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FRANCE n°2962 - 4 février 2005 3, 50 FRANCE Catholique FRANCE Catholique ISSN 0015-9506 www.france-catholique.fr 81 ème année - Hebdomadaire La croisade de Damas Obvala Soigner la lèpre au Congo Brazzaville Soigner la lèpre au Congo Brazzaville

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FRANCEn°2962 - 4 février 2005 3,50 €

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BREVES

2 FRANCECatholique N°2962 4 FEVRIER 2005

FRANCEPOLITIQUE : Devant les secrétaires desection du PS, le 30 janvier, FrançoisHollande s’en est pris à Nicolas Sar-kozy ; il a mis en garde ses amis contretoute précipitation dans la perspectivede la présidentielle de 2007, alors queJack Lang s’était déjà mis sur les rangset que Laurent Fabius avait adressé laveille une série de critiques implicites auPremier secrétaire du Parti.CHOMAGE : D’après les chiffres du mi-nistère du Travail publiés le 28 janvier, lechômage est resté stable en 2004 avecun total de 2 444 200 demandeursd’emploi fin décembre, soit 9,9% de lapopulation active.SOCIAL : L’Assemblée nationale a abor-dé le 1er février le débat sur l’assouplisse-ment des 35 heures ; une manifestationsoutenue par les partis de gauche estorganisée le 5 février par les syndicats.JUSTICE : On a appris le 27 janvier queplusieurs centaines de pièces archéolo-giques provenant du pillage de sitesafricains avaient été saisies par lesdouaniers à l’aéroport de Roissy.La chambre d’instruction de la Courd’appel de Paris a confirmé le 26 janvierles poursuites pour "tromperie sur laqualité d’un produit" dans l’affaire de"l’hormone de croissance", ce qui ouvrela voie à un procès en rejetant la pres-cription du délit.Plusieurs personnes ont été arrêtées àParis le 26 janvier au cours de l’enquêtesur une filière de jeunes Français partiscombattre en IrakAlors qu’EDF, Gaz de France et Arevapréparent l’ouverture de leur capital, laCour des comptes a mis en cause le 27janvier l’opacité financière d’EDF, enparticulier le financement du démantè-lement des centrales nucléaires.L’agresseur présumé d’une contrôleusedu train Toulouse-Cahors a été placé endétention le 27 janvier ; cette agressionavait provoqué des mouvements degrève à la SNCF durant plusieurs jours.Le Tribunal de Grande Instance de Parisa rendu le 28 janvier les premiers juge-ments déclarant les décès de Françaisdisparus en Asie et dont les corps n’ontpas été retrouvés.Alors que le procès de la catastrophe dutunnel du Mont-Blanc, qui avait fait 39morts en mars 1999, s’est ouvert le 31janvier devant le tribunal correctionnelde Bonneville (Haute-Savoie), la sociétéqui gère la partie italienne de l’ouvragea accepté de verser 13,5 millions d’euros

aux familles des victimes.Premier préfet issu de l’immigration,Aïssa Dermouche risque la correction-nelle pour un arriéré de pension alimen-taire impayé ; mais il n’envisage pas dedémissionner de son poste.SANTÉ : Les services du commissaire eu-ropéen à la Santé ont annoncé le 28janvier que l’agent de "la maladie de lavache folle" avait franchi la barrière desespèces en contaminant une chèvredans le département de l’Ardèche ; l’ani-mal avait été abattu en 2002 ainsi qu’untroupeau de 300 têtes.HERITAGE : Le ministre de la Justice, Do-minique Perben, a annoncé le 27 janvierune accélération du calendrier législatifpour 2005 avec une réforme du droit dessuccessions qui sera examinée au prin-temps prochain.TELEVISION : 35% des téléspectateursauront accès dans deux mois à 14 chaî-nes gratuites grâce à la télévision nu-mérique terrestre (TNT) ; 80% des foyersdevraient être équipés en 2007 et lereste avant 2010 ; outre les chaînes ha-bituelles, l’accès serait ouvert à : Direct8, M6 Music, TMC, NT1, NRJ TV, LaChaîne parlementaire et France –4.BIODIVERSITE : Un appel en faveur de lapréservation des espèces menacées a étélancé le 28 janvier par le comité de laConférence sur la biodiversité qui s’esttenue à Paris au siège de l’Unesco.BANDE DESSINEE : La dessinatrice ira-nienne Marjane Satrapi a été couronnéele 27 janvier au Festival de la BD d’An-goulême par le prix du meilleur album,"Poulet aux prunes" ; le Grand prix2005 a été attribué le 29 à GeorgesWolinski, bien connu comme dessina-teur de presse.DISPARITION : Le comédien Jacques Vil-leret, connu pour ses interprétationsdans "La soupe aux choux" ou "Le dînerde cons", est décédé le 28 janvier ; ilétait âgé de 53 ans.

MONDEFORUMS : Le 5e Forum social mondials’est ouvert le 26 janvier à Porto-Alegre(Brésil) par une marche rassemblant50 000 personnes et réclamant "unautre monde". A Davos, Tony Blair a appelé à une plusgrande ouverture des pays riches auxproduits des pays pauvres tandis queJacques Chirac proposait (par vidéo-conférence en raison du mauvais tempsrégnant sur la Suisse) une taxe inter-

nationale pour financer notamment lalutte contre le sida en Afrique. Selon unbilan publié par l’OMS, 700 000 maladesdu sida bénéficiaient d’un traitement endécembre 2004 alors que 5,8 millions depersonnes en ont un urgent besoin poursurvivre.PROCHE ORIENT : 130 000 Israéliens ontmanifesté le 30 janvier à Jérusalemcontre le retrait de Gaza programmé parle gouvernement Sharon.IRAK : Les Irakiens ont été nombreux àvoter le 30 janvier pour les premièresélections multipartites depuis plus de 50ans, malgré des attentats qui ont fait aumoins 37 morts. Dans l’ensemble, la par-ticipation au scrutin a dépassé toutesles prévisions avec environ 60% de vo-tants ; mais les résultats ne devaient pasêtre connus avant une semaine. La per-spective de l’arrivée au pouvoir des chiites alliés de l’Iran inquiète les diri-geants arabes sunnites du Golfe, sou-vent alliés de Washington. L’assembléeélue devrait élaborer une Constitution,soumise à référendum, d’ici la fin 2005.UNION EUROPEENNE : Les ministres eu-ropéens de l’Intérieur et de la Justice,réunis à Luxembourg les 28 et 29 jan-vier, ont envisagé la création d’un casierjudiciaire européen.ESPAGNE : A l’occasion de la visite adlimina des évêques espagnols le 24 jan-vier, Jean-Paul II a critiqué la politiquesociale "progressiste" du gouvernementZapatero, le climat de "permissivité mo-rale" et "la mentalité inspirée de la laï-cité" qui règnent en Espagne. Le nonceapostolique en Espagne a été convoquéle 26 au ministère des Affaires étrangè-res pour se voir exprimer "la surprise" dugouvernement.ETATS-UNIS : Le géant des produits degrande consommation Procter et Gam-ble a offert 57 milliards de dollars pouracquérir la société Gillette, créant ainsile n° 1 mondial du secteur devant legroupe Unilever. L’économie américainea connu une croissance en 2004 : de +4,4% ; c’est le rythme le plus élevé de-puis 1999.CHINE : Les premiers vols directs depuis55 ans entre la Chine et Taïwan ontrepris le 29 janvier.ENVIRONNEMENT : Réunis à partir du 1er

février à Exeter (Grande-Bretagne),scientifiques et responsables politiquesde trente pays ont dressé un constatpessimiste des conséquences du ré-chauffement de la planète.

J.L.

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EDITORIAL

FRANCECatholique N°2962 4 FEVRIER 2005 3

actualité de ces dernières semaines n’a cessé de nous confron-ter au mystère du mal. Pour les croyants, cette confrontationest le lieu même du face à face avec le Dieu de la foi et consti-tue l’épreuve par le feu. Gabriel Marcel - dont on vient oppor-tunément de publier un florilège recouvrant l’expérience laplus originale du penseur. (1) - était d’avis que la déréliction

met en cause toute théologique dite objective, c’est-à-dire toutsystème théologique qui ne s’ouvre pas à l’expérience existentielle duDieu de la Révélation. “Le Dieu-chiquenaude, premier moteur et grandmachiniste de l’univers devient presque fatalement un Dieu-objet... UnDieu-objet qui nous traite en objets jusque dans notre for intérieur, oùtoute protestation attire sa vindicte”. UnDieu-objet dans l’épreuve cruciale devientcause d’athéisme, poursuivait Gabriel Mar-cel qui, au demeurant, ne croyait pas auxressources de la pure philosophie ra-tionnelle pour dénouer une telle énigme.

L’expression du silence de Dieu a étésouvent employée pour désigner la nuditétotale des victimes de la Shoah. On a aussiinvoqué cette notion de silence pour inter-dire à jamais toute expression religieusesur les sites exterminateurs. Mais lors de lacommémoration du soixantième anniver-saire de la libération d’Auschwitz, les repré-sentants des religions, juifs et chrétiens, ont été invités à prier à pleinevoix à la face du monde. C’est ainsi que le cardinal Jean-Marie Lustigera récité le psaume De profundis : “Des profondeurs je crie vers toi,Seigneur, écoute mon appel”. C’est donc qu’il convient de contredirecette notion de silence avec une certaine acuité. Martin Buber parlait,avec beaucoup plus de discernement, d’éclipse de Dieu, et il n’est pasun seul croyant, a fortiori mystique, qui contestera à quel point Dieupeut se cacher, se dérober, au point que le passage à travers la nuittotale est la condition même de l’âme la plus fervente.

Le danger le plus menaçant serait de poser l’équation : silence deDieu = mort de Dieu... comme ce fut la tentation de beaucoup. Les juifspieux l’ont évidemment dénoncée, refusant que le nazisme puisse ainsituer la foi judaïque après avoir voulu exterminer le peuple de la Pro-messe. Parmi les témoignages les plus forts des survivants d’Auschwitz,on pourra retenir celui de cette femme affirmant qu’arrivant dans unlieu d’où avait été effacée toute trace de Dieu, c’est sa foi qui l’y avaitréintroduit. Jamais, nous ne serons capables d’aller au terme, au cœurd’un abîme individuel, mais nous pouvons, au moins, comprendrequelque chose dont le vingtième siècle a voulu souvent nier la réalité :notre vulnérabilité. Notre volonté de toute puissance a trouvé sonobstacle dans l’exemple de ceux pour qui elle justifiait toutes les trans-gressions. Mais notre vulnérabilité redécouverte, il fallait encore ad-mettre la vulnérabilité de Dieu, présent dans les martyrs d’Auschwitz.“Où donc est Dieu ? se demandaient Elie Wiezel. Et de répondre : “Levoici - il est pendu ici à cette potence” - en désignant l’enfant pendupar les bourreaux. �(1) Gabriel Marcel, Tu ne mourras pas, Arfuyen.

L

SOMMAIRE

ACTUALITÉ

4 MONDE Faut-il avoir peur de Bush ?Yves La Marck

5 POLITIQUE FRANCAISE La ligne BayrouAlice Tulle

6 ECONOMIE De Davos à Porto Alegre Josiane Lambret

DOSSIER

8 ANNEE DE L’EUCHARISTIE L’Eucharistie chezles premiers chrétiens

Père Patrick de Laubier

10 La première foisPère Michel Gitton

14 Le sens du culteM.G.

ESPRIT16 EN MEMOIRE DES JOURS Fragile espérance

Robert Masson

17 ECCLESIA 200.000 mortsBernard Furania (www.christicity.com)

20 ECCLESIA L’évangélisation en Russie (2)Père Patrick de Laubier

21 LECTURES 5ème dimanche du temps ordinairePère Michel Gitton

22 CAREME Le démon, cet éternel vaincuPère Ludovic Lécuru

MAGAZINE

24 DEBATS Sur le dialogue interreligieux (2)Ilaria Morali / Agence Zenit

26 PORTRAITS Les Missionnaires IdentèsPère José-Maria Lopez

29 CINEMA “La marche de l’empereur”Marie-Christine d’André

30 REPORTAGE Lèpre au Congo-BrazzavilleFrançois Blanc (Raoul-Follereau)

32 THEATRE “Charlotte Corday”Pierre François

33 THEATRE “Camille Claudel”Alain Solari

34 B.D. Luc TessonAnne Montabone

36 TELEVISION Votre début de soiréeMarie-Christine d’André

38 BLOC-NOTES Vie associative et d’EgliseBrigitte Pondaven

Photo de couverture :© François Blanc / Raoul-Follereau

Une enveloppe Raoul-Follereauest jointe à certains exemplaires de ce numéro

par Gérard LECLERC

Dieu vulnérable

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e porte-parole de la Mai-son Blanche a jugé bonde rassurer: les propostenus par le présidentsont l’expression de sa

conviction personnelle. Ceci neveut pas dire que la diplomatieaméricaine va changer. On n’afait que confirmer la ligne anté-rieure. Pourtant, devant le Sé-nat quelques jours auparavant,la nouvelle secrétaire d’Etat,Condi Rice, avait tenu des pro-pos analogues. Elle avait mêmeété trop précise en désignantsix Etats-voyoux (Corée dunord, Birmanie, Zimbabwe, Iran,Biélorussie, Cuba) alors que leprésident demeurait au niveaudes idéaux. L’étonnant n’est pasque ces pays aient été nommé-ment désignés, la liste est sanssurprise, mais que les Etats-Unis se soient contentés deceux-là et pas de beaucoupplus d’autres : Syrie, Chine,Turkmenistan, Azerbaidjan,voire Pakistan, Arabie saoudite,et ainsi de suite, souvent dé-noncés dans d’autres listesnoires américaines.

Washington invite les parti-sans de la liberté où qu’ilssoient à se soulever contre lestyrannies. Et si l’appel était suivid’effets ? Les Etats-Unis pour-raient-ils faire face à desdemandes d’aide aussi nom-breuses ? Non seulement ceci

concerne-t-il les payshostiles maiségalement les paysamis. “J’ai allumé unfeu et que voulez-vousqu’il fasse sinon qu’il brûle”.Le président Bush a parodiéla parole de l’Evangile. Faut-ille prendre au mot ou n’y voirqu’un exercice de pure rhéto-rique ? Il est tentant de jouer àse faire peur et d’imaginer desscénarios apocalyptiques.Cependant, il faut résister à latentation. Il est difficile decroire à une révolution aussiradicale. La diplomatie, nousassure-t-on, reprendra sesdroits. Est-ce pour nous faireoublier l’intervention de ColinPowell devant les Nations Uniesoù il se ralliait à la guerre enIrak ? On ne reverrait plus lechef de la diplomatie ou la CIAcéder au Pentagone.

Ce n’est toutefois pas seule-ment une question de mé-thode : la diplomatie ou lamanière forte, la carotte ou le

bâton. Il s’agit des objectifs à sefixer. La référence ici est celledu président Reagan, héraut s’ilen fut de la liberté dans lemonde. Aujourd’hui ne consi-dère-t-on pas sa “guerre desétoiles” comme un épouvantailà moineaux, mais qui fit illusion? Le président Bush sembleavoir retenu la leçon. Il acompris qu’il ne suffisait pasde dénoncer l’axe du mal ou dediaboliser l’adversaire. Il fallaitaussi “positiver”. Il a exalté laforce de l’Amérique, spirituelleautant que physique. Il a ré-pondu ainsi à une attentediffuse de la nation autour des

valeurs incarnées traditionnel-lement par l’Amérique. Celle-ci n’agira plus seulement sousla menace mais reprend l’ini-tiative.

Les risques sont certesénormes. La Révolution fran-çaise avait aussi déclaré laliberté au monde. La Révolutionaméricaine avait été beaucoupplus pragmatique et patri-cienne. La réconciliation desdeux est toujours difficile àmettre en pratique. Après avoirplacé la barre si haut, le prési-dent risque surtout de décevoir.Il ne trompe cependant queceux qui le veulent bien. Lediscours d’investiture est unexercice convenu. Il faudrajuger sur pièces. �

Washington invite les partisans de laliberté à se soulever contre les tyrannies(

4 FRANCECatholique N°2962 4 FEVRIER 2005

par Yves LA MARCKETATS-UNIS

ACTUALITE

L

Faut-il avoirpeur de Bush?Paroles en l’air ou réalité ? Le monde

s’interroge après le discours d’investiture

du président Bush le 20 janvier.

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ACTUALITE

FRANCECatholique N°2962 4 FEVRIER 2005 5

apparence juvénile,bien qu’il soit un vieuxroutier de la politique,l’homme qui défiel’UMP ne mobilise pas

de gros bataillons mais disposede plusieurs atouts.

François Bayrou a été réélule 22 janvier dans des condi-tions plus que confortables à laprésidence de l’Union pour laDémocratie française (UDF), lorsdu congrès de cette formation.C’est la preuve qu’il bénéficiedu soutien d’un parti véritable-ment soudé, alors que l’UMPentre peu à peu dans la confron-tation entre Jacques Chirac etNicolas Sarkozy.

Sans doute annonçait-on, àla veille du congrès, que l’UDFcomptait dans ses rangs uneminorité appréciable de parti-sans de l’entrée de la Turquiedans l’Union européenne et, parailleurs, un nombre respectablede centristes décidés à voterNon au référendum sur le "traitéconstitutionnel". Il ne faut pasy voir des facteurs de divisionmais une diversité acceptée etbien peu gênante pour FrançoisBayrou – qui a été réélu à la têtede sa formation par 98,45% desvotants. Par ailleurs sa déclara-tion de politique générale, enfaveur du Oui au référendum etdu Non à la Turquie, a été ap-prouvée par 90% des adhérentsde la formation centriste. Al’UDF, tout est en ordre.

A l’extérieur, les choses nesont pas moins claires. L’UDF a

massivement approuvé laligne d’indépendance àl’égard du président de laRépublique, de son gou-vernement et du parti ma-joritaire. Ceci malgré lesexhortations de Gilles deRobien – le seul ministre UDFau gouvernement.

Le ministre des Transports aprévenu qu’il ne serait "pas soli-daire d’une stratégie de rupturevis-à-vis de la majorité". Peineperdue. La stratégie de FrançoisBayrou implique l’opposition aucamp chiraquien. Une UDF quise rallierait à la majorité prési-dentielle serait absorbée parcette immense machine électo-rale qui aura à se déclarer enfaveur de Jacques Chirac ou deNicolas Sarkozy, sans se poserla question d’une candidaturede François Bayrou. Or celui-cin’a d’autre ambition que de seprésenter à l’élection présiden-tielle de 2007 : "cela impose den’être ni dans un camp, ni dansl’autre, cela impose de faire sonpropre camp […] pour rassem-bler des Français venus d’unbord et de l’autre s’ils le souhai-tent", a-t-il déclaré. La straté-gie n’a pas changé : c’est celledu troisième homme, du recoursidéalement centriste entre ladroite classique et la gauchesocialiste.

Face aux gros bataillons de

la droite et dela gauche, cet idéal semble horsde portée. Toutes sortes despéculations sont possibles,mais on aurait tort de voir dansla démarche de F. Bayrou unesimple manœuvre politicienne.Le président de l’UDF estime quela France connaît une "nouvellefracture sociale" dont les classesmoyennes sont les victimes :trop faiblement rémunérés, chas-sés des centres urbains par lahausse des prix de l’immobilier,mal à l’aise dans le système decompétition à outrance, biendes employés et des cadres quine voteront jamais à gauchesont déçus par la droite chira-quienne. Pourquoi ne se tourne-raient-ils pas vers un "européenhumaniste" comme se définitFrançois Bayrou ?

Le pari n’est pas absurde. Ilpeut être tenu si François Bay-rou reste fidèle à sa ligne indé-pendante jusqu’à l’échéance de2007. Et si l’UDF parvient à s’éta-blir sur une base sociologique,cette formation peut compterdans l’avenir beaucoup plus quedepuis la défaite de ValéryGiscard d’Estaing en 1981.

Demeure un vieux problème– mais il est de taille. En France,tous les candidats à la prési-dence de la République, dedroite comme de gauche, seportent au centre – tantôt avantla premier tour, tantôt pendantla brève campagne pour lesecond. Ce n’est donc pas le videque François Bayrou aurait àcombler, mais un trop plein qu’ilaurait à affronter… �

La stratégie n’a pas changé, c’estcelle du recours idéalement centriste

(

D

CENTRISME

Triomphalement réélu président de

sa formation, François Bayrou

persévère dans sa stratégie : résister

pour exister, afin de s’imposer

comme recours le moment venu.

La ligne Bayroupar Alice TULLE

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es deux événementsinternationaux conti-nuent à se confronter,de part et d’autre del’Atlantique. Les parti-

sans du capitalisme hautementcompétitif continuent d’affir-mer qu’il n’y a pas de salut horsde l’économie de marché, et lesaltermondialistes soutiennenttoujours qu’un "autre mondeest possible" à condition quel’on rompe avec les pratiquesnéo-libérales.

