Les exploits de Du Guesclin. D'après les chroniqueurs du ...

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DES CHEFS-D'ŒUVRE LITTÉRAIRES

DES LECTURES DE CHOIX

Les rois des conteurs, les maîtres romanciers, les grandes aventures de

l'Histoire et de la Vie, présentés sous une forme élégante et pratique, au prix le plus réduit.

LA " COLLECTION DAUPHINE " a pour principe et pour programme de ne publier que des textes honnêtes. Cependant, il n'appartient pas à ses éditeurs de décider seuls si chacun de ses volumes peut ou non être

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Buste de la statue funéraire de Du Guesclin par Thomas Privé et Robert Loisel. Fin du XIV siècle. Basilique de Saint-Denis.

(Archives d'Art et d'Histoire.)

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LES EXPLOITS DE

DU GUESCLIN D'APRÈS LES CHRONIQUEURS

DU MOYEN AGE

EDITIONS DE MONTSOURIS 1 • RUE GAZAN • PARIS • XIV

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DU GUESCLIN A peine Du Guesclin était-il descendu dans sa royale sépulture de Saint-Denis, que le trouvère Cuvelier publiait sa Chronique en vers. Il eut, croit-on, pour émule Truelles, qui composa dans le même temps un ouvrage semblable. Jean, sieur d'Estou- teville, en 1387, fit mettre en prose l'œuvre de Cuvelier, et par les soins de Claude Ménard, cette sorte de traduction fut im- primée en 1618, avec de légères modifica- tions. Sous le titre d'Anciens Mémoires du XIV siècle, Douai vit paraître, en 1692, une compilation méthodique de ces ou- vrages, complétés par quelques autres ré- cits.. C'est ce livre que nous reproduisons. On a seulement retranché les réflexions oiseuses, les contes puérils, et allégé quel-

quefois les périodes trop lourdes. L'auteur est l'abbé LEFEBVRE, prévôt

du chapitre et théologal d'Arras.

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Q

UELLES sont les causes profondes qui ont déterminé et maintiennent aujourd'hui l'attachement des cœurs français à la personne de ce Du Guesclin dont nous donnons ici la biographie? Certaines de ces causes sont d'ordre rationnel et les autres d'or- dre sentimental. Notons d'abord les motifs de recon-

naissance à Du Guesclin qu'un historien pourrait objective- ment énumérer. Avant Jeanne d'Arc elle-même, puisqu'il la précède d'un

siècle, Du Guesclin se détache comme le premier libérateur de la patrie, et cette libération, c'est avec de très faibles effectifs qu'il l'opéra, suppléant au nombre et au matériel par l'habileté manœuvrière.

C'est lui, en effet, qui, le premier, pratiqua sur une grande échelle la méthode de guérilla, refusant avec obstination les grandes batailles rangées que désiraient les Anglais, mais se plaisant à surgir soudainement devant leurs détachements isolés, comme aussi à réduire, une à une, leurs villes forti- fiées. Par là, il accomplit toute une révolution non seulement dans le domaine militaire, mais dans le domaine social. Pour Henri Sée qui a écrit sur, Du Guesclin un livre très péné- trant : « Il a réellement en France inventé la stratégie. » Sui- vant un historien anglais « Il fut le premier général vraiment habile qu'ait eu l'Europe. »

Jusqu'à lui, en effet (et la faute hélas! fut parfois encore commise après lui) on avait fait résider la puissance de l'ar- mée dans la masse et la vaillance d'une phalange de cheva- liers nobles et fortement cuirassés, ceux dont le courage indiscipliné causa les défaites de Crécy et de Poitiers. Habitué dès son enfance (ce qui scandalisait fort sa famille) à se com- mettre avec des vilains pourvu qu'ils aimassent la bataille, il donna à l'infanterie roturière une place importante dans le combat. Il se produisit là une conjonction heureuse entre ses goûts personnels et les nécessités imposées par les circons- tances à la conduite de la guerre.

