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LES RESTAURATIONS DE LA COLLEGIALE SAINTE-GERTRUDE A NIVELLES Introduction historique La collégiale de Nivelles, en Brabant wallon, à quelque 30 kilomètres au sud de Bruxelles, témoigne de l'exis- tence d'une abbaye fondée à cet endroit, au milieu du VIle siècle, sur une terre de Pépin le Vieux, ancêtre de Charlemagne. Une fille de Pépin, Gertrude, y prit en tant qu'abbesse la direction d'une communauté de moniales et de moines, qui deviendra plus tard un chapitre de chanoinesseset de chanoines. L'institution mixte ainsi créée traversera les siècles jusqu'à sa suppression en 1798après la Révolution française. Seule, aujourd'hui, l'église, flanquée de son cloître, signale l'abbaye d'au- trefois autour de laquelle, au moyen âge, une ville est née, a grandi, prospéré jusqu'à compter, à ce jour, plus de 20.000 habitants. L'édifice s'élèv~:, imposant, au ca:ur de la cité. Orienté, il présente deux cha:urs et deux transepts et, à l'ouest, un puissant avant-corps. De style roman, il résulte pourtant de deux campagnesde construction, distantes de près de deux siècles: première moitié du XIe siècle pour la nef et les bas-côtés, le cha:ur oriental sur crypte et les deux transepts; fin du X Ile siècle pour l'avant-corps, y compris le cha:ur occi- dental. Le cloître:, du côté nord, date du XIIIe siècle. Fig. I. -La collégiale Sainte-Gertrude vue depuis l'est (Photo C. Donnay-Rocmans). 97

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LES RESTAURATIONS DE LA COLLEGIALE SAINTE-GERTRUDE A NIVELLES

Introduction historique

La collégiale de Nivelles, en Brabant wallon, à quelque30 kilomètres au sud de Bruxelles, témoigne de l'exis-tence d'une abbaye fondée à cet endroit, au milieu duVIle siècle, sur une terre de Pépin le Vieux, ancêtre deCharlemagne. Une fille de Pépin, Gertrude, y prit en tantqu'abbesse la direction d'une communauté de monialeset de moines, qui deviendra plus tard un chapitre dechanoinesses et de chanoines. L'institution mixte ainsicréée traversera les siècles jusqu'à sa suppression en1798 après la Révolution française. Seule, aujourd'hui,l'église, flanquée de son cloître, signale l'abbaye d'au-

trefois autour de laquelle, au moyen âge, une ville estnée, a grandi, prospéré jusqu'à compter, à ce jour, plusde 20.000 habitants.

L'édifice s'élèv~:, imposant, au ca:ur de la cité.Orienté, il présente deux cha:urs et deux transepts et,à l'ouest, un puissant avant-corps. De style roman,il résulte pourtant de deux campagnes de construction,distantes de près de deux siècles: première moitiédu XIe siècle pour la nef et les bas-côtés, le cha:uroriental sur crypte et les deux transepts; fin du X Ilesiècle pour l'avant-corps, y compris le cha:ur occi-dental. Le cloître:, du côté nord, date du XIIIe siècle.

Fig. I. -La collégiale Sainte-Gertrude vue depuis l'est (Photo C. Donnay-Rocmans).

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Fig. 2. -La collégiale Sainte-Gertrude vue depuis l'ouest (Photo C.

Donnay-Rocmans).

Cet ensemble roman succède à plusieurs églises dontles vestiges superposés, heureusement mis au jour, ontété rendus accessibles au public sous la nef actuelle.Il a lui-même subi, après le Xlle siècle, des modifica-tions importantes à l'extérieur et à l'intérieur. Aussi,dès le milieu du XIXe siècle, envisage-t-on de le «res-taurer» dans son état «primitif»: Cette entreprise nedébute effectivement qu'à l'aube du XXe siècle etprendra fin d'ici un an ou deux, quand seront terminésles travaux de restauration de l'avant-corps actuelle-ment en cours.

La collégiale Sainte-Gertrude développe une suite devolumes qui impressionnent par leurs dimensions et lecalme équilibre de leur agencement (fig. 1). Le vais-seau central constitue l'épine dorsale de la composi-tion. Il se termine à l'est par un chreur à chevet plat. Ils'élargit de bas-côtés au nord et au sud. Il est coupépar deux transepts, un plus petit à l'ouest, un plusgrand à l'est. Il est barré, à l'occident, par un avant-corps monumental, dont le coffre transversal est serréentre deux tourelles d'escalier et contrebuté par uneabside, et d'où émerge le clocher (fig. 2). A ces volu-mes essentiels s'ajoutent ceux des chapelles grefféessur les bras des transepts et des sacristies qui flan-

Collégiale Sainte-Oertrude: plan (d'après E.Van Halen, M. Ladrière et S. Brigode. Synthèse: Oh. Ladrière)Fig.3.

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Fig.4. -Collégiale Sainte-Gertrude: vue intérieure vers J'est (PhotoP. Sanspoux).

quent le chreur oriental. Une galerie couverte enve-loppait autrefois ce dernier sur trois côtés et masquaitainsi l'absidiole qui, aujourd'hui dégagée, paraît unpeu chétive. Sur le côté nord, le cloître, qu'entou-raient les bâtiments abbatiaux, préserve un quadrila-tère paisible entre l'église romane et l'hôtel de villemoderne. Les volumes architecturaux s'ordonnentsymétriquement autour d'un grand axe est-ouest, longde plus de 100 mètres et s'étagent graduellement del'extérieur vers la ligne de faîte du toit de la nef pourculminer à 55 rn de haut à la pointe du clocher. Ilsexpriment, dans l'espace, un plan bicéphale où, la nefse fermant par deux chreurs opposés, les entrées prin-cipales s'ouvrent au milieu des bas-côtés (fig. 3). Cepetit axe nord-sud s'affirme, à l'intérieur, par l'ali-gnement de trois arcs diaphragmes qui semblent divi-ser l'espace en deux églises distinctes.

Ici, de même, le vaisseau domine (fig. 4). Il emporte leregard, au-delà des croisées des transepts, vers l'un et1'autre sanctuaire, chacun surélevé, où l'envol sepoursuit et s'achève, en lumière, contre un mur plat àl'est, dans l'arrondi d'une abside à l'ouest (fig. 5). Nefet bas-côtés, scandés chacun dans leur longueur partrois arcs diaphragmes, lancent entre eux des arcades

Fig.5. Collégiale Sainte-Oertrude: coupe ouest-est (d'après E. Van Halen, M. Ladrière et S. Brigode. Synthèse: Oh. Ladrière).

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Celle-ci, l'actuelle, construite au-dessus de l'ancienne,comblée, et à l'est de l'avant-corps du xe siècle, pré-sente les caractères de l'architecture ottonienne, sobreet monumentale, qui reprend à son compte les typesélaborés à l'époque carolingienne, dont elle dissocie etrecompose les dift:érentes parties. Comme Charlema-gne, Otton 1er, sacré empereur en 962, souhaitait res-taurer le Saint-Empire romain de la nation germaniquedans toute sa grandeur politique et spirituelle, notam-ment en donnant une impulsion vigoureuse à la cons-truction. C'est sous son règne qu'apparaissent lespremiers exemple!; de fusion entre le type de l'église àavant-corps et celui de l'église à deux chreurs. Cetteformule sera réalisée à Nivelles par étapes, sans doutedès le xe siècle. Elle y sera maintenue volontairementet tardivement à la fin du X lIe siècle avant la cons-truction du nouvel avant-corps à abside, que nousvoyons aujourd'hui contre l'église du XIe siècle.

L'abbatiale romane qui existait à Nivelles à la fin duX lIe siècle et combinait le plan à deux chreurs etl'avant-corps occidental, prolongeait donc aux confinsde l'Empire une tradition architecturale ottonienne,alors qu'à nos frontières fleurissait l'expérience gothi-que, de conception totalement différente. Cet édifice,que nous voyons aujourd'hui pratiquement restauré,c'est-à-dire rétabli aussi fidèlement que possible dansses formes d'origine, a évidemment subi des modifica-tions entre le XlIIe et le X Xe siècle. Dégager les étapesprincipales de ce,s transformations est indispensablepour comprendre le sens et la nature des travaux en-trepris au X Xe sit~cle.

Un premier changement, radical, est accompli au dé-but du XVlIe siècle: de bicéphale qu'elle était, l'églisedevient axiale. L'abside occidentale a disparu (fig. 6).