Mais un dialogue s’est nouéentre les représentants d’opi-nions apparemment irréducti-bles. A Davos, certains desdirigeants du monde "globali-sés" disent clairement leur in-quiétude quant aux réactionsde rejet que provoquent lesméthodes du capitalisme puret dur. Ils s’inquiètent du ré-chauffement de la planète, dela misère qui frappe une partimportante de la populationmondiale, de la dépression ner-veuse qui guette le personneld’encadrement dans les paysles plus développés. Beaucoupde ces dirigeants souhaitent enconséquence des entrepriseshumanisées, moins polluantes,moins orientées vers la renta-bilité immédiate.

Voilà qui devrait conveniraux "altermondialistes" qui pro-clament depuis des années que

"le monde n’est pas une mar-chandise". De fait, les plus mo-dérés parmi eux ont réservé unaccueil intéressé, mais pointchaleureux ni approbateur, auxreprésentants du FMI et de laBanque mondiale venus se jeterdans la gueule du loup antili-béral. Cet événement est signi-ficatif de l’évolution paisibledes forums sociaux mondiaux –qui était déjà perceptible l’an-née dernière en Inde.

Cet apaisement est relatifpuisque, au Forum social euro-péen de Londres, c’étaient lesextrémistes trotskystes et isla-mistes qui tenaient les tribunes.

Mais la détente néanmoinsperceptible s’explique aussi parle fait que de nombreux alter-mondialistes ont l’impressionde tourner en rond : les néga-tions du système libéral s’accu-mulent de manière désordonnéeet ne se formulent pas en cri-tiques cohérentes.

Surtout, les "altermondia-listes" ne parviennent toujourspas à présenter un programmealternatif – celui que conduiraitvers l’autre "monde possible".Et les idées humanistes qu’ilslancent ne sont plus très loin del’ambition des "capitalistes"d’humaniser la gestion de leursentreprises.

En fin de compte, il apparaîtque les deux événements poli-

tiques de l’hiver se ritualisentvoire s’essoufflent. Rituel mon-dain à Davos où se rencontrentdirigeants politiques, chefsd’entreprises, chanteurs et ve-dettes de cinéma. Rituel mili-tant à Porto Alegre, déserté parles dirigeants politiques de lagauche européenne qui laissentla "base" discuter à perte de vuedans la spontanéité.

Entre la Suisse et l’Amériquelatine, il est intéressant d’ob-server que deux hommes d’Etattentent de lancer des ponts. Le"gauchiste" Lula, en proie à lacontestation de son parti origi-nel, est intervenu à Davos. Etle "droitiste" Jacques Chirac arelancé l’idée d’une taxation in-ternationale destinée à finan-cer le développement. D’autres

chefs d’Etat européens (MM.Blair Et Schröder) plaident pourque des facilités financièressoient consenties aux payspauvres.

Comme dans les anciensmodèles de dissertation desclasses de lettres, la thèse desmondialistes et l’antithèse desaltermondialistes se trouve-raient donc réunies dans unesynthèse conciliant le souci hu-maniste des entrepreneurs etla taxation financière queréclame depuis sa fondation demouvement Attac.

Nous sommes loin de cettebelle réconciliation des deux"mondes". Ce qui apparaîtnettement, en contradictionavec les thèses libérales et li-bertaires sur la fin de la poli-tique, c’est le retour deshommes d’Etat sur le devant dela scène mondiale. Mais l’a-vaient-ils jamais quittée ? �

Il apparaît que les deux événementspolitiques de l’hiver se ritualisent(

6 FRANCECatholique N°2962 4 FEVRIER 2005

MONDIALISATION

ACTUALITE

Comme chaque année, deux conceptions

du monde se sont opposées à l’occasion

du forum "mondialiste" de Davos et du

forum "altermondialiste" de Porto Alegre.

Y aurait-il du neuf ?

C

par Josiane LAMBRET

De Davos à Porto Alegre

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empire romain était entré en décadencelorsque le christianisme commença à serépandre visiblement c’est-à-dire dès lepremier siècle lors de la persécutiondéclenchée par Néron en 67. Tacite dansles Annales (115) parle à propos de l’in-

cendie de Rome sous Néron des chrétiens livrés auxtourments les plus raffinés. Il explique que le nomde chrétien leur vient de Christ, que sous le princi-pat de Tibère, le procurateur Ponce Pilate avait livréau supplice ; réprimée sur le moment poursuit-il,cette exécrable superstition faisait de nouveauirruption, non seulement en Judée, berceau du mal,mais encore à Rome, où tout ce qu’il y a d’affreuxou de honteux dans le monde converge et serépand. On commença donc par poursuivre ceux quiavouaient, puis, sur leur dénonciation, une multitu-de immense, et ils furent reconnus coupables, moinsdu crime d’incendie qu’en raison de leur haine pourle genre humain. A leur exécution on ajouta desdérisions, en les couvrant de peaux de bêtes pourqu’ils périssent sous la morsure des chiens, ou en lesattachant à des croix, pour que, après la chute dujour, utilisés comme des torches nocturnes, ils fus-sent consumés.

En 111-112, Pline le Jeune, nommé légat, estchargé de la province de Bithynie sur la Mer Noire etdit son embarras, dans une lettre à Trajan, devant unefoule de personnes de tout âge et de toute condition,des deux sexes, dans les villes et dans les campagnesqui se déclarent chrétiennes, tandis que les templesde la religion romaine étaient abandonnés.

Cette rapidité de l’extension du christianisme estmanifestée par le rescrit d’Hadrien, en 124, quiexige une procédure légale en faveur des chrétiens.

Jusqu’à la moitié du second siècle la littératurepaïenne ignore le fait chrétien, mais bientôt il se faitvisible et attire l’attention des lettrés: à partir de160 environ, écrit Pierre de Labriolle, la questionchrétienne se pose devant tout esprit réfléchi et les

Le Pape a proclamé cette nouvelle

année liturgique, “année de

l’Eucharistie”, appelant les

communautés chrétiennes à un effort

d’approfondissement quant à la

compréhension de la messe.

Et si on se demandait comment tout a

commencé ? Les juifs, qui constituaient

l’essentiel des premiers chrétiens,

attendaient un Messie, mais ne

pouvaient penser que le Messie soit

Dieu Lui-même en la personne de son

Fils unique et que ce Messie divin se

donnerait en nourriture sous la forme du

pain et du vin. Une approche purement

rationaliste de la situation de la

communauté chrétienne au lendemain

de la Pentecôte ramène tout à un récit

légendaire et à une exaltation explicable

par les circonstances. La célébrité puis

la fin dramatique de Jésus, dont les

disciples annoncent la résurrection

mystérieuse dans un contexte

caractérisé par l’hostilité des autorités

juives et bientôt la persécution romaine,

sont, dira-t-on encore, autant

d’éléments fondateurs de mythe,

plus ou moins obscurs comme les

choses de l’imagination…

La foi ouvre pourtant de toutes autres

perspectives en suggérant une cause

surnaturelle à une réalité historique

fondée sur un mystère que l’excès de

lumière rend obscur à nos yeux.

DOSSIER

8 FRANCECatholique N°2962 4 FEVRIER 2005

MEDITATIONS EUCHARISTIQUES

L’EucharistieL’

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philosophes réagissent. En 180, Celse lance son brû-lot La parole de vérité que nous connaissons par laréfutation d’Origène 70 ans plus tard. Citons l’intro-duction: Il est une race nouvelle d’hommes nés d’hier,sans patrie ni traditions, ligués contre toutes les insti-tutions religieuses et civiles, poursuivis par la justice,universellement taxés d’infamie, mais se faisant gloi-re de l’exécration commune: ce sont les chrétiens.

Le ton est donné, brutal et méprisant. L’empireromain est alors en proie à une décadence moraleprécipitée qui brise l’institution familiale, force tra-ditionnelle de Rome, d’abord chez les riches puisdans toutes les classes de citoyens par le biais de la

législation de plus en plus laxiste qui renforce cettetendance. Une des raisons de cet effondrement estassociée à l’enrichissement et à l’existence de l’es-clavage qui mine le mariage et entraîne la stérilitédes ménages. La religion traditionnelle perd touteemprise sur les esprits et n’est plus qu’un rite privéde tout contenu spirituel tandis que les cultes orien-taux parfois extravagants, toujours ambigusconnaissent un succès grandissant.

Environ un siècle après Celse, le christianismeest devenu une force qui s’impose et Porphyre (268),disciple de Plotin, se livre une attaque très élaboréedans un traité contre le christianisme que nous

La questionchrétiennese posedevanttout espritréfléchi

DOSSIER

FRANCECatholique N°2962 4 FEVRIER 2005 9

chez lespremiers chrétiens

par Don Patrick DE LAUBIER

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DOSSIER

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Il y a quelques années, j’avais composé un petit récitintitulé "la première messe des Apôtres", cherchant àimaginer ce qu’avait pu être le passage à l’acte, lorsque,après la Pentecôte (le jour de la Pentecôte ?), les Douzes’étaient sentis investis du commandement du Seigneur"faites ceci en mémoire de moi". Car, contrairement à cequ’on essaie de nous inculquer, il n’y a jamais eu dedisciples de Jésus sans Eglise et pas d’Eglise sansEucharistie. Alors ? Comment s’est opérée cette "premièrefois" où, dans l’audace de l’Esprit, les Apôtres ont dit lesparoles du Maître et refait ses gestes ? J’imaginais commentMarie Mère de Jésus avait pu, sans prendre aucunementl’initiative, permettre cette anamnèse aimante qui avaitabouti à la réalisation du premier sacrifice eucharistique.Je découvre que l’Eglise arménienne s’était posé depuislongtemps la question et avait cru y répondre dans la "lettre(apocryphe) du Bienheureux Juste qui fut le quatrièmeévêque de Jérusalem" citée par un des lectionnaires de laliturgie arménienne . "Voici ce qu’a dit Juste, qui fut témoinet serviteur des saints Apôtres […] :Jacques, le frère du Seigneur, ainsi que lesApôtres dressèrent une table le jour de laTransfiguration. En effet, jusqu’alors, lecorps du Christ n’avait pas encore été offertsur l’autel. Ainsi donc, sur l’ordre du Saint-Esprit, le frère du Seigneur présenta cetteoffrande et les Apôtres y virent descendrel’Esprit sous forme de colombe. Car c’estpour fêter la Transfiguration que futcélébrée la première messe. " (traductionJ.P. Mahé). Cette explication, pourlégendaire qu’elle soit, ne manque pas deprofondeur : l’Eucharistie y est vue comme une nouvellemanifestation du Christ, qui, à l’instar du Baptême et de laTransfiguration, s’accomplit dans la force de l’Esprit envoyédu Père pour attester la mission de son Fils. L’Esprit estdoublement l’agent de la célébration : par l’"ordre" qu’iltransmet à Jacques et par son action dans les espèces, qui,conformément à la théologie des Eglises d’Orient, sontconsacrées par l’invocation de l’Esprit Saint (épiclèse), c’estlui qui opère au sein de l’Eglise cette nouvelle actualité dumystère du Christ. Transfiguration ("métamorphose" engrec), c’est bien ce qui se passe dans la conversioneucharistique.Il fallait répondre à l’objection qui ne manque pas de surgirau vu de la distance entre la fête de la Transfiguration (le 6août) et la Pentecôte, la lettre considère qu’il y a là un délaivoulu, d’une durée approximative de cinquante jours

(comme entre Pâques et la Pentecôte), puisque le 6 aoûtétait censé tomber cette année-là le "premier dimanche quisuivrait une période de cinquante jours après laPentecôte". Ce délai serait une sorte de "jeûne", unemanière de respecter la consigne de silence donnée justeaprès la Transfiguration (Matthieu 17,9). La narration de Juste essaie ensuite de situer le ministère deJacques comme premier prêtre offrant le sacrificeeucharistique par rapport à l’institution apostolique. Il n’yparvient pas sans imaginer une première ordination, unpremier "sacre épiscopal", conféré par les autres Apôtres àJacques, dont il n’est pas clair, au vu du texte, s’il fait partieou non des Douze qui ont assisté à la Cène. Commentpenser la "première fois", sans reporter sur cette origine lesconditions qui sont celles de la suite ?Pourtant, il a bien existé une première fois et celle-ci n’estpas le résultat d’une élaboration doctrinale, où l’on seraitarrivé à la conclusion qu’il fallait faire un rite précis pourévoquer le Maître disparu : l’Eucharistie ne serait pas ce

qu’elle prétend depuis toujours être - une miseen relation avec la vie et la mort de Jésus -, sielle ne jaillissait pas de son initiative à lui, peuà peu comprise et assumée. Si elle nefranchissait pas de quelque façon le momentde séparation entre Jésus et l’Eglise, elle neserait qu’une représentation de plus, undiscours en image sur le Christ, elle ne seraitpas lui. Ce qui s’est passé à la Cène reste biensûr mystérieux, la plupart des éléments de cerepas ne sont pas passés dans la célébrationchrétienne : ni la manducation de l’agneau, niles herbes amères, ni les formules du Seder, ni

la périodicité annuelle, rien de tout cela n’a été reproduit,le seul point de contact, et il est capital, ce sont deux gestesprécis et des paroles, ces mots même que Jésus a insérésdans le rituel de la Pâque et que l’Eglise a portés dans samémoire avant même la rédaction des Evangiles (onconstate que les formules liturgiques, y compris celles quenous utilisons actuellement, ne sont jamais le décalqueexact du texte d’aucun des récits disponibles dans leNouveau Testament).Honorons donc le mystère de cette première mise enœuvre du don eucharistique, le moment précieux où unhomme (Pierre, Jean ?), dans la fidélité et le respect, a osél’impossible, où il a pris du pain, du vin et, rassemblant toutce qu’il pouvait avoir gardé dans son cœur du souvenir dela soirée du Jeudi Saint, redit des mots qui devaient mettrele feu au monde. �

La première foispar le Père Michel GITTON

Il n’y ajamais eu dedisciples deJésus sans

Eglise et pasd’Eglise sansEucharistie

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connaissons par les réfutations des chrétiens. Il s’a-git de la plus redoutable des polémiques anti-chré-tiennes de l’Antiquité, à la veille des grandes persé-cutions du IIIe siècle qui s’achèveront par la conver-sion des persécuteurs.

Comment expliquer une pareille victoire? Com-ment tant d’hommes et de femmes ont-ils pu faireface à tant de défis externes et internes dans unmonde en pleine décadence morale où proliféraientles sectes. Où trouvèrent-ils la force de supporter lemartyre, de résoudre les conflits internes favoriséspar la clandestinité et de résister aux courants depensée hostiles, à la force des habitudes sociales audéchaînement des puissances occultes?

Une simple connaissance de l’Evangile n’auraitpas suffi et les solidarités des communautés qui seformaient dans le secret étaient plutôt une consé-quence qu’une cause d’un état d’esprit.

Le bouddhisme qui au même moment se ré-pandait dans l’empire chinois offrait des traits ayantune certaine analogie au plan culturel, mais rien decomparable au christianisme dont le dynamisme etl’influence spirituelle, morale et sociale à vocation

universelle, sont incompréhensibles dans le contextedu paganisme.

Les Actes nous disent que les premiers chrétiensse montraient assidus à l’enseignement des apôtres,fidèles à la communion fraternelle, à la fraction dupain et aux prières (2, 42). Jour après jour, ils rom-paient le pain dans leurs maisons (46). Paul faitallusion à un premier repas précédant l’Eucharistieelle-même (I Cor, 17-22) et souligne l’éminentedignité de ce sacrement et dénonce les abus.

Les conversions de la Pentecôte (3000 âmes cejour-là) étaient l’œuvre de l’Esprit Saint multipliantles signes et les prodiges accomplis par les apôtres,mais comment expliquer l’extension du christia-nisme dans l’empire romain persécuteur où prolifé-raient les religions à mystères venues d’orient?

Si le christianisme a fini par l’emporter et àpoursuivre son histoire millénaire, l’explicationn’est-elle pas dans le plus grand de ses mystères?Scandale pour les juifs et folie pour les païens,l’Eucharistie, qui célèbre la mort et la résurrectiondu Christ, est la force des martyrs et le gardien invi-sible de la vérité.

Commenttantd’hommes etde femmesont-ils pufaire face àtant de défis ?

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Comme elle procède secrètement, on n’en dis-cerne que les fruits sans pouvoir comprendre lecheminement de la grâce qui surpasse toute intel-ligence. On voit des saints qui rendent l’Eglise plusvisible, mais les germinations de la sainteté nouséchappent. La fréquentation de l’Eucharistie pour-rait-elle donner une réponse?

Les Pères apostoliques des trois premiers sièclesne nous renseignent guère sur l’extension de la pra-tique eucharistique.

La Didaché (80), la Première apologie de saintJustin (150), et la Tradition apostolique attribuée àHippolyte (170-235? nous donnent bien de précieu-ses informations sur le déroulement de la prièreeucharistique, et Tertullien (Apologétique en 197)indique ce dont les chrétiens étaient soupçonnés,mais on ne sait pas grand-chose sur la fréquentationde l’Eucharistie.

Ce silence s’explique en partie par le secret quientourait ce sacrement dont la nouveauté prodi-gieuse exigeait la prudence, et les persécutions obli-geaient les chrétiens à se cacher pour célébrer l’Eu-charistie. Les symboles chrétiens primitifs, commel’eau vive, le poisson, la vigne, l’arbre de vie suggè-rent l’Eucharistie.

Citons ici un passage de la Didaché au premiersiècle:Nous te rendons grâces, notre PèrePour la sainte vigne de David ton serviteurQue tu nous as fait connaître par Jésus ton serviteur.A toi la gloire pour les sièclesPuis sur le pain rompu:Nous te rendons grâces, notre PèrePour la vie et la connaissanceQue tu nous as fait connaître par Jésus ton serviteurA toi la gloire pour les sièclesComme ce pain rompu, d’abord dispersé sur les mon-tagnes, a été recueilli pour devenir un.Qu’ainsi ton Eglise soit rassemblée des extrémités dela terre dans ton royaume,Car à toi appartiennent la gloire et la puissance parJésus Christ pour les siècles

L’action de grâces après la communion n’est pasmoins belle:Nous te rendons grâces, Père saintPour ton saint NomQue tu fais habiter dans nos cœursEt pour la connaissance, la foi et l’immortalitéQue tu nous as fait connaître par Jésus ton serviteurA toi la gloire pour les sièclesC’est toi, maître tout puissantQui as créé l’universPour la gloire de ton Nom

Et qui as donné aux hommes la nourriture et le breu-vage en jouissance,pour qu’ils te rendent grâcesMais nous, tu nous as gratifiés d’une nourriture etd’un breuvage spirituelset de la vie éternelle par Jésus ton serviteur.Par-dessus tout, nous te rendons grâces car tu espuissantA toi la gloire pour les sièclesSouviens – toi, Seigneur, de ton Eglise, pour la préser-ver de tout mal.Et la rendre parfaite dans ton amourEt rassemble-la des quatre vents, cette Eglise que tuas sanctifiéeDans ton royaume que tu lui as préparéCar à Toi appartiennent la puissance et la gloire pourles sièclesVienne la grâce et que passe ce mondeHosanna au Dieu de DavidSi quelqu’un est saint qu’il vienne!Si quelqu’un ne l’est pas, qu’il fasse pénitenceMaran Atha, Amen

Cette antique prière d’action de grâces résumel’œuvre de la grâce eucharistique dans les cœurs,dans l’Eglise et par elle dans le monde en vue del’autre monde, car les chrétiens, sans trahir la citéterrestre, ont une autre citoyenneté.

Dans ces premiers temps de l’Eglise, la foi revêtun visage d’extrême simplicité: le Christ a parlé, lesapôtres ont témoigné, le mystère, repas et sacrifice,est comme une lumière à laquelle on adhère. C’estun temps d’adhésion et d’héroïsme. La science vien-dra plus tard suscitant une attitude réflexe et desobjections auxquelles il faudra répondre.

Le silence qui entoure, en ces premiers siècles, lapratique eucharistique est celui de la croissanced’une graine jetée en terre, on n’entend ni ne voit cequi germe, mais bientôt un arbre, l’arbre de vie vaparaître, c’est l’Eglise du IVe siècle, celle des Concileset des Pères, de la sagesse des grands docteurs lut-tant contre les hérésies, ce sont des monastèresdans les déserts et un peuple de baptisés donnantnaissance à une civilisation d’inspiration chrétienne.

Durant les trois premiers siècles, le sang desmartyrs a été une semence de chrétiens (Tertullien).Prenons le cas d’Ignace d’Antioche, un contemporainde l’apôtre saint Jean, qui fut livré aux bêtes sousTrajan (98-117) lors de la troisième persécution.

De Syrie il est transporté enchaîné à Rome etvoilà ce qu’il écrit aux Romains:

Mon désir terrestre a été crucifié, et il n’y a plusen moi de feu pour aimer la matière, mais en moi une< eau vive > qui murmure et qui dit au-dedans demoi : < viens vers le Père > Je ne me plais plus à une

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L’explicationn’est-elle pasdans le plusgrand de sesmystères ?

