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Master II Economie Sociale et Solidaire Université Lumière Lyon II Mémoire de Stage 31Août 2009 Les structures d’insertion par l’activité économique et l’évolution de leur environnement le défi d’une double problématique, développer une situation économique viable au profit d’un projet social. Sous la direction de Monsieur Jérôme BLANC Tutrice de stage : Madame Armelle MARTIN / directrice de RDI. Date de Soutenance : Mardi 8 Septembre 2009 Auteur : Fabien LIANZON

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Master II Economie Sociale et Solidaire Université Lumière Lyon II

Mémoire de Stage 31Août 2009

Les structures d’insertion par l’activité économique et l’évolution de leur environnement

le défi d’une double problématique, développer une situation économique viable au profit d’un projet social.

Sous la direction de Monsieur Jérôme BLANC

Tutrice de stage : Madame Armelle MARTIN / directrice de RDI.

Date de Soutenance : Mardi 8 Septembre 2009

Auteur : Fabien LIANZON

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AAVVAANNTT PPRROOPPOOSS

Ce travail est issu de ma mission de stage d’une durée de 5 mois, réalisée au sein de

l’Association Rhône Développement Initiative. En réalisant le suivi d’une 40aine de

structures appartenant à l’Economie Sociale et Solidaire et ayant été financées par RDI, j’ai

pris conscience des enjeux qui traversent ce secteur aujourd’hui. J’ai donc progressivement

muri mon sujet de mémoire en cherchant à rendre de compte de la contribution de RDI, et du

réseau France Active dans son ensemble, auprès des acteurs de l’ESS.

J’ai donc décidé de me concentrer sur les structures de l’Insertion par l’Activité Economique

et plus particulièrement sur leur particularité de devoir se positionner à la fois sur un plan

économique et sur un plan social. Mon choix de traiter uniquement des SIAE s’explique pour

plusieurs raisons. Tout d’abord je suis particulièrement sensibilisé à ce secteur, mais au-delà,

il me fallait cibler davantage les structures concernées, tant l’ESS regroupe des cas divers et

variés. De plus, parmi les structures que j’ai rencontrées dans le cadre de ma mission, la

moitié appartiennent au monde de l’IAE. Pour autant bon nombre de remarques figurant dans

ce travail peuvent être aisément généralisées au monde de l’ESS dans son ensemble.

Ce mémoire vise donc à comprendre plus précisément le monde des SIAE et le rôle d’acteurs

tels que RDI auprès des structures concernées. L’enjeu est de comprendre pourquoi les SIAE

se retrouvent face à un tel défi, à savoir se développer économiquement pour accomplir leur

mission sociale d’insertion. Il s’agit également de comprendre par quels moyens les SIAE

peuvent y parvenir et ainsi, d’analyser le rôle d’acteurs tels que RDI dans une telle démarche.

Ce travail se base sur une large bibliographie, essentiellement tirée d’articles de revues

spécialisées, de quelques ouvrages mais également de comptes rendus de séminaires,

d’ateliers thématiques et d’études réalisées par les acteurs de l’IAE, les têtes de réseau

notamment. La documentation produite par le réseau France Active m’a également été très

précieuse. Ce travail tient également beaucoup de l’expérience du terrain et de l’analyse de la

réalité des SIAE, tant dans leurs difficultés que dans leurs succès.

A ce titre, je souhaiterais remercier Messieurs Charrassin, Abdellaoui, Weber et Faucher, pour

avoir accepté que leurs structures soient citées dans ce travail, tant elles représentent des

exemples pertinents. Je tiens également à remercier mon tuteur universitaire, M. Blanc, pour

sa présence et ses précieux conseils. Enfin, un grand merci à Mlle Martin, ma tutrice de stage

et directrice de RDI, ainsi qu’à l’ensemble de l’équipe de l’association, pour m’avoir permis

de réaliser une mission captivante, et ce, en m’assurant un soutien et un accueil exemplaires.

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TTAABBLLEE DDEESS MMAATTIIEERREESS

AAVVAANNTT PPRROOPPOOSS .............................................................................................................................................. 2

TTAABBLLEE DDEESS MMAATTIIEERREESS ..................................................................................................................................... 3

IINNTTRROODDUUCCTTIIOONN ............................................................................................................................................... 5

PPAARRTTIIEE 11 :: LLEESS SSIIAAEE FFAACCEE AA DDOOUUBBLLEE DDEEFFII :: UUNN DDEEVVEELLOOPPPPEEMMEENNTT EECCOONNOOMMIIQQUUEE NNEECCEESSSSAAIIRREE AA LLAA

CCOONNDDUUIITTEE DDUU PPRROOJJEETT SSOOCCIIAALL.. .................................................................................................................... 11

I. UN CONTEXTE EN MUTATION POUR ORIGINE. .................................................................................................... 11

AA.. LL’’éévvoolluuttiioonn dduu ccaaddrree rréégglleemmeennttaaiirree :: ddééffiinniittiioonn eett ccoonnssééqquueenncceess ddeess nnoouuvveelllleess mmooddaalliittééss ddee

ccoonnvveennttiioonnnneemmeenntt.. .............................................................................................................................................................................................................................................................. 1111

A.1 Les nouvelles modalités de conventionnement et la dynamique de réforme profonde des politiques publiques.

.................................................................................................................................................................................. 11 A.2 Les nouvelles modalités de conventionnement et leurs conséquences pour les SIAE. ...................................... 13

BB.. LLee ffiinnaanncceemmeenntt ddeess SSIIAAEE :: àà nnoouuvveelllleess llooggiiqquueess,, nnéécceessssiittéé ddee nnoouuvveelllleess ssttrraattééggiieess.. ............................................ 1155

B.1 Des logiques de financement public toujours plus contraignantes… ................................................................. 15 B.2 … qui impliquent le développement de nouvelles stratégies. ............................................................................ 17

CC.. LL’’IIAAEE ffaaccee aauu pprriinncciippee ddee ccoonnccuurrrreennccee eett aauuxx llooggiiqquueess eennttrreepprreenneeuurriiaalleess :: eennttrree ccoonnttrraaiinntteess eett

ooppppoorrttuunniittééss.. ................................................................................................................................................................................................................................................................................ 1188

C.1 Le défi du principe de concurrence : quel avenir de l’IAE dans le contexte communautaire ? .......................... 18 C.2 SIAE et commande publique : à la recherche d’un « juste milieu ».................................................................... 20

II. DES DIFFICULTES AVEREES COMME RESULTAT. ................................................................................................... 23

AA.. LLeess SSIIAAEE eett lleeuurr iinnssccrriippttiioonn ddaannss ll’’ééccoonnoommiiee :: ddeess aacctteeuurrss mmééccoonnnnuuss ssoouummiiss aauuxx aallééaass ddee llaa

ccoonnjjoonnccttuurree.. .................................................................................................................................................................................................................................................................................... 2233

A.1 Un manque de reconnaissance et une connotation encore péjorative de «l’insertion». .................................. 23 A.2 Les SIAE face à la réalité économique : concurrence et conjoncture. ................................................................ 24

BB.. LLeess SSIIAAEE aauu sseeiinn dd’’uunn eennvviirroonnnneemmeenntt ppoolliittiiqquuee mmoouuvvaanntt eett iinncceerrttaaiinn...................................................................................... 2266

B.1 L’évaluation des résultats et le développement de stratégies de court terme. ................................................. 26 B.2 Frilosité des acteurs publics et hétérogénéité de leur implication. .................................................................... 26

CC.. DDeess oouuttiillss eett ccoommppéétteenncceess ddee ggeessttiioonn eennccoorree ffrraaggiilleess.. .................................................................................................................................... 2288

C.1 Une maîtrise du cycle d’exploitation à perfectionner. ....................................................................................... 28 C.2 L’épineuse question de la gestion des ressources humaines. ............................................................................ 30

PPAARRTTIIEE 22 :: LLEESS SSOOLLUUTTIIOONNSS PPEERRMMEETTTTAANNTT DDEE RREENNDDRREE CCEE DDEEFFII PPOOSSSSIIBBLLEE.. ................................................. 32

I. REUNIR LES FACTEURS CLES : LA DEFINITION D’UN PROJET D’INSERTION, UN DEVELOPPEMENT ECONOMIQUEMENT VIABLE. 32

AA.. AAssssuurreerr uunn ddéévveellooppppeemmeenntt ééccoonnoommiiqquuee aaddaappttéé àà uunn tteerrrriittooiirree.. ...................................................................................................... 3322

A.1 Prendre en compte la spécificité/réalité du territoire. ...................................................................................... 32 A.2 La professionnalisation, garant du développement économique. ..................................................................... 33

BB.. NNee ppaass oouubblliieerr ll’’eesssseennttiieell :: ddééffiinniirr ssoonn pprroojjeett dd’’iinnsseerrttiioonn.. .......................................................................................................................... 3366

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B.1 Des démarches d’évaluation de plus en plus nombreuses : quels enjeux ? ....................................................... 36 B.2 La définition de critères pour mesurer l’utilité sociale : une question délicate. ................................................ 39

CC.. LLaa mmiissee eenn œœuuvvrree ddeess ffaacctteeuurrss ddee rrééuussssiittee :: qquueelllleess ppeerrssppeeccttiivveess ?? .............................................................................................. 4433

C.1 Le développement durable : de fortes opportunités et « une orientation naturelle » pour les SIAE................. 43 C.2 Les clauses d’insertion dans les marchés publics : une grande opportunité pour les SIAE de mettre en

cohérence leur « multi dimensionnalité ». ............................................................................................................... 44

¤ LA REUNION DES FACTEURS CLE : LE RESEAU ENVIE, UN EXEMPLE PERTINENT AU REGARD DES STRUCTURES ENVIE

RHONE ET ENVIE SUD EST.................................................................................................................. 46

II. L’EXISTENCE D’ACTEURS POUR L’ACCOMPAGNEMENT ET LE FINANCEMENT DES SIAE : L’ACTION ET LE POSITIONNEMENT DE

RHONE DEVELOPPEMENT INITIATIVE. ........................................................................................................................ 51

AA.. LL’’eexxiisstteennccee ddee nnoommbbrreeuuxx aacctteeuurrss ppoouurr rrééppoonnddrree aauuxx bbeessooiinnss ddeess SSIIAAEE.. ................................................................................ 5511

A.1 Présentation des différents acteurs pouvant intervenir. ................................................................................... 51 A.2 RDI et France Active: une intervention au plus près des acteurs de l’IAE. ......................................................... 53

BB.. LLeess oouuttiillss mmoobbiilliissééss ppaarr RRDDII :: uunn llaarrggee ppaanneell aaddaappttéé aauuxx ddiifffféérreenntteess pprroobblléémmaattiiqquueess rreennccoonnttrrééeess..

5555

B.1 Les outils de financement et le suivi des structures. .......................................................................................... 55 B.2 Le Dispositif Local d’Accompagnement comme soutien au développement du monde associatif. ................... 58

CC.. UUnnee iinntteerrvveennttiioonn aayyaanntt ffaaiitt sseess pprreeuuvveess eett ppoouuvvaanntt aalllleerr pplluuss llooiinn.. ............................................................................................ 5599

C.1 Exemples d’interventions révélatrices. ............................................................................................................... 59

¤ ENVIE RHONE ET ENVIE SUD EST : PLUSIEURS INTERVENTIONS EN REPONSE A DES BESOINS DIVERS. ..................................... 59 ¤ LA MOBILISATION DU DLA ET D’OUTILS FINANCIERS AU SERVICE D’UNE JEUNE EI : LE CAS ALTEV. ....................................... 60 ¤ UNE PRISE DE RISQUE DE RDI AYANT CONTRIBUE AU « SAUVETAGE » DE MENAGES SERVICES. ........................................... 63

C.2 Préconisations et recommandations. ................................................................................................................. 64 ¤ DEVELOPPER UNE PEDAGOGIE ECONOMIQUE ET UN SUIVI PLUS RENFORCE EN DIRECTION DES SIAE. .................................... 65 ¤ UNE PRESENCE PLUS FORTE SUR LE TERRITOIRE. ........................................................................................................ 66 ¤ UNE MEILLEURE COORDINATION DES ACTEURS. ......................................................................................................... 67

CCOONNCCLLUUSSIIOONN ................................................................................................................................................. 68

BBIIBBLLIIOOGGRRAAPPHHIIEE ............................................................................................................................................. 71

LLIISSTTEE DDEESS SSIIGGLLEESS ........................................................................................................................................... 74

AANNNNEEXXEESS ....................................................................................................................................................... 75

ANNEXE 1 : LES 4 AXES DU « PROJET D’INSERTION » QUE DOIVENT FORMALISER LES SIAE – (CNAR-IAE, JANVIER 2009,26-27).

.......................................................................................................................................................................... 75 ANNEXE 2 : LES SIAE – CADRE JURIDIQUE (DARES, 2008,12). .................................................................................... 76 ANNEXE 3 : VERS UN CONTRAT UNIQUE D’INSERTION. ................................................................................................. 77 ANNEXE 4 : LES OUTILS D’ANALYSE FINANCIERE (DETAIL DE LA PAGE N°33. ....................................................................... 78 ANNEXE 5 : LES DOMAINES SUR LESQUELS LE RESEAU FRANCE ACTIVE EST SUSCEPTIBLE D’INTERVENIR. .................................. 80 ANNEXE 6 : LES OUTILS D’INTERVENTION FINANCIERE DE RDI ET FRANCE ACTIVE. .............................................................. 81

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IINNTTRROODDUUCCTTIIOONN

« L'économie sociale et solidaire désigne un ensemble d'initiatives économiques à

finalité sociale qui participent à la construction d'une nouvelle façon de vivre et de penser

l'économie […]. Elle place la personne humaine au centre du développement économique et

social.». De cette définition de l’Economie Sociale et Solidaire, issue de la 2nde rencontre

internationale sur la globalisation de la solidarité qui s’est déroulée en 2001, plusieurs

éléments attirent particulièrement l’attention. « Initiatives économiques à finalité sociale »

plaçant « la personne humaine au centre du développement », telle semble être la

caractéristique même de l’ESS mais aussi le point de départ à notre réflexion. Avant de

poursuivre l’analyse, il convient de revenir brièvement sur cette notion d’ESS, dont le rôle

économique représente 11% du PIB et 12% de l’emploi, bien qu’elle souffre d’un relatif

manque de notoriété et de reconnaissance (Seghers, Allemand, 2007, 11). L’appellation

Economie Sociale réunit l’ensemble des structures sous forme de coopératives, mutuelles,

associations et fondations regroupant des traits communs qui les différencient des entreprises

« classique » à savoir la libre adhésion, la démocratie (une personne = une voix), la non-

lucrativité (ou lucrativité limitée), une utilité sociale, la primauté de l’homme sur le capital

etc. L’ensemble de ces principes se retrouve bien évidemment dans les structures de

l’Economie Solidaire, la distinction entre les deux provenant davantage de considérations

statutaires et de « public cible ». L’Economie Solidaire est apparue dans un contexte de

délitement de l’Etat Providence ne parvenant plus à assurer le plein emploi et à prendre en

charge un nombre d’exclus ne cessant de s’accroître. Elle regroupe les secteurs de l’Insertion

par l’Activité Economique (IAE), l’épargne solidaire, le commerce équitable. Il est donc

certain et reconnu de manière unanime que l’ESS fait d’abord référence à des valeurs et

principes censés être respectés tant dans la mission des structures que dans leur

fonctionnement.

Une des principales tensions qui traverse l’ensemble des acteurs de l’ESS aujourd’hui

provient de leur spécificité même à devoir gérer la conjonction d’une activité marchande avec

un service rendu à un public, autrement dit à se situer « entre valeurs et logique de marché ».

L’objet de ce travail vise à s’interroger plus particulièrement sur le monde de l’IAE et sur la

manière dont les structures concernées font face et parviennent ou non à relever ce paradoxe.

A la fois placées dans une logique économique et dans une logique sociale, ces organisations

de l’IAE mettent en relation deux mondes généralement reconnus comme étant difficiles à

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assembler (Boncler & Hlady-Rispal, 2003, 50). Avant d’étudier les modalités d’une telle mise

en relation, revenons sur ce que l’on associe à l’IAE.

D’après la loi du 29 juillet 1998 relative à la lutte contre l’exclusion « L’IAE a pour mission

de permettre aux personnes rencontrant des difficultés sociales et professionnelles d’accéder

à un emploi en leur proposant des mesures d’accueil et d’accompagnement. Le passage dans

les structures de ce secteur est considéré comme une première étape pour faciliter le retour

des personnes les plus en difficulté sur le marché de l’emploi classique. Les structures

concernées sont les associations intermédiaires (AI), les entreprises d’insertion (EI), les

entreprises de travail temporaire d’insertion (ETTI) et les ateliers et chantiers d’insertion

(ACI) » (DARES, 2008, 12). Ainsi, les organisations de l’IAE assurent simultanément, un

accompagnement social individualisé des personnes travaillant en insertion ainsi qu’une

activité économique dans l’optique de leur permettre d’acquérir des compétences pouvant leur

donner, par la suite, accès au marché du travail.

C’est à partir des années 70, dans un contexte nouveau d’élévation du chômage, que les

premières initiatives ont vu le jour, avec pour but premier le renouvellement des politiques

sociales traditionnelles face à un phénomène en développement, à savoir l’exclusion. En

termes de lutte contre le chômage, ce type d’innovations a marqué le début des politiques

sociales « actives » se donnant pour mission la réinsertion socioprofessionnelle des publics

exclus de l’emploi. 1965, marque la date du premier atelier de travail informel. Dès 1970 sont

ensuite créées les premières entreprises sociales liées aux Centre d’Hébergement et de

Réadaptation Sociale (CHRS) qui ne visent pas l’emploi des publics mais bien leur autonomie

par le travail. Dénonçant le travail social comme moyen de contrôle des populations en

difficulté, rejetant le concept de « handicap social » qui permit un temps de justifier

l’insertion, et souhaitant proposer une alternative à la domination d’une économie libérale et

de marchés, des travailleurs sociaux inventèrent des entreprises d’insertion fonctionnant en

autogestion via notamment la participation des publics en insertion à son organisation (Eme,

2007). Ainsi l’insertion est rapidement apparue comme le pendant de l’assistance en prônant

des valeurs et principes de responsabilisation et d’autonomisation (Eme, 2007). Il fallut dès

lors attendre 1979 et une circulaire de la Direction Générale de la l’Action Sociale pour

encourager la démultiplication de telles initiatives. Au cours de la décennie 80, les différentes

formes de SIAE ont été petit à petit reconnues : en 1983 la première association

intermédiaire (AI) est créée avec pour mission, la mise à disposition de demandeurs

d’emploi à des particuliers, entreprises et associations; une circulaire d’Avril 1985 est venue

légitimer les « PME d’insertion », soit les Entreprises d’Insertion (dont l’appellation date de

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la circulaire de 1989), étant soumise aux contraintes concurrentielles et se devant

d’embaucher des jeunes en difficulté. L’ère 1990 marque la période de l’institutionnalisation

du monde de l’IAE avec la promulgation des Entreprises de Travail Temporaire

d’Insertion (ETTI) en 1991. Dans un contexte particulièrement difficile, avec le durcissement

des processus d’exclusion ayant marqué les années 1993-1996, les EI ne sont plus parvenues à

prendre en charge les plus vulnérables, si bien que les Ateliers Chantiers d’Insertion (ACI)

se sont à cette période multipliés, proposant des actions plus encadrées, plus ponctuelles et

moins formalisées. Il faut attendre 1998 et la loi de lutte contre les exclusions pour voir le

statut des SIAE figuré au Code du Travail (depuis 2005 seulement pour les ACI). Cette loi du

29 juillet 1998, outre la définition qu’elle apporte à l’IAE, marque également une étape

fondamentale dans sa reconnaissance et sa clarification. Un cadre juridique général est dès

lors posé et définit 3 principes : un conventionnement systématique avec l’État déterminant

notamment les modalités et conditions de l’aide financière attribuée à chaque structure, un

agrément Pôle Emploi des publics accueillis dans les SIAE et la création d’un organe

gestionnaire gérant le dispositif sur chaque département, à savoir le conseil départemental de

l’insertion par l’activité économique (CDIAE).

Il est important de souligner que les structures que l’on associe généralement au secteur de

l’IAE sont cependant loin d’être homogènes, d’autant plus dans le cadre de notre sujet. Tandis

que les EI voient en moyenne leur produit d’exploitation être assuré à 80% par leur activité

économique et à 20% par des aides financières de type subventions, la répartition est inverse

pour les ACI. On comprend aisément que la nécessité de développer une activité économique

viable est beaucoup plus pressante sur les EI. Toutefois, les ACI se doivent et développent

également des activités économiques. Il est cependant vrai que les ACI, du fait du profil des

publics qu’elles accueillent, s’orientent souvent vers des activités peu rentables. En gardant

bien cette distinction et les nuances qui peuvent exister entre SIAE à l’esprit, ce travail

s’intéressera au monde de l’IAE dans son ensemble.

La loi de programmation de cohésion sociale, est venue, en date du 18 janvier 2005,

réaffirmer la place de l’IAE dans la lutte contre le chômage et l’exclusion. Pour permettre aux

structures de mener à bien une telle mission, des moyens renforcés sont mis à leur

disposition à savoir une aide à l’accompagnement, dont le versement mensuel est confié à un

unique payeur depuis 2005, le Centre National pour l’Aménagement des Structures des

Exploitations Agricoles (DARES, 2008, 12). Cette dernière loi de 2005 semble avoir impulsé

un réel dynamisme au sein de l’IAE. Ce secteur apparaît comme un véritable acteur de lutte

contre le chômage et l’exclusion et poursuit, non sans encombres, son essor. Les données de

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2003 identifiaient pas loin de 2100 structures (Jeantet, 2006, 87). En 2006, 250 000 salariés en

insertion ont été pris en charge par les quelques 5300 SIAE existantes1. En 2007, à l’exception

des AI, (la Dares ne disposant pas de données suffisantes), on estime à 108 000 le nombre de

personnes ayant été embauchées ou mises à disposition par les SIAE (EI, ETTI et ACI), soit

une hausse de 23% par rapport à 2006 (Jeanneau, Mai 2009). Depuis quelques années, grâce à

un cadre réglementaire évolutif et lui apportant davantage de légitimité, le secteur de l’IAE se

développe mais fait toujours face à de nombreux enjeux et de fortes incertitudes quant à son

avenir.

Concilier initiative économique au service d’un projet social, tel semble être l’enjeu

actuel de l’IAE. Cette idée fait référence à la notion d’entreprenariat social. D’après Boncler

et Hlady-Rispal, l’entreprenariat en économie sociale et solidaire souligne la primauté de la

dimension sociale, autrement dit de la création d’une valeur sociale : « protection de

l’environnement, dynamisation de quartiers défavorisés, aide à des personnes en difficulté…»

(Boncler & Hlady-Rispal, 2003, 30). L’entrepreneuriat social souligne également une

ambivalence, à savoir, la conjonction d’activités et logiques économiques à la création d’une

plus value sociale. Dès lors, la recherche d’une création de valeur au profit des actionnaires

n’est pas transposable aux structures de l’ESS si bien que les entrepreneurs sociaux

s’orientent vers la formule associative et/ou des statuts juridiques sous forme coopératif

comme une alternative à l’entreprise traditionnelle qui leur apparaît comme un «anti modèle».

Il apparaît cependant que ces entrepreneurs « rêvant d’autonomie », font face à une tâche loin

d’être aisée. Outre les difficultés que peuvent poser la réponse à des logiques tant

économiques que sociales, ils font parfois preuve d’une relative méconnaissance de

l’entreprise, de son fonctionnement, de ses outils, des relations partenariales à développer et

d’une attitude envers le marché à adopter. Or, de tels projets nécessitent autre chose que de

l’énergie et de la bonne volonté : autrement dit, de réelles compétences managériales. Il s’agit

bien ici de mettre l’économie et ses rouages au service d’un projet social (Seghers,

Allemand, 2007, 5-6).

L’activité développée par Rhône Développement Initiative, à savoir l’accompagnement et

surtout le financement des structures de l’ESS, place l’association en plein cœur des tensions

qui traversent le secteur aujourd’hui. Apporter un réel soutien aux entreprises sociales et

solidaires qui cherchent à développer une activité économique au service de leur projet social,

tel est l’une des missions phares de RDI. Toutefois, la décision d’intervenir nécessitera

1 http://www.dgefp.bercy.gouv.fr/contrats/insertion_activite_eco/chiffres_cles_iae.pdf

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forcément que la structure ait d’une part pris conscience d’une telle nécessité mais également

qu’elle démontre un certain savoir faire et/ou une volonté à s’inscrire dans cette dynamique.

L’intervention de RDI apportera dès lors un soutien financier ou un accompagnement qui

permettra à la structure de l’aider à « passer un cap », à mieux maîtriser l’ajustement entre le

volet économique de son activité et la poursuite de son objet social. A ce titre, la mission de

suivi consiste à vérifier annuellement si les structures ayant bénéficié d’un financement seront

en mesure d’honorer les remboursements prévus. Au-delà de cet objectif, le suivi s’inscrit

dans une dynamique d’aide et d’accompagnement post financement ; il s’agit pour RDI d’être

en mesure de suivre l’évolution de la structure, d’être force de proposition en cas de difficulté.

Parmi les 40 structures concernées par le suivi 2009, environ la moitié sont agréées structures

de l’IAE. Ceci nous a permis d’avoir une visibilité quant à leur situation dans un

environnement évolutif, leurs forces et difficultés ainsi que leur positionnement quant à la

nécessité d’harmoniser au mieux volet social et économique.

Car les SIAE sont bien évidemment traversées par un tel paradoxe. En parallèle, et/ou

complémentairement à leur objet social, les structures d’insertion exercent tout ou une partie

de leur activité sur des segments du secteur marchand. Il en va d’ailleurs de la pérennité de la

structure qui passe nécessairement par le développement de son activité, la conquête de

nouveaux marchés et débouchés, la diversification de son activité, le gonflement du chiffre

d’affaires et ainsi la réalisation de bénéfices source de sécurisation et d’élévation du niveau de

fonds propres (Boncler & Hlady-Rispal, 2003, 51). De plus, cette présence des structures de

l’IAE au sein du secteur marchand est bien souvent perçue tantôt avec suspicion, tantôt avec

scepticisme. Les financements de l’Etat obtenus par les SIAE en font communément une

image de concurrent déloyal. Or, cette position, à défaut d’être vérifiée, relève plus

précisément d’un positionnement avant tout idéologique (Boncler & Hlady-Rispal, 2003, 53-

54).

Ce qui ressort donc de ces propos, est l’idée forte selon laquelle les SIAE font face à la

nécessité, qu’elle soit volontaire ou imposée, de s’articuler au mieux entre logique

économique et leur projet social. Ainsi il s’agit bien d’un des enjeux majeurs actuel qui

s’impose aux SIAE : développer une situation économique viable au profit d’un projet social.

