LES VOIES ROMAINES

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DANS LES ENVIRONS D'AR&ENTON

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CONGRÈS ARCHÉOLOGIQUE' DE (:IIATEAÏJROUX

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M. LENSEIGNE,

cf) Nt) ICTEIIt DIS T. r, il ( : 1! t (SSjE.

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H A P P O R rJ

SUR

LES VOIES ROMAINES

DANS LES ENVIRONS I)'ARGENTON

Depuis plus de vingt ans, à mesure que le temps incl'a permis, je me suis occupé à rechercher des voiesromaines autour d'Argenton, et, après 1)1011 des efforts,en étudiant le sol, je suis parvenu avec bonheur ii décou-vrir six voies principales, convergeant sur l'ancien Argen-tornagas, qui sont.

La voie de Lyon,La voie de Bourges,La voie d'Orléans,La voie de Poitiers,La voie de Bordeaux,Et la voie de Clermont.Sur les points les mieux conservés, j'ai pu m'assurer

(lu mode de leur construction en tranchant la chaussée,car ce n'est qu'à la chaussée, c'est-à-dire à l'empierrementque la reconnaissance polit èire faite avec eaetitude ; j'aireconnu qu'il était le même pour toutes ; qu'il n'y avaitde différence que pour la largeur. Ainsi, il sera facile

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de classer l'importance de ces voies, par la largeur de leurchaussée d'empierrement.

Leurs tracés sont remarquables par l'art et la régularitéde leurs mouvements à traverser les plaines, à contournerles côtes ou à les franchir. On pourrait croire à une coru-binaisou stratégique.

Il n'existe nulle part aucune apparence de fossés pourdécider de la largeur totale de chaque voie, le temps les acomblés.

Toutes ces voies venaient aboutir à peu près au centrede la ville romaine, probablement sur une place, au nordde l'amphithéâtre, dans les vignes du Palais, lieu ainsiappelé à cause de la présence du palais ou maison dugouverneur, que la tradition nous a conservé.

L'ancien Argentomagus, dont je vais parler, était uneville ouverte. Cette ville comprenait un périmètre de3 kilomètres 500 mètres de longueur, du sud au. nord.sur 12 kilomètres 500 mètres, de lest à l'ouest, soit unecirconférence de 9 kilomètres 430 mètres.

A en juger par l'abondance des débris de maçonneriequ'on retrouve à sa surface, elle s'étendait dans la valléede la Creuse, où sont Naillac et Saint-tienne (deux fau-bourgs d'Argenton, sur les collines des Mersans et desDouces, sur l'emplacement de Saint-Marcel, et sur lesplaines plantées de vignes des Jaugères, les Courattes, lePalais, les Charnpmassons, Lozelet et la Chicarderie. L'unde ses faubourgs se prolongeait, de Naillac à Maroux aupied de la tour d'Heraclius. Un autre se prolongeait aussivers la Chicarderie, sur les voies de Bourges et de Lyonet un troisième dans les Jaugêres, sur la voie de Poi-tiers.

Dans cette vaste étendue de terrain et parmi les décom-bres, ou remarque les vestics

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D'un théàtre ou cirque de 98 mètres de diamètre, prisintérieurement, et placé au mas des Douces

D'un amphuthéàtre de 404 mètres de diamètre, situé aumas du Palais

D'un hvpocauste d'une vaste étendue, mis à découvertà Saint-ltienne;

Des canaux de fontaines, mis à découvert dans lesvignes des Mersans;

Des temples à Cérès, Apollon, Hercule, dont les tètesfinement sculptées ont été trouvées dans les décombres

Des maisons somptueuses parla richesses des peintures,du marbre et des mosaïques, mises à découvert depuisquelques années

Des urnes funéraires parfaitement conservéesD'un pont en pierre de taille, sur la Creuse, entre

Saint-ltienne et Naillac, pour servir aux voies de Bor-deaux et de Clermont

D'une forteresse, le boulevard de la ville romaine, surl'extrémité (l'une côte au faubourg Maroux. On y remar-que que la tour d'Héracle a été réparée au pied avecdes piédestaux et des fûts de colonnes, provenant depalais ou de temples. Cette réparation (1011 remonter kl'époque du passage des Vandales, alors que les Gallo-Romains déniolissaient leurs villes pour se mettre à l'abride l'invasion On lisait encore, il y a quatre-vingts ans,sur le fronton de sa porte principale Jieraclius, Veni,vici, et au-dessous se voyait un taureau sculpté., symbolede la force. Dans l'intérieur, maintenant planté dc vigiles,le vigneron, avec son soc, découvre journellement (lesmonnaies d'Auguste, (l'Agrippa. Néron. Dioclétien...Cette forteresse était reliée au faubourg de Naillac, parune voie passant derr1ère les maisons actuelles de Chà-teauneuf et allant correspondre à Fonfurat, avec les Voies

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de Bordeaux et de Clermont. Ces témoignages prouventassez de son existence au temps de l'occupation desRomains et qu'elle était la sauvegarde dc la ville;

D'un champ de Mars, très-probablement dans la plainedes Champbons, en face du cirque.

A Naillac, Saint-Étienne et Saint-Marcel, dans lesvignes et les jardins, on découvre de riches vaisselles,de belles poteries, de superbes mosaïques, de beauxmarbres, des peintures murales, des pièces de monnaieà l'effigie des empereurs et des consuls, des chapiteaux,des corniches, des piédestaux, des fâts de colonnes, descarreaux et tics tuiles à rebords.

11 semble que l'Italie ait apporté ici toutes ses scienceset tons ses arts.

