LES RELIGIONS dans la PLAINE INDO-GANGETIQUE · 2018. 8. 11. · EDAS sont d’une importance...

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LIVRET - L. 004 La Religion dans la Plaine Indo-Gangétique LES RELIGIONS dans la PLAINE INDO-GANGETIQUE (de 1 500 à 300 av. J.-C.) Manuscrit Ancien du Rig-Veda (reproduction du 15 ème Siècle) © www.kergour.com Reproduction Interdite Janvier 2013

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  • LIVRET - L. 004 La Religion dans la Plaine Indo-Gangétique

    LES RELIGIONS dans la PLAINE INDO-GANGETIQUE

    (de 1 500 à 300 av. J.-C.)

    Manuscrit Ancien du Rig-Veda (reproduction du 15

    ème Siècle)

    © www.kergour.com Reproduction Interdite Janvier 2013

    http://www.kergour.com/

  • I - HISTOIRE ET GENESE

    1.500 avant notre ère : Quel est le peuplement du Nord-Ouest de la Plaine Indo- Gangétique – Vallée de l’INDUS et Plaine du PUNJAB (la Plaine des cinq rivières : INDUS – CHENAB – JHELUM – RAVI – SUTLEJ - Panch –ab : cinq rivières).

    Dans cette région, nous trouvons :

    1 - Des Indusiens, héritiers de la grande « CIVILISATION DE L’INDUS » qui a dominé cette région du Nord-Ouest à partir de 4.000 avant notre ère. Cette civilisation est entrée en décadence dans les années -1.700 et s’est progressivement désintégrée. Ses villes ont été désertées et ses populations urbaines ont fui vers les campagnes.

    2 - Des Aryens, membres d’une ethnie qui, après avoir nomadisé pendant des siècles dans la grande plaine russo-sibérienne, s’étaient déplacés, dans les années -1.600, vers le plateau iranien, puis vers la Transoxiane et enfin vers l’Afghanistan qui, à l’Ouest, domine la plaine Indo-Gangétique. A partir de -1.500, ces Aryens migreront du plateau afghan, par petits groupes, par tribus vers la plaine Indo-Gangétique et s’établiront d’abord au PUNJAB, puis lorsque la masse aryenne à son tour migrera, ils gagneront le Doab et enfin, la moyenne et basse vallée du Gange.

    Les Indusiens étaient des sédentaires et même partiellement des « urbanisés » depuis près de 2000 ans. Ils étaient pacifistes. Les Aryens, eux, étaient des nomades impénitents depuis des siècles, sinon même des millénaires. Ils étaient des guerriers. Leurs différences à ces Indusiens et à ces Aryens étaient donc profondes.

    Leurs premières rencontres auraient pu ou, même, auraient normalement dû se traduire par des affrontements brutaux. Or, il n’en fut rien.

    De nombreux pâturages étaient disponibles dans la plaine du PUNJAB et l’établissement des migrants ne causait aucun problème réel à la population locale, qui était, nous l’avons dit, pacifiste, n’avait aucune expérience de la guerre et ne possédait pas d’armes…

    Alors, « on » se regarda avec une infinie méfiance mais sans agressivité. Après quelques décennies de prudent voisinage, des relations « matérielles » se créèrent. « On » commerce, « on » échange des produits, des outils et évidemment « on » dialogue.

    Puis, en un peu moins d’un siècle, on va passer de relations « matérielles » à des relations intellectuelles ce qui peut paraître surprenant, car, en général, une telle évolution prend plusieurs siècles. Pour notre compte, nous pensons que cette rapide évolution a été possible parce que tant les Aryens que les Indusiens étaient des peuples religieux, peut-être même profondément religieux.

    Nous l’avons vu, lors de notre étude de la « Civilisation de l’Indus », des indices sérieux nous permettent de dire que les Indusiens avaient une religion… Quelle religion ? Cela nous n’en savons rien. Mais nous pouvons penser que la culture indusienne faite de pacifisme et de non-violence, de rejet de l’esclavage, de « considération » pour la femme et, en particulier pour la femme enceinte, d’une certaine conception sociale de la Société… est difficilement imaginable sans qu’une religion d’une réelle valeur n’ait participé à sa maturation.

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  • Les Aryens, eux aussi avaient une religion. Il fut un temps où beaucoup de chercheurs

    affirmaient que les Aryens, qui arrivèrent en Afghanistan, puis en Inde dans les années 1.500,

    étaient détenteurs d’un texte sacré d’une immense valeur le RIG-VEDA. Aujourd’hui, nous savons que

    cela n’est pas exact.

    En effet, le RIG-VEDA a été composé et rédigé entre -1.400 et -1.000 et les Aryens, migrant vers l’Inde en -1.500, ne pouvaient détenir ce texte.

    Par contre, il est pratiquement certain que ces Aryens étaient alors détenteurs d’hymnes et de chants religieux qui prouvent qu’ils possédaient depuis longtemps une « pensée » religieuse.

    Ces deux êtres profondément religieux, l’Indusien et l’Aryen, après plus d’un siècle de tâtonnements, d’hésitations et de contacts limités au tout venant quotidien, vont enfin se « trouver ». Ils vont penser, méditer et peut-être même prier ensemble.

    Les contacts ne sont pas aisément combinés car l’Indusien est retenu sur son champ alors que l’Aryen bouge et nomadise.

    Mais qu’importent les difficultés, les rencontres se multiplient et finalement, au cours des deux siècles suivants, dans les années -1.300 -1.200, il y aura osmose entre les deux pensées.