Fig. 6. -La collégiale de Nivelles au début du XV111r siècle(d'après le Grand Théâtre sacré du duché de Brabant, I, 2. LaHaye, 1734).

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cintrées qui retombent sur des piliers et dont le rythmeest repris par la suite des baies, hautes et basses. Lechreur oriental, voûté d'arête, s'orne d'arcatures dis-posées en deux registres et s'éclaire, dans la travéeextrême, par sept baies cintrées. Le chreur occidentalest couvert d'une coupole et s'éclaire par les troisgrandes baies de l'abside qui prolongent, à l'ouest, laclaire-voie par laquelle s'ouvrent, au nord et au sud,les chapelles-tribunes qui l'encadrent à mi-hauteur .

L'architecture est grande, le matériau modeste: moel-Ions de pierre blanche, plus ou moins dressés au XIesiècle, taillés à pied d'reuvre à la fin du XIle siècle; letuffeau apparaît dans toutes les parties courbes et lapierre bleue, discrète, exprime une architectonique so-bre, pauvre en sculpture. Horizontales, verticales etdemi-cercles découpent des espaces géométriques sim-ples qui s'enchaînent sans défaut.

Quoique située à la limite occidentale extrême de l'Em-pire germanique, la collégiale de Nivelles fournit uneimage idéale de l'architecture impériale. Dès la créationde l'abbaye, le ton est donné: ses fondateurs appartien-nent à l'aristocratie franque, chrétienne et nantie, quimet ses biens et sa foi au service de l'Eglise missionnaireet le type de programme adopté -trois petites églisesorientées, alignées côte à côte et dédiées respectivementà Saint-Pierre, Notre-Dame et Saint-Paul -illustre laconception monastique mérovingienne, selon laquellechaque fonction liturgique s'exerce dans un oratoiredistinct. Le chapitre, qui recrutera abbesses et chanoi-nesses dans la famille impériale et la noblesse, perpé-tuera à Nivelles ce côté aristocratique et,jusqu 'au X111esiècle, les maîtres d'reuvre y feront toujours exécuterdes plans conçus dans le milieu impérial pour répondre àun programme liturgique vaste, traité dans un espritgrandiose.

Après le règne des rois mérovingiens, Nivelles suitrévolution de l'architecture monastique carolingienne.Sous Charlemagne, les fonctions liturgiques ont ten-dance à être regroupées en un édifice unique, dont leplan se complique d'autant, voire s'enrichit de formesnouvelles comme, par exemple, la contre-abside oul'avant-corps. Ce programme est adopté ici d'autantplus facilement qu'une des trois églises primitives,l'église funéraire dédiée à Saint-Pierre, connaît un destinexceptionnel depuis que Gertrude y a été enterrée en 659et que des miracles se sont produits sur sa tombe, yattirant les pèlerins en nombre croissant.Agrandissements et transformations concernent dèslors essentiellement l'église funéraire, où les travauxse succèdent en relation avec le culte des reliques dela sainte: " confession" , déambulatoire, bas-côtés ,atrium et, au Xe siècle, avant-corps occidental avecabside.

Au début du XIe siècle, une étape décisive est franchielorsque les reliques sont tirées du tombeau et portéessolennellement à l'autel par l'empereur Henri III, en1046, lors de la consécration de la nouvelle église.

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Un concours d'architecture est organisé en 1860 pour" Les plans et devis de la restauration de l'avant-corpsde l'égIise Sainte-Gertrude à Nivelles" .Voilà le motlancé. De fait, les termes du règlement du concours,les projets déposés, les commentaires qui les accom-pagnent et les échanges de vue qu'ils suscitent révè-lent une première prise de conscience du problème gé-néral de la « restauration" , nourrie à la lecture deViollet-le-Duc et encouragée par les sociétés savantes.Pour les uns, restaurer signifie rétablir dans son étatd'origine, pour les autres, conserver dans son étathistorique chargé de l'apport des siècles: se trouve làen germe toute la controverse sur ce que doit être unebonne restauration. Mais si l'intérêt pour les monu-ments et l'histoire de l'architecture progresse, lesprincipes, eux, sont encore vagues et incohérents. Al'égard de la collégiale de Nivelles, les uns, au nom del'unité de style, souhaitent voir rétablir la contre-ab-side et un clocher plus trapu, qui fasse "roman". Lesautres, que l'on a pu taxer d'historicisme, espèrent enréalité retrouver sur le chocher une flèche haute quisoit, comme l'ancienne, le" signal'. de la cité. Puisquecette dernière solution est aussi la plus économique,elle sera primée au concours et exécutée. Le projet,

Fig.7. -L'avant-corps de la collégiale Sainte-aertrude au début duxxe siècle (Photo P. Sanspoux).

Une entrée est aménagée au milieu de la façade del'avant-corps; elle est surmontée d'une fenêtre enogive (1619) et précédée d'un porche baroque à bossa-ges (1662). Elle devient l'accès principal, à l'ouest,face au sanctuaire unique, à l'est, où trône la châssede Sainte-Gertrude, tandis que l'ancien chreur occi-dental, mis au niveau de la nef, joue désormais le rôlede vestibule. Ce retour au schéma de l'église en croixlatine résulte des prescriptions liturgiques du Concilede Trente (1545-1563). En même temps qu'elle changede plan, la collégiale affirme un élan vertical nouveauavec le clocher qu'on lui reconstruit en pierres detaille bleues après l'incendie qui l'a ravagée en 1641.Ce clocher, de plan carré, est en légère saillie sur lafaçade et surmonté d'une flèche qui culmine à 80 rnenviron.

Un autre changement significatif affecte l'intérieur del'église au XVIlle siècle. En 1753, on décide de dégagerla perspective axiale depuis l'entrée de lanefvers le fonddu chreur pour y concentrer l'attention, non plus sur lachâsse de Sainte-Gertrude, mais sur l'image du Christ.Ce projet, qui entraîne la suppression dujubé gothique etl'abaissement du niveau de la croisée et de la premièretravée du chreur aux dépens de la crypte sous-jacente,s'inscrit dans le courant général de rénovation artistiquequi anime les Pays-Bas pendant la période autrichienneet introduit à Nivelles le goût français. Stucs et boiseriesde chêne enrobent progressivement tout l'intérieur del'église, camouflant ou cassant les lignes géométriquesde son architecture.

A l'extérieur comme à l'intérieur, la collégiale semaintient grosso modo telle quelle, au-delà de la Ré-volution française, jusqu'au milieu du XIXe siècle.Elle devient église paroissiale en 1804. En 1849, desdésordres graves étant apparus dans les maçonneriesd'appui du clocher, la Ville charge l'architecte Carlierd'en étudier les causes. Pour vérifier l'état des fonda-tions, Carlier entreprend de sonder le sol de l'avant-COrps, ce qui l'amène à mettre au jour, à l'intérieur ,les fondations de l'avant-corps du Xe siècle et, à l'ex-térieur, celle de l'abside du XlIe siècle. De plus, endétachant le plafonnage des murs nord et sud de l'an-cien chreur occidental, il découvre les arcades bou-chées des chapelles latérales. Ces investigations etd'autres, menées avec grand soin, non seulement dé-terminent la Ville à prendre des mesures mais aussiattirent l'attention, pour la première fois, sur l'intérêtque présente la collégiale de Nivelles pour l'histoire del'architecture, avec sa crypte, alors quasi condamnée,son avant-corps à coupoles et chapelles-tribunes et sacontre-abside redécouverte. Les travaux confiés par laVille à l'architecte Moreau ne sont que conservatoi-res: on élève deux contreforts en façade, on remet lesparements en état et restaure les baies obturées. Maisl'incendie qui les interrompt brutalement en 1859, dé-truisant la flèche et aggravant l'état des maçonneriesdu clocher, a pour effet de raviver l'intérêt pour lacollégiale et pour l'avant-corps en particulier .

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collégiale Sainte-Gertrude " .Les architectes dugroupe, E. Van Halen et M. Ladrière, auxquels sejoindra en 1937 S. Brigode, se chargent des levés in-dispensables, des recherches ponctuelles, des décapa-ges et des réparations urgentes, notamment aux voûtesdu bas-côté nord. Le 14 mai 1940, le bombardementqui ravage Ic~ centre de Nivelles met le feu aux char-pentes et transforme la collégiale en un immense bra-sier (fig. 8). Ce désastre, comme l'incendie de 1859 àplus petite échelle, aura pour effet d'accélérer la res-tauration définitive et radicale de la collégiale dans sonétat roman. Les architectes, qui doivent d'abord se li-miter à déblayer et à consolider, pourront ensuite or-ganiser les travaux plus systématiquement grâce àl'octroi d'indemnités de dommages de guerre.