Dans cette optique, nous nous interrogerons sur la manière dont les SIAE peuvent parvenir

à relever le défi de la mise en adéquation d’une viabilité économique au service de leur

projet/utilité social(e) ?

10

Pour répondre à cette problématique, nous étudierons dans une première partie le contexte

actuel dans lequel évoluent les SIAE. Si la nécessité des SIAE de devoir composer entre des

impératifs d’ordre économique et la poursuite de leur objet social n’est pas nouvelle, nous

verrons en quoi le contexte actuel peut en partie précipiter le processus, imposant aux SIAE

de s’engager dans des démarches spécifiques à l’économie. Au regard de l’ensemble des ces

mutations (mouvement général de réforme des politiques publiques, relations évolutives des

SIAE avec leurs financeurs, position de l’IAE vis-à-vis du principe de concurrence) et en

appui sur la mission de suivi, nous analyserons les difficultés que rencontrent aujourd’hui les

SIAE évolutions. Au travers d’une seconde partie, nous tenterons d’examiner comment les

SIAE peuvent faire face à ce défi épineux. Nous analyserons, sur la base d’exemples

notamment, l’ensemble des facteurs clés de succès permettant aux SIAE de répondre aux

enjeux auxquels elles font face. Puis nous tâcherons de démontrer qu’il existe, à l’image du

réseau France Active notamment, de nombreux outils d’accompagnement et de financement

pouvant être mobilisés en vue de soutenir les SIAE dans cette démarche. Un focus particulier

sera réalisé sur RDI et le réseau France Active, en tentant d’analyser et comprendre leur

positionnement tout en proposant des recommandations pour l’avenir.

11

PPAARRTTIIEE 11 :: LLEESS SSIIAAEE FFAACCEE AA DDOOUUBBLLEE DDEEFFII :: UUNN DDEEVVEELLOOPPPPEEMMEENNTT

EECCOONNOOMMIIQQUUEE NNEECCEESSSSAAIIRREE AA LLAA CCOONNDDUUIITTEE DDUU PPRROOJJEETT SSOOCCIIAALL..

Dans cette première partie, nous analyserons le contexte fortement mouvant qui

encadre le secteur de l’IAE afin de montrer en quoi, les SIAE se doivent aujourd’hui de

prendre en compte et de gérer au mieux leur positionnement au plan économique et social,

puis nous étudierons les principales difficultés qu’elles rencontrent actuellement face à une

telle problématique.

II.. UUnn ccoonntteexxttee eenn mmuuttaattiioonn ppoouurr oorriiggiinnee..

L’environnement de l’IAE a connu ces derniers temps de nombreuses réformes et

mutations qui expliquent le défi qui s’impose aujourd’hui aux SIAE. Ces évolutions méritent

d’être présentées et il incombe d’en analyser les conséquences sur le monde de l’IAE.

A. L’évolution du cadre réglementaire : définition et conséquences des

nouvelles modalités de conventionnement.

AA..11 LLeess nnoouuvveell lleess mmooddaall ii ttééss ddee ccoonnvveennttiioonnnneemmeenntt eett llaa ddyynnaammiiqquuee ddee rrééffoorrmmee pprrooffoonnddee ddeess ppooll ii ttiiqquueess ppuubbll iiqquueess..

En Juillet 2007, le gouvernement a lancé un vaste programme destiné à poursuivre

l’objectif de diminution des dépenses publiques en renforçant simultanément la qualité et

l’efficacité de l’action publique dans son ensemble. Ce chantier mieux connu sous le nom de

« Révision Générale des Politiques Publiques (RGPP) » s’inscrit dans la suite logique de

réformes déjà amorcées en la matière. L’esprit de ce programme entend mettre en place un

dispositif complet de réexamen des dépenses étatiques en étudiant la pertinence des missions

engagées, le niveau des moyens à mobiliser qu’elles nécessitent ainsi que l’évaluation de leurs

résultats. Un dossier de presse des services du Premier Ministre stipulait dès lors que « la

révision vise à identifier les réformes qui permettront de réduire les dépenses de l’État, tout

en améliorant l’efficacité des politiques publiques. Les économies qui pourront être dégagées

grâce aux réorganisations et à la diminution des effectifs permettront de financer le

renforcement de certaines politiques et les grandes priorités du gouvernement2 ». Une telle

démarche prévoit notamment une révision exhaustive appliquée à chaque ministère. En ce qui

concerne le Ministère de l’Economie, de l’Industrie et de l’Emploi (MEIE), la modernisation

2 http://www.vie-publique.fr/actualite/dossier/rgpp/revision-generale-politiques-publiques-coup-accelerateur-pour-reforme-etat.html

12

s’articule autour de 4 principaux axes, dont le « recentrage de la politique de l’emploi sur ses

priorités pour la rendre plus efficace ». Dans ce cadre, deux principales mesures ont été

définies et devront être rapidement mises en place (MEIE, mai 2009):

- la réforme des aides à l’emploi avec la fusion des contrats existants en un contrat

unique d’insertion.

- la responsabilité du Pôle Emploi3 d’opérer un accompagnement plus rapproché sur

ces types de contrats.

De son côté, la « Loi Organique relative aux Lois de Finances » (LOLF), votée en 2001 et

appliquée depuis 2006, établit le cadre juridique d’élaboration du budget de l’Etat. Avec pour

principes fondamentaux, la recherche de transparence et d’efficacité des politiques mises en

œuvre par l’Etat. Cette loi divise le budget étatique en 34 missions pour lesquelles divers

programmes et actions sont déclinés. Passant d’une logique de moyens à une logique de

résultat, les budgets sont dorénavant attribués chaque année en fonction des résultats obtenus

précédemment. On est donc sorti d’une dynamique de reconduction relativement automatique

des budgets (CNAR-IAE, Janvier 2009,8). Dans un tel contexte évolutif, les SIAE sont

forcément concernées par les nouvelles modalités d’attribution des budgets publics. Recevant

des financements publics au titre des politiques publiques de l’emploi, l’IAE est intégrée

depuis 2006 dans le cadre du programme « accès et retour à l’emploi » de la mission Travail.

Ainsi, le passage d’une logique de moyens à une logique de résultat impacte inéluctablement

le monde de l’IAE. Les financements qui leur sont accordés dépendent désormais des résultats

affichés par chaque structure, résultats qui sont évalués au regard des retours à l’emploi que la

structure permet (CNAR-IAE, Janvier 2009,9).

L’analyse de l’IAE révèle la prépondérance de l’Etat et des acteurs déconcentrés dans le

fonctionnement du secteur. Le cadre politique, fortement influent, se trouve aujourd’hui en

perpétuelle mouvance. Dans le secteur de l’IAE, l’Etat et les acteurs déconcentrés occupent

une place primordiale dans l’interaction : le Pôle Emploi et la DDTEFP notamment. Rien ne

semble pouvoir être fait sans son intervention et il est en mesure, via ces deux entités de

bloquer ou impulser la dynamique de l’IAE. On se trouve actuellement dans une période où

l’Etat tend à vouloir transférer les compétences aux acteurs locaux sans pour autant distribuer

et/ou définir encore clairement la répartition des rôles, compétences et outils. La définition

des nouvelles modalités relatives à l’IAE illustre un environnement politique encore incertain.

De même, les perspectives de disparition prochaine des DDTEFP posent de nombreuses

3 issu de la fusion de l’ANPE et de l’UNEDIC

13

interrogations lorsque l’on considère l’importance de cet acteur au sein du fonctionnement

départemental de l’IAE (Centre Ain Actif, 2008, 7). Par conséquent, Dorival identifie un

pilotage du secteur trop complexe, car réparti au sein d’un nombre d’acteurs trop important.

En la matière, il serait bénéfique d’opérer à une clarification des compétences et qu’un acteur

public du territoire soit nommé « chef de file » de l’IAE (Dorival, 2007).

AA..22 LLeess nnoouuvveell lleess mmooddaall ii ttééss ddee ccoonnvveennttiioonnnneemmeenntt eett lleeuurrss ccoonnssééqquueenncceess ppoouurr lleess SSIIAAEE..

Le plan de modernisation de l’IAE s’inscrit donc dans une perspective d’adaptation à

ces évolutions de l’environnement des politiques publiques. Ainsi ce plan de modernisation,

outre la redynamisation des CDIAE4, vise à définir de nouvelles modalités de

conventionnement (négociation entre l’Etat et les SIAE des objectifs opérationnels au regard

des besoins d’un territoire spécifique) ainsi que de nouvelles modalités de financement, dont

les premières expérimentations devraient voir le jour courant 2009. Un groupe de travail5

réfléchit actuellement sur les nouvelles modalités de financement de l’IAE qui suivront les

nouvelles modalités de conventionnement. Les points principaux de la négociation portent sur

le montant des aides aux postes. Un débat important consacre notamment la volonté

d’introduire une aide modulable et encadrée, qui « viserait à fixer le montant de l’aide aux

postes selon les objectifs économiques et d’insertion des structures » (France Active, Avril

2009 14). La loi du 1er Décembre 2008 marque la refonte des politiques d’insertion avec

notamment la création du contrat unique d’insertion. Dans un souci de simplification des

divers contrats aidés existants aujourd’hui, d’amélioration de l’insertion professionnelle

durable (via le développement de l’accompagnement, du tutorat et de la formation) et de

facilitation de la médiation des acteurs, le contrat unique d’insertion est créé et sera mis en

vigueur le 1er Janvier 2010 (France Active, Avril 2009, 19). D’après ses modalités, deux types

de contrats seront mis en place : le CAE (Contrat d’Accompagnement dans l’Emploi)

concernera le secteur non marchand et le CIE (Contrat Initiative Emploi) s’appliquera sur le

secteur marchand (cf annexe 3).

Concernant les nouvelles modalités de conventionnement, une négociation entre SIAE et

l’Etat est prévue et vise à fonder le financement pour une période de 1 ou 3 ans sur un plan

d’action et des résultats à atteindre. Les SIAE, en vue de préparer ces périodes de négociation,

doivent veiller à réaliser au préalable un propre diagnostic. L’annexe 4 de la circulaire

4 Conseil Départemental de l’Insertion par l’Activité Economique 5 Conduit par la DGEFP et composé des réseaux de l’IAE, du CNIAE, de l’AVISE, du CNAR financement et de représentants des collectivités.

14

DGEFP n°2008-21 du 10 Décembre 2008, propose un référentiel structuré en 4 axes qui sert

uniquement d’appui. Chaque référentiel se décline en fonctions, actions, compétences et outils

que la SIAE doit maîtriser. Ces quatre axes permettant de dresser son autodiagnostic sont :

� l’accueil et l’intégration en milieu de

travail,

� l’accompagnement social et professionnel,

� la formation des salariés en insertion,

� la contribution à l’activité économique

et au développement territorial

On identifie clairement la nécessité pour chaque SIAE de mettre en valeur à la fois ses

réalisations en termes d’insertion (vocation sociale) et son équilibre économique. La structure

doit donc s’inscrire dans des secteurs d’activité lui permettant de concilier logique d’insertion

et impératif économique afin de maîtriser au mieux les négociations avec l’Etat et ainsi

bénéficier des conventionnements et soutiens escomptés. La définition du conventionnement

prendra en compte les indicateurs « emploi » reflétant l’efficience/efficacité de la structure

concernée. Ces indicateurs correspondent à 3 catégories que l’on appelle « sorties

dynamiques » (CNAR-IAE, Janvier 2009,22).

¤ Les sorties vers l’emploi durable : CDI, CDD ou intérim de plus de 6 mois,

création d’entreprise, stage ou titularisation dans la fonction publique.

¤ Les sorties vers « un emploi de transition » : CDD ou période d’intérim de moins

de 6 mois, contrat aidé chez un employeur de droit commun.

¤ Les sorties positives : formation qualifiante ou pré-qualifiante, embauche dans une

autre SIAE.

Bien que les indicateurs «emploi» soient négociés entre la SIAE et l’Etat, il existe des valeurs

de référence à atteindre sous 3ans : un taux minimum de sorties dynamiques de 60% et un

taux de sorties vers l’emploi durable (CDI, CDD, intérim de plus de 6 mois, création

d’entreprise) de 25%.

Une telle définition des critères de conventionnement ne va pas sans poser de problèmes aux

SIAE. Tout d’abord, ces nouvelles logiques imposent aux acteurs la poursuite d’objectifs

négociés avec l’Etat et une évaluation des résultats au regard de critères définis bien souvent

en leur absence. L’un des problèmes majeurs soulignés par les acteurs, est que dans le cadre

de la RGPP et de la LOLF, la concertation des acteurs est trop souvent réduite en peau de

chagrin, si bien que cela mène à penser et constater que ces réformes sont « une affaire

d’Etat » (CPCA, Septembre 2008, 27). Ce n’est donc pas la réforme de l’Etat qui est

questionnée en France, mais bien l’absence de concertation avec les divers acteurs (CPCA,

15

Septembre 2008, 28). Par ailleurs, il peut apparaître contradictoire d’appliquer des critères

quantitatifs de performance par rapport aux méthodes, objectifs et contraintes de

l’intervention sociale, fondée davantage sur une démarche qualitative. La création

d’externalités positives sur la collectivité, l’insertion et la formation de personnes éloignées de

l’emploi, l’aide à la résolution de problèmes annexes, sont autant d’objectifs spécifiques aux

SIAE et qui s’inscrivent sur le long terme, nécessitant à fortiori des outils d’évaluation

adaptés rendant précisément compte de leur véritable contribution (Bouchard, Bourque,

Lévesque, 2000, 4). Il serait donc préférable de laisser une place plus importante à

l'élaboration de critères qualitatifs de performance. Un risque important résultant de la

nécessité des structures de se conformer aux exigences de rendement en termes de volume, de

temps et de rationalité est de voir les associations s’inscrire dans des « logiques de tri entre les

bénéficiaires au détriment des situations les plus difficiles et des personnes les plus

défavorisées » (UNIOPSS, Février 2009). On comprend dès lors que l’évolution du cadre

réglementaire qui régit l’IAE rappelle inéluctablement la tension qui traverse de nombreuses

SIAE, à savoir l’harmonisation d’une logique économique à une logique sociale, sans se

détourner de l’un ou l’autre de ces aspects.

B. Le financement des SIAE : à nouvelles logiques, nécessité de nouvelles

stratégies.

BB..11 DDeess llooggiiqquueess ddee ffiinnaanncceemmeenntt ppuubbll iicc ttoouujjoouurrss pplluuss ccoonnttrraaiiggnnaanntteess……

Afin de compenser la moindre productivité des salariés embauchés au sein des SIAE,

ces dernières bénéficient d’aides à l’emploi selon le conventionnement qui est déterminé et en

fonction du nombre d’heures en insertion effectivement réalisé. Or, une remarque générale

émane de l’ensemble des structures de l’IAE, à savoir que depuis maintenant 7 ans, le

montant de cette aide de poste qui correspond à 9681€ par ETP en insertion pour un an, n’a

pas évolué. De nombreux directeurs de SIAE nous ont confié que cette aide ne suit pas les

évolutions annuelles du SMIC, si bien qu’au fil des années, le coût relatif du personnel en

insertion s’accroît naturellement.

En sus de ces aides, les SIAE bénéficient dans bien des cas, de financements

complémentaires selon leur activité. A la source de ces financements, on retrouve notamment

les Conseils Généraux et Régionaux, les Plans Locaux pour l’Insertion et l’Emploi (PLIE),

l’Etat, l’Agefiph ou encore les communes (DARES, 2009, 10). Toutefois, on remarque une

tendance générale à l’évolution des modalités d’obtention de ces aides. Le monde de l’IAE

16

fait aujourd’hui face à une double tendance en ce qui concerne ces modes de financement :

l’éparpillement des sources de financement -d’autant plus que chaque financeur dispose de sa

propre logique- ainsi que leur tarissement (Seghers, Allemand, 2007, 33).

D’après un diagnostic mené par un groupe d’experts et reporté par C. Alphandéry, une

insuffisance des financements publics, doublée d’une complexité et d’une instabilité est

constatée par les acteurs de l’IAE (Dorival, Septembre 2007).

Ces financements imposent aux structures qui en font la demande d’être en mesure de

présenter des dossiers complets, contenant une multitude d’informations (les comptes

financiers de l’année écoulée ; un budget de l’année en cours, le montant des ressources

propres, un état des lieux de la situation fiscale etc). L’obtention de tels financements

imposent aux structures d’être à même de pouvoir présenter une certaine rigueur et capacité

d’organisation, de gestion et d’anticipation de son activité. De même, l’obtention d’un

financement ne signifie en rien un renouvellement assuré. Les efforts fournis par la structure

en vue d’obtenir un tel soutien doivent donc être permanents. Qui plus est, chaque financeur

dispose de sa propre démarche en vue d’accorder des subventions. Les dossiers sont souvent

longs et pointilleux à remplir, les décisions se prennent bien souvent sur des échéances de

plus en plus importantes.

La tendance actuelle mène également à une relative contraction des subventions, ce qui place

de nombreuses structures dans des situations délicates. Ce cas s’illustre lorsqu’une structure,

qui recevait de manière régulière un financement de la part d’un acteur public, perd

soudainement cet apport d’une année sur l’autre. Dans le cas où cette aide publique concernait

une somme relativement importante, lorsque la structure avait peu de sources de financement

autres ou qu’elle ne présente pas une activité propre et autonome lui permettant de dégager du

résultat, alors elle risque de se retrouver brusquement dans des situations inconfortables

(Jeantet, 2006, 115).

Autre point qui tend de plus en plus à pénaliser les structures d’insertion, les délais de

versement de ces subventions. Bien souvent, ces derniers sont si longs qu’ils engendrent pour

les structures des tensions fortes de trésorerie. Il existe bien des solutions auprès des banques

pour remédier à une telle situation mais elles impliquent des frais financiers de court terme.

L’analyse des éléments financiers des structures de l’IAE révèle bien souvent l’existence de

ces lignes de crédit court terme du fait des retards et reports de l’octroi des subventions

publiques, les fonds européens étant les plus longs à arriver.

17

Ainsi, d’après une enquête menée par la CPCA, le monde associatif semble unanime sur

l’idée que l’accès et la gestion des financements représentent un travail à part entière qui

nécessite du temps, des compétences et des moyens. A cette tendance, un dirigeant de SIAE

témoigne : « Le temps passé à constituer le dossier et à justifier des dépenses est totalement

inadapté à nos structures. On finit par passer plus de temps dans le travail administratif

qu'en opérationnel sur les projets ! » (CPCA, Septembre 2008, 24). Ces dérives laissent

planer une menace : à croire que la réponse à des exigences toujours plus fortes détourne le

monde associatif, faute de temps, de son utilité sociale, de son cœur d’activité.

BB..22 …… qquuii iimmppll iiqquueenntt llee ddéévveellooppppeemmeenntt ddee nnoouuvveell lleess ssttrraattééggiieess..

Le monde de l’IAE fait donc aujourd’hui face à une redéfinition des modalités de son

financement ce qui le pousse à repenser et développer de nouvelles stratégies de

développement. La première voie consiste à faire de plus en plus appel à une gamme très

diversifiée de sources de financement. De la création de partenariats public-privé, au recours à

des subventions publiques, en passant par le mécénat, les structures de l’IAE doivent

« ratisser large » afin d’assurer le développement et la pérennisation de leur activité. Cette

relative dépendance aux moyens de financement externes amène les structures à s’engager

dans une dynamique de gestion proche de ce qui se passe dans le secteur marchand et à

s’inscrire de plus en plus dans des logiques concurrentielles (Seghers, Allemand, 2007, 16).

La seconde solution face à la problématique de recherche de financements consiste à

rechercher une autonomie financière toujours plus forte. A titre d’illustration, le monde

associatif s’inscrit toujours plus dans une logique de professionnalisation tel que nous

l’indique ce témoignage de Jean-Guy Henckel, président et fondateur en 1991 des Jardins de

Cocagne : « Il y a trente ans, j’étais considéré comme un bricoleur fou, je suis désormais un

entrepreneur social » (Seghers, Allemand, 2007, 19). En effet, d’un stade de bricolage, de

nombreux entrepreneurs sont désormais passés à la professionnalisation, à la modélisation de

leur projet. Travailleur social d’origine, Jean-Guy Henckel a rapidement pris conscience de la

nécessité d’apprendre à manager et se familiariser avec les outils de marketing, gestion,

communication etc. « Autant de techniques qui manquaient cruellement au travailleur social

pour gérer une entreprise d’insertion » témoigne t-il (Seghers, Allemand, 2007, 28). M. Clair,

fondateur de l’Association Intermédiaire Lotoise (AIL46) insiste également sur la nécessité de

se « comporter en chef d’entreprise, non pas en quête de profit, mais attentif aux comptes de

son activité » (Seghers, Allemand, 2007, 97). Selon lui, il en va de la pérennité des structures :

« Une petite association se gère comme une petite entreprise » poursuit M. Clair.

18

C. L’IAE face au principe de concurrence et aux logiques

entrepreneuriales : entre contraintes et opportunités.

CC..11 LLee ddééffii dduu pprr iinncciippee ddee ccoonnccuurrrreennccee :: qquueell aavveennii rr ddee ll ’’ IIAAEE ddaannss llee ccoonntteexxttee ccoommmmuunnaauuttaaii rree ??

Depuis 2000, l’Union Européenne (UE) s’est dotée d’une stratégie économique et

sociale (dite « stratégie de Lisbonne ») qui vise à la coordination de l’ensemble des politiques

de l’emploi des Etats membres. Des orientations sont donc définies tous les trois ans, puis

déclinées par chaque Etat membre, dans le cadre d’un programme national de Réforme

(PNR). Le PNR français (2005-2008) indiquait priorité qui nous concerne particulièrement à

savoir, « créer des marchés du travail qui favorisent l’insertion des demandeurs d’emploi et

des personnes défavorisées ». Au travers d’une telle stratégie, l’UE intervient comme appui

des Etats dans un souci de mutualiser et diffuser les bonnes pratiques et de faire converger les

conceptions nationales en matière d’insertion via la notion « d’inclusion sociale active ».

L’inclusion sociale active est perçue comme un moyen efficace en vue de la promotion de

l’insertion et de l’intégration sociale sur le marché du travail des personnes qui en sont le plus

éloignées. Objet d’une consultation publique en 2004, il est ressorti que les structures de

l’IAE jouent un rôle important dans le processus de retour à l’emploi et apparaît comme un

outil d’inclusion sociale par excellence. Toutefois, il semble qu’il reste bien difficile de faire

prendre en compte les spécificités de l’IAE au niveau européen.

En effet, l’intervention des pouvoirs publics des Etats membres afin de soutenir les opérateurs

économiques apparaît comme contraire au principe de libre concurrence. Autrement dit, la

commission a pour objet de veiller à ce que les aides publiques accordées aux « entreprises »

nationales, dès lors qu’elles exercent une activité économique, ne nuisent pas aux règles du

commerce entre les Etats membres. Les SIAE sont inclues dans cette catégorie d’entreprises

nationales (CNIAE, 2007). Néanmoins, la Commission peut considérer des finalités de nature

économique et sociale afin d’exempter certaines aides d’un tel contrôle : cela concerne les

aides dont bénéficient les « entreprises chargées de la gestion d’un service économique

d’intérêt général » (art86 Traité des Communautés Européennes). D’autre part, il existe des

règlements généraux d’exemption des aides destinées aux PME dont la finalité est la création

d’emplois et/ou de financer des investissements tangibles ou non. Parmi ces acteurs

économiques spécifiques, les SIAE peuvent compter (CNIAE, 2007).

Dès lors, un des enjeux fondamental pour l’IAE est d’être reconnu comme relevant des

activités de la catégorie des Services Sociaux d’Intérêt Général (SSIG) ce qui l’exclurait par

conséquent du champ de la directive « Services » européenne devant être transposée d’ici la

19

fin 2009 en droit français. Les activités qui seront reconnus comme faisant partie intégrante de

la catégorie des SSIG seront exclues du champ de cette directive, les autres devront se plier

aux règles du marché établies par l’UE et voir ainsi leurs financements publics

considérablement réduits. De plus, ces activités ne pourront plus bénéficier des dérogations au

code des marchés publics et devront y répondre dans le cadre d’une mise en concurrence

(Jeanneau, Avril 2009). L’enjeu est considérable pour l’IAE. On comprend dès lors que la

question reste de savoir si l’IAE peut être considérée comme un SSIG (Jeanneau, 2009).

Malgré des avis favorables, l’IAE et son intégration dans le cadre des SSIG n’est pas acquise.

Le caractère hybride de l’IAE semble aujourd’hui poser problème : son inscription sur le volet

tant économique que social ne correspond pas à la logique du droit communautaire qui oppose

systématiquement action économique ne relevant que de la concurrence et action purement

sociale, considérée comme un service d’intérêt général. La pérennité des SIAE fait donc face

à la menace d’une application extensive de la directive visant à libéraliser le marché des

services. L’IAE se retrouve face à un imbroglio juridique ; la directive Services décrit dans

son article 2.2.j les domaines d’activité qui échappent à son champ à savoir (Jeanneau, Avril

2009): «les services sociaux relatifs au logement social, à l'aide à l'enfance et à l'aide aux

familles et aux personnes se trouvant de manière permanente ou temporaire dans une

situation de besoin, qui sont assurés par l'Etat, par des prestataires mandatés par l'Etat ou

par des associations caritatives reconnues comme telles par l'Etat » [souligné par l'auteur].

Le blocage semble provenir de la notion de « mandatement » qui d’une part n’existe pas

vraiment en France et d’autre part connaît une définition plutôt restrictive au niveau européen.

Appartenir au champ des SSIG nécessite d’être mandaté par l’Etat qui doit préciser

l’obligation, la mission du service, sa durée et sa compensation. Dans le cas où l’Etat ne se

conforme pas à une telle procédure, le financement accordé aux prestataires sociaux risque

d’être reconnu illégal par la Commission et la Cour de Justice des Communautés

Européennes. Un point d’ambiguïté supplémentaire vient couvrir ce débat, à savoir qu’il

existe une définition du mandatement « relative au financement des opérateurs sociaux par

des aides d'Etat » (Jeanneau, Avril 2009). « Or les « mandats » au sens de la directive

Services et au sens du droit communautaire des aides d'Etat ne recouvrent pas

nécessairement la même chose », souligne Jeanneau. Un rapport6 a donc été rendu par Michel

Thierry7, en charge d’animer un groupe de travail interministériel en vue de sécuriser

juridiquement les SSIG et ainsi clarifier la situation. Pourtant, l’analyse du rapport fait 6 Janvier 2009 7 inspecteur général des affaires sociales,

20

apparaître un sérieux paradoxe selon la définition du « mandatement » que l’on envisage.