Placée au centre de la Gaule, cette ville, qui fut grandeet somptueuse, révélée par les débris de ses magnifiquesédifices, et par l'importance de ses six belles voies, ne pou-vait pas être autre qu'une capitale 4e province où siégeaitle gouverneur, oti proconsul, avant son palais à cÔté del'amphithéâtre, ainsi que la tradition u conservé ce nomPalais, dans le pays. C'est ma conviction, et ce qui encorela fortifie, c'est que dans toutes les recherches faites au-tour de Bourges, de 'l'ours et de Poitiers, on n'est parvenuréellement à découvrir que quatre voies pour Bourges,cinq pour Tours et quatre pour Poitiers. Puis il fautpenser que quatre des voies d'Argenton devaient être depremière classe et entrer dans le grand réseau central.

Cette simple explication étant faite sur la ville dArgen-toinagus, je vais parler du trajet des grandes voies qui yaboutissaient et qu'on pourra suivre en consultant lesdeux cartes ci-annexées.

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1. - Voie i'ornoiue d'A'fÏeu1Ofl d Lyon par ]\ri,

En l'année 1830, lorsque l'administration des pontset chaussées faisait construire la route départenien-tale n° 3 de Suint-atiltier à Cliilteaumeillaiit, entreArgenton et 1.tcuèsse, les ouvriers, en déblavaiit le ter-rain, mirent à déc.uvert une chaussée d'empierrementassez bien conservée. C'était la giande voie de coniinuni-cation d'Argentoinagus à Lugduuum par Néris, qui venaitde se révéler, voie que la terre recoivre depuis des siècles,et dont les Itinrrnres dAntonin font mention, ainsi queles Tables Y'béodosiennes.

Profitant ' le nos visites sur les chantiers de notre routedépartementale, nous avons reconnu qu'entre la Beur-dine et l'aqueduc de Font-Creux, au-dehi lu Nielloux,sur une étendue de 5,500 mètres, la chaussée romaineavait été tranchée sur quatre points, par suite de sonvoisinage et de ses développements serpentant dans la voienouvelle. En même temps, nous nous sommes assuré deson mode (le construction et nous en avons levé un profil.

Cette chaussée a une largeur de 6 mètres, et se com-pose

I l De deux rangs de bordures en calcaire dur bienalignés, régnant l'un et l'autre sur chaque bord et formantl'encaissement de l'empierrement.t.

2, D'une couche inlàrieure ou première couche enmâclietér de ) centimètres d'épaisseur.

31 Et d'une couche supérieure ou seconde couche ensilex et calcaire mélangés, de la grosseur de 3 à 6 centi-mètres tIc diamètre.

L'épaisseur totale est comilh[étcuicnt liaisonnée; su loiui

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est réglé suivant un arc de cercle de t61 de corde et de41 centimètres de [lèche.

Des sondages ont démontré que les épaisseurs des cou-ches étaient variables.

Sur d'autres points, les deux couches composant l'em-pierrement reposent ait de l'encaissement sur unefondation faite en petits moellons de na t ure calcaire et enmâchefer, rangés vit de pavage, suivant un boni-benieut de 1 centiwèti'cs.

A quelque temps de là, nous reprenions nos reeherclmesavec l'intention bien arrètée de faire un relevé général denos voies romaines convergeant sur Argenton. De nou-velles et précieuses découvertes que nous venions encorede faire étaient pour nous un encouragement. Nous nousiviimes à l'oeuvre, et maintenant nous sommes eu mesured'en donner les détails.

Nous allons d'abord compléter la description commencéede la voie romaine de Lyon.

La grande voie romaine d'Argentornagus à Lugdunums'embranche avec la grande voie romaine l'Argen tomagusà Avaricum, dans le pacage de Lamartine, situé entreLamartine et la Bigaillonne, ayant appartenu à M. levicomte Octave de Barrai et maintenant à M. le générald'Autemnarre. De cette bifurcation les deux voies se con-fondent communément jusqu'à Saint-Marcel, à peu dedistance du théâtre romain; dans les vignes du Palais, surune longueur de kilomètres 300 mètres.

De Saint-Marcel jusqu'au pacage de Lamartine, lachaussée commune traverse des vigues qui empèchent dela bien reconnaitre. Ce n'est qu'ail passage (le la rectifi-cation de la route nationale n 0 de Paris à Toulouse,qui la coupe à 63 kilomètres 300 mètres ditqu'on retrouve sa trace dans un petit vallon qu'elle fran-

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dut le Long du chemin étroit et creux de Lozelet ; PUIS

coupée par l'allcieline route de Paris, à 121) mètresde distance d'un ponceau établi à gauche, elle moule surle plateau de la Chicarderic, qu'elle prend à revers.

A 110 mètres au delà tin pomemi qui vient d'êtreindiqué, un tombeau en pierre n été mis à découvertau bord de la voie, en 1860, par le nommé 1-lébertAuguste.

Dans un champ ii droite, en deçà de la Chicarderie, desdéblais exécutés eu 1859 mirent à découvert les débrisd'un temple, du milieu (lesquels on relira une têted'Apollon qui a été donnée par M. Mercier-Génétouxau musée de la ville de Châteauroux.

En quittant les champs de la Chicarderie, la voieentre sur les terres de la Bigailloune, et après avoircroisé le chemin de Lamartine à Saint-Marcel, et traverséun champ appartenant à M. Mercier-Génétoux, ellepénètre dans le pacage de Lamartine, à 3 mètres de dis-tance de l'angle formé à droite par la haie servant de clô-ture. C'est ici, à G mètres au delà de la haie, daims cepacage figurant un trapèze, que se trouve la bitircationdes deux V0JCS romaines, se dirigeant l'une à gauchesur Bourges, et l'autre à droite sur Lyon.

La voie de Lyon, partant de son point d'embranche-ment, sort du pacage au premier angle ii gauche de lahaie formant la clÔture du fond; puis développant unecourbe à droite, elle traverse les bois de Lamartine, Ver-imeuil et des i'hiijauds , laissant à droite Lamartine à500 mètres, la Forêt-Chauve à îOO mètres, cl Verneuil à1,000 métres.

