LES SIÈGES DE NAMUR EN CHANSONS

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Revue trimestrielle 80e année

N°2 - 2004

Janvier - février - mars

Le Numéro : 6,50 €

BELGIQUE-BELGIE

5000 NAMUR 1

P. P. 1450

LES SIÈGES DE NAMUR EN CHANSONS

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o.SOMMAIRE 2004-2

LES SIÈGES DE NAMUR EN CHANSONS

□ La prise de Namur en chansons historiques (1ère partie) p. 44

Roger PINON

DIFFÉRENTES VISIONS DU DERNIER REPOS

Au confluent de la vie et de la mort p. 54

□ II. Les cimetières de Namur

Françoise JACQUET-LADRIER

COMPTE-RENDU p. 65

fUlil

fUUl

ASSEMBLEE GENERALE STATUTAIRE

DU 20 MARS 2004

p. 68

COUVERTURE

Le siège de Namur de 1692 par RD. Martin (Coll. Ville de namur)

LES SIEGES DE NAMUR EN CHANSONS

LA PRISE DE NAMUR EN

CHANSONS HISTORIQUES

La seule question est de savoir si l'histoire doit réduire le sens des phénomènes histori

ques à ces couches anciennes et plus ou moins avérées, ou s'il doit montrer comment ces

héritages n'ont jamais cessé d'être réassumés dans le fonctionnement présent des sociétés

et des cultures à chaque moment de leur histoire.

Jean-Claude Schmitt, Les revenants (...), Paris, 1994, p. 253

L'usage a été établi au XIXe siècle de qualifier d'historiques un lot de chansons de

tradition orale.

Les Instructions relatives auxpoésiespopulaires de la France, dues à Jean-Jacques Ampère

pour le compte du Comité de la Langue, de l'Histoire et des Arts de la France institué par

le Ministre de Napoléon III, Hippolyte Fortoul, le 16 septembre 1852, définissent « poésies

historiques » celles qui célèbrent un fait mémorable, un homme illustre, ou même qui, sous

des noms imaginaires, peignent vivement la situation morale ou politique d'un temps1.

J'ai analysé certains aspects de cette classe de chansons, notamment des chansons

sur des sièges, dans ma communication au colloque tenu à Sudbury les 31 octobre, 1er et

2 novembre 1991, sur L'œuvre de Germain Lemieux, s.j. Bilan de l'ethnologie en Ontario

français : « Le siège de Mons en 1691 en chansons » montre qu'elle concerne la Wallonie

et la France2.

C'est un aspect plus politique qui caractérise la chanson de La prise de NamurparLouis

XIV en 1692, dont le siège fut dirigé par le roi de France en personne et dont l'historiogra

phe officiel est Jean Racine3. Ce qui explique peut-être qu'elle eut un retentissement plus

durable en France que chez nous, et plus grand que celle du siège de Mons, coulée dans

un moule traditionnel qui a beaucoup servi. Le siège de la ville hainuyère n'est évoqué

qu'une seule fois en France, en Basse-Normandie.

1. Brochure extraite du Bulletin du Comité de la Langue, de l'Histoire et des Arts de la France, Paris, 1853, p.

24. Elle fut offerte à la Société liégeoise de Littérature wallonne par Jules Tarlier, l'historien ; la Société y puisa

son projet de collecter les chants et airs populaires, projet qui culmina en la publication du célèbre Recueil d'airs

de cramignons et de chansons populaires à liège, de Léonard Terry et Léopold Chaumont, 1889.

2. Sudbury, 1993, p. 367-395. La même étude parut dans les Annales du Cercle archéologique de Mons, t.

LXXV, 1992, p. 191-207.

3. Pour rappel, voir M. GILLES, Les sièges de 1692 et 1695 vus par les écrivains, dans F. et Ph. JACQUET-

LADRIER (dir.), Assiégeants et assiégés au cœur de l'Europe, Namur, 1688-1697, Bruxelles, Crédit communal,

1992, p. 156-161, et ID., Le siège de Namur dans l'œuvre de Racine, Boileau et Saint-Simon témoins du siècle de

LouisX7V, Namur, 1992 (Note du Guetteur wallon).

44

Le siège de 1258

Avant d'en venir aux chansons du siège par les Français, il convient de rappeler qu'en

1258 Henri de Luxembourg s'empara de Namur dans des circonstances relatées dans son

Histoire du comté de Namur par le jésuite Jean-Baptiste De Marne4, né à Douai en 1699.

Ce fut l'occasion d'une chanson qu' Arthur Dinaux5 attribue à un Anonyme de

Namur : l'auteur a cru devoir se cacher sous le voile de l'anonyme, probablement parce

qu'il traite fort mal, dans ses vers, les Flamands et les Hainuyers, ses voisins. Ces couplets

historiques et un peu satiriques ont dû être pendant longtemps répétés dans le comté et les

environs, supposition qui n'est étayée que par un argument faux, puisque De Marne ne

« recueillit » pas cette chanson, alors connue sous le nom de Chanson de Namur, - autre

erreur, car De Marne a écrit des versfaits en ce tems-là , - mais les « découvrit » dans le ma

nuscrit de Coislin6. Et rien ne prouve que la « chanson » popularisa et fut encore connue

au XVIIIe siècle ; ni d'ailleurs qu'elle fut composée à Namur.

Voici enpeu de mots, écrit Le Roux de Lincy7, quelsfurentles évènemens qui sepassèrent

devant Namur pendant [ les années 1256-1258 ]. Henri III, dit le Blond, comte de Luxem

bourg, profitant d'une révolte des habitons de cette ville contre Marie de Brienne, femme

de Baudouin [II], [dernier] empereur (latin) de Constantinople, tenta de faire revivre les

prétentions de sa mère sur le marquisat de Namur. S'étantprésenté la veille de Noël devant

la ville, les habitons, [par rancoeur contre Marie], lui en ouvrirent les portes. Les partisans

de la comtesse, parmi lesquels se trouvaient quelques seigneurs français et champenois, se

retirèrent dans le château dont le gouverneur Francon de Wesemal[e] aurait défendu vigou

reusement l'entrée, si les troupesflamandes commandées par Baudouin d'Avesnes, au lieu

de temporiser, étaient venues franchement à son secours. Mais loin de là, elles lâchèrent

pied et prirent la fuite devant l'armée du comte de Luxembourg. Francon de Wesemal[e] ,

ainsi abandonné, fut contraint de livrer la citadelle, où il ne put rester faute de vivres. Les

Français, indignés contre les Flamands, composèrent la chanson.

En voici la transcription de Jean-Baptiste De Marne (p. 272)8 :

dont je propose ensuite la traduction assez littérale :

I

Prise est Namur, cuens Henry est dedans :

Tant ai soffert lou siège et andurcit,

Or ait Chastial riche et fort et douteit,

Poe priset mais Hainnueirs et Flamans

Ke li babau fissent devant Namur,

Et s'êtoient detrues à seur.

Dez mecnut s'en alerent fuant.

Et lour Harnax mavaisement laixant.

4. J.-B. DE MARNE, Histoire du comté de Namur, Liège - Bruxelles, 1754, p. 274-280.

5. A. DINAUX, Les trouvères brabançons, hainuyers, liégeois et namurois, Paris - Bruxelles, 1863, p. 25-28.

6. Conservé à Paris, Bibliothèque de Saint-Germain des Prés, coté 2742.

7. LEROUX de LINCY, Recueil de chants historiques français depuis leXIPjusqu 'au XVIIIe siècle avec des noti

ces et une introduction, Paris, lère série, XIIe - XVe siècles, 1841, p. 211-214. Leroux de Lincy et Dinaux n'ajoutent

rien à De Marne. Dinaux seul mentionne la réédition de De Marne par J.N. Paquot.

8. J.-B. DE MARNE, op. cit., p. 272.

45

II

Or vont Flamans lor p[er]de demandant

Et trouves fraintes crient a partir

Lor mauestier veulent ensi covrir

Mais ne leur valt, trop est apparissant

Ja prodome rendre ne jugeront

Ceuke mauvais par mauestiet perdront

Ki doit gardeir mues lou harnax

Ke cil cui il estoit ? cui lou demandent il.

III

Contesse a tort dou Conte vous plaindez,

De vos homes mues plaindre vos douriez

Ki ne valent mues I paigne viez.

Bien les avons maintefois aproviet.

A Bovigne avint ja ver Fransois,

Et en Holande Alimant par dous fois

A Poilvache a tant contre toniol,

Puis perdirent il cuer, honor et harnax.

Traduction :

I.

Namur est prise, le comte Henri [de Luxembourg] est dedans

Elle a tellement souffert et enduré le siège.

Il a maintenant château riche et fort et redoutable,

Peu prisé, au contraire, des Hainuyers et Flamands

Qui firent les nigauds devant Namur,

Et s'étaient dispersés en sécurité.

Ils s'en allèrent dès minuit en fuyant,

Et en abandonnant lâchement leurs bagages.

II.

Maintenant les Flamands vont en faisant reproche [à d'autres] de leur défaite

Et crient à la trêve rompue pour se dégager.

Ils veulent ainsi couvrir leur lâcheté ;

Désormais ça ne leur sert à rien, c'est trop évident :

Jamais homme loyal n'...approuvera

Ce que les lâches perdront par lâcheté :

Qui doit mieux garder les bagages

Que celui à qui ils étaient ? de qui l'attendent-ils ?

III.

Comtesse, à tort vous vous plaignez du comte ;

Vous devriez plutôt vous plaindre de vos hommes

Qui ne valent pas, au mieux, un vieux peigne.

46

Nous les avons maintes fois vus à l'épreuve :

C'est arrivé à Bouvines déjà contre les Français,

Et par deux fois en Hollande contre les Allemands,

À Poilvache ensuite contre Toniol ;Depuis lors ils ont perdu cœur, honneur et bagages.

