Les Sanctuaires

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Miscellanea Romano-Barbarica in honorem septagenarii magistri Ion Ioniţă oblata. Ediderunt: Virgil Mihailescu-Bîrliba, Cătălin Hriban, Lucian Munteanu Pour une meilleure compréhension du phénomène, nous allons présenter, conformément à la classification que nous proposons, quelques découvertes représentatives, et à la fin, nous allons essayer de définir les principaux types de sanctuaires et lieux de culte dans le monde des Géto- Daces. C’est la raison pour laquelle nous ne présenterons pas en détail les découvertes, la classification et les variantes de reconstitution des différents types de sanctuaires, que l’on peut trouver dans la bibliographie citée, mais nous allons concentrer notre attention sur les types de sanctuaires et de lieux de culte, leur place et leur rôle dans la vie spirituelle des Géto-Daces (Fig. 1). La recherche, la classification et l’interprétation des découvertes de culte dans le monde des races septentrionaux – monuments ou pièces de culte – ont constitué des préoccupations constantes des archéologues ou des historiens de la religion (Pârvan 1926, 633-642; Daicoviciu 1972, 204-266; Glodariu 1976, 249-258; Babe 1977, 319-352; Antonescu 1984, 43-95; Vulpe 1986, 101-111; Conovici, Trohani 1988, 205-217; Crian 1987; 1993, 78-122; Sîrbu 1993a, 31-38, 134-140; 1994, 314-329; 2004, 95-102; 2005; Sanie 1995, 19-52), mais beaucoup d’aspects majeurs restent encore inconnus, les principaux obstacles étant dus aux difficultés du domaine et à l’insuffisance des sources écrites. Centres religieux pandaciques– «les Montagnes Sacrées» Grădiştea de Munte – Sarmizegetusa Regia (dép. de Hunedoara) (Daicoviciu et al. 1959, 379-401; Daicoviciu , Daicoviciu, Gostar 1959, 331-358; 1961, 302-305; Daicoviciu 1972, 207-218, 238-260; Crian 1993, 82-97; Glodariu et al. 1996, 109-130) Sarmizegetusa Regia fut, pour plus d’un siècle, non seulement la capitale des Daces, mais aussi leur centre militaire, économique, commercial et religieux le plus important. Il est évident que la capitale a été placée dans cette zone plutôt pour des raisons stratégiques et religieuses que naturelles CONSIDÉRATIONS SUR LES SANCTUAIRES, LES ENCEINTES SACRÉES ET LES DÉPÔTS VOTIFS DANS LE MONDE DES GÉTODACES II e S. AV. J.C. I er S. APR. J.C. Valeriu Sîrbu ( Brăila )

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Les Sanctuaires; omagiu Ionita 70

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Miscellanea Romano-Barbarica in honorem septagenarii magistri Ion Ioniţă oblata.

Ediderunt: Virgil Mihailescu-Bîrliba, Cătălin Hriban, Lucian Munteanu

Pour une meilleure compréhension du phénomène, nous allons présenter, conformément à la classifi cation que nous proposons, quelques découvertes représentatives, et à la fi n, nous allons essayer de défi nir les principaux types de sanctuaires et lieux de culte dans le monde des Géto-Daces. C’est la raison pour laquelle nous ne présenterons pas en détail les découvertes, la classifi cation et les variantes de reconstitution des diff érents types de sanctuaires, que l’on peut trouver dans la bibliographie citée, mais nous allons concentrer notre attention sur les types de sanctuaires et de lieux de culte, leur place et leur rôle dans la vie spirituelle des Géto-Daces (Fig. 1). La recherche, la classifi cation et l’interprétation des découvertes de culte dans le monde des Th races septentrionaux – monuments ou pièces de culte – ont constitué des préoccupations constantes des archéologues ou des historiens de la religion (Pârvan 1926, 633-642; Daicoviciu 1972, 204-266; Glodariu 1976, 249-258; Babe 1977, 319-352; Antonescu 1984, 43-95; Vulpe 1986, 101-111; Conovici, Trohani 1988, 205-217; Crian 1987; 1993, 78-122; Sîrbu 1993a, 31-38, 134-140; 1994, 314-329; 2004, 95-102; 2005; Sanie 1995, 19-52), mais beaucoup d’aspects majeurs restent encore inconnus, les principaux obstacles étant dus aux diffi cultés du domaine et à l’insuffi sance des sources écrites.

Centres religieux pandaciques– «les Montagnes Sacrées»

Grădiştea de Munte – Sarmizegetusa Regia (dép. de Hunedoara) (Daicoviciu et al. 1959, 379-401; Daicoviciu , Daicoviciu, Gostar 1959, 331-358; 1961, 302-305; Daicoviciu 1972, 207-218, 238-260; Crian 1993, 82-97; Glodariu et al. 1996, 109-130)

Sarmizegetusa Regia fut, pour plus d’un siècle, non seulement la capitale des Daces, mais aussi leur centre militaire, économique, commercial et religieux le plus important. Il est évident que la capitale a été placée dans cette zone plutôt pour des raisons stratégiques et religieuses que naturelles

CONSIDÉRATIONS SUR LES SANCTUAIRES, LES ENCEINTES SACRÉES ET LES DÉPÔTS VOTIFS

DANS LE MONDE DES GÉTODACES IIe S. AV. J.C. Ier S. APR. J.C.

Valeriu Sîrbu (Brăila)

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ou économiques. Formé par la citadelle, les établissements civils et la zone sacrée, l’ensemble se trouve dans les Monts Orăştiei, à 1000 m de haut, dans une région où l’hiver dure 3-4 mois, climat instable, très pluvieux, sur des montagnes de micaschiste inhospitalier, loin des pâturages, des minerais et des routes commerciales, manquant totalement de terrains agricoles (Glodariu et al. 1996, 5-15, 89-91).

Dans la partie méridionale des montagnes, sur 6 km de long, on a identifi é plus d’une centaine de terrasses anthropiques, issues autant des coupes en amont que du remplissage en aval des versants avec de la pierre et de la terre, soutenus par de grosses structures en bois et rocher.

Il faut mentionner également le fait que la quantité impressionnante de blocs de calcaire et d’andésite, nécessaires aux murailles de défense ou de soutien, aux constructions et aux sanctuaires, avait été apportée parfois de très loin, puisque le micaschiste de la zone ne pouvait pas être utilisé à cette fi n. La capitale des Daces était défendue par un important système de forteresses et tours qui barraient l’accès de toutes les directions.

Située sur les Xe et XIe terrasses, la zone sacrée contenait une via sacra en dalles de pierre, 11 sanctuaires (9 rectangulaires et 2 circulaires) dont 6 étaient encore fonctionnels lors de la conquête romaine, ensuite un bassin, des aqueducs, rigoles pour les eaux pluviales, une petite place, escalier mo-numental, balustrades etc. Tous ces monuments étaient protégés par d’im-posantes murailles polygonales de soutien et de défense, 5-7 m de haut au minimum, plus un bastion. Nous devons aussi dire que, en ce qui concerne les matériaux utilisés, l’on peut déceler deux étapes: dans la première, on a utilisé le calcaire (Ier s. av. J.-C.–Ier s. apr. J.-C.), tandis que dans la seconde, l’andésite (seconde moitié du Ier–début du IIe s. apr. J.-C.) (Fig. 2).

Je vais présenter brièvement seulement trois sanctuaires, chacun de type diff érent, et le «soleil d’andésite».

Le grand sanctuaire quadrilatère de la Xe Terrasse, vers lequel menait un escalier monumental, avait des dimensions extraordinaires (D = 41 m x 13 m), avec, probablement, au commencement, 60 colonnes (4 rangées x 15 colonnes) et balustrade; on y a identifi é deux phases de construction, la première avec des plinthes de calcaire qui soutenaient les piliers en bois et la seconde, avec des plinthes et des colonnes d’andésite (Fig. 2/1). Il est bien probable que ces types de sanctuaire n’avaient pas eu de parois (on n’en a jamais trouvé de traces archéologiques), avec un toit en deux pentes, sans cella (espace destiné aux divinités et aux pièces de culte); on n’y a pas trouvé d’inventaire archéologique relevant).

L’édifi ce le plus imposant semble être le grand sanctuaire quadrilatère

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d’andésite situé sur la Xe Terrasse; ayant une superfi cie de 38 x 31 m, il s’ap-puyait sur 60 colonnes d’andésite, formées de segments diff érents comme épaisseur et diamètre, mis sur des dalles circulaires de 2 m; il se peut bien que les poutres d’andésite aient été utilisées pour lier les colonnes. Le toit était, probablement formé de bardeau. On a encore trouvé in situ, seule-ment les socles, les segments de colonnes et les poutres qui ont été décou-verts soit dans les murailles, soit jetés par les Romains, après la conquête, dans d’autres zones.

Le grand sanctuaire rond de la XIe Terrasse avait une structure plus complexe:

a) cercle extérieur formé d’une rangée de 104 blocs d’andésite qui encadrent une autre rangée de 210 blocs d’andésite (30 groupes formés de 6 blocs hauts et étroits, plus un autre plus large et plus bas),

b) un autre cercle, à 3,65 m vers l’intérieur, formé de 84 poteaux en bois, profondément enfoncés et avec des blocs de calcaire à la base de la fosse, prévu de quatre entrées,

c) au milieu, une chambre à abside, orientée NO, formée de 34 po-teaux en bois (Fig. 2/3). On a proposé plusieurs variantes de reconstitu-tion, dans certaines d’entre elles, le cercle extérieur est surmonté seulement d’une balustrade. De toute façon, il s’agit d’un édifi ce impressionnant, qui avait probablement le rôle d’un calendrier, basé sur la succession régulière de poteaux hauts et bas, surtout au cercle extérieur; en suivant ce calen-drier, l’année dace aurait eu 360 jours (6+1 x 30 = 180 x 2 = 360), et après une certaine période on faisait la correction requise ( jusqu’à 365 jours, 5 heures et 48 minutes).

«Le soleil d’andésite» est le nom d’un grand autel circulaire (D = 6,98 m), qui consiste en un disque central (D = 1,46 m), entouré de 10 plaques trapézoïdales (L = 2,76 m), vers la limite desquelles se trouve une rangée de cavités rectangulaires dans lesquelles on avait mis des pièces de marbre blanc (H = 12 cm) en forme de la lettre «T». Sous les dalles, vers l’est, un canal formé de caniveaux en pierre qui communiquait avec une bassine en calcaire dont l’orifi ce était dirigé vers le canal. Étant donné sa massivité, cet autel avait une fondation solide en blocs de calcaire, mis au bord de la fosse et au milieu, le reste de la fosse étant rempli de lœss foulé et micaschiste brisé. C’est pour sa forme circulaire et l’impression créée par les blocs trapézoïdaux qu’on l’a appelé «le soleil d’andésite», tout en considérant qu’il a servi pour autel aux sacrifi ces, peut-être dans le bénéfi ce d’une divinité solaire. Une allée étroite, formée de blocs de pierre, menait vers cet autel, mais il y a des chercheurs qui considèrent que certaines parties de l’ensemble

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provenaient de l’époque romaine (Iaroslavschi 1994, 49-53) (Fig. 2/3).Racoş – Tipia Ormenişului (dép. de Braşov) (Glodariu, Costea 1991,

21-40; Costea 2002, 26-41, plus les informations de Florea Costea)Les Daces avaient choisi, pour leur zone sacrée, une place toute

particulière – sur une montagne diffi cilement accessible, une position dominante dans le défi lé de la rivière d’Olt (côte absolue 755,9 m, côte relative, plus de 200 m); c’était une zone habitée, car sur les terrasses des montagnes environnantes ou dans la vallée de l’Olt on a trouvé des établissements et des cités en haute montagne. Tipia Ormenişului est une montagne en roches volcaniques (ophiolite) et sédimentaires (calcaire), avec des pentes abruptes, presque verticales parfois, l’accès pouvant se faire seulement sur le versant méridional. Les aménagements comprennent un plateau ovale, environ 3500 m2 de superfi cie et six terrasses principales, toutes sur le versant méridional.

