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    Les Hotteterre et lesChdeville : clbres

    joueurs et facteurs defltes, hautbois,bassons et musettes

    des XVIIe et [...]

    Source gallica.bnf.fr / Bibliothque nationale de France

    http://www.bnf.fr/http://gallica.bnf.fr/
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    Thoinan, Ernest (1827-1894). Les Hotteterre et les Chdeville : clbres joueurs et facteurs de fltes, hautbois, bassons et musettes des XVIIe et XVIIIe sicles... / par Ernest

    Thoinan. 1894.

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    LES

    HOTTETERREET LES

    CHDEVI LLE

    CLBRES JOUEURS ET FACTEURS

    DE FLUTES, HAUTBOIS, BASSONS ET MUSETTES

    DES XVIIe ET XVIIIe SICLES

    Avec Portraits et Fac-Simils

    PAR

    ERNEST THOINAN

    PARIS

    EDMOND SAGOT

    LIBRAIRIE MUSICALE, RUE GUENEGAUD, 18

    1894

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    LES

    HOTTETERREET LES

    CHDEVILLE

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    Tir 200 exemplaires

    dont 100 seulementont tlivrs au commerce

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    Gravure de Bernard Picart considre jusqu'ici comme le portrait de

    JACQUES HOTTETERRE LE ROMAIN

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    LES

    HOTTETERREET LES

    CHDEVILLE

    CLBRES JOUEURS ET FACTEURS

    DE FLUTES, HAUTBOIS, BASSONS ET MUSETTES

    DES XVIIe ET XVIIIe SICLES

    Avec Portraits et Fac-Simils

    PAR

    ERNEST THOINAN

    PARIS

    EDMOND SAGOT

    LIBRAIRIE MUSICALE, RUE GUENEGAUD, 18

    1894

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    A famille d'artistes, dont nous essayons de retracer l'histoire, compte

    parmi

    ses membres des instrumentistes habiles ayant joui d'une cer-

    taine rputation l'poque o ils vcurent. Non moins recomman-

    dables comme facteurs de fltes, hautbois, bassons et musettes que

    comme excutants sur ces mmes instruments, on leur doit aussi quelques innova-

    tions heureuses, des perfectionnements mcaniques ingnieux, et des prceptes tho-

    riques qui furent utiles dans leur temps.

    Il n'est donc pas sans intrt d'tudier la vie et les oeuvres de ces artistes, d'un

    mrite modeste, il est vrai, mais qui, en somme, surent se faire distinguer parmi

    leurs confrres, et aidrent dans la mesure de leurs moyens au progrs et la gn-

    ralisation de l'art.

    Les Hotteterre taient originaires du Diocse d'Evreux, et c'est de la commune

    de La Couture-Boussey qu'ils partirent pour venir habiter Paris.

    On a longtemps ignor dans quelle province de France ils avaient vu le jour ;

    mais le nom, essentiellement normand, de Chdeville, port par une famille qui

    s'allia avec eux, nous fit penser, ds le dbut de nos recherches, qu'ils

    taient ns

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    8 LES HOTTETERRE

    La Couture. Ce bourg, trs connu pour la bonne fabrication des instruments en

    bois, semblerait mme devoir sa rputation aux Hotteterre, dont le nom se trouve

    tre, jusqu'ici, le plus ancien nom de luthier cit dans les actes de la contre1 .

    La production instrumentale de La Couture-Boussey est toujours reste infini-

    ment plus considrable que celle d'aucun autre pays et lui a valu, juste titre,

    une grande renomme pour l'adresse et le tour de main de ses ouvriers. Cette

    habilet, laquelle l'enfant tait initi, sans s'en douter, ds son plus jeune ge,

    en rdant prs du tour de son pre, en le regardant travailler, en jouant avec ses

    outils, se transmettait comme inconsciemment de pre en fils, de gnration en

    gnration, et s'est conserve intacte pendant plusieurs sicles parmi la population

    de ce petit coin de la Normandie.

    N'en est-il pas de mme en France pour beaucoup d'industries locales? La sup-

    riorit dela coutellerie du pays de Langres et celle de la serrurerie dePicardie, par

    exemple, ne s'expliquent-elles pas par lesmmes raisons que celles qui prcdent?

    A quelle poque remonte la pratique du tournage La Couture et comment y

    fut-on amen l'appliquer la production des instruments demusique ? C'est ce

    quoi il est, jusqu' prsent, impossible de rpondre avecassurance, car, malheureuse-

    ment, les recherches faites par nos devanciers, et lesntres, n'ont fait dcouvrir aucun

    document sur lequel onpourrait s'appuyer avec certitude. Il est vrai que lesexplications

    nemanquent pas; mais, hlas ! elles sont purement imaginaires, nereposent sur rien de

    srieux, si ce n'est parfois sur l'intrt ou l'amour-propre de ceux qui les inventent.

    C'est ainsi qu'on veut qu'un colporteur arriv un jour La Couture, sa hotte

    charge de canelles etde fuseaux, s'y soit fix ety ait fait souche de tourneurs. Si on

    ne dit pas qu'il portait son tour dans sahotte, si on necite

    pas la date dece

    jour m-

    morable non plus, on donne, toutefois, le nom de cenomade vraiment bien inspir.

    1 Ce n'est, d'ailleurs, que depuis trente-six ans environ qu'un M. Noblet, de La Couture,

    transporta sa fabrique d' instruments en bois tourns quelques kilomtres de l, Ivry-la-

    Bataille. Le nom sonore de cette localit, plaisant fort quelques crivains modernes, le leur

    a fait prfrer celui plus tranquille de La Couture ; ils ont dlaiss celui-ci et donn croire

    qu'Ivry-la-Bataille tait, mme dans les temps les plus reculs, le principal, sinon le seul endroit

    du dpartement o se tournaient les instruments de musique en bois et souffle.

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    Nous le tairons pour ne pas nous associer la rclame qui, dit-on, se cache sous

    cette anecdote.Une autre version, plus dsintresse nous le reconnaissons

    et moins vague

    quant la date, raconte que ce furent les instruments de musique laisss par les sol-

    dats de la Ligue et de Henri IV sur le champ de bataille d'Ivry (1590), qui donnrent

    l'ide aux habitants de La Couture de les imiter. Ce serait donc, dans ce cas, qu'ils

    taient dj tourneurs?

    On invoque encore la proximit d'Anet pour en dduire que les ftes qui s'y

    donnrent purent bien avoir quelque influence sur l'tablissement, La

    Couture, de

    fltistes et de hautbostes venus de Paris pour ces divertissements. Mais les ftes

    d'Anet n'eurent du retentissement que sous le duc de Vendme, soit la fin du

    XVIIe sicle, alors, comme nous le verrons, que la renomme des Hotteterre, feseurs

    et joueurs de ces instruments enbois et vent, n'tait plus faire depuis longtemps.

    S'il s'agit du sjour de Diane de Poitiers dans son chteau au milieu du XVIe si-

    cle, on doit considrer que, prfrant Chenonceaux, elle demeura fort peu Anet ; de

    plus, on

    ignore entirement, la

    place faite la

    musique dans sa

    maison, et, par cons-

    quent, l'influence que les musiciens de la belle chtelaine d'Anet, si toutefois elle en

    eut, purent bien avoir sur les destines de La Couture.

    N'est-il pas plus simple de s'en tenir ce que nous savons positivement, c'est--

    dire, la prsence Paris, dans la premire moiti du XVIIe sicle, d'artistes sre-

    ment originaires de La Couture, qui acquirent, dans la capitale, une certaine notorit

    aussi bien comme facteurs que comme excutants ? Ceci ne donne-t-il pas penser que

    leur art taitparticulirement

    cultiv dans lepays

    d'o ils venaient,

    et cela depuis

    un

    certain temps? Il parat donc hors de doute que, ds le XVIe sicle, sinon mme

    avant, on tournait des instruments de musique La Couture, et,de plus, qu'on y jouait

    avec talent de laflte, du hautbois, du flageolet et de la musette 1.

    Cespremiers artistes, venus Paris, dont nous parlons, furent les Hotteterre, sur

    1 Les faiseurs d'instruments vent en bois semblent les seuls qui se soient distingus comme

    virtuoses sur les instruments qu'ils fabriquaient. On ne cite pas un luthier qui soit devenu ha-

    bile violoniste ou violoncelliste !

    2

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    le pays d'origine desquels une pice judiciaire, obligeamment indique comme exis-

    tant aux Archives Nationales par notre ami, M. Nuitter, nous prouva que nos prvi-

    sions taient justes. Une fois ce point de dpart bien tabli, desrecherches minutieuses

    faites La Couture-Boussey et aux environs ne tardrent pas dsigner cette localit

    comme le vrai berceau des Hotteterre.

    On y montre une maison qui porte toujours leur nom, et, peu de distance du

    bourg, prs d'un bois taillis, dans un endroit appel Trige de la Fieffe, il existe

    une mare peu prs sec toute l'anne, qu'on nomme encore prsent : la Mare

    Hotteterre. Ne doit-on pas croire qu'un autre membre de cette famille y eut prs de

    l, lui aussi, samaison aujourd'hui dtruite ?M. Alfred Hrouard, ancien maire de La Couture, et dont la bisaeule tait une

    demoiselle Hotteterre, a bien voulu consulter pour nous les actes de l'tat civil ;

    M. Mauger, propritaire par hritage de la maison connue sous leur nom, dont les

    anctres s'allirent maintes fois avec les Hotteterre de diverses branches et qui exerce

    avec talent la mme profession que sesparents, possde quelques papiers de famille

    qu'il a trs gnreusement mis notre disposition. Lui et M. Alfred Hrouard se sont

    particulirement distingus par

    leur esprit d'investigation

    et leur persvrance

    : nous

    leur devons des notes excellentes sans lesquelles nous aurions d laisser dans l'obscu-

    rit nombre de faits intressants. Que ces messieurs nous permettent de les remercier

    ici bien sincrement de leur bienveillant et trs prcieux concours 1.