Quelques commentaires historiques à propos de la « chanson de Namur »

• Strophe I : « faire le babau » = « Le comte de Luxembourg n'eût pu résister à tant

de forces réunies », à savoir les seigneurs champenois, parents ou alliés de Marie de

Brienne, commandés par ses frères Jean et Louis. « La comtesse de Flandre », Margue

rite, « mit de son côté une armée en campagne », sous les ordres de son fils Baudoin

d'Avesnes. Celui-ci « ne fut pas plutôt arrivé sur les hauteurs de Namur, qu'il laisse

entrevoir le peu d'inclination qu'il avait à secourir les assiégés » de la forteresse. Il

affecta de reconnaître les environs, qu'il connaissait pourtant bien, signa une trêve de

quinze jours avec les Luxembourgeois, « pendant laquelle il fut stipulé qu'on ne pourroit

introduire ni hommes, ni vivres dans le château ». Se voyant joués par Baudoin, les

Champenois refusèrent de rester sous ses ordres et se retirèrent, outrés. Ils tournèrent

leur indignation contre les Flamands et les Hainuyers , qui se débandèrent.

• Strophe III : La comtesse Marie ne doit pas se plaindre du comte de Luxembourg,

mais de ces Flamands qui ont déjà lâché pied à Bouvines en 1214 contre les Français

de Philippe Auguste, se sont fait battre deux fois par les Allemands en 1253 lors de la

guerre de Zélande menée contre Guillaume de Hollande, roi des Romains, et ont été

repoussés au siège de Poilvache en 1238 par son défenseur, quel que soit son nom,

Tomes ou Toniol.

Ni De Marne, ni Leroux de Lincy ne s'expriment sur l'auteur de la chanson, resté

anonyme. Le Roux dit bien que les sentiments des seigneurs champenois sont exprimés

avec beaucoup de vivacité contre les Flamands, épousant un point de vue français

donc. Dinaux, qui était du Nord et connaissait bien la Wallonie, est plus hardi : Ces

couplets historico - satiriques furent composés par un Namurois vexé, ou au moins par

un Wallon, partisan des Français (...) ; il faut évidemment que ces vers soient sortis du

cerveau d'un ennemi déclaré des Flamands. C'est vraisemblable, mais c'est aussi passer

sous silence qu'au quatrième vers du premier couplet le rimeur adresse ses reproches

aussi aux Hainuyers.

À mes yeux deux détails, de nature linguistique, peuvent faire penser qu'il soit un

Namurois, de la ville ou de la région : babau vit encore en dialecte du wallon central

au sens de « benêt, nigaud, niais, ignorant, imbécile »9 et mee nut est mée-nêt, méy-nêt

ou méy-gnût, minuit10. Mais il est exagéré d'en conclure que l'auteur est un Namurois

anti-Flamand.

9. L. PIRSOUL, Dictionnaire wallon-français, dialecte de Namur, Namur, 1934, p. 29a, s. verbo « bâbô », et

p. 300b, verbo « mée-nêt ».

10. L. SOMME, lîve di mots d'après Nameur et avaurlà, Namur, 1997, p. 205a.

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Le siège de 1692

À cette chanson livresque, qui exprime les sentiments subjectifs d'un individu restéanonyme, s'oppose la chanson non moins anonyme du siège de 1692, qui traduit un senti

ment de fierté nationale à l'occasion d'une victoire. On en connaît en tout sept notations11,

aucune en Wallonie. Elles sont pour la plupart pourvues d'une mélodie. Il en est que je

n'ai atteintes que par des reproductions dans des chansonniers plus récents12.

Voici les trois pièces du dossier :

A. Bonjour, Namur et ton château

Lentement

Bon-jourNa - mur et ton châ-teau. Ra-re beau-té rien n'est si beau je te sa-

lue channan-te ville, je veux t'a-voir dessous ma loi. Rends-toiNamur, rendstoia'àmoi.

Détail d'un siège de Namur

par Jan Van Der Vinne (1663-1721).

11. Conrad Laforte n'en découvre que trois notations dans la tradition

orale (C. LAFORTE, Le catalogue de la chanson folklorique française,

IL Chansons strophiques, Québec , 1981, p. 97, n° 68). Ce sont celles

de Max Buchon pour la Franche-Comté, de Charles Beauquier pour la

même province et d'Achille Millien pour le Nivernais. Ce sont aussi

celles que connaissait Patrice Coirault selon une fiche de sa main que

je recopiai en 1950, sur laquelle il mentionnait en outre J.-M. Garnier,

sans localisation précise {Histoire de l'imagerie populaire et des cartes

à jouer à Chartres, suivie de recherches sur le commerce de colportage

des complaintes, canards et chansons des rues, Chartres, 1869, p. 416) et

François-Louis Lallement pour l'Argonne [Échos rustiques de l'Argonne,Châlons-sur-Marne, 1910, p. 67 et 144). À Raon-L'Étape (arr. de Saint-

Dié dans les Vosges), en Lorraine, Charles Sadoul nota une version qui

substitue Mantoue à Namur [Revue des Traditions populaires, t. XIX,

1904, p. 205). De plus, une notation manuscrite figure dans le recueil

factice des Poésiespopulaires delà France (Paris, Bibliothèque nationale,

fonds français, V, n° 3341, p. 585).

12. Notation A : Ch. Beauquier a été repris par Jean Generet et Charles Culot (Chansons populaires comtoi

ses, Besançon, t. I, p. 100-101) qui reproduisent aussi Max Buchon, lequel ne donne pas de mélodie ; celle de

Beauquier a été harmonisée par Madeleine Périssa (Luron... 50 chansons des provinces de France recueillies et

harmonisées, Paris, 1946, p. 100-101). Notation B : Charles Sadoul est repris par Joseph Canteloube [Anthologie

des chants populaires français groupés et présentés parpays ou provinces, Paris, t. III, 1951, p. 357). Notation C :

la notation de Nevers dans Achille Millien a une mélodie voisine de A mais d'un rythme plus lourd.

I

Bonjour Namur et ton château.

Rare beauté

Rien n'est si beau

Je te salue charmante ville,

Je veux t'avoir dessous ma loi.

Rends-toi Namur, rends-toi-z-à moi.

II

- Qui êtes-vous qui me parlez

Et de si près me caressez ?

- Je suis le général de France

Qui veut t'avoir dessous sa loi.

Rends-toi, Namur, rends-toi-z-à moi.

III

- Général, sois moins fanfaron,

J'ai de la poudre et du canon.

Tu n'auras pas ma citadelle,

Le roi de Prusse est mon ami,

II va venir me secouri.

IV

- Puisque c'est là ton dernier mot,

Sonnez trompettes, à l'assaut.

Sans fascines et sans échelles,

Le sabre aux dents, mes grenadiers !

Rira bien qui rira l'dernier.

V

- O roi de Prusse, où êtes-vous ?

Hélas ! hélas secourez-nous !

Les Français sont aux palissades,

Les grenadiers dans les fossés

Sont comme des lions déchaînés !

VI

Quand le roi d'Prusse vit son château

Tomber par pièce et par morceaux,

S'en fut trouver les Kinserlicks :

- Il nous faut mett' pavillon blanc,

II faut nous rendre sur le champ.

VII

- Français, Français, puisqu'il le faut

Vaillants Français, cessez l'assaut !

Grâce, nous vous demandons grâce,

Dès cet instant nous nous rendons.

Au pouvoir de la Nation.

41)

B. Bonjour, Mantoue et ton château.

Lent

Bon-jour,Man-toue et ton châ - teau, N'est à mes yeux rien — de si

J" r hbeau. Je viens te voir, char-man-te bel le, Je viens te

J) J> J» | fvoir,— ra - re— beau -té, Pour vi - si - ter tous tes quar- tiers 1

..ii.i':r;. aUi \

ivp.islifimiiim. m niaitit paànfam, "pjinon ad ■ Mis en. |r> ixxv "m l'itium Mmestta. I"

Mantoue en 1575 (détail)

(Cliché SCALA, Istituto Fotografico).

I

Bonjour, Mantoue et ton château

N'est à mes yeux rien de si beau.

Je viens te voir, charmante belle,

Je viens te voir, rare beauté,

Pour visiter tous tes quartiers !

50

1

/bis

II

- Qu'êtes-vous, vous qui me parlez,

Qui savez si bien caresser ?

- Je suis grand général de France

Qui viens te ranger sous ses lois ;

Rends-toi, Mantoue, auprès de moi !

III

- Ah ! Je vois bien, pour le certain,

Que tu me découvres le sein.

Tu n'auras pas ma citadelle !

Le roi de Pruss' qu'est mon ami, \

Viendra m'secourir aujourd'hui ! / "*s

IV

Grand roi de Prusse, où êtes-vous ?

Soyez mon appui en ce jour.

Les Français sont en barricade ;

Les grenadiers dans les fossés. ~»

Ce sont des diables déchaînés ! /bis

V

Not'général, sortant du bois,

II s'écria à haute voix :

« Courage, mes enfants, courage !

Courage, mes soldats français, \

La citadelle est aux abois ! » / "1S

VI

Nos grenadiers mont' à l'assaut,

Le sabre en main, mais comme il faut ;

Ils ne craignent ni feu ni flamme,

Ce sont des lions rugissants, ■>

Trempant leurs mains dedans le sang, /bis

VII

Nous n'aviom' pas besoin d'bateaux,

Ni de pontons pour passer l'eau.

Les corps morts servaient de fascines,

Tant des tués que des blessés \, .

Formaient des ponts de tous côtés. *

L'air est assez proche de la mélodie franc-comtoise qui précède, mais le texte est plus

riche, bien qu'il lui manque une conclusion.

C. La prise de Namur

La notation nivernaise, obtenue auprès de Rosé Mirault en 1846, a une mélodie proche

de celle de la notation A et quelques traits qui diffèrent du texte de celle-ci.

51

l}n )y$£o allegro ma cantando.

X» Bon-jour, Na-mur, cl ton ehà-teau, Ra - rc beau -

té, rien n'est plus beau! Je viens le voir, char-man-te

rci - no, Je viens le voir dans Ion quai*-lier, Je veux l'a-

voir des - sous ma loi.

I

Bonjour Namur, et ton château,

Rare beauté, rien n'est plus beau !

Je viens te voir, charmante reine,

Je viens te voir dans ton quartier,

Je veux favoir dessous ma loi.

