ardèche, la Drôme, le Gard et le Vaucluse, comprenant plus de
30 villes et villages.
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permet aux lecteurs, hors de la zone de diffusion, d’en disposer rapidement.
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tion volontairement raisonnable, respecte le lecteur et l’annonceur.
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