    Il nous est impossible de dterminer l'poque laquelle le premier des Hotte-

    1 Nous ne saurions oublier M. Paul Lematre, de La Couture, et M. Hugret, de Pacy-sur-

    Eure, qui se sont empresss trs courtoisement de s'associer notre enqute ; nous les prions,

    eux aussi, de recevoir nos plus vifs remerciements.Pendant ces recherches, M. J. Cariez de Caen publia une notice sur la famille desHotteterre,

    et il y signalait une dcouverte qu'il avait faite la bibliothque de Caen, dans un manuscrit du

    Pre Martin, l'Athenoe Normanorum. Cet auteur, en parlant de la Mthode de Flte de Hotte-

    terre le Romain, donnait celui-ci la qualification d'Ebrocensis, qu'il faudrait traduire d'aprs ce

    qui prcde par natif du pays d'Evreux. Mais comme Hotteterre le Romain, dont le grand-pre

    et le pre habitrent Paris, naquit vraisemblablement dans cette ville, l'exactitude ne voudrait-

    elle pas qu'on tendt encore la signification du mot Ebrocensis en lui faisant dire ici : Appar-tenant une famille originaire du pays d'Evreux ?

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    LES HOTTETERRE II

    terre connu quitta son pays pour venir se fixer Paris. Le Pre Mersenne ne cite

    pas leur nom parmi ceux des instrumentistes renomms la date o il imprimait sonHarmonie universelle, en 1636, et ce n'est que dans les Mmoires de l'abb de

    Marolles, publis en 1656, qu'il nous apparat pour la premire fois. Suivant cet au-

    teur, lesdilettantes, sescontemporains, estoient ravis de la Poche et du violon de

    Constantin et de Bocan, de la viole d'Otman et de Maugars, de la musette de Poi-

    tevin, de la flte douce de La Pierre et du flageolet d'Otteterre 1.

    L'anne d'aprs, le l ivret du ballet de l'Amour malade, dans chez le roi, le

    17 janvier 1657, dsigne, au nombre des symphonistes, les sieurs Obterre le pre,

    Obterre fils an, Obterre le cadet. Ces artistes, ainsi que plusieurs autres

    membres deleur famille, figurent ensuite comme instrumentistes dans presque tous

    les ballets danss la Cour, de mme que dans les comdies de Molire, joues de-

    vant le roi avec une mise en scne spciale, mle de danse et surtout de musique

    MAISON HOTTETERRE A LA COUTURE-BOUSSEY

    1L'orthographe du nom de nos musiciens est excessivement varie dans les crits du temps;

    on crivait indiffremment Obterre, Opterre, Hauterre, Hauteterre, etc. La vritable orthographeest bien Hotteterre.

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    12 LES HOTTETERRE

    compose par Lully. Ainsi les trois frres, Jean II, Nicolas Ier et Martin jourent

    dans les Amours

    dguiss,

    en 1664 ; les uns ou les autres le firent encore dans les

    pices de Molire qui suivirent, notamment dans Psych, l'exception cependant de

    Jean II, mort en1669. Nicolas I, Martin, et avec eux Louis I et Nicolas II, dit Colin,

    firent leur partie dans lesintermdes de musique de cette pice.

    Mais avant d'entrer davantage dans l'histoire de cesmusiciens, il est utile d'tablir

    leurs diffrents degrs de parent entre eux et de faire connatre les raisons d'aprs

    lesquelles nous avons dress letableau gnalogique ci contre. On verra, du reste, que

    nous n'affirmons rien qui ne soit appuy sur des preuves certaines et que nous lais-

    sons dans le doute les rares points sur lesquels nous n'avons pu faire la clart.

    Jacques Hotteterre, dit le Romain, dclare dans sa Mthode de Musette qu'il

    tait fils de Martin et petit-fils de Jean ; de plus, il dit encore qu'il eut un frre portant

    le mme nom de Jean.

    Nous voyons ensuite deux Jean Hotteterre, musiciens de la Cour vers 1666, l'un

    comme Hautbois du Poitou, Jean I, et l'autre comme Basson, dit Jean le Jeune,

    pour le distinguer de son pre.

    Un brevet du roi tablit qu'un

    troisime Jean, fils de Nicolas I, succda, en1669, son oncle Jean, dit leJeune, rcemment dcd ; ce qui dmontre queNicolas tait

    frre de Jean le Jeune.

    La fraternit de Louis Ier et deNicolas II, dit Colin, est prouve par une inscrip-

    tion qui setrouve dans l'glise de La Couture et dont nous parlerons plus tard.

    C'est une fille de Nicolas Ier etde sa femme Anne Mauger, qui pousa un nomm

    Claude Coricon et dont une desfilles, Anne Coricon, marie avec un Chdeville, eut

    de ce mariage trois fils dsigns dans leurs nominations de musiciens de la Cour

    comme neveux de Louis I et de Nicolas II, dit Colin. Ceux-ci, par consquent,

    doivent d'autant plus tre considrs comme les fils de Nicolas Ierque l'un d'eux,

    Colin, fit son testament en faveur d'Anne Coricon, femme Chdeville, et qu'il l 'y

    appelait sa nice ; il l'obligeait aussi verser annuellement, l'glise de La Couture,

    la somme de vingt-quatre livres pour qu'il y ft dit des prires pour Nicolas,

    Hautbois du roy, pour Anne Mauger, sa mre, etpour lui.

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    TABLEAU GNALOGIQUE 13

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    14 LES HOTTETERRE

    Enfin, Antoine-Jacques et Jean-Baptiste figurent plusieurs reprises dans les

    registres

    du secrtariat de la maison du roi comme fils deJacques

    Hotteterre, dit

    le

    Romain.

    Il ne nous a pas t possible d'tablir les parents et filiations de Pierre, de

    Jacques-Jean et de Jean VI ; d'une demoiselle Hotteterre violoniste et d'un Obter

    claveciniste. Ils devront donc rester dans notre tableau sans attache avec les autres

    membres de la famille jusqu'au jour o de nouvelles dcouvertes feront connatre

    quelle branche des Hotteterre ils appartenaient.

    Quant au nom deHenri, donn aupre desHotteterre par Ftis, il n'a t port,

    que nous sachions, par aucun desmembres decette famille; ni par ceux de Paris, ni

    par ceux de La Couture, d'Ivry, d'Anet, deBoncourt etdetous les pays environnants,

    alors, cependant, qu'il nous est passsous les yeux prs de cent actes civils de Hotteterre.

    La mort de ce soi-disant Henri Hotteterre, survenue Saint-Germain-en-Laye

    en 1683, est encore une de ces assertions gratuites comme Ftis en a tant avances

    dans sesgros crits. Les registres des dcs de Saint-Germain ne font aucune mention

    d'un Hotteterre quelconque de 1680 1692, ainsi que nous l'crivait, en janvier 1878,

    M. Bquet, chef de l'tat civil de cette ville, qui fit pour nous, cette poque, les re-cherches lesplus minutieuses. D'ailleurs, Ftis esttoujours si inexact dans le peu qu'il

    dit des Hotteterre, qu'il n'y a rellement pas lieu de s'arrter ce nom de Henri ;

    c'est la moindre des erreurs qu'il ait commises l'gard de ces musiciens, ainsi que

    notre travail le prouvera surabondamment.

    Les Hotteterre de Paris ne furent pas les seuls membres de cette famille qui se

    consacrrent la facture des instruments en bois, car plusieurs d'entre eux rests au

    pays y exercrent la profession de tourneurs pour fltes, hautbois et musettes. Ils

    jouaient peut-tre aussi de ces instruments, mais aucun d'eux ne russit acqurir

    autant de clbrit que leurs parents devenus parisiens, et qui, tous, l'exception d'un

    seul, Pierre, firent partie de la musique du roi.

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    BIOGRAPHIES DES HOTTETERRE

    ASCENDANCES INCONNUES

    PIERRE

    Cet artiste ne nous est connu que par son

    acte mortuaire extrait des registres de Saint-

    Sulpice : Ledit jour (20 septembre 1665),

    convoy et enterrement de Pierre Obterre,

    joueur d'instrumens, pris rue Sainte-Mar-

    guerite, proche la Boucherie 1.

    Nous sommes sans aucun indice permet-tant de faire la moindre conjecture raison-

    nable l'gard de son degr de parent avec

    les autres Hotteterre. Il faut croire quePierre n'appartenait pas la musique du

    roi, car il ne figure dans aucun des registres-de la Cour, que nous avons consults;

    d'ailleurs, ne lui et-on pas donn cette-

    qualit, dans son acte mortuaire, s'il l'et

    possde, ainsi qu'on le faisait toujours?

    1 Actes d'tat civil d'Artistes, Musiciens etComdiensextraits des registresde l'Htel deFille de Paris, dtruitsdans l'incendie du24mai 1871. Orlans, Herluison,

    1876, in-8. Le boulevard Saint-Germain passeau-

    jourd'hui sur l'emplacement de larue Sainte-Margue-rite qui longeait Saint-Germain-des-Prs.

    JEAN Ier

    La carrire deJean, premier dunom, nous

    est un peu plus connue. Nous le voyonsnomm pour la premire fois avec ses deux

    fils, l 'an et le cadet, parmi les excutants

    des ballets danss la cour, l'Amour malade

    (1657) et Alcidiane (1658). Tous les trois

    figurent ct de Pierre Piesche, Franois

    Descteaux, Jean Destouches et Jean Brunet,fameux joueurs de flte, hautbois et musette

    du temps. Mais comme les livrets de ces

    sortes de divertissements ne donnent pas

    toujours les noms des instrumentistes qui y

    jourent, on peut croire que lepre Hotteterre

    et ses fils avaient dj fait leur partie dans les

    ballets danss les annes prcdentes, ainsi

    qu'ils, continurent lefaire, dans les Noces

    de Village (1663) et dans d'autres ballets

    o ils figurent sous la dnomination des

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    :6 JEAN Ier

    quatre Opterres, soit le pre et ses fils

    Jean, Nicolas et Martin.

    Jean Ier, comme musicien de la Cour,

    appartenait la musique de la Grande Ecu-

    rie; il jouait le dessus dans la petite bande

    des Hautbois et Musettes du Poitou et avait

    succd Pierre Savin, vers 1650.Pendant le XVIe sicle il n'y avait la

    Cour qu'une seule bande de Hautbois, com-

    pose dedouze membres qu'on appelait les

    Hautbois, Saqueboutes, Violes et Cornets; mais

    partir du commencement du XVIIe sicle

    on lui adjoignit celle des Hautbois et Mu-

    settes du Poitou, laquelle ne compta d'abord

    que quatre membres, puis six par la suite.

    La famille de ces instruments du Poitou

    tait forme du dessus, dela taille, de labasse

    etde la musette oucornemuse, laquelle jouait l'unisson du dessus1. Ces sortes de haut-

    bois diffraient surtout du hautbois et du

    basson ordinaires par leur embouchure.