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nourriture de corruption ni aux plaisirs de cette vie;c’est le pain de Dieu que je veux, qui est la chair deJésus-Christ, de la race de David et pour boisson jeveux son sang, qui est l’amour incorruptible. (VII).

Tel était le secret eucharistique de ce grandévêque qui allait être la proie des bêtes, figures duPrince de ce monde qu’Ignace voulait affronter.

La célébration de l’Eucharistie au moment dumartyre d’Ignace est décrite par son contemporainsaint Justin dans sa Première apologie

Nous appelons cet aliment Eucharistie, et per-sonne ne peut y prendre part, s’il ne croit à la véritéde notre doctrine, s’il n’a reçu le bain pour la rémis-sion des péchés et la régénération et s’il ne vit selonles préceptes du Christ. Car nous ne prenons pas cetaliment comme un pain commun et une boissoncommune. De même que par la vertu du Verbe deDieu, Jésus Christ notre Sauveur a pris chair et sangpour notre salut, ainsi l’aliment consacré par la priè-re formée des paroles du Christ, cet aliment qui doitnourrir par assimilation notre sang et nos chairs estla chair et le sang de Jésus incarné: telle est notredoctrine. (I, 66)

Et ensuite il rapporte les paroles mêmes de laconsécration.

La célébration du dimanche (jour du soleil) estcelui du rassemblement des chrétiens.

Dans La tradition apostolique, attribuée àHippolyte au début du IIIe siècle, il existe un modèlede rite romain remarquablement ancien qui a étérepris par le Concile Vatican II pour le canon II.

On peut comparer deux passages précédant etsuivant immédiatement les paroles de la consécra-tion: Tandis qu’Il se livrait volontairement à la souf-france pour détruire la mort et rompre les chaînes dudiable, fouler aux pieds l’enfer, éclairer les justes, éta-blir le testament et manifester sa résurrection [Noussouvenant donc de sa mort et de sa résurrection,nous vous offrons le pain et le vin, en vous rendantgrâces de ce que vous nous avez jugés dignes de noustenir devant vous et de vous servir. Et nous vousdemandons d’envoyer votre Esprit Saint dans l’of-frande de la sainte Eglise. Accordez, en la rassem-blant, à tous les saints qui la reçoivent, qu’ils soientremplis de l’Esprit Saint…

et la prière eucharistique II:Au moment d’être livré et d’entrer librement dans

sa passion, il prit le pain, il rendit grâce, il le rompit etle donna à ses disciples [Faisant ici mémoire de lamort et de la résurrection de ton Fils, nous t’offrons,Seigneur le pain de la vie et la coupe du salut, et nouste rendons grâce, car tu nous as choisis pour servir enta présence. Humblement, nous te demandons qu’enayant part au corps et au sang du Christ, nous soyonsrassemblés par l’Esprit Saint en un seul corps.

Les dix grandes persécutions qui se sont succédépendant trois siècles n’ont pas fait que des martyrs,mais les chrétiens qui ont versé leur sang par fidéli-té au Christ l’ont fait grâce à l’Eucharistie. SaintJérôme par exemple engage les chrétiens à commu-nier chaque jour pour que buvant quotidiennementdans le calice au Christ ils puissent eux-mêmesrépandre leur sang pour le Christ (Lettres PL t.22col350).

On a souvent comparé notre temps d’apostasieen Europe dont les racines sont chrétiennes à ladécomposition spirituelle et morale de l’empireromain. De fait les mêmes secteurs sont touchés, lafamille, l’éducation, les institutions religieuses et desflux migratoires toujours plus considérables.

Si l’on se souvient de ce qui fut la force des pre-miers chrétiens, l’Eucharistie, on se reprend à espé-rer que la même cause pourrait produire les mêmeseffets et que le renouveau de la dévotion eu-charistique est le secret d’une nouvelle évangélisa-tion possible en Europe.

Conclusion: les analogies ne sont pas des res-semblances et le post christianisme n’est pas com-parable à l’avènement du christianisme. Ce qui estcommun c’est une force vitale surnaturelle puiséedans l’Eucharistie. Notre temps hérite de siècles dechristianisme et la vie eucharistique doit être vécued’une manière différente que celle des premierschrétiens parce que nous sommes "renseignés",pour s’exprimer comme Péguy. L’histoire nous ainstruits et des techniques en développement per-manent multiplient les moyens nouveaux d’actionet de diffusion. La sainteté prend de nouveaux visa-ges face à une double croissance du bien et du maldans une histoire appelée à s’achever avec le retourdu Christ.

L’Eucharistie, c’est le Christ resté présent sacra-mentalement auprès de ses fidèles qui sont mainte-nant répandus dans le monde entier et qui, dansl’Eglise catholique, est célébrée constamment dansla nuit d’un univers dominé par le Prince de cemonde.

Ignace, Polycarpe, Cécile et Agnès ont leurshomologues sous nos yeux avec Jean XXIII, PadrePio, Thérèse de Lisieux, Teresa des Andes. En élevantsur les autels davantage de saints et de bienheureuxque tous ses prédécesseurs réunis en 4 siècles, JeanPaul II a dévoilé la foule immense de la Magnaturba que Jean entrevoyait dans ses visions sur l’a-venir de l’Eglise. �

Le renouveaude la dévotioneucharistiqueest le secretd’une nouvelleévangélisationpossible del’Europe

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e culte, c’est, d’après la définition dudictionnaire, l’honneur public rendu àDieu. Qui dit culte suppose que la prièren’est pas d’abord au bénéfice de ceuxqui la font, mais qu’elle est l’hommage

rendu à Dieu de la part d’un groupe humain quis’acquitte ainsi de la plus haute fonction qui soitconfiée à l’homme : se tourner vers son Créateurpour lui rendre grâce de ses dons et tout sim-plement parce qu’il est notre Dieu.

Il se trouverait sans doute des espritschagrins pour critiquer cette vision "théocen-trique" du culte et pour dire que ce n’est pas tel-lement Dieu, mais l’homme qui est au centre duculte chrétien. Depuis les prophètes de l’AncienTestament, nous savons que Dieu n’a besoin derien, mais qu’il s’intéresse au pauvre, qu’il ne ré-clame ni offrande ni sacrifice, mais qu’il veutque nous desserrions les chaînes injustes. "Lagloire de Dieu" n’est-ce pas "l’homme vivant",comme l’a si bien exprimé saint Irénée ? Laliturgie chrétienne serait donc tout au plus l’oc-casion d’expérimenter, sous le mode symbolique,une vie fraternelle débarrassée des pesanteursdu quotidien, mais ouverte sur les besoins dumonde et la détresse des plus faibles…

C’est confondre l’effet et la cause. S’il y a unrenouvellement de nos rapports humains à l’oc-casion du culte, c’est d’abord parce que celui-ciest ouverture sur un être qui nous dépasse,reconnaissance de tout lui devoir et volonté delui donner ce que nous avons de plus beau et ceque nous sommes. Les reproches que les Pro-phètes adressent au culte d’Israël visent les dé-

fauts d’une pratique des rites sans sincérité etqui néglige les prolongements éthiques qui luisont essentiels. La plupart d’entre eux étaientdes prêtres et donc des professionnels du culte,dont ils défendaient la dignité. Le Psaume 50,qui semble à un certain moment relativiser leculte au profit d’une attitude purementintérieure (v.18-19 : "tu ne prendrais aucunplaisir au sacrifice, si j’offre un holocauste, tun’en veux pas, mon sacrifice, c’est un espritbrisé, d’un cœur brisé, broyé, tu n’as pas demépris"), y revient bien vite et n’envisage pas lebonheur sans la reprise d’une vie liturgique :"alors tu te plairas aux justes sacrifices, alors onoffrira de jeunes taureaux sur ton autel" (v.21) !

Le Nouveau Testament n’est pas en rupturesur ce point avec l’Ancien. Jésus a aimé laliturgie du Temple et, après avoir cherché dansson enseignement la trace d’un rejet des obser-vances cultuelles, on note de plus en plus au-jourd’hui la place qu’occupe pour lui la vie deprière de son peuple. Le culte nouveau qu’ilannonce à la Samaritaine (Jn 4,21-24) n’est pasun non- culte, dire qu’il sera "en Esprit et Vérité"ne signifie pas qu’il sera purement intérieur : ils’agit d’adorer en tout lieu le Père comme il veutêtre adoré, c’est-à-dire en lien avec l’œuvre deson Fils (la Vérité) et sous la mouvance del’Esprit Saint, c’est bien ce que prétend faire laliturgie de l’Eglise. D’ailleurs, à aucun moment,on ne peut rejoindre l’existence des chrétienssans les voir déjà réunis autour des Apôtres pource qui est bel et bien la première expression duculte chrétien (Ac 2,42).

Une autre difficulté vient sans doute du faitque l’on a du mal à imaginer comment les sa-crements qui constituent la majeure part de laliturgie de l’Eglise, pourraient faire partie duculte. La messe, la confession, le mariage, etc.,qui sont des gestes du Christ s’appliquant ànotre vie pour la guérir et la transformer, sont-ils aussi des actes de culte ? Incontestablement.Selon l’enseignement le plus constant de l’Eglise,la messe est dite d’abord pour la gloire de Dieu,

Tout le monde serait sans doute

d’accord pour dire que

l’Eucharistie est le sommet du

culte chrétien, encore faut-il

qu’il y ait un culte et que l’on

sache ce que c’est.

L

par le père Michel GITTON

La messeest dited’abord pour la gloirede Dieu

Le sens du

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c’est pourquoi une messe célébrée sans as-sistance garde encore une valeur infinie. Il nousfaut arriver à percevoir que, dans l’économie dela Nouvelle Alliance, les deux mouvementscoïncident : celui par lequel le Christ s’offre àson Père dans un acte d’adoration et d’oblationparfaites et celui par lequel il se donne à nouspour nous nourrir et nous incorporer à lui. Lagloire rendue à Dieu est en même tempsréconciliation de l’homme, puisque le péchén’est jamais en son fond que le refus dereconnaître sa bonté et sa sagesse. Le Christ, parson offrande parfaite réalisée en notre nom,nous vaut en retour ces dons divins que sontpour nous les sacrements.

Il nous importe donc de vivre les sacrements,tous les sacrements, comme étant d’abord unemanière de rendre gloire à Dieu : le mariage deschrétiens, avant d’être l’événement heureux quiréunit deux vies, est célébré pour la gloire deDieu qui a voulu, dans l’insondable dessein de saSagesse, unir le Christ et l’Eglise par les noces desang de la Croix et les noces de gloire de laRésurrection, et c’est cet événement, toujoursactuel, qui s’accomplit aujourd’hui à travers ledon que se font cet homme et cette femme.

Le culte chrétien ne se limite évidemmentpas à la messe et aux autres sacrements, il prendencore la forme de l’adoration, quand le SaintSacrement est exposé. Il prend aussi la forme dela Prière des Heures, dont le régime normal n’estpas la récitation privée mais la célébration pu-blique, dès que c’est possible. Par l’Office divin(autre nom de la Liturgie des Heures), le cultechrétien saisit le temps et l’ordonne à Dieu. Leculte liturgique de Dieu, sans devenir encorel’unique activité des hommes, encadre leur vie etles fait entrer peu à peu dans le rythme de la viedivine.

Au milieu de tout cet ensemble de gestes etde rites destinés à la gloire de Dieu, la messereste bien sûr le centre. Elle le sera d’autant plusque tout le reste aura sa place. C’est un malheursi aujourd’hui, dans bien des cas, la messe reste

le seul acte liturgique se déroulant dans noséglises.

Il faut appeler de nos vœux le jour où cesmêmes églises, plantées au milieu des cités,comme le seul signe de la transcendance, at-tireront à elles, par la splendeur du culte, unpeuple privé de repaires et avide de trouver uneautre issue à l’horizon de sa vie. Cela demandeque nous sachions retrouver nous-mêmes le sensdu culte divin, que nous ne pensions pas laliturgie dans une perspective simplement utili-tariste (qu’est-ce qu’elle m’apporte ? commentl’adapter aux besoins de tel groupe dont je faispartie ?), mais que nous la vivions, même pau-vrement, comme cet honneur rendu à Dieu, cettemanière de le rendre présent au milieu de notremonde.

Certains frères orthodoxes émigrés chez nousont su nous dire comment ils avaient, mêmedans le bric-à-brac d’une chapelle improvisée,réussi à vivre la Divine Liturgie, avec tout le soinet la beauté possibles. Le culte de Dieu, c’estpeut-être cela d’abord. �

Le culte chrétienne se limiteévidemmentpas à lamesse

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En mémoire des jours

ne hirondelle ne faitpas le printemps maisparfois elle l’annonce.

Va-t-elle prendre enfin sonenvol, en Irak aussi bienque sur la Terre Sainte quia déçu à ce jour tellementd’attentes ?

En Irak, des millions decitoyens se sont rendus auxurnes, le 30 janvier, défiantles attentats qui ont fait aumoins 35 morts. Cette forteparticipation devrait ren-forcer la légitimité de l'As-semblée constituante quichoisira les nouveaux diri-geants du pays. Mais quepourront faire ceux-ci faceà la défiance des Sunnitesqui se sentent expulsés dupouvoir et dont l’inquié-tude est attisée par les ter-roristes islamistes ?

En Palestine, on y voitun peu plus clair. Depuis le9 janvier, de nouveaux lea-ders, également sortis desurnes et donc incontestableà cet égard, se risquent àparler un langage de paix.La crise d’un terrible atten-tat à un poste frontière aété surmontée. Sharon ac-cepte de discuter les condi-

tions d’un Etat palestinien.“La domination d’un peuplesur un autre n’est jamaisbonne chose”, a-t-il re-connu, tandis qu’entrait enapplication un accord sur letransfert de la sécurité deplusieurs villes à la policepalestinienne.

Ces progrès ne vont pasde soi pour des colons is-raéliens peu enclins à ac-cepter une rétrocession deterritoires. Des signes in-quiétants se sont révélésavec un appel à la déso-béissance lancé à l’armée.Des menaces de mort ontété proférées à l’encontred’Ariel Sharon lui-même.Pour qui se souvient, c’estmauvais signe : cela rap-pelle ce qui s’est passé avecItzak Rabin, assassinécomme on sait. Le propredes hommes d’Etat, c’est des’imposer dans ce genre depérils, quand les passionsl’emportent sur la raison.Mahmoud Abbas n’est pasplus à l’abri du pire, à voirla contestation radicalequ’il doit affronter. Mais, àl’intime des peuples, il y acomme une lassitude queleurs dirigeants réciproquescommencent à percevoir.C’est perceptible dans lesdéclarations des uns et desautres. L’important c’est laferme résolution des hom-mes au pouvoir, d’un côtécomme de l’autre.

Il nous reste à les croirequand ils utilisent un lan-gage plus ouvert. On netourne pas si facilement lapage, quand elle a étéensanglantée depuis tou-

jours dans ce conflit israé-lo-arabe qui n’a connu quedes suspensions d’armes. Etfragiles chaque fois. Lesadversaires, dans cette par-tie du monde, devraientêtre bien placés pour com-prendre que seul le bienpeut vaincre le mal. Et lebien, dans leur cas, c’est lapaix et que prenne fin lerejet d’autrui. Le cheminqui conduit à ce rapport debienveillance sera long àparcourir. On n’a même pasencore fait les premiers paset il bute sur tant d’obsta-cle accumulé qu’on a peineà y croire. Mais quelle autrevoie si l’on veut sortir detoutes les impasses où lapeur est la seule à y gagneret depuis trop longtemps.

Lisbonne

A Lisbonne, au tout dé-but de cette année, se sontvécues des heures, dont ona trop peu parlé. Des mil-liers de jeunes, venus detout le continent, dans cequ’ils ont appelé “le pèleri-nage de la confiance”. Il lafallait bien accrochée cetteconfiance alors qu’on étaitendeuillé par cet immensemalheur qui venait de frap-per le Sud-Est asiatique etbien sûr le monde entier. Lacommunauté de Taizé, quiétait l’organisatrice de cerassemblement de Lis-bonne, a ressenti ce mal-heur pour ce qu’il est : undéfi à l’espérance. Un souf-fle ravageur a pris en lacirconstance des propor-tions de fin du monde. On

en a ressenti l’ampleur àLisbonne comme ailleurs. Cen’est pas pour rien quecette ville fut celle desgrands larges quand notreterre était encore un vasteespace à découvrir. Les jeu-nes qui en ce début d’annéerejoignaient Lisbonne é-taient bien des explorateursà leur façon. Mais c’était àla conquête d’eux-mêmesqu’ils se lançaient, la vraieboussole de nos vies. On neprête pas suffisammentd’attention à des événe-ments comme ceux-là. Ilsn’en sont pas moins dessignes pour ce temps et quirépondent à nos interroga-tions les plus essentielles.Pendant des jours et dessoirs, des jeunes qui ren-daient à notre monde vi-sage de grand matin, sesont fait écoute de ce Dieuqui en nous se fait demeure.Le secret d’une commu-nauté de Taizé c’est précisé-ment d’être présent aumonde qui vient, ce lieu oùil n’y aura plus de pleurs.

On en est encore loin,hélas. Ils coulaient abon-damment en ces jours defin décembre où, d’Asie,montait le chagrin incon-solable de Rachel. La foin’est pas une échappatoire.Quiconque est allé à Taizé,ou récemment à Lisbonnesait bien qu’on ne laissepas à la porte la douleur dumonde. On essaie d’enprendre sa part dans l’unede ces certitudes héritéesdes temps apostoliques. “SiDieu est avec nous, qui seracontre nous ?” �

Fragile espérance

U

Par Robert Masson

ESPRIT

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ETATS-UNIS

George Bush a fait du 16 janvier la"Journée nationale du caractère sacréde la vie" et une "Journée nationale dela liberté religieuse". Cette démarches’inscrit dans une politique en faveurde la vie.

La loi "Roe versus Wade" de 1973autorisant l’IVG ne tient qu’à une voixou deux à la Cour suprême. Dans saproclamation sur "le caractère sacré dela vie humaine", George Bush a rappeléles différentes étapes qui l’ont déjàamené à revenir sur cette question : laloi de 2004 sur les "victimes non nées"qui considère comme un double crimele meurtre ou la blessure volontaired’une femme enceinte ; la loi de 2003qui interdit les avortements au-delà de12 semaines de grossesse : enfin la loide 2002 sur la protection des enfantsnés pendant un avortement.

Il ne cache pas non plus qu’il veutmettre fin "à la dépense des deniers descontribuables pour financer des pro-grammes internationaux destinés àpromouvoir l’avortement à l’étranger."

Enfin, un journal de Caroline duSud rapporte que "pour la première foisde notre histoire actuelle, la majoritédes hommes et des femmes en Amé-rique sont contre l’avortement".

Source : GENETHIQUE

LEGIONNAIRES

La Congrégation des Légionnairesdu Christ a élu comme directeur géné-ral le père Alvaro Corcuera Martínezdel Río. Il succède au père MarcialMaciel, 84 ans, fondateur de la Congré-gation en 1941 au Mexique. Le pèreCorcuera, de nationalité mexicaine, estâgé de 47 ans. Il a été ordonné prêtreen 1985. Depuis 1987 il était recteurdu Centre d’études supérieures des Lé-gionnaires du Christ à Rome. Il a colla-boré avec le père Maciel dans diffé-rentes charges de gouvernement de laCongrégation. Il est par ailleurs conseil-ler de la Congrégation vaticane pourles évêques.

Il fut membre consacré dans lemouvement "Regnum Christi" avantd’entrer dans la Congrégation des

FRANCECatholique N°2962 4 FEVRIER 2005 17

200.000 enfants morts...Lorsque la nouvelle est tombée, chacun de ceux qui l’ont entendue ne

pouvait que ressentir un frisson d’effroi les envahir, une grande tristesse mon-ter en eux, la révolte, peut-être, l’incompréhension sans doute et surtoutl’impuissance devant un drame d’une telle ampleur. Pour que les médias enparlent, il fallait d’ailleurs que l’événement soit de taille.

J’aurais sans doute dû commencer par dire que je ne parlais pas du ter-rible drame de l’Asie qui nous a tous bouleversés, mais du nombre d’avorte-ments pratiqués en France chaque année !

Ces tristes records nous ont été rappelés à l’occasion du trentième anni-versaire de la loi Veil que certains se sont crus obligé de «fêter» ces jours-ci.

Et je me pose des questions ! Bien sûr qu’il est normal que l’émotion soitgrande en entendant et en voyant l’ampleur du sinistre asiatique : commentpourrait-il en être autrement quand on a autre chose qu’une pierre à la placedu cœur. Mais alors pourquoi si peu de nos concitoyens s’émeuvent-ilsdevant le nombre d’avortements pratiqués en France chaque année qui estpourtant bien plus important ?