D’une part, le rapport cite l’IAE comme étant bien bénéficiaire d’un mandatement d’intérêt

général au titre des aides publiques étatiques, ce qui laisse à penser que « le financement des

structures de l'IAE est donc sécurisé»8. Pour autant, en aucun cas, le rapport ne cite que le

mandat de l’IAE est constitué au sens de la Directive Services (Jeanneau, 2007). Le rapport

interprète la notion de mandatement au nom de la directive comme un « régime administratif

de mandat allant au-delà d’une simple autorisation de fonctionner ». Or, dans un avis rendu

par le CNIAE en Mai 2008, il semble que le régime dans lequel se trouve l’IAE dépasse

largement « la simple autorisation de fonctionner » :

« La réglementation nationale de l'IAE issue des lois du 29 juillet 1998 et du

18 janvier 2005 comprend en effet un régime d'encadrement de la mission d'insertion,

reposant sur une convention avec l'Etat sans laquelle le financement public de la mission

d'insertion n'est pas assuré. De plus, pour les EI, ETTI et partiellement pour les AI et ACI, un

agrément-diagnostic de la situation des personnes par l'agence locale de l'emploi conditionne

l'attribution de l'aide de la puissance publique et complète ce régime d'encadrement ».

Autrement dit, les SIAE sont bel et bien contraints de remplir des missions déterminées et

définies sous peine d’une résiliation de leur convention contractée avec le préfet. Cette

convention fait par ailleurs l’objet d’un contrôle annuel. L’IAE semble donc soumise à un

régime qui dépasse « la simple autorisation de fonctionner », il conviendrait donc de l’exclure

du champ d’application de cette directive Services (Jeanneau, 2009).

L’enjeu pour l’IAE, repris par les réseaux (FNARS, CNIAE, UNIOPSS), consiste donc à

militer pour l’adoption d’une directive sur « les services sociaux et de santé d’intérêt

général » en vue d’aboutir à la constitution d’un cadre légal reconnaissant la spécificité de

l’activité proposée par les SIAE. Ce débat est encore loin d’être clos et il convient à présent

d’attendre l’horizon fin 2009/début 2010 afin de considérer l’avenir de l’IAE dans le contexte

communautaire.

CC..22 SSIIAAEE eett ccoommmmaannddee ppuubbll iiqquuee :: àà llaa rreecchheerrcchhee dd’’ uunn «« jjuussttee mmii ll iieeuu »»..

Dans le cadre de la RGPP et de la LOLF, visant à mettre en place une logique non plus

de moyens mais de résultat, assortie d’un processus d’évaluation de l’utilisation des fonds

publics, on identifie une dynamique de mise en concurrence qui tend à transformer la relation

pouvoirs publics/associations d’une logique de partenariat en une logique de prestation de

8 Samuel Le Floch, chargé de mission pour les affaires européennes à la Fnars

21

services. Cette tendance s’illustre notamment par le recours de plus en plus systématique aux

procédures des appels d’offre plaçant les SIAE en concurrence non seulement entre elles mais

également vis-à-vis des structures du secteur lucratif qui s’inscrivent de manière croissante

sur des domaines qu’ils délaissaient auparavant : secteurs de la petite enfance, du service à la

personne et de l’insertion (Uniopss, 2009). L’inscription des SIAE dans un environnement

concurrentiel assure de moins en moins aux associations de financements stables et pérennes.

Cette tendance a pour effet de placer les structures dans des situations délicates dès lors

qu’elles perdent un financement ou un marché qui représentait une part importante de la

constitution de son produit d’exploitation. L’Uniopss9, perçoit d’un mauvais œil cette

situation et met en garde contre le fait que « les logiques de mise en concurrence placent les

associations uniquement comme prestataires des pouvoirs publics sur la base d'un cahier des

charges élaboré de façon unilatérale et ne leur permettent pas d'exercer leur capacité

d'initiative et de repérage des besoins » 10 (Uniopss, 2009). Un constat largement repris dans

le monde de l’IAE souligne le fait que l’exigence de démarches administratives de plus en

plus forte ainsi que la réponse nécessaire et régulière aux appels d’offre diminuent

sérieusement le temps qu’elles peuvent consacrer à leur cœur de métier, à l’évolution de leur

activité et la mise en œuvre de diverses expériences innovantes. En outre, un positionnement

systématique des associations sur les appels d’offre, risquerait de bouleverser le maillage

associatif et le développement d’initiatives locales de proximité au profit de la constitution de

groupes importants faisant preuve d’une forte technicité en vue de répondre à la commande

publique. Un tel processus nuirait indéniablement aux petites associations étant dès lors

insuffisamment armées pour se positionner.

Toutefois, il ne s’agit pas de critiquer à outrance le principe de concurrence auquel

doivent aujourd’hui faire face les SIAE mais d’en pointer les risques de dérives. La mise en

concurrence semble tout d’abord inciter de manière positive les structures à développer des

outils de gestion et de développement économique pertinents (Uniopss, 2009). D’autre part,

les SIAE semblent plus à même d’apporter une réponse personnalisée et spécifique aux

besoins constatés sur le terrain dans le cadre des appels d’offre. Les règles de concurrence,

principe phare porté par l’UE, permettrait également d’assurer une transparence dans les

relations associations/pouvoirs publics, de supprimer toute « rente de monopole » et de

permettre des gains en termes de rapport qualité/prix. Si certaines vertus de la concurrence

9 Union Nationale Interfédérale des Œuvres et Organismes Privés Sanitaires et Sociaux 10 http://www.uniopss.asso.fr/resources/trco/pdfs/2009/02_fevrier_2009//positionconcurrence.pdf

22

sont avérées, il s’agit de ne pas tomber dans le « tout-marché ». A l’inverse, le « tout-

subventionnement » est loin d’être une solution, notamment dans le contexte actuel.

L’enjeu consiste donc à trouver un juste milieu, ce à quoi peut répondre le

développement de l’introduction des clauses d’insertion dans les marchés publics. Une telle

dynamique permet une réelle reconnaissance de l’utilité sociale des SIAE et éventuellement,

de bien prendre en compte certains critères qualitatifs qui les caractérisent. La mise en œuvre

de ces clauses d’insertion semble apparaître comme une solution optimale. Incitant les

structures d’insertion à développer des outils pertinents et efficaces de gestion en vue de

pouvoir remporter des appels d’offre, l’inclusion des clauses d’insertion dans la commande

publique marque une réelle volonté politique de reconnaître les SIAE pour leur objet social

qui doit rester avant tout leur cœur de métier. Un tel processus permettrait ainsi d’éviter aux

SIAE de tomber dans bien des écueils, mettre de coté leur objectif d’insertion par exemple. A

défaut d’une généralisation systématique des appels d’offre, l’Uniopss préconise une

« commande publique socialement responsable et transparente » mettant l’accent sur le

recours aux clauses sociales et environnementales prévues par le Code des Marchés Publics.

Toutefois, nous y reviendrons, les clauses d’insertion sont encore loin d’être un processus

largement répandu et leur généralisation nécessite la réunion de nombreuses conditions.

L’IAE doit aujourd’hui s’adapter à un environnement particulièrement mouvant. Alors

que des nouvelles modalités de conventionnement et de financement sont actuellement

définies et mises en place, les SIAE doivent également composer avec l’évolution des

relations avec leurs financeurs traditionnels et faire face à leur exposition croissante à des

situations concurrentielles. Ces mutations imposent de plus en plus aux SIAE la nécessité de

s’interroger sur la manière la plus pertinente de se positionner entre des impératifs

économiques et l’accomplissement de leur projet social. Ces transformations du monde de

l’IAE ne vont pas sans poser de difficultés, que nous allons à présent aborder.

23

IIII.. DDeess ddiiffffiiccuullttééss aavvéérrééeess ccoommmmee rrééssuullttaatt..

L’environnement évolutif dans lequel se trouvent les structures de l’IAE leur impose

sans cesse de s’adapter. Devant relever le défi de l’impératif économique, les SIAE ne doivent

pas pour autant en oublier leur objet social : l’insertion. Cette double problématique, pouvant

sembler paradoxale ne va pas sans créer de nombreuses tensions pour les SIAE. En s’inspirant

d’un Etat des Lieux de l’IAE réalisé sur le bassin d’emploi de Bourg en Bresse, de la mission

de suivi des structures financées par RDI et en reprenant une typologie des « maux » qui

traversent le plus souvent le monde associatif (Bigourdan, Tcherkachine, 2004, 146), cette

partie s’attache à identifier les tensions et difficultés auxquelles font aujourd’hui face les

SIAE. Les analyses réalisées dans le cadre de l’Etat des Lieux sont, pour la plupart,

transposables au niveau national. Dans le cadre de la mission de suivi d’une quarantaine de

structures de l’ESS, on dénombre 20 SIAE réparties de la manière suivante : 8 EI, 4 ETTI, 5

ACI, 2 AI11 et 1 régie de quartier. Un tel échantillon semble intéressant pour dégager certaines

grandes tendances.

A. Les SIAE et leur inscription dans l’économie : des acteurs méconnus

soumis aux aléas de la conjoncture.

AA..11 UUnn mmaannqquuee ddee rreeccoonnnnaaiissssaannccee eett uunnee ccoonnnnoottaattiioonn eennccoorree ppééjjoorraattiivvee ddee ««ll ’’ iinnsseerr ttiioonn»»..

Une de premières difficultés que rencontrent les SIAE dans la poursuite de leur

mission est issue d’un état de fait. Le terme « d’insertion » reste encore connoté

péjorativement auprès de nombreux individus. Les publics éloignés de l’emploi tendent à être

déconsidérés et perçus comme ayant tendance à tomber/se conforter dans l’assistanat. Aux

yeux de certains, les SIAE ne rempliraient pas leur mission, n’assurant pas le retour à l’emploi

des publics en difficulté. L’insertion serait dès lors marginalisée, stigmatisée et considérée

comme un domaine « à part » (Centre Ain Actif, 2008, 3). Ce constat est tel que de nombreux

responsables de structures le ressentent et se refusent de mettre en avant le facteur insertion.

Ainsi, au cours d’un entretien de suivi avec une EI spécialisée sur le secteur du nettoyage, la

responsable nous confortait dans cette idée. Sur un secteur aussi concurrentiel, insister auprès

des clients sur la mission d’insertion que se donne la structure ne représente en aucun cas un

quelconque avantage concurrentiel, au contraire. Nombreuses sont les SIAE qui se refusent à

11 A noter que deux structures concernées, initialement répertoriées comme AI ont également développé parmi leurs activités, une activité ACI. Ainsi, 18 structures sont réellement concernées.

24

communiquer ainsi et préfèrent apparaître comme des acteurs économiques à part entière sur

le secteur concerné. Une telle situation résulte du manque de (re)connaissance du secteur de

l’IAE, de son objet, ses principes et modalités de fonctionnement.

Pourtant d’après un sondage mené par l’Institut Opinionway12, l’un de principaux

enseignements à retenir est la légitimité accordée aux acteurs de l’IAE pour traiter des

problématiques relatives à l’insertion sociale et professionnelle. A ce titre, les SIAE arrivent

juste derrière les collectivités territoriales. Pour autant, il est important de souligner que 60%

seulement des personnes interrogées ont déjà entendu parler des SIAE, ce qui reste

relativement faible si l’on considère que la moitié ne connaît pas réellement les différences et

spécificités de ces structures. Un élément encore plus révélateur correspond aux 81% des

personnes interrogées qui affirment ne connaître aucune SIAE, que ce soit directement ou

indirectement.

Par ailleurs, de nombreux diagnostics réalisés sur le fonctionnement de l’IAE révèlent que les

SIAE et les entreprises de l’économie classique se connaissent peu, se comprennent

faiblement, allant même parfois jusqu’à s’ignorer (Centre Ain Actif, 2008, 12). Une telle

situation tend à distinguer « deux mondes » alors même que l’IAE est censée apparaître

comme un tremplin vers le marché du travail. L’IAE manque encore cruellement de lisibilité.

De la rencontre avec plusieurs acteurs plus ou moins impliqués dans l’IAE sur le bassin

d’emploi de Bourg en Bresse, cet élément constant ressort avec des qualificatifs tels que

« méconnu, flou, peu lisible, imperceptible, opaque » etc. (Centre Ain Actif, 2008, 12).

L’absence de connaissance du secteur de l’IAE est donc flagrante et peut permettre de

comprendre les incohérences et à priori qui peuvent graviter autour de la notion d’insertion.

AA..22 LLeess SSIIAAEE ffaaccee àà llaa rrééaall ii ttéé ééccoonnoommiiqquuee :: ccoonnccuurrrreennccee eett ccoonnjjoonnccttuurree..

L’activité des SIAE fait souvent l’objet d’une concurrence forte qui devient de plus en

plus pressante au fil des années. Les SIAE évoluant sur des secteurs tels que le service à la

personne, les espaces verts, le BTP, le nettoyage etc. sont largement exposées aux contraintes

concurrentielles qui leur sont imposées par des entreprises dites « classiques ». Depuis,

quelques années, certaines entreprises ont investis des secteurs qui ne les attiraient ou ne les

intéressaient pas auparavant et notamment le service à la personne. Une telle situation impose

aux SIAE de se comporter comme de réels acteurs économiques, capables de rivaliser avec

ces entreprises et ce, sur la politique de fixation des prix, la qualité de produits/services, la

12 Pour le compte de l’Agence de Valorisation des Initiatives Socio-économiques (AVISE).

25

démarche commerciale etc. Afin de trouver « une échappatoire » à une concurrence devenant

parfois trop forte, les structures décident soit d’insister sur leur savoir faire et la qualité de

service qu’elles proposent, soit d’investir sur des niches innovantes ayant le vent en poupe et

pour lesquelles elles disposent d’une légitimité et d’un réel savoir faire : l’isolation, l’éco

construction, les marchés biologiques, les activités de recyclage. Toutefois ces nouvelles

niches attirent bien évidemment la concurrence.

L’année 2008 et le début de l’année 2009 ont également été marqués par la crise économique.

Un tel contexte n’a bien évidemment pas épargné les SIAE. L’impact de la crise s’est fait

ressentir à partir du second semestre 2008 ou devrait se manifester au cours de l’année 2009.

Dans un contexte économique incertain et fragile, de nombreuses structures ont revu leur

prévisionnel d’activité à la baisse. Cependant, selon les secteurs d’activité, les effets se font

plus ou moins ressentir, et certaines SIAE n’ont pas été touchées. Les structures les plus

affectées par ce contexte restent les ETTI, qui suivent les tendances du secteur du travail

temporaire dans son ensemble. Sur le premier trimestre 2009, l’activité d’intérim a

effectivement enregistré une récession de l’ordre de 35 à 40% (Dorival, mai 2009). Ce secteur

est connu pour réagir fortement aux fluctuations de la conjoncture économique et de l’activité

des secteurs de l’industrie et du bâtiment (Tröge, Novembre 2008, 17). Ainsi les quatre ETTI

concernées par le suivi, en dépit de leurs différences, ont toutes connu des diminutions

d’activités, notamment à partir du début de l’année 2009. Comparativement à l’année

dernière, une des ETTI a connu une réduction de son activité de l’ordre de 46% sur le début

2009, tandis qu’une autre affiche une diminution de son activité avoisinant les 20%. Une

troisième a senti les effets de la crise dès 2008, avec une réduction du CA de 28%. Dans ce

cas, d’autres facteurs viennent toutefois expliquer cette évolution. Globalement, les 4 ETTI

prévoient une année 2009 difficile.

Enfin, l’inscription progressive dans la sphère économique nous renvoie à la première

typologie des maux du monde associatif, à savoir la « croissance sauvage ». Cela renvoie aux

structures prospères et dynamiques qui ont connu une croissance trop rapide. Développer son

activité, nous l’avons vu, est certes vivement recommandée aux SIAE et sans nul doute gage

de pérennité. Cependant, une telle croissance doit être maîtrisée au risque de se retrouver

confronté à des complications : mauvaise maîtrise des charges, insatisfaction de la demande,

amoindrissement de la qualité du produits/service proposé etc.

26

B. Les SIAE au sein d’un environnement politique mouvant et incertain.

BB..11 LL’’ éévvaalluuaattiioonn ddeess rrééssuull ttaattss eett llee ddéévveellooppppeemmeenntt ddee ssttrraattééggiieess ddee ccoouurr tt tteerrmmee..

Dans un environnement qui leur impose d’articuler logique économique et logique

sociale, nombreuses sont les SIAE qui rencontrent des difficultés à définir la juste adéquation

entre les deux volets. Tout d’abord, les SIAE détiennent un savoir faire en terme

d’accompagnement et de parcours d’insertion qui reste cependant difficilement évaluable.

Dans un contexte de généralisation des pratiques d’évaluation des politiques publiques

répondant à une culture du résultat, les acteurs et opérateurs de l’IAE soulignent la difficulté

qu’ils ont à faire reconnaître leurs résultats. Les acteurs publics utilisent des outils

d’évaluation quantitatifs (sorties positives vers l’emploi) alors que les effets de l’activité des

SIAE sont davantage qualitatifs. Le travail des SIAE avec les publics en difficulté s’inscrit

dans une logique de parcours et d’accompagnement et en appelle à des aspects qualitatifs

d’aide, de suivi et de protection. A ce titre, les SIAE démontrent de réelles capacités et

compétences, qui leur semblent toutefois isolées et non reconnues par les acteurs, du fait

notamment du manque d’outils adéquats d’évaluation (Centre Ain Actif, 2008, 9).

Estimant dès lors que la reconnaissance des autres acteurs proviendra de leur capacité à

démontrer de bons résultats économiques, les SIAE pourraient être tentées de privilégier

l’aspect économique et le retour à l’emploi plutôt que leurs réelles compétences en matière

d’accompagnement, de construction et suivi de parcours. Par conséquent, à défaut de

s’inscrire dans des perspectives de long terme, les SIAE risquent de développer des stratégies

de court terme. De telles orientations amènent certaines SIAE à dériver de leur objet initial,

opérant des choix dans les personnels qu’elles recrutent et qu’elles souhaitent conserver. De

tels choix leur permettraient de mieux envisager la réponse qu’elles apporteraient aux critères

quantitatifs qui leur sont demandés (Centre Ain Actif, 2008, 10).

BB..22 FFrr ii lloossii ttéé ddeess aacctteeuurrss ppuubbll iiccss eett hhééttéérrooggéénnééii ttéé ddee lleeuurr iimmppll iiccaattiioonn..

L'IAE, renvoie à un ensemble d’initiatives émergeant d’un territoire ; par conséquent,

elle est un maillon essentiel des politiques publiques territorialisées. Les collectivités

territoriales en tant qu’acteurs majeurs de soutien à l’IAE se déclarent généralement prêtes à

œuvrer pour l’IAE. Cependant dans un contexte de répartition floue des compétences et des

outils, elles avouent avoir parfois du mal à se positionner et à jouer le jeu de l’IAE, qu’il

s’agisse de prendre des risques (au niveau des financements notamment) ou de montrer

l’exemple en ayant recours aux services et publics des SIAE (Centre Ain Actif, 2008, 9). Or

27

l’engagement de chaque type d’acteur, qu’il soit décentralisé ou déconcentré, dépend en

premier lieu des compétences lui étant assignées. Pour autant, cette répartition, telle qu’elle

existe aujourd’hui, entraîne une relative frilosité de chacun, afin d’éviter de marcher sur les

plates bandes des autres. Ainsi, Nathalie Hanet Kania13 illustre cette idée en expliquant que

« sur le territoire, on se retrouve au confluent de différentes politiques publiques, à la merci

de la concurrence entre équipes de couleurs politiques différentes, et on est parfois obligés de

concilier des objectifs inconciliables ». C’est pourquoi, "le degré d'implication des

collectivités territoriales reste très hétérogène, cela va de l'ignorance au vrai soutien, en

passant par l'instrumentalisation" explique-t-elle (Jeanneau L., Septembre 2007). En

définitive le réel problème vient d’une absence d’un réel pilotage et des logiques diverses qui

s’établissent selon le choix de l’échelon prédominant en matière d’IAE : « donner la priorité

aux régions en matière d'IAE reviendrait à insister sur l'aspect économique; privilégier les

départements, c'est se focaliser sur le volet insertion; tandis que réaffirmer le rôle central de

l'Etat, c'est souligner l'importance de la solidarité nationale» (Jeanneau L., Septembre 2007).

D’après B. Schwartz, l’IAE n’innove pas suffisamment. Ceci résulte du constat selon

lequel tant les pouvoirs publics que les acteurs de l’insertion semblent frileux en matière

d’innovation. B. Schwartz poursuit en dressant un bilan du fonctionnement de l’IAE

aujourd’hui et insiste sur l’idée que « l'insertion marche mal. Non pas que les acteurs de

l'insertion fassent du mauvais travail. Mais les pouvoirs publics leur ont imposé d'obtenir des

résultats uniquement quantitatifs, et ils n'ont plus le temps de s'attarder sur le qualitatif, de

réfléchir à ce qu'ils font » (Dorival, Septembre 2007).

Malgré cet imbroglio dans la répartition des compétences, il existe de réelles marges de

manœuvre permettant aux collectivités de jouer le jeu à condition qu’elles en aient la volonté

politique. Bien que les communes ne disposent pas de compétences propres en la matière,

elles peuvent accorder des subventions, créer des ACI via leurs CCAS (Centres Communaux

d’Action Sociale), s’impliquer via les Plie et les Maisons de l’Emploi etc. Les différences

d’implication des acteurs locaux d’un territoire à l’autre, s’expliquent-elles par l’absence

d’une répartition claire des compétences et du pilotage, du manque de volonté politique, ou de

ces deux raisons combinées ? Difficile de trancher tant la réalité semble varier selon les cas

(Jeanneau L., Septembre 2007).

Un dernier élément relatif à l’influence de la sphère politique et publique sur le

fonctionnement de l’IAE, renvoie aux modalités de financement. La « Famine », seconde

13 Secrétaire générale du réseau Coorace

28

typologie des maux associatifs est à ce titre parfaitement révélateur de la situation puisqu’elle

résulte directement de l’évolution du type de financement des SIAE. Cette difficulté tend à se

généraliser et est fortement liée aux diminutions des subventions. D’une année sur l’autre,

nous avons pu constater combien la perte d’une subvention pouvait avoir des conséquences

dramatiques pour les structures. Parmi les nombreux problèmes relatifs à ce sujet, nous avons

aussi brièvement abordé les délais d’obtention des subventions qui sont particulièrement

longs. Sur les 18 structures suivies, une douzaine témoigne des difficultés qu’elles rencontrent

du fait de délais qui s’allongent. Ainsi, en moyenne, les SIAE du suivi perçoivent leurs

subventions sur une durée allant de 90 jours à 105 jours, avec des cas extrêmes à 6 mois.

En outre, ces problèmes liés aux subventions sont d’autant plus fort pour les ACI. Rappelons

que les ACI sont limités concernant le Chiffre d’Affaire qu’elles dégagent de part la

commercialisation de leurs charges d’exploitation : ce taux communément à 20% de leurs

ressources d’exploitation peut s’élever à 50% de manière exceptionnelle et sur avis du

CDIAE. Si ce plafond est dépassé, la structure doit alors se transformer en EI. Ainsi ces

structures sont fortement dépendantes des subventions qu’elles perçoivent (Blazy, Septembre

2006). Les ACI rencontrés nous indiquaient tous des délais de versement très importants (108

jours en moyenne pour les 5 structures concernées). A titre illustratif, un des responsables

d’ACI que nous avons rencontré, nous indiquait qu’au 31/12/2008, seuls 62% des subventions

prévues pour 2008 avaient été perçus et qu’à fin Avril 2009, seulement 10% des subventions

2009 ont été obtenues tandis qu’il restait 17% de celles de 2008 à percevoir. Parmi les plus

mauvais élèves au regard des délais de versement des subventions, les fonds européens se

démarquent largement, si bien que les SIAE sont contraints de réfléchir à des solutions

nouvelles en vue de réduire leur dépendance à de tels financements.

C. Des outils et compétences de gestion encore fragiles.

CC..11 UUnnee mmaaîîttrr iissee dduu ccyyccllee dd’’ eexxppllooii ttaattiioonn àà ppeerr ffeeccttiioonnnneerr ..

Le cycle d’exploitation renvoie à l’activité même d’une structure. Il correspond à

l’ensemble des opérations qu’elles réalisent : consommation, vente, stockage etc. Il se traduit

notamment en termes de trésorerie. Ainsi, les subventions représentent pour les SIAE une part

très importante de leur situation de trésorerie, tout comme les paiements réalisées par les

clients. Une des difficultés commune à l’ensemble des SIAE, renvoie justement à la gestion

des délais de paiement des clients. Bien que ces modalités de paiement dépendent de l’activité

considérée, on remarque bien souvent des délais trop longs. A titre illustratif, le risque client

est une menace avérée pour les ETTI. Bien souvent les clients ont un pouvoir excessif, surtout

29

si la structure dépend trop fortement d’un ou plusieurs clients spécifiques. De plus, les délais

de règlement de leurs créances s’allongent sur plusieurs mois avec une moyenne à 90 jours

(Tröge, Novembre 2008, 19). Si un effort de diversification n’est pas mené ainsi qu’un suivi

des créances, l’ETTI peut rapidement être fragilisée. Or, des délais clients et de perception de

subventions qui s’allongent entraînent forcément des tensions de trésorerie. Un constat

récurrent du suivi révèle que la plupart des SIAE rencontrent au cours de l’année, des

périodes très difficiles en termes de trésorerie, ce qui les place dans des situations délicates,

pouvant même sérieusement les menacer. Afin de remédier à de tels difficultés, bon nombre

de structures sont obligées d’avoir recours à des outils financiers de court terme (lignes

Dailly, autorisation de découvert, emprunt de court terme) qui leur coûtent très cher. La loi

« Dailly », datant du 2 Janvier 1981, correspond à une cession de créances dont la structure

dispose sur ses clients ou financeurs publics qui vise à pouvoir financer le cycle

d’exploitation. En d’autres termes, cette loi permet de céder une créance à la banque qui

avance le montant correspondant et permet ainsi à la structure de reconstituer sa trésorerie

dans le temps imparti pour les règlements des clients ou l’obtention des subventions. Or ce

procédé est rémunérateur pour les banques et représente donc un coût pour les structures qui

les fait rentrer dans un certain « cercle vicieux ».