Sur le plateau, entouré par un rempart en roche, pour le soutenir et pour le défendre en même temps, sur les côtés est, sud et ouest ( le côté nord menait vers un abîme presque vertical), on a découvert: dans la moitié orientale, une caserne et, vers le milieu, un sanctuaire rectangulaire avec des alignements de plinthes en calcaire, orienté N-S, tandis que dans la moitié occidentale, il y avait un autre sanctuaire rectangulaire avec des ali-gnements de plinthes en ophiolite, orienté NO-SE; dans la partie nord-ouest, se trouvait une fondation circulaire qui comprenait une construction rectangulaire. Dans les sanctuaires on a trouvé quelques fragments de va-ses et un petit nombre de pièces en fer.

Sur la IVe terrasse on a découvert un sanctuaire formé de: a) l’anneau extérieur circulaire (D = 19,20 – 19,30 m), bâti en dalles

de calcaire et ophiolite sommairement taillées, b) l’anneau intermédiaire (D = 16,50 – 16,60 m), situé à 1,00 m

vers l’intérieur, en forme polygonale, avec 36 côtés ayant chacun 3,50 m, en blocs taillés de calcaire blanc; les traces intenses de brûlure et de charbon témoignent de l’existence d’une élévation en bois,

c) au milieu, décentrée, se trouvait une construction quadrilatère avec deux chambres et abside vers NNO et deux entrées; près de la paroi intermédiaire se trouvait une poutre brûlée dans laquelle avaient été enfon-cés, ça et là, 18 gros clous aboutis en tête de cygne, servant peut-être pour y suspendre les off randes; les fosses des poteaux et les zones compactes d’enduit brûlé, plus les poutres brûlées, tout cela témoigne de l’existence d’une construction qu’on y a des parois en bois et terre.

L’inventaire qu’on y a découvert consistait en fragments de vases,

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dont nous mentionnons les grands vases sans fonds, les gros clous, deux charnières et une fi bule.

Tous les sanctuaires se datent dans la seconde moitié du Ier s. av. J.-C. – Ier s. apr. J.-C. et ils ont été, probablement, détruits lors des guerres daco-romaines.

Rudele et Meleia (dép. de Hunedoara) (Daicoviciu, Daicoviciu, Gostar 1959, 341-349, Daicoviciu 1961, 308-314; Glodariu 1976, 256-257; Vulpe 1986, 101-111)

Près de la capitale des Daces, sur des montagnes ayant des hauteurs entre 1300 - 1400 m, dans des endroits isolés, loin des établissements, on a identifi é des vestiges de bâtiments dont l’utilité a suscité des débats parmi les archéologues. Avant l’excavation, ils avaient la forme de tertres au dia-mètre de 10 - 15 m et la hauteur de 0,50 – 1,50 m, groupés par des nuclei ou des rangées, sur des plateaux ou des terrasses aménagées.

Leurs plans comprennent trois variantes: a) circulaires avec un foyer à l’intérieur, b) circulaires avec une chambre rectangulaire et un foyer, c) deux cercles concentriques avec une chambre à abside au milieu et

deux foyers, l’un dans la chambre à abside et l’autre en dehors de celle-ci, mais dans la partie opposée à l’abside. Il faut préciser que les absides sont, à de petites variations, orientées N-N-O et n’ont pas eu de mobilier; les vestiges des édifi ces n’ont pas de traces de parois en terre (Fig. 4/1-4).

On y a trouvé, d’habitude, beaucoup de fragments de vases céramiques, dont on remarque ceux de grande capacité, mais sans fonds, et ceux de luxe, peints de motifs géométriques, phytomorphes et zoomorphes; on y ajoute, parfois, des pièces métalliques, des loupes et de la scorie de fer (Daicoviciu 1972, 159-160).

Les reconstitutions les plus vraisemblables incluent des édifi ces de bois couverts de bardeau, avec une chambre centrale à abside et une autre circulaire, l’anneau extérieur représentant soit une enceinte du type terrasse avec balustrade, couverte ou non, soit une autre chambre circulaire couverte (Fig. 3). La présence des foyers, les nombreux vases céramiques et les provisions de céréales indiquent une habitation et des pratiques rituelles permanentes; il se peut bien que les offi ciants du culte y aient habité aussi. On ne saurait soutenir avec des arguments convaincants l’hypothèse que ces édifi ces auraient été des bergeries (Daicoviciu 1961, 308-314; Daicoviciu 1972, 153-161) ou des ateliers métallurgiques (Glodariu 1983, 23-25). En revanche, leur position isolée, la similarité de leurs plans avec ceux des sanctuaires attestés à Sarmizegetusa Regia et Racoş, quant à

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la forme et l’orientation des absides, indiquent plutôt leur caractère de culte. D’après toutes les données, il pourrait s’agir de confréries de sacerdoces, du type des moines d’aujourd’hui et leur existence est confi rmée également par certaines sources écrites (Josephus, Antiquităţi iudaice, XVIII, 22; Strabon, VII, 3,3).

Sanctuaires quadrilatères à colonnes: militaires et sacerdoces

En ce qui concerne les 24 sanctuaires de ce type découverts, nous pourrions faire des remarques générales:

a) tous se trouvaient dans/près de la zone de montagne, b) pas de vestiges archéologiques de parois, c) ils se présentent sous la forme d’alignements de bases de

colonnes, d) on n’y a pas trouvé d’inventaire archéologique représentatif, e) ils se datent dans la seconde moitié du Ier s. av. J.-C.–106 apr. J.-

C. (Fig. 2/1-2). On a identifi é, pour les sanctuaires de Grădiştea de Munte (Daicoviciu 1972, 207-210), des enclos, d’abord en bois, ensuite en pierre, probablement pour délimiter l’espace sacré. Ils se trouvent, à une seule exception (Piatra Neamţ – Bâtca Doamnei) (Gostar 1969, 18-19, Fig. 4-6), près de la capitale des Daces, dont la moitié presque, à Grădiştea de Munte (9 ex.) et Costeşti (4 ex.).

Par conséquent, les possibilités de reconstitution et de compréhension des rituels y accomplis s’avèrent être très ardues. Dans le terrain, ils se présentent sous la forme des alignements de tambours, en rangées parallèles, disposées sur deux axes, qui se croisent en un angle droit; le croisement des axes, le nombre des rangées et des tambours, ainsi que leur forme et leurs dimensions diff èrent, le plus souvent, d’un sanctuaire à l’autre. En tant que forme géométrique, le quadrilatère a quatre côtés et deux axes de même valeur du point de vue architectural, donc le fronton des sanctuaires de ce type aurait pu être situé dans n’importe quelle direction (Antonescu 1984, 59). Le plan de ces sanctuaires avait donc une géométrie très claire, issue du carroyage – module répétable, constant au cadre du même sanctuaire, mais variable aux autres (Fig. 5/1).

Bien qu’il y ait un seul cas où l’on a trouvé, dans l’enceinte d’un sanctuaire, des segments de colonnes en andésite (Grădiştea de Munte – le grand sanctuaire d’andésite), l’élévation issue du plan des alignements de tambours et les conditions climatiques de la zone montagneuse imposent la reconstitution de ce type de sanctuaire avec un réseau de poutres, plafonds

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et toit en deux pentes (Antonescu 1984, 51-66) (Fig. 5/2). Faute de traces archéologiques évidentes de l’élévation pour ces sanctuaires – là (à l’exception mentionnée), on a supposé que ce fût en bois; il faut rappeler aussi que tous les sanctuaires daces ont été eff ectivement démolis par les conquérants romains; c’est ainsi que nous pourrions justifi er l’absence des vestiges de l’élévation in situ.

Des sanctuaires comme ceux-ci avaient été, en toute probabilité, couverts, mais sans parois, puisque l’on n’a pas pu identifi er à l’intérieur d’espaces consacrés exclusivement aux divinités et au culte (cella), il n’y a pas d’espaces vastes, mais seulement une «forêt de colonnes», par conséquent il est probable que les processions y avaient lieu tandis que les préparatifs se faisaient très près, peut-être dans les annexes identifi ées parfois par les enclos avoisinants. La présence de ces sanctuaires exclusivement auprès des cités daces suggère les processions et les rituels guerriers qui s’y accomplissaient, ce qui explique peut-être le comportement des Romains.

Dans la capitale des Daces, Sarmizegetusa Regia, on a identifi é des vestiges provenant de 9 sanctuaires pareils, tous situés sur les Xe et XIe terrasses, d’un côté et de l’autre de la via sacra, avec les axes longs sur des directions diff érentes, des plinthes et enclos en calcaire, dans la première étape, et en andésite, dans la seconde (Daicoviciu 1972, 207-210; Crian 1993, 83-97; Glodariu et al. 1996, 109-128).

Sur les quatre sanctuaires de Costeşti, tous avec des bases de colonnes en calcaire, un seulement se trouvait intra vallum, tandis que les trois autres étaient sur les terrasses avoisinantes; deux en avaient les axes longs sur la direction NO-SE, et les deux autres, NE-SO (Teodorescu 1929, 281-287; Daicoviciu 1972, 205-206; Glodariu et al. 1996, 60-62).

Sanctuaires rectangulaires à abside

Cette catégorie comprend des édifi ces en forme de quadrilatère, avec une abside, orientée d’habitude nord, nord-ouest, avec une ou plusieurs chambres, l’entrée vers le sud. De tels édifi ces ont été découverts dans les davae importantes, dans la partie centrale de l’acropole, près des places ou d’autres édifi ces à rôle cultuel: Brad (Ursachi 1995, 51-53, 62-69), Popeşti (Vulpe 1960, 308-316; 1961, 321-328; 1966, 32-33), Pecica (Crian 1978, 106-108).

Il faut préciser que l’on n’a jamais trouvé de foyers ou d’inventaire archéologique dans l’abside. Les foyers se trouvaient seulement dans les chambres rectangulaires; on remarque les autels décorés de Popeşti (Fig. 4/5-6) et Cârlomăneşti (Gugiu 2004, 249-251). Dans les autres chambres,

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dont le mobilier était assez varié, les vases céramiques sont dominants. Il y a deux sites où l’on a trouvé des pièces à rôle cultuel évident, un disque votif en fer à décor fi guratif à Piatra Roşie (Florea, Suciu 1995, 47-61) et des statuettes zoomorphes à Cârlomăneşti.