Je suis bien persuadé que chaque Français, selon ses moyens, a participéà l’appel à la générosité pour venir en aide à toutes ces populations sinistréeset je m’en réjouis, et il faut encore continuer si cela est possible. Mais com-bien d’entre nous apportent-ils leur obole aux associations qui luttent contrel’avortement en aidant les mères démunies de tout qui choisissent pourtantde garder l’enfant qu’elles portent en elles ?

La télévision a organisé une si belle et si émouvante soirée au profit dessinistrés d’Asie et, encore une fois, tant mieux si les fonds recueillis ont étéimportants. Mais l’a-t-on déjà vu mettre en place ne serait-ce que quelquesminutes de publicité pour telle ou telle association qui lutte pour la Vie ?

Et quand les bénéfices d’un grand jeu télévisé, qui réunit les plus grandesvedettes du moment, se chiffrent en centaines de milliers d’euros tout lemonde applaudit cette attention généreuse et moi avec ! Mais une fois oul’autre, ne pourrait-on organiser un jeu semblable au bénéfice de cette asso-ciation que je connais bien et qui doit réunir tant d’argent pour construiredes maisons d’accueils pour les mamans seules et leurs bébés ?

Y aurait-il dans notre pays de liberté, pays des droits de l’homme, paysd’accueil et de tolérance, plusieurs vitesses à la justice et à la générosité ? Yaurait-il dans notre pays, pays de la liberté de la presse, une chape de plombsur certains sujets jugés tabous par de politiques gênés ? Et plus encore dansun pays qui se targue d’avoir un taux de fécondité à 1,8 alors qu’il faudraitau moins 2,1 pour seulement renouveler les générations ! Il n’y a pas de quoipavoiser !

En fait la solution est simple et entre dans le système d’une logique quin’est pas celle de Confucius ou de Pythagore !

Les victimes de l’Asie qui ont maintenant dépassé les 200.000, commenos enfants avortés d’ailleurs, ne tombent sous l’effet d’aucune loi. Ce grandmalheur qui a surpris tant de personnes est une triste fatalité qui émeut àjuste titre, toute personne qui a regardé la télévision ou les journaux.

Alors que ces enfants avortés qui eux non plus ne demandaient rien à per-sonne, tombent sous le coup de la loi et que leur mort est LEGALE !

Et il parait que l’ensemble des lois est régi par une puissante organisationétatisée qui s’appelle la justice !

Bernard Furania (www.Cristicity.com)

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Légionnaires du Christ. Il a fait sesétudes sacerdotales à l’Université Gré-gorienne et à l’Université Saint Thomasd’Aquin à Rome. Il fut recteur del’Athénée pontifical "Regina Apos-tolorum" à Rome, dirigé par les Lé-gionnaires du Christ, de 1993 à 2000.

Les pères participant au chapitreont réélu le père Luis Garza Medina,vicaire général, charge qu’il occupedepuis 1992, et élu les autres membresdu conseil général, le procurateurgénéral et l’administrateur général. Ilsviennent d’Espagne, des Etats-Unis,d’Irlande, du Mexique et du Chili.

Les constitutions de la Congré-gation ont été approuvées par Jean-Paul II en 1983. Celle-ci compte en-viron 650 prêtres et 2 500 séminaristes.Du charisme de la Légion est né lemouvement "Regnum Christi" dont lesstatuts ont été approuvés défini-tivement par Jean-Paul II en novembredernier. Le mouvement compte 65.000membres, laïcs (hommes et femmes),diacres et prêtres, répartis sur tous lescontinents.

ZF05012405

RUSSIE

En fin de matinée, le 25 janvier,fête de la Conversion de Saint Paul,l’Archevêque du Diocèse de la Mère deDieu à Moscou, Mgr Tadeusz Kondru-siewicz, a célébré dans la Cathédralede Moscou la Messe des funérailles duprêtre catholique Jan Hermanovsky, tuéjeudi dernier dans sa paroisse àBrjansk. Le Nonce Apostolique en Fé-dération Russe, S. Exc Mgr Antonio Me-nini a assisté à la cérémonie.

Le Père Jan Hermanovsky a été tuépar deux malfaiteurs qui étaient entréschez lui pour le voler. Deux jeuneshommes de vingt ans ont été arrêtéspar la police qui continue son enquête.

«C’était un homme de Dieu, et j’aieu souvent l’occasion de le voir per-sonnellement à l’occasion des ren-contres pastorales que nous faisonsrégulièrement dans notre Archidio-cèse» déclare à l’Agence Fides MgrKondrusiewicz. «Le Père Hermanovskys’est toujours distingué surtout par sonengagement pour l’unité entre les chré-tiens, et par son dévouement parti-culier envers les pauvres et les mar-ginaux. Il distribuait lui-même lanourriture aux sans-abris de la gare desa ville. Les voleurs n’auront pas trouvégrand-chose à voler chez lui, car toutce qu’il possédait, il le donnait à ceuxqui en avaient besoin.».

Le Père Hermanovsky avait 70 ans ;il était né en Slovaquie. Arrivé en Italieen 1968, il avait étudié à l’Université

Pontificale du Latran. Il a été ordonnéà Rome, et a exercé son ministère dansplusieurs paroisses romaines, avantd’être incardiné dans le Diocèse deFlorence en 1978. Il a eu plusieurscharges dans le diocèse de Florencejusqu’à son retour en 1995 dans sonpays. Depuis 1998, le Père Herma-novsky s’était rendu en FédérationRusse, où les communautés catho-liques se reconstituaient, et où on avaitun grand besoin de prêtres. Dans unpremier temps, il a travaillé dans la pa-roisse d’Oriol à Moscou ; au mois dedécembre 2001, il fut envoyé dans lalocalité de Brjansk, avec la tâche de re-constituer l’ancienne paroisse.

Le corps du Père Hermanovsky aété transféré en Slovaquie pour y êtreenterré.

(M.S. - Fides)

SUD SOUDAN

Après vingt et un ans de guerre, in-terrompus par les accords de paix du 9janvier dernier signés par Khartoum etla rébellion indépendantiste du Sud(l'Armée de libération populaire duSoudan, SPLA, de John Garang), lapriorité de cette région soudanaise adésormais le visage des enfants. Telleest l'affirmation de l'agence des Na-tions Unies pour l'Enfance (UNICEF)selon laquelle le futur de cette régiondépend en grande partie de l'éducationdonnée aux plus petits et a annoncé unprogramme en leur faveur. Sur unepopulation de 7,5 millions d'habitantsdans le Sud Soudan, seulement 20%savent lire et écrire : il s'agit du tauxd'analphabétisme le plus haut aumonde après l'Afghanistan et suivi duNiger avec 24%. Dans cette partie dumonde aussi, les premières personnesfaisant les frais des privations sont lesfillettes : seule une femme sur 10 estallée à l'école et seule une sur 100 estparvenue à conclure un cycle d'étudesélémentaires. Dans les prochains moisl'ONU a l'intention d'engager dans lesrégions méridionales du Soudan desprogrammes spécifiques pour la sco-larisation des fillettes et en particulierdes cours spéciaux dans les villagespour celles un peu plus grandes, afinde les aider à se réinsérer dans la der-nière classe de l'école primaire. Cesont des raisons économiques et cultu-relles qui poussent les parents à ne pasenvoyer leurs enfants de sexe féminin àl'école, qui réalisent en revanche lestravaux domestiques, tandis que leursfrères fréquentent plus souvent lessalles de classe. L’UNICEF souligneaussi le problème de la qualité del'éducation dans le Sud Soudan où

seulement 7% des enseignants ont reçuune formation professionnelle. Plus dela moitié des “édifices scolaires” nesont d’ailleurs que de grands arbressous lesquels les petits élèves s'as-soient.

(Agence MISNA, Italie – 19/01/2005)

HISTOIRE JUIVE

Voici l’histoire d’un enfant juifconfié par ses parents à une famillecatholique pour le sauver de l’horreurnazie et que le futur Jean-Paul II nevoulut pas baptiser par respect pourson identité juive. Cette histoire a étérévélée, après des années de silence,par la personne concernée, dans lequotidien italien "Corriere della sera".

L’histoire de Shachne Berger com-mence à Cracovie à l’automne 1942.Alors qu’il avait à peine deux ans sesparents, Helen et Moses Hiller, dé-cidèrent de le confier à un couple ca-tholique sans enfants qui vivait dans lazone allemande de la ville de Dom-browa.

"Ils s’appelaient Yachowitch etétaient des amis intimes de mes pa-rents", raconte Shachne Berger.

Après l’irruption nazie du 28 oc-tobre dans le ghetto de Cracovie, la fa-mille Hiller décida d’agir. "Le 15 no-vembre, ma mère avait réussi à mefaire sortir du ghetto avec deux grandesenveloppes et à me confier à ses amischrétiens, se rappelle Berger. La pre-mière contenait tous ses objets devaleur, l’autre, trois lettres ".

La première était adressée auxYachowitch, à qui était confié l’enfant,"demandant à ce qu’il soit élevé dansla tradition juive, ainsi que de le rendreà son peuple en cas de disparition deses parents", selon ce que rapporte lequotidien.

"La deuxième lettre était adressée àShachne lui-même : la lettre expliquaitque c’était un amour profond qui avaitpoussé sa mère et son père à le mettreà l’abri auprès d’étrangers. Elle luirévélait également ses origines formantle vœu qu’il grandisse fier d’être juif ".

La troisième contenait le testamentde Reizel Wurtzel, mère de Helen,adressée à sa belle-sœur Jenny Bergerà Washington.

"Notre petit-fils Shachne Hiller, néle 18 du mois de Av (l’avant derniermois du calendrier juif, ndlr), a étéconfié le 22 août 1940, à de bravesgens, peut-on lire dans la troisièmelettre. Si personne de nous ne revenait,je te prie de le prendre avec toi et del’éduquer avec droiture. Telles sontmes dernières volontés ".

Avant de quitter les Yachowitch,

18 FRANCECatholique N°2962 4 FEVRIER 2005

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Helen leur donna le nom et l’adressedes parents, les Aaron et les Berger, quihabitaient à Montréal et à Washington."Quand cette folie sera finie et si nousne revenons pas, peut-on lire, envoyezleur ces lettres ".

Les tristes prévisions de la mère deShachne se réalisèrent très vite : aucours du mois de mars 1943 le ghettode Cracovie fut rapidement éliminé etles parents de l’enfant furent déportés àAuschwitz, d’où ils ne revinrent jamais.

L’enfant était sauf, mais pas encorehors de danger : "De 1942 à 1945,nous fuyions en permanence d’unemaison à l’autre, d’une ville à un nou-veau village, se rappelle-t-il. De nom-breux Polonais hostiles et antisémitessoupçonnaient, du fait de mon aspect,que je fusse juif. S’ils nous avaient dé-noncés, mes parents adoptifs risquaientla mort".

Entre-temps, les Yachowitch, s’é-taient profondément épris de Shachne.Très vite la mère adoptive "oublia lapromesse faite à Helen Hiller et voulutadopter officiellement l’enfant et enfaire un bon catholique. Voulant lefaire baptiser, elle se rendit chez unjeune prêtre de sa paroisse, lui révélantl’histoire du petit.

Face au souhait de la femme, leprêtre lui demanda quel était celui desvéritables parents de l’enfant quand ilsle lui avaient confié. Quand la femmerévéla le contenu du testament, leprêtre refusa de baptiser Shachne. Lenom du prêtre était Karol Wojtyla.

Grâce au futur pape, Shachne putpartir pour l’Amérique du Nord, oul’attendaient ses grands-parents ma-ternels, mais il ne put être confié auxBerger qu’en 1950. "Plus de huit anss’étaient écoulés depuis que, du ghettode Varsovie, ma grand-mère avait écritle testament, a-t-il affirmé. A la fin sondésir s’est réalisé".

En octobre 1978, alors queShachne était devenu un juif prati-quant, qu’il s’était marié et était de-venu père de deux jumeaux, madameYachowitch, avec qui il était resté enrelation épistolaire, lui raconta toute lavérité : "Pour la première fois, elle merévéla qu’elle avait cherché à me fairebaptiser et à m’élever comme un ca-tholique. Mais qu’un jeune prêtre l’enavait empêché, qui deviendrait car-dinal-archevêque de Cracovie, KarolWojtyla, puis serait élu pape ".

"Les voies de Dieu sont mysté-rieuses, merveilleuses, inconnues deshommes, à dit le grand rabbin de Bluz-hof, rabbi Israel Spira, après avoir euconnaissance par la professeure Yaffa Eliach de l’histoire de Shachne. Peut-être est-ce d’avoir sauvé cette âme

juive qui l’a conduit à être pape. Voilàune histoire qui doit être racontée ".

ZF05012406

GRECEUn très grand rassemblement mis-

sionnaire mondial, à l’initiative duConseil œcuménique des Eglises, setiendra à Athènes du 9 au 16 mai2005, dont le thème sera : "ViensEsprit-Saint, guéris et réconcilie". Lechef de l’Église orthodoxe grecque,l’archevêque Christodoulos d’Athènesa déclaré le 18 janvier au cours d’uneconférence de presse : "Recevoir cettemanifestation en Grèce est un honneuret un signe de respect et de confianceenvers l’Église de Grèce [...] C’est uneoccasion de montrer l’image d’uneEglise moderne et de faire connaître lesvraies valeurs de notre foi et de notreculture [...] et nous devrions mettre decôté les erreurs du siècle dernier etnous réjouir de développer des nou-velles relations avec les autres Églises".

Ensemble, les participants cherche-ront à formuler une vision communepour l’avenir de la mission chrétienne.Lors de la dernière conférence sur lamission qui eut lieu en 1996 à Salva-dor de Bahia au Brésil, le Conseil œcu-ménique des Églises avait réaffirmé son

opposition au “prosélytisme” et la né-cessité d’une coopération dans le té-moignage commun.

Source : InfoCatho

B.D. CHRETIENNE

A l’occasion du festival de la bandedessinée d’Angoulême, le prix 2005 dela bande dessinée chrétienne franco-phone a été attribué à "www.Jésusqui ?" Le texte et le dessin de cette en-quête historique sont de Bruno Rabour-din, alias Brunor.

Cette bande dessinée a été choisie àl’unanimité par le jury le 6 janvier à Paris.Le scénario en est construit, avec beau-coup de rigueur, comme une passion-nante enquête historique sur Jésus. Lesdifférents personnages, après avoir mis endoute son existence, acceptent de vérifierleurs informations. Ils se retrouvent au fildes pages, pour échanger leurs décou-vertes et leurs points de vue dans unehistoire sans fin qui mêle le sérieuxirréprochable de la documentation à l’hu-mour aimable et fin du dessin de Brunor.

Le prix a été remis le 27 janvier,dans la cathédrale St-Pierre d’Angou-lême. Brunor, avait déjà réalisé sur lemême principe une bande dessinée in-titulée "www.Dieu".

Editions du Cerf

FRANCECatholique N°2962 4 FEVRIER 2005 19

Comme chaque année depuis 10 ans

Processionà travers les Tuileries,

de la Concorde à Saint Germain l’Auxerroissuivie de la

Bénédiction du Saint Sacrement en l'honneur deNotre-Dame de LOURDESDimanche 13 février 2005

Date la plus proche de la première apparition deNotre Dame de Lourdes à Bernadette

De l’Eglise Polonaise :14h Prière d'envoi à N.D. de l’Assomption

263 bis. rue St. Honoré, Paris I°(Métro Madeleine ou Concorde)

Puis Procession : Tuileries (Jeu de Paume, Carrousel) Cour carrée,

jusqu’à Saint Germain l’Auxerrois :16h Bénédiction du Saint-Sacrement pour les malades

16h30 Messe avec la Communauté Philippine 2, Place du Louvre, Paris 1er

Venez nombreux avec un cœur de fête et d’espérance traverser Paris en priant et chantant en l’honneur de Notre-Dame de Lourdes.On peut envoyer des intentions de prières pour des malades à :

[email protected] le concours de Bannières 2000

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20 FRANCECatholique N°2962 4 FEVRIER 2005

Suite de l’étude publiée la semainedernière : La tradition théologiqueorthodoxe russe…

Le grand ouvrage de Georges Flo-rovsky (1893-1979), Les voies de lathéologie russe, est une synthèse del’histoire spirituelle (pas seulementthéologique) de l’Eglise orthodoxerusse et ukrainienne. Berdiaev pensaitque cet ouvrage aurait pu avoir pourtitre : Impasses de la théologie russe.

Ce que Florovsky appelle la Révo-lution de Pétersbourg entreprise parPierre le Grand au XVIIIe et le nationa-lisme grand russe au XIXe ont enferméla Russie dans un système politico-religieux qui a bien failli l’étoufferavant même que les bolcheviks necommencent leur œuvre de destruc-tion physique de l’Eglise.

Héritière de Byzance, la Russie or-thodoxe a été d’emblée coupée deRome qui s’est présentée à elle sous levisage du catholicisme polonais d’a-bord conquérant puis politiquementasservi, mais gardant tout le prestigedu catholicisme latin et nourrissant unmépris pour ses conquérants.

Il était difficile pour la Russie d’as-sumer simultanément l’héritage deByzance et son rôle politique parmi lesnations européennes sans confondre lespirituel et le temporel et même sansasservir le premier au profit du secondà l’âge des Lumières. Ses dirigeants seplurent à unir l’autocratie, l’orthodoxieet le nationalisme dans un système àdominante politique et même po-licière.

Le génie de l’Orient chrétien setrouva comme atrophié et les énergiesreligieuses détournées s’engagèrent ef-fectivement dans une impasse dang-ereusement explosive comme la suitele montra.

L’histoire de "l’uniatisme" (gréco-catholiques) qui opposa Rome et Pé-tersbourg à partir du XVIe peut servirde fil rouge pour suivre un conflit ec-clésiologique que le tsarisme tenta derégler par la force. Mais la sciences’exprimait toujours en latin dans l’em-pire russe jusqu’au XVIIIe tandis que lathéologie proprement orthodoxe n’a-vait pas d’expression originale à pro-poser à son clergé.

Entre la Révolution de 1789 etcelle de 1917, les idéologies socialesprétendirent prendre la place de lareligion.

C’est au milieu de ces tempêtesque l’orthodoxie russe et avec elle le

génie chrétien d’Orient durent sefrayer un chemin.

L’expérience de la scolastiquelatine kiévienne au XVIIe avec PierreMoghila puis le retour à la scolastiquelatine en Russie au début du XIXe,avaient traumatisé la conscience russequi crut perdre son identité en selaissant latiniser. Pourtant, en écartantaprès 1840 la scolastique qui incluaitcet "hellénisme chrétien" commun auxOccidentaux et aux Orientaux, lesthéologiens russes influencés par lemouvement piétiste comme Philarète,Métropolite de Moscou de 1821 à1867, préparaient la voie à un "hel-lénisme païen" de facture idéaliste.

Ce furent deux laïcs Alexis S. Kho-miakov (1804-1860) et Ivan Kireievsky(1806-1856) qui se firent les défen-seurs d’une orthodoxie slavophileoriginale se réclamant des Pères et ré-solument hostiles à l’ecclésiologie ro-maine qu’ils opposaient à la Sobornost(conciliarité) orthodoxe.

Alexis Komiakov fut, selon Ber-diaev, un théologien de génie : En lui,l’Orient chrétien a pris pleine cons-cience de soi, a exprimé le caractèreoriginal de sa voie religieuse. Penseurdu mouvement slavophile, Komiakovest profondément hostile au catho-licisme. Un célèbre essai posthume surl’Eglise résume avec force son ecclé-siologie : l’Eglise une à propos duquelSoloviev fit remarquer que son auteurne cessait de comparer une Eglise or-thodoxe idéale avec une image po-litique de l’Eglise catholique, procédéque l’on retrouve aussi chez Dostoïev-ski et aujourd’hui dans une partie duclergé orthodoxe.

C’est peut-être Vladimir Soloviev,jugé assez sévèrement par G. Florov-sky, qui sut le mieux exprimer le génieoriental chrétien. Son inspiration estplatonicienne, plutôt qu’aristotéli-cienne, et bien qu’elle reste parfoisparasitée par l’idéalisme allemand etcontiennne certains traits gnostiques,son œuvre très christocentrique, cons-titue un trésor. Selon Soloviev, lesPères de nos Pères étaient unis et ils’agit maintenant de retrouver l’unitéqui respecte les différences.

En l’an 2000, l’Eglise orthodoxerusse s’est donné une doctrine socialepour répondre aux différentes ques-tions politiques, économiques et so-ciales que pose l’évangélisation. Aprèsune introduction générale, la questiondes rapports entre Eglise et nation estdéveloppée et on insiste longuement

sur la légitimité du patriotisme : Lechrétien est appelé à préserver et àdévelopper la culture nationale et laprise de conscience du peuple. Quandune nation, civile ou ethnique, re-présente pleinement ou majoritai-rement une communauté ayant une foiorthodoxe commune, elle peut être re-gardée comme une communauté defoi, une nation orthodoxe (II, 4).

On s’interdit ensuite de diviniser lanation, mais cette insistance est signi-ficative.

