Les symptômes et les lésions de la Rage - globe … · qu’aux recommendations de l’OMS et de...

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Les symptômes et les lésions de la Rage Les symptômes de la rage chez les animaux Dr. Yves MOREAU Le virus de la rage, présent dans la salive d’un animal infecté, se multiplie à l’endroit de la morsure, et envahit les fibres nerveuses le long desquelles il progresse pour atteindre le cerveau au bout d’un temps plus ou moins long selon l’espèce animale, mais surtout selon la localisation de cette morsure. Apparaissent alors les signes cliniques et les lésions sur le cerveau, siège d'une multiplication virale intracytoplasmique. Ils se traduisent par un ou plusieurs signes suivants : excitabilité, agitation, agressivité inhabituelle, perte de prudence habituelle (renards), comportements vicieux ou attaques, (morsure), salivation excessive (écume dans la gueule), dégoût de l’eau (hydrophobie), incapacité à boire ou à déglutir, pupilles dilatées, dysfonctionnement musculaire, irrégularité de la coordination ou de la démarche, paralysie, convulsions et finalement mort. Ces symptômes sont ceux de la rage furieuse. Certains animaux atteints de rage ne montrent pas les signes cliniques précédents, c’est la rage muette mais ils évitent le contact avec l’homme, sont atteints d’anorexie, de léthargie et finalement meurent. Ce n’est que l’autopsie qui révèle la rage. de Pierre Victor GALTIER à nos jours La Rage Les symptômes de la rage chez l' homme Les lésions de la rage Les premiers signes sont l’irritabilité, une dépression inexplicable, des maux de tête, de la fièvre, des hallucinations, une insomnie et parfois une démangeaison intense et/ou une douleur à l’endroit mordu. Finalement, la maladie évolue vers la paralysie, des spasmes des muscles de la gorge, des convulsions, le délire, le coma et la mort par insuffisance respiratoire. Il n’existe pas de lésions macroscopiques de la rage mais des lésions microscopiques. - Non spécifiques Une encéphalomyélite virale, des lésions inflammatoires, ganglionnaires, vasculaires ou péri vasculaires et cellulaires, retrouvées avec d’autres infections virales. - Spécifiques Au niveau du cerveau (corne d’Ammon et cellules pyramidales du cortex) et du cervelet, on observe des inclusions éosinophiles intracytoplas- miques de structure hétérogène appelées corps de Negri. Ce sont des sites de multiplication virale intracytoplasmique. A l’apparition des symptômes entre 3 et 8 semaines, la rage ne peut plus être traitée : elle est inéluctable (voir poster n° 11) Il faut donc intervenir rapidement

Transcript of Les symptômes et les lésions de la Rage - globe … · qu’aux recommendations de l’OMS et de...

Les symptômes et

les lésions de la Rage

Les symptômes de la rage

chez les animaux

Dr. Yves MOREAU

Le virus de la rage, présent dans la salive d’un animal infecté, se multiplie à l’endroit de la morsure, et envahit les fibres nerveuses le long desquelles il progresse pour atteindre le cerveau au bout d’un temps plus ou moins long selon l’espèce animale, mais surtout selon la localisation de cette morsure. Apparaissent alors les signes cliniques et les lésions sur le cerveau, siège d'une multiplication virale intracytoplasmique.

Ils se traduisent par un ou plusieurs signes suivants : excitabilité, agitation, agressivité inhabituelle, perte de prudence habituelle (renards), comportements vicieux ou attaques, (morsure), salivation excessive (écume dans la gueule), dégoût de l’eau (hydrophobie), incapacité à boire ou à déglutir, pupilles dilatées, dysfonctionnement musculaire, irrégularité de la coordination ou de la démarche, paralysie, convulsions et finalement mort. Ces symptômes

sont ceux de la rage furieuse.

Certains animaux atteints de rage ne montrent pas les signes cliniques précédents, c’est la rage

muette mais ils évitent le contact avec l’homme, sont atteints d’anorexie, de léthargie et finalement meurent. Ce n’est que l’autopsie qui révèle la rage.

de Pierre Victor GALTIER

à nos jours

La Rage

Les symptômes de la rage

chez l'homme

Les lésions de la rage

Les premiers signes sont l’irritabilité, une dépression inexplicable, des maux de tête, de la fièvre, des hallucinations, une insomnie et parfois une démangeaison intense et/ou une douleur à l’endroit mordu. Finalement, la maladie évolue vers la paralysie, des spasmes des muscles de la gorge, des convulsions, le délire, le coma et la mort par insuffisance respiratoire.

