les freins et les motivations à la création d'entreprise · Au-delà de la maîtrise d’un...

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Les freins et les motivations à la création d’entreprise Rapport d’étude qualitative Mai 2003 Ministère de l’Economie et des Finances, Secrétariat d’Etat aux PME, au Commerce, à l’Artisanat, aux Professions libérales et à la Consommation Contacts TNS Sofres : Brice TEINTURIER / Fabienne SIMON Département Politique et Opinion 01-40-92-47-70 / 47 18 e- mail: fabienne.simon @ tns-sofres.com FS / PTB – N° de contrat 70 DG 34

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1 Les freins et les motivations à la création d’entreprise

12 mai 2003

Les freins et lesmotivations à la

création d’entreprise

Rapport d’étude qualitative

Mai 2003

Ministère de l’Economie et des Finances, Secrétariatd’Etat aux PME, au Commerce, à l’Artisanat, auxProfessions libérales et à la Consommation

Contacts TNS Sofres : Brice TEINTURIER /Fabienne SIMONDépartement Politique et Opinion

01-40-92-47-70 / 47 18e- mail: [email protected] / PTB – N° de contrat 70 DG 34

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Sommaire

NOTE TECHNIQUE…………………………………………………………………………...…..06

Perceptions et représentations des entreprises en France aujourd’hui ………....08

1.1 Des perceptions spontanées ambivalentes de l’entreprise …………….…...09

1.2 Des attentes émergentes vis-à-vis de l’entreprise………… …………….……18

1.3 Typologie des entreprises en France aujourd’hui………….………….……...25

Perceptions et représentations associées à la création d’entreprise enFrance ajourd’hui………………………………………………………………. …….…...28

2.1 En spontané, des représentations très positives relatives à la créationd’entreprise et à l’image de l’entrepreneur………………….………………....29

2.2 Sur relance, des leviers et des freins nombreux…………. ………………….44

2.3 Les étapes qui constituent la création d’entreprises sont mal connues …69

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Sommaire (suite)

2.4 Les éléments déclencheurs de la prise de décision sont multipleset dépendent du contexte dans lequel se trouve le futur créateur……… .81

2.5 A tous les stades, les principales sources d’informations connueset utilisées sont …………………………………………………………..……… .82

2.6 Au final, cinq grands types de besoins apparaissent……………..…… … .83

Réactions au projet de loi testé ………………………………………………..…….....87

3.1 Des réactions globalement positives ………………………………..………. ..88

3.2 De réactions aux articles qui varient selon le niveau decompréhension et l’intérêt perçu………………………………………………. .92

Réactions aux axes de communication testés et au personnage de“Charlie Bosseur” ……………… ………………………………………………..……...140

4.1 Créer son entreprise aujourd’hui, c’est simple ……………………..….……141

4.2 Créer son entreprise, c’est naturel …………………..….…………………..…144

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Sommaire (suite)

4.3 Créer son entreprise, c’est possible pour vous……..…..…………….…..…147

4.4 Créer son entreprise, ça apporte des satisfactions, on se fait………….…149

4.5 La création d’entreprise est un moyen de réussite à la portéede tous …………………………………………………………………………….…151

4.6 Les chefs d’entreprise sont des modèles de réussite………..………….….154

4.7 Les chefs d’entreprise sont des héros des temps modernes…………..…154

4.8 Le moteur principal pour créer son entreprise c’est l’aspirationà la liberté et l’indépendance…………………………………………………..…156

4.9 Le moteur principal pour créer son entreprise c’est l’aspirationà la réussite sociale………………………………………………….………….…158

4.10 C’est en général des entreprises qu’on fait reculer le chômage…..……..160

4.11 Perception du personnage de Charlie Bosseur……………………....…...…163

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Sommaire (suite)

Les attentes en termes de communication et d’émetteurs……………….. …....167

Principaux enseignements et recommandation……………………………… …..171

6.1 Récapitulatif des principaux enseignements auprès de chacundes publics interrogé………………… ………………………………..…… . .172

6.2 Conclusions et recommandations……………………………………… .… .184

LA COMMUNICATION……………… ……………………………………………….. …....192

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FICHE TECHNIQUE

Étude réalisée pour : le Ministère de l’Économie et des Finances, Secrétariat d’État auxPME, au Commerce, à l’Artisanat, aux Professions libérales et à la Consommation.

Méthodologie : qualitative par réunions de groupe de 4 heures chacune et entretiensindividuels en face à face d’1h30 chacun.

4 réunions de groupe, composées comme suit :

Groupe 1 : « jeunes / métiers techniques » : 10 jeunes, hommes et femmes, âgés de 18 à 26 ans, de CSPmoyenne / basse, actuellement non salariés ou en tous cas pas en CDI, en fin de cursus de lycée techniqueet professionnel ou en apprentissage ou ayant achevé ces formations et sans emploi, plutôt désireux decréer leur propre entreprise, à Paris.

Groupe 2 : « jeunes / métiers tertiaires » : 10 jeunes, hommes et femmes, âgés de 20 à 26 ans, de CSPmoyenne, actuellement en fin de cursus de cycles courts de l’enseignement supérieur (BTS, IUT, DUT…)dans des métiers les destinant à des fonctions de type commerce, gestion, comptabilité, plutôt désireux decréer leur propre entreprise, à Paris.

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FICHE TECHNIQUE (suite)

Groupe 3 : salariés « cols bleus » : 10 hommes et femmes, âgés de 30 à 45 ans, actuellement salariés,exerçant une profession artisanale (garagiste, plombier, coiffeur, …etc.), plutôt désireux de créer leur propreentreprise, à Dijon.

Groupe 4 : salariés « cols blancs » : 10 hommes et femmes, âgés de 30 à 45 ans, actuellement salariés,exerçant une profession, de niveau de formation bac +2 à bac +4, plutôt désireux de créer leur propreentreprise, à Dijon.

16 entretiens individuels, structurés de la manière suivante :

6 entretiens auprès de personnes ayant créé leur entreprise depuis moins de 2 ans, dont :

3 de profil identique au Groupe 3 (« cols bleus »), à Lille

et 3 de profil identique au Groupe 4 (« cols blancs »), à Paris / région parisienne.

4 entretiens auprès de prescripteurs – relais des jeunes (CIDJ, ANPE…), à Paris / région parisienne.

6 entretiens auprès de chômeurs souhaitant créer leur entreprise, dont :

3 à Lille

3 à Paris / région parisienne.

L’ensemble des réunions de groupe et des entretiens individuels se sont déroulés du14 au 18 avril 2003.

1 – PERCEPTIONS ET REPRESENTATIONS DESENTREPRISES EN FRANCE AUJOURD’HUI

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1.1. DES PERCEPTIONS SPONTANÉES AMBIVALENTES DE L’ENTREPRISE

Pour toutes les cibles interrogées, l’entreprise en France s’inscrit dans un univers dereprésentations ambivalentes.

Pour l’ensemble des cibles, l’entreprise est à la fois un objet d’attraction et de rejet.

Si la valeur même de l’entreprise n’est pas fondamentalement remise en cause, celle-ci n’apparaîtpas pleinement satisfaisante. C’est justement cette insatisfaction qui pousse dans la plupart des casl’individu à créer sa propre entreprise.

Au-delà des perceptions recueillies en transversal, on note des appréciations nuancées en fonctiondu statut des participants interrogés.

Les salariés col bleu montrent plus de difficultés à approcher l’entreprise sur un mode distancié etdans une approche purement économique. Leur discours reste avant tout auto-centré, et de ce faitl’entreprise est le plus souvent confondu avec l’emploi.

L’approche des cibles jeunes ou chômeurs rend compte d’une approche moins valorisée de l’entreprise etsouligne leur difficulté à pénétrer le monde de l’entreprise. Leur vision est dominée par le sentiment deprécarité (licenciement, dépôts de bilan, les affaires) et reste essentiellement nourrie par l’image des grandesmultinationales.

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L’ensembles des participants associe à l’entreprise de nombreuses représentationspositives et valorisées

Au niveau de la collectivité, l’entreprise apparaît dans les représentations comme un lieu deproduction et de profit nécessitant la maîtrise d’une multitude de savoir-faire :

Au-delà de la maîtrise d’un savoir faire productif, perçu comme le fondement même del’entreprise, l’entreprise suppose pour tous, une maîtrise de compétences larges.

“Rigueur” (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)“Savoir-faire” (cité dans tous les groupes)“Produire, fabriquer” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)“Le profit” (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

La maîtrise du temps : la planification“Agenda” (Groupe de salariés cols bleus, Dijon) “Organisation” (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

La maîtrise de l’argent : la gestion“Gestion, calculer ” (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)“Rentabilité” (Groupe de salariés cols blancs, Dijon) “Prix de revient, bénéfices” (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

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La maîtrise des clients : le commercial

“Vendre” (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)“Client” (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)“Un marché” (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)

Cette maîtrise doit permettre à l’entreprise d’être performante sur son marché, cette performance cemesurant à sa rentabilité

“Compétitif” (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris) “Performant” (Groupe de salariés cols bleus, Dijon) “Rentabilité” (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)

À l’échelle du pays, elle est perçue comme le moteur de l’économie et représente le dynamismede l’économie française.

“C’est un moteur, aller de l’avant” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)“Une locomotive, une voiture ” (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)“Développement, indispensable à l’économie” (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

Pour les salariés, elle reste aussi une figure de l’innovation“L’innovation, nouvelles idées” (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)

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Au niveau de l’individu, elle s’inscrit pour tous dans une dynamique d’ouverture sur le mondeet d’intégration sociale.

Elle est ainsi perçue comme :

− Un vecteur d’intégration sociale : l’entreprise permet à l’individu de s’intégrer dans la société.Elle signe l’appartenance à un groupe social (les actifs représentent les personnes «insérées»).

“Gagner sa vie” (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)

− Elle permet à l’individu de gagner sa vie. De ce fait, elle est perçue comme un vecteurd’indépendance et de liberté. C’est un élément particulièrement souligné par les cibles mêmesi elles soulignent leurs difficultés à intégrer cet univers.

“Liberté” (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)“L’indépendance” (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)“Destination finale” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

− Un mode de socialisation : elle structure la vie des gens, ponctue le temps, notamment letemps social.

“C’est un fil conducteur, un cadre ” (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)“Les vacances” (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)“Les 35 heures” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

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− Elle favorise les échanges sociaux, tisse des liens et reste une source importante de contactssociaux.

“Contact humain” (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)“Avoir des relations avec les autres, participer ” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)“Les collègues de travail” (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)“Communiquer ” (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

Dès lors, elle permet :

− L’accès à l’ascension sociale : l’entreprise française permet non seulement l’acquisition desavoir-faire, en particulier par la formation qu’elle propose, mais encore, elle est vue comme lemoyen d’ascension sociale, plus particulièrement au niveau de la cible des salariés.

“La formation, l’ascension sociale ” (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)“Formation” (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)“Progresser, apprendre ” (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)“Formation interne” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

− L’épanouissement personnel : l’entreprise, au-delà de sa fonction purement économique, estvue pour la plupart comme un moyen d’épanouissement de soi, une dimension plusparticulièrement soulignée par la cible des salariés.

“Se réaliser” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)“S’enrichir, bien-être, développement” (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)

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− En tant que figure de pouvoir et de puissance, son statut implique une relation de protection dusalarié qui se dessine à travers les avantages sociaux (les 35 heures ; les congés payés ; laprotection sociale ; la retraite ; la formation).

“Lion” (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

“Avoir le pouvoir, félin ” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

“Aigle” (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)

“Riche, or, l’argent” (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)

“Conditions de travail, la couverture maladie ” (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)

“Protection sociale” (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)

“Retraite” (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

“Les RTT, les 35 heures” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

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Malgré ces représentations positives de l’entreprise, se superposent desreprésentations beaucoup plus négatives et dévalorisées.

Si, par certains de ses aspects, l’entreprise française s’inscrit dans une dynamique d’ouverture, pard’autres, elle évoque aussi une situation de blocage et s’inscrit plus volontiers dans une logiquede fermeture et de lourdeur.

Sont ainsi évoquées :

− La fermeture : c’est un univers fermé, peu mobile, voire inaccessible à certains, en particulieraux yeux des cibles jeunes :

“Cadenas, boîte » (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)“Stagnation” (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)“Le placard, pas accessible ” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)“Les barrières, l’immobilisme” (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

- Elle est perçue comme un lieu de contraintes et de frustrations.

“Loin de la liberté” (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)“Surveillé” (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)“Frustrations” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

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− La complexité : elle renvoie à une image de complexité, de difficulté, notamment liée à la complexité administrative et aux changements incessants dans la législation qui la régit.

“Le labyrinthe, la traversée du désert ” (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)“Difficile” (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)“Compliqué” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

− La rigidité : même si sur le principe elle peut permettre l’intégration sociale, la rigidité structurelledes entreprises françaises tendrait ensuite à bloquer toute ascension sociale de l’individu.

“Le cloisonnement” (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)“Rigide” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)“Promotion impossible” (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

− La fragilité : par ailleurs, l’entreprise française reste associée pour l’ensemble des cibles et plusencore pour les cibles jeunes, aux images de précarité, d’exclusion et de fragilité : chômage,plan social, faillite, etc.

“Chômage, grèves”( Groupe de salariés cols blancs, Dijon)“Licenciement” (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)“La faillite, des incertitudes, bilan social, fusion, chômage ” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires,Paris)

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− La lourdeur : elle reste la figure même de la lourdeur de l’imposition et des contraintes de l’administration française.

“Les taxes” (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)“L’administratif” (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)“Charges, impôts” (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)“Bureaucratie” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

− Le manque de compétitivité, lié à l’importance des charges, des taxes et du coût de la maind’œuvre jugé plus élevé en France qu’ailleurs

“Tout est plus cher pour créer son entreprise” (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)“En France, on n’est pas aidé pour créer son entreprise vu les coûts de main d’œuvre”(Groupe de salariés cols blancs, Dijon)

− Par ailleurs, en tant qu’instance de pouvoir, l’entreprise peut être perçue comme un lieuagressant pour l’individu où règne le non-respect…

“Stress, harcèlement, des requins” (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)“C’est comme une plante carnivore” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

- …ce qui active de fait une mise à distance.

“Chardon, risque ” (Groupe de salariés cols blancs, Dijon) “Orties, adrénaline, la peur ” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)“C’est comme un cactus” (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)“Repoussoir” (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

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1.2. DES ATTENTES ÉMERGENTES VIS-À-VIS DE L’ENTREPRISE

L’analyse des représentations associées à l’entreprise « idéale » d’une part, et à l’entreprise« catastrophe » de l’autre, permet d’éclairer les attentes à l’égard de l’entreprise aujourd’hui.

L’entreprise « idéale » est vue avant tout comme un lieu d’épanouissement tantprofessionnel que personnel.

- L’image même de l’entreprise dans laquelle on est satisfait de travailler montre l’importance del’investissement de la cible dans son travail.

Au-delà même de la maîtrise du métier et d’une bonne organisation, perçues comme des élémentsincontournables, l’épanouissement personnel dans son travail apparaît en effet comme un élémentparticulièrement important au sein même de l’entreprise.

“Ça roule sans problème” (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)“Bonne organisation” (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)“Bonne organisation des services” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

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Cet épanouissement professionnel sous-entend :

− Une structure d’entreprise à taille humaine : a priori plutôt petite ou moyenne.“Entreprise humaine” (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)“Petite ou moyenne entreprise” (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)

− Un travail intéressant, pour lequel on a des affinités et que l’aime réaliser.“L’intérêt même du travail, qu’il soit intéressant, le résultat de la passion” (Groupe de jeunes, métierstertiaires, Paris)“Qu’on réalise ce que l’on aime” (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)“Faire ce que l’on aime faire” (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)“On y aime ce qu’on fait” (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

− La reconnaissance « à sa juste valeur » des compétences de chacun, dont le salaire, reste,un des éléments clés.

“On reconnaît nos capacités” (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)

− La mise à disposition d’outils de production modernes et adaptés.“Outils modernes” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)“Equipée pour la production” (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

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− La possibilité d’évoluer professionnellement au sein de la même entité.

“Possibilité d’évoluer dans son emploi” (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)“Evolution possible dans l’entreprise” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

− Des relations inter-individuelles plaisantes et fondées sont les notions de respect, dereconnaissance et où la hiérarchie reste peu marquée.

“On s’entoure de gens avec lesquels on aime travailler” (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)“Proche des gens, on s’y plait, ambiance familiale, c’est vivant, en confiance, respectueux,ouverte sur l’extérieur, bonne ambiance, cool, tutoiement” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires,Paris)“A l’écoute, bonne entente” (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)

À noter, des attentes spécifiques aux jeunes : l’image même de la bonne entreprise est

− celle de l’entreprise qui embauche des jeunes avec un contrat à durée non déterminée.“Accessible” (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)“CDI” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

− l’entreprise géographiquement proche de son domicile.“Proche de chez nous” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

− l’entreprise offrant des horaires flexibles.“Souplesse dans les horaires de travail” (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)“Horaires flexibles” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

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A l’inverse, l’entreprise «catastrophe» est l’entreprise qui « instrumentalise » etasservit son personnel

− Le manque de reconnaissance tant sociale et individuelle que professionnelle est en effet aucœur des représentations de l’entreprise catastrophe.

“On est un numéro, non-reconnaissance de l’autre” (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)“L’employé n’est pas reconnu, c’est un pion” (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)“Pas considéré” (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)“Pas reconnaissant, on se sent inutile, nul” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

Ceci va de pair avec :

− Un salaire peu élevé et sans perspective d’évolution.

“Pas augmentation de salaire” (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)“Bas salaire” (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)“Pas payé” (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)“On ne peut pas évoluer” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

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− Le manque d’intérêt dans le travail : on ne se considère pas comme un acteur à cause de laprédominance de tâches répétitives et de l’absence d’initiatives, à l’exemple du travail à lachaîne.

“Un boulot ennuyeux, le travail à la chaîne ” (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)“Routine” (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)“Inintéressant” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)“L’usine, toujours faire le même travail ” (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

− Un cadre de travail peu plaisant, en particulier pour les cols blancs :

“En zone industrielle, pollué” (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)“Locaux sombres, bruits, pas de lumière” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

− Une hiérarchie rigide et autoritaire :

“Plein de petits chefs qui jappent, plein de cons, ambiance malsaine ” (Groupe de salariés colsbleus, Dijon)”Odieux, ambiance tendue, électrique” (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)“Patron exigeant, toujours derrière à râler, on se sent oppressé” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris),“Supérieur tatillon toujours sur le dos, un travail qui ne correspond pas à l’individu” (Groupe dejeunes, métiers techniques, Paris)

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Pour parvenir à combler ces attentes et éviter au maximum l’instrumentalisation redoutée, onattend que l’entreprise offre un cadre alliant bonne santé économique et politique deressources humaine avancée.

On insiste dès lors surtout sur les points suivants :

− Une entreprise dynamique, en pleine expansion et en bonne santé financière qui :

embauche du personnel qualifié ;

innove, développe de nouveaux produits ;

investit ;

exporte.

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− Une politique des ressources humaines active, mettant en avant.

l’importance de la formation ;

une politique salariale efficace (agissant comme un outil de reconnaissance) ;

une évolution des carrières adoptée et en tout cas possible ;

des embauches nombreuses et une stabilité de l’emploi (cible des jeunes).

− Une flexibilité accrue, se manifestant par.

une plus grande réactivité ;

moins de rigidité administrative ;

des charges moins importantes.

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1.3. TYPOLOGIE DES ENTREPRISES EN FRANCE AUJOURD’HUI

La structuration de l’univers des entreprises s’appuie essentiellement sur la taille del’entreprise et rend compte du sentiment de fragilité de petites entreprises.

Deux grands éléments structurent l’univers des entreprises françaises aujourd’hui :

− la taille des entreprises− le découpage entre le secteur privé et le secteur public

De ces éléments découlent trois grands types d’entreprises :

− les petites et moyennes entreprises qui constituent l’essentiel du tissu économique mais quin’apparaissent pas toujours très valorisées ; c'est l’univers :

- du quotidien ;- de la proximité, de la convivialité ;- de la dimension humaine ;- de la qualité ;- de la production.

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− Mais des entreprises souvent fragilisées.

− peu valorisées,− fortement concurrencées par les grosses entreprises,

“Mal aimée” (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris) “Mise à l’écart” (Groupe de salariés cols bleus, Dijon) “Passe à la fin et ramasse les miettes” (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)

− dans lesquelles la charge et les conditions de travail sont plus difficiles pour l’individu.

− Les grosses entreprises privées, vues le plus généralement comme des multinationales oùdominent.

− la puissance ;− la richesse ;− la finance ;− l’irrespect et la volonté de domination.

