Les dix engagements de Jospin - scholar.lib.vt.edu · cès, Alessandro Baricco bous-cule les...

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www.lemonde.fr 58 ANNÉE – N” 17774 – 1,20 ¤ – FRANCE MÉTROPOLITAINE --- FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI MARDI 19 MARS 2002 Afrique CFA 1000 F CFA, Algérie 35 DA, Allemagne 1,50 ¤, Antilles-Guyane 1,50 ¤, Autriche 1,50 ¤, Belgique 1,20 ¤, Canada 2,50 $, Danemark 15 KRD, Espagne 1,50 ¤, Finlande 2,00 ¤, Grande-Bretagne 1 £, Grèce 1,50 ¤, Irlande 1,50 ¤, Italie 1,50 ¤,Luxembourg 1,20 ¤, Maroc 10 DH, Norvège 16 KRN, Pays-Bas 1,50 ¤, Portugal cont. 1,50 ¤, Réunion 1,50 ¤, Suède 16 KRS, Suisse 2,40 FS, Tunisie 1,5 DT, USA (NY) 2 $, USA (others) 2,50 $. ÉCRIVAIN italien à suc- cès, Alessandro Baricco bous- cule les clichés sur la mondia- lisation. Extraits de Nextparaître chez Albin Michel. Lire page 16 INFLATION salariale (l’Uruguayen Alvaro Recoba, ici au côté de Ronaldo, est le joueur le mieux payé du Vieux Continent), difficultés dans les négociations des droits de télévision, cours boursiers fort aléa- toires : le football européen s’apprête à vivre sa première véritable cri- se économique. Experts et dirigeants s’accordent à dire que la « bulle spéculative » connaît ses derniers instants. Lire pages 26 à 29 DEPUIS la mort de François Mit- terrand, homme politique issu de la période de Vichy et de la Résistance, la « génération algérienne » est aux commandes dans la vie politique française : ceux qui ont fait la guerre d’Algérie, comme Jacques Chirac ou Jean-Pierre Chevènement, qui y ont participé, comme Jean-Marie Le Pen, ou qui l’ont combattu, comme Lionel Jospin. L’effet de génération est important pour comprendre tou- te l’ampleur des commémorations liées au quarantième anniversaire des accords d’Evian. Mais il faut aller plus loin. Sur la guerre d’Algérie, le passage s’opère depuis quelques années d’une sensation d’absence à une sor- te de surabondance. Il ne se passe pas un jour, ou une semaine, sans qu’on découvre (ou qu’on feigne de découvrir) dans la presse ou à la télé- vision un épisode lié à la guerre d’Al- gérie, une douleur, une souffrance qui tourne autour de cette période. Cette sensation d’absence, que j’avais pointée il y a dix ans dans mon ouvrage La Gangrène et l’Oubli, sem- ble dépassée aujourd’hui. L’Algérie gît là comme une obsession, il n’est pas possible de l’oublier. La sortie de la dénégation, du silence commence vraiment et, désormais, l’oubli obsè- de. Cette volonté de se remémorer sans cesse l’histoire de la guerre d’Al- gérie envahit l’espace public. Mais y a-t-il eu vraiment oubli, ou avons- nous assisté plutôt à une sorte de mise en scène de l’amnésie française autour de l’Algérie, et de ce conflit ? En fait, au sortir de la guerre d’Al- gérie, après 1962, personne ne se sentait vraiment responsable ni cou- pable. Les Européens d’Algérie avaient la sensation très nette d’avoir été trahis et abandonnés par le pouvoir politique. Ils ne se sentaient pas responsables de la situation coloniale, mais avaient toujours vécu l’expérience de leur vie en Algérie comme des « pion- niers » sur une terre vierge, à défri- cher. Lire la suite page 18 et notre reportage page 4 / PATRIMOINE Le monde global selon Baricco International.............. 2 Union européenne.... 5 France ......................... 6 Société ...................... 10 Carnet ....................... 14 Abonnements .......... 14 Régions...................... 15 Horizons ................... 16 Entreprises............... 20 Communication ...... 23 Marchés.................... 24 Aujourd’hui ............. 26 Emploi-Annonces ... 29 Météorologie-Jeux... 30 Culture....................... 31 Radio-Télévision...... 35 Les raisons de la première crise économique du football européen LIONEL JOSPIN a rendu public, lundi 18 mars, son programme de candidat à la présidence de la Répu- blique. En 40 pages, sous le titre « Je m’engage », le premier ministre-can- didat décline ses propositions pour une France « active, sûre, juste, moderne et forte ». Il met particuliè- rement en avant les « dix engage- ments » suivants : « 900 000 chô- meurs de moins d’ici à 2007, un droit à la formation tout au long de la vie, un contrat national de sécurité, la réduction de moitié de la taxe d’habi- tation, une couverture logement uni- verselle, une nouvelle étape de la décentralisation, un contrat d’autono- mie pour les 18-25 ans, des retraites par répartition garanties, la Fédéra- tion européenne des Etats-nations, l’annulation de la dette des pays en développement. » Lionel Jospin y ajoute deux promesses sous le titre « La démocratie autrement » : « Un référendum pour la modernisation des institutions, un mandat unique pour les parlementaires ». Dans sa présentation, le candidat du Parti socialiste dit vouloir « réconcilier l’esprit de révolte et l’es- prit d’initiative, la capacité de créa- tion et l’exigence de justice ». De tonalité fédéraliste sur le débat euro- péen, ce programme affirme « vou- loir l’Europe politique » comme ins- trument de régulation de la mondia- lisation. M. Jospin se prononce aus- si pour le droit de vote des étran- gers aux élections locales, pour l’an- nulation de la dette des pays en développement et pour une initiati- ve européenne en faveur des pays de la Méditerranée. Les dix engagements de Jospin Dans une brochure de 40 pages diffusée à 8 millions d’exemplaires, le candidat socialiste détaille son programme SPORTS a La mémoire retrouvée de la guerre d’Algérie ? par Benjamin Stora est professeur d’histoire du Maghreb à l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco). / 0123 éCONOMIE Nord-Sud : comment financer le développement ? EMPLOI L’AFFAIRE ENRON Le capitalisme mondial ébranlé : l’avis de neuf dirigeants p. 20-21 PROCHE-ORIENT Front du refus arabe contre une intervention américaine en Irak p. 2-3 UNION EUROPÉENNE Une manif monstre à Barcelone p. 5 PARIS En finir avec les taudis de la capitale p. 15 MONTERREY de notre envoyée spéciale Les villes qui accueillent les réunions interna- tionales connaissent désormais bien ces murailles de béton ou de grillages, érigées à la hâte par les autorités locales pour protéger les congressistes contre les attaques intempesti- ves des manifestants antimondialisation. Qué- bec et Gênes ont ainsi été coupées en deux, le temps d’un sommet. Dans la Belle Province, il y a un an, on célébrait l’avènement de la zone de libre-échange des Amériques qui devrait voir le jour en 2005. Le port ligure recevait les chefs d’Etat et de gouvernement du G8 – un directoire mondial des pays les plus riches du monde. Rien de commun avec la conférence sur le financement du développement de l’ONU, qui s’ouvre ce lundi 18 mars. A Monterrey, pen- dant cinq jours, il ne sera question que de lut- te contre la pauvreté, d’efforts que doivent consentir les pays riches pour contribuer plus et mieux à réduire le fossé entre le Nord et le Sud. Quelque 300 organisations non gouverne- mentales sont bien là pour faire entendre leur voix et protester contre le maintien d’un modèle néolibéral. Les 7 000 membres de diverses forces de l’ordre quadrillent déjà la vil- le, mais les risques de débordement entre poli- ce et militants antimondialisation sont, d’après les autorités locales, limités. Pourtant, dimanche, des ouvriers s’affai- raient encore pour terminer la construction d’un mur. Un beau mur en solides parpaings de 2 mètres de haut et de 200 mètres de long que les habitants de Monterrey ont déjà sur- nommé le « mur de la pauvreté ». Il ne s’agit pas cette fois de mettre les quelque soixante chefs d’Etat et de gouvernement hors d’attein- te des globalofobicos (« globalophobes »), com- me les a surnommés la presse mexicaine. Plus sûrement, le président mexicain, Vicente Fox, hôte du sommet, a jugé que la réputation de la troisième ville du pays – et la plus riche dit- on – ne pouvait souffrir de la persistance d’un bidonville qui borde le siège de la conférence. Le quartier appelé Colonia Caracol (« Colo- nie escargot »), vivent un millier de familles, n’est séparé de l’ancien parc des acié- ries de la Fudidora, qui sert maintenant de cen- tre de conventions, que par le lit totalement sec de la rivière Santa-Catarina. Il se trouve malencontreusement sur le chemin des cortè- ges officiels des chefs d’Etat – George W. Bush en tête, qui est là en voisin (son ranch est à 150 kilomètres de Monterrey) – qui viennent ici débattre de la misère du monde. Dans la cha- leur moite d’un dimanche après-midi, la popu- lation de Monterrey se promenait en famille dans les rues piétonnes du barrio antiguo, le vieux quartier de la ville. Pendant ce temps, les ouvriers continuaient à poser pierre sur pierre, sous l’œil désabusé des habitants de Colonia Caracol. Babette Stern QUATRE ANCIENS procureurs de la République ou substituts, en poste à Auxerre entre 1984 et 1996, comparaissent, à partir de lundi 18 mars, et pour trois jours, devant le Conseil supérieur de la magistrature (CSM). Soupçonnés d’avoir laissé s’enliser les dossiers sur les jeunes filles disparues de l’Yonne, René Meyer, Daniel Stili- novic, Bertrand Daillie et Jacques Cazals sont poursuivis pour « man- quements à l’honneur ». Au terme des audiences, la formation disci- plinaire du parquet rendra un avis. C’est ensuite le ministre de la jus- tice qui arrêtera les sanctions. A ces quatre représentants du par- quet, le CSM reproche d’avoir notamment négligé la piste établie dès 1984 par le gendarme Christian Jambert, qui attribuait à Emile Louis, mis en examen depuis pour « assassinats », la responsabilité des disparitions. Réquisitions de classe- ment « prises de manière hâtive », « traitement désinvolte » du dossier, « totale inaction », « erreurs manifes- tes d’appréciation » : le CSM criti- que sévèrement les quatre fonction- naires, dont l’un est aujourd’hui à la retraite, un deuxième déjà placé en congé longue durée, les deux der- niers occupant des postes impor- tants dans la magistrature. Cette audience intervient quel- ques jours après l’ouverture, par le parquet d’Auxerre, d’une informa- tion judiciaire pour « corruption et trafic d’influence ». Elle sera char- gée de faire notamment la lumière sur les éventuelles complicités de certains magistrats avec ce qui res- semble de plus en plus à un réseau. D’autant que les services judiciaires ont découvert qu’au début de l’an- née 2000, 1 100 dossiers, dont 200 cas d’abus sexuels, étaient oubliés au parquet des mineurs. Lire pages 10 et 11 f Chômage, sécurité, formation, logement, retraites, etc. : les dix propositions du premier ministre f Différences et similitudes avec Jacques Chirac f Arlette Laguiller a le vent en poupe f Paroles d’électeurs : chaque jour, nos carnets de campagne Lire pages 6 à 8, l’éditorial et l’analyse page 17 et le carnet de campagne page 36 Le musée du quai Branly s’oppose au Musée de l’homme p. 31 A Monterrey, on veut bien parler des pauvres, mais pas les voir Disparues de l’Yonne : la justice en procès

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www.lemonde.fr

58 ANNÉE – Nº 17774 – 1,20 ¤ – FRANCE MÉTROPOLITAINE --- FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANIMARDI 19 MARS 2002

Afrique CFA 1000 F CFA, Algérie 35 DA, Allemagne 1,50 ¤, Antilles-Guyane 1,50 ¤, Autriche 1,50 ¤, Belgique 1,20 ¤, Canada 2,50 $, Danemark 15 KRD, Espagne 1,50 ¤, Finlande 2,00 ¤, Grande-Bretagne 1 £, Grèce 1,50 ¤, Irlande 1,50 ¤, Italie 1,50 ¤,Luxembourg 1,20 ¤,Maroc 10 DH, Norvège 16 KRN, Pays-Bas 1,50 ¤, Portugal cont. 1,50 ¤, Réunion 1,50 ¤, Suède 16 KRS, Suisse 2,40 FS, Tunisie 1,5 DT, USA (NY) 2 $, USA (others) 2,50 $.

ÉCRIVAIN italien à suc-cès, Alessandro Baricco bous-cule les clichés sur la mondia-lisation. Extraits de Next, àparaître chez Albin Michel. Lire page 16

INFLATION salariale (l’Uruguayen Alvaro Recoba, ici au côté deRonaldo, est le joueur le mieux payé du Vieux Continent), difficultésdans les négociations des droits de télévision, cours boursiers fort aléa-toires : le football européen s’apprête à vivre sa première véritable cri-se économique. Experts et dirigeants s’accordent à dire que la « bullespéculative » connaît ses derniers instants. Lire pages 26 à 29

DEPUIS la mort de François Mit-terrand, homme politique issu de lapériode de Vichy et de la Résistance,la « génération algérienne » est auxcommandes dans la vie politiquefrançaise : ceux qui ont fait la guerred’Algérie, comme Jacques Chirac ouJean-Pierre Chevènement, qui y ontparticipé, comme Jean-Marie LePen, ou qui l’ont combattu, commeLionel Jospin. L’effet de générationest important pour comprendre tou-te l’ampleur des commémorationsliées au quarantième anniversairedes accords d’Evian. Mais il fautaller plus loin.

Sur la guerre d’Algérie, le passages’opère depuis quelques annéesd’une sensation d’absence à une sor-te de surabondance. Il ne se passepas un jour, ou une semaine, sans

qu’on découvre (ou qu’on feigne dedécouvrir) dans la presse ou à la télé-vision un épisode lié à la guerre d’Al-gérie, une douleur, une souffrancequi tourne autour de cette période.

Cette sensation d’absence, quej’avais pointée il y a dix ans dans monouvrage La Gangrène et l’Oubli, sem-ble dépassée aujourd’hui. L’Algériegît là comme une obsession, il n’estpas possible de l’oublier. La sortie dela dénégation, du silence commencevraiment et, désormais, l’oubli obsè-de. Cette volonté de se remémorersans cesse l’histoire de la guerre d’Al-gérie envahit l’espace public. Mais ya-t-il eu vraiment oubli, ou avons-nous assisté plutôt à une sorte demise en scène de l’amnésie françaiseautour de l’Algérie, et de ce conflit ?

En fait, au sortir de la guerre d’Al-

gérie, après 1962, personne ne sesentait vraiment responsable ni cou-pable. Les Européens d’Algérieavaient la sensation très netted’avoir été trahis et abandonnéspar le pouvoir politique. Ils nese sentaient pas responsables de lasituation coloniale, mais avaienttoujours vécu l’expérience de leurvie en Algérie comme des « pion-niers » sur une terre vierge, à défri-cher.

Lire la suite page 18et notre reportage page 4

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PATRIMOINE

Le mondeglobal selonBaricco

International.............. 2Union européenne.... 5France......................... 6Société ...................... 10Carnet ....................... 14Abonnements .......... 14Régions...................... 15Horizons ................... 16

Entreprises............... 20Communication ...... 23Marchés.................... 24Aujourd’hui ............. 26Emploi-Annonces ... 29Météorologie-Jeux... 30Culture....................... 31Radio-Télévision...... 35

Les raisons de la première criseéconomique du football européen

LIONEL JOSPIN a rendu public,lundi 18 mars, son programme decandidat à la présidence de la Répu-blique. En 40 pages, sous le titre « Jem’engage », le premier ministre-can-didat décline ses propositions pourune France « active, sûre, juste,moderne et forte ». Il met particuliè-rement en avant les « dix engage-ments » suivants : « 900 000 chô-meurs de moins d’ici à 2007, un droità la formation tout au long de la vie,un contrat national de sécurité, laréduction de moitié de la taxe d’habi-tation, une couverture logement uni-verselle, une nouvelle étape de ladécentralisation, un contrat d’autono-mie pour les 18-25 ans, des retraitespar répartition garanties, la Fédéra-tion européenne des Etats-nations,l’annulation de la dette des pays endéveloppement. » Lionel Jospin yajoute deux promesses sous le titre« La démocratie autrement » : « Unréférendum pour la modernisationdes institutions, un mandat uniquepour les parlementaires ».

Dans sa présentation, le candidat

du Parti socialiste dit vouloir« réconcilier l’esprit de révolte et l’es-prit d’initiative, la capacité de créa-tion et l’exigence de justice ». Detonalité fédéraliste sur le débat euro-

péen, ce programme affirme « vou-loir l’Europe politique » comme ins-trument de régulation de la mondia-lisation. M. Jospin se prononce aus-si pour le droit de vote des étran-

gers aux élections locales, pour l’an-nulation de la dette des pays endéveloppement et pour une initiati-ve européenne en faveur des paysde la Méditerranée.

Les dix engagements de JospinDans une brochure de 40 pages diffusée à 8 millions d’exemplaires, le candidat socialiste détaille son programme

SPORTS

a

La mémoire retrouvée de la guerred’Algérie ? par Benjamin Stora

est professeurd’histoire du Maghreb à l’Institutnational des langues et civilisationsorientales (Inalco).

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0123

éCONOMIENord-Sud :

comment financerle développement ?

EMPLOIL’AFFAIRE ENRONLe capitalisme mondialébranlé : l’avis de neufdirigeants p. 20-21

PROCHE-ORIENTFront du refus arabecontre une interventionaméricaine en Irak p. 2-3

UNION EUROPÉENNEUne manif monstre àBarcelone p. 5

PARISEn finir avec les taudisde la capitale p. 15

MONTERREYde notre envoyée spéciale

Les villes qui accueillent les réunions interna-tionales connaissent désormais bien cesmurailles de béton ou de grillages, érigées à lahâte par les autorités locales pour protéger lescongressistes contre les attaques intempesti-ves des manifestants antimondialisation. Qué-bec et Gênes ont ainsi été coupées en deux, letemps d’un sommet. Dans la Belle Province, ily a un an, on célébrait l’avènement de la zonede libre-échange des Amériques qui devraitvoir le jour en 2005. Le port ligure recevait leschefs d’Etat et de gouvernement du G8 – undirectoire mondial des pays les plus riches dumonde.

Rien de commun avec la conférence sur lefinancement du développement de l’ONU, quis’ouvre ce lundi 18 mars. A Monterrey, pen-dant cinq jours, il ne sera question que de lut-te contre la pauvreté, d’efforts que doiventconsentir les pays riches pour contribuer plus

et mieux à réduire le fossé entre le Nord et leSud. Quelque 300 organisations non gouverne-mentales sont bien là pour faire entendre leurvoix et protester contre le maintien d’unmodèle néolibéral. Les 7 000 membres dediverses forces de l’ordre quadrillent déjà la vil-le, mais les risques de débordement entre poli-ce et militants antimondialisation sont,d’après les autorités locales, limités.

Pourtant, dimanche, des ouvriers s’affai-raient encore pour terminer la constructiond’un mur. Un beau mur en solides parpaingsde 2 mètres de haut et de 200 mètres de longque les habitants de Monterrey ont déjà sur-nommé le « mur de la pauvreté ». Il ne s’agitpas cette fois de mettre les quelque soixantechefs d’Etat et de gouvernement hors d’attein-te des globalofobicos (« globalophobes »), com-me les a surnommés la presse mexicaine. Plussûrement, le président mexicain, Vicente Fox,hôte du sommet, a jugé que la réputation dela troisième ville du pays – et la plus riche dit-

on – ne pouvait souffrir de la persistance d’unbidonville qui borde le siège de la conférence.

Le quartier appelé Colonia Caracol (« Colo-nie escargot »), où vivent un millier defamilles, n’est séparé de l’ancien parc des acié-ries de la Fudidora, qui sert maintenant de cen-tre de conventions, que par le lit totalementsec de la rivière Santa-Catarina. Il se trouvemalencontreusement sur le chemin des cortè-ges officiels des chefs d’Etat – George W. Bushen tête, qui est là en voisin (son ranch est à 150kilomètres de Monterrey) – qui viennent icidébattre de la misère du monde. Dans la cha-leur moite d’un dimanche après-midi, la popu-lation de Monterrey se promenait en familledans les rues piétonnes du barrio antiguo, levieux quartier de la ville. Pendant ce temps, lesouvriers continuaient à poser pierre sur pierre,sous l’œil désabusé des habitants de ColoniaCaracol.

Babette Stern

QUATRE ANCIENS procureursde la République ou substituts, enposte à Auxerre entre 1984 et1996, comparaissent, à partir delundi 18 mars, et pour trois jours,devant le Conseil supérieur de lamagistrature (CSM). Soupçonnésd’avoir laissé s’enliser les dossierssur les jeunes filles disparues del’Yonne, René Meyer, Daniel Stili-novic, Bertrand Daillie et JacquesCazals sont poursuivis pour « man-quements à l’honneur ». Au termedes audiences, la formation disci-plinaire du parquet rendra un avis.C’est ensuite le ministre de la jus-tice qui arrêtera les sanctions.

A ces quatre représentants du par-quet, le CSM reproche d’avoirnotamment négligé la piste établiedès 1984 par le gendarme ChristianJambert, qui attribuait à EmileLouis, mis en examen depuis pour« assassinats », la responsabilité desdisparitions. Réquisitions de classe-ment « prises de manière hâtive »,« traitement désinvolte » du dossier,« totale inaction », « erreurs manifes-tes d’appréciation » : le CSM criti-que sévèrement les quatre fonction-naires, dont l’un est aujourd’hui à laretraite, un deuxième déjà placé encongé longue durée, les deux der-niers occupant des postes impor-

tants dans la magistrature.Cette audience intervient quel-

ques jours après l’ouverture, par leparquet d’Auxerre, d’une informa-tion judiciaire pour « corruption ettrafic d’influence ». Elle sera char-gée de faire notamment la lumièresur les éventuelles complicités decertains magistrats avec ce qui res-semble de plus en plus à un réseau.D’autant que les services judiciairesont découvert qu’au début de l’an-née 2000, 1 100 dossiers, dont 200cas d’abus sexuels, étaient oubliésau parquet des mineurs.

Lire pages 10 et 11

f Chômage, sécurité,formation, logement,retraites, etc. :les dix propositionsdu premier ministre

f Différenceset similitudesavec Jacques Chirac

f Arlette Laguillera le vent en poupe

f Paroles d’électeurs :chaque jour, noscarnets de campagne

Lire pages 6 à 8,l’éditorial et l’analyse page 17

et le carnet de campagne page 36

Le musée du quaiBranly s’oppose auMusée de l’homme p. 31

A Monterrey, on veut bien parler des pauvres, mais pas les voir

Disparues de l’Yonne : la justice en procès

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BRUXELLESde notre envoyé spécial

Parce qu’ils sentent que les Etats-Unis sont décidés à agir, les con-traignant à se déterminer, les Euro-péens ont entamé une réflexion,ainsi que des consultations infor-melles, à propos de la perspectived’une action militaire contre l’Irakdécidée par Washington. Le sujetn’a pas été officiellement évoquéau cours du sommet européen deBarcelone, mais l’insistance aveclaquelle les chefs d’Etat et de gou-vernement ont tour à tour démen-ti les rumeurs sur un accord euro-péen informel à ce sujet a montréque la question irakienne est d’ac-tualité. Au cours du dîner qui a réu-ni les Quinze samedi soir, GuyVerhofstadt, le premier ministrebelge, a bien tenté d’ouvrir undébat à ce sujet, pour être immé-diatement prié de n’en rien fairepar son voisin, Jacques Chirac…

La Belgique, par la voix de sonministre des affaires étrangères,Louis Michel, avait suggéré quel’Union européenne entreprenneune démarche auprès de SaddamHussein. Il s’agissait d’inciter celui-

ci à accepter le retour des inspec-teurs des Nations unies chargés devérifier que Bagdad n’a pas reprisla production d’armes de destruc-tion massive. Si personne n’a sou-haité reprendre la balle au bond,c’est par souci de ne pas ouvrir undébat qui ne peut que diviser.

Gerhard Schröder, Tony Blair et

Jacques Chirac ont de facto démen-ti la rumeur insistante selon laquel-le plusieurs capitales se seraientmises d’accord pour soutenir leprincipe d’une intervention militai-re « ciblée et limitée dans letemps ». A ce stade, les responsa-bles européens veulent se borner àadresser des avertissements au pré-sident irakien. C’est ce qu’a fait Jac-ques Chirac samedi : « Les diri-

geants irakiens seraient bien avisésde prendre au sérieux les prescrip-tions du Conseil de sécurité et lesconseils donnés par le secrétairegénéral de l’ONU, Kofi Annan. Ilsseraient bien inspirés de le faire », arépété le président français.

Les Quinze préféreraient quel’Irak ne provoque pas, par son obs-tination, une intervention américai-ne, laquelle déclencherait nécessai-rement des réactions diplomatiquesen cascade. Au sein de l’Union, leRoyaume-Uni fait, comme d’habitu-de, figure d’allié inconditionnel deWashington, à tel point que TonyBlair est réputé se faire l’avocat deGeorge Bush auprès des Euro-péens, tout en essayant de convain-cre le chef de la Maison Blanche dela nécessité de ne pas s’engagerdans une nouvelle opération contreBagdad sans les Européens.

A Barcelone, le premier ministrebritannique s’est efforcé de sonderses partenaires. La position deGerhard Schröder serait celle qu’ila développée le 13 mars lors d’unerencontre avec des intellectuels alle-mands, dont Günter Grass. Le chan-celier a placé « tout engagement

militaire supplémentaire du gouver-nement allemand sous conditiond’un mandat de l’ONU », a expliquésa porte-parole. Pas question,autrement dit, de soutenir une« guerre du Golfe-bis » sans unerésolution de l’ONU. Son ministredes affaires étrangères, Joschka Fis-cher, devant le congrès des Verts, arappelé dimanche qu’il « n’existepas actuellement au Bundestag demajorité pour la participation de l’Al-lemagne à la guerre en Irak ».

Mais M. Blair lui-même n’a pasles coudées franches : il doit comp-ter avec une minorité du Parti tra-vailliste, incarnée par Clare Short,ministre chargée du développe-ment, foncièrement hostile à unetelle « aventure » irakienne, rappel-le un responsable de l’Union euro-péenne. Lequel indique que deuxdates restent présentes à l’esprit :en mai, les Nations unies doiventrenouveler le régime de sanctionscontre l’Irak ; en novembre, l’actua-lité américaine sera dominée par lesélections parlementaires à mi-man-dat pour le président Bush…

Laurent Zecchini

Dick Cheney, de la guerre du Golfe à la « phase II » de la campagne antiterroriste

LES ÉTATS-UNIS ne parvien-nent pas à convaincre les pays ara-bes de leurs vues concernant l’Irak.Dans les neuf Etats arabes tous« amis » des Etats-Unis, inclusdans une tournée commencée àLondres et qui doit encore leconduire en Turquie et en Israël, levice-président américain, Dick Che-ney, a pu constater de grandesréserves, sinon le refus, d’une éven-tuelle action militaire contreBagdad, à laquelle pousse aumoins une partie de l’administra-tion américaine. En août 2001,d’autres émissaires américainsn’avaient déjà pas réussi à persua-der les pays voisins de l’Irak d’éta-blir une sorte de cordon sanitaireautour de ce pays, pour circonve-nir la contrebande à laquelle selivre le régime et dont les revenuspeuvent éventuellement lui permet-tre de relancer des programmesd’armes de destruction massive.

M. Cheney était attendu lundi18 mars au Koweït, dernière étapearabe de sa tournée, qui l’a déjàmené en Jordanie, en Egypte, auYémen et à Oman, ainsi que dans lesEmirats arabes unis, en Arabie saou-dite, à Bahreïn et au Qatar. Partoutil a eu droit à la même antienne,diversement formulée ici et là : il

faut tout faire pour que l’Irak autori-se les experts du désarmement del’ONU à revenir sur son territoire,mais il faut éviter une interventionmilitaire aux conséquences imprévi-sibles tant en Irak – nul ne pleureraSaddam Hussein s’il est renversé,mais nul ne sait qui prendra alors lepouvoir – qu’au plan régional, déjàpassablement perturbé par le conflitisraélopalestinien.

C’est en tout cas le ton généraldes déclarations faites par des per-sonnalités officielles ou rapportéespar la presse selon des sourcesdiverses. M. Cheney a néanmoinsparfois laissé entendre que cescomptes rendus ne reflétaient pasavec exactitude ce qui s’est dit lorsd’entretiens entre quatre mursavec ses hôtes. « J’ai l’impressionque certains veulent croire qu’il n’y a

qu’une seule chose qui compte pourmoi ou que, d’une certaine manière,je suis ici pour organiser une aventu-re militaire contre l’Irak. C’est faux.Il est vrai que l’Irak nous préoccupe,mais ce n’est qu’un sujet parmid’autres », a déclaré M. Cheney auterme de sa visite à Bahreïn.