II

Ah je connais bien ton dessein.

Tu veux découvrir mes blancs seins.

Tu n'auras pas ma citadelle,

Le roi de Prusse est mon appui,

II va venir me secourir.

III

Le général tout aussitôt

Donna le signal de l'assaut.

Les corps morts servaient de fascines

Autant les tués que les blessés.

Servaient de pont de tous côtés.

IV

Grand roi de Prusse, où êtes-vous

Où êtes-vous ? Secourez-nous !

Les Français sont aux palissades.

Les grenadiers dans les fossés

52

Sont comme des lions déchaînés !

V

Arrivez vite et sans retard

Pour arrêter ces coquins-là !

Ils ne craignent ni feu ni flamme ;

Ils sont comm' des lions rugissants,

Ils tremp' leurs mains dedans le sang !

VI

Le général cria tout haut :

-Arrêtez ! Finissez l'assaut !

Français, nous vous demandons grâce,

C'est aujourd'hui qu'nous nous rendons

Taisez-vous, bombes et canons !

La preuve qu'il manque une conclusion à la version B apparaît si on tabule les motifs

de ces chants. Je distingue quatre mouvements : 1) L'échec de la séduction exercée par le

général français sur la ville. - 2) L'attaque de la ville. - 3) La défection de l'allié prussien .

- 4) La reddition de la ville. Structurellement le premier mouvement compte trois cou

plets : A, B, C, 1,11, III ; - le second mouvement trois couplets : A IV, B V, VI et VII, C III ;

- le troisième mouvement, deux couplets : A V, B IV, C IV, V ; - le quatrième mouvement :

A VI, VII, B VI.

La chanson est construite sur une série de dialogues : entre le général français et la ville

de Namur, symbolisée en une femme ; entre le général et ses troupes, lui s'exprimant par

la parole, eux répondant par un assaut mené avec furia ; entre la ville et le roi de Prusse,

à qui elle adresse un appel au secours, la réponse est le conseil qu'elle se rende ; entre

la ville et le général français, celui-ci agréant tacitement la reddition. Il y a des indices

d'altération du schéma : en A VI, le château ou citadelle de Namur est dit appartenir au

roi de Prusse, qui négocie un projet de reddition avec les « Kinserlicks » ou troupes du

Saint-Empire Germanique aux Pays-Bas méridionaux, dont Namur fait partie. Un autre

indice de distorsion du schéma est la place de l'appel au secours de la ville. En A et C,

il vient assez logiquement après le déclenchement de l'attaque française, en B, avant ce

déclenchement.

On remarquera la différence de ton de la ville envers les Français aux premier et

quatrième mouvements ; la flatterie des Français envers la ville est retournée par celle-ci

envers ses vainqueurs.

On concluera que la chanson relate un renversement de situation, dont l'action cen

trale est encadrée entre un ultimatum initial, cauteleux, et une reddition finale pas très

glorieuse, due à la défection de l'allié entre les mains de qui on remettait son sort.

R. PINON

Quai de Rome 10

4000 Liège

(à suivre)

53

DIFFERENTES VISIONS

DU DERNIER REPOS

AU CONFLUENT DE LA VIE ET DE LA MORT

II. LES CIMETIÈRES DE NAMUR»

Les anciens cimetières

Le plus ancien cimetière connu en ville est celui de la Motte-le-Comte, situé grosso modo

rue Pépin, à hauteur du collège Saint-Louis. Il fut fouillé au cours de la seconde moitié

du XIXe siècle et révéla la présence d'une soixantaine de tombes à incinération pourvues

d'un matériel archéologique intéressant. Elles s'échelonnaient des débuts du Ier siècle au

début du IIIe siècle, certaines ayant continué à être utilisées au cours du Bas-Empire14.

À la même époque et à l'époque mérovingienne, il y eut un cimetière à inhumationsous l'ancienne grand-place et un autre dans le quartier Saint-Aubain15. Les fouilles du

Grognon permirent la découverte de quatre sépultures d'adultes, sans matériel funéraire

et peu soignées, datées des VIIe au IXe siècles. Quant à la nécropole trouvée au Grognon,

à l'intérieur des substructures de la chapelle Saint-Hilaire d'origine carolingienne, elle a

conservé les corps inhumés au moyen âge de 152 enfants des deux sexes, principalement

âgés de 1 à 6 ans16. Inhumés ad sanctos... mais dans une simple chapelle ? et sans adul

tes? Laissons prudemment et à bon droit aux archéologues, auteurs des découvertes, et

à leur équipe de scientifiques le soin de les commenter et d'en tirer les conclusions qui

permettront d'éclairer les premiers siècles de l'histoire de Namur.

Dès que le territoire de la ville fut distribué en paroisses, il fut pourvu normalement

d'autant de cimetières auxquels s'ajoutèrent ceux des hôpitaux et des couvents, au fur et

à mesure de leur fondation.

La paroisse Saint-Michel en la collégiale Notre-Dame, qui était très étendue tant en

ville qu'extra muros (Jambes, Bouge, Fooz en partie, Wépion, La Plante, Buley), comptait

deux cimetières, le « petit» , situé entre le chœur de l'église et le rocher, dont une partie

du mur de clôture fut dégagée lors de fouilles d'urgence durant l'hiver 1997-199817 et le

13. Ceci constitue la suite d'un article intitulé Au confluent de la vie et de la mort, 1. Les cimetières, paru

dans Le Guetteur wallon, 2002, n° 1, p. 4-11.

14. A. DASNOY, Les origines romaines et mérovingiennes, dans Namur, le site, les hommes, de l'époque

romaine au XVIIIe siècle, Crédit communal, collection Histoire in-4°, n° 15, p. 26-27.

15. Ibid.

16. M. VANDENBRUAENE, Analyse anthropologique de la nécropole médiévale de la chapelle Saint-Hilaire

(Namur, Grognon), résultats préliminaires, dans J. PLUMIER et C. DUHAUT, Actes de la sixième journée d'ar

chéologie namuroise, Gembloux, 28 février 1998, Gembloux, 1998, p. 57.

17. J. PLUMIER et Cl. DUPONT, Namur : rue Notre-Dame, collégiale Notre-Dame, dans Chronique de l'ar

chéologie wallonne, activités 1998, n° 7, 1999, p. 170.

54

/

I. - - 4

La collégiale Notre-Dame et le « grand » cimetière, séparé de celle-ci par la rue Notre-Dame

et la « fausse porte ». Musée des Beaux-Arts de Lille, Plan en relief de la place de Namur,

par Larcher d'Aubancourt, 1747-1749.

Cliché Bauters, Bruxelles (publié dans Namur, le site..., p. 36).

«grand», entre l'église et la Meuse. Celui-ci était fortifié et même, depuis 1522, pourvu

d'un « rond » 18 ou tour semi-circulaire qui apparaît sur le plan en perspective de Namur

publié par G. Braun et F. Hogenberg en 1575 19. On les retrouve l'un et l'autre - tels quels

ou presque - en 1747 sur le plan de Larcher d'Aubancourt, tandis que le plan en relief du

même ingénieur militaire montre que des maisons de la rue Notre-Dame étaient accolées

à deux des côtés du grand cimetière20. Au XVIe siècle, au moins, l'un des deux cimetières

disposait d'un charnier recouvert d'un toit d'ardoises comme l'atteste une mention d'un

payement à un couvreur dans le compte de la ville de Namur de 150321.

18. Ph. JACQUET et F. JACQUET-LADRIER, Le Grognon à Namur (XVIe - XIXe siècles). Un quartier en muta

tion?, dans Annales de la Société archéologique de Namur, t. 69, 1995, p. 239.

19. Ce plan, comme la vue qui le complète, sont bien connus et ont été reproduits souvent. Ils proviennent

du tome II des Civitates orbis terrarum, publié à Cologne.

20. Le plan en relief original de Larcher d'Aubancourt est conservé à présent, avec ceux d'autres villes, au

Musée des Beaux-Arts de Lille. Le détail du plan de Larcher d'Aubancourt (Vincennes, Service historique de l'Ar

mée de Terre, Archives du Génie, tablette 95, n° 17) représentant le quartier du Grognon et de la rue Notre-Dame

est reproduit dans Namur, le site..., p. 158. On y voit distinctement la collégiale, les deux cimetières, le rempart et

la demi-tour ronde devant le grand cimetière. Par ailleurs, les autorités communales de Namur ont fait procéder

en 1992 à la copie du plan en relief de la ville sans ses « abords » qui est conservée à la Halle al' Chair.

21. Archives de l'Etat à Namur (ne sera plus répété, tous les documents cités y étant conservés), Fonds de

la ville de Namur (= VN), 2e section, n° 45, compte de 1503, P lllr° (pour avoir mis en place des escailles sur

le toict de l'aîstre Notre-Dame).

55

Au moyen âge, le

cimetière de la collégiale

Saint-Aubain devait être

assez vaste pour servir

de cadre à des réunions

importantes, nous

l'avons vu plus haut22,

telles que la prestation

de serment de fidélité

des vassaux du comte de

Namur Henri l'Aveugle à

sa fille Ermesinde. Celui

de l'église paroissiale

Saint-Jean l'Evangélisteencombrait encore la

place Saint-Aubain en

plein XVIIIe siècle. Il

se distingue nettement

sur le plan en relieP3, en

face du palais épiscopal

(actuel gouvernement

provincial). Au début de

ce même siècle, un grand

crucifix entouré de quatre tilleuls24 veillait sur les tombes, à l'un des angles du cimetière.

En 1708, le Magistrat et le curé, profitant de travaux de pavage de la place, en avaient

de commun accord diminué la surface25 . Plus tard, la réorganisation de la place Saint-

Aubain, consécutive à la reconstruction de la cathédrale (1751-1767) et à la démolition de

l'église Saint-Jean l'Evangéliste, n'entraîna pas la disparition immédiate du vieux cimetièreparoissial. On y enterrait encore à la fin de l'année 1784 et, bien que celui-ci fût de faible

superficie et entouré de bâtiments, il accueillait également les dépouilles des paroissiens

de Saint-Loup qui n'avaient plus de cimetière26. Il servait même de promenade publique

bien ombragée27.