L’aire de diff usion de ces édifi ces ( 10 certainement attestés) s’étend, outre Piatra Roşie (Daicoviciu 1954, 564-566) et Malaja Kopanja, dans la zone extracarpatique. Dans certains sites il ne se trouvait que des édifi ces de culte à abside: Popeşti, Malaja Kopanja (Kotigoroško 1995, 76-77), des IIe–Ie s. av. J.-C., tandis que leur superposition ou leur association avec des sanctuaires circulaires se produiront à peine aux Ier s. av. J.-C.–Ier s. apr. J.-C. On les avait bâtis sur une structure en poteaux de bois, les parois en verges et argile, le plancher en argile foulée; c’est toujours Piatra Roşie qui en fait exception, car la fondation est en pierre, les parois en bois et, probablement, le toit en bardeau. Dans certaines situations, ce sont des constructions simples, avec une chambre (Pecica), d’autres sont de grands bâtiments (Popeşti, Brad, Malaja Kopanja), avec plusieurs chambres, dont une seulement était prévue d’abside; les archéologues ont considéré que, dans ces cas, les édifi ces avaient servi aussi de résidences pour les dirigeants des communautés, mais il ne faut pas exclure l’hypothèse d’avoir été des demeures pour les sacerdoces et des remises pour les réserves du culte.

Les opinions concernant le rôle de ces édifi ces sont partagées, les uns y voient des habitations, tout en acceptant, éventuellement, la fonction cultuelle de l’abside (Glodariu 1983, 19, 21; Bodo 2000, 251-275); même dans ce cas, nous croyons que l’édifi ce avait un rôle important dans le culte. Une autre chose à signaler, c’est l’orientation inverse des édifi ces de Malaja Kopanja, les uns avec un mobilier plus abondant et des pièces fi guratives (Kotigoroško 1995, 76-77).

Néanmoins, il y a des arguments solides pour les considérer des édi-fi ces de culte:

a) l’orientation, presque constante, de l’abside vers N, NO, b) l’absence du mobilier dans l’espace à abside, c) leur superposition ou bien leur rapprochement, dans certains cas,

des sanctuaires circulaires, d) la présence de la chambre à abside au centre des sanctuaires circu-

laires concentriques aussi, ce qui dénote leur caractère cultuel. Dans certains espaces, l’abside apparaît vers la fi n du IIe s. av. J.-C.,

est sera plus intensément utilisée aux Ier s. av. J.-C.–Ier s. apr. J.-C., donc juste à l’époque de l’apparition des autres types de sanctuaires.

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Centres religieux zonaux: enceintes sacrées

Il y a des enceintes qui, par la position géographique, la monumen-talité des édifi ces ou le type de complexes et la richesse des off randes y déposées, représentent des centres de culte pour les communautés d’une certaine zone géographique. Ce sont des enceintes avec une position géo-graphique dominante, parfois en haute montagne (Măgura Moigradului, Ocniţa) ou sur des buttes-témoins (Cârlomăneşti), naturellement délimi-tées et défendues ou bien sur des plateaux fortifi és avec des remparts de roche (Pietroasa Mică - Gruiu Dării).

Nous y avons découvert soit des édifi ces à abside et du type méga-ron, les uns avec des statuettes zoomorphes et de cavaliers (Cârlomăneşti), soit des tertres avec des rings en pierre et foyers isolés (Gruiu Dării), ou des chambres souterraines, des fosses, agglomérations de matériels et foyers isolés, les deux avec un inventaire archéologique abondant et varié (Ocniţa, Măgura Moigradului).

Les dimensions des enceintes et l’abondance des off randes, d’un côté, et leur caractère tout particulier (par les types de complexes et les représentations fi guratives y découverts) de l’autre (par rapport aux autres types de sanctuaires) indiquent l’existence des communautés zonales avec des croyances et des rituels spécifi ques. Les découvertes faites dans ces en-ceintes révèlent l’accomplissement de rituels compliqués, où le feu jouait un rôle important, suivis par des dépôts d’off randes dans des types diff érents de complexes (chambres souterraines, fosses, tertres).

Nous allons présenter en bref quatre enceintes sacrées pareilles qui ont autant des caractéristiques communes que diff érentes.

Cârlomăneşti (dép. de Buzău) (Babe 1977, 330-343; 1975, 125-139; Babe et al. 2004, 76-77; Gugiu 2004, 249-251)

Le site se trouve sur une butte-témoin, à la confl uence des rivières de Buzău et Nişcov, avec un plateau en forme ovale irrégulière, sur une super-fi cie de 7500 m2; bien qu’il n’y ait pas de traces d’une fortifi cation artifi ciel-le, nous ne saurions exclure certains aménagements, détruits aujourd’hui par l’érosion; par ses pentes abruptes (25 m de diff érence par rapport à la vallée), le site jouissait d’avantages naturels de défense.

Pendant les excavations faites jusqu’à présent dans plusieurs endroits du site, on a découvert, in situ, cinq édifi ces de culte, des autels décorés, des foyers isolés et de nombreuses fosses; les fragments brûlés de parois nous font croire à l’existence des habitations; à remarquer l’absence des huttes et des autres annexes ménagères, présentes d’ailleurs, dans tous les établisse-ments contemporains.

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Nous allons présenter brièvement les trois sanctuaires.Édifi ce-sanctuaire rectangulaire, dont les vestiges occupent une cen-

taine de mètres carrés, où il y avait été quatre foyers, dont deux ornementés, avec des parois en bois enduites d’une couche épaisse d’argile; au moment de l’abandon du site, un incendie puissant l’a détruit. Sous les parois brû-lées on a trouvé des fragments de statuettes zoomorphes, poids pyramidaux en argile, fusaïoles, moulin, maints fragments de vases, objets métalliques, trois monnaies daces du type Vârteju-Bucureşti etc. Dans le voisinage de l’édifi ce, se trouvait la Fosse no. 22, plus de 2 m de profondeur, avec les parois et le fond enduits de lœss, remplie, graduellement, avec divers maté-riels et pièces: il faut préciser que des dizaines de fragments de statuettes zoomorphes étaient entre deux couches de cendre et charbon, et leurs so-cles déposés surtout vers la bouche de la fosse; on a trouvé deux statuettes presque complètes et plus de 130 fragments de statuettes zoomorphes, plus le buste d’un homme.

Édifi ce-sanctuaire, aux fondations en pierre, 20 x 10 m, formé d’une halle rectangulaire et une chambre à abside, orientée NO, avec trois ran-gées de poteaux, de possibles parois en bois, vu que l’on n’a trouvé ni de traces de feu, ni d’argile jaune. À l’intérieur, surtout dans la partie méridio-nale, il y avait plusieurs fragments de statuettes zoomorphes, une grande quantité de fragments de vases céramiques, pièces métalliques, dont deux fi bules et une monnaie du type Vârteju-Bucureşti. Près de l’édifi ce se trou-vait la Fosse no. 65, immense (P = 4 m, D = 3,40 m), remplie en une seule étape, qui avait contenu beaucoup de fragments de vases, os d’animaux, cendre, enduit brûlé, trois fragments de statuettes zoomorphes et une tête de statuette d’homme.

Sanctuaire (D = 11,40 m x 7,60 m) formé d’une nef rectangulaire et une abside, orientée O-N-O, les deux marquées par un petit fossé rempli de lœss, un foyer à l’intérieur, quatre fosses aux coins, plaquées de gravier.

Cet endroit a servi pour culte à l’époque antérieure aussi puisque, sous le sanctuaire, on a trouvé les vestiges de deux autres grands édifi ces (probablement des sanctuaires) avec des foyers décorés et beaucoup de va-ses brisés, une mandibule d’enfant etc.

Une allée en gravillon et les bords marqués de pierres plus grandes (l = 0,90 – 2,10 m), partiellement découverte, était perpendiculaire sur les axes des édifi ces, à 1,50 m au nord de l’abside du dernier sanctuaire; c’était peut-être, une voie d’accès et de cérémonies vers les sanctuaires.

Presque toutes les statuettes zoomorphes trouvées dans les deux premiers bâtiments et les fosses y associées, représentent, par leur nom-bre, dimensions et variété, un unicum dans l’art plastique des Géto-Daces,

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43Considérations sur les sanctuaires géto-daces

puisque de telles pièces ne se retrouvent plus ailleurs. Il s’agit de quelques centaines de fragments, provenant de plus de 100 pièces, avec des hauteurs et diamètres entre 20 - 30 cm, qui représentent des loups, sangliers, cer-vidés, coqs de bruyère et oiseaux aquatiques (cygnes, oies), des animaux sauvages spécifi ques à la zone ou migrateurs à travers la zone. À la base de ces statuettes se trouvaient des supports circulaires (D. max. = 20 - 22 cm) ou tronconiques (H = 20 cm).

On a encore trouvé des fragments de chevaux et d’hommes, qui indi-quent la représentation des cavaliers tenant un bouclier à la main gauche.

C’est le seul cas de l’espace géto-dace où l’on a trouvé des représentations zoomorphes et de cavaliers dans des édifi ces publics de culte. Nous considérons que, d’une part, ce sont des sanctuaires avec des ex-voto pour certaines divinités ou esprits des animaux (Sîrbu 1993a, 68), et de l’autre, la perpétuation du culte du cavalier, motif enraciné dans l’art des Géto-Daces (Sîrbu, Florea 2000, 23-40).

Malgré l’opinion courante que nous y avons aff aire à un établisse-ment dace ordinaire, le fait que le long de dix ans, on n’y a pas trouvé d’ha-bitations in situ, mais seulement des édifi ces de culte, les uns avec une plas-tique unique, ensuite de nombreuses fosses, autels décorés et foyers isolés, un trésor monétaire, tout cela nous fait affi rmer que c’était une zone sacrée pour les communautés avoisinantes. À signaler la variété des bâtiments de culte, la présence/absence des statuettes au-dedans et l’absence des traces d’habitation après la démolition et l’abandon des sanctuaires, vers le milieu du Ier s. av. J.-C., bien que la zone off rît des conditions de vie propices. Les découvertes d’ici se datent entre la seconde moitié du IIe – Ier s. av. J.-C.

Pietroasa Mică – Gruiu Dării (dép. de Buzău) (Dupoi, Sîrbu 2001; Sîrbu 2004b, 183-213; Sîrbu, Matei, Dupoi 2006)

L’enceinte, dont on conserve encore environ 2500m2, est située sur un promontoire de forme tronconique (côte 534 m) du Massif d’Istriţa, avec des pentes abruptes sur trois côtés et une grande visibilité vers les col-lines et la plaine de l’est, sud et ouest. Sur les côtés ouest et nord, on peut encore voir les vestiges d’une muraille, formée de deux parements en cal-caire et emplecton, 2,00 - 2,20 m d’épaisseur; vu que les côtés est et sud de l’enceinte sont devenus par la suite, des carrières, nous ne pourrions en sa-voir plus long sur la fortifi cation. D’après les vestiges conservés, le rempart ne semble pas avoir eu les caractéristiques d’un mur de défense réel, car sa fonction était, probablement, de délimiter l’enceinte sacrée.

Sur les 1100 m2 fouillés jusqu’à présent, dans diverses zones de l’en-ceinte, pour l’époque dace, on n’a pratiquement trouvé que deux types de

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complexes: a) dépôts du type tertre, la plupart avec des rings et des foyers in situ

ou déposés, b) foyers isolés; les quatre fosses ne sont représentatives ni comme

type, ni comme mobilier. Nous n’avons découvert in situ ni d’habitations ou huttes, ni d’ateliers ou annexes ménagères. La plupart des complexes sont représentés par des dépôts du type tertre, avec des rings à la base, de forme circulaire ou ovale, parfois des foyers in situ ou déposés dedans, où l’on a trouvé des restes de parois brûlées, os d’animaux et un mobilier riche et varié (Fig. 6). Les rings avaient entre 0,40 - 1,80 m de diamètre et 0,20 – 0,50 m la hauteur conservée. Il y a eu, peut-être, le long des Ier s. av. J.-C.–Ier s. apr. J.-C., trois niveaux de tels dépôts: les nouveaux dépôts se faisaient probablement, après le nivelage des précédents, dont on n’a gardé, peut-être, que les rings.