De 1948 à 1959, une première phase, dirigée parM. Ladrière et S. Brigode, qui était aussi archéologue,concerne l'église. La plus grande partie du mobilierayant été évacuée et toutes les surfaces ayant été dé-capées, ils (:onsolident par fret tage les murs et les pi-liers, dont ils laissent les moellons apparents et les ar-cades, qu'ils enduisent. Ils restaurent les voûtes gothi-

dû à l'architecte Coulon, consiste à couronner le clo-cher restauré d'une flèche sur charpente métallique,qui pointe sa croix à près de 100 rn de haut (fig. 7).

Jusqu'ici, seul l'avant-corps a été pris en considéra-tion. Il faudra attendre 1885 pour que se manifestel'intention de rétablir l'ensemble de la collégiale dansson état « primitif». Un programme est demandé par laVille à l'ingénieur Verhaegen, qui se limite volontai-rement, pour commencer, à la rénovation du chreuroriental. Mais, cette fois, il s'agit bien, dans son espritet dans celui des érudits qui le soutiennent, de rendreà l'église " toute sa pureté romane en faisant disparaîtreles anachronismes du XVlIIe siècle » .De la restaurationminimale du clocher, on passe à la restauration maxi-male du chreur: mobilier, stucs et lambris du 18e sièclesont éliminés pour rétablir des voûtes d'arête, les baiesd'origine et un niveau de sol égal qui permette de recon-quérir et de rouvrir la crypte.

En 1931, le monument est classé et, devant l'aggrava-tion de son état, le projet d'une restauration globaleest relancé par quelques personnalités nivelloises, quicréent le « Fonds permanent pour la restauration de la

.ès le bombardement de 1940. (Collection MFig.8. )Ilégiale Sainte-Gertrude

+ques des transepts, qu'ils blanchissent, et les voûtes enbrique des bas-côtés, datant du XVIe siècle. Ils rétablis-sent un plafond plat sur la nef et les croisées. Ils renfor-cent les voûtes du chreur, revoient son aménagement etses accès vers le transept et vers la crypte. Ils couvrentles murs remontés de toitures sur charpente en bétonafin de préserver les vestiges retrouvés des églises anté-rieures.

La deuxième phase des travaux a pour objet l'avant-corps. Elle a débuté en 1971 sous la conduite des mêmesarchitectes, auxquels ont succédé en 1978 Gh. Ladrièreet W. Hanse. A l'équipe des architectes et ingénieursmise en place par la Ville de Nivelles, maître de l'ou-vrage, est adjointe en 1972, une archéologue, C. Don-nay-Rocmans, mandatée par le Ministère de la commu-nauté française pour exercer la surveillance archéologi-que du chantier et mener les recherches archéologiqueset historiques nécessaires aux architectes.

Aujourd'hui, les travaux touchent à leur fin. Les gran-des étapes en ont été, à l'extérieur, le démontage duportail baroque, suivi de celui de la fenêtre gothique,pour faire place à la construction de l'abside occiden-tale, le démontage du clocher du XVlIe siècle, rem-placé par un nouveau clocher de plan octogonal, laremise à hauteur des tourelles et la restauration ducoffre proprement dit: réfection des parements, réta-blissement des baies disparues ou bouchées, de l'étageajouré de l' " attique» qui avait été remonté aveugle àune date ancienne, et des porches d'entrée, au nord etau sud de l'abside, condamnés au XVlIe siècle. Lesparties à couvrir ont reçu soit des charpentes métalli-ques, soit des charpentes et sous-toitures en béton, quidoivent encore être ardoisées. A l'intérieur, le premiersoin des architectes, secondés par les ingénieurs, a étéd'introduire une ossature de béton armé qui reprenneles charges afin de libérer les maçonneries anciennesdes remplissages multiples et renforcements diversqui, de siècle en siècle, avaient bouché les espaces vi-des et dénaturé la stfQcture originale de I'avant-corps.Toutes les baies, niches et galeries ont ainsi pu êtrerétablies. La grande salle, à l'étage supérieur du cof-fre, a été débarrassée des épaisseurs de briques cou-sues d'ancres qui la rétrécissaient kn tous sens. Lescouvertures d'origine, voûtes et coupoles, ont étérestaurées ou restituées.

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Fig. 9. -L'avant-corps de la collégiale Sainte-Gertrude: esquisse

(S. Brigode et M. Ladrière).

LA RESTAURATION DE L'AVANT-CORPS

L'avant-corps est, rappelons-le, une construction dis-tincte, bâtie à l'ouest et en travers de l'église, contrelaquelle il est venu s'appliquer près de deux sièclesplus tard (fig. 9). C'est un coffre monumental en avantduquel s'arrondit l'abside qui termine le contre-chreurde l'église bicéphale et au-dessus duquel émerge lechocher, point culminant de l'édifice entier. Dans lebas du coffre, de partet d'autre de l'abside, des por-ches livrent accès aux tourelles d'escalier en vis qui

l'encadrent et desservent ses différents étages, avantde déboucher dans les bas-côtés de l'église. Une vueglobale de l'avant-corps à l'extérieur révèle, sans plus,sa division en tranches horizontales, vigoureusementsoulignées par les cordons moulurés qui en font letour, tandis que l'abside et le clocher mettent l'accentsur la partie médiane. Mais, seul l'examen des coupespermet d'en saisir la structure (fig. IO et 5).

Les verticales des travées, les horizontales des ni-veaux, les courbes des arcs, voûtes et coupoles tra-cent les lignes maîtresses de la composition, rigoureu-sement symétrique par rapport à un axe ouest-est. Lenombre élevé de coupoles -huit en tout -et la mul-tiplication des évidements retiennent également l'at-tention, tandis que l'étude des circulations met en évi-dence la complexité de la structure spatiale.

Dans la travée médiane, le chreur, surélevé et couvertd'une coupole sur pendentifs, monte d'une venue à }9rn environ au-dessus du sol de la nef, sur laquelle il

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Fig. 10, -Avant-corps de la collégiale Sainte-Gertrude: coupe sud.nord (d'après M. Ladrière et S, Brigade. Synthèse: Gh. Ladrière),

ouvre par un grand arc doubleau. A lui seul, il occupel'équivalent de trois niveaux au nord et au sud: cettepartie inférieure de l'avant-corps est celle qui participeau programme général de l'église. Plus haut, le coffres'en détache, isolant du reste de l'édifice la grandesalle qui s'étend sur la totalité du quatrième niveau.

Au premier niveau, les entrées latérales -deux tra-vées couvertes de voûtes d'arête -sont sans relationavec le chreur. Au deuxième niveau, les chapelles-tri-bunes -chacune couverte de deux coupoles sur pen-dentifs et terminée à l'est par une abside voûtée encul-de-four- sont accessibles soit par les escaliersdes tourelles, soit par ceux qui s'élèvent à la verticaledans l'épaisseur des parois nord et sud du chreur. Faceau débouché de ces escaliers s'amorce la galerie quicontourne l'abside et relie les deux chapelles. La suitecontinue d'arcades par lesquelles chapelles et galerieouvrent vers le chreur, à mi-hauteur de celui-ci, per-mettait de suivre les cérémonies qui s'y déroulaient encontre-bas. Au troisième niveau, les espaces « perdus "qui encadrent le tiers supérieur du chreur, peu éclairéset encombrés par l'extrados des coupoles de l'étageinférieur, étaient couverts de voûtes d'arête. Ils nesont accessibles que par les tourelles et communiquentavec la galerie supérieure de l'abside, qui est fermée

du côté du chreur. I1s auraient servi de prison à l'occa-sion. La grande ~;alle du quatrième niveau est diviséepar deux arcs en trois travées, couvertes chacuned'une coupole. L'abside, qui s'incurve à l'est de latravée centrale, confirme le caractère « impérial" dece volume impressionnant, qu'éclaire sur les quatrefaces une suite de baies géminées et dont l'utilisation,à l'écart de l'église, a sans doute été plus laïque quereligieuse. Avant de se détacher de l'avant-corps, lestourelles donnent finalement accès à un demi-étage,1'«attique", qui couronne le coffre d'une galerie ajou-rée enfermant sous la charpente des toitures les calot-tes des coupoles de la salle haute.