La bonne maîtrise du cycle d’exploitation est un élément fondamental dans la gestion

pertinente d’une structure. Bien que tous les torts ne reviennent pas aux SIAE, surtout dans le

cas de l’obtention des subventions, ces difficultés renvoient forcément à un manque cruel de

rigueur et d’outils en matière d’organisation et de gestion dont font preuve les SIAE. Si ce

constat semble moins vrai en ce qui concerne les structures concernées par le suivi, cela peut

s’expliquer par le fait que l’engagement financier de France Active dépend fortement de la

capacité de la structure à développer et utiliser de tels outils. La plupart des SIAE suivies par

RDI semblent avoir pris conscience de l’importance du volet économique pour assurer la

pérennité de leur activité et bon nombre d’entre elles n’ont rien à envier aux autres acteurs

économiques évoluant sur les mêmes secteurs. Mais globalement, nombreuses sont les

structures n’ayant pas encore franchi le pas de s’engager dans la recherche de bénéfices leur

permettant de pérenniser leur activité, autrement dit d’utiliser le volet économique comme

moyen d’atteindre leurs objectifs sociaux en matière d’insertion (Centre Ain Actif, 2008, 10).

De telles difficultés sont souvent identifiées auprès des structures récentes et de petite taille,

qui se caractérisent bien souvent par l’absence d’une démarche commerciale efficace, d’outils

de gestion économique et financière etc. Ces lacunes s’expliquent par un manque flagrant de

temps, de moyens et parfois de compétences. Les ACI souffrent souvent de lacunes en termes

30

de développement d’outils de gestion. Les principaux réseaux représentant se mobilisent sur

cette problématique en vue d’apporter des compétences en matière de comptabilité analytique,

d’outils de pilotage (suivi de trésorerie) et de construction de prévisionnels d’activité et de

plans de financement pertinents en vue de mobiliser efficacement les financeurs.

Bigourdan et Tcherkachine catégorisent deux autres maux que l’on peut aisément lier à ces

lacunes. La « Parkinsonite » fait référence au cas où les frais généraux des organismes

croissent d’une manière plus intense que les missions qu’ils ont à accomplir. Ceci est souvent

du à une mauvaise gestion des charges. Bien souvent, les structures n’ont pas les moyens, les

compétences et le temps de mettre en place des outils de gestion efficaces permettant de

rendre adéquat leurs charges en fonction du volume et de la spécificité de leur activité. La

structure aura beau développer un chiffre d’affaires important, elle ne pourra dégager un

résultat positif de son activité. Tout l’enjeu pour les structures réside dans la mise en place

d’une comptabilité analytique permettant de rapprocher chaque produit de ses coûts, de

scinder le résultat par lignes d’activité, afin de faciliter un suivi rigoureux et pertinent de

l’activité dans son ensemble. L’Epidémie peut être assimilée à l’effet domino, lorsqu’une

structure est trop dépendante d’un financeur/commanditaire et que ce dernier connaît une

défaillance. Lorsque l’on examine la répartition du chiffre d’affaires ou autres produits

d’exploitation (subventions par exemple), on remarque que certaines structures sont fortement

dépendantes d’un client, d’un commanditaire public ou privé. En cas de retrait ou défaillance

soudaine de ce partenaire, les conséquences peuvent être irrémédiables (Bigourdan,

Tcherkachine, 2004, 146).

CC..22 LL’’ ééppiinneeuussee qquueessttiioonn ddee llaa ggeessttiioonn ddeess rreessssoouurrcceess hhuummaaiinneess..

La mission de suivi a également permis de mettre en exergue les difficultés que

peuvent rencontrer les structures dans la gestion des ressources humaines et la maîtrise des

frais de personnel. Il est bien connu que les charges qui prennent le plus d’importance au sein

de l’IAE sont les charges de personnel. Rappelons que les EI déplorent la non-réévaluation

des aides au poste depuis plusieurs années, si bien comme nous l’avons remarqué, que la part

des charges de personnel dans le budget des SIAE est naturellement plus élevée d’une année

sur l’autre. L’analyse de l’évolution de l’EBE14 est un excellent indicateur de la manière dont

la structure parvient à gérer ses ressources humaines. Au cours de l’année 2008, plusieurs

structures ont rencontré des difficultés tant avec les permanents qu’avec les personnels en

14 Excédent Brut d’Exploitation.

31

insertion. Au niveau des effectifs en insertion, les problèmes qui reviennent souvent sont liés

à l’absentéisme, à l’importance du turn-over et aux obstacles plus personnels, récurrents chez

les publics en insertion. Ces problématiques ont des répercussions sur l’activité même de la

structure qui se caractérisent par des retards dans la réalisation des travaux/prestations, une

situation de sous-effectif, la perte de clientèle etc. En ce qui concerne les permanents, les

problèmes sont liés au management, à des tensions d’intérêts et de personnes. Certaines SIAE,

pour des raisons diverses et variées, ont même du recourir à des licenciements, ce qui

engendre des charges importantes. Ces éléments révèlent la relative fragilité de certaines

SIAE qui se retrouvent en grosses difficultés dès l’irruption d’un problème au niveau des

Ressources Humaines : licenciement, arrêt maladie, absentéisme. De même, de tels problèmes

arrivent bien souvent dans des structures n’ayant pas forcément les moyens de consacrer

davantage de temps, de compétences et d’outils à la gestion du facteur humain. La gestion du

personnel et la maîtrise des charges associées représentent pourtant un enjeu important pour

l’IAE, et une tendance croissante à la professionnalisation des équipes permanentes, se fait

ressentir et devient même nécessaire.

L’environnement évolutif qui cadre le secteur de l’IAE place progressivement les

structures d’insertion face à l’obligation de penser et d’adapter leur fonctionnement afin de

développer et consolider une situation économique viable au service de leur projet social. Un

tel défi ne va pas sans poser de problèmes et des difficultés aux structures. Il convient dès

lors, dans une seconde partie, de partir à la recherche des solutions et moyens dont disposent

les SIAE pour relever un tel défi. Après avoir identifié un certain nombre de facteurs clé de

succès illustrés par des exemples pertinents, nous nous pencherons sur le rôle de RDI et son

positionnement en vue d’accompagner au mieux les SIAE à relever leur défi.

32

PPAARRTTIIEE 22 :: LLEESS SSOOLLUUTTIIOONNSS PPEERRMMEETTTTAANNTT DDEE RREENNDDRREE CCEE DDEEFFII PPOOSSSSIIBBLLEE..

A partir des difficultés que rencontrent les SIAE pour se positionner de façon efficace

et pérenne tant sur le volet économique que sur le volet social, cette partie vise à identifier les

moyens dont elles disposent et attitudes à prendre pour relever un tel défi. Dans un premier,

temps nous dresserons un panel de facteurs clés permettant aux SIAE de passer outre les

difficultés que nous avons analysées. En appui d’exemples révélateurs, nous présenterons

ainsi la marche à suivre. Dans un second temps, nous verrons qu’il existe un certain nombre

d’acteurs disposés à accompagner, financer et aider les SIAE sur la voie de l’accomplissement

de leur projet social. A ce titre, nous nous pencherons sur l’action de RDI et du réseau France

Active, en nous interrogeant sur la manière et l’efficacité avec lesquelles ils se positionnent

vis-à-vis de ce défi.

II.. RRééuunniirr lleess ffaacctteeuurrss ccllééss :: llaa ddééffiinniittiioonn dd’’uunn pprroojjeett dd’’iinnsseerrttiioonn,,

uunn ddéévveellooppppeemmeenntt ééccoonnoommiiqquueemmeenntt vviiaabbllee..

Promouvoir une activité économique qui soit adaptée et pérenne sur un territoire, ne

pas se détourner de sa mission première qu’est l’insertion et se positionner sur des

opportunités existantes, tels semblent être les points clés à respecter pour les SIAE : une tâche

complexe mais possible…

A. Assurer un développement économique adapté à un territoire.

AA..11 PPrreennddrree eenn ccoommppttee llaa ssppééccii ffiiccii ttéé//rrééaall ii ttéé dduu tteerrrr ii ttooii rree..

Dans le cadre des nouvelles modalités de conventionnement et donc de la négociation

que chaque structure doit réaliser avec l’Etat, cette dernière doit être en mesure de bien définir

son projet d’insertion en identifiant bien son identité (statut, localisation), son projet, son

savoir faire, son public cible, le tout par rapport à un territoire donné. Il s’agit de bien prendre

en compte les caractéristiques de ce territoire en insistant sur la structure de la demande et de

l’offre d’emploi, la délimitation géographique etc. (CNAR-IAE, Janvier 2009,74). Tout

d’abord il incombe à la structure de rechercher une adéquation entre, d’une part les attentes

des entreprises du territoire en termes de main d’œuvre et compétences et d’autre part les

publics en insertion qu’elle accueille en insistant sur les types de postes qu’elle propose et les

compétences qu’elle leur permet de développer, via la formation par exemple. Il est

intéressant pour la structure de s’interroger sur la « mise en adéquation » des compétences de

ses employés en insertion par rapport aux secteurs en tension notamment. Rappelons que

33

l’objet premier du secteur de l’IAE est de créer des passerelles, sur un territoire spécifique,

entre le monde économique et les personnes exclues de l’emploi en proposant de réels

parcours de réinsertion professionnelle qui soient formateurs.

Afin d’illustrer l’importance pour une SIAE de se positionner et se développer en réponse à

un territoire dans toutes ses spécificités, nous pouvons faire référence aux propos de Sami

Yacoubi, directeur de l’EI CATM de sous-traitance industrielle sur Chambéry qui indiquait

qu’un tel diagnostic vise « à identifier un besoin spécifique sur un territoire spécifique »15.

Ayant en projet la création d’une structure similaire à CATM sur un autre territoire, cet

entrepreneur social témoigne que cet objectif est né de l’identification d’un besoin sur le

terrain. Le tissu économique de la région concernée se caractérise par de grosses difficultés

des entreprises à recruter sur certains métiers en tension. Pourtant, sur ce même territoire, des

publics se trouvent en situation d’exclusion de l’emploi. Ainsi la création de l’EI s’inscrit

dans une dynamique qui vise à proposer une instance intermédiaire entre ces entreprises en

mal de main d’œuvre et ces individus en mal d’emploi.

AA..22 LLaa pprrooffeessssiioonnnnaall iissaattiioonn,, ggaarraanntt dduu ddéévveellooppppeemmeenntt ééccoonnoommiiqquuee..

Les experts du secteur de l’IAE s’accordent aujourd’hui à affirmer que les SIAE sont

entrées dans une démarche de professionnalisation. La recherche d’une utilisation optimale

des ressources humaines et financières, les processus de formation des équipes d’encadrant et

des personnels en insertion, le développement de prospections commerciales sont autant

d’éléments qui montrent que les SIAE sont au cœur de la rencontre entre logique économique

et logique sociale. L’observatoire 2007, à travers l’étude de l’évolution des types de statuts

adoptés par les EI, révèle un choix croissant en direction des formes commerciales. Cette

évolution traduit les changements qui s’opèrent dans le positionnement même des EI : les EI

historiquement ancrées dans le secteur social semblent petit à petit faire le choix de s’intégrer

dans la sphère économique (CNEI, 2008, 19). M. Consigny16, secrétaire général de l’UREI17

Rhône Alpes, rappelle qu’« une entreprise d’insertion marche sur deux pieds : un pied

économique et un pied social ». Il souligne ainsi l’absolue nécessité d’être en mesure de

développer une activité économique viable qui s’accompagne nécessairement d’un processus

15 UREI Rhône Alpes, Atelier « Entreprendre dans l’insertion : mettez votre esprit d’entreprendre au profit des personnes en difficulté », organisé dans le cadre du Salon des Entrepreneurs, 17 – 18 Juin 2009. 16 UREI Rhône Alpes, Atelier « Entreprendre dans l’insertion : mettez votre esprit d’entreprendre au profit des personnes en difficulté », organisé dans le cadre du Salon des Entrepreneurs, 17 – 18 Juin 2009. 17 Union Régional des Entreprises d’Insertion

34

de professionnalisation. Hughes Sibille18 insiste sur le projet économique comme élément

fondamental à toute structure de l’ESS. En effet, elle doit être en mesure de réaliser, via la

vente de biens et/ou services, un minimum de chiffre d’affaires, source de création de fonds

propres (Seghers, Allemand, 2007, 106). Parmi les axes considérés dans les nouvelles

modalités de conventionnement, la structure se doit de mettre en avant son volet économique

à l’échelle du territoire. Dans l’optique d’une professionnalisation de nombreux éléments

sont à prendre en considération et de nombreuses compétences à développer.

• La structure doit tout d’abord bien définir le type d’offre qu’elle entend proposer. La

structure doit être en mesure de développer une stratégie commerciale, des compétences

nécessaires pour répondre à la commande publique dans le cadre notamment des clauses

d’insertion, de percer sur des niches nouvelles et/ou développer des réponses à des besoins

non satisfaits par les collectivités publiques. La structure doit bien arbitrer entre activités

« intensives en capital » et activités « intensives en travail ». La seconde option semble plus à

même de correspondre aux SIAE dans la mesure où l’individu reste placé au cœur du process

de production dans une logique de parcours et de qualification.

• Le développement d’une viabilité économique pérenne passe également par la mise en

place d’outils financiers et analytiques. Au plan financier, un éclairage précis est nécessaire

quant à la situation de l’exploitation, la structure financière, la capacité d’autofinancement, la

capacité d’endettement. De même, les compétences en matière comptable, en gestion et en

analyse financière sont essentielles19 (Bigourdan, Tcherkachine, 2004, 49). Tous ces éléments,

à condition qu’ils soient l’objet d’un suivi précis et d’une gestion rigoureuse, sont gages de

solidité pour la structure, ce qui lui permet d’envisager son avenir économique et la réalisation

de ses objectifs sociaux sur le plus long terme. S. Yacoubi met en garde contre certains

pièges. Il s’agit de ne pas miser sur le « tout social » et apprendre à être rentable. La structure

doit être en mesure de gagner de l’argent, non pas pour rémunérer des intérêts personnels,

mais bel et bien au service de l’insertion. Autrement dit, développer une activité rentable,

revient à donner une dynamique positive aux salariés en insertion vis-à-vis d’eux-mêmes et de

l’avenir. Laisser de côté cet aspect économique en dérivant sur de l’assistanat, telle est la

recette allant par excellence à l’encontre du projet d’insertion.

• Les SIAE doivent également fournir d’importants efforts en termes de communication.

Tout d’abord, elles se doivent d’insister sur la communication interne en attachant une grande

18 Président de l’AVISE et directeur délégué du Crédit Coopératif 19 Cf annexe 4.

35

importance au management des équipes : participation des salariés, mobilisation de l’équipe

sur les différents axes, l’organisation de la structure…

La communication externe est tout aussi importante et multidimensionnelle. A priori, il est

vrai que tout ce qui se réfère au marketing, autrement dit à la mise en place de stratégies de

commercialisation et de communication, semble étranger aux enjeux des SIAE. Elles ont en

effet du mal à opter pour des pratiques qui ne leur paraissent pas être du ressort de leur

éthique, qui risqueraient de mettre l’accent sur l’efficacité économique et pour lesquelles elles

n’ont pas forcément les compétences. D’après A. Pillet, les SIAE ont pourtant « tout à y

gagner, à condition que les techniques de marketing mises en œuvre soient adaptées à leurs

problématiques spécifiques ». L’auteur explique que s’engager sur la voie d’une telle

démarche permet de se rapprocher des futurs usagers, des divers partenaires, autrement dit

d’apporter à la structure une visibilité et une image positive dans son environnement. Ainsi,

les SIAE auraient tout intérêt à s’investir sur ce champ à condition de promouvoir et valoriser

leur « vocation sociale et solidaire », la spécificité de leur action et les valeurs et principes qui

les guident (Pillet, 2006).

• Le monde de l’IAE se doit également de développer des partenariats sur le territoire. Il

s’agit tout d’abord de créer des passerelles pertinentes avec le monde de l’économie

« classique » et donc de développer des partenariats avec les entreprises. La raison même de

l’existence d’une SIAE est de permettre à des personnes exclues de l’emploi de pouvoir, à

terme, intégrer le marché du travail et donc le monde de l’entreprise. Ainsi, une SIAE qui

parvient à développer des partenariats avec une entreprise, rendra plus aisé le passage des

individus du processus d’insertion vers l’entreprise.

Les SIAE doivent également apprendre à se fédérer, via notamment les têtes de réseaux mais

aussi à travers la création d’ensembliers d’insertion. Les SIAE se rassemblent au sein de

divers réseaux qui les soutiennent et les défendent auprès des pouvoirs publics. Parmi ces

têtes de réseaux, qui pour la plupart s’organisent à l’échelon national, régional et

départemental on retrouve notamment le CNIAE (Comité National de l’IAE), le CNEI

(Comité National des Entreprises d’Insertion), le COORACE (fédération des Comités et

organismes d'aide aux chômeurs par l'emploi) etc. Les réseaux entendent défendre les intérêts

de leurs adhérents auprès des décideurs publics et ainsi participer à l’élaboration des

politiques publiques. Par ailleurs, ils proposent un large panel de services à destination de

leurs adhérents en termes de formations, d’aide à la création d’activité, de labellisation,

d’assistance juridique et réglementaire etc. Les ensembliers d’insertion ont pour but de réunir

36

plusieurs structures d’insertion au sein d’une même association et ainsi de pouvoir coordonner

les parcours des salariés en insertion, tout en mutualisant leurs moyens.

Enfin, toute structure doit veiller à la qualité des relations institutionnelles qu’elle entretient,

tant on connait l’influence de la sphère politique. Toute structure doit forcément avoir l’appui

des partenaires institutionnels présents sur le territoire et concernés par son activité. Chaque

structure doit ainsi veiller à la recherche et à la diversification de ses sources de financement

auprès de partenaires financiers publics et privés (fondations, entreprises, mécénat etc.). Un

tel développement communicationnel et partenarial mènera l’IAE sur la voie d’une meilleure

reconnaissance, qualité qui lui manque encore cruellement.

Aujourd’hui en réponse à leur environnement et aux contraintes qu’il impose, il est clair

qu’une proportion croissante de SIAE s’est engagée sur la voie de la professionnalisation.

Pour autant, il s’agit de ne pas tomber dans la banalisation et de veiller à conserver et

valoriser sa spécificité ; « parvenir à rester pleinement social, un équilibre qu’il n’est pas

évident de maintenir » (CNEI, 2008, 20).

B. Ne pas oublier l’essentiel : définir son projet d’insertion.

Une des inquiétudes relatives aux transformations de l’environnement des SIAE est la

difficile reconnaissance du projet social des structures. Basées essentiellement sur la mesure

de données quantitatives, nous avons identifié que les méthodes d’évaluation des SIAE

pouvaient amener les structures vers certaines dérives. Or Sami Yacoubi rappelle bien que

« l’objectif n’est pas de faire de l’argent mais la problématique majeure consiste à ramener

des personnes à l’employabilité sur une durée de deux ans »20. Ainsi, la nécessité de ne pas

oublier son objet social est ici réaffirmée. Dès lors, comment ne pas oublier son objet social ?

Quels outils existe-t-il pour le faire reconnaître ? Quelle est la place de la notion d’utilité

sociale ? Comment évaluer celle des SIAE ?

BB..11 DDeess ddéémmaarrcchheess dd’’ éévvaalluuaattiioonn ddee pplluuss eenn pplluuss nnoommbbrreeuusseess :: qquueellss eennjjeeuuxx ??

Lorsque l’on part à la recherche d’une définition de l’utilité sociale, on se retrouve

souvent face à un « flou artistique » qui mêle de nombreux indicateurs dès qu’il s’agit de

l’évaluer. Gadrey, en s’appuyant sur une série de rapports traitant du sujet, a tenté d’identifier

une définition et une manière d’évaluer l’utilité sociale des structures de l’ESS. Il semble bien

difficile de déterminer un contenu concret à cette notion ainsi que des critères et méthodes

20 UREI Rhône Alpes, Atelier « Entreprendre dans l’insertion : mettez votre esprit d’entreprendre au profit des personnes en difficulté », organisé dans le cadre du Salon des Entrepreneurs, 17 – 18 Juin 2009.

37

permettant de l’évaluer. On comprend dès lors toute la difficulté des SIAE, dans le cadre des

modalités de conventionnement mais également de leurs relations partenariales, de justifier de

leur utilité en trouvant des critères d’évaluation qualitatifs pertinents et reconnus de tous.

Une ambiguïté se fait d’emblée sentir lorsqu’il s’agit de réfléchir à l’élaboration de critères. Il

convient tout d’abord de définir ce que l’on place concrètement derrière la notion d’utilité

sociale. En s’appuyant sur un avis du Conseil National de la Vie Associative (CNVA) de

1995, 10 critères d’utilité sociale sont identifiés pouvant être répertoriés en deux groupes. Le

premier, « l’utilité sociale interne », renvoie aux spécificités de gouvernance, aux valeurs

internes et au statut des organisations de l’ESS, tandis que le second comprend les critères

d’utilité sociale dits « externe » (Gadrey, 2004, 63). Quoiqu’il en soit, Gadrey rappelle la

nécessité de passer de « l’évaluation sociale affichée » par l’objet même de l’activité, à

l’évaluation de « l’utilité sociale effective », autrement dit, des effets concrets sur la

collectivité et les personnes ciblées (Gadrey, 2004, 111). Il insiste également sur la distinction

entre dimension interne et externe de l’évaluation. Dans un environnement évolutif où les

politiques publiques se fondent sur une logique de résultat et d’évaluation, les structures de

l’ESS sont et seront de plus en plus amenées à réfléchir sur la nécessité d’évaluer leur

production d’utilité sociale, que ce soit dans une logique externe et souvent imposée par les

partenaires ou bien dans une logique interne en vue de s’interroger sur ses propres pratiques

(Gadrey, 2004, 110).

La démarche interne provient d’une réflexion des membres de la structure qui

s’interrogent sur les actions qu’ils proposent, leur impact sur les bénéficiaires et le territoire,

la corrélation entre apports souhaités et apports réels ainsi que les sources d’amélioration de

l’action. Une telle démarche permet de débattre ou revenir sur le projet associatif et de définir

le meilleur compromis possible selon les attentes de chacun.

En réponse à ces besoins, des labels ont été développés par les réseaux. Ainsi le CNEI s’est

lancé en 2000 dans un processus de labellisation des pratiques sociales de ses adhérents. Ce

label QUALIREI21 garantit les SIAE concernées, quant à la qualité de leur travail et de leurs

pratiques sociales, sur leur savoir faire, à savoir l’insertion. Le processus de labellisation

s’étend sur un laps de temps allant de 12 à 18 mois et prend la forme de réponses à un

référentiel doublé d’un audit sur site. Si la labellisation QUALIREI est un outil indispensable

de communication externe auprès de l’ensemble des partenaires, en leur prouvant la

cohérence de l’accompagnement social qu’ils mettent en place, s’inscrire dans une telle 21 http://www.cnei.org

38

démarche leur permet également de prendre du recul sur leurs propres pratiques en examinant

l’ensemble de leur fonctionnement. Le label Qualirei représente donc un outil interne

pertinent « de management et de progrès » permettant de constater et corriger d’éventuels

écarts (CNEI, 2008, 19). Depuis 2007 et face au mouvement de professionnalisation des EI, le

label QUALIREI se révèle plus nécessaire que jamais si bien que le CNEI s’est engagé dans

un plan d’amélioration qui vise à faire de ce label le révélateur de la plus-value des EI par

excellence. A titre illustratif, au cours de la mission de stage, une SIAE a témoigné de sa

démarche QUALIREI. Le bilan que les dirigeants ont pu retirer est très positif. S’inscrire dans

un tel processus a permis d’analyser les pratiques en vigueur et d’opérer de nombreuses

améliorations en termes de sécurité (mise en place de tests de sécurité, port d’équipements

obligatoires, une attention particulière au respect des normes de sécurité sur les postes de

travail…), en termes de gestion administrative (nouvelle organisation des effectifs

permanents, simplification des procédures, réalisation de tableaux de bord etc.). La démarche

QUALIREI a donc permis à la SIAE de réaliser d’importants progrès sur le fonctionnement

interne global, si bien que les dirigeants affirment que « la démarche qualité oblige à être plus

rigoureux et à ne pas remettre au lendemain ».

La fédération COORACE22 développe également depuis 1996 un processus de certification

dit « CEDRE » qui s’adresse à « l’ensemble des entreprises de l’ESS agissant pour l’emploi et

l’insertion ». L’obtention d’une telle labellisation atteste de ses aptitudes en termes d’insertion

des publics : rendre la personne pleinement active dans son parcours d’insertion et prendre en

compte sur son territoire les personnes en mal d’emploi et les entreprises en mal de personnel

en vue de les rapprocher. La COORACE propose à ses adhérents une « formation-action »

d’une durée de 18 mois pour les accompagner dans leur démarche qualité. D’autres

démarches qualité existent au sein de l’IAE parmi lesquelles, celle du réseau Cocagne (datant

de 2002) qui vise pour chaque Jardin à s’interroger sur le projet associatif en associant toutes

les parties prenantes de la structure. L’ensemble des pratiques sont analysées en vue de définir

collectivement des axes d’amélioration.

Outre les démarches qualité mises en place par les réseaux, les SIAE ont également la

possibilité d’obtenir des certifications ISO. Les normes de la famille ISO 9000 ont pour rôle

de certifier les bonnes pratiques menées en termes de management de la qualité de leur offre

envers les clients. La famille ISO 14000 valide quant à elles les « comportements »

environnementaux des structures (Jeanneau, Septembre 2007).

22 http://www.coorace.org

39

La démarche externe est gage de valorisation, de reconnaissance et constitue une

bonne base de négociation avec les partenaires. La demande externe d’évaluation de son

utilité sociale provient en effet des relations partenariales de la structure qui doit rendre des

comptes auprès des financeurs, élus, administrations etc. Dans la logique externe, l’évaluation

de l’utilité sociale des SIAE serait un bon outil de communication, comme une réponse au

manque de reconnaissance dont souffre encore ce secteur. Idéalement les critères d’évaluation

doivent être co-définis. A ce titre, la difficulté rencontrée par les acteurs de l’IAE est de se

retrouver confronté à des acteurs n’ayant qu’une vision partielle de « l’utilité sociale »

résultant de leur activité. L’inquiétude actuelle qui ressort largement des commentaires et

témoignages de SIAE est la tendance à penser l’utilité sociale uniquement à l’aune du taux de

retour à l’emploi des personnes accueillies. Ainsi, la dérive de passer à côté de bien d’autres

bénéfices collectifs est forte. On peut notamment penser à l’amélioration du rapport au travail,

des conditions de vie, de la santé, de l’image de soi, etc. Ainsi l’un des risques majeurs est de

voir les SIAE soit continuer à accueillir les personnes les plus éloignées de l’emploi au risque

de ne pas voir son utilité reconnue ou bien de procéder à une sélection des profils accueillis.

