Les voyages d'Ulysse

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Les voyages d'Ulysse d'après l'œuvre originale d'Homère

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Les voyagesd'Ulysse

d'après l'œuvre originale d'Homère

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La guerre de TroieLa guerre de TroieLa guerre de TroieLa guerre de Troie

Je me nomme Ulysse. Je suis le seigneur de l'île d'Ithaque, à l'ouest de laGrèce. J'aime beaucoup mon île. Il y fait presque toujours beau et chaud.Ithaque est bordée par les eaux de la mer Méditerranée. J'aimais m'ybaigner. Mais voici dix ans que je n'ai pas revu mon pays, ma femmePénélope et mon fils Télémarque. Avec le roi Agamemnon et de nombreuxseigneurs grecs, nous sommes partis en guerre. Nous étions décidés àvenger notre ami le roi Ménélas. Sa femme, la belle Hélène, avait étéenlevée par le jeune Pâris, fils du roi Priam de Troie.Nous avons réuni des centaines de navires et nous avons vogué au loin,vers l'Est, là où le soleil se lève.

Nous avons mis le siège devant les formidables murailles de la cité deTroie. Nous pensions vaincre en peu de temps mais Troie a résisté. Lescombats ont été sans pitié. Je me souviens...

Le cheval de TroieLe cheval de TroieLe cheval de TroieLe cheval de Troie

Mes amis me surnomment « le rusé ». Ils n'ont pas tord. Après dix ans decombat sans merci, je réunis les chefs de guerre et leur dit :« Le sang de nos hommes a trop coulé. Nous ne viendrons jamais à bout dela puissante cité de Troie. Elle est protégée par le dieu Apollon qui ypossède un temple. Il nous faut trouver un moyen.- Lequel ? S'écrie le roi Agamemnon- Nous allons faire croire à nos ennemis que nous battons en retraite.- Il n'en est pas question ! répond Ménélas. Nous ne sommes pas deslâches !- Écoutez-moi ! Je vous propose deleur tendre un piège et de nousintroduire en cachette dans la cité.- Mais des hommes sont postés surles remparts et surveillent tous nosmouvements, réplique Nestor, levieux sage.- Ce sont les Troyens eux-même quinous feront entrer. »Je leur explique alors mon plan.

Quelques jours plus tard, nos

Voguer, v :naviguer

mettre le siège,expression :

encercler uneville.

Sans merci,expression : sans

pitié

battre enretraite,

expression :abandonner le

combat.

Colossal, adj :immense

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hommes construisent un colossal cheval debois, monté sur de grosses roues. Une fois monté, il est haut de plusieursétages et creux à l'intérieur. Une nuit, juste avant l'aube, nous sommesneuf compagnons à nous glisser à l'intérieur par une trappe secrète. Deminuscules ouvertures nous permettent de voir et d'entendre ce qui sepasse alentour. Nous sommes armés de nos boucliers et de nos épées. Aumatin, nos guerriers rembarquent sur les navires et font mine de prendrele large en abandonnant le cheval sur la grève. En fait, nos navires vont secacher derrière une île toute proche. Et notre ruse réussit ! Les Troyens pensent que nous avons levé le camp.Trop heureux, ils descendent sur la plage, chantent et dansent. Ilsdécouvrent l'énorme cheval de bois abandonné :« C'est sans doute un cadeau que nos ennemis voulaient faire à leur déesseAthéna. Emportons-le ! »De solides gaillards tirent le cheval et le font entrer dans la ville. Noussommes dans la place.Dans la nuit, quand les Troyens sont endormis, nous ouvrons la trappesecrète et nous glissons hors de notre cachette. Nous tuons les gardespostés à la porte de la cité. Nous l'ouvrons sans bruit et faisons un signal.Nos guerriers, revenus de leur île, se précipitent à l'intérieur de la cité. Laville est prise, pillée, brûlée. La victoire est totale. Je peux enfin rentrerchez moi à Ithaque, impatient de retrouver ma femme et mon fils.

une trappe, n.f :une petiteouverture.