Les hostilités se prolongeant entre la France et l'Angle- terre, il était devenu indispensable à la monarchie de ne plus compter seulement sur la bonne volonté spasmodique des féodaux auxquels s'adjoignait, à chaque coup dur, une cohue de gens sans aveu qui s'enrôlaient comme fantassins pour la

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durée de la campagne. Il fallut brusquement constituer des contingents permanents et régulièrement payés; et c'est alors que Du Guesclin, chef de bandes à ses origines, et comme tel accoutumé à brasser un peu rudement les foules, rendit à Charles V le double service et de lui recruter des milices bien homogènes et de débarrasser le pays des éléments militaires indésirables en conduisant hors des frontières ce qu'on nom- mait les Grandes Compagnies, c'est-à-dire les troupes d'irré- guliers qui, entre deux périodes de combats, vivaient en pillards et en parasites sur le pays même qui les avait enré- gimentés. En emmenant les Grandes Compagnies vers l'Es- pagne contre Pierre le Cruel, guerre qui fut d'ailleurs profi- table à la France, Du Guesclin s'est montré presque autant libérateur de la patrie que par ses victoires contre l'envahis- seur anglais.

Mais tous ces incontestables mérites de Du Guesclin n'au- raient pas suffi à le faire aussi populaire depuis tant de siècles s'il n'avait aussi possédé certaines qualités pittores- ques et savoureuses qui le rendent si sympathique et aux enfants et aux adultes : l'union chez lui, par exemple, d'une extraordinaire laideur physique et d'une rare générosité d'âme; de lui le sénéchal de Bordeaux disait ne pouvoir comprendre qu'un homme si déplaisant à regarder eût une âme si bien conditionnée; le duc anglais de Lancastre, tout en l'estimant beaucoup, s'étonnait de le voir « si gros et si noir » et restait bouche bée devant les dimensions de ses poings fermés. Une princesse espagnole à qui il était présenté constatait qu' « il avait la peau noire comme celle d'un san- glier » et concluait « qu'on ne devait pas s'étonner si, de cet animal, il avait la force et le courage ».

Comment en effet n'aurait-on pas excusé sa laideur quand on connaissait l'incoercible munificence qui le poussait à dis- siper sans répit pour les rançons de ses compagnons de prouesses des sommes destinées à sa propre rançon? Comment aussi n'admirerait-on pas qu'un caractère aussi brutal que le sien (« les mains de Du Guesclin lui démangeaient », disent les chroniqueurs, « quand il ne participait point à une action guerrière et pendant un même combat, s'il voulait se reposer d'avoir brandi à deux mains la hache, c'est à une épée, tou- jours à deux mains, qu'il recourait afin de « charpenter » l'ennemi) ; comment n'admirerait-on point qu'un tel caractère pût s'accommoder pendant les trêves d'une ironie finaude et si humaine qu'elle séduisait les chefs de l'armée anglaise dès qu'il allait leur rendre visite au cours d'un siège ?

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Par quel terme pourrait-on résumer l'ensemble de toutes ces caractéristiques en apparence contradictoires, mais qui toutes procèdent de l'ardeur un peu sauvage des esprits ani- maux du connétable? Il me semble que le mot serait celui de : vitalité. Il jaillit de Du Guesclin une spontanéité espiègle, un amour du jeu pour le jeu qui le rend particulièrement cher au cœur des bambins qui le contemplent comme un grand frère à l'activité redoutable, comme un Martin-bâton de conte de fée, toujours rossant sans jamais éprouver de fatigue. Sans cesse, il est question de bastonnade et de bâton dans sa vie. « Si vous me dites quelque chose qui ne me plaît, voici mon bâton », tel est un des premiers propos de son enfance. A Bordeaux, il s'évade en assommant son geôlier par un redou- table moulinet de ce que Guignol appelle « ma racine d'Amé- rique ». Souvent, dans la bataille, c'est par le maniement d'un bâton ferré qu'il estourbit son adversaire. Mais savoir magi- quement tirer d'un simple bâton tant de ressources, n'est-ce pas en définitive appliquer le plus grand principe de l'art militaire, celui de l'économie des forces, qui consiste à em- ployer judicieusement sur un point donné les ressources qui vous restent entre les mains, quelque faibles qu'elles puissent paraître ?

CHARLES CHASSÉ

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J E jure que le faulx chevalier qui m'a faict violence n'échappera jus- qu'à tems que son tort lui aye montré, ou il me destruira... Onc-

ques ne mangeray que trois souppes en vin au nom de la Trinité, jusqu'à tant qu'aye faict et accompli le gage.