L'église paroissiale Saint-Jean-Baptiste, de même que sa voisine, Saint-Loup, eurent

également leurs cimetières, situés en plein cœur de la ville, au centre d'un habitat parti

culièrement dense. Le premier est cité en 1389. La proximité des deux lieux de culte et

de leurs deux cimetières fut source de tension entre les curés et les mambours des deux

paroisses et exigea des compromis, notamment lors des travaux de rénovation de Saint-

Jean-Baptiste, qui nécessitèrent en 1501-1504 et en 1613-1614 des empiétements sur le

Au centre de la place Saint-Aubain, l'église Saint-Jean l'Evangéliste dont on

aperçoit le mur de clôture du cimetière ainsi que les frondaisons des tilleuls.

Musée des Beaux-Arts de Lille, Plan en relief de la place de Namur, par

Larcher d'Aubancourt, 1747-1749.

Cliché Bauters, Bruxelles (publié dans Namur, le site..., p. 45).

22. F. JACQUET-LADRIER, Au confluent , p. 6.

23. Voir supra n. 20.

24. VN, lère section, n° 37, f° 19v°, 7 juin 1701.

25. On en profitera pour déplacer la chapelle du Crucifix. A cette occasion, on évoque dans le texte, la cons

truction possible d'une cathédrale, si on en a les moyens. V3V, lère section, n° 37, fos. 251v°-252r°.

26. Conseil provincial (= CP), n° 3443, Correspondance du procureur général, 28 janvier 1785.

27. N.-J. AIGRET, Histoire de l'église et du chapitre de Saint-Aubain à Namur, Namur, 1881, p. 269. L'auteur

dit prudemment qu'il en était ainsi « au rapport des anciens ».

56

Les églises Saint-Loup (à gauche) et

Saint-Jean-Baptiste et leur cimetière

respectif en 1575. Plan du chanoine

Masius, publié dans G. BRAUN

ET F. HOGENBERG, Civitates orbis

terrarum...., t. II, Cologne, 1575,

feuille 32 (détail).

cimetière de la seconde28. En ville, le ressort de ces deux

paroisses était plutôt exigu mais il s'étendait surtout en

dehors des remparts, sur les faubourgs. En 1777, le transfert

de la paroisse Saint-Loup dans l'église des Jésuites de la

rue du Collège, Saint-Ignace, qui en prit désormais le nom,

suivi de la démolition de la vieille église Saint-Loup et de

la désaffectation de son cimetière, permit au Magistrat de

Namur d'ouvrir une place, la place du Marché aux Légu

mes. Les ossements furent rassemblés, l'année suivante,

dans un ossuaire retrouvé par l'équipe des archéologues

de Jean Plumier29, lors des fouilles de 1992-1993.

L'église Saint-Nicolas, dans le faubourg de la Neuville,

ne devint paroissiale qu'en 165530. Elle fut fortement

endommagée lors des sièges de la fin du XVIIe siècle31

et la construction de l'ouvrage à cornes de la porte Saint-

Nicolas se fit à son détriment, comme d'ailleurs à celui

d'autres maisons voisines, notamment celle des Jésuites32.

L'église fut reconstruite sur un autre terrain, vers le centre

du quartier33, ce qui eut l'avantage de l'éloigner des pro

jectiles. Le cimetière était situé devant l'entrée de l'église,

coupé en deux par l'allée qui conduisait au parvis34, ce

qui fait dire au procès-verbal d'estimation du 21 nivôse

an VIII (10 janvier 1799) qu'il y avait deux cimetières35.

Il fut agrandi vers 1712 par une emprise sur la ruelle du

Coq que l'on dépava à cette occasion et par la démolition

de deux maisons36. Il servait également à la sépulture des

militaires catholiques de la garnison37.

28. H. FALLON, Namur, paroisse de Saint-Jean-Baptiste, dans C.-G. ROLAND et L. LAHAYE, Les communes

namuroises. Monographies historiques, Namur, 1907, p. 39-42.

29. E. BODART, De l'ancienne église Saint-Loup à la place Marché aux Légumes (1776-1784), dans Le

Guetteur wallon, 1999, n° 2, p. 40-48 ; J. PLUMIER, L'église Saint-Loup sous la place Marché-aux-Légumes, dans

J. PLUMIER (dir.), Cinq années d'archéologie en province de Namur, Namur, 1996, p.102.

30. L'église Saint-Nicolas en Herbatte est citée en 1445 comme ecclesia mais elle ne possède pas de fonts

baptismaux. Elle ne devint paroisse baptismale, donc indépendante, qu'en 1655. E. de MOREAU, s. j., Histoire

de l'Eglise en Belgique, t. complémentaire I, Circonscriptions ecclésiastiques, chapitres, abbayes, couvents en

Belgique avant 1559, Bruxelles, 1948, p. 315.

31. Elle fut sinistrée lors des sièges de 1692 et de 1695 mais davantage lors de ce dernier : toit emporté, murs

en partie renversés, autels brisés. CP, n° 3366, Correspondance du procureur général, 22 octobre 1696.

32. Domaines du comté, n° 13, f 329r°.

33. En 1696, la maison « Le Crucifix » ainsi que deux autres furent achetées en vue de la construction de la

nouvelle église. Archives ecclésiastiques, n° 23601. Presque achevée, l'église « a croulé ». Il a fallu la reconstruire.

VN, 2e section, n° 400, acquits du compte de 1697.

34. VN, lère section, n° 312. Notons que dans ce texte de 1765, cimetière est encore féminin.

35. Cité par F. JACQUES, Le rétablissement du culte catholique à Namur après la Bévolution. Les paroisses

de la ville et de sa banlieue, Gembloux, 1962, p. 251.

36. CP, Enquêtes, nos9006 et 9032. Ces enquêtes ont pour objet des sépultures dans les terres de remblai

provenant du cimetière de Saint-Jean l'Evangéliste et déposées sur l'ancienne ruelle du Coq. Des détails macabres

montrent la piètre qualité de l'hygiène. Voir Namur, le site, les hommes..., p.163.

37. CP, n° 3366, Correspondance du procureur général, 22 octobre 1696, et Archives ecclésiastiques, n°

23601.

57

L'église Saint-Nicolas précédée de son cimetière coupé en

deux par le chemin d'accès au portail. Musée des Beaux-Arts

de Lille, Plan en relief de la place de Namur,

par Larcher d'Aubancourt, 1747-1749.

Cliché Bauters, Bruxelles

(publié dans Namur, le site..., p. 196).

L'église Saint-Nicolas et son cimetière adossés

à la muraille de la ville, près de la porte du

même nom. Plan du chanoine Masius,

publié dans G. BRAUN ET F. HOGENBERG,

Civitates orbis terrarum t. II, Cologne,

1575, feuille 32.

Cliché Luc Schrobiltgen

(publié dans Namur, le site..., p. 122-123).

Près du bastion de gauche, l'hôpital Saint-Roch, au fond,

la grande église du couvent des Franciscains et à droite de

la porte Saint-Nicolas, 1' église du même nom,

collée au rempart.

Vue de Namur par le chanoine Masius, publiée dans G.

BRAUN ET F. HOGENBERG, Civitates orbis terrarum....,

t. II, Cologne, 1575, feuille 20.

Cliché Pjer Pol Rubens, Tielt

(publié dans Namur, le site..., p. 116-117).

Les hôpitaux urbains, c'est-à-dire

le Grand hôpital, Saint-Jacques et

Saint-Roch possédaient chacun leur

propre cimetière situé à proximité des

bâtiments. Le cimetière du premier fut

supprimé en 1637, à la fin d'une des

grandes épidémies de peste du XVIIe

siècle. On en profita pour construire

un nouveau rempart38 ou plus proba

blement élargit-on celui du XVIe siècle

39.Le cimetière du second avait été désaf

fecté lors du lotissement des fossés40 et

disparut complètement en 1736 avec

le percement de la rue de l'Ouvrage41.

Celui du dernier, ouvert à l'occasion de

l'épidémie de peste de 1532, agrandi lors

38. VN, 2esection, n° 94, comptes de 1637, P 175v°.

39. VN, 2e section, n° 69, comptes de 1572, f° 118r°.

40. Pourtant une requête de Pierre van Lenthout, « pasteur » de l'hôpital Saint-Jacques, énumérant les travaux

à faire après le siège de 1692, cite « la porte à la cimetier » qu'il faut refaire. On n'y enterrait peut-être plus mais

il était toujours « in situ ». Hôpital Saint-Jacques, n° 687, apostille du Magistrat en date du 24 septembre 1692.

41. VN, lère section, n° 41, P 47v° (13 avril 1736).

58

de celle de 1555, disparut en 1670 et fut englobé dans les travaux du bastion Saint-Roch.

De dimensions très modestes, il servait aux pestiférés de toutes les paroisses de Namur

et de Jambes42. Ces épidémies entraînèrent, par ailleurs, en 1578 l'établissement sur les

« prairies » de Salzinnes « au dessus des briqueteries » d'un cimetière général pour les

pestiférés43.

Les couvents avaient eux aussi leur cimetière réservé en principe aux membres de

la communauté. Lors des sièges de 1692 et de 1695, les Carmes, qui avaient organisé un

hôpital de campagne dans leur couvent, enterrèrent les combattants morts des deux partis

dans leur cimetière et même dans le jardin de leur ermitage44. Quant aux Récollets, depuis

leur arrivée à Namur vers 1224, ils avaient tant fusionné avec la population que leur église

et leur cloître avaient servi de lieu de dernier repos non seulement à certains membres de

la famille comtale mais à des générations de bourgeois45. En 1749, à la veille des travaux

de reconstruction de l'église, le Procureur général avait reçu l'ordre du gouverneur général

de faire dresser les pierres tombales des comtes de Namur le long des murs du chœur et

de préserver leurs cendres de tout contact avec celles des autres personnes qui y avaient

été inhumées46. Car on enterrait encore régulièrement dans les églises. Ainsi, un échan

tillon aléatoire de 160 testaments47 datés de 1631 à 1642 - en temps de peste, - contient

33 élections de sépulture précises, dont 4 en dehors de Namur. Sur les 29 restantes, 16

- un peu plus de la moitié - désignent des cimetières paroissiaux (8 : le « bas cimetière »

de Saint-Michel, c'est-à-dire le « grand », en bordure de Meuse, 5 : le cimetière de Saint-

Jean, 3 : celui de Saint-Nicolas). Les autres, des églises ( 4 : l'église Saint-Nicolas, 1 : la

collégiale Notre-Dame, 1 : l'église Saint-Jean-Baptiste) ou des bâtiments conventuels ( 5 :

le cloître des Franciscains et 2 : leur église).