Faire mine,expression : faire

semblant.

La grève, n.f : laplage

Athéna : déesseprotectrice de laville d'Athènes.

(Grèce)

Polyphème, le cyclopePolyphème, le cyclopePolyphème, le cyclopePolyphème, le cyclope

Avec mes douze navires montés chacun parcinquante hommes, je suis confiant.J'arriverai bientôt dans mon île. Mais lesdieux en ont décidé autrement. Neuf joursdurant, une effroyable tempête nousemporte au loin. Pour réparer les dégâts surles bateaux, j'ordonne de faire escale dansl'île Petite. C'est le domaine des Cyclopes.Je sais que ces êtres ont une forceétonnante et qu'ils ont un œil unique etrond au milieu du front. Ils sont les fils dePoséidon, le dieu des Océans. Je réunis leshommes et je leur dis :« Chers marins, la plupart d'entre-vous va

Une escale, n.f :un arrêt au coursd'un voyage en

bateau.

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rester ici, sur la grève. Moi je pars avec douze compagnons. Je veux savoirsi les Cyclopes sont un peuple de sauvages ou de gens accueillants qui nousoffriront à boire et à manger. »

Rapidement, nous arrivons à une immense caverne, située en hauteur.C'est la demeure de Polyphème. Il n'est pas chez lui. Il garde ses moutons.Nous entrons dans la grotte.« Regardez ! dis-je à mes hommes. Toutes ces jarres pleines de lait, et defromage !- Prenons ces fromages et allons-nous-en, me dit un marin.- Non, répliquai-je, je veux voir ce cyclope. Attendons-le ici. »

Le voici qui revient, ramenant son troupeau. Il fait entrer les chèvres etreferme l'entrée avec un énorme rocher. Puis il allume un grand feu debranches mortes. C'est alors qu'il nous aperçoit.« Étrangers, qui êtes-vous ? » nous dit-il.Nous sentons notre cœur éclater de peur. Je prends la parole et lui réponds:« Nous sommes des guerriers qui revenons de Troie. Nous te demandonsl'hospitalité. »

Il se contente de rugir, en guise de réponse,il s'élance sur mes compagnons. Il en prenddeux et les dévore. Repu, il s'endort.« Tuons-le maintenant d'un coup d'épée,me dit l'un de mes marins.- Mais comment sortirons-nous d'ici ? Tousensemble, nous ne pouvons bouger cerocher qui barre l'entrée. »

Le lendemain matin, le Cyclope ranime lefeu et s'empare encore de deux de meshommes pour son déjeuner. Quand il amangé, il déplace sans effort le rocher, faitsortir ses bêtes et nous enferme dans la

grotte. Je médite une vengeance, mais que faire ? J'aperçois alors unegrosse massue en bois. Je me lève et en coupe un bon morceau.

« Mes amis, polissez-moi bien ce pieu et taillez-en la pointe ! Ordonnai-je.- Que veux-tu faire, cher Ulysse ? » me demande un de mes hommes.

Une jarre, n.f : ungrand vase en

terre utilisé pourconserver les

aliments.

L'hospitalité, n.f :en Grèce la règlesacrée était de

bien accueillir lesinconnus.

Repu, adj : qui amangé à sa faim.

Méditer, v :préparer enréfléchissantlonguement.

Polir, v : rendrelisse.