Les maçonneries de l'avant-corps, en face Est, dou-blent, si l'on peut dire, celles du contre-transept: lesconstructeurs du XII" siècle ont ménagé entre elles un

vide continu.

La base des fondations, constituées de murs sans res-sauts ni empattements, est établie à environ 2,50 rnsous le niveau des seuils actuels, sur une couche delimon relativement peu compact. Ces fondations en-serrent et parfois entaillent profondément celles del'avant-corps du X" siècle, de plan analogue mais dedimensions plus réduites. Les essais de pénétration enprofondeur, réalisés par l'Institut Géologique del'Etat, ont donné notamment les résultats suivants: ré-sistance à la pointe d'environ 20 kgfcm2 au niveau desfondations, la nappe phréatique apparaît à 5 rn deprofondeur et, au niveau -9 rn et plus, une couche delimon argilo-sableux, compact à très compact, offreune résistance à la pointe d'environ 120 kgfcm2. Il estintéressant de noter, en comparaison, que lors des tra-vaux de reconstruction du centre urbain, après ladeuxième guerre mondiale, les maisons furent recons-truites sur pieux battus allant retrouver, sur cette der-nière couche, la capacité portante du sol jugée néces-saire. Ce système a remplacé celui des pieux en boisdécouverts lors des travaux de démolition systémati-que des ruines.

Les deux tourelles d'escalier (Haut. ~ 40 rn; larg. à labase: ~ 5,50 rn), qui enserrent symétriquement lecoffre, évident partiellement les maçonneries des murspignons. Autour d'un noyau central (larg. ~ 1 rn) enmoellons appareillés, chaque tourelle abrite une voûtehélicoïdale en tuffeau, d'appareil irrégulier, portant lesdegrés. Cette structure hétérogène, construite enchandelle, épaulant les murs pignons en leur milieu, etdont les maçonneries ne sont pas toujours vraimentliaisonnées, est donc relativement indépendante ducoffre et ne la contrebute que faiblement.

Les maçonneries extérieures du coffre (Haut. souscorniche: 30 rn; larg. à la base: 28,50 rn) et des pi-gnons, montées en retraits successifs, sont de pleineépaisseur excepté à hauteur de l' " attique » terminal,où elles abritent une galerie de circulation, de mêmeque dans la travée sud, au quatrième niveau (dans latravée nord, l'existence d'une galerie similaire n'a pu

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être démontrée). Les épaisseurs sont ici réduites defaçon critique. En face est, au deuxième niveau destravées latérales, les absides des chapelles-tribunesentaillent non seulement les maçonneries du coffre,mais aussi, et profondément, celles du contre-transept.A partir du troisième niveau, toujours en face est,celles des travées nord et sud sont montées en retraitpar rapport à leur base, sur les reins des coupoles.Dans la travée centrale de cette même face est, àhauteur de la salle haute, les maçonneries sont cons-truites au-dessus d'un vide, solidement voûté, ménagéà hauteur de la coupole du chreur(Haut. 3,70 rn; prof.1,30 rn).

Les deux puissants murs de refend ouest-est (larg. à labase: :t 2 rn), qui divisent le coffre en trois travées etdélimitent à leur base les faces nord et sud du chreur ,forment en s'élevant une masse discontinue. A hau-teur des chapelles-tribunes, ils se transforment en ar-cades ajourées, construites de part et d'autre d'untrumeau central, évidé par un escalier en vis. La pro-fondeur des arcades est voûtée en berceau. Ici, les di-mensions des massifs des maçonneries d'angle sontcommandées par la composition architectonique duchreur et ses colonnes d'angle: la surface de chacunedes piles, en est, est d'environ 7 m2. En ouest, lesmassifs d'angle sont coupés par les débouchés de lagalerie basse de l'abside (larg. env. 1,30 rn) et réduitspar la présence de niches semi-circulaires.S'élevant à nouveau en masse pleine jusqu'à la sallehaute, les refends comportent des arcs formerets, queles relevés n'ont pas déterminés de plein mur. Auquatrième niveau, ils laissent place à quatre pilesd'angle. Les parties supérieures, à hauteur des reinsde la coupole centrale, ont entièrement disparu aucours des siècles.

Les maçonneries de refend, de conception disconti-nue, réduisent donc essentiellement aux seules pilesd'angle toute fonction portante. L'ensemble «carcan»des maçonneries du coffre, dont les particularités sontmultiples, doit, à Jui seul, a~surer le contrebutementextérieur des couvertures successives dans les troistravées et, dans sa partie centrale, former la base duclocher .Les volumes intérieurs sont couverts par une série devoûtes d'arête (8), ou en cul-de-four (4), de coupoles(8) et, pour les galeries, de voûtes en berceau (9), àl'exclusion de tout autre système. Un type de cou-verture aussi concentré dans un volume intérieurd'environ 8.000 m3, correspondant à une surface ausol d'environ pO m2, crée une structure particulière-ment complexe, dans laquelle les arcs doubleaux etformerets jouent un rôle considérable. Les subdivi-sions du coffre en travées et niveaux, les pousséesobliques généralisées des couvertures, couplées dansla travée centrale aux charges verticales exercées parla tour, leur assignent un rôle de contrebutement et dereport des charges significatif du système constructifinterne.

Autant le coffre, extérieurement, est une structure depans verticaux, en quelque sorte bidimensionnelle,autant il présente intérieurement une structure arquée,tridimensionnelle. La reconnaissance de cette dualitéentraîne l'obsef'vation des liaisons entre des structuresde type aussi différent. Il s'agit inévitablement de bu-ter sur les pans ,:lu coffre mais cela ne se réalise pas demanière uniforme: les pignons s'élégissent progressi-vement ou subiltement, les façades s'élèvent graduel-lement sur elle~i-mêmes ou, comme dans la face estdes travées latélrales, montent en retrait, sur les reinsdes coupoles des chapelles. Les voûtes en cul-de-fourcontrebutent plus ou moins haut les coupoles centra-les, les arcs doubleaux tendent eux aussi à s'éleverpresque jusqu'aux cordons des coupoles, les débou-chés de la galerie supérieure de l'abside jouxtent lesmassifs d'angle plutôt que de les scinder, comme à lagalerie inférieurl~.

L'abside a complètement disparu; cependant les vesti-ges archéologiques qui en ont été conservés ont per-mis de retrouver les lignes générales de sa structure.Construite en puissant demi-cercle, elle épaule la par-tie basse de la travée centrale. Sa voûte en cul-de-fourcontrebute, mai~i à hauteur de l'arc doubleau, la voûtedu chreur. Le clocher primitif et sa sous-structuren'ont laissé aucune trace.

Une seule phrase résume cette structure dans sa totalité :" Les constructelllrs nivellois du XIle siècle ne doutaientvraiment de rien» (Chanoine R. Lemaire).

Les bouleversements qui, depuis l'érection de l'avant-COrps, ont affecté, plus ou moins gravement selon lescas, la structure d'origine, sont de deux sortes: consé-quences inéluctables de la conception et de l'exécutionet faits de l'homme. La structure constructive, tra-duction empiriqllle du schéma spatial, comporte uncertain nombre de points faibles, qui ont entraîné desdésordres en cas.cade. Leur liste est longue: déforma-tion générale, tassements différentiels sur les massifsde fondation, poinçonnement aux angles, en particu-lier à l'ouest, aff"aissement des quatre piles d'angle dela travée centrall:, dévers des maçonneries vers l'exté-rieur, y compris les tourelles, écrasement dissymétri-que des coupoles des travées latérales, affaissementdes massifs de support de la coupole centrale, défor-mation de celle-ci, affaissement et écrasement de laplupart des arcs, en particulier des doubleaux duchreur, crevasse:~ généralisées, fracture de nombreuxéléments archite(;toniques.