Il n’existe pas de lésions macroscopiques de la rage mais des lésions microscopiques.

- Non spécifiques

Une encéphalomyélite virale, des lésions inflammatoires, ganglionnaires, vasculaires ou péri vasculaires et cellulaires, retrouvées avec d’autres infections virales.

- Spécifiques

Au niveau du cerveau (corne d’Ammon et cellules pyramidales du cortex) et du cervelet, on observe des inclusions éosinophiles intracytoplas-miques de structure hétérogène appelées corps de Negri. Ce sont des sites de multiplication virale intracytoplasmique.

A l’apparition

des symptômes entre

3 et 8 semaines, la rage ne peut plus

être traitée :

elle est inéluctable (voir poster n° 11)

Il faut donc intervenir rapidement

Les vaccins

antirabiques

pour les animaux domestiquesDr Gilles CHAPPUIS

Le premier vaccin antirabique expérimental

administré aux chiens et aux lapins résulte

des travaux de Pierre Victor GALTIER et Louis

PASTEUR (1881-1887). Il s’agissait du vaccin prototype destiné à la prévention et au traitement de la rage humaine.

Pour cette rage humaine, essentiellement d’origine canine, les mesures de prophylaxies médicale et sanitaire devaient prendre en considération la vaccination des chiens domestiques ou errants. Jusqu’en 1948, les vaccins antirabiques

vétérinaires étaient préparés à l’aide de la

souche « fixe » de PASTEUR à partir d’un

broyat de cerveau d’animal infecté (mouton le plus souvent) inactivé par un agent chimique

(phénol, formol, chloroforme) ou par la chaleur

et les rayons ultra-violets.

Ces vaccins avaient une efficacité très irrégulière souvent due à une mauvaise standardisation des méthodes de fabrication et de contrôles.

À partir des années 1948-1955 le développement des cultures de cellules in vitro et l’adaptation du virus rabique à ces cellules a permis de développer des vaccins vivants atténués dans leur virulence (souches HEP, LEP, ERA). Ces vaccins avaient montré une excellente efficacité mais laissaient persister quelques défectuosités en matière d’innocuité.

À partir des années 1960, l’adaptation et la

culture industrielle du virus « fixe » de PASTEUR

sur des cellules en lignées de hamster, a permis

d’aboutir, après inactivation par la Betapro-

piolactone et l’addition de gel d’alumine, au

vaccin inactivé de référence aujourd’hui le

plus répandu dans le monde ; vaccin totalement inoffensif et susceptible d'induire une immunité de longue durée après une seule injection, non seulement chez les chiens mais aussi sur toutes les espèces animales domestiques susceptibles d’être infectées par le virus rabique et de contaminer éventuellement l'homme.

Ce vaccin préventif répond à des normes standardisées très sévères décrites dans les pharmacopées européenne et américaine, ainsi qu’aux recommendations de l’OMS et de l’OIE. Ce vaccin, utilisé rationnellement à large

échelle, en accompagnement de mesures

sanitaires a déjà permis d’éradiquer la rage

canine (et féline) dans de nombreuses régions

frappées par l’endémie rabique.

De plus, ce vaccin peut être associé à d’autres valences vaccinales afin de constituer des vaccins « multivalents » et faciliter ainsi les programmes de vaccinations destinés aux diverses espèces d’animaux domestiques.

de Pierre Victor GALTIER

à nos jours

La Rage

Vaccins« multivalents »

RAGE

+ fièvre aphteuse

pour les bovins

RAGE

+ grippe pour

les chevaux

RAGE

+ Maladie de Carré,

Hépatite, Parvovirose,

Leptospiroses

d

es chiens

RAGE

+ Panleucopénie

+ maladies

respiratoires

d

es chats

Vaccination des chiens au Mexique de 1990 à 2005

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1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005

7,17,5

9,1 9,3 9,7

10,610,9 11,1

12,613,3

13,7

14,9

15,9 16,2 1616,6

Nombre de chiens vaccinés (en millions) annuellement (vaccin merial)

Evolution du nombre de cas annuels de rage canine de 3 049 cas à 110 cas

Evolution du nombre de cas annuels de rage humaine de 60 à 2 cas

Vaccination canine

de masse au Pérou avec Bioforce

Claude LARDY

de Pierre Victor GALTIER

à nos jours

La Rage

L'Institut Bioforce développement créé par

Charles MÉRIEUX en 1983 pour la formation à

la logistique de terrain, est un centre de formation et d’orientation qui vise à rendre plus efficaces les actions de solidarité et d’appui au développement. Ecole de l’engagement, Bioforce permet aux individus de s’engager de façon responsable et équilibrée.