− La grosse entreprise publique ou l’ administration, qui concentrent les atouts pour lesalarié, avec.

− la sécurité ;− les avantages, la protection ;− le confort ;− la souplesse des horaires ;− une charge de travail réduite.

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Selon les cibles, l’univers ainsi représenté fait naître :

− Des relations de complémentarité entre petites et grosses entreprises (plutôt pour les cibles«cols bleus»)

“Indispensables” (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)“Nécessaires, complémentaires” (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)

− À l’inverse, pour les autres cibles, des relations de concurrence où les petites et moyennes entreprises ont parfois du mal à tirer leur épingle du jeu.

“Victime des autres, aimerait manger les petites ” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)“Ils veulent la bouffer, n’a pas la parole, relations conflictuelles” (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)

Le sentiment de fragilité de la petite entreprise très présent dans les représentationsparticipe grandement à la “dramatisation” d’enjeux liés à la création de sa propreentreprise.

2 – PERCEPTIONS ET REPRÉSENTATIONSASSOCIÉES À LA CRÉATION D’ENTREPRISES EN

FRANCE AUJOURD’HUI

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2.1. EN SPONTANÉ, DES REPRÉSENTATIONS TRÈS POSITIVES RELATIVES À LA CRÉATION D’ENTREPRISE ET À L’IMAGE DE L’ENTREPRENEUR

La création d’entreprise jouit après de l’ensemble des cibles d’une imagearticulièrement valorisée, et ce d’autant plus que les cibles interrogées étaient toutesimpliquées plus ou moins ouvertement dans une telle démarche.

La création d’entreprise est perçue auprès de l’ensemble des cibles comme particulièrement attractive etest vue comme un élément de stimulation.

“Passion, bonheur, excitation » (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)“Motivant, passion” (Groupe de salariés cols blancs, Dijon),“Intéressant, attractif ”“Attirant ” (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

En tout premier lieu, la création d’entreprise représente aux yeux de tous une densification de sarelation au monde du travail, en ce qu’elle :

− Constitue un acte de foi porté par une volonté tenace.

“Courage, volonté” (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)“Avoir le foi, optimiste” (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)“Détermination” (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)“Espoir ” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

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− Suppose des qualités de dynamisme et de combativité.

“ Dynamique, actif, combatif, une guerre” (Groupe de salariés cols bleus, Dijon) “ Pas passif” (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris) “ Aller de l’avant, compétition, c’est comme les Jeux Olympiques, plusieurs batailles” (Groupe de salariéscols blancs, Dijon) “ Se battre” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

− Représente un investissement professionnel majeur.

“Beaucoup de travail, monacal” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)“Choix de vie, s’investir totalement dans le professionnel, poids, moins de temps libre, très pris, moins devacances” (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)“Pas d’amateurisme, surchargé, bousculé, journées de travail plus longues, plus fatigué” (Groupe desalariés cols bleus, Dijon)“Moins de disponibilité pour mon temps libre” (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

− Implique des efforts accrus sur le long terme, voire des sacrifices sur le plan de sa viepersonnelle et familiale.

“Vide personnel” (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)“Famille sacrifiée” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)“Vie de famille délaissée” (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)

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− L’accroissement de la charge de travail.“Overbooké, fourmi” (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)“Pressé” (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)“Débordé” (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

− Un rythme accéléré.“On vit à 100 à l’heure” (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)

− Des horaires à rallonge.“Manque de sommeil” (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)“Nuits écourtées, plus d’horaires” (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)

− Une charge mentale accrue : le règne de la responsabilité totale.“Stress” (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)“Stressé par les responsabilités” (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)“On assume seul les soucis” (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)

C’est un peu l’image de la course d’endurance.“Marathonien” (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)“Course de fond” (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)“Endurance” (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)“Sueur, galère” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

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En second lieu, la création d’entreprise évoque un univers de maîtrise porteur d’évocationsplutôt valorisantes même s’il connote aussi l’univers de la contrainte :

- Cette maîtrise s’exerce sur l’ensemble des fonctions et nécessite de la part du créateur descompétences multiples et une grande adaptabilité à tous les niveaux.

“Pâte à modeler, plastique, clé à molette” (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)“Comme une voiture qui doit être bien réglée” (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)“Rigueur” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)“Penser à tout” (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

La production.

“Bon professionnel” (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)

Le commercial, le relationnel.

“Etre à l’écoute” (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)“Vendre” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

La gestion.

“Bon gestionnaire” (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)

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L’administratif :

“Les charges” (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)“Les taxes” (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)“Nécessité de gérer tout l’administratif” (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)

− Cependant, la gestion et l’administration sont perçues avec une certaine appréhension parl’ensemble des participants qui se représentent des démarches longues et mal identifiées dans ledétail. Le sentiment de non maîtrise est d’autant plus présent chez les participants qu’ilsreconnaissent être mal préparés à ce type de démarche :

“Peur de ne pas savoir gérer” (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)

“La gestion n’est pas facile” (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)

“Tortue, lenteur” (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

“Je ne sais pas vraiment ce qu’il faut faire dans les détails, aux USA ou en Grande Bretagne, il n’y apas toute cette paperasserie, vous pouvez monter votre entreprise en une journée»(Homme, 30 ans, ayant créé son entreprise, col bleu, Lille)

“En Angleterre, c’est plus facile, il suffit d’aller à la Mairie ou la Préfecture, de remplir et signer unformulaire” (Homme, 39 ans, chômeur, Paris).

“ Ça reste complexe, on est paumé dans les aspects juridiques, avant même de démarrer, on ne saitpas où aller, les directives sont trop cloisonnées” (Homme, 25 ans, chômeur, Paris)

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− On notera que seuls les chômeurs soulignent le développement depuis une quinzained’années des structures de soutien à la démarche de création d’entreprise …

“Depuis 15 /20 ans, les choses s’améliorent, on a plus d’aides, d’information au niveau juridique etcomptable, il y a des abattements de charges, des diminutions d’impôts la 1ère année » (Homme, 49ans, chômeur, Paris)

“Avant, le séminaire ANPE, je me disais que c’était très compliqué. Mais le stage ANPE permet derassembler les différentes étapes. L’ACRE donne une exonérations de charges sociales pendant unan, l’équivalent de 20 à 30 KF, mais ce qui m’intéresse dans l’ACRE , ce n’est pas les sous, c’estpouvoir formaliser la création par un dossier. Ils vous donnent un formulaire CERFA, un squelette dedossier qui aide à mieux cadrer sa démarche » (Homme, 39 ans, chômeur, Paris)”

− …et que ces structures de soutien ne sont pas toujours perçues comme performantes selon eux.“Même au niveau des prud’hommes, on donne peu d’informations. Pareil pour l’ANPE ou lesASSEDIC, ils vous proposent régulièrement de créer votre entreprise, mais sont incapables de vousfournir une aide opérationnelle » (Homme, 30 ans, chômeur, Lille)

“J’en sais plus qu’un interlocuteur ANPE ou ASSEDIC qui donne des informations contradictoires.Le responsable entreprise des impôts s’est aussi trompé sur l’information» (Homme, 31 ans, chômeur,Paris)

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En troisième lieu, la création d’entreprise réactive la problématique de l’identité du sujet(enjeu narcissique).

Elle est en effet décodée comme :

− L’affirmation du moi, de ses désirs, de ses idées, de ses compétences.

“Il ne faut pas avoir peur de se mettre en avant, réaliser un rêve, montrer ce que l’on a dans leventre, renard, singe» (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)

“Proposer mes propres idées, gérer soi-même” (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)

“Choisir son travail, rusé” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

“Malin, intelligent” (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

“Ils veulent faire leurs preuves ne pas se noyer dans le salariat” (Homme, association relais, Paris) (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

“Ils veulent faire leurs preuves ne pas se noyer dans le salariat ” (Homme, association relais,Paris)

“Pour ceux qui ont le courage de se lancer et de surmonter les difficultés c’est une réussite personnelle” (Femme, CCI, Région Parisienne)

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La satisfaction de soi.“Ça permet d’être content de soi, pour sa fierté» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)“Fierté personnelle, pour me satisfaire» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)“Faire quelque chose qui nous plaît, assumer que l’idée est porteuse, la cité de la joie» (Groupede salariés cols blancs, Dijon)“S’épanouir, accomplir sa passion, paradis, bonheur» (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)

L’opportunité d’une autonomie accrûe.“Autonome, indépendance» (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)“Liberté» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

− Des responsabilités : la maîtrise, le pouvoir …

“A mon tour, j’ai envie de diriger, assumer ses propre erreurs» (Groupe de salariés cols blancs,Dijon)

“Etre responsable de ses décisions» (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)“Avoir le pouvoir de décision, prendre ses responsabilités (Groupe de jeunes, métiers tertiaires,Paris)“Envie de responsabilité» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

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− Permettant d’échapper à la hiérarchie, aux contraintes.

“Ne pas avoir de comptes à rendre, ne s’en prendre qu’à soi-même, ne pas avoir le rôle du fusible» (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)“Pour ne pas avoir de chef derrière, ne pas être bridé» (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)“Je ne veux plus de contraintes» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)“Les jeunes diplômés et les salariés ne veulent pas de patron » (Femme CIDJ, Paris)

− De la maîtrise de son temps.“Gérer son temps, travailler plus» (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)“Décider des horaires, travailler à son rythme» (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)“Etre maître de son temps» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

− De la valorisation de son savoir-faire.“Proposer son savoir faire, proposer la meilleure façon de faire» (Groupe de salariés cols bleus,Dijon)

− De l’acquisition d’une compétence élargie.“Réalisation de mon travail de A à Z, augmenter mes compétences» (Groupe de jeunes, métierstertiaires, Paris)“Acquérir de nouvelles compétences » (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)“Homme orchestre » (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)“Bon professionnel, bon gestionnaire » (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)

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Enfin, elle joue comme élément de valorisation sociale (image de soi par rapport aux autres)

− Elle représente un moyen d’intégration sociale perçue plus difficile par d’autres voies etconstitue le refus de l’emploi précaire, dimension particulièrement soulignée par les ciblesjeunes et les chômeurs.

«Pour avoir du travail, pour ne plus subir les emplois précaires» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)«Parce que je ne trouve pas de travail, parce que j’ai envie de régularité» (Groupe de jeunes,métiers techniques, Paris)

− Elle représente une des figures de la réussite sociale.

«La réussite, domination » (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)«Etre reconnu pour ça » (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)«Gros cigare, Mercedes, Ferrari » (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)«Lion, aigle, puissance» (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)

− Elle signe l’appartenance à une élite (élément de distinction sociale).

«Pas donné à tout le monde» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)«Pas facile, pas accessible» (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)«Bouteille de champagne, luxe» (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)

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− Elle est vue comme un faire-valoir, connoté d’une certaine noblesse.

«Orchidée, rose, luxe» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)«Aigle, lion» (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)

− Elle constitue pour la plupart un moyen d’ascension sociale.«Ascenseur» (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)«Ascension sociale» (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)«S‘élever socialement» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)«Grimper dans l’échelle sociale» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

− Elle est perçue comme la possibilité de gagner plus d’argent.«L’argent» (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)«Une liasse de billet» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)«Dollars, gagner de l’argent» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

− Enfin, elle est vue comme la possibilité de constituer un capital, voire un patrimoine, quiconstituera une assise sociale pour sa famille (enjeu de sécurité pour soi et ses proches).

«Pour pouvoir transmettre un capital» (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)«Acquis pour le futur» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)«Entreprise familiale que je pourrais léguer à mes enfants, comme une tirelire» (Groupe de salariés cols

blancs, Dijon)«Pouvoir transmettre un patrimoine» (Homme, 30 ans, chômeur, Lille)

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À l’image de la création d’entreprise, le portrait du créateur d’entreprise reste fortementconsensuel et offre des représentations fortement valorisées.

En effet, le créateur d’entreprise est vu comme celui qui concentre :

la ténacité, la combativité«Il faut savoir défendre un projet » (Femme CIDJ, R.P)«Ils ont la volonté de s’en sortir, il ne lâchent pas le morceau» (Homme, association relais, R.P)«Courage, battant» (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)«Volonté, courageux, combatif» (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)«Persévérant» (Groupe de jeunes, métiers technique, Paris)«Tenace» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

l’assurance, l’affirmation de soi et de sa valeur«N’a pas peur de se mettre en avant» (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)«De l’assurance» (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)

l’indépendance d’esprit, l’autonomie«Autonomie» (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)«Indépendance» (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)«Indépendant» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

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le dynamisme, l’action«Les qualités sont le dynamisme, la patience, la motivation » (Femme CIDJ, R.P)«Dynamisme » (tous)

la ténacité, l’ardeur au travail«Travailleur» (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)«Ne compte pas ses heures» (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)«Travaille beaucoup» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)«Débordé» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

la motivation, l’envie d’aller jusqu’au bout«Il faut être courageux et surtout avoir envie» (Femme, CCI, R.P)«Enthousiaste» (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)«Il a la foi» (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)«Déterminé» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

l’ouverture, la créativité, l’inventivité, la curiosité, l’esprit d’innovation«Créatif, curieux» (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)«À l’affût des informations, pas intolérant (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)«À l’écoute» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)«Innove» (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)«Crée» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

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l’intelligence, le sens de la réflexion et de l’analyse«Renard» (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)«Rusé » (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)«Futé, comme un singe» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

la polyvalence, la multiplicité des savoir-faire et des compétences«Savoir écouter, analyser, avoir une polyvalence et le sens de l’organisation, le sens de lanégociation, être capable de vendre » (Homme, association relais, R.P)«Il faut pouvoir travailler sur tous les fronts, administratifs, financiers, commercial, marketing. Pasforcément être bon partout, mais s’y connaître un peu. Etre le Shiva de l’entreprise en somme »(Homme, 31 ans, chômeur, Paris)«Avoir un bon relationnel, il faut penser à tout » (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)«Il faut être un bon gestionnaire » (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)

l’importance d’une maîtrise minimum de la gestion«Un petit verni de comptabilité, de connaissances juridiques est indispensable pour avoir moins peurde l’administratif » (Homme, association relais, Paris)

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Même si les avis sont très partagés quant au niveau de diplôme requis, tous insistent sur l’importance del’expérience professionnelle préalable.

«Pas de formation particulière. Mon associé est autodidacte, il se débrouille très bien, mais une expériencedans le secteur d’activité est indispensable » (Homme 33 ans, ayant créé son entreprise, col blanc, Paris)« Il faut donc d’abord être très compétent dans son métier » (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)« Plus ils ont de diplômes et plus ils ont de facilités » (Homme, association relais, Paris)

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2.2. SUR RELANCE, DES LEVIERS ET DES FREINS NOMBREUX

Les leviers face à la création d’entreprise sont nombreux et relèvent aussi bien duchamp psychologique, social qu’économique.

Par ordre d’importance décroissant, les principaux leviers sont :

L’autonomie :

− Pour tous et de façon majeure, la principale motivation face à la création d’entreprise estl’acquisition d’une plus large autonomie.

«Je veux être autonome» (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)«L’autonomie» (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)«L’indépendance» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)«Liberté» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)«Ils cherchent une indépendance et surtout une envie d’être libre et autonome» (Femme CCI,R.P.)

− Cette recherche d’autonomie s’actualise au sein de différents cas de figure :

être responsable des décisions prises «Avoir le pouvoir de décision» (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)«Prendre ses responsabilités» (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)«On est maître de ses idées, on est le seul décisionnaire » (Homme, 25 ans, chômeur, Paris)

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ne plus « subir » la hiérarchie«Pas de hiérarchie» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)«Ne pas avoir de compte à rendre» (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)«Ne pas avoir une chef toujours derrière soi» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)«Ne pas avoir de responsable hiérarchique» (Homme, 31 ans, chômeur, Paris)«On n’a pas de lien de subordination» (Homme, 31 ans, chômeur, Paris)

être maître de son temps«Gérer son temps, être maître de ses horaires, travailler à son rythme, avoir plus de temps libre»(Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

«Pourvoir aménager mon temps comme je veux, être maître de mon temps» (Homme 30 ans, ayantcréé son entreprise, col bleu, Lille)«Étant mon propre patron, je pourrais aménager ma plage horaire de travail par rapport à mes enfants»(Femme, 37 ans, ayant créé son entreprise, col bleu, Lille)

- Elle implique une reconnaissance professionnelle plus directe et plus satisfaisante, enparticulier pour les salariés col bleu pour qui elle constitue « la sortie de l’ombre ».

«Être reconnu par les clients, les professionnels » (Groupe de salariés cols bleus Dijon) «Reconnaissance de ses pairs » (Groupe de salariés cols bleus Dijon)

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L’épanouissement, la réalisation de soi :

− Ici, la création d’entreprise est plus perçue comme une nécessité pour exploiter son savoir-faire ou elle reste la condition la plus satisfaisante pour son exploitation.

«Pour proposer mon savoir-faire, pour proposer la meilleure façon de faire, plus épanoui sur le plusprofessionnel, moins brimé » (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)«L’épanouissement dans le travail » (Homme, 25 ans, chômeur, Paris)«Plus heureux, s’épanouir» (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)«Prendre de l’assurance» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)«On rencontre des jeunes qui ont une idée qui sort de l’ordinaire, quelque chose de plus à proposer »(Homme, association relais, Paris)«C’est en tant que chef d’entreprise que je pourrais le plus mettre en valeur mes compétences »(Homme, 39 ans, chômeur, Paris)

− Elle permet ainsi un rapport au monde du travail plus intense et plus intéressant .

«Travail plus intéressant, vie plus motivante» (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)«Vie plus intéressante, moins monotone, plus stimulante » (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)

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L’appât du gain :

− Tout comme l’autonomie, l’appât du gain est une motivation partagée par tous même si ellen’est pas toujours évoquée ouvertement. En effet, la création d’entreprise reste dans lesperceptions des participants liée à une augmentation sensible du revenu.

«Gagner de l’argent» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)«Il y a de l’argent à se faire» (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)«Envie d’avoir de l’argent» (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)«Envie d’être riche» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)«Pour eux gagner de l’argent est un objectif prioritaire» (Femme CCI, R.P)«En voulant créer son entreprise, ce n’est pas l’appât du gain qui compte d’abord mais ça comptequand même. L’idée de rémunération arrive en troisième position dans les motivations» (Homme,Association relais, Paris)«L’argent, quand ça fonctionne, autant récupérer le fruit de son travail» (Homme, 33 ans, ayant crééson entreprise col blanc, Paris) «L’argent c’est important, le désir de retrouver un certain statut social» (Homme, 49 ans, chômeur,Lille)

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− Au-delà de cette augmentation attendue du pouvoir d’achat, l’argent représente une preuve

tangible de sa réussite sociale, voire pour certains un juste retour des choses et une ré-appropriation de la gratification du travail effectué.

«Profiter du bénéfice de son travail » (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)«Travailler pour soi» (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)«C’est le plaisir de travailler pour soi» (Homme, 30 ans, chômeur, Lille)

La reconnaissance sociale :

La création d’entreprise joue comme élément de valorisation de l’individu aux yeux des autres.Etre “patron” implique sur sa personne un autre regard des autres, plus valorisant que celui qu’onadresse aux salariés. Une motivation plus particulièrement avancée par les cols bleus (salariés etjeunes) qui est sans doute la conséquence du regard dévalorisé posé sur les professionsmanuelles en France :

«L’image de réussite» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)«La réussite» (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)«Se dire qu’on a réussi » (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)«La reconnaissance sociale, c’est assez important» (Homme, 33 ans, ayant son entreprise, col blanc,

Paris)

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L’aspiration à la promotion sociale :

Cette motivation est intimement liée à la précédente. Cependant, ce qui est souligné ici, c’est plusla possibilité de mobilité sociale, de pourvoir se hausser dans l’échelle sociale.

«Je vais changer de classe sociale» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)«Je vais changer de statut» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)«Je progresse socialement» (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)

Le goût du challenge (cols blancs) :

Cette motivation est partagée par toutes les cibles mais demeure particulièrement prégnante chezles cols blancs La création d’entreprise est vue comme un challenge qu’ils sont prêts à relever etqui les stimule.

«Pour le risque» (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)«Pour prouver qu’on est capable de le faire» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)«Le goût du challenge» (Homme, 25 ans, chômeur, Paris)«La création, c’est un vrai défi, c’est dépasser ses possibilités, c’est une obligation d’être efficace sur

tous les points qui amène à une vraie découverte de soi» (Homme, 31 ans, chômeur, Paris)«Pour le défi global, le défi sur le produit auquel on croit, on lance la pari que notre produit va marcher»(Homme, 22 ans, ayant créé son entreprise, col blanc, Paris)

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L’ intégration sociale (cibles des jeunes et des chômeurs) :

− Pour les jeunes surtout, la création d’entreprise est perçue comme la possibilité d’intégrer lemonde du travail et d’abandonner le statut de précarité qu’ils se voient proposer en tantque salariés. Au-delà, elle est vue comme une expérience qui ne peut-être qu’enrichissante etaccroître leur savoir-faire, en ouvrant leurs compétences à d’autres domaines.