La structure constructive fut aussi profondément mo-difiée du fait de l'homme. A la suite des incendies duclocher et des parties hautes se succédèrent des tra-vaux qui, non seulement modifièrent la façade ouest etla saillie du clocher hors des toitures, mais augmentè-rent, en dépit de' toute logique, le taux des compres-sions exercées sur la structure, en elle-même déjà in-suffisante, et sulr des fondations, probablement déjàdéformées. Cette structure fut donc « densifiée» dans

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la partie centrale: recharge des reins de certaines cou-poles, construction de contre-arcs doubleaux, lance-ment de voûtes ou d'arcs nouveaux en brique servantde contrebutement, maçonnerie massive de soutène-ment des arcs des porches et de doublure intérieure, àpartir de la salle haute, des parois de la travée cen-traie, la transformant ainsi en quelque donjon (fig. tt).La disparition des coupoles du quatrième niveau s'ex-plique probablement par un démontage de maçonne-ries délabrées et crevassées à la suite d'incendies et del'affaissement de leurs appuis ainsi que par les travauxentrepris dans la travée centrale aù XVIIe siècle. Lesconsidérations liturgiques, qui ont entraîné la suppres-sion de l'abside et l'abaissement du niveau du chreur ,privèrent la travée centrale d'un puissant contrebute-ment dans sa partie inférieure et jusqu'à hauteur de lacoupole du chreur. Désordres inhérents à la structureet modifications de celle-ci conjuguèrent leurs effets.Enfin, et ceci n'est pas sans importance, la déjà an-cienne dés affectation de l'avant-corps, liturgique ouautre, eut pour conséquence de le laisser dans un étatd'abandon croissant et de ne concentrer les interven-tions qu'au profit du «clocher» et de la «façade» oc-cidentale.

Pour une part essentielle, les études préalables à larestauration consistèrent à redécouvrir les structuresoriginales, mutilées ou détruites et, ce qui n'est pas lemoins délicat, v(~illèrent à la mise en reuvre de correc-tifs aux illogismes constructifs et à leurs conséquen-ces. La reprise en sous-reuvre étant d'un coût prohibi-tif et ne résolvant qu'une partie du problème, une os-sature de renforcement en béton armé fut incorporéeaux maçonnerie~; anciennes au fur et à mesure des dé-montages des maçonneries de blocage de la partiecentrale et des maçonneries ruinées. Cette structurenouvelle, aux ramifications parfois savantes, a pourbut à la fois de diminuer les charges en réduisant lesépaisseurs de maçonnerie, de les répartir plus unifor-mément, de les localiser en des points choisis, d'enreporter une partie sur des fondations indépendanteset de consolider les éléments ruinés. Ainsi, elle ren-force et rééquilibre l'ensemble de la structure an-cienne.

Plus un monume:nt, tell'avant-corps, est chargé d'ans,plus il s'impose par ses dimensions, plus sa structureest complexe et son architectonique élaborée, plus sarestauration pose de problèmes variés. A défaut depouvoir les traiter tous, dans le cadre d'un article, nimême certains pour lesquels, comme celui du couron-nement, l'objectivité requiert de longs développe-ments, nous avons choisi d'en aborder deux ici, à titred'exemple.

Fig. II. -Salle haute: aspect de la travée centrale avant la restau-ration (collection M. Ladrière).

RESTAURATION DES ARCADES ENTRE LESCHAPELLES- TRIBUNES ET LE CH<EUR

Situation archéologique :

Par ces arcades, les chapelles Sainte-Gertrude, au sud,et Sainte-Agath~:, au nord, ouvraient à l'origine à mi-hauteur dans le chreur, sous les arcs formerets quicintrent ses parois latérales. Elles avaient été bou-chées anciennement et présentaient, de chaque côté,un parement coJlltinu, dressé au droit des murs exis-tants, enduit et blanchi à maintes reprises. L'archi-tecte Carlier, le premier, au milieu du XIXe siècle,avait décapé en ]partie le plafonnage de la paroi sud duchreur et mis au jour une colonne, fortement ébranlée.Le dérochage complet, effectué peu après 1940, audébut des relevé:s généraux, avait ensuite révélé, nonseulement le des.sin des arcades, mais aussi les désor-dres qu'y avait provoqué le tassement de la partiecentrale de l'av3'"t-corps, sans parler des ravalementsopérés lors de 1',Dbt~ration.

Les observations archéologiques faites avant et pen-dant les travaux de restauration ont permis lesconstatations qui suivent. Le remplissage des arcades,profond d'environ 2 m, s'est effectué en deux étapes,comme l'indiqu~:nt la différence de nature du matériauet les traces du blanchissage intervenu après la pre-mière phase. 0111 a d'abord bloqué les arcades du côtédes chapelles, laissant visibles les arcades du côté duchreur, sur la moitié environ de leur profondeur. Ce

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périeur, mouluré en corniche, qui se poursuivait sur letrumeau central, au-delà de l'interruption des arcs. Ducôté des chapelles, c'est une arcade unique quis'élance de part et d'autre du trumeau central et re-pose sur des colonnes du même type que les précé-dentes. L'espace intermédiaire entre les arcades ju-melées du chreur et les arcades uniques des chapellesest couvert d'une voûte en berceau sur piédroits. Il estappareillé en pierre blanche tandis que tous les arcssont clavés en tuffeau, selon une pratique constantedans la collégiale. De même, socles, bases, fûts, cha-piteaux, tailloirs et cordons y sont toujours taillés dansla pierre bleue (fig. 13).

blocage comportait déchets de pierre blanche, de tuf-feau et de tuileaux noyés dans un mortier assez dur .Plus tard, on a ravalé les cordons inférieur et supérieurqui faisaient saillie sur les parois nord et sud du chreuret rempli de briques le creux des arcades laissé librede ce côté, de sorte que le parement de brique nou-veau arrive à fleur du parement de pierre ancien(fig. 12). Ces remplissages, qui n'ont pas livré d'indi-ces chronologiques intéressants, pourraient dater, lepremier, d'avant le XVlIe siècle, le deuxième, duXV111e siècle.

Du côté du chreur, les arcades prennent appui sur uncordon en saillie continue sur toute la largeur des pa-rois. Deux par deux, elles cantonnent un trumeaucentral. Leurs arcs cintrés reposent sur des colonnesdont les fûts, monolithes ou en deux parties, se dres-sent sur de hauts socles parallélépipédiques par l'in-termédiaire de bases rondes moulurées. Les colonnessont coiffées de chapiteaux sphéro-cubiques à tailloirfinement profilé surmonté d'un deuxième tailloir: cedernier représente, en fait, une section du cordon su-

L 'ensemble a été entièrement enduit dès l'origine.Certaines colonnes de la chapelle Sainte-Gertrude ontmême conservé une polychromie où le rouge alterneavec le blanc tandis qu'au bas des murs, des piédroitset des socles des chapelles courait un bandeau noirqui, s'il n'est pas d'origine, est du moins antérieur à lafermeture des arcades.

Fig. 12. -Chapelle Sainte-Gertrude: chapiteau d'une colonne d'arcade en cours de dégagement du côté du chreur (Photo C. Donnay-Rocmans).

107

ce travail fut particulièrement long. Les relevés gra-phiques s'accompagnèrent d'un fichier d'inventaireétabli au fur et à mesure, ce système rigoureux per-mettant un contrôle continu de la situation archéologi-que, déterminant les travaux de restauration, clarifiantl'exécution. C'est dire que la direction des travaux etla surveillance archéologique se confondirent en unseul travail collec;tif et que les décisions de maintienou de remplacement des éléments eurent à se succéderau coup par coup. Pour assurer aux pierres de rempla-cement une qualité de « copie conforme" , les profilsanciens furent relevés minutieusement au conforma-teur, les gabarits vérifiés et les pierres nouvellescontrôlées avant la pose. Devant l'intérêt documen-taire des profils recueillis, architectes et archéologueont décidé d'étendre à l'ensemble des chapelles le re-levé des éléments architectoniques anciens, même si,vu leur bon état de conservation, ils ne devaient pasêtre restaurés. Ce fichier de profils sera publié dans lerapport archéologique.

Méthode rigoureuse et surveillance continue n'ont pu,cependant, empêcher certaines difficultés graves encours d'exécution: l'état des pierres de retour ne cor-respondait pas tollljours à celui des faces connues etles raccords sur la profondeur des pilastres ne purentêtre déterminés qu'après dégagement complet. Cer-tains ensembles durent être entièrement démontés.Malgré cela, tous les niveaux d'assise et de joints ontpu être respectés et certains éléments anciens rempla-cés seulement pour parties. Si les voûtes en berceaumises au jour dans la profondeur des arcades, non liai-sonnées aux maçonneries extérieures, ont peu souffertde la mise en (:ompression, par contre, certainssegments d'arcs et parements de piédroits ont dû êtredémontés et remplacés. Ailleurs, l'appareil ancien a puêtre conservé malgré le flambage qui a affecté certainsparements peu après leur dégagement. Les pierresnouvelles utilisées sont le tuffeau du Pont du Gard(France) et la pierre de Vinalmont (Belgique). Lespierres anciennes remplacées ont été numérotées etconservées comme témoins.