La formation Bioforce repose sur une pédagogie tournée vers la pratique : mises en situation, des jeux de rôles et des études de cas issus directement du terrain.

1985 : l’Ordre de Malte alerte Charles MÉRIEUX, très connu en Amérique Latine suite à l’exceptionnelle opération de vaccination contre la méningite au Brésil, sur la situation dramatique de la population péruvienne soumise à des risques très élevés de rage par suite de la multiplication de chiens errants contaminés.

Charles MÉRIEUX s’inspirant du plan de lutte mis en application en France lors de l’apparition de la maladie dans l’Est et le Centre du pays, pour le contrôle de l’épizootie avec un objectif d’éradication, préconise la vaccination des animaux domestiques (chiens et chats), surtout les chiens errants, principaux vecteurs de la maladie.

Ce plan basé sur la vaccination généralisée

des animaux « domestiques » rendue possible grâce au vaccin de nouvelle génération (voir poster n°6), hautement efficace et parfaitement toléré mis au point par l’Institut Mérieux, doit être complété d’une approche logistique de qualité et de règles rigoureuses de sécurité pour le rassemblement des animaux et leur identification après vaccination.

Charles MÉRIEUX fait appel à une équipe de

stagiaires du Centre Bioforce formés à la logistique de terrain.

Ainsi, sous le patronage de la PAO et de l’Ordre de Malte, le contrôle vétérinaire du Pr Bruno CHOMEL de l’Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon et l’encadrement de Marie-Christine MAUFRAIS, Dr Vétérinaire, le plan de vaccination des chiens et chats, familiers de l’homme, est lancé avec l’appui logistique « Bioforce. » et le concours des Vétérinaires locaux.

Les prélèvements de sang effectués pour le contrôle des résultats ont confirmé des taux élevés d’anticorps témoignant d’une bonne protection des animaux vaccinés, ce qui s’est traduit par une réduction très importante des risques de contamination

Cette opération a confirmé s’il en était besoin

le concept « sans frontières entre l’homme et

l’animal » cher à Charles MÉRIEUX, et l’efficacité de la vaccination des vecteurs animaux pour la protection de la santé humaine.

Contrôle de la Rage

sylvatique en France Michel AUBERT

Le 26 mars 1968, après un silence de près de 50 ans en France, la rage était signalée sur un

renard dans le département de la Moselle. La première mission du "Centre d'Etudes sur la Rage" créé en 1971 à Malzéville (près de Nancy) pour répondre à ce problème fut de suivre la progression de l'épizootie : celle-ci allait contaminer le tiers de la France métropolitaine.

Les autres missions du laboratoire furent le contrôle des vaccins vétérinaires contre la rage et toute recherche propre à lutter contre l'enzootie. Ces recherches inclurent la pathogénie de la rage, ses modes de propagation sur le terrain, les conséquences de l'infection du renard sur son comportement et sa démographie. Cette rage était en effet d’un type nouveau, différent de la rage du chien des temps pastoriens. Nos recherches eurent des conséquences pratiques de première importance puisqu'elles démon-trèrent l’existence d’une barrière d’espèce, mirent en évidence les réponses démographiques et comportementales de l'espèce vectrice à cette infection et expliquèrent l'inutilité de la destruction systématique des renards pour lutter contre l'enzootie.

Résultats qui motivèrent l’abandon de cette mesure au profit de la vaccination des renards. C’est le développement de vaccins efficaces par

voie orale mais sans pathogénicité résiduelle (y compris pour l'Homme) (voir poster n°9), la mise au point de cette méthode sur le terrain et son organisation par le laboratoire de Malzéville qui ont permis l'élimination de l'enzootie 30 ans après son entrée sur notre territoire.

de Pierre Victor GALTIER

à nos jours

La Rage

Suisse

Allemagne

1969

1971

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500

1 500

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2 500

3 000

3 500

4 000

4 500Nombre de cas de rage de 1968 à 1990

4 500

4 000

3 500

3 000

2 500

2 000

1 500

1 000

500

0

1988

1990

1992

1994

1996

1998

2000

1 2 0

à moins de 1 kmde la frontière allemande

1 renard 1 chat et1 renard

Nombre de cas de rage en France de 1998 à 2000

Automne 1990 : la «barrière immunitaire»