    Désormais, Indusiens et Aryens – qui ont mérité le nom d’Indo-Aryens et que nous appelons donc ainsi – vont œuvrer à la conception et à la rédaction des textes sacrés de la religion que par osmose de leurs pensées propres ils vont engendrer, la religion VEDIQUE.

    II – LES TEXTES SACRÉS

    LE RIG-VEDA

    Le premier texte sacré dont, dans les années -1.300, les Indo-Aryens vont entreprendre la conception et la rédaction est le RIG-VEDA ou 1er VEDA. Le RIG-VEDA sera achevé dans les années -1.000. Deux cents ans, c’est un temps relativement court pour concevoir et rédiger un texte d’une telle ampleur et d’une telle valeur. Cet exceptionnel accomplissement a été possible, pensons-nous, parce que les auteurs – prêtres, religieux, sages… - tant Indusiens qu’Aryens, étaient déjà, avant d’entreprendre cette œuvre, en possession d’une pensée profonde et extrêmement élaborée et, par ailleurs, avaient déjà une expérience « rédactionnelle » acquise au cours des siècles passés, en produisant des hymnes et chants religieux remarquables.

    RIG-VEDA signifie « savoir des chants ». Ce VEDA comporte 1 017 chants ou « RIGS » qui, eux-mêmes, comportent au total 10 402 « stances ». Chaque « stance » est rédigée en vers afin d’être plus facilement mémorisée pour sa transmission qui sera purement orale. Les vers sont de 8 – 11 ou 12 syllabes. Les « stances » comportent chacune de 8 à 58 vers et sont donc très inégales. Ces 10 402 « stances » sont regroupées en 10 « mandalas » lesquels, comme les « stances » qui les composent, sont très inégales. La rédaction est faite en sanscrit ancien.

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  • Grammaire du Rig-Veda - Inde 1665

    Les Vedas

    « Veda » signifie « Savoir ». Il y a quatre Vedas Le premier Veda est, comme nous l’avons vu ci-dessus, le Rig-Veda rédigé entre 1 300 et 1 000 av. J.-C. Il sera suivi par trois Vedas, conçus et rédigés entre 1 000 et 600 av. J.-C. Ces trois Vedas sont :

    - Le Yajur-Veda 2ème Veda - Le Sama-Veda – 3ème Veda - L’Arthava-Veda – 4ème Veda

    Ces trois Vedas, plus le 1er RIG-VEDA, constituent la SHRUTI, c’est-à-dire la « REVELATION » car ils

    sont inspirés par les dieux aux RISHI (les sages).

    Comme le RIG-VEDA, ces trois VEDAS ont été rédigés en SANSCRIT ARCHAÏQUE.

    Il est généralement reconnu que le RIG-VEDA n’a pas été altéré, ou très peu altéré au cours des temps. Par contre, les trois autres VEDAS ont été altérés, parfois considérablement. Ces altérations ont été faites au début de notre ère. Tous les VEDAS ont été transcrits en écriture DEVANAGIRI à partir des années 800 avant notre ère.

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  • « ANALYSES SOMMAIRES DES VEDAS »

    - RIG-VEDA – Nous avons ci-dessus analysé le RIG-VEDA.

    - YAJUR-VEDA – Ce VEDA traite des formules « sacrificielles ». Il est destiné aux prêtres (brahmanes).

    Il est composé en vers et en prose rythmés.

    Sa partie la plus ancienne, le YAJUR-VEDA « noir » explique et rétablit en prose les formules rédigées en vers.

    - SAMA-VED –C’est un manuel de liturgie et de chants religieux. Il est composé de 1 549 « stances » et comporte plus de 2 000 chants.

    - ARTHARVA-VEDA – Ce VEDA regroupe des hymnes et des chants populaires. Il comprend 781 hymnes.

    Les quatre VEDAS sont d’une importance extrême car ils sont tout à la fois, les fondements et l’armature de la pensée hindoue, et ils jouent, vis-à-vis des Indiens et aussi de tous les Asiatiques hindouisés, le même rôle que la Bible joue vis-à-vis des Européens.

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  • III - LES TEXTES DERIVES

    Les quatre VEDAS représentent une « masse » énorme de textes. Mais cette « masse » n’est rien à côté de ce que vont représenter ce que nous appelons les « TEXTES DERIVES ». Un relevé, non exhaustif de ces textes, est donné à la page précédente (relevé établi par Louis FREDERIC, dans son « DICTIONNAIRE DE LA CIVILISATION INDIENNE »).

    Ces textes commentent, interprètent, illustrent et surtout complètent les VEDAS.

    Certains de ces textes sont considérés comme «sacrés» et sont inclus dans la SHRUTI. Tous les Hindous sont très attachés à ces « textes dérivés » qui sont « présents » à leurs côtés, de leur enfance jusqu’à leurs derniers instants. On pourrait mieux dire que l’ensemble de ces textes est populaire, en particulier :

    - les UPANISHADS, - les PURANAS, - les BRAHMANAS, - les ARANYAKAS. LES UPANISHADS – ou « TRAITÉ DES ÉQUIVALENCES »

    Les UPANISHADS sont au nombre de 108 qui sont répertoriées sur la « GRANDE LISTE » et se répartissent en : - 13 « Grandes » UPANISHADS, les plus anciennes et les plus vénérées, - 95 UPANISHADS « MAJEURES ».

    Il y a de plus de très nombreuses UPANISHADS MINEURES qui ne font pas partie de la GRANDE LISTE.