    Ainsi, au lieu de poser entre les lvres une

    anche nu avec ou sans pirouette, comme

    pour ces derniers instruments, on renfermait

    l'anche des h autbois du Poitou d ans une bote

    ou capsule et le son se produisait en soufflant

    par une fente aux bords intrieurs de laquellel'anche touchait. L'embouchure des Cro-

    mornes tant identique celle deces instru-

    ments du Poitou, nous avons pri M. Mahil-

    lon, le savant Conservateur du Muse instru-

    mental deBruxelles, de vouloir bien essayer

    pour nous les cromornes dont cet tablisse-

    ment possde une famille complte, et voici

    les rflexions qu'il nous a obligeamment

    communiques :

    Lorsque, dans les instruments anche, celle-c

    est recouverte d'une capsule, le nombre des sons

    que lesinstruments peuvent produire ne dpasse ja-mais le nombre de trous latraux dont ils sont per-cs : gnralement, leur tendue est d'une neuvime

    (sept trous, une clef, et le son du pavillon). Lorsquele tuyau est conique, letimbre gnrique est celuiduhautbois, maisplus rude etplus sauvage, puisquel'instrumentiste n'a pas la facult de modifier ces

    dfauts naturels par la pression des lvres. Lorsquele tuyau est cylindrique, le timbre est creux. On

    peut s'en faire une ide par le son que produit unmauvais clarinettiste lchant l'anche.

    De mme que les autres bandes d'ins-

    trumentistes faisant partie de la musiquede la Cour, soit les Grands Hautbois, les

    Cromornes et Trompettes-marines, les Fifres et

    Tambours et les Trompettes, celle des Hautbois

    et Musettes du Poitou seconserva la cour

    peu prs jusqu' la fin de la monarchie.

    Mais cette dsignation n'tait plus que pure-ment nominale pendant le XVIIIe sicle,

    attendu que si les titulaires de ces chargescontinuaient tre ainsi appels sur les tats

    de la maison du roi et dans leurs brevets,

    ils avaient depuis longtemps dlaiss ces

    instruments suranns. Ils ne jouaient que

    du hautbois ordinaire, tel qu'il avait t

    successivement perfectionn, et de la mu-

    sette soufflet.

    Dans tous les cas, la date qui nous oc-

    cupe, c'est--dire du temps de Jean Ier Hot-

    teterre, les Hautbois et Musettes du Poitou

    figuraient dans les divertissements de la

    cour et formaient un des appoints de l'or-

    chestration d'alors. Cependant, d'aprs

    quelques indications notes sur les livrets

    des ballets du roi, il est certain que le rle

    1Kastner s'est tromp en disant que la Corne-muse du Poitou avait pour dessus le hautbois dumme nom. Le Pre Mersenne dit formellement quele dessus du hautbois et la musette du Poitou

    jouaient l'unisson; de plus, il en donne unexemple not.

  • 7/13/2019 Les Hotteterre et les Chdeville.pdf

    22/69

    JEAN 1er 17

    de notre artiste, comme celui de ses con-

    frres, ne sebornait pas exclusivement au

    jeu des instruments dits du Poitou. Suivant

    les circonstances, ces musiciens prtaient

    encore leur concours en jouant d'autres ins-

    truments vent. Jean Hotteterre embou-

    chait aussi bien la flte que le hautbois et

    mme le flageolet, ce qui impliquerait que

    c'est peut-tre lui que Marolles a plac

    ct des clbrits musicales dont il fait

    l'loge, en vantant son talent sur cedernier

    instrument.Mais son mrite comme excutant n'est

    pas le seul qu'on doive lui reconnatre; il

    faut encore lui tenir compte de sa grandehabilet comme facteur de tous les instru-

    ments dont il jouait. Sa rputation tait, en

    effet, trs grande, et la preuve nous en a

    t conserve par son contemporain Borjon,homme fort en droit, et en jurisprudence,

    et, de

    plus, d'une adresse rare faire dans

    le vlin d'ingnieuses dcoupures, queLouis XIV, auquel il en faisait hommage,

    apprciait assez pour les garder prcieuse-ment 1. Il tait surtout amateur enthou-

    siaste et convaincu de la musette, et cela au

    point de s'en faire l'historien et le lgislateur.

    Le pre, dit-il, en parlant de Jean Ier, est un

    homme unique pour la construction de toutes sortes

    d'instruments debois, d'yvoire et d'beine, comme

    sont les musettes, flustes, flageolets, haubois, cro-

    mornes : et mesme pour fairedes accords parfaits de tous ces

    mesmes instrumens 1.

    Naturellement, Borjon

    dsigne ici par accords

    parfaits les instruments

    de diverses grandeurs qui

    composaient une mme

    famille, celles des Fltes,des Hautbois ordinaires

    ou du Poitou, et des Cro-

    mornes.Jean Hotteterre apporta

    aussi quelques perfection-nements dans le bourdon

    de la musette; c'est son

    petit-fils, Jacques, dit le

    Romain, qui nous l'ap-

    prend endonnant croire,sans toutefois s'expliquerd'une faon

    prcise, queces changements consis-

    taient principalementdans la simplification des

    tons qui composaient ce

    bourdon 2.

    Le Conservatoire de

    Paris possde deux ins-

    truments portant le nom

    de Hotteterre : une basse

    de flte bec sur laquellele nom avec une ancre

    sont gravs au fer rouge et

    une quinte de flte de 69

    centimtres, aussi bec, o la marque qui

    1 Un Roberday qui, je crois, tait le frre de Ro-berday. organiste et valet de chambre des reinesAnne d'Autriche et Marie-Thrse, excellait dans cessortes de dcoupures. J'ai vu chezM. le baron J.Pi-chon un volume offert par Roberday Louis XIV,et que celui-ci, en amateur passionn, avait fait soi-gneusement relier avec cercles, fermoirs et plaquesd'argent. Chaque pagede texte et d'ornements en-tirement dcoups tait interfolie par une pagenoire sur laquelle se dtachaient les lettres et les des-sins jour.

    1TraitdelaMusette,avec une nouvelle mthodepourapprendredesoy-mesmejouer de cet instrument facile-mentet enpeude temps. Lyon, 1672, in-f.2 Mthodepour la Musette, etc., par Hotteterre le

    Romain. Paris, 1737, in-4, chap. XVI.

    Bassede flte.

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    23/69

    18 JEAN Ier

    accompagne le nom est trop ef-

    face pour qu'on puisse dire ce

    qu'elle reprsentait.Nous possdons, de notre ct,

    une flte bec de 69 centimtres

    galement, signe sur les trois

    tronons : Hauterre, avec une

    petite fleur de lis au-dessous ; le

    tronon du pavillon porte une

    quatrime marque : Hotteterre, et

    toujours la fleur de lis.

    HAUTERRS HOTTETERRE

    Comme presque tous les Hot-

    teterre, ceux de Paris ou ceux

    rests au pays, furent plus ou

    moins facteurs d'instruments

    vent et en bois, il serait incon-

    sidr, en l'absence d'une donne

    positive l'gard de cette ancre

    et de cette fleur de lis,

    d'attri-

    buer la construction des instru-

    ments qui en portent les em-

    preintes l' un ou l'autre de

    nos artistes. Cependant, une

    flte traversire possde parM. Snoeck, de Gand, et entire-

    ment semblable celle de la mthode de

    Hotteterre le Romain, tant marque d'une

    ancre, on peut se demander si cette mar-

    que n'tait pas celle de Jean Ier dont sonfils Martin d'abord, puis plus tard son pe-tit-fils Jacques auraient hrit? Quoi qu'ilen soit, il faut, suivant nous, rester ind-

    cis jusqu' plus amples dcouvertes, et les

    Hotteterre devront bnficier en masse de

    la paternit des deux fltes du Conserva-

    toire, de celle de M. Snoeck et de la ntre.

    Nous parlerons, l'article Nicolas, d'une

    cinquime flte Hotteterre connue, marque

    celle-ci de la lettre N, ce qui circonscrit lechoix faire pour en dcider l'auteur.

    Jean Ier parat avoir joui de quelque ai-

    sance, car il possdait une maison avec un

    jardin et vignes, situs au village de Chen-

    nevire sur Marne, qu'il vendit, le 6 fvrier

    1661, Jacques Allard, conseiller du roi,

    maison et couronne de France et de ses fi-

    nances, trsorier gnral au bureau des

    finances d'Alenon, qui habitait Paris. Cette

    vente, faite moyennant le prix de cinq millelivres tournois y compris meubles et us-

    tendis , fut acquitte le 12 mars 1662, et

    l'acte conserv aux Archives de l'Opra, o

    se voit le nom de sa femme Margueritede la Lande, d'une famille des environs de

    La Couture, nous indique qu'il demeurait

    cette poque rue Neuve-Saint-Louis, pa-

    roisse Saint-Barthlmy, devant la petite

    porte du Palais 1. On y voit aussi sa signa-

    ture dont voici le fac-simil :

    Est-ce lui qui acheta en viager, le 16 avril

    1664, une maison, lieu et masure situs

    La Couture, donnant sur une rue et sur

    le chemin conduisant Ivry ? C'est trs sup-

    posable, puisque portant son mme nom

    debaptme, il n'y a que son fils Jean II, dit le

    Jeune, qui pourrait lui tre oppos, alors

    qu'il n'est gure probable que celui-ci ait

    Flte bec

    de 69cent.

    1 Son fils Martin, nous le verrons, demeura tout

    prs, rue de Harlay, au Palais, dans une maison quiparat lui avoir appartenu.

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    JEAN Ier_ JEAN II 19

    song, au dbut de sacarrire, acheter

    une proprit si loigne de Paris, tandis

    que son pre, dj d'un certain ge, put trs

    bien, nourrissant leprojet de se retirer dans

    son pays natal, faire cette acquisition. (Acte

    communiqu par M. Mauger.)

    Jean Ier Hotteterre figure encore sur l'tat

    de la Cour de 1666, comme exerant sa

    charge; l'tat de1667 nous manque, mais

    sur celui de 1668, son nom n'y est plus et

    on voit que c'est son fils Martin qui lui avait

    succd comme Dessus de Hautbois du Poi-tou. Il se retira donc simplement alors, car

    Borjon parle de lui comme existant toujours l'apparition de son livre en 1672, et nous

    savons, de plus, qu'il assista Boncourt,

    prs de La Couture, le 21 septembre 1676,aux noces deJean Becquet avec Anne de la

    Lande, sa nice par sa femme. La signa-ture qu'il apposa sur le registre desmariages

    deBoncourt est semblable celle qui figureau bas de l'acte de vente de sa proprit de

    Chennevire.