Fig. 13. -Chapelle Sainte-Gertrude: arcade ouest dégagée (phot

Gh. Ladrière).

RESnTUTION DES COUPOLES SUR LESTRA VEES SUD E,T NORD DE LA SALLEHAUTE

Situation archéo[ogique :

Chacune des trois travées de la salle haute était couverted'une coupole comrne autorisent à le penser les quelquesvestiges conservés de leurs points d'appui, mais cescoupoles avaient disparu, depuis plusieurs siècles sansdoute. Au XVIle ou au XVlIIe siècle, de grands arcsde brique avaient dû être tendus, au nord et ausud, pour épauler la travée centrale servant d'appui auclocher construit en 1641. Leur démontage a permisd'examiner dans le détailles parties anciennes subsis-tantes, de les photographier, de les relever (fig. 14 etfig. 15). Voici le rés:ultat, très résumé, de ces observa-'

Restauration :Les travaux de restauration ont pu débuter aprèsl'achèvement de la structure en béton armé de renfor-cement, la stabilité de la travée centrale étant assuréeet les massifs de remplissage des arcades ayant perdutoute signification constructive. Il s'agissait de dégagerla structure des arcades, inconnue en profondeur, etde les restaurer en sauvegardant, en priorité absolue,tous les éléments architectoniques en état de conser-vation suffisant. Ce travail s'est organisé sur la basede relevés minutieux des faces vues, sorte de trames àdeux dimensions. Ce n'est qu'au fur et à mesure dudémontage des maçonneries de remplissage que lesrelevés ont pu être précisés et complétés par des cou-pes. Les dérochages des parois du ch(J:ur avaient déjàrévélé les résultats catastrophiques de leur mise encompression: le taux de rupture avait été atteint pourles ensembles-colonnes dont de nombreux élémentsétaient fracturés.

Le démontage de ces massifs compacts s'exécutantarcade par: arcade, par tranches horizontales et verti-cales, les éléments architectoniques furent dégagés unpar un de leur gangue. Exécuté par une équipe réduite,

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Fig. 14. -Salle haute, travée nord vestiges des trompes et niche du côté est (photo C. Donnay-Rocmans).

Fig. 15. -Salle haute, travée nord: relevé archéologique des trompes et niche du côté est (C. Donnay-Rocmans, W. Hanse et Oh. Ladrière).

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à l'autre de façon appréciable à I'reil. Dans les angles,s'arrondissaient des trompes en cul-de-four construitessur plan en segment de parabole; les plus grandes setrouvent dans 1',angle sud-est, au sud, et dans l'anglenord-est, au nord. Entre les trompes d'angle, les ni-ches, forcément moins creuses mais également cin-trées, sont construites sur plan en segment d'ellipse;les moins profondes occupent le milieu du côté sud, ausud, et le milieu du côté nord, au nord. L'espace quisépare trompes d'angle et niches intermédiaires a laforme d'un triangle sphérique concave, sorte de pen-dentif dessiné, dans le bas, par leurs arêtes latérales etqui, plus haut, s'élargit et se perd dans la zone courbed'un tambour .

tions. Il ne sera pas question, dans ces lignes, de lacoupole centrale, où la situation était fort différente.

Les travées latérales, pratiquement symétriques, sontde plan rectangulaire (environ 6 rn x 8,50 rn). Ellessont fermées sur trois côtés par des murs ajourés debaies géminées; sur le quatrième, elles ouvrent dans latravée centrale par un grand arc doubleau (fig. 16). Lecordon ancien en tuffeau était encore en place engrande partie dans le haut des murs. Sur le cordonprenait appui une série de sept niches, -quatre dansles angles et une au milieu de chacun des trois murs-, dont certaines avaient disparu complètement etd'autres étaient conservées dans un état plus ou moinsruiné. Les dimensions variaient curieusement de l'une

Fig. 16. Salle haute, travée sud: plan de la coupole (Arch. W. Hanse et Gh. Ladrière).

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ensuite sur des siovoïde du cordonbures du tambour

militudes limitées; tracé de la formesous la calotte en fonction des coUr-

Trompes, niches et pendentifs ont été maçonnés d'en-semble, en tuffeau, par assises horizontales continuesdans leurs parties inférieures. La concavité des surfa-ces a été obtenue en retaillant les voussoirs après leurmise en place. Le tout était enduit. Ce système depassage du plan rectangulaire de la travée au plan cir-culaire de la coupole est sans autre exemple connu. Ila été réalisé de façon empirique et maladroite. Lesdifférences observées dans l'exécution de détails si-milaires, soit dans une même travée, soit d'une travéeà l'autre, le confirment. De plus, dans la travée sud,une galerie couverte en berceau courait dans l'épais-seur du mur, entre les niches d'une part et le registresupérieur des baies géminées d'autre part. Accessiblepar la tourelle sud, elle subsistait sur les faces est etsud et dans l'angle sud-ouest, ce qui a permis de larestituer sans erreur en façade. Cependant, rien de pa-reil n'a été observé dans la travée nord, dont les murssont sensiblement plus étroits.

RestaurationLes relevés détaillés des vestiges subsistants ont étéexécutés à partir de 1978, en complément des relevésgénéraux antérieurs. A ce moment, d'importantes in-terrogations subsistaient: la méthode de relevé etd'interprétation, le système de plans et d'instructionsde restitution à partir des observations archéologiques,les moyens d'exécution restaient à définir. Le projetd'ensemble prévoyait simplement la «restitution»dans ses lignes générales et les études préliminaires destabilité envisageaient, pour pallier les faiblesses de lastructure, d'établir une ceinture autour des coupoles etde les coiffer de contre-calottes en béton armé à défautde les réaliser entièrement et uniquement en béton.

Les moyens d'étude les plus classiques furent em-ployés, ils méritent explication. Les coupoles de lasalle haute ne furent pas analysées comme une seuleentité mais séparément, et en deux phases, l'une, ar-chéologique, l'autre, architecturale. L'étude fut pro-posée comme une séquence continue dans laquelle lestâches des architectes, de l'archéologue et des ingé-nieurs furent clairement définies. De plus elle avait àtenir compte d'une exécution sans précédent, qui de-vait se singulariser par la sauvegarde absolue des ves-tiges et une véritable insertion des maçonneries descouvertures dans la structure du coffre (fig. 17). Auxrelevés photographiques et à la description archéolo-gique succédèrent les relevés par triangulation et sys-tème de coordonnées de tous les éléments subsistants.Cela acquis, les relevés" in situ » se complétèrent parl'application de cette méthode aux prolongements dis-parus des maçonneries, identifiables sur lattages cin-trés, afin de déterminer de façon objective tout ce quipouvait être réellement connu.

Le tracé de restitution fut alors une recherche graphi-que conduite par la logique de l'épure: tracé des trom-pes aux angles et niches intermédiaires entièrementdisparues, basé d'abord sur des contraintes évidentes,

Le niveau du cordon fut arbitrairement fixé au point leplus élevé donné par les maçonneries existantes. Cechoix fut contrôlé: hausser le cordon conduisait àcontrarier l'établissement des courbures cohérentes dutambour et, à la limite, à le rendre impossible. Ici s'ar-rête la déduction logique: le dernier tracé, celui del'ensemble des courbures de la calotte, est entièrementhypothétique.

Les rayons hori:~ontaux s'échelonnant dans un rapportde 1 à 1,3, ce tracé est basé sur un jeu de coupes prin-cipales donnant les centres de courbure, ramenés à unseul axe-pivot vertical, et les rayons correspondants.Il tient compte, à la fois, du principe du centre sur-baissé, à la manière romane et du maximum admissi-ble dans le surbaissement des courbes diagonales lesplus étirées et dans la cambrure des courbes transver-sales les plus courtes.

Les coupoles, ovoïdes, ont été exécutées aprèsl'achèvement de la structure générale de renforce-ment, en voussoirs de tuffeau de la région du Pont duGard (France), appareillés à joints alternés. La syn-thèse collective des observations archéologiques, duprojet de restitution et des règles de stabilité a permisde dégager les principes d'exécution suivants: respectintégral des parties subsistantes et du projet architec-tural de restitution, remplacement minimum des pier-res dégradées, appareillage selon les assises existan-tes, établissement des ouvrages de stabilité à hauteurdu cordon sous calotte et abandon du projet de contre-calotte en béton.