    Les UPANISHADS ont été conçues et rédigées entre 1.000 et 300 en sanscrit, partiellement en vers et prose. Les UPANISHADS complètent les VEDAS avec lesquels elles constituent les textes philosophiques les plus sacrés du monde hindou.

    Les UPANISHADS veulent, essentiellement, expliquer les VEDAS, les faire comprendre, on pourrait presque dire les « vulgariser ».

    L’effort représenté par l’élaboration des UPANISHADS est sans équivalent et rien n’existe d’aussi riche pour répondre aux questions essentielles de l’homme sur sa vie, son passage sur terre, sa mort, sa solitude, ses désirs…

    On peut estimer que toutes les cultures philosophiques et religieuses, tant de l’Inde que du monde, s’inspirent, sur un point ou sur l’autre, des textes des UPANISHADS.

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  • A noter que ce sont dans les UPANISHADS qu’apparaissent pour la première fois dans des textes religieux hindous, les notions de DHARMA (le Devoir), de SATYA (la Vérité), d’ARTHA (les Sciences), de KARMA (Code de conduite morale).

    Ci-dessous, nous donnons la « Grande Liste » des 108 UPANISHADS selon Louis FREDERIC dans son « DICTIONNAIRE DE LA CIVILISATION INDIENNE ».

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  • LES PURANAS

    Il existe 18 PURANAS dits MAJEURS et de très nombreux PURANAS dits MINEURS.

    Les 18 PURANAS MAJEURS comptent environ 500 000 SHLOKAS (« stances » de 2 vers de 18 syllabes). Ils ont pour origine un PURANA PRIMITIF très populaire et comptant de l’ordre de 400 000 SHLOKAS, rédigé dans les années 1.000 av. J.-C. et qui, malheureusement, ne nous est pas parvenu.

    Ces 18 MAJEURS furent rédigés en sanscrit entre -700 et -100 – donc sur une période très étendue.

    Les sujets traités – dans un désordre surprenant – sont les plus divers et vont de la création du monde, des problèmes de la vie et de la survivance, etc.… jusqu’au rappel d’événements fantastiques et de légendes folkloriques.

    LES BRAHMANAS - « APPARTENANT AUX BRAHMANES » -

    Les BRAHMANAS sont des commentaires des VEDAS. Ils ont été rédigés dans les années -500 en prose. Ce sont principalement des textes liturgiques. Ces textes sont considérés comme faisant partie de la SHRUTI (LA REVELATION).

    Les ARANYAKAS – « Textes de la Forêt » -

    Ces textes ont été écrits par les ermites vivant dans les forêts. Ils sont considérés comme postérieurs aux BRAHMANAS.

    IV – LES POÈMES ÉPIQUES Comme nous l’avons vu précédemment, les « TEXTES DERIVES » avaient pour but principal, direct ou indirect, d’enseigner les VEDAS, de les faire comprendre, de les mettre à la portée des masses populaires.

    Or, très vite, certains «maîtres», eux-mêmes auteurs de textes dérivés, estimèrent ne pas avoir été assez loin dans leur mission de vulgarisation et puisant dans la mine infinie des légendes et des mythologies de l’Inde, ils inventèrent le poème épique qui mettait en scène des humains «de tous les jours» se sublimant dans l’observance des grandes doctrines védiques de vérité, de courage, de don de soi…

    Ces «nouveaux auteurs» n’eurent pas la partie facile et furent très décriés par les «traditionnels» qui se satisfaisaient volontiers de réserver à leur petite élite la compréhension des textes védiques. Mais finalement, les «nouveaux auteurs» triomphèrent et ils conçurent et rédigèrent entre 800 et 400 avant notre ère une série de prodigieux poèmes épiques dont les plus connus sont :

    - le MAHABARATHA

    - le RAMAYANA

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  • Le MAHABARATHA

    Cet «immense» poème comprend 100 000 SHLOKAS – soit 200 000 vers de 18 syllabes. Ces SHLOKAS sont répartis en 18 « LIVRES ».

    Le MAHABARATHA est généralement attribué au sage VYASA, mais en réalité, c’est en grande partie une œuvre collective – produit d’une longue maturation entre les années 1.000 et 600.

    Le MAHABARATHA est tout à la fois :

    - une encyclopédie de la pensée, des traditions, des coutumes de l’Inde ;

    - une extraordinaire fresque historique – une « chanson de geste » toujours renouvelée – mettant en scène dramatiquement le « bon » (pas toujours exclusivement « bon ») et le « mauvais » (pas toujours si «mauvais») dans le respect de DHARMA (le Devoir) et de SATYA (la Vérité).

    Les centaines de personnages du MAHABARATHA sont célèbres et font partie de la vie de tous les jours des hindous en Inde et ailleurs.