L’évaluation des performances des SIAE est donc un nouveau facteur inhérent à leur

environnement avec lequel les structures doivent composer. Bien au-delà, l’enjeu crucial pour

l’IAE est d’être à même de pouvoir rendre appréciable, via des critères pertinents, l’utilité

sociale des structures. Les démarches d’évaluation interne et externe sont donc indispensables

aujourd’hui. Toutefois, le chemin paraît encore long avant de pouvoir mettre les acteurs

d’accord quant à la définition de critères de référence qui seront pris en compte.

BB..22 LLaa ddééffiinnii ttiioonn ddee ccrr ii ttèèrreess ppoouurr mmeessuurreerr ll ’’ uuttii ll ii ttéé ssoocciiaallee :: uunnee qquueessttiioonn ddééll iiccaattee..

Les mesures de performance essentiellement quantitatives, fixées dans le cadre des

nouvelles modalités de conventionnement, engendrent plusieurs effets pervers : le seul critère

du taux de retour à l’emploi est valorisé, laissant de coté bien d’autres aspects inhérents aux

SIAE tout en plaçant l’ensemble des SIAE sur un même référentiel d’analyse sans prendre en

compte leurs spécificités, telles que « le lien social, l'estime de soi et l'autonomie existentielle,

la sociabilité, la qualité de vie, la démocratie locale et l'innovation sociale». Or, comme nous

le rappelle Gadrey, « si la quantification est souvent un atout précieux, elle ne doit pas être

considérée comme fournissant toujours les "preuves" les plus convaincantes » (Gadrey, 2004,

116). Gadrey justifie son positionnement en affirmant qu’à condition de bien veiller à

relativiser l’aspect subjectif que peuvent revêtir ce type d’évaluation, « la description

"qualitative" […] de certaines actions et de ce qu'elles ont produit aux yeux des bénéficiaires

40

et des prestataires peut s'avérer un indice aussi convaincant que bien des tableaux

statistiques, qui ne pourront pas intégrer toute la richesse de ce qui se passe dans l’action et

dans la relation » (Gadrey, 2004, 116).

Les nouvelles modalités offrent une opportunité unique de faire évoluer le pilotage du

secteur de l’IAE dans la mesure où elles permettent de définir des critères d’évaluation

partagés. Afin de saisir une telle opportunité, l’enjeu pour les SIAE et leurs réseaux est de

proposer et se doter d’outils permettant de valoriser l’ensemble de leurs actions et impacts.

Selon Gadrey, l’idée serait que les structures soient en mesure d’expliquer en quoi leur

activité est socialement utile sur la base de méthodes flexibles, fiables et demeurant

relativement simples (Gadrey, 2006, 253). Une telle évaluation peut devenir un réel outil de

consolidation et d’évolution des conventions passées avec les partenaires, à condition qu’elle

prenne la forme d’une démarche périodique et volontaire, visant à vérifier que leurs actions et

valeurs coïncident avec leur vision de l’utilité sociale. Toutefois, une fois ce constat accepté,

reste à définir des critères et méthodes permettant d’en vérifier l’existence.

Afin de mener une évaluation pertinente de l’utilité sociale, la principale difficulté, renvoie à

la construction et définition de critères et d’indicateurs. Il convient dès lors de définir des

dimensions de l’utilité sociale qui seront par la suite déclinées en critères auxquels on

applique des indicateurs. Un indicateur pertinent et efficace doit être significatif du critère

qu’il mesure, compris de la même manière par tous, simple et communicatif, précis et fiable.

Une fois les critères et indicateurs définis, il convient de les classer et prioriser, le but étant de

limiter leur nombre.

Ainsi, suite à la mobilisation d’universitaires, de professionnels de l’IAE et de l’ESS, de

bureaux d’études, de techniciens publics (état et collectivités), il a été évoqué la possibilité

d’évaluer une partie de l’utilité sociale des SIAE sur la base du degré d’éloignement à

l’emploi des individus. A ce titre, trois éléments sont pris en compte à savoir la santé

(psychique, physique, addiction etc.), le social (logement, transport, justice, isolement) et le

professionnel (formation, expérience, projet). L’évaluation de la situation de la personne au

début de son parcours d’insertion, permet au regard de ces critères d’identifier son degré

d’éloignement à l’emploi. L’analyse de la situation en fin de parcours permet d’appréhender

son évolution. Cette démarche renvoie à la volonté de Gadrey, de mixer démarche

qualitative et démarche quantitative dans ce processus d’évaluation. Il s’agit comme le

préconise l’auteur de "quantifier le qualitatif"(Gadrey, 2004, 116). L’idée par exemple serait

de recueillir des témoignages de bénéficiaires quant à leur situation au début et en fin de

41

parcours d’insertion et d’apprécier de quelle manière le passage dans une SIAE a amélioré

leur situation en réduisant leur exclusion, en enrichissant leurs liens sociaux. En attribuant une

cotation générale (de 1 à 5) de l’état d’éloignement de chaque salarié en insertion et en

compilant ces informations pour donner un « capital humain de la SIAE », cette proposition

d’évaluation correspond à ce que propose Gadrey. Cette prise en compte des « productions de

la SIAE » via la notation permet de corréler les résultats à des taux envisageables de retour à

l’emploi, ce qui permettrait de répondre aux critères déjà mis en place par les partenaires

publics.

Notation de la distance

à l’emploi 1 2 3 4 5

Durée moyenne de retour à

l’emploi

Plus de 2

ans

De 24 à

18 mois

De 18 à

12 mois

De 12 à

6 mois

Moins de

6 mois

Notation de la distance

à l’emploi 1 2 3 4 5

Durée moyenne de retour à

l’emploi

Plus de 2

ans

De 24 à

18 mois

De 18 à

12 mois

De 12 à

6 mois

Moins de

6 mois

Source : CNIAE, Mesure de l’éloignement à l’emploi à partir d’un outil de mesure de l’utilité sociale des SIAE, Assises nationales des CDIAE, 28 Avril 2009

Niveau de distance à l’emploi 1 2 3 4 5

Proba. moyenne de retour à l’emploi dans l’année

Moins de 20 %

20 à 40 %

40 à 60 %

De 60 à 80 % Plus de 80 %

Notation du potentiel des bassins pour la SIAE

1 2 3 4 5

Probabilité moyenne de retour à l’emploi

Moins de 20 %

De 20 à 40 %

De 40 à 60 %

De 60 à 80 %

Plus de 80 %

Notation du « défi » de la SIAE

Fort Assez fort

Moyen Assez faible

Faible

Objectif de retour à l’emploi sur l’année

Moins de 4 %

De 4 à 16 %

De 16 à 36 %

De 36 à 64 %

Plus de 64 %

Notation de la distance

à l’emploi 1 2 3 4 5

Proba. moyenne de retour

àl’emploi dans l’année

Moins

de 10 %

10% à

30 %

30%

à50%

50%

à80 %

Plus de

80 %

Notation de la distance

à l’emploi 1 2 3 4 5

Proba. moyenne de retour

àl’emploi dans l’année

Moins

de 10 %

10% à

30 %

30%

à50%

50%

à80 %

Plus de

80 %

42

L’utilisation de ces tableaux permet de disposer d’outils d’évaluation du temps nécessaire

avant retour à l’emploi, et ainsi d’avoir des arguments en vue de la négociation prévue avec

les partenaires publics concernant les objectifs à définir. Cette méthode de croisement des

données permet également d’appréhender de manière raisonnable des objectifs de retour à

l’emploi. Cette étude propose, en complément de la prise en compte des « productions » de la

SIAE, de mesurer son utilité sociale sur la base de trois principaux angles : un aspect socio-

économique (effet sur la situation des individus hors emploi et impact sur le territoire) ; un

aspect environnemental (mesurer son impact environnemental et/ou la qualité de ses

produits/services) et un aspect sociétal (innovation, ancrage territorial, qualité de sa

gouvernance).

Ainsi, il apparaît fondamental de parvenir à combiner des indicateurs quantitatifs et

qualitatifs. L’idée consiste à ne pas opposer ces deux types d’indicateurs mais plutôt de

pouvoir quantifier des appréciations qualitatives (CNIAE, Avril 2009). Par ailleurs, il serait

aussi pertinent d’associer des indicateurs de contexte afin de mettre en relief l’action de la

structure à l’aune de sa situation sur son territoire d’intervention. Ainsi, l’impact réel de la

SIAE pourra être mieux apprécié et la prise en compte du territoire permettra également de

relativiser les résultats et objectifs de départ. En tenant compte du fait que le retour à l’emploi

ne dépend pas uniquement des performances des SIAE, il serait aussi intéressant de prendre

en compte la conjoncture économique générale (d’autant plus vraie dans le contexte actuel)

ainsi que l’importance des recrutements nets des employeurs selon les secteurs concernés.

Pour pousser l’analyse du réel impact des SIAE, on parle de plus en plus d’une

comptabilisation en termes de « bonheur » : le PIB d’un territoire se trouve accru du fait de

l’ensemble des effets bénéfiques non marchands issus d’une situation de croissance

économique et diminué au gré des évènements négatifs (pollution, stress etc.). Comme le

spécifie D. Clerc, « loin de réduire les effets positifs des SIAE, il est probable que des

démarches de ce type en accentueraient l’ampleur par rapport aux indicateurs aujourd’hui

retenus » (Clerc, 2007).

Les acteurs de l’IAE, et en partie les réseaux se sont largement lancés dans la définition de

grilles d’évaluation cherchant à mesurer et valoriser l’utilité sociale des SIAE. L’idéal serait

de parvenir à mettre l’ensemble des acteurs d’accord sur un processus de « quantification du

qualitatif ». L’enjeu actuel se situe bien à ce niveau, le processus est loin d’être achevé et les

débats loin d’être clos.

43

C. La mise en œuvre des facteurs de réussite : quelles perspectives ?

Après avoir dressé une typologie des points essentiels qui semblent représenter des

facteurs de réussite pour les SIAE dans leur pérennisation, il est important d’illustrer la

mobilisation de ces recommandations à travers des perspectives de développement pour les

SIAE.

CC..11 LLee ddéévveellooppppeemmeenntt dduurraabbllee :: ddee ffoorr tteess ooppppoorr ttuunnii ttééss eett «« uunnee oorr iieennttaattiioonn nnaattuurreell llee »» ppoouurr lleess SSIIAAEE..

Précédemment, nous avons évoqué l’importance du choix de l’offre que souhaite

proposer une SIAE ainsi qu’une certaine frilosité de se positionner sur des secteurs innovants.

Or, une des clés du succès pour une structure est de trouver des niches innovantes, de se

positionner dans une dynamique de réponse à des besoins non satisfaits. Nous pouvons dès

lors nous arrêter sur un créneau très en vogue à l’heure actuelle et sur lequel les SIAE

semblent de plus en plus s’orienter à savoir, le développement durable. Cette notion aussi

vague que populaire, renvoie principalement à toute activité qui entend s’articuler sur un

triple volet : le volet économique, le volet social, et le volet environnemental. On peut

cependant s’interroger sur l’opportunité pour une SIAE de s’orienter dans une telle voie,

sachant que bon nombre d’entreprises « standard » ont d’ores et déjà compris les retombées

que cela peut représenter. A quoi bon s’orienter sur un secteur où la concurrence est déjà ou

sera féroce ? Or, est il nécessaire de rappeler que l’IAE, de part son positionnement sur un

pied économique et sur un pied social peut naturellement et légitimement tendre vers un 3ème

volet environnemental qui sera satisfait par son activité même.

Progressivement, plusieurs initiatives ont évolué et combiné des objectifs divers et variés, si

bien qu’aujourd’hui les SIAE s’inscrivent de plus en plus dans une démarche de

développement durable qui répond à ce besoin de trouver de nouvelles niches d’activités et de

développement. On peut penser notamment aux activités de recyclage et récupération des

déchets qui œuvrent donc tout à fait sur un volet social (réinsertion), environnemental

(recyclage) et économique (Nahapétian, 2007). Bien qu’il soit nécessaire de rester vigilant

« aux effets de modes et de communication » comme le rappelle Jean-François Connan23, les

SIAE se doivent d’investir ce champ « parce que c'est l'avenir, et parce qu'elles ont une réelle

capacité d'innovation » (Coq-Chodorge C., 2009). A l’échelle nationale, plusieurs structures

d’insertion se sont déjà engagées sur ce secteur en relevant le pari des trois piliers du

23 Responsable du développement et de l'insertion chez Adecco et membre du Conseil national de l'insertion par l'activité économique (CNIAE)

44

développement durable. Parmi les nombreux exemples de SIAE s’étant engagées dans une

telle démarche, on peut faire référence à l’Entreprise d’Insertion « Extramuros ».

« Récupérer auprès de grandes entreprises des matériaux destinés au rebut, pour les

transformer en objets de design haut de gamme, ensuite rachetés par l'entreprise qui s'en sert

comme support de communication interne et externe » tel est l’objet de son activité (Coq-

Chodorge C., 2009). Coté environnemental, l’initiative se veut exemplaire dans la mesure où

elle valorise des biens performants en termes tant de valeur que d’éthique. Coté social, la

structure répond ainsi à ses objectifs d’insertion en faisant participer des personnes en

situation d’exclusion à la revalorisation de matières ayant perdu leur utilité première. Enfin,

coté économique, l’expérience est novatrice tant elle séduit les grandes entreprises : « nos

objets […] sont un support de communication. D’ailleurs nos interlocuteurs au sein des

entreprises sont ceux du développement durable ou de la communication » explique N.

Mangione, responsable du développement de l’EI (Coq-Chodorge C., 2009). La structure a en

effet trouvé une niche économiquement pertinente pour se développer, démontrant une

véritable intelligence de marché.

CC..22 LLeess ccllaauusseess dd’’ iinnsseerr ttiioonn ddaannss lleess mmaarrcchhééss ppuubbll iiccss :: uunnee ggrraannddee ooppppoorr ttuunnii ttéé ppoouurr lleess SSIIAAEE ddee mmeettttrree eenn ccoohhéérreennccee lleeuurr «« mmuull ttii ddiimmeennssiioonnnnaall ii ttéé »»..

Introduire les clauses d’insertion dans les marchés publics présente également une

grande opportunité pour les SIAE de relever le défi du social et de l’économique. Le Code des

Marchés Publics, dont la dernière remise à jour date de 2006, permet aux pouvoirs

adjudicateurs qui le désirent, d’introduire dans leur passation de marché, des clauses

favorables aux SIAE. La mise en œuvre de ces clauses, imposant dans le choix de l’exécutant,

des exigences en matière d’insertion des publics en difficulté, permet de faciliter de manière

considérable l’accès des SIAE à la commande publique. On peut dès lors se demander en

quoi, la généralisation de telles pratiques serait un moyen pour les SIAE de relever le défi

auquel elles font face. Tout d’abord, il est bon de rappeler que l’article 5 du code des marchés

publics, émet l’obligation que toute commande publique prenne en compte des objectifs de

développement durable, autrement dit, que le pouvoir adjudicateur recherche à la fois

l’efficacité économique, l’équité sociale et le développement écologique. De plus, sur le plan

économique, répondre aux appels d’offre présente différents points positifs pour les SIAE.

Elles doivent en effet apprendre à se professionnaliser, à développer une certaine rigueur et

une bonne capacité d’organisation, et développer divers partenariats en vue de pouvoir

remporter de tels marchés. Qui plus est, tout marché public représente pour la structure

d’excellentes perspectives en termes de retombées économiques, d’expérience et de

45

développement. Enfin, les clauses d’insertion obligent inévitablement de prendre en compte

des qualités en termes d’insertion des publics éloignés de l’emploi. Les SIAE sont donc

parfaitement positionnées sur ce sujet. Les clauses d’insertion leur permettent non seulement

de jouir d’une reconnaissance de leur mission d’insertion, mais également de pouvoir mettre

leur savoir faire en avant, en vue de trouver de nouveaux marchés et opportunités de

développement (Béasse, Danjean, Lianzon, 2009, 5). Bien souvent, la réponse aux appels

d’offre permet à des SIAE de nouer des partenariats avec d’autres acteurs (de l’IAE ou non) et

de développer des relations « gagnant-gagnants ».

En 1993, la ville de Bourg en Bresse, à la suite d’un appel d’offre, avait confié le lot « accueil

de déchetterie » à Ainter’services, EI de l’ensemblier AG2i et le lot « transport » à

l’entreprise Quinson Fonlupt. Au début des années 2000, après environ une dizaine d’années

de travail en collaboration sur la gestion d’une déchetterie, l’entreprise Quinson Fonlupt entre

dans une période de forte croissance, passant de 20 salariés en 2000 à une centaine en 2008.

La structure se retrouve donc face à la nécessité de recruter une main d’œuvre de première

qualification. Or, le temps passé par Ainter’services et Quinson Fonlupt à travailler ensemble

sur la gestion de la déchetterie, a permis de lever de nombreux à priori et même de générer un

climat de confiance mutuelle. Dès lors pour répondre aux besoins de main d’œuvre, Quinson

Fonlupt fait directement appel à du personnel intérimaire de l’ETTI « Ainterim’air » qui n’est

autre qu’une structure appartenant à AG2i et en charge de placer les salariés sortant de l’EI

Ainter’services. Ces salariés ayant été formés durant 24 mois en tant qu’agents de tri par l’EI

sont donc placer par l’ETTI au sein d’entreprises telles que Quinson Fonlupt. En 2007, un tel

partenariat, a permis une délégation de 13 000 heures et l’embauche directe de 8 personnes

par Quinson Fonlupt. Cet exemple, en sus de montrer en quoi la commande publique a permis

de créer de l’activité pour AG2i, révèle comment une SIAE et un entreprise classique ont pu

mutualiser leurs moyens pour répondre à l’appel d’offre et ainsi entrer dans une relation

« gagnant-gagnant ».

Un autre exemple permet de révéler l’intérêt des clauses d’insertion pour les SIAE. Afin de

répondre à un marché public, et de se donner les moyens d’être retenues sur des appels

d’offre, certaines SIAE peuvent collaborer ensemble et ainsi nourrir un partenariat très

bénéfique. En effet, pour la rénovation du quartier de la Grande Reyssouze à Bourg-en-

Bresse, les partenaires institutionnels ont activé les clauses d’insertion dans leur appel d’offre.

Dans l’optique de se donner les moyens matériels et humains nécessaires pour répondre au

marché de destruction des logements, deux SIAE se sont rapprochées : Urgences Emploi (EI

46

et ETTI) et l’Agence de Développement Local 01 (ACI). Elles ont été retenues pour réaliser

une part de la déconstruction. Outre l’obtention du marché et donc l’accroissement de leur

activité, ce partenariat a permis de créer une passerelle entre les deux structures leur assurant

une mutualisation des moyens matériels et un échange de bonnes pratiques. Dans le cadre

de marchés importants, comme ceux de l’ANRU, cette démarche de partenariat est

nécessaire pour les SIAE.

A l’image de ces deux exemples, la commande publique, dès lors qu’elle intègre les

clauses d’insertion, représente une opportunité considérable pour l’avenir des SIAE et leur

réussite à modéliser un développement basé sur l’économique et le social. Par ailleurs, les

clauses mettent en valeur le rôle d’accompagnement et d’accès à l’emploi qu’assurent les

SIAE. Toutefois, si le Code des Marchés Publics semble offrir de réelles opportunités pour les

acteurs de l’IAE, JB Foucauld24 indiquait « j’ai aussi constaté un écart considérable entre les

possibilités offertes par le Code des marchés publics, en France, et l’utilisation concrète de

ses dispositions » (Béasse, Danjean, Lianzon, 2009, 35). Un tel constat sous-entend

l’existence de difficultés et/ou blocages dans la mise en œuvre de ces clauses. Ainsi, en appui

sur un travail effectué par l’IRIAE25 de Rhône-Alpes, le développement du recours aux

clauses d’insertion nécessite la combinaison de plusieurs facteurs à savoir, une réelle volonté

politique des décideurs de favoriser l’insertion via la commande publique, une adhésion des

services techniques en charge de la mise en œuvre des marchés publics, la présence d’un

« facilitateur » dont la mission revient à mettre en réseau l’ensemble des acteurs concernés, la

constitution de partenariats permanents entre les entreprises et les SIAE et enfin un

mécanisme efficient d’évaluation quantitatif et qualitatif des résultats permettant de valoriser

des exemples pouvant faire « tâche d’huile ».

¤¤ LLaa rrééuunniioonn ddeess ffaacctteeuurrss cclléé :: llee rréésseeaauu EEnnvviiee,, uunn eexxeemmppllee ppeerrttiinneenntt aauu rreeggaarrdd ddeess

ssttrruuccttuurreess EEnnvviiee RRhhôônnee eett EEnnvviiee SSuudd EEsstt..

L’objet de cette sous-partie consiste à identifier deux structures d’insertion Envie

Rhône et Envie Sud-Est rencontrées dans le cadre du suivi 2009 au sein de RDI, toutes deux

liées et affiliées à un réseau national ENVIE, en vue d’analyser les facteurs les ayant

conduites à la réussite qu’elles connaissent aujourd’hui. Envie est un réseau national

d’entreprises d’insertion qui comptait, en 2007, 44 entreprises sociales spécialisées sur deux

activités économiques distinctes : l’activité de réemploi et de recyclage des appareils

24 Inspecteur Général des Finances. 25 Inter-réseau de l’Insertion par l’Activité Economique.

47

électroménagers et l’activité de collecte, tri, dépollution et traitement des Déchets des

Equipements Electriques et Electroniques (DEEE). Présentation d’un réseau de SIAE, ayant

réussi à réunir les facteurs clés en vue d’harmoniser développement économique et projet

social.

Le secteur des déchets est « sans doute un laboratoire des évolutions futures de l’IAE » (Coq-

Chodorge, 2009). Inclu pleinement dans une dynamique de développement durable, ce

marché est devenu très porteur et voit affluer des entreprises privées très offensives : une

contrainte forte pour l’insertion qui l’oblige à se défendre et s’adapter. Le 17 décembre 2008,

au cours de la dernière table ronde organisée par la Fédérec26, Richard Debeauve27, rappelait

aux chefs d’entreprises présents « Nous sommes parfois présentés comme des concurrents

déloyaux. Mais nos subventions représentent moins de 25 % de nos besoins, et ne couvrent

pas les surcoûts liés à l'encadrement de nos salariés en insertion. Nous sommes vos

concurrents, certes, mais nous sommes loyaux. Et nous pouvons aussi être des partenaires,

car nos activités peuvent s'avérer complémentaires des vôtres. » (Coq-Chodorge, 2009). Un

double enseignement peut être retiré. Voulant tout d’abord lever les suspicions qui sont

alimentées autour des acteurs de l’insertion, ces derniers souhaitent aller au-delà, en

soulignant les perspectives de complémentarité qui peuvent se tisser entre d’une part les

acteurs de l’insertion et les entreprises privées d’autre part.

L’essor que connaît ce secteur est notamment lié au décret du 20 Juillet 2005 concernant la

collecte et le traitement des déchets d'équipements électriques et électroniques (DEEE). Ce

décret a considérablement réorganisé la filière. Producteurs et distributeurs paient à présent

des contributions aux éco-organismes en charge du prélèvement et de l’enlèvement des

DEEE, via des prestataires extérieurs retenus sur appels d’offre incluant des clauses

d’insertion. Des structures comme Envie Sud Est se sont positionnées, avec succès, sur les

appels d’offre des éco-organismes. Se positionner sur un tel secteur connaissant une

croissance exponentielle nécessite une professionnalisation des pratiques, des investissements,

un encadrement des personnes en insertion, des anticipations sur de nouvelles filières de

recyclages etc. Face à ces contraintes, qui se rapprochent de plus en plus des structures

industrielles classiques, la question d’une éventuelle contradiction entre le projet économique

et le projet social d’insertion des SIAE se pose inéluctablement. Pourtant, loin de ce constat,

la fédération Envie, affiche un taux de sortie vers l’emploi ou une formation de 60%, résultat

bien supérieur à la moyenne des EI du secteur (43.7% d’après le CNEI). 26 Fédération des entreprises de recyclage, table ronde consacrée à l’emploi, la formation et l’insertion. 27 Président du groupe Envie

48

Ainsi pour éviter de tomber dans un tel penchant, Jean-Luc Tissier28 rappelle que le réseau

Envie n’a pas vocation à devenir un « industriel à part entière ». C’est pourquoi, « nous ne

nous positionnerons pas sur des filières qui réclament beaucoup d'investissements techniques

et créent peu d'emplois », explique t-il (Coq-Chodorge, 2009). En effet la priorité des SIAE

étant leur projet social, il convient de ne pas tomber dans les travers de la recherche d’une

rentabilité industrielle tous azimuts, qui risquerait de voir la priorité mise sur les machines

plutôt que sur le facteur humain. Face à la concurrence soutenue que leur impose les grands

industriels, les SIAE cherchent à nouer des partenariats plutôt qu’à s’engager dans une

dynamique concurrentielle où elles ont peu de chance de tirer leur épingle du jeu. Ainsi la

carte de la sous-traitance au profit des grands groupes semblent beaucoup plus pertinente et

bénéfique pour l’IAE, et ce, à plusieurs égards. Outre le fait de détourner la concurrence, ces

expériences apportent de nombreux aspects positifs aux SIAE. « Ce sont des partenariats

intéressants d'un point de vue économique, mais surtout social, car le salarié en insertion se

familiarise ainsi avec de grands groupes industriels » explique Jean-Luc Tissier (Coq-

Chodorge, 2009).

Envie Rhône (ER), créée en 1992 a pour principale activité de récupérer, rénover et

commercialiser des électroménagers d’occasion. Après avoir connu des années difficiles,

l’enjeu sur 2008 a été de reconsidérer ses orientations en termes de gestion économique de

son activité. Tout d’abord ER a mis en place un système de commande entre le magasin et

l’atelier. Jusqu’à présent, c’est l’atelier qui « imposait » le type de produits mis à disposition

du magasin et donc des clients. Or, la structure s’est rapidement rendue compte des difficultés

en matière de gestion des stocks et du type d’offre qu’elle proposait à la revente. Désormais, il

s’agit pour le magasin de toujours disposer d’une offre diversifiée, selon le type et la qualité

des produits offerts et par conséquent de pouvoir élargir sa clientèle. En outre, tous produits

concernés, la structure a réalisé qu’elle proposait un prix de vente moyen de 20 à 30€ en

dessous de ce qui était en place sur l’ensemble du réseau. Dès lors, la structure a souhaité

développer davantage de produits « moyen et haut de gamme » dans une optique de

diversification de son offre et d’élargissement de la clientèle. Une réflexion a également été

menée sur le type de biens proposé en relation avec le coût de production associé. Ainsi, ER a

pris conscience de la nécessité de limiter la vente d’appareils de cuisson dont le temps de

préparation relativement long est peu compensé par un prix de vente restant relativement

faible ou moyen. Enfin, au niveau de la gestion interne, un tableau de bord a été mis en place

28 Délégué général d’Envie

49

début 2009 permettant de calculer quotidiennement le nombre d’appareils produits par jour et

par opérateur et d’assurer un suivi quotidien des ventes.