« Je ne pense pas qu’il serait dans

l’intérêt des Etats-Unis ou de quicon-que dans la région ou dans le mon-de » que les Etats-Unis lancent uneaction militaire contre l’Irak, et « jene pense pas [qu’une telle action]aboutira aux résultats souhaités », adéclaré le prince héritier saoudienAbdallah Ben Abdel-Aziz dans unentretien à la chaîne de télévisionaméricaine NBC. Et, à en croire lequotidien saoudien à grand tirageAl-Watan, le prince Abdallah auraitmis en garde son interlocuteurcontre les conséquences « catastro-phiques [d’une telle intervention],lourde de menaces pour la sécuritérégionale, d’autant que d’après cer-taines informations Bagdad seraitdisposé à accepter le retour des ins-pecteurs du désarmement ». « Plu-tôt que de frapper l’Irak, des effortsdoivent être déployés au plan inter-national pour le convaincre d’accep-

ter le retour des inspecteurs du désar-mement de l’ONU », aurait-ilajouté.

Dans un entretien publié samedi16 mars par le quotidien Le Figaro,Le roi Abdallah II de Jordanie a luiaussi prévenu qu’une « éventuelleconfrontation armée » entre l’Iraket « l’Occident » et une perpétua-tion du conflit israélo-palestinienplongeraient la région « dans uneinstabilité incontrôlable ». La Jorda-nie en particulier en souffrirait« terriblement », à cause, notam-

ment, de sa dépendance à l’égarddu pétrole à bon marché que luilivre Bagdad. « J’espère que le bonsens l’emportera » à Washington, aajouté le roi.

L’Egypte et les Emirats arabesunis sont sur la même longueurd’onde et le Qatar – où sont prépo-sitionnées des armes américaineset qui est l’auteur d’une récentesuggestion de dialogue direct entre

le Conseil de coopération du Golfeet l’Irak – souhaite lui aussi circon-venir toute attaque. Publiquement,même le Koweït, dont l’Irak avaitenvahi et annexé le territoire enaoût 1990, s’est récemment encoreprononcé contre une interventionarmée. Bahreïn, où se trouve lecommandement de la cinquièmeflotte américaine et qui vient d’êtrehissé par Washington au rangd’« allié essentiel [des Etats-Unis]hors OTAN », partage cet avis. LeYémen n’est pas en reste, malgré lacoopération de plus en plus étroitedans la lutte contre le terrorismequi s’est établie entre Washingtonet Sanaa.

De fait, les forces spéciales yémé-nites ont déjà commencé à êtreentraînées par des instructeursaméricains, et Sanaa va recevoirdes équipements militaires adaptésà la lutte contre les terroristes.Quelques heures après la visiteéclair de M. Cheney, un attentat àla grenade a visé l’ambassade desEtats-Unis à Sanaa. Pour les autori-tés yéménites, l’incident est un acteisolé sans gravité, dont l’auteur, unjeune chômeur de 25 ans, n’a pasd’affiliation politique.

Mouna Naïm

WASHINGTONde notre correspondant

Onze ans après, le secrétaire à ladéfense de la guerre du Golfe retrou-

ve le même théâtre et presque lesmêmes acteurs pour faire face aumême adversaire, Saddam Husseinet son régime, toujours en place mal-gré la défaite subie en 1991. A l’épo-que, Richard Cheney avait pensé,comme le premier président GeorgeBush et l’ensemble de ses ministreset conseillers, qu’une fois les forcesirakiennes repoussées du Koweït,qu’elles avaient envahi enaoût 1990, la coalition réunie autourdes Etats-Unis ne devait pas conti-nuer son offensive jusqu’à Bagdad.D’abord, parce que les résolutionsdes Nations unies lui donnaient seu-lement pour mandat de mettre fin àl’agression de l’Irak contre son voi-sin. Ensuite, parce que le risque étaitgrand de devoir occuper l’Irak pen-dant longtemps et de s’y enliser.

La volonté de l’administration deGeorge W. Bush d’en finir avec Sad-

dam Hussein ne fait aucun doutemais, jusqu’à maintenant, les diri-geants américains se sont bornés àrépéter que l’Irak représente unemenace pour la paix de la région et,au-delà, pour tous les pays qui pour-raient être visés par ses armes dedestruction massive. Aucune initiati-ve n’a été engagée, en dehors de cel-le de l’ONU pour la reprise des ins-pections sur les sites où SaddamHussein est soupçonné de fabriquerou d’entreposer un arsenal chimi-que et bactériologique, voire de con-tinuer les recherches pour se doterde l’arme atomique. La tournée deDick Cheney est la première démar-che entreprise par les Etats-Unispour réunir les conditions d’uneaction contre le dictateur irakien.

Le vice-président lui-même n’apas manifesté, au cours des derniersmois, de préférence personnellequant à la politique à menervis-à-vis de l’Irak. Très vite, après lesattentats du 11 septembre, l’hypo-thèse d’une action contre Bagdad,dans la première phase de la riposteantiterroriste, avait été écartée. Lesecrétaire adjoint à la défense, PaulWolfowitz, qui avait été l’un desprincipaux collaborateurs deM. Cheney lorsque celui-ci dirigeaitle Pentagone, a plaidé pour uneoffensive contre Saddam Hussein,mais M. Bush avait tranché dans lesens contraire, et rien n’indique queM. Cheney ait alors pensé autre-ment.

Le voyage de M. Cheney est des-tiné à montrer que la détermina-tion des Etats-Unis à agir contreSaddam Hussein est bien réelle. Ledéplacement du vice-président,rare, donne du poids aux propostenus depuis le discours deM. Bush sur l’état de l’Union, le29 janvier. Ce poids est d’autantplus important qu’avec M. Che-ney, c’est à un des hommes lesplus expérimentés et les plus res-pectés du Parti républicain et de lavie politique américaine qu’ontaffaire les dirigeants du Proche-Orient.

Agé aujourd’hui de 61 ans,

M. Cheney avait été pressenti com-me un candidat possible à l’élec-tion présidentielle de 1996 contreBill Clinton, mais il avait alors déci-dé de quitter les affaires publiquespour prendre la tête d’une puissan-te entreprise d’ingénierie pétroliè-re, Halliburton, basée à Dallas, auTexas.

Entré dans la carrière publique en1969, M. Cheney a été secrétairegénéral de la Maison Blanche pen-dant les deux dernières années de laprésidence de Gerald Ford, de 1975à 1977. Il a ensuite été élu représen-

tant de l’Etat où il a passé la plusgrande partie de son enfance et deson adolescence, le Wyoming. Cons-tamment réélu pendant dix ans, ilvenait d’être désigné par ses collè-gues comme principal organisateurdu groupe républicain de la Cham-bre des représentants quand Geor-ge Bush père lui a proposé le postede ministre de la défense. Quelquesmois plus tard, le général ColinPowell était choisi comme chefd’état-major interarmes.

Le secrétaire d’Etat d’aujour-d’hui et le vice-président se con-naissent donc depuis longtemps etont affronté ensemble les ques-tions stratégiques posées par la findu système soviétique et parl’émergence de menaces régiona-les, la première d’entre elles étantreprésentée par l’Irak.

Après la défaite du premier prési-dent Bush en 1992, M. Cheney arejoint la direction de l’Institutaméricain de l’entreprise, un thinktank conservateur, puis quitté lapolitique en 1995. Il y est revenulorsque George W. Bush lui a pro-posé, en juillet 2000, de formeravec lui le ticket républicain pourl’élection présidentielle. Le choixd’un représentant de la droite duparti, adversaire de l’avortement

comme de la limitation de la ventedes armes, avait été exploité parles démocrates, mais la tendancegénérale des médias avait été deconsidérer que M. Bush, dont l’ex-périence des affaires publiquesétait mince, avait raison de choisirun partenaire chevronné.

Les ennuis de santé de M. Che-ney, qui avait eu un premier acci-dent cardiaque à l’âge de 37 ans etqui a subi le troisième enjuillet 2001, ont limité sa capacitéd’action. Le pacemaker qui lui a étéimplanté lui permet de mener unevie de travail tout à fait normale,a-t-il indiqué à plusieurs reprises,démentant ainsi que les mesures desécurité qui l’amènent à résider laplupart du temps dans un lieu tenusecret dissimulent un problèmemédical. Le rôle qui lui avait été con-fié dans la préparation du projet deloi sur l’énergie a entraîné sa miseen cause au sujet des liens entrel’administration Bush et l’entrepri-se Enron, aujourd’hui en faillite.M. Cheney a refusé de communi-quer au Congrès les documents deson groupe de travail, et la justice aété appelée à se prononcer sur cerefus.

Patrick Jarreau

« Certains veulent croireque je suis ici pourorganiser une aventuremilitaire contre l’Irak.C’est faux »

Avant le 11 septembre,

il faisait partie

des indécis

à l’égard de Bagdad

Après un crochet par le Koweït, dernier des neufpays arabes qu’il consulte au cours de sa commencée le 11 mars, le vice-président américain,Richard Cheney, était attendu lundi 18 mars en

Israël. Sa tournée est consacrée aux risques, trèsgrands selon Washington, du développement parBagdad de nouveaux programmes d’ - massive et au conflit israélo-palestinien.

Les dirigeants arabes se sont tous dits hostiles à une militaire américaine contre Bagdads’il refuse le retour des experts du désarmement desNations unies. L’Irak, qui exige « un calendrier précis

d’inspection et une liste des lieux à inspecter », vientde se dire disposé à accueillir une « - », qui pourrait visiter tous les sites possibles « ycompris les palais présidentiels ».

Les pays arabes s’opposent à une attaque américaine contre l’IrakDe Riyad à Amman, le vice-président Dick Cheney a entendu les mêmes objections. « Les gens qui meurent dans les rues

aujourd’hui ne sont pas victimes d’une quelconque action irakienne, a résumé le prince héritier de Bahrein, mais d’une action israélienne »

Moscou n’a pas été informé d’uneéventuelle décision américaine d’in-tervenir militairement en Irak, adéclaré le ministre russe des affairesétrangères, Sergueï Ivanov, dans unentretien diffusé dimanche 17 marspar la chaîne de télévision américai-ne NBC.

Moscou « appuie fortement l’idéed’envoyer une énorme équipe d’ins-pecteurs internationaux en Irak »,pour obtenir « une réponse claire »quant à la présence ou non d’armesde destruction massives. « Aprèsquoi, le verdict, oui ou non. Si c’estnon, les sanctions devraient êtrelevées », a-t-il dit, en référence auxsanctions imposées en 1991 contreBagdad après la Guerre du Golfe.

Par ailleurs, le Haut-Commissa-riat des Nations unies pour les réfu-giés (HCR) commence à prendre desdispositions pratiques, pour l’arri-vée éventuelle de réfugiés irakiensen Iran, en cas d’attaque américainecontre l’Irak. « Le HCR, avec lesautres agences de l’ONU, a établi un“plan de contingence” pour se prépa-rer à l’éventuelle arrivée de150 000 personnes », a déclaré Philip-pe Lavanchy, représentant du HCR àTéhéran. – (AFP.)

I N T E R N A T I O N A Lp r o c h e - o r i e n t

Turquie

JordanieEgypte

Israël

Yémen

Qatar

Emiratsarabes unis

Londres

Koweït

Oman

Arabiesaoudite

12 mars13 mars

14 mars

15 mars

16 mars16 mars

11 mars

18 mars

Bahreïn17 mars

17 mars

19 mars

18 mars*

* Date non confirméepour des raisons de sécurité

12

3 1

2

3

100 km

DOUZE ÉTATS EN NEUF JOURS

L’Europe dément l’existence d’un accord avec WashingtonBerlin place « tout engagement militaire supplémentaire sous condition d’un mandat de l’ONU »

Les Quinze

préféreraient que

l'Irak ne provoque

pas une intervention

Le HCR se prépareà accueillirdes réfugiés en Iran

2/LE MONDE/MARDI 19 MARS 2002

Page 3: Les dix engagements de Jospin - scholar.lib.vt.edu · cès, Alessandro Baricco bous-cule les clichés sur la mondia- ... « 900 000 chô-meurs de moins d’ici à 2007, un droit à

LE MONDE/MARDI 19 MARS 2002/3

BERLINde notre correspondant

Un moment – un moment seule-ment –, on a cru que le congrèsallait revivre, dimanche 17 mars,l’un de ces affrontements célèbresdans l’histoire des Verts. Evoquantla menace que les dépôts nucléairesaméricains font peser sur sa région,un délégué de Rhénanie-Westpha-lie venait de déposer une motiondemandant le retrait immédiat desforces américaines stationnées enAllemagne. Aussitôt, Joschka Fis-cher, ministre des affaires étrangè-res du gouvernement de coalitiondu chancelier Schröder, a sauté surle micro, appelant à rejeter une con-tribution qui serait chaleureuse-ment saluée dans les milieux isola-tionnistes américains.

Le ministre de l’environnement,Jürgen Trittin, a habillement trouvéun compromis voté à la quasi-unani-mité : le congrès ne demandait plus

le retrait américain immédiat, maissoulignait que la démilitarisationdu pays restait l’un de ses objectifs.

L’épisode est significatif de ceque sont devenus les Verts : vingt-deux ans de combats politiques,couronnés de quatre années de par-ticipation gouvernementale, ontprofondément changé une forma-tion née comme « un parti anti-par-tis » et devenue « une alternativedans le système des partis ».

Du 15 au 17 mars, quelque huitcents délégués réunis à Berlin ontdiscuté, dans le calme, un nouveauprogramme. « Nous sommes la seu-le force politique qui s’est sérieuse-ment attelée à la modernisation éco-logique », a estimé Jürgen Trittin.Le parti des Verts, qui s’est fixépour objectif d’assurer 30 % des

besoins énergétiques allemandspar des énergies renouvelables d’icià l’an 2020, a également adopté leprincipe d’un quota de 50 % de fem-mes aux postes de responsabilité.Parmi d’autres mesures, il deman-de la légalisation des drogues dou-ces, le développement des trans-ports en commun, l’institution d’unrevenu minimum, la prise en char-ge gratuite des enfants jusqu’àl’âge de douze ans.

Mais c’est sur les affaires interna-

tionales que la plupart des observa-teurs attendaient les Verts, dont lesdifférents courants s’étaient longue-ment affrontés, en novembre 2001,à Rostock, à propos de la participa-tion allemande à la guerre d’Afgha-nistan. En moins de quatre mois,les faits ont parlé et plus aucun mili-tant ne conteste désormais que l’in-tervention militaire a permis de sedébarrasser d’un régime qui, com-me l’a longuement souligné Josch-ka Fischer, est l’exact contre-pieddes aspirations démocratiques duparti.

Propulsé tête de série des Vertsdans la campagne électorale, leministre des affaires étrangères apoursuivi son action consistant àrapprocher sa formation de la politi-que internationale du gouverne-ment. Si l’aile pacifiste du parti aréussi à imposer un amendementqui conditionne l’envoi à l’étrangerde troupes allemandes au voted’une majorité des deux tiers desdéputés (contre la moitié actuelle-ment), le principe d’une telle inter-vention n’est plus écarté a priori.

« La violence ne doit pas rempla-cer la politique, mais nous savons aus-si que le recours à la force légitiméepar l’Etat de droit et le droit interna-tional ne peut pas toujours être écar-té », affirme désormais le program-me des Verts, qui ne réclament plusni l’abolition de la Bundeswehr, nila dissolution de l’OTAN.

Georges Marion

KABOULde notre envoyée spéciale

En s’attaquant au quartier lemieux protégé d’une capitale déjàsous haute surveillance, les terroris-tes qui ont frappé le temple protes-tant de l’enclave diplomatique d’Is-lamabad (cinq morts et une quaran-taine de blessés), dimanche17 mars, ont voulu prouver qu’ilspouvaient agir n’importe où et quele régime du président Pervez Mou-charraf n’était pas en mesure degarantir la sécurité, y compris celledes étrangers.

C’est lors du sermon dans ce tem-ple, situé entre l’ambassade desEtats-Unis et celle de Chine, et fré-quenté essentiellement par desétrangers, qu’un ou deux jeunesgens ont lancé sept ou huit grena-des. Plusieurs d’entre elles ontexplosé, tuant la femme et la filled’un diplomate américain, ainsiqu’une Pakistanaise, un Afghan etun homme dont l’identité n’a pasété déterminée. « L’homme dont lecorps n’a pas été identifié, et dontnous tentons d’établir l’identité,pourrait avoir commis un attentat-suicide », a commenté le ministrede l’intérieur, Moinuddin Haider.

Le ministre a estimé que l’atten-tat était vraisemblablement l’œu-vre d’activistes islamistes, en réac-tion à la campagne militaire améri-caine en Afghanistan, soutenuepar Islamabad, et à la répressionlancée par le général Moucharrafcontre les extrémistes. Parmi lesblessés figurent l’ambassadeur duSri Lanka, sa femme et leur enfant.Six des blessés étrangers sont dansun état critique, selon un médecinde la polyclinique d’Islamabad oùils ont été transportés.

Cet attentat est un nouveau couptrès sévère pour le président Mou-charraf. En s’alignant dès le 11 sep-

tembre sur la politique américainede lutte contre les talibans, puis endécidant le 12 janvier une mise aupas des extrémistes islamistes, legénéral Moucharraf a fixé un capdiamétralement opposé à la politi-que suivie pendant vingt ans parl’armée et les services de renseigne-ment (Inter Services Intelligence,ISI). L’attentat survient après l’enlè-vement et l’assassinat, à Karachi,du correspondant du Wall Street

Journal, Daniel Pearl, et après deuxavertissements (des explosifs pla-cés sous des voitures diplomati-ques) envoyés il y a plus d’un moisaux ambassades de Grande-Breta-gne et de France à Islamabad.

Si le général Moucharraf a le sou-tien de la grande majorité de lasociété pakistanaise, il est clair quebeaucoup, au sein de son armée etsurtout au sein de l’ISI, n’approu-vent pas l’abandon des talibans etencore moins celui des groupes isla-mistes pakistanais, dont les plusextrémistes ont été formés, payéset armés par l’ISI pour êtreemployés dans la lutte contre lesforces de sécurité indiennes auCachemire.

Alors que les zones tribales pakis-tanaises qui longent la frontièreafghane ont préservé leur autono-

mie par rapport au pouvoir central,ce n’est pas un hasard si la plupartdes hauts responsables du régimetaliban et d’Al-Qaida se trouvent,selon de très bonnes sources, auPakistan. Trois des groupes inter-dits le 12 janvier par le généralMoucharraf (Lashkar-e-Taiba,Jaish Mohammed et Sipah-e-Saha-ba) recevaient directement leurargent du réseau d’Oussama BenLaden. Selon deux sources, troisanciens chefs de l’ISI sont venus àplusieurs reprises ces derniers moisdans la zone tribale du Waziristan(province de la frontière du nord-ouest) rencontrer Jalaludin Haqqa-ni, l’ex-ministre taliban des frontiè-res, qui était venu à Islamabad enoctobre, et le mollah Kébir, ex-gou-verneur de Jalalabad. Ces deuxanciens chefs talibans étaient trèsproches de l’ISI.

Selon des milieux arabes, l’hom-me passant pour être le financierd’Al-Qaida, Abou Zoubeïda, pour-rait se trouver dans la région dePeshawar, et les Egyptiens de l’or-ganisation Al-Jihad à Miranshar,dans la zone tribale du Waziristan.D’après toutes les sources interro-gées, au Pakistan comme en Afgha-nistan, les cadres d’Al-Qaida ouceux des talibans sont mieux orga-nisés aujourd’hui qu’il y a deuxmois et bénéficient au Pakistand’un solide réseau de soutien. Si lasincérité du président Moucharrafdans sa lutte contre les extrémistesn’est pas en cause, il est évidentque des membres des services offi-ciels continuent leur politique desoutien aux islamistes.

Tandis que le président Mouchar-raf a qualifié l’attentat d’« acte desabotage contre les intérêts natio-naux du Pakistan », le présidentGeorge Bush a assuré que les Etats-Unis « travailleront en proche coopé-ration avec le gouvernement duPakistan pour être sûrs que les res-ponsables de cet acte terroristeseront traduits en justice ».

Françoise Chipaux

« Nous sommes la seuleforce politique qui s’estsérieusement atteléeà la modernisationécologique »

JÉRUSALEMde notre correspondant

Le vice-président américain,Richard Cheney, devait arriver enIsraël lundi 18 mars, alors que l’émis-saire dépêché par Washington,Anthony Zinni, multipliait les navet-tes entre Israéliens et Palestinienspour tenter de parvenir à un cessez-le-feu. M. Cheney n’avait pas prévu,quelques heures avant son arrivée,de s’entretenir avec le moindre res-ponsable palestinien, mais cetteéventualité n’était plus à exclure lun-di.

M. Cheney devait constater surplace une relative accalmie. Celle-cicoïncide avec la fin des offensivesmassives lancées par l’armée israé-lienne à partir du 28 février, qui ontentraîné la mort de plus de150 Palestiniens, mais dont le chefd’état-major israélien, Shaul Mofaz,a publiquement regretté l’arrêt.Deux attentats anti-israéliens onttoutefois été perpétrés dimanche, lepremier à Kfar Saba, en Israël, et lesecond à Jérusalem-Est. Ils n’ont faitqu’une seule victime israélienne. Lesdeux assaillants palestiniens ont enrevanche été tués. M. Zinni a vive-ment condamné ces attentats. Deson côté, l’armée israélienne a con-duit de nouveaux raids en zone auto-nome palestinienne ainsi qu’uneincursion à Bethléem.

L’Office des Nations unies pourl’assistance aux réfugiés de Palestine(Unrwa) a protesté dimanche contrel’utilisation par l’armée israéliennede certains bâtiments de l’Officecomme centres de détention dePalestiniens en Cisjordanie, lors dela vague d’occupation de camps deréfugiés conduite entre le 28 févrieret le 14 mars. Les soldats israéliensont transformé des écoles de l’Un-rwa en « lieux où ils rassemblaienttous les hommes, les soumettaient àdes interrogatoires, leur bandaient lesyeux et leur liaient les mains », a décla-ré le commissaire général de l’Un-rwa, Peter Hansen. Selon lui, les sol-dats ont également utilisé le centrede soins du camp de réfugiés d’Al-Amari, près de Ramallah, commepoint « à partir duquel ils ont tiré.C’est un fait sans précédent », a-t-ilajouté.

’Les contacts qu’a multipliés M. Zin-

ni depuis son arrivée dans la région,le 14 mars, ont permis de mettre enévidence les exigences des uns et desautres. Les Palestiniens se refusent àsigner le moindre accord de cessez-le-feu aussi longtemps que l’arméeisraélienne continuera de camper enzone autonome. Selon des sourcespalestiniennes, cette occupation con-cerne actuellement 20 % du total desterritoires théoriquement sous con-trôle exclusif palestinien. L’Autoritépalestinienne demande également ledéploiement d’observateurs interna-tionaux, auquel l’administration amé-ricaine ne serait pas hostile a priori.

De leur côté, les Israéliens condi-tionnent leur retrait à un engage-ment de l’Autorité palestinienne defaire respecter le calme et de luttercontre les groupes armés. Annon-cées dimanche soir par le ministreisraélien de la défense BenyaminBen Eliezer, les rencontres entre descommandants locaux israéliens etpalestiniens, en Cisjordanie commeà Gaza, sous la supervision des Amé-ricains, ont montré que les discus-sions allaient bon train.

Le premier ministre israélien, ArielSharon, a annoncé dimanche qu’aus-si longtemps qu’un cessez-le-feun’aura pas été proclamé, Israël seréservera le droit de prendre toutesles mesures possibles, y compris lesincursions et les assassinats de sus-pects présumés, pour se protégercontre d’éventuelles attaques palesti-niennes.

M. Sharon a par ailleurs fait preu-ve de flexibilité en confiant à sonministre des affaires étrangères, Shi-mon Pérès, la direction de la déléga-tion qui sera peut-être chargée denégocier avec les Palestiniens l’appli-cation des mesures proposées enjuin 2001 par le directeur de la CIA,George Tenet, pour parvenir à uncessez-le-feu durable. Cette direc-tion avait été confiée, lors de la pre-mière visite de M. Zinni, au généralen retraite Meir Dagan, un proche deM. Sharon spécialiste de la lutte anti-terroriste.

Gilles Paris

NEW YORK (Nations unies)de notre correspondante

La guerre contre le terrorismeest-elle compatible avec les droitsde l’homme ? C’est la question quidevrait dominer les débats de la58e session de la Commission desdroits de l’homme, qui s’ouvre, lun-di 18 mars, à Genève.

Objet de controverses, ce débatest surtout mené par les associa-tions de défense des droits del’homme et par leur alliée MaryRobinson, haut commissaire del’ONU pour les droits de l’homme,qui s’inquiètent du prétexte que lalutte contre le terrorisme offre à denombreux Etats pour restreindreou bafouer les libertés.

Plusieurs ONG ont lancé unecampagne sur ce sujet, commeAmnesty International, qui dé-nonce les « dérives sécuritairesconsécutives aux attentats du 11 sep-tembre », ou la Fédération interna-tionale des Ligues des droits del’homme (FIDH), pour qui la néces-sité de lutter contre le terrorisme« ne peut se faire au détriment desnormes internationales relatives auxdroits de l’homme… ».

L’autre particularité de cette ses-sion est l’absence des Etats-Unisen tant que l’un des 53 pays mem-bres de plein droit, cela pour la pre-mière fois depuis la création de laCommission en 1946.

Les Etats-Unis n’ont en effet pasété retenus lors du vote annuelpour le renouvellement des mem-bres, en mai 2001. Ressentie par lesAméricains comme une humilia-tion, cette éviction avait aussi étéjugée regrettable par de nombreuxdiplomates et observateursconscients que les Etats-Unisétaient le pays le plus actif au seinde la Commission.

Les Américains auraient, ces der-niers temps, exercé des pressionssur certains pays alliés et convain-cu deux d’entre eux – l’Espagne etl’Italie – de retirer leur candidatureà la prochaine session, de manièreà permettre leur réintégration.« Les Américains n’ont pas fait depression particulière sur nous, affir-me l’ambassadeur espagnol Ino-cencio Arias, mais nous avons enten-du leur message et avons conclu quel’absence des Etats-Unis n’a pas desens et ne peut qu’affaiblir le poids

de la Commission », les résolutionsd’origine américaine étant chaqueannée les plus nombreuses.

Cette année, leur statut d’obser-vateurs empêchera les Américainsde voter, mais non de présenterdes résolutions, d’inciter des paysalliés à en déposer, ni, non plus, derépondre aux critiques qui, à encroire des experts, leur serontadressées « en abondance ».

« Etant donné les événements du11 septembre, qui les ont obligés às’allier avec des pays qui étaient cha-que année des cibles directes deleurs résolutions, le fait de ne pasêtre membre cette année arrangebien les Etats-Unis », estime unexpert à Genève. Il prend l’exem-ple de la Russie : privés du droit devote cette année, les Etats-Unisn’auront pas à se prononcer sur laguerre en Tchétchénie.

’ Le grand perdant, selon un autre

observateur, sera Israël : « Il estplus que probable que les pays duSud profiteront de l’absence desAméricains lors des votes pour multi-plier les attaques contre le gouverne-ment d’Ariel Sharon. »

Pendant six semaines, les délé-gués des Etats et représentants desONG vont débattre des violationsfondamentales des droits de l’hom-me dans le monde, depuis le Pro-che-Orient jusqu’à la Colombie, enpassant par l’Iran, l’Irak et certaine-ment le Zimbabwe.

En ce qui concerne la Tchétché-nie, l’absence des Américains pour-rait faciliter la tâche des Euro-péens, dont le but est de parvenir àun texte de consensus négociéavec Moscou.

La grande inconnue porte sur laChine, contre laquelle l’administra-tion Bush avait présenté une réso-lution l’année dernière. A proposde Cuba, cible permanente poureux, les Etats-Unis seraient « active-ment » à la recherche, auprès desLatino-Américains, d’un parrainpour présenter une résolution. LesTchèques, qui, l’année dernière,« soumis à d’énormes pressions amé-ricaines », avaient accepté de jouerce rôle, ne semblent pas y être dis-posés cette année.

Afsané Bassir Pour

Des membres

des services officiels

pakistanais

continuent leur

politique de soutien

aux islamistes

Les Verts allemandsacceptent le recours à la force

Réunis en congrès, ils ont désigné commetête de liste électorale Joschka Fischer

Le général Zinniest toujoursà la recherched’un cessez-le-feu

ONU : les droits de l’hommeaprès le 11 septembre

Un attentat fait cinq morts au cœurde l’enclave diplomatique d’IslamabadDes cadres du régime taliban et d’Al-Qaida seraient réfugiés au Pakistan

I N T E R N A T I O N A L

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4/LE MONDE/MARDI 19 MARS 2002

ALGERde notre envoyée spéciale

La guerre d’Algérie ? Le sujetétonne, paraît presque déplacé. Etd’abord, de quelle guerre

parle-t-on ? De celle qui a pris finil y a tout juste quarante ans, oude l’autre, celle qui a ravagé lepays ces dix dernières années etn’est toujours pas terminée ? Ici, ledésespoir est si grand que le tempssemble s’être arrêté. Tout semélange : le passé et le présent.L’avenir ? On ne l’évoque pas. Enrevanche, on parle, et avec uneliberté que l’on ne peut pas imagi-ner ailleurs. C’est la seule consola-tion… Se nourrir, se loger, trouver

un travail et de l’eau – Alger n’endispose qu’un jour sur trois, voireun jour sur six – sont des tâchesobsessionnelles, qui relèguenttout le reste à l’arrière-plan. Beau-coup se disent convaincus qu’illeur faudra « deux ou trois généra-

tions pour s’en sortir » et qu’ils neverront pas, de leur vivant, uneAlgérie prospère et heureuse.