Toujours à l'intérieur des murs de la ville se trouvait encore un cimetière, celui des

« huguenots » ou cimetière de la garnison hollandaise destiné aux membres protestants

de celle-ci. Sa construction fut à la charge de la ville de Namur et commença en 1655,

près de la porte Saint-Nicolas. Entouré de murs, il était assez exigu48. En 1673, un texte

le situe « joindant le grand corps de garde devant l'église Saint-Nicolas »49 à l'époque où

on le transformait en « estable pour y loger la cavalerie »50. Il semble qu'il fut rétabli dès

167851.

42. F. JACQUET-LADRIER, L'hôpital Saint-Roch et la lutte contre la peste à Namur auxXVIP etXVIIIe (lire XVIe

et XVIIe) siècles, dans Annales de la Société belge d'histoire des hôpitaux, t. XVIII, 1980, p. 61-70.

43. ID., Les ravages de la peste : l'exemple de Namur (XVIe-XVIIe siècles), dans Guerre etpaix sous microscope,

les épidémies à travers les temps (Exposition organisée par l'Association belge pour l'hygiène hospitalière, CHU

André Vésale, Montigny-le-Tilleul), 1998, p. 9-14.

44. Il y eut aussi un cimetière militaire chez les carmélites. A. LACOUR, Le couvent des Carmes pendant les

sièges de Namur, dans Annales de la Société archéologique de Namur, t. XIV, 1877, p. 508-513, sp. p. 511-512

. La grande majorité des morts fut inhumée dans des fosses communes, notamment près d'Hastimoulin ou à

l'extérieur de la porte de Fer. F. et Ph. JACQUET-LADRIER (dir.), Assiégeants et assiégés au coeur de l'Europe,

Namur, 1688-1697, Crédit communal, Bruxelles, 1992, p. 176 et 187.

45. Le lieu choisi pour la sépulture est indiqué souvent dans les très nombreux testaments conservés dans

les minutiers des notaires, les archives du Conseil provincial, du Souverain Bailliage et des cours namuroises.

46. CP, n° 3391, Correspondance du procureur général, 7 novembre 1749.

47. Reçus par les notaires Berthon, Delevaux, De Fumai, Deloffe .Duchâteau, Dury, de Halloy, Jenico, de

Vuallaire, Mousseaux, Naneau, Piérart, Sacré, Tilman, Wilmart, tous namurois.

48. VN, 2e section, n° 111, fos 168r° et 175v°.

49. VN, 2e section, n° 131, P 225v°.

50. V2V, 2° section, n° 131, fos 241v°, 242v° et 235v°.

51. VN, 2e section, n° 136, f 192v°.

59

La désaffectation des anciens cimetières et l'établissement du cimetière

général

L'édit de l'empereur Joseph II du 26 juin 1784 réglant le problème des sépultures fut

mal accueilli par la masse de la population namuroise, qui, comme partout, restait atta

chée aux vieux cimetières paroissiaux, où les défunts demeuraient proches des vivants. Il

interdisait, nous l'avons vu précédemment52, toute inhumation dans les cimetières urbains

et dans les églises et obligeait, par conséquent, les administrations des villes à établir un

cimetière hors les murs, destiné à tous les habitants, quelle que soit leur confession reli

gieuse. Six mois après sa proclamation, l'édit n'avait encore trouvé à Namur aucun début

d'exécution53. Les choses changèrent dès la fin de février : après quelques hésitations54, le

Magistrat décida d'établir le nouveau cimetière à l'usage des cinq paroisses de la ville sur

un terrain des fortifications récemment démantelées du « front de la porte de Bruxelles,

immédiatement dans la demi-lune et son chemin couvert, située au-delà du premier pont

dormant de maçonnerie qui est pratiqué sur le fossé capital du corps de place », c'est-à-

dire, aujourd'hui, entre les voies ferrées et le boulevard du Nord55. La surface de celui-ci

est d'un bonnier et demi (environ 1 hectare, 42 ares), y compris la maison du fossoyeur,

ce qui semble suffire pour longtemps puisqu' à Namur, on estime à l'époque la mortalité

moyenne à 188 décès par an, non compris les pauvres56 [sic). Catholiques et protestants

sont séparés par des haies d' « épines blanches » (aubépine) dans lesquelles s'ouvrent des

portes de treillis à deux battants. Le cimetière est entouré de murs extérieurs de moins

de 8 pieds (2 m, 40 environ). Une chapelle mortuaire est construite pour chacune des

paroisses. Les tarifs des transports des corps et les taxes sur les pierres tombales sont

prévus. L'administrateur général du cimetière est, conformément à l'édit impérial, dési

gné de commun accord par le Magistrat, les curés et les mambours des paroisses. Il s'agit

de Charles-Joseph Fonder, bourgeois de Namur57. Le 8 avril 1786 a lieu la bénédiction

52. F. JACQUET-LADRIER, Au confluent..., p. 8.

53. CP, n° 3443, Correspondance du procureur général, 28 janvier 1785.

54. Il avait notamment pensé à implanter le cimetière sur les hauteurs nord de Namur, vers Champion, au

lieu-dit « Moulin à vent ». Ce projet fut rejeté à cause de son éloignement et, peut-être, de la forte côte à gravir.

55. J. PLUMIER et al., Namur, cimetière moderne, extra muros, dans Chronique de l'archéologie wallonne,

activités 1995-1996, nos 4-5, Ministère de la Région wallonne, 1996-1997, p.198.

56. Un calcul plus précis a été toutefois réalisé par le Magistrat. Il porte de 1774 à 1783 avec les résultats

suivants : 290 morts en moyenne par an dans la paroisse Saint-Michel (Notre-Dame), 82 dans celle de Saint-

Nicolas, 72 dans celle de Saint-Jean l'Evangéliste, 42 dans celle de Saint-Loup et 32 dans celle de Saint-Jean

Baptiste. C'est-à-dire, 518 décès ( VN, lère section, n° 321). Ces chiffres ne peuvent plus être critiqués aujourd'hui

puisque les registres paroissiaux ont été détruits partiellement dans l'incendie de l'hôtel de ville en 1914.On

a conservé pour la période en question, en plus ou moins bon état, les registres aux décès pour Saint-Michel

depuis 1777; pour Saint-Nicolas, il manque les années 1778-1782, pour Saint-Jean l'Evangéliste, ils sont presque

complets, pour Saint-Loup, il y a beaucoup de lacunes à la suite des caprices des flammes, et pour Saint-Jean

Baptiste, tout est perdu de 1776 à 1795. Pour plus de détails sur l'état des registres paroissiaux, E LADRIER, Les

anciens registres paroissiaux de la ville de Namur, déposés aux Archives de l'Etat, dans Archives et bibliothèques

de Belgique, t. XLI, 1970, p. 62-86.

57. Charles-Joseph Fonder était le fils de Philippe et de Marie-Thérèse Evelart. Né dans la paroisse Saint-

Michel le 16 avril 1755, il fut reçu bourgeois le 16 avril 1784. Il était à l'époque « officiai » (sorte d'employé)

de la Haute cour de Namur (VN, lère section, n° 77, P 34r°). Après des études d'humanités au collège - il est

« philosophe » en 1775 ( VN, lère section, n° 164, fiche 174) -, il participa notamment à la nouvelle répartition

des paroisses de la ville de Namur en 1784 en qualité d'enquêteur chargé du quartier d'Entre-Sambre-et Meuse

(F. JACQUES, Namur en 1784...., p. 29 et 189-190).

60

solennelle du cimetière général par l'évêque de Namur, Monseigneur de Lichtervelde58....

Toutefois, des difficultés persistent.

A NAMUR , chez Pierre-Lambert Hinne,

Imprimeur juré de la Ville.

Le terrain du cimetière a été, semble-t-il, mal choisi :

il nécessite des travaux d'aplanissement qui, au début

de 1788, sont loin d'être achevés59. De plus, le choc

psychologique est profond. La population est offusquée

par les nouveautés qui découlent de l'édit impérial : la

promiscuité des religions - jusque-là, réformés et juifs

n'étaient pas inhumés dans les cimetières paroissiaux

- ; l'obligation d'enterrer avec les chrétiens les suicidés

de même que les enfants morts sans baptême, lesquels

l'étaient autrefois dans un lieu proche mais profane ; la

présence d'une partie du cimetière réservée désormais

aux condamnés à mort alors qu' auparavant, ils ne pou

vaient être enterrés qu'avec une autorisation spéciale

du Conseil ! Même l'existence au cimetière général de

chapelles paroissiales destinées aux cérémonies funèbres

heurtait, celles-ci s'étant toujours déroulées dans les

églises. On n'admet pas plus l'interdiction d'inhumer

à l'intérieur des églises, privilège auquel tenaient les

classes aisées60. On se braque sur le char attelé destiné

au transport de plusieurs défunts ( il y avait place pour

quatre corps)61. Des animaux conduisant un chrétien à sa

dernière demeure ! Le conducteur est régulièrement hué

et insulté. Le 1er janvier 1787, les choses se gâtent et l'on

frôle la petite émeute :« la classe turbulente du peuple »a

osé s'en prendre au char et même dégrader le cimetière62.

Messieurs les Mayeur. et Echevins de

la Ville de Namur , font favoir à tous

& un chacun , que pour la fépulture

des morts dans le Cimetière général compris

le tranfport de chaque cadavre audit Cimetière,

ainfi que pour la permiffion d'y placer à la

mémoire des défunts des Epitaphes , Pierres

fépulcrales ou autres monuments , on devra

refpeétivement paier en argent courant de Bra-

bant , fuivant le Décret de SA MAJESTE'

L'EMPEREUR & ROI du 26 Février 1785,

les droits réglés de la manière fuivante.