Envie Sud-Est (ESE) est une EI sous forme de SAS œuvrant dans le secteur des

DEEE. L’association ER est à l’origine de la création de la société en 2006. Elle réalise

aujourd’hui différents types de prestations telles que la collecte des DEEE auprès des

déchetteries et des plateformes des distributeurs, le regroupement en fonction du type de

déchets (cheminement, logistique et traçabilité des déchets), le démantèlement sur les

plateformes de regroupement, ainsi qu’une activité de revente de matière premières ou de

produits résiduels récupérés sur les déchets. ESE a pris l’initiative de coordonner l’ensemble

des réponses des EI de la région Rhône Alpes voulant se positionner sur les appels d’offre

concernant le traitement des DEEE. ESE a fait le choix d’opérer en sous-traitance avec les

groupes industriels pour des opérations de pré-démantèlement ou de dépollution. Il s’agissait

donc pour ESE d’adapter sa structure insérante, à une offre industrielle qui nécessite une

structure financière et productive des plus performantes. ESE est parvenu à réunir ces

éléments et ainsi obtenir le traitement des écrans, segment à forte plus-value.

La structure illustre également tout l’enjeu des SIAE en termes de création de relations

partenariales. Adhérent aux réseaux Envie et UREI, Envie Sud Est représente toutes les EI de

la région Sud Est pour les appels d’offre concernant les DEEE. Ses relations avec la DDTEFP

sont très favorables. En effet, ESE affiche des résultats d’insertion satisfaisant mais diversifie

également l’offre d’insertion du territoire sur des métiers particulièrement intéressants aux

yeux de la DDTEFP. Quant aux relations bancaires, elles sont dignes de confiance.

La structure démontre des résultats d’insertion particulièrement intéressants. Passant de 19

ETP en insertion en 2006 à 57 ETP en insertion en 2008 avec un taux de sorties dynamiques

(CDD/CDI/Formation) évoluant de 41% en 2006 à 52% en 2008, ESE fait preuve de progrès

remarquables. A partir 2009, une partie du volume de traitement des écrans est directement

traitée sur le site du partenaire SITA à Feyzin. Cette démarche s’inscrit une logique de

parcours d’insertion des salariés, riche de débouchés pour les personnes en insertion à l’issue

de leur contrat. Au sein de l’EI, une chargée d’insertion concoure en partenariat avec les

partenaires (PLIE, RSA…) à élaborer des parcours d’insertion et en assurer le suivi (bilan

intermédiaires, réajustements des parcours etc.). L’accent est également mis sur la formation

en fonction des besoins et problématiques individuels (Module Livreur Installateur, Langues,

permis C etc.). Par ailleurs, l’entreprise veille à assurer un certain Turn-Over au sein des

salariés en insertion. Ainsi, une logique de parcours interne est mise en place si bien que

50

chacun sortira avec une expérience sur les différents postes : logistique, manutention,

réception etc.

ESE s’est engagée au cours de l’année 2009 dans la démarche de labellisation QUALIREI de

ses pratiques sociales. Outre l’intérêt de communication externe, cette démarche permet avant

tout d’insister sur l’animation d’équipe, les conditions de travail, le dialogue et la

communication interne. Suite à un diagnostic réalisé avec l'aide de la CRAM29 sur les postes

de travail, un programme de réorganisation de la chaîne de démantèlement a donc été conduit

courant 2009. Les objectifs visaient une diversification des tâches, une meilleure

responsabilisation du salarié sur l'ensemble des opérations de démantèlement, un souci

ergonomique de chaque poste. Avec la mise en place de la nouvelle chaîne, la structure a

installé des petits chauffages individuels à la place de la chaudière à mazout qui générait un

gaspillage d’énergie très important.

A travers ces exemples, plusieurs éléments sont à retirer. Engagées sur le secteur

industriel, les deux structures se sont orientées sur des niches permettant d’œuvrer en faveur

de la protection de l’environnement. Elles développent une réelle logique économique en tant

qu’opérateur agréé sur les DEEE et comme un des leaders de la vente d’appareils

électroménagers rénovés et garantis. Il convient de souligner la dimension sociale de cette

activité économique, qui vise à permettre l’accès des ménages à des appareils électroménagers

à bas prix. La volonté de donner une seconde vie à des appareils qui génèrent de nombreux

déchets inscrit l’activité dans une démarche environnementale. Les deux EI ont pour mission

principale de permettre à des personnes exclues de l’emploi, de s’en rapprocher, d’acquérir

une expérience et des compétences. La démarche QUALIREI, le souci des conditions de

travail, le travail fourni sur les parcours d’insertion et l’importance de la formation des

salariés attestent de l’engagement des structures sur le volet social.

Développer une viabilité et une autonomie économique au service du projet social,

telle est la recette irrémédiable de la réussite d’une structure dans la poursuite de son projet.

Si l’on peut identifier les facteurs clés de réussite, leur mise en œuvre n’est cependant pas si

aisée et beaucoup trop échouent encore. Il existe néanmoins toute une gamme d’outils à

destination des structures d’insertion, et de l’ESS, qui vise à les accompagner dans leur

démarche. Dans ce cadre, nous allons étudier plus précisément les outils pouvant être mis à

disposition par RDI et France Active, leur positionnement vis-à-vis du défi des SIAE et voir

en quoi la mission de stage s’inscrit dans cette optique. A ce titre, ER et ESE ont fortement

bénéficié du partenariat noué avec RDI.

29 Caisse Régionale d’Assurance Maladie

51

IIII.. LL’’eexxiisstteennccee dd’’aacctteeuurrss ppoouurr ll’’aaccccoommppaaggnneemmeenntt eett llee ffiinnaanncceemmeenntt

ddeess SSIIAAEE :: ll’’aaccttiioonn eett llee ppoossiittiioonnnneemmeenntt ddee RRhhôônnee

DDéévveellooppppeemmeenntt IInniittiiaattiivvee..

Nous avons longuement abordé la question de l’évolution des modalités de

financements des SIAE en relevant un enjeu important, celui de veiller au caractère hybride

de ses sources de financement. En réponse à l’idée de « ratisser large », nous allons décrire la

diversité des outils financiers existant au profit des SIAE, ainsi que des outils

d’accompagnement. Ces moyens d’appui visent essentiellement à les épauler sur le volet

économique dans la perspective de consolider et/ou d’impulser leur développement de

manière viable et pérenne.

A. L’existence de nombreux acteurs pour répondre aux besoins des SIAE.

AA..11 PPrréésseennttaattiioonn ddeess ddii fffféérreennttss aacctteeuurrss ppoouuvvaanntt iinntteerrvveennii rr ..

Depuis plusieurs années, de nombreux acteurs ont émergé dont la mission principale

mission est d’accompagner les acteurs de l’ESS et répondre aux besoins qu’ils émettent.

Partant du constat qu’un travail important devait être réalisé quant à l’évaluation des besoins

des SIAE, l’AVISE s’est lancée dans une étude visant à dresser un état des lieux des besoins

de financement des SIAE en vue de développer des modalités d’offre financière les mieux

adaptées (AVISE, 2004, 4). Un premier élément souligne la relative sous-capitalisation des

SIAE comme frein à leur développement et comme élément déstabilisateur. Ainsi, parmi les

structures concernées par l’étude de l’AVISE, 2/3 déclaraient avoir un niveau de fonds

propres insuffisant. Ensuite, comme nous l’avons identifié précédemment, bon nombre de

SIAE témoignent de difficultés avérées de trésorerie. Pour preuve, les structures ont souvent

tendance à recourir aux crédits de court terme (découvert, loi Dailly etc.) : 1/3 des structures

interrogées disent y avoir recours. L’analyse du recours à ces outils apparaît comme un

« pendant de la problématique fonds propres » (AVISE, 2004, 15). Enfin, le besoin

d’investissement est lié à des stratégies de développement de l’activité. L’étude de l’AVISE

indique d’ailleurs, au regard de la nature du recours des SIAE au réseau France Active, que

38% des demandes renvoient à un besoin d’investissement, 1/3 à un financement du Besoin

en Fonds de Roulement puis la restructuration du haut de bilan, la transformation juridique de

la structure et enfin la création d’une entité.

En réponse à ces besoins, plusieurs types d’outils ont vu le jour tandis que d’autres

existaient déjà. Sans aucune prétention d’exhaustivité, nous allons faire un tour d’horizon de

52

la diversité des moyens existants, financiers notamment, à destination des SIAE pour leur

permettre de se développer de manière pérenne.

Outre les financements accordés par l’état en termes d’aides au poste, les SIAE peuvent

solliciter d’autres partenaires publics. L’UE s’est aussi dotée de moyens financiers pour

soutenir des projets. Le Fonds Social Européen s’inscrit donc dans cette dynamique et vise,

pour la période 2007-2013, à « renforcer la cohésion sociale, favoriser l'inclusion sociale et

lutter contre les discriminations ». Pour autant sur cette période, le montant alloué est en

diminution de 34% par rapport à 2000-2006. Par conséquent, on comprend l’inquiétude

ambiante des Plie, des missions locales dont les financements dépendent largement d’apports

européens. Au titre du FSE, il existe également un dispositif d’appui aux microprojets

associatifs, la mesure 42330, qui soutient la création d’activités dans le secteur de l’ESS à

condition qu’elles soient positionnées sur de nouveaux gisements d’emploi (Loquet,

Septembre 2007). La Commission européenne a quant à elle lancé un nouveau programme,

« le programme Progress » qui permet dans les domaines de « l'emploi, l'insertion, la

protection sociale, les conditions de travail, l'égalité des sexes et la non-discrimination », de

financer des études, des actions d’apprentissage et autres campagnes de sensibilisation.

Fonctionnant sur un principe d’appels d’offre, ce programme concerne les SIAE ou autres

acteurs en mesure de porter de tels projets (Loquet, Septembre 2007).

La loi du 29 Juillet 1998 a créé, à l’échelle de chaque département un Fond Départemental

pour l’Insertion (FDI) dont l’objet est de financer toute initiative locale en matière d’IAE. Cet

outil est destiné à financer le développement et la consolidation d’initiatives en matière

d’IAE. 2 principaux types de financement peuvent être identifiés (Jeanneau, Septembre 2007).

Une mission d’aide et de conseil à destination des organismes qui ont pour projet la création

d’une SIAE (aide à la définition d’un projet économique, social et financier, réalisation d’une

étude de marché financement d’expertises en vue du développement commercial, de

l’organisation de la production, la gestion financière etc.) Une aide au démarrage, au

développement et parfois, à la consolidation en direction des SIAE.

Parallèlement au développement du secteur de l’IAE, les années 70-80 ont vu émerger de

nouvelles aides proposées par la société civile. Divers outils sont à ce titre

mobilisés (Nahapétian, Dorival, Beauvieux, Septembre 2007). On retrouve tout d’abord

divers organismes de capital-risque solidaire, tels que « Autonomie et Solidarité » ou encore

« les Cigales », ou encore la Société de Financement des Entreprises d’Insertion (SOFINEI)

créée en 2006, qui avec les moyens que lui allouent les épargnants, prend des parts dans le 30 Anciennement mesure 10B

53

capital d’une EI et lui permet ainsi de renforcer ses fonds propres. Globalement, le principe de

tels organismes consiste à mobiliser de l'épargne destinée à la création et au développement

de petites entreprises locales, telles que les SIAE. Les sommes ainsi épargnées, appartenant

toujours aux épargnants, sont investies dans le capital de sociétés, permettant ainsi d’élargir

leur champ et leur capacité d’action (Jeanneau, Septembre 2007). Autre outil que l’on peut

identifier, les fonds solidaires31 qui réutilisent l’argent investi par les épargnants afin

d’apporter du capital aux SIAE en achetant des actions non cotées. En outre, il existe des

produits d’investissement plus directs, tels que les financements de la Caisse d’Epargne à

destination de Projets d’Economie Locale et Sociale (Pels) pour des projets très précis portés

par des structures sans but lucratif œuvrant en faveur de personnes fragilisées et en recherche

d’autonomie sur des domaines qui sont l’emploi, l’autonomie, le lien social (la culture, le

sport, la lutte contre l’exclusion etc.).

En sus de ces nombreux outils, il convient également d’aborder l’activité de mécénat32 à

destination des SIAE pouvant prendre la forme d’apport financier, de compétence, en nature.

La Fape, créée en 1995 intervient en vue d’apporter une aide à la professionnalisation et au

développement de liens avec les entreprises du secteur marchand. Outre l’accompagnement et

l’apport financier qu’elle propose, la fondation Crédit Coopératif distribue des prix et trophées

à destinations de structures de l’ESS. La Fondation de France quant à elle, apporte un soutien

via des appels à projets spécifiques. La Fondation Kronenbourg intervient en faveur des cafés

sociaux et restaurants traiteurs d’insertion via le mécénat de compétences ou l’octroi de

subventions. Dans la même logique de spécialisation par secteur, la fondation Décathlon

favorise des projets d’insertion par le sport.

AA..22 RRDDII eett FFrraannccee AAccttiivvee:: uunnee iinntteerrvveennttiioonn aauu pplluuss pprrèèss ddeess aacctteeuurrss ddee ll ’’ IIAAEE..

C’est par le biais de la forte croissance de l’épargne solidaire que l’association France

Active est progressivement devenue l’un des premiers réseaux de financement de l’IAE. Créé

en 198833, le réseau dispose de deux sociétés financières et d’une 40aine de fonds territoriaux

(parmi lesquels on retrouve RDI), auxquels il donne pour mission d’expertiser des projets

d’IAE, de mobiliser des partenariats publics et privés et d’apporter une aide financière en

tentant de rassembler les acteurs bancaires. Association créée en 1993, RDI œuvre pour

l’accompagnement et le financement à la création ou à la reprise d’entreprise « classique »

31 Le FCPIE par exemple (Fond Commun de Placement Insertion Emplois) 32 Parmi les fondations les plus actives en faveur de l’IAE, on retrouve la Fondation Agir pour l’Emploi (FAPE), la fondation Caisse d’Epargne, la Fondation de France, la Fondation Macif etc. 33 A l’initiative conjointe de la Fondation de France, de la Caisse des Dépôts et Consignations, de la Fondation MACIF, du Crédit Coopératif et d’autres organisations caritatives

54

d’une part et à destination des entreprises de l’ESS d’autre part. RDI a pour vocation le

développement de l’emploi dans les structures de l’ESS et donc de l’IAE. Les SIAE

représentent d’ailleurs une part considérable des structures étant accompagnées par RDI et le

réseau France Active. A titre indicatif, rappelons que près de la moitié des structures

concernées par la campagne de suivi 2009, sont des SIAE. Du fait de leur vocation sociale,

bon nombre de dirigeants de structures ne peuvent s’appuyer uniquement sur leurs propres

apports ou se porter caution en tant que personne physique. Comme nous l’indique l’étude de

l’AVISE, les SIAE émettent des besoins afin de consolider leurs fonds propres, de financer

leur BFR et d’être en mesure d’investir. Face à ces difficultés financières spécifiques, la

mission de RDI est d’accompagner et trouver des voies de financement en vue de lever des

fonds supplémentaires, voués à rendre viable économiquement des projets d’utilité sociale

(Vitel & Le Berre, Juin 2009). Les outils financiers que proposent France Active évoluent et

s’adaptent sans cesse en fonction des besoins des structures.

Afin d’être éligible à une intervention de RDI, toute structure doit répondre à trois principaux

critères : elle doit démontrer une utilité sociale34, exercer une activité économique et

participer à la création ou consolidation d’emplois. Toute intervention du réseau France

Active se fera à destination de structures capables de démontrer des conditions de pérennité

économique et une professionnalisation adéquate. L’association est en mesure d’accompagner

une grande diversité de projets en adaptant sa réponse à la taille, au statut juridique, à la phase

de développement et au projet précis de la structure. Par conséquent, le niveau de risque pris

dépendra de tous ces éléments et de fait, l’origine de la ressource mobilisée évoluera en

conséquence. De plus, un effet levier pour des prêts bancaires sera dans de nombreux cas

recherché. Il convient d’insister sur les rôles des banques auprès des structures de l’ESS. On

remarque souvent une relative réticence de certains organismes bancaires à s’engager auprès

des structures de l’ESS, ce qui s’explique essentiellement par le manque de connaissance de

ce secteur. Pour autant, les banques ont un rôle fondamental à jouer auprès de l’ESS. C’est

pourquoi, RDI s’attache de manière quasi systématique à mobiliser les banques et à les inciter

à jouer le jeu. Une complémentarité de divers financements est souvent recherchée, avec pour

objectif, de lever les réticences et amener les banques à faire davantage confiance aux

structures. RDI est donc un acteur très actif dans l’organisation d’un tour de table financier et

dans la mobilisation d’une diversité de partenaires.

34 Cf annexe 5 : les différents domaines sur lesquels France Active est susceptible d’intervenir.

55

B. Les outils mobilisés par RDI : un large panel adapté aux différentes

problématiques rencontrées.

Il convient de présenter plus précisément d’une part les outils que RDI et France

Active sont à même de mobiliser et d’autre part d’étudier pour quels types de besoins et sous

quelles conditions une intervention peut être mise en place. Si l’on se concentre sur l’activité

de RDI, on distingue 2 principaux modes d’actions possibles en direction des acteurs de

l’insertion : d’une part un large panel d’outils financiers et d’autre part un outil plus qualitatif,

à savoir le Dispositif Local d’Accompagnement.

BB..11 LLeess oouuttii llss ddee ffiinnaanncceemmeenntt eett llee ssuuiivvii ddeess ssttrruuccttuurreess..

RDI, dans le cadre de son affiliation au réseau France Active est un acteur de

financement par excellence. L’association dispose d’un large panel d’outils lui permettant

ainsi de pouvoir intervenir en prenant en compte la diversité des problématiques des

structures. Ainsi le choix de l’outil mobilisé dépendra du type de besoin sollicité par la

structure (création, développement, consolidation voire même restructuration), ainsi que de

l’importance de la structure, les montants mobilisés tous outils confondus pouvant aller de

10k€ à 1500k€35. Les solutions ainsi proposées peuvent soit prendre la forme de garanties

d’emprunt bancaire ou d’apport en fonds propres/quasi fonds propres.

Les garanties d’emprunt bancaire visent à opérer un effet levier auprès des prêts bancaires

qui ne seraient débloqués sans de telles garanties. Les prêts ainsi couverts sont destinés soit à

financer un besoin en fonds de roulement soit à financer des investissements. France Active

Garantie (FAG) est une société financière et filiale de l’association France Active. Les

garanties de crédits bancaires qu’elle propose, sont destinées soit aux personnes sans emploi

ou en situation économique précaire, souhaitant créer leur entreprise, ainsi qu’aux entreprises

solidaires et associations d’utilité sociale. La caution professionnelle aux ETTI répond aux

exigences de la législation sur l'activité des ces SIAE leur imposant qu’elles disposent d'une

garantie financière afin de couvrir le paiement des salaires, des indemnités et des cotisations

dues au titre de ces salaires. Seuls une société de caution mutuelle, un organisme de garantie

collective, une assurance, une banque ou un établissement financier peuvent apporter une telle

garantie qui s’élève à 8% du CA de l’ETTI. Le Fonds de Garantie pour les Structures

d’Insertion par l’Economique (FGIE) s’adresse spécifiquement aux SIAE et couvre, comme

nous l’avons indiqué, des prêts destinés soit à financer un investissement ou bien le BFR.

35 Le tableau en annexe 6 représente l’ensemble des interventions financières dont dispose le réseau France Active et les Fonds Territoriaux.

56

Dans le premier cas, le prêt doit financer des investissements amortissables, de type

immobilier, véhicule, recherche et développement etc. Dans le second cas, les prêts doivent

s’intégrer dans un plan de financement pour le démarrage ou le développement de la SIAE.

Les interventions en quasi fonds propres peuvent être considérées comme des « créances de

dernier rang », autrement dit des fonds qui seront les derniers à sortir en cas de difficulté de la

structure. C’est pourquoi, on les considère comme des quasi-fonds propres, car ils permettent

réellement à la structure de se renforcer financièrement. Les interventions en Fonds

d’Amorçage Associatif, en Contrat d’Apport Associatif, au titre de la Société

d’Investissement France Active (SIFA) ou du Fond Commun de Placement Insertion Emploi

(FCPIE) entendent donc intervenir auprès des SIAE en vue de renforcer leur assise financière,

de les rendre plus solvables. Ceci permet de remédier en partie au recours quasi permanent à

des outils financiers de court terme (découvert, Dailly), qui représentent un coût élevé pour

les structures. Dans une logique de développement de l’activité, l’intervention en quasi fonds

propres permet également de couvrir l’accroissement du BFR qui souvent, engendre de gros

problèmes de trésorerie. Enfin, ces outils financiers peuvent être sollicités en vue d’assurer et

contribuer au financement d’un plan d’investissement. Il convient également de noter que la

SIFA est une société d’investissement solidaire, ayant pour actionnaire autre que France

Active, des établissements financiers, des grandes entreprises, des fonds communs de

placement d’entreprises solidaires. Son intervention se fait en prêt participatif ou en capital

compte courant. La SIFA dispose également d’un dispositif régional, qui mobilise

régionalement son capital. Le FCPIE détient le label FINANSOL, garantissant aux

épargnants, solidarité et transparence. 10% des fonds collectés sont investis dans des titres

non cotés. Ces 10% sont orientés par France Active en direction des entreprises ou

associations créateurs d’emplois en particulier pour des personnes en situation économique et

sociale précaire.

Depuis peu, France Active semble avoir pris conscience d’un nouvel élément

indispensable dans sa mission d’aide aux SIAE : le suivi. France Active souhaite en effet

fortement développer cette activité, qui représente à notre sens un enjeu fondamental dans la

pérennité des partenariats qui sont engagés avec les différentes structures. La mission de stage

m’a donc placé en charge du suivi de l’ensemble des structures ayant bénéficié d’un

financement de la part du réseau France Active. Il s’agit, dans le cadre du contrat d’objectifs

fixé avec le responsable de la structure, d’établir chaque année un bilan économique, financier

et social de l’année écoulée. L’aspect économique est un des points fondamental de cette

mission car il est gage pour la structure, d’une consolidation et d’une pérennisation de son

57

activité. Une situation économique saine, lui permet effectivement de pouvoir tendre, de façon

plus sereine vers son objet social. Pour autant il est également primordial, dans le cadre du

suivi, de porter une attention toute particulière à l’environnement de la structure dans toute sa

globalité : évolution de l’emploi, réseaux partenariaux et rapports aux divers financeurs,

composition du Conseil d’Administration, évolution du contexte lié au secteur d’activité etc.

Ici repose tout l’intérêt du suivi, à savoir d’être en mesure de développer une connaissance

fine et précise de la structure dans son ensemble et de pouvoir envisager de manière pertinente

sa situation et ses perspectives d’avenir. Le suivi est donc une mission d’appui et

d’accompagnement durant toute la durée du financement. Le suivi est annuel mais peut aussi

avoir lieu de manière plus fréquente en cas de difficulté de la structure. Le suivi vise, dans la

mesure du possible, à instaurer un climat de confiance avec la structure, d’où l’importance de

réaliser des visites sur place afin de nouer des relations plus « poussées » et de confiance avec

les dirigeants de la structure et de se rendre compte de leur environnement de travail. Le suivi

vise à réaliser un « état des lieux » de la situation de la structure, de l’orienter, de la conseiller

et d’envisager conjointement ses perspectives d’avenir et de développement, en s’interdisant

absolument tout acte de gestion.

Dans le cas où une structure rencontre des difficultés, il s’agit de fixer et d’ajuster avec elle de

nouveaux objectifs et de lui proposer un soutien, en ayant recours à des outils adaptés. De

même, lorsque les perspectives de remboursement semblent risquées et incertaines, la mise en

œuvre de nouvelles modalités est possible. Le suivi doit se faire dans un souci de percevoir le

remboursement à terme sans pour autant mettre en difficulté la structure de manière

irrémédiable. Ainsi, le réseau France Active propose des possibilités de rééchelonnement des

remboursements. Par exemple, à défaut d’un échéancier de 3 versements sur trois ans, une

mensualisation peut être envisagée. Cette flexibilité permet à la structure, confrontée à une

situation délicate, de bénéficier d’un laps de temps supplémentaire afin de développer et

pérenniser son activité. Elle lui permet aussi d’avoir des échéances certes plus fréquentes mais

beaucoup moins importantes, réduisant ainsi les risques de trésorerie. Toutefois, il incombe de

ne pas tomber dans l’effet inverse qui serait de repousser indéfiniment le remboursement,

situation qui ne serait profitable ni à RDI ni à l’association. C’est pourquoi, la concertation et

la définition conjointe des réorientations est indispensable au bon fonctionnement du

partenariat.

58

BB..22 LLee DDiissppoossii ttii ff LLooccaall dd’’ AAccccoommppaaggnneemmeenntt ccoommmmee ssoouuttiieenn aauu ddéévveellooppppeemmeenntt dduu mmoonnddee aassssoocciiaattii ff..

Initialement destinés à pérenniser les dispositifs emplois-jeunes au sein des

associations, les DLA ont été créés en 2001, sous l’égide de l'Etat et de la CDC. Avec pour

objectif premier, le soutien de l'activité et de l'emploi dans le secteur associatif, ces dispositifs

ont rapidement vu leur champ d’intervention élargi. Désormais, les DLA ont pour enjeu

d’apporter un soutien à l’ensemble des structures employeuses du tiers secteur (associations,

coopératives, et SIAE). Leur rôle vise donc à « intervenir dans les structures pour les aider à

se consolider économiquement » (Jeanneau, 2007). Le dispositif DLA se déroule en plusieurs

phases. Il convient dans un premier temps de dresser un diagnostic général et partagé avec la

structure de son activité afin de définir les pistes sur lesquelles il est possible et utile d’agir. A

partir de ce diagnostic, le DLA finance l’intervention d’experts sur une problématique

clairement identifiée, visant à accompagner la structure dans ses objectifs de pérennisation.

Parmi les types d’accompagnement que propose le DLA, on retrouve pour l’année 2008 les

thématiques suivantes : appui au projet et stratégie de consolidation (41%) ; organisation

interne/ressources humaines (22%) ; aspects économiques et financiers (21%) ;

communication et prospection commerciale (9%) (AVISE, 2009, 7).