« La guerre d’indépendance ? Çam’emmerde, et je trouve qu’on estmal placé pour en parler parce queça veut dire quoi, indépendance ?

Ça veut dire liberté, et ça, on ne l’apas, s’exclame Selim, 20 ans. On afait la guerre pendant sept ans, on aeu un million et demi de martyrs,mais, depuis 1962, ce sont les militai-res qui commandent. Et l’Algérie,elle est bousillée ! »

Dans ce pays où 70 % de la popu-lation a moins de 25 ans, les jeu-nes portent un regard féroce, sou-vent injuste, sur leurs parents,qu’ils tiennent pour responsablesde leurs malheurs actuels, au pointque l’on constate une cassureentre générations. « Ils ont acca-paré le pouvoir après l’indépendan-ce et mené la barque jusqu’à lafaillite totale, gronde un jeune. En1962, une colonisation s’est termi-née, mais une autre s’est installée. »

« »La « famille révolutionnaire »,

comme on la surnomme ici avecironie, est synonyme de caste et,pour cette raison, ne mérite pas lerespect. « On en a ras le bol de la“légitimité historique” qui permetaux anciens combattants de toutnous imposer sur l’air de “vous nousdevez bien cela !” », s’exclame Ad-lene, 26 ans. Ceux qui ont fait larévolution ne sont tout de même pasdes demi-dieux ! » Comme beau-coup d’autres de son âge, il admetqu’il connaît mal l’histoire de sonpays, mais souligne que, de toutefaçon, cela le passionne peu.

« Il y a eu tellement de menson-ges, entre ceux qui prétendent avoirfait la révolution, et ceux qui l’ontfaite réellement, ils ont tellement

brouillé les cartes, qu’on a fini partous les rejeter ! », déclare pour sapart Hassan, 36 ans, convaincuque l’histoire de l’Algérie, tellequ’il l’a apprise autrefois à l’école,n’était rien d’autre que de la propa-gande. « On a sacralisé la révolu-tion et il reste certaines lignes rougesqu’il est difficile de franchir, notam-ment les massacres perpétrés par leFLN (Front de libération nationa-le) ou la question des harkis »,déplore de son côté Fayçal, 30 ans,l’un des rares à ne pas se laisseremporter par la rage et à reconnaî-tre que les choses évoluent cepen-dant tout doucement. Le méritedu président Bouteflika dans cedomaine aura été, estime-t-il, de« réhabiliter les proscrits », notam-ment Messali Hadj, le père dunationalisme algérien, et de tenterde « réconcilier tout le monde ».

Rarissimes sont les jeunes qui nejettent pas un regard totalementnégatif sur leur pays. « Je travailledans le domaine de la construction,je vois bien ce que la France nous alaissé et ce que le pouvoir algérien,lui, a fait. On a créé des Aïn Nadja[banlieue déshéritée d’Alger] et desBabezouar, autrement dit des futursBronx, crie Farouk d’un ton désespé-ré. Et la Mitidja [plaine agricolesituée à la sortie de la capitale], onl’a bouffée avec du béton. Regardezce qu’“ils” ont fait de ce pays ! Enquarante ans, “ils” l’ont massacré ! »

Mourad ricane de son côté surcet « excellent fond de commercequ’a été la révolution » et dit ouver-tement qu’il « vomit » le pouvoir,sans faire de distinction entre les dif-férents cercles qui le composent.« Depuis dix ans, ils ne cessent denous dire : “Choisissez entre ces bêtesféroces [les groupes armés] et nous.”Mais y en a marre. On a perdu tropde temps. Ce qu’on veut, c’est la paix,une gestion transparente des denierspublics et la démocratie. On veut éga-lement savoir où est le pouvoir enAlgérie, car on n’y comprend rien ! »Comme en écho, Saïd reprend d’unair fervent : « Qu’“ils” plient bagage,et on leur pardonnera. Mais surtoutqu’“ils” s’en aillent ! Et pourquoi nequitteraient-ils pas le pouvoir pour cequarantième anniversaire ? Ce seraittout à leur honneur ! »

Florence Beaugé

SOKOTO. Le procès en appel deSafiya Husaini, une Nigériane de35 ans dont la condamnation, enoctobre, à la peine de mort parlapidation pour « adultère » a sus-cité une vague d’indignation enEurope, devait reprendre, lundi19 mars, devant un tribunal isla-mique de Sokoto, dans le nord duNigeria. Le procès avait été ren-voyé, le 14 janvier, l’accuséeayant changé sa version des faits.Après avoir affirmé que sa filled’un an (photo), « preuve de l’adul-tère » aux termes de la charia,était la conséquence d’un viol,elle a désigné son dernier mari,dont elle vit divorcée depuis deuxans, comme le père de l’enfant. Selon la loi islamique, pendant lessept années consécutives à la rupture du mariage, il n’y a pas adultèresi un enfant naît de l’union des anciens conjoints.Si la cour d’appel confirmait le verdict prononcé en première instan-ce, l’accusée, laissée en liberté, pourrait avoir recours à deux tribu-naux fédéraux, qui n’appliquent pas la loi islamique. – (AFP, Reuters.)

Le vice-premier ministre serbea été relâché par la justiceBELGRADE. Quarante-huit heures après son arrestation pour« espionnage », le vice-premier ministre serbe, Momcilo Perisic, a étérelâché, samedi 16 mars, par la cour militaire de Belgrade. Il avait étéarrêté, jeudi soir, en même temps que deux autres Yougoslaves et undiplomate américain, par les services de renseignements de l’armée.Le diplomate américain a été relâché dès vendredi.Le juge d’instruction a décidé, suite à l’interrogatoire, qu’il « n’y avaitpas de bases juridiques » pour que la détention des trois hommes soitprolongée. Dans un communiqué, l’état-major de l’armée yougoslavea indiqué que les services de renseignements avaient procédé auxarrestations après avoir suivi « pendant une longue période » les activi-tés de sous-colonel de l’armée, Miodrag Sekulic, l’un des hommesarrêtés. Celui-ci aurait communiqué « sans autorisation » des docu-ments secrets à M. Perisic, qui, de son côté, les aurait « distribués à uncitoyen étranger ». – (AFP, Reuters.)

a MER IONIENNE : la marine française a arraisonné au sud de lamer Ionienne, dimanche 17 mars, un navire marchand battant illégale-ment pavillon de Sao Tomé et transportant des centaines de person-nes, selon toute vraisemblance candidats à l’immigration clandestine,a-t-on annoncé à Matignon. « La surveillance de ce bâtiment suspectest poursuivie », en concertation avec les autorités italiennes, a ajoutéle service de presse du premier ministre, qui n’était pas en mesure depréciser la destination du bateau. – (AFP.)

« Ça veut dire quoi,

indépendance ?

Ça veut dire liberté,

et, ça, on ne l’a pas »

/

b 1er novembre 1954 : début del’insurrection algérienne etproclamation du Front delibération nationale (FLN).b 16 septembre 1959 : le généralde Gaulle reconnaît le droit desAlgériens à l’autodétermination.b Juin 1960 : ouverture et échecdes premiers pourparlers de paix.b 21-22 avril 1961 : le putsch desgénéraux échoue.b 18 mars 1962 : signature desaccords d’Evian entre ladélégation du FLN et celle de laFrance.b 19 mars : le cessez-le-feu entreen vigueur. La majorité despieds-noirs quittent l’Algérieavant la fin de l’été.b 1er juillet : référendum enAlgérie, les accords d’Evian sontadoptés.b 3 juillet : par une déclarationofficielle, le général de Gaullereconnaît l’indépendance del’Algérie, mettant fin à 132 ans deprésence française.

/

C’est à Batna, leur ville natale, que Touhami Benflis, 57 ans, et son fils, Amar,21 ans, sont enlevés par des militaires français, le 9 mars 1957. Leur famille nesaura rien de leur sort pendant cinq ans. En 1962, un jeune cousin raflé presqueen même temps, et qui a assisté aux dernières heures des deux hommes, révè-le la vérité. Lors d’un transfert dans un convoi militaire entre Batna et Biskra,après deux jours de tortures, le père a reçu un coup de poignard dans le ventrede la part d’un soldat hors de lui. Il agonisera pendant vingt-quatre heures.« On l’entendait hurler », rapporte le témoin. Quant à Amar, il sera victimed’une « corvée de bois » (exécution sommaire).

« L’histoire de mon père et de mon frère n’a jamais cessé de me hanter, maisplus encore depuis environ un an et demi. Cela me ronge de ne pas avoir unetombe pour me recueillir, confie le premier ministre, Ali Benflis, dans sonbureau d’Alger. Je connais les noms de leurs assassins. Il s’agit du colonel D. et dulieutenant V. J’aimerais les rencontrer et les regarder droit dans les yeux. Non paspour me venger, mais pour savoir exactement ce qui s’est passé et tenter de com-prendre comment des hommes peuvent basculer dans une pareille sauvagerie. »

Devant l’Hôteldu Parc, le 18 mars1962, la délégationalgérienne menéepar Krim Belkacem,colonel de l’Arméede libérationnationale (à gauche,saluant de la main)et signataire desaccords d’Evian.Ceux-ci, côtéfrançais, ont étésignés, par LouisJoxe, ministre d’Etatchargé des affairesalgériennes.

ALGERde notre envoyée spéciale

Dans les rangs des aînés, le désarroi est immen-se. On comprend, mais on redoute aussi, la fureurdes jeunes, proche de la haine. « Les jeunes chô-meurs me jettent régulièrement à la figure : “Toi, aumoins, tu connaissais ton ennemi quand tu étaisdans le maquis. Nous, même pas !” », raconte uneancienne combattante. Elle avoue, comme tantd’autres, que ses rêves pour l’Algérie étaient toutautres, il y a quarante ans, et qu’elle est profondé-ment déçue. Le délabrement de l’économie, de lajustice et du système scolaire, le statut de la fem-me algérienne, tout cela la consterne. Pas uneminute cependant, elle ne remet en cause sonengagement passé, y compris quand ses enfantslui assènent comme une gifle : « Quand on voitl’état de l’Algérie aujourd’hui, on aurait mieux faitde rester français ! »

Hassan, médecin, explique, désabusé, que sesdésillusions ont commencé quand il a dû se con-fronter à la bureaucratie. « J’ai découvert que nous

n’avions pas de droits mais des passe-droits, et c’estallé en crescendo. Notre administration est kafkaïen-ne, on est à la merci du plus petit fonctionnaire. Cha-que chose de la vie quotidienne relève du miracle. Labureaucratie nous a tous démolis. »

Beaucoup de ceux qui ont une soixantaine d’an-

nées disent avec nostalgie qu’ils se souviennent dequelques belles années. Ils les situent approximati-vement entre 1964 et le milieu des années 70.« Après, il y a eu la révolution industrielle et la révo-lution agraire, et ça a été le début de la dégringola-de », résument-ils tristement.

« Nous avons fait beaucoup de mauvais choix aucours de ces quarante dernières années, soupire-t-ondans les cercles du pouvoir. L’alignement sur le blocde l’Est a été l’une de nos erreurs majeures. Il nous fau-dra du temps, encore trois ou quatre ans peut-être,pour remonter la pente, mais nous y parviendrons. »

Fl. B.

BOGOTAde notre correspondante

L’enquête menée par les autori-tés colombiennes pour éclaircir lemeurtre de l’archevêque de Cali,assassiné samedi soir, privilégiaittoujours, lundi 18 mars, la pisted’une action des narcotrafiquantssans exclure l’implication de grou-pes armés. Il y a moins d’un mois,le prélat avait dénoncé le finance-ment de campagnes électoralesdans la région par des trafiquantsde drogue et devait être entendudans les prochains jours par le pro-cureur général de la nation sur leséléments dont il disposait. Lepape, Jean Paul II a qualifié, diman-che, le meurtre de Mgr Isaias Duar-te de « barbare » et exhorté lesColombiens à « retrouver le che-min du dialogue ». Mgr Duarte estle plus haut dignitaire de l’Eglisecatholique victime de la violencearmée en Colombie où, depuisquinze ans, plus de 70 prêtres etun évêque ont été tués. Agé de 63ans, ordonné prêtre en 1963, ilavait été nommé archevêque en1995.

Mgr Duarte venait de marierune soixantaine de couples dans laparoisse du Bon Pasteur, dans unquartier pauvre de Cali, la troisiè-me ville colombienne, et quittaitvers 20 h 30 l’église, en compagniede deux prêtres et de son chauf-feur, quand deux jeunes hommesse sont approchés à pied et onttiré sur lui à bout portant, avant deprendre la fuite. Transporté d’ur-gence, Mgr Duarte est mort avantd’arriver à l’hôpital.

Alors que le conflit armé avecles guérillas est au centre de l’ac-tuelle campagne présidentielle,personne n’oublie en Colombieque Mgr Duarte avait, au coursdes dernières années, très vive-ment dénoncé les pratiques de laguérilla et critiqué la politique depaix du chef de l’Etat, Andres Pas-trana. Lorsqu’en mai 1999, les gué-rilleros de l’ELN avaient enlevé180 paroissiens au cours d’un offi-ce religieux à Cali, Mgr Duarteavait immédiatement excommu-nié les ravisseurs.

Marie Delcas

Nigeria : procès en appelde Safiya Husaini

Le regard féroce des jeunes Algériens sur leur pays,quarante ans après la fin de la guerre

Le 18 mars 1962 furent signés les accords d’Evian. Aujourd’hui, la nouvelle génération s’interrogesur la société « bousillée » qui leur est léguée, tandis que les aînés recensent leurs désillusions

De l’insurrectionà l’indépendance

« J’aimerais rencontrer les assassins de mon père »

Les anciens culpabilisés face à la fronde de leurs enfants

Les autorités colombiennessuivent la piste du narcotrafic

dans l’assassinat de Mgr DuarteL’archevêque de Cali a été tué, samedi

I N T E R N A T I O N A L

Page 5: Les dix engagements de Jospin - scholar.lib.vt.edu · cès, Alessandro Baricco bous-cule les clichés sur la mondia- ... « 900 000 chô-meurs de moins d’ici à 2007, un droit à

LE MONDE/MARDI 19 MARS 2002/5

L’âge de la retraite sera progressivement retardé de cinq ans, d’ici à l’an 2010

www.gap.fr

BARCELONEde notre envoyé spécial

L’Europe est prête à assumer sapremière opération extérieure entant que puissance militaire. Cetteaffirmation exprimée samedi16 mars par les Quinze, à l’occasiondu sommet de Barcelone, concernela Macédoine, où les forces del’OTAN conduisent l’opération demaintien de la paix « Amber Fox »(Renard roux).

Le mandat de l’Alliance atlanti-que vient d’être renouvelé pourtrois mois (jusqu’en juin) et il lesera encore une fois, ce qui signifieque les Quinze pourraient prendrela relève des 700 hommes del’OTAN en septembre. PourJacques Chirac, il s’agirait d’un« premier pas raisonnable et ambi-tieux de la politique européenne dedéfense ».

Le président français a rappeléque cette décision a pour origine lesommet franco-britannique deSaint-Malo, en décembre 1998, quia permis de poser les fondations del’Europe de la défense. A Barcelone,les Quinze ont affirmé leur « dispo-nibilité » pour assumer cette « res-ponsabilité » dans l’Ancienne Répu-blique yougoslave de Macédoine(ARYM), après les élections qui doi-vent s’y tenir en mai et sur demandedu gouvernement de Skopje.

Ce préalable semble levé, dansla mesure où le président BorisTrajkovski a confirmé à Javier Sola-na, haut représentant de l’Unionpour la politique extérieure desécurité commune (PESC), qu’il nevoyait pas d’inconvénient à cequ’une force européenne succèdeà celle de l’OTAN. Contrairement

à la Bosnie, où les Quinzedevraient envoyer environ 480policiers en janvier 2003, en rem-placement de l’actuelle IPTF (Inter-national Police Task Force), l’opé-ration en Macédoine est de carac-tère militaire.

La Macédoine devrait doncconstituer une sorte de « labora-toire » pour une défense européen-

ne qui se veut « autonome » par rap-port à l’Alliance atlantique. Mais leschoses ne sont pas si simples : à Bar-celone, les Quinze ont en effet intro-duit une condition stipulant que cet-te relève aura lieu « étant entenduque les arrangements permanentssur la coopération entre l’Union euro-péenne et l’OTAN seraient alors enplace ». Le Conseil a demandé àJavier Solana d’engager rapide-ment des contacts avec le gouverne-ment grec de Costas Simitis qui,lors du sommet européen de Lae-ken en décembre, a mis son vetosur les « arrangements perma-nents » entre l’Union européenneet l’OTAN.

La politique européenne de sécu-rité et de défense (PESD) reposesur un « objectif global » prévoyantla mise en place, à partir dejuillet 2003, d’une force de réactionrapide de 60 000 hommes. Maiscomme l’Union aura besoin, pen-dant plusieurs années, des moyenset capacités militaires de l’Allianceatlantique, les relations entre lesdeux institutions doivent êtrerégies par des « arrangements per-manents ». Pour cette opération enMacédoine, les Quinze devront, enparticulier, utiliser la « chaîne decommandement » de l’OTAN, et ilparaît acquis que cette force euro-péenne dépendra de l’adjoint du

commandant suprême des forcesalliées en Europe (Saceur).

La Turquie, membre de l’Allianceatlantique et candidate à l’Unioneuropéenne, a longtemps bloquécet accord, dans la mesure où elleveut avoir un droit de regard sur lesopérations militaires que les Quin-ze (dont la Grèce) pourraient êtreamenés à engager dans ce qu’Anka-ra estime être sa « zone de sécuri-té », particulièrement en mer Egéeet à Chypre. Après une longue négo-ciation, elle a accepté un texte decompromis proposé par les Britan-niques, que les Grecs, jusqu’à pré-sent, ont refusé.

Reste une difficulté : tout enapprouvant officiellement cette

relève européenne, tous les respon-sables de l’OTAN ne voient pasd’un œil favorable le retrait de l’Al-liance de Macédoine. Certains d’en-tre eux mettent en avant le fait quel’« unité de commandement » seraitcompromise si l’OTAN maintenaitsa présence en Bosnie et au Koso-vo, et quitte la Macédoine.

Ces réticences cachent en réalitéla préoccupation plus essentielle devoir le rôle de l’Alliance atlantique seréduire comme peau de chagrin. Cequi incite un responsable européen,narquois, à relever qu’il « est un peutriste de voir que l’OTAN a besoin dela petite Macédoine pour vivre… »

Laurent Zecchini

LISBONNEde notre correspondant

L’Europe du Sud vire à droite.Après l’Espagne en 1996, l’Italie il ya presque un an, c’est maintenantau tour du Portugal de se donnerune majorité conservatrice aprèssept années de règne socialiste. LeParti social-démocrate (PSD, cen-tre droit) a en effet remporté lesélections législatives anticipées du17 mars avec 40,12 % des voix(102 députés), contre 37,85 %(95 sièges) pour le Parti socialiste.

José Manuel Durao Barroso, pré-sident du PSD, n’obtient pas cepen-dant la majorité absolue dans lenouveau Parlement. De fait, ils’agit de la marge la plus réduitejamais enregistrée lors d’électionslégislatives entre les deux princi-paux partis. En 1999, le Parti socia-liste avait remporté le scrutin avec44 % des voix, contre 32,3 % pourle PSD, et avait obtenu 115 dépu-tés, soit la moitié des 230 sièges duParlement.

José Manuel Durao Barroso, quisera invité par le président JorgeSampaio à former le gouverne-ment, devra décider s’il va gouver-ner avec une majorité simple ous’il s’appuiera sur le petit Partipopulaire (PP, droite nationaliste),qui devient la troisième force politi-que portugaise (8,75 % des voix,14 députés), devançant ainsi le Par-ti communiste qui, allié aux Verts,obtient son plus mauvais scoredepuis la « révolution des œillets »en 1974, passant de 9,2 % aux légis-latives de 1999 à 6,97 %. Il perdtrois députés passant de 15 à 12.

« Le principe de l’alternance fonc-tionne au Portugal quand les Portu-gais ont une volonté de changementet l’expriment sans équivoque parleur vote », a affirmé M. Durao Bar-roso. « La situation dramatique dupays exige aussi la responsabilité desautres partis, pour que la stabilitésoit assurée pendant les quatre pro-chaines années, a-t-il ajouté en fai-sant allusion à un éventuel pactede régime avec le Parti socialiste. Jeferai de mon mieux pour donner auPortugal une solution de stabilité etde crédibilité. »

Juan Manuel Durao Barroso,45 ans, est membre du PSD depuis1980. Après avoir fait ses débuts enpolitique dans un mouvementmaoïste quand il était étudiant endroit, il se définit aujourd’hui com-me « un social-démocrate du cen-tre, modéré, réformateur et anti-éta-tiste ». « Sa première vertu a été cel-le de savoir lutter et de savoir fairedes progrès au cours des six derniè-res années. On ne l’a pas compris etil a souffert aussi bien à l’intérieurde son parti qu’en dehors », affirmel’ex-premier ministre Francisco Pin-to Balsemao, fondateur du PSD.Candidat malheureux aux législati-ves de 1999, le futur chef du gou-vernement avait alors affirmé : « Jesais que je finirai par gagner. Je nesais pas quand, mais je gagnerai. »

Le secrétaire général du PS,Eduardo Ferro Rodrigues, ministrede la solidarité sociale et de l’équi-pement dans les gouvernementsd’Antonio Guterres, a reconnu sadéfaite tout en soulignant la margetrès réduite qui sépare son parti duPSD. « Nous n’abdiquerons pas nosprincipes. Nous voulons le développe-ment du pays avec solidarité et jus-tice sociale et nous ne voulons pasque le Portugal subisse un recul dansces domaines », a affirmé le candi-dat malheureux, qui a axé sa cam-pagne sur des thèmes de gauche. Ilreste encore quatre sièges à attri-buer, ceux réservés aux représen-tants des émigrés, qui seront parta-gés vraisemblablement entre lePSD et le PS.

Alexandre Flucher-Monteiro

BARCELONEde notre envoyé spécial

Il n’y aura pas pour l’instant delibéralisation obligatoire des mar-chés de l’électricité et du gaz enEurope pour les particuliers. C’estce qu’ont décidé les Quinze avantde clore leur sommet de Barcelone,samedi 16 mars, cédant aux exigen-ces de la France. Les Européensaborderont de nouveau le sujetavant le sommet du printemps2003, « en tenant compte de la défi-nition des obligations de servicepublic, de sécurité d’approvisionne-ment et, en particulier, de la protec-tion des régions reculées et des grou-pes les plus vulnérables de la popula-tion », stipule le communiqué final.

Ce rendez-vous ne préjuge pasde la décision finale. En revanche,les Quinze ont décidé de libéraliserles marchés de l’électricité et dugaz pour tous les consommateursautres que les ménages à partir de2004, segment qui représentera aumoins 60 % du marché. Cela inclutles PME. La France a cependantobtenu un répit d’un an : ses parte-naires souhaitaient une ouverturedu marché de l’électricité dès 2003.

Les Français ont aussi obtenu undélai pour la libéralisation totaledu fret ferroviaire. Aucune date n’aété mentionnée concernant l’adop-tion du projet déposé en janvierpar la Commission, alors que lecommuniqué initial parlait de 2004.

Parallèlement, les Quinze ontaccepté de poursuivre la discussion

sur la notion de service public enEurope. La Commission a été appe-lée à « poursuivre son examen en vuede consolider et de préciser, dansune proposition de directive cadre,les principes relatifs aux services d’in-térêt général ». En clair, Bruxelles vadevoir se pencher sérieusement surla rédaction d’un texte précisant lesdroits et les devoirs du servicepublic en Europe.

f Le processus de Lisbonne,en 2000, avait fixé pour objectif de

faire passer le taux d’emploi enEurope à 70 % des 15/64 ans d’ici2010. Pour y parvenir, les Quinzeont décidé à Barcelone de faireprogresser de cinq ans l’âge dudépart effectif d’ici à 2010, notam-ment en réduisant les préretraites.Dans la première mouture du tex-te, il était prévu de faire passer cetâge de la moyenne européenneactuelle de 58 ans à 65 ans. Cetteformule serait sans doute apparuecontradictoire avec le droit à la

retraite à soixante ans qu’ont réaf-firmé Jacques Chirac et Lionel Jos-pin : les chiffres ont donc été sup-primés.

f Pour combattre le chômage,les Etats qui décident de baisser lesimpôts sont appelés à s’attacheren priorité à alléger la pression fis-cale sur les bas salaires. Ils doiventaussi faire en sorte que « les régi-mes fiscaux et de prestations socia-les soient adaptés de manière à ren-dre le travail payant [en français,

qu’il soit payant d’avoir un travail]et à encourager les chômeurs àrechercher un emploi ». Pour facili-ter le travail des femmes, les Etatssont appelés à mettre en placed’ici 2010 des structures d’accueilspour un tiers des enfants de moinsde trois ans et 90 % de ceux âgésde trois à l’âge obligatoire de lascolarité.

f Côté finances publiques, lesQuinze ont réaffirmé leur engage-ment à avoir des budgets à l’équili-bre en 2004. Jacques Chirac, dansses propositions de campagne pré-sidentielle, avait pour sa part pro-posé de repousser cette échéancede deux ou trois ans pour baisserles impôts. Les Quinze estiment« souhaitable de permettre le jeusymétrique des stabilisateurs ».

Cela veut dire laisser filer lesfinances publiques pendant lespériodes de ralentissement dans lalimite de 3 % du produit intérieurbrut, mais ne pas baisser lesimpôts ou dépenser d’éventuellescagnottes pendant les années devaches grasses, comme l’ont fait laFrance et l’Allemagne, si l’équili-bre budgétaire n’est pas atteint :ainsi, « il faut, dans les phases d’ex-pansion, recueillir pleinement lesdividendes de la croissance. LesEtats membres ne pourraient faireusage de mesures budgétaires discré-tionnaires que s’ils se sont assuré lamarge de manœuvre nécessaire ».

Arnaud Leparmentier

BARCELONEde notre envoyée spéciale

L’hélicoptère de la police, com-me une grosse mouche obsédante,bourdonnait sans vergogne à bassealtitude, interrompant tambours,danses et slogans et déclenchant àchaque passage des tonnerres dehuées.

Qu’importe. Alors que les chefsd’Etat et de gouvernement euro-péens se séparaient après avoirachevé leur sommet, samedi16 mars, à la mi-journée, au Palaisdes congrès de Barcelone, bien àl’abri des remous, une fouleimmense venue de toute l’Unionavait pris la rue pacifiquement etentendait la garder pour faire decette manifestation unitaire « unefête pour montrer qu’un autre mon-de est possible », comme le procla-mait une gigantesque banderole.

Et dans une grande mesure ilsont réussi : à peine si, en fin de mar-che, une soixantaine d’anarchisteset de casseurs sont venus s’infil-trer, débordant le service d’ordrede la manifestation pour saccagerdeux banques et quelques vitrines,

justifiant une féroce charge d’uni-tés anti-émeutes trop longtempscontenues, tirant à coups de ballesen caoutchouc et de gaz lacrymogè-nes. Il y aura 38 interpellations, dixpersonnes hospitalisées et uneautre trentaine de blessés.

300 000 à 350 000 sympathisantsantiglobalisation, c’était du jamaisvu dans la capitale catalane : arri-vés de France, de Belgique, du Por-tugal, de Suède, d’Italie, d’Allema-gne et de plus loin encore, c’étaitune marée sans fin, ondulant lente-ment en musique, de la Plaza deCatalunya vers la mer. Si densemême que la troisième vague de lamanifestation, celle des syndicatset partis de gauches, lasse de piéti-ner pendant deux heures, faute depouvoir s’engouffrer dans la rueLayetana, déjà obstruée par lesdeux premières vagues, prit le par-ti de danser sur place, avant definalement se dissoudre sans avoirdéfilé.

Qui étaient-ils ces manifestants ?Des jeunes pour la plupart, maispas seulement, venus en familleparfois, avec des enfants, voire un

chien. Des militants convaincusappartenant à des mouvementsstructurés comme Attac ou SOSracisme, des politiciens et syndica-listes, y compris notre CGT ; maisaussi toutes sortes d’ONG, de pla-tes-formes revendicatrices, néesparfois de la fantaisie du moment.

Sans compter des indépendantis-tes radicaux comme les basques deBatasuna, la vitrine politique del’ETA dont les ikuriñas, les banniè-res rouges, vertes et blanchesétaient accompagnées de quelquesdrapeaux bretons noir et blanc etd’un petit contingent de Corses, deSardes et de Galiciens.