    Jean Ier, chef de la branche des Hotteterre

    qui a fourni le plus d'artistes la musi-

    que, fut lui-mme musicien de talent; un

    de sesfils, Martin, se distingua comme fac-

    teur ingnieux et trs bon musettiste; le fils

    de celui-ci, et, par consquent, petit-fils de

    Jean Ier, Jacques, dit le Romain, professeurmrite, virtuose applaudi, compositeur et

    auteur de livres didactiques estims, fut cer-

    tainement le plus capable de la famille;

    enfin, Jean Ier, trisaeul des Chdeville, fit

    donc encore honneur la musique dans sa

    quatrime gnration.

    LES FILS DE JEAN Ier

    JEAN II, DIT LE JEUNE 1

    Jean II fut employ comme instrumen-

    tiste dans les divertissements de la Cour

    avant d'tre titulaire d'une charge ; il faisait

    sa partie ct de son pre et de sesfrres;

    ces derniers, pas plus que lui, n'apparte-naient alors officiellement aucun des corpsde la musique du roi. Nous voulons parlerdes reprsentations qui eurent lieu de 1657

    (ou mme avant) 1663, et dans lesquellesles trois frres figurrent comme joueurs de

    fltes ethautbois ct de leur pre.Nous avons l'tat complet de la musique

    du roi, en 1661 ; le pre seul y est cit, tan-

    dis qu'aucun de ses fils n'y est nomm.

    Jean II fut sans doute reu en 1662 ou en

    1663 ; c'est toutefois ce que nous n'avons

    pu vrifier, cesannes-l manquant aux Ar-

    1Nous prsentons, ici, Jean II, sans affirmer tou-tefois qu'il ft vritablement l'an deNicolas etdeMartin, et quoique nous n'agissions pas cet gardd'une faon purement arbitraire, nous n'en recon-naissons pas moins que les raisons qui nous fontainsi le placer avant ses frres n'ont qu'une valeurhypothtique; cequi revient dire qu'il n'y auraitrien d'impossible ce qu'une dcouverte future leprivt du droit d'anesse dont nous l'avons gratifi.Le doute est, d'ailleurs, sans grande importance, etc'est parce que noustenons rester dans l'exactitudela plus scrupuleuse quenous le mentionnons.

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    20 JEAN II, DIT LE JEUNE

    chives, mais il est certain qu'en 1664 il

    toucha comme l'un des vingt-cinq violons

    de la Chambre du roi la somme de 365 li-vres, montant de ses gages de l'anne 1. Il

    parat singulier de le voir, lui joueur d'ins-

    truments vent, figurer parmi la bande sp-ciale des violons; nous constatons en effet

    le fait sans essayer de l'expliquer et nous

    nous bornerons faire remarquer que son

    confrre Hilaire Robeau, qui appartenait

    la bande des hautbois de l 'Ecurie comme

    Dessus de cornet et Basse de violon en

    mme temps que lui, figurait aussi parmiles vingt-cinq violons de la Chambre.

    Deux comptes, l 'un de 1666 et l'autre de

    1668 2,indiquent que notre musicien faisait

    partie de la bande des Grands hautbois de

    la Grande Ecurie comme Basse de Hautbois

    et Taille de Violon 3, ayant succd Elie

    Charles James. On l'y dsigne sous le nom

    de Jean Hotteterre le Jeune, pour le distin-

    guer de son pre videmment.

    Jean II ne jouait pas seulement du Bas-

    son et peut-tre du Violon; il tait encore

    habile sur leHautbois, laMusette et laFlte.C'est ce dernier instrument qu'il jouait dans

    le Ballet des Muses (1666), le Carnaval

    (1668), et dans George Dandin, intermde

    de la FtedeVersailles de la mme anne.

    Sans indications prcises l'gard de ses

    travaux de tourneur, on doit croire cepen-dant que, comme son pre et sesfrres, il

    fut aussi, lui, facteur d'instruments vent et

    en bois.

    Jean II mourut en 1669, au mois de f-vrier ou demars, vraisemblablement, car sa

    place fut donne son neveu, Jean III, fils

    de Nicolas I, par un brevet du roi dat

    du 15mars 1

    ; on sait en effet que les places la Cour, quand elles n'taient pasassures

    l'avance par un brevet de survivance, ce

    qui arrivait leplus souvent, ne restaient pas

    longtemps vacantes, et qu'aprs un dcs

    le remplaant tait vite nomm.

    1 Archives Nationales :KK, 213. Guillaume Du-manoir, son avnement au trne violonique, avaitcd sa charge de l'un des vingt-quatre violons dela Chambre; mais Louis XIV, ne voulant pas qu'ilquittt son service, cra, pour lui, une vingt-cin-quime placede violon qui devait s'teindre avec lui.

    2.Archives Nationales : Z 1A, 488.3

    Chaque membre de la bande royale des haut-bois, sa formation sous Franois Ier, devait aussi

    jouer de la viole, et tait dsign sous les noms desdeux parties qu'il jouait dans les excutions laCour. Plus tard, le violon remplaa la viole; puis,quand la bande spciale desviolons fut cre, sous

    Henri III, croit-on, les hautbois n'eurent plus jouer que de cet instrument. Malgr cela, leurs bre-vets continurent porter, mme jusque dans le

    XVIIIe sicle, le qualificatif de Hautbois et ViolonduRoi, avec la dsignation desparties qui avaient tcelles que remplissait le premier titulaire de lacharge. Cette classification des Hautbois parmi lesofficiers de la Grande Ecurie, une des divisions dela maison du roi place sous la direction duGrandEcuyer de France, s'explique suffisamment par laplus grande partie du service qu'on leur demandaitdansl'origine etqui consistait jouer dansles revueset parades militaires, dans les carrousels et crmo-nies au grand air auxquels le roi assistait. Le con-cours qu'ils apportrent plus tard, en dehors de cessolennits militaires, aux ballets et reprsentations

    thtrales de la Cour se trouvait tre, pour ainsidire, un supplment d'attributions.1 Archives Nationales : 0, 13.

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    NICOLAS Ier 21

    NICOLAS Ier

    Il ne peut y avoir de doute l'gard de

    Nicolas sur saparticipation dans les Ballets

    du roi, comme joueur de hautbois, flte

    et musette, partir, au moins, de 1657.

    Il tait certainement l'un des deux fils de

    Jean I, indiqus sur les livrets

    par fils an

    et cadet ou par les deux frres Hobterre, jus-

    qu'en 1660, poque laquelle on le dsi-

    gnait par son nom de baptme imprim en

    toutes lettres.

    Reu dans la bande des Hautbois de la

    Grande Ecurie, entre les annes 1662 et

    1666, c'est Franois Viau qu'il succda

    avec le titre de Dessus de Hautbois et Haute-

    contre de Violon. Ainsi que tous les mem-

    bres de safamille, il jouait indistinctement

    duhautbois, du basson, de la flte et de la mu-

    sette ; aussi son nom setrouve-t-il constam-

    ment ml ceux des musiciens de la Cour.

    En tant que facteur d'instruments, il n'est

    que juste de lui donner sapart dans l'opi-nion que Borjon avait des fi ls de Jean I

    quand il dit d'eux qu'ils se sont rendus

    les plus recommandables dans ce royaume

    par leurs compositions et leur jeu et par leuradresse faire des musettes. Nous le sa-

    vons aussi, la rputation des Hotteterre

    n'tait pas moindre pour la construction

    des fltes, bassons et hautbois que pourcelle de l' instrument favori de l'amateur

    lyonnais. Il nous a t parl d'une flte

    bec qui fait partie de la prcieuse collection

    de M. Petit, de Blois, flte pareille celle

    du Conservatoire de Paris et la ntre,

    mais marque diffremment. Le nom de

    Hotteterre est surmont de la lettre N au-

    dessus de laquelle se trouve une toile six

    branches, le tout frapp au fer rouge. Evi-

    demment cet instrument ne peut avoir t

    tourn que par

    Nicolas I ou par

    Nicolas II,dit Colin.

    N

    HOTTETERES

    Indpendamment de sa place comme

    Hautbois de la Grande Ecurie, notre musi-

    cien remplit encore, la Chapelle royale,o il avait t reu en 1668, l'emploi de

    Basson, ayant pour voisins de pupitre les

    deux frres Jacques et Andr Philidor, Bas-

    son et Basse de Cromorne.

    Nicolas I, qui tait n La Couture, ymourut en juillet 1694; sa place dans la

    bande des Grands Hautbois fut accorde

    Jean Hanns Desjardins, appartenant une

    famille de hautbostes, presque aussi nom-

    breuse que celles des Hotteterre et des Phi-

    lidor, et ce fut Joseph Marchand, Basse deviolon, qui le remplaa la Chapelle.

    Ftis affirme que Nicolas Hotteterre avait

    laiss en manuscrit un Recueil debransles,

    petits ballets, courantes de cour etde ville etau-

    tres hautes et basses danses pour six parties

    jouer sur les dessus et basses deviolon et haut-

    bois. Ce recueil autographe, ajoute-t-il, a

    pass de la bibliothque de Perne dans la

    mienne. Comment se fait-il alors que ce

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    22 NICOLAS Ier MARTIN

    volume ne se trouve pasdans sacollection

    achetepar legouvernement belge? Le ca-

    talogue n'en fait

    pas plus mention

    que des

    deux volumes manuscrits deBoisgelou, pas-

    ss,eux aussi, d'aprs Ftis, de chez Perne

    chez lui. Cousu! Boisjelou! Nicolas Hot-

    teterre! etc., etc.! L'ex-bibliothcaire du

    Conservatoire de Paris n'abusa-t-il pasun

    peu trop de la bibliothque de Perne:

    Enfin, pour le moment, on ne sait ce

    qu'est devenu le Recueil de Nicolas Hot-

    teterre et on doit le regretter, car il renfer-

    mait, sansaucun

    doute, des

    compositionsdesdivers membres delafamille, composi-tions qui, au dire deBorjon, leur faisaient

    autant d'honneur que leur habilet d'ex-

    cution.

    Nicolas Ier, mari avec Anne Mauger 1,eut plusieurs enfants qui sevourent la

    musique : Louis Ier,Nicolas II, dit Colin, et

    Jean III, celui qui succda son oncle

    Jean II, en 1669. Une de ses filles pousaClaude Coricon

    et, de cette

    union, naquitAnne Coricon, qui, marie avecPierre Ch-

    deville, donna le jour aux trois joueurs de

    musette, Pierre, Esprit-Philippe et Nicolas

    Chdeville, dont les succsdevaient gran-dement honorer la mmoire de leur bi-saeul.