Dans les rapports entre Eglise etEtat le principe de liberté de cons-cience est affirmé comme un moindremal, mais l’Etat est appelé à tenircompte dans ses rapports avec lesforces religieuses du nombre respectifde leurs fidèles et de la tradition cultu-relle et spirituelle du pays. Dans sesrapports avec les plus hautes autoritéspolitiques, l’Eglise est représentée parle patriarche.

L’action dans la vie politique est ré-servée aux laïcs et les organisations seréclamant des principes chrétiens sontencouragées.

Le droit du mariage religieux pro-clame l’indissolubilité de principe dumariage, mais outre l’adultère, uneliste de 13 cas de dissolution du ma-riage établie en 1918 par le concile del’Eglise orthodoxe russe, est complétéepar trois nouveaux cas : alcoolismechronique, addiction à la drogue etavortement sans l’accord du mari.(X.3) Un second mariage est alorsautorisé par l’Eglise, avec une pé-nitence si le divorcé est coupable. Untroisième mariage peut même être ex-ceptionnellement reconnu avec unepénitence appropriée.

Les fléaux de l’alcoolisme et de ladrogue sont dénoncés et l’avortementest assimilé à un meurtre, sauf si la viede la mère est en danger. La contra-ception avec effet abortif est condam-née. L’insémination artificielle homo-logue est seule admise. Le clonageinterdit ainsi que l’utilisation d’em-bryons à des fins médicales. L’eutha-nasie est considérée comme unhomicide ou un suicide. L’homosexua-lité active est désignée comme un pé-ché contre nature et la transsexualitédénoncée.

L’écologie et la globalisation fontl’objet de développements particuliers.

Patrick de LAUBIER, prêtre

(à suivre la semaine prochaine)

L’évangélisation aujourd’hui en Russie (2)

Page 20: ème n°2962 - 4 février 2005  3,

ESPRITLectures de la messe du 6 février 20055ème dimanche du temps ordinaire ANNÉE A par Michel GITTON

� La suite du "Sermon sur la Montagne" dans l’évangile de cedimanche nous donne à méditer la double vocation des disciplesdu Christ, lorsqu’ils ont accepté d’entrer à la suite de leur Maîtredans le chemin des Béatitudes : "Vous êtes le sel de la terre", Vousêtes la lumière du monde". Remarquons qu’il ne s’agit pas d’unconseil, ou d’un ordre, mais d’un indicatif. Telle est la conditiondes chrétiens, de par leur union au Christ. Qu’ils le veuillent ounon (et parfois ils s’en passeraient bien), les voilà doublementexposés : comme sel, ils sont mis en contradiction avec ce qui lesentoure, comme lumière, ils sont à la vue de tout monde et obligésd’entraîner à leur suite tout ce qui est sensible à la lumière.

� Dans cette double vocation se trouve renfermée uneapparente contradiction. La lumière sous-entend un terraincommun entre les disciples du Christ et le monde qui lesentoure, même intelligence, le même sens du bien et du beaucirculent entre tous les hommes du fait de leur communeappartenance à cette nature spirituelle crée dans le Verbe.Comme le dit saint Paul aux Philippiens (4,8) : "Tout ce quis’appelle vertu, tout ce à quoi on décerne des éloges, prenez-le àvotre compte". Mais d’un autre côté, à cause du péché qui aperverti le jugement des hommes, le chrétien se sait en décalagepar rapport aux valeurs du monde. Comme l’affirme encore saintPaul, mais aux Romains cette fois-ci (12,2) : "Ne prenez paspour modèle le monde présent, mais renouvelez votre façon depenser afin de discerner quelle est la volonté de Dieu".

� Ces deux versants se retrouvent dans letraitement que la Bible réserve à la Sagesse.Par un certain côté, elle est le domaine où seretrouvent croyants du Dieu unique et païens de bonne volonté,pour définir les conditions d’une vie heureuse et droite. LaRévélation biblique a conscience d’apporter une lumière quivaut pour tout homme. Naguère, le Pape Paul VI parlait d’uneEglise experte en humanité. C’est en ce sens que les conseils duprophète Isaïe dans la première lecture, en faveur des petits etdes humbles, rencontrent un écho qui ne se dément pas auprèsd’hommes très différents par ailleurs. L’attention à l’humanitésouffrante initiée par le christianisme n’a pas cessé d’interpellerles hommes.

� Mais d’un autre côté, saint Paul (toujours lui) nous avertitdans la deuxième lecture que la Sagesse de ce monde est pourle moins trompeuse et il se défend d’avoir voulu présenter auxCorinthiens la foi chrétienne en utilisant les prestiges d’uneéloquence mondaine. En annonçant le Christ crucifié, il amenaitses auditeurs à un choix exigeant loin des certitudes rassuranteset des évidences à la mode. La Sagesse de la Croix dont ilparlera par la suite se révèle la seule qui sauve. Comme le sel,elle brûle mais préserve de la corruption. En introduisant unedifférence radicale, elle nous préserve des pièges du consensuset de la pensée unique. Elle ouvre sur un ailleurs qui rend cemonde respirable. �

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L'éloquencesacrée

n° 105-106décembre 2004 - mars 2005

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a liturgie nous propose une double-entrée dans ce bienheureux tempsde conversion : le mercredi des cen-dres et le premier dimanche decarême. Leurs évangiles respectifs

se complètent l’un l’autre pour nous aider àdissiper tout malentendu sur le but àatteindre et les moyens dont nous dispo-sons pour y parvenir. Dans l’évangile dumercredi des cendres (Mt 6,1-18), tiré dusermon sur la montagne, Jésus nous ensei-gne que le jeûne, la prière et l’aumône cor-respondent à une attitude filiale, s’ils sontpratiqués, non en vue d’être “remarqué deshommes”, mais “dans le secret”, c’est-à-diresous le seul regard du Père. À cette chartespirituelle valable pour toute la vie chré-tienne et pas seulement 40 jours sur 365,succède, le dimanche suivant, l’évangile dela tentation de Jésus au désert. Poussé parle même Esprit que Jean a vu descendre surJésus et y demeurer, ce dernier affronte lediable dans la solitude (Mt 4,1-11). En des-cendant dans le Jourdain pour être baptisé,Jésus a anticipé sa victoire pascale contre le

mal. Au désert, il fait face à cet adversairedont la défaite ne sera pleinement consom-mée que dans la passion, la mort et larésurrection.

Tout porte à croire que le démon tenteJésus sur les points particuliers du jeûne, dela prière et de l’aumône, points transmis àses disciples comme chemin de vie et de foi.Au désert, Jésus jeûne pendant quarantejours, nuits comprises. Quarante, c’est plusqu’un cycle. Quarante, c’est l’épreuve de ladurée, avec quarante fois envie d’arrêter dejeûner, de prier et de faire l’aumône.Quarante, c’est quand on ne peut plus fairesemblant d’ignorer la difficulté. À troisreprises, le diable tente Jésus en le provo-quant sur sa condition de Fils : “Si tu es leFils de Dieu..., sous-entendu : “Acceptes-tuvraiment de faire de l’accomplissement dela volonté du Père ta nourriture ?” (cf. Jn4,34). Le disciple n’étant pas au-dessus dumaître, ne soyons pas surpris d’être tentés,nous aussi, à propos de nos dons, de notreidentité et de notre vocation surnaturels :“Si, vraiment, tu es baptisé(e)... Si, vraiment,tu es marié(e)... Si, vraiment, tu es consa-cré(e)... Si, vraiment, tu es prêtre... prouve-le.” Est diabolique, au sens d’ontologique-ment à l’envers, ce qui nous amène à prou-ver notre vocation à la sainteté en posant lechoix qui s’y oppose radicalement

La suggestion que fait à Jésus le démond’ordonner aux pierres qu’elles deviennentdes pains renvoie à la concupiscence la plusarchaïque parce que la plus primaire : man-ger. C’est la tentation originelle en direct.Voilà pourquoi les conversions les plus sta-bles sont celles qui passent d’un rapportd’autosuffisance - “je prends pour possé-der” - à une dépendance fondée sur une

alliance filiale - “je demande pour recevoir”,dont l’Eucharistie - “prenez et mangez” -est l’aboutissement ultime. Jésus répliqueau diable en recourant à l’Écriture :“L’homme ne vit pas seulement de pain...”Le jeûne, c’est le choix signifié de recevoiravec confiance ce qui est nécessaire ànotre existence plutôt que prendre par peurde manquer.

Puisque Jésus recourt aux Écritures, ledémon en fait autant dans la deuxième ten-tation : “Jette-toi en bas, car il est écrit...” Ledémon aime enfûmer les âmes par desinterprétations erronées de la parole deDieu afin que le scepticisme, la défiance,voire l’incrédulité égarent le disciple.Existe-il tentation pire que celle qui consis-te à se laisser tromper par la parole divine ?Jésus dévitalise ce péché contre l’Esprit,capable de conduire une existence vers lenéant. “Jette-toi en bas, car il est écrit : ‘Lesanges te porteront sur leurs mains’”... Sejeter dans le vide du sommet du Templeserait transformer ce lieu saint par excel-lence en lieu de puissance magique.

On sait que plus tard l’évangéliste Jeaninterprétera l’épisode de Jésus chassant lesmarchands du Temple comme la révélationdu vrai Temple : “Mais le Temple dont il par-lait, c’était son corps” (Jn 2,21). ProvoquerJésus à se jeter dans le vide pour déclencherl’intervention divine, c’est rabaisser le salut àun arbitraire où ni le baptême dans leJourdain, ni la passion sur le Golgotha, ni larésurrection au matin de Pâques n’ont quoique ce soit à apporter aux hommes. C’est lalouange même du Fils qui se trouveraitrévoquée. Sa prière ne serait plus qu’uneespèce de partialité annulant les lois de lavie. Il se jette du haut du Temple celui quiprie en dissociant le réel de la sagesse divinequi l’inspire et de la providence qui leconduit. Ici comme ailleurs, le tentateurpossède l’art pervers d’évoquer la sollicitudedu Père des cieux pour, en fait, pousser àune conduite de mort.

Mercredi 9 février :

cérémonie des cendres,

dimanche 13 février,

premier dimanche de

Carême... Le jeûne, la

prière et l’aumône sont

les grandes victoires du

Christ au désert contre

le démon. Alors,

laissez-vous tenter...

ESPRIT

22 FRANCECatholique N°2962 4 FEVRIER 2005

TEMPS DU CAREME

Le démon

Existe-il tentation pire que cellequi consiste à se laisser tromperpar la parole divine ?(

cet éternel

L

par le Père Ludovic LECURU

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La troisième tentation se déroule surune haute montagne surplombant tous lesroyaumes de la terre. “Je te les donnerai,promet le diable à Jésus, si tu te prosternespour m’adorer.” Promesse mensongèrepuisqu’aucun royaume de la terre ne luiappartient : “La terre est à Dieu et tous seshabitants” (Ps 96). Jésus se réfère à nou-veau à l’Écriture qui interdit tout culte desidoles : “C’est devant le Seigneur seul quetu te prosterneras.” L’objection de Jésussous-entend que l’aumône est une ren-contre avec le Seigneur qui “de riche qu’ilétait s’est fait pauvre pour nous enrichirpar sa pauvreté” (2 Co 8,9). L’aumône n’estpas une simple philanthropie humaniste.Celui qui pratique l’aumône “ne fait riend’autre que pratiquer la justice, aimer lamiséricorde et marcher humblement avecson Dieu” (Mi 6, 8). L’adorateur pratiquel’aumône en tant qu’elle est une vertuévangélique animée par la charité divine etfraternelle soutenue par le don de piété.Que l’aumône soit un devoir aussi radical,Jésus le rappellera lors du geste de Mariede Béthanie venue verser un parfum degrand prix sur ses pieds et se prosternerpour l’adorer (cf. Mt 26,11). Au regardscandalisé de Judas qui défend la cause despauvres contre un gaspillage de trois centsjournées de travail, Jésus révèle le vrai sensde l’aumône : les pauvres ne sont secourusqu’en référence à la miséricorde de Dieumanifestée dans sa passion et sa résurrec-tion. Seule une aumône fondée sur la cha-rité divine n’aliène personne.

Ce score magnifique de 3 - 0 pourJésus n’est autre que la chute originelledans le monde des hommes et à leur béné-fice. La tentation de Jésus au désert élargitnotre liberté aux dimensions d’une huma-nité sauvée. Certes, le démon est un adver-saire redoutable par sa puissance sur notresensibilité. Mais il n’est pas tout-puissant.À chaque fois que nous nous confessons,nous rejoignons Jésus au désert, nous met-

tons en œuvre le baptême dans l’eau etl’Esprit qui le rend - et nous rend - vain-queurs du démon. Depuis toujours, celui-ciest un éternel vaincu. Si tel un subtil ser-pent sournois, il nous siffle sans cesser dessuggestions et des soupçons insensés, cen’est même pas pour faire de nous ses

amis, mais parce qu’il nous déteste et nesouhaite que notre mort. Demander pardonà Dieu durant ce temps de carême, notam-ment par la confession sacramentelle, c’estnon seulement choisir la vie, mais c’estencore pousser le diable à faire à nouveaul’expérience de sa chute. �

ESPRIT

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La tentation de Jésus au désertélargit notre liberté aux dimensionsd’une humanité sauvée

(vaincu

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� Pourquoi le dialogue interreligieux ne peut-il pas être assimilé à ce qui se passe dansle domaine œcuménique ?

La raison est plutôt simple, égalementsi l’on se base sur les éclaircissementsque nous venons d’apporter : le dialogueœcuménique intervient dans un cadreentre chrétiens, entre des croyants deconfessions différentes mais unis dans lafoi en Jésus-Christ. Ce type de dialoguevise ou devrait viser à parvenir à la re-composition de l’unité des chrétiens (quin’existe pas encore) dans l’unité catho-lique (qui existe dans l’Eglise catholique).

Le dialogue interreligieux est unerelation qui s’instaure entre des chrétienscatholiques et des membres d’autres reli-gions. Il n’y a pas d'unité de certains élé-ments de foi comme base de départ pource genre de relations. La superpositionentre dialogue interreligieux et dialogueœcuménique est du reste une tentationtrès répandue, liée également au manquede clarté des idées au sein de nos com-munautés. L'on devrait en revancheexpliquer la distinction qui existe entreles deux démarches.

Paul VI indique une condition qui estune exigence commune aux deux formesde dialogue : la conscience de la propreidentité chrétienne. Si en tant que catho-liques nous oublions la conscience denotre identité face à un frère protestant,nous tombons dans la même erreur quece fidèle qui, souhaitant dialoguer avecun musulman, est disposé à relativiserson propre credo.

Un ami musulman me disait récem-ment : "Nous voulons dialoguer avec descatholiques d’une seule pièce, pas avecdes personnes à moitié catholiques. Demon point de vue de musulman, uncatholique qui renonce à quelquesaspects fondamentaux de sa foi pour dia-loguer, est comme un mauvais musulmanqui n’observe pas le Coran. Le dialoguepeut avoir lieu si l’on a le courage de sapropre identité. Comment pourrions-nousconnaître vraiment votre foi si vous niezpar exemple l’unicité du Christ ?"

Cela me semble une considérationtrès sensée qu’il serait utile de rappeler ycompris au sein de certains mouvementscatholiques qui s’érigent en partisans dudialogue interreligieux.

� Ne vaudrait-il pas mieux parler de “collo-qui, dans le sens latin de ‘colloquium’, plu-tôt que de dialogue ?

Le texte latin de l’encyclique parle decolloquium, terme traduit dans les tra-ductions du document et dans les dis-cours en langue italienne de Paul VI surl’encyclique par "dialogue". Avec le recul,je pense qu’il aurait été plus opportun et

prudent que soit maintenu le terme ori-ginel, non seulement parce que le termede dialogue a connu dans l’histoire unelongue gestation de sens et d’applica-tions très diverses et ambiguës, maiségalement parce qu'aujourd’hui c’est unterme très employé, souvent utilisé enpolitique, en philosophie, en sociologieetc., très souvent pour relativiser la véritéou la nier. On dialogue – c’est l’opinionde beaucoup – parce que personne nepeut avoir la prétention de connaître lavérité. Transposant ce raisonnement dansle domaine chrétien, le risque concret ettangible dans de nombreuses publica-tions et discours, est de relativiser lavaleur unique de la vérité du salut enJésus Christ. Ce n’est pas cela l’enseigne-ment du magistère.

� Vous distinguez, comme l’explique“Dominus Iesus”, deux niveaux de dialogue,le niveau personnel et le niveau doctrinal.En quoi consistent-ils et pourquoi furent-ilsmal accueillis quand cette déclaration a étépubliée ?

Je voudrais préciser avant tout qu’ac-tuellement il n’existe pas de dialoguechristianisme-religions non chrétiennes.La possibilité d’un tel dialogue n’existepas à cause du fait que ni l’hindouisme,ni le bouddhisme, ni l’islam ne consti-tuent chacun une unité présidée par uneautorité de référence. Il existe des boud-dhismes, des islams, des hindouismes trèsdifférents les uns des autres, même sicertains éléments distinctifs les unissent.L’on porterait préjudice à cette diversité,parfois radicale, si l’on considérait unereligion donnée, indifféremment, sousune unique dénomination.

Il est possible en revanche de seconfronter à des membres individuels ap-partenant à l’une ou l’autre des traditions

Suite et fin de l’entretien

avec Ilaria Morali,

professeur de théologie

dogmatique à l’Université

pontificale grégorienne de

Rome, sur le dialogue avec

les autres religions selon

le concile Vatican II.

DEBATS

24 FRANCECatholique N°2962 4 FEVRIER 2005

DOCTRINE

par l’agence ZENIT

Les malentendus

Il n’y a pas d’unité de certainséléments de foi comme base de départpour ce genre de relations(

sur le dialogue

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dépendant d’une religion donnée. Je necrois pas par conséquent que des congrèsinterreligieux à grande échelle soient unreflet fidèle du dialogue interreligieux. Ledialogue se construit à travers un contactpersonnel, dans un climat d’intimité et desympathie, et non dans un rassemble-ment immense. C’est ce que j’ai appris enrencontrant des catholiques engagésdans le dialogue, m’étant parfois moi-même également trouvée confrontée àdes croyants d’autres religions.

Cela dit, une confrontation entrechrétiens et membres d’autres religionspeut avoir lieu à deux niveaux : 1/ surdes thèmes sociaux, politiques, parexemple lorsqu’on s’interroge sur le rôlejoué par les religions dans un processusde paix et d’humanisation du monde ; 2/sur des thèmes relatifs aux doctrines reli-gieuses. Par exemple le contenu du salutselon les doctrines religieuses respectives.C’est là que Dominus Iesus introduit l’i-dée que si, sur le plan des personnes entant que personnes, les partenaires dudialogue possèdent tous la même dignité,on ne peut pas en dire autant pour ce quiconcerne les doctrines. Si nous sommescatholiques, il y a un décalage nécessaireentre le message chrétien et le messagenon chrétien.

Un exemple peut peut-être aider. Il ya quelques années, je me suis retrouvéeavec quelques amis dans la maison d’unbonze japonais âgé. Nous avons longue-ment confronté le salut proposé dans lebouddhisme de la Terre Pure avec celuidu Christ. Puis le bonze nous a dit : "Jesuis et resterai bouddhiste mais je doisadmettre que le contenu du salut propo-sé par le Christ est d’un niveau qualitati-vement supérieur à celui proposé par maTradition. L’élévation proposée à l’hommepar la Rédemption du Christ est bien au-dessus de celle qui est décrite dans lebouddhisme. Le Christ me pose des ques-

tions auxquelles je suis difficilement enmesure de répondre en me basant sur matradition".

Ces jours derniers j’ai entendu letémoignage d’un missionnaire en In-donésie. Il racontait qu’à la radio desjournalistes musulmans affirment que lecataclysme du 26 décembre est à consi-dérer comme un châtiment de Dieu. Dansla vision chrétienne Dieu est un Père mis-éricordieux et les catastrophes naturellessont l’expression d’une nature qui n’estpas encore totalement dominée parl’homme. Le missionnaire racontait queface à cette explication certains de sesamis musulmans s’étaient sentis presqueencouragés. Mais encore une fois, la dif-férence n’est pas au niveau des person-nes mais des doctrines.

Le fait que Dominus Iesus ait été malaccueilli par certains milieux du mondecatholique ne doit pas étonner. Cela a étéun fait physiologique : il n’y aurait pas eude raison d’écrire un tel document si devastes secteurs du catholicisme d’aujour-d’hui n’avaient perdu de vue la beauté etla grandeur du message chrétien.

Dominus Iesus reprend d’une certainemanière, l’avertissement lancé par Paul VIdans Ecclesiam Suam, quand il met engarde les fidèles contre la tentation deperdre le sens et la valeur du don reçu àtravers le baptême et la foi catholique.