    Mahabarata – Scène de Guerre

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  • Analyses sommaires des « 18 livres » du MAHABARATHA :

    1° Généalogies des KAURAVA et des PANDAVA – (les deux clans qui vont s’affronter) 2° Assemblée des Princes – les PANDAVA sont condamnés à l’exil 3° Vie des PANDAVA dans la forêt 4° Aventures des PANDAVA – à la Cour du Roi VIRATA

    5° Les deux clans : KAURAVA et PANDAVA se préparent à la guerre 6° BHISMA devient commandant de l’armée KAURAVA 7° DRONA est commandant de l’armée PANDAVA 8° Un chef KAURAVA est tué 9° Les KAURAVA sont tous massacrés – sauf trois 10° Les trois « survivants » KAURAVA massacrent les PANDAVA 11° Lamentations des veuves des victimes 12° BHISMA expose les devoirs des rois 13° Mort de BHISMA 14° Sacrifice du cheval 15° Incendie de forêt 16° La ville de DVARAKA est engloutie par les flots 17e Retraite vers l’HIMALAYA et le MONT MERU

    18e Les derniers PANDAVA sont accueillis par INDRA – en son paradis sur le MONT MERU

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  • Mahabarata – Krishna et Arjuna sur un Char (reproduction du 18ème siècle)

    Mahabarata – Les Frères Pandavas

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  • LE RAMAYANA OU « LA MARCHE DE RAMA »

    Le RAMAYANA est un poème épique écrit au début de notre ère, à partir de récits traditionnels anciens (800 – 700 avant notre ère), par un unique auteur VALMIKI. Ce n’est donc pas une œuvre collective comme le MAHABARATHA.

    Le RAMAYANA est un immense poème d’amour : l’amour de RAMA pour son épouse SITA.

    Le RAMAYANA comporte 7 « KANDAS » (ou livres) et 645 chants en 24 000 SHLOKAS (chaque SHLOKA comprenant 2 vers de 18 syllabes).

    Ramayana - Rama et Sita sur leur Char

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  • Sommaire des 7 « KANDAS » du RAMAYANA :

    1° BALA KANDA - Dans ce premier « KANDA » du RAMAYANA nous sont présentés les personnages que nous allons rencontrer au cours du récit : en premier RAMA, fils de DASHAMARATHA, roi d’AYODHIA dans le KOSHALA. RAMA a été désigné par son père comme étant héritier du trône par préférence à ses demi-frères et ce choix a soulevé de profonds désaccords au sein de la famille… Ensuite, nous avons SITA, fille du roi JANAKA de VIDELA.

    RAMA obtiendra sa main après avoir été le vainqueur d’un concours d’archerie, en réussissant à

    bander un arc que personne jusque-là n’avait réussi à tendre.

    2° AYODHIA KANDA - Tableau de la vie à la Cour du Roi DASHAMARATHA père de RAMA : faste, cérémonies… Et aussi, les incessantes intrigues. La Reine KAIKEVI, mère de BHARATA, demi-frère de RAMA remue ciel et terre et obtient que le Roi DASHAMARATHA nomme BHARATA Prince Héritier et condamne RAMA à l’exil… RAMA quitte la Cour avec SITA.

    3° ARANYA KANDA- Ce « KANDA » est souvent appelé « LIVRE DE LA FORET ». RAMA et SITA se sont réfugiés dans la forêt de DANDAKA où ils errent en connaissant de multiples difficultés. Cette forêt est en partie occupée par les RAKSHASA de LANKA dont le chef est RAVANA. RAMA poursuit une biche et SITA reste seule – et RAVANA réussit à l’enlever et à l’emmener dans l’île de LANKA (SRI-LANKA).

    4° KISHKINDHA KANDA – RAMA part à la recherche de SITA. Il s’allie avec le roi des Singes SURGRIVA et l’aide à vaincre ses ennemis. En remerciement, SURGRIVA demande à son Général en Chef, l’illustre HANUMAN, de retrouver SITA.

    5° SAUNDARA KANDA – dit « LIVRE DES MERVEILLES » - HANUMAN apprend que SITA est tenue prisonnière à LANKA par RAVANA. D’un bond fantastique, HANUMAN franchit le détroit qui sépare LANKA de la PENINSULE. Il retrouve SITA, la réconforte et lui apprend que RAMA va venir la délivrer.

    6° YUDDA KANDA – le « LIVRE DE LA BATAILLE » - L’Armée de RAMA et l’Armée des SINGES commandées par HANUMAN franchissent le détroit sur un pont construit par tous les animaux amis des SINGES. Gigantesque bataille – RAVANA est tué et RAMA retrouve SITA. Mais RAMA ne peut reprendre SITA car bien qu’elle ait toujours résisté à RAVANA, elle n’en a pas moins vécu chez un autre homme. La tradition veut que SITA soit donc soumise à l’ordalie du feu pour prouver qu’elle n’a pas eu de contact avec RAVANA. SITA monte sur le bûcher et sort indemne de cette épreuve. RAMA la reprend donc et tous deux retournent à AYODHIA où RAMA est sacré roi.

    7° LITTARA KANDA – le « DERNIER LIVRE » - ajouté postérieurement aux 6 premiers livres. RAMA répudie SITA qui se réfugie dans l’ermitage de VALMIKI, l’auteur du RAMAYANA, où elle donne naissance à deux fils. Plus tard, RAMA essaiera de la reprendre, mais lorsqu’il se présentera devant elle, elle disparaîtra miraculeusement.

    Les « amoureux » du RAMAYANA, généralement, ignorent ce livre.

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  • Le RAMAYANA est un immense poème d’amours.

    Les amours de RAMA et de SITA que nous vivrons avec passion à leurs côtés.

    Mais le RAMAYANA n’est pas qu’un roman d’amour. Il est beaucoup plus. Il est un tableau remarquable de la vie politico-sociale de la Péninsule, à l’époque de RAMA.

    Avec RAMA et SITA, nous rencontrerons des rois et des princes entourés de leur cour et de leurs «supposés» fidèles, une meute vulgaire de grands et de minables, de riches et de pauvres, de veules et de lâches, et aussi d’humbles humains en chasse de sainteté, une riche fresque en laquelle, à certains instants, il nous arrivera de nous retrouver.