Le mobilier découvert inclut une grande variété de pièces, les unes déposées en entier, les autres usées, en fragments: vases céramiques (pres-que toute la gamme de récipients utilisés alors par les Géto-Daces), outils et ustensiles, parures et accessoires vestimentaires, armes et pièces de harna-chement, monnaies, fi gurines anthropomorphes et zoomorphes etc. Néan-moins, on remarque l’absence des outils agricoles ou pour l’usinage du bois et de la pierre, matériaux abondants dans la zone, le nombre impression-nant de couteaux, de parures et d’accessoires vestimentaires. Les analyses archéozoologiques ont révélé le fait que plus de deux tiers des restes fauni-ques, où prédominent les espèces domestiques, proviennent de la tête, les extrémités des membres ou d’autres parties sèches ou peu charnues, ce qui pourrait suggérer qu’ils eussent opéré une sélection.

Les analyses anthropologiques n’ont identifi é des os humains inci-nérés dans aucun dépôt; dans quatre complexes on a trouvé ça et là un os humain isolé, sans traces d’incinération, provenant de diff érentes parties du corps, tous d’adultes, aussi ne pourrions-nous aucunement considérer ces dépôts comme des tombes. Il existe un seul complexe identifi é en de-hors de l’enceinte, résultat peut-être d’un sacrifi ce humain, car il y avait le squelette incomplet et en non-connexion d’un homme adulte et un autre squelette d’enfant.

L’absence des complexes d’habitation et des annexes ménagères indi-que que ce n’est pas un établissement fortifi é. D’ailleurs, la distribution des dépôts qui occupaient toute la surface, nous montre qu’il n’y avait plus de place pour l’habitation. L’analyse des dépôts du type tertre met en évidence le fait qu’à leur intérieur on apportait des restes brûlés d’habitations, avec une partie du mobilier, après avoir opéré une sélection, puisque, comme

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45Considérations sur les sanctuaires géto-daces

nous avons déjà affi rmé, certaines catégories de pièces manquent, d’autres sont à profusion. Le feu a joué un rôle à part dans les rituels y accomplis; en témoignent les innombrables foyers découverts autant dans les dépôts du type tertre, qu’à leur extérieur. Ce n’est qu’une motivation cultuelle très for-te qui pourrait justifi er le dépôt de pièces de grande valeur intrinsèque ou d’utilisation courante, autrement il serait diffi cile à comprendre pourquoi ils renonçaient de bon gré à de tels biens. Une chose reste encore à préciser, à savoir que l’on n’a pas trouvé de trésors d’orfèvrerie ou de monnaie, pas même de «dépôts» d’autres catégories de pièces. Pris dans son ensemble, ce site pourrait être considéré une enceinte sacrée (temenos).

Moigrad –Măgura Moigradului (dép. de Sălaj) (Macrea, Rusu, Mitrofan 1962, 485-502; Matei, Pop 2001, 253-277)

L’enceinte se trouvait sur un plateau de forme ovale (environ 400 x 250 m), 7 ha de superfi cie, situé sur un massif tronconique d’origine volca-nique (andésite et granit), à l’altitude absolue de 514 m et une diff érence de niveau de plus de 200 m par rapport à la vallée du Meseş. Les signifi cations des vestiges, tous des IIe s. av. J.-C.–Ier s. apr. J.-C., découverts sur une su-perfi cie de 3700 m2, donc 5,32% du plateau, ont suscité de vives discussions parmi les spécialistes.

Au début, on a considéré que ce sont des tombes de crémation dans des fosses cylindriques, mais les analyses de spécialité ont montré que c’étaient seulement des os d’animaux; la découverte récente de quelques habitations et l’identifi cation d’une fortifi cation a mené à l’hypothèse que, au Ier s. av. J.-C. c’était une enceinte sacrée, mais plus tard, au Ier s. apr. J.-C., c’était un établissement fortifi é.

En guise d’exemple, nous allons présenter le Complexe no. 55, formé d’une fosse cylindrique (P=1,25 m, D=1,50 m) et un dépôt de pièces en dessus. Au fond de la fosse il y avait des vases et des fragments de 25 vases, dont on a reconstitué 18, de la cendre, morceaux de charbon, os d’animaux, une partie de moulin, que l’on avait peut-être jetés de l’ouest à juger d’après la position des vases, les uns renversés, les autres la bouche en bas (Fig. 7). Vers le milieu de la fosse il y avait des pierres fumées et une parie de moulin, morceaux d’enduit brûlé, pierres fumées ou brûlées; à noter que dans tous les trois niveaux on a trouvé des parties du même moulin, ce qui veut dire que les dépôts rituels ont été faits en un seul coup (Macrea, Rusu, Mitrofan 1962, 485-502).

Mais nous, nous croyons que la situation topographique et l’ensemble des découvertes indiquent que c’est une enceinte sacrée, puisqu’elle est placée sur un plateau dominant, avec des pentes abruptes, manquant les

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sources d’eau dans la zone habitable, avec un climat instable et venteux, donc des conditions impropres pour un établissement. Les preuves à cet égard sont les 200 fosses découvertes jusqu’à présent dont beaucoup ont des caractéristiques rituelles évidentes, (dépôts de pièces, restes du feu, parfois des sacrifi ces d’hommes et d’animaux), ensuite les foyers isolés (une trentaine), les agglomérations avec des dépôts de pièces sur le sol antique, tous les trois se superposant quelquefois. Le petit nombre d’habitations, la plupart situées au bord du plateau, les unes très petites et datant aussi du Ier s. ap. J.-C. ne saurait changer la situation. D’ailleurs, la découverte des espaces d’habitation dans de telles enceintes ne change pas le caractère de culte du site, puisque les offi ciants du culte avaient eux aussi besoin d’avoir une maison. Une autre chose étrange est la fortifi cation qui, longtemps avant la conquête romaine, fut élevée non pas au bord du plateau, mais quelque part sur la côte, et elle consiste en un vallum et un fossé pas trop grands, de sorte qu’elle semble destinée plutôt à délimiter qu’à défendre l’enceinte sacrée. Toutes les cités daces du Ier s. apr. J.-C. ont des caractéristiques tout à fait diff érentes – leurs remparts sont en roche et les superfi cies sont réduites, aussi ce type de fortifi cation n’était-il plus effi cient dans les nouvelles conditions de combat (Glodariu 1983, 75-91).

Ocniţa – Ocnele Mari (dép. de Vâlcea) (Berciu 1981)Les communautés de cette zone ont mené une vie prospère grâce à

l’exploitation et le commerce des nombreuses ressources de sel, et la preuve en est le mobilier archéologique abondant et varié, contenant aussi des im-portations romaines.

Sur trois hauteurs, en forme de fer à cheval, ont existé probablement, deux cités, destinées à défendre les mines de sel et à contrôler le commerce avec le sel, ainsi qu’une enceinte sacrée; entre celles-ci, sur les pentes ou en bas, s’étendait un établissement dont les sites datent de la fi n du IIe s. av. J.-C.–fi n du Ier s. apr. J.-C.

La soi-disant Colline Sacrée inclut une acropole et sept terrasses, si-tuées en marches, à peu près sur la direction ONO–ESE, sur lesquelles ont été identifi ées quatre chambres souterraines et des centaines de fosses, auxquelles s’ajoutent, éventuellement, sept petits espaces à habiter, saison-niers, de forme ovale. L’acropole, et plus tard les trois premières terrasses ont été incluses dans un certain système de délimitation et défense, diffi cile à reconstituer aujourd’hui à cause des glissements de terre et faute d’un plan général des fouilles archéologiques.

Dans ce qui suit, nous allons faire référence à deux découvertes de la Colline Sacrée.

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47Considérations sur les sanctuaires géto-daces

Dans une zone rectangulaire, 17 x 15 m, délimitée par un fossé creu-sé dans le rocher, on a identifi é trois chambres souterraines, toutes avec un mobilier particulier, provenant autant des dépôts rituels intentionnels que, probablement, des vestiges des bâtiments détruits par le feu.

La chambre souterraine no. 2, ovale (P = 2,40 m, D = 4,00 x 3,40 m), creusée dans le tuf dace, couverte et prévue d’un escalier pour la descente, avait eu un mobilier assez abondant, formé de beaucoup de vases complets ou en fragments, des fragments provenant de dizaines de vases céramiques, sept fi gurines anthropomorphes en argile, une épée romaine en fer (gladius) dans un fourreau de bois couvert d’une feuille de bronze et une garniture de fer, une pointe de lance et une autre de fl èche, un poignard courbé (sica), d’autres pièces en fer, ensuite cinq fi bules de bronze, deux dinars romains d’Auguste, des fragments de vases à inscriptions, dont nous mentionnons un atelier de poterie d’un basileus local etc. Il est hors de doute que c’était un dépôt rituel.

Sur la Ve terrasse, d’un côté et d’autre d’une allée, on a découvert 126 fosses renfermant des pièces variées, de gros morceaux de parois brû-lées, des os d’animaux, vases et fragments de vases etc.

Datant du Ier s. av. J.-C., la Fosse no. 105 contenait, outre d’autres matériels, 25 vases complets ou en fragments, une grès, une fi bule, un umbo de bouclier, la moitié d’un fourreau de poignard et une applique, tous en fer (Fig. 8). Les vases céramiques, soigneusement mis dans certaines positions, comptent 12 tasses-lampes, 12 bocaux et une écuelle, tous modelés à la main; à remarquer les signes incisés en forme de branches de sapin sur cinq vases (Berciu, Iosifaru, Diaconescu 1993, 149-156). Si l’on tient compte du dépôt des vases entiers, de la manière d’être arrangés, de la fosse se trouvant dans un «champ de fosses», alors on pourrait conclure que c’est un dépôt rituel.

«Nécropole sacrée» ou enceinte avec des sacrifi ces d’enfants?

Hunedoara – Grădina Castelului (dép. de Hunedoara) (Luca et al. 2003, 143-144, pl. 64; Luca et al. 2004, 142-144, pl. 29; Sîrbu et al. 2005a, 178-180; Sîrbu et al. 2005b, 21-22)

Nous avons récemment fouillé l’un des sites daces les plus intéres-sants, une zone avec 26 dépôts avec une quarantaine d’individus, 38 en-fants inhumés et deux jeunes hommes incinérés. Jusqu’à ce moment, nous n’avons pas trouvé de complexe d’habitation in situ.

Les inhumations, 26 dépôts avec 38 individus, présentent des carac-

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téristiques uniques dans le monde des Géto-Daces: a) tous les défunts sont enfants (Infans I), b) nous n’avons pas saisi de règle unitaire quant au dépôt et à l’orien-

tation, c) certains squelettes sont incomplets (sans crâne, membres infé-

rieurs etc.) ou on n’a trouvé que des parties de crânes, d) on n’a pas creusé de fosses dans le rocher, mais on a utilisé les

alvéoles existantes, les enfants étant couverts de pierres, e) un paradoxe apparent entre l’abondance de l’inventaire du corps

(fi bules, parures) et l’absence des vases céramiques, f) dépôts d’armement auprès des bébés. Il n’y a que deux-trois tombes de crémation, dont T7 appartient à

un jeune homme âgé de 16-19 ans, guerrier peut-être, un mobilier riche et varié, qui n’a pas accompagné le décédé sur le bûcher (une pointe de lance, un poignard courbé, deux maillons, une petite perle, deux coupes sur pieds en fragments).