«Ça me donnerait une place dans la société» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)«J’aurais enfin un emploi» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

− A l’extrême, notamment pour les chômeurs et du point de vue des prescripteurs relais, lacréation d’entreprise apparaît comme la seule issue d’insertion professionnelle.

«Il y a aussi les créateurs malgré soi, souvent des étrangers, ou des jeunes sans diplôme, désocialisés, pour eux c’est la seule façon de s’en sortir» (Femme CCI, R.P.)

«Pour les jeunes d’origine étrangère, créer son entreprise, c’est sortir du ghetto, une sorte derevanche sociale» (Homme, association relais, Paris)

«Il y a des jeunes stylistes ou modistes qui sont obligés de se mettre en indépendants et de faire de la sous-traitance. Les boîtes ne les embauchent pas parce qu’elles veulent faire de lasous-traitance pour plus de flexibilité. Ces jeunes sont obligés de créer leur entreprise pour profiter d’un marché qui s’offre à eux» (Homme, association relais, Paris)

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La réparation (en plus mineur) :

Pour les personnes les plus fragiles, elle participe à un processus de réparation leur permettant dereconstruire une identité sociale et personnelle (image de soi positive).

«Derrière la création d’entreprise, il y a une vie cassée qu’on cherche à renouveler»( Femme, ANPE, Paris)

L’acquisition d’une compétence professionnelle accrue :

Une dimension particulièrement soulignée par les cibles salariées.

«Ça va me professionnaliser, je vais acquérir une plus grande expérience professionnelle»(Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)«Ça m’apporterait un début d’expérience et du savoir-faire»(Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris),«Ils souhaitent se valoriser dans la vie professionnelle» (Femme, ANPE, Paris)

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La dynamique de groupe :

C’est l’idée même de travailler avec un groupe d’amis autour d’un projet professionnel, afin deconstruire son univers à soi. Le groupe joue ici comme soutien et élément dynamisant à laconstruction du projet.

«Ils veulent créer une entreprise à 2 ou 3, ils sont motivés pour monter un projet à plusieurs parcequ’ils sortent de la même école par exemple. On a une idée scoop et si on se retrouve tout seul, ça ne

marche pas, il n’y a plus la même énergie » (Homme, association relais, Paris)

Le dispositif PARE (pour les cibles chômeurs) :

Il permet aux demandeurs d’emploi qui veulent créer leur entreprise de conserver 70% de leursindemnités Assedic pendant 18 mois et joue comme élément de réassurance pour les mois quisuivent après la création proprement dite.

«La PARE m’a permis de conserver 70% de mon chômage jusqu’en septembre, c’est primordial dans la prise de décision car il fallait que j’emmagasine de la trésorerie avant de pouvoir me payer un salaire» (Homme, 33 ans, ayant son entreprise, col blanc, Paris)

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Les principaux freins face à la création d’entreprise se concentrent autour de la peurdu « saut dans le vide » et du sentiment de non maîtrise.

Certains freins sont transversaux à toutes les cibles.

− Le salariat comme modèle dominant : le salariat apparaît dans la culture française comme lavoie naturelle de l’insertion professionnelle. Cette valeur est relayée par le système scolairefrançais. À l’opposé, créer son entreprise consiste à sortir de la norme, ce qui insécurise.

«Le système scolaire français les pousse à être salariés plutôt que chef d’entreprise» (Homme, association relais, Paris)

«Créer son entreprise, ce n’est pas dans les mentalités. Cela reste quelque chose d’extraordinaire, d’atypique. Quand on est jeune, on n’est pas dans la norme, on se sent rejeté. Nous sommes dans une société qui ne pense qu’à la protection, les parents disent à leurs enfants de devenir fonctionnaires, ils sont habitués au contraire de ce qu’est la création d’entreprise»(Femme, CCI, R.P)

«La France n’est pas un pays de patrons. Il y a bien une politique de création d’emplois et derelance des entreprises, mais il y a un système de racket au niveau fiscal et des charges»(Homme, 49 ans, chômeur, Lille)

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− La peur du risque et l’absence de filet de sécurité : la peur du risque se concrétise par lapeur de l’échec et par la faillite de l’entreprise. Elle réactive des freins multiples, aussi biend’ordre social et économique que psychologique et professionnel, comme :

La disqualification de soi, l’image d’incompétence, la mésestime«Se dire qu’on est mauvais, perdre sa fierté » (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)«Se sentir comme un con» (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)

La faillite et la peur de la perte de ses avoirs.«Avoir des dettes, perte de sa maison» (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)«Perdre l’ensemble de ses biens» (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)«Faire faillite» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)«La peur de la faillite» (Homme, 30 ans, chômeur, Lille)«Peur de déposer le bilan dans 5 ans» (Homme, 39 ans, chômeur, Paris)«Peur de repartir à zéro» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)«La peur de perdre beaucoup de sous et de devoir tout rembourser si la société ne marche pas» (Homme, 30 ans, ayant créé son entreprise, col bleu, Lille)

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La disqualification professionnelle«On se sent incompétent » (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)«On n’est plus crédible au niveau professionnel» (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)

La peur de la perte de sa famille, de ses droits sociaux«Peur d’aller en prison s’il y a faillite» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)«Peur de perdre ses droits civiques » (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)«Peur de perdre sa famille » (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)«Perdre ses droits familiaux » (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)

La peur de la perte ses droits au chômage«Peur de perdre mes droits au chômage» (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)

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− La question du financement du projet : en effet, le manque de moyens financiers ne permet pasd’envisager la constitution du capital, en particulier pour les plus jeunes, et joue ainsi comme freinpotentiel à la mise en route de l’entreprise. On imagine alors les premiers temps comme unepériode de survie liée au manque de trésorerie.

«Pas les moyens financiers, ça coûte trop cher, pas d’apport pour créer le capital, peu de chanced’obtenir un prêt pour lancer son entreprise» (Groupe de salariés cols blancs, Dijon)

«Il faut du fric» (Groupe de salariés cols bleus, Dijon)

«J’ai peu de moyens, je n’ai pas l’argent pour le capital, pas de subventions, et encore moinsd’aides» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

«Manque de financement» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

«Une démarche lourde, compliquée, difficulté de trouver des fonds » (Homme, 30 ans, chômeur,Lille)

«On perd énormément de temps dans la recherche de dossiers et de financement. Avec EDEN,l’aide est conditionnée par le prêt d’une banque, donc ça reporte la responsabilité sur les

banques qui sont plutôt frileuses» (Homme, 31 ans, chômeur, Paris)

«Le frein le plus important, c’est le manque de trésorerie au niveau de la constitution du capital etdu fonds de roulement. Si on n’a pas les moyens ce n’est pas la peine de se lancer»(Homme, 49 ans, chômeur, Paris)

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− Au-delà, la recherche de financement via des subventions, voire un prêt bancaire, restecomplexe et toujours aléatoire. Elle renvoie par ailleurs à la nécessité de construire un projet etd’établir un budget prévisionnel, ce qui reste pour la majorité des participants des opérations.

«Le plus difficile, c’est de construire un projet, d’écrire, de rédiger. Ils doivent démontrer la viabilitééconomique de leur projet, établir un projet de trésorerie. Cela devient compliqué parce que lesaides sont difficiles à obtenir. Un des passages quasi obligatoire pour nous, c’est de les aider àmonter un dossier de demande d’aide, car ils n’y comprennent rien» (Femme, CCI, R.P.)

− La lourdeur administrative :

D’une part, cette lourdeur administrative représente la plupart des difficultés rencontrées lors du processusde création : on a le sentiment d’une non-maîtrise, d’une mauvaise connaissance du processus de créationd’une entreprise et de ses différentes étapes et, au-delà, des difficultés rencontrées lors des démarchesadministratives, comme :

- la lenteur, - la complexité,

- l’erreur qui oblige à revenir plusieurs fois « en arrière ».

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«Méandres de l’administration, démarches au registre du commerce longues et fastidieuses, ona jamais le bon papier, on perd toujours quelque chose, on ne connaît peu les démarches, peurde faire des erreurs difficiles par la suite à corriger» (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)

«la difficulté du créateur c’est d’abord de savoir à quelle porte frapper, montage du dossier, allerde bureaux en bureaux, parcours du combattant» (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)

«Ils ne savent pas comment faire, par quoi commercer, 20 à 30 % du temps est passé àrésoudre des problèmes administratifs. Cela a un effet dissuasif. Il peut y avoir undécouragement à cause de la lenteur des dispositifs» (homme, association relais, Paris)

«C’est un parcours du combattant. Administrativement il y a trop d’obstacles, d’embûches»(Femme, CIDJ, Paris)

D’autre part, elle renvoie ultérieurement à la gestion de l’entreprise et le rapport avec les différentesadministrations (fiscale, Urssaf, etc…) qui réactivent un sentiment de complexité et l’impression d’êtredémuni et/ou incompétent pour effectuer ce type de démarches

«Ne pas avoir les compétences, l’administratif, le plan comptable, on n’est pas préparé à gérerune entreprise, je n’ai pas appris de chose pour gérer ma société, il me manque tout ce qui estgestion, informatique, peur de se tromper, de ne pas avoir les compétences» (Groupe de

salariés, cols bleus, Dijon)«La gestion, manque d’expérience» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

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«La comptabilité, les déclarations de TVA, peur de ne pas savoir gérer une évolution rapide »(Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)«La création est simple, la gestion est compliquée» ( Femme, CCI, R.P)«Les lois sont compliquées, tout ce qui est taux d’imposition pour les entreprises. On est obligéd’avoir un comptable, tous les papiers à remplir, l’URSAFF à payer même si on ne

travaille pas, ça me faisait peur» (Col bleu, Lille)«Se trouver embourbé, faire une erreur dans les démarches administratives, oublier de déclarerquelque chose, avoir une mauvaise interprétation du code du travail et des conventions

collectives de plus en plus complexes, se retrouver avec un contrôleur du travail ou du Trésor Public qui vienne éplucher les dossiers» (Homme, 30 ans, chômeur, Lille)

− En plus mineur :

L’absence d’idées de départ / de concept «Je n’ai pas forcément d’idée, pas une idée précise» (dans les quatre groupes, mais en mineur)

La conjoncture perçue comme peu favorable«Le moment n’est pas favorable» (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)«Marché trop variable, trop de changements économiques, aucun secteur n’est sûr» (Groupe dejeunes, métiers tertiaires, Paris)

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La lourdeur des responsabilités et l’investissement psychique trop important«Trop de responsabilités, j’ai autre chose à faire que de me prendre la tête autant» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)«Trop grand investissement personnel, charge de travail trop importante, soucis, stress, peurde tomber malade à force» (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)«Je ne veux pas autant de responsabilités d’un coup » (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)«Ça peut faire trop de travail » (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

La volonté de se protéger et de garder du temps pour la vie de famille:«Je ne veux pas sacrifier ma vie de famille» (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)

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Les freins spécifiques aux salariés relèvent de :

− La satisfaction vis-à-vis de son emploi et/ ou sa situation actuels

«Contente de mon emploi actuel, pas envie de travailler 60 heures pour un même salaire» (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)«Pas envie de me casser la tête, je suis aux 35 heures» (Groupe de salariés, cols bleus,Dijon)

− L’absence de protection sociale, notamment parce que l’on ne connaît pas bien les autresrégimes que celui du salariat

«Pas de chômage et pas de retraite, on n’a plus de couverture sociale, on est démuni» (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)«On est fragile, On perd notre couverture sociale, je préfère la sécurité de salarié»(Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)

− La perte des avantages sociaux, associés au statut de salarié

«Perte des avantages des salariés, plus 6 semaines de congés payés, plus de chômage » (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)

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De façon plus anecdotique, sont cités :

− Le contrat de mariage

«On a déjà des problèmes familiaux, instance de divorce, on ne peut pas monter son entreprise tant que ces problèmes ne sont pas résolus » (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)

− L’importance des taxes

«Je ne veux pas donner la moitié de mon travail à l’État» (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)

− Le manque de personnel compétent pour développer son activité

«Je n’ai pas l’encadrement, les gens compétents pour faire mon entreprise» (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)

− La réticence à se lancer seul combiné à la difficulté de constituer une équipe, de trouver dessalariés.

− La concurrence trop importante sur le secteur d’activité souhaité.

− La crainte des conflits sociaux avec les salariés.

− La perte des avantages sociaux, associés au statut de salarié.

«Perte des avantages des salariés, plus 6 semaines de congés payés, plus de chômage » (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)

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Conclusion sur les leviers et les freins à la création d’entreprise

La création d’entreprise questionne l’ensemble des dimensions qui construisent l’individu :

− son identité et le propre regard qu’il pose sur lui (narcissisme) ;− la perception de soi, au travers du regard des autres et sa position dans la société ;− l’aspect économique et financier au travers de ses futurs revenus ;− ses compétences professionnelles.

La création d’entreprise est perçue comme un élément de rupture radicale avec sonstatut antérieur. Les représentations associées sont les suivantes :

− un univers mal connu et mal balisé, en particulier au niveau de la gestion et de l’administratif ;− un rythme de vie profondément différent : des horaires sans limites, des vacances incertaines ;− un revenu non assuré ;− une responsabilité totale au niveau financier ;− la polyvalence versus la spécialisation ;− l’impératif d’être rentable ;− une absence de protection sociale et en particulier l’absence de chômage en cas d’échec.

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C'est finalement la rupture avec le «cocon douillet» de l’entreprise en tant que salarié,la perte des avantages et des éléments de sécurisation.

Deux images fortes éclairent cette rupture potentielle :

- Le saut dans le vide

«Parachutisme» (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)«Saut à l’élastique sans élastique» (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)

- Une prise de risque majeure

«Goût du risque, chair de poule» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)«Salaire de la peur» (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)«Stupeur et tremblement» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)«Adrénaline» (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)

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La création d’entreprise constitue ainsi une prise de risque, perçue comme unchallenge tant pour-soi même qu’à travers le regard des autres.

En effet la création d’entreprise est perçue comme une étape qui va mesurer le compétencede l’individu. Car au-delà même du risque qu’il prend à lâcher l’ensemble de ses amarrespour se retrouver en territoire inconnu, le créateur d’entreprise viendra confirmer ou non sescompétences, son image de soi et l’image qu’il va donner aux autres par la réussite ou nonde son projet.

«C’est comme un examen, challenge personnel» (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)«Un challenge» (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)«Se prouver et prouver aux autres qu’on est capable de le faire» (Groupe de jeunes, métiers techniques,

Paris)«C’est un défi à surmonter» (Femme, CCI, R.P)«C’est le moment de vérité pour voir si on est valable sur le marché» (Groupe de salariés, cols bleus,

Dijon)

En ce sens, la création d’entreprise dramatise donc le rapport que l’on a avec soi et avec lesautres générant une intensification de la problématique narcissique et sociale.

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Créer une entreprise implique enfin de la part de l’entourage un regard nouveau surle créateur d’entreprise qui influence son désir de créer une entreprise.

Selon les cas, l’entourage jouera comme élément moteur ou de frein. Il n’existe ainsipas de schéma directeur. Le rôle même de l’entourage dépendra avant tout du créateur,de l’image qu’il a de lui-même et de son projet.

Toutefois, on constate que l’entourage participe à dramatiser le processus de créationd’entreprise en appuyant sur l’un ou l’autre des pôles qui constitue comme nousl’avons vu précédemment l’enjeu de la création d’entreprise. Il contribue à mettre lecréateur d’entreprise davantage encore “sous tension”.

Soit en accentuant le côté positifLa valorisation de l’individu et de son projetLa fierté exprimée implique pour le créateur d’entreprise d’être à la hauteur.Un élément de motivation mais aussi parfois de frein (peur de ne pas être à la hauteur del’image construite).

“Seront fiers de nous” (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris) “Chapeau” (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

“Les parents vont être fiers” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris) “T’as pas peur” (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)

“Ils applaudissent” (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)

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Soit en dissuadant Fortement le candidat entrepreneur à passer à l’acte “Fais attention” (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)“C’est risqué” (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)“Essayeront de nous dissuader” (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)“Tu vas t’effondrer” (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)“Il ne va pas y arriver” (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris) “Fais gaffe, il y aura trop de travail” (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)“Tu rêves, t ‘es malade” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)‘Il est dingue” (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)“Fou furieux” (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)“T’es fou” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)“Tu crois que tu vas réussir, vont me mettre le doute” (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)“Vont rire” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)“Il est suicidaire” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)“Les parents vont trouver que l’on est trop jeunes” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires,Paris)“Les parents trouveront ça stupide, risqué, ils vont voir l’échec tout de suite” (Groupe dejeunes, métiers tertiaires, Paris)“Les parents trouveront qu’on est naïfs” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)“Parfois, l’environnement direct est un frein, les parents, les amis, le mari sont réticents.Il y a une perte d’enthousiasme devant les difficultés à surmonter” (Homme, associationrelais , Paris)

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Dans ce contexte, les attitudes d’aide et d’accompagnement de l’entourage apparaissentconstructives car elles permettent au sujet de relativiser le processus de créationd’entreprise.

«Ils essayeront de nous encourager, ils mettront la main à la pâte» (Groupe de jeunes, métierstechniques, Paris)

«Lance-toi» (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)«Tu es courageux, les parents essaieront d’aider» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)«Tu as raison» (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)

En outre, on projette que ce nouveau statut génèrera de nouvelles attitudesvis-à-vis du créateur d’entreprise, sous différentes modalités :

− La demande

«T’as pas du travail pour nous ? Si ça marche, on s’incruste» (Groupe de jeunes, métierstertiaires, Paris)«Tu m’embauches, t’as pensé à nous, t’as du boulot pour moi» (Groupe de salariés, colsbleus, Dijon)

− Un effet de stimulation de l’entourage

«Pourquoi est-ce que je n’y ai pas pensé plus tôt ? Si je me lançais aussi» (Groupe dejeunes, métiers techniques, Paris)«Viens, on fait la nôtre» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

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2.3. LES ÉTAPES QUI CONSTITUENT LA CRÉATION D’ENTREPRISES SONT MAL CONNUES

Les personnes interrogées notent quelques points d’ancrage dans le processus de création d’entreprise,sans ordre chronologique précis. Au-delà de ces points, les connaissances apparaissent floues et nepermettent pas d’être des repères opérationnels. On peut toutefois distinguer quatre grandes étapes.

1ère étape : L’idée, autrement dit le concept.

A ce stade, on cherche une idée qui se démarque de la concurrence avec un produit ou unservice nouveau.

Les moyens mis en œuvre lors de cette première étape restent peu structurés :

- on dit se placer dans une posture d’ouverture « sur l’extérieur » ;- on fait des recherches sur Internet ;- on fait aussi des recherches à la Chambre de Commerce et d’Industrie et/ou à la Chambre des

Métiers ;- éventuellement, on voyage à l’étranger.

«On s’informe de tout, on voit sur Internet (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)«On récolte des informations» (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)

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On notera que les salariés “Cols bleus” envisagent plus volontiers une installation mettant enœuvre leurs compétences et leur savoir-faire déjà acquis, que de s’appuyer sur une idée originale.

«Un projet avec ce que l’on sait faire » » (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)

Les difficultés rencontrées à ce stade se concentrent sur la question de l’évaluation dupotentiel de son idée et de la faisabilité de son projet.

«Evaluation» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)«Etude de marché» (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)«Information sur les marchés» (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)

Cette évaluation est faite le plus souvent de manière plus intuitive que réellement organisée etréfléchie. La véritable étude de marché ou de la concurrence se heurte au coût élevé d’une telleopération, et/ou à sa complexité a priori.

«Coûte cher» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)«Compliqué à mettre en œuvre» (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)

L’aide apportée par la Chambre de Commerce et d’Industrie ou par la Chambre des Métiers, quiest plus de l’ordre de l’information sur le secteur que d’un réel accompagnement dans l’évolution duprojet, permet déjà de «se faire une idée».

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On souligne également à ce stade d’autres difficultés de nature plus psychologique :

− Quitter son statut de salarié pour «se lancer» :«Etre assez motivé pour quitter le cocon protégé de l’entreprise » (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)

− Avoir une confiance suffisamment grande en soi et son projet :«Arriver à se convaincre que son projet est viable » (Groupes de jeunes, métiers tertiaires, Paris)«Confiance en soi, Ai-je la compétence ou non ? » (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)

Le soutien et l’accompagnement de l’entourage ou d’ « experts » est ici capital pour aider à passercette période de rupture et de doutes.