Bien que les deux coupoles aient leurs caractéristiquespropres, elles présentent des traits communs qui ren-dent leur stabilité aléatoire: dissymétrie de la forme,angle d'ouverture, valeur très inégale et parfois nulledes zones d'appui périphérique. Des tensions de trac-tion dans les maçonneries étant dès lors inévitables,les maçonneries existantes ne pouvant assurer sérieu-sement les résistances voulues aux poussées horizon-tales et verticales, une ceinture en béton armé a étéincorporée dans les reins des coupoles afin de reporterles charges verticales en quatre points d'angle résis-tants et de reprendre la réaction d'appui horizontale.Ce système s'apparente-d'ailleurs à celui, traditionnel,du blocage des reins par des maçonneries de massemais localise les résistances aux seuls points où lastructure architecturale le permet; il assimile la cein-ture à un « anneau fermé » .Celui-ci a, en outre, étévérifié dans le cas d'un « anneau ouvert » , car les exi-gences archéologiques et architecturales imposent denets déforcements.

Les relevés et les recherches graphiques de tracés ontpermis d'intéressantes observations quant au mode

.d'exécution et aux aléas du déroulement du chantier

Il

OUEST

Fig. J7. -Salle haute, travée nord: coupe ouest-est dans la coupole: (Arch. W. Hanse et ,Gh. Ladrière).

velles, depuis 1972, est encore, en Belgique, isolé.Après une période d'essais, d'erreurs et de tâtonne-ments, cette collaboration est devenue une réalité et,pensons-nous, un exemple. A condition de la vouloiret à charge des architectes de créer les conditions re-quises, elle peut enrichir le savoir commun par le par-tage des connaissances et renforcer le caractère logi-que du projet par l'apport rigoureux de chacun. Notresouhait est que cette expérience inspire à bref délaiune organisation vraiment structurée de la restaurationdes monuments en Belgique. C'est aussi pourquoi ar-chitectes, archéologue et ingénieurs ont l'intention depublier ensemble le compte rendu des travaux de larestauration de l'avant-coprs de la collégiale de Ni-velles. Deuxième précédent ?

Oh. LADRIERELicencié en urbanisme et aménagement du territoire

C. DONNA Y -ROCMANSLicenciée en histoire de J'art et archéologie

BIBLIOGRAPHIE

au Xlle siècle. Elles seront développées dans la publica-tion des travaux de restauration. La précision et la cohé-rence des plans de restitution diffèrent totalement dumode d'expression des maîtres d'reuvre du Xlle siècle :c'est que l'application du principe de la restitution de cescoupoles, assez mal connues, exigeait un rigorisme sé-vère dans la redécouverte des formes disparues et leurréincarnation. Cette discipline, apparemment suffisantesuivant notre concept contemporain, a dû se plier auxtechniques anciennes: reprofilage de certaines arêtes,après enlèvement des cintres. Cette surprise de chantierne s'est pas révélée une contradiction mais peut-être uneexigence supplémentaire.

La restauration d'un monument historique tel la collé-giale de Nivelles, est un travail de longue haleine. Leparti, pris au début du siècle, de la rétablir dans sonétat d'origine, parce qu'il concerne un ensemble vasteet gravement disloqué et qu'il avait déjà reçu un débutd'exécution, ne pouvait être remis en cause sans inco-hérence au moment de restaurer l'avant-corps. Mais siles hommes changent, les exigences, elles, demeurent:restaurer implique une connaissance approfondie dumonument, jusque dans ses structures les plus spécifi-ques, le recours à des disciplines variées, la surveil-lance constante de l'exécution. Il est des principes es-sentiels que l'architecte-restaurateur quel qu'il soitdoit non seulement avoir toujours clairs à l'esprit,mais encore vouloir, par tous moyens, concrétiserdans les faits: simplicité dans le respect du documentancien et créativité dans la recherche, le choix et l'ap-plication des techniques les plus adéquates.

L'ampleur et la complexité de la restauration de lacollégiale imposaient la mise en place d'une équipe :mais si la rencontre architectes-ingénieurs est devenuehabituelle, par contre, la triade architectes-archéolo-gue-ingénieurs l'est beaucoup moins et le cas de Ni-

S. BRIGODE, La sfruclure du massif occidenlal de la collégiale de

Nivelles, dans Revu,~ des archéologues et hisloriens de l'arl de Lou-

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A. MOTT ART, La collégiale Sainle-Gerlrude de Nivelles, 2" éd.,

Nivelles, 1962.

SUMMARY

The Romanesque abbey church of Nivelles, with itsdouble trancept, double choir and western fore-partfrom which rises the bell-tower, dates from the 11 thand 12th centuries. ]t is a late prolongation within theconfines of the German Empire of an ottonian archi-tectural tradition, which itself was inherited from theCarolingians .

Through the age,s it has undergone sizeable alterationsto both the exterior (in the 17th century) and to theinterior (in the 18th century). The project of restoringit to its original Romanesque state came into being nthe middle of the 19th century; saw a start ofthe workat the beginning of the 20th century (work on the east-ern choir by Verhaegen), was envisaged in its entir~ty

113

when the monument was classified in 1931 and putinto operation in two phases following the damagecaused by the bombardments in 1940. From 1948 to1959 work was undertaken on the naves. transepts andeastern choir above the crypt; in September 1971 workbegan on the forepart which today is reaching com-

pletion.

Given the size of the building. its historic wealth and itsarchitectural complexity , the problems involved with itsrestoration were many and varied. If the restoration.long drawn out in time. inevitably reflects the develop-ment of ideas. the architects are nevertheless alwaysobliged to have recourse in associated disciplines andmore suitable techniques in order to respect the ancientdocument. In particular, in restoring the fore-part, itsprimitive structure had to be established above ali else .So the preliminary studies sought to bring out the origi-nal structures which were preserved, those damaged ordestroyed. the structural inconsistencies and their

consequences.

The restoration project forms and inseparable whole :rein forcement of the general structure, corrections tothe original inconsistencies, removal ofparasitical ma-sonry, restoration of the ancient preserved areas andrestoration of the areas which had been ruined or des-troyed following the ancient vestiges. Thus thefore-part restoration forms a succession of individualcases to be resolved with constant logic. It is impossi-ble to describe them ail in the context of an article;also the authors who have been working togethersince 1978 have chosen to describe only two exampleswhich they consider indicative of the restoration andwith which they are extremely familiar, having worked

on them from start to finish.

The first is the clearing of the chapel gallery archwayswhich open up half way up the choir side screens.These archways had been blocked up previously, andtwice later on, in order to pallia te the disturbances inthe central bay of the fore-part, under the effect ofhigh stresses. It entailed restoring the originallatticework after having assured the stability of this area ofthe building, whilst respecting as far as possible itsparticularly fragile architectural qua lit y. ln the secondexample -the restoration of the cupolas on the Northand South bays of the high gallery -the archeologi-cal data was more lacking and the technical situationmore complex. The capping of the trumpet archs andintermediate J'liches, which was still partially in exis-tence at the top of the walls, was restored first,conforming ri,gorously to the surveys. On this archeo-logical basis the architects then defined the trace ofthe cupolas tc' be restored by means of a working dra-wing. Finally the execution was carried out from asynthesis of archeological observations, the restora-tion project and the rules of stability pertaining to theconstruction of a cupola installed in the given situa-tion.

These two cases among others show how much therestoration of a monument such as the Collegiatechurch at Nivelles must be the work of a team inwhich architects, archeologists and engineers collabo-rate very clos,~ly from the preliminary study, the esta-blishment of the project and is execution, through tothe final publication. The Nivelles team believes itselfto be pioneers in this field and would like to be consid-ered exemplary.

ChurchFE

'. -View of th/

Photo c. Donn,

'h (5. Brigod" & M. Ladrière).

10. -The fore-parI of the Collegiale Church

sec/ion ifro", M. Ladrière & 5. Brigode. S

of SI. Gerlru,

'ummary: Gh.2. -View of thet (Photo C. Donna

3. -The Colle ia

'n. M. Ladrière &

4. -The Colle ia

d.l. the Ea.,t (Photo

Wes

FiK.

HaIt

FiK.

'1IEChurch of St. Gertrude: plan (froj.BriKode. Summary: Gh. L,ldrière,

, Church of St. Gertrude: interior

'. Sanspoux).