Dans ce parcours, la chaussée est presque intacte ; ellese croise dans le bois avec l'antique chemin gaulois d'Ar-genton à Bourges par Ardentes, témoignages encore vivants

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t l'égard de l'oppidum d'Argenton, pour lequel nouspréparons une notice; débouche du bois sur la route dépar-tementale n° 3, qui la coupe pour la première fois aupoint l-l50du bornage de cette route, presque en face dudomaine de la Itourdine.

C'est à partir de ce point que no-ms avons donné plushaut un commencement de la description de la voie quenous allons continuer.

Sortie dit et ici tranchée par la route, la chausséeromaine traverse une pièce de terre drainée, forme unecourbe dont le sommet appuie vers la Bourdine, qu'ellelaisse à droite à 300 mètres, puis se déroule en relieftrès-apparent dans la brande, en sinuosités plus oumoins allongées autour de la route départementale qui lacoupe une deuxième fois, et l'occupe même sur une lon-gueur de l0 mètres à partir de j514 se sépare d'elle,passe à gauche en franchissant le ruisseau des Cédelles,laissant les Cédelles à droite et la Jalousie à gauche ; estcoupée obliquement une troisième fois ;lit 16k 960 dubornage, dans sa sinuosité allant de la gauche à la droite,suit l'ancien chemin d'Àrgeoton à la Châtreaupied d'une croix de la Rédemption à la croisière ditde la Paillauderie, laissant la Paillauderie à droite à 400mètres et le Buisson à gauche, à 350 mètres; elle franchitles deux petits ruisseaux de la Paillauderie en traversantun bouquet (le bois et un champ où elle est bien conservée,parvient au sommet d'une brande, sur lequel elle formeune courbe développée à gauche à 40 mètres endeçà de la croisière du chemin des Coiidreaux à Mali-cornay.

De ce point et laissant à gauche, les Coudreaux à500 mètres et les Niolloux à 400 mètres, la voie descenden ligne droite dns la brande de Bouesse, où elle est

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intacte, puis elle incline sensiblement ô gauche [our tournerles côtes élevées fies Molles, iles Itollins et de Montipeneau.

Dans ce trajet elle est coupée obliquement une qua-trième fois par la route départementale n° 3 au point191900 du bornage, et prés duquel, en fouillantfouillant le terrain,a été mis à découvert un tu yau fait en mortier de ciment,d'une ouverture cylindrique de centimètres de diamètre,placé le long du côté gauche. De là elle traverse ce qui restede brande, est ensuite couverte par une haie servant declôture à un champ, passe à 98 mètres de la Grande-Métairie de Bouesse, qu'elle laisse à gauche, et Bouesse àdroite; elle traverse des champs, (les pacages et desbouquets de bois, sert d'emplacement pour une croix à lacroisière des chemins de Bouesse à Fontpart et à la Ver-rerie, sort d'un bouquet (le bois pour franchir un petitvallon et se porter au Gaché ; un fossé ouvert dans le plidu vallon tranche la voie. On remarque au fond de latranchée des petits moellons arrangés et du iuâchefer,formant autrefois la couche de fondation de la chaussée.

Du Gaclie, la voie va directement aux Brais. Là, àgauche, sur son bord une maison appuie dessus, (le4 mètres (le longueur.

Des Brais, la voie romaine continue d'étre apparenteelle franchit le vallon du Crézancais, qui forme deux coursd'eau séparés par un pré, et monte sur un plateau endéveloppant une courbe à droite, laissant les Talbotsgauche à 450 mètres, pour se diriger bien conservée surles Grandes-Métairies. D'abord, avant d'arriver à ce point,elle est coupée par le chemin vicinal n' H de Bouesse àBussière d'Aillac, près d'un aqueduc qu'elle Longe ainsiqu'une mure, traverse des pièces (le terre, suit le cheminsur 00 mètres, et joint. la première maison à droite de laGrande-Métairie.

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De là La voie continue de suivre le chemin, et, toujoursapparente, elle franchit I'Auzori, monte à la Prungne,parvient au milieu du village des Veaux, est coupée parla route départementale un S de Châteauroux à Aigurande,à 3k653 du bornage, longe le Bois-Gros, dans lequel ellepénètre, laissant Neuvy-Saint-Sépulchre à droite.

Après le Bois-Gros, le terrain été travaillé par deslabourages qui ne permettent plus de distinguer la voie.On ne la retrouve qu'au village de la Chaussée, oit sebornent nos investigations; mais de ce point elle doit serendre à Châteaunteillant. Laissant la Châtre à gauche.

I). - Voie romaine d'Ar!/enton ii Bourges et d Autan.

Nous avons dit dans l'article précéletit que les deuxvoies de Lon et de Bourges, réunies dans le pacage deLamartine venaient aboutir à Saijit-Marcel. Nous allonsdonc prendre cette dernière voie à son point d'embrau-cheinen t.

Mais d'abord nous devons (lire que sur tout son parcoursen général, ses alignements droits et courbes sont tracésavec art, suivant les inflexions du terrain.

La largeur de la chaussée est (le • mètres sur des pointset (le 6 mètres sur d'autres.

Elle SO Compose de deux rangs de bordure en pierre,formant l'encaissement comme celle de Lyon;

D'une couche de iondation en mâchefer ou en petitsmoellons, posés à la manière d'un pavage bombé

D'une couche eu pierre, en silex et en niàchefer, repo-sant sur la fondation

Du pacage de Lamartine, la chaussée romaine s'enfonce

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(laits les bois de Nuits et des tabats, dans lesquels elle estintacte. Elle longe à gauche la fosse (lite aux Cannes, pointà remarquer, croise les deux chemins 'le Lamartinequ'elle laisse à 600 mètres, et croise aussi les deux clic-mins de la liigaillonne aux Tliibauds. Entre ces deuxchemins elle présente une levée remarquable de 22 mètrestic longueur sur 70 centimètres de hauteur et dc (3 mètresde largeur.