«Etre soutenu par sa femme ou un proche» (Groupes de jeunes, métiers tertiaires, Paris)«Pouvoir être accompagné par d’autres qui ont franchi les pas» (Groupe de salariés, cols blancs,Dijon)

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2ème étape : Les démarches préalables

La phase d’information pour le choix du statut de l’entreprise ou des démarches à accomplirrecoupe les questions suivantes :

le financement : il s’agit de collecter les fonds nécessaires pour créer l’entreprise et/ou pour en assumer lefonctionnement immédiat ;

le bilan prévisionnel ;

la phase d’information pour connaître les démarches à accomplir suscite une inquiétude auprès de la cibledes jeunes de profil technique et montre leur méconnaissance du processus (notamment des différentesétapes à franchir) de la création d’entreprise.

«Déjà rechercher les renseignements pour arriver quelles sont les démarches, Recherche d’info,de contacts sur les démarches à envisager» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

À ce stade, cette phase semble délicate même si certains relais d’information sont identifiés :

− Internet ;− la Chambre de Commerce et d’Industrie ou la Chambre des métiers ;− l’ANPE ;− les missions locales.

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L’information sur le statut juridique de l’entreprise est cruciale également.

C’est une étape oblitérée par les cibles jeunes

Pour les autres cibles, c'est une étape perçue comme capitale, car l’avenir de l’entreprise en dépendra.

Mais il existe auprès de l’ensemble des cibles une méconnaissance globale sur les avantages et lesinconvénients liés aux différents statuts juridiques de la future entreprise : c’est donc un choix difficile àeffectuer et ce d’autant plus qu’on a peur de se tromper et que cette erreur ne pénalise l’avenir del’entreprise.

«Il faut connaître les avantages et les inconvénients de chaque statut, c’est capital parce que çaimplique des conséquences importantes» (Groupes de salariés, cols bleus, Dijon)«Quelle structure d’entreprise je vais créer, quelle forme juridique» (Groupes de salariés, cols blancs,Dijon)

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Enfin, la question du financement s’impose :

Le financement apparaît en effet comme une source de préoccupation majeure auprès del’ensemble des cibles. Au-delà de l’apport de fonds propres, la recherche de fonds pour lacréation de l’entreprise se révèle une démarche difficile, car il s’agit de :

trouver des partenaires prêts à investir dans son affaire : le plus souvent, on sollicite l’entourageproche ou la famille (surtout pour les jeunes)

«Trouver des partenaires pour investir avec moi» (Groupes de jeunes, métiers tertiaires, Paris)«Pas facile de convaincre son entourage d’investir dans son affaire» (Groupe de salariés, cols bleus,Dijon)

trouver un prêt auprès de la banque : on se heurte alors à des difficultés d’avoir une certaine crédibilitéface au banquier, voire de déposer les fonds

«On a du mal à obtenir des prêts des banques même si on a des gens qui se portent garants,même si le projet est positif. J’ai été choqué par la frilosité des banques» (Homme, 30 ans, ayantcréé son entreprise, col bleu, Lille)«J’ai ouvert un compte société à la Poste, mais j’ai eu beaucoup de portes closes et de refus dansles banques» (Homme, 37 ans, ayant créé son entreprise, col bleu, Lille)«J’ai dû faire du chantage à ma banque pour pouvoir déposer les 7500 euros et créer un compteentreprise. Il n’y a que les Banques Populaires qui semblent avoir une politique d’accompagnementdes entreprises» (Homme, 37 ans, ayant créé son entreprise, col blanc, Paris)

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Trouver des subventions (cibles jeunes) on se heurte à de multiples questionnements :

Qui est concerné par ces subventions ?A qui s’adresser pour obtenir des subventions ?Quelles sont les conditions requises pour bénéficier de subventions ?

Au total, on garde l’image de démarches complexes et lentes, sans certitudes de résultats.

«Puis-je avoir des aides financières, quelles sont les conditions pour obtenir des aides financières ?»(Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)«Où s’adresser ? Quels sont les financements possibles, les différents types d’aides que l’on peutavoir ?» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

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À ce stade, on rencontre trois types de difficultés :

fournir un budget prévisionnel qu’on estime très difficile à élaborer ;

convaincre les banques d’accorder des prêts, notamment aux jeunes ;

la peur de mettre son bien (son domicile pour les propriétaires) en caution.

Seule une toute petite minorité juge que le financement n’est pas un problème si l’on possède lematériel nécessaire. On cite notamment la possibilité récente d’ouvrir une SARL avec 1 euro

«Pas forcément nécessaire, si on a déjà le matériel, maintenant, on commence une SARL avec 1€» (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)

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3ème étape : les démarches administratives

Dans leur détail, elles sont peu connues. Au mieux, on sait qu’il existe :

− une immatriculation à la Chambre de Commerce et d’Industrie ;− une publication dans la presse ;− la dépose des statuts (minoritaire).

«On s’affilie en tant qu’entreprise» (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon«Parution dans la presse» (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)«On s’inscrit au registre du commerce» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)«Immatriculer selon sa profession future» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

On suppose qu’il y a de nombreux formulaires à remplir, sans savoir très bien lesquels : cetteopération est envisagée comme fastidieuse et complexe.

«Lourd et long, Compliqué» (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)«Fatiguant, Paperasse, Chiant» (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)«Ça paraît très compliqué, ennuyeux» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)«Long, Travaux d’Astérix, Interminable» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

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− Dans la pratique, certains cols bleus se sont heurtés à la difficulté de trouver le bon interlocuteur.«Pour les statuts, on vous envoie de bureau en bureau; on vous donne des informations

contradictoires… il y a un manque inimaginable d’information dans l’administration» (Homme, 30ans, ayant créé son entreprise, col bleu, Lille)

− Enfin parfois, la réception du K-bis tarde, bloquant ainsi le financement bancaire.

«Ça a mis plus de trois semaines pour avoir le K-bis. On a commencé la société avec le numéro d’inscription au registre du commerce, mais le numéro de matricule définitif, on ne l’a eu que fin mai et ça a retardé au niveau de la banque» (Homme, 30ans, ayant créé son entreprise, col bleu, Lille)

− Mais, à nouveau, on identifie bien les relais d’informations.

- De la Chambre de Commerce et d’Industrie, la Chambre des Métiers ;- De juristes spécialisés ;- Internet ;- l’ ANPE ;- Des personnes ayant déjà créé des entreprises.

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Si, en amont de ces démarches, on se les représente comme complexes et en cela elles peuventconstituer parfois un frein, une fois effectuées, les démarches administratives apparaissentfinalement plus simples que l’on pouvait se l’imaginer.

«On s’en fait une montagne, on nous avait dit que la démarche d’immatriculation allait être le parcours du combattant et en fait en une journée, c’était fait. On a mis plus de temps à réfléchir sur notre projet qu’à le mettre en place» (Homme, 33 ans, ayant créé son entreprise, col blanc, Paris)

On souligne ici le rôle facilitateur de la CCI et de la DDTE

«J’ai été au CFE qui permet de déposer son dossier et de discuter avec un conseiller qui vérifie que toutes les pièces sont en ordre . Après, c’est eux qui font tout, qui s’occupe de l’URSAFF, du Tribunal de commerce. La seule démarche à faire, c’est l’annonce légale mais on peut le faire sur Internet» (Homme, 37 ans, ayant créé son entreprise, col blanc, Paris)

«C’est facile d’avoir des conseils quand on va chercher le dossier à la DDTE, on peut poser des questions pratiques sur la façon de remplir des formulaires» (Homme, 22 ans, ayant créé son entreprise, col blanc, Paris)

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4ème étape : le stage de gestion

− Il n’est qu’exceptionnellement cité ;

− Il est proposé par les Chambres de Commerce et d’Industrie ;

− Il est perçu comme particulièrement utile .

«Il y a le stage de gestion» (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)

Puis si nécessaire viennent ensuite :

− La location d’un local professionnel ;

− La publicité ;

− Le choix d’un nom, d’un logo, d’une enseigne ;

− etc.

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2.4. LES ÉLÉMENTS DÉCLENCHEURS DE LA PRISE DE DÉCISION SONT MULTIPLES ET DÉPENDENT DU CONTEXTE DANS LEQUEL SE TROUVE LE FUTUR CRÉATEUR

Plusieurs cas de figure apparaissent :

− Le processus de maturation d’une réflexion personnelle et individuelle.

Dans ce cas de figure, il n’existe pas à proprement parler d’élément déclencheur, mais plutôt uncheminement qui permet la maturation d’un projet. Ce cheminement est souvent aidé par lesentiment d’insatisfaction éprouvé dans l’entreprise dans laquelle on travaille, avant de réaliser sonpropre projet. Au sein de ce cheminement, l’apport d’information apparaît essentiel et permet derelativiser les craintes et les a priori face à la création d’entreprise.

− «L’occasion qui fait le larron» : Dans ce cas de figure, le créateur trouve sur sa route des élémentsdéclencheurs et/ou facilitateurs, comme :

- la présence d’un associé apportant des fonds ;- l’opportunité d’achat d’un fond de commerce ;- la constitution préalable d’un groupe de travail jouant comme élément de réassurance fort.

− La création sous contrainte : la création d’entreprise représente alors la seule issue :

- pour s’insérer dans le monde du travail ;- face à l’impossibilité de se faire payer en salaire.

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2.5. À TOUS LES STADES, LES PRINCIPALES SOURCES D’INFORMATION CONNUES ET UTILISÉES SONT :

− la presse généraliste et/ou spécialisée ;

− l’école (étudiants) :

− l’ANPE ;

− l’ACRE ;

− les missions locales ;

− la Chambre de Commerce et d’Industrie ou la Chambre des Métiers ;

− Internet via les moteurs de recherche (on va plutôt sur des portails généralistes car on n’aqu’une connaissance très réduite des sites spécifiques) ;

− les personnes ayant déjà créé leur propre entreprise, dans son entourage au sens largenotamment ;

− les conseillers juridiques : avocats, experts comptables, notaires ;

− la mairie ;

− la Greffe du Tribunal ;

− le Salon de la création d’entreprise.

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2.6. AU FINAL, CINQ GRANDS TYPES DE BESOINS APPARAISSENT :

Un meilleur balisage du processus de création, notamment sur :

− les démarches à effectuer, étape par étape ;

− le temps requis.

«Durée ente le début du processus à la création» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

«Durée de l’opération de création, Toutes les étapes nécessaire pour la création d’une entreprise» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

«Combien de temps demande la création d’une entreprise ? » (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)

Un livret expliquant l’ensemble des démarches à accomplir serait àce titre un élément de réassurance fort.

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Un accompagnement plus soutenu du créateur d’entreprise, en amont comme en avaldurant la première année de création : il permettrait au créateur de se situer davantage surun continuum que dans une logique de rupture.

«Offrir un suivi plus important dans les CCI pour aider dans les démarches administratives et une fois que lasociété est lancée qu’on ait des conseillers attitrés à la CCI» (Homme, 30 ans, chômeur, Lille)

«Il faut améliorer l’accompagnement social des projets, prévenir des gens des risques réels» (Femme, 30 ans, ayant créé son entreprise, col bleu, Lille)

«Avoir un conseil attitré qui vous prenne en main, qui analyse plus correctement que le banquier et qui suive votre entreprise les 6 premiers mois comme un syndic et qui vous aide lorsque vous êtes en règlementfiscal. Il faut que ce soit un interlocuteur avec un mandat légal» (Homme, 44 ans, ayant créé son entreprise,col bleu, Lille)

«Se lancer sans formation, sans conseil est dangereux. Il faudrait conditionner l’octroi d’aides du type EDENà l’obligation d’être suivi, accompagné» (Homme, association relais, Paris)

«En multipliant les structures d’accueil et de suivi des créateurs, on aurait moins de dépôts de bilan»(Femme, CIDJ, Paris)

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Une simplification administrative au niveau de la création, notamment en comparaison de cequi se fait dans les pays Anglo-saxons :

− une plus grande rapidité ;− un interlocuteur unique.

«Uniformiser toutes les formes d’impôts, les impôts sur les sociétés, la taxe foncière, la TVA, la taxeprofessionnelle, centraliser tout de façon à n’avoir qu’un seul interlocuteur unique»(Homme, 44 ans, ayant créé son entreprise, col bleu, Lille)«Qu’ils aillent faire un tour en Angleterre, une feuille de papier à remplir et le soir votre société estcréée, vous pouvez exercez le lendemain» (Homme, 30 ans, ayant créé son entreprise, col bleu, Lille)

Une information, voire une formation, à la gestion d’entreprise, en particulier sur les charges etéchéances à venir au niveau fiscal, des charges sociales ou de la TVA.

«Quand dois-je commencer à payer des taxes» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)«Fiscalement, comment ce sera imposé ?» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)«Ce que j’aurais à payer comme TVA je veux le savoir , de quelle assise financières faut-il disposerpour garder les reins solides au niveau des charges ? Quel va être le montant des charges ?» (Groupede salariés, cols bleus, Dijon)

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L’information générale sur les nouvelles entreprises créées joue à nouveau sur le besoinde réassurance (attente des jeunes surtout).

On veut connaître :

− le pourcentage d’entreprises qui « passent la première année » ;

− les secteurs porteurs aujourd’hui et à moyen terme ;

− les clés de la réussite.«Quelles sont les astuces pour réussir» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)«Combien de nouvelles entreprises durent au moins une année ?, quel est le secteur le plusporteur ? » (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

3 – RÉACTIONS AU PROJET DE LOI TESTÉ

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3.1. DES RÉACTIONS GLOBALEMENT POSITIVES.

Dans l’ensemble, si l’accessibilité du texte est jugée peu aisée et réduit la compréhensionimmédiate de certains articles...

«C’est compliqué » (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)«Prise de tête » (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)«Pas très simple » (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)«Pas tout compris » (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)

…la finalité du projet de loi est plutôt bien comprise. Les objectifs et l’intention du texte de loi sontbien compris et suscitant une bonne adhésion.

On retient la volonté de simplifier les procédures

«Simplifier, Allègent» (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)«Faciliter la tâche aux nouveaux entrepreneurs» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

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On apprécie la volonté de faciliter la création d’entreprise

«Encourager, Favoriser» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)«Aide à la création» (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)«Pour faciliter la création d’entreprise, Soutenir» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)«Favoriser la création d’entreprises» (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)«C’est un projet qui permet de faciliter la création en simplifiant, en finançant et en accompagnant lecréateur d’entreprise» (Homme, 37 ans, ayant créé son entreprise, col blanc, Paris)«C’est mieux qu’avant, ça facilite un commencement d’activité» (Homme, 39 ans, chômeur, Paris)

On se sent assuré

«Je me dis que ce n’est pas si dur» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)«Moins risqué qu’on le croit » (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)«Ça sécurise, Aide au démarrage, On protège ses biens propres» (Groupe de salariés, cols blancs,Dijon)«Diminuer le risque» (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)

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− L’accompagnement proposé est salué.«Un accompagnement» (Groupe de jeune, métiers tertiaires, Paris)«Je me sens soutenu, encadré» (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)«Soutenus, on ne sera pas tout seul» (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)

− La reconnaissance du créateur d’entreprise est appréciée.«Reconnus, on s’intéresse à notre cas» (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)«Enfin on s’intéresse à la petite entreprise» (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)

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Toutefois, la cible des jeunes / métier technique se heurte à un réel problèmed’accessibilité du texte qui présente pour eux :

− Un caractère trop conceptuel et abstrait qui oblitère les bénéfices concrets pour le créateurd’entreprise

«Trop abstrait, hermétique» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

− Des carences dans l’homogénéité du texte, dont on ne perçoit ni le fil conducteur, ni lesarticulations

«Un peu de tout, mélangé» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

− Un doute quant aux destinataires de telles mesures : un sentiment d’implication réduite, voired’exclusion du champ du texte

«Est-ce valable pour moi, destiné à moi ?. Est-ce que je rentre dans les critères» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

Par conséquent, auprès de cette cible, le texte apparaît comme un élément peu motivant, voirerepoussoir.

«On n’est pas emballé, donne envie de dormir et de ne rien faire, Ça démotive» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

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3.2. DES RÉACTIONS AUX ARTICLES QUI VARIENT SELON LE NIVEAU DE COMPRÉHENSION ET L’INTÉRÊ T PERÇU.

THEME 1 : SIMPLIFICATION DE LA CRÉATION D’ENTREPRISE

Article 1 : la SARL au capital librement fixé : des avis controversés au sein de toutesles cibles.

En spontané :

− Dans l’ensemble un article bien compris : la fin de l’obligation d’un montant fixé réglementairementpour créer sa SARL ;

«On peut mettre un euro ou plus, Avant, il fallait 50 000 F, maintenant on peut mettre ce que l’on veut » (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)«On détermine soi-même le montant du capital de départ» (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)«Il n’y a plus de minimum pour le montant du capital au début, on peut démarrer avec rien» (Groupe de

salariés, cols blancs, Dijon)«Liberté de fixer son capital» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

− Cependant, plusieurs personnes mentionnent que cette disposition existait déjà.

«Pas nouveau, ça existe depuis 6 mois» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)«C’est pas nouveau» (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)

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En approfondissement :

− On souligne en positif que cet article facilite la création d’entreprise et qu’il constitue une mesureplus particulièrement favorable aux très petites entreprises. En gommant le caractère élitiste de lacréation d’entreprise, il apparaît comme un élément de motivation supplémentaire.

«C’est une facilité» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

«Pour moi, c’est incitatif» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

«Ça peut être intéressant pour les jeunes qui veulent se lancer ou pour les micro-entreprises» (Homme,44 ans, ayant créé son entreprise, col blanc, Paris)

«N’importe qui peut créer une entreprise» (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)

«C’est une bonne idée ; ça s’impose vraiment. 7500 euros, c’est excessif. Les jeunes créateurs cherchent une responsabilité limitée, mais n’ont pas les fonds nécessaires» (Femme, CIDJ, Paris)

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− Mais on fait remarquer que l’absence de fonds propres fragilise d’emblée l’entreprise et réduitsa crédibilité vis-à-vis de ses clients, de ses fournisseurs ou du banquier ; on évoque volontiersle capital à 1 euro.

«Pas forcément un avantage d’avoir un tout petit capital pour le client, C’est un eu de la blague. On nemontera pas une entreprise sans le capital correspondant. Avec 1 €“on ne peut rien mettre en place. Unfond de roulement est nécessaire, Ce n’est pas crédible cette mesure» (Groupe de jeunes, métiers

techniques, Paris)«Il faut une certaine somme à la base pour pouvoir vendre, pour démarrer une société» (Groupe de

jeunes, métiers tertiaires, Paris)«C’est une très bonne chose pour les professions indépendantes, mais ça va faire sourire les banquiers.Il ne faut pas se réjouir trop vite» (Homme, Association relais, Paris)«Je suis contre. Si ça passe par un organisme d’accompagnement, oui, sinon, ils vont se retrouver encontravention avec la loi. Il y aura plus de création de SARL, et on risque le n’importe quoi. Le respectdes lois risque d’être bafoué. Les banquiers seront contre. Le coût de radiation sera plus élevé. C’estune mesure publicitaire ou démagogique» (Femme, CCI, Région Parisienne)«La SARL au capital d’1€ sera t-elle crédible dans les réseaux bancaires» (Homme, 30ans, chômeur,Lille)«Une mesure démagogique, les banques vont nous rire au nez» (Homme, 39ans, chômeur, Lille)«La création d’entreprise pour 1€, c’est du pipeau. Il y a probablement un minimum à fixer, une grille

pour donner une idée du montant en dessous duquel il n’est pas sérieux d’imaginer créer une entreprise enfonction du secteur d’activité» (Homme, 37 ans, ayant créé son entreprise, col blanc, Paris)

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Article 2 : Le récépissé de la création d’entreprise (RCE) : un intérêt surtout perçu parceux qui ont déjà effectué leur création d’entreprise.

En spontané : L’intitulé rend la mesure peu compréhensible car le RCE reste un documentpeu connu des participants, exception faite de ceux qui ont déjà créé leur entreprise.

«On ne comprend rien, ne dit pas grand chose» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)«Mal expliqué» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)«Incompréhensible» (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)«Le RCE c’est quoi ? » (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)«Terme inconnu» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

Après lecture du texte explicatif :

− On comprend que le récépissé valide la création de l’entreprise.

«Enregistrement de la société auprès de l’État, Permet de faire les démarches commerciales sans attendrel’immatriculation» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)«Valide sa création» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)«On démarre plus vite, avant d’être inscrit au registre du commerce» (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)

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− Le gain de temps est perçu très positivement par ceux qui ont déjà créé leur entreprise.

«On avance plus vite» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)«On est opérationnel plus rapidement» (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)«Accélère la procédure» (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)«C’est bien parce que ça permet d’ouvrir un compte plus vite» (Homme, 33 ans, ayant créé son entreprise,col blanc, Paris)

− En revanche, cet article engendre la sensation d’un flou opérationnel, quant aux démarchesrendues possibles par l’obtention de ce document, en particulier pour ceux qui n’ont pas encoreété confrontés au problème.

