LES EQUIPEMENTS SPORTIFS D’AUJOURD’HUI ET DE DEMAIN : ENJEUX ET TERRITOIRES

CAHIER DES EXPERTS #1

07.03.2018

En ce début d’année 2018, lesaménagements d’équipementssportifs sont, plus que jamais, aucœur des débats territoriaux.Certainement redynamisée parl’approche des Jeux Olympiquesqui auront lieu, en grande partie, àParis et en région parisienne, cetteréflexion des élus locaux n’est passans conséquence sur les budgetsdes collectivités territoriales.

À ce titre, l’agglomération deNîmes met en exergue la récenteconstruction de sa patinoire, aucoût particulièrement maitriséd’un peu plus de quatre millionsd’euros (HT) pour une dépensegénéralement constatée de plusdu double. Cette « patinoired’animation territoriale », puisquec’est la formulation retenue,respecte les tailles et lesconformités exigées par laFédération Française de Hockeysur Glace pour la pratique sportive(certes a minima, soit 56 mètressur 26 mètres et une tribune de300 places).

S’appuyant sur un co-financementdu CNDS (910 000 €) et sur laphotographie du parc vieillissantdes patinoires en France, cetéquipement - c’est la volonté de lamunicipalité - s’appuie sur unevitalité associative locale et unegestion déléguée de sonexploitation. Le fonctionnementsera particulièrement suivi card’autres collectivités semblent s’yintéresser également.

Mais si cette infrastructure illustrela réelle maîtrise desinvestissements publics, ellequestionne très clairement sur lesfutures constructions. En effet,depuis plus de 20 ans, leséquipements sportifs répondent àdeux principaux critères marketing :l’adéquation entre l’offre et lademande d’une part ; ladéclinaison de l’offre deprestations au sein del’établissement d’autre part.

Aussi, dans un avenir proche,l’exploitation de ce type depatinoire va répondre au premiercritère de l’adaptation à lademande locale sportive et à lazone de chalandise. Le secondcritère est plus complexe. Leséquipements sportifs semblaientdevenir de plus en plusstructurants à travers le gigantismedes constructions récentes(arénas, grands stades, centresaquatiques intercommunaux, etc.)et/ou la déclinaison d’une gammede prestations complémentaires(bar, jeux, loisirs, détente).

Ce type de patinoire de proximitéannonce-t-il le règne des financespubliques qui vont venir infléchir latypologie des équipements sportifs ?La diversification des équipementsva-t-elle s’arrêter au profitd’équipements plus simples etfonctionnels ? Les constructionsdes prochaines années répondrontà ce qui peut redevenirl’hyperlocalité des équipements dedemain.

UN SYMBOLE DE L'ÉVOLUTION DES INFRASTRUCTURES SPORTIVES LOCALES ?

Les constructions des prochainesannées répondront à ce qui peutredevenir l’hyperlocalité deséquipements de demain.

BRUNO LAPEYRONIE

Directeur associé de SportColl

ÉDITO

Cahier des experts #1 – 07.03.2018

L’AVIS DES EXPERTS

Pouvez-vous nous dire quelques motssur votre carrière professionnelle ?

J’ai débuté ma carrière comme maître-nageuse, fonction que j’ai occupéedurant dix ans. Je suis ensuite devenuechef de bassin, puis directrice despiscines de la ville de Nîmes.Après avoir été conseillère territorialedes APS en 2000, conseillère principaleen 2011, je suis actuellement chef deservices des installations et desactivités aquatiques, dont fait partie dela patinoire.

Qui est à l’initiative de cette patinoired’animation territoriale ?

Ce projet a vu le jour le 23 décembre2017, à l’initiative de la ville de Nîmes,après un an et demi de réflexion et detravaux. L’ancienne patinoire avaitbrûlé il y a 14 ans. La ville a souhaitéconstruire, sur le même site, unétablissement pour recevoir lescompétitions de danse et de hockeysur glace (niveau régional). Un fois leprojet sorti de terre, nous avonscontacté les deux fédérations (FFHG etFFSG) pour avoir les prérogatives afinque la patinoire soit homologuée pourles deux pratiques. Contrairement àcertaines constructions actuelles oùl’une des trois catégories d’usagers(public, danse ou hockey sur glace) estexclue, nous avons bien respecté lesconsignes des fédérations, à la plusgrande satisfaction des fédérationsconcernées et du public.La nature de ce projet a par ailleurspermis un financement partagé entrela ville, l’agglomération, et le CNDS(quartiers « Nouveaux Projets deRénovation Urbaine »).

Ce projet est-il comparable au projetdes mille piscines des années1960/1970 ?