Au total, un carnaval disparateet bon enfant, non dépourvu decontradictions soit dit en passant,car à chaque halte, punks, nihilis-

tes et New Kids se précipitaientsur la boisson « globale » par excel-lence : le Coca Cola. Autant d’uto-pies et d’intérêts dissonants cimen-tés peut-être par le désir sans illu-sion de se faire entendre assezfort, ne serait-ce qu’avec des tam-bours et des pétards, au moins unefois, par tous ces dirigeants quipendant deux jours s’étaient enfer-més dans un bunker, à l’autre boutde Barcelone.

Car si ce n’est cela, qu’avaient encommun cette caricature d’OncleSam dévorant à pleines dents decarton un globe terrestre en pelu-che intitulé « Terror USA », ce tra-vesti en lamé grenat et hautstalons proclamant « ni machiste niglobaliste », ceux qui hurlaient« gouvernement voleur, police assas-sine » ou encore le contingent demoines tibétains, les lesbiennes« intergalactiques », les joueurs debiniou bretons, le collectif pourl’aide au Chiapas, celui pour ladémocratie au Venezuela ou enco-re cette centaine d’immigrés noirset marocains exigeant « despapiers légaux pour tous » ?

La réponse à cette question c’estElise, la jeune institutrice de Tou-louse, fondatrice pleine d’humourdu comité AARRG (Apprentis agita-teurs pour le réseau de résistanceglobale) qui l’a donnée : « Personnen’écoute, les gouvernements perdenttout contact, il fallait une structurefestive pour continuer à exprimerune vérité différente. »

La conclusion, elle, revenait àJosé Bové. Son éternelle pipe enmain, l’activiste paysan marchaiten tête du cortège. Préoccupé par« cette complicité policière franco-espagnole, qui a fait retenir des auto-bus de militants à la frontière », ilnous confiera : « Le gouvernementespagnol ultralibéral a un certain“syndrome de Gênes” et la peur quela manifestation dérape commelà-bas avec la mort d’un militant.Mais je crois surtout qu’il y a une ter-rible dérive policière pour nous délé-gitimer et faire que le simple faitd’être la rue soit un crime en puissan-ce. Vous verrez, la manifestation deBarcelone prouvera le contraire. »

Marie-Claude Decamps

BARCELONEde notre envoyée spéciale

Les journalistes français et étrangers, curieux devoir les derniers effets de la rivalité qui oppose Jac-ques Chirac et Lionel Jospin, sont venus en grandnombre assister à leur dernière conférence de pres-se commune, à la clôture du sommet de Barcelone.Alors que, la veille, le président et le premier minis-tre n’avaient échangé qu’un « bonjour » glacial, lesdeux candidats à la présidence de la Républiqueont cette fois fait assaut d’amabilité.

« La délégation française a parlé d’une seule voixet s’est exprimée avec toute l’autorité et la dignitéqui convient à un grand pays comme le nôtre », aassuré Jacques Chirac. Quant à Lionel Jospin, il arenchérit : « Au moment où sans doute cela s’achè-ve, nous pouvons considérer que nous terminons surun bon sommet, une note positive. C’est ce que jeveux retenir personnellement de ces dernières heu-res de travail accompli ensemble. »

Alors que, quelques jours auparavant, M. Jospinavait confié qu’il jugeait M. Chirac « vieilli » et

« usé », les deux dirigeants ont défendu cette foisd’un même élan la décision des Quinze de rallon-ger progressivement l’âge du départ à la retraite.Le président a ainsi jugé ce relèvement « dans lanature des choses ». Le premier ministre – « pourprolonger la réponse du président » – a posé le pro-blème du « départ trop rapide des travailleurs expéri-mentés de plus de 50 ans ».

Ces retrouvailles ont donné lieu en France à quel-ques commentaires acerbes. « La réforme des retrai-tes a été faite » sans consulter personne, s’est indi-gné François Bayrou au Grand jury RTL-LCI-Le Mon-de, dénonçant « le déficit démocratique en France eten Europe ». Même son de cloche de Jean-PierreChevènement, à propos de l’électricité : « Toutehonte bue, ne reculant devant aucune énormité,MM. Chirac et Jospin affichent leur satisfaction ausoir du sommet de Barcelone alors qu’ils sont passéspar les conditions que fixaient la commission euro-péenne, M. Aznar, M. Berlusconi et M. Blair. »

Raphaëlle Bacqué

« Il y a une terribledérive policière pourfaire que le simple faitd’être dans la rue soitun crime en puissance »

U N I O N E U R O P É E N N E

Pour Jacques Chirac,

il s’agirait

d’un « premier pas

raisonnable

et ambitieux de la

politique européenne

de défense »

300 000 manifestants à Barcelone pour une Europe citoyenneSyndicats et mouvements antimondialisation ont réussi leur pari

de clore le sommet européen par un rassemblement monstre et pacifique de la société civile

Chirac et Jospin se quittent sur « une note positive »

Les Quinze prêts à assumer leur première opération militaire en MacédoineLeur décision reste cependant tributaire d’un accord sur les « arrangements permanents » avec l’OTAN

Portugal : le Partisocial-démocrateremporteles législatives

Page 6: Les dix engagements de Jospin - scholar.lib.vt.edu · cès, Alessandro Baricco bous-cule les clichés sur la mondia- ... « 900 000 chô-meurs de moins d’ici à 2007, un droit à

6/LE MONDE/MARDI 19 MARS 2002

EN 40 PAGES, Lionel Jospin pré-sente ses « orientations » autour decinq engagements pour une France« active, sûre, juste, moderne, forte ».« Pour les accomplir, écrit-il, il nousfaut rénover notre démocratie. » Ilpropose l’objectif d’« une croissancemoyenne au moins égale à 3 % paran ». La politique budgétaire, « touten mettant l’accent sur la maîtrise desdépenses et la réduction des déficits,favorisera les dépenses de sécurité etde justice ainsi que les dépenses d’ave-nir » (éducation, formation, recher-che, société de l’information, envi-ronnement). « Nous poursuivronsdes baisses d’impôts favorisant l’em-ploi, la justice sociale et les revenusd’activité ». Pour les nouvelles tech-nologies, il avance l’objectif « d’unordinateur relié à Internet pour cinqélèves dans chaque école primaire,d’un ordinateur par famille pour lescollégiens et les lycéens, d’un portable

par étudiant ». Il préconise un « gou-vernement économique de la zoneeuro » et une harmonisation fiscaleet sociale en Europe.

f Emploi. Il se fixe pour objectifde réduire le nombre de chômeursde 900 000 d’ici à 2007. Il propose« un chèque emploi-salarié » poursupprimer les démarches administra-tives des très petites entreprises.Pour assurer « la formation tout aulong de la vie », qui sera « l’un desobjectifs majeurs du quinquennat »,chaque salarié serait doté d’un« compte formation » comportantdes droits à la formation pouvant« être utilisés tout au long d’une car-rière professionnelle, y compris en casde chômage ». Ce projet, qui devraassocier partenaires sociaux, Etat etrégions, sera examiné par une confé-rence économique et sociale endébut de législature. Il propose decréer 200 000 « contrats de retour à

l’emploi » pour les chômeurs de plusde 50 ans et les exclus du marché dutravail. La prime pour l’emploi seraitétendue. Une négociation seraitengagée sur les moyens de « luttercontre la précarité et de favoriser l’em-ploi de qualité ».

f Sécurité. « Tout délit doit trou-ver sa sanction », affirme-t-il, en pro-posant « un contrat national de sécu-rité dont les moyens seront dégagés,sur cinq ans, par une loi de pro-gramme ». Un ministère chargé dela sécurité publique « assurera lacoordination opérationnelle, sousl’autorité des préfets, de la police et dela gendarmerie ». Il propose la créa-tion de postes de juges de proxi-mité, confiés à de jeunes retraités.L’ordonnance de 1945 sera « adap-tée » : extension aux mineurs desprocédures de comparution immé-diate ; développement de l’accueildes mineurs « dans des structures fer-mées » pour prévenir la récidive. Ilpréconise une police criminelle euro-péenne opérationnelle. Un haut con-seil pour la sécurité serait mis en pla-ce, disposant d’un observatoirenational de la délinquance. Il sou-haite que le maire joue « un rôle cen-tral dans la politique de sécurité de sa

commune ». A l’école, une « cellulesociale de suivi des enfants et adoles-cents difficiles » serait créée dans lecadre d’une prévention de la vio-lence chez les jeunes.

f Fiscalité. Il propose « uneréduction de moitié de la taxe d’habi-tation ». Pour continuer à « rééquili-brer la fiscalité en faveur des revenusdu travail », il veut augmenter le pré-lèvement libératoire sur les intérêtset l’imposition des plus-values, cesupplément d’impôt étant « europour euro affecté à une baisse immé-diate des taux de l’impôt sur le reve-nu » (IR). Il souhaite une réflexionsur « une réforme d’ensemble de l’im-position du revenu », portant notam-ment sur le prélèvement à la sourcede l’IR.

f Logement. Il souhaite que« dans les cinq ans qui viennent, nousparvenions à ce qu’il n’y ait plus desans-domicile-fixe ». L’éradicationde la grande pauvreté, pendant lamandature, devrait être menée enfaisant appel aux ONG. Il proposeune couverture logement univer-selle pour faciliter « l’accès et lemaintien des locataires dans le loge-ment ». Il préconise « la démolitionet la reconstruction sur dix ans de300 000 logements HLM ».

f Retraites. L’objectif est de« maintenir le niveau des retraites » :en favorisant le retour à l’emploi desplus de 50 ans ; en donnant dans lecadre du droit à la retraite à 60 ans« la liberté du choix de l’âge de la ces-sation d’activité, qui peut être progres-sive » ; en mettant en œuvre « unéquilibre équitable entre les régimesde retraites des salariés privés et ceuxdes fonctionnaires » ; en dévelop-pant « l’épargne salariale », « sous lecontrôle des partenaires sociaux » ;en relevant les dotations au fondsde réserve des retraites et en enga-geant une négociation « très rapide-

ment » entre les parties concernées.f Inégalités. Pour combattre les

inégalités de pouvoir, il défend lareprésentation des salariés dans lesconseils de surveillance. Il se pronon-ce pour l’égalité des salaires et desresponsabilités entre les hommes etles femmes. Il veut « garantir l’égali-té d’accès aux soins pour tous nos con-citoyens et sur tout le territoire », réno-ver les hôpitaux, créer des agencesrégionales de santé pour un « pilo-tage unifié de l’offre de soins », renfor-cer l’effort de recherche, « offrir denouveaux médicaments », favoriserl’insertion des handicapés, notam-ment dans la vie scolaire, multiplierles services d’aide et d’accompa-gnement des personnes âgées pour« mieux vieillir ». Favorable à un trai-té social européen, il préconise « uncontrat de travail européen définis-sant des garanties minimales » et unedirective européenne pour « conso-lider le rôle des services publics ».

f Jeunes. Il propose un « pactede confiance avec la jeunesse »,comportant la mise en place d’un« contrat d’autonomie pour les18-25 ans » qui s’engagent dans unedémarche de formation ou d’inser-tion. Les jeunes pourraient bénéfi-

cier d’un « service civique volon-taire » de 6 à 9 mois pour un engage-ment social et humanitaire. Il fixel’objectif de 100 % de jeunes sortantde l’école avec une qualification.Des séjours à l’étranger de troismois pour les lycéens et de six moispour les étudiants seront offerts.Pour les familles, un chèque enfancesera instauré pour les gardes endehors du temps scolaire.

f Environnement. Il propose lacréation d’une agence européennede l’environnement et veut donnerla priorité à la lutte contre l’effet deserre. Il préconise « un schéma natio-nal de développement du transportcombiné du ferroutage et du cabo-tage ». Il souhaite l’instauration

d’un ministère de l’environnementet des ressources naturelles.

f Négociation. Il souhaite favo-riser « la démocratie sociale, en lais-sant plus de place à la négociation etau contrat ». La légitimité desaccords professionnels devra repo-ser sur « une adhésion majoritaire ».La représentativité des syndicatsdevra être « réellement fondée sur levote des salariés ». Une obligation denégocier serait instaurée dans lafonction publique d’Etat, dans leshôpitaux et les collectivités terri-toriales.

f Institutions. Il propose que lesinstitutions ne soient pas « boule-versées », mais « profondément réfor-mées ». Il se prononce pour un« mandat unique pour les parlemen-taires » et l’introduction « d’une partde scrutin proportionnel dans l’élec-tion des députés ». Il veut inscriredans la loi « l’impossibilité pour lepouvoir politique d’intervenir dans lesaffaires individuelles ». Pour que lajustice soit plus responsable, les justi-ciables pourraient saisir « des com-missions de réclamation ». Le prési-dent de la République devra « répon-dre devant les juridictions de droitcommun, comme tout citoyen, pour

des actes antérieurs à son élection ousans lien avec l’exercice de son man-dat », mais « dans des conditionscompatibles avec le respect de sa fonc-tion ». Il propose des référendumslocaux et régionaux « à titre consul-tatif » et une durée de cinq ans pourtous les mandats. Dans l’année sui-vant les élections, ces réformes insti-tutionnelles seront soumises à réfé-rendum. Deux chantiers serontouverts sur le rôle du Sénat et laréforme du Conseil constitutionnel.Une « seconde étape » de la décen-tralisation permettra de nouveauxtransferts de compétence auxrégions. Il propose un « pacte de soli-darité » entre l’Etat et les collec-tivités locales.

C’est le Parti socialiste qui, finalement, l’a emporté contre… Lionel Jospin.Dans son projet, le candidat socialiste propose de donner « le droit de voteaux étrangers régulièrement installés sur notre sol depuis cinq ans aux élec-tions locales ». Cinq ans, comme le souhaitait Martine Aubry, et non dix,comme l’aurait préféré le premier ministre : le 2 mars, dans un entretien auMonde, il « souhai[tait] » proposer ce vote aux « étrangers vivant en Francedepuis dix ans ». Cette mesure, qui figure dans le chapitre intitulé « la démo-cratie autrement », est la seule qui concerne la politique d’intégration. Dansles 40 pages de la brochure, il n’y est fait aucune autre allusion – pas davan-tage à la question de la double peine, c’est-à-dire l’expulsion du territoireaprès avoir purgé une peine de prison.

Lionel Jospin a présenté son projet, lundi 18 mars,depuis son « atelier de campagne », à Paris. Ce fasci-cule de 40 « ’ » aété tiré à 8 millions d’exemplaires. Sa rédaction

reprend une partie du projet socialiste et les idées de’ du PS. Ses principaux objectifs : la ’- ; la diminution du nombre de chômeurs de

900 000 d’ici à 2007 ; la mise en place d’une confé-rence avec les partenaires sociaux en début de légis-lature afin de . Surbien des points, ce projet présente des similitudes

avec celui de . Ainsi, en matière desécurité les deux candidats se rejoignent sur le« ’ » et la création de « struc-ture fermées » pour les mineurs délinquants.

L’EMPLOI du « Je » est constantet répété, mais le mot « socialisme »n’apparaît qu’une fois, au détourd’un paragraphe, pour assurer que« la lutte pour l’égalité fait partie del’identité du socialisme, de la gaucheet, au-delà, de l’identité de la Fran-ce ». La brochure de quarantepages que Lionel Jospin présentait,lundi matin 18 mars au siège de sacampagne, décline une centaine depropositions souvent inspirées parles « modernes » du PS (Le Mondedu 15 mars) et dont la couverturebordeaux, identique à celle du« projet socialiste », est censée illus-trer une continuité. Le premierministre candidat l’a intitulée « Jem’engage » et s’y exprime à la pre-mière personne : « je veux » revientquinze fois, « je propose » vingt-sixfois.

Cette personnalisation doit mar-quer, dans l’esprit du candidat, l’ex-pression d’un futur président, etnon plus celle d’un premier minis-tre. Son texte « n’est pas un pro-gramme de gouvernement, ou ladéclaration de politique généraled’un premier ministre », devait-ilexpliquer lundi, mais plutôt sa ver-sion nouvelle de la modernité :« Réconcilier l’esprit de révolte et l’es-prit d’initiative, la capacité de créa-tion et l’exigence de justice. »

Au dos de la brochure figurentses dix principaux « engagements »

– le mot choisi dans sa lettre auxFrançais, et qu’a repris Jacques Chi-rac dans sa brochure de candidat.Certains étaient attendus, commele « droit à la formation tout au longde la vie » et le « contrat autonomiepour les 18-25 ans », mesures que lePS souhaiterait aussi emblémati-ques et novatrices que les 35 heureset les emplois jeunes annoncés en1997. On retrouve aussi l’objectifdes « 900 000 chômeurs en moinsd’ici 2007 » lancé par M. Jospin surFrance 2 après son entrée en campa-gne, et le candidat redit sa volontéde garantir des retraites par réparti-tion.

Soucieux de coller à la droite enmatière de sécurité, il proposed’élargir les comparutions immédia-tes aux mineurs. Plus floue, la « nou-velle étape de la décentralisation »qu’il suggère : M. Chirac sembleplus ambitieux sur ce point, puis-qu’il reprend à son compte l’idée« d’expérimentation » avancée dansla proposition de loi de PierreMéhaignerie.

Les partenaires de la gauche plu-rielle, qui ne cessent, dans les sonda-ges, de donner des signes de faibles-se, noteront que le projet du candi-dat socialiste évoque ni la revalorisa-tion des minima sociaux ni la diver-sification des sources d’énergie. Pasun mot, non plus, sur la dépénalisa-tion de l’usage du cannabis, en

faveur de laquelle s’étaient pronon-cés Bernard Kouchner et Domini-que Voynet. Le PS se disait favora-ble, sur ce sujet, à un « grand débatnational ».

M. Jospin souhaitait insister, lun-di, sur la manière collective donts’était élaboré le projet : « Il a été

nourri de nombreuses contributionsindividuelles [150, émanant de minis-tres, de parlementaires etd’experts], il a été débattu collective-ment », devait-il assurer. Le direc-teur de campagne, Jean Glavany,qui a participé à la réunion d’arbitra-ge du 11 mars, ne manque pas derappeler qu’il a, lui aussi, apporté sapierre. Reste qu’à l’arrivée, c’est

bien une « avant-garde » jospino-rocardienne, autour de Pierre Mos-covici, qui a préparé la synthèse etla matrice du projet.

Outre les propositions phares,M. Jospin a repris de « La vie enmieux, la vie ensemble », le texte éla-boré par le PS sous la conduite de

Martine Aubry, plusieurs idées,comme la conférence entre l’Etat etles partenaires sociaux en début delégislature et la démocratie sociale,illustration pratique du nouveaurapport entre la loi et le contrat,que théorise le candidat, non sansune forme d’autocritique, dans Letemps de répondre (Stock).

Il suit la même démarche prudem-

ment réformiste sur les institutions,en reprenant l’idée d’un référen-dum. Il s’inspire en revanche direc-tement de Jack Lang lorsque, dansses propositions sur la démocratie,celui-ci avait, en 1996, proposé un« mandat unique pour les parlemen-taires », et l’harmonisation à cinqans, sénateurs compris, de la duréede leurs fonctions. Ces propositionsapparaissent en retrait par rapportà celles avancées par DominiqueStrauss-Kahn, dans La flamme et lacendre (Grasset), qui prônait une« VIe République ». M. Jospin nereprend pas explicitement l’idéed’une ouverture du capital desentreprises publiques. Là où« DSK » n’écartait pas que la partde l’Etat tombe au-dessous de 50 %dans le capital d’EDF, le candidatpréfère une démarche en forme denouveau « ni-ni » : « Rien n’est déci-dé, rien n’est interdit », résumeM. Moscovici. Le candidat entenden effet « consolider et promouvoirles principes du service public » auniveau européen, tout en jugeantque les entreprises publiquesdevront nouer « des alliances pourassurer leur développement interna-tional ».

« Les objectifs de politique indus-trielle guideront nos décisions », écrit-il, en s’engageant à rechercher « leconsensus des salariés sur les évolu-tions souhaitables. » Entre « DSK »,

favorable à la suppression de lataxe d’habitation, et LaurentFabius, qui, outre une baisse d’im-pôts, plaidait pour une réductionsymbolique et a insisté jusqu’aubout pour que les propositionssoient « financièrement maîtri-sées », M. Jospin a choisi un justemilieu : cet impôt, « le plus archaï-que et le plus injuste », sera réduit demoitié – soit 4,5 milliards d’euros demanque à gagner pour l’Etat. Enrevanche, il suit M. Strauss-Kahn enécartant l’idée apportée au projetdu PS par Henri Emmanuelli, de fai-re basculer progressivement les coti-sations patronales sur une assiettefondée sur la valeur ajoutée.

Dernier apport, plus discret :celui de Tony Blair. Outre sa formu-le célèbre sur la sécurité – « Il fautêtre dur avec le crime, et dur avec lescauses du crime » –, l’objectif « zéroSDF » en cinq ans, est directementinspiré de la politique du premierministre britannique de lutte contrela pauvreté. En 2002, chacun secopie : M. Moscovici s’indigne du« pillage » par M. Chirac des notesde la très « blairiste » FondationJean-Jaurès – que l’Elysée s’est faitlivrer il y a quelques semaines –pour élaborer ses propositions sur« l’informatisation de la société ».

Ariane Cheminet Michel Noblecourt

Droit de vote des étrangers aux élections locales

Lionel Jospin présente, à son tour, son programme aux FrançaisTrois jours après Jacques Chirac, le premier ministre candidat a dévoilé son projet pour une France « active, sûre, juste, moderne et forte ».

Un projet qui mêle le programme socialiste et les réflexions de l’aile moderne du PS. Ce fascicule de 40 pages est tiré à 8 millions d’exemplaires

C’est sans doute le texte à la tonalité la plus fédéraliste de Lionel Jospin.Dans un chapitre intitulé « Vouloir l’Europe politique », M. Jospin appelle deses vœux une « fédération européenne d’Etats-nations » et reprend même laformule pour laquelle militait Pierre Moscovici, en expliquant que cettefédération est l’« expression d’aujourd’hui pour les Etats-Unis d’Europe jadisrêvés par Victor Hugo » (Le Monde du 17 mars). Le candidat reprend les deuxpropositions déjà exposées dans son texte sur « l’avenir de l’Europe élar-gie », le 28 mai 2001 : désignation du président de la Commission européen-ne parmi les membres de la majorité issue des élections européennes etcréation d’un conseil permanent des ministres chargés des affaires euro-péennes, formule chère à son ministre délégué. Il se démarque ainsi de Jac-ques Chirac qui, lui, met l’accent sur la prééminence du Conseil européen etsouhaite que ce soient les chefs d’Etat et de gouvernement qui élisent l’und’entre eux président de l’Europe.

Le 14 avril 1995, Lionel Jospin,dans un discours de campagne,s’était fait le premier militant de lataxe Tobin sur les transactions finan-cières. Elle figure encore dans le pro-jet 2002 du Parti socialiste, qui évo-que un « instrument de lutte contreles mouvements spéculatifs, dans l’es-prit de la taxe Tobin ». Dans La Flam-me et la Cendre (Grasset), Domini-que Strauss-Kahn, lui, sacrifiait cet-te idée dont il a été l’inspirateur.« J’en ai (…) été longtemps partisan.Mais l’expérience de mes responsabi-lités gouvernementales m’en a éloi-gné », confiait-il au Monde, le 22 jan-vier. Dans son programme, LionelJospin évoque seulement une « taxeinternationale sur les flux financiersà court terme », et reprend l’idée de« DSK » d’une « grande initiativeeuropéenne pour le développementdes pays de la Méditerranée ». Il pro-pose aussi « d’annuler la dette despays en développement », commeles autres candidats de la gaucheplurielle et l’Internationale socia-liste.

F R A N C Ep r é s i d e n t i e l l e

La couverture de la brochureprésentant le programmede Lionel Jospin.

Une « fédération européenne d’Etats-nations »

Les « engagements » du candidat pour « une France active, sûre, juste, moderne, forte »Il préconise l’instauration d’un mandat électif unique, une réduction de la taxe d’habitation et d’un « compte-formation » pour chaque salarié

Abandonde la taxe Tobin,annulation de la dette

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LE MONDE/MARDI 19 MARS 2002/7

Une impasse sur la Corse et « l’après-2004 »

SON PROGRAMME, Lionel Jos-pin a pris soin de le faire porter, lun-di 18 mars, aux syndicats et aupatronat. Cette démarche est « l’ex-pression d’un respect et d’une volon-té de dialogue accru » avec eux,écrit le premier ministre dans unelettre à leurs responsables. Unefaçon pour le candidat socialisted’inaugurer une nouvelle ère avecles partenaires sociaux, après cinqannées de relations tumultueuses.De l’épisode de la conférence socia-le du 10 octobre 1997, qui avait don-né naissance aux lois sur les 35 heu-res, en passant par la démarche de« refondation sociale » initiée parle Medef, syndicats et patronatn’ont pas ménagé leurs critiquessur la méthode du premier minis-tre, accusé de favoriser la cohésionde sa majorité au détriment du dia-logue social. Un thème que JacquesChirac n’a pas manqué de saisirpour attaquer son adversaire.

« Je veux laisser plus de place à lanégociation et au contrat », prometM. Jospin en se disant résolu à« favoriser la négociation collecti-ve ». Il reprend l’idée d’un rendez-vous annuel tripartite (gouverne-ment, syndicats et patronat), com-me il en existe aux Pays-Bas. Parmi

les questions inscrites à cette « con-férence économique et socialenationale », figurent la formationtout au long de la vie – « l’un desobjectifs majeurs du quinquennat »,selon lui –, les retraites et le systè-me de santé. M. Jospin souhaite ain-si offrir la possibilité au Medef derevenir siéger à la Sécurité sociale,en proposant de clarifier, « par laconcertation », le rôle de chacun.

Voilà pour la méthode. Sur le

fond, le candidat expose deux réfor-mes majeures, réclamées notam-ment par la CGT : la redéfinitiondes règles de représentativité syndi-cale, qui doit être « réellement fon-dée sur le vote des salariés » (et nonplus sur un acquis historique quin’a pas été remis en cause depuis1966), et la mise en place d’accordsmajoritaires. Le premier point avaitété abordé – à « petits pas », selonElisabeth Guigou – par le truche-ment de discussions sur le finance-ment des syndicats. Sur la retraite,M. Jospin s’inspire du projet de laCFDT en prônant « dans le cadredu droit à la retraite à 60 ans, laliberté du choix de l’âge de la cessa-tion d’activité ».

Des « modalités spécifiques de dia-logue social » devront aussi êtredéfinies dans les PME. Enfin, unaccord interprofessionnel majoritai-re « devrait pouvoir être transcritpar le législateur, pour autant qu’ilne remette pas en question les princi-pes fondamentaux du droit ». Dansune « position commune » adop-tée le 16 juillet 2001, les partenairessociaux (sauf la CGT) avaient sou-haité que leurs accords puissent« entrer en vigueur dans le respectde leur équilibre ». Une manière decontester les interventions du légis-lateur, notamment après les heurtsprovoqués par le plan d’aide auretour à l’emploi (PARE).

De leur côté, les fonctions publi-ques (Etat, collectivités locales,hôpitaux) seraient soumises à uneobligation de négocier, comme lesentreprises depuis les lois Aurouxde 1982. Dans un univers où le dia-logue social se noue dans des ins-tances paritaires consultatives,c’est un changement de culture.Prudent, il précise qu’il ne s’agitpas d’« affaiblir le statut de la fonc-tion publique ».

Claire Guélaudet Isabelle Mandraud

C’EST un paradoxe. Et sans dou-te un fin calcul politique, à la veilled’une élection présidentielle où lescore, au premier tour, de Jean-Pier-re Chevènement reste l’une desinconnues du scrutin. Le seul enga-gement public que Lionel Jospinavait pris pour l’après-2002, s’ildevenait chef de l’Etat, concernaitla Corse : en engageant en décem-bre 1999 avec les élus de l’Assem-blée territoriale un « processus » dedialogue en deux étapes, il avaitadmis qu’elle posait un problèmepolitique. Les promesses conte-nues dans le préambule du projetde loi sur la Corse, adoptée le28 novembre 2001, ne figurentpourtant à aucun moment parmises engagements et il évoque trèsvaguement de « nouvelles compéten-ces, notamment en faveur desrégions ».

L’accord soumis le 12 juillet 2000,

à Paris, aux élus de l’Assemblée deCorse, qu’ils avaient approuvé le28 juillet à Ajaccio par 44 voix sur51, stipulait que le gouvernementet les élus insulaires s’engageaientdans un « processus » en deux éta-pes. Reconnaissant « les spécifici-tés » de la Corse, il prévoyait queson organisation administrative etles contours des compétences de lacollectivité territoriale seraientrevues en 2004 – date de l’expira-tion du mandat de l’Assemblée,actuellement à droite. Le gouverne-ment se disait « disposé à se placerdans [la] perspective » d’une « sup-pression des deux départements et lamise en place d’une collectivité uni-que », en relevant qu’« elle impli-querait une révision constitutionnel-le ». De même, l’accord prévoyaitun pouvoir expérimental d’adapta-tion de dispositions réglementaireset législatives, consenti jusqu’en

2004. L’accord prévoit qu’après cet-te date, une seconde « révision préa-lable de la Constitution » permettrade le pérenniser. Mais cette révi-sion ne peut être envisagée sansl’« accord des pouvoirs publics alorsen fonction », c’est-à-dire, en pre-mier lieu, du futur président de laRépublique.