Derrière le rejet relatif aux contenusde Dominus Iesus, l’on perçoit de manièreplus générale le refus de l’autorité doctri-nale du magistère, de la valeur normativede la Tradition, du principe de l’unicité dusalut dans le Christ. Tous les piliers ducatholicisme. Le dialogue interreligieux

ne peut jamais être conçu comme uneaction à travers laquelle le chrétien pren-drait connaissance d’aspects de la Révé-lation, ou, même, d’autres révélations di-vines parallèles à la révélation chré-tienne. Celui qui affirme cela a non seu-lement à l’esprit une définition non ca-tholique du dialogue, qui sort de la défi-nition tracée par le magistère de Paul VI,mais de plus il ne reconnaît pas à la Ré-vélation ce caractère d'unicité qui est aucœur de la foi chrétienne.

A mon avis, la Congrégation pour laDoctrine de la Foi a accompli un gestecourageux, au prix d’une certaine im-popularité, en venant rappeler des princi-pes qui ne peuvent être mis de côté. Dureste, comme croyante, si je perdais devue qui je suis et ce que j’ai reçu commeune grâce, je pourrais donner naissance àmille initiatives de dialogue, aucune des-quelles pourtant ne refléteraient laconception catholique.

Cela doit nous amener à nous de-mander si, quarante ans après la publica-tion d’Ecclesiam Suam, l'heure n'est pasvenue de relire la première partie de l’en-seignement d’Ecclesiam Suam sur laconscience de l’identité chrétienne. Ennous tournant vers l’autre, nous avonsperdu quelque peu le barycentre de notrevie. Ma ferme conviction est que nousdevons retrouver cet équilibre en nous etdans nos communautés pour donner en-suite plus de vigueur et de sens à nosinitiatives et à nos ‘colloques‘ avec lespersonnes d’autres religions.

ZF05011905

DEBATS

FRANCECatholique N°2962 4 FEVRIER 2005 25

En nous tournant vers l’autre, nousavons perdu quelque peu le barycentrede notre vie

(interreligieux

(2)

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ernando Rielo Pardal est né àMadrid le 28 août 1923 dans unefamille profondément religieuse.La guerre civile espagnole le fitpasser directement d’une enfance

protégée à une jeunesse marquée par lasouffrance. Le jour même de sa premièrecommunion il fut sur le point d’être tuépour la foi catholique : “On m’accusa d’êtrecatholique en me voyant habillé en pre-mier communiant, et on m’incita à renon-cer à ma croyance. Je refusai catégorique-ment et on me plaça contre un mur pourme fusiller”. Une fois la guerre finie, il ter-mina ses études à l’Instituto Real de SanIsidro à Madrid.

À seize ans, dans les montagnes deGuadarrama (Ségovie-Espagne), une expé-rience intime le marqua pour toujours. Cefut l’appel de notre Père Céleste : “Soissaint, mon fils, comme moi je suis saint”.Lui-même raconte : “Je lui promis alorsque toujours je me repentirais de tout cequi lui déplairait et que je passerais toutemon existence à chercher sa volonté…”

A vingt ans, Fernando Rielo entra dansla congrégation du Très Saint Rédempteur,

où il allait suivre des études de philosophieet de théologie. Au cours de cette période,son ardeur apostolique l’amène à créer unmouvement appelé “Motus Christi”, dontl’objectif était de vivre un esprit religieuxmarqué par la conscience filiale enversnotre Père Céleste, tel que nous l’enseigneJésus-Christ. Ce fut le préambule à ce queserait l’Institut qu’il devait fonder plus tard.

Après quelques années passées dans lacongrégation des Rédemptoristes, il sort decelle-ci en 1957 et réintègre le monde dutravail, dans l’attente de nouveaux signesde la volonté divine. Il est affecté commefonctionnaire à Santa Cruz de Tenerife.Alors qu’il descend de l’aéroport vers la villepar la route ancienne - raconte-t-il lui-même - le Christ lui montre le chemin :“Voici le lieu que j’ai choisi pour la fonda-

tion de l’Institut ; cette villesera ta croix et ta gloire”. C’estlà que naîtra l’Institut desMissionnaires Identès en 1959.

La particularité de cetteInstitution, formée d’hommeset de femmes, laïcs et clercs,membres célibataires etmariés, exigera un long che-minement jusqu’à sa recon-naissance canonique, reçue dudiocèse de Madrid en 1994,comme Association Publiquede Fidèles. Le 22 octobre2004, le cardinal Rouco,archevêque de Madrid, luiconfèra le rang de nouvelleforme de vie consacrée, consi-dérant que cette fondation ré-pond à ce qui est prévu dansle canon 605 du Code de droitcanonique.

Au cours de toutes ces années,l’Institut s’est répandu en Europe,Amérique, Asie et Afrique, et compteactuellement environ quatre-vingt-dixmaisons réparties dans vingt-cinq pays, enétroite collaboration avec les diocèses oùelles se trouvent.

Le terme “idente” est un néologismeconstruit à partir de l’impératif “id”, duverbe espagnol “ir” (aller), et de la dési-nence “ente”, du participe latin “ens-entis”.Il a pour signification : “cheminer en s’u-nissant en permanence à la divine cons-cience filiale du Christ”. Cette “consciencefiliale” a marqué le Fondateur dès sa primejeunesse, et il a transmis à l’Institut l’aspi-ration à œuvrer de telle manière que touteaction ait toujours l’approbation de notrePère des cieux.

Le charisme idente se concrétise dansle vécu et le témoignage de notre filiationdivine, à la suite du Christ et sous l’actionde l’Esprit Saint. Il repose sur les trois prin-cipes évangéliques suivants :

Le 6 décembre dernier,

à New York, décédait

Fernando Rielo Pardal,

à l’âge de 81 ans. Il était

le fondateur, en 1959, des

“Missionnaires Identès”,

une communauté nouvelle

qui se développe aussi

en France.

ESPRIT

26 FRANCECatholique N°2962 4 FEVRIER 2005

COMMUNAUTES

Connaissez-vous

Quatre-vingt-dix maisons répartiesdans vingt-cinq pays, en étroitecollaboration avec les diocèses (

F

Fernando Rielo Pardal

D.R.

les Missionpar le père José-Maria LOPEZ

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1) la vocation à la sainteté, en réponse aucommandement : “Soyez saints commevotre Père Céleste est saint” (Mt 5,48)2) la promotion de la vie communautaireet de l’esprit de famille, en s’appuyant surla promesse de Jésus-Christ : “Lorsquedeux ou trois sont réunis en mon nom, jesuis là au milieu d’eux” (Mt 18,20)

3) l’engagement à la mission évangélisa-trice, à laquelle la consécration est totale,selon l’impératif apostolique : “Allez dansle monde entier et proclamez la BonneNouvelle à toute la création” (Mc 16,15).

L’essence de la mission se trouve dansla tendresse d’un amour ferme et immuableentre la Très Sainte Trinité et chacun etchacune des missionnaires; telle est la sain-teté filiale considérée comme mission pri-mordiale, et qui consiste dans une totaledisponibilité à la grâce. C’est ce que rappe-lait le Fondateur : “Que vous éleviez votrevocation à la sainteté au rang de mission,mission qui doit être exclusive dans votrevie. Car tout le reste, la théologie, laconversion des âmes, l’expansion territo-riale, les moyens humains, tout est surcroît,accompagné de toute la dignité et toute lajustice que l’on voudra, mais en définitivec’est le surcroît. La seule réalité nette et in-variable, qui n’est pas mesurée par la fuga-cité du temps ou de l’histoire et qui n’estmême pas appréciable extérieurement, c’estcet amour, sanctionné par des caractèresabsolus et immuables, entre Lui et vous”.

Les deux branches identès, celle dessœurs et celle des frères missionnaires, ontleur autonomie propre et sont régies parleurs Supérieurs Généraux respectifs. Enoutre, ces deux branches et leurs Supé-rieurs Généraux manifestent leur commu-nion entre eux en s’assujettissant à un Pré-sident qui exerce ainsi une juridiction decollégialité sur tout l’Institut.

La communauté morale est le fonde-ment auquel sont liés tous les membres del’Institut, et de manière particulière les

ESPRIT

FRANCECatholique N°2962 4 FEVRIER 2005 27

D.R.

Les Missionnaires Identès collaborentà l'animation spirituelle de la basilique

de Longpont. (Essonne)

Henri Lacroix, père Enrique Guedeja, père Paul Alexandre, père Patrice Sonnier, père Santos Isidro

naires Identès?

“Cheminer en s’unissant enpermanence à la divine consciencefiliale du Christ”

(

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ESPRIT

28 FRANCECatholique N°2962 4 FEVRIER 2005

membres qui ont consacré leur état decélibat et constituent une communautéphysique ou de vie en commun dans lesrésidences et monastères de l’Institut. Danstoutes les maisons de l’Institut, indépen-damment de la mission qui leur estconfiée, les membres s’engagent à vivre unesprit monastique qui “consiste en ce cloît-re intime que le religieux fait de son âme”en prenant pour modèle la Sainte Famille,“origine d’une vie religieuse absolumentparfaite”.

Les membres de l’Institut professentdes vœux religieux (pauvreté, chasteté etobéissance), auxquels ils ajoutent l’enga-gement de transmettre l’Évangile à tous,par la parole et par l’exemple, et à l’étudeet la défense du Magistère de l’Église, parlequel ils s’engagent à la formation perma-nente dans les disciplines civiles et ecclé-siastiques.

La devise de l’Institut est Crois etEspère. La spiritualité idente se caractériseaussi par la vénération de “Notre-Dame dela Vie Mystique”, comme mère et maîtressede vie spirituelle. Non moins significativeest pour les Missionnaires Identès la dévo-tion à saint Joseph : “il vous donnera toutce dont vous avez besoin”.

Le caractère apostolique des Mission-naires Identès consiste spécifiquementdans la promotion de la foi catholique, sur-tout chez les jeunes. Leur action évangéli-satrice se réalise dans des missions diversesselon les sollicitations des églises locales, etse concrétise dans des œuvres sociales, en

collaboration avec des associations ou fon-dations à but humanitaire. “Votre but, meschers fils et filles, —affirme le Fondateur—est le même que celui du Christ : passer parcette vie en faisant du bien à tous”. Ainsi,l’activité sociale de l’Institut va de foyerspour enfants abandonnés jusqu’à la promo-tion de milieux socialement et culturelle-ment défavorisés, comme la forêtamazonienne. L’Institut se met auservice de la nouvelle évangéli-sation, pour une restaurationspirituelle et culturellechez ceux qui, commeen Europe ou en Am-érique du Nord, sonttombés dans le maté-rialisme et la pertedu sens. Un exemplede ce travail mis-sionnaire sont lesCités Monastiques del’Enfant Jésus au Pérouet en Bolivie, et la présenceuniversitaire en Italie, Équa-teur, au Chili, en Thaïlande, aux Philippineset au Liban.

Pour accomplir les buts propres del’Institut, son Fondateur, Fernando Rielo, l’adoté de différentes entités établies au longde plus de quarante années d’intense acti-vité apostolique. Parmi ces fondations onpeut citer : La Famille Idente, constituéepar des membres laïcs qui suivent l’espritde l’Institut mais n’ont pas de lien sacréavec lui.

L’École Idente d’études théologiqueset philosophiques, dans laquelle est don-née une formation spirituelle et intellec-tuelle par le moyen du travail et de l’étudeen équipe.

La Fondation Culturelle FernandoRielo, qui aspire à projeter dans la sociétéles valeurs spirituelles et culturelles del’homme comme expression d’une profondesensibilité face à la réalité transcendante,et promeut la rencontre entre les diffé-rentes cultures et traditions. Elle a un

rayonnement international à traversses Prix mondiaux de Poésiemystique et de Musique sacrée,l’organisation de journées d’é-tude et ses publications dansles domaines de la philosophie,la théologie, la littérature, lapédagogie et la musique.

La Jeunesse Idente, quiaspire à unir dans les plus

hauts idéaux culturels et axiolo-giques des jeunes de différents pays,

races et croyances. Le Volontariat Idente. Ce volontariat

peut être vécu aussi bien dans sa propreville que dans l’aide aux missions de diverspays : Bolivie, Pérou, Équateur, Inde, Came-roun et Tchad, en menant à bien destâches d’évangélisation, d’éducation, d’ac-cueil d’enfants abandonnés, de promotionde la femme et de la famille, d’équipe-ments sanitaires et agricoles, de mise enplace d’ateliers et de parcours de forma-tion professionnelle, entre autres.

L’Association Sanitaire FernandoRielo s’occupe de soins médicaux en parti-culier auprès des immigrants et du déve-loppement de la recherche avec l’ÉcoleSupérieure de Sciences Bio-médicales.

Les priorités qui marquent le travail dessœurs et des frères sont de poursuivre latâche de la Nouvelle Évangélisation, pourretrouver, fonder et promouvoir les valeursauthentiquement chrétiennes dans la so-ciété. “Il s’agit - dit Fernando Rielo - demontrer à nos frères la plénitude de l’amourdivin en les aimant eux-mêmes”, par uneprière intense qui, selon les mots du Pape,“en ouvrant le cœur à l’amour de Dieu,ouvre aussi à l’amour des frères et rendcapable de construire l’histoire selon le des-sein de Dieu”. (Novo millenio ineunte, 33) �

Missionnaires Identès : 12, rue de Paris - 91310 [email protected] tél. 01.69.01.94.84.

Notre-Dame dela Vie Mystique

Sœurs Annick Johnson, Maria-Jésus Igual, Pascale Vincette,Missionnaires Identès, à Paris.

D.R.

D.R.

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Il suffit parfois d’un film pour ouvrir lavoie à une quantité d’autres du mêmegenre. Depuis le triomphe de «Micro-

cosmos», de Claude Nuridsany et MariePerrenou, les documentaires à grandspectacle remportent les suffrages dupublic. Et c’est justice, car les réalisa-teurs de ces films ont souvent passé desannées à les préparer et les tourner. C’estle cas de Luc Jacquet, un biologiste deformation, devenu par hasard cinéaste,qui a préparé son film pendant quatreans et a passé une année à le tournerdans l’Antarctique, l’une des régions lesplus inhospitalières du monde.

Ils se sont mis tous en marche aumême moment venant de différentsendroits. En file indienne, avec leur drôle

de démarche, les manchots empereursse dirigent vers un lieu précis, où ilsvont passer plusieurs mois. Car c’est lasaison des amours qui leur fait quitterles eaux glacées de l’Antarctique pour serendre sur la banquise. Une fois les œufspondus, les femelles se mettent enquête de nourriture, laissant leurs petitsà la garde des mâles.

Elle est étonnante, cette histoire desmanchots ! Etonnante et belle, car ellemontre que la vie est toujours la plusforte, quelles que soient les conditionsclimatiques (- 40° et des vents à plus de150km/h). Luc Jacquet a construit sonfilm comme une fiction (on entend lesvoix de Romane Bohringer et CharlesBerling parler à la place de la maman et

du papa manchots), pour les rendre plusvivants. Ces images sont splendides (lesmanchots sont très photogéniques) etson histoire est poignante. On n’évitepas un soupçon d’anthropomorphisme,mais c’est pour rendre le film plus ac-cessible. �

La marche de l’empereur. Documentaire français (2004)de Luc Jacquet, avec les voix de Romane Bohringer, CharlesBerling et Jules Sitruk (1h25). Sortie le 26 janvier 2005.

Coup d’éclatMax est un voleur légendaire qui réussit les coupsles plus spectaculaires sans effusions de sang et...sans jamais se faire pincer. Même Stan Lloyd,l’agent du FBI, s’est fait piéger par lui. Après undernier exploit, Max décide de prendre sa retraitedans une île de rêve avec Lola, sa complice etl’amour de sa vie. Mais voilà qu’un superbepaquebot de croisière accoste au large de l’île. Ason bord se trouve une luxueuse exposition,présentant le plus gros diamant du monde. Maxsaura-t-il résister à la tentation ?Île de rêve, jolies filles, comédien élégant, tout esten place pour une comédie policière réussie. S’il ya quelques clins d’œil cinématographiques(notamment à Alfred Hitchcock), de nombreusestouches d’humour et de bons retournements desituation, il y a beaucoup de longueurs etd’invraisemblances. Mais le charme des interprèteset la décontraction élégante de la mise en scènepermettent de passer sur bien des défauts. Mêmesur la sensualité qui imprègne tout le film.

M.-L. R.

Comédie américaine(2004) de Brett Ratner,avec Pierce Brosnan(Max), Salma Hayek(Lola), Woody Harrelson(Stan), Don Cheadle(Mooré), Naomi Harris(Sophie)(1h38). Sortiele 2 février 2005.

L’ex-femme de ma vieIls ont été mariés, puis ils ont divorcé. Aujourd’hui,Tom est sur le point de refaire sa vie avec Ariane.Et voilà que Nina réapparaît dans sa vie, enceintede neuf mois et plaquée par le père de son enfant.Tom est bien obligé de l’héberger pour la nuit. En adaptant pour le cinéma sa propre pièce,Josiane Balasko s’est offert un personnage detranssexuel qui n’ajoute rien à l’histoire. Pour lereste, c’est du boulevard, avec ce que celacomporte de poncifs et de facilités, mais aussi dedrôlerie. Malgré quelques vulgarités inhérentes àJosiane Balasko, on peut se laisser tenter parcette comédie amusante.

M.-L. R.

Comédie française (2004) deJosiane Balasko (d’après sapièce), avec Thierry Lhermitte,(Tom), Karin Viard (Nina),Josiane Balasko (Marie-Pierre), Nadia Farès (Ariane),Nicolas Silberg, DidierFlamand (1h35). Sortie le 2février 2005.

CINEMA

FRANCECatholique N°2962 4 FEVRIER 2005 29

Pollux. Le manège enchantéPollux a encore fait des siennes : sa gourmandise légendaire aprovoqué une catastrophe. Non seulement Margote estprisonnière des glaces, mais Zabadie, un méchant sorcier, arecouvré la liberté. Celui-ci veut obtenir par tous les moyens lepouvoir absolu sur le monde. Pollux et ses amis vont avoir fort àfaire pour l’en empêcher.

Les nostalgiques de la télévision de papa vont être à la fête, avec cette superbe adaptation en 3D dela célèbre série de télévision, créée par Serge Danot en 1964. On retrouve les charmants personnagesde marionnettes animées, traités ici avec les techniques nouvelles. Le résultat est un petit bijou decharme et d’humour. L’histoire ménage un suspense accessible aux petits, et les parents qui lesaccompagneront seront heureux de retrouver leurs souvenirs.

Marie-Lorraine ROUSSEL

Film d’animation en 3D français (2004) de Jean Duval, Frank Passingham et Dave Borthwick, avec les voix de Henri Salvador, Vanessa Paradis, Michel Galabru,Gérard Jugnot, Valérie Lemercier (1h25). Sortie le 2 février 2005.

Ce film magnifique est une jolie

leçon de vie et de courage

dispensée par le plus étrange

des animaux.

Un drôle d’oiseauLA MARCHE DE L’EMPEREUR

par Marie-Christine D’ANDRÉ

Des images splendideset une histoire aussipoignante que belle(

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REPORTAGE

30 FRANCECatholique N°2962 4 FEVRIER 2005

épister. Expliquer. Rassurer etconvaincre, puis soigner. Sans re-lâche. Pour Damas Obvala, méde-cin responsable du programmecongolais de lutte contre la lèpre,

la mission conserve un arrière goût d’im-possible. Non qu’il ne dispose d’aucun moyenpour mener à bien sa tâche. En l’occurrence,la Fondation Follereau lui procure l’essen-tiel des outils logistiques nécessaires, enplus des médicaments. Mais le territoire dela République du Congo, soit 342 000 km2

partiellement masqués aux yeux du mondepar un épais manteau de forêt primaire,abrite des populations qui toutes ne se ré-vèlent pas prêtes, sinon disposées, à se lais-ser guider sur la voie de la guérison…

Le docteur Obvala connaît la musique.Depuis des années, à intervalles réguliers, ilquitte son domicile – une maison nichée aucœur d’un quartier calme de Brazzaville oùson épouse et ses quatre enfants l’atten-dront sans inquiétude. Il s’en va en voiture,en pirogue et à pied ; file sur les rivières,foule tous les sols imaginables et dort où ilpeut, lancé à la rencontre des oubliés del’histoire. Il sera absent deux semaines, peut-être trois. Cette fois, au nord du pays, lemédecin Batéké* a rendez-vous avec les

Pygmées, ces semi-nomades qui veulenttout ignorer des frontières et vivent paisi-blement, en famille, à quelque distance des

villes et villages des Bantous, ces "grandsnoirs" qui peuplent majoritairement l’Afriquecentrale. Dans la pensée des "petitshommes", le XXIe siècle ne porte aucunepromesse particulière. La grande forêt neles protège-t-elle pas des miasmes dumonde extérieur ? Ne leur prodigue-t-ellepas toutes les nourritures dont ils ont besoin,

Au Congo Brazzaville, un

médecin tente de faire

baisser le nombre de cas

de lèpre dépistés chaque

année à travers tout le

pays. Une tache

titanesque menée

tambour battant par un

homme déterminé…

LEPRE AU CONGO-BRAZZAVILLE

La grande forêt ne les protège-t-elle pasdes miasmes du monde extérieur ?(

D

François BLANCen partenariat avec

Raoul-Follereau

La croisade deDamas Obval

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Thérèse

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REPORTAGE

FRANCECatholique N°2962 4 FEVRIER 2005 31

tous les remèdes qui les maintiendront enbonne santé ? Mais dans leurs huttes debranchages, ou leurs maisons de bois, unennemi redoutable les guette : la lèpre. Audébut, une simple tache cuivrée sur la peau,plaquée sur une cuisse, un bras, ou sur lajoue. Et puis l’insensibilité qui gagne. Le malqui ronge les chairs. En silence.