A vingt mètres au delà du second de ces chemins,ou remarque une autre levée, moins prononcée que lapremière.

A cinquante-huit mètres, avant de croiser le chemindes Gabats aux Thibauds, servant de limite aux communesle Saint-Marcel et de Tendu, on rencontre à 40 mètres50 centimèLres, à droite de la voie, un tumulus avantla forme d'un cône tronqué de 2" 40 de hauteur; sahase n de diamètre 27 mètres, et sa plate-frme li mètres.Sur son sommet existe un vieux tronc de chérie énorme.

Continuant dans le bois, elle laisse les Gabat à gauche,à 20 mètres, et forme une troisième levée. A 100 mètresplus loin on la trouve couverte par de vieux troncs dechênes. Coupée par l'allée (Ili bois (leq Gahats, elle passedevant le rond-ÏHJIIII à 117 mètres à gauche, sort du bois,et croise le chemin (le Tendu aux Thihauds, laissant lesThibauds à droite à 300 mètres.

Traversant ensuite des pièces (le terre, lit franchitle ruisseau des Gaignerons et prend l'antique chemingaulois d'Argenton à Bourges, sur lequel elle aété établie.Toutefois elle sera souvent coupée et suivie pmIr le ciicinnvicinal d'Argenton à Ardentes par Arthon.

Laissant les Roulels à gaucho à 400 mètres, ellelonge à gauchie la lisière du bois (les Salerons, tandisqu'à l'opposé. elle passe devant de gros dormants (lu

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galets, attachés au terrain, cl ilésigns sous le nom dcpierres bures; puis elle entre à droite dans des champs.laissant à 12 mètres, à gauche, le chemin d'Ardentesou d'Arthon, coupe un petit communal, continue dans lechemin eu prenant toute la lisière du bois de la Chaise,laissant le village de la Chaise à gauche et les Jadrets ildroite, â 200 mètres, près duqiici on remarque le goufiresurprenant de ce village.

Du liais de la Chaise, sa trace est faiblement visible.,ainsi qu'au droit du village des Pinettes, qu'elle laisseà droite à 300 mètres ; mais dès qu'elle a franchi leruisseau dès Pinettes, elle devient très-apparente, passeentre les Terreaux, qu'elle laisse à gauche à 500 mètres,et Larrmhi à droite à 21M0 mètres, point où elle croisele chemin vicinal n° 40 (le Velles à Mosnav.

De ce point elle se dirige sur Patras, suit le cheminil'Artlion ou d'Ardentes, qu'elle quitte et reprend p111-

sieurs fois avant ce village, qu'elle laisse à droite à 100mètres et l'abba ye à 400 mètres, suit le chemin d'Ar-dentes ou tl'Arthon, en s'inclinants'inclinant à (traite et laissant à50 mètres à gauche les ruines d'un ancien four romain;franchit le ruisseau cl'llvveriiault, laissant ce village àgauche à 500 mètres, et arrive aux Pcllerins à 8 mètresà droite de la première maison.

A quarante mètres au delà des Pellerins. la voie tourneà gauche et monte à l3ellevue. Dans ce parcours, et tou-jours remarquable, elle traverse des pièces de terre, passeentre les Combes, qu'elle laisse à gauche à 400 mètres,et la Gabette à droite à 300 mètres, suit le chemin d'Ar-dentes ou d'Arthon, laisse à gauche l'étang de l'Aubépinà 200 mètres, puis parvient en face de Bellevue à 100mètres de distance à gauche.

Bellevue est sur une hauteur, sur l'emplacement mèmue

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l'un camp romain, facile à reconn;iitre aux talus relevanile terrain.

A cent cinquante mètres après Bellevue, la voie romaineincline à droite et se sépare ici du chemin kl'Artllon. Ellese dirige au milieu des brandes et des étangs de la l3atail-lerie, laissant la Bataillerie à gauche à 250 mètres, enpassant sur la pointe du petit étang. De là, et se tenantbien visible dans la brande, elle se porte sur Lavaud,laissant la Tremblaire à gauche, franchit la vallée de Cré-zançay et monte à Lavaud.

De Lavand, la voie continue d'être apparente au milieudes terres et des brandes. Elle passe dans l'étang dit dudomaine de l'Étang, se présente devant Puyinoreau, qu'ellelaisse à gauche en contournant la côte, et descend à larivière de Bouzanne, pour la franchir au gué de Vena y , àquelques mètres en amont du moulin.

Coupée par la route départementale ri , 8 de Château-roux à Aigurande, elle suit le chemin de Criiblier, passeà gauche air du bâtiment du nouveau Criihlier, lais-sant à droite le vieux Crublier à 100 mètres pour traver-ser la forêt de Châteauroux, laissant la Verrerie à gaucheà 30 mètres.

Dans la forêt de Châteauroux, elle suit le chemin d'Ar-dentes (vieux chemin gaulois de Jtourges jusqu'à l'entréed'Ardentes-Saint-Martin, en laissant à gauche les Logesd'Ardentes à 200 mètres et à droite l'embranchementdu chemin de Jeu-les-Bois. Cessant à cc point de suivre lechemin, elle entre à droite dans les jardins, et passe aupied de l'église (le Saint-Martin d'Ardentes, pour franchirl'Indre. Ici se termine notre reconnaissance.

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M. - Voie romaine d'Argeotou d (Jrleans.

Cette voie devait être la grande communication d'Ar-gentoînagus à (lenabum.