Savoir.

Six florins fix fous , quand il n'y aura que

trois Eccléfiaftiques en Surplis & le Marguillier

pour les Cérémonies quelconques qui précé-

dront les enterrements.

Huit florins fix fous , quand le nombre des

Eccléfiaftiques affiliant auxdites Cérémonies,

fera de cinq en Surplis ou en Chapes.

Neufflorins &fix fous , depuis cinq jufqu'à

neuf Eccléfiaftiques.

Et dix florins fix fous , quand le nombre

defdits Eccléfiaftiques excédera celui de neuf.

Deux florins par pied quarré d'une Pierre

fépulcrale ou autre monument que l'on fou-

haitera de placer dans le Cimetière à la mé

moire des défunts.

Quatre florins de chaque infcription que l'on

fera fur ces Pierres ou monument après celle

faite en mémoire de la perfonne défunte , à

l'occafion de laquelle la Pierre fépulcrale ou

autre monument aura été placé.

Déclarant que tous les droits fufdits, ferontpaïables en mains de l'Adminiftrateur général

de l'établiflement dudit Cimetière , à préfent

N. Fonder.

Fait au Magiftrat à Namur le 8 Avril 1786.

MAR. Vt. 58. Tous les renseignements concernant le cimetière général se

trouvent dans VN, lère section, n° 321, à l'exception de la nomination

de Fonder dans CP, n° 3445, Correspondance du procureur général, 18

octobre 1785. Il y a aussi, dans ce même dossier de correspondance,

des détails sur le financement des frais de construction et de fonction

nement du cimetière général.

59. CP, n° 3451, Correspondance du procureur général, 5 février

1787.

60. X. LELIEVRE, Les institutions namuroises. Fabriques d'églises. Cimetières, dans Annales de la Société

archéologique de Namur, t. XI, 1870/71, p. 233-246.

61. CP, n° 3451, Correspondance du procureur général, 5 février 1787. Le Magistrat avait demandé à la ville

de Lille le modèle du char funèbre. L'ancien usage voulait que les curés allassent chercher les corps des défunts

à leur domicile pour les conduire à l'église en chantant les prières. Après la cérémonie, on se rendait en cortège

jusqu'au cimetière qui était à côté ( VN, lère section, n° 321). Vu la distance à parcourir désormais, l'usage du

char attelé devait être un progrès !

Edit du Magistrat de Namur concernant le tarif des cérémonies

funèbres, des droits sur les pierres tombales et les inscriptions

funéraires. Namur, 8 avril 1786. Coll. privée.

61

Il est vrai que commence l'effervescence qui prélude à la révolution brabançonne ! La

population semble avoir eu gain de cause, momentanément du moins. Le char ne fut plus

employé et les morts furent désormais portés à bras d'hommes à leur dernière demeure.

Il y eut également des problèmes financiers avec lesquels Fonder dut se débattre, d'autres

qui opposèrent les différents curés à propos de leur compétence. Néanmoins, le cimetière

général fut imposé et tous les enterrements de la ville y eurent lieu pendant les quelques

années qui nous séparent de la fin de l'Ancien régime63. On enterrait le jour même du

décès ou au plus tard le lendemain, sous deux pieds de terre. Les enfants étaient revêtus

d'un manteau bleu que le Magistrat impose « décent ». La cérémonie des funérailles était

soumise à un tarif suivant le nombre de prêtres en surplis ou en chape qui y participaient

; le marguillier était également présent. Le Magistrat percevait ainsi de 6 florins 6 sous à

10 florins 6 sous64. Bien sûr, les pauvres étaient enterrés simplement et gratuitement.

Quant aux militaires de la garnison, le Gouvernement avait prévu pour eux, provisoi

rement du moins, un cimetière proche de la Porte de Fer, sur des terrains de l'ancienne

enceinte bastionnée65. En avril 1786, l'état de dégradation des lieux est tel qu'une requête

est envoyée au Magistrat afin de lui demander un emplacement au cimetière général pour

les soldats « tant catholiques qu'acatholiques ». Ce qui fut refusé. L'ordre vint alors de

Bruxelles d'y enterrer les membres de la garnison moyennant le payement par l'autorité

militaire d' un salaire raisonnable au fossoyer civil et des frais de transport66.

Les changements de législation, auxquels nous avons fait allusion dans la première

partie de cet article, n'affectèrent en rien l'implantation du cimetière général de la ville.

Notons toutefois que les Braves qui avaient été tués pendant la révolution de 1830 furent

inhumés devant le Palais de justice. Un petit monument rappelait leur souvenir67.

Le cimetière de Belgrade

Ce sont des considérations économiques et techniques qui vont déterminer les auto

rités namuroises à envisager un nouvel emplacement pour le cimetière. En effet, afin de

répondre aux voeux tant du conseil communal que de la Chambre de commerce, la gare 68

doit s'étendre et ne peut le faire qu'aux dépens de celui-ci69. La commission des Travaux

62. VN, lère section, n° 320.

63. Les mentions de tous les enterrements entre ces deux dates se trouvent dans VN, lère section, n° 321.

64. Rappelons que le salaire journalier moyen d'un ouvrier était de 16 sous et qu'il y a 20 sous dans un florin.

Un tarif imprimé se trouve aux Archives de l'Etat à Namur dans la Collection Borgnet-Golenvaux, n° 3.927.

65. J. BORGNET, Promenades dans Namur, dans Annales de la Société archéologique de Namur, t. V, 1857/58,

p. 504.

66. VN, lère section, n° 320.

67. F.JACQUET-LADRIER et al., La vie à Namur en 1830, Crédit communal, Bruxelles, 1980, p. 21.

68. La première gare de Namur date de 1843. Elle fut agrandie et déplacée en 1864 (inauguration : le 1er

novembre 1864). Sur le chemin de fer à Namur, voir M. BODSON, Un siècle d'histoire du chemin defernamu-

rois à travers la presse locale de l'époque, fasc. I, Période de 1835 à 1885, Namur, 1985, et Confluent, nos 305,

septembre 2002, p. 34-41 et 306, octobre 2002, p. 35-42 (interview d'Eugène HERMANN par P. Dulieu).

69. La question est évoquée au cours de la séance du conseil communal du 22 mars 1861. L'appui du Ministre

des Travaux publics est assuré en juillet de la même année. Celui-ci promet de faire « mettre la main à l'oeuvre

dans le courant du mois d'août ». Bulletin communal ( = Bc), séances ( - ses) 22 mars (p. 42-43) et 15 juillet

1861 (p.135). La destruction des archives communales en 1914 rend plus que jamais indispensable l'utilisation

des sources imprimées officielles.

62

publics, dont le moteur est Nicolas Pépin70, se met au travail et, dès le 10 décembre 1861,

dépose devant le conseil communal un dossier71 proposant le transfert du cimetière sur

un terrain situé sur le territoire de la commune de Saint-Servais, au nord-ouest de la ville.

Une somme de 60.000 francs est prévue au budget pour le réaliser72. Pourtant, le conseil

communal ne décide rien, invoquant un manque d'information tant au sujet de l'empla

cement choisi que du montant réel de la dépense et renvoie le dossier à la section des

travaux publics pour qu'il y soit réétudié73. C'est chose faite au mois d'avril 1862. Le choix

de Saint-Servais s'est confirmé, sur le plateau « au-delà du chemin de fer du Luxembourg,

le long de la route de Belgrade à Bruxelles [....], non loin des Trois-Piliers »74. Ces terrains

appartiennent à Hancart-Bouvier et sont cadastrés nos 387 Q et R ; s'y ajoute la propriété

Dupierreux. Le conseil communal adopte le projet par 11 voix contre 8 75. La commission

médicale provinciale consultée fait quelques observations dont il est tenu compte. Enfin,

les plans sont dressés et, malgré des protestations de riverains, le choix de 3 hectares

56 ares 40 centiares de terrains sis à Saint-Servais, cadastrés 387 P, R, S et L, au lieu dit

Sainte-Croix, est définitif6. L'arrêté royal du 26 janvier 1863 autorise la ville à acquérir

ou à exproprier les terrains en question mais, devant le prix jugé trop élevé demandé par

les propriétaires, celle-ci décide l'expropriation. L'architecte dresse les devis des murs de

clôture et de deux pavillons dont l'adjudicataire est le maçon Dinant77. C'est donc à juste

titre que le Rapport sur l'administration et la situation des affaires de la ville pour 1863

peut affirmer que « la décision [...] de transporter le cimetière en dehors de l'enceinte de

la ville, recevra bientôt son entière exécution ».

Le plan de distribution des parcelles et des allées, qui a été dessiné par l'architecte

Ledent, est approuvé par le Conseil qui accorde une somme de 2.812 francs à l'exécution

de ces travaux et des plantations. Par ailleurs, commence la construction des premiers

caveaux toujours par Dinant, tandis que l'achèvement des murs de clôture est adjugé à

Servais-Jacquet. En décembre 1864, le conseil communal décide de transférer dans le

nouveau cimetière les dépouilles des Braves et le petit monument érigé en leur honneur78.

L'approbation du règlement communal sur les sépultures, le 27 décembre de cette même

année, clôture les travaux d'établissement du nouveau cimetière, toujours situé au même

endroit aujourd'hui. Les transformations ou les adaptations ultérieures telles, par exemple,

70. Nicolas Pépin (17 septembre 1800-16 septembre 1872). Docteur en médecine de l'Université de Liège (23

janvier 1825), conseiller communal de la ville de Namur en 1848, échevin à partir de 1852. D'opinion libérale

modérée. Officier de l'Ordre de Léopold, décoré de la Croix de fer et de la Croix commémorative pour s'être dis

tingué en 1830. Il fit partie de la Commission médicale ( L'Ami de l'Ordre, 18 septembre 1872, p. 3, c. 2, article

nécrologique, Bc, passim, et Liste générale des individus admis à exercer les diverses branches de l'art de guérir

dans la province de Namur publiée chaque année dans le Mémorial administratif de la province de Namur).