Plus une trace de cette promessedans le projet de M. Jospin. « C’estparce que cela a déjà été écrit, et queles engagements seront tenus », assu-re son entourage. Le candidat réser-ve ce sujet pour sa probable visitedans l’île, entre les deux tours. Soitau moment où commenceront lesnégociations pour les électionslégislatives, lorsqu’il lui faudra ras-sembler, y compris les électeurs duPôle républicain de M. Chevène-ment.

Ar. Ch.

Le candidat veut « laisser plus de placeà la négociation et au contrat »

Il souhaite redéfinir la représentativité des syndicatset mettre en place des accords majoritaires dans les entreprises

LA BROCHURE de campagne deJacques Chirac s’intitule : « Monengagement pour la France » ; cel-le de Lionel Jospin : « Je m’enga-ge ». Au-delà de la ressemblancedes formulations, les projets desdeux favoris dans la course à l’Ely-sée présentent d’importantes simili-tudes et quelques oppositionstranchées.

Sur la sécurité, le thème de

l’« impunité zéro », mis en avantpar le président-candidat, trouveun écho dans le mot d’ordre du pre-mier ministre : « Je refuse l’impuni-té : tout délit doit trouver une sanc-tion. » Pour satisfaire cet objectifproclamé, les deux candidats pro-posent la création d’un ministèrede la sécurité – « intérieure » pourM. Chirac, « publique » pourM. Jospin – ayant autorité sur lespoliciers et les gendarmes, en préci-sant que ces derniers conserve-raient leur statut militaire. Pourcoordonner la lutte contre la délin-quance, M. Jospin veut instaurerun « Haut Conseil pour la sécurité »qui veillerait à la mise en œuvred’un « contrat national de sécuri-té ». M. Chirac, lui, présiderait un« Conseil de sécurité intérieure ».

Les deux prétendants se rejoi-gnent aussi sur l’idée d’une « loi deprogrammation » qui permettraitd’augmenter les moyens de la jus-tice. S’ils préconisent l’un et l’autre,en termes voisins, la création de« structures fermées » destinées auxmineurs délinquants, ni M. Jospinni M. Chirac n’en précisent le sta-tut. Promoteur d’une « justice deproximité », le président-candidatest concurrencé par son rival, quiprône la création de « juges de proxi-mité ».

M. Jospin se démarque principa-lement par la présence dans sonarsenal d’une extension des compa-

rutions immédiates aux mineurs.Les deux candidats s’opposentenfin très nettement sur la ques-tion de l’indépendance de la jus-tice. M. Chirac souhaite le maintiende « l’autorité du garde des sceaux »sur les procureurs, quand M. Jos-pin promet de faire adopter « l’im-possibilité pour le pouvoir politiqued’intervenir dans les affaires indivi-duelles » et de mettre les carrièresdes magistrats « à l’abri de touteintervention politique ».

Au chapitre des institutions, lesdeux prétendants militent pourune accélération du rythme démo-cratique. Ils se prononcent ainsipour l’augmentation du nombre deréférendums – « d’initiative populai-re » pour M. Chirac ; « locaux »,« régionaux », « à titre consultatif »pour M. Jospin – et pour la réduc-tion de la durée des mandats élec-tifs : M. Chirac souhaite réduirecelui des sénateurs de neuf à sixans ; M. Jospin veut unifier à cinqans l’ensemble des mandats locauxet nationaux et préconise le « man-dat unique » pour les parlemen-taires. Si la réforme du statut pénaldu chef de l’Etat est admise de partet d’autre, M. Jospin est seul à enpréciser le sens : il souhaite que leprésident « puisse répondre »devant un juge des faits qui luiseraient reprochés, dès lors qu’ilsseraient antérieurs ou extérieurs àsa fonction.

Le premier ministre-candidats’avance davantage en promettantl’instauration d’une « part de scru-tin proportionnel dans l’élection desdéputés » et d’un droit de vote auxélections locales pour les étrangersrésidant en France « depuis cinq

ans ». Ainsi qu’il en avait publique-ment avancé l’idée, M. Jospin posela question d’une réforme duSénat, en évoquant « l’évolution de[ses] pouvoirs, notamment constitu-tionnels, de [son] rôle et de [sa] fonc-tion ». Il s’interroge de même surune réforme de la saisine et du« mode de désignation » des mem-bres du Conseil constitutionnel.

Les approches des deux candi-dats diffèrent sur la manière deréformer l’Etat. Quand M. Chiracpréconise un « plan de réforme surcinq ans des services de chaqueministère » et l’introduction d’une« culture de résultat » dans l’admi-nistration, M. Jospin entend pour-suivre la « déconcentration » enfixant des « contrats d’objectifs »aux préfets.

La fiscalité les oppose plus nette-

ment. L’idée forte de M. Chirac estune diminution d’un tiers de l’im-pôt sur le revenu et une baisse descharges sociales, alors que la mesu-re phare de M. Jospin consiste àréduire de moitié la taxe d’habita-tion – « l’impôt le plus archaïque etle plus injuste », dit-il. Pour rééquili-brer la fiscalité en faveur du travail,le premier ministre suggère d’affec-ter la hausse des prélèvements libé-ratoires sur les intérêts et l’imposi-tion des plus-values à une baisse del’impôt sur le revenu, qui seraitdésormais prélevé à la source. Lesdeux candidats prônent une harmo-nisation fiscale européenne, notam-ment pour l’impôt sur les sociétés,mais M. Jospin défend l’idée de la« majorité qualifiée » pour les déci-sions fiscales et sociales.

Service France

C’est lundi 18 mars,à 11 heures, dansson atelier decampagne, (où onle voit ici le 12 mars),que Lionel Jospina présentéaux journalistessa brochure. Un textequi « n’est pasun programmede gouvenrement,ou la déclarationde politique généraled’un premierministre », maisplutôt une versionnouvelle de lamodernité selon lui.

Sécurité, institutions, fiscalité : différenceset similitudes entre M. Chirac et M. Jospin

Leurs projets sont presque identiques pour lutter contre la délinquance

2001 2002

UNE COTE DE POPULARITÉ EN BAISSE

Sondage - Baromètre IFOP-JDD, en pourcentage

60

55

50

45

40

35M A M J J A S O N D J F M

Jacques Chirac

43 %Lionel Jospin

52

46

5153

43

49

50

54

62

54

6160

F R A N C E p r é s i d e n t i e l l e

Page 8: Les dix engagements de Jospin - scholar.lib.vt.edu · cès, Alessandro Baricco bous-cule les clichés sur la mondia- ... « 900 000 chô-meurs de moins d’ici à 2007, un droit à

8/LE MONDE/MARDI 19 MARS 2002

Jacques Chirac et Lionel Jos-pin ont défendu ensemble, ausommet européen de Barcelone,la spécificité française en matiè-re de service public et obtenu uncompromis sur l’ouverture à laconcurrence des marchés du gazet de l’électricité. Ce sommetvous paraît-il une réussite ?

On voit, là, exactement lesdéfauts que je dénonce dans lamanière dont on gouverne la Fran-ce et dont on fait l’Europe. Lamachine à propagande des deuxensemble, Jacques Chirac et LionelJospin, fonctionne très bien puis-qu’ils étaient convenus de nousexpliquer qu’ils allaient à Barcelo-ne pour défendre la spécificitéfrançaise. Or on sort de Barceloneavec une décision de libéralisationdu marché de l’énergie. Et on estallé plus loin. Jacques Chirac et Lio-nel Jospin, tous les deux, ont signé

une décision capitale sur l’allonge-ment de cinq ans de la durée decotisation pour les retraites d’ici à2010 en Europe. Qui en a débat-tu ? Qui en a dit un mot ? Quelcitoyen, quel député, quel parle-mentaire a été invité à la prépara-tion de cette décision capitale ?Personne. Parce que tout fonction-ne en France comme si c’était unemonarchie.

Le déficit démocratique est enFrance ou en Europe ?

Il est en France et en Europe.C’est précisément la raison pourlaquelle je suis candidat à l’élec-tion présidentielle : je veux quel’Europe se construise autre-ment. Elle prend des décisionscapitales, on vient de le voir. Il fautque les citoyens aient leur mot àdire et qu’on contruise l’Europecomme une démocratie, pas encatimini. C’est de la technocratie

puissance mille. Si je me présente,c’est pour qu’on change la maniè-re dont le pouvoir est organisé enFrance et en Europe. L’Europe estvitale et je suis un européen con-vaincu. Le destin de l’Europe sejoue sur cette question-là. Si l’onfait l’Europe technocratique etopaque, si l’Europe ne devient pasdémocratique et transparente, ellesera refusée.

La démonstration n’est-ellepas faite, à Barcelone, que l’Eu-rope est un levier efficace pourfaire bouger la France ?

Tant mieux si c’était cela. Maisl’idée qu’on se sert de l’Europepour prendre, à l’insu des citoyensfrançais, un certain nombre dedécisions sur leur avenir, de mêmequ’en France les citoyens sonttenus à l’écart des décisions princi-pales qui concernent leur vie detous les jours en raison de l’organi-sation jacobine de l’Etat, cette idéene me plaît pas.

Vous renvoyez dos à dos Jac-ques Chirac et Lionel jospin ?

Jacques Chirac dit : « Il y a unabîme entre Lionel Jospin etmoi ». Là encore, beaucoup deFrançais sourient parce qu’onvient de voir à Barcelone que, pré-cisément, il n’y avait pas un abîme,mais simplement une présentationpour que la campagne électoraleparaisse se résumer au débat entreces deux hommes. Vous allez voirqu’il faudra une loupe, un micros-cope pour scruter les différences

entre eux. Il faut changer la maniè-re de gouverner la France, il fautque les citoyens aient leur placedans le débat, il faut avoir le coura-ge de leur dire clairement les déci-sions que l’on prend. Et si vous res-tez avec l’une de ces deux équipes-là, vous aurez exactement lemême enlisement dans la mêmeornière. Parce que ça fait 25 ansqu’ils gouvernent de cette façon etils ne changeront pas.

Il reste cinq semaines de cam-pagne avant le premier tour.Qu’est-ce qui pourrait se passerpour que vous soyez davantageentendu ?

La réponse est simple : TOUT.Mais encore ?Tous les jours, lors de mes dépla-

cements, je vois une autre France,une France qui n’a aucune enviedu duel qu’on lui promet. Parcequ’elle sent bien que ce duel estartificiel, ne porte pas sur les vraisproblèmes du pays. Il y a des mil-lions de Français qui ont envied’un renouvellement profond. Ilssentent bien qu’il y a quelque cho-se de bloqué en France, qui ne sedébloquera que par un geste fort,significatif, énergique de change-ment revendiqué et imposé par lesélecteurs. C’est la raison pourlaquelle je suis là.

On ne peut imaginer que M. Chi-rac et M. Jospin, étant sortants,monopolisent les antennes ; il fautque les chaînes de télévision ou deradio organisent un débat entretous les candidats. Les citoyensont droit au premier tour, ils ontdroit au débat et je demande quece débat soit organisé.

Propos recueillis parPatrick Cohen,

Gérard Courtoiset Pierre-Luc Séguillon

Le Parti des travailleurs en campagne devant le Mur des fédérés

JACQUES CHIRAC arriverait en tête au premier tour de la présiden-tielle avec 25,5 % (+ 4,5 points par rapport à début mars) si celle-ciavait lieu aujourd’hui, mais Lionel Jospin l’emporterait avec 51 % ausecond, selon un sondage CSA pour Libération et La Dépêche du Midi,réalisé les 13 et 14 mars auprès de 1 001 électeurs. Cette enquête,menée après les propos de M. Jospin sur l’âge de son rival la répliquede ce dernier, indique que le premier ministre perdrait 1,5 points (à22 %), par rapport à mars. Jean-Marie Le Pen serait en troisième posi-tion (9,5 % soit - 0,5), Jean-Pierre Chevènement en quatrième (8,5 %,- 2,5), et précédant Arlette Laguiller (7 % soit + 1 point.

Michel Chassang est élu présidentde la CSMFMICHEL CHASSANG, président de l’Union nationale des omniprati-ciens français (UNOF), branche généraliste de la Confédération dessyndicats médicaux français (CSMF), a été élu, dimanche 17 mars, pré-sident de la CSMF. Le Docteur Chassang, 45 ans, « médecin defamille » dans le Cantal, succédera à Claude Maffioli qui présidait,depuis dix ans la première organisation syndicale de médecins libé-raux, regroupant la majorité des spécialistes et des généralistes syndi-qués. Il prendra ses fonctions le 27 mars. L’Unof a été à l’origine dumouvement de grève des gardes de nuit et de week-end suivi, depuisle 15 novembre, par une partie des médecins généralistes pour obte-nir la revalorisation des honoraires.

a PRÉSIDENTIELLE : le Centre national des Indépendants et Pay-sans (CNI) qui réunissait, samedi 16 mars, son comité national direc-teur, a décidé de soutenir Jacques Chirac dès le premier tour de l’élec-tion présidentielle afin de « faire barrage à la gauche ».a MADELIN : le président de Démocratie libérale, Alain Madelin, apréconisé, samedi 16 mars à Paris, une « réunification française »entre quartiers riches et pauvres. « Nos cités sont les miroirs grossissantsdes échecs de notre société », a lancé le candidat libéral devant quelque500 jeunes venus d’une vingtaine de pays d’Europe.

Une électioncantonale partielleSEINE-MARITIMEOurville-en-Caux (second tour).I., 3 335 ; V., 1 867 ; A., 44,02 % ; E., 1 727.Yvon Pesquet, div. d., m. de Cleuville, 1 045 (60,51 %)… ÉLUDaniel Livien, div. d., m. d’Ourville-en-Caux, 682 (39,49 %).

[Yvon Pesquet (div. d.) succède à André Faucon (div. d.), décédé, dans ce canton lemoins peuplé de la Seine-Maritime. Au premier tour, trois candidats divers droite étaientarrivés en tête, le candidat socialiste subissant un net revers par rapport à son score de1998.

10 mars 2002 : I., 3 335 ; V., 2 007 ; A., 39,82 % ; E., 1 970 ; Yvon Pesquet, div. d., m. deCleuville, 569 (28,88 %) ; Daniel Livien, div. d., m. d’Ourville-en-Caux, 446 (22,64 %) ;Gérard Colin, div. d., m. de Veauville-les-Quelles, 441 (22,39 %) ; Gérard Jacquel, PS, 171(8,68 %) ; Roland Leconte, div. d., 104 (5,28 %) ; Annie Fouché-Saillenfest, MNR, 77(3,91 %) ; Philippe Cottard, div. d., 69 (3,50 %) ; Marcelle Marécal, PCF, c.m. de Saint-Vaast-Dieppevalle, 58 (2,94 %) ; Denis Leblanc, div., 35 (1,78 %).]

François Bayrou, président de l’UDF, au « Grand Jury RTL-“Le Monde”-LCI »

« Les Français ont envie d’un renouvellement profond »

CETTE ANNÉE, le Parti des travailleurs (PT)a décidé de transformer sa traditionnelle com-mémoration de l’anniversaire de la Communede Paris, en démonstration politique. Samedi16 mars, quatre à 500 militants, emmenés parDaniel Gluckstein, le candidat de cette forma-tion à l’élection présidentielle, ont défilé aucimetière du Père-Lachaise pour soulignercombien « le programme de la Commune est unprogramme actuel ». « Qui n’a pas de passé, n’apas d’avenir », a lancé M. Gluckstein, en enta-mant un long discours devant le Mur des fédé-rés. « La Commune, a-t-il expliqué, a instauréle contrôle des mandats des élus et leur révocabi-lité. L’avenir, c’est cela et non la corruption géné-ralisée des mandats irrévocables. »

Se calant à son tour sur le mot d’ordre d’in-terdiction des licenciements qui réussit si bienà Arlette laguiller, le candidat du Parti des tra-vailleurs a jugé que « c’était une toute petite

chose que d’écrire un projet de loi qui interdiseles licenciements comme à Alsthom, Bull ou Tho-mosn », entreprises dans lesquelles le PT estimplanté. Dénonçant « la mascarade de la cam-pagne présidentielle », M. Gluckstein a attaquéLionel Jospin qui « prend ses ordres à Washing-ton, à Bruxelles et aux sièges des multinationa-les ». « Chirac et Jospin appliquent la même poli-tique, c’est la preuve que nous ne sommes pas endémocratie », a-t-il poursuivi, avant de dénon-cer une nouvelle fois le « boycott » dont il esti-me être l’objet. « Il faut croire que c’est parceque ce que nous disons dérange », a-t-il décla-ré, avant de critiquer la loi sur l’intercommuna-lité- réforme contre laquelle le PT fait campa-gne auprès des maires – dont l’objectif est« de détruire les communes et d’imposer ledémantèlement des services publics ».

Le fondateur du PT, Pierre Lambert, n’étaitpas présent à cette commémoration. Reve-

nant sur l’incendie dont les locaux d’Informa-tions ouvrières, l’hebdomadaire du PT, ont étévictimes mercredi 13 mars, M. Gluckstein arépété que si les causes s’avéraient « criminel-les », ceux qui avaient créé un « certainclimat » autour du PT « devraient rendre comp-te de leur responsabilité directe, politique ouintellectuelle ».

Le Parti des travailleurs n’avait toutefoisdéposé aucune plainte en fin de semaine der-nière à la suite de cet incendie, selon plusieurssources policières. En dépit de cette absencede plainte, des techniciens de l’identitéjudiciaire, attachés au laboratoire de policescientifique de la préfecture de police,s’étaient rendus sur place. Selon leurs premiè-res constatations, rien ne laissait penser à uneorigine criminelle.

Pascal Ceaux et Caroline Monnot

ÉCHOS DE CAMPAGNE

LES QUELQUE deux mille pla-ces de la grande salle de la Mutuali-té n’y ont pas suffi. Dimanche17 mars, on se presse pour le pre-mier grand meeting parisien d’Ar-lette Laguiller, désormais créditéede 7 % à 9 % d’intentions de votedans les sondages. Certains doi-vent se résigner à rester debout. Etquand la porte-parole de Lutteouvrière (LO) fait irruption dans lasalle, se cale face au pupitre,devant la banderole « Toujoursdans le camp des travailleurs », l’as-sistance se déchaîne et lui adresseune longue ovation.

Dans le public, il y a davantagede jeunes que d’habitude, des étu-diants pour la plupart, et beau-coup de militants. On lui offre desbouquets de fleurs. Des voix scan-dent « Arlette ! Arlette ! ». La candi-date de LO est accueillie commeune vedette. Ceux qui sont venuspour elle ne seront pas déçus : uneheure durant, elle s’exprimera seu-le à la tribune.

« On ne peut qu’espérer, sanstrop se faire d’illusions, que les son-dages soient confirmés le jour duvote », commence Mme Laguiller.« Les travailleurs subissent unevague encore jamais vue de licencie-ments collectifs », s’indigne-t-elle,avant de décrire des systèmes desanté ou d’éducation « à deux vites-ses », de fustiger le « pantouflage »

de hauts fonctionnaires dans lesentreprises, de brocarder les« hommes d’Etat achetés », dedénoncer le nombre insuffisant decrèches et d’écoles maternelles« qui rend la tâche des femmes tra-vailleuses plus difficile ». Elle évo-que l’avenir d’EDF : « Les tra-vailleurs de France Telecom et d’AirFrance savent ce que les termes

d’ouverture du capital veulent dire :c’est la privatisation, avec l’hypocri-sie en plus », estime-t-elle, avantde souligner que « Chirac et Jospinsont en train d’aplanir le chemin »aux capitaux privés dans le secteurde l’électricité.

« Le monde du travail n’a rien àattendre de ces gens-là », souligne« Arlette », avant d’ironiser sur

ces « deux lutteurs de foire qui s’in-jurient avant de commencer un com-bat truqué ». « Le seul mérite de Jos-pin, lance-t-elle, c’est qu’on l’a con-nu moins longtemps », confirmantqu’elle n’appellerait à voter pouraucun des candidats du secondtour car c’est un vote « inutile ».

La porte-parole de LO appelle lemonde du travail à « se défendre »,à « s’unir » et, surtout, à « se comp-ter ». « C’est un des intérêts de cetteélection présidentielle », insis-te-t-elle. Elle ajoute : « C’est pour-quoi il faut que les voix qui se portentsur le programme que je proposesoient les plus nombreuses possi-bles », après avoir rappelé ses deuxmesures-phares : l’« interdictiondes licenciements » et la « levée dusecret bancaire et commercial ».Pour Mme Laguiller, cette élection« ne changera rien à notre sort, maiselle peut changer ce que nous feronsdemain ». « Le bulletin de vote, pour-suit-elle, peut inquiéter les possé-dants et réconforter les travailleurs. »

Mme Laguiller s’en prend égale-ment « à l’hostilité, aux médisan-ces, aux calomnies » dont son orga-nisation est, selon elle, l’objet dansla presse. « L’élection n’est pas faiteque déjà, à droite, à gauche, dans lepatronat et dans la presse auxordres, ils enragent de voir les sonda-ges me concernant régulièrementaugmenter depuis plusieurs semai-

nes », explique-t-elle à une salleacquise.

A la sortie, les troupes sont« blindées ». Et ne voient riend’autre. Pas même la présence,dehors, de Pierre Guillaume, néga-tionniste notoire qui peut très tran-quillement distribuer pendant delongues minutes son dernier tiragede La Vieille Taupe, sans que qui-conque ne lui demande de s’éloi-gner. Non que LO entretienne unequelconque sympathie pour cesthèses, mais cette organisation atoujours considéré que le combatantifasciste n’était pas le sien, ouplutôt qu’il était secondaire, car ildétournait les militants de leurobjectif principal, la formationd’un grand parti des travailleurs,dont la constitution réglerait à elleseule le problème.

Il y a quelques années, à la fêtede Lutte ouvrière, cette attitudepassive avait déjà provoqué unincident. A la vue d’une brochureintitulée « Auschwitz ou le grandalibi » sur le stand d’un groupuscu-le italien, plusieurs militants d’Al-ternative libertaire, de la LCR et deRas l’Front étaient allés protesterauprès des organisateurs en exi-geant de ces derniers qu’ils inter-viennent immédiatement. Ilss’étaient fait éconduire.

Caroline Monnot

« Si l’Europene devient pasdémocratiqueet transparente,elle sera refusée »

Lionel Jospin serait en têteau second tour, selon CSA

f A la rescousse. « Tous aux côtés du soldat Taubira ! » : c’est le mot d’or-dre lancé par Thierry Jeantet, vice-président du Parti radical de gauche(PRG), samedi 16 mars, demandant aux radicaux de défendre la députéede Guyane qu’ils ont investie pour la course à l’Elysée. « Si nous voulonsque les médias se saisissent de son discours, encore faudrait-il que nous ledéfendions nous-mêmes », a estimé M. Jeantet, tandis que Bernard Char-les, président (PRG) du groupe RCV à l’Assemblée, souhaitait, le mêmejour, le retrait de la candidate et appelait à soutenir Lionel Jospin dès lepremier tour.

a Jean-Pierre Chevènement (candidat du Pôle républicain) : « JacquesChirac ne recule devant aucune énormité et les Français doivent commen-cer à comprendre qu’ils sont gouvernés par des menteurs (…). On se moquedu monde, le citoyen est traité avec un mépris inimaginable. Au lieu de par-ler du fond des problèmes, on lui bourre le mou en permanence. » (RTL, lun-di 18 mars.) Le candidat du Pôle républicain, qui n’a pas encore obtenuses 500 signatures : « C’est toujours difficile de faire que les promesses seconvertissent en parrainages officiels. J’observe qu’il y a certaines pressionsqui s’exercent de la part de certains notables installés. » (RTL, lundi 18mars.)a François Hollande (premier secrétaire du PS) : Arlette Laguiller « con-fond la gauche et la droite. (…) Cette candidate stérilise la portée des inten-tions qui se portent sur elle. » (Radio J, dimanche 17 mars.)a Robert Hue (candidat du Parti communiste) : « L’aplomb de JacquesChirac est stupéfiant (...) Les promesses qu’il fait sont comme en 1995, dubaratin. » (Meeting à Grenoble, dimanche 17 mars.)a Noël Mamère (candidat des Verts) : « La démocratie n’est jamais aussiforte que quand elle laisse s’exprimer ceux qui la combattent, comme Jean-Marie Le Pen. » (France 3 - France Info, dimanche 17 mars.)a Jany Le Pen (épouse du candidat Front national) : « Chaque fois qu’estévoquée cette histoire d’âge, qu’il s’agisse de mon mari ou d’un autre, je sur-saute. Car, enfin, on n’élit pas un président pour qu’il coure le 400 mètreshaies ! » (Le Parisien, lundi 18 mars.)a Jean-Marie Le Pen (candidat du FN) : « Jacques Chirac fait donner dessignatures à Bruno Mégret (…). Mégret et Chirac, c’est pareil. » (France 3 -France-Info, dimanche 17 mars.)a Charles Pasqua (candidat du RPF) : « Jacques Chirac n’est pas vieux,pas usé mais par contre Jospin, je trouve qu’il fait un peu immature, il fautqu’il attende un peu, je crois que dans cinq ans il sera au point. » (Canal+,dimanche 17 mars.)

Arlette Laguiller appelle le « monde du travail »à « se défendre », « s’unir » et « se compter »

Lors de son meeting parisien à la Mutualité, dimanche 17 mars, la candidatede Lutte ouvrière a confirmé qu’elle ne donnerait pas de consigne de vote pour le second tour

« Déjà, à droite,

à gauche,

dans le patronat

et dans la presse

aux ordres,

ils enragent »

F R A N C E p r é s i d e n t i e l l e

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10/LE MONDE/MARDI 19 MARS 2002

BERTRAND DAILLIE52 ans,substitutde 1990 à 1995

RENÉ MEYER67 ans,procureur d’Auxerrede 1979 à 1986

On le reconnaîtd’abord au nœudpapillon, ensuite à sa dis-crétion. Jacques Cazals,docteur en droit, ad’abord été professeur àla fac de droit avant des’inscrire au barreau etd’atterrir finalementdans la magistrature. Sessupérieurs le couvrentd’éloges, mais notent que« son caractère peut soule-ver des réserves ».

Procureur à Moulinsen 1987, on relève encore« son caractère marqué etrésolu », mais c’est deve-nu un compliment et ildirige à Auxerre l’actionpublique « avec clair-voyance et détermina-tion ».

Il est aujourd’hui con-seiller à la cour d’appelde Paris...

L’AFFAIRE s’annonce épineu-se : la formation disciplinaire duparquet du Conseil supérieur de lamagistrature (CSM) doit juger, lun-di 18 mars, et pour trois jours, qua-tre de ses pairs, deux anciens subs-tituts et deux ex-procureursd’Auxerre, soupçonnés d’avoir« enterré », entre 1984 et 1996, lesenquêtes sur les jeunes femmesdisparues de l’Yonne. Le Conseilrendra un avis – la sanction appar-tient in fine à la garde dessceaux –, mais il est peu probableque le CSM trouve le fin mot del’histoire.

Lorsque Marylise Lebranchu asaisi le Conseil, en juin 2001, la ten-tation était grande, en effet, detrouver un responsable parmi cesquatre hommes qui, comme lenote sans rire le CSM, ont fait preu-ve « d’une inertie incompréhensiblede nature à susciter la perplexité ».Il n’est plus bien sûr aujourd’huiqu’il faille écarter de l’enquêted’autres magistrats du siège ou duparquet comme, par exemple,André Ride, procureur d’Auxerrede 1986 à 1992, seul chef duparquet à avoir échappé à laconvocation.