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Je ne réponds pas immédiatement. Je mets la pointe à durcir dans le feupuis je cache le pieu.A son retour, le Cyclope dévore encore pour son dîner deux de mescompagnons. Je m'approche tout près de lui et je lui parle :« Polyphème, j'ai apporté un vin délicieux que je souhaite t'offrir. »Le Cyclope prend le vin et le boit d'un trait. Avant de s'endormir, ivre mort,il me demande : « Dis-moi ton nom, étranger ! »Je lui réponds : « Tu veux savoir mon nom Cyclope ? Monnom est Personne. »Il me répond :« Eh bien ! Personne, je te mangerai ledernier. Ce sera mon cadeau. »Il se renverse alors et tombe sur le dosendormi.« Aidez-moi à soulever le pieu » dis-je àmes amis.Ensemble, nous plongeons la pointe dansle feu. Quand elle est bien rougie, nousl'enfonçons dans l'œil du monstre. Ilpousse un cri effrayant. Il s'arrache le pieude l'œil. Il appelle ses voisins les Cyclopes. Ils arrivent de partout. Ils demandent :« Polyphème, pourquoi nous réveilles-tu en pleine nuit ? Qui t'a fait du mal? »Il répond :« Personne m'a fait du mal !- Si personne ne te fait de mal, cesse denous déranger. »les Cyclopes partent se recoucher.Au petit matin, Polyphème, aveugle,repousse en tâtonnant, le rocher quibloque l'entrée de la caverne. Il s'assieden travers du passage, les deux mainsétendues pour nous attraper si noustentons de sortir au milieu desmoutons. Mais, dans la nuit, j'ai faitattacher les bêtes trois par trois.

D'un trait,expression : d'un

seul coup.Ivre mort,

expression :complétement

saoul.

Cesser, v : arrêter

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Chacun de mes compagnons s'agrippe sous le mouton du milieu. LeCyclope tâte le dos des animaux, en vain. Ainsi, nous pouvons nouséchapper.Nous nous éloignons de la caverne et regagnons rapidement nos bateaux.« Embarquons sans retard et larguons les amarres » m'écriai-je.J'aperçois alors le Cyclope en haut de la falaise.

Je lui crie : « Cyclope, tu veux savoir qui t'a privé de ton œil ? Mon véritable nom estUlysse ! »A ces mots, Polyphème pousse un hurlement. Il arrache la cime de lafalaise et la lance vers nous. Mais nous sommes déjà assez loin.

En vain,expression : pour

rien.

une cime, n.f : lesommet.

Éole, le dieu des ventsÉole, le dieu des ventsÉole, le dieu des ventsÉole, le dieu des vents

Nous pleurons longuement les amis morts.Après quelques jours de navigation, nousvoilà en vue d'une île étrange. Elle est toutede bronze et flotte au gré des courants.C'est la demeure du dieu Éole, maître desvents. Il y possède un château où vivent sesdouze enfants. Ils passent leur temps à rireet à manger.

Mes hommes et moi nous présentons à laporte du château. Éole nous accueille. Ilnous fait profiter de plats appétissants etde boissons délicieuses.

Durant tout un mois, il me pose des questions :« Raconte-moi la guerre de Troie ! Pendant ce temps tes hommes sereposeront. »Je lui parle des nombreuses batailles de la ruse du cheval. Il rit beaucoup.Mais après tous ces jours passés à ses côtés, je demande à repartir.« Je vais te faire un cadeau », me dit-il.

Il fait tuer un taureau de neuf ans. Avec un grand couteau, il en détache lapeau. Il en fait un grand sac qu'il coud soigneusement. Il m'explique :« Pour t'aider à retourner chez toi, j'y enferme tous les vents sauf celui quite ramènera vers ton île bien-aimée. Ainsi, tu ne connaîtras plus de

Le bronze, n.c :métal fait d'un

alliage de cuivreet d'étain.

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tempêtes. »Éole referme le sac avec une tresse d'argent qui ne laisse passer aucun air.Il l'attache à mon navire.« Attention, prévient-il, ne l'ouvre jamais ! Sans quoi les ventss'échapperaient. »Puis il fait souffler une brise bienfaisante qui nous éloigne doucement durivage. Durant neuf jours, nous voguons tranquillement. Le dixième jour, j'aperçoismon île. Épuisé et rassuré, je m'assoupis. C'est alors que l'un de mes marins s'approche du sac et dit aux autresmembres de l'équipage :« Voyez ce sac. Il s'agit sans doute d'un butin précieux. Ulysse veut legarder pour lui. Voyons ce que c'est ! »Il ouvre alors le sac et tous les vents s'échappent. La tempête se soulèveaussitôt. Quand je m'éveille, nous avons été repoussés au large et nousaffrontons des vagues déchaînées.