À quelques exceptions, ce sont des inhumations individuelles d’en-fants complets et en connexion; mais, dans quelques cas, on a trouvé des squelettes sans tête ou bien des fragments de crânes et quelques os post-crâniens, dans des dépôts précisément délimités, donc l’absence du reste du squelette ne saurait être mise au compte des destructions ultérieures.

Auprès des enfants inhumés entiers et en connexion il y avait du mobilier, à savoir des parures et accessoires vestimentaires (fi bules, perles, pendentifs, boucles d’oreille, colliers), des outils et ustensiles, des armes, mais pas de vases céramiques.

Certains dépôts de pièces et les off randes d’animaux, qui se retrou-vent seulement dans certaines zones sont des arguments supplémentaires pour le caractère tout particulier du site. Sur les côtés du sud et de l’ouest, on a trouvé, à des intervalles réguliers de temps, trois groupes isolés de pièces, que l’on ne saurait attribuer à un tel individu, mais qui, pourtant, sont liées aux personnes y déposées. Sur les côtés de nord et nord-ouest, plusieurs groupes d’os d’animaux, parfois avec des fragments de vases daces ont été identifi és.

Il est possible que les dépôts aient eu lieu dans la seconde moitié du Ier s.–début du IIe s. apr. J.-C., donc jusqu’à la conquête romaine (106 apr. J.-C.). Pourquoi serait-il tellement diffi cile d’interpréter les dépôts d’enfants dans ce site? La réponse se trouve dans le caractère unique du site, mais aussi dans l’absence totale des nécropoles pour le bas peuple de cette époque-là, situation valable pour presque toute l’aire d’habitation des Géto-Daces aux Ier s. av. J.-C.– Ier s. apr. J.-C. (Sîrbu 1993a, 21-29, 39-40)

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49Considérations sur les sanctuaires géto-daces

Zones sacrées dans les établissements (davae)

Les fouilles faites sur de grandes surfaces des davae daces, à rôle si-milaire aux oppida du monde celtique, ont mené à l’identifi cation des zones sacrées, situées au centre, dans une place, parfois pavée, autour de laquelle se trouvaient des bâtiments plus grands à fonction sacrée ou comme rési-dences des dirigeants des communautés. On y remarque une préoccupation pour l’aménagement de l’espace; on n’y a pas trouvé de demeures ordinaires, mais seulement de grands bâtiments et des sanctuaires, des autels décorés, puits votifs et, des fois, de la plastique anthropomorphe ou zoomorphe, d’autres pièces à fonction cultuelle, peut-être.

Pour illustrer ce type de découverte, nous allons en présenter deux cas représentatifs.

Brad (dép. de Bacău)Sur l’acropole, autour d’une place aménagée, on a identifi é autant

des constructions de grandes dimensions que des édifi ces de culte; nous n’allons faire référence qu’aux sanctuaires et à un puits votif.

Sanctuaires. C’est dans la même zone que l’on a identifi é les vestiges de trois édifi ces superposés, dont les deux derniers peuvent être des sanctuaires. Dans la première phase, ce fut un bâtiment rectangulaire (14 x 8 m), avec deux chambres, orienté SSE–NNO, le plancher en argile foulée et les parois en bois. Dans la seconde étape, on a élevé un bâtiment rectangulaire, asymétrique, avec l’abside vers le NO et l’entrée vers le SE, le plancher en argile foulée, les parois en bois et terre, outre l’abside, qui était en bois; on y a recueilli plus de 300 fragments céramiques, provenant de 46 vases environ, modelés à la main ou tournés, plus des os d’animaux. Dans la dernière phase, on a érigé un sanctuaire presque circulaire (D = 18 m x 17 m), avec des poteaux en bois et le plancher, tantôt en argile, tantôt en gravillon; des fragments de divers vases céramiques en formaient le mobilier (Ursachi 1995, 62-69)

Ces édifi ces se datent aux Ier s. av. J.-C.–Ier s. apr. J.-C.Le puits votif. Sur la pente de sud-est de la même acropole, dans un

niveau correspondant au Ier s. av. J.-C., on a découvert un puits, 14 m de profondeur. À des profondeurs diff érentes, la forme du puits changeait: à la bouche, forme ovale (D = 3,00 – 3,00 m), après 1,50 m elle devenait cylindrique (D = 2,50 m), et, à plus de 12 m, elle s’élargissait de 0,50 m, pour devenir, vers le fond, carrée; vers la base, il y avait un seuil, s’étrécissait, et sur un côté se trouvaient trois poteaux verticaux et une poutre horizontale. À 5,00 m et 7,10 m de profondeur, il y avait deux autres fosses, dont le remplissage (cendre, charbon de bois et fragments de foyers) était diff érent.

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Le remplissage du puits consistait en terre cendrée, charbon de bois, fragments d’enduit brûlé, de parois et de foyers, pierres, os d’animaux et un grand nombre de tessons céramiques. On y a récolté des tessons provenant de plus de 1200 vases daces et 26 vases importés. Il s’y ajoute 24 autres pièces: faucilles, couteau et maillon en fer, moulin en tuf volcanique, grès, 9 fusaïoles en argile, miroirs en bronze etc. Le puits a été rapidement rempli, en 2-3 étapes, ce qui est prouvé aussi par les deux fosses dedans, ainsi que par les fragments du même vase trouvés à des niveaux diff érents, parfois à 6 m l’un de l’autre (Ursachi 1995, 80-83).

Une chose est importante à dire maintenant, à savoir qu’il ne pourrait s’y agir de creuser une fontaine puisque la couche phréatique se trouve à plus de 30 m de profondeur, donc 16 m plus bas que le fond du puits. Des puits pareils se trouvent également dans d’autres établissements importants (Răcătău, Poiana, Popeşti), mais leur fouille est mise en danger par l’écroulement des parois.

Popeşti (dép. d’Ilfov) (Vulpe 1960, 307-313; 1966, 27-29)Sur l’acropole de cette importante dava gète, on a fouillé les vestiges

de bâtiments qui avaient très probablement formé un ensemble cultuel et résidentiel du Ier s. av. J.-C., hypothèse soutenue aussi par la succession, dans la même zone, des complexes semblables.

Au début, à 1,50 m de profondeur, les vestiges d’un édifi ce à plan-cher en argile foulée, compartimenté par des parois, et dans la chambre du milieu, un foyer carré (D = 1,30 x 1,30 m), 0,20 m de haut, entouré de fosses à poteaux qui formaient une abside vers NO, une ouverture de 4 m environ.

Plus haut, à 1,10 m, les vestiges d’un édifi ce en bois et terre, à abside (L = 17 m, l = 7,50 m), et deux chambres. Dans la chambre à abside, orien-tée toujours NO, 5,00 m de long, il y avait deux foyers carrés, de dimen-sions diff érentes (D = 1,80 x 1,80 m; D = 0,80 m x 0,80 m), à 0,20 – 0,30 m au-dessus du plancher. Le foyer plus petit était décoré par incision avec la fi celle, alors que l’argile était encore molle, par un cadre triple rectangulaire avec deux diagonales et un cercle au milieu, plus d’autres motifs encore. Dans la chambre rectangulaire (naos) se trouvait un autre foyer carré (D = 1,30 m x 1,30 m), sans décor, avec, au coin de nord-ouest, une console triangulaire en argile, approfondie au centre dans le but d’y mettre quelque chose.

À trois mètres plus à l’ouest, les vestiges d’un autre grand bâtiment, avec plusieurs chambres et annexes ménagères, des fours et des fosses avec des pithoi pour conserver les denrées alimentaires, des foyers carrés ou ronds, un mobilier abondant et varié (Fig. 4/5-6).

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51Considérations sur les sanctuaires géto-daces

Il faut préciser que dans ce site se trouvaient deux autres autels dé-corés et plusieurs fosses de culte, soit avec des dépôts de vases et d’autres pièces, soit avec des inhumations humaines, les unes avec de traces visibles de violence sur les squelettes.

Rituels et off randes en dehors des établissements

a) Fontaines à off randesCiolăneştii din Deal (dép. de Teleorman) (Petrescu-Dîmbovia,

Sanie 1972, 241-258; Petrescu-Dîmbovia 1974, 285-299)La fontaine se trouvait près d’un ruisseau, en marge d’un établisse-

ment dace, sur une terrasse, 6 m plus haut. En 1910, on a trouvé par hasard la fontaine et plusieurs vases céramiques entiers, dont on a récupéré 26; à en croire les découvreurs, les vases auraient été dans l’eau, en plusieurs piles. Les fouilles y faites en 1964-1965 ont mis au jour d’autres pièces : un bracelet en argent, une tasse en miniature, un vase en fragments tourné, 250 fragments de vases céramiques modelés à la main et 5 autres tournés, beaucoup étant encore sur place dès la découverte de 1910.

C’était un puits plaqué de grosses planches de bois, presque carrées (D = 1,61 m x 1,58 m), dont seulement la partie inférieure reste encore sur 0.80 m de haut, renforcée aux coins de pilons (Fig. 10/7). Nous ne pour-rions établir à présent la profondeur initiale de la fontaine, mais elle avait au moins 3 m ; sur tous les vases récupérés, entiers ou restaurés, 26 étaient modelés à la main et 2 tournés. Ce sont, presque tous, des vases à boire (cru-ches avec une ou deux anses, vases bitronconiques avec le cou cylindrique) (Fig. 7/1-5); quant aux fragments de vases, ils proviennent presque tous de la bouche, du fond et des anses, ce qui suggère une casse et une sélection intentionnelles avant de les jeter dans la fontaine. À signaler également le dépôt d’un bracelet en argent (Fig. 10/6) et d’une tasse en miniature. Les types de vases découverts se datent dans la seconde moitié du IIe s.–pre-mière moitié du Ier s. av. J.-C.

Nous considérons que nous y avons aff aire à un dépôt rituel vu la présence de tant de vases entiers, pour boire et non pas pour ôter l’eau de la fontaine, mis en plusieurs piles.

b) Dépôts votifs au bord des lacsConţeşti – Lacul lui Bârcă (dép. d’Argeş) (Vulpe, Popescu 1976, 217-

226; Nicolescu-Plopor 1976, 227-230)Au bord d’un lac, dans une forêt, sur une zone de forme ovale (13,5

m x 8,5 m), on a trouvé de petits fragments d’os d’animaux, la plupart de

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8 – 14 mm, des fragments de vases et de pièces métalliques, bracelets et perles en verre, plus une drachme en argent de Dyrrhachium. À l’est de cette zone, sur 15 m2, se trouvaient de nombreuses pièces, dont certaines n’étaient pas brûlées: 45 pointes de fl èches, 12 couteaux, 5 fi bules, 11 gros clous et crampons, tous en fer, un anneau en bronze etc. Les 3400 osselets d’animaux incinérés (dont 3360 de membres!) provenaient d’ovicaprins, co-chons jeunes, bovinés, chevaux, chèvre sauvage, plus deux espèces non iden-tifi ées. La majorité des os d’animaux proviennent des membres, ce qui veut dire que le sacrifi ce et la sélection pour l’off rande se sont faits ailleurs. Le reste des parties du corps a servi à d’autres fi ns. Il est clair que la crémation a eu lieu ailleurs, ce qui est valable pour une partie des pièces métalliques, vu que certaines seulement ont passé par le feu, tandis que les vases cérami-ques ont été cassés lors d’une autre occasion, puisqu’un certain nombre y a été déposé. La découverte se date dans la première moitié du Ier s. av. J.-C.

c) «Champs de fosses»Nous avons dénommé par ce syntagme les découvertes formées

d’agglomérations de fosses, dépôts de pièces, squelettes d’hommes et d’ani-maux etc., situés en dehors des établissements, cités et nécropoles, qui ont une série de traits communs et qui sont le résultat des actes rituels. De telles découvertes ont été faites à travers toute l’aire d’habitation des Géto-Daces, en particulier aux IIe s. av. J.-C. – Ier s. apr. J.-C. Les considérations sont diffi ciles à faire dans ce cas puisque la recherche intégrale de ces dé-couvertes a été faite pour peu d’entre elles. Il s’agit, d’habitude, d’agglo-mérations de fosses, depuis quelques dizaines jusqu’à quelques centaines, disposées en cercles, en rectangles, noyaux ou rangées, situées en dehors d’autres types de sites, parfois assez loin et dans des zones diffi cilement accessibles; la forme des fosses est en général cylindrique ou tronconique, avec des diamètres et des profondeurs variant de 1,00 m à 1,50 m.