«De quel type de démarches parle-t-on ? démarches commerciales, démarches bancaires, on ne sait pas» (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)

− Les prescripteurs anticipent dès lors des conséquences limitées.

«Sans plus, c’est sans problème dans le parcours » (Femme, CIDJ, Paris)«Oui, ils buttent là-dessus. Mais ce n’est pas dit que ça marche à cause des banquiers » (Homme, Association relais, Paris)«A la CCI, on n’a pas compris le système : c’est le greffe qui établit la déclaration, la CCI qui la délivre.

Comment cela va-t-il se passer ? On attend les décrets d’application » (Femme, CCI, R. P)

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Article 3 : L’immatriculation de l’entreprise en ligne : une bonne idée, mais uneopérationnalité réduite dans la pratique.

Majoritairement, cet article suscite une bonne compréhension ; on insiste sur :

− l’accélération des démarches…− …sans déplacement.− un gain de temps fonctionnel.

«Gain de temps» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)«Rapidité» (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)«C’est pas mal, ça fait gagner du temps, ça facilité la vie » (femme, ANPE, Paris)

− Une mesure qui s’inscrit dans l’évolution de la société.

«Presque normal, on paie déjà ses impôts sur le net » (Groupe de jeunes, métiers tertiaires,Paris)

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Cependant pour une minorité, il suscite des perceptions plus négatives :

− Le terme « en ligne » prête à confusion : on lui préfère le terme « Internet ».

«En ligne peut aussi dire à la suite» (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)

− Il peut aussi être compris comme la création d’un site sur Internet et comme vitrine de l’entreprise.

«Je pensais qu’on créait un site” , “Permet de faire connaître l’entreprise au monde entier» (Groupe dejeunes, métiers techniques, Paris)

Au total, un impact réduit, à cause de :

− L’absence d’accompagnement, de renseignements jugés importants pour les primo créateursd’entreprise eu égard au manque d’information des cibles :

«Moins pratique si on a besoin de renseignements complémentaires»(Groupe de jeunes, métierstertiaires, Paris)«Ce n’est pas bien parce qu’on n’aura pas les conseils nécessaires» (Groupe de salariés, cols bleus,Dijon)«Mais pas d’interlocuteurs, pas de conseil, il y a un manque d’information» (Groupe de salariés, colsblancs, Dijon)«Non pour les choses comme ça, c’est mieux d’avoir une personne en face de soi qui répondeà vos questions » (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

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− Le risque de mauvaise déclaration est perçu comme accrû :

«On ne saura pas remplir les cases» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)«Il faut prévoir la gestion en ligne, le problème des pièces complémentaires. Il y a toujours un moment où il ya échange de papiers. Pour le créateur c’est positif, on gagne du temps si le dossier est complet. Mais çapeut aussi en faire perdre» (Femme, CCI, R.P)«Avec Internet ce n’est pas certain d’avoir une garantie de dépôt en bonne et due forme, je préfère aller à laCCI pour ce genre de démarche importante, qu’on puisse me prévenir s’il manque un élément»(Homme, 39 ans, chômeur, Paris)

− La nécessité d’être équipé d’outils micro-informatiques et d’une connexion Internet.

«En ligne , oui, mais il faut un ordinateur chez soi» (Homme, association relais, Paris)«Et tout le monde n’a pas Internet» (Homme, 30 ans, ayant créé son entreprise, col bleu, Lille)

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Articles 4 et 5 : Domicilier sa société chez soi pendant 5 ans : une mesure adaptée auxbesoins.

L’article est bien compris :

«Pouvoir installer son entreprise chez soi » (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)«Déclarer son adresse comme l’adresse de l’entreprise » (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

Même s’il est perçu par certains comme une mesure qui n’est pas nouvelle … il apparaît commeune extension intéressante

«C’était déjà possible» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)«Bien parce qu’avant c’était deux ans» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

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Pour les prescripteurs, cet article ne fait qu’entériner une situation de fait :

«La loi suit la réalité car le droit aujourd’hui n’est pas respecté. On légitime un fait accompli»(Femme, CCI, R.P)

Pour tous, un bénéfice immédiatement saisissable qui :

− participe à ne pas fragiliser l’entreprise (absence de loyer) ;

− facilite la création d’entreprise ;

«Bien pour le côté financier, permet d’éviter des charges supplémentaires, 5 ans permet deconsolider l’entreprise avant d’envisager de louer des locaux» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)«5 ans assez long pour pérenniser l’entreprise et investir dans un local, des frais en moins»(Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)«C’est bien, on n’a pas à louer un autre local, donne le temps de stabiliser l’entreprise avantd’envisager de louer des locaux» (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)«Facilite la possibilité d’exercer» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)«Bien, ça répond à la demande, trouver des locaux n’est pas évident» (Femme, CIDJ, Paris)«C’est bien parce que je n’aurais pas forcément les moyens de louer des locaux au début»(Homme, 30 ans, chômeur, Lille)

− mais une mesure qui s’adresse plus particulièrement aux entreprises de services.

«Pour une société individuelle de service » (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)

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Article 6 : Protéger sa résidence principale : une bonne intention qui joue commeélément possible de réassurance mais des interrogations sur son application et surses conséquences.

Un article bien compris dans l’ensemble :

«On ne peut pas saisir la maison en cas de faillite» (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)

Il joue comme un élément de réassurance fort, en particulier pour ceux qui sont salariés etpropriétaires ; on apprécie :

− la réduction des risques,− la protection de la famille.

«On prend moins de risques» (Groupes de jeunes, métiers tertiaires, Paris)«On ne touche pas à la famille, on protège sa famille, on n’a moins peur de s’engager, si on perd tout,on aura tout de même un toit» (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)

Mais il est aussi vu comme une arme double tranchant :

− L’ absence de caution vis-à-vis des banques peut soucier certaines personnes ;

«Mais on ne peut plus s’en servir pour une garantie» (Groupes de jeunes, métiers tertiaires, Paris)«Risque que les banquiers ne prêtent plus parce qu’ils n’auront plus de garantie»(Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)«C’est une bonne mesure dans le principe, mais qu’est-ce que les banquiers vont en penser»(Femme, CCI, R.P)

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− Il fonctionne aussi comme un marqueur d’exclusion pour les jeunes et les chômeurs. :

«Bien pour les propriétaires, mais nous ça ne nous apporte rien» (Groupes de jeunes, métiers techniques, Paris)

«C’est favoriser uniquement les propriétaires» (Groupes de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

Au final, un article :

− Incitateur auprès des salariés propriétaires, en ce qu’il lève des freins importants concernant laprotection des biens et de l’entourage

− Mais peu incitatif, voire contre-performant auprès des jeunes dans le sens où il les exclut duchamp des destinataires.

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THEME 2 : TRENSITION ENTRE LE STATUT DE SALARIÉ ET CELUI D’ENTREPRENEUR

Article 7 : Les clauses d’exclusivité inopposables au salarié-créateur : un articleproblématique, qui fonctionne à double tranchant.

En spontané, la compréhension varie selon les cibles :

− Les cibles de salariés, auxquelles l’article s’adresse, comprennent bien l’article :«On peut créer sa propre entreprise immédiatement dans le même secteur d’activité, pas obligé

d’attendre la fin de la clause d’exclusivité» (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon) «La clause de non concurrence n’a plus cours pour les salariés-créateurs. Dans certains secteurs, ça

permet de s’installer plus vite, ça permet de partir avec une clientèle directement» (Groupe de salariés,cols bleus, Dijon)

− En revanche, pour un certain nombre d’étudiants et de chômeurs, l’intitulé est peu parlant ; on necomprend pas :

Les clauses d’exclusivitéLe terme « salarié-créateur »«Je ne comprends pas, C’est qui les salariés-créateurs ? » (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)«On ne comprend pas, C’est confus» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)«Je ne comprends pas ce qu’est la clause d’exclusivité» (Femme 37 ans, ayant créé son entre prise, colbleu, Lille)«Ça ne me dit rien les clauses d’exclusivité, ce n’est pas parlant » (Hommes 25 ans, chômeur, Paris)

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Après lecture du texte explicatif :

− La compréhension reste difficile pour les étudiants du fait de la méconnaissance des clausesd’exclusivité que peuvent contenir les contrats de travail.

− L’article réactive auprès de l’ensemble des cibles une attitude ambivalente :

Il apparaît comme une facilitation pour monter son entreprise en tant que salarié

«Rassurant, Intéressant » (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)«Permet de monter sa société plus rapidement sans attendre la fin de la clause de nonconcurrence» (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)«Permet de commencer plus facilement, sans problème» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires,Paris)«Oui, c’est plus une facilité» (Femme, ANPE, Paris)«C’est très bien. Moi, j’ai vécu un conflit dans mon boulot précédent car je suis parti avec lesclients» (Homme, 37 ans, ayant créé son entreprise, col blanc, Paris).

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Mais il est vu comme un danger en tant que futur employeur.

«Inquiétant parce que nous aussi on peut avoir des clauses d’exclusivité dans la société qu’on crée.C’est difficile pour les patrons, à double tranchant, fout la trouille pour plus tard» (Groupe de jeunes,métiers techniques, Paris)«C’est une attente à la liberté d’entreprendre» (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)«C’est dangereux parce que ça peut nous arriver par la suite» (Groupe de salariés, cols bleus,Dijon)«Dépend de quel côté on se place. Si mon associé garde le même fichier en partant, c’est moinsbien» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

Il est aussi un sujet à caution pour les prescripteurs qui le jugent irréaliste.

«J’attends les prud’hommes. Cela suppose une bonne foi. Ça paraît normal que ce soit douteux.C’est bien philosophiquement et moralement, mais quand on cherche des clients qu’en est-il de lamorale ? Cela présuppose que le créateur a une déontologie, une moralité» (Femme, CCI, R.P)

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Article 8 : Des cotisations sociales allégées pour le salarié-créateur : des dérives decompréhension en spontané, mais en approfondissement, une mesure rectificatived’abus qui crée des attentes d’exonérations plus larges.

Spontanément, un intitulé qui :

− Renvoie à une baisse générale des charges sociales pour le créateur d’entreprise, perçuecomme légitime, ce qui a pour effet d’effacer la spécificité du destinataire (salarié-créateur) :

«Moins de charges sociales, parce que la première année on est un peu étranglé» (Groupe de jeunes,métiers tertiaires, Paris)«On paiera moins cher, c’est bien» (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)

«La clause de non concurrence n’a plus cours pour les salariés-créateurs. Dans certains secteurs, çapermet de s’installer plus vite, ça permet de partir avec une clientèle directement » (Groupe de salariés,cols bleus, Dijon)

− Génère des attentes d’extension aux deux premières années :«On pourrait l’étendre à 2 années» (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)«Il faudrait exonérer les 2 premières années» (Femme, ANPE, Paris)

− À noter pour les jeunes / métiers techniques, le terme « allégé »apparaît trop flou.«Allégé ça ne veut rien dire, pas clair» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

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Après lecture du texte explicatif : des réactions différentes :

− La compréhension est améliorée.«Si on est employé-créateur, on ne paiera pas deux fois» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)«Pas de doublon» (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)

«Le salarié-créateur ne paie qu’une fois» (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)

− On estime qu’il s’agit d’une mesure rectificative, plus juste, par rapport à la situation antérieure.

«Plus logique qu’avant, avant c’était de l’arnaque, c’est la moindre des choses, c’est ce que tout lemonde demande» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)«Très bien, c’était aberrant d’acquitter les charges deux fois» (Homme 22 ans, ayant créé son entreprise,Paris)«Ça évite de payer deux fois les charges» (Homme, 30 ans, chômeur, Lille)

− En revanche, cette mesure crée de la déception, dans le sens où elle semble exclure la cibledes jeunes et des chômeurs.

«Ce n’est pas pour nous» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

− Elle réactive enfin des attentes d’exonération pour tout créateur au moins la première année.

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Article 9 : Le droit au travail à temps partiel pour le salarié-créateur : une bonneintention, mais une réalisation difficile.

Spontanément, on note :

− Une bonne compréhension générale.«Le salarié travaille à temps partiel dans son ancienne entreprise tout en créant son entreprise. Il peutcumuler les deux statuts» (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)

− Une bonne adhésion au départ.«Bien permet une transition» (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)«Droit au temps partiel quand le créateur est employé» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)«C’est une bonne chose, ça permet de conserver un petit emploi salarié à mi-temps, le temps de

démarrer» (Homme, 49 ans, chômeur, Lille)

− Mais une mesure qui exclut les étudiants.«Ne nous concerne pas, on n’est pas salarié» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

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Après réflexion cependant, un intérêt qui se réduit à une peau de chagrin.

− C'est une mesure intéressante mais dont l’application est jugée peu crédible :

La mise en place semble difficile dans les PME.

«Pourquoi pas, mais c’est très complexe pour les PME. Pour les grands groupes, pas de problème» (Femme, CCI, R.P)

On évoque des risques de conflits entre employeurs et employés. Du coup, c'est une mesure qui estrejetée par l’employeur.

«C’est positif pour l’aménagement du temps de travail, mais l’ouvrier technicien qui veut ouvrir une société dans le même domaine que son patron, ça ne va pas faire plaisir, ça peut devenir violent »(Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

«En tant que patron, si un de mes employés me dit ça, je n’accepte pas» (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)

«Ou un congé formation. L’accord de l’employeur n’est souvent pas obtenu, surtout si la création se faitdans le même domaine » (Femme, CIDJ, Paris.)

Elle apparaît dès lors plus comme une alternative que comme un droit.

«On peut toujours demander à son employeur, mais je ne pense pas que celui ci accepte, quand on entend ce qui est dit, on comprend que c’est seulement une possibilité» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires,Paris)

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− Associée aux clauses d’exclusivité qui deviennent caduques, c'est aussi une mesure perçuecomme particulièrement défavorable pour l’employeur :

«C’est hyper déloyal vu qu’il n’y a plus d’exclusivité, c’est du piratage total, si c’est dans le même domaine d’activité» (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)

«Cela risque d’être tendancieux. On peut en étant dans son ancienne entreprise monter un projet directement concurrent. Il faut mettre des barrières, dire que la création d’entreprise n’impacte en aucunemanière l’activité de l’entreprise qui a abrité le salarié-créateur» (Homme, 37 ans, ayant créé son entreprise,col blanc, Paris).

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Article 10 et 11 : le contrat d’accompagnement : une mesure perçue comme utopique.

En spontané :

− Un intitulé sibyllin qui génère des problèmes de compréhension :«Rien compris» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)«On ne comprend rien» (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)

«Complètement hermétique» (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)

− Mais le mot « d’accompagnement » apparaît attractif, car il correspond à l’attente desparticipants ; de ce fait, la compréhension se fonde sur l’hypothèse d’un suivi du créateurd’entreprise.

«Suivi, carnet de bord, sorte de charte, conseil, interlocuteur unique, conseiller» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

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Après lecture du texte explicatif :

− La conservation de la protection sociale apparaît comme un élément de réassuranceuniquement pour les salariés.

«Rassurant, Garde la sécu, Ne perd pas ses droits» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

− L’accompagnement évoque le parrainage ou le tutorat, c’est-à-dire l’accompagnement ducréateur, ce qui est perçu comme positif … même si le fonctionnement demeure obscur.

«Comme des entreprises marraines» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)«Une espèce de parrainage, c’est un peu comme un tuteur, on y va quand on a besoin d’un conseil, untuteur» (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)

«le contrat d’accompagnement, c’est très bien, il faut les aider à finaliser, pérenniser leur création » (Femme, ANPE, Paris)

«C’est entre qui et qui, qui choisit l’entreprise, qui est cet accompagnateur» (Groupe de jeunes, métierstertiaires, Paris)«Mais comment ça fonctionne ? » (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)«Cet article me semble limitatif et compliqué, pas très réaliste, mais bien, idéal » (femme, CCI, R.P)

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En bilan, une mesure :

− Mise à distance par les futurs créateurs et les prescripteurs :«Je n’y crois pas trop, Les entreprises ont autre chose à faire, Pourquoi une entreprise aiderait une

petite entreprise alors qu’elle a plein d’autres partenaires sur le marché ?» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)«Une entreprise qui aide, conseille, met à disposition son matériel, un local, quel est son intérêt ? »

(Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)

− Jugée inefficace :«Ne servira à rien» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)«Le contrat d’accompagnement m’apparaît illusoire» (Femme, CIDJ, Paris)

115 Les freins et les motivations à la création d’entreprise

12 mai 2003

Article 12 : Des activités occasionnelles facilitées : un retour à quelque chose de plusjuste.

En spontané, on note des dérives nombreuses dans la compréhension.

− Une activité annexe en complément :«En cas de coup dur, on peut prendre un petit job à côté» (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)«Si on n’a pas trop de boulot, on peut travailler à droite et à gauche» (Groupe de salariés, cols bleus,Dijon)

«On peut avoir un autre emploi» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

− Une activité possible en dehors du champ défini par le code APE.«Faire autre chose occasionnellement» (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)«On a le droit de s’écarter des travaux pour lesquels la société est prévue» (Groupe de jeunes, métierstechniques, Paris)

− Le terme « occasionnel » est insuffisamment précis.«Occasionnel, c’est quoi, des extra en entreprise, de temps en temps, on ne sait pas» (Groupe de

jeunes, métiers techniques, Paris)

116 Les freins et les motivations à la création d’entreprise

12 mai 2003

Après lecture du texte explicatif, des perceptions plus nuancées :

− Un calcul au plus juste, au prorata.«On paiera les charges que juste sur ce qu’on aura travaillé. Il paiera au réel et pas au forfait» (Groupede salariés, cols blancs, Dijon)«Avant les saisonniers payaient toute l’année et maintenant ils ne paieront juste pour les mois travaillés»(Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

«On paie des cotisations au prorata de ce que l’on a travaillé» (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon) «C’est au prorata du temps travaillé» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

− Un juste retour des choses.«Ça paraît normal» (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)«C’est plus juste » (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)«Pas de gain, c’est normal» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

− Un article avant tout plébiscité par ceux qui ont connu la contrainte.«C’est très bien, avec mon premier restaurant dans les Flandres, on fonctionnait surtout le week-end et6 mois par an et ça devenait de plus en plus difficile» (Homme 33 ans, ayant créé son entreprise, col

blanc, Paris)

− Mais une mesure perçue comme touchant une cible relativement réduite.«Ça ne concerne que les occasionnels et les saisonniers» (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)

117 Les freins et les motivations à la création d’entreprise

12 mai 2003

THEME 3 : FINANCEMENT DE L’INITIATIVE ÉCONOMIQUE.

Articles 13 et 14 : Les Fonds d’Investissement de Proximité : un accès difficile et unmécanisme de financement rarement perçu.

En spontané, on relève :

− Une compréhension difficile;

− Un intitulé qui évoque des aides financières pour les créateurs d’entreprises :«Aides financières pour les créateurs par les mairies et les villes, ou les régions» (Groupe de jeunes,métiers tertiaires, Paris)«Aides financières, Subvention du Conseil Régional, mairies, organisme locaux » (Groupe de salariés,cols blancs, Dijon)

118 Les freins et les motivations à la création d’entreprise

12 mai 2003

Après lecture du texte explicatif, la compréhension demeure difficile en particulier pour les ciblesjeunes :

− Le vocabulaire est peu accessible, car il est éloigné du langage courant :

Investissements volontaires ;Dédié à des activités économiques.

− Pour une minorité, des perceptions positives centrées sur l’idée de :

Drainage de fonds s’adressant aux créateurs d’entreprises.

«Un fond qui va permettre d’investir dans le développement des entreprises de la région»Comme si on investissait dans les start up” (Groupes de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

Création de fonds pour financer la création d’entreprises.

«Principe des Sicav» (Groupes de salariés, cols blancs, Dijon)«On va pouvoir faire appel à ces fonds là” (Groupes de salariés, cols blancs, Dijon)

119 Les freins et les motivations à la création d’entreprise

12 mai 2003

La dimension régionale apparaît peu parlante«Pourquoi régionales ? »«Quel intérêt le côté régional » (Groupes de salariés, cols blancs, Dijon)«Si plusieurs entreprises veulent avoir des fonds dans la même région, ça risque de bloquer»

(Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

Finalement, un intérêt réduit :

− Le fonctionnement de la mesure n’est pas clair ;− La mesure exclue les TPE

«Ce n’est pas intéressant pour les micro-projets. C’est pour les jeunes qui ont de l’argent, une formation, un réseau de connaissance, il n’y a rien pour les TPE” (Homme, association relais, Paris)

“J’en ai entendu parler, c’est une bonne chose. Ça permet aux entreprises d’avoir un peu de trésorerie, mais c’est plus adapté pour les grosses sociétés que pour les PME” (Homme 49 ans, chômeur,Lille)

“Ce n’est pas pour nous, ce n’est pas pour les petits”, “Ça facilite les investissements de proximité mais ça s’adresse davantage aux grosses sociétés qui paieront moins d’impôts” (Homme 25 ans chômeur,Paris)

120 Les freins et les motivations à la création d’entreprise

12 mai 2003

Article 15 : Aider fiscalement l’apport en fonds propres dans les entreprise : desproblèmes de compréhension des mécanismes sous-tendus par la mesure

En spontané :

− La compréhension s’oriente avant tout sur la possibilité de réductions de charges fiscales maissans engranger derrière la compréhension qui l’accompagne.