Les funéraires d'Antonm cl les Tables Théodosiennes

n'en disent rien ; c'est une lacune duc évidemment à unenégligence. Sa coufectiou, du reste, est tout à fait sem-blable aux autres chaussées romaines aboutissant à Argen-ton, ainsi (lue nOUS l'avons reconnu cil la suivant pied pied tic Saint-Marcel à Mehun-sur-ludre, près Villedieu.Cette voie reliait au village des Mersans, commune deNuret, une ville romaine, ailleurs plusieurs villas ou sta-tions, dont les vestiges existent encore témoignagesirréfragables, prouvant aussi l'origine romaine (le la voie.Dans plusieurs endroits de son parcours général, onretrouve à la surface du sol des portions de chausséesentières, faites suivant des alignements droits et des ali-gnements courbes, tracés avec art, ce qui encore une foisfait recounaitre la main des Romains.

Cette chaussée, aux endroits les mieux conservés, a pourlargeur 4 mètres, et se compose

De deux rangs de bordures en pierre, un de chaquecôté, formant l'encaissement

D'une couche inférieure en mèchefem', servant de fonda-tions

D'une couche supérieure en silex de calcaire ou degrès.

A son point de départ de Saiut-Marcel, la voie n'offreaucune trace dans le vignoble qui s'étend de ce bourgà Cliabenet. Ce n'est qu'à deux kilomètres ,avant d'arriver?i Pont-Chrétien, qu'on commence à la reconnaitre à la

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prence de quelques vestiges. Elle esi coupée oblique-ment par la route départe men talc il' 3, et s'en sépare aitPoint 3 ' 800 du bornage, pour franchir la Bouzanne audroit de la chapelle de Pont-Chrétien.

Ici on remarque les vestiges du polit romain la culée,sur la rive droite de la Bauzanne, présente encore 3 mètresde hauteur.

La chapelle est placée sur la voie, qu'elle occupe toutentière.

A deux cents mètres en amont le t'emplacenieiit dupont, au sommet du coteau à droite de la Rouzanne, 41esvestiges d'une maison romaine ont été mis à découvertpar des carriers ; au milieu des décombres on a trouvédes pièces de monnaies romaines, un poignard, des cen-dres, un four établi à côté, et des tuiles à rebords.

lic la chapelle de Pont-Chrétien, la voie monte la côte àdroite; sa trace est peu visible, mais elle (lCient apparenteau milieu des vignes et de quelques parcelles de terre. Sesbordures eu pierre ont été arrachées eu partie par les pro-priétaires pour dresser leurs limites voisines. Traversanttoujours les terres, elle passe entre les Prius, qu'elle laisseà droite à 401) mètres, et la Pet.i tn-Cliau me à gaucheà IàO mètres, croise le chemin de la Chaume à Chasse-neuil et laisse les Nadauds à gauche à 120 mètres. Ici, enarrivant au droit des Na,lauds, la voie a 3 mètres delargeur entre bordures , est coupée par le chemin de Chas-seneuil à Saint-Gaultier; elle laisse Cliasseneuji à droite àIàO mètres. Sa trace disparait cri descendant iian la valléedi ' Bouzanteuil. Ou la retrouve au passage de ce ruisseauà '100 mètres de distance des Prés, qu'elle laisse àgauche. De ce point elle se développe à droite, pour cou-tourner en montant un vallon étroit, puis traverse un bois( une pièce de terre, dans lesquels elle est cÙmpltten1ent

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intacte en face de Bois-Certat, distant de 400 mètres àgauche.

A Bois-Certat, la voie, faisant un coude très-prononcésur la gauche, est coupée par la route nationale n' 151,au point 46 S du bornage, auprès de la maison de laPensée à droite, et, toujours apparente, elle traverse lesbrandes des Bois-Communaux et des Moreaux, cii laissantà droite Bellechasse à 80 mètres, et le gros village desMoreaux à '250 mètres ; puis, coupée par le cheminvicinal de Nuret à Luant, elle traverse les brandescommunales de Nuret, où elle est très-apparente, lais-sant à droite la Croisée à 500 mètres, les Blins à600 mètres, la Soulatrie à 300 metres, et à gauche leMalebron à 600 mètres.

Au droit des Blins et de. la Soulatrie, elle incline àdroite, et, quittant les brandes, elle entre dans un bouquetde bois, forme une grande courbe à gauche avant d'en-trer dans le village des Mersans, qu'elle traverse.

Aux Mersans, sur une grande étendue des deux côtésde la voie, nous avons reconnu des vestiges considérablesde constructions romaines, révélant une ville moyenne.Qu'elle était cette ville? Son nom est-il perdu dansl'oubli? Des fouilles soigneusement faites pourraientpermettre de le découvrir.

Nous avons reconnu. aussi aux Mersans que la voieforme une levée d'une longueur de 5() mètres, sur unehauteur, de l' 35, et une largeur, bordures comprises,de

Des Mersans, la voie suit le chemin jusqu'aux Bernards,passant entre Laforét cl la Perchaudrie à gauche, etLamortenerie à droite.

Aux Bernards, minus avons remarqué aussi des vestigesde inaconneries romaines, bien moins considérables

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qu'aux Mersans, mais assez étendus pour permettre decroire qu'une petite ville, sinon une villa, existait là.

Des t3ernards, la voie traverse les terres, le bois Robert,croise le chemin de Chezal-Collet, qu'elle laisse à gauche à600 mètres, franchit le ruisseau et le de Cliezeauhois,coupie par la route agricole de Neuillay à Luant, à50 mètres au delà de la borne kilométrique n° t2, laissantNeuillav à gauche à kilomètres longe le pré (iereay àgauche et le Bois-Cocu à droite, suit un sentier en pas-sant devant l'allée de Marchais à droite, et laissant àgauche le Trait-de-Genièvre à 500 mètres, puis croise leschemins de Bciis-ltobert à Villedicu. et tic Chezal-Collet àla Tour.