« ’ »Pour compliquer l’affaire, le

CSM, après deux amnisties, nepeut juger les quatre parquetiersque pour des « manquements àl’honneur », et non des fautes pro-fessionnelles, ce qui semble auxprévenus « un contournement

ostensible et injuste de l’amnistie ».Le Conseil va au moins démêler

les fils de cet extraordinaire romanpolicier judiciaire, où se découpedès 1981 la silhouette têtue du gen-darme Jambert. Le cadavre d’unefemme, Sylviane Lesage-Durand,est découvert le 5 juillet 1981 sousun tas de fumier, et l’adjudantChristian Jambert soupçonne viteEmile Louis. Le chauffeur de car,

ancien amant de la jeune femmeet dernière personne à l’avoir vuevivante, est inculpé. Pourtant, leprocureur d’Auxerre, René Meyer,aujourd’hui renvoyé devant leCSM, estime « qu’aucun élémentcertain » ne permet de retenirEmile Louis : il propose un non-lieu. Les rapporteurs du CSM esti-ment poliment que « ces réquisi-tions paraissent avoir été prises de

manière hâtive ». En garde à vue,Emile Louis a quand même avouéquelque chose : des agressionssexuelles sur deux fillettes placéesen nourrice chez sa compagne. Ilest condamné en appel en 1983 àquatre ans de prison. Mais l’adju-dant Jambert est convaincu que,dans six cas au moins de jeunesfemmes disparues, Emile Louis estdans les parages. « J’ai un compor-

tement que je sais être anormal, luia avoué le chauffeur en 1981, maisque je ne peux contrôler à chaquefois. » L’adjudant en parle à uncopain, le substitut Daniel Stilino-vic, qui l’autorise à procéder à« des renseignements judiciaires » –une enquête assez informelle.Mais, le 5 juin 1984, le substitutdemande à l’adjudant de lui faireun rapport dans les meilleurs

délais, parce qu’il est muté à Paris.Christian Jambert n’a pas terminéson enquête. Il écrit cependantdans une longue note d’étape le23 juin 1984 : « Il ressort que mal-gré les recherches actives, les fem-mes objet de l’enquête ont bien dis-paru. (…) Toutes ont abandonnéleurs affaires, voire même leursenfants. (…) Il est certain que pourles six connues officiellement, ellesse trouvaient toutes dans l’environ-nement de Louis Emile. »

« »Sa note, le fameux « rapport

Jambert », atterrit le 26 juin 1984sur le bureau de Daniel Stilinovic.Et disparaît, pendant douze ans.C’est que le substitut Stilinovic ad’autres chats à fouetter. C’est sondernier jour. Il colle un post-it surle rapport, « à joindre à l’informa-tion en cours sur l’homicide volon-taire V : Sylviane Durand. Me fairesavoir s’il vous faut un supplétif », etenvoie le paquet au juge JacquesBourguignon, chargé de l’affaireLesage-Durand. Etrange réaction :il n’y avait « aucune urgence, souli-gnent les rapporteurs du CSM, d’in-terrompre brusquement le patienttravail de l’enquêteur ». Et le magis-trat demande bizarrement au juge« de lui faire savoir » s’il faut unsupplétif, alors qu’il s’en va le jourmême ! Enfin l’affaire Lesage-Durand est close depuis un mois,depuis le 4 mai 1984, et il est éton-nant que Daniel Stilinovic ne l’aitpas su.

Le substitut répond qu’il voulaitlaisser les choses en ordre, « parceque tout le monde s’en foutait auparquet et que [s’il ne continuait]pas à [s’]en occuper, personne nel’aurait fait, du moins [il] le sup-pose ». Le juge Bourguignon assu-re n’avoir jamais vu arriver le rap-port Jambert. Et lorsqu’il estretrouvé en 1996 dans la boîte d’ar-chives de l’affaire Lesage, unemain a rajouté, sur le post-it deDaniel Stilinovic, « NON », enmajuscules. Qui a inscrit ce« NON » et envoyé le rapport auxoubliettes ? Quelqu’un « qui mani-festement avait intérêt à ce quecette affaire soit enterrée », répondsombrement Daniel Stilinovic, quivise, sans le nommer, son supé-rieur, le procureur René Meyer. Le

procureur convient que « cela nepeut être qu’un magistrat », maiscertainement pas lui. Le juge Bour-guignon jure que lui non plus. Lagarde des sceaux, dans le doute, arenvoyé le tandem du parquetdevant le CSM. On reproche àDaniel Stilinovic son « traitementdésinvolte » du dossier en 1984, etd’avoir « failli à ses responsabilités,en négligeant (…) d’apporter uneréponse pénale adaptée ». Il auraitainsi « très gravement porté atteinteà ce qu’est l’honneur professionneld’un magistrat ».

René Meyer est, lui, accusé den’avoir rien fait. « N’ayant accom-pli aucun acte dans ce dossier nidonné de directives, il a contribuépersonnellement par sa totale inac-tion à l’enlisement de cette procé-dure. » Tout cela fatigue assez leprocureur, aujourd’hui en retraite.Il a répondu « par pure courtoisie »aux questions du CSM, mais laisséentendre qu’il ne pousserait pas lapolitesse jusqu’à se rendre lundidevant le Conseil.

L’affaire rebondit au printemps1993, dans le bureau du substitutBertrand Daillie, lorsque PierreMonnoir, le président de l’associa-tion de défense des handicapés del’Yonne (ADHY), vient le prévenirque plusieurs jeunes filles ont dis-paru des foyers d’Auxerre. Le subs-titut demande des noms, desdétails, Pierre Monnoir lui fournitquatre identités : Bertrand Daillieinterroge le bureau d’ordre du tri-bunal, qui ne trouve rien. Il pose laquestion à la Ddass, qui répondpar téléphone qu’elle n’a trace derien de suspect. Le substitut enparle à son procureur, JacquesCazals, mais on manque de preu-ves et les recherches en restent là.Le CSM reproche aujourd’hui àBertrand Daillie de ne pas avoirinterrogé la gendarmerie ; ilfaudra décider s’il s’agit « d’unesimple erreur d’appréciation » oudu « résultat d’une négligencefautive ».

Son supérieur, le procureurCazals, encourt les mêmes repro-ches, et plus encore. En 1996,quand les familles des disparuesportent plainte, Jacques Cazals aremis la main sur le rapport Jam-bert, dans des conditions qui res-tent, pour les rapporteurs, « très

imprécises ». Pour lui en tout cas,le dossier est prescrit depuis le23 juin 1994 – dix ans après le rap-port Jambert – et l’affaire est close.Il écrit même, le 12 septembre1996, au parquet général de Parisqu’« au terme de l’enquête, trans-

mise le 23 juin 1984 au parquetd’Auxerre, aucun renseignementsérieux, aucun élément tangible, nevient étayer les soupçons précédem-ment évoqués ». Lorsque la courd’appel, contre l’avis du parquetd’Auxerre, oblige en 1997 un juged’instruction à instruire les plain-tes des disparues, Jacques Cazalsne lui transmet pas le rapport, fina-lement versé à l’instruction en…2001.

Pour le CSM, il paraît « avoircommis des erreurs manifestes d’ap-préciation » et, en minorant sonrapport au parquet général, « faitpreuve d’un défaut de rigueurprofessionnelle ».

Franck Johannès

René Meyer estaujourd’hui à la retraiteaprès une carrière sanséclat, et ne craint pasgrand-chose des foudresdu CSM. Le parquetgénéral saluait « sonsens du discernement »et « la finesse de sa pen-sée » lorsqu’il était enposte à Auxerre ; aupara-vant en revanche, sessupérieurs jugeaientqu’il n’avait « pas perçule degré de gravité rela-tive de certaines affairespénales ».

Après Auxerre, il a étéprocureur de Poitiers, ets’est fait étriller untemps par sa hiérarchie.Il a ensuite confirmé ses« qualités de magistratexpérimenté » commeprocureur de Dijon, jus-qu’en 2000...

JACQUES CAZALS55 ans,procureurde 1992 à 1999

Quatre anciens procureurs de la République ou substi-tuts, en poste 1984 1996,comparaissent à partir de lundi 18 mars, pour troisjours, devant le Conseil supérieur de la magistrature

(CSM). Poursuivis pour « ’- », ils sont soupçonnés d’avoir laissé s’enliserles dossiers sur les jeunes femmes disparues de l’Yon-ne. Pendant plus de quinze ans, les différents signale-

ments – dont le fameux rapport du J, en juin 1984 – ont été systé-matiquement classés. Ces erreurs alimentent l’hypo-thèse récurrente de complicités dans la magistrature.

D’autant que les bavures judiciaires se poursuivaientencore récemment : au début de l’année 2000, 1 100, 200 , som-meillaient au parquet des mineurs d’Auxerre.

INÉDITE par son ampleur, lacomparution, en audience publi-que, de quatre anciens magistratsdu parquet d’Auxerre devant leConseil supérieur de la magistra-ture (CSM) n’est pas une premiè-re : depuis la loi du 25 juin2001 relative au statut de la magis-trature, les audiences du conseilde discipline sont devenues publi-ques de droit, sauf « si la protec-tion de l’ordre public ou de la vieprivée » l’exigent. Ce principe detransparence, qui tranche sur lesecret qui régnait jusqu’alors surles procédures disciplinaires, s’estaccompagné de la définition, parle CSM, de règles plus précises enmatière de sanction. Cet effort declarification n’a cependant paslevé toutes les hypothèques sur lerégime de responsabilité desmagistrats, comme en témoi-gnent les polémiques suscitéespar les dernières décisions discipli-naires du CSM.

Les sanctions disciplinaires res-tent relativement marginalesdans la magistrature : 9 décisionsont été rendues en 1999 et 7 en2000. Saisi par le garde dessceaux, seul habilité à intenter despoursuites, le CSM dispose d’unepalette allant de la réprimande àla révocation, en passant par ledéplacement d’office. Selon le sta-tut de la magistrature de 1958,constitue une faute disciplinaire

« tout manquement par un magis-trat, aux devoirs de son état, à l’hon-neur, à la délicatesse ou à la digni-té ». Cette définition floue recou-pe des situations aussi différentesque des comportements person-nels jugés contraires aux « bon-nes mœurs », des indélicatessesfinancières commises dans l’exer-cice du métier ou des insuffisan-ces professionnelles – retards detravail injustifiés ou manque derigueur dans l’exercice de juger.Le CSM a cependant précisé dansson rapport d’activité 2000 que« pour revêtir un caractère discipli-naire, ces manquements doiventêtre répétés et ne pas paraîtrevéniels » (Le Monde du22-23 juillet 2001).

« »Ces explications n’ont pas levé

toutes les suspicions qui pèsentsur le régime disciplinaire desmagistrats. Le CSM lui-même esti-me que la procédure disciplinairene donne pas entièrement satis-faction, affirmant que les poursui-tes, engagées par le garde dessceaux, ne sont pas commandéespar « des règles claires ». Dans sonrapport 2000, il faisait même partd’une forme d’arbitraire dans lesdécisions de poursuite, relevantque certains « manquements, pro-fessionnels ou constitutifs d’infrac-tions pénales, sont tantôt poursuivis

disciplinairement, tantôt ne don-nent lieu qu’à un avertissement,sans qu’une telle différence de trai-tement paraisse explicable ». Enretour, les décisions du CSM sontparfois critiquées dans le corpsjudiciaire, notamment pour l’opa-cité des critères qui ont présidé àleur élaboration.

Deux récentes décisions discipli-naires ont ainsi alimenté la polé-mique dans la magistrature. Le13 décembre 2001, la formationdu siège du CSM a relaxé la juged’instruction Marie-Paule Morac-chini. Figure du palais de justice,la magistrate comparaissait à lasuite de la disparition d’une partied’un dossier d’instruction visantla scientologie et d’un dossierimpliquant des policiers dans uneaffaire de malversations. Dans cet-te affaire, le CSM a considéré que« si l’on peut regretter un certainmanque de rigueur ou une insuffi-sance de suivi à propos des deuxdossiers invoqués, cette situationdoit être appréciée en tenant comp-te de l’activité intense déployée,avec l’accord de sa hiérarchie, parMme Moracchini dont les attribu-tions (…) excédaient largement letemps plein d’un magistrat particu-lièrement actif ».

Le 9 janvier 2002, le CSM créaitégalement la surprise en sanction-nant le doyen des juges d’instruc-tion de Nice, Jean-Paul Renard,par une « réprimande avec inscrip-tion au dossier », la plus faible dessanctions disciplinaires. Le magis-trat avait pourtant été reconnucoupable d’avoir « frauduleuse-ment utilisé les pouvoirs qu’il tenaitde ses fonctions à des fins privéesétrangères à ses missions ». Le jugeavait reconnu avoir transmis,en 1998 et 1999, à la Grande Logenationale française (GLNF), desinformations extraites d’un bulle-tin du casier judiciaire et concer-nant des candidats à la franc-maçonnerie. Lors de l’audience, leministère de la justice avaitdemandé le « déplacement d’offi-ce » du juge Renard, mis en exa-men pour « faux et usage de faux »et « violation du secret profession-nel ».

Cécile Prieur

DANIEL STILINOVIC54 ans, substitutde 1981 à 1984,puis de 1986 à 1989

Auxerre était le pre-mier poste de BertrandDaillie, qui connaissaitdéjà bien l’Yonne pour yavoir travaillé à la direc-tion de l’agriculture.Excellemment noté auparquet, il s’est occupéde l’informatisation dutribunal, puis de la courd’appel.

Chargé de mission ausaint des saints, la pre-mière présidence de laCour de cassation, il fai-sait une brillante carriè-re avant d’être rattrapépar l’Yonne.

Il est aujourd’hui pro-cureur de Morlaix, la vil-le de la garde dessceaux, et est défendudevant le CSM par l’an-cien procureur généralde la Cour de cassation,Pierre Truche.

S O C I É T Éj u s t i c e

Disparues de l’Yonne : quatre magistrats jugés par leurs pairsProcureurs ou substituts au tribunal d’Auxerre entre 1984 et 1996, René Meyer, Daniel Stilinovic, Bertrand Daillie et Jacques Cazals comparaissent

devant le Conseil supérieur de la magistrature. Soupçonnés d’avoir entravé les enquêtes, ils sont poursuivis pour « manquements à l’honneur »

La chancellerie a envoyé une première fois le 19 décembre 2000 l’inspec-tion générale des services judiciaires enquêter sur les dysfonctionnementsdu tribunal d’Auxerre. Le rapport a motivé en juin la saisine du Conseil supé-rieur de la magistrature (CSM), qui juge à partir de lundi 18 mars quatremagistrats du parquet. Mais c’est aussi le CSM qui a remarqué qu’il man-quait des dossiers : la procureure d’Auxerre, le 19 novembre, a effective-ment alerté le parquet général sur la disparition de la « quasi-totalité » desnon-lieux de 1958 à 1982, et deux avocats généraux ont été dépêchés àAuxerre par le parquet général pour faire le point.

Leur rapport, le 17 décembre, a été suffisamment alarmant pour que leministère envoie une nouvelle inspection des services judiciaires, dont onattend les travaux. En attendant, le parquet d’Auxerre a ouvert le 6 marsune information pour « corruption et trafic d’influence », qui sera instruite àParis.

Les rapporteurs du CSM ont ren-du hommage à Pierre Monnoir, leprésident fondateur de l’Associationde défense des handicapés de l’Yon-ne (ADHY). Ils soulignent que lareprise de l’enquête n’a pu interve-nir que « grâce à l’action déterminan-te du porte-parole des familles despersonnes disparues ». SégolèneRoyal, la ministre déléguée à lafamille, devait recevoir lundi18 mars les familles des sept jeunesfemmes et remettre à Pierre Mon-noir la médaille de chevalier de l’or-dre national du Mérite.

Pierre Monnoir, choqué par lagestion des foyers de l’Associationpour adultes et jeunes handicapés(Apajh) de l’Yonne, où vivait un deses frères, avait saisi en 1993 le par-quet d’Auxerre, puis, en 1995, alertéRTL et TF1, avant de porter plainteavec les familles des victimes le3 juillet 1996. Il faudra encore l’inter-vention de la cour d’appel de Paris,le 7 mai 1997, pour qu’un juged’Auxerre commence à instruire l’af-faire des disparues.

Une information pour « corruption et trafic d’influence »

Le méritede Pierre Monnoir

Le régime disciplinaire des juges et parquetierscontinue de provoquer la suspicion

La publicité des débats au CSM n’a pas clarifié les critères de sanctions

Daniel Stilinovic apeur de faire un boucémissaire très présenta-ble : il n’est pas du sérail– il dirigeait, avant d’êtremagistrat, une antennede l’office HLM de Paris– et il a déjà été condam-né une fois par le CSM.On lui reprochait unrecel d’abus de bienssociaux après un prêt de150 000 francs d’un amid’Auxerre. Il a obtenu unnon-lieu le 14 mars 2001,mais le garde des sceauxl’avait déjà rétrogradé en1995 substitut à Briey(Meurthe-et-Moselle).

Aujourd’hui en congélongue durée, il parlecru, porte des santiags,et ne compte plus sesennemis. Il a raconté sajeunesse dans Stilo, lehéros.

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LE MONDE/MARDI 19 MARS 2002/11

14 décembre2000Ce jour-là, leconducteur de car,Emile Louis, estmis en examenpour« enlèvements etséquestration ».Il a été interpellédeux jours plus tôtet, convaincu queles crimes étaientprescrits,en a avoué sept.Il a conduitles gendarmessur les lieux oùles corps de deuxdes disparuesseront retrouvés.

20 février2002Les famillesattendentl’arrêt de laCour decassation.Celle-ci vaconsidérerqu’un faxdu parquet,en 1993,interrompaitde justesselaprescription.

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LES DEUX AVOCATS généraux,brièvement envoyés par le procu-reur général pour constater l’éten-due des dégâts à Auxerre, sont reve-nus effondrés à Paris. Il n’y a pasque dans un lointain passé que leparquet d’Auxerre a pu faire preuvede négligences : au début de l’an-née 2000, 1 100 dossiers d’enfants,dont 200 pour agressions sexuelleset viols, prenaient la poussière auparquet des mineurs d’Auxerre sansqu’un magistrat daigne s’en occu-per. Les rapporteurs l’ont écrit, le17 décembre 2001, un peu plus poli-ment, mais il semble bien que le par-quet d’Auxerre, jusqu’à il y a peu,avait franchement cessé de poursui-vre les violeurs d’enfants.

C’est Marie-Suzanne Le Quéau, lanouvelle procureure d’Auxerre, quia profité de la venue de la missionpour soulever le problème. Lorsqueson adjointe, Marie-José Boiteau-Lebon, est arrivée dans l’Yonne audébut de l’année 2000, elle a trouvé« de nombreuses procédures en ins-tance de traitement » entassées dansle bureau de son prédécesseur. Elleen a compté plus de 1 100, dont« une partie de courrier jamais traitépar un magistrat », l’autre étant com-posée de « procédures dans lesquel-

les une ou plusieurs mesures d’enquê-tes avaient été ordonnées », mais quiétaient toujours « en instance dedécision ».

Une inertie qui peut avoir de terri-bles conséquences. « Cette situationgénérait, selon la magistrate, de nom-breuses démarches, voire de protesta-tions des victimes ou de leurs avocats,mais aussi des services sociaux et deceux de l’éducation nationale qui,tous, se plaignaient de l’absence deréponse du parquet à des plaintes oudes signalements qui auraient com-mandé une action sinon immédiate,la permanence du parquet pour-voyant aux cas les plus graves, dumoins rapide », indiquent les rappor-teurs.

Le retard pour l’exécution des pei-nes atteignait deux ans, les dossiersd’assistance éducative n’étaientmême pas communiqués au par-quet, dont l’avis est pourtant obliga-toire. Mme Boiteau-Lebon a ainsi faitle tour des juges pour enfants, afinde régulariser la situation. Elle adécouvert plusieurs cas de figure,tous également consternants : soit lejuge des enfants avait reçu un signa-lement pour agression sexuelle ouviol et n’en avait pas avisé le par-quet : les adultes violeurs n’étaient

donc pas poursuivis. Soit le parquet,ayant reçu un de ces signalements,« l’avait transmis au juge des enfantsavec une requête en assistance éduca-tive, mais sans traiter l’aspect pénalde la procédure », c’est-à-dire quel’enfant était mis à l’abri, mais queles adultes n’étaient pas inquiétés.

« »« La procureure adjointe soulignait

que ce type de traitement donnait auxvictimes en général le sentiment ren-forcé d’inaction de la justice et laissaitcertaines d’entre elles en situation dedanger », indiquent les rapporteurs.L’une de ses affaires a même réussi àchoquer un président d’assises. Le7 août 1986, Josiane, 15 ans, est vio-lée par son beau-père sur un cana-pé, devant sa demi-sœur de 12 ans.La mère est en train d’accoucher à laclinique, mais la petite sœur luiraconte le viol et elle finit par en par-ler à une assistance sociale, qui faitaussitôt un signalement. Le signale-ment arrive sur le bureau du procu-reur de la République d’Auxerre le19 octobre 1986. Josiane est placéedans un foyer par un jugement du20 mars 1987, mais le parquet n’en-gage aucune poursuite. Des annéesplus tard, le 14 juin 1996, Josiane por-

te plainte à la gendarmerie, et l’en-quête conclut qu’il existe des indices« de nature à motiver l’exercice depoursuites pour viol sur mineure parpersonne ayant autorité ». Le17 décembre 1996, le parquet classesans suite. Têtue, Josiane porte plain-te avec constitution de partie civile,directement auprès d’un juge d’ins-truction. Son beau-père a finale-ment été condamné pour viol à sixans de prison le 6 décembre 2001.

« Outre le retard regrettable » deprocédures où « des victimes, dontcertaines toujours en danger, atten-dent que justice leur soit rendue »,notent très sobrement les rappor-teurs, « c’est la manière dont ces pro-cédures ont été conduites » qui peut« susciter des interrogations, voireappeler des observations ». Les enquê-teurs n’ont pas eu le temps d’interro-ger les responsables du parquet desmineurs de l’époque et restent doncfort prudents. Les deux magistratschargés des mineurs de 1995 à 1999,interrogés par Le Monde, n’ont effec-tivement pas été entendus, n’ontpas reçu le rapport et n’imaginentmême pas être accusés un jourd’avoir étouffé des affaires.

F. J.

16 janvier1988Basile Boli,Eric Cantonaet BrunoMartini del’AJ-Auxerreposent avecla photod’IsabelleLaville,unedisparuede 17 ans.

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LES MAGISTRATS restent enco-re prudents, mais le doute commen-ce à s’installer : les affaires de l’Yon-ne ne sont-elles que la conséquenced’une série de négligences et demalencontreux hasards ? « A l’épo-que, aucun lien n’a été fait avec uneautre affaire terrible, l’affaireDunand, a constaté René Meyer,procureur d’Auxerre en 1984, en jan-vier 2002. Mais, aujourd’hui, je com-mence à me poser des questions surl’existence d’un réseau. » Il n’est pasle seul.

L’ensemble des dossiers de non-lieux de 1958 à 1982 ont disparu desarchives du tribunal d’Auxerre, aumoins 17 jeunes filles ont disparuou ont été assassinées dans des cir-constances mystérieuses, le rapportJambert sur l’implication d’EmileLouis dans les disparitions a étécurieusement égaré en 1984, pen-dant qu’une liste de noms disparais-sait du dossier de Claude Dunand,condamné pour avoir fait violer ettorturer trois jeunes filles dans unpavillon de la banlieue d’Auxerre.La directrice des foyers de jeuneshandicapées est encore venue témoi-gner, en 1983, en faveur d’EmileLouis, condamné pour agressionssexuelles, tandis que son mari étaitcondamné à six ans de prison en1992 pour le viol régulier d’unejeune handicapée…

« Il ne résulte d’aucune constata-tion ou élément objectif que l’ensem-ble de ces différentes disparitions oucrimes relève d’une seule et mêmeactivité criminelle, ont indiqué lesdeux représentants du parquet géné-ral dans leur rapport du 17 décem-bre 2001, la diversité des faits étudiéset leur répartition dans le temps nepermet pas de conclure à l’existenced’un auteur unique ou à l’activitéd’un groupe agissant de concert. »Les enquêteurs du CSM semblentmoins affirmatifs et n’ont pas man-qué de demander à l’un des magis-trats du parquet d’Auxerre s’il con-

naissait le maire de Chablis, poursui-vi pour des violences sexuelles, s’ilavait rencontré un colonel de gen-darmerie, qui a obtenu un non-lieupour des viols de jeunes handicapésou s’il avait entendu parler de l’affai-re Dunand.

Le parquet d’Auxerre a évidem-ment lui aussi un doute, au pointd’avoir ordonné à la gendarmerie derecenser les quelque 200 jeunes fem-mes qui sont passées par l’institutmédico-éducatif d’Auxerre de 1966,date de son ouverture, jusqu’à 1981,lorsqu’Emile Louis a été écroué. Sur-tout l’un des anciens substitutsd’Auxerre aujourd’hui poursuividevant le CSM, Daniel Stilinovic, anettement suggéré dans la presseque des magistrats avaient étouffédes affaires. « La question qui se poseà présent est de savoir qui sont les cor-rompus », a vigoureusement conclule substitut.

Me Alain Behr, l’avocat de la

famille d’Isabelle Laville, disparueen 1987, a aussitôt demandé au par-quet d’ouvrir une information pourcorruption. Marie-Suzanne LeQuéau, la procureure d’Auxerre, aeffectivement ouvert le 6 mars uneinformation pour « corruption activeet passive, trafic d’influence et recel,destruction, soustraction, recel ou alté-ration de documents », qui sera ins-truite à Paris. Pour la première fois,un juge va examiner le lien entre lesdysfonctionnements du tribunal etl’ensemble des crimes de la région.

Le parquet général, pressé parl’opinion, n’avait guère le choix,mais nombre de magistrats sedemandent s’il n’a pas ouvert la boî-te de Pandore. Il ne reste plus à trou-ver qu’un juge d’instruction assezintrépide pour risquer d’avoir à met-tre en examen, entre autres, une par-tie de sa hiérarchie.

F. J.

S O C I É T É j u s t i c e

La multiplication des crimesnourrit l’hypothèse

de l’existence d’un réseauLes bavures judiciaires accroissent le doute

1 100 dossiers d’enfants, dont 200 pour abus sexuel,étaient en sommeil, début 2000, au parquet des mineurs

Lorsque la nouvelle procureure d’Auxerre a pris ses fonctions, elle a trouvé « de nombreusesprocédures en instance de traitement » entassées dans le bureau de son prédécesseur

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12/LE MONDE/MARDI 19 MARS 2002

HUIT PERSONNES ont été tuées et une cinquantaine blessées dansun accident survenu, lundi 18 mars vers 3 heures, sur l’autoroute A 31,près de Metz, à la suite de la collision entre un poids lourd italien et unautocar néerlandais. Pour une raison inconnue, le camion italien, quicirculait dans le sens nord-sud (de Luxembourg à Nancy), a franchi leterre-plein central pour venir percuter le car néerlandais, qui roulaiten sens inverse. Sous l’effet du choc, le car a été propulsé dans lefossé, en contrebas de l’autoroute. Les deux occupants du camionainsi que 6 des 61 personnes à bord du car ont été tués. Trois autresressortissants néerlandais ont été grièvement blessés.La préfecture de la Moselle a déclenché le plan rouge « NOVI »(nombreuses victimes) et mis en place une cellule de crise. Lacirculation a été totalement coupée sur l’A 31 dans le sens Nancy-Luxembourg.

a VIOLENCE : quatre jeunes hommes, dont deux mineurs, ont étéplacés en garde à vue, dimanche 17 mars, à Strasbourg (Bas-Rhin), après des échauffourées ayant opposé lors de la nuit précéden-te une trentaine de jeunes aux forces de l’ordre dans le quartier deHautepierre. Les incidents ont pour origine l’interpellation d’un ado-lescent qui avait mis le feu à un abri de jardin.a MEURTRE : le gérant d’une pizzeria située au centre de Bastia(Haute-Corse) a été retrouvé mort, à son domicile, dimanche17 mars. Pierre Martinelli, 55 ans, aurait été tué de deux décharges defusil de chasse.a INFANTICIDE : une jeune femme de Caux (Hérault), soupçon-née d’avoir étouffé sa fille de 22 mois, a été mise en examen, same-di 16 mars, à Béziers. La jeune femme s’était présentée deux jours plustôt avec son enfant à l’hôpital de Pézenas, où les médecins n’avaientpu que constater le décès.a HOLD-UP : deux hommes à moto ont commis un hold-up,samedi 16 mars, dans une horlogerie-bijouterie située à deux pasdes Champs-Elysées à Paris. Les malfaiteurs, qui ont réussi à prendrela fuite, ont fait voler en éclats, à l’aide d’une masse, la vitrine de labijouterie. La valeur des bijoux et des montres de marque emportéspar les deux hommes s’élèverait à environ 150 000 euros.

Deux dirigeants de la SPA mis en examen pour abus de confiance

TOULONde notre correspondant

Jacqueline Faucher, présidente de la Société protec-trice des animaux (SPA) de juin 1987 à septem-bre 2000, a été mise en examen vendredi 15 mars parla juge toulonnaise Isabelle Delande, pour abus deconfiance. Elle est soupçonnée d’avoir employé,durant cinq ans, à son domicile d’Evenos (Var), unejeune femme salariée par la SPA. C’est ce qui ressortd’un rapport interne émanant du nouveau conseild’administration de l’association, présidé par le doc-teur Serge Belais, à l’origine d’une plainte déposée ennovembre 2000. Interrogée par Le Monde, Mme Fau-cher a indiqué a reconnu les faits : « J’accueillais unetrentaine d’animaux dans ma villa ; comme mon mariétait gravement malade, j’ai proposé cette formule quiétait connue de tous les administrateurs. Une jeune fem-me, payée par la SPA, venait quelques heures par jourpour s’occuper des bêtes. Ça s’est fait de décembre 1994à avril 1999… C’est alors que certains membres dubureau ont réprouvé cette formule. J’y ai mis un terme.Mais personne ne semble s’en souvenir… »

Depuis des mois, l’atmosphère est tendue chez lesprotecteurs des animaux. Le département du Var est aucœur de la grogne. René Laurenceau, ancien responsa-ble de la délégation varoise de la SPA, a été mis en exa-men fin février pour abus de confiance. Dans sonrapport, la SPA lui reproche d’avoir ouvert, en 1994, uncompte bancaire, inconnu du siège national, sur lequelaurait été déposé le montant du legs d’Henri Canour-gues, décédé en 1991. Mme Faucher estime qu’il y aconfusion sur ce point car ce bien, évalué à

228 773 euros, n’a pas été encore vendu. Francis Martina-Fieschi, trésorier de la SPA du Var à l’époque, précise:« Ce compte a effectivement été ouvert à Ollioules pourrécupérer les 254 000 francs que le légataire avait en dépôt,dans la même banque. Le bureau national le savait. »

Depuis quelques semaines, les accusations se font plusnombreuses et plus précises. Selon Mme Faucher, « lespremières conclusions des magistrats de la Cour des comp-tes, au début de l’année, n’y sont pas étrangères ». Un auditdes 70 refuges de la SPA a été réalisé, et plusieurs des350 employés permanents de la société, dont le budgetapproche 20 millions d’euros, ont été interrogés. A Can-nes, 30 promesses de legs n’auraient pas été signalées ausiège ; ailleurs, des meubles, des tableaux et des bijouxauraient disparu avant la vente des biens légués. Un peupartout, les livres de comptes sont approximatifs, lesmouvements de fonds sont opaques. Les magistratsregrettent que le siège n’ait pas mieux contrôlé ses délé-gations et qu’il ait négligé de présenter des budgetsannuels. Pour Mme Faucher, « les erreurs sont le corollai-re de l’action. J’ai l’impression qu’on veut me faire porter unbien grand chapeau en se donnant bonne conscience».