Le remplissage des fosses contient des restes du feu et des foyers, de parois de maisons brûlées, os d’animaux ou d’hommes, pierres, fragments de vases, quelquefois des squelettes d’hommes et d’animaux, dépôts de pièces (outils et ustensiles, parures et accessoires vestimentaires, armes) et de vases céramiques etc. Parfois, il y avait parmi les fosses, des foyers ou des dépôts de pièces et de la poterie. Il est évident que, par toutes leurs caractéristiques, ces découvertes ne pourraient pas être considérées des fosses de provisions (elles se trouvent en dehors des établissements, n’ont pas les aménagements requis, ne sont pas protégées contre les intempéries et les pillages etc.) et des nécropoles non plus, car elles ne contiennent pas d’ossements humains incinérés, mais tout à fait exceptionnellement

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53Considérations sur les sanctuaires géto-daces

(moins de 3% du nombre total des fosses), des squelettes humains, en non connexion ou avec des traces de violence, sans le mobilier funéraire spécifi que etc. (Sîrbu 1993a, 31-36, 86-100; 1997, 196-202)

Si au nord du Danube, de tels «champs de fosses» sont connus, pour l’instant, des IIe s. av. J.-C.–Ier s. apr. J.-C., éventuellement de la fi n du IIIe s. av. J.-C., au sud du Danube, des découvertes similaires datent des Ve–IIIe s. av. J.-C., ce qui suggérerait une «migration» de mentalités et rites de ce type (Tonkova 1997, 592-610)

En guise d’exemple, nous allons présenter trois découvertes daces, une avec des inhumations d’hommes et d’animaux et deux avec des dépôts de pièces.

Orlea (d’Olt) (Coma 1972, 65-67; Nicolescu-Plopor, Ricuia 1969, 69-73)

Sur un schorre du Danube on a encore découvert, en rangées, dans une aire de forme trapézoïdale, 16 fosses (le reste a été détruit par le fl euve), de forme cylindrique ou tronconique, avec des diamètres entre 1,20 – 2,00 m, dont six seulement contenaient des squelettes de 23 individus (enfants, adolescents et adultes, hommes et femmes), beaucoup avec des traces évi-dentes de sectionnements, manque de parties ou en non – connexion (Fig. 9/2); pour certains, on a établi qu’ils étaient des nourrissons jumeaux ou en des relations de parenté. Les pièces de mobilier sont très rares, pour certains seulement, et surtout des perles. Dans les fosses renfermant des hommes ou séparément on avait inhumé des animaux aussi, à savoir des cochons, dont 5 cochonnets entiers, dans deux fosses, ensuite un mouton et un oiseau.

Après avoir purifi é par le feu la Fosse no. 1, on y a déposé au fond un mouton, ensuite 8 individus, sur trois niveaux (deux nourrissons jumeaux, trois femmes et deux hommes adultes apparentés, ensuite une jeune fem-me); dans la Fosse no. 3, 7 autres individus, adolescents et adultes, presque tous déposés vers le fond de la fosse; nous avons observé dans les deux si-tuations, des traces de sectionnements pour certains individus, tandis que d’autres manquaient certaines parties de leur corps.

Tenant compte de la découverte dans son ensemble, nous pouvons affi rmer que ce n’est pas une nécropole ordinaire, mais une zone avec de probables sacrifi ces d’hommes ou encore le résultat des rites d’exposition/décomposition des cadavres, suivis par des inhumations d’animaux, aux IIe–Ier s. av. J.-C., dont le sens est diffi cile à déceler (Sîrbu 1993a, 31-36; 1994, 41-43)

Zvoriştea (dép. de Suceava) (Ignat 1983, 383-409)De petits fragments atypiques de poterie, os d’animaux, pierres

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brûlées, beaucoup de brûlure ont été trouvés sur un schorre inondable du Siret, dans une zone presque circulaire qui correspondait en grand avec le périmètre des fosses.

Situées en rangées, presque circulairement, les 13 fosses ont des formes (tronconiques, rectangulaires, irrégulières), profondeurs (entre 0,25 – 1,50 m) et capacités diverses (Fig. 9/1). Elles étaient remplies de morceaux de parois et de foyers, fragments de vases, os d’animaux, pierres brûlées, charbon de bois et cendre. On a trouvé 751 tessons céramiques (dont 571 se trouvaient dans deux fosses!) provenant de 130 vases, dont 7 seulement tournés; les plus fréquents types de vases sont les bocaux, les vases hauts (94 ex.) et les écuelles (22 ex.). Il s’y trouvait aussi 5 fragments de vases celtiques. Un seul vase a pu être reconstitué, les fragments des autres ne s’ajustaient pas (à une seule exception), ce qui veut dire que toutes les parties d’un vase n’ont pas été recueillies sur la place de la casse afi n d’y être déposées. On a découvert également une faucille et un couteau en fer, 9 fusaïoles, 3 creusets entiers, inutilisés et une fi gurine anthropomorphe, tous en céramique, donc très peu de pièces.

Dans la zone des dépôts et dans le voisinage non plus on n’a pas trouvé de complexes d’habitation ou d’annexes ménagères in situ ce qui dé-montre le fait qu’on les avait apportés. Ce ne sont point des fosses pour garder les denrées alimentaires, parce c’est une zone inondable, sans amé-nagements et, en plus, les capacités et les formes des fosses n’étaient pas propices pour un tel but, la sécurité des produits était en danger etc. Certes, l’hypothèse de quelques préoccupations écologiques de ces communautés-là s’avère inacceptable. Ce ne sont pas des tombes non plus, car les analyses ostéologiques ont montré que les os provenaient des animaux.

Prenant en considération toutes les caractéristiques de la découverte, nous pourrions conclure que ce sont des dépôts rituels, des IIIe–début du IIe s. av. J.-C., dont on ne saurait, pour l’instant, déceler les signifi cations.

Băneşti (dép. de Prahova) (Pene 2001, 33-34; 2002, 51; 2004, 52)Située dans une région riche en ressources de sel, la zone de dépôts

se trouve sur un plateau haut (côte de 500 m), avec des pentes abruptes, entourée de montagnes plus hautes des Sous-Carpates méridionaux. Par malheur, les pluies abondantes et la structure argileuse du terrain ont pro-voqué de massifs écroulements du plateau, de sorte que la moitié presque des vestiges a été détruite.

L’enceinte était probablement de forme ovale, marquée par des zo-nes d’agglomérations de matériels, ayant au centre des fosses, disposées en noyaux; on a fouillé 17 fosses et 11 agglomérations de matériels, le reste

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55Considérations sur les sanctuaires géto-daces

étant endommagé par la corrosion. Rondes en plan et tronconiques en profi l, les fosses avaient la pro-

fondeur et les diamètres entre 1,00 – 1,50 m, aménagées et remplies d’après certaines règles; à mentionner qu’on les avait très soigneusement creusées, les parois lisses, toujours dans la couche d’argile, jamais dans le rocher de calcaire. Le fond des fosses, que ce fût en argile ou en rocher broyé, était fortement brûlé, parfois jusqu’à quelques dizaines de centimètres sur les parois des fosses, les restes du feu (cendre et charbon) étant laissés sur pla-ce. On y mettait/jetait des vases ou des fragments de vases, éventuellement des os d’animaux, surtout au bord des fosses, on mettait une couche épaisse de l’argile propre issue du creusage, puis on mettait des couches successives de matériels archéologiques et argile. Il y a des fois où l’on avait déposé des vases entiers, d’autres fois, des fragments céramiques.

Les agglomérations de matériels, marquées parfois par de grosses pierres roulées, ovales ou semi-circulaires en plan, avec des superfi cies de 3-8 m2 qui encadraient probablement les fosses, consistent en des zones avec beaucoup de tessons céramiques qui ne forment pas de vases entiers, la plupart secondairement cuits, ensuite des morceaux de parois brûlées, charbon et brûlure.

Il y a des fois où les parties d’un même vase se trouvaient autant dans ces agglomérations, que dans les fosses, ce qui témoigne de la succession des dépôts. Les vases daces, la majorité modelés à la main, sont représentés par des bocaux, coupes sur pied, tasses-lampes et couvercles, tandis que les importations sont représentées par des amphores. Les autres types de piè-ces sont très rares: une fi bule et une aiguille en bronze, trois poids en argile, un microlithe en silex, un roquetin en argile. Les dépôts se datent au Ier s. av. J.-C. – Ier s. apr. J.-C.

On n’a trouvé nulle part, ni sur le plateau, ni sur les pentes, de huttes, habitations de surface ou aménagements ménagers. Par conséquent, les dé-couvertes de cette zone attestent l’existence d’une enceinte où l’on accom-plissait certains rituels au cours desquels le feu, les off randes d’animaux et le vin ont joué un rôle important, rituels suivis par le dépôt de certains matériels et pièces dans les fosses.

Trésors et dépôts votifs

Dès l’âge du bronze, beaucoup de peuples européens avaient l’ha-bitude d’enterrer les «trésors» et les «dépôts» rituels (votifs), phénomène constaté aussi dans le monde des Th races tout le long des IIe–Ier millé-naires av. J.-C. Il serait diffi cile aujourd’hui à soutenir l’hypothèse confor-

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mément à laquelle ces trésors auraient été enterrés dans des périodes de danger et ils n’ont plus jamais été récupérés.

On a trouvé une grande partie des objets de toreutique nord-thraces, y compris ceux des princes gètes, enfouis en dehors des établissements, sanctuaires et sans aucune liaison avec une tombe, les unes pesant des kilos d’or et d’argent (Conovici, Sîrbu 1997, 107). Il faudrait inclure dans la même catégorie les trésors monétaires aussi qui, au début, comprenaient les monnaies d’argent de la cité de Histria et plus tard, d’autres monnaies – hellénistiques ou locales (Conovici 1986, 68-88). Les dépôts votifs comprennent également certains «dépôts» d’outils (Teodor, Şadurschi 1979) et armes, ainsi que ceux composés de parures ou seulement de fi gurines anthropomorphes et d’autres petites pièces en argile ou en autres matériaux (Sîrbu 1993, 68-69; 1993b, 129-175).

