Les réquisitions militaires et l'Occupation · PDF fileVille d'Epernay – Archives...
Transcript of Les réquisitions militaires et l'Occupation · PDF fileVille d'Epernay – Archives...
Ville d'Epernay – Archives municipales
Les réquisitions militaires et l'Occupation allemande
Définition des réquisitions
Les réquisitions sont des actes des pouvoirs publics qui exigent la fourniture d'objets mobiliers et
immobiliers ou du temps de travail auprès des civils. Cette procédure est encadrée par une
réglementation stricte et précise.
Lors d'une présence militaire en temps de mobilisation ou de conflit, ces réquisitions sont
systématiques afin de fournir les ressources nécessaires aux soldats. Régulièrement au cours de
l'histoire de la ville, les habitants d'Épernay ont ainsi été soumis à cet abandon temporaire et
contraint de leurs biens.
La majorité des documents liés à l'histoire militaire conservés aux Archives municipales concerne des
réquisitions. Ces archives permettent notamment de retracer la vie quotidienne à Épernay durant la
Seconde Guerre mondiale.
Un conflit...
La Seconde Guerre mondiale est un conflit majeur qui mobilise 100 millions de combattants, issus de
61 nations. Les opérations militaires se déroulent d'abord en Europe de l'Ouest, puis en Europe de
l'Est. Elles s'étendent ensuite à l'Asie et à l'Afrique du Nord. Ce conflit oppose deux camps : les Alliés
et l'Axe (Allemagne, Italie, Japon, Hongrie, Roumanie, Bulgarie et Yougoslavie).
Elle est déclenchée en Europe par l'invasion de la Pologne par l'Allemagne, le 1er septembre 1939.
Néanmoins, les tensions remontent à la fin de la Première Guerre mondiale. Le traité de Versailles
(28 juin 1919) est considéré par l'Allemagne comme une humiliation. Cette nation perd notamment
15 % de son territoire, 10 % de sa population et doit payer des indemnités de guerre démesurées
l'affaiblissant encore plus économiquement.
De plus, la crise économique mondiale de 1929 ruine plusieurs pays et affaiblit les plus puissants. Des
mesures protectionnistes sont adoptées par les États, à l'origine de tensions sociales qui renforcent
le nationalisme et favorisent la montée des régimes totalitaires.
Le contexte international se tend à cause des ambitions expansionnistes et hégémoniques de l'Italie
fasciste, de l'Allemagne nazie et de l'empire du Japon. En réaction à ce contexte tendu, la France
adopte une stratégie militaire défensive.
La France et l'Angleterre quittent leur position défensive suite à l'invasion de la Pologne par
l'Allemagne le 1er septembre 1939. Les Français sont mobilisés le 2 septembre, la guerre est déclarée
le 3.
Le 10 mai 1940, l'Allemagne avance ses troupes à travers les Pays-Bas, le Luxembourg et la Belgique
et perce le massif des Ardennes sans difficulté. La France n'est pas en mesure de s'opposer à
l'ennemi. C'est la ''débâcle''.
Le 14 juin 1940, les armées allemandes atteignent Paris.
Ville d'Epernay – Archives municipales
Dans ce contexte, Épernay accueille des troupes françaises et anglaises (et ce dès 1939). Néanmoins,
la ville n'est pas en mesure de loger tous ces hommes.
La population est ainsi soumise aux réquisitions militaires. Les troupes sont logées dans des
bâtiments vacants, tandis que les officiers sont logés chez l'habitant. Les véhicules particuliers sont
également réquisitionnés pour une utilisation militaire.
Des billets de logement sont distribués aux habitants ayant hébergé des militaires. Ces documents
sont à échanger contre une indemnité financière lors de la libération des bâtiments.
… qui mène à une occupation allemande
Le 19 juin 1940, les troupes allemandes entrent à Épernay.