Le docteur Maryse Bousquet, qui a été présidente dela délégation en 1992, ne cache pas sa satisfactiondevant cette « mise à plat de la gestion » : « La SPAn’est qu’une vitrine, une véritable pompe à fric. J’ai voululutter contre, ce qui m’a valu d’être destituée. » Elle acréé un collectif, qui s’est fixé pour mission de reconsti-tuer le « patrimoine réel » de la SPA, via le service deshypothèques de chaque département.

José Lenzini

LA FRANCE est-elle en traind’aider les autorités judiciairesaméricaines à rassembler des élé-ments pour obtenir la peine demort contre Zacarias Moussaoui ?C’est ce qu’affirment les avocatsde ce Français d’origine marocaineinculpé, aux Etats-Unis, pour saparticipation à la préparation desattentats du 11 septembre. Pourpreuve, selon eux, la convocationcomme témoins, lundi 18 et mardi19 mars, du frère et de la mère deZacarias Moussaoui, dans le cadrede commissions rogatoires interna-tionales destinées à recueillir deséléments à charge en vue du pro-cès, en octobre, devant la courfédérale d’Alexandria, en Virginie.

Le procureur devrait dire, le29 mars, s’il requiert la peine capi-tale contre celui que les Améri-cains considèrent comme le« 20e homme », qui aurait pu setrouver dans les avions-suicidess’il n’avait pas été arrêté quelquessemaines plus tôt. Terroriste présu-mé, cet homme de 33 ans n’endemeure pas moins le ressortis-sant d’un pays opposé à la peinecapitale, qui lui doit théorique-ment protection et assistance. Uncollectif, composé notamment del’association Ensemble contre lapeine de mort, de la Ligue desdroits de l’homme et du Syndicatde la magistrature (SM), demandeaux autorités françaises de veillerà un procès équitable et de lui évi-ter une éventuelle peine de mort.

Le collectif s’est inquiété, auprèsde la ministre de la justice, Maryli-se Lebranchu, de la demande d’en-traide judiciaire formulée par lesEtats-Unis dans ce dossier, il y aplusieurs semaines. Au nombre de

trois, les commissions rogatoiresinternationales ont été transmisesau juge antiterroriste Jean-LouisBruguière et une délégation améri-caine agissant dans ce cadre étaitattendue en France en début desemaine. D’après les avocats deZacarias Moussaoui, l’auditiond’Aïcha et d’Abd Samad Mous-saoui – que ces derniers seraienten droit de refuser – par des poli-

ciers de la brigade de surveillancedu territoire (BST) de Montpellierpourrait avoir lieu en présencenotamment de David Novak, pro-cureur chargé de la phase de con-damnation à la peine de mort ausein de l’accusation.

« »« Le travail de ce procureur ne por-

te pas sur le fond du dossier mais ilconsiste à mener sa propre enquêteauprès de la famille pour contrer leséventuelles circonstances atténuan-tes soulevées par la défense et bâtir leréquisitoire de peine de mort », souli-

gne François Roux, l’avocat fran-çais de Zacarias Moussaoui, qui tra-vaille en collaboration avec lesdéfenseurs américains commis d’of-fice. Dans une lettre adressée àMme Lebranchu, Me Roux souligneque les membres de la famille con-voqués comme témoins ne sontpas informés de la nature exactedes auditions et il demande la sus-pension des procédures sollicitées

par les Etats-Unis. « Non seulementla France ne bouge pas pour éviter lapeine de mort à Zacarias Moussaoui,mais elle prête la main au procureuraméricain pour que celui-ci l’obtien-ne », s’indigne l’avocat.

Déjà embarrassées par laquestion de la protection consulai-re de Zacarias Moussaoui dans lecadre de sa détention, les autoritésfrançaises se voient contraintes àde nouvelles contorsions diploma-tico-judiciaires. Après avoir accep-té d’exécuter les commissions roga-toires internationales concernantle « 20e homme » présumé,

Mme Lebranchu cherche à en limi-ter la portée pour répondre aux cri-tiques. Dans une lettre envoyée le15 mars au collectif mobilisé pouréviter la peine de mort à ZacariasMoussaoui, la garde des sceauxindique que la chancellerie vademander aux autorités américai-nes que les éléments recueillis enFrance « ne puissent être utilisés àl’appui des chefs d’accusation sus-ceptibles de conduire à la peinecapitale, sauf pour les autorités amé-ricaines à s’engager à ne pas larequérir, la prononcer ou l’exécu-ter ». La ministre de la justice appli-que ainsi l’article 6 du traité d’en-traide judiciaire franco-américainprévoyant que la France peut refu-ser ou conditionner son assistanceau respect de l’ordre public, enten-du comme l’ensemble des règlesde droit applicables. Parmi ellesfigure la Convention européennedes droits de l’homme, qui interditla peine de mort.

« On ne peut pas refuser notreaide aux Etats-Unis pour quelqu’unaccusé d’avoir contribué à faire tuer3 000 personnes mais il n’est pasquestion de donner des élémentspouvant faire condamner un de nosressortissants à mort », résu-me-t-on à la chancellerie, où l’onévoque une « concertation » avecles Etats-Unis en vue d’obtenir unengagement précis. Cette démar-che est loin de convaincre les mem-bres du collectif. « Dans ces cas-là,les garanties, il faut les obteniravant, pas après, estime Gilles Sai-nati, secrétaire général adjoint duSyndicat de la magistrature. Sinon,c’est de l’ordre de l’incantation. »

Frédéric Chambon

Au moment de l’inculpation de Zacarias Moussaoui, mi-décembre, pour saparticipation présumée à la préparation des attentats du 11 septembre 2001,le ministère des affaires étrangères français avait indiqué que l’intéressé avaitrefusé la protection du consulat de France. Pour les ressortissants françaisemprisonnés à l’étranger, cette protection concerne notamment les condi-tions de détention et l’octroi d’un avocat. Lors de la comparution de ZacariasMoussaoui devant un juge new-yorkais, son avocat américain de l’époqueavait démenti qu’il eut refusé la protection consulaire. Interrogé à ce sujet parla mère de Zacarias Moussaoui, le ministre des affaires étrangères, HubertVédrine, lui a indiqué, dans un courrier du 19 février, que son fils avait manifes-té ce refus lors de son arrestation, en août 2001. « Selon la réglementationinternationale, les autorités consulaires françaises ne peuvent, de ce fait, ni luirendre visite ni intervenir en sa faveur », soulignait M. Védrine. Il lui appartientde faire savoir s’il souhaite « revenir sur sa décision », expliquait le ministre.

LE RACISME progresse en Fran-ce. C’est le sentiment exprimé parune très grosse majorité de jeunesinterrogés par la Sofres, à l’occa-sion du Festival étudiant contre leracisme. Selon cette étude, réaliséeles 4 et 5 mars sur un échantillonreprésentatif de 400 jeunes de 15 à24 ans, selon la méthode des quo-tas, 93 % estiment que « le racismeest très ou plutôt répandu ». Cettegénéralisation « inquiète » les jeu-nes : pour 28 % d’entre eux, c’est laquestion qui leur fait le plus peur.Beaucoup moins que le chômage(44 %) et l’insécurité (36 %).

Selon les sondés, ce sont lesMaghrébins qui sont le plus confron-tés au racisme (89 % des personnesinterrogées), bien avant les gitans,les Noirs (37 %) et les juifs (10 %).Pour 61 % des sondés, ce racismeantimaghrébin a été « renforcé parles attentats du 11 septembre ». Cesévénements ont eu peu d’impact enrevanche sur les sentiments antijuifs(78 % pensent que cela n’a pas ren-forcé l’antisémitisme).

Les questions des sondeurs pourmesurer le racisme montrent unrecul des préjugés : une très grossemajorité des jeunes « envisagent »de vivre avec une personne d’uneautre origine (84 % avec un(e)Maghrébin(e), 80 % avec un(e) Afri-cain(e) et 85 % avec u (e) juif(ve).D’autres résultats montrent àl’inverse des « blocages persistantsinquiétants », selon les termes deJulien Zalc, de la Sofres. Ainsi unjeune sur trois estime qu’« on ne sesent plus chez soi comme avant » ; lamême proportion pense que les opi-nions racistes sont « des opinionscomme les autres », qu’on devraitpouvoir exprimer librement « aunom de la liberté d’opinion ». Enfin,53 % des sondés jugent que les com-portements de certains « peuventparfois justifier » des réactions racis-tes. Cela n’empêche pas les sondésd’estimer qu’ils voteront plus facile-ment pour un candidat proposantdes mesures de lutte contre les discri-minations et de plébisciter… Dieu-donné : 45 % estiment qu’il est le can-didat le plus « déterminé » à luttercontre le racisme, devant Lionel Jos-pin (35 %) et Jacques Chirac (28 %).

Sylvia Zappi

Huit morts dans une collisionsur l’A 31, près de Metz

LES TROIS incendies de la gareSaint-Lazare sont d’origine crimi-nelle. Lundi 18 mars, les expertsdu laboratoire de police scientifi-que de la préfecture de police deParis n’avaient plus aucun doutesur la nature des départs de feuqui ont endommagé la gare pari-sienne du 8e arrondissement pen-dant le week-end. Selon des sour-ces proches de l’enquête, au moinsun chiffon calciné a été découvertdans l’un des locaux touchés parl’incendie. Les techniciens de lapolice scientifique ont égalementrelevé des traces d’hydrocarbure,qui laissent soupçonner que de l’es-sence avait été répandue pour pro-voquer les départs de feu. Enrevanche, aucune porte n’auraitété forcée, au vu des premièresconstatations.

Les deux premiers incendies sesont déclarés, dans la nuit de ven-dredi à samedi, dans un couloird’accès à la galerie commerciale etdans un local de nettoyage. Dèssamedi, Louis Gallois, PDG de laSNCF, annonçait le dépôt d’uneplainte pour incendie volontaire,expliquant que la SNCF avait quel-ques « présomptions sur le caractè-re criminel ».

Un troisième départ de feu s’est

déclaré samedi soir. L’incendie,qui a été signalé aux pompiers vers19 h 54, a été éteint vers 20 h 30 àla suite de l’intervention de cinqvoitures de pompiers. Un bureaude 50 mètres carrés a été détruit.L’entreprise a déposé une nouvelleplainte pour incendie volontaire.

« Nous allons essayer de faire rou-ler tous les trains dans les horairesprévus », a assuré, dimanche17 mars, Denys Dartigues, direc-teur Ile-de-France de la SNCF.1 650 trains étaient prévus, lundi,pour transporter près de200 000 voyageurs. Les deux pre-miers sinistres ont complètementdétruit le poste de commande-ment de toute la région de Saint-

Lazare et les guichets de vente,obligeant, lundi matin, les agents àvendre les billets sur les quais.

Le directeur de la SNCF Ile-de-France prévoit en conséquencequelques retards, « un peu plusqu’un jour normal », mais assureque tous les trains « rouleront enparfaite sécurité ». Pour Alain deSaint-Riquier, directeur régionaldu réseau de la gare Saint-Lazare,c’est « un véritable exploit » qued’avoir fait rouler la totalité destrains moins de 36 heures après lesincendies. Il a rendu hommage auxcheminots et agents d’exploita-tion, dont la mobilisation a permisd’installer un poste de commande-ment de substitution dans deuxsalles de réunion. Quatre agents ytravaillent « à l’ancienne », avecfeuille de papier, gomme, crayonet téléphone, pour assurer la régu-lation des trafics, leur équipementinformatique étant devenu inutili-sable.

Selon M. de Saint-Riquier, il fau-dra plusieurs semaines pour réali-ser les travaux, estimés à plusieursdizaines de millions d’euros. Dèssamedi, plus de 120 informaticienset experts télécoms étaient sur leslieux, ainsi que 250 agents d’exploi-tation, avec trois objectifs : réhabi-liter dans les plus brefs délais unposte de commandement dansd’autres locaux ; sécuriser la gare ;rétablir les télécommunications,qui permettront de remettre en ser-vice les installations de vente debillets qui, pour l’instant, ont étésuspendues. La sécurité dans lagare a été renforcée dès samedimatin et le nombre d’accès etpoints d’entrée pour les agentsSNCF qui y travaillent – soit envi-ron 5 000 personnes – a été consi-dérablement réduit.

Au cours de la semaine précé-dente, la SNCF avait déjà déplorél’incendie d’un bureau dans un deses locaux de la gare de Lyon.

François Bostnavaronet Pascal Ceaux

Polémique sur l’aide apportée par la France à l’enquêtede la justice américaine sur Zacarias Moussaoui

Un collectif de soutien à ce Français d’origine marocaine, inculpé pour son implication dans les attentatsdu 11 septembre, demande aux autorités françaises de s’assurer qu’il ne sera pas condamné à mort

La question de la protection consulaire

Le racismeest très répanduen France,selon les jeunes

Les trois incendies qui ontendommagé la gare Saint-Lazare

sont d’origine criminelleLe trafic était totalement rétabli lundi matin

S O C I É T É

Page 12: Les dix engagements de Jospin - scholar.lib.vt.edu · cès, Alessandro Baricco bous-cule les clichés sur la mondia- ... « 900 000 chô-meurs de moins d’ici à 2007, un droit à

14/LE MONDE/MARDI 19 MARS 2002

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ANCIEN MINISTRE du généralde Gaulle et de Georges Pompidou,ancien haut représentant de la Fran-ce en Algérie, Georges Gorse estmort, dimanche 17 mars, à sondomicile parisien, à l’âge de 87 ans.Né le 15 février 1915 à Cahors, dansle Lot, il était agrégé de lettres,ancien élève de l’Ecole normalesupérieure.

Georges Gorse est professeur aulycée français du Caire depuis un anlorsqu’il prend connaissance de l’ap-pel du 18 juin 1940, lancé par le géné-ral de Gaulle. Il organise aussitôt ladélégation de la France libre enEgypte. Après diverses missions auProche-Orient et en Union soviéti-que, Georges Gorse est nommé, en1943, chargé de mission au cabinetdu général de Gaulle. A la Libéra-tion, il est membre de l’Assembléeconsultative provisoire, avant d’êtreélu, de 1945 à 1951, sous l’étiquetteSFIO, député de la Vendée. Endécembre 1946, il participe à l’éphé-mère gouvernement de Léon Blumcomme sous-secrétaire d’Etat auxaffaires musulmanes. Il est uneseconde fois membre d’un gouver-nement de la IVe République, celuide Georges Bidault, en 1949, chargécette fois de l’outre-mer. Conseillerde l’Union française de 1952 à 1958,Georges Gorse rompt alors avec laSFIO.

Sa connaissance du monde musul-man fait qu’il est nommé, en 1957,ambassadeur à Tunis, où il estaccueilli par le père de l’indépendan-ce tunisienne, Habib Bourguiba.Revenu au pouvoir, le général deGaulle le nomme successivementreprésentant permanent de la Fran-ce auprès des Communautés euro-péennes (1959), secrétaire d’Etataux affaires étrangères (1961), minis-

tre de la coopération (1962) et,enfin, haut représentant de la Fran-ce en Algérie (1963-1967), aumoment où celle-ci accède à l’indé-pendance.

--De retour d’Algérie, Georges Gor-

se débute s’implante progressive-ment dans les Hauts-de-Seine, àBoulogne-Billancourt : en 1967, il yest élu successivement député(UNR) puis conseiller général. Lamême année, il est nommé ministrede l’information dans le gouverne-ment de Georges Pompidou, postequ’il occupe jusqu’en mai 1968. Réé-lu député (UDR, puis RPR) desHauts-de-Seine, sans discontinuitéde 1968 à 1997, il devient maire deBoulogne-Billancourt en mars 1971.Il le restera jusqu’en 1991, date àlaquelle il cède sa place à son pre-mier adjoint, le sénateur (RPR) PaulGraziani, ancien président duconseil général des Hauts-de-Seine.Entre-temps, Georges Gorse a parti-cipé de nouveau au gouvernement,celui de Pierre Messmer, de 1973 à1974, comme ministre du travail, del’emploi et de la population.

Président de l’association France-Algérie de 1971 à 1988, Georges Gor-se n’a pas cessé d’entretenir, tout aulong de sa vie, des relations étroitesdans les pays du Maghreb et du Pro-che-Orient. En janvier 1991, il avaitrefusé de voter la confiance au gou-vernement de Michel Rocard pourengager la France dans la guerrecontre l’Irak. Esprit fin, discret, nedétestant pas faire de bons mots,Georges Gorse avait publié, en 1992,un livre de souvenirs, intitulé Jen’irai pas à mon enterrement (Plon).

Jean-Louis Saux

a SPYROS KYPRIANOU, ancienprésident de la République de Chy-pre, est mort à Nicosie mardi12 mars à l’âge de 69 ans des suitesd’un cancer. Il était considéré com-me le principal architecte du« miracle économique » de l’île pen-dant ses trois mandats exercésentre 1977 et 1988. Né le 28 octo-bre 1932 à Limassol, avocat forméen Grande-Bretagne, SpyrosKyprianou avait été le représen-tant de l’« ethnarque » Maka-rios III à Londres, avant de devenirson ministre des affaires étrangè-res après l’indépendance de Chy-pre en 1960 et jusqu’en 1972. Fon-dateur du Parti démocratique(DIKO, centre droit) en mai 1976avec le soutien de Mgr Makarios,puis vainqueur des élections deseptembre 1976 et élu président duParlement, il avait succédé au prési-dent Makarios après sa mort enaoût 1977, avant d’être réélu en1978 puis en 1983. Depuis 1974 etl’intervention de l’armée turquedans le nord de l’île, Chypre estdivisée en deux : la République deChypre, reconnue par la commu-nauté internationale, et la Républi-que turque de Chypre du Nord(environ un tiers de l’île), qui n’estreconnue que par la Turquie. Consi-déré comme un défenseur intraita-ble du point de vue des Chypriotesgrecs, Spyros Kyprianou s’étaitopposé au dirigeant chypriote turcRauf Denktash sur la question épi-neuse de la réunification de l’île.a DAVID McWILLIAMS, chanteuret auteur-compositeur irlandais,est mort le 8 février, vient-on seule-ment d’apprendre. Né à Belfast le4 juillet 1943, David McWilliamsavait fait partie des chanteurs folk-rock influencés par Bob Dylan.C’est par l’apport du rock psyché-délique dans ses compositions quele succès viendra. Ainsi The Days ofPearly Spencer, enregistré en 1967avec force violons et effets sur lavoix : produite et arrangée par

Mike Leander (qui s’occupait alorsde la chanteuse Marianne Fai-thfull), la chanson fut un grand suc-cès. Cette popularité sera sans sui-te pour David McWilliams, quiavait cessé d’enregistrer en 1982,après une dizaine d’albums.a ANDRÉ DENIS, ancien députéMRP de la Dordogne, ancien résis-tant, est mort le 15 février àLésigny (Seine-et-Marne), à l’âgede 81 ans. Né le 7 décembre 1920 àBrive-la-Gaillarde (Corrèze),André Denis milite à la Jeunesseouvrière chrétienne (JOC) dès 1936et devient rapidement permanentnational de cette organisationpour le Limousin (1939), pour larégion toulousaine (1942), pour larégion lyonnaise (1943) et pour laProvence (1944). Parallèlement, ilorganise la diffusion de Combat etdes Cahiers de Témoignage chré-tien. Refusant de partir au STO, ildevient réfractaire à la fin de 1942.Après la guerre, André Denis estrédacteur en chef de La Liberté duCentre et adhère au MRP, étiquettesous laquelle il est élu député de laDordogne à la première Assem-blée législative, en novembre 1946,et réélu en 1951. Favorable au pac-te atlantique et à la Communautéeuropéenne du charbon et del’acier, mais hostile à la CED,André Denis quitte le MRP en 1954et adhère à la Jeune République.Après son échec aux élections légis-latives de 1956, il s’installe auMaroc comme cadre d’entreprise.Officier de la Légion d’honneur, ilétait titulaire de la croix de guerre1939-1945, de la médaille de laRésistance, de la médaille desréfractaires, de la croix du combat-tant 1939-1945 et de la médailledes volontaires de la Résistance.a LOUIS LAZUECH, ancien séna-teur (RI) et ancien conseiller géné-ral de l’Aveyron, est mort jeudi7 mars, à l’âge de 89 ans. Né le21 avril 1912 à Montbazens, diplô-mé de l’Essec de Paris, LouisLazuech a été conseiller général de1955 à 1992, conseiller municipalde sa ville natale de 1955 à 1989. Ila été elu sénateur de l’Aveyron à lasuite du décès d’Albert Sirgue ennovembre 1980 et a siégé au Palaisdu Luxembourg jusqu’en 1989.

C A R N E TAU CARNET DU « MONDE »

Naissances

Mahchid HONARMANDet

Jean-Louis PÉPINont l'immense bonheur d'annoncer lavenue de

Siyamak,

le 26 février 2002, à Grenoble.

Anniversaires de naissance– Oncle, frère, professeur d'université

attentif et écouté,nous te souhaitons,

Pierre,

avec toute notre affection, un renouveaude vie pour tes soixante-dix ans.

Décès

« PITO »,Anibal BADO,

nous a quittés le 9 mars 2002.

Sa famille,Ses amis,Tous ceux qui l'aimaient,

pensent très fort à lui.

– Marie (†), Pierre (†) et Catherine,ses enfants, et leurs conjoints,

Ses petits-enfants,Ses arrière-petits-enfants,Les familles Bouvier-Ajam,

Levesque, Gestreau, Guigard, Dufour,Bedais, Marzorati et Decoupie,ont la grande tristesse de faire part dudécès de

Mme SimoneBOUVIER-AJAM,néeBONABEAU,

survenu le 12 mars 2002, à l 'âge dequatre-vingt-quatorze ans.

La cérémonie religieuse etl'inhumation ont eu lieu dans la plusstricte intimité.

1, rue Louis-David,75116 Paris.

– Toute sa famille,Ses amis,

ont la douleur de faire part du décès de

Patrick CHAUDANSON,photographe,

survenu le 12 mars 2002, à l 'âge dequarante ans.

La cérémonie religieuse sera célébréece lundi 18 mars, à 16 heures, au templeprotestant de Poissy.

– MmeRené Donnadieu,Anne-Claire et Laurent Donnadieu,Sa famille,Et ses proches,

ont la douleur de faire part du décès de

Jean-Louis DONNADIEU.

Les obsèques ont eu lieu le mercredi13 mars 2002, à Béziers, dans la plusstricte intimité familiale.

6, rue Suzanne-Lenglen,34500 Béziers.

– L'Association des médecinsinspecteurs de santé publique,

Les membres du Copsicom,Tous ses collègues et anciens

collègues,ont la tristesse de faire part du décès dudocteur

Hervé GARIN,

et de son fils,

Guillaume.

Ils s'associent à l'immense peine de lafamille Garin et de la famille de M. leprofesseur Michel Manciaux.

Ils rappellent le souvenir du docteur

Claire MANCIAUX-GARIN,

son épouse et la maman de Guillaume,disparue il y a six ans.

– Franck et Suzanne Laloë,Jacques et Marie-Annick Laloë,Marc et Patricia Laloë,Christine Fenoglio,Geneviève et Jean-Marc Briatte,Jean-Luc et Dominique Laloë,

ses enfants,Ainsi que ses dix-neuf petits-enfants

et ses sept arrière-petits-enfants,ont le chagrin de faire part du décès, le1er mars 2002, de

Michel LALOË,X 1932,

croix de guerre 1939-1945,chevalier de la Légion d'honneur.

Il a été inhumé à Senarclens (Suisse),auprès de son épouse,

Gratienne,

décédée le 3 novembre 2000.

– MmeRobert Malatier,son épouse,

M. Gérard Malatier,M. Claude Malatier,

ses frères,M. et MmeJean Sobieski,MmeMonique Sobieski,

ses beaux-enfants,ont la douleur d'annoncer le décès de

M. Robert MALATIER,officier de la Légion d'honneur,

croix de guerre 1939-1945,chevalier dans l'ordre national du Mérite,

le 13 mars 2002, dans sa quatre-vingt-neuvième année.

Les obsèques religieuses ont eu lieudans la plus stricte intimité à Saint-Cyr-sur-Mer (Var).

Une messe sera dite ultérieurement à Paris.

Mas de Badet,13460 Les Saintes-Marie-de-la-Mer.

– André Clerc,président-directeur général,

Jacques Gangloff,président d'honneur,

Et l'ensemble des collaborateurs dugroupe La Réunion aérienne-La Réunionspatiale-Sogea,ont la tristesse de faire part du décès de

M. Robert MALATIER,

survenu le 13 mars 2002, à l 'âge dequatre-vingt-huit ans,

et présentent à sa famille et à ses prochesleurs plus sincères condoléances.

Ses remarquables qualités, tanthumaines que professionnelles, ontmarqué de leur empreinte lescollaborateurs du groupe qu'il a créé etdirigé pendant de nombreuses années.

50, rue Ampère,75017 Paris.

– M. Roger Onffroy, marquis deVerez,et son épouse,

M. et MmeMichel Villand,M. et MmeClaude Villand,

ses enfants,Agnès, Chantal, Jean-Yves, Isabelle,

Marc, Marcel-Edouard, Marie-Caroline,Marion, Matthieu et Olivier,ses petits-enfants,

Et tous ses arrière-petits-enfants,MmeBéatrice Bechenit,

sa belle-sœur,Ses neveux et nièces,

ont la douleur de faire part du décès de

Mme Marcel VILLAND,née Andrée BECHENIT,

survenu pieusement le 16 mars 2002, àParis.

Elle a rejoint son époux,

M. Marcel VILLAND.

Priez pour eux.

La cérémonie religieuse aura lieu lemardi 19 mars, à 10 h 30, en l'égliseNotre-Dame-de-l'Assomption de Passy(88, rue de l'Assomption, Paris-16e), oùl'on se réunira, suivie de l'inhumation aucimetière de Passy, dans le caveau defamille.

39, boulevard Suchet,75016 Paris.

– Bordeaux (Gironde). Paris.

MmeGeneviève Stefani,sa mère,

Mlle Claude Stefani,sa tante,font part du décès de

Sylvie MURR STEFANI,agrégée de l'université,chercheur au CNRS,

survenu à Bordeaux, le 3 mars 2002, à l'âge de cinquante-cinq ans.

Les obsèques religieuses ont eu lieudans la plus stricte intimité familiale, à Bordeaux.

Anniversaires de décès– Une pensée pour

Jacques BOURDANTON,

décédé le 16 mars 1993.

– Pour

Léon CELLIER,

disparu le 18 mars 1976.

– Le 19 mars 2001, disparaissait

Marie GINCEL,née GOUTET.

Son sourire, sa bonté, sa force et salucidité restent en nous à jamais.

– 18 mars 2001,

Daniel HUAULT.

« Rien ne meurtquand la mémoire demeure. »

– Rappelons à nos amis, à ses amis,que

Rose

nous a quittés, le 17 mars 2000.

Elle nous manque.

Les trois générations Fejtö.

Souvenir

– Fontenay-aux-Roses.

19 mars 1993.

Merci à ses amis et à ses collèguesd'avoir, ce jour, une pensée pour

Paul AUBIGNAT,ICPC.

Avis de messe

– Dans le cadre des cérémoniescommémoratives du 40e anniversaire ducessez-le-feu ayant mis fin à la guerred'Algérie le 19 mars 1962, à l'initiativede la Fédération nationale des ancienscombattants en Algérie - Maroc - Tunisie(Fnaca), une messe sera célébrée parMgr Patrick Legal, évêque aux arméesfrançaises, ce mardi 19 mars 2002 à15 heures, en l'église Saint-Louis-des-Invalides, à la mémoire des 30 000militaires français tombés en Afrique duNord ainsi qu'à celle des victimes civiles.

Fnaca,37-39, rue des Gâtines,75020 Paris.

Colloques

« Communautarisme ou républiquelaïque ? Existe-t-il un modèle

d'intégration ? »

Colloque franco-néerlandais, organisé par l'Institut néerlandais, sur l'intégration des immigrés

dans nos pays.Quatre tables rondes permettent aux

experts des deux pays d'évaluer l'histoireet la situation actuelle.