Aujourd’hui, un médecin est arrivé parla Sangha, la rivière qui, loin vers le Sud,court se jeter dans le grand fleuve Congo.Accompagné d’un assistant, il a sauté sur laberge, à un jet de pierre du campement oùla communauté a élu domicile pour quelquessemaines ; ou quelques mois. L’air jovial,mais un rien autoritaire, le docteur parlebeaucoup. Et fort. Il s’exprime en lingala,l’autre langue des Bantous du Congo qui,tous, parlent le français. Heureusement,quelques habitants du village le compren-nent. Ils traduisent pour les autres : la languedes Pygmées, en effet, ne présente rien decommun avec le lingala. "Est-ce que quel-qu’un a remarqué une tache claire sur sapeau, ou sur celle des enfants ?", interrogeDamas Obvala. Chacun murmure pour son

entourage. Les secondes s’égrènent. Conci-liabules. Rires étouffés. Le médecin décocheson plus beau sourire : "Allez, je vais exami-ner tout le monde !". Les femmes d’abord.Puis les hommes. Les hommes ? Ils sont sipeu nombreux ! Presque tous sont partis àla chasse. Ils reviendront dans quelquesjours, sans doute. À moins que leur quête neles retienne plus de deux semaines sous lesfrondaisons. La salle de consultation impro-visée sera une sorte de petite cour, situéederrière une case de torchis. Une à une, lesfemmes pygmées se présentent au regard dumédecin. "Allez Mamma, soulève-moi cetterobe. Fais voir tes jambes !", lance-t-il d’unton enjoué. Les Pygmées sont très pudiques."Tu n’as rien", conclut-il, en vérifiant toute-fois que la lèpre ne s’est pas installée sur lecou de sa patiente.

Thérèse a l’air timide. Elle approche àson tour, avec ses deux enfants qui, collés àelle, la dévorent des yeux en permanence.Thérèse ? Ce n’est pas vraiment son prénom."Tirès", comme l’appellent en pouffant lesautres femmes, renonce, en présenced’étrangers, à livrer son nom pygmée. Le

docteur Obvala commence son examen. Sefige. Cette marque, il l’a vue des centainesde fois. "Il y a longtemps que tu as cettetache sur la jambe ?". La jeune femme baisseles yeux, muette. Le médecin soupire. Ilquitte sa salle de consultation en plein airet se dirige vers les Bantous qui cohabitentavec les Pygmées. C’est à eux qu’il va falloirexpliquer la marche à suivre. "Cette femmea la lèpre. Ce n’est pas un mal mystérieux.La médecine des Blancs permet de guérir",commence-t-il prudemment. Le messageest passé. À présent, il faut montrer à Thérèsecomment elle doit prendre les médicamentsque lui remet le docteur. Et veiller à ce qu’ellecomprenne le sérieux de la situation. Docile,elle écoute. Elle avale son premier comprimé.Le geste est si simple ! Saura-t-elle pour-suivre son traitement ? Damas Obvala estsceptique. Mais il reviendra. Dans quatre ousix mois, oui, mais il reviendra et avec lui,l’espoir de sauver Thérèse que ses enfantsaiment tellement… �

* Ethnie minoritaire du peuple Bantou,originaire du Congo et du Gabon.

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a y est, le théâtre du Nord-Ouest a abor-dé sa nouvelle thématique. Durant les sixprochains mois, quarante-trois piècesvont nous montrer autant de facettesautour de "Justice et politique". L’une des

premières est "Charlotte Corday" (1). Celle que noslivres d’Histoire exécutent en trois lignes pourfolie ou fanatisme était-elle si dérangée que cela ?N’y avait-il rien d’autre à dire à son sujet ?

La pièce est à ce propos une perpétuelledécouverte, qui puise une grande partie de sesrépliques dans l’Histoire. Le premier interrogatoirechez Marat, ses réponses au moment de son pro-cès, la lettre à son père, son souci de ne pas vivrela condition de sa mère, ses doutes, l’inspirationreligieuse et héroïque (elle était une admiratricedes personnages de son aïeul Pierre Corneille) deson geste, l’hommage du peuple au cadavre dé-composé de son "ami" sanguinaire, le capucindéfroqué qui l’interroge et le président du tribunalqui supprime la question devant entraîner lacondamnation à mort, tout cela est historique.

Par contre le député Roche, si humain dansune période si folle, est une création de l’auteur.Qui pouvait se permettre alors d’être politique-ment incorrect dans un monde où même ceux quiavaient voté la mort du roi l’avaient fait sans ladésirer ? Personne. Le président du Tribunal lui-même aura les pires ennuis pour avoir déplu àFouquier-Tinville.

Pourquoi avoir rajouté ce personnage ? Hu-main, paternel, ancien idéaliste ayant perdu ses il-lusions, il est ce que Charlotte Corday a refusé dedevenir : un homme plus tiède que brave. Et, théâ-tralement parlant, celui qui va révéler les doutes deCharlotte. Car celle qui s’affiche sereine après soncrime avait craint de fléchir, avait renoncé en arri-vant face à sa victime, puis s’était sentie reprise

par le bras du destin lorsque Marat fitmontre de sa cruauté.

Mais la richesse de la pièce vabien plus loin que cela. On y trouveune interrogation lancinante sur lalégitimité de la peine de mort, undébat sur la différence entre senti-ment, sens moral et conscience reli-gieuse, le germe d’un féminisme quiest alors perçu comme une monstruo-sité, une volonté de sacrifice libre aumilieu des chaînes de l’esprit, l’opposi-

tion entre l’idéalisme qui veut tout et l’opportu-nisme qui se contente de petits riens pour vivre.

La langue de cette pièce est belle et sonore,qui par exemple fait mettre dans la bouche d’undes protagonistes l’expression de "furieuse fréné-sie". Les personnages nous emmènent à un telpoint dans les rebondissements de leur histoirequ’on en vient à se demander si Charlotte va êtrecondamnée ou non. La sobriété des costumesramène l’attention vers l’héroïne. C’est une piècetrès psychologique qui nous est offerte, avec lamise en évidence des liens unissant peur et colère,idéal, intolérance et mort, vie et compromissions,éducation et constance, intuition et doute…

L’un des accusateurs va jusqu’à se demander :"ce geste de mort n’était-il pas un geste d’espoir…un don de soi ?". En un sens cette pièce nousmontre - grâce au contexte exacerbé de l’épi-sode – toutes les facettes de l’humanité, et quechacune d’entre elles a une dimension de clartécomme de ténèbre. Elle rejoint aussi l’actualité parl’analyse qu’elle fait du fanatisme, Charlotte sedemandant si c’est le destin ou Dieu qui a guidéson geste. Et décidant que, quand bien même lemeurtre lui fermerait les portes du Paradis, elleferait ce sacrifice pour mieux servir la Divinité enlibérant ses semblables d’un tyran.

Cette pièce et ses interprètes nous introdui-sent dans les circonvolutions des consciences enmême temps qu’est toujours gardée la distancejuste, celle qui révèle l’acte théâtral sans le rendreenvahissant. Un régal. �

THEATRE

32 FRANCECatholique N°2962 4 FÉVRIER 2005

Le rêvemeurtrierCHARLOTTE CORDAY

par Pierre FRANÇOIS

Charlotte Corday voulait un

monde idéal dans lequel

hommes et femmes seraient

égaux et bons. L’engrossement

de celui-ci dut-il passer par

l’assassinat. Fanatisme ? La

chose n’est pas si simple…

(1) "Charlotte Corday", de et mis en scène par DanielColas. Avec Coralie Audrey, Yvan Varco... Au théâtredu Nord-Ouest, 13 rue du faubourg Montmartre,75009 Paris. Tél. 01.47.70.32.75. Places à 20/13 €.Dates et horaires changeants.

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Une perpétuelledécouverte,qui puise unepartie de sesrépliquesdansl'Histoire

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THÉÂTRE

FRANCECatholique N°2962 4 FEVRIER 2005 33

epuis quelque temps, on relève une vraieaudace dans la programmation du théâtrede l’Œuvre. Le nouveau spectacle, "Ca-mille C.", relève d’une prise de risque quihonore la direction du théâtre. On

connaît le destin tragique de Camille Claudel.Aînée des enfants d’une famille bourgeoise, lafuture artiste est née en 1864. Paul, son cadet de4 ans, deviendra le fameux écrivain et diplomate.A 17 ans, Camille décide de faire de la sculpture àune époque où cet art n’est pas accessible auxfemmes. En 1883, elle rencontre Rodin, qui vitavec Rose Beuret, et devient son modèle et samaîtresse. Elle va travailler avec lui à la réalisa-tion - était-ce prémonitoire ? – des "Portes del’Enfer", ce qui ne l’empêche pas de créer sonœuvre personnelle. L’influence est réciproque.Mais Camille a un caractère entier. L’auteur de lapièce, Jonathan Kerr, lui fait dire : "tu sais qui estle diable, Rodin, le seul, le vrai ? Le compromis !".Les rapports du couple se dégradent pour finir, en1898, par une séparation. En 1913, Camille estinternée dans un hôpital psychiatrique. Elle mour-ra en 1943, après trente années de séquestrationqui auront été son enfer sur terre.

La vie de Camille Claudel, sa passion artistiqueet amoureuse, et sa terrible fin constituent lethème du spectacle. Mais ici, le théâtre est chan-té. Qu’on ne s’attende pas aux "Parapluies deCherbourg". Il ne s’agit pas de comédie musicale.D’entrée, Hermès le dieu messager – l’auteur a crubon d’introduire un parallèle superflu entre lamythologie et le destin de Camille – déclare :"c’est peut-être cela le drame : ils voulaient sûre-ment devenir des dieux !... Laissons-la redevenirune femme…". Et l’artiste chante : "je suis Ca-mille, Camille, et mon étoile là-haut vacille…"

Paradoxalement, ce sont lesépisodes parlés, servant detransition, qui finissent parsurprendre le plus. Le chant,quant à lui, introduit unedistance qui diminue l’in-tensité dramatique mais fa-vorise, en revanche, latransmission de l’émotion. C’était une sacrée gageureque de trouver des artistesqui ne soient pas seulementdes chanteurs (ils chantent

sans micro) mais aussi d’authentiques comédiens.L’auteur, Jonathan Kerr, interprète Rodin. Il a faitaussi bien sa carrière au théâtre que dans lacomédie musicale. C’est vers ces deux modesd’expression que s’est tournée Sophie Tellier (quiinterprète Camille, jeune) après un parcours dedanseuse. L’un et l’autre ont de belles voix, maison les sent plus à l’aise dans les graves. Ma-nifestement, Vincent Heden (à la fois Hermès etPaul Claudel) est plus proche de la musique et duchant que de la comédie. Mais il faut avant toutsaluer une exceptionnelle Annick Cisaruk (Camilleâgée) à la fois excellente comédienne – elle a faitses classes au Conservatoire national d’Art dra-matique de Paris et cela se voit – et très bonnechanteuse. Sa voix claire sert vraiment des mélo-dies qui sont parfois subtiles. Briller à ce pointdans les deux genres n’est pas donné à beaucoup.

On doit à Jean-Luc Moreau une mise en scènele plus souvent excellente. Même si elle s’attardeparfois un peu lourdement sur certains détails,elle fourmille de trouvailles comme ces sculpturespersonnifiées par une danseuse. Minimaliste, ledécor a la sobriété qui convient et les lumières,fort belles, sont bien en phase avec la mise enscène. Au total, "Camille C." constitue un specta-cle étonnant et parfois - c’est vrai – déroutant.Est-ce pour cela qu’il a aussi un petit goût, indéfi-nissable, d’inabouti ? En tout cas cette tentativede créer un genre nouveau mérite d’être saluée…et vue, ne serait-ce que par curiosité. �

CAMILLE CLAUDEL

Le Théâtre de l’œuvre consacre

son nouveau spectacle à Camille

Claudel. Mais il ne s’agit ni de

théâtre au sens classique ni,

bien sûr, de comédie musicale.

Audacieux, le pari consiste

à créer un genre nouveau :

le théâtre musical.

D

"Camille C.", au Théâtre de l’Œuvre, 55, rue deClichy, 75009 Paris, tél. 01.44.53.88.88. Du mardiau samedi à 21h, et samedi 18h30 et dimanche 15h30.

Parado-xalement,ce sont lesépisodesparlés quifinissent parsurprendrele plus

Les portesde l’enferpar Alain SOLARI

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LIVRES

34 FRANCECatholique N°2962 4 FEVRIER 2005

� Luc Tesson, vous êtes passé des hommes auxbipèdes plumés, à présent ?

Petit à petit l’oiseau fait son nid... Leshiboux, c’est ce que je fais de plus person-nel en ce moment... Je les décline une foispar semaine dans Courrier Cadre sous formede strip où je réagis sur un univers aussilointain pour moi que mystérieux : l’entre-prise. Une façon de sortir de la bulle de monpetit atelier...

� De quelle façon vous formez-vous ?

Je reconnais deux influences : Bill Wat-terson et Sempé... Sempé est un très granddessinateur doublé d’un poète et d’un socio-logue plein d’humour. Watterson a déve-

loppé un univers très personnel autour d’unenfant, dans Calvin et Hobbes. Je retiens ledynamisme de ses planches et la justesse etla force des expressions. Ces deux-là ont undessin parfaitement juste qui ne cherchejamais à en remontrer...

Je me cherche un peu encore... Mais unechose demeure: j’aime raconter quelquechose avec des dessins… le dessin et l’idée.C’est même un peu plus que cela : le dessinest un langage qui ne fait pas qu’exprimerune conclusion, c’est une façon de réfléchir.Lorsque je gribouille sur une feuille, je penseen dessins... en hiboux. Ma réflexion se dé-compose en dessins, jusqu’à ce que je trouveLE dessin qui fait mouche.

� Plus que le chemin de votre propre réflexion, votrelivre illustre des citations de penseurs...

J’ai toujours le souci que les dessinspuissent valoir par eux même et ne soient

Luc Tesson est un jeune

dessinateur humoriste qui,

dans la lignée de

Toussaint 2004, vient de

publier un nouveau recueil

sur le bonheur. Ses

croquis dialoguent avec

des citations d’auteurs

que nous gagnerions tous

à connaître…

Le dessin est un langage qui ne fait pasqu’exprimer une conclusion(

Un heureuxcoup de propos recueillis par Anne MONTABONE

D.R

.

DESSINS D’HUMOUR

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LIVRESpas de simples illustrations. Parfois les cita-tions que j’ai choisies ont induit les dessins,parfois j’ai cherché à citer des auteurs quipourraient illustrer tel ou tel dessin. Il arriveaussi que le dessin contredise la citation.

� D’ailleurs vos dessins ne sont pas toujours trèstendres…

Une amie qui ne manque pas de juge-ment m’a dit : "alors au fond, en page dedroite le cynisme et en page de gauchel’espérance…" J’espère que c’est plus caus-tique que cynique, mais autant que possi-ble il ne faut jamais se contenter d’un gentilpetit dessin qui fonctionne plus ou moins...Et ne fait rire personne. L’idée est que si onri juste, on raisonne juste. Un dessin peuttroubler un peu, il n’assène rien. Il est bienplus intéressant s’il laisse le lecteur tirer luimême ses conclusions... S’il n’émet pas dejugement... Il éclaire une situation et lelecteur saura bien quoi en penser.

� L’humour peut-il révéler la clé du bonheur ?

Disons qu’il permet de prendre un peude distance, de ne pas se laisser déstabili-ser... Mais tout en veillant à ne pas tomberdans la dérision qui est une fuite et un déni-grement du réel... L’humour n’est peut-êtrepas le secret du bonheur, mais il prend enmain le réel, avec un peu de légèreté, d’iro-nie, d’humilité.

� Le dessin humoristique peut donc être outild’évangélisation ?

Je travaille parfois pour la presse catho,mais j’essaie de devenir un sale gosse (rire).Bon, mon premier désir n’est pas d’évangé-liser mais de vivre la parole du Christ. Et jesuppose que si je vis cette parole en véritéje serai évangélisateur... Ou du moins mestâtonnements seront profitables aux autres.Le dessin étant une manière de triturer desidées, il va de soi que mes dessins accom-pagnent mon cheminement spirituel et meserrements. Un dessin fera mouche s’il touchele lecteur, qu’il le trouble, le fasse rire ou lelaisse rêveur... Et il sera évangélisateur s’il lelaisse libre de tirer ses conclusions, de pour-suivre la réflexion, le chemin... Surtout, il segarde bien de faire la morale...

crayon

Luc Tesson, “Le bonheur”, Cerf, 112 pages, 12 €.

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TELEVISION

36 FRANCECatholique N°2962 4 FÉVRIER 2005

La planète bleueTous Mercredi 9, sur Canal + à 20h55

Plus vaste que tous les continents réunis, l’Océandonne sa couleur à notre planète unique. Pourtant,l’exploration des grands fonds est beaucoup moinsavancée que celle du sol lunaire et révèle encoredes trésors à chaque nouvelle expédition. ��� Après 5 ans de tournage sous toutes leslatitudes, voici le spectacle le plus inoubliable quepuissent livrer des explorateurs d’images. D’unebeauté à couper le souffle, il est porté par unemusique originale interprétée par l'Orchestre

Philharmonique de Berlin, et accompagné d’un commentaire discret, mais vibrant et parseméd’humour. Couleurs et mouvements ainsi captés dans la nature lui donnent une poésieincomparable. A voir absolument sur grand écran.�� Si le but des auteurs est de nous faire communier aux richesses de notre planète, ilpeut être facilement atteint. Laissons-nous envahir par l’émotion qu’ils nous offrent, et latransformer en reconnaissance devant tant de merveilles, sachant qu’ils ne sont que des mes-sagers. Sans didactisme, mais avec une précision scientifique incontestable, ils suscitent defait un plus grand respect envers ce gigantesque trésor naturel qu’est l’océan, dont les loispeuvent cependant sembler cruelles aux plus jeunes.

L’enfant des Lumières (1/2)Grands adolescents Vendredi 11, sur Arte à 20h40Ruiné par des spéculations hasardeuses, le comte de Breyvesse suicide, laissant Diane, sa femme, dans le plus grand désar-roi. Avec son jeune fils Alexis, elle part s’installer dans une pro-priété familiale qui tombe en ruines. Son seul but, dorénavant,sera d’assurer l’éducation de l’enfant. ��� Daniel Vigne, réalisateur du «Retour de Martin Guerre»,retrouve Nathalie Baye dans cette adaptation du roman deFrançoise Chandernagor. La reconstitutions historique est superbe (même si certaines modernisa-tions semblent inutiles) et les images sont soignées. Pourtant, la première partie est un peu déce-vante, car, malgré la beauté de l’ensemble, on a du mal à s’intéresser à cette histoire qui manqueun peu de flamme. Fort heureusement, cela s’arrange dans la seconde partie, qui est superbe.Quant à l’interprétation, dominée par l’excellente et émouvante Nathalie Baye, elle pèche parfoispar une diction incertaine.���� Malgré l’ambiance des Lumières (avec des fausses notes telle que celle de la qualifica-tion de l’Eglise de «temple du fanatisme et de la superstition», l’éducation dispensée par l’héroïneest tout, sauf rousseauiste (elle se termine même chez les bons Pères !). Mais on présente cebeau personnage de mère, parfois dure, rarement tendre, mais toujours soucieuse de son éduca-tion («Je ne suis pas en charge de tes plaisirs, mais de ton éducation !», dit-elle à son fils).