Une tresse, n.f :un cordon fait de

fils entrelacés.

Une brise, n.f : unvent doux et

léger.

S'assoupir, v :s'endormir

un butin, n.c : untrésor

Circé la magicienneCircé la magicienneCircé la magicienneCircé la magicienne

Mon bateau, seul rescapé de cette terrible tempête, aborde enfin une île.Sans bruit, nous allons jusqu'à une crique bien protégée; nous mettonspied à terre. Nous restons étendus deux jours et deux nuits, accablés defatigue. Au matin du troisième jours, lorsque paraît l'aurore aux doigts de rose, jegrimpe sur un rocher. Au loin, j'aperçois une fumée. Je reviens sur la plageet réveille mes hommes :« Amis, partageons-nous en deux camps. Je prendrai la tête de l'un; l'autresera dirigé par Euryloque. Maintenant, tirons au sort. A toi, Euryloque,choisis un galet. J'en prends un aussi. Mettons-les dans ce casque debronze. Secouons-le. Le galet qui tombera le premier désignera le groupequi ira repérer la fumée que j'ai aperçue. »C'est le galet d'Euryloque qui sort. Lui et ses vingt-deux hommes se

Rescapé, adj : quia échappé à la

tempête.

Une crique, n.f :une anse protégée

des vents oùs'abritent les

bateaux.

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mettent en chemin. Ils trouvent une somptueuse demeure aux murs de pierres. Ils explorentce mystérieux domaine où rôdent des loups et des lions. Loin de lesattaquer, ces animaux se frottent dans leurs jambes et se laissent caresser.Une femme chante. Ils appellent. Elle accourt et leur dit :« Soyez les bienvenus chez moi. Je m'appelle Circé. Venez boire unbreuvage divin fait de lait, de vin et de miel. »Tous la suivent, sauf Euryloque. Flairant un piège, il est resté à l'écart. Ilobserve ce qui se passe, puis il court au bateau me raconter la scène :« J'ai vu une femme nommée Circé. Elle a offert à chacun une coupe debreuvage. Mais je l'ai repérée qui versait une potion dans la boisson.Quand les hommes ont bu, Circé l'ensorceleuse les a touchés de sabaguette. Ils se sont aussitôt transformés en cochons. Puis elle les aenfermés dans une soue.- Circé, la magicienne ! » dit-il avec inquiétude.

Seul, armé d'un glaive et d'un arc, je décide de partir délivrer lesmalheureux.« N'y va pas, me supplie Euryloque. Jamais tu ne reviendras. Fuyonsplutôt. »Je lui réponds :« Mon devoir est de leur venir en aide. »Sur le chemin, je rencontre un jeune homme d'une grande beauté. Il porteune baguette d'or. Je reconnais le dieu Hermès. Il me saisit la main et medéclare :« Avant d'aller plus loin, malheureux, prends cette herbe de vie. Elle teprotègera de tous les maléfices de Circé la magicienne. »Je mange cette herbe et poursuis mon chemin.

Somptueux, adj :très riche.

un breuvage,n.m : une boisson.

Flairer, v : deviner

une soue, n.f : uneétable où vivent

les porcs.

Un glaive, n.c :une épée.

Hermès : lemessager des

dieux de l'Olympe.

Enjôleuse, adj :

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A mon arrivée au palais, Circé m'accueille de sa voie enjôleuse : « Bois à cette coupe d'or ! » me dit-elle.Je bois, et elle me frappe de sa baguette . Mais la potion est sans effet surmoi. Je la menace alors de mon glaive :« Libère mes amis ! »Tremblante, elle obéit. Circé les frotte un à un d'une étrange pommade, etles voilà redevenus des hommes, plus jeunes qu'auparavant.

qui charme,câline.