DU GUESCLIN

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I

L E grand homme qui devait être dans le quatorzième

siècle la terreur des Anglais et des Espagnols, et le conservateur de la couronne de France, reçut le jour au château de la Mothe (1), à six lieues de Rennes, en Bretagne.

Son père avait plus de noblesse que de biens, et quoique personne ne lui pût disputer la qualité de gentil- homme, la fortune ne lui avait pas donné suffisamment de quoi la soutenir. La mère de Bertrand était parfaitement belle; et comme elle avait le cœur grand et des sentiments proportionnés à sa haute naissance, elle ne se savait pas bon gré d'avoir mis au monde un enfant si difforme et si laid que l'était Guesclin, elle n'avait pour lui que du mépris et de l'aversion à cause de son maintien grossier et désagréable.

En effet, il n'avait rien de revenant : toutes les actions de cet enfant avaient quelque chose de farouche et de brutal ; son humeur taciturne et revêche n'annonçait à ses parents que des actions indignes du nom qu'il portait : et plus ils étudiaient ses inclinations, moins ils avaient d'espérance de s'en rien promettre d'avantageux à leur famille.

Un extérieur si ingrat leur donnait contre lui des mouve- ments de colère, car toutes les fois qu'il paraissait en leur présence, ils ne le voyaient qu'avec peine, regrettant d'avoir donné la naissance à un monstre, dont ils ne devaient atten- dre que la honte de leur maison.

Cette aversion qu'ils avaient pour lui, faisait qu'ils lui préféraient ses frères, quoiqu'il fût leur aîné, le méprisant et le rebutant au point qu'ils ne lui permettaient pas de manger .à table avec eux, comme s'ils eussent eu de la répu- gnance à le reconnaître pour leur fils. Ces mauvais traite- ments rendaient l'enfant encore plus sombre et plus mélanco- lique, et quand les domestiques s'en approchaient pour lui dire quelque chose de fâcheux et le tourmenter, il leur témoi-

(1) On ne connaît pas la date de cette naissance. Ce fut de 1314 à 1324. Il eut pour parrain Bertrand de Saint-Péru. Le père du connétable se nom- mait Robert. Il avait épousé Jeanne de Malemains, d'une noble maison de la Basse-Normandie. Il en eut quatre enfants.

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COLLECTION DAUPHINE

SÉRIE VERTE SÉRIE ROUGE

L'Aventure et la Vie (MEMOIRES ET HISTOIRE)

1. LE VERT PARADIS par Alexandre Dumas

3. LE VOL DE L'AIGLE Mémoires de Napoléon

5. A L'ABORDAGE par Du Guay-Trouin

7. MADAME DANS LA CHEMINÉE

par Alexandre Dumas L'audacieuse équipée de la duchesse de

Berry en Vendée, le coup de théâtre de son arrestation dépeint en un romanesque vécu. Ce texte égale en mairie littéraire les meilleures pages des Trois Mousquetaires. 9. :

LES EXPLOITS DE DU GUESCLIN

Mémoires du XIV siècle. Les aventures du rude batailleur que fut

Du Guesclin, contées par les anciens chroni- queurs, sont un vrai roman de cape et d'épée, d'où se dégage, bourrue, goguenarde et intré- pide, la figure d'un des grands restaurateurs de la France. II. :

UN FRANÇAIS A LHASSA par le P. Huc.

Les Rois des Conteurs (ROMANS ET NOUVELLES)

2. L'AUBERGE ROUGE par Honoré de Balzac

4 . VÉNUS D'ILLE par Prosper Mérimée

6. MONSIEUR DUPIN par Edgar Poe

8. TROIS CONTES

par Gustave Flaubert Est-ce possible ? Une oeuvre de cette impor-

tance élégamment présentée pour un prix aussi minime ? La Collection Dauphine aura bien mérité des lettres par cette édition intégrale d'un des plus beaux textes de notre littérature. 10. :

CONTES D'OUTRE-MORT

par Emile Souvestre Les légendes bretonnes ne sont pas des

légendes comme les autres : le surnaturel y est traité avec le réalisme d'une foi profonde dans l'au-delà. De ces contes pieusement recueillis par le pionnier du folklore breton, émane une poésie mystérieuse, familière et tendre. 12. :

MILITONA par Théophile Gautier.

CHAQUE VOLUME ORNÉ D'UN FRONTISPICE: QUATRE FRANCS

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