Fig. J J .-High gallery: view of the central bay before restoration(jr{)m M. Ladrièr.. c{)llecti{)n).

Fig. J2. -St. Gertrude.s Chapel: capital {)f arcade column d,opening up ofthe ch{)ir (Ph{)t{) C. Donnay-R{)cmans).

-." .J3. -St. Gertrude' s Chapel: west arcade opened up (JThe ('lIn H

E;1. Gerlru.

Brigode.

l'I[Gh. Ladrièrt').

Fig. 14. -High gallt'ry. Norlh bay; rt'mains ofcht's on t'asl sidt' IPholo C. Donnay-Rocman.f).

Fig. 15. -High gal/t'ry. Norlh bay: archt'ologicaling and nicht' on Iht' Easl sidt' (C. Donnay-Roc"

Gh. Ladrièrt').

Gh. L

orbelling andFi, hurch of Nivelle

n~ Théâtre sacr,~ at the belfinninlf of thedu duché de Brabant. I,

~. 6. -The Co/1egia/,

th cen/ury (from /he (

The Hague. 1734).

". 7. -The !ore-par/

/ survey of corbe/-

Jans. w. Hanse &

t~ Churcho p Sanx

Gertrude'PI

Fi

H,

Fi

High.8. -The C.

dmf'nt.f (M. L

'941 &

c /7. -HiKh gallery; North ba

:h. w. Hanse & Gh. J.adrièrp)The fi h of s/. Ger/rude

RESUMEN

La Iglesia abacial romana de Nivelles, con su doblecrucero. su doble coro y cuerpo delantero occidentaldesde el cual emerge el campanario, data de los siglosXI y XII. Prorroga tardiamente yen los limites delImperio Germânico una tradicion arquitectonica delperiodo de los Otan, la cual a su vez fue heredada delos Carolingios.

En el transcurso de los tiempos, sufre importantesmodificaciones exteriores (en el siglo XVII) e interio-res ( en el siglo XVIII). El proyecto para restaurarla ensu estado romano original surge a mediados del sigloXIX; se inicia la realizacion del proyecto a principiosdel siglo XX; la restauracion global se proyectacuando el monumento se clasifica en 1931 y se ejecutaen dos fases a consecuencia de los darios causadospor los bombardeos de 1940. De 1948 a 1959, las obrasabarcan las naves, los cruceros y el coro oriental su-perpuesto a la cripta; en septiembre de 1971 se em-prende la restauracion de la parte delantera, la cualhoy dia se halla cerca de su terminacion.

Dadas la amplitud del edificio, su riqueza historica ysu complejidad arquitectonica, los problemas a resol-ver para su restauracion han sido numerosos y varia-dos. Si bien es cierto que la restauracion, prolongadaen el tiempo, refleja en forma inevitable la evolucionde las ideas, no es menos cierto que los arquitectossiempre se han esforzado en respetar el documentoantiguo yen recurrir a disciplinas anexas y a las téc-nicas mas adecuadas. Por medio de un anâlisis espa-cial y de construccion, los estudios previos cuidaronespecialmente de poner en evidencia las estructurasoriginales conservadas, mutiladas, destruidas, los ilo-gismos de construccion y sus consecuencias. Elproyecto de restauracion conforma un todo indisolu-ble: el refuerzo de la estructura general, las correcio-nes de los ilogismos originales. el desmantelamientode las mamposterias parasitarias, la restauracion delas zonas antiguas conservadas, la restitucion de lossectores arruinados o destruidos segun los antiguosvestigios. Por ende, la restauracion de la parte de-lantera es una sucesion de casos pqrticulares que de-ben ser resueltos dentro de una logica constante. Enel marco de un articulo, resulta imposible su total

descripcion: por esta razon, los autores, que trabajanjuntos desde 1978, han opta do por exponer solo dosejemplos, que entienden son reveladores de la restau-racion y que con oc en [o suficientemente bien por ha-berlos acometido ellos mismos des de el principio al finde la obra.

El primer ejemplo se encuentra en el despeje de lasarcadas de las ,~aler{as, que se abren a media alturaen las paredes laterales del coro. Estas arcadas ha-b{an sido cubiertas anteriormente en dos ocasionesdistintas para ocultar los desordenes que, bajo elefecto de cargas superiores habian sido introducidosen la boveda ce./1tral de la parte delantera. Se tratabade restabLecer las ventanas originales de La nave des-pués de haber asegurado la estabiLidad de esta zonadel edificio dentro del maximo respeto de su arqui-tectura particularmente fragil. En eL segundo ejemploconsiderado -la restitucion de las cupulas sobre laspartes norte y .\"ur de la sala aLta -, los datos ar-queologicos disf'onibles presentaban mas Lagunas y lasituacion tecnica era aun mas compleja. La corona,formada por las bases de boveda en las esquinas y Losnichos intermedios, subsist{a parcialmente en [o altode las paredes, La misma ha sido restaurada en primerlugar yen rigurosa conformidad con los relevamien-tOS. Posteriormente, los arquitectos se apoyaron enesta base arqueoLogica para definir, por medio de undiseno a gran escala, el trazado de las cupulas quedeb{an ser restituidas.

La ejecucion de la obra se hizo finalmente en base ala sfntesis de las observaciones arqueologicas, delproyecto de restitucion y de las reglas de estabilidadpropias de la construccion de una cupula dispuesta enuna situacion dada. Estos dos casos especificos reve-[an hasta que j1unto la restauracion de un monu-mento, como par ejempLo La coLegiata de Nivelles,debe ser la obra de un equipo donde los arquitectos,arquéologos e ingenieros colaboren estrechamente enel pIano del estudio previo, La elaboracion deiproyecto y la efi?cucion de la obra hasta su publica-cionfinal. El equipo de Nivelles siente que es, en esteaspecto, pionero en Bélgica y desear{a que su ejemploencuentre seguidores .

Fig. 4. -La colegiara Santa Gertrudis: vista interior hacia el este

(Foto P. Sanspoux).

Fig.5. -La colegiat," Santa Gertrudis : corte de oeste a este (Segun

E;. Van Balen;M. Ladrière et S. Brigade. Sintesis: Gh. Ladrière).

Fig.6. -La colegiata de Nive/les a prillcipios del siglo XVIII (Se-gun el Gran Teatro.l;agrado del Duque de Brabant. 1.2. La Baya.

.1743).

Fig. J. -La colegiala Sanla Gerlrudis visla desde el esle (FblO C.

Donnay-Rocmans).

Fig.2. -La colegiala Sanla Gerlrudis visla desde el oesle (Fo1O C.

Donnay-Rocmans).

Fig. 3. -La colegiala Sanla Gerlrudis: piano (Segun E. Van Ha-

len. M. Ladrière el S. Brigode. Sinlesis: Gh. Ladrière).

115

Fig. 7. -La parte delantera de la colegiata de Santa Gertrudis a

principios del siglo XX (Foto P. Sanspoux).

Fig. 8. -La colegiata Santa Gertrudis después del bombardeo de

1940 (Coleccion M. Ladrière).

Fig. 9. -La parte delantera de la colegiata Santa Gertrudis: cro-

quis (S. Brigode et M. Ladrière).

Fig. 10. -La parte delantera de la colegiata Santa Gertrudis: cortede sur a norte (Segun M. Ladrière et S. Brigode. Sintesis: Gh. La-

drière).

Fig. 11. -Sala alta: aspecto de la parte central antes de la restau-

raci6n (Coleccion M. Ladrière).

Fig. 12. -Capilla Santa Gertrudis: capitel de una columna de ar-

cada en proceso d" despeje del lado del coro (Foto C. Donnay-Rocmans).

Fig. 13. -Capilla Santa Gertrudis: arcada oeste ya despejada(Foto Gh. Ladrière).

Fig. 14. -Sala alta, parte norte: vestigios de las bases de boveda ydel nicho del la do este (Foto C. Donnay-Rocmans).

Fig. 15. -Sala alta. parte norte: el relevamienta arqueologica delas bases de boveda y del nicha dellada este (C. Dannay-Rocmans.W. Hanse et Gh. Ladrière).

Fig. 16. -Sala alta, parte sur: piano de la cupula (Arch. w. Hanseet (Th. Ladrière).

Fig. 17. -Sala alta, parte norte: corte de aeste a este en la cupula(Arch. w. Hanse et Gh. Ladrière).

11(\