Cette tradition d’enfouir dans la terre les trésors ou les dépôts votifs continue dans la seconde moitié du IIe s.–Ier s. av. J.-C., mais avec des caractéristiques diff érentes par rapport à l’époque précédente. Si aux IVe–IIIe s. av. J.-C., les matières premières étaient l’or et l’argent pour l’équipement militaire d’apparat (casques, cnémides), le harnachement des chevaux ou certains types de vases à boire (rhytons, gobelets, phiales) (Sîrbu 2004, 46-50), aux IIe–Ier s. av. J.-C., les mêmes pièces seront faites en argent, parfois doré et les artefacts sont diff érents, c’est-à-dire des pièces d’habit (fi bules, bracelets, colliers, boucles d’oreille, bagues, chaînes etc.), phalères, et quelques catégories de vases (du type mastos ou des coupes sur pied) (Horedt 1973, 122-165; Mrghitan 1976; Popescu 1971, 19-32; 1972, 5-22)

Les trésors en métaux précieux datant du milieu du Ier s. av. J.-C. sont très nombreux, ce qui est dû, probablement, aux expéditions externes sous le règne de Bourébista, qui ont apporté en Dacie de grandes quantités de métaux précieux, en particulier des monnaies grecques (Th asos, Dyrrhachium, Apollonia etc. ) ou des dinars romains républicains. Les analyses métallographiques ont montré qu’une partie de ces monnaies avait été fondue et transformée en objets de luxe (Preda 1957, 113-122).

Cette situation est en contraste fl agrant avec la période précédant le règne de Bourébista, lorsque les émissions monétaires daces contenaient une grande quantité de cuivre. Il y a des centaines de trésors monétaires, d’objets ou mixtes, datant de cette période (Horedt 1973, 122-165; Mrghitan 1976; Conovici 1986, 68-88)

L’apparition d’une élite aristocratique dace et l’abondance de l’argent ont mené à une nouvelle fl oraison de l’orfèvrerie, ce qui est attesté également

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57Considérations sur les sanctuaires géto-daces

par le grand nombre de découvertes d’outils, matériaux spécifi ques (bédanes, creusets, cuillers, déchets et demi - fabriqués, lingots) et ateliers (Rustoiu 1996, 45-88). Le caractère votif de maints trésors est hors de doute, surtout au cas où les pièces auraient été détruites avant d’être enfouies, soit en les pliant et les démembrant, soit en les coupant par le bédane.

Il s’impose de faire des précisions. Dans aucun des sanctuaires ou enceintes daces sacrées, on n’a trouvé de trésors contenant des pièces d’ha-bit (fi bules avec des nœuds ou bouclier rhombique, bracelets en spirales à terminaisons zoomorphes, chaînes), des phalères ou fi bules à bouclier anthropomorphe, vases du type mastos ou coupes sur pied. D’ailleurs, des découvertes comme celles-ci ne proviennent non plus des cités, établisse-ments ou tombes, mais, le plus souvent, du voisinage de tels sites. Il est bien étrange que ces découvertes ne se retrouvent pas juste dans la zone des Monts Orăştiei, là où il y a la plus dense concentration de cités et sanc-tuaires.

L’absence des trésors représentatifs dans les sanctuaires pourrait théoriquement s’expliquer de deux manières: soit les Daces les avaient emportés et cachés avant les guerres, soit ils sont tombés entre les mains des Romains, ce qui est suggéré dans une scène de la Colonne Trajane (la scène CXXXVIII = 112) (Vulpe 2002, 196). Néanmoins, on pourrait apporter deux arguments contre l’hypothèse des Daces ayant fait des dépôts votifs:

a) aucun trésor n’a jamais été trouvé à l’intérieur ou près d’un sanctuaire et

b) on ne connaît pas de tels trésors datant de la période avant les guerres daco - romaines, quel que fût le contexte de la découverte, puisque les trésors représentatifs sont antérieurs au milieu du Ier s. apr. J.-C.

Le trésor de Lupu (dép. d’Alba) est illustratif à cet égard; il contient quelques catégories typiques à l’orfèvrerie dace: les 10 pièces en argent – deux fi bules à nodosités, une coupe du type mastos et sept phalères avaient été pliées avant d’être introduites dans une cruche de bronze, couvertes d’une dalle de pierre et ensuite enfouies, peut-être à la périphérie d’un établissement dace (Fig. 11). Les 7 phalères ont une grande valeur vu qu’elles contiennent la plus complète iconographie de l’art dace à l’époque du royaume: deux cavaliers, deux aigles se confrontant avec des serpents et trois personnages féminins, dont l’un porte des ailes (Glodariu, Moga 1994, 33-48; Spânu 1996, 39-49). Il se peut que les pièces eussent fait partie d’un ensemble cérémoniel et que l’iconographie des phalères rende l’image d’une divinité masculine à cheval ou d’un roi héroïsé, tandis que les personnages féminins représentent des déesses en guise de «maîtresse des animaux» et «la déesse ailée».

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Une autre catégorie importante de trouvailles est formée par les dépôts d’outils des artisans et des agriculteurs, parfois des armes, loupes de fer, d’autres types de pièces, dépôts contenant souvent des dizaines et des centaines d’exemplaires en bon état, dont certains pourraient être le résultat des dépôts votifs. Dans la zone des Monts Orăştiei seulement, dans le voisinage de la capitale des Daces, on a découvert des dizaines de tels dépôts, les uns pesant des centaines de kilos de fer et contenant des centaines de pièces, d’une grande variété typologique et utilitaire (*** Dacii din Munţii Orăştiei 2004; Sîrbu, Cerier, Ioan 2005). Aucune découverte de ce type ne provient des sanctuaires, aussi est-il diffi cile à juger, pour chaque cas à part, où il s’agit d’un dépôt votif et où, d’une cache devant un danger.

Afi n d’illustrer ce type de découverte, nous allons en présenter le plus représentatif: à Lozna (dép. de Botoşani), dans une tourbière, à laquelle on accédait par une structure en poutres de bois, à 2,50 m de profondeur, on a trouvé 56 pièces en fer – outils (surtout pour les travaux agricoles et la charpenterie), mais aussi une pointe de lance, deux poignards et un mors, beaucoup de facture celtique; les pièces, en très bon état, avaient été enveloppées et mises dans une caisse (Teodor, Şadurschi 1979); il s’agit, sans aucun doute, d’un dépôt rituel.

Cultes domestiques

Par cette catégorie nous comprenons les découvertes de petite en-vergure, faites d’habitude dans les habitations, mais aussi dans des fosses à l’intérieur des établissements ou à la périphérie. Elles tiennent soit à des rituels accomplis en famille par le pater familias soit à certaines pratiques magiques ou sorcières avec des racines profondes dans les mentalités des Th races.

Dans certaines habitations, la présence des foyers décorés ou des pièces à rôle cultuel (fi gurines anthropomorphes ou zoomorphes, vases en miniature, pièces en argile de diverses formes etc.) témoigne de la pratique des rituels sacrés, les uns liés au feu et au foyer, les autres, à la protection du foyer et de la famille (Sanie 1981, 174-195; Conovici 1994, 61-83; Sîrbu 1993b, 136).

Dans les pratiques magico - sorcières on se servait de pièces, les unes formant de véritables trousses; parmi celles-ci il faut inclure les fi gurines anthropomorphes et zoomorphes, les objets en terre cuite en forme de grains et noyaux, de petits pains ou craquelins, divers corps géométriques, vases en miniature, sonnettes, coquilles exotiques, carapaces de tortues

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(Sîrbu 1993b, 129-175; Conovici 1994, 61-83). Toutes les populations «barbares» européennes utilisaient de telles pièces, mais seulement dans le territoire thrace elles sont les plus nombreuses et les plus variées.

Un tiers environ des fi gurines anthropomorphes présentent des orifi ces, cavités et piqûres ou bien sont dépourvues de quelques parties, dès le modelage, tandis que d’autres ont les mains au dos, ce qui veut dire qu’on les utilisait dans les pratiques de «magie noire», conformément au principe que le même eff et se propagera sur les personnes visées (Sîrbu 1993a, 59, 66; 1993b, 136). Si l’on avait utilisé ces fi gurines dans la sphère de la religion, on ne pourrait pas croire que les paroissiens eussent délibérément massacré leurs dieux représentés dès le moment du modelage. Les autres fi gurines anthropomorphes auraient pu être utilisées aussi dans des cultes locaux ou familiaux.

Sur aucune des fi gurines zoomorphes il n’y a de traces de violence, ce qui pourrait signifi er qu’elles servaient aux pratiques de «magie blanche», accomplies dans le but d’accroître le cheptel ou d’assurer le succès à la chasse par la bienveillance des «esprits» des bêtes (Sîrbu 1993a, 68; 1993b, 136-137). Il se pourrait bien que certaines de ces pièces, de dimensions plus réduites et perforées aient été portées au cou en guise d’amulettes. Les animaux modelés sont spécifi ques au territoire thrace (pas d’animaux fantastiques), et l’on remarque une haute fréquence des animaux sauvages puissants, voire féroces, tels l’ours, le sanglier, l’aigle ou bien domestiques, comme les taurins, les chevaux, les ovinés et les caprins.

Considérations fi nales

Les recherches ont témoigné de l’existence d’une grande variété de lieux de culte, depuis les grands centres avec des édifi ces-sanctuaires jus-qu’aux «champs de fosses», ce qui suggère une diversité de croyances et ri-tuels, depuis ceux de tous les Daces et jusqu’à ceux pratiqués seulement dans certaines communautés ou familles. Certes, nous pourrions classifi er les sanctuaires et les lieux de culte d’après plusieurs critères, dont nous rap-pelons l’importance et le rôle joué par ceux-ci dans la vie sacrée des Daces, les types d’édifi ces de culte identifi és, la présence/absence des off randes, les rituels accomplis etc., donc en fonction de l’importance accordée à l’une ou l’autre des caractéristiques (Fig. 1).

À remarquer dans ce sens, la contribution de N. Conovici et G. Trohani qui, en partant des théories de Carstens Colpe (Colpe 1970, 18-39 (apud Conovici, Trohani 1988, 205-206), ont énoncé une série de critères pour identifi er les sanctuaires dans le monde des Géto-Daces, tout

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en en dressant également une classifi cation (Conovici, Trohani 1988, 205-217).

Dans l’absence des sources écrites, inscriptions ou représentations fi guratives, on ne pourrait pas identifi er avec certitude les divinités auxquel-les ces sanctuaires étaient consacrés, c’est pourquoi il a fallu de nouveaux critères, même s’ils ont leurs inconvénients. Beaucoup de ces sanctuaires n’ont pas été publiés d’une manière exhaustive, donc plusieurs données ne sont pas disponibles, tells les plans topographiques, les profi lés, l’inventaire complet etc.