«Réduction des charges fiscales» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

− Il existe un flou sur le bénéficiaire de la défiscalisation.«Quand on investit, une défiscalisation s’applique à celui qui crée» (Groupe de salariés, cols blancs,

Dijon)« On soulage au niveau fiscal les gens qui apportent leur propre argent dans l’entreprise” (Groupe de

salariés, cols bleus, Dijon)«On n’est pas taxé quand on constitue le capital»(Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

121 Les freins et les motivations à la création d’entreprise

12 mai 2003

Après lecture du texte explicatif :

− La compréhension du mécanisme qui sous-tend l’opération reste difficile :

Le destinataire de la mesure est mal identifié : il y a une confusion entre le créateur et l’investisseur

“Vaut mieux s’occuper de son entreprise d’abord”. “ On peut mettre de l’argent dans une boîte pourconstruire quelque chose pour la collectivité locale. On nous apporte une réduction fiscale” (Groupede jeunes, métiers techniques, Paris)

Même si en mineur, la compréhension est améliorée pour certains

“Une incitation pour que les gens investissent dans les entreprises plutôt que de thésauriser” (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)

“L’argent investi ne fera pas partie de l’impôt sur le revenu” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

122 Les freins et les motivations à la création d’entreprise

12 mai 2003

Articles 16 : Un meilleur traitement des pertes en capital pour les investisseur : unarticle difficile d’accès.

En spontané :

− Le dispositif concerne les investisseurs et non les créateurs.«C’est pour les investisseurs» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

− L’énoncé paraît sibyllin et peu parlant.“Meilleur traitement des pertes en capital, pour moi, ça ne veut rien dire” (Groupe de jeunes, métiers

tertiaires, Paris)

− Il existe aussi des dérives importantes dans la compréhension.

“Ça permet de reprendre des entreprises en difficulté” (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)

“” (G3)

123 Les freins et les motivations à la création d’entreprise

12 mai 2003

Après lecture du texte d’explication :

− La compréhension reste difficile pour l’ensemble des cibles ;

− Elle reste centrée sur la réduction du risque pour l’investisseur et est donc perçue commeune incitation à l’investissement.

«Crédit d’impôts en cas de perte de capital» (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)“Meilleure couverture pour ceux qui perdent des sous. Les investisseurs auront moins peur de perdrede l’argent, donc d’investir” (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)

Un article qui engendre une implication réduite de la part du futur créateuret est perçu comme une mesure annexe

124 Les freins et les motivations à la création d’entreprise

12 mai 2003

Article 17 : Assouplir les conditions de prêts aux entreprises : une forte attente de lapart des cibles

Une bonne compréhension dans l’ensemble.

«Clair» (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)«Limpide» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris) «Là, on comprend»(Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

Un article particulièrement attractif car il répond aux attentes des participants, en particulier pour lefinancement de la création de leur entreprise.

«J’ai eu une opportunité qui exigeait un prêt très important et je n’ai pas eu d’écho des banques. C’estbien d’assouplir les conditions des banques qui sont trop frileuses” (Homme 33 ans, ayant col blanc,

Paris)«Un gros point fort qui entraînerait plus de créations » (Homme, 49 ans, chômeur Lille«Ils sécurisent les investissements, donc plus d’argent à disposition pour les créateurs d’entreprise.

Les conditions de prêts sont assouplies parce qu’on a incité les gens à investir dans des nouvellessociétés »(Groupe de salariés, cols blancs, Dijon) «Ils constituent des sommes en dehors des circuits bancaires traditionnels pour les redistribuer aux

créateurs d’entreprises » (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

125 Les freins et les motivations à la création d’entreprise

12 mai 2003

En mineur, des perceptions plus négatives :

− Une mise à distance des cibles jeunes, a cause de l’absence de visibilité du fonctionnement etde l’absence de liens établis entre les différents articles du thème

«C’est bien mais comment. Qui est derrière» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)«Je n’y crois pas»(Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)«Je ne vois pas comment ils pourraient faire, c’est la banque qui décide»(Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

− Un traitement inadéquat du problème.

“C’est du pipeau. Il faut obliger les banques à faire du financement aux entreprises, rajouter unarticle obligeant les banques de réseau à financer des projets de PME à hauteur d’un certainpourcentage par rapport à la totalité de l’encours de la banque, que cette obligation ne porte pas sur une somme mais sur un quota minimum d’entreprise à financer” (Homme, 37 ans, ayantcréé son entreprise, col blanc, Paris)

126 Les freins et les motivations à la création d’entreprise

12 mai 2003

THEME 4 : ACCOMPAGNEMENT SOCIAL DES PROJETS

Articles 18 : Différer le paiement des charges sociales de la première année : unearme perçue à double tranchant

Une bonne compréhension centrée autour du report des charges de la première année

“On diffère les charges la première année” (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)“On ne paie pas la première année, mais la seconde” (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)

Mais un dispositif controversé :

− En positif, une facilitation de trésorerie pour la nouvelle entreprise :

“C’est bien, ça rend les choses plus faciles” (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)“Permet de démarrer avant d’avoir une tonne de charges” (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon) “ Pour nous, ça nous permettrait de continuer ” (Femme, 37 ans, ayant créé son entreprise, col bleu, Lille)

127 Les freins et les motivations à la création d’entreprise

12 mai 2003

− Mais en négatif :

Une mesure trop en demi-teinte car, plutôt que de différer les charges, les attentes s’orientent vers unallègement ou une exonération.

«On ne nous en fait pas cadeau, on reporte» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

«Alléger conviendrait mieux que de différer» (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)

«Il faudrait annuler les charges de la première année» (Homme 30 ans, ayant créé son entreprise, col bleu, Lille)

“Pourquoi pas les annuler la première année” (Femme CIDJ, Paris)

Une durée jugée trop courte s’il n’y a pas un étalement sur plusieurs années.

«Un an c’est trop court. Vaudrait mieux une période de deux ans, ou un étalement de la dette» (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)

128 Les freins et les motivations à la création d’entreprise

12 mai 2003

Et au final, une logique risquée : «c’est reculer pour mieux sauter» :

«Mais sera-t-on rentable la seconde année» (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)

“C’est un faux ami parce que l’année suivante on aura le double de charge” (Groupe de jeunes,métiers tertiaires, Paris)

“Si on double l’année suivante, pas sûr qu’on puisse payer l’ensemble” (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)

“C’est différé, le problème n’est que reporté” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

“C’est reculer pour mieux sauter” (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)

“C’est reculer pour mieux sauter. Il faut le proposer, mais pas le faire d’office” (Homme, 37 ans,ayant créé son entreprise, col blanc, Paris).

“Ce n’est pas intéressant, ça facilite la première année au détriment des années suivantes, hors les entreprises meurent le plus souvent la troisième année” (Homme, 22 ans créé son entreprise, col blanc, Paris)

129 Les freins et les motivations à la création d’entreprise

12 mai 2003

Article 19 : Accompagner plus les petits projets par l’extension du dispositif EDEN :un article pour initiés, peu valorisant et concernant une cible réduite.

En spontané :

− Un énoncé particulièrement sibyllin, le dispositif EDEN apparaissant comme un intitulé

s’adressant à des initiés :

«C’est quoi le dispositif EDEN» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

«On ne comprend pas» (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)

− Un mode d’énonciation peu valorisant pour le créateur d’entreprise (« les petits projets »)

«Petits projets, petites entreprises, sous-entreprises individuelles, c’est péjoratif. Le petit est trèsdésagréable»(Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)

«Pour créer des mini-entreprisse, pas très valorisant» (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)

«Petites projets, c’est un peu péjoratif» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

130 Les freins et les motivations à la création d’entreprise

12 mai 2003

Après lecture du texte explicatif, les perceptions demeurent plutôt négatives :

− L’absence de précision sur le dispositif EDEN destine l’article aux seuls initiés :

«On ne sait toujours pas ce qu’est le dispositif EDEN» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)«Ça reste vague»(Groupe de salariés, cols bleus, Dijon) «N’explique pas toujours ce qu’est EDEN»(Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

− Il exclut la cible des jeunes :

«Ce n’est pas pour nous» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

− En positif cependant, un élargissement du dispositif Eden au plus de 50 ans chômeurs.

«L’accès au dispositif Eden quand on est chômeur et on a plus de 50 ans» (Groupe de jeunes, métierstertiaires, Paris)

Finalement :

− Un article aux retombées peu certaines (selon les prescripteurs)

− Un dispositif peu efficace en l’état

«Il faut arrêter de jouer l’arlésienne avec Eden» (Homme, association relais, Paris) “Le gros problèmeavec le dispositif Eden c’est qu’il n’y a pas d’argent. Les accords pour les aides sont donnés, maisl’Etat ne verse pas les sous» (Femme, CCI, R.P)

131 Les freins et les motivations à la création d’entreprise

12 mai 2003

Article 20 : Des revenus de solidarité maintenus et harmonisés : un article quisuscite des attentes et des désillusions.

En spontané :

− On adhère fortement au revenu minimum en cas de faillite :

«Fait penser au RMI. Si pas de bénéfices, il y a tout de même un minimum pour le créateur»(Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)«C’est un minimum pour vivre» (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)«C’est une sorte de RMI en cas de création. Aide en cas d’échec à la création» (Groupe de salariés,cols blancs, Dijon)

− Le terme « harmonisé » n’apparaît pas explicite

«Qu’entendent-ils par harmonisé»(Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

132 Les freins et les motivations à la création d’entreprise

12 mai 2003

Après lecture du texte explicatif :

− Même si la compréhension est bonne :

«Créer son entreprise n’entraîne pas l’extinction immédiate de certains droits» (Groupe de salariés, colsbleus, Dijon)

− Et que les prescripteurs adhèrent ouvertement :

«Déjà fait» (Homme, association relais, Paris)«Rien à dire» (Femme, CCI, R.P)«Très important, la création d’entreprise est un travail à temps plein» (Femme, CIDJ, Paris)

− Les autres cibles demeurent sceptiques :

le maintien de petites allocations qui ne touchent qu’une minorité génère de la déception :

«Ce sont des aides, des petites sommes. Ça vient en plus, ce n’est pas un salaire en soi» (Groupe dejeunes, métiers tertiaires, Paris) “On s’attend à une revenu minimum et on finit par une allocation qui est maintenue» (Groupe desalariés, cols blancs, Dijon)

l’intérêt paraît réduit, voire annulé :“Du vent”, “Pas d’intérêt. Ça touche une minorité »”“C’est dérisoire” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)“Ronflant pour pas grand chose” (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)“C’est du saupoudrage” (Homme, 37 ans, ayant créé son entreprise, col blanc, Paris)

133 Les freins et les motivations à la création d’entreprise

12 mai 2003

Article 21 : Des dons aux réseaux d’accompagnement à la création et à lareprise : un article peu accessible.

Un article qui semble poser plusieurs problèmes :

− L’hermétisme.

«Incompréhensible» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)«Je ne comprends rien. Je ne vois pas de quoi on parle» (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)

− Un mécanisme dont on ne comprend pas l’objet.: “On peut donner des sous aux réseaux d’accompagnement, mais quel intérêt ?” (Groupe de salariés,cols blancs, Dijon)“Des dons faits aux entreprises pour financer quoi ?” (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)

− Un destinataire flou.

“Qui est le donateur” (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)“Qui donne ?” (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon, Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

134 Les freins et les motivations à la création d’entreprise

12 mai 2003

Finalement, seuls les « initiés » émettent un avis positif, tandis qu’on a :

− Un rejet de la part des chômeurs.

«J’ai eu contacts avec des organismes d’accompagnement. Ce sont des requins, des gens aidés parl’Etat qui réclament du fric. Il s’inscrivent dans un réseau de copinage» (Homme, 31 ans, chômeur,Paris)

− Et une attitude dubitative des prescripteurs :

«C ’est la grande question. L’Etat ne donne pas de subventions suffisantes ou elles arrivent avecbeaucoup de retard»(Homme, association relais, Paris).

135 Les freins et les motivations à la création d’entreprise

12 mai 2003

Au bilan, la hiérarchisation des articles montre que :

− Les articles les plus attractifs sont les articles dont le bénéfice est directement saisissable par ledestinataire et apportent des éléments de réassurance par rapport aux inquiétudes descréateurs :

• les articles 4 et 5 : la domiciliation chez soi

• l’article 6 : la protection de sa résidence principale

• l’article 17 : l’assouplissement des conditions de prêts aux entreprises

136 Les freins et les motivations à la création d’entreprise

12 mai 2003

− Les articles les plus controversés sont ceux qui induisent des fragilités pour l’entreprisenaissante :

• l’article 1 : le capital librement fixé

• l’article 8 : les clauses d’exclusivité inopposables au salarié-créateur

• l’article 18 : le report du paiement des charges sociales la première année

− Les articles jugés sans intérêt sont ceux qui ne sont pas directement destinés aux créateursd’entreprise ou jugés non appropriés :

• l’article 3 : l’immatriculation en ligne

• l’article 16 : le meilleur traitement des pertes pour les investisseurs

− On notera la réserve faite sur les mesures de financement, en particulier sur le drainage desfonds pour l’investissement, dont la mécanique et l’objectif n’apparaissent pas suffisammentclairs pour être compris et attractifs.

137 Les freins et les motivations à la création d’entreprise

12 mai 2003

Auprès des étudiants, prédomine le sentiment de mesures peu efficaces, en particulier à caused’un mode d’énonciation trop vague, insuffisamment concret, qui ne met pas en avant lesbénéfices :

«Pipeau, c’est flou» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)«Vague », utopie, rien de précis, trop abstrait» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

− Un vocabulaire trop éloigné du langage courant

«Compliqué, langage juridique» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

− Le sentiment d’être peu concerné par l’ensemble de ces mesures

«Peu de mesures nous concernent vraiment» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)«Plus pour ceux qui sont salariés que pour nous» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

138 Les freins et les motivations à la création d’entreprise

12 mai 2003

Pour les salariés, les créateurs et les chômeurs, des mesures :

− Qui vont dans le bon sens car elles traduisent un assouplissement de l’existant.,

«Ça va plutôt dans le bon sens» (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)«Volonté d’aide» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)«Volonté de faire avancer les choses» (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)«Ça ne peut qu’être que bénéfique, ça va dans le bon sens» (Homme, 30 ans, chômeur Lille)«Ça va dans le bon sens, ça facilite la création d’entreprise et ça permet de différer les charges »(Homme, 33 ans, ayant créé son entreprise, col blanc, Paris) «L’ensemble encourage l’initiative» (Homme, association relais, Paris)

− Mais qui sont vues davantage comme un ajustement qu’un changement radical.

«Le projet n’est pas novateur. Il n’y a pas d’audace» (Femme CIDJ, Paris)«Pas un changement radical» (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)«Ce n’est pas révolutionnaire»(Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)«Un projet de loi qui ne sert pas à grand chose. Les mesures nécessaires ne sont pas prises»(Homme, 39 ans, chômeur Paris)

139 Les freins et les motivations à la création d’entreprise

12 mai 2003

Ceux qui ont déjà créé leur entreprise et les étudiants, soulignent des carences dans lefinancement.

«De bonnes idées mais qui ne vont pas assez loin notamment sur tout ce qui est en rapport avecles banques. Il y a trop de mesures incitatives qui sont du saupoudrage, des effets d’annonce. Onest dans la Raffarinade. Le thème 3 est insuffisant et le thème 4 est démagogique...Il n’y a pasassez de mesures incitatives, proactives, notamment sur les questions de financement» (Homme,37 ans, ayant créé son entreprise, col blanc Paris)

«Le projet est bien, mais pas suffisant. Il faudrait plus de mesure d’accompagnement par rapportaux banques, laisser moins de liberté aux banques» (Homme, 44 ans, ayant créé son entreprise,col bleu Lille)

4 – RÉACTION AUX AXES DECOMMUNICATION TESTÉS ET AU

PERSONNAGE DE «CHARLIE BOSSEUR»

141 Les freins et les motivations à la création d’entreprise

12 mai 2003

4.1. «CRÉER SON ENTREPRISE AUJOURD’HUI, C’EST SIMPLE»

Une promesse trop grande, mise à distance

On relève les réactions suivantes :

− La banalisation de la création d’entreprise.

“On dit que créer une entreprise, c’est à la portée de tout le monde” (Groupe de jeunes, métierstertiaires, Paris)

− Le gommage de l’aspect élitiste de la création d’entreprise ; dès lors la valorisationnarcissique ne joue plus comme moteur.

“Si c’est accessible à tous, je ne m’y intéresse pas. On perd le côté élitiste de la création” (Groupede salariés, cols blancs, Dijon)

142 Les freins et les motivations à la création d’entreprise

12 mai 2003

− Le gommage de la dimension volontariste du créateur d’entreprise.

“Claque des doigts et tu auras ton entreprise” (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

− Le caractère excessif de l’affirmation qui la rend non crédible, en inadéquation avec lesperceptions des personnes interrogées.

“Pas vraiment, simplifié mais pas simple” (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)

“Excessif ” (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)

“Ça peut être vrai, si on a un bon accompagnement, mais ça peut être aussi mensonger, ce n’estpas simple si le projet n’est pas mûri” (Homme, 37 ans, ayant créé son entreprise, col blanc Paris)

“Ce serait induire les gens en erreur” (Homme, 22 ans, ayant créé son entreprise, col blanc Paris)

“Non l’expérience prouve que ce n’est pas clair” (Homme, 31 ans, chômeur Paris)

“Pas réaliste” (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)

“Pas sérieux” (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

143 Les freins et les motivations à la création d’entreprise

12 mai 2003

Un double effet négatif

− La dévalorisation du créateur d’entreprise.

“Niais” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)“Crédule” (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)“Inexpérimenté” (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)

− L’absence de crédibilité.

“Je n’y crois pas du tout, c’est faux” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)“Mensonge” (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)

144 Les freins et les motivations à la création d’entreprise

12 mai 2003

4.2. «CRÉER SON ENTREPRISE, C’EST NATUREL»

Une approche peu appropriée et peu crédible pour parler de création d’entreprise

Le terme « naturel » concentre l’essentiel des critiques car :

− Il est non approprié.

“C’est comme s c’était quelque chose d’inné, ça ne va pas” (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)“Ce n’est pas l’idée qu’on se fait du mot naturel” (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)“Hors contexte” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

145 Les freins et les motivations à la création d’entreprise

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− Il gomme la dimension volontariste de la création d’entreprise (l’inné versus l’acquis,l’effort).

«Ça va se faire tout seul, sans notre aide» (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)«Là, on devient passif, fait droit divin» (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)«Fait improvisé» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)«Non ce n’est pas naturel, il faut le vouloir» (Homme, 33 ans, ayant créé son entreprise, col blanc,Lille)

− De plus il évoque des univers décalés par rapport à la création d’entreprise : la santé, lanutrition, les loisirs, la décontraction :

«Mangez du poisson, c’est bon pour la santé, manger de la soupe, pour grandir» (Groupe dejeunes, métiers techniques, Paris)

«Ça fait Club Med» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

«Ça fait vacances»(Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)

«Pas pro» (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)

146 Les freins et les motivations à la création d’entreprise

12 mai 2003

De ce fait, la création d’entreprise est peu valorisée :

− Le dynamisme et la modernité sont évacués.

“Rend le projet ringard” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)“Bidon” (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)“Dépassé” (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)“Vieux” (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)

− La proposition paraît peu crédible, voire risible.

“Fait blague” (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)“Pas sérieux” (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)“

147 Les freins et les motivations à la création d’entreprise

12 mai 2003

4.3. «CRÉER SON ENTREPRISE, C’EST POSSIBLE POUR VOUS»

Une dédramatisation avec interpellation du destinataire

En majeur, un axe qui génère des réactions positives :

− C’est une adresse directe et motivante sous la forme interpelative, ce qui valorise ledestinataire.

“Plus motivant” (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)“Plus personnel, impliquant” (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)“On se reconnaît, positif” (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)“Valorisant” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)“La personne est valorisée” (Homme, association, Paris)

148 Les freins et les motivations à la création d’entreprise

12 mai 2003

− La création d’entreprise est évoquée comme un choix, une alternative, réduisant lesentiment de tension parfois induit.