En 2007, le territoire français comptait 104 DLA coordonnés à l’échelon régional –via les 17

C2RA- et complétés depuis 2005 par la création des Cnar (Centre Nationaux d’Appui et de

Ressources) dont l’objet est d’apporter une expertise sectorielle. Depuis l’année 2002, pas

moins de 9000 structures ont bénéficié d’un appui du DLA. Ces structures employaient au

total 71 000 salariés. Pour l’année 2005, c’est 600 SIAE qui ont été accompagnées soit plus

du double par rapport à 2004. L’IAE est un des domaines concernés qui marque l’une des plus

importantes progressions (Jeanneau, 2007). En 2008, les DLA sont intervenus auprès des

SIAE qui représentent 14% de l’ensemble des accompagnements réalisés (AVISE, 2009, 6).

La DRTEFP de Poitou Charente a réalisé une étude sur l’apport des DLA, en direction

des ACI notamment. Face à l’évolution de leur environnement certaines tendances se font

ressentir: dispersion territoriale, taille moyenne réduite, fréquente fragilité financière et

difficulté à développer des stratégies commerciales. Dans un tel contexte, la question de leur

survie se pose avec acuité et passe nécessairement par des questionnements quant aux modes

de management internes, leurs aptitudes à diversifier et développer leurs débouchés

économiques (DRTEFP, 2008, 1). Si l’on ajoute à cela la tendance au tarissement des

subventions ainsi que l’imposition par les nouvelles modalités de conventionnement

d’objectifs quantitatifs de retour à l’emploi plus serrés, « les ACI sont confrontés au double

59

impératif consistant à rationaliser leurs modèles de gestion, à innover dans les domaines

économiques et commerciaux, tout en améliorant leur efficacité en termes de sortie vers

l’emploi de publics » (DRTEFP, 2008, 1). C’est donc sur ces thématiques que les

accompagnements DLA sont organisés : l’appui au développement économique d’une part

(développement de nouvelles structures, recherche de financements hybrides, accès aux

marchés publics) et l’appui à la professionnalisation des équipes permanentes (Gestion des

Ressources Humaines, la gestion comptable et financière, mise en place de tableaux de bord)

d’autre part (DRETFP, 2008,2).

En termes d’incidence on peut distinguer les effets directs, davantage structurels et liés aux

objectifs fixés dès le départ : mise en œuvre d’outils, d’actions stratégiques, de projets

stratégiques. Par ailleurs, on identifie des effets induits, moins perceptibles et agissant plus sur

le long terme mais tout aussi cruciaux. Il s’agit de la dynamique générale du DLA qui permet

aux structures d’opérer un changement d’approche et de comportement et d’être moins

réticentes aux logiques suivantes : introduction d’outils de gestions, préférence pour les

financements par subventions plutôt qu’aux outils bancaires, mutualisation inter-structures

plus envisageables etc. En permettant de poser un diagnostic neutre, technique et prospectif

sur le fonctionnement et l’évolution des SIAE, les DLA ont démontré avoir des effets notoires

quant à la consolidation et au développement de ces structures. L’impact des DLA se fait

ressentir sur les structures concernées dans le sens où ils les amènent à affiner leurs modalités

d’organisation, d’orientation stratégique, de gestion etc.

D’une intervention davantage qualitative via le DLA, à un accompagnement et suivi

réguliers des structures en passant par toute une gamme d’outils financiers destinés à répondre

à des problématiques diverses et variées, il apparaît que des acteurs comme RDI sont

réellement prêts à aider et soutenir les SIAE en vue de faire face aux nouveaux défis,

économiques notamment, qui se dressent devant eux.

C. Une intervention ayant fait ses preuves et pouvant aller plus loin.

CC..11 EExxeemmpplleess dd’’ iinntteerrvveennttiioonnss rréévvééllaattrr iicceess..

¤¤ EEnnvviiee RRhhôônnee eett EEnnvviiee SSuudd EEsstt :: pplluussiieeuurrss iinntteerrvveennttiioonnss eenn rrééppoonnssee àà ddeess bbeessooiinnss ddiivveerrss..

Nous avons longuement évoqué le cas d’Envie Sud Est et d’Envie Rhône afin de

montrer comment ces deux structures parviennent à maîtriser le développement d’activités

économiques viables, sur des niches respectueuses de l’environnement, tout en insistant sur

l’importance de leur mission d’insertion. Ces deux structures sont engagées depuis plusieurs

60

années déjà dans un partenariat avec RDI et ont bénéficié de nombreuses interventions. Ces

deux exemples montrent la dynamique partenariale qui se crée entre RDI et les SIAE en vue

de pérenniser le plus longtemps possible ces coopérations.

En évoquant les relations entretenues entre RDI et Envie Sud Est, M. Charrassin, directeur

d’ESE et d’Envie Rhône constate qu’« avec RDI, les relations sont très satisfaisantes et nous

souhaitons continuer ce partenariat ». En 2007, ESE a bénéficié d’un premier financement de

15k€ de SIFA, complété d’un apport de 15k€ du FCP IE ayant pour objet la consolidation du

Fond de Roulement et ainsi de favoriser le développement de l’activité. A ce titre, M.

Charrassin indique que « RDI nous a permis de monter le financement qui assure le

développement d’Envie Sud Est. La maison mère Envie Rhône était trop fragile pour

supporter seule la création de cette filière ». En 2009, une garantie FAG de 50% sur un prêt

bancaire de 60k€ a été attribuée, en vue du renouvellement de la chaîne de production. En sus

d’être destiné à accroître la productivité, cet investissement a également été consenti dans un

souci d’amélioration des conditions de travail et d’économies d’énergies. Depuis sa création

en 2006, ESE a quadruplé son Chiffre d’Affaires, voyant ainsi passer son personnel en

insertion de 10ETP à 34ETP en 2009.

Envie Rhône a également bénéficié d’un double soutien de RDI : en 2003, une garantie à

hauteur de 75% a été consentie sur un emprunt de 70k€. En 2007, Envie Rhône a été

accompagné dans le cadre du DLA sur la problématique de l’organisation interne et du

processus de production. Enfin, au cours de l’année 2009, une nouvelle intervention

financière de RDI a été décidée afin de contribuer au financement du Besoin en Fonds de

Roulement liée aux nouveaux projets de développement de la structure.

¤¤ LLaa mmoobbiilliissaattiioonn dduu DDLLAA eett dd’’oouuttiillss ffiinnaanncciieerrss aauu sseerrvviiccee dd’’uunnee jjeeuunnee EEII :: llee ccaass AAlltteevv..

RDI, fond territorial France Active et structure porteuse du DLA du Rhône présente

l’avantage de regrouper en son sein une mission d’accompagnement et de financement des

SIAE. Selon les départements, le fond territorial France Active n’est pas toujours porteur du

DLA. Au cours de mon stage, j’ai pu me rendre compte de tout l’intérêt d’avoir une structure

capable de mobiliser des outils de financement et des outils d’accompagnement. Néanmoins,

cela ne signifie en aucun cas que, lorsque les outils France Active et le DLA ne sont pas

réunis, l’action soit moins efficace. Les SIAE qui présentent des besoins ou problématiques

particuliers ont parfois du mal à évaluer le type d’intervention nécessaire. Dès lors, RDI est en

mesure de mobiliser soit un financement soit un accompagnement de manière plus efficace.

De nombreuses structures ont pu ainsi bénéficier d’un DLA, suivi ou précédé d’un

financement. Les SIAE bénéficient donc, grâce à RDI, d’un partenaire polyvalent. Ainsi

61

parmi les structures concernées dans le cadre du suivi 2009, bon nombre d’entre elles avaient

d’ores et déjà bénéficié d’un DLA. D’autres qui ont bénéficié d’un financement font

actuellement l’objet d’un accompagnement.

Afin d’illustrer comment le DLA et le financement peuvent intervenir auprès d’une même

structure, arrêtons nous quelques instants sur le cas d’Altev, EI créée en 2006 sous forme de

SARL, et conventionnée pour 2ETP en insertion. Son cœur de métier correspond

essentiellement à l’entretien d’espaces verts avec pour principaux clients des bailleurs

sociaux, des régies d’immeubles, d’autres SIAE et des entreprises privées. RDI est intervenu

une première fois dans le cadre de la création de la structure. Cet apport fut destiné à

contribuer au financement de l’ensemble des besoins engendrés par la création. Parmi les

éléments déterminants dans la décision d’intervenir, on identifie tout d’abord la qualité d’un

partenariat noué avec une autre EI. Ce partenariat découlant des expériences antérieures du

gérant, allait permettre à Altev de bénéficier d’une mise à disposition d’un bureau, de l’accès

à du matériel ainsi qu’une partie de la clientèle du partenaire déjà en demande de services

d’entretien des espaces verts. Suite à une étude de marché menée par le gérant et grâce à un

réseau solide qu’il ne manquera pas d’actionner, Altev bénéficiera dès sa création d’un

portefeuille clients. Autre facteur déterminant, le profil du gérant qui semblait être idéal pour

mener à bien ce projet. Ses expériences, tant dans le domaine de l’insertion que dans le

secteur des espaces verts, sont apparus comme des facteurs sécurisant tandis que sa récente

formation en gestion laissait supposer des compétences de direction de SIAE. Par ailleurs, le

territoire d’implantation de la structure ne présentait pas de concurrent en termes d’offre

d’insertion. Cette décision d’installation a été longuement murie et le gérant a pris le soin de

rencontrer au préalable l’ensemble des acteurs institutionnels. La prise en compte du

territoire, un des facteurs clés que nous avons identifié, a donc été correctement menée. Enfin,

la faible dépendance de la structure à des financements extérieurs, dont les problèmes de

délais de versement ont déjà été largement décrits, est apparue comme un autre point positif.

Malgré la réunion de bon nombre de « facteurs clés », en 2009, la structure a repris contact

avec RDI présentant une relative fragilité liée à plusieurs facteurs. Bien que la structure soit

parvenue dès sa création à développer son chiffre d’affaires, ceci s’est fait sans réelle

démarche commerciale. Or, il s’agissait précisément d’un des points de vigilance identifié au

moment du financement ; l’avenir de la structure dépendrait rapidement de la capacité du

gérant à mener une politique commerciale efficace. L’essentiel des marchés ont au départ été

captés du fait de partenariats solides noués par le dirigeant lors d’expériences professionnelles

62

antérieures. Toutefois, l’année 2009 s’annonce difficile pour développer le CA. Les nouveaux

marchés acquis viennent en effet principalement compenser la perte de deux marchés

existants (1 marché de sous-traitance qui a pris fin pour le titulaire et un marché s’appuyant

sur une convention avec un bailleur social qui a dû formalisé ce type de marché dans le cadre

d’appels d’offre). Or ALTEV, du fait notamment de sa taille, rencontre de nombreuses

difficultés à remporter des appels d’offre. Bien que la structure dispose d’un plan stratégique

de développement, les moyens pour le mettre en œuvre (stratégie commerciale, moyen

humains, logistique, etc.) sont occultés, le gérant ne sachant réellement comment les mettre en

œuvre. Un réel besoin est ici identifié. Une autre problématique renvoie à des problèmes de

gestion interne des ressources humaines: rotation importante du poste d’encadrant, difficultés

à fidéliser les salariés en insertion. Ces difficultés qui entrainent une sous-utilisation des

postes en insertion, risquent d’aboutir à la révision des modalités de conventionnement.

Conscient de ces difficultés, le gérant a décidé de mutualiser son action d’insertion avec une

autre EI sur le volet recrutement et mise en œuvre des parcours d’insertion. Cette nouvelle

organisation permettra au dirigeant de se libérer du temps pour l’aspect commercial

notamment. A l’heure actuelle, un accompagnement DLA est en cours afin d’épauler la

structure en lui apportant des outils nécessaires à la mise en œuvre de son plan de

développement. Ces méthodes intègrent les éléments suivants : le développement de la

stratégie commerciale, l’élaboration du marketing-mix (produit – prix – distribution –

communication), la gestion des RH (appui à la fonction de dirigeant) ainsi que le

développement d’outils logistiques (dimensionnement de l’outil de production, organisation

administrative).

Cet exemple concret d’intervention de RDI est intéressant sous deux aspects. Tout

d’abord, en analysant l’intervention financière consentie par RDI, nous avons pu envisager

certains éléments essentiels que doit développer la structure : partenariats, adéquation au

territoire, étude et recherche de marché, profil du porteur de projet etc. En ce qui concerne

l’accompagnement DLA, on réalise que les SIAE disposent de partenaires prêts à les

accompagner sur leurs problématiques spécifiques : gestion des ressources humaines et

démarches commerciales dans ce cas. Ainsi l’exemple d’Altev révèle à nouveau les difficultés

que peuvent rencontrer les SIAE dans la mise en adéquation de leur projet d’insertion (gestion

des RH) et d’un développement économique (difficultés de mise en œuvre d’une démarche

commerciale) et l’importance à cet effet, de la présence d’acteurs tels que RDI.

63

¤¤ UUnnee pprriissee ddee rriissqquuee ddee RRDDII aayyaanntt ccoonnttrriibbuuéé aauu «« ssaauuvveettaaggee »» ddee MMéénnaaggeess SSeerrvviicceess..

Ménage Services est une association créée en Décembre 1996 sous l’égide de l’Hôtel

Social et conventionnée EI depuis 1997. A l’origine, sa vocation consiste à créer des postes

d’insertion pour des femmes en situation d’exclusion dans le domaine des services à la

personne et à domicile. L’association a donc obtenu depuis plusieurs années les agréments

« simple et qualité », nécessaires à ce type d’activité. Cependant, le public que l’association

reçoit ne lui permet pas de développer des activités plus complexes. Par conséquent des

efforts importants de formation sont réalisés afin de permettre à celles en ayant le potentiel

d’évoluer dans ces métiers. Pendant plusieurs années, au terme des contrats d’insertion, les

femmes étaient embauchées par l’association sur des contrats de travail de droit commun en

CDI. Or, ce qui pouvait passer pour des sorties positives à l’emploi est rapidement devenu le

problème le plus important de l’association. En 2002, Ménage Services a du faire face à de

grosses difficultés étant donné que la moitié des heures facturées étaient réalisées par du

personnel non insertion dont le coût est plus important. Parallèlement, l’association affichait

un prix de vente de l’heure identique pour tous les clients et calculé sur la base du coût de la

main d’œuvre insertion. Dès lors, constatant qu’en 2002, sur 25 ETP réalisés, seuls 13.64

correspondaient à des postes en insertion, la DDTEFP a alerté et mis un ultimatum à la

direction de l’association afin de faire évoluer cette situation.

Une telle situation ne pouvait effectivement plus durer car salarier en CDI et CDD les

personnes en fin de parcours d’insertion posait non seulement de graves problèmes de

rentabilité mais se faisait également au détriment des personnes en poste d’insertion pour

lesquelles les heures proposées n’étaient plus suffisantes. Dès lors, la direction de

l’association à imaginer de créer et d’assurer le portage d’une Association de Services à la

Personne (ASP) ayant pour vocation de porter les postes de travail relevant du droit commun,

pérennisés sur Ménage Services. Un tel projet permettait également d’envisager des parcours

d’insertion cohérents avec à la clé, de bonnes perspectives d’insertion professionnelle dans le

cadre du droit commun.

En 2003, Ménage Services a donc sollicité RDI en vue de trouver un soutien. Alors à la limite

du dépôt de bilan, l’intervention en Contrat d’Apport Associatif de 15k€ ainsi qu’en garantie

sur un prêt bancaire d’un même montant, a permis de « donner l’air suffisant pour mobiliser

l’énergie ailleurs, sur d’autres projets » affirme M. Abdellaoui, directeur de Ménage

Services. A ce titre, il reconnaît qu’« il fallait réellement y croire à l’époque ». En 2006, RDI

intervient de nouveau en faveur de MS DOM, l’ASP imaginée par Ménage Services,

réellement créée en 2004 mais dont l’activité n’a démarré qu’en 2006. Ce financement est

64

venu contribuer à la constitution du fond de roulement nécessaire au démarrage ainsi qu’au

financement des investissements nécessaires.

Depuis, Ménage Services a développé son Chiffre d’Affaires de l’ordre de 60% et a vu son

personnel en insertion passer de 13ETP à 35ETP. MS Dom propose une offre de services

complémentaire de celle de l’association Ménage Services, et permet à des nombreuses

salariées en insertion de poursuivre, en tant que salariée de droit commun.

Aujourd’hui l’association Groupe MS a été créée en vue de mutualiser les moyens entre

Ménages Services, MS Dom, Autrement chez vous et MS Ressources. L’idée est de partager

des ressources transversales : management, administration, gestion, développement.

Autrement chez vous, assure depuis Avril 2008 des prestations de services et bénéficie de

l’agrément simple et qualité. MS Ressources association a été créée en Mars 2008 et

constitue un centre de formation et de ressources internes sur les métiers du service à la

personne. Fort d’un partenariat vieux de 7 ans, RDI est toujours en contact avec la structure et

des perspectives d’une nouvelle intervention sont envisagées : un exemple de collaboration

pérenne.

A nouveau, des tensions entre activité économique (baisse de la rentabilité) et projet

d’insertion (volonté de pérenniser des contrats en insertion) ont été à l’origine des difficultés

rencontrées par l’association. RDI est ici intervenu en soutien à un projet imaginé par les

dirigeants afin de sauver la structure. Aujourd’hui, l’activité se porte bien, combinant

parfaitement une activité économique au service d’un projet d’insertion, qui ne cesse, au

regard de la constitution du groupe MS, de se pérenniser.

A l’image de ces quelques exemples, l’action proposée par RDI, que ce soit dans le

cadre du DLA et de ses outils de financements, semble efficace dans l’accompagnement des

SIAE à se positionner sur le volet économique et social. Toutefois, certaines

recommandations peuvent être formulées en vue de rendre ces interventions encore plus

pertinentes.

CC..22 PPrrééccoonniissaattiioonnss eett rreeccoommmmaannddaattiioonnss..

Il convient également de prendre un peu de recul quant à l’intervention que propose

RDI et d’en identifier quelques limites ou recommandations. Si depuis sa création,

l’association et le réseau France Active ont fait leur preuve et connaissent un fort

développement, certains aspects de leur contribution restent à souligner.

65

¤¤ DDéévveellooppppeerr uunnee ppééddaaggooggiiee ééccoonnoommiiqquuee eett uunn ssuuiivvii pplluuss rreennffoorrccéé eenn ddiirreeccttiioonn ddeess SSIIAAEE..

De nombreuses SIAE rencontrent des difficultés pour bénéficier d’une intervention de

France Active. La mobilisation d’outils financiers nécessite que toute SIAE réponde à certains

critères. Ainsi, les exigences en termes de gestion et suivi économique sont fortes. Toute

SIAE qui souhaite obtenir un appui doit démontrer de réelles capacités économiques et faire

preuve de professionnalisme. Si ces conditions peuvent sembler trop contraignantes, elles

n’en sont pas moins indispensables, tant pour l’association France Active que pour les SIAE.

D’ailleurs, l’étude de l’AVISE révèle une capacité significativement croissante des structures

à être en mesure d’exprimer et formuler leurs besoins de financement, et ce, en distinguant

court, moyen et long terme. Il semble que les structures intègrent dorénavant la nécessité de

mener des analyses financières fines quant à leur activité. Ce facteur est un signe de

maturation croissante, de la part des acteurs : « Cela ne nous semble pas banal, car la maîtrise

par les SIAE des raisonnements financiers de type bancaire n’est pas une évidence » explique

l’AVISE (AVISE, 2004, 43). Une telle tendance résulte sans aucun doute de l’évolution de

l’environnement qui pousse et impose aux SIAE de développer une activité économique

viable. De même, on peut penser que des acteurs comme France Active, de par les effets

avérés de leur intervention et des critères qu’elle nécessite, les incite d’autant plus à s’engager

dans une telle démarche.

L’enjeu, selon l’AVISE, revient donc à développer toute une pédagogie auprès des SIAE, leur

permettant d’acquérir les capacités nécessaires à l’évaluation objective de leurs risques et

leurs capacités de rembourser les concours auxquels elles souscrivent etc. (AVISE, 2004, 44).

Une telle démarche leur permettrait d’être plus à même et plus rapidement de bénéficier de

l’apport de RDI. La mission de suivi des structures financées peut être un des éléments

assurant la continuité d’une telle pédagogie. La campagne de suivi semble encore trop

souvent rétrogradée comme une « mission de second ordre ». Plusieurs témoignages recueillis

nous font part d’un certain regret ; à savoir qu’une fois l’intervention financière réalisée, RDI

se fait relativement discret, excepté lorsque des difficultés se présentent. Une relative prise de

conscience semble toutefois avoir eu lieu à l’image de la volonté, à l’échelon national, de

réellement formaliser et instituer cette mission. Au cours de la mission de suivi, nous avons

pu nous rendre compte combien une rencontre avec les dirigeants était importante pour les

structures. Elle permet en effet, au cours d’une demi-journée de pouvoir « mettre sur la table »

les évolutions de la structure, interpréter les éléments passés tout en présentant les

perspectives futures. Pour RDI cela permet d’anticiper sur les besoins à venir de la structure et

ainsi de réellement s’inscrire dans une démarche partenariale de long terme. Bien souvent, le

66

temps manque aux chargés de suivi de mener à bien cette mission et de pouvoir aller à la

rencontre d’un maximum de structures. Le suivi est encore loin d’être généralisé mais son

importance est en voie d’être réellement reconnue : de bonnes perspectives d’avenir.

¤¤ UUnnee pprréésseennccee pplluuss ffoorrttee ssuurr llee tteerrrriittooiirree..

D’après l’étude de l’AVISE, les structures identifient un manque d’information

disponible et un défaut de reconnaissance de l’action des Fonds Territoriaux sur le territoire.

L’AVISE nous rappelle qu’en 2004, le taux de pénétration au sein de l’IAE était faible, de

l’ordre de 10% et de 20% pour les EI (AVISE, 2004, 27). Bien qu’en 5 ans et au regard de la

croissance du réseau, on puisse imaginer que ce taux ait fortement évolué, il est vrai que

d’importants efforts sont encore à faire en termes de communication. Cette demande émane

des SIAE qui souhaiteraient avoir une meilleure connaissance et information quant à

l’existence de ces acteurs et des outils qu’ils proposent : « la demande d’information est

récurrente pour toutes les structures, quelle que soit leur taille » (AVISE, 2004, 66).

Ainsi, l’exemple de RDI est révélateur : si l’association est particulièrement bien identifiée

par les SIAE de Lyon et de son agglomération, il n’en est pas de même sur des territoires plus

excentrés du département (Tarare, le Beaujolais etc.). A ce titre, des actions de

communication (articles de presse, participations à des réunions de présentation sur

l’ensemble du territoire etc.) sont réalisées par RDI afin d’être mieux identifiée et de pouvoir

davantage contribuer au développement des SIAE. Avec un territoire différent,

particulièrement rural et étalé, le fond territorial du département de l’Ain rencontre les mêmes

problématiques. Une meilleure communication sur le territoire passe nécessairement par une

mobilisation de l’ensemble des partenaires (acteurs publics, têtes de réseaux de l’IAE, acteurs

de la création et de l’accompagnement) pour qu’ils puissent renseigner et orienter

correctement les structures concernées par l’action du réseau.

Enfin, d’après l’AVISE, au-delà de la présence territoriale des outils de financement via les

fonds territoriaux, il convient d’aller plus loin et d’intégrer ces outils dans les processus

mêmes de pilotage de l’IAE. Ainsi l’idée serait que les fonds se positionnent comme membres

à part entière des CDIAE, par exemple, en tant qu’«expert et accompagnateur financier»

(AVISE, Février 2004, 65). Outre la réduction des risques éventuels liés à des prises de

décision et orientations pouvant avoir des conséquences fâcheuses sur des SIAE encore

fragiles, une telle implication des acteurs financiers permettrait un couplage plus efficace avec

les financements publics.

67

¤¤ UUnnee mmeeiilllleeuurree ccoooorrddiinnaattiioonn ddeess aacctteeuurrss..

Face à la multitude des acteurs d’accompagnement et de financement qui se sont

développés ces dernières années, il est parfois difficile de s’y retrouver. De même, d’un

territoire à l’autre, il est parfois délicat de bien comprendre quelles sont les prérogatives

précises de chacun. Un travail important reste donc à fournir en vue de rendre le panel d’outils

déjà existants et leur fonctionnement davantage lisible et surtout d’éviter que les différents

acteurs rentrent dans des logiques « de concurrence » quant au type d’intervention qu’ils

proposent.

Ainsi, à l’image du DLA, chaque dispositif est nécessairement cantonné aux outils dont il est

doté. Ainsi, une des faiblesses du système se fait encore ressentir sur la coordination avec les

autres outils d’accompagnement et de financement. Le DLA reste limité dans la mesure où il

ne détient pas les « outils opérationnels de changement » de type fonds financiers pour

l’investissement, crédits de formation etc. (DRETFP, 2008, 9). Dès lors il semble crucial,

pour une meilleure cohérence et efficacité des DLA, que ces derniers s’intègrent dans une

dynamique partenariale cohérente et qu’ils entretiennent des partenariats privilégiés avec tous

les acteurs.

• Avec les CDIAE, sur l’aspect diagnostic, connaissance des problématiques des SIAE

sur le territoire et définition des orientations à adopter.

• Avec les réseaux, en évitant absolument des dérives concurrentielles où les deux

acteurs investissent le champ d’action de l’autre. A ce titre, dans le cas de l’EI Altev,

l’UREI a largement été sollicitée dans l’identification et la définition du besoin et de la

problématique même de la structure.

• Avec les partenaires portants les instruments de financement solidaire. D’où l’intérêt

pour RDI, nous l’avons abordé, de gérer tant les outils financiers que ce dispositif

d’accompagnement.

• Avec les différentes collectivités locales du territoire, ne serait-ce que pour l’aspect

financement mais aussi l’importance du soutien politique et leur vision des

problématiques des structures etc.

Les pistes d’amélioration de l’action proposée par le réseau France Active et les DLA

sont des enjeux essentiels afin de perfectionner le soutien proposé aux SIAE. Ceci leur

permettrait de pouvoir envisager de façon plus sereine le défi auquel elles font face, qui plus

est dans un environnement particulièrement mouvant et somme toute, incertain.

68

CCOONNCCLLUUSSIIOONN

En pleine période d’évolution et de transformation, le monde de l’IAE présente cette

particularité de devoir composer entre l’impératif économique et l’objet social de son activité.

Un tel défi, certes pas nouveau, mais dont la prégnance est de plus en plus intense, résulte en

grande partie d’un environnement mouvant, caractérisé par un cadre législatif évolutif, des

modalités de financement toujours plus ténues et des pressions concurrentielles toujours plus

fortes. Concilier le volet économique et le volet social, nous l’avons bien compris, place

inéluctablement les SIAE dans des situations pouvant vite devenir paradoxales (De

Jonckheere C., Mezzena S., Molnarfi C, 2008, 213). Cette nouvelle donne ne va donc pas sans

poser de problèmes aux SIAE, rencontrant bien souvent bon nombre de difficultés

d’adaptation, de communication, de professionnalisation, de développement économique, de

relations partenariales, etc.