Au pays des mortsAu pays des mortsAu pays des mortsAu pays des morts

Mes hommes et moi restons chez Circé une année, jusqu'au printemps.Elle nous offre des festins, du vin et des viandes à foison. Mais un jour,mes compagnons me disent : « Ulysse, il est temps de rentrer au pays. »Je vais voir Circé et lui fais part de notre désir. Elle me répond :« Si ce n'estplus de bon cœur que vous restez dans ma maison, partez ! Cependant,sache, Ulysse, qu'avant de reprendre ton voyage, il te faut affronter uneépreuve.- Laquelle ?- Tu dois te rendre au royaume des morts, chez le dieu Hadès et la terriblePerséphone. Tu y rencontreras l'ombre du devin aveugle Tirésias. Lui seulpeut te dire la route à suivre pour revenir chez toi. »

Le lendemain matin, je réveillemes hommes et nousembarquons. Nous chargeons lesaliments offerts par Circé. Nouslevons le voile que gonfle la briseet tout le jour nous naviguons. Aucoucher du soleil, nousatteignons une côte aux limitesde l'Océan, couverte debrouillard. Nous tirons levaisseau sur la grève. Je vais seulà l'endroit indiqué par Circé. Jetraverse un marais froid etbrumeux.J'avance tremblant jusqu'au lieuoù se rejoignent les fleuves du

Festin, n.c : ungrand repas.

À foison,expression : en

abondance.

Hadès : dieu desEnfers.

Perséphone :femme d'Hadès,reine des Enfers.Un devin, n. c :

une personne quiprédit l'avenir.

Le vaisseau, n.c :le bateau

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grand oubli, le Styx et l'Achéron, frontière de l'au-delà. En cet endroit, jecreuse une fosse carrée, comme Circé me l'a dit. J'y répands une blanchefarine. J'égorge un agneau et une brebis noire dont le sang se répand dansla fosse.

Aussitôt, attirées par le sang, les ombres des défunts arrivent en foule.Elles poussent des cris horribles. Je les chasse à coups de glaive. Enfinapparaît Tirésias. Il me dit :« Pourquoi donc, malheureux, as-tu abandonné la chaleur du soleil pourvenir voir les morts en ce lieu sinistre ?- Je veux rentrer chez moi en évitant les dangers. »Il me répond :« Un dieu te hait : c'est Poséidon, maître des tempêtes. Tu as crevé l'œil deson enfant Polyphème. Il veut déclencher contre toi les périls des Océans.Prends garde aussi de respecter les vaches du dieu soleil, le bel Hélios auxcheveux dorés. Je ne puis t'en dire davantage. »Et sur ces mots, l'ombre de Tirésias retourne au logis des morts. Sans tarder, je reviens vers le monde des vivants. J'ordonne à mes gens delarguer les amarres au plus vite.

Le Styx etl'Achéron : fleuves

des Enfers. Lesmorts

franchissaientl'Achéron sur la

barque de Charon.Pour payer cette

traversée lesproches plaçaient

une pièce d'orentre les dents du

défunt.

Un défunt , n.c: unmort.

Un logis, n.c : unemaison

les amarres, n.c :les cordages

servant à retenir lenavire.

Les sirènesLes sirènesLes sirènesLes sirènes

L'Odyssée se poursuit surl'immense océan. Notre navire,poussé par un bon vent, voguevers une île étrange oùguettent les sirènes. Je dis àmes compagnons :« Nous approchons de l'île auxsirènes. Circé m'a mis engarde. Elles charment de leurschants tous les êtres qui lesentendent. Si nous lesécoutons, nous perdrons lecontrôle de notre vaisseau quiira se fracasser sur les rochers.- Alors que faire ? medemandent-ils en chœur.

Une odyssée, n.c :un voyage plein

d'aventures.

Une sirène, n.c :un être imaginaireayant une tête et

un buste defemme ey une

queue de poisson.

Charmer, v :enchanter.