Barrière immunitaire

printemps 1989

Zones vaccinées à partir du :

automne 1989printemps 1990

automne 1989

0

10 000

Aut

omne

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Prin

tem

ps 1

987

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Prin

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Prin

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700

600

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400

300

200

100

Surface vaccinée (km2) Nombre de cas de rage

Chaque territoire est occupé par1 renard / 1 groupe (couple / famille / autre)

CONTRÔLE DE LA RAGE :

une alternative

Malgré la réduction de la population, la probabilité de contacts entre

renards enragés et renards susceptibles ne change pas

Les territoires vides sont ré-occupés par des renardeaux ou des renards

qui se séparent du groupe.

VACCINATION de 50%des renards

DESTRUCTION de 50%de la population

R

R

La fréquence des contacts infectieuxentre territoires est diminuée

La vaccination de

la faune sauvage

contre la RageDr Jean-Christophe AUDONNET

La mise au point du vaccin contre la rage par Louis PASTEUR a permis d’apporter aux médecins un traitement efficace contre une maladie jusque là inéluctablement mortelle. Cependant la circulation du virus de la rage parmi les carnivores domestiques (chiens errants = « rage des villes » au XIXème siècle) ou sauvages (loups aux XIXème siècle, puis renards à partir de 1960 en Europe = « rage des forêts ou rage sylvatique ») continuait à présenter une menace permanente pour les populations d’animaux d’élevage et les populations humaines.

Un groupe de chercheurs vétérinaires français et belges a alors l’idée au début des années 1980 de vacciner les renards par voie orale. C’est en combinant, grâce aux techniques nouvelles du génie génétique, les inventions de JENNER (virus de la vaccine) et de PASTEUR (vaccin de la rage) que cette idée a été effectivement appliquée sur le terrain.

L’idée princeps a été d’utiliser le virus de la vaccine (infectieux par voie orale chez le renard, mais complètement inoffensif) comme « vecteur » pour le gène de la glycoprotéine G responsable de l’induction de la protection contre la rage. Ce vaccin a été appelé « Raboral V-RG® » (V pour « Vaccine » et RG pour « Rage G »). Il a été enregistré au niveau européen en 1995 (voir poster n°8).

Son efficacité particulière est liée à la conception

d’un appât spécifique, fabriqué à partie de farine et d’huile de poisson, mélange très odorant et très attractif pour les renards ! Compte tenu des environnements (forêts) et des très grandes surfaces à vacciner, les appâts contenant le vaccin sont le plus souvent distribués avec des moyens aériens (avion ou hélicoptère).

L’application de ce vaccin en Europe de 1990 à 1996 (plus de 10 millions de doses utilisées sur le terrain), sur la base de campagnes de vaccination

très organisées, a permis d’éradiquer la rage

en France et en Bénélux en 3 ans alors que plus de 15 ans de lutte par des moyens classiques de destruction des renards n’avaient eu aucun effet.

Le succès de cette approche vaccinale en

Europe a convaincu les autorités américaines

d’utiliser Raboral V-RG® pour la lutte contre la

rage aux USA à partir de 1990. Bien que les espèces vectrices soient aux USA différentes (renard gris, raton laveur, coyote, mouffette…), le vaccin Raboral V-RG® a démontré une très grande efficacité et a directement contribué à l’éradication de la rage en quelques années dans les régions traitées.

A ce jour, plus de 100 millions de doses de

Raboral V-RG® ont été utilisées, et les campagnes d’éradication de la rage se poursuivent ou sont initiées dans des pays aussi divers que : Russie, Ukraine, Pologne, Israël, Corée du Sud*, Sri Lanka…

Il est à noter que des vaccins vivants atténués de la rage sont également utilisés, à une échelle plus faible (Suisse, Allemagne) pour les campagnes de vaccination orale. Ces vaccins sont en général beaucoup plus fragiles dans l’environnement et nécessitent une distribution demandant plus de main-d’œuvre.

de Pierre Victor GALTIER

à nos jours

La Rage

* En particulier, la Zone de Défense Militaire (no man’s land entre la Corée du Nord et

la Corée du Sud)

100 millions de doses

Raboral V-RG®

Raboral V-RG® a été révolutionnaire à l’époque

et c’est par ailleurs un exemple emblématique à plusieurs titres

1er vaccin commercial vivant obtenu par génie génétique

utilisé à grande échelle dans l’environnement sur des animaux sauvages

avec un système spécifique de distribution (appât)

Mérial