Compte tenu du rôle et de l’importance des sanctuaires dans la so-ciété dace, nous avons établi plusieurs catégories de lieux de culte.

a) Les centres religieux de tous les Daces qui se remarquent par de grandes concentrations de sanctuaires, destinés à imposer certains cultes acceptés par le pouvoir central, politique et religieux, servis par un clergé hiérarchisé. Il s’agit de centres de culte où l’on a découvert plusieurs sanc-tuaires circulaires et rectangulaires - Sarmizegetusa Regia (Fig. 2), Racoş ou seulement circulaires (Meleia et Rudele)(Fig. 4/1-4). Tous ces sanctuai-res sont situés en haute montagne, la plupart dans la zone de la capitale des Daces et ils ne renfermaient ni de représentations fi guratives relevantes, ni de trésors ou off randes abondantes.

b) Les centres religieux zonaux sont représentés par des enceintes, fortifi ées ou non qui, par la richesse des off randes qu’on y a découvertes, n’auraient pu être «gérés» que par des communautés plus nombreuses. Dans certaines enceintes, on a identifi é des édifi ces de culte du type rectangulaire, avec ou sans abside (Cârlomăneşti) ou chambres souterraines (Ocniţa), ce qui témoigne des rituels qu’on y accomplissait suivis par le dépôt d’off randes riches et variées; le fait que l’on n’a pas trouvé de sanctuaires dans d’autres en-ceintes importantes, telles Pietroasa Mică – Gruiu Dării (Fig. 6) ou Măgura Moigradului (Fig. 7) n’est dû qu’au stade de la recherche ou à la destruction d’une partie du site. Les nombreux foyers, parfois décorés, sont un indice du rôle important que le feu jouait dans les rituels. Dans ces mêmes enceintes sacrées furent trouvées aussi des statuettes et fi gurines anthropomorphes et zoomorphes en argile, des représentations fi guratives, parfois des ossements d’homme non-incinérés, un mobilier riche et varié, formé de pièces entières ou brisées sur place. Néanmoins, dans aucune de ces enceintes on n’a trouvé de trésors riches, de représentations fi guratives notables ou de dépôts d’ar-mes et d’outils. Elles se retrouvent à travers toute l’aire d’habitation des Géto-Daces (Fig. 1), avec des diff érences sensibles entre elles, en ce qui concerne le type des complexes, l’équipement de culte et les off randes, ce qui suggère soit l’existence des croyances et rituels spécifi ques à certaines communautés de la

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zone, soit des mentalités communes avec des manifestations propres. c) Les centres de culte d’une/de communautés plus petites, avec un

impact local, comprennent les découvertes avec un nombre plus réduit de complexes, des artefacts avec moins de valeur et variation. Dans certaines situations les rituels s’y déployaient (Băneşti), dans d’autres, on n’y déposait que les off randes, les actes cultuels s’accomplissant ailleurs (Zvoriştea – Fig. 9/1).

d) Les zones en dehors des établissements où l’on a trouvé les ré-sultats des actes publics de culte, soit des off randes animales et des piè-ces au bord des lacs (Conţeşti), soit des vases déposés dans les fontaines (Ciolăneştii din Deal – Fig. 10).

e) Dans toutes les davae daces importantes fouillées, on a identifi é des zones sacrées représentées surtout par des sanctuaires rectangulaires avec abside ou circulaires simples (Brad, Popeşti – Fig. 4/5-6, Pecica). D’ha-bitude, il existait un seul sanctuaire, mais il y a des cas où, dans la même zone, on en avait dressé plusieurs. Dans certaines situations, les membres des communautés voisines prenaient part aux cérémonies de là-bas. Les représentations fi guratives ne se trouvaient pas dans ces sanctuaires non plus. Encore plus, à Răcătău ou à Brad les pièces fi guratives se trouvaient-elles dans des zones opposées aux sanctuaires (certes, elles se trouvaient dans une position secondaire, de sorte que nous ne savons pas où elles s’uti-lisaient dans le culte).

f) «Sanctuaires militaires». La découverte dans/près des cités daces de sanctuaires rectangulaires avec des alignements de colonnes témoigne de l’existence des croyances et rituels spécifi ques aux militaires. Selon les découvertes faites jusqu’à présent, l’absence des cella, des foyers ou des of-frandes riches est un signe de la sobriété des actes de culte qu’on y accom-plissait, typique pour les militaires (Fig. 2/1-2; 5).

g) Les riches trésors de pièces d’habit et de vases en argent enfouis dans la terre sont un indice des dépôts votifs (Fig. 11).

Une autre chose à remarquer c’est l’absence, dans les établissements, des sanctuaires circulaires concentriques à abside et des sanctuaires qua-drilatères avec des alignements de colonnes.

On connaît trois types représentatifs d’édifi ces - sanctuaires: a) sanctuaires rectangulaires à abside (10/12 ex.), b) sanctuaires rectangulaires avec des alignements de colonnes (24

ex.) et c) sanctuaires circulaires, simples ou complexes (une vingtaine).

L’emplacement de ces types de sanctuaires à travers tout le territoire des Géto-Daces, groupés en de grands centres religieux, auprès des cités ou au

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milieu des grands établissements, dénote l’existence de divinités communes ou de rituels valables pour tout le peuple (Fig. 1). Ces découvertes impliquent l’existence d’un sacerdoce hiérarchisé, ayant à la tête un grand prêtre, phénomène mentionné d’ailleurs par les sources écrites antiques (Jordanes 69, 71-72). La présence de ces types de sanctuaires, groupés parfois dans le même endroit, implique, très probablement, des divinités et des rituels diff érents.

L’apparition et la diff usion de ces types de sanctuaires se produisent aux Ier s. av. J.-C.– Ier s. apr. J.-C., donc pendant le royaume dace, entre les règnes de Bourébista et de Décébale.

Mais l’absence des sources écrites, juste dans la période de diff usion, variété et complexité des édifi ces et des lieux de culte, ainsi que l’absence des statues ou des représentations fi guratives dans ces endroits, rend dif-fi ciles le déchiff rement des rites et l’identifi cation des divinités auxquelles ils s’adressaient.

Nous ne savons pas grand-chose sur «l’équipement de culte» utilisé dans les rituels, puisque le mobilier trouvé dans les sanctuaires est assez pauvre. De toute façon, on observe des diff érences notables entre les zones. Pendant que dans les davae du Siret: Brad (Ursachi 1995, 195-202), Răcătău (Cpitanu 1994, 335-343; Sîrbu 1995b, 187-198), Poiana (Vulpe, Teodor 2003, 50-51; Sîrbu 2004, 68-73), on a trouvé un nombre important de représentations fi guratives sur les vases parallélépipédiques, des vases à protomés zoomorphes, vases à plaques appliquées, skyphoi, matrices etc., dans la zone de courbure (Cârlomăneşti: Babe 1977, 319-352) sont caractéristiques les statuettes sur des support, et dans la Valachie est-centrale (Piscu Crăsani: Conovici 1987, 92-99; 1994, 61-83), Popeşti: Vulpe 1965, 341-349; Turcu 1979, 131-132, 170, Fig. 29/3, Pl. 36/4, Zimnicea: découvertes encore inédites) on remarque les bols décorés en relief avec des scènes fi guratives et les rhytons. Dans le territoire intracaraptique, de tels types de pièces sont extrêmement rares. En revanche, dans la zone des Monts Orăştiei, il y a une série de vases peints avec un décor végétal ou zoomorphe (Florea 1998). Jusqu’à présent on n’a trouvé de fi gurines anthropomorphes ou zoomorphes dans aucun des sanctuaires-édifi ces attestés avec certitude, ce qui prouve, outre leur morphologie et les interventions subies, qu’ils ont servi à la magie et non pas à la religion (Sîrbu 1993a, 64-70; 1993b, 129-175).

Mais, au-delà de toutes ces incertitudes, deux choses sont incontes-tables: la première, c’est que, par ces sanctuaires, les Daces ont exprimé une partie de leur génie architectural et religieux, et la seconde que Sarmizegetusa Regia représente l’un des sites sacrés les plus impressionnants de l’Antiquité.

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63Considérations sur les sanctuaires géto-daces

Liste des fi gures

Fig. 1. Sanctuaires et enceintes sacrées les Géto-Daces. (± 100 av. J.-C. - 106 ap. J.-C.). Légende: 1. Sanctuaires rectangulaires avec des alignements de colonnes et sanctuaires circulaires simples ou avec des édifi ces à abside, 2 sanctuaires circulaires, simples et avec des édifi ces à abside, 3 sanctuaires rectangulaires avec des alignements de colonnes dans/près des cités, 4 sanctuaires à abside dans les établissements, 5 sanctuaires à abside et sanctuaires circulaires simples dans les établissements, 6 édifi ces du type rectangulaire dans les établissements, 7 centres religieux zonaux avec/sans sanctuaires et avec des off randes abondantes, 8 «champs de fosses», 9 sanctuaire circulaire isolé. Liste des localités: 1 Bagačina, 2 Băneşti, 3 Băniţa, 4 Bâtca Doamnei, 5 Biharea, 6 Blidaru, 7 Brad, 8 Bratei, 9 Bucureşti-Tei, 10 Căpâlna, 11 Cârlomăneşti, 12 Costeşti, 13 Dolinean, 14 Feţele Albe, 15 Grădiştea de Munte, 16 Malaja Kopanja, 17 Meleia, 18 Moigrad, 19 Ocniţa, 20 Oradea-Salca, 21 Orlea, 22 Pecica, 23 Piatra Craivii, 24 Piatra Roşie, 25 Pietroasa Mică, 26 Piscu Crăsani, 27 Popeşti, 28 Pustiosu, 29 Racoş, 30 Rudele, 31 Sântimbru-Miercurea Ciuc, 32 Sf. Gheorghe-Bedehaza, 33 Sighişoara-Wietenberg, 34 Zvoriştea.

Fig. 2. Grădiştea de Munte - Sarmizegetusa Regia (dép. de Hunedoara).Sanctuaires rectangulaires et ronds (clichés G. Florea).

Fig. 3. Sanctuaire circulaire avec une chambre à abside - perspective et section (variantes) (d’après Antonescu 1984).

Fig. 4. 1-4 Sanctuaires circulaires concentriques avec une chambre à abside, 5-6 sanctuaire linéaire, plan et perspective (reconstitution), enceinte principale (plan, perspective et reconstitution). 1 Pustiosu, 2 Rudele, 3-4 Meleia (dép. de Hunedoara); 5-6 Popeşti (dép. d’Ilfov (d’après Antonescu 1984).

Fig. 5. Sanctuaire rectangulaire - plan (1) et perspective (2). (d’après Antonescu 1984).

Fig. 6. Pietroasa Mică - Gruiu Dării (dép. de Buzău). 1 Complexes no. 16-19; 2 Complexes no. 16 et 19; 3 Complexe no. 18.

Fig. 7. Moïgrad - Măgura Moïgradului (dép. de Sălaj). Complexe no. 55. 1-2 Fusaïole, 3-8 vases céramiques, 9 profi lé de la Fosse no. 55, 10 Fosse no. 55. Légende:1 roche, 2 terre de la fosse, 3 cailloux, 4 moulins, 5 os d’animaux, 6 terre noire, 7 fragments céramiques, 8 os d’animaux non brûlés, 9 charbon de bois (d’après Macrea, Rusu, Mitrofan 1962).

Fig. 8. Ocniţa (dép. de Vâlcea). Pièces de la Fosse no. 105. 1-10 Tasses-lampes, 11 écuelle, 12, 14-17 bocaux,13 vases de provisions, 18 umbo de bouclier, 19 fi bule, 20 applique pour le poignard. 1-17 terre cuite, 18-20 fer. (d’après Berciu, Iosifaru, Diaconescu 1993).

Fig. 9. Les enceintes de Zvoriştea (1) et Orlea (2). Légende: 1 fosses à squelettes

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humains, 2 fosses à squelettes d’animaux, 3 fosses sans squelettes, 2b fosse orientale (d’après Ignat 1983; Coma 1972).

Fig. 10. Ciolăneştii din Deal (dép. de Teleorman). 1-5 Vases céramiques, 6 bracelet en argent, 7 structure en bois du puits (reconstitution). Légende: 1 couche végétale actuelle, 2 terre brun-foncé, 3 terre brun-clair, 4 sable, 5 terre brune avec gravier, 6 sable et gravier, 7 terre brun-blanchâtre, 8 terre glaise, 9 bois (d’après Petrescu-Dîmbovia, Sanie 1972).

Fig. 11. Le trésor de Lupu. 1-2 Fibules, 3 cruche, 4 mástos, 5-11 phalères. (d’après Glodariu, Moga 1994; Spânu 1996).

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