    En.1660, Nicolas Ierhabitait Paris, dans

    la paroisse Saint-Mdric (Saint-Merry) ;mais en1671,lorsqu'il tint sur les fonts bap-tismaux de Boncourt un de ses

    petits-fils,Nicolas Coricon, il disait demeurer sur la

    paroisse Saint-Andrdes-Arcs. Un peu plustard, on le qualifie de bourgeois deParis ha-

    bitant la rueDauphine, dans un acte de

    1673. Il signa comme ci-aprs le registrede Boncourt :

    1 Elle mourut La Couture, en aot 1700, gede quatre-vingts ans environ.

    MARTIN

    Cet artiste est un des Hotteterre quifirent le plus d'honneur la famille. Noustrouvons son nom mentionn pour la pre-mire fois la reprsentation de Serse,deCavalli, donne en1060, pour les ftes du

    mariage de Louis XIV. Depuis cette date,il n'y eut gurede ftes la Cour sans qu'ily concourt ct de ses parents, des Phi-

    lidor, desPiesche, de Philbert et des Des-

    cteauxpre et fils, jouant, suivant les be-

    soins duservice, de laflte, du hautbois oudelamusette.

    Ilsuccda,vers 1664, Martin Toussaint,qui avait laplace deHaute-contre dehaut-bois et Haute-contre de violon dans labande desGrands hautbois ; mais, on s'en

    souvient, son pre Jean Ier ayant pris saretraite vers 1667, il le remplaa en jouantle dessus dans la bande desHautbois de

    Poitou, etcdasa charge dans les Grands

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    MARTIN 23

    hautbois son neveu Nicolas II, dit Colin.

    Martin Hotteterre eut soutenir un assez

    triste procs contre une nomme Franoise

    Angrol qu'il avait recherche en mariage.

    Il en appela, en 1666, d'une sentence ren-

    due contre lui, le 2 septembre 1664, par

    l'Official de la ville de Paris, en rclamant

    -la restitution de 25 louis d'or, d'une bourse

    de point d'Espagne, d'un diamant de dix

    louis d'or et de 200 livres pour dpenses

    diverses, tandis que son adversaire lui re-

    prochait des assertions calomnieuses. Nousn'avons pu avoir connaissance dela manire

    dont cette malheureuse affaire se termina,

    mais nous savons que Martin pousa plus

    tard une demoiselle Marie Crespy 1.

    Il a t dit que notre musicien, comme

    ses parents, jouait gnralement de tous les

    instruments vent et en bois; il tournait

    aussi les uns et les autres avec l'habilet

    qui tait l'apanage de sa famille, mais c'estla Musette qu'il cultiva plus particulire-ment et laquelle il donna tous ses soins.

    Il en acquit une renomme incontestable parla faon brillante dont il enjouait, tout au-

    tant que par les perfectionnements impor-tants et presque dfinitifs qu'il apporta dans

    sa construction.

    Le son de cet instrument plaisait singu-lirement nos aeux ; aussi,

    partir

    de la

    fin du XVe sicle, y eut-il toujours la Cour

    des joueurs de musette. S'ils n'arrivrent

    pas au mme degr de faveur et la renom-

    me de certains joueurs de luth que nos

    souverains coutaient plus volontiers dans

    l'intimit, les noms de quelques-uns de ces

    artistes nous ont cependant t conservs.

    Jehan Grand d'Ecosse, Lonard de Combes,

    dit Pideville, Gilbert Vigier, Franois Bail-

    leau et Gabriel Fayen eurent de la clbrit

    pendant le XVIe sicle. Sous Henri IV et

    Louis XIII les plus connus furent Le Va-

    cher, un des derniers membres d'une fa-

    mille nombreuse demusiciens, et Destou-

    ches, dont la rputation prcda celle dontdevaient jouir les Philidor, les Descteaux,

    Doucet et les Hotteterre, pendant le rgnede Louis XIV.

    Mais, cette poque, la musette s'tait

    sensiblement amliore. La cornemuse des

    bergers, la chalemie, comme l'appelle le

    pre Mersenne, et la sourdeline, n'taient

    plus en usage que dans la campagne.

    L'instrument dont on seservait la Couret la ville tait plus ou moins richement

    orn ; on y introduisait le vent au moyend'un soufflet plac sous le bras et non avec

    la bouche en soufflant dans un porte-vent;l'outre ou le rservoir d'air tait recouvert

    d'toffe de soie, de velours avec garnituresde rubans, dedentelles, de passementeries,de galons d'or ou d'argent, et le bourdou

    ainsique

    le chalumeau se faisaient en bois

    prcieux, d'bne, de grenadine, ou en

    ivoire. La mode y tait absolument et les

    amateurs, pour la facilit desquels on avait

    tabli des tablatures suffisamment simples,

    s'y adonnaient avec passion.

    Il n'y a rien de si commun depuis quelques an-

    nes, crit Borjon, que de voir la Noblesse, particu-lirement celle qui fait son sjour ordinaire la

    campagne, compter, parmy ses plaisirs, celui de

    jouer de la Musette. Les villes sont toutes pleines

    1Rpertoire de MeJozon, notaire Paris.Malheu-

    reusement, l'acte que mentionne ce rpertoire n'a

    pu tre retrouv. Qui sait si la femme de Martin

    n'appartenait pas la famille des Crespy, plumassiersde la Cour depre en fils, et dont l'un des mem-

    bres, Daniel, tait grand-oncle de Molire, du ct

    de sagrand'mre Agns Mazuel?

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    24 MARTIN

    de gens qui s'en divertissent. Combien d'excellens

    hommes, et pour les sciences et pour la conduite

    desgrandes affaires,

    dlassent, par

    ce charmant

    exercice, leur esprit fatigu ! Et combien de dames

    prennent soin de jouer de la Musette laquelle plu-

    sieurs joignant leurs voix, elles semblent luy faire

    prononcer lesparoles desairs qu'elles chantent.

    Naturellement, il y eut, dans cetengoue-

    ment, quelque peu d'exagration, et bien

    des gens, qui se croyaient cependant des

    dispositions pour l'instrument en vogue,serendirent ridicules comme plaisir.

    Les uns, dit notre auteur, enparlant de ces ama-teurs fort mal dous, retiennent leur respiration;les autres semordent, ou remuent leslvres; celuy-

    l bat extravagamment du pied; celuy-ci tourne

    tout le corps avec une violence et une agitation

    extrmes. Enfin, j'ay vu faire des gens de si ter-

    ribles grimaces, que je demanday une fois l'un

    d'eux, que j'tois all entendre, comment s'appeloit

    son dmon, tant ses contorsions m'effrayrent. Une

    dame que j'y avois accompagne me rpondit : Mu-

    sette; et aussitost, me retirant, je promis cet pou-

    vantable joueur de luy envoyer un Exorciste en ma

    place.

    Il faut croire toutefois que les amateurs

    qui se vourent l'tude de la musette ne

    furent pas tous aussi malheureux que les

    forcens dont nous parle Borjon, caril y en

    eutqui devinrent assez habiles pour obtenir

    honneur et succsenexerant leur talent.

    Le fameux libraire Franois Langlois avait

    t, quelques annesavant, en trs grande

    rputation comme joueur demusette, aussibien en France qu'en Angleterre, et quandClaude Vignon et Van Dyck firent sonpor-

    trait, c'est arm de son instrument favori

    qu'ils le reprsentrent. Le portrait deVan

    Dyck, plusieurs fois grav, tant par con-

    squent plus connu que celui de Vignon

    qui ne l'a t qu'une fois et est de la plus

    grande raret, c'est celui-ci quenous repro-duisons 1.

    Il devint usuel, dureste, parmi les ama-teurs, mme parmi ceux appartenant la

    noblesse, de se faire peindre jouant de la

    musette. Le fait est que ce got des gensdu monde pour l'instrument champtredura tout le XVIIe sicle et ne fit mmequecrotre etembellir pendant la premire moi-ti du sicle suivant. L'lment pastoraldominait alors dans les ballets de Cour et

    dans lesreprsentations thtrales ; on com-

    prendra donc que l'emploi frquent quel'onyfaisait de l'instrument desbergers nepou-vait qu'en entretenir le got chez les ama-

    teurs.

    Aucun artiste du moment n'eut plus de

    rputation que les Hottetere engnral et

    Martin enparticulier pour l'habilet d'ex-

    cution sur l'instrument lamode, demme

    que pour l'excellence de sa construction. Le

    pre, Jean Ier, en tant que feseurde mu-

    settes,perfectionna lebourdon, nousl'avonsdit, mais son fils, plus habile excutant quelui et meilleur musicien, chercha aug-

    menter les effets relativement borns qu'un

    simple chalumeau permettait d'obtenir et yrussit pleinement. Il doubla lechalumeau;voici du reste l'apprciation motive que

    Borjon fit de l'invention de notre artiste :

    Le chalumeau simple ne peut faire qu'une

    dixime ou douzime, suivant les clefs que l'on ymet; mais prsent que le sieur Hotteterre aajoutcesecond, appel le petit chalumeau, on peut dire

    qu'il a mis la musette dans la perfection que l'on

    pouvoit dsirer, puisque l'on y peut, prsent,

    exprimer les dizes et les bmols qui font toute la

    1 On trouvera le portrait de Langlois, par VanDyck, dans le Magasin Pittoresque de 1852, p. 393.

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    FRANOIS LANGLOIS

    Il ny a orgue ny autre Inftrument que laSourdeline ne furpaffe eftant touchee de celuy cy.

    C. Vignon.Inuets C.David fculp. Mariette excudit. Comprivilegio

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    26 MARTIN

    beaut et la justessedes airs que l'on y joue; etparle moyen de ce petit chalumeau, on peut monter

    par tons, semi-tons, dizes et bmols, jusqu' dix-neuf etvingt degrez desuitte, comme l'on peut voir

    par exprience, et par la figure qui est dans ce cha-

    pitre... Cequi est d'admirable dans l'invention de

    cesclefs, c'est qu'il se rencontre que les doigts pour

    lesquels elles sont faites, ne sont point occupez sur

    les chalumeaux simples et ordinaires, en quoy le

    bon sens de l'inventeur de ce petit chalumeau a

    paru; car pour ajouter la musette ce qui luy man-

    quait, i l en a trouv le moyen en occupant deux

    doigts, savoir le petit de la main gauche et le

    pouce dela droite, qui n'agissoient point. Et dire

    levray, cepetit chalumeau ne paroit dans sa beautqu'entre les mains de celuy qui l'a invent... Dans

    l'estat o est prsent la musette, on ne peut rien

    trouver de plus doux, ny de plus merveilleux queles concerts qu'on en fait, comme on le peut juger

    par ceux qui contribuent souvent ce divertissementde notre invincible monarque.