    Nous serons témoins de grands événements que les découvertes archéologiques récentes nous prouvent souvent être historiquement valables, sinon même d’actualité, comme AYODHIA, capitale du royaume dont le père de RAMA était roi. AYODHIA fut, au cours des 50 dernières années, un lieu d’affrontements entre musulmans et hindous, les premiers voulant bâtir en ce lieu sacré une mosquée et les seconds, leur refusant ce droit. La « petite histoire » raconte, qu’à l’occasion d’un de ces incidents, un patron de presse décida d’expédier un journaliste à AYODHIA dont il voulait obtenir une séduisante description. Le journaliste ne se rendit pas à AYODHIA. Il copia le RAMAYANA et son article fut jugé excellent !!!

    Plus encore que l’histoire, nous avons la chance d’approcher « l’âme indienne » en vivant les tourments de RAMA, partagé entre son devoir (son « DHARMA ») et son amour pour SITA. Le RAMAYANA est donc bien «dans la vie» de tous les indiens et c’est là, pensons- nous, la raison pour laquelle sa popularité est incommensurable.

    Nous disons « est dans la vie » car il a été continuellement dans la vie de la Péninsule au cours des deux millénaires passés et il est encore aujourd’hui dans la vie de tous les Indiens, les hindous, bien sûr, mais aussi de beaucoup de musulmans.

    Dans ce sens, il serait fort intéressant d’étudier à quel point les écrivains indiens de culture anglo-saxonne et de réputation mondiale sont « ramayanisés » !!!

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  • Ramayana

    Ramayana – Charge d’Hanuman

    Commandant de l’armée des singes contre le Démon Ravana

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  • V – LES RELIGIONS

    Nous pouvons distinguer trois phases de développement de la spiritualité dans la Péninsule indienne au cours de la 2e moitié du 2e millénaire, puis du 1er millénaire avant notre ère :

    1ère PHASE : le VEDISME

    2e PHASE : le BRAHMANISME

    3e PHASE : l’HINDOUISME

    1 – LE VEDISME

    Le VEDISME est une religion qui nait et se compose à partir des années 1.500 avant notre ère, lors de l’arrivée des premiers migrateurs Aryens, dans le NORD-OUEST de la Péninsule Indienne et de leur confrontation avec la population indigène locale imprégnée de la culture de la Civilisation de l’Indus.

    Rapidement, il y aura osmose entre la culture de ce peuple nomade et guerrier qu’est le peuple aryen et la culture de ce peuple sédentaire et pacifiste habitant la Péninsule, et de cette osmose, naîtra le VEDISME dont le but essentiel, à ses origines, sera d’achever la rédaction d’un texte sacré INACHEVE que les Aryens ont apporté avec eux.

    Le texte, une fois terminé, sera le RIG-VEDA, c’est-à-dire pour le VEDISME, la base intégrale du SAVOIR.

    Les prêtres, dénommés les «brahmanes» sont affectés à cette tâche de rédaction du RIG-VEDA, puis, une fois cette rédaction achevée, ils vont se consacrer :

    - à la rédaction des 3 VEDAS, à la fois complémentaires et supplémentaires du RIG-VEDA avec lequel ils seront l’assise de la SHRUTI (nom donné à l’ensemble des textes religieux révélés védiques) ;

    - à la composition des TEXTES DERIVES analysant, commentant, expliquant les VEDAS ;

    - à la création du RITUEL qui va illustrer et « faire vivre » les textes dans les cérémonies, les célébrations et les sacrifices ;

    - à l’affinement de la langue sanscrit archaïque utilisée initialement pour la transcription des textes anciens.

    La tâche qui sera accomplie est imposante. Probablement, jamais l’humanité ne concevra et ne produira une masse de textes aussi essentiels que les quatre VEDAS et leurs TEXTES DERIVES et afférents. Jamais l’humanité ne réunira autour d’une PENSEE autant d’êtres réfléchissant, méditant, priant.

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  • Ils sont des dizaines de milliers, des centaines de milliers, peut-être seront-ils un million. Des anachorètes perdus dans les forêts, des ermites statufiés au pied d’un arbre, au long des routes ou sur les berges des fleuves, des moines vivant en communauté, regroupés dans des cavernes ou dans des « caves » creusées en hâte aux flancs des collines.

    L’exaltation religieuse est alors à son comble. La Péninsule vit dans un délire, dans l’extase… et dans la démesure.

    Et cette exaltation est justifiée car l’œuvre, dont ces « milliers » nantissent le monde, sera à la base des traditions religieuses et philosophiques de l’Inde. Leur œuvre est l’armature de la pensée hindoue qui va transcender une partie du monde.

    Le prestige du prêtre atteint alors son apogée et la masse indo-aryenne prend conscience que le prêtre maîtrise le SAVOIR et contrôle le RITUEL.

    2 – LE BRAHMANISME

    Nous sommes dans les années 700-600 avant notre ère, et désormais, le prêtre, le « brahmane », domine ce qui n’était pas le cas jusqu’alors, le prêtre et le guerrier se trouvant sur un plan de relative égalité dans la hiérarchie sociale. Aujourd’hui, le glorieux guerrier-combattant qui ouvrait la voie à ses frères, qui protégeait leurs convois et veillait aux pâturages a vu – avec la sédentarisation – son rôle, sa mission se réduire dramatiquement, alors qu’au contraire, le prêtre voyait son rôle magnifié.