«C’est un choix possible» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)«C’est comme une porte ouverte » (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)«Tu peux y arriver» (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)«Le projet devient envisageable» (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)«On ne lui impose pas un choix» (Homme, association, Paris)«On touche au possible, c’est ça» (Femme, ANPE, Paris)

− Elle semble aussi plus accessible.

«Rend possible la création d’entreprise, proche de nous» (Groupe de jeunes, métiers tertiaires,Paris)«C’est faisable, accessible» (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon) «C’est comme si on nous donnait ne permission»(Groupe de salariés, cols bleus, Dijon) «Ça parle plus, c’est moins élitiste, c’est pour tout le monde, ça rassure» (Homme 33 ans, ayantcréé son entreprise, col blanc, Paris)

− En mineur, des risques de banalisation chez certains.

«Tout le monde peut le faire» (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)«C’est possible pour tout le monde mais c’est trop simple justement, on ne nous met pas assez engarde” (Femme, 37 ans, ayant créé son entreprise, col bleu Lille)

149 Les freins et les motivations à la création d’entreprise

12 mai 2003

4.4. «CRÉER SON ENTREPRISE, ÇA APPORTE DES SATISFACTIONS, ON SE FAIT PLAISIR»

Un discours hors champ et peu crédible

Cette proposition est rejetée pour son manque d’adéquation avec la réalité, ce qui la rend peucrédible :

− Elle présente une vision particulièrement idéalisée de la création d’entreprise.

“C’est comme si on disait, tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil” (Groupe de salariés,cols blancs, Dijon)

− Elle offre une vision trop réductrice de la création d’entreprise, centrée uniquement sur lavalorisation du créateur, ce qui va à l’encontre de certains moteurs dépeintsprécédemment.

“C’est un des aspects, réducteur” (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)“Tu ne penses qu’à toi” (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)“M’as-tu vu” (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

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12 mai 2003

− Elle suggère enfin un ancrage focalisé exclusivement sur le plaisir, ce qui entre encontradiction avec les représentations du chef d’entreprise :

“Le moteur n’est pas le plaisir ”.(Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)“le plaisir pas sûr de l’avoir tout de suite, on ne crée pas sur le plaisir” (Groupe de salariés, colsblancs, Dijon)“Prise de plaisir, bof, ce n’est pas immédiat” (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)“On se fait plaisir, mais on ne fait pas ça pour ça” (Homme, 33 ans, ayant créé son entreprise, colblanc Paris)“Ce n’est pas que du plaisir, ces aussi des emmerdements” (Homme, 22 ans, ayant créé sonentreprise, col blanc Paris)

151 Les freins et les motivations à la création d’entreprise

12 mai 2003

4.5. «LA CRÉATION D’ENTREPRISE EST UN MOYEN DE RÉUSSITE À LA PORTÉE DE TOUS»

Une forte mise à distance

Cette proposition est rejetée car elle active des registres peu valorisants :

− La propagande

“On essaie de nous faire monter une entreprise coûte que coûte. Fait promotion supermarché”(Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)“Promotion, fait homme politique qui parle” (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)

− Le normatif, ce qui gomme le caractère élitiste et valorisant:

“Fait standard” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)“C’est pour tout le monde, donc ça ne m’intéresse plus” (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)

− L’impersonnel

“Manque de personnalité” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

152 Les freins et les motivations à la création d’entreprise

12 mai 2003

− La suspicion

Le boniment :

“Fait marchand de tapis”, “c’est une fausse promesse, belles paroles” (Groupe de jeunes, métierstertiaires, Paris)

Le vice caché :

“La création d’entreprise comme voie de garage” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

− Le normatif, ce qui gomme le caractère élitiste et valorisant

“Fait standard” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)“C’est pour tout le monde, donc ça ne m’intéresse plus” (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)

153 Les freins et les motivations à la création d’entreprise

12 mai 2003

Elle aboutit ainsi à :

− La dévalorisation du destinataire

“C’est prendre les gens pour des imbéciles” (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)

− La mise à distance :

“C’est naïf, méfiance” (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)“Pas réaliste” (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)

− La non crédibilité

“Fait sourire, pub mensongère” (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)“On n’y croit pas” (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)“Trop beau pour être vrai” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

154 Les freins et les motivations à la création d’entreprise

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4.6. «LES CHEFS D’ENTREPRISE SONT DES MODÈLES DE RÉUSSITE»

4.7. «LES CHEFS D’ENTREPRISES SONT DES HÉROS DES TEMPS MODERNES»

Des modèles inaccessibles

Ces deux propositions engendrent un rejet fort :

− Elles induisent une dimension grandiloquente qui dévalorise le message.

“Côté ringard, beauf, has been” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

“Prétentieux” (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)

“Grandiloquent, trop conquérant” (Homme 33 ans, ayant créé son entreprise, col blanc Paris)

“Il existe aussi des truands. C’est trop mettre les chefs d’entreprise sur un piédestal” (Homme 30ans, ayant créé son entreprise, col bleu Lille)

“C’est pire encore que la précédente, ce n’est pas parlant, ça fait ringard” (Femme, CIDJ, Paris)

155 Les freins et les motivations à la création d’entreprise

12 mai 2003

− Elles valorisent trop fortement le destinataire, ce qui a des effets pervers :

On a le sentiment qu’elles s’adressent à des capitaines d’industrie et non à des créateurs depetites entreprises ; dès lors l’identification est impossible.

“Fait JM Messier, Superman”, “Tapie dans les années 80” (Groupe de jeunes, métierstertiaires, Paris)“Trop lourd à porter” (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)

Elles sous-tendent une dévalorisation des non-créateurs, qui est contradictoire avec les attentesprojectives relatives à la vision du créateur par son entourage.

“Les autres sont des sous- merdes”

Finalement, le décalage entre l’image donnée ici et l’image qu’ils ont en amontde leur rôle confine au burlesque et au rejet

“Ça fait rire” (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)“S’esclaffer” (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)“C’est ridicule” (Homme, association, Paris)

156 Les freins et les motivations à la création d’entreprise

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4.8. «LE MOTEUR PRINCIPAL POUR CRÉER SON ENTREPRISE C’EST L’ASPIRATION À LA LIBERTÉ ET L’INDÉPENDANCE».

Un bon concept mais des carences en implication

Les arguments reflètent bien les motivations des cibles …

“C’est exactement ce que l’on pense, c’est bien trouvé” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)“On s’y retrouve” (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)“Ça résume bien” (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)“Je me retrouve plus là-dedans, c’est ce qu’on cherche” (Homme 37 ans, ayant créé son entreprise,col blanc, Paris)“Ça correspond à ce que je cherche” (Homme, 30 ans, chômeur, Lille)“C’est trop long, mais de bonnes choses : liberté, indépendance” (Homme, association, Paris)

… en ce qu’ils construisent l’image d’un créateur mature et dans la maîtrise :

“Posé, fait très mature” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)“Fait planifié” (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)

157 Les freins et les motivations à la création d’entreprise

12 mai 2003

Mais, on notera :

− Une carence en valeur d’implication.

“Impersonnel” (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)“Vaudrait mieux quelque chose de plus direct” (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

− Un mode d’énonciation qui ne met pas suffisamment la notion de dynamisme en avant.

“Manque de dynamisme, Plat, juste mais pas motivant” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)“Pas le coup de starter suffisant” (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)“Juste” (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)“Sur le fond je suis d’accord, mais la forme est lourde” (Femme, CCI, R.P.)

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4.9. «LE MOTEUR PRINCIPAL POUR CRÉER SON ENTREPRISE C’EST L’ASPIRATION À LA RÉUSSITE SOCIALE».

Se voulant trop explicite, le discours est rejeté

On parle ici d’un discours «à l’américaine», trop éloigné de la culture française.

“Marche en Amérique, mais pas ici. C’est le capitalisme” (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

De ce fait, il est perçu comme un slogan de propagande, peu incitatif.

“Fait propagande, fait politique” (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

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La réussite sociale n’apparaît pas comme la motivation première et ne peut en tout cas pas êtreénoncée aussi ouvertement.

“Ce n’est pas la raison principale” (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)“Non pour moi, c’est plus une réussite individuelle, un challenge personnel” (Femme 37 ans, ayantcréé son entreprise, col bleu Lille)“La réussite sociale, c’est trop réducteur” (Homme 44 ans, ayant créé son entreprise, col bleu Lille)“Ça n’est pas déterminant pour moi, c’est plus l’aspiration à l’épanouissement personnel” (Homme 39ans, chômeur, Paris)

Finalement, une proposition peu motivante

“Peu motivant” (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)“N’attire pas l’attention, lourd” (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)

160 Les freins et les motivations à la création d’entreprise

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4.10. «C’EST EN CREANT DES ENTREPRISES QU’ON FAIT RECULER LE CHÔMAGE».

Une noble cause mais qui ne répond pas aux motivationsdes créateurs d’entreprise

Si on relève la cause jugée noble, celle-ci n’apparaît pas réellement motivante :

“C’est beau mais ce n’est pas pour cela qu’on crée une entreprise” (Groupe de salariés, cols bleus,Dijon)“Ce n’est pas là dessus qu’il faut communiquer. Les chefs d’entreprise ne sont pas des humanitaires.C’est peut-être vrai, mais pas porteur” (Homme 22 ans, ayant créé son entreprise, col blanc Paris)

− La proposition prend la forme d’un discours institutionnel, peu impliquant individuellement.

“Fait cause nationale, fait civique, fait formule toute faite” (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)“Electoral, politique” (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)“Militant” (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)

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− Qui active le registre de la culpabilisation.

“Si le chômage monte, c’est notre faute, c’est culpabilisant” (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)“C’est de ta faute si tu ne trouves pas de boulot” (Groupe de jeunes, métier tertiaires, Paris)

− Et la déresponsabilisation de l’Etat.

“L’Etat se défausse sur les entrepreneurs” (Groupe de jeunes, métier tertiaires, Dijon)“Ce n’est pas ce qui me donne envie. Je ne pense pas créer mon entreprise pour faire reculer lechômage, je crée mon entreprise, c’est pour moi. C’est à l’Etat de prendre en charge le chômage”(Homme 30 ans, ayant créé son entreprise, col bleu Paris)

Au fond, une proposition peu motivante, exception faitepour les chômeurs

“Bien , je suis d’accord. C’est un slogan actif” (Homme 25 ans, chômeur, Paris)

162 Les freins et les motivations à la création d’entreprise

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Au bilan

− Deux concepts sont plus particulièrement choisis :

«Créer son entreprise aujourd’hui, c’est possible pour vous», car il permet de réduire les enjeux dela création d’entreprise sans dévaloriser le destinataire ;

«Le moteur principal pour créer son entreprise, c’est l’aspiration à la liberté et l’indépendance» carson contenu est en parfaite adéquation avec les motivations des créateurs d’entreprises même s’ilmontre des carences d’implication et d’incitation dans le passage à l’acte à la création.

− A l’opposé, les concepts les plus rejetés sont :

«Les chefs d’entreprise sont des modèles de réussite» ;

«Les chefs d’entreprise sont des héros des temps modernes»

«Créer son entreprise, c’est naturel”, car c’est un discours peu approprié, en décalage avecl’univers de la création d’entreprise».

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4.11. «PERCEPTION DU PERSONNAGE DE CHARLIE BOSEUR».

Le personnage apparaît peu crédible pour porter la création d’entreprise.

En positif, on souligne que Charlie Bosseur est :

− Un personnage qui rend compte des valeurs de dynamisme, de modernité, d’ouverture surle monde et de proximité …

“Sympa” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris, Groupe de salariés, cols bleus, Dijon, Groupede salariés, cols blancs, Dijon)“Dynamique” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris, Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)“Jeune, dragueur, charmeur, parle à tout le monde, il est ouvert, il est curieux, disponible, a del’humour, blagueur” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)“Moderne ” (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon, Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)“Avenant” (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)“Communication, Informatique, immobilier, Télécommunication” (Groupe de jeunes, métierstertiaires, Paris)“Prof” (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)

“Agence de pub” (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)

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− … avec un côté un peu marginal et sympathique.“Cool, décontract” (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon, Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)“Milite pour Green Peace. Guide du Routard”, écolo” (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)“Hippie” (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

Cependant, les évocations négatives montrent qu’il n’est pas très crédible.

− Il reste porteur de façon importante d’une image d’immaturité, sans expérience, peucompatible avec celle du créateur d’entreprise :

“Eparpillé, jeune diplômé, côté immature, côté sans expérience” (Groupe de jeunes, métierstertiaires, Paris)“Tête en l’air, fait ado, stagiaire” (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)“le jean et les baskets choquent. Il a un physique trop étudiant. Il donne moins envie de créerune entreprise, on n’a pas envie de lui ressembler” (Homme 30 ans, ayant créé son entreprise, colbleu? Lille)“Il fait trop teen ager, c’est pour le gars qu’il va créer son entreprise à 1€” (Homme, 31 ans,chômeur? Paris)

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− Son côté marginal tourne parfois à la dérision et à la dévalorisation.

“Ahuri, simplet, perdu, l’idiot du village” (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)“Nunuche, niais” (Groupe de jeunes, métier techniques, Dijon)

− Par ailleurs, il renvoie à un univers virtuel, en contradiction avec l’image d’une entreprise,bien ancrée dans le réel.

“Virtuel” ; “Faut arrêter, le chef d’entreprise n’est pas un guignol. Là on a un personnage de BD alorsque l’entreprise c’est la réalité, c’est de l’économie, pas de l’image de synthèse” (Homme, 37 ans,ayant créé son entreprise, col blanc Paris)

Finalement, une personne qui achoppe sur son manquede réalisme et de crédibilité

“Touriste” (Groupe de salariés, cols blancs, Dijon)“Pas assez sérieux, pas crédible” (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)“Il est trop jeune, pas sérieux, il ne rend pas le projet crédible” (Homme 39 ans, chômeur Paris)“Il ressemble à un comique, il ne fait pas sérieux” (Femme, ANPE, Paris)

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«Charlie Bosseur» se révèle comme un nom qui ne permet pas de cautionner lepersonnage.

On critique :

− La connotation anglo-saxonne.“Fait anglais” (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)“Pourquoi un prénom anglais ?” (Groupe de jeunes, métiers techniques, Paris)

− Le côté provocateur.“Fait anglais” (Groupe de salariés, cols bleus, Dijon)“Charlie hebdo” (G2)

− Le caractère vieillot :“Côté dépassé, ancien” (Groupe de jeunes, métiers tertiaires, Paris)

− L’aspect peu sérieux, confinant à l’infantilisation.“Fait pas sérieux” (Groupe de jeunes, métiers tecnhiques, Paris)“Ne fait pas sérieux” (Femme 37 ans, ayant créé son entreprise, col bleu Lille)“le côté personnage BD et le nom de Charlie Bosseur, ça infantilise un peu le projet de créationd’entreprise” (Homme, 30 ans, chômeur,Paris)

5 – LES ATTENTES EN TERMES DECOMMUNICATION ET D’ÉMETTEURS

168 Les freins et les motivations à la création d’entreprise

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Les émetteurs attendus pour communiquer sur la création d’entreprise.

Les émetteurs jugés légitimes le sont pour leur expérience et leur indépendance dans lesconseils apportés, il s’agit de :

− La Chambre de Commerce, chambres de Métiers

− Les personnes ayant déjà créé leur entreprise et réussi

− Les associations accompagnant la création d’entreprise

En revanche, sont plutôt rejetées les entités dont on juge qu’elles n’auront pas suffisammentl’expérience du terrain, de l’entreprise, que leurs compétences en la matière seront doncréduites et / ou que leur faculté de conseil ne sera pas suffisamment « indépendante » ; il s’agitde :

− L’ANPE

− Les parlementaires ou politiques

− Les services fiscaux

169 Les freins et les motivations à la création d’entreprise

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Les moyens à mettre en œuvre pour inciter à la création d’entreprise s’oriententmajoritairement vers des opérations d’accompagnement :

On rejette :

− La publicité jugée peu utile et peu efficace

− Les forums jugés trop anonymes et délivrant des conseils insuffisamment personnalisés

Les attentes se concentrent en revanche sur :

− Le développement des financements pour les TPE.

“Créer un compte Epargne Entreprise, Type CEL, pour faciliter les possibilités de crédit”(Femme, DIDJ, Paris)

− La simplification des démarches auprès d’un interlocuteur unique.

“Collecteur unique pour les charges sociales serait une vraie mesure de simplification” F,CCI, R.P

170 Les freins et les motivations à la création d’entreprise

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− Le développement de tribunes relatant les expériences, les «success-stories».“Je souhaiterais le développement d’une presse spécialisée, des représentations dusuccess-stories, avec des gens proches d’eux”

− Des réunions d’information sur la création d’entreprises, avec des interlocuteurs trèsimpliqués et concernés.

“Développer des contacts avec des professionnels du milieu” (Groupe de jeunes, métierstechniques, Paris)

− Le développement de systèmes de parrainage, de tutorat ou de compagnonnage élargi (enamont et en aval de la création d’entreprise).“Il faudrait imaginer une plate-forme de conseils et d’accompagnement à disposition etgratuite” (Homme , Association relais , Paris)“Anciens créateurs qui nous conseillent, nous suivent” (Groupe de salariés, cols blancs,

Dijon)“Moi j’aimerais avoir quelqu’un avec moi une demi-journée ou une journée entière qui mepropose un vrai accompagnement concret, “Il faudrait un vrai interlocuteur qui nous suive etpas un fonctionnaire qui travaille de 8 à 11 heures. Que ce soit une personne référente, quece soit son métier. Du coaching avec un planning des choses à faire” (Groupe de jeunes,

métiers tertiaires, Paris)“Nous accompagner dans notre projet. Il faudrait plus de conseillers peut-être dans lesANPE. On pourrait exposer notre projet et ils pourraient nous guider” (Groupe de jeunes,

métiers techniques, Paris)

6 – PRINCIPAUX ENSEIGNEMENTS ETRECOMMANDATIONS

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6.1. «RÉCAPITULATIF DES PRINCIPAUX ENSEIGNEMENTS AUPRÈS DE CHACUN DES PUBLICS».

Les prescripteursPar leur activité, ils sont en contact direct avec les jeunes et certains créateurs d’entreprises. Maisleur position n’est pas circonscrite à celle de prescripteur au sens strict. En effet, le public quis’adresse à eux a le plus souvent déjà montré le réel souhait de créer une entreprise. Leur rôle deprescription reste donc réduit.

Leur mission est d’abord d’information, de conseil, de soutien et d’accompagnement, mais seheurte à la difficulté d’être correctement informés eux-mêmes de tout changement concernant cedomaine.

Ils pensent leur rôle comme une aide à la maturation du projet et à la concrétisation de ladémarche de création.

Ils montrent une attitude très positive vis-à-vis de la création d’entreprise et plus particulièrementpour les jeunes (moins de 30 ans), qu’ils approchent comme une mission d’intérêt général.

Cependant leur rôle se différencie dans le parcours d’un jeune désireux de créer son entreprise,selon les cas :

− En amont pour le CIDJ et l’ANPE qui délivrent informations et conseils ;− L’ANPE peut ainsi servir de soutien ;− L’association-relais et la CCI interviennent de façon beaucoup plus concrète et suivie dans

l’accompagnement des créateurs d’entreprises.

173 Les freins et les motivations à la création d’entreprise

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Les profils dominants de leur public se concentrent sur les jeunes :

− En difficulté ;

− Evoluant dans des domaines artistiques ;

− Etudiants.

Chaque profil montrant son niveau des difficultés à s’insérer dans le monde du travail, lacréation d’entreprise reste un moyen d’insertion et s’envisage sous des registre différents,comme :

− Un élément de réparation (jeune en difficulté) ;

− Un moyen d’exploiter une idée originale ;

− Un statut incontournable pour trouver du travail (jeune évoluant dans des domainesartistiques).

Les projets s’inscrivent majoritairement dans l’élaboration d’une TPE.

On note le très faible taux des jeunes sortant des écoles de commerce.

Au-delà des freins partagés par tous, cette cible souligne la prégnance du modèle du salariatdans les représentations sociales du travail.

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Face au projet de loi, ils réagissent plutôt positivement, mais soulignent les manques et voientl’ensemble des mesures comme relativement frileuses et répondant peu aux besoins du publicqui les concerne :

− Le financement servira pour d’autres cibles de créateurs d’entreprises, ceux qui lescontactent ayant avant tout besoin de subventions ;

− L’absence de formation des futurs créateurs est regrettée ;

− De même que l’allègement quasi inexistant des formalités concernant la créationd’entreprise ;

− Son ancrage dans l’univers du juridique ne lui permet pas d’être très impactant à leursyeux.