    Borjon, habitu au chalumeau simple,fait bien, dans un autre endroit de sonlivre,

    quelques rticences sur l'invention deMar-

    tin encore toute nouvelle la date o ilcrivait, mais il dut comme tout le monde

    se rendre l'vidence, et la musette un

    seul chalumeau, conserve pour les com-

    menants, fut promptement dlaisse parlesartistes et les amateurs forts.,

    On comprend que la clientle dufacteur

    et du joueur de musette dut s'augmenter

    considrablement la suite d'une semblable

    innovation. Lui seul, au commencement,

    pouvait tourner etgarnir de ses clefs cenouveau chalumeau tel qu'il l'avait conu;lui seul tait capable de bien enseignerla manire de s'en servir. Les amateurs

    afflurent donc chez notre artiste, pro-clam dsormais le plus habile des tour-

    neurs et desprofesseurs de musette.

    Martin Hotteterre, on n'en sauraitdouter,

    composa pour la musette des pices di-

    verses, dont aucune, cependant, n'a t

    imprime. Peut-tre s'en trouvait-il danslerecueil manuscrit qui, suivant Ftis, passade la bibliothque de Perne dans la sienne

    dont nous avons parl l'article de Ni-

    colas Ier? Dans tous les cas, il ne nous

    reste qu'une trs faible trace de son talent

    de compositeur; c'est une petite marche

    pour les Musettes, qu'il composa pour le

    rgiment de Zurlauben et que son fils

    Jacques nous a conserve dans sa M-

    thodepour la Musette (chap. 8, p. 33); puisun air quatre parties pour les Hautbois

    qui a t recueilli par Philidor dans son

    prcieux volume aujourd'hui la biblio-

    thque de Versailles :Partition deplusieursmarches et batteries de tambour tant franaises

    qutrangres avec les airs defifres et de haut-

    bois, etc., etc. (M. S. M D.)

    MARCHE DU RGIMENT DE ZURLAUBEN

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    AIR POUR LES HAUTBOIS

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    MARTIN LOUIS ler

    Faut-il croire, d'aprs ces compositions

    militaires, que leur auteur appartint comme

    hauboste un rgiment quelconque? C'estpossible, quoique nous soyons sans preuve

    cet gard.La confrrie de la Charit de La Cou-

    ture, qui existe encore de nos jours, comp-tait Martin parmi ses membres 1. Il s'ytait fait inscrire pour une rente annuelle

    qu'il envoyait de Paris. MM. Hrouard et

    Mauger ont trouv cette mention sur le re-

    gistre qui indique, en outre, qu'en 1707,

    Martin Hotteterre habitait rue de Harlay

    du Palais, allant du quai de l'Horloge au

    quai des Orfvres, une maison portant l'en-

    seigne de la Musette et qui, croyons-nous,lui appartenait 1.

    Martin servit donc dans la musique du

    roi depuis 1660, quoiqu'il n'en fit partie,

    officiellement, que vers 1664; il exera son

    emploi jusqu' son dernier jour, car s'il ob-

    tint la survivance de sa place pour son fils

    Jean V, le 17 mai 1699, il est certain quecelui-ci n'en tut titulaire qu' la mort de

    son pre, arrive en 1712.

    Ses deux fils, Jean V et Jacques, dit leRomain, sont ses seuls enfants qui, notre

    connaissance, embrassrent la carrire mu-

    sicale.

    1 Les confrres de la Charit serunissent le jourdu Saint-Sacrement pour vrifier les comptes, etc'est cejour-l seulement qu'il estpossible de con-sulter les anciens registres, attendu que le meuble

    qui les renferme ne s'ouvre qu'au moyen de troisclefs diffrentes confies trois membres, sans la

    prsence desquels l'ouverture ne peut avoir lieu.

    1 Son pre, Jean Ier, nous l'avons dit, demeuraitnon loin de l, rue Neuve-Saint-Louis.

    LES FILS DE NICOLAS Ier

    LOUIS Ier

    Les biographes, en prsentant Louis sous

    le nom de Hotteterre le Romain, ont com-

    mis une erreur assez grave, puisqu'ils l'ont

    fait jouir d'une rputation laquelle il n'a-

    vait aucun droit; ce titre port par le plusclbre des Hotteterre appartient en ralit,

    et sans qu'il soit possible de le lui contes-ter, Jacques, fils de Martin. La carrire de

    Louis ne fut donc pas aussi brillante quecelle du parent pour lequel on l'a pris et se

    passa beaucoup plus modestement.

    Nous savons qu'il tait le fi ls de Nico-

    las Ier, et frre de Nicolas II, dit Colin. Si

    les deux frres ne sont pas ns La Cou-

    ture, i ls semblent du moins y avoir passleur enfance, et n'tre venus Paris qu'ayantatteint l'ge d'adultes. Louis Ier, qui jouade la flte laCour, en 1664, dans les Plai-

    sirs de l'Ile enchante, succda l'anne d'aprs Pierre de Houteville, hautbois de la

    Grande Ecurie, comme Saqueboute, etTaille de violon, place qu'il occupa jusqu'sa mort1. Il n'y eut gure de reprsenta-

    1 La bande desHautbois du roi, au XVIe sicle,tait compose de la famille des hautbois, de deux

    saqueboutes (trombones), et de deux cornets. Cesderniers instruments furent supprims fin duXVIe sicle ou commencement du XVIIe, et la

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    LOUIS Ier 29

    tion la Cour sans qu'il y ft sa partie, et

    il se trouve toujours dsign sur les livrets

    comme joueur de flte ou de hautbois.Il selivra, lui aussi, au tournage des ins-

    truments en bois et vent, et Abraham du

    Pradel, qui avait oubli de le citer aunombre

    des musiciens et facteurs d'instruments dont

    son LivreCommode de 1692 renferme laliste,se borna dans un article supplmentaire le

    dsigner comme suit : Louis Hotteterre,

    prs Saint-Jacques de la Boucherie, pourtous les instruments vent

    ; ce

    qui veut

    dire qu'il en tait facteur et professeur tout

    la fois.

    Nous empruntons la Fdration artis-

    tique, du 14 aot 1892, la description d'un

    hautbois sign : L. Hotteterre, faite parM. le comte d'Adhmar, grand collection-

    neur et propritaire de cet instrument.

    Mon hautbois de Hotteterre est enbuis trs fin,

    teint l'eau forte, d'une jolie coloration brune;les montures, en ivoire sans saillies, sauf un trsmince filet la jointure avec le corps suivant, enfont un instrument aussi lger que gracieux dans sa

    simplicit. Il estmuni de deux clefs d'argent avec

    quelques traces de dorure, mais peu rgulirementdcoupes; elles sont rondes au-dessous des trous.La clef de mi bmol est patte arrondie, et celled'ut naturel double touche, formant connue un

    grand V, branches curvilignes panouies, entre

    lesquelles sort unepointe courte etaigu, enfaond'ornement

    Le corps du haut porte lamarque HOTTETERREavecun gros point surmontantle troisime T de ce nom, point qui suit la lettre L,

    place au-dessus du nom de Hotteterre, sur le se-

    cond corps :

    L.HOTTETERRE.

    Nous croyons devoir attribuer ce haut-

    bois Louis Ier, parce que la description des

    clefs qu'en fait son propritaire semble indi-

    quer un instrument du commencement du

    XVIIIe sicle. Il est peu probable aussi queLouis II, n'ayant pas quitt La Couture, ait

    eu l'ide de marquer sesinstruments comme

    les facteurs, parisiens en avaient l'habitude.

    Toujours en bonnes relations avec ses

    parents rests au pays, Louis y faisait des

    voyages de temps en temps, et son nom

    figure parfois sur les registres des localits

    environnantes; en 1694, par exemple, il

    fut parrain, Ivry-la-Bataille, de la fil le du

    procureur fiscal, et l'acte de baptme le

    qualifie d'Officier de sa Majest. En 1703,

    il fut tmoin, Boncourt, du mariage desa nice, Barbe Coricon, fille de sa soeur

    Anne Coricon, avec Jacques Deshayes, et,en 1705, il fut parrain, Serez, de Nicolas

    Chdeville, son petit-neveu, petit-fils de sa

    soeur. Mais il existe encore, La Couture

    mme, une preuve de ses sentiments reli-

    gieux d'abord et, ensuite, de l'attachement

    qu'il conserva toujours pour le pays, berceau

    de sa famille. Son frre Colin s'associa cet

    acte de pit, inspir, sans doute, par lesou-

    venir desjours heureux de leur enfance.

    Les deux frres firent cadeau l'glise de

    La Couture d'une chsse, qu'on y conserve

    encore, contenant les reliques de :

    Saint Claire (sic), patron de La Couture,de saint Dieu-Donn, saint Illumin, sainte

    Fortune, et une mchoire,presque entire, avec

    dix dents, de saint Vincent.

    bande ne se composait plus, sous Louis XIV, quedes dessus, hautes-contre, tailles dehautbois, et desbassons. Malgr la disparition de l'instrument decuivre et du cornet bouquin, lesartistes continu-rent, jusques assez avant dans le XVIIIe sicle, tre toujours dsigns, sur les registres de la Cour,comme l'taient leurs prdcesseurs, sousFranois IeretHenri II.

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    30 LOUIS Ier NICOLAS II, DIT COLIN

    On lit, de plus, ces deux inscriptions

    chaque bout du reliquaire :

    Cettechsse a tdonnepar Lovis et NicolasHotteterre frres, havtbois dv Roypovr avoir

    part avx prires desfidles. 1702.Ces Reliqves des S. S. ont estenvoyes de

    Romepar Nostre

    Saint Pre le PapeClment XI etpr-sentes Nostre

    Dame de la Newe,

    La Covtvre, par

    LovisHavtteterre,havtbois dv Roy,l'an 1702.

    Si vritable-

    ment JacquesHotteterre fit un voyage Rome la suite

    duquel on l'appela Hotteterre le Romain,

    on peut donc admettre, sans pour cela se

    hasarder beaucoup, que c'est lui qui rap-

    porta aux deux frres, sescousins, les reli-

    ques qu'ils offrirent pieusement l'glise

    de leur pays.Le 22 janvier 1714, Louis donna la

    survivance de sa place son neveu Pierre

    Chdeville (Arch. Nat. O.. 58), qui est portsur le registre de .

    la Cour desAides

    de 1720, comme

    lui ayant succ-

    d.