Pour autant, il serait bien imprudent de croire que ce défi relève d’une mission impossible. En

réunissant des facteurs clés et en respectant certains principes phares, les SIAE semblent les

mieux placer pour se positionner sur les deux tableaux et ainsi, proposer des activités

économiques viables et pérennes au service d’un projet d’insertion, voire même

environnemental. A ce titre, les exemples de succès sont nombreux, comme autant de voies à

suivre et de comportements à adopter pour l’ensemble des SIAE.

Qui plus est, ces structures ne se retrouvent pas esseulées pour relever ce défi. En réponse au

diagnostic de leurs besoins et aux attentes des SIAE, de nombreux acteurs spécialisés dans

l’accompagnement et le financement de telles activités ont émergé. L’association France

Active représente un des financeurs par excellence du monde de l’IAE, en proposant toute une

gamme d’outils adaptables selon la taille, le besoin et la phase de vie de chaque structure. En

veille permanente sur l’évolution du monde de l’IAE, et plus généralement de l’ESS, France

Active tente d’adapter son offre en fonction des besoins identifiés. A ce sujet, la mission de

suivi, encore aux prémices de sa formalisation, ainsi que le positionnement de certains fonds

territoriaux pour le portage du Dispositif Local d’Accompagnement, témoignent de cette

volonté d’adaptation et de diversification des prestations proposées à destination des SIAE.

Cependant, afin de mener à bien leur mission de soutien au monde de l’IAE, ces acteurs se

doivent de veiller à poursuivre l’amélioration de leur action via une coordination pertinente,

une implication territoriale plus forte et plus égalitaire et le développement d’une réelle

pédagogie quant aux enjeux économiques qui se dressent devant les SIAE.

69

La mission de stage au sein de RDI a permis de comprendre les enjeux relatifs au monde de

l’ESS. Si ce travail a été consacré aux SIAE, bon nombre de difficultés, de réussites, de

perspectives et d’opportunités sont communes aux deux secteurs. Dans le contexte de crise

que nous connaissons actuellement, les maux économiques et sociaux tels que la hausse du

chômage, l’extension de la pauvreté et de l’exclusion, l’urgence écologique sont amplifiés. La

crise engendre des conséquences beaucoup plus inquiétantes notamment pour ceux qui se

trouvaient dans des positions déjà vulnérables, notamment du fait de leur éloignement à

l’emploi. Bien que la tâche semble loin d’être aisée, cela semble justifier le rôle des SIAE

(Clerc, Janvier 2009). Cependant, sur la base de ce travail, des références bibliographiques et

au regard de réflexions recueillies auprès de divers acteurs du secteur, on peut identifier de

forts enjeux et souhaiter certaines évolutions pour l’IAE.

• Dans ce contexte de crise, une relance du volume de contrats aidés permettra sans

doute aux SIAE d’avoir « une bouffée d’oxygène ». En revanche, il faudra redoubler

d’attention face au risque de sélectivité des publics recrutés. L’afflux de nouveaux chômeurs

pourrait amener les SIAE sur la voie de pratiques de recrutement plus sélectives, laissant

ainsi de côté les personnes les plus vulnérables. Enfin, d’après D. Clerc, ce contexte de crise

pourrait brutalement interrompre l’embellie constatée des les Zones Urbaines Sensibles36.

Or, une nouvelle logique de sélectivité dans les embauches, pourrait de nouveau creuser

l’écart entre les publics au regard de leur origine géographique (Clerc, 2009).

• L’avènement d’un Contrat Unique d’Insertion semble être relativement bien accueilli

par les acteurs37, à condition qu’il soit simplifié, ouvert à tous publics, souple en termes

d’horaires et gage de stabilité et visibilité pour le salarié. En outre la mise en place d’un tel

dispositif nécessiterait d’instaurer des instances représentatives du personnel et de bien

appliquer les conventions collectives pour les salariés (Clerc & Dorival, Septembre 2007).

• Un enjeu très important relève également des financements du secteur. L’hybridation

des ressources et le montant de ces contributions financières sont deux questions brûlantes

(Boncler &Hlady Rispal, 2003, 105). Des efforts importants doivent être fournis en vue de la

mise en adéquation des financements publics et privés et ce, en fonction des besoins du

36 selon une étude de l’ANPE, entre 2006 et 2007, l’écart entre le taux de retour à l’emploi pour les publics issus de ZUS et celui des publics hors ZUS, s’est considérablement réduit, grâce notamment aux efforts réalisés en termes d’accès aux contrats aidés (CLERC D., Crise économique : l’IAE plus nécessaire que jamais, La lettre de l'insertion - n°6 - Janvier 2009). 37 Cf. CLERC D. & DORIVAL C., Quel avenir pour l’IAE, Alternatives Economiques - Pratique n°30 - Septembre 2007

70

territoire et du projet social des structures (Clerc & Dorival, Septembre 2007). Quant au

montant des financements, si l’impact de la collecte d’épargne solidaire se fait

progressivement ressentir, ce mode de financement reste encore relativement marginal et

surtout insuffisant pour compenser la réduction des ressources allouées sous formes de

subventions publiques (Boncler &Hlady Rispal, 2003, 106).

• Enfin, la plupart des acteurs reconnaissent qu’en dépit des différences existant entre

SIAE, il est nécessaire que ces acteurs parviennent à conjuguer leurs moyens et capitaliser les

pratiques en vue de proposer de réels parcours d’insertion. Les SIAE doivent valoriser au

regard des autres acteurs, leurs savoir-faire et ainsi étendre le dialogue avec le monde

économique, avec lequel un réel échange réciproque peut s’opérer (Clerc & Dorival,

Septembre 2007). La constitution de partenariats doit également s’opérer avec l’ensemble des

acteurs du territoire dans un souci de confiance, d’interdépendance, de complémentarité et de

répartition claire et efficace des compétences et ressources nécessaires à leur mobilisation.

L’IAE est donc aujourd’hui traversée par de forts enjeux : l’évolution de son

environnement et les capacités d’adaptation dont feront preuve les structures seront

déterminantes pour l’avenir. D’après de nombreux observateurs, l’ampleur de la crise et son

caractère systémique font que les efforts de relance ne parviendront sans doute pas à enrayer

son extension et son approfondissement. « S’attaquer frontalement aux déséquilibres

structurels du système » tel semble être la voie la plus efficace (Alphandéry C., Fraisse L. &

Ghezali, Avril 2009, 3). L’IAE, mais de façon plus générale l’ESS, pourrait apparaître comme

une réponse à de tels enjeux fondamentaux appelant de nouveaux modèles de développement.

Un « livre blanc pour une économie plurielle, responsable et solidaire38 », est en cours de

rédaction avec pour objet de démontrer toute l’utilité de l’ESS dans ses spécificités et sa

pertinence. Car l’ESS ne constitue-t-elle pas une réponse à la crise et ses pratiques, ses

principes et valeurs ne pourraient-ils pas inspirer les réformes nécessaires et inciter les acteurs

à adopter des lignes de conduite similaires ?

38 Claude Alphandéry, Christiane Bouchart (RTES), Eve Chiapello (HEC), Laurent Fraisse (Crida), Tarik hezali, Marie-Hélène Gillig (Ceges), Jean-Guy Henckel (Jardins de Cocagne), Madeleine Hersent (Mes), Isabelle Laudier (CDC), Jean-Louis Laville (Cnam), Jean-Michel Lécuyer (Sifa), Christian Sautter (France Active), Hugues Sibille (Avise, Ides), Jean-Luc Tissier (Envie).

71

BBIIBBLLIIOOGGRRAAPPHHIIEE Ouvrages. ¤ ADJERAD S., BALLET J., L’insertion dans tous ses états, l’Harmattan, Paris, 2004. ¤ AVISE, Evaluer l'utilité sociale de son activité. Conduire une démarche d'autoévaluation. Les cahiers de l'Avise, n°5, Avise et Culture & promotion, Paris, septembre 2007, 120p.

¤ BIGOURDAN B., TCHERKACHINE D., Evaluer et optimiser le projet associatif : diagnostic stratégique de l’association, éditions Juris Associations, 2004

¤ BONCLER J., HLADY RISPAL M., Caractérisation de l’entrepreneuriat en économie solidaire, les éditions de l’ADREG, Décembre 2003.

¤ BOUCHARD M., BOURQUE G., LEVESQUE B., L'évaluation de l'économie sociale dans la perspective des nouvelles formes de régulation socio-économique de l'intérêt général Cahiers du CRISES, Collection Études théoriques No ET0013, octobre 2000.

¤ GADREY J., 2006, L’utilité sociale en question: à la recherche de conventions, de critères et de méthodes d’évaluation, in: J-N. Chopart, G. Neyret, D. Rault (dir.), Les dynamiques de l’économie sociale et solidaire, Paris: La Découverte (Recherches), pp. 236-279.

¤ SEGHERS V., ALLEMAND S., L’audace des entrepreneurs sociaux : concilier efficacité économique et innovation sociale, Ed. Autrement, Paris, 2007.

Articles.

¤ AVISE, Notoriété et perception de l’IAE, sondage réalisé par Opinionway, Avril 2009.

¤ AVISE, En amont de l’évaluation de l’utilité sociale : clarifier les enjeux, Extrait du point de vue de Jean Gadrey, dans "Evaluer l’utilité sociale de son activité", Cahier de l’Avise N°5, Octobre 2007, http://www.avise.org/spip.php?article782.

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¤ Centre d’Etudes et de recherche sur les qualifications (Céreq), La professionnalisation de l’emploi associatif : l’exemple des Associations Intermédiaires, Bref n°180, Décembre 2001.

¤ CLERC D., Spécial « Grenelle de l’insertion » (1) - Comment mesurer la performance des SIAE ? » La lettre de l'insertion - n°142 - Décembre 2007.

¤ CLERC D., Crise économique : l’IAE plus nécessaire que jamais, La lettre de l'insertion - n°6 - Janvier 2009

¤ CLERC D. & DORIVAL C., Quel avenir pour l’IAE39, Alternatives Economiques - Pratique n°30 - Septembre 2007

¤ COQ-CHODORGE C., Quand l’insertion se met au vert, La lettre de l'insertion - n°7 - Février 2009

39Entretiens réalisés avec D. Piard (Fnars), P. Louveau (délégué de l’association nationale des acteurs du Chantier-école), JG Henckel (directeur réseau Cocagne), N. Hanet-Kania (secrétaire générale COORACE), M. Grosset (CNEI) et A. Farhi (secrétaire général CNCE-Geiq),

72

¤ COQ-CHODORGE C., « Déchets : l’insertion à l’épreuve », La lettre de l'insertion - n°6 - Janvier 2009

¤ CPCA, Financement des associations : trop de contrôle ? La vie associative N°11, Septembre 2008.

¤ CPCA, RGPP, une affaire d’Etat ? La vie associative N°11, Septembre 2008.

¤ DARES, L’Insertion par l’Activité Economique en 2007, Premières Synthèses Informations, n°17-2, Avril 2009.

¤ Direction Régionale du Travail, de l’Emploi et de la Formation Professionnelle (Poitou Charente), L’apport des DLA à la consolidation et au développement des ACI, Productions Thématiques, Avril 2008,

¤ DORIVAL C., Vice et vertus de la concurrence, La lettre de l'insertion - n°7 - Février 2009

¤ DORIVAL C., L’intérim dans la tourmente, La lettre de l'insertion - n°10 - Mai 2009

¤ DORIVAL C., Une frilosité envers les actions d’innovation sociale, Entretien avec Bertrand Schwartz : fondateur des missions locales et de l'association Moderniser sans exclure, Alternatives Economiques - Pratique n°30 - Septembre 2007.

¤ DORIVAL C., Des financements insuffisants, complexes et instables, entretien avec C. Alphandéry, président du CNIAE, Alternatives Economiques - Pratique n°30 - Septembre 2007

¤ EME B., Une histoire de l’insertion par l’économique, Alternatives Economiques - Pratique n°30 Septembre 2007

¤ GADREY, J., L’utilité sociale des organisations de l’Economie Sociale et Solidaire : une mise en perspective sur la base de travaux récents, Février 2004.

¤ JEANTET T. Economie sociale : la solidarité au défi de l’efficacité, la Documentation Française, Janvier 2006.

¤ JEANNEAU L., La professionnalisation : enjeux et pratiques, Alternatives Economiques - Pratique n°30 - Septembre 2007

¤ JEANNEAU L., 2007, une année faste pour l’IAE, La lettre de l'insertion - n°10 - Mai 2009

¤ JEANNEAU L., Le fonds départemental pour l'insertion (FDI), Les financements publics de l'IAE, Alternatives Economiques - Pratique n°30 - Septembre 2007

¤ JEANNEAU L., Les aides de la société civile, Alternatives Economiques - Pratique n°30 - Septembre 2007

¤ JEANNEAU L., Les DLA soutiennent les structures d’utilité sociale, La lettre de l'insertion - n°136 - Mai 2007

¤ JEANNEAU L., L’IAE va-t-elle être soumise aux règles de la concurrence européenne ?, la lettre de l’insertion, n°9, Avril 2009.

¤ JEANNEAU L., L'implication aléatoire des collectivités territoriales, Alternatives Economiques - Pratique n°30 - Septembre 2007

¤ LOQUET, P. Les structures d'insertion et l'Europe, Alternatives Economiques - Pratique n°30 - Septembre 2007

¤ NAHAPETIAN, L'IAE doit être reconnue comme l'une des composantes d'une économie plurielle, La lettre de l’Insertion, n°138, Juillet 2007.

73

¤ PILLET A., Le marketing social et solidaire, éd. L'AMI, 2006, www.lami.org.

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¤ VITAL B. & LE BERRE F., Dossier de presse, Rhône Développement Initiative 2009, Juin 2009.

¤ UNIOPSS (Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés sanitaires et sociaux), Les associations de solidarité face aux logiques de mise en concurrence, Février 2009.

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¤ http://www.cnei.org

¤ http://www.coorace.org

¤ Révision générale des politiques publiques : un "coup d’accélérateur" pour la réforme de l’Etat, 24/09/2007 http://www.vie-publique.fr/actualite/dossier/rgpp/revision-generale-politiques-publiques-coup-accelerateur-pour-reforme-etat.html

Autres.

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¤ ALPHANDERY C., FRAISSE L. & GHEZALI T., L’économie sociale et solidaire : une réponse entrepreneuriale et politique à la crise, Texte d’orientation pour un livre blanc en cours d’élaboration (avril 2009).

¤ Béasse E., Danjean F., Lianzon F., Les clauses d’insertion dans les marchés publics : une opportunité pour les Structures d’Insertion par l’Activité Economique, Master Economie Sociale et Solidaire, Université Lyon II, Janvier 2009.

¤ Centre Ain Actif, Etat des lieux de l’IAE sur le bassin d’emploi de Bourg en Bresse, Eté 2008.

¤ CNIAE, L’inclusion active en Europe : quelles perspectives pour l’IAE ?, Séminaire, Octobre 2007, Paris.

¤ CNIAE, Mesure de l’éloignement à l’emploi à partir d’un outil de mesure de l’utilité sociale des SIAE, Assises nationales des CDIAE, 28 Avril 2009.

¤ CNAR-IAE, Guide des nouvelles modalités de conventionnement IAE – Etat 2009, Janvier 2009.

¤ FRANCE ACTIVE, Note sur les réformes de l’IAE 2009, Avril 2009.

¤ IRIAE, Commande publique socialement responsable : donner du sens aux marchés publics, Novembre 2008.

¤ Ministère de l’Economie, de l’Industrie et de l’Emploi, RGPP : deuxième rapport d’étape, Mai 2009.

¤ UREI Rhône Alpes, Atelier Entreprendre dans l’insertion : mettez votre esprit d’entreprendre au profit des personnes en difficulté, organisé dans le cadre du Salon des Entrepreneurs, 17 – 18 Juin 2009.

74

LLIISSTTEE DDEESS SSIIGGLLEESS ACI : Atelier Chantier d’Insertion

AI : Association Intermédiaire.

AGEFIPH : Agence pour la gestion des fonds pour l’insertion des personnes handicapées

CCAS : Centre Communaux d’Action Sociale

CDC : Caisse des Dépôts et Consignations.

CDIAE : conseil départemental de l’insertion par l’activité économique

CHRS : Centre d’Hébergement et de Réadaptation Sociale

CNAR : Centre Nationaux d’Appui et de Ressources

CNASEA : Centre National pour l’Aménagement des Structures des Exploitations Agricoles

CPCA : Conférence Permanente des Coordinations Associatives.

DARES : Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques

DDTEFP : Direction Départementale du Travail, de l’Emploi et de la Formation Professionnelle.

DLA : Dispositif Local d’Accompagnement

ETTI : Entreprises de travail Temporaire d’Insertion

EI : Entreprise d’Insertion

EPCI : Etablissements Publics de Coopération Intercommunale

EBE : Excédent Brut d’Exploitation

ESS : Economie Sociale et Solidaire

FSE : Fond Social Européen

GEIQ : Groupements d’Employeurs pour l’Insertion et la Qualification

IAE : Insertion par l’Activité Economique

LOLF : Loi Organique relative aux Lois de Finance

MEIE : Ministère de l’Economie, de l’Industrie et de l’Emploi

PIB : Produit Intérieur Brut.

PLIE : Plans Locaux pour l’Insertion et l’Emploi

RGPP : Réforme Générale des Politiques Publiques.

RDI : Rhône Développement Initiative

SIAE : Structure de l’Insertion par l’Activité Economique

SSIG : Services Sociaux d’Intérêt Général.

UREI : Union Régionale des Entreprises d’Insertion.

UNIOPSS : Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés sanitaires et sociaux

75

AANNNNEEXXEESS

AAnnnneexxee 11 :: LLeess 44 aaxxeess dduu «« pprroojjeett dd’’iinnsseerrttiioonn »» qquuee ddooiivveenntt ffoorrmmaalliisseerr lleess SSIIAAEE –– ((CCNNAARR--

IIAAEE,, JJaannvviieerr 22000099,,2266--2277))..

Les 4 axes :

- l’accueil et l’intégration en milieu de travail. Il s’agit pour la structure de bien veiller à ce que les personnes qui sont reçues correspondent aux profils qu’elle entend accueillir. Sur ce volet, la structure se doit également d’informer le nouveau salarié du fonctionnement de la structure et de réaliser un diagnostic précis quant à sa situation socioprofessionnelle.

- L’accompagnement social et professionnel. Ce second axe aborde différentes problématiques tels que l’accompagnement sur des questions sociales, l’encadrement sur les postes de travail, la préparation et l’accompagnement de la sortie vers l’emploi, la création de liens en situation de travail…

- La formation des salariés en insertion. Cela concerne l’ensemble des actions relevant de la formation et la mise en œuvre d’un plan de formation qui amène à s’interroger sur diverses problématiques : l’acquisition des compétences est elle formalisée, l’évaluation des compétences, les formations ont-elles lieu dans ou hors temps de travail… ?

- La contribution à l’activité économique et au développement territorial. Il convient sous cet axe de démontrer l’apport de la SIAE sur son territoire, comme acteur social et économique. Ainsi la structure se doit d’identifier ses partenariats sous un double aspect : sa contribution en relation avec d’autres acteurs à la réalisation de véritables parcours d’insertion sociale et professionnelle et d’autre part elle doit insister sur les partenariats contractés sur le plan économique avec d’autres SIAE, structures de l’ESS, et entreprises de l’économie lucrative. On identifie clairement la nécessité pour chaque SIAE de mettre en valeur à la fois ses réalisations en termes d’insertion (vocation sociale) et son équilibre économique. La structure doit donc s’inscrire dans des secteurs d’activité lui permettant de concilier logique d’insertion et impératif économique.

76

AAnnnneexxee 22 :: LLeess SSIIAAEE –– ccaaddrree jjuurriiddiiqquuee ((DDAARREESS,, 22000088,,1122))..

77

AAnnnneexxee 33 :: VVeerrss uunn CCoonnttrraatt UUnniiqquuee dd’’IInnsseerrttiioonn..

Source: (France Active, Avril 2009, 20)

78

AAnnnneexxee 44 :: lleess oouuttiillss dd’’aannaallyyssee ffiinnaanncciièèrree :: ddééttaaiill ddee llaa ppaaggee nn°°3344..

Le plan de financement : il s’agit de la traduction chiffrée et formalisée de la stratégie et des

plans d’action sur 3 ans en général. Afin de vérifier et valider la faisabilité financière des

orientations, cette étape est primordiale non seulement pour la structure mais également pour

donner une visibilité aux partenaires. Elle apporte également un surplus de légitimité à la

structure qui prouve ainsi une certaine capacité de rigueur dans son fonctionnement

(Bigourdan, Tcherkachine, 2004, 57).

Les outils d’analyse financière :

¤ Le compte de résultat permet de représenter l’ensemble des emplois et ressources

d’exploitation sur une période donnée, en faisant apparaître les marges et le résultat de la

structure. Afin d’apprécier la réalité de l’évolution et de la rentabilité de l’activité, une

présentation comparée par rapport aux exercices précédents est nécessaire. Dans le cas des

structures de l’IAE, différents aspects ressortent et sont essentiels pour l’analyse : le poids

dans le budget global de l’association des subventions perçues ; la variation des différentes

ressources d’exploitation et leur part relative ; l’importance relative des différents postes de

charges (charges sociales et salaires, charges de structure…) ; l’évolution des différents

Soldes Intermédiaires de Gestion et du résultat net.

¤ Le Bilan permet d’obtenir une vision de la situation financière de la structure à un moment

donné en analysant au Passif, d’où proviennent les ressources de la structure (capital, résultats

successifs, dettes et emprunts) et à l’Actif, ce que possède la structure (immobilisations,

créances clients, subventions à recevoir, trésorerie). 3 principaux indicateurs sont également

appréciés à savoir le Fonds de Roulement, le Besoin en Fonds de Roulement et la trésorerie

nette.

¤ Le cycle d’exploitation.

- le fonds de roulement (FR) renvoie à l’excédent (ou déficit) des ressources durables,

autrement appelées les capitaux permanents, par rapport aux emplois durables. Un fond de

roulement positif permet de dégager des ressources en vue de financer les besoins financiers

qui sont liés à l’exploitation (BFR) et dans le cas des structures de l’IAE, de financer les

délais de versement des subventions.

- le besoin en fonds de roulement (BFR) doit être réduit au maximum. Une structure

dont le BFR est supérieur au FR sera en situation de difficulté de trésorerie. Toutefois, il

reste important de considérer le secteur d’activité de la structure en vue de bien apprécier le

79

BFR dont l’évolution va fortement dépendre des délais de perception des créances

(subventions, créances clients etc.) ainsi que des délais de paiement des dettes (fournisseurs,

dettes fiscales et sociales).

- la situation de trésorerie nette s’apprécie au regard de son origine. La situation sera

saine lorsque le FR positif permet de couvrir l’intégralité du BFR et ainsi de dégager une

trésorerie nette.

¤ En complément de l’étude des indicateurs révélateurs de l’équilibre financier, il convient

également de se concentrer sur l’autonomie financière de la structure en vue d’apprécier dans

quelle mesure cette dernière parvient à limiter son risque financier, autrement dit à éviter de

se retrouver dans une situation de cessation de paiement (Bigourdan, Tcherkachine, 2004,

143). Pour ce faire, plusieurs ratios sont calculés.

- Ratio d’autonomie financière : Capitaux propres/ capitaux permanents.

Il s’agit avec ce ratio d’envisager la cohérence du rapport entre d’une part les fonds propres

de l’association et d’autre part l’endettement à moyen et long termes. Le résultat de ce rapport

devient satisfaisant lorsqu’il atteint 50%. Plus le rapport est faible, plus l’association se

retrouve dans une situation de dépendance vis-à-vis des banques et par conséquent plus

l’association a du mal à recourir à de nouveaux emprunts.

- Ratio de solvabilité : Fonds Propres/Total Bilanciel.

Ce ratio indique le degré d’autonomie financière de la structure. Plus ce ratio est élevé, plus la

structure affiche une structure économique saine. Le seuil acceptable communément reconnu

est atteint lorsque les fonds propres (capitaux propres + Réserves + Provisions + Dettes à plus

d’un an et emprunts) représentent 30% du passif total.

- Capacité de remboursement des emprunts : Emprunt MLT / CAF40

Le résultat exprime un nombre d’années de remboursement et apprécie également la capacité

d’endettement supplémentaire que l’association peut assurer. Dans l’idéal, ce ratio ne doit pas

excéder 5 années.

40 Capacité d’autofinancement = résultat net + dotations aux amortissements et provisions – reprise sur amortissement et provisions.

80

AAnnnneexxee 55 :: LLeess ddoommaaiinneess ssuurr lleessqquueellss llee rréésseeaauu FFrraannccee AAccttiivvee eesstt ssuusscceeppttiibbllee

dd’’iinntteerrvveenniirr..

Source : http://www.aquitaineactive.org

81

AAnnnneexxee 66 :: lleess oouuttiillss dd’’iinntteerrvveennttiioonn ffiinnaanncciièèrree ddee RRDDII eett FFrraannccee AAccttiivvee..

Nom de l'outil Public Montant

(jusqu'à…) Durée Coût

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garanti

FGIF

Femmes souhaitant créer,

reprendre ou développer

une entreprise

27 000 € de

garantie 2 à 7 ans

2.5% du montant

garanti

FGIE SIAE 60 000 €

garantis

Entre 2 et 12

ans

2.5% du montant

garanti

FGAP Entreprises Adaptées 250 000 € de

garantie

Entre 2 et 15

ans

2 à 2.5% du montant

garanti

FGES Entreprises Solidaires 50 000 € de

garantie

5 ans

maximum

2% du montant

garanti

Impul'sio Petite et Moyenne

Association 20 000 € Entre 2 et 5 ans 2% par an

Caution

Professionnelle EITT ETTI

114 337 €

maximum / /

APPORT EN FONDS PROPRES OU QUASI FONDS PROPRES

Contrat d'Amorçage

Associatif Petite Association 10 000 €

Entre 1 an et 1

an 1/2 Aucun

Contrat d'Apport

Associatif Toute association 30 000 € Entre 2 et 5 ans Aucun

Fonds Régional

d'Investissement

Solidaire (FRIS) Entreprise solidaire ou

association 1 500 000 €

5ans ( 7ans

dans certains

cas)

2% par an

SIFA / FCP IE

AUTRES

Le Fonds de

Confiance

Entreprise solidaire

souhaitant créer une

nouvelle entreprise sociale.

20 000 € / /

Source : http://www.franceactive.org/upload/uploads/File/113443_solutions_financement_franceactive.pdf