Cependant, on notera que cette cible reste la seule à bien comprendre l’intérêt et le mécanismedu financement mis en place pour la création d’entreprise.

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Les créateurs actuels.

Ils ont le sentiment que le phénomène de création s’amplifie doucement et qu’il devient unealternative plus facilement réalisable qu’auparavant, en particulier les cols blancs.

Ils soulignent le profil très hétérogène des entreprises créées qui conduisent à rendrel’information diffusée dans les séminaires de création trop généraliste et peu adaptée à leur caspersonnel.

Ils avouent que les démarches administratives nécessaires à la création d’entreprise ne sontpas « la montagne » qu’ils s’étaient imaginée et soulignent le rôle positif de la CCI et deDDTE.

Cependant, ils font état d’un délai parfois excessif pour l’obtention du K-bis qui a généré desdifficultés en particulier au niveau bancaire ; se manifestant par :

− Un blocage du financement ;

− Un blocage des fonds.

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Ils se réjouissent ainsi de l’article 2 facilitant la mise en route du fonctionnement de l’entreprise.

Enfin, ils attirent l’attention sur le fait que la recherche de subventions et d’exonérationscomplexifie et alourdit les procédures administratives.

Ils accusent les banques de frilosité non seulement dans l’obtention d’un prêt mais aussi dans lefait d’accepter l’entreprise comme client (ouverture d’un compte client). Ils ne voient pas dans letexte de loi une réelle aide à ce niveau.

Ils considèrent que le moyen proposé n’est pas la bonne façon d’aborder le problème et qu’ilfaudrait contraindre à financer la création d’entreprise les banques en respectant un systèmede quota.

Le bilan qu’ils portent sur leur création d’entreprise reste globalement positif, malgré une chargede travail plus importante et une trésorerie pas toujours stabilisée.

Parfois la peur de l’échec subsiste même quand l’entreprise fonctionne bien.

Ils restent agacés par l’importance des procédures administratives dans la gestion d’uneentreprise.

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Les chômeurs

Ils ont le sentiment que le soutien à la démarche de création d’entreprise s’est développé,autour :

− Du conseil et du soutien ;

− De l’amélioration de l’information ;

− Des mesures prises en faveurs de la création d’entreprise (exonérations de charges).

Ils rendent compte d’une image positive de l’ACRE qui accorde des subventions et surtout cadreles démarches à effectuer.

Ils laissent percevoir une image moins satisfaisante de l’ANPE, en particulier sur la qualité desconseils donnés.

Face à la création d’entreprise, et au-delà d’une insertion dans le monde professionnel, leursmotivations principales sont l’espoir de percevoir des revenus plus importants et une valorisationde leur statut social.

Pour eux, les freins majeurs touchent au financement, avec :

− La constitution de l’apport ;− Le manque de trésorerie au démarrage de l’entreprise.

Cependant, le projet de loi ne répond pas à leurs besoins.

L’article 1 ne participe pas à lever un frein, mais contribue à fragiliser l’entreprise naissante.De plus, ils se sentent exclus des moyens de financement et plus généralement par l’ensembledu texte de loi.

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L’ensemble des salariés

Ils montrent une attitude ambivalente face au monde de l’entreprise et plus particulièrement vis-à-vis du salariat.

S’ils ne sont pas entièrement satisfaits, revendiquant haut et fort une autonomie élargie, ilsdemeurent fortement attachés aux avantages sociaux que procure l’entreprise, ce qui constituepour eux un frein essentiel à « franchir le pas » de la création d’entreprise.

Ils sont dans l’ensemble fortement attachés à la dimension de socialisation générée parl’entreprise.

Ils laissent voir une vision particulièrement dramatisée en cas d’échec qui ne s’actualise pastant au moment même de la création mais à plus long terme, dans la survie même del’entreprise.

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Les salariés type cols blancs

Ils approchent plus facilement l’entreprise comme acteur de l’économie et soulignent ladimension fortement concurrentielle de cet univers, en particulier entre les petites et les grossesentreprises.

Si auprès de cette cible, le désir d’autonomie apparaît important, il est cependant tempéré par lasatisfaction que peut procurer l’emploi actuel et la perspective d’une augmentation de la chargede travail qu’implique la création d’entreprise sans contrepartie assurée sur les revenus.

Ils laissent transparaître un attachement au cadre de vie de l’entreprise (locaux).

Ils montrent une compréhension plus aisée du texte de loi. A la première lecture, il leur apparaîtrelativement satisfaisant (élément de réassurance), mais son intérêt tend à se réduire lorsqu’ils ledétaillent.

En effet, les passerelles instaurées entre le salariat et le patronat leur apparaissent peu crédibleset difficilement applicables dans la pratique.

Par ailleurs, elles représentent un risque une fois qu’ils seront installés dans leur nouveau statut.Elles ne permettent donc pas de dédramatiser les enjeux. Au mieux, elles les déplacent.

180 Les freins et les motivations à la création d’entreprise

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Les salariés type cols bleus

Ils ont du mal à aborder l’entreprise d’un point de vue économique, car celle-ci reste pour euxavant tout un lieu de production.

Ils ont de la petite entreprise une vision moins fragile et la perçoivent plus en relation decomplémentarité avec la grande entreprise.

Ils sont avant tout attachés à leur savoir faire, montrent un vrai « amour » de leur métier. Et au-delà d’une ascension sociale, ils voient la création d’entreprise comme la possibilité d’unenrichissement de leur savoir professionnel et l’affirmation de leurs compétences.

La difficulté de se faire confiance comme entrepreneur, de croire en leur projet, et leur sentimentexacerbé des difficultés de gestion et administratives jouent comme freins principaux à lacréation d’entreprise.

Ils montrent des difficultés à s’exprimer et à développer une approche conceptuelle, ce qui lesgêne dans l’approche qu’ils peuvent avoir du texte de loi. Ils montrent des difficultés à lecomprendre et sont gênés par les mesures qui ne les concernent pas.

En particulier, le mode même du processus de drainage des fonds leur est totalement étranger ;les articles s’y apportant tendent à être spontanément compris comme des allègements fiscauxou de charges sociales destinés aux créateurs d’entreprises.

Ils apprécient cependant particulièrement le fait que la résidence principale puisse être protégée.

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Les étudiants et les jeunes

Leur vision de l’entreprise est assez négative et rend compte d’un contexte particulièrementdifficile avec :

− L’exclusion, la non embauche, la précarité de l’emploi ;− Les licenciements, les affaires, les dépôts de bilan.

Du fait de cette image, le monde de l’entreprise leur apparaît comme un univers difficile d’accès.

Dans l’ensemble, ils laissent voir un degré moindre dans la connaissance du processus decréation et montrent des attentes en terme d’information et d’accompagnement.

L’autonomie et l’insertion sociale représentent auprès de cette cible les motivations principalesliées à la création d’entreprise.

L’idée même sur laquelle se fonde la création d’entreprise apparaît auprès de cette ciblecomme un frein important.

Enfin, ils ont le sentiment d’être relativement peu concernés par le texte de loi.

182 Les freins et les motivations à la création d’entreprise

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Les jeunes / métiers tertiaires

Auprès de cette cible, la création d’entreprise s’inscrit dans une double mouvance. D’un côté ,elle est perçue comme le moyen d’intégration sociale (insertion professionnelle) ; de façonconcomitante, est vue comme un élément de distinction sociale (elle permet de sortir du lot).

Elle représente une ouverture sur le monde et sur l’avenir, permettant d’augmenter sescompétences professionnelles …

… mais aussi un danger d’une part par manque d’expérience professionnelle et d’autre partpar le capital nécessaire à engager.

Le financement apparaîtra à leurs yeux comme un frein majeur. Toutefois le texte de loi nepermet pas de les rassurer à ce niveau, car ils n’ont pas le sentiment que ça les concerne, laplupart des mécanismes étant mal compris.

183 Les freins et les motivations à la création d’entreprise

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Les jeunes / métiers techniques

Ici, la création d’entreprise est abordée comme l’expression d’une nouvelle idéologie sociale, ledernier « truc à la mode » que l’on lance. Elle est dans l’ensemble relativement tenue à distanceet reste suspecte de manipulation.

Cette cible montre de réelles difficultés face au texte de loi, jugé d’un accès particulièrementdifficile. Son approche résolument conceptuelle apparaît comme un frein majeur et ne permetpas à la cible d’en appréhender les bénéfices, voire réactive des attitudes de méfiance etrenforce le caractère idéologique de la création d’entreprise.

De plus, ce texte de loi apparaît peu concerner les jeunes non salariés et tend à raviver leursentiment d’exclusion.

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6.2. CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS.

La création d’entreprise questionne l’individu dans l’ensemble des dimensionsdans lesquelles il s’inscrit :

− Personnelle, et plus particulièrement son identité : l’affirmation de soi et de ses capacités(autonomie, estime de soi, épanouissement professionnel, compétences accrues) ;

− Familiale : les relations et l’équilibre avec ses proches ;

− Sociale : l’image qu’il donne aux autres, sa position dans l’échelle sociale (réussite sociale,élément de distinction sociale, ascension sociale) ;

− Economique et financière : la possibilité de gains plus importants, et / ou de constituer un capitalou un patrimoine.

Elle constitue donc pour l’individu un projet aux enjeux importants.

Ces enjeux sont accentués par la rupture radicale que suppose la création d’entreprise avecson ancien statut. Créer son entreprise implique de se retrouver brutalement dans la « TerraIncognita » qui participe à construire cette expérience comme une expérience à risque (« le sautdans le vide »).

Cette situation nouvelle apparaît anxiogène, anxiété aggravée par le fait que la créationd’entreprise est perçue comme une situation d’évaluation qui va mesurer les compétences del’individu, autant aux yeux du créateur qu’aux yeux des autres.

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L’évaluation même que sous-entend la création d’entreprise s’inscrit dans unelogique du « tout ou rien » et appuie sur la charge anxiogène. Ainsi :

− La réussite permet une forte valorisation de l’individu ;

− L’échec apporte au contraire une forte disqualification et tend à être perçu comme unanéantissement.

Les enjeux lors de la création d’entreprises sont donc particulièrement importants. L’individucréant sa société se trouve dans une situation de risques et de tension quasi maximale.

Autrement dit, la création d’entreprise participe à dramatiser le rapport que l’on a avec soimême et avec les autres : une dramatisation qui peut apparaître stimulante mais aussiparalysante.

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Les principaux leviers face à la créationd’entreprise

− L’autonomie ;

− Le salariat comme modèle dominant ;

− L’épanouissement, la réalisation de soi ;

− L’appât du gain ;

− La reconnaissance sociale ;

− L’aspiration à la promotion sociale ;

− Le goût du challenge ;

− L’intégration sociale ;

− La réparation ;

− L’acquisition de compétences accrues ;

− La dynamique de groupe ;

− Le dispositif PARE.

Les principaux freins face à lacréation d’entreprise sont :

− La peur du risque et l’absence de filet ;

− Le financement du capital, des premiers delancement ;

− La lourdeur administrative, le sentiment denon-maîtrise ;

− L’appréciation de l’aspect gestion ;

− L’absence d’idée de projet au départ ;

− La conjoncture économique perçue commepeu favorable ;

− La lourdeur des responsabilités et del’investissement psychique ;

− Les chamboulements de la vie familiale ;

− L’absence de protection sociale ;

− La perte des avantages sociaux.

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Les réactions au texte de loi

Au-delà des problèmes de forme qui :

− Rendent le texte difficile d’accès et construit pour un destinataire initié ;

− Ne permettent pas de valoriser les bénéfices réels des articles ;

− Tendent à exclure la cible des étudiants …

… dans son intention, le texte de loi jouit en spontané d’un accueil favorable, car il joue commeélément de réassurance vis-à-vis des engagements financiers (Art . 1, art. 4 et 5 , art 6, art 18) :

− Il réduit le sentiment de rupture par :

la construction de passerelles entre le statut de salarié et celui d’entrepreneur (thème2) ;

la notion d’accompagnement.

− Il facilite le financement (Art. 17) ;

− Il facilite et accélère la création (Art.3).

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Toutefois, en lecture approfondie, l’intérêt même des articles proposés se dilue :

− Les éléments de réassurance sur les engagements financiers apparaissent peu crédiblesdans la réalité :

Le capital libre (Art. 1) apparaît peu crédible car il est perçu comme une fragilisationdu futur de l’entreprise ;

Le report du paiement des charges sociales (Art 18) est perçu comme dangereux etpeut contribuer à fragiliser l’entreprise la seconde année ; en outre, il ne répond pasaux attentes d’allègement voire d’exonération.

− Les éléments facilitant administrativement la création d’entreprise ne sont majoritairementpas compris (Art. 2), - mais seulement plébiscitée par ceux qui ont rencontré des difficultésà ce niveau - ou montrent des carences en réassurance (Art. 3) et restent globalement peuprésents.

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− L’établissement de passerelles entre le statut de salarié et celui d’entrepreneur, apparaîtfinalement :

• Peu réalisable dans la pratique (Art. 7 ; Art. 9), voire représenter un danger une foisacquis le statut d’entrepreneur ;

• Peu porteur parce que non considéré comme une réelle innovation mais plus commeun juste retour des choses (rétablissement d’un abus) (Art. 8, Art. 12) ;

• Peu compréhensible ou peu crédible dans son fonctionnement, alors que les articlesjouissaient d’un a priori très favorable (Art. 10 et 11).

− Les mesures de financement favorisant l’investissement dans la création d’entreprise etpermettant l’obtention de prêts se heurte à une difficulté majeure de compréhension dumécanisme et du destinataire final (Art. 13 et 14, Art. 15, Art. 16) :

• Des articles pour lesquels le créateur d’entreprise ne se sent pas concerné ;

• De ce fait, l’assouplissement même des conditions de prêts (Art. 17) n’est pas crédibleet se heurte à la frilosité des banques.

− Enfin l’intérêt même des articles 19, 20 et 21, est peu perceptible : au mieux ceux-ci sontperçus comme des mesure de saupoudrage, peu efficaces dans l’ensemble.

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L’intention du texte de loi répond bien à la volonté de dédramatisation, mais il s’agiraitde :

− Dans la communication autour de cette loi, mettre en avant plus concrètement lesbénéfices pour le créateur, comme :

le contrat d’accompagnement (articles 10 et 11)

l’article 2 ;

l’article 21 ;

et l’ensemble du thème 3

− Clarifier le mécanisme de financement et le destinataire final qui représente un enjeuimportant au niveau des cibles, par exemple :

drainer l’épargne par des Fonds d’Investissement de Proximité destinée aux futurescréations ;

favoriser l’investissement dans les entreprises par un avantage fiscal ;

protéger plus amplement les investisseurs en cas de perte de capital.

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− Rassurer sur le fait que l’assouplissement des conditions de prêts touche aussi les TPE.

− Éviter les dévalorisations dans l’utilisation de certains termes (ex : “petits projets”)

− Appuyer l’article 3 sur la possibilité de l’immatriculation en ligne ;

− Enfin changer le titre du thème 4 qui prête à confusion, car même s’il n’est perçupositivement, ce terme ne renvoie pas auprès des cibles à l’idée d’aide financière ;

− A noter : certains articles demeurent peu crédibles ou pas pertinents sur le fond (clausesd’exclusivité / droit au travail à temps partiel – cf. articles 7 et 9)

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LA COMMUNICATION

Les axes de communication :

Deux axes sont bien accueillis :

− L’axe 3 surtout («créer une entreprise, c’est possible pour vous») permet unedédramatisation de la création d’entreprise, en la proposant comme une alternative, unchoix, tout en valorisant le destinataire.

− L’axe 8 («le moteur principal pour créer son entreprise, c’est l’aspiration à la liberté etl’indépendance») fait écho aux motivations premières du créateur d’entreprise, mais montredes carences en implication .

Plusieurs d’entre eux souffrent d’un déficit d’adhésion, principalement pour leur défaut decrédibilité :

− L’axe 1 («créer son entreprise aujourd’hui, c’est simple») apparaît comme une surpromessepeu réaliste ;

− Les axes 2 et 4 («créer son entreprise, c’est naturel / ça apporte des satisfactions, on se faitplaisir») proposent une approche en inadéquation avec les représentations : la facilitéversus les difficultés et les tensions ; le plaisir versus l’effort et les sacrifices ;

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− L’axe 5 («la création d’entreprise est un moyen de réussite à la portée de tous») affaiblit lavalorisation sociale au cœur des représentations conscientes ou inconscientes associéesà la création d’entreprise qui se trouve ici banalisé et affadie ;

− Les axes 6 et 7 («les chefs d’entreprise sont des modèles de réussite / des héros destemps modernes») induisent une trop forte valorisation du destinataire rendantl’identification impossible ;

− L’axe 9 («le moteur principal pour créer son entreprise c’est l’aspiration à la réussitesociale») se révèle être un discours trop explicite et conduit au rejet ;

− L’axe 10 («c’est en créant des entreprises qu’on fait reculer le chômage») n’est pas unemotivation présente en spontané et elle active des registres négatifs comme laculpabilisation ou l’agacement.

− Le personnage de Charlie Bosseur, autant dans sa représentation physique que par sonnom n’apparaît pas crédible pour représenter la création d’entreprise. Prédomine l’imagede quelqu’un de marginal, immature, presque « naturel » et finalement peu impliquant, peuvalorisant, rendent en tout cas l’identification impossible.

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Dans l’optique de favoriser la création d’entreprise, il s’agirait avant tout dechercher à dédramatiser la création d’entreprise.

− Autrement dit, plus qu’à chercher une valorisation du créateur d’entreprise qui apparaît àl’heure actuelle suffisamment positive et d’appuyer sur ses motivations, la stratégie la plusadaptée apparaîtrait être celle d’abaisser les enjeux négatifs.

− Toutefois, si cette dédramatisation doit être opérée, elle ne doit pas être confondue avecune banalisation qui aboutirait au contraire à réduire les motivations liées à la créationd’entreprise, en particulier sur son versant valorisation sociale (élément de distinction) etindividuelle (affirmation de soi, de ses compétences).

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Cette dédramatisation doit donc revêtir plusieurs aspects

− Réduire le sentiment de rupture entre le statut antérieur et celui de créateur d’entreprise,en inscrivant la création d’entreprise sur un continuum ;

− Baliser de façon précise la démarche de création d’entreprise et la simplifier ;

− Aider, voire former à la gestion de l’entreprise, tant sur le plan comptable qu’administratif(réduire les craintes de non compétence dans ce domaine) ;

− Faciliter les financements de la création et au-delà, alléger les charges de l’entreprisenaissante.

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Pour ce faire, il s’agirait de :

− Clarifier les différentes étapes de la création d’entreprise et les démarches à effectueravec les institutions à contacter, leurs coordonnées, le renvoi à des sites Internet dédiés,etc…

− Expliquer au maximum les différentes étapes, leur importance, les démarches à effectuer,souligner l’importance de forme juridique de la société en montrant les avantages etinconvénients de chaque statut ;

− On propose ainsi l’édition d’une brochure accessible à tout créateur d’entreprise etdisponible dans l’ensemble des relais (CCI, Chambre des métiers, ANPE, CIDJ, MissionLocales, Association relais, voire les syndicats professionnels…) ;

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Cette brochure permettrait la constitution de repères, points clés et constituerait un élémentcadre permettant au créateur de mieux se situer dans sa démarche

− Sensibiliser et informer plus amplement sur la création d’entreprise au niveau de l’école etplus particulièrement dans les filières professionnelles en y introduisant des éléments degestion d’entreprise et des notions juridiques (les différents statuts d’une société) ;

− Construire des passerelles tangibles entre le statut antérieur et celui d’entrepreneur,autrement dit :

ne pas se focaliser uniquement sur les salariés ;

proposer des mesures réalistes qui ne seront pas perçues comme une fragilisation de la futureentreprise ;

Proposer une réelle formation à la fonction d’entrepreneur : gestion de l’entreprise, cadre juridique,les taxes (montant, date de paiement etc…), informer sur les relais d’informations possibles à cessujets.

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Le futur entrepreneur devant avoir ainsi à l’idée, en sortant de son stage, le planning et lemontant des charges qu’il aura à honorer.

− Développer des séminaires de création d’entreprise en fonction des secteur d’activité, plusadaptés aux besoins des créateurs ;

− Rapprocher le statut du dirigeant avec celui du salarié, les différences de statut ne sejustifiant que peu en termes de :

couverture sociale ;

retraite ;

voire de droits au chômage.

− Instaurer un accompagnement personnalisé du créateur (suivi) non seulement en amontmais aussi en aval par un suivi régulier au moins la première année ;

− Envisager un allègement des charges sociales la première année ou les différer comme ilest proposé dans le texte de loi, mais en proposant un étalement du paiement des chargesde la première année sur au moins deux ans.