    C'est donc

    trs probable-ment par erreur

    que l'Etat de la

    France de 1722le fait encore fi-

    gurer comme titulaire de sacharge cette

    date.

    Louis Ier dut mourir en 1719 ou 1720,au plus tard.

    NICOLAS II, DIT COLIN

    La biographie de Colin marchant pourainsi dire paralllement avec celle de son

    frre Louis Ier, le lecteur devra consulter

    cette dernire, o nous avons forcment

    confondu certains faits concernant les deux

    frres, principalement ce don de reliques

    fait par eux l'glise de La Couture.Colin entra dans la musique du roi en

    1666 ou 1667, remplaant, comme il a djt dit, son oncle Martin, qui lui cda sa

    charge de Haute-contre de hautbois dans la

    bande des Grands Hautbois, lorsque lui-

    mme succda, comme Hautbois duPoitou, son pre Jean Ier. A partir de cemoment,

    on le voit ct des Hotteterre, faisant son

    service dans toutes les solennits qui sec-

    lbraient la Cour.

    Il tait aussi, en1672, hautbois des 1reet

    2ecompagnies des Mousquetaires du roi, en

    mme temps qu'Andr Philidor, Franois

    Plumet, Jean Du Clos, Germain Boutet etMarin Thiot dit La Croix. Ce fait nous est

    signal par M. Monval, qui l'a trouv dans

    un acte notari annulant une convention

    sans importance passe entre ces artistes.

    Colin habitait, en1692, la rue d'Orlans 1,

    1Ily avait alors deux rues d'Orlans : l'une ruedesQuatre-Fils, l'autre rue Saint-Honor.

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    NICOLAS II, DIT COLIN 31

    ety tournait fltes, flageolets, hautbois, bas-

    sons et musettes 1. Plus tard, en 1717, un

    reu de lui, que possde M. Mauger de LaCouture, nous apprend qu'il demeurait alors

    rue Jean-Pain-Mollet, paroisse de Saint-Jac-

    ques-la-Boucherie.Nous devons rappeler ici la flte bec

    marque d'une toile et du nom de Hotte-

    terre, surmont de la lettre N, de la collec-

    tion deM. Petit de Blois, sur la paternit de

    laquelle il y aincertitude et qui toutefois ne

    peut

    tre que de l'un des deux Nicolas.

    Quoique Travenol, dans son Histoire de

    l'Opra, cite un Hotteterre sans prnom

    parmi lessymphonistes del'Opra l'poquedeLully, on ne saurait affirmer qu'il en fut

    ainsi, attendu que les distributions donnes

    par cet auteur sont presque toujours copiessur celles des reprsentations la Cour et quele plus grand nombre des artistes, qui y fai-

    saient leur service comme musiciens du roi,

    ne jourent jamais l'Opra de Paris. Ce-pendant les Hotteterre taient nombreux,tous avaient du talent, et il n'y aurait rien

    d'impossible ce qu'il y en et parmi eux

    qui aient t attachs l'Opra du Palais-

    Royal, sinon mme celui de la rue deVau-

    girard. Ainsi, une poque plus rapproche,

    grce un manuscrit de Caraffe, conserv

    aux Archives de l'Opra, on voit qu'en

    1713, Nicolas Hotteterre, dit Colin, appar-tenait depuis quelques annes l'orchestre

    de l'Opra. Il faisait partie du grand choeur

    et touchait 400 livres d'appointement, plus

    400 livres de gratification. Ses deux petits-neveux, Pierre etEsprit-Philippe Chdeville,trs jeunes alors, faisaient galement partiedu mme orchestre.

    Colin Hotteterre resta Hautbois du roi

    jusqu'au jour de son dcs, arriv le 14 d-

    cembre 1727. Denis Martel leremplaa mo-

    mentanment, c'est--dire jusqu'au 4 jan-vier 1728, date laquelle Georges-MichelDaunates fut nomm la place du dfunt 1.

    Par testament olographe du 13 mai 1718,il avait institu lgataire universelle sanice,

    Anne Coricon, veuve de Pierre Chdeville

    pre. Il l'obligeait verser chaque anne

    l'glise de La Couture une somme devingt-

    quatre livres afin qu'il y ft dit desprires

    pour.son pre, sa mre et pour lui. L'acte

    de cette pieuse fondation donne penser

    que Colin Hotteterre laissait quelque for-

    tune, car on y voit que la lgataire avaitdonn hypothque sur tous les immeubles

    qui lui taient chus de la succession du

    sieur Nicolas Hotteterre . Cette rente de

    24 livres fut du reste exactement paye par

    les Chdeville de Serez jusqu' ce qu'elle ait

    t rachete par la famille, en 1836 ou 1840.

    Signature de Colin :

    1 Ce renseignement se trouve dans le Livre com-mode d'Abraham du Pradel. La note d'Ed. Fournierconcernant Colin, dans la nouvelle dition de ce

    livre, est passablement errone, comme la plusgrande partie de celles qu'il y a mises sur les musi-ciens. Il confond Colin, soit Nicolas II, avec Nico-las Ier, et, deplus, avecJean Ier.

    1 C'est parerreur que l'Etat de laFrance, de 1736,fait figurer Nicolas II Hotteterre au nombre desvtrans de la Chapelle, car les dates de sa mortet de sou remplacement ont t releves par noussur le registre mme du Secrtariat de la maisondu roi. (Arch. Nat. O1 72 et 73.)

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    32 JEAN III JEAN IV, DIT JEANNOT

    JEAN III

    Son brevet de musicien de la Cour ne

    laisse aucun doute sur son ascendance; il

    y est bien dsign comme tant le fils de

    Nicolas Ier et le neveu du frre decelui-ci,

    Jean II, aprs la mort duquel le roi lui ac-

    corda, le 15mars 1669, laplace de Basse de

    hautbois dans la bande des Grands Haut-

    bois. (Arch. Nat. O 1, 13.)Son service la Cour fut tout aussi actif

    que celui de sesparents, mais on ne le voit

    gure figurer dans les livrets des ballets et

    opras que comme basson ou fltiste.

    Jean III mourut jeune, soit en 1683, et

    fut remplac par son parent, Jean IV, dit

    Jeannot, ainsi que. le porte le registre du

    secrtariat de la maison du roi de cette

    anne, la date du 26 mai : Retenue de

    joueur de hautbois de la Grande Ecurie pour

    Jean Hotteterre la place de Jean Hotte-

    terre. CeJeannot qui, comme nous le ver-

    rons, faisait sa partie dans les reprsenta-tions thtrales de la Cour, ds 1676, avait

    sans doute dj lasurvivance deson cousin.

    Nicolas Ier,predeJean III, et Anne Mau-

    ger, sa mre, passrent un acte par devant

    Mc Franois Auvray, notaire du Bailliage et

    Vicomte d'Ezy, le 3juillet 1683, par lequelilsfaisaient plusieurs fondations pieuses pourleurs parents, et entre autres pour et l'in-

    tention de desfunt JeanHautteterre leurfils .

    BRANCHE COLLATERALE

    JEAN IV, DIT JEANNOT

    Jean IV appartient une autre branche

    de Hotteterre que celle dont faisaient partie

    les membres de cette famille que nous ve-nons de biographier. Il naquit La Cou-

    ture-Boussey, vers 1648, et tait fils de

    Louis Hotteterre et de Marie Mauger. Les

    actes o nous avons vu figurer son pre ne

    mentionnent passa profession, demme qu'ilne s'y trouve rien pouvant nous difier sur.

    sa parent avec Jean Ier. Etaient-ils frres

    ou seulement cousins ?Dans, tous les cas,Louis resta au pays, et ce n'est qu'aprs sa

    mort, arrive un peu avant 1671, que sonfils Jean dut venir Paris.

    Le nom decelui-ci, eneffet, ne nous appa-rat pour la premire fois qu' la reprsenta-tion d'Atys, faite devant la Cour, Saint-

    Germain, le 10 janvier 1676. Il y figure en

    Zphir, jouant du hautbois dans la Gloire,

    ct de sesparents Louis, Colin, Jean III

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    1722

    P. Dulin del. N. H. Tardieu, sc.

    LES DOUZE GRANDS HAUTBOIS DU ROI

    AU SACRE DE LOUIS XV

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    JEAN IV, DITJEANNOT

    et Nicolas IerHotteterre, et dePlumet, tan-

    dis que les Philidor, l'an et le cadet,

    jouaient du cromorne. Dans deux autres

    scnes, du mme opra, il se trouvait trans-

    form en Songe, puis en Dieu desFleuves,mais il avait remplac le hautbois par la

    flte, comme l'avaient fait les musiciens

    que nous venons de nommer et auxquelss'taient joints les fltistes de talent : Phil-

    bert, Descteaux et Piesche.

    Dans Isis, reprsente aussi Saint-Ger-

    main pendant le carnaval de 1677, on voit

    que les quatre satyres, jouons de laflte,taient Louis, Jean, Nicolas etJeannot Hot-

    teterre. L'excution symphonique de ce

    nouvel opra deLully fut remarque et m-

    rita cet loge du Mercure Galant :

    Le grand nombre d'instrumens touchez par les

    meilleurs maistres de France, a fait t rouver des

    beautez dans la symphonie de cet opra, et il est

    impossible que tant d'instrumens entre les mains de

    tant d'excellens hommes ne produisent pas toujours

    del'effet.

    Jeannot, qu'on appela seulement ainsi

    dans sa jeunesse, participa, c'est certain,

    l'excution de toutes les solennits musi-

    calesqui avaient lieu laCour, car il devint

    titulaire, le 26 mai 1683, dela placede Basse

    de hautbois du roi, devenue vacante par la

    mort de son parent, Jean III, dont il avait,sansdoute, la survivance. Il conserva cette

    place toute savie, et comme ce n'est qu'en

    1723 qu'il se choisit un survivancier, on

    peut tre srque lors du sacre de Louis XV,le 26 octobre 1722, il se trouvait parmi les

    douze Grands Hautbois du roi, qui excu-

    trent certains morceaux officiels pendantla crmonie. Il jouait du basson ct de

    ses cousins :Jacques, dit leRomain, basson

    lui aussi, Nicolas II, dit Colin, et Pierre

    Chdeville, les seuls membres de lafamille

    faisant alors partie

    de lamusique royale

    et

    figure avec eux dans le groupe des haut-

    bostes que nous reproduisons ci-contre

    d'aprs la gravure du temps.En dehors de son service chez le roi et

    des leons donner seslves, JeanIV

    s'adonnait la confection des instruments

    et s'tait tabli comme sesparents, Louis Ier

    et Colin. Il demeurait rue des Fosss-Saint-

    Germain; c'est du moins l que le Livre

    Commode d'Abraham du Pradel donne sonadresse,en1692, parmi les Matres pour lejeuetpour lafabrique desinstruments vent,fltes,

    flageolets, hautbois, bassonsetmusettes,etc.