71. Bc, se. 10 décembre 1861 (p. 279).

72. Budget de la ville de Namur. Exercice de 1862 (Dépenses extraordinaires).

73. Bc, se. 18 février 1862 (p. 53).

74. Il existe encore une rue du même nom à Saint-Servais. Elle longeait un cimetière juif désaffecté aujourd'hui.

Sous l'Ancien régime, le lieudit les Trois Piliers était l'emplacement du gibet de Namur.J. BORGNET, Analectes

namurois, [....] Fourches patibulaires de la justice de Namur [ 1495-1528], dans Annales de la Société archéolo

gique de Namur, t. VII, 1861/62, p. 191-218.

75. Ont voté pour : Pépin, Anciaux de Faveaux, Rops, Thémon, Dessu, Piéton, Masset, Gérard, Douxchamps,

Lambotte et de Baré ; contre : Dufer, Quinart, Dohet, Braas, Delmagdelaine, Gomrée, Buydens et Wasseige. Bc,

se. 23 avril 1862 (p. 104).

76. Bc, ses 3 juin (p. 135) et 23 septembre 1862 ( p. 207)

77. Bc, ses 6 février, 1er et 10 août, 1er et 16 septembre, 15 décembre 1863, respectivement p. 47, 167, 170,

182, 188 et 222.

78. Bc, ses 7 mars, 12 avril, 11 juillet, 25 octobre, 12 et 27 décembre 1864, respectivement p. 22-23, 76, 143

et 161, 209, 274, 314, 322.

63

la construction d'une crypte de béton par la firme Blaton-Aubert, Dubos et compagnie

en 1880, font partie de l'histoire interne du cimetière que nous n'avons pas l'intention

d'aborder ici.

Quant à l'ancien cimetière, il a disparu progressivement : en 1871, les arbres sont

abattus et les murs de clôture démolis79. Les terres sont enlevées sous « la surveillance

scrupuleuse » de la commission médicale locale80. Les foins sont adjugés au sieur Buydens

pour une somme de 200 francs par an tandis que s'installe « sauvagement » une petite

émaillerie81. La plus grande partie du terrain sera absorbée, comme prévu, par la nouvelle

gare, le boulevard et la prison.

Le cimetière de La Plante

Les années 1860 virent aussi la création d'un autre cimetière communal, celui de La

Plante. Ce quartier sur la rive gauche de la Meuse en amont de Namur et en dehors de ses

remparts, avait été érigé, par le décret impérial du 28 août 1808, en paroisse sous l'invoca

tion de saint Pierre, qui incluait Wépion82. Le 27 décembre 1864, une requête de la fabrique

d'église demandant à être autorisée à acquérir un terrain à usage de cimetière fut discutée

par le conseil communal de Namur83 puis fut transmise à la section du contentieux. Au

cours du mois de janvier suivant, la section des travaux publics se rendit sur place pour

examiner les lieux. Le 6 février, le baron Fallon offrit à la ville le terrain d'une contenance

de 25 ares mais le rapport de l'architecte montra que celui-ci ne pouvait convenir étant

donné la présence de « sources provenant de la montagne ». Fallon proposant de le faire

assécher à ses frais, la ville accepta la donation. Le cimetière fut donc établi et clôturé de

murs84. C'est ainsi que La Plante fut le seul faubourg de Namur à avoir son propre cime

tière, situé à mi-côte des coteaux de Meuse, chemin de la Caracole.

Dans sa longue durée, l'évolution des cimetières de Namur fut parallèle à celle du monde

des vivants. Le cimetière n'est que le corollaire de la représentation qu'une société se fait

de la mort et de l'au-delà. Cimetières romains. Cimetières chrétiens. Cimetières laïcs. La

rupture inattendue, encore que commune aux Pays-Bas autrichiens, fut celle du cimetière

général voulu par Joseph II, qui choqua tant la masse de la population. Elle venait trop

tôt, certes, et brutalement, mais elle fut un premier pas vers l'acceptation de l'idée de la

nécessaire salubrité publique en même temps que celle du respect de la différence.

Françoise JACQUET-LADRIER

Les Ravins 3

5100 Wépion

79. Bc, ses 9 janvier , 11 et 28 avril 1871, respectivement p. 5, 60 et 70.

80. Bc, se . 22 janvier 1872, p. 14.

81. Signalé à l'année 1874 par R. DEJOLLIER, 1829-1914, Namur Revue à travers 85 ans de gazettes, Namur,

1981, non paginé. Le Bc, 1874, aux séances du 8 et du 27 juin, n'en fait pas mention.

82. EJACQUES, Le rétablissement du culte catholique à Namur après la Révolution. Les paroisses de la ville

et de sa banlieue, Gembloux, 1962, p. 112, 281-286.

83. Bc, se. 27 décembre 1864, p. 319.

84. Bc, ses 6 et 14 janvier, 6 février, 16 mars et 14 avril 1865, respectivement p. 10, 12, 33, 63 et 79.

64

COMPTE-RENDU

Chr. DRAGUET, L. LYSYetX. DEFLORENNE, L'église de Jumet-Gohyssart.

Lumières de l'art roman au XIXe siècle. Approches architecturale, historique, stylisti

que et symbolique d'un édifice néo-roman en pays de Charleroi (1863-1866), Jumet, Cercle

d'art et d'histoire de Gohyssart (131, rue Dewiest, 6040 Jumet), 2001, 285 p., nombreuses

illustrations, 22,32 €.

D'un simple comptage

à partir du Patrimoine

monumental de la Belgi

que, il ressort que la moitié

des églises paroissiales de

l'entité de Namur, soit 17

sur 35 en 1975, ont été

construites entre 1841 et

1904. Quatorze sont anté

rieures au XIXe et quatre

seulement datent du XXe

siècle. L'essor démogra

phique et la création ou

l'extension de quartiers

périphériques expliquent

le grand nombre d'édifi

cations d'églises dans la

seconde moitié du XIXe

siècle. Ce phénomène

n'est bien sûr pas propre à

Namur. Comme ne l'est pas

non plus la situation que

l'on observe aujourd'hui,

cent à cent cinquante ans

plus tard, dans le sens

opposé : la diminution de

la pratique religieuse désertifie peu à peu les églises, qui deviennent trop grandes, propor

tionnellement trop nombreuses et finalement très - ou trop - coûteuses à entretenir et à

restaurer. Des édifices du culte sont donc, qu'on le veuille ou non, condamnés à disparaître.

D'autres seront conservés comme des témoins architecturaux d'une époque bien définie,

aussi comme des rappels, des « signaux » sans équivoque, profondément intégrés dans un

paysage familier. Mais en fonction de quels critères discerner... « élus » et « réprouvés » ?

Que faut-il sauver de tout ce courant néo-roman et néo-gothique dédaigné hier, quelque

peu revenu en grâce aujourd'hui ?

Ces réflexions qui nous viennent à l'esprit rejoignent celles que formulent M. Jean-

Pierre De Clercq, député permanent du Hainaut, et le professeur Luc-Francis Genicot

65

(UCL), respectivement dans la préface (p. 7-8) et l'introduction (p. 13-14) de l'ouvrage

sous revue. On pourrait s'étonner de voir accueillie dans nos pages une monographie

traitant d'une église du pays de Charleroi et publiée à l'occasion du 125e anniversaire de

sa consécration en 1876. C'est que la richesse exemplaire de son contenu ne peut que sus

citer une réflexion salutaire sur le sort à réserver aux quelque mille églises paroissiales de

style éclectique apparues en Wallonie entre 1815 et 1914. Et le temps presse ! Selon L.-Fr.

Genicot, un inventaire thématique informatisé est indispensable. Mais gageons qu'avec

le présent dossier, l'église de Gohyssart a de sérieuses chances de survie.

Après une description technique de l'architecture de l'édifice (p. 15-23), M. Xavier

Deflorenne tente une « approche stylistique » (p. 99-120) de cette construction éclectique,

néo-romane, bien sûr, avec l'usage de l'arc en plein cintre, mais néo-gothique dans sa

silhouette et ses proportions, commencée en 1863. Son architecte, le tournaisien Justin

Bruyenne (1811-1896), a à son actif la construction ou la restauration de nombreux

châteaux, églises, couvents et hospices principalement en Hainaut occidental. Quand il

dresse les plans de Gohyssart, il a en charge depuis douze ans déjà la restauration de la

cathédrale de Tournai dont les tours l'inspireront pour celle de Jumet et quelques autres

néo-romanes. Signalons que sa seule œuvre connue en Namurois est la restauration du

château de Limminghe à Gesves en 1868 (p. 253).

M. Christian Draguet relate, nombreux documents d'archives inédits à l'appui, les péri

péties de la construction de l'église et de l'aménagement architectural du site paroissial

incluant écoles des garçons et des filles, couvent, place publique et, en 1880 seulement,

presbytère (p. 31-97). La création d'une paroisse s'imposait dans ce quartier ouvrier et

pauvre dont les quelque 4.200 habitants représentaient le tiers de la population de Jumet.

Nous l'avions déjà souligné dans une autre publication de M. Draguet, non citée ici1. Tout

ce complexe a pu être édifié grâce, en grande partie, au concours de la Société d'Amercoeur,

qui exploitait le charbonnage local, et à la famille Bivort. L'évolution de l'ameublement de

l'église est décrite jusqu'à nos jours (p. 183-220). Les vitraux du chœur et du déambulatoire,

placés en 1908, sont l'œuvre du gantois Gustave Ladon (1863-1942), auquel on doit aussi

la grande verrière de la collégiale de Dinant (p. 260).

Au même titre que les aspects architecturaux, stylistiques et historiques, il fallait une

approche de tous les symboles qu'une église néo-romane comme celle de Gohyssart pouvait

donner en écho au monde médiéval, tel du moins que se le représentaient les promoteurs

et l'architecte au XIXe siècle. C'est ce que M. l'abbé Luc Lysy, curé-doyen de Jumet, a admi

rablement dégagé dans des pages denses et accessibles, concrètes et d'une haute élévation.