Non, car ces piscines n’avaient pas

pour vocation à accueillir descompétitions, elles étaient dédiées àl’apprentissage.Cette patinoire est complète : elle ades dimensions adaptées à unepratique fédérale et compétitive.

Quelles sont les innovations de cetétablissement ?

La principale innovation réside dans lecoût maîtrisé assez faible, la gestiondirecte (complétée par un marché deperformance pour l’exploitationtechnique) et avec peu de personnel, letout au sein d’une architecturevalorisante avec des espacesfonctionnels et agréables. Lafréquentation maximale instantanéeest relativement faible, et très peu depublic visiteur peut s’installer : lespratiques de haut-niveau sont exclueset la priorité est donnée aux clubslocaux et au public pour une pratiqueludique.

Quelle a été la fréquentation depuisl’ouverture ?

Durant les deux semaines des vacancesde Noël, nous avons connu unefréquentation au-delà de nosespérances : quasiment 80 000entrées, soit environ 49 000 euros derecettes en deux semaines, ce quidémontre un fort engouement pourcet équipement. Nous avons été dansl’obligation d’agrandir les créneaux, etmême de repousser les créneaux clubspour pouvoir recevoir le grand public.400 personnes étaient sur la glace et200 autres attendaient dehors. Mêmesi l’effet s’est atténué après lesvacances, je ne vous cache pas quecette patinoire était vraiment trèsattendue : elle répond à un réel besointerritorial et correspond en partie àl’historique de la reconstruction sur lemême site de « LA » patinoire deNîmes.

INTERVIEW DE FLORENCE TEXIER

Cette patinoire répond à un réelbesoin territorial et correspond enpartie à l’historique de lareconstruction sur le même site de« LA » patinoire de Nîmes.

FLORENCE TEXIERChef de service des installations et des activités aquatiques de la

ville de Nîmes

Patinoire de Nîmes

Cahier des experts #1 – 07.03.2018

L’AVIS DES EXPERTS

Pouvez-vous nous direquelques mots sur votrecarrière professionnelle ?

Je suis actuellementresponsable régional Sud-Ouestau sein de la société Synerglace.Nous sommes constructeurs etnous faisons également de lalocation ainsi que de la vente depatinoires et de toutesstructures sportives en rapportavec la glace.Cela fait environ une vingtained’années que je suis dans cemilieu, d'abord en tantqu’animateur sur la glace, puiscomme gestionnaire depatinoires fixes. Je suis restétrès attaché au milieu duhockey sur glace et j’ai vouluparticiper à l’évolution de celui-cimême si aujourd’hui je suis plusspécialisé dans la location depatinoires éphémères.Notre entreprise répond auxappels d’offres des villes ou deleurs regroupements (EPCI) etdes différents territoires qui ontdes demandes en structuressportives de glace, aussi bienfixes que temporaires. Quant àla ville de Nîmes et à leur récentprojet, nous avons répondu àl’appel d’offre avec le cahier descharges qui avait été défini.Malheureusement nous n’avonspas été retenus.

Que pensez-vous du projet dela patinoire de Nîmes ?

C’est un beau projet, mais nousavons identifié une contraintede gestion : pour moi, lacompétition et le simple fait depatiner ne suffiront pas àrentabiliser les structures.Il faudrait selon moi animercette patinoire et avoir unmaximum d’activités annexes,ce qui ne semble pas être le cas.

Ce projet est-il comparable auprojet des mille piscines desannées 1960/1970 ?

Il ne me semble pas que ce soitla même conjoncture. Lapatinoire est un lieu d’activitésoù l’on peut pratiquer denombreux sports, maisaujourd’hui, ces sports ne sontpas forcément les pluspopulaires dans les villes. Parconséquent, il est difficiled’attirer beaucoup de monde.Dans une piscine, même auformat « mille piscines », lebesoin prioritaire du savoirnager reste fondamental etengendre de fortesfréquentations.Selon moi, les grossesstructures avec des projetsludiques, mais surtout avec del’activité sportive autour, serontencore d’actualité pendantquelques années.

INTERVIEW D’ÉRIC DANIEL

Selon moi, les grosses structuresavec des projets ludiques, maissurtout avec de l’activité sportiveautour, seront encore d’actualitépendant quelques années.

ÉRIC DANIEL

Responsable régional Sud-Ouest au sein de Synerglace

Patinoire installée à Bruxelles par Synerglace

Cahier des experts #1 – 07.03.2018

ContactSportColl - 64, rue Tiquetonne - 75002 Paris01 82 83 07 26 – contact@sportcoll.comwww.sportcoll.com