    Et le prêtre va, sans tergiversation, exploiter cette situation et engager le VEDISME sur la voie de ce qui aurait pu être une réforme et ne sera en fait qu’un « effacement » au profit d’une nouvelle doctrine, le BRAHMANISME.

    Cette évolution va se faire insensiblement, sans heurts et nous sommes bien incapables de décider d’une date marquant la substitution du BRAHMANISME au VEDISME.

    En tout premier, la hiérarchie sociale va être réorganisée.

    Le prêtre, nous dirons désormais le « BRAHMANE », sera, sans contexte, le premier. Il régit déjà inconditionnellement la vie spirituelle et est le maître de la religion. Ce rôle-mission ne lui suffit plus. Il veut être aussi l’administrateur exclusif de la communauté et pour cela, il va s’approprier les tâches administratives qui relevaient du guerrier « KSHATRIYA ».

    Le « KSHATRIYA » - voit sa « position » réduite. Certes, il reste le guerrier-combattant et aussi le

    souverain, le prince, mais un souverain sans pouvoir. L’administration, la politique lui échappent.

    Le « VAIDYA » - qui était presque exclusivement le commerçant, voit sa classe s’ouvrir à tous ceux qui ne travaillent pas de leurs mains : propriétaires, entrepreneurs… Le « SUDRA » - reste l’employé, le paysan, l’ouvrier -. Il œuvre de ses mains et il sert les trois classes supérieures.

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  • Pour la première fois dans le monde indo-aryen, le problème social est abordé avec cette systématisation des classes qui est le prélude à la création du système des castes - plus tard - aux débuts de notre ère.

    Ensuite, le Rituel Védique est strictement réglementé. Les cérémonies et sacrifices, qui tenaient une grande place dans la vie des fidèles, sont indûment compliqués et deviennent difficiles à comprendre. Ils ne peuvent d’ailleurs plus être conduits que par les brahmanes et même, souvent, seulement par des brahmanes « spécialisés ». Le peuple ne s’y retrouve plus et est désorienté.

    La transposition écrite des textes entreprise depuis plus d’un siècle environ, s’accélère et la transmission orale décroît alors que beaucoup étaient attachés à cette transmission orale rythmée et souvent chantée. Et par ailleurs, le sanscrit archaïque qui était la langue du commun, est en pleine évolution. Il s’affine et devient une langue riche et élaborée, trop riche et trop élaborée pour être accessible au commun. Il est en fait désormais une langue élitiste réservée aux Brahmanes.

    Toutes ces réformes sont essentiellement élitistes. Elles sont conçues et menées par les Brahmanes et, beaucoup le pensent, pour renforcer à l’infini le pouvoir du Brahmane.

    En somme, le BRAHMANISME, à peine né, est ébranlé. Certes, le fidèle ne se révolte pas, probablement parce que le brahmane est trop puissant pour être contesté, mais le fidèle se « remet en question » et il attend autre chose.

    Il est raisonnable d’estimer que la porte est ouverte aux schismes et de fait, à partir des années 500, des dizaines de schismes vont apparaître. La plupart seront éphémères et disparaîtront rapidement. Seuls, deux perdureront et se développeront : le JAINISME et le BOUDDHISME que nous examinerons au chapitre suivant.

    Quant au BRAHMANISME, il va tenter de réagir. Beaucoup de ses prêtres sont conscients de la situation. Ils étudient et méditent et, de leurs efforts, naîtra l’HINDOUISME dont nous tracerons l’HISTOIRE à partir des premières années de notre ère.

    VI – LES SCHISMES Comme nous l’avons vu précédemment, les réformes apportées par le BRAHMANISME à la religion et aux traditions védiques ont été mal reçues par la masse indo-aryenne et sont, dans les années 500 avant notre ère, de plus en plus contestées.

    A ces préoccupations de la masse, deux sages vont essayer de répondre en créant des courants religieux-philosophiques répondant aux problèmes de l’homme. Ces deux sages sont SIDDHARTA GAUTAMA qui conçoit le BOUDDHISME et MAHAVIRA qui conçoit le JAINISME.

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  • SIDDHARTA GAUTAMA (-546 -466) et le BOUDDHISME SIDDHARTA GAUTAMA est le fils de SHUDODANNA, Raja de KAPILAVASTU, un petit royaume du clan SHAKYA. Sa mère MAYA DEVI est une princesse népalaise.

    Plus tard, GAUTAMA deviendra le BOUDDHA ou SHAKYAMUNI, le SAGE DES SHAKYAS.

    GAUTAMA naquit à KAPILAVASTU. Sa date de naissance est l’objet de nombreuses controverses. -546 semble être la date la plus plausible.

    Sa naissance est entourée de nombreuses légendes. Une des plus répandues de ces légendes veut, qu’aussitôt né, il se soit dressé, se soit successivement incliné au Sud, à l’Ouest, et à l’Est, puis ait marché sept pas en direction du Nord. Il aurait voulu ainsi signifier qu’il prenait la possession du monde.

    Sa mère MAYA DEVI mourut quelques jours après sa naissance et il fut élevé par une tante qui le traita comme ses fils. Son enfance sera « choyée ».

    Son adolescence sera plus difficile que son enfance. Lors de sa naissance, un ermite célèbre prédit à son père SHUDODANNA que son fils serait soit un très grand et puissant souverain, soit serait un ascète et deviendrait un Bouddha.

    Sans hésitation, le roi SHUDODANNA décida que son fils serait roi, un grand roi régnant sur d’immenses territoires et, afin qu’il atteigne cette destinée, il lui fit donner, dès sa dixième année, une éducation de guerrier KSATRIYA.

