Les sciences participatives en France - février 2016 · PDF fileen France Rapport...

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Les sciences participatives en France - fvrier 2016

Les

Sciencesparticipatives

en France

Fvrier 2016

tat des lieux, bonnes pratiques& recommandations

Livret 1

tat des lieux& mthodes

Les

Sciencesparticipatives

en France

Rapport labor la demande des ministres en charge de lducation nationale, de lEnseignement suprieur et de la Recherche, sous la direction de Franois Houllier, Prsident-Directeur gnral de lInra et Prsident dAllEnvi.

Ce document est publi sous une licence libre et ouverte CC-BY 4.0 qui rend obligatoire la mention de paternit : http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/deed.fr

g Rapport disponible sur http://www.sciences-participatives.com

N en 1959, Franois Houllier est nomm ingnieur du Gnie rural, des eaux et des forts sa sortie de lEcole polytechnique. Titulaire dune thse de doctorat et dune habilitation diriger des recherches, il travaille auprs de lInventaire forestier national et enseigne lcole nationale du gnie rural des eaux et des forts avant dtre nomm Directeur de lInstitut franais de Pondichry en Inde. Il rejoint lInstitut national de la

Recherche agronomique en 1998 au sein duquel il exerce diverses responsabilits (Directeur dunit mixte de recherche, chef de dpartement, Directeur scientifique et Directeur gnral dlgu) avant dtre nomm Prsident-Directeur gnral de linstitut par le Prsident de la Rpublique le 26 juillet 2012. Il prside galement lAlliance nationale de recherche pour lenvironnement (alimentation, eau, climat, territoires) depuis 2012.

Ont galement contribu la rflexion et la rdaction : Mathieu Andro (annexe 10), Franois Charbonnel (annexes 3, 4, 5, 6), Jean-Philippe Cointet (annexe 3), Pascale Frey-Klett (livrets 2, 3), Pierre-Benoit Joly (livrets 1, 3, annexes 3, 4, 5, 6, 8), Hugues Leiser (annexe 8) et Muriel Mambrini-Doudet (livrets 2, 3, annexes 5, 6, 7, 8).

Ont galement contribu la rflexion et la relecture : Odile Hologne, Jean-Franois Launay, Olivier Le Gall, Jean Masson, Nathalie Morcrette, Jean-Luc Pujol et Christophe Roturier.

Plus de 150 personnes ont particip cette mission lors dateliers, dentretiens et de rencontres. Plus de 500 internautes ont pris part la consultation mene dans son cadre. Quils soient ici chaleureusement remercis.

N en 1987, Jean-Baptiste Merilhou-Goudard est diplm en biologie, en mdiations des sciences et en administration des entreprises. Il rejoint lInstitut national de la Recherche agronomique en 2011 en tant que chef du service vnements puis intgre le cabinet de son Prsident-Directeur gnral. Il est nomm Conseiller du Prsident de lInra en 2015.

Rapporteur : Jean-Baptiste Merilhou-Goudard, Conseiller du Prsident de lInra

SommaireLivret 1

Prambule 06Contexte et approche 06Objectifs et mthodes 08

tat des lieux 11Caractrisation 12Des dfinitions et des typologies multiples 12Un essor rcent qui se fonde sur des racines anciennes 15Une diversit profonde 21Caractristiques principales des sciences participatives 25Exemples de formes remarquables dengagement 25

Enjeux : bnfices, risques et attentes perus 33Bnfices avrs ou attendus 33Risques et difficults anticiper par les porteurs de projet 35Risques de dsquilibre et de dsillusion pour la science et la socit 35Attentes 37Bilan des enjeux pour la recherche et la socit 42

Rfrences 43

1.11.2

2.12.1.12.1.22.1.32.1.42.1.5

2.22.2.12.2.22.2.32.2.42.2.5

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Livret 1

Mission Sciences participatives 2016

tat des lieux et mthodes

6 7

Contexte et approche

mergence et contexte historique

Cadrage de la mission

1.1

En France comme dans de trs nombreux pays, la reconnaissance de limportance des sciences et des technologies dans les politiques conomiques, dans les processus dinnovation et dans la vie quotidienne conduit porter une attention croissante aux interactions entre sciences et socit.

Lampleur des dfis auxquels nos socits font face suscite en effet des questionnements scientifiques qui vont bien au-del de la seule communaut des chercheurs puisque ces dfis touchent directement lensemble des citoyens : cest tout particulirement vrai pour la sant ou lenvironnement le changement climatique ou lalimentation en fournissent des exemples remarquables. Simultanment, les avances scientifiques et les dveloppements technologiques ont, eux-mmes, des impacts trs concrets et de grande porte sur la vie quotidienne : ils gnrent ainsi des interrogations, voire des oppositions et des conflits, vis--vis de la recherche, de la science et de la technologie. Enfin, diffrentes expriences ont par ailleurs montr que la participation des citoyens aux recherches pouvait contribuer faire progresser les connaissances scientifiques.