De ce point, la voie, hieii reconnaissable, suit le die-min de Viliedicu jusqu'à 150 mètres de la ferme de laTour ; laissant la Tour à droite, elle franchit la Claise à115 mètres au-dessous de la passerelle en bois ; laissant àdroite, à 314 mètres, le vieux castel eu ruine de Raticay,établi sur la rive droite de la Claise, elle se porte sur Mont-pensé et Mehun-sur-Indre, où se termine notre recoii-lia j ssan ce

IVVoie romaine d'Ar jenton ti Poitiers.

Nous avons eu occasionoccasion de relever cette voie sur l'éten-due de Saint-Marcel ait ; niais, comme M. de laTremblais en a t5it la reconnaissance à partir de Saint-Gaultier jusqu'à la limite de l'Indre ait d'Iugrandes,et en u donné une description partite dans le compterendu des travaux do la Société du Berry (11 0 année),1864, nous nous bornerons à décrire la lacune qu'il n'a

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pas étudiée et à indiquer quelques points principaux tersle Blanc.

La largeur de la chaussée est de 4 mètres,Elle se composeDe deux rangs de bordures en pierre calcaire, nu de

chaque côté, formant l'encaissementD'une couche de fondation en pierre ou en mchefcr,Et (l'une couche de quartz de mâchefer et de calcaire.Cette voie de communication, d'A eatomagus d Lirno-

num, devait prendre naissance au centre d'Argentounagus,au point de rencontre de celles de Lou et de Bourges,près de l'amphithéâtre. On la troue (l'abord dans lesvignes du mas des Jaugères, pour se tenir ensuite sur lacôte, à droite de la Creuse.

Coupée par le chemin de fer d'Orléans à Limoges, elletraverse les vignes (le Saint-Marin et de Pont-Chrétiend'en haut, eu suivant presque parallèlement le chemin deConives et du pont, duquel elle n'est séparée à gaucheque de 2 et quelquefois de 12 mètres.

En arrivant au Pont-Chrétien d'en haut, qu'elle laisseà droite à 150 mètres, la voie se confond avec le che-min sur 80 mètres environ de longueur, descend dansla vallée de la Bouzarine, en inclinant à droite, pourfranchir cette rivière près (lu moulin du Cluzeau.

Ici, dans un champ d'un nommé Dolidier, Louis, prèsde la voie, eu déblayant le terrain, on a trouvé, enles vestiges de construction romaine, probablement d'unevilla.

Après le passage de la Bouzanne, la voie est coupée parla route n° 3. et monte au Cluzeau. De là, inclinant àgauche, elle se dirige vers le villago de Neuville, au milieuduquel elle passe; puis elle descend dans la vallée duItouzauteuil. traverse cc rmlissaau aU p(;Llit occupé par h

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hètiment du Petit-Moulin, lie là, et après avoir été coupéeparla route nationale n° 151, à W 486 du bornage, ellemonte la côte du village des Pauduats, qu'elle laisse à100 mètres à droite, suit un chemin creux, est coupée denouveau par la route départementale n II à 57k 430 dubornage, longe à droite le mur (lu cimetière de Saint-Gaultier, pour se diriger sur les Chézcaux, laissant la villede Saint-Gaultier ii gauche à 300 mètres.

Du village des Chézeaux, la Voie se porte sur le domainede la Chaussée, où elle se trouve intacte en passant àTerrière et laissant à gauche le camp romain établi ausommet. du Gourde, duquel nous donnerons plus tard unedescription.

De là elle parvient à la Fosse et à Pelichusan, oùM. Pérignv père m'a montré des vestiges (le constructionromaine.

Do Pellebusan, la voie se rend au village de Scoury,qu'elle traverse, arrive à Ciron, devant l'auberge, passe auvillage de Châtre, à la Roche, les Poirières, les Levraultset la Villerie dernier point de notre reconnaissance.

V. - Voie romaine (lArqenlon d Bordeaux par Limoges.

Cette voie, l'une des plus belles, partant de l'ancienArgentomagus, était la grande communication avec Bor-deaux par Limoges.

Aux endroits où elle est assez bien conservée, j'ai re-connu que la chaussée avait pour largeur 6 mètres;

Qu'elle se composeDe deux rangs de bordure en pierre, un sur chaque bord

formant l'encaissement

MOM

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D'une couche de fondation faite en petits moellonscalcaires et en mâchefer, rangés en forme d 'un pavagebombé, et quelque[ds dune simple couche en pierre, enmâchefer et en silex.

Soirépaisseur totale, y compris la couche de fondation,est de OfiO.

De son point de départ du faubourg Saint-Étienned'Argenton, la voie franchissait la Creuse, sur un pont,dont on remarque des vestiges encore debout qui per-mettent d'établir les dimensions de ce monument.

Sa longueur était de 106 m40 entre les deux culées ; il secomposait de cinq piles, entre lesquelles existaient sixdébouchés ou ouvertures do, 11`90 de largeur.

Les piles avaient i' d'épaisseur ou largeur, 520 delongueur, et terminées en amont par un avant-bec de430 ; ce qui donnait une longueur totale de 90. Leparement était cri pierre de taille.

La culée à droite est il e» de distance au-dessous dumoulin de Saint-ltienne. La culée à gauche sert de pointd'appui au moulin de Naillac.

Les propriétaires des moulins ont cii partie enlevéla pierre de parement po s'en servir dans les ma-conneries de leurs usines. Ce but est irès-regrettable.

A la suite du pont, et sur son prolongement, existe latranchée profondément pratiquée dans le rocher, sur larive gauche de la Creuse, si connue dans te pays sous lenom de Chemin le César. La voie gagne les hauteurs,passe devant Larey, qu'elle laisse à droite à 204 mètres,et Fontfurat à 300 mètres.