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- Vous allez faire des boules de cire pour vous boucher les oreilles. Quant àmoi, je les écouterai. Mais vous allez m'attacher les pieds et les mains augrand mât afin que je ne cède pas à leur chant fascinant. »Quand les sirènes nous aperçoivent, elles entonnent leur chantmélodieux :« Viens ici ! Viens à nous ! Viens écoutez nos voix ! »N'y tenant plus, je donne l'ordre à mes hommes de se diriger vers lessirènes. Mais aucun ne m'entend. L'île enfin disparaît. Mes braves gens sepressent d'enlever la cire de leurs oreilles et de me libérer de mes liens.Nous sommes passés. Mais, soudain, j'aperçois les brumes d'un grand flotet j'entends un sombre grondement. Quelle est cette menace ?

Entonner, v :commencer à

chanter.

De Charybde à ScyllaDe Charybde à ScyllaDe Charybde à ScyllaDe Charybde à Scylla

Droit devant, entre deux caps, l'eau écume et bouillonne. Elle frappe decoups sourds les puissantes falaises. D'un côté il y a Charybde, un gouffremarin sans fond qui avale tout, poissons et navires; de l'autre, Scylla, unmonstre à douze pieds et six têtes emmanchées de longs cous, prête àdévorer ceux qui passent à sa portée.J'essaie de rassurer mes hommes :« Mes amis, nous n'avons connu bien d'autres risques ! Allons-y à la rameet avançons ! »

Pour éviter l'affreuse Charybde quimenace de nous engloutir, nous longeonsl'autre cap. C'est le repaire de Scylla. Toutà coup, de la caverne, surgissent les sixtêtes effroyables. Ces gueules qui aboient,de leurs triples mâchoires aux dentsacérées, happent six de mes hommes. Ilsvont être dévorés.Nous avons fini par dépasser ces obstacles.Épuisés, nous jetons l'ancre en un portpaisible. C'est l'île d'Hélios. Là paissent desbœufs splendides et de grasses brebis.Mais je préviens mes camarades :« Je préfère éviter cette île du soleil.Éloignons-nous d'ici ! »

Euryloque répond :« Ton corps est solide, mais ton équipage tombe de fatigue. Campons ici.

Un gouffre, n.c :un trou très

profond.

Acéré, adj :tranchant,coupant.

Happer, v :attraper

rapidement.

Paître, v : brouterl'herbe.

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- C'est d'accord. Mais jurez-moi de ne surtout pas toucher aux vaches quevous verrez. » Sur mon ordre, ils jurent tous sans tarder, et nousdébarquons.

Trois semaines ont passé, tranquilles. Des vents contraires nous empêchentde répartir. Mais bientôt, nous manquons de nourriture. Alors qu'à l'écartje me suis endormi, mes hommes, tiraillés par la faim, se mettent enchasse. Ils tuent une vache, la découpent et en font griller les meilleursmorceaux. A mon réveil, je sens l'odeur de la viande et je constate lemassacre. Je fonds en pleurs. J'invoque Zeus, le roi des dieux, et luidemande de nous épargner. Mais Hélios jure de se venger.

Être tiraillé par lafaim, expression :

avoir très faim.

Épargner, v :laisser la vie

sauve.

CalypsoCalypsoCalypsoCalypso

Terrifiés, nous embarquons en hâte et reprenons la mer. Une fois au large,un ouragan furieux se déchaîne. Mon navire est brisé, mes marinsengloutis. Je m'agrippe au mât arraché et me laisse dériver pendant neufjours. La dixième nuit, les vagues mepoussent sur l'île de la nymphe Calypsoqui m'accueille :

« Sois le bienvenu, Ulysse, abandonné detous. »Elle me mène en sa caverne, me réchauffeprès d'un grand feu et me nourrit de metsdélicats. Elle me baigne et me frotte lecorps d'une huile parfumée. Le soir, nousnous endormons, tendrement enlacés.Six années passent. Calypso me berce decaresses. Mais je ne peux oublier mon îleIthaque, Pénélope et mon fils Télémaque.Sur les rochers je pleure, face à la mer etau vent.Un jour Hermès aux sandales ailées, lemessager des dieux, apparaît devantCalypso :« Je suis venu, belle déesse, tecommander de renvoyer chez lui le hérosque tu gardes. Zeus a choisi de mettre fin

En hâte,expression : àtoute vitesse.