Le maréchal Pétain, appelé au Gouvernement le 18 mai 1940 et devenu Président du Conseil,
promulgue l'armistice le 22 juin 1940, à Rethondes. Le texte impose notamment l'occupation d'une
partie du territoire français par les troupes allemandes et la prise en charge financière des frais y qui
y sont liés par l'État français.
La France est ainsi coupée par ''la ligne de démarcation''. La zone occupée couvre environ 55% du
territoire. Les territoires occupés par les Allemands sont exploités économiquement, sous la
surveillance et la répression des Kommandantur.
Les frais d'occupation étant à la charge de l'État français, l'ensemble des fournitures et travaux
fournis à l'occupant sont gérés par la municipalité qui transmet ensuite les justificatifs à l'État pour
un remboursement. Les Archives municipales conservent un ensemble d'ordres de travaux et de
réquisition exigés par les soldats allemands.
L'étude de ces documents permet de situer dans la ville les lieux d'occupation de l'armée allemande.
Complétés par les documents relatifs à la réquisition des bâtiments, c'est l'organisation
administrative allemande à Épernay qui est ainsi révélée.
Voici les adresses des principaux lieux d'occupation allemands relevés lors du classement de ces
archives :
Feldgendarmerie (police militaire) 5, avenue de Champagne
Soldatenheim (foyer du soldat) 32, rue Saint Thibault (1940)
2 et 7, rue du Donjon (1943)
Feldpost de la division (service postal) Rue Jean-Chandon
Kreiskommandantur (service de commandement
militaire, équivalent au niveau administratif à la
sous-préfecture française)
33, avenue de Champagne
Kommandantur (service de commandement 7, rue Jean-Moët
Ville d'Epernay – Archives municipales
militaire, au niveau local)
Comme en témoignent les documents, l'occupant est logé dans les casernes, mais aussi chez
l'habitant. Les propriétaires doivent se plier à l'occupation de leurs bâtiments.
Des lieux de vie font également l'objet de réquisitions. En effet, la salle du théâtre est régulièrement
occupée par les troupes allemandes. Le cinéma est également concerné par cette mesure. Un foyer
du soldat (Soldatenheim) est installé rue Saint Thibault en 1940, puis rue du Donjon en 1943. Le
premier local est en effet devenu trop exigu pour le divertissement des troupes.
Les dossiers de réquisition du personnel et du STO (Service du Travail Obligatoire) rendent compte de
l'exploitation économique opérée par l'Allemagne nazie. Les Archives municipales conservent les
dossiers de réquisition de personnel de 1940 à 1944.
Femmes de ménage, cuisiniers, plombiers, serveuses... tout le personnel nécessaire aux besoins des
troupes est réquisitionné. Les heures sont comptées et envoyées à l'État pour traitement des
salaires.
Pour des tâches ponctuelles (ex : du transport de bois), des hommes sont requis.
L'étude des ordres de réquisitions et des demandes d'indemnités des réquisitionnés permet de
mettre à jour le microcosme de société créé par les troupes d'occupation à Épernay.
L'ensemble de ces archives (référencées 4H189 à 4H283) est consultable sur place, au service des
Archives municipales d'Épernay (79, rue des Jancelins).
Ville d'Epernay – Archives municipales
Sources :
Documents relatifs à la Seconde guerre mondiale, 4H75-643, Archives municipales d'Épernay
Documents : Organisation du logement du Soldatenheim (1940), Archives municipales d'Épernay ;
Homepage : ordre de réparation d'une conduite d'eau éclatée (1942), 4H197, Archives municipales
d'Épernay.
Bibliographie :
ANTIER Chantal, BALMANT Pascal […]. Histoire de France. Larousse, 1998. 615 p.
QUELLIEN JEAN, PASSERA F, GARNIER B. […]. La main d'œuvre française exploitée par le IIIe Reich.
Centre de recherche d'histoire quantitative de Caen, 2003. 704 p.