    On ne sait quelle poque il quitta son

    tablissement, mais il continua toujours,

    quoique trsget retir dans unpetit appar-

    tement, tourner fltes et hautbois jusqu'son dernier jour.

    Il passa la survivance de sa charge la

    Cour, en 1723, son jeune cousin Esprit-Philippe Chdeville, qui toutefois prfrasuccder directement son frre Pierre quivenait demourir, et sedmit, avec le con-

    sentement du vieux titulaire, de cette sur-

    vivance, le Ier novembre 1725, en faveur

    de son autre frre Nicolas Chdeville.

    Jean IV tait religieux, et on en a lapreuve

    par les tableaux etles livres desaintet qui,nous leverrons, se trouvaient chez lui lors

    de samort; aussi, quoique nous n'ayons pasde renseignements positifs l'gard de cer-

    taines donations faites l'glise de La Cou-

    ture et la confrrie de la Charit de cette

    paroisse, comme aux dates probables o

    cesactespieux s'accomplirent, il est le seul

    des Hotteterre de Paris, du nom de Jean,existant alors, auquel on puisse les attri-

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    JEAN IV, DITJEANNOT 35

    buer avec le plus de vraisemblance, nous

    croyons devoir lui enfaire honneur. Voici,

    du reste, la seule mention qui subsiste dufait, releve par M. Mauger sur les livres

    de la confrrie de la Charit.

    Jean Hautteterre, aussi hautbois du Roy, n et

    baptis audit lieu (de La Couture), demeurant aussi

    Paris, a donn dix l ivres de rente et un callice

    qui est encore ladite Charit, o est inscrit le

    nom et la donation sous la patte dudit callice, et un

    Ciboire et le Soleil del'glise.

    Ces pices d'orfvrerie religieuse, qu'ilet t intressant de retrouver, semblent

    ne plus exister. Cependant l'glise de La

    Couture possde toujours un ostensoir qui

    parat assez ancien et qui pourrait tre le

    Soleil que notre artiste envoya de Paris

    l'glise o il avait reu le baptme et fait

    sapremire communion. Les reliques don-

    nespar Louis et Nicolas ne seraient donc

    paslesseuls tmoignages existant encore,que les Hotteterre auraient laisss de leur

    pit et de leur attachement aupaysnatal!

    Le matin du mercredi 20 fvrier 1732,

    Jacques Hotteterre le Romain, Esprit-Phi-

    lippe Chdeville et son frre Nicolas, tous

    les trois Hautbois deSa Majest, seprsen-trent chezle lieutenant-civil et lui remon-

    trrent que leur cousin JeanHotteterre, g

    de quatre-vingt-quatre ans, et demeurantrue de laHarpe, la Tour-d'Argent, avait

    disparu depuis le lundi soir; aucun de ses

    voisins ne l'avait vu et saporte restait fer-

    me quoique on y et frapp violemment

    et maintes reprises. Le commissaire Le

    Vie fut dsign pour les accompagner, et

    quand on eut fait sauter la serrure, on

    trouva dans un petit cabinet attenant une

    grande chambre du second tage,le cadavre

    du vieux musicien, tendu dans son lit,

    couvert de sa couverture et de ses habits. Il tait mort d'apoplexie, car le corps ne

    portait ny playes, ny blessures , ainsi

    que le constata le chirurgien Bernard Sor-

    bet. On procda le mme jour l'inhuma-

    tion; le reu duservice, qui se fit Saint-

    Sverin et cota 59livres 4 sols, est sign

    par l'abb Padeloup, prtre sacristain de

    cette glise, avec la date du 20 fvrier 1.Nous avonssous les yeuxle procs-verbal

    de l'apposition des scells et nous en ex-

    trayons ce rsum succinct, offrant, croyons-

    nous, quelque intrt, puisqu'il nous trans-

    porte dans l'intrieur d'un Hautbois du roi,il y acent soixante ans.

    Les meubles se composaient d'une table en bois

    de sapin, une petite table ployante de mme bois,

    pelle, pincettes, deux chenets garnis de pommes de

    cuivre, deux autres chenets de fer, quatre chande-

    liers de cuivre jaune, cinq chaises couvertes deserge

    verte, la tapisserie de lachambre de vieille Bellegame

    (pour Bergame, croyons-nous), un paravent de

    quatre feuilles garni de drap vert, une tablette

    vaisselle en bois de sapin portant de la vaisselle

    d'argent et d'tain (sans dtail), un lit bas piliers

    garni, le tour du dit lit, de serge verte, un rideau

    de serge verte. Un miroir d'une glace dans sa bor-

    dure de bois de noyer noirci.

    Le vestiaire ne comprenait qu'un habit de haut-

    bois vieux, garni d'argent; un vieux manteau de

    bouracan; deux chapeaux bords

    d'argent; deux

    vieilles perruques et une pe poigne decuivre.

    Comme objets divers, on nonait : un tour garni

    de sa poupe pointes et un arbre de fer ; cent

    pices, qui sont outils servant au tour; un tabli de

    bois dechne ; un tau de fer ; une musette d'ivoire

    1 Cet abb, Claude-Philippe Padeloup, tait filsde Philippe Ier, relieur, et, par consquent, cousin

    germain d'Antoine-Michel Padeloup, le plus clbredes relieurs de ce nom.

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    36 JEAN IV, DIT JEANNOT JEAN V

    et son bourdon d'bne; plusieurs vieilles fltes. Huit

    tableaux, dont deux petits reprsentant notre Sei-

    gneur et la Vierge ; le portrait du dfunt, danssabor-

    dure de boissculptet dor. Vingt volumes, dont UneImitation, un vangile et autres livres de dvotion.

    Un coffre-bahut, scell, sans avoir t ouvert.

    Enfin, plusieurs sommes formant un total de

    1633 livres. (Arch. Nat. Y 11047 328.)

    On ne peut gure regretter dans toute

    cette triste dfroque que la musette, les

    fltes, peut-tre la tapisserie de Bellegame,mais surtout le portrait du pauvre vieil

    artiste.

    Ce tableau devait reprsenter le dfuntdans son costume de musicien de la Cour et

    aurait fait un intressant pendant auportraitde Jacques. Si on l'et retrouv, M. Mauger,

    passionn pour tout ce qui touche l'histoire

    de son pays, ainsi qu'il l'a prouv en nous

    aidant si patiemment dans nos recherches,aurait certainement russi s'en procurerune copie, dfaut de l'original, pour en

    orner le Muse instrumental deLa Couture.

    Jean IV Hotteterre avait pour hritiers

    directs les enfants de son frre Louis, c'est-

    -dire son neveu Philippe IHotteterre, tour-

    neur La Couture, et ses nices Catherine,femme Angibaut, demeurant Rouvres,

    prs d'Anet, et Marguerite, veuve Jacques

    Chevard de La Couture. Cette derniredonna saprocuration Esprit-Philippe Ch-

    deville, tandis que les deux autres hritiers

    firent levoyage de Paris.

    LES FILS DE MARTIN

    JEAN V

    Son pre, Martin Hotteterre, lui assura

    sa place de Hautbois et Musette du Poitou,

    par un brevet desurvivance que le roi signa Marly, le 17 mai 1699. Jean ne devint

    titulaire de cette place qu'aprs la mort de

    son pre, survenue, nous l'avons dit, en

    1712; mais il ne la remplit que quelques

    annes, puisqu'il mourut en fvrier 1720.Son dcs est consign dans le brevet de

    son successeur, Jacques-Simon Mangot,dont une parente, sinon mme la fille,

    pousa Rameau, six ansplus tard 1.

    Jean V jouait particulirement bien de la

    musette et composait pour cet instrument.

    Aprs samort, son frre Jacques publia fra-

    ternellement l'une de sesoeuvres qui forme

    elle seule tout un pome : La Nopce

    champtreou l'Hymne pastorale, sorte d'idyllesans paroles, mais non toutefois sans pro-

    gramme explicatif. La tendre musette avaiten effet interprter les diffrentes scnes

    que voici : l'Appel pour rassembler latroupe

    (c'est--dire les invits ); Marche pour la

    nopce champtre ; Sarabande de l'hymen ;

    1 Madame Rameau, Marie-Louise, fille de JacquesMangot, s'tait marie, ge de dix-huit ans, le 25fvrier 1726. Le mari, qui n'avait pas moins de

    quarante-trois ans, et son beau-pre, se qualifirenttous lesdeux, dans cet acte de mariage, de Bour-geois de Paris.

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    JEAN V _ JACQUES, DIT LE ROMAIN 37

    Marche de retour; Les compliments; Ou-

    verture, le Festin; Airs divers de danses;

    Le rveil-matin.

    Notre musettiste, en baptisant ainsi ses

    morceaux, suivait videmment l'exemplede Couperin, qui donnait ses pices de

    clavecin des titres plus ou moins descrip-tifs et que ses successeurs, clavecinistes ou

    pianistes, devaient tant exagrer en les imi-

    tant plus tard.

    Le titre de l'oeuvre qui renfermait cette

    nave composition tait celui-ci :

    Pices pour la Musette, quipeuvent aussi sejouer surla Flte, sur le Hautbois, etc., par M. Jean Hotte-

    terre, hautbois et musette du Roy. OEuvre posthume,mise au jour par M. Hotteterre le Romain, sonfrre.

    Plus une Pice par accords pour la musette deux cha-

    lumeaux, par M. Hotteterre le Romain En outre, la

    Guerre, pice de muzette et autres instruments, la-

    quelle n'a point t imprime jusqu' prsent A

    Paris, chez M. Hotteterre, rue Dauphine, au coin dela rue Contrescarpe. Paris, grand in-8, oblong.

    JACQUES, DIT LE ROMAIN

    Jacques est, avec son pre Martin, celui

    qui a le plus fait pour i llustrer le nom des

    Hotteterre. Et cependant, jusqu' prsent,sa mmoire n'en a rcolt aucun bnfice ;on n'a mme pas mentionn son nom et on

    l'a priv des loges que ses oeuvres de-vaient lui mriter, pour en faire honneur

    un de ses parents n'y ayant aucun droit.

    Cel