    GAUTAMA se prêta volontiers à cette harassante formation et devint vite un redoutable combattant particulièrement en archerie où il excellait.

    En dépit de ces performances encourageantes, le roi SHUDODANNA restait inquiet car il avait deviné « l’impétuosité généreuse » de son fils qui, s’il était confronté aux malheurs du monde, pourrait bien abandonner l’idée de régner pour se consacrer à la sauvegarde des déshérités. Il décida donc de le marier au plus vite et, à 16 ans, GAUTAMA épousa YASHODARA, une jeune et ravissante princesse. Ils eurent un fils qu’ils dénommèrent RAHULA et ils menèrent à la Cour royale une vie de plaisir et de frivolité.

    Un jour, alors qu’il sortait de KAPILAVASTU pour se promener à la campagne, GAUTAMA successivement rencontra un vieillard, un malade, un ermite, puis enfin le cadavre d’un mort que ses proches portaient au bûcher. Avec chacun d’eux, il parla longuement et réalisa, alors, qu’il avait jusque-là ignoré les « états » de l’humain. Il constata que la vieillesse, la maladie, la mort posaient à chacun de multiples et poignants problèmes mais que seul l’ermite semblait indifférent à tous les maux.

    Alors il pensa et médita et, un jour, il décida de quitter son palais – abandonnant son épouse et son fils et sa vie de plaisir. Seul avec son cocher, il partit à la recherche de sages et d’ascètes qui accepteraient de répondre aux multiples questions qu’il se posait sur le destin humain.

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  • Il coupa ses cheveux avec son épée – puis, il échangea ses riches vêtements contre les loques d’un religieux errant. Il avait alors atteint 29 ans et pendant les six années suivantes, il alla d’ermitage en ermitage, de monastères en refuges, pratiquant l’austérité la plus stricte et vivant de grandes privations. Il questionnait, il discutait, il argumentait avec tout religieux qui voulait bien l’accueillir et toujours à la recherche de cette VERITE qui lui échappait, solitaire, il méditait.

    Un jour, il réalisa que son corps s’affaiblissait et que ses privations ne le menaient pas à la VERITE et il décida d’arrêter ce régime et accepta un bol de riz des mains d’une jeune villageoise. Revigoré, GAUTAMA décida alors de s’asseoir sous un « pipal » en se promettant de ne plus quitter ce refuge tant qu’il n’aurait pas trouvé le remède aux maux de l’humanité. MARA, le démon, fera l’impossible pour le tenter et lui faire abandonner sa retraite. Il lui envoie de beaux guerriers qui lui rappelleront ses exploits lorsqu’il était un KSATRIYA accompli… Des femmes, toutes plus belles les unes que les autres, s’essayeront à le séduire. Mais il ne cèdera pas et un jour, soudainement, il eut une vision de l’univers dans sa plénitude et atteignit le BODHI, c’est-à-dire l’EVEIL. Il était devenu un BOUDDHA.

    Son Eveil lui permit de concevoir une doctrine qui devait lui permettre de maîtriser la douleur et d’atteindre le NIRVANA, la vie éternelle.

    Mais très vite, il abandonne cette possibilité de joindre le NIRVANA pour se consacrer à enseigner sa doctrine. Il se mit alors en route pour VARANASI (aujourd’hui BENARES) et au cours de son périple, il retrouva à SARNATH, dans le « Bois des Gazelles », ses cinq premiers compagnons qui l’avaient quitté lors de son étape de méditation.

    La joie de les retrouver fut grande et le BOUDDHA décida de les envoyer parcourir le monde pour prêcher :

    - « LES QUATRE NOBLES VERITES » - :

    1° la SOUFFRANCE qui est le résultat inévitable de l’existence. 2° le DESIR qui est la cause principale de la SOUFFRANCE.

    3° l’extinction des DESIRS qui provoque celle de la SOUFFRANCE.

    4° Le noble OCTUPLE SENTIER qu’il est nécessaire de suivre afin d’arriver à la totale suppression des DESIRS.

    - LES HUIT VOIES DU « NOBLE OCTUPLE SENTIER » - :

    1° la connaissance juste.

    2° La pensée juste.

    3° la parole juste.

    4° l’action juste.

    5° La vie juste, de préférence monastique.

    6° l’effort pour la justice.

    7° le contrôle de soi.

    8° la méditation.

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  • L’observance de ces HUIT VOIES DU « NOBLE OCTUPLE SENTIER » et la compréhension parfaite des « QUATRE NOBLES VERITES » doivent nécessairement conduire au NIRVANA, c’est- à-dire au stade de béatitude totale où ne subsiste plus aucune trace de DESIR.

    Après sa pause à SARNATH, GAUTAMA reprit ses pérégrinations à pied dans la basse vallée du Gange et dans le BIHAR où il recruta de nombreux adeptes… Pendant toute cette période, ses fidèles lui attribueront beaucoup de miracles plus ou moins légendaires.

    Au cours de ces déplacements, le BOUDDHA constate combien la Péninsule vit DANS UN TOURBILLON. Plus que jamais, la Péninsule PENSE, MEDITE, PRIE.

    L’activité économique est TREPIDANTE. La Péninsule « vend » non seulement dans toute l’Inde, mais aussi dans tout le Moyen-Orient.