C'est ici,(]airs un petit cornuiurial de Fontfurat, ques'embranche une ligne venant dans la dircetiun de l'an-ieuue forteresse ruinée de la ville liante. Cette ligne ou

annexe, que j'ai eu l'occasion d'étudier, servait â relier

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la forteresse. Puis à 30 mètres plus loin, se trouve aussil'embranchement de la voie d'Argentomagus à Gergoviapar Ahun, se dirigeait à gauche.

De ce point d'enihranchcment, la voie de Bordeaux sedéveloppe à droite par une courbe, et se dirige bien con-servée à travers les bois des Chaillot.s, en franchissant leruisseau de Secot, sur le Terrier-Joly, qu'elle laisse àdroite à 1iO mètres. A la sortie du bois, elle suit le che-min vicinal d'Argenton à Luzeret. sur 1 kilomètre, pourse montrer belle et intacte en droite ligne dans les terresde M. Delage, Eugène, sur 1,500 mètres de longueur,en laissant à droite le domaine de la Métairie-Neuve00 mètres. Elle passe au bord de l'étang des Tailles,

courbe il se montre dans un pré et dans un bois ettraverse la Sosue à 500 mètres au-dessous de Montfréry.On remarque au fond de l'eau quelques vestiges demaçonneries, probablement du pont. Toujours visible,elle parvient à la Puychallerie, en suivant sur plus deI kilomètre le chemin de Forges à la Boudre, laissantForges à gauche à 700 mètres, et en traversant tics terreset des bois.

C'est à partir de la Puychallerie que M. llie de Beau-fort a l'ait un relevé de la voie, qu'il conduit sur unepartie du territoire de la Haute-Vienne, et que M. de laTranil,lajs décrit dans son excellent mémoire. Mais commedans ses recherches M. de Beaulort a laissé des lacunes,je vais continuer de donner les points de sa direction.

De la Puychallerie, qu'elle laisse à gauche à 500 mètreset la Boudre à droite à 600 mètres, cette belle voie con-serve sa trace dans les terres, la brande et le chemindu village du Colombier, dont elle s'approche, en secourbant dans le communal, et qu'elle laisse à 300 mètresà gauche. Puis, se portant il elle suit le chemin

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allant aux Plaix, cri entrant quelquefois dans les terres;cotoic la côte du Plaix, où on ne la reconnaît plus qu'àquelques signes; descend dans la vallée de 1'Ahloux, croisele chemin de Sacierges à Lamotte; laissant Lamotte à 300mètres, elle franchit la rivière de l'Abkiux sur un pointoù l'on distingue au fond du lit un massif de béton, iridi-quant l'emplacementt du pont.

L'Ahloux passé, la voie, traversant la frêt de Saint-Be-noît, se développe en sinuosités pour monter la côte, lais-sant à droite la loge du garde forestier à 500 mètres. Cemouvement se continue dans les terres au delà de laforèt. Dans ce parcours, elle est parfaitement conservée;puis, coupée par la route départementale n° 10, au point47k 338 du bornage, elle traverse un pacage, croise l'an-cien chemin de Saint-Benoît au Blanc, près duquel,dans l'embranchement d'un chemin creux, on remar-que une couche de cailloux quartzeux, encastrés dansle mâchefer, formant la couche de fondation. De cepoint, la voie disparaît pour reparaître à la croisière duchemin de la Barre aux Rallauds; elle forme un lacetpour franchir le ruisseau (le Chénier, croise, en montantsur la côte opposée, Les chemins de Chénier aux Ballaudset de Chénier à Chaillac, laissant à gauche les villages dela Barre et de Chénier; arrive au sommet, et passe entreles ruines de deux bôtiments de construction romaine,distant l'un de l'autre de 94 mètres: celui du côté gauchea 13 mètres de longueur sur 10 mètres de largeur, l'épais-seur moyenne des murs est (le l mètres; celui de droite a13 mètres (le longueur sur i mètres de largeur, et il estplacé à la tète d'un camp romain, probablement pourservir de défense. La tuile è rebords, le ciment, la régula-rité des assises de la maconnerie, font reconnaître que cesont des ouvrages romains.

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Le camp est fortement retranché ; sa I'r>i'me figure unrectangle. Placé sur le bord d'une langue de terre très-haute, il est adossé à une vallée contournaiite. Sa lon-gueur est de 40 mètres, sa largeur de 00 mètres. Sestalus ont pour hauteur moyenne, prise verticalement,4m 50.

Du camp romain, la voie descendait ait ruisseau (lePortefeuille, qu'elle franchissait sur un pont. On remarqueencore sur la rive gauche le rocher taillé à pic qui servaitde culée. De là elle monte et passe au milieu du villagedu Cluzeau, suit le chemin, descend et arrive toujoursapparente à la rivière de l'Anglin, qu'elle franchissaitaussi sur un polit en face de Chiaillac. On remarque encoreau fond de la rivière de la maçonnerie de béton. En quit-tant l'Aiigliu. elle prend à revers la côte de Chaillac,monte et parvient sur la hauteur au pied d'une tourdétruitejusqu'au niveau du sol, et qu'on pourrait prendrepour un puits. Son diamètre intérieur est de 2m90, et l'épais-seur du mur de ceinture 90 centimètres. Nous n'avons pubien reconnaitre si cet ouvrage d'art est de constructionromaine. lie ce point, la voie continue sur la Bissonnière,passe entre Bois-Jo]v, qu'elle laisse à gauche à 300 mètres,et les Cosses à droite, traverse un petit bois, une terreprès des Landes, qu'elle laisse à droite à 270 mètres;coupe une brande dans laquelle elle est très-remarquable,suit le chemin de .Jouac, passe auprès des Beaux à 200mètres à sa droite; elle quitte le département de l'Indre,pour entrer dans celui de la Haute-Vienne, point où seborne notre étude.