Dériver, v : êtreporté par le ventet les courantssans suivre une

direction précise.

Une nymphe, n.c :une déesse des

eaux.

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à son exil. »Calypso, triste et désemparée, frémit. Mais comment ne pas obéir à Zeus,maître des dieux ?Après le départ d'Hermès, Calypso me rejoint sur la rive :« Sèche tes larmes, Ulysse. Je souhaite que tu revois ton pays et tafamille. »Libre, je bâtis un radeau. La nymphe aux longs cheveux bouclés y déposedu pain, de l'eau, du vin et des gâteaux. Puis elle fait souffler une brise quime pousse vers Ithaque. Dans le vent, j'entends son soupir :« Adieu donc, mon bel amour ! »

Un exil, n. c : unséjour obligatoireloin de chez soi.

Désemparé, adj :ne sachant rien

faire.

Le retour à IthaqueLe retour à IthaqueLe retour à IthaqueLe retour à Ithaque

Durant de longues semaines, je vogue surles flots. Je pose enfin le pied sur le sol demon île. Vingt ans que j'attendais cemoment, après dix ans de guerre et dix ansà errer sur les mers. Par un sentierrocailleux, je me dirige vers une cabane debois. C'est la demeure de Eumée, monancien gardien de porcs. Quand il me voit, ilne me reconnaît pas. Il me dit :« Allons, ami, tu sembles affamé. Partageavec moi mon dîner : j'ai préparé unmorceau de rôti fumant. Bois aussi de ce vin! Puis tu resteras la nuit te reposer ici. »J'ai si faim que j'avale rapidement les viandes, sans dire un mot. Eumée prend la parole :« Sache, étranger, que cette île avait pour roi le grand Ulysse. Il a combattusous les murs de Troie. Hélas, sans doute a-t-il péri au loin, dans unnaufrage. »Je lui réponds : « Tu m'as accueilli. Sache qu'Ulysse ne tardera pas à rentrer ! »

Le lendemain matin, un jeune homme triste passe devant la cabane.Eumée me le présente :« Voici Télémaque, le fils du grand Ulysse. Il a couru le monde à larecherche de son pauvre père. En vain. »Mon fils ! J'avais laissé Télémaque tout petit. Il est aujourd'hui un homme.« Entre, mon cher enfant », lui dit Eumée.

Errer, v : aller d'unendroit à un autre

au hasard.

Périr, v : mourir

en vain,expression : sans

succès

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Je me lève« Reste assis, étranger ! me ditTélémaque. Je vais prendre place surce banc. Qui es-tu ? »Je décide de lui dire la vérité :« Je suis ton père, celui qui t'a coûtétant de peurs et d'angoisses. »

Eumée me reconnaît enfin. Il versedes larmes de joie. Télémaque sejette dans mes bras.« Ah ! Mon père, me dit Télémaque.Je suis si heureux de ton retour.Comment retrouveras-tu ton palais ?Il est occupé par une bande descélérats. Ils vivent aux dépens de Pénélope et prétendent mêmel'épouser. »Je lui réponds :« Avant peu, tu verras, je les chasserai tous. »L'après-midi même, déguisé en vieillard couvert de haillons, je meprésente aux portes de mon château. Un vieux chien abandonné meregarde tristement. C'est Argos, le compagnon de mes jeux d'autrefois.Malgré mon déguisement, il me reconnaît et remue la queue. Ma main lecaresse. Il tente de se lever, puis il ferme ses pauvres yeux. Il est mort.