LUNDI 7 FÉVRIER20.50 C'est si beau d'être aimé Présenté par Richard BoutryUne enfance brisée par la vio-

lence et la mort, et leur vie a basculé. Aujourd’hui, ils par-lent de la souffrance, de cette descente aux enfers. Etpuis… LA rencontre, celle qui sauve de la déchéance.MARDI 8 FÉVRIER20.50 Solidairement vôtre. Orpheopolis, par Valérie TibetChaque année, la police perd en service des hommes etdes femmes qui laissent derrière eux des familles plongéesdans des difficultés matérielles et psychologiques.Orpheopolis prend en charge 2500 enfants et adolescents.MERCREDI 9 FÉVRIER20.50 La violence conjugale, par Richard BoutryEn France, une femme sur dix en est victime. Physique,psychologique, sexuelle… Difficile de condamner l'hommeque l’on aime, d'avouer l'échec de son couple...JEUDI 10 FÉVRIER20.50 L’année du certif, de Jacques RenardD’après l’œuvre de Michel Jeury. Les Cévennes, des années

trente, la grande époque du certificat d'études. Avec J.Bonnaffé, M. Perrier, J. Yanne…VENDREDI 11 FÉVRIER20.50 Les sourires d’Olivia, de Charlotte QuinetteDepuis quatre ans, suite à un accident de voiture, Oliviaest hospitalisée à domicile. Son appartement est un lieude vie où se rencontrent famille, proches et soignants.SAMEDI 12 FÉVRIER20.50 Messe pour RossiniLa Messa per Rossini fut écrite à la mémoire du composi-teur décédé en 1868, par les douze plus grands composi-teurs italiens de leur époque dont Giuseppe Verdi.Direction : Helmuth Rilling.DIMANCHE 13 FÉVRIER20.50 Le Jeûne, le monde du bout des lèvres, de Myriam TonelottoSe priver de nourriture pour se rendre disponible à Dieu,telle est la démarche des croyants des trois religions duLivre pendant les temps du Carême, du Ramadan et dumois juif de Av. Ces jeûnes s’inscrivent dans une démarchede prière et de foi. Ils marquent avant tout un désir del’homme de cheminer vers Dieu.

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Lundi 7 févrierLes Cordier, juge et flic «Si-lences coupables». Téléfilm avecPierre Mondy.TF1, à 20h55.Chroniques de la violenceordinaire «Les mauvais gar-çons». Documentaire.Mots croisés «Violence : Maldu siècle ?». Magazine.France 2, à partir de 20h55.Questions pour un champ-ion. Divertissement.France 3, à 20h55.101 Reykjavik Ø. Comédiedramatique (2000) de BaltasarKormàkur, avec Victoria Abril(1h25). ��� Lourd, très sca-breux et ennuyeux.Arte, à 20h40.The one GA. Science-fiction(2001) de James Wong, avec JetLi (1h19) (- 12 ans). ���Très décevant et ennuyeuxaussi.M6, à 20h50.Terminator 3 «Le soulèvementdes machines» GA. Fantastique(2003) de Jonathan Mostow,avec Arnold Schwarzenegger(1h54). ��� Spectaculaire,mais hyperviolent.Canal +, à 20h55.

Grand format «Photographe deguerre» J. �� Excellent et trèsinstructif.Arte, à 22h10.

Mardi 8 févrierLe plus bel homme du mon-de. Divertissement.TF1, à 20h55.La revanche d’une blonde J.Comédie (2001) de Robert Lu-ketic, avec Reese Witherspoon(1h32). � Une petite comédietrès prévisible.France 2, à 20h55.Louis la brocante «Louis et lesecret de l’abbé Cyprien» A. Té-léfilm avec Victor Lanoux. ��Quand le brocanteur se mêle dela vie sentimentale des prêtres,il le fait bêtement et sans nuan-ce. Une scène sensuelle. France 3, à 20h55.Soirée thématique «De quoi

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TELEVISION

FRANCECatholique N°2962 4 FEVRIER 2005 37

j’me mêle ! La femme est l’ave-nir de l’islam»Quand des musulmanes par-lent sexe A. � C’est parfoisémouvant, mais le plus souventcontestable.Et le roi créa la femme J.�� Très intéressant.Débat.Arte, à partir de 20h40.On a échangé nos mamans :«Maman "gendarme au foyer"/maman "tout pour le fun"»,«Spécial échange de papas». M6, à 20h50.90 minutes : «Côte d’Ivoire : En-quête sur les gourous de Lau-rent Gbagbo», «Pacemakers dan-gereux : Le scandale que la Fran-ce a voulu ignorer», «Placementen Bourse : Des fonds éthiquespas vraiment éthiques».Canal +, à 20h55.Quand Harry rencontre SallyA/Ø. Comédie (1989) de RobReiner, avec Billy Crystal, MegRyan (1h40). ��� Une ex-cellente comédie, véritablehymne à l’amour durable. Maisc’est assez cru.France 2, à 22h45.Thomas Mann et les siens(2/3) A/Ø. Téléfilm avec ArminMueller-Stahl, Monica Bleibtreu(1h40). ���� Brillant, maisfort peu exemplaire : drogue,suicides et homosexualité.TF1, à 22h45.

Mercredi 9 févrierFootball «Match amical : Fran-ce/Suède».TF1, à 20h55.Un jeu dangereux A/Ø. Té-léfilm avec Caroline Cellier,François Marthouret (1h30).���� Bien fait, mais trèsscabreux.France 2, à 21h00.

Des racines et des ailes : «Sila Terre se réchauffe», «Les clefsde la longévité», «Madagascar :Au bonheur des lémuriens». France 3, à 20h55.Les mercredis de l’histoire«Les légionnaires allemandsdans la guerre d’Indochine» GA.��� Un documentaire de R

epère

s

tural et plutôt raté.France 3, à 20h55.L’aventure humaine «Tibet,trésors perdus». Arte, à 20h45.La trilogie du samedi: «Deadzone», «Mysterious ways» Séries.M6, à 20h50.Albert est méchant J. Comé-die (2003) de Hervé Palud, avecMichel Serrault, Christian Cla-vier (1h25). �� Outrancier etraté.Canal +, à 20h55.

Dimanche 13 févrierFootball «Coupe de France :PSG/Bordeaux».TF1, à 20h50.L’ombre d’un soupçon A.Drame (1999) de Sydney Pol-lack, avec Harrison Ford, KristinScott Thomas (2h08). ���Une histoire émouvante maisqui ne tient pas la distance etune scène très suggestive.France 2, à 20h55.On ne peut pas plaire à toutle monde. Magazine.France 3, à 20h55.Soirée thématique «Infidèlementvôtre»

Falling in love A. Comédiedramatique (1984) de Ulu Gros-bard, avec Robert De Niro, MerylStreep (1h46). ��� Un méloréalisé et interprété avec talent.Mais c’est bien long. L’adultèreet le divorce sont banalisés.Les stars, leurs maîtresseset leurs amants.Conversations nocturnes.Arte, à partir de 20h45.Zone interdite «Je cherche mamaison : C’est l’achat de ma vie». M6, à 20h50.Charlie’s angels «Les anges sedéchaînent» GA. Aventures(2003) de Joseph McGinty Ni-chol, avec Cameron Diaz (1h42).�� Une suite ratée et des co-médiennes agaçantes.Canal +, à 21h00.

propagande, sans nuance ni re-tenue.Arte, à 20h40.Les 4400. Série.M6, à 20h50.La planète bleue T. Docu-mentaire (2004) de Alastair Fo-thergill et Andy Byatt, avec lavoix de Jacques Perrin (1h27).(Voir notre analyse)Canal +, à 20h55.Ça se discute «Comment vivreen harmonie avec sa belle-fa-mille ?». France 2, à 22h40.Culture et dépendances «Sur-vivre à son enfance». Magazinede F.-O. Giesbert, avec DanielPiccouly, Suzanne Lardreau, LeilaShahid, Razika Zitouni, ColetteFellous, Michel de Grèce, Fran-çoise Mallet-Joris, etc.France 3, à 23h30.Vol de nuit «Petites manip’ en-tre amis». Magazine de P. Poivred’Arvor, avec Sylviane Agacinski,Claude Cabanes, Pascal Bruck-ner, Francis Mer et Sophie Coi-gnard, Luc Ferry, Jean-FrançoisDeniau, le juge Gilbert Thiels,Luis Sepulveda.TF1, à 00h45.

Jeudi 10 févrierMalone «Ascenseur pour deux».Téléfilm avec Bernard Verley,Anne Gisel Glass.TF1, à 20h55.Envoyé spécial : «Arnaques àla CAF», «Truffes de luxe». Ma-gazine. France 2, à 21h05.

L’affaire Pelican GA. Policier(1993) de Alan J. Pakula, avecJulia Roberts, Denzel Washing-ton (2h21). ��� Une histoirehaletante et un suspense cons-tant.France 3, à 20h55.Un homme et une femmeGA. Comédie dramatique(1966) de Claude Lelouch, avecJean-Louis Trintignant, AnoukAimée (1h47). ��� Uneœuvre belle et émouvante, maisqui date un peu.Arte, à 20h40.Nouvelle star «Ils revien-

nent !». Divertissement.M6, à 20h50.The shield. Série.Canal +, à 20h55.

Concurrence déloyale GA.Comédie dramatique (2001) deEttore Scola, avec Diego Aba-tantuono, Sergio Castellito,Gérard Depardieu (1h46). ��Sympathique et amusant.France 3, à 23h50.

Vendredi 11 février1ère Compagnie. Divertisse-ment.TF1, à 20h55.La crim’ «Condamné à vie» GA.Téléfilm avec Jean-François Gar-reaud (0h48). ��� Prenant,mais fatigant.France 2, à 20h55.Thalassa «En direct de Mar-seille».France 3, à 20h55.L’enfant des Lumières (1/2)GA. Téléfilm de Daniel Vigne,d’après le roman de FrançoiseChandernagor, avec NathalieBaye, Jocelyn Quivrin, SylvianeGoudal (1h44). (Voir notre ana-lyse)Arte, à 20h40.NCIS «Enquêtes spéciales».Série. M6, à 20h50.Les 11 commandementsA/Ø. Comédie (2004) de Fran-çois Desagnat et Thomas Sor-riaux, avec Michaël Youn(1h25). �� Parfois amusant,mais souvent très vulgaire.Canal +, à 20h55.

Samedi 12 févrierCelebrity dancing. Divertisse-ment.TF1, à 20h55.Le plus grand cabaret dumonde. Divertissement.France 2, à 20h55.Les rencontres de Joëlle GA.Téléfilm avec Isabelle Candelier,Antoine Dulery. �� Carica-

T : Tout publicJ : AdolescentsGA: Grands AdolescentsA : Adultes

ø : Œuvre (ou scène) nocive� : Élément positif� : Élément négatif

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ParisParis✔ Le groupe Sénevé vous invitele 16 février (19h30), salle Al-bert-le-Grand, 228 rue du fau-bourg St Honoré, 75008 Paris àune conférence sur "La ViergeMarie et l'Europe", du père Guil-laume de Menthière, (curé de StJean-Baptiste de La Salle, à Paris 15ème,professeur à l'Ecole Cathédrale).✔ A l'espace Georges Bernanos,Association "Les Amis de SaintLouis d'Antin", 4, rue du Havre,75009 Paris, ✆ 01.45.26.65.26,fax 01.45.26.65.25, une grandeconférence-débat est prévue le17 février (18h, à l'auditorium)"Le fait religieux aujourd'hui enFrance", par Yves-Marie Hilaire

(historien, professeur émérite à l'uni-versité de Lille).✔ Les cercles littéraires du Ro-seau d'or proposent une confé-rence de Rémi Soulié, "PierreBoutang, la maison un diman-che", le 17 février (20h-21h) auParloir du Colombier, 9 rue duVieux Colombier, 75006 Paris,(entrée libre). RenseignementsEmmanuel : ✆ 01.46.80. 69.28,courriel : [email protected] site :http://roseaudor.free.frAinAin✔ "Le prêtre et la société", uncolloque aura lieu à Ars, du 14au 16 février, au Foyer sacerdotalJean Paul II, chemin de la Per-cellière, 01480 Ars-sur-Formans,

organisé par la Société Jean-Ma-rie Vianney qui réunira théolo-giens et évêques, prêtres et laïcs,pour découvrir, approfondir,échanger sur les fondements quipermettent au prêtre de trouversa juste place au sein d'une so-ciété qui elle-même a évolué.Contacts : Père Vincent Siret✆ 04.74.08.19.00, fax : 04.74.08.19.08. Courriel : [email protected]✔ Un colloque international"Emmanuel Mounier et l'Europe"est prévu les 10 mars [par desconférences] au Palais universi-taire de Strasbourg, salle Pasteur(9, place de l'Université) et 11

mars [par des ateliers] au centreculturel Emmanuel Mounier (42,rue de l'Université). Une exposi-tion sur Emmanuel Mounier estproposée du 28 février au 11mars. Rens. Colloque EmmanuelMounier, 41, bd de la Victoire,67000 Strasbourg, ✆ 03.88.21.24.12.Bouches-du-RhôneBouches-du-Rhône✔ Le centre Notre-Dame duRoucas Blanc, 341, chemin duRoucas Blanc, 13007 Marseilleprévoit trois temps que rythme-ront la présence de Jean Vanier(fondateur de l'Arche et de Foi etLumière). Le 24 février (20h30)une conférence pour tous, en labasilique du Sacré-Cœur, "Mafaiblesse est ma force" ; le 25(12h30) une conférence-rencon-tre avec des étudiants sur uncampus universitaire à Luminy"Qui est l'être humain : force oufaiblesse ?" ; du 25 (18h) au 27février (16h30), un week-end"Katimavic" (mot inuit signifiant"lieu de rencontre") pour les18/35 ans "Si tu as soif..." avectemps de rencontre, de prière, departage et de fête. Rens. auprèsde Marie-Hélène ✆ 06.60.50.82.33.✔ Année de l'Eucharistie, à Mar-seille, célébrations et conféren-ces dans le secteur Vieux Port : àl'église d’Endoume, le 25 février(18h) Eucharistie, puis, "L'Eglisevit de l'Eucharistie", "Marie,femme 'eucharistique'" ; SaintGeorges, le 3 mars (18h) rassem-blement des jeunes avec Jeu-nesse Lumière ; Saint Victor le 11mars (18h30) Eucharistie, puisLettre apostolique "Reste avecnous, Seigneur" ; Œuvre TimonDavid d'Endoume le 18 mars(18h30) Liturgie familiale de lapâque juive et Institution del’Eucharistie avec toutes lesfamilles et catéchismes du sec-teur ; Saint Georges le 1er avril(15h) Prière et sacrement pourles malades.CalvadosCalvados✔ La Communauté des Béati-tudes, Le château, 14100 Hermi-val-les-Vaux, ✆ 02.31.32.00.44,fax 02.31.32.44.03, prévoit unerécollection du 19 (9h) au 20février (16h30) sur le thème "Lerôle du père et de la mère et lesdifférents acteurs de l’éduca-tion", animé par le père YannickBonnet, (père de 7 enfants, ayantexercé de grandes responsabilités pro-fessionnelles, veuf et ordonné prêtreen 1999).✔ Du 10 (9h30) au 13 février(14h30) un week-end augusti-nien est organisé à l'abbaye deMondaye, sur le thème "Les fon-dements de la vie spirituelle ;

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pratiquer les vertus théologales :croire, espérer, aimer". Possibilitéd'arriver la veille. Rens. FrèreFrançois-Marie, Abbaye de Mon-daye, 14250 Juaye-Mondaye,✆ 02.31.92.58.11, fax 02.31.92.08.05. Courriel : [email protected]✔ Les 12 et 13 février, en lienavec les orientations diocésaines,avec les Actes des Apôtres, enprière ignatienne, première detrois récollections ignatiennes :"Le mystère de la promesse et del'envoi de l'Esprit Saint", à Notre-Dame de Fidélité-Khaïré, 14440Douvres-la-Délivrande, ✆ 02.31.37.26.88. Hébergement possible.CorrèzeCorrèze✔ Le service diocésain de Caté-chèse, 4, rue Félix-Vidalin,19000 Tulle, ✆ 05.55.29.90.84délivre des cours animés par desprofesseurs de l'Institut catho-lique de Toulouse "Pour unemeilleure connaissance de Jé-sus", formation théologique debase, notamment le 28 février(18h-21h) à Saint-Antoine deBrive, "Jésus selon l'Evangile deJean", par Bernadette Escaffre.DordogneDordogne✔ Dans le cadre du cycle"Connaître les religions", le cen-tre Notre Dame de Temniac,24200 Sarlat, ✆ 05.53.59.44.96,fax 05.53.59.41.12, propose"René Guénon et la Tradition",avec Jean Moncelon, le 19février (10h-18h).Le centre Notre-Dame de Tem-niac organise également une re-traite de carême du 6 (19h) au12 février (9h) "Une expérienced'intériorité" avec le père Jeand'Alès, s.j.✔ Le centre Alain de Solminihac12, place de l'abbaye, Presby-tère, 24650 Chancelade, ✆ 05.53.04.10.46 propose un atelier'figures spirituelles', le 10 février"Simone Weil", avec le pèreThierry Niquot. Egalement unatelier 'Histoire de l'Eglise' le 17février "Laïcisation de l'Enseigne-ment, expulsion des Congréga-tions ; les premiers incidents",avec le père Pierre Pommarède.Et aussi une halte spirituelle le 19février (10h30-16h30) "Récollec-tion sur l'Eucharistie" avec MgrMaurice Bitz, abbé des Cha-noines de St Victor.Haute-LoireHaute-Loire✔ Une session sera animée par lefrère Bernard Rey o.p., "Puissanceet faiblesse de Dieu" du 17 au 19février, au centre des religieusesdominicaines (Sr Claire Domi-nique), BP 610, Vals-près-le-Puy,43008 Le Puy-en-Velay Cedex,✆ 04.71.09.33.39, fax 04.71.04.05.97.

Lot-et-GaronneLot-et-Garonne✔ Une période d'Exercices spiri-tuels est organisée par le Centrespirituel des Coteaux-Païs (85,rue Lucien Cassagne, 31500Toulouse, ✆ 05.62.71.65.30)entre le 18 février et le 6 mars,au foyer de Charité Notre-Damede Lacépède (près d'Agen),47450 Colayrac Saint-Cirq.OiseOise✔ Le centre spirituel diocésainLoisy, 60950 Ver-sur-Launette,✆ 03.44.54.31.32, organise uneretraite pour tous "Goutez etvoyez", du 14 (11h) au 18 février(17h). Cinq jours pour s'initier àla manière de prier des exercicesspirituels. S'initier c'est exercer,s'entraîner à trouver Dieu danssa prière et dans sa vie.Pas-de-CalaisPas-de-Calais✔ Au Foyer de Charité, 19, rueSacriquier, BP 105, 62240 Cour-set, ✆ 03.21.91.62.52, fax 03.21.83.87. 13, une retraite est prévuedu 14 (18h) au 20 février (15h)"Le baptême et l'eucharistie, sour-ces pour notre foi", avec le pèreJacques Bernard. Egalement du21 (18h) au 27 février (15h)"Pourquoi vivre ?", avec le pèrePierre Descouvemont.CampCamp✔ Camp ski et prière (18-30 ans)avec les frères d'Ourscamp. Dansun cadre splendide, allier les joiesde la glisse à la joie de temps fra-ternels dans la prière. Du samedi19 (9h30) au samedi 26 février(10h) dans la vallée de la Mau-rienne. Inscription : frère hôtelier,abbaye d'Ourscamp, 60138 ChiryOurscamp, ✆ 03.44.75.72.14,fax 03.44.75.72.04. Courriel :[email protected]✔ "Mère de Miséricorde", 34bisrue du Cotentin, 75015 Paris,✆ 01.43.21.60.62, offre un che-min de guérison pour hommes,femmes, couples blessés parl'IVG-IMG, au foyer de Charitéde Combs-la-Ville (Seine-et-Marne), du 7 (18h) au 12 mars(14h). Lettre de motivationdemandée.A.PA.P.F.F..✔ L'association des Paralysés deFrance (9-11 rur Clisson, 75013Paris, ✆ 01.40.78.69.52) proposede nombreuses formations pourles professionnels du handicap.Notamment du 7 au 11 mars"Pratiques musicales et créationsartistiques auprès des personnespolyhandicapées" ; du 14 au 18mars "La relation d'aide dans l'ac-compagnement des maladiesévolutives" ; du 21 au 25 mars"L'infirmier en institution spéciali-sée".

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➥ Pour une prochaine émission "Ça se discute" (présentéepar Jean-Luc Delarue sur France 2) sur la religion, les orga-nisateurs recherchent des témoignages :✔ vous vous apprêtez à entrer dans les ordres,✔ vous vous êtes converti à une religion qui n'était pas lavôtre,✔ adolescent (e) très pratiquant (e) vous vous sentez endécalage avec les jeunes de votre âge,✔ vous avez renoncé à la prêtrise ou à la vie monastique,Contactez Nancy Correia au 01.53.84.30.22.

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FRANCECatholique N°2962 4 FEVRIER 2005 39

FRANCE CATHOLIQUE - hebdomadaireN° Commission Paritaire de la Presse : 1006 I 85771

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L'essentiel des collaborateurs du journal est composé de bénévoles.

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Comme aux premiers jours de la Foi...

Voyage en République tchèqueDu 24 au 31 mai 2005

Un pèlerinage en compagnie de Robert Masson :vous découvrirez le monastère de Novy Dur,fondation récente de l'abbaye de Sept Fons.

Vous rencontrerez des figures marquantes de l'Eglise tchèque.

Un voyage qui associe intimement une profonde découverte culturellede la République tchèque et une connaissance des riches traditions chrétiennes

dans un pays en plein renouveau.

Renseignements et inscriptions :

10, rue de Mézières75006 Paris

Tél. : 01.44.39.03.03Licence : 075 95 0383