Ces volutions profondes et inscrites dans la dure ont amen les gouvernements favoriser les interactions entre sciences et socit et en faire une priorit. Cet objectif a ainsi t inscrit dans la loi du 22 juillet 2013 relative lenseignement suprieur et la recherche. Au sens le plus large, les interactions ainsi voques peuvent prendre des formes nombreuses et varies allant de la diffusion de la culture scientifique et technique, limplication de la socit civile dans les processus de recherche ou dinnovation ou dans lorientation des politiques scientifiques et technologiques. Elles sont aussi souvent dsignes sous les expressions de dialogue sciences socit ou, en anglais, de public engagement.

Ce rapport ne traite que dune partie de ces interactions : il est centr sur le phnomne des sciences participatives , savoir des formes de production de connaissances scientifiques auxquelles des acteurs non-scientifiques-professionnels quil sagisse dindividus ou de groupes participent de faon active et dlibre. Si ce phnomne connat un essor singulier aujourdhui, les sciences participatives existent depuis prs de cinq sicles durant lesquels elles se sont transformes au gr des volutions techniques et des transformations sociales et conomiques. La prsente mission sinscrit dans un contexte dintrt renouvel puisque les annes 2000 ont connu une croissance exponentielle des publications scientifiques mentionnant lengagement des citoyens, une multiplication des initiatives co-construites, et un intrt grandissant des institutions pour le sujet.

Les sciences participatives forment aujourdhui un vritable archipel, caractris par une grande diversit dapproches et de disciplines, de sujets et de thmes, comme de participants. Les projets sorganisent diffremment en fonction de leurs finalits, le rle et le niveau dimplication des parties prenantes pouvant varier considrablement. Il nexiste pas de projet de science participative typique, de mme quil nexiste pas de profil unique de participants. Leurs motivations sont diffrentes selon quils sengagent en tant que collectifs ou en tant quindividus, en tant que malades, chercheurs en sciences numriques, naturalistes, passionns dastrophysique ou militants.

Cest dans ce cadre que les ministres en charge de lducation, de lenseignement suprieur et de la recherche ont souhait que soit conduite une rflexion sur les sciences participatives [annexe 1, Lettre de mission du 19 fvrier 2015]. La mission ainsi propose consistait en premier lieu analyser les dispositifs de sciences participatives, en incluant tous les domaines scientifiques concerns, avec une attention particulire mais non exclusive porte aux publics scolaires. En second lieu, le livrable attendu tait un guide des bonnes pratiques identifi[ant] les leviers mobilisables et les conditions scientifiques dans lesquelles ces pratiques peuvent tre dveloppes . Dans ce rapport, nous considrerons le champ des sciences participatives comme incluant tout dispositif de recherche dans lequel des acteurs de la socit civile participent au processus de production scientifique. Nous assumons ds lors une grande diversit de sujets, dacteurs et de mthodes, qui ne peut conduire llaboration dune dfinition unique et consensuelle. En accord avec les termes de la lettre de mission, nous avons choisi de nous consacrer le plus concrtement possible la question de la participation du public aux activits mmes de recherche, cartant trois autres dimensions tout aussi importantes, voques plus haut et qui sont traites dans dautres cadres :

La participation de parties prenantes et de porteurs denjeux la gouvernance et aux orientations de la recherche, et ceci selon diffrentes modalits, par exemple via la cration de dispositifs particuliers tels que le programme REPERE du MEDDE(1) ou des Conseils dorientation stratgiques(2) dans les organismes ou dans les programmes.

Les actions conduites pour favoriser la diffusion de la culture scientifique et technique. Le partage de la connaissance et laccs linformation scientifique incluent de plus en plus des dispositifs participatifs (vulgarisation et communication scientifiques : bloging scientifique, portails dactualit, vnements, musographie, etc.).

Les dispositifs dinnovation ouverte qui se multiplient, souvent ports par des entreprises en complment de la traditionnelle R&D(3).

Lessor des sciences participatives relve galement dun autre mouvement plus vaste o se dveloppent dautres approches dites participatives ou ouvertes qui touchent la recherche scientifique un titre ou un autre et font voluer les pratiques et modalits dorganisation de la recherche : on parle ainsi de science ouverte , de donnes ouvertes , dinnovation ouverte , dinformatique participative , de conception participative , etc. Plus largement encore, ce mouvement fait cho