J'entre dans ma demeure et, tel un mendiant, je m'assieds par terre àl'entrée de la grande salle.« Par pitié, donnez-moi quelque chose à manger ! »Mais les jeunes gens qui sont là se contentent de rire et se moquent demoi. Dans un coin, une femme grande et belle tisse une immense toile. Elle impose le silence :« N'avez-vous pas honte de refuser l'hospitalité à ce pauvre homme ? »Elle vient vers moi. C'est Pénélope.« Vieillard, levez-vous. Vous êtes le bienvenu, me dit-elle. Puis elle appelleune servante fort âgée :« Euryclée ! Accompagnez-le aux bains. Aidez-le à se laver. »Euryclée était ma nourrice lorsque j'étais encore enfant.En me frottant la cuisse, elle reconnaît la blessure qu'autrefois me fit ladent d'un sanglier.

un scélérat, n.c:un individu

malhonnête etmalfaisant.

vivre aux dépensde , expression :en profitant de

des haillons, n.c :des vieux

vêtement abîmés.

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« C'est toi, Ulysse ! » s'écrie t-elle.Je lui dis aussitôt de garder le secret. Puis elle m'expliquer la situation aupalais :« Ta femme, la belle Pénélope, a attendu des années et des années tonretour. Mais les prétendants, qui veulent l'épouser, sont devenuspressants.Elle leur dit qu'elle se marierait lorsqu'elle aurait achevé sa tapisserie. Elletissait chaque jour. Mais chaque nuit elle venait, sous la lampe, défaire cequ'elle avait tissé.- Et elle m'est restée fidèle !- Oui, Ulysse, me répond Euryclée. Mais son stratagème a été dénoncé parune servante. Alors Pénélope a promis de donner sa main à celui quigagnerait à un jeu que tu aimais pratiquer. Suis-moi. Cela va commencer. »

Le tir à l'arcLe tir à l'arcLe tir à l'arcLe tir à l'arc

Pénélope prend la parole devant l'assemblée des prétendants :« Écoutez, vous qui chaque jours en ce logis profitez des biens de mon divinUlysse, parti depuis longtemps, et sans doute mort au loin. Voici pour vousl'épreuve. J'ai en main le grand arc de mon mari. Lui seul pouvait en tendre lacorde. S'il est ici quelqu'un dont la force soit aussi grande et qu'il puisse envoyerune flèche dans la cible là-bas, il sera mon mari. »Un à un les jeunes gens essaient de tendre l'arc. En vain.Alors je m'offre à cette épreuve :« Prêtez-moi cet arc, je veux essayer la vigueur de mes mains. »

Les prétendants rient. Je tends l'arc sans effort. Je vais vibrer la corde quiprojette la flèche en plein cœur de la cible.

Je jette alors mes hardes. Plus rapide que l'éclair, je décoche mes flèches contreles prétendants. Tous périssent. Pas un n'en réchappe.Mais Pénélope doute encore. Elle me dit :« Si tu es Ulysse, nous nous reconnaîtrons, car il est des secretsde nous seuls connus. »Puis elle s'adresse à une servante :« Remets le lit d'Ulysse à sa place dans la chambre.- Oh, ma chère femme, lui dis-je, comment pourrait-on changermon lit de place ? Je l'ai fixé moi-même dans la base du troncd'un énorme arbre. Voilà notre secret. La preuve te suffit-elle ? »Pénélope en pleurant se jette dans mes bras. FINFINFINFIN

un prétendant,n.c :un hommequi fait la cour à

une femme.

pressant, adj:impatient

un stratagème n.c:une ruse

donner sa main,expression : se

marier

la vigueur, n.f : laforce

des hardes, n.c :des vieux

vêtements

Page 16: Les voyages d'Ulysse

Les voyages d'Ulysse

Après 10 ans d'une guerre impitoyable, la cité de Troie est anéantie. Ulysseespère revenir enfin dans son île d'Ithaque où vivent sa femme Pénélope et sonjeune fils Télémaque. Pourtant, dix autres années d'errance en Méditerranée lui

seront imposées par les dieux. Il devra user de sa ruse, pour surmonter lesépreuves qui l'attendent.