Des pages des plus attachantes où l'on rencontre, au passage, textes sacrés, saint Bernard,

Hildegarde de Bingen comme Paul Claudel et Georges Duby (p. 121-182).

Outre une chronologie (p.25-30), l'ouvrage contient encore des annexes (p. 227-247),

un lexique biographique (p. 249-261), une bibliographie (p.263-268) et plusieurs tables

(p. 271-277).

1. Ph. JACQUET, Gohyssart à Jumet, au cœur de la révolution industrielle, dans Gohyssart en 1900.

Album-souvenir publié à l'occasion du 125e anniversaire de la paroisse de Jumet-Gohyssart (1866-1991) , s.l.

(Jumet), Chr. Draguet, 1991, p. 6-9 (Voir compte rendu dans Le Guetteur wallon, 1992, n° 1, p. 29).

66

Comme l'écrivait en guise de liminaire (p.11), Mgr Huard, alors évêque de Tournai,

des hommes ont construit l'église de Gohyssart et ce qui l'entoure « avec la vision de leur

temps, une certaine nostalgie du moyen âge mais ce fut, malgré tout, reconnaissons-le, une

réussite qui demeure aujourd'hui encore une des belles églises du pays de Charleroi ».

On consultera aussi, du même Christian Draguet, L'église de l'Immaculée Conception de

fumet-Gohissart, une silhouette imposante dans le ciel de Charleroi, dans Wallonia Nostra,

2003, n° 29, p. 36-37.

Philippe JACQUET

Les Ravins 3

5100 Wépion

67

ASSEMBLEE GENERALE

ASSEMBLEE GENERALE STATUTAIRE DU 20 MARS 2004

Le samedi 20 mars 2004, la Société Royale « Sambre et Meuse - Le Guetteur wallon »

a tenu son assemblée générale au restaurant « Le Moulin à Poivre », rue Bas de la Place à

Namur. Cadre inattendu, sans nul doute, pour une Assemblée générale mais l'Ilon Saint-

Jacques ayant déclaré forfait, il fallait bien trouver une solution.

Madame Fr. Jacquet-Ladrier ouvre la séance en remerciant les membres présents de leur

fidélité au « Guetteur ». Cette année, la Ville de Namur est représentée par Monsieur Denis

Mathen, échevin des Finances. Fait exceptionnel qu'il convient de souligner... L'échevin

de la Culture, Monsieur B. Ducoffre s'est cependant fait excuser ainsi que Messieurs B.

Caprasse et X. Bossu, respectivement président et secrétaire de « Wallonia Nostra » dont

notre ASBL fait partie.

Ces préalables établis, la présidente s'attache au bilan de l'année 2004, bilan positif

puisque nos activités se sont déroulées sans accrocs, y compris le volume d'hommage à

l'historien namurois Josy Muller décédé il y a vingt ans. Ce volume a été très apprécié,

salué par la presse notamment Vers l'Avenir, Le Quotidien de Namur, Le Soir. Monsieur

Philippe Jacquet, auteur avec son épouse de cet ouvrage, a été interviewé par Madame Anne

Fourny, de Canal C, pour son émission « A livre ouvert ». C'est aussi l'occasion de féliciter

notre metteur en page, Monsieur Richard Frippiat. Ce numéro double est une magnifique

réalisation à mettre à son actif, une réussite sur le plan technique car il fallut jongler avec

des articles de tous formats, des techniques d'impression périmées, des illustrations assez

sombres, difficiles à reproduire. Ceci dit, le numéro 1/2004 vient d'être publié et contient

un article de Monsieur Jean Lecomte sur le culte de sainte Brigide à Fosses, suivi d'une

étude de Monsieur Jean-Louis Javaux sur une église en péril, celle de Jamagne. Il s'y trouve

aussi le procès-verbal de l'Assemblée générale de 2003 qui n'avait pu trouver place dans

les numéros de l'année écoulée. Ceci doit rester un fait exceptionnel.

Avant de passer la parole à notre secrétaire, Madame Jacquet évoque la mémoire de ceux

et celles qui nous ont quittés cette année : Madame Lentselaer, fidèle des excursions du

« Guetteur », Madame Dereine, veuve de notre administrateur, Georges Dereine, Monsieur

Jean Godefroid, ancien administrateur, et Monsieur Max Lefranc.

Madame Anne Mirasola-Mossiat présente ensuite le rapport moral de 2003, lequel est

tout à fait satisfaisant et témoigne du soin apporté à la réalisation des différents numéros

du « Guetteur ». Monsieur Marc Ronvaux a ainsi présenté un long article sur la vigne et

le vin à Namur qui a réjoui plus d'un amateur. Un article rédigé par une étudiante en 2ème

candidature Histoire - Stéphanie Villers - fut présenté par Monsieur Jacquet et publié

dans le « Guetteur ». Le sujet était le suivant : « Quel avenir pour un jeune Namurois sous

l'Ancien Régime ? ». Madame Jacquet s'attaqua, pour le n°2, à un travail fastidieux mais

indispensable pour une revue, 15 années de tables (1985-2000). Ce fut ensuite le numéro

spécial consacré à Josy Muller dont nous avons déjà parlé.

68

Les excursions, quant à elles, du Hainaut à la région de Laethem-Saint-Martin et à

l'Avesnois, ont été pleinement appréciées et sont toujours très courues.

La parole échoit à notre trésorière, Mademoiselle Marie-Claire Offermans pour l'examen

de la situation financière. Le « Guetteur » est en bonne santé de ce point de vue mais le

nombre d'abonnés n'évolue guère, il faudrait un peu de sang neuf... Les subsides alloués

par la Région et la Communauté sont d'autant plus précieux. Les comptes ont été contrôlés

par MM.; Tombal et David et déclarés conformes. Mademoiselle Offermans a donc bien

rempli son office et est applaudie en conséquence.

La présidente reprend la parole pour nous faire part des projets de l'année 2004. Il est

prévu un article de Monsieur Roger Pinon, éminent philologue, qui a étudié les chansons

historiques sur les sièges de Namur. Nous aurons également la deuxième partie de l'article

consacré par Madame Jacquet aux cimetières de Namur. Monsieur Philippe Jacquet compte

reprendre la bibliographie historique de la province de Namur que Monsieur Jean Bovesse

ne peut plus assumer en raison de son âge. Ces différents articles, sans oublier les comptes

rendus, seront répartis dans les trois numéros qui restent à pourvoir.

Les excursions, en 2004, verront les déambulations du « Guetteur » du Brabant flamand

à Trêves et du Luxembourg au Hainaut.

Madame Jacquet tient encore à signaler l'exposition prévue pour le mois de mai au

Musée des Arts anciens du Namurois. Elle s'articulera autour d'un scriban anversois du

17e siècle restauré par la Fondation Roi Baudouin et appartenant à la collection Spoelberch

de la KUL. L'exposition s'intitule « Un cabinet, un roi, une ville » et se tiendra du 15 mai

au 10 octobre 2004. La présidente et son mari ont largement contribué à la rédaction du

volume accompagnant cette manifestation.

Avant de terminer, Madame Jacquet profite de la présence de Monsieur Denis Mathen,

échevin des Finances, pour lui faire part de la situation préoccupante du « Guetteur wallon»,

en manque de local depuis toujours, ce qui fait de lui un SDF de 80 ans !

La conférencière de ce soir, Madame Isabelle Parmentier, est professeur d'histoire aux

FUNDP. Elle sera présentée par Monsieur Philippe Jacquet, qu'elle a remplacé dans ses

fonctions. Madame Parmentier a fait ses études à Louvain-la-Neuve et a ensuite passé deux

ans au Burundi au titre de coopération. Titulaire d'un doctorat en histoire, assistante à

l'UCL et au FNRS, elle a pris depuis peu les fonctions de M. Jacquet suite à son admission

à la retraite.

Le sujet traité est aussi inattendu, surprenant que la salle dans laquelle nous nous trou

vons... « Des usines et des hommes aux 18e et 19e siècles. Bruits, odeurs, couleurs ». Les

études traitant de ce sujet sont assez récentes : on peut les dater des années quatre-vingt.

Elles sont sans doute liées au développement de l'écologie et à une prise de conscience

des dégâts occasionnés au niveau environnemental par les implantations industrielles.

Dès les débuts de la révolution industrielle, des nuisances sont apparues : pollution,

déchets, bruit.

Les obstacles à leur étude sont nombreux. On manque, par exemple, d'instruments

de mesure, il n'existe pas de données scientifiques sur l'eau, l'air, la toxicité des fumées.

On utilise dès lors la méthode empirique avec laquelle on observe les caractéristiques

extérieures : odeur, limpidité, etc. La théorie des miasmes est largement répandue : une

69

mauvaise odeur ne présage rien de bon. Bref, le manque de données oblige l'historien à se

tourner vers d'autres disciplines : palynologie, dendrochronologie, archéologie.

L'historien étudie également la sensibilité de nos ancêtres à ces problèmes : comment les

percevaient-ils ? Là, il trouve matière à recherches parmi les plaintes, requêtes, enquêtes

commodo et incommodo présentes dans les archives d'Ancien Régime. À première vue, lesautorités n'exercent guère de contrôle à ce niveau et se montrent souvent favorables aux

industriels. Il existe bien des règlements concernant les tanneries, boucheries et brasseries

mais sans plus. À l'époque française, la législation industrielle évolue, les procédures

d'agréation deviennent plus complexes, il y a des lois sur les mines, les établissements

insalubres et dangereux. Malgré tout, on constate une forte promiscuité entre habitat et

industrie. À Namur, à Andenne, usines et fabriques fonctionnent en pleine ville générant

bien évidemment fumées, odeurs et résidus de toutes sortes.

Par un exposé clair et très bien charpenté, Madame Parmentier a su captiver son auditoire,

à preuve les nombreuses questions suscitées par son récit. Entendre parler de mauvaises

odeurs et de nuisances de toutes sortes n'a cependant pas empêché les participants de

laisser leurs papilles gustatives se réjouir d'un bon repas dans la salle voisine.

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