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VI. -- Voie romaine d'Arqenton é Clermont.

Celte voie était la grande communication d'Argcnto-magus à Gergovia par Breth et Ahun. Elle ne figure pasdans les Itinéraires d,jn(onin ni dans les Tables Théodo-siennes. Toutefois, elle devait exister au temps de l'einpe-reur Théodose.

Ce n'est pas sans difficultés que je suis parvenu à ladécouvrir, non tout entière, mais par portions de voies,indiquant suffisamment sa direction, tant les terrains ontété bouleversés à la surface.

Au domaine des Crasseaux, où elle passe, sa chaussée aune largeur de 3 mètres, et se compose

De deux rangs de bordures, formant l'encaissement;Et d'une couche unique de mâchefer, de cailloux et de

grès.Dès sa bifurcation à Fontfurat dans la voie de Bordeaux,

on remarque des coupures profondes de son passage dansla roche. La voie alors se dirige sur les Crasseaux, à tra-vers une brande et des terres, dans lesquelles elle est peureconnaissable; puis passe dans la cour de ce domaine etsous la maison de M. Déiibère-Maquet.

En cet endroit, il y a vingt-cinq ou trente ans, lors del'exécution de quelques travaux c1ns le domaine, on mità découvert de la maçonnorie romaine et des tuiles àrebords. ltait-ce le lieu d'une villa ?

Des Crasseaux, elle continue dans le pré et dans le bois,croise un chemin, et entre en inclinant à droite dans desterres labourées, où on la reconnait à une ti'ainée depierres arrachées par le soc; puis, inclinant à gauche, elle

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traverse l'ancien chemin de Saint-I3enout à Argentori,monte le plateau du Bord au milieu d'une brande, danslaquelle elle se perd, puis reparatt, est coupée par la routedépartementale n° I d'rgenton à Saint-Benoit, au pintI l 60, et passe à 41 mètres du Signal-de-Bord, qu'ellelaisse à droite.

Du Signal, elle descend le plateau côté du midi, pourse porter sur Celon. Dans ce trajet, on ne la reconnaitqu'à des indices; elle suit un chemin creux, croise auxMatherons l'ancien chemin d'Argenton à Limoges, croiseaussi l'ancienne route dc Paris à Toulouse, incline àdroite pour descendre la côte de Celon, au milieu d'unefutaie. coupée par la nouvelle route n° 20 de Paris àToulouse, elle entre dans la prairie de Celon, où elle semontre en relief, est coupée encore une fois par cettemème route dans ses mouvements tournants au pied dela côte et par le vieux chemin d'Ar genton à Limoges, aupassage de la rivière de Sosne, elle traverse un jardinet passe sous la maison d'école de Ce-Ion, laissant àgauche le vieux chemin de Limoges et la route de Tou-buse.

[e Celon, la voie va à la Villefranche-sur-l'Ahloiix.Dans ce parcours, elle traverse les jardins et les terres deCeton, passe au milieu des bétiinciits dit domaine desDions, puis se perd dans les champs cultivés. Ou la recon-nait à des indices nu carrefour d'un chemin allant àVigoux. Ici, elle entre dans un pacage à -17i) mètres de laroute de Paris à Toulouse, monte au Petit-Varenne, secroise avec le vieux chemin de Limoges, se confond dansla route de Paris à Toulouse jusqu'à la croix de la Jette.Là, elle entre dans une terre, longe la route et la coupeobliquement, au point 78k 9 du bornage, pour descendre àla Villefranehe. N'étant plus reconnaissable dans les terres

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remuées, et disparaissant sur d'autres points sous unecouche de terre, je n'ai pu m'assurer de sa trace qu'enfaisant des sondages et en observant des parties de cheminoù l'on reconnait la croûte siliceuse.

A la Villefranche, la voie creuse profondément son pas-sage dans le rocher granitique. Elle fraiiehissait proba-blement sur un pont la rivière de l'Ahloux, à cause deson encaissement profond, puis contournait la côte oppo-sée, passant près du moulin établi sur le cours d'eau del'Étang, à 1 kilomètre au delà.

I)e ce point jusqu'au village du Quéru, commune deParnac, mes recherches ont été sans profit ; je n'ai reconnuaucun indice. Ce n'est qu'au Quéru que la voie seretrouve ; elle traverse ce village, puis, coupée par lechemin vicinal n° () dÉguzoii àSaint-Benoit, elle passele long d'une haie qui l'occupe sur GO mètres de longueur,et continue dans une terre labourée sous laquelle elle dis-paraît bieti conservée, ainsi que je m'en suis assuré pardes sondages.

Ici se borne notre reconnaissance, nos instants n'ayantpas permis de pousser plus avant ; mais la voie tend versVersillac pour se joindre à la portion ètudiéc par M. Éliede Beaufurt, de Versillac u Breth.

De Breth, la voie se dirige sur le Grand-Bourg,Ahun et Croq. Celte partie de la ligne a été étudiéepar MM. le curé de Bellegarde et Feneau de la Souter-raine.

Une autre voie, d'une chaussée de 3 mètres (le largeur,que M. de Beaufort a reconnue partant de Breth et venants'embrancher à Monime dans la grande voie d'Argeritonà Bordeaux, n'est simplement qu'une annexe pour lacommunication de Breth avec Limoges. Elle n'en desser-vait pas moins Limoges et Argenton par Breili. Moni me

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est situé dans la Haute-Vieiiiie, à 9 kiIoiutres au delà deChâteau-Pongat.

Telles sont, Messieurs, les indications que j'ai purecueillir sur les voies romaines dans cette partie de notreBas-Berry.

Prévenu trop tard du jour de la session du Congrèsarchéologique, j'ai manqué de temps pour rédiger ce rap-port, que j'aurais voulu rendre plus complet.

J

imp. 3.