    La création artistique atteint des sommets : SCULPTURES, FRESQUES, BRONZES…

    Mais, SUR LE PLAN POLITIQUE, la Péninsule est MORCELEE et ses royaumes et principautés se combattent sans répit. La Péninsule est livrée à une ANARCHIE CHRONIQUE à laquelle le Bouddha n’est pas indifférent comme le prouvent ses contacts répétés avec les souverains des régions qu’il parcourt. Arrivé en -466 à l’âge de 80 ans, le BOUDDHA fut touché par une très sévère crise de dysenterie et après avoir donné ses dernières instructions à son disciple favori ANANDA, puis s’être baigné, il s’étendit et entra dans le NIRVANA. Tous les souverains de l’Inde accoururent pour rendre au BOUDDHA un dernier hommage, et après qu’il eût été incinéré, ils se battirent entre eux pour le partage de ses reliques qui, ensuite, furent déposées dans dix stupas.

    La doctrine du BOUDDHA connut très rapidement (dès les années -500) un immense succès. Non seulement de nombreux souverains mais aussi une masse populaire considérable se rallièrent alors à la doctrine ce qui était d’autant plus remarquable qu’à cette époque - dans l’Inde du Nord - le bouillonnement spirituel était encore plus intense qu’il ne l’avait été dans les siècles précédents. La « concurrence » était donc rude et il est exceptionnel que la doctrine nouvelle du BOUDDHA ait pu trouver une place importante aux côtés du VEDISME et du BRAHMANISME alors en pleine mutation.

    Après la mort du BOUDDHA, le Bouddhisme connut de nombreux et profonds soubresauts illustrés par la tenue de plusieurs CONCILES desquels émergèrent de nombreux schismes éphémères et deux doctrines qui, elles, perdureront : la doctrine HINAYANA et la doctrine MAHAYANA.

    Les « Anciens » sont tenants de l’HINAYANA et les «Nouveaux» sont, eux, tenants du MAHAYANA.

    Anciens et Nouveaux ont beaucoup en commun :

    - ils ne reconnaissent pas une Divinité Suprême quelle qu’elle soit,

    - ils ne reconnaissent pas l’âme individuelle puisqu’elle émane de la Divinité,

    - ils n’acceptent le Bouddha que comme le Maître des « QUATRE NOBLES VERITES » et du « NOBLE

    OCTUPLE SENTIER » qu’ils entendent observer.

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  • En somme, la doctrine des ANCIENS et des NOUVEAUX n’est rien d’autre qu’une certaine philosophie qui permet à chacun de choisir le ou les divinités qui lui conviennent et qui se veut surtout une conduite de vie.

    Par contre, les NOUVEAUX veulent s’éloigner de l’imagerie et de la mystique védique pour se rapprocher des réalités humaines – souffrance, douleur, désir – et pour rechercher les moyens de s’en affranchir. Surtout, les NOUVEAUX veulent réduire la domination des BRAHMANES sur la communauté religieuse (la SANGHA) et ouvrir celle-ci aux laïcs.

    Sur ces deux points, HINAYANA et MAHAYANA ne pourront trouver d’accord.

    MAHAVIRA – LE « GRAND HEROS » (-530 -477) ET LE JAINISME

    MAHAVIRA est le fils de SIDDHARTA, Roi des LICHAVI - ayant pour capitale VAISHALI - et de la princesse TRIS HALA.

    Il est né en - 530 (date contestée) à VAISHALI. Il est donc contemporain du BOUDDHA et comme lui appartient à une famille aristocratique KSATRIYA.

    MAHAVIRA aura une vie très semblable à celle de BOUDDHA : enfance heureuse, jeunesse privilégiée, mariage princier.

    Atteignant la vingtaine, il est profondément tourmenté par les problèmes du monde et finalement, à l’âge de 28 ans, il quitte sa famille pour aller à la quête de la Vérité.

    Il errera pendant 12 ans, menant une vie ascétique de grande privation avant de s’asseoir sous un arbre pour méditer et atteindre le KEVALA soit le cinquième et le plus haut degré de la connaissance (équivalent de la BODHI du BOUDDHISME).

    MAHAVIRA est le 24e TIRTHANKARA ou JINA d’où les noms de

    Jains donné à ses fidèles et de Jainisme à sa doctrine. Les

    TIRTHANKARA ou JINAS sont des maîtres divinisés et des

    prophètes. Ils furent 23 avant MAHAVIRA et sont en fait des

    personnages mythiques dont nous ne savons pratiquement rien.

    Les TIRTHANKARAS sont généralement représentés nus ou presque nus, figés dans des attitudes rigides. Ils sont peints chacun d’une couleur différente. Un animal symbole se tient à leur côté.

    Tirthankaras (Adinath et Mahavira)

    MAHAVIRA est représenté avec son corps peint en couleur jaune d’or et son animal symbole est le lion.

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  • La doctrine de MAHAVIRA est fondée sur trois principes : La Vue Droite, la Connaissance Droite et la Conduite Droite. L’observance de ces trois principes conduira les fidèles à la délivrance de leurs âmes. La non-violence est un devoir fondamental.

    MAHAVIRA considère que le monde est un magma de particules de vie et que toute particule de vie a une âme d’où la nécessité absolue de respecter les humains, mais aussi les animaux, les plantes, les organismes microscopiques, etc.… afin de ne pas porter atteinte à leurs vies.

    Le JAINISME connaîtra un succès limité très inférieur à celui connu par le BOUDDHISME. Il survivra à toutes les attaques et aux aléas de l’histoire et compte encore aujourd’hui une communauté d’environ 30 millions de fidèles.

    Bouddha Indo-Grec – 1

    er siècle av. J.-C.

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