Avec Jean Bauberot, EPHE ; Siep Stuurman, Erasmusuniversiteit ;

Emmanuel Todd, INED ;Paul Scheffer, écrivain ;

Malek Boutih, SOS-Racisme ;Ahmed Aboutaleb, Forum Utrecht ; Jan Willem Duyvendak, chercheur

Utrecht e.a.

Lundi 25 mars 2002, de 9 heures à 18 h 30.

Unesco, salle 11, 7, place de Fontenoy, Paris-7e.

Renseignements : 01-53-59-12-40Inscriptions : fax : 01-45-56-00-77;

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Extrait du programme 2002

Samedi autour d'un livreHeidegger en France, de Dominique

Janicaud, sous la responsabilité d'AlainDavid, avec M. Crépon, A. David,J. Derrida, D. Janicaud et J.-P. Lefebvre.

23 mars, 9 h 30-12 h 30, amphiPoincaré, Carré des sciences, 1, rueDescartes, Paris-5e.

L'accès à toutes les activités ducollège est libre et gratuit (dans lalimite des places disponibles).Renseignements sur salles,répondeur : 01-44-41-46-85. Autresrenseignements : 01-44-41-46-80.

Consultation du site :www.ci-philo.asso.fr

– Centre communautaire de Paris :Mardi 19 mars , à 20 h 30, Leçon« Nihilisme et terrorisme : les enjeuxde l'après-11 septembre ? », avecAndré Glucksmann (philosophe).

119, rue La Fayette,75010 Paris.Tél. : 01-53-20-52-52 (PAF).

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Retrouvez sur le site Internet duMonde (www.lemonde.fr/carnet) ledétail des nominations, l’essentieldes lois, décrets et décorations parusau Journal officiel, ainsi que lesadresses des sites publiant des docu-ments significatifs.

DISPARITIONS

Georges GorseUn ami du monde musulman

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LE MONDE/MARDI 19 MARS 2002/15

a IlE-DE-FRANCE : 200 person-nes ont manifesté samedi16 mars devant la préfecture deBobigny (Seine-Saint-Denis) pourréclamer la fermeture d’une entre-prise d’équarrissage à Saint-Denis.Les riverains accusent l’entreprisede générer des odeurs « pestilentiel-les » à Saint-Denis et dans les com-munes voisines et de polluer lesnappes phréatiques.a PACA (Provence-Alpes-Côted’Azur) : un ouvrage en bois desti-né à l’observation des oiseauxappartenant à la station biologi-que de la Tour du Valat, une asso-ciation de défense de l’environne-ment, a été détruit dans la nuit dujeudi 14 au vendredi 15 mars parun incendie. Des pneus brûlés ontété retrouvés. Les responsables del’association ont déposé plainte.a RHÔNE-ALPES : le ministèredes transports a indiqué, diman-che 17 mars, qu’aucune date n’estencore arrêtée pour la réouverturepartielle du tunnel du Mont-Blancaux poids lourds. Vendredi, la pré-fecture de Haute-Savoie indiquaitque des consignes avaient étéreçues afin que tout soit prêt pourune réouverture aux camions demoins de 19 tonnes et aux auto-cars, dès lundi 18 ou mardi19 mars. Jean-Claude Gayssotdevait se rendre mardi en Savoie,en compagnie de son homologueitalien Pietro Lunardi – qui faitpression pour une réouverturerapide –, afin de lancer le chantierdu futur tunnel Lyon-Turin, consa-cré notamment au ferroutage.

À TROIS REPRISES, le plafondde la salle d’eau s’est effondré.Pour masquer les solives, quelquespanneaux de bois ont été cloués.Dans la pièce d’à côté, des traînéesgrisâtres sillonnent le plafond.Salem, Kmar et leurs deux enfantsne viennent pratiquement plusdans ce petit lieu de séjour. « Il n’ya que la maladie, ici, confie Kmar :l’asthme, les allergies… Trois moisaprès notre arrivée, en 1997, j’aiattrapé des démangeaisons. Lemédecin ne sait pas ce que j’ai. Lapetite, elle, se racle tout le temps lagorge. » Aller ailleurs ? Kmar aime-rait bien. Pour ne plus être dé-rangée par les rats qui grattent à laporte. Pour permettre à l’aînée, ins-crite en classe de seconde, de faireses devoirs dans de bonnes condi-tions. Pour fuir ce taudis, sis au2,1 rue du Maroc, dans le 19e arron-dissement de Paris.

Kmar et son mari ne sont pas lesplus mal lotis. Au rez-de-chaussée,dans un appartement du fond de lacour, des étais soutiennent le pla-fond de la chambre, légèrementbombé. Le cumulus s’est descellédu mur de la salle de bain : commesi les vis ne tenaient plus dans leplâtre gorgé d’humidité. Ici, l’insa-lubrité affleure de partout. Elle arongé le bâti et met aujourd’hui endanger la santé des occupants, dessquatters pour la plupart.

Les enfants sont les plus mena-cés. Lentement mais sûrement, lesparticules de plomb, libérées parles peintures qui s’effritent, empoi-sonnent leur organisme : seized’entre eux présentent des plombé-mies supérieures à 100 microgram-mes par litre de sang (seuil à partirduquel la concentration est anor-

male, selon l’Inserm). Au milieu del’année 2001, la protection mater-nelle infantile avait même dépistéle taux ahurissant de… 1 500 micro-grammes chez un petit garçon d’àpeine trois ans ! Depuis, lui et sesparents ont été relogés. Mais lemal est fait. « Il n’a pas le poidsd’un enfant de son âge, préciseClaudia Cortes, de l’Associationdes familles victimes du saturnis-me (AFVS). Et ses capacités pourapprendre sont diminuées. »

Et les autres ménages ? Com-ment sortiront-ils de leur taudis ?Par leurs propres moyens, cela sem-ble difficile. La plupart sont origi-naires d’Afrique subsaharienne ;leurs ressources sont modestes,quelques-uns n’ont pas de titre deséjour… Un logement en HLM ?

Lakami a déposé sa premièredemande en… 1983. Il attend tou-jours. « Si nous avions trouvé unappartement, résume-t-il, nous nesquatterions pas aujourd’hui. »

Pour sortir de cette impasse, laVille aimerait employer les grandsmoyens, en appliquant la loi Vivien

relative à « la résorption de l’habi-tat insalubre ». Promulgué en 1970,ce texte permet à une municipalitéd’exproprier un immeuble à la déri-ve ; les propriétaires évincés sont– chichement – dédommagés ; lebâtiment est réhabilité ou démoli ;les occupants sont relogés. La pro-cédure idéale pour traiter le taudisde la rue du Maroc.

Mais le propriétaire ne l’entend

pas de cette oreille. MichaelBurowski veut garder son bien. Ilen fait une question « d’honneur »,car l’immeuble appartenait, jadis, àun grand-oncle, mort en déporta-tion en Pologne. De plus, MichaelBurowski souhaite transformer legroupe de bâtiments en maisonpour personnes âgées ; il a déposéun permis de construire et s’estadjoint les services d’un architecte.On ne peut donc pas l’accuser delaisser pourrir sur pied ses immeu-bles, invoque-t-il. « J’ai toujoursréalisé les travaux que l’administra-tion m’avait ordonné de faire »,ajoute-t-il. La préfecture de police,qui avait prescrit des « mesures desécurité » en 2001, confirme sespropos. Si l’édifice est aujourd’hui

en si piteux état, la responsabilitéincombe aux squatters, d’aprèsMichael Burowski : leur présencel’empêchait de conduire son pro-jet. La justice les avait pourtantsommés de quitter les lieux en1997 ; mais la décision ne futjamais exécutée : 35 enfants âgésde moins de six ans vivent ici,d’après Habitat et interventionssociales, un groupement d’intérêtpublic qui suit les familles.

La situation semble inextricable.Alors en attendant de trouver unesolution, les pouvoirs publicsparent au plus pressé. La préfec-ture a demandé au propriétaire derecouvrir les murs dégradés pouréviter l’émission de particulesplombées. Pendant la durée des tra-vaux, les enfants et leurs mèresseront probablement hébergésdans des structures spécifiques.C’est trop peu et trop tard, sou-tient l’AFVS, qui réclame un reloge-ment de tous les occupants. Ceux-ci ont d’ailleurs déposé deux plain-tes contre la ville et contre la pré-fecture : elles auraient dû leur don-ner un toit, estiment-ils, comptetenu de l’urgence de leur situation.

Bertrand Bissuel

LE CHANTIER a peu de précé-dents dans l’histoire urbaine de lacapitale. Lundi 18 mars, le Conseilde Paris devait examiner le plan delutte contre l’insalubrité préparépar Jean-Yves Mano, l’adjoint aumaire chargé du logement. La Villesouhaite rayer de la carte – ouremettre en état – 765 immeublesdevenus dangereux pour la santéde leurs occupants : plus de13 000 habitations sont visées,d’après une estimation avancée parle secrétariat d’Etat au logement ;de 50 000 à 60 000 personnesvivraient dans ces taudis, selon lesélus Verts. Le saturnisme – cettemaladie de la misère que lesenfants contractent en absorbantdes particules de plomb libéréespar de vieilles peintures quis’écaillent – n’a pas disparu : depuis1987, 4 300 enfants ont été dépistésavec des plombémies (concen-tration de plomb dans le sang) anor-malement élevées (Le Monde du11 décembre 2001).

La Ville veut agir en deux temps.D’abord, la Société immobilièred’économie mixte de la Ville deParis (Siemp) sera chargée de trai-ter le « noyau dur de l’insalubrité » :357 immeubles. La majorité d’entreeux appartient, en tout ou partie, àla municipalité. La Siemp pourraacquérir des édifices : à charge pourelle de les réhabiliter ou de propo-ser leur démolition. Elle veillera aurelogement des occupants et joueraun rôle déterminant en matière delutte contre le saturnisme : dépista-ge, aménagement de centres d’ac-cueil temporaire…

En dehors du groupe d’immeu-

bles dévolus à la Siemp, la Villecompte lancer à l’automne une opé-ration programmée d’améliorationde l’habitat (OPAH). La liste des tau-dis visés sera dressée par l’Observa-toire permanent du saturnisme, del’insalubrité et de l’habitat dégradé,une structure nouvelle animée parl’Atelier parisien d’urbanisme(APUR).

D’après M. Mano, l’interventionde la Siemp coûtera, à elle seule,près de 240 millions d’euros. La Vil-le versera à la société d’économiemixte 107 millions d’euros sur lapériode 2002-2007. Pour leur part,l’Etat et l’Agence nationale pourl’amélioration de l’habitat (ANAH)injecteront 75 millions

d’euros dans l’ensemble du disposi-tif de lutte contre l’insalubrité.

Même avec un tel effort, toutesles poches d’insalubrité ne disparaî-tront pas au bout de six ans, préciseM. Mano ; le relogement desfamilles prendra du temps. L’asso-ciation Droit au logement (DAL)voudrait que la municipalité s’enga-ge à redonner un toit à tous lesoccupants, quel que soit leur statut.Hors de question, rétorqueM. Mano : « S’agissant des squat-teurs qui ont un titre de séjour et quisont inscrits au fichier des deman-deurs de logements, nous envisage-rons des solutions adaptées en fonc-tion de nos capacités », expli-que-t-il. Quant aux sans-papiers, laposition de principe est claire : pasde relogement, même si la munici-palité n’exclut pas de régler des« situations particulières » au nomde considérations humanitaires.

D’autres incertitudes – politi-ques, celles-là – s’ajoutent. Certainsélus de la majorité municipaledéplorent un manque d’ambition.D’après Jean-François Blet,conseiller de Paris (Verts) et prési-dent de la Siemp, 1 036 immeublessont réellement ou potentiellementinsalubres. Pour lui, l’ensemble duprogramme devrait être coordonnépar « un opérateur spécialisé ».L’OPAH annoncée semble « hypo-thétique » : la présence de plusieursstructures émietterait moyens eténergies. Bref, le projet de la muni-cipalité « ne répond pas à l’engage-ment pris par Bertrand Delanoëd’éradiquer la totalité de l’habitatinsalubre d’ici à 2007 ».

Le comportement de l’élu Vert« étonne » M. Mano qui n’exclutpas une « action de déstabilisationpoliticienne » en cette période pré-électorale. L’entourage de M. Dela-noë souligne le côté « un peumanœuvrier » d’un élu intransi-geant qui se transforme parfois enélectron libre, au risque de s’isolerau sein de son propre mouvement :« Il est arrivé que nous lui deman-dions de ne pas présenter ses amen-dements au nom du groupe Verts »,dit Yves Contassot, adjoint (Verts)au maire chargé de l’environne-ment. Cela étant, les Verts souhai-tent que la Ville fasse preuve de« plus d’audace et de volontarisme :ils devaient déposer treize amende-ments lundi.

B. Bi.

8

7

6

2

4

4

10

2 311

Ier IIIe

IVe

Ve

VIeVIIe

VIIIe IXe

Xe

XIe

XIIe

XIIIeXIVe

XVe

XVIe

XVIIe XVIIIe XIXe

XXeIIe

Nombre d'immeubles en mauvais état, vétustes ou insalubres

Présence de plombsignalée dans :

1 à 10 immeubles11 à 2542 à 86

UNE CONCENTRATION DANS LE NORD-EST DE LA CAPITALE

Source : Atelier parisien d'urbanisme (APUR)

148

91

118

31

80

115

24

49

18

18

240 millions d’euros sur six anspour venir à bout de l’insalubrité

R É G I O N S

Bertrand Delanoë s’attaque aux taudis parisiensLundi 18 mars, le Conseil de Paris, à majorité gauche plurielle, devait débattre d’un plan pour rayer de la carte 765 immeubles

dégradés abritant plus de 13 000 logements insalubres. Les Verts souhaitent plus de « volontarisme ». Reportage dans le 19e

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16/LE MONDE/MARDI 19 MARS 2002

BARICCOI vous n’êtes pas un« no-global », un mili-tant antimondialisa-tion, il y a des chancespour que vous ayezdes chaussures Nikeou Adidas, que vousfumiez des Marlboro

ou des Philip Morris, que vous ameniezvos enfants voir les films de Walt Disney,que vous alliez au McDonald’s et qu’en cemoment même vous portiez du CalvinKlein. Je vais essayer de le dire de façonplus exacte : il est probable que pour la plu-part d’entre nous le monde tel qu’il estaménagé par le réseau des grandes mar-ques n’apparaît nullement comme un lieuinhumain mais au contraire comme unmonde vivant, en un certain sens riche, eten tout cas intéressant à habiter. Il nousapparaît de façon assez normale commeun monde essentiellement libre, une sortede manège sur lequel nous montons et des-cendons quand nous voulons : nous mon-tons en disant « C’est nul », et nous descen-dons en disant « Je reviendrai ».

Faut-il en conclure que nous sommes tel-lement lobotomisés maintenant que nousne sommes même plus capables de com-prendre ? Ce serait commode. Mais je croisque la vérité est ailleurs. La vérité c’est quenous sommes juste un peu lobotomisés.Nous sommes lucides, quand nous pre-nons part à la grande fête, nous le faisonsavec nos cellules grises branchées, avecune part de notre cerveau que nous ne pou-vons pas sous-estimer, mais il faut essayerde le comprendre.

Notre intelligence fonctionne de cettefaçon-là parce qu’elle le connaît, ce terrain.Et quand elle ne se bloque pas sur ses ins-tincts moralisateurs, elle cesse de tricheravec elle-même et s’en tient aux faits. Lesfaits, c’est que lorsque vous achetez unepaire de Nike vous payez cent euros pourle nom et cinquante pour les chaussures.Est-ce que vous êtes idiot ? Non. Vous êtes

en train d’acheter un monde. Qu’est-ceque ça peut vous faire ce qu’elles valent, encuir, en caoutchouc et en travail, ces chaus-sures ? Vous achetez un monde. Des genslibres qui courent, presque toujours beaux,généralement plutôt élastiques commeMichael Jordan, et de toute façon trèsmodernes. Vous, dans ce monde-là. Pourcent cinquante euros.

Si vous trouvez que c’est un geste imbéci-le ou puéril, alors pensez à ceci. Vous allezau concert. Beethoven. Musique deBeethoven. Vous avez payé votre billet.Qu’avez-vous acheté ? Un peu de musi-que ? Non, un monde. Une marque.Beethoven est une marque, construite aufil du temps autour de la figure d’un géniesourd et rebelle, alimentée par deux géné-rations de musiciens romantiques qui ontcréé le mythe. De lui descend, en lignedirecte, une marque encore plus puissan-te : la musique classique. Un monde. Ceque vous avez acheté, ce n’est pas un peude musique : dans le prix, il y a aussi l’accèsà une certaine vision du monde, la foi dansune dimension spirituelle de l’humain, lamagie d’un retour provisoire au passé, labeauté et le silence de la salle de concert,les gens qui sont autour de vous, l’inscrip-tion dans un club plutôt réservé et généra-lement sélectif. Vous avez loué un monde.

Pour l’habiter. Ils l’ont construit pour vousavec infiniment d’habileté, et vous, vousl’achetez. L’ont-ils construit parce qu’ilsétaient bons et intelligents ? Ils l’étaientpeut-être, mais ils l’ont certainement cons-truit pour la même raison qui a pousséNike à construire le sien : l’argent. Que je

sache, Beethoven écrivait pour de l’argent,et de lui jusqu’à la maison de disquesd’aujourd’hui, et jusqu’au pianiste qui esten train de jouer pour vous, ce que vousavez acheté a été construit par des gensqui voulaient des tas de choses, mais, entreautres, une : de l’argent.

Je sais que ça choque de dire ça, mais ce

qui nous choque tant, quand il s’agit dechaussures ou de hamburgers, est uneexpérience que nous faisons, sans aucunerésistance, quand il s’agit de choses plusnobles. Beethoven est une marque. Lesimpressionnistes français en sont une. Kaf-ka en est une. Shakespeare en est une.

Umberto Eco également. Et aussi La Repub-blica, ou « Mickey », ou la Juventus. Cesont des mondes. Qui signifient bien plusque ce qu’ils sont. Ils ont leurs règles, etnous les acceptons. Pour dire : nous nouspersuadons que les frites de McDonald’ssont bonnes avec la même absurde com-plaisance qui nous persuade que Beetho-

ven n’a jamais écrit de morceau laid ou inu-tile, que tout Shakespeare est génial, queMickey n’a pas de parents, et que La Repub-blica écrit toujours la vérité. Ça fait partiedu jeu. Et c’est un jeu dont nous avonsbesoin. Nous avons tendance à préférertout ce qui se présente à nous avec la forceorganique d’un monde, et pas seulement lapure présence d’un objet, même s’il estbeau. Nous sommes reconnaissants enverscelui qui est capable de mettre en place desmondes. Ce sont des assurances contre lechaos, ce sont des organisations salvatricesdu réel. Je ne crois pas qu’il soit nécessairede noter combien le monde mis en placepar Kafka est plus riche, plus complexe etplus intelligent que celui étudié par McDo-nald’s. Nous le savons. Mais cela ne doitpas nous empêcher de comprendre que lejeu est le même, que le type d’expérienceest le même, que le monde de Kafka n’estpas plus réel que le monde de McDonald’s,que la visite d’une exposition des impres-sionnistes français fait travailler notre cer-veau exactement comme un petit tour àNiketown, que tout compte fait cette expé-rience-là nous la connaissons, nous nousen servons largement, nous l’utilisons pourtransmettre des choses tout à fait dignes,et que pour finir elle ne nous fait pas peur,nous ne croyons pas que ce soit le diable, sile diable existe, il est ailleurs.

On dira : oui, mais Beethoven n’exploi-tait pas les Indonésiens de manière éhon-tée, pour fabriquer ses chaussures. A quoion pourrait objecter, si on voulait être cyni-que et polémique, qu’une grande partie dela musique classique est née parce quepayée par un monde aristocratique qui neplaisantait pas en matière d’exploitation.Mais la question, en réalité, est ailleurs. SiNike exploite les travailleurs, il faut arrêterça, c’est tout. Mais reporter toute notrecondamnation, brutalement, sur l’idée demarque, en diabolisant le type d’expérien-ce qu’elle suggère est contreproductif : celarend inutilisable une catégorie, celle de« marque », qui est une part historique denotre culture, et qui est probablementindissociable de toute idée de globalisa-tion, y compris les plus humaines et lesplus positives. Comment construire quel-que chose si nous jetons à la poubelle lesoutils pour le faire ?

Alessandro Baricco

e Extrait de Next, petit livre sur la globalisa-tion et le monde à venir, éd. Albin Michel,102 p., 10 ¤. En librairie mercredi 20 mars.© Alessandro Baricco, © Albin Michel.

Une voix singulière

Que je sache, Beethoven écrivait pourde l’argent et, de lui jusqu’à la maisonde disques et au pianiste qui est en trainde jouer pour vous, ce que vous avez achetéa été construit par des gens qui voulaient des tasde choses, mais, entre autres, une : de l’argent

/

CET homme-là ressemble à untourbillon. A peine arrivé,déjà disparu, menant plu-sieurs activités de front, tou-jours en avance d’une déci-

sion sur le cours apparent de sa vie. Pre-nez son lieu d’habitation, par exemple.Lorsqu’Alessandro Baricco vous annoncequ’il a choisi Turin pour la discrétion deses habitants, vous pourriez croire qu’il s’yest établi pour de bon. C’est d’ailleurs à cetendroit que se trouvent ses origines (il yest né en 1958), ses différents bureaux, samaison, sa famille. Et voilà qu’en avançantdans la conversation vous découvrez qu’ila décidé de se transporter plus au sud, endirection de Rome, afin de voir s’il peutcombattre son indéfectible et très moral« côté nordiste ». A la fois célèbre et trèssoucieux de se maintenir en retrait des sol-licitations, le romancier pratique avectalent l’art du mouvement de côté, jusquedans son écriture. Aussi n’est-il pas surpre-nant de le voir publier, au lieu des romans

qui ont fait son succès – en particulierSoie –, un court livre sur la mondialisation.

Auteur de quatre romans, de deuxessais consacrés à la musique et d’une bio-graphie de Rossini, Baricco affirmen’avoir jamais pratiqué le commentairejournalistique, « sauf à deux reprises,depuis le 11 septembre ». Installé dans l’im-mense espace où il a fondé l’associationMondrian Kilroy Fund, notamment char-gée de distribuer des bourses aux jeunesécrivains – une ancienne usine textile, divi-sée en bureaux –, l’écrivain dit son hor-reur pour ce type d’exercice. « Se réveillerle matin et dire que la guerre est nécessaire,ça, je déteste. » Les quatre articles parusdans La Repubblica, ensuite réunis en livresous le titre Next, relèveront donc d’uneautre démarche. Il s’agit, pour lui, deposer des questions plutôt que d’assénerdes opinions définitives. Et la premièred’entre elles : comment se fait-il que noustenions pour vraies tant d’affirmationsjamais vérifiées ?

Lui ne voue pas aux gémonies la moder-nité, loin de là – tout, dans ses installa-tions, montre même un goût prononcépour un certain anticonformisme branché.Mais il veut brusquer les idées reçues, àcommencer par celles qui concernent l’ar-gent. « Le principe qui gouverne, de nosjours, c’est que l’argent doit être utilisé pourfaire de l’argent. Et ça, c’est idiot. Moi, jepense qu’il faut s’en servir pour faire des cho-ses qui ne pourraient pas se réaliser autre-ment. » Déjà fondateur, en 1994, d’une éco-le de « narration » située à Turin – l’écoleHolden, payante, celle-là –, Baricco veutmaintenant dessiner les contours d’unesorte d’« usine » artistique en offrant à lafois des fonds et de l’espace aux jeunescréateurs qui en manqueraient. Posées surle parquet de son bureau, des tables de plu-sieurs dimensions attendent déjà les futursouvriers de cette drôle d’« usine » envahiede soleil.

Longtemps critique musical et anima-teur d’émissions télévisées, Alessandro

Baricco n’est pas si loin, lui-même, de sesdébuts dans la fiction. Il avait trente anslorsque parut son premier roman, Châ-teaux de la colère (Albin Michel, prix Médi-cis étranger, 1995). Depuis, sa conceptionde l’écriture s’est précisée en s’éloignantprogressivement du roman classique.Dans City (Albin Michel, 2000), texte étran-ge et intéressant, c’est une idée spatialequi lui permet de résumer sa technique lit-téraire. « Au XIXe, le roman était conçu com-me un chemin. Maintenant, je le vois commeune place vers laquelle convergeraient deslignes d’énergies. » Avec toujours la nécessi-té de construire un roman comme une par-tition, en mélangeant soigneusement lesouci de conquérir et celui de faire enten-dre une voix singulière.

Raphaëlle Rérolle

e Soie est paru chez Albin Michel en 1997. Ilexiste aussi en « Folio », comme City et Nove-cento : pianiste, essai sur le jazz.

H O R I Z O N S

LA GLOBALISATION SELON

S

« Le Monde »

publie

en exclusivité

un extrait

de « Next »,

le prochain livre

de l’écrivain italien

à succès Alessandro

Baricco. L’auteur

de « Soie »

bouscule avec

esprit les clichés sur

la mondialisation

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LE MONDE/MARDI 19 MARS 2002/17

LES FRANÇAIS n’aiment pasque le chef de l’Etat et le pre-mier ministre s’engagent dansdes querelles personnelles sousprétexte qu’ils sont en campa-gne. De ce point de vue, il estclair que Lionel Jospin a eu tortd’attaquer son concurrent en ledisant « vieilli » et « fatigué » etqu’il n’a pas fini de payer cetteerreur. Le sondage Libération-CSA-La Dépêche du Midi, rendupublic lundi 18 mars, enregistrela réaction négative de l’opi-nion, et notamment de l’électo-rat le plus âgé, après la petitephrase de Lionel Jospin. Aprèscinq années de cohabitationmarquées par un effort de cour-toise collaboration, la tentationdu pugilat est, à l’évidence, malcomprise par les Français.

Le sommet européen de Bar-celone a permis, le temps d’unebataille commune, le retourd’une coopération plus tranquil-le, les deux têtes de l’exécutifunissant leurs efforts pourdéfendre, face aux dogmesultralibéraux, le service publicde l’énergie, sans laisser appa-raître la moindre divergence.Au duel a succédé pendantdeux jours le duo. L’ultimemanifestation publique, sur lascène internationale, de la coha-bitation à la française au som-met de l’Etat n’a connu aucuneanicroche. Mais du même couples différences politiques entreles deux hommes ont été estom-pées, renforçant l’impressionqu’entre leurs programmesl’écart est, somme toute, assezminime.

Comme les deux candidatsne paraissent pas susciter, pareux-mêmes, l’enthousiasmedes électeurs et que la perspecti-ve d’un remake du scrutin de1995 donne à ceux-ci un senti-

ment de déjà-vu, la ressemblan-ce des projets risque d’ajouterencore au désintérêt que révè-lent les enquêtes d’opinion. Ilne faudra pas s’étonner que lesvotes protestataires – à l’extrê-me gauche ou à l’extrême droi-te – soient plus nombreux qu’ilsl’ont jamais été, dès lors que lesdeux principaux candidats s’en-ferment dans un étroit « cerclede la raison ».

La publication du program-me de Lionel Jospin, lundi18 mars, quatre jours aprèscelui de Jacques Chirac, nedément pas cette perception.Les convergences sont en effetmultiples. Sur la sécurité,même volonté de punir sévère-ment les délinquants et mêmerecours à une justice de proximi-té. Sur les institutions, mêmesouci de développer les référen-dums, de donner plus de respon-sabilité au Parlement, de réfor-mer le statut pénal du chef del’Etat. Sur la réforme de l’Etat,mêmes encouragements à l’ex-périmentation et à la décentrali-sation. Sur l’Europe, même réfé-rence à la construction d’unefédération d’Etats-nations.

Il y a certes dans le projet deLionel Jospin quelques innova-tions qui sont absentes de celuide Jacques Chirac, comme ledroit de vote des étrangers auxélections locales, la couverture-logement universelle, la repré-sentation des salariés dans lesconseils d’administration ou lerééquilibrage de la fiscalité enfaveur du travail. Mais elles nesuffisent pas à donner le senti-ment d’un véritable affronte-ment de projets et d’idées, enlieu et place de celui de deuxpersonnalités qui ont pour han-dicap commun d’avoir gouver-né cinq ans durant ensemble.

A classer

0123

0123Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani

Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ;Noël-Jean Bergeroux.

Directeurs généraux adjoints : Edwy Plenel, René GabrielSecrétaire général du directoire : Pierre-Yves Romain

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Convergences

RECTIFICATIFS

AREZKI MELLAL. Contrairement àce qu’indiquait le sous-titre du por-trait de l’écrivain algérien Arezki Mel-lal (Le Monde du 15 mars), le romanMaintenant, ils peuvent venir, qu’il apublié à Alger en 2000, n’a pas été« traduit » pour l’édition française :il a été écrit dès l’origine en français.

IUFM. Dans l’article sur la réformede la formation des enseignants(Le Monde du 14 mars), à proposdu concours de professeur des éco-les (CAPE), le niveau de connais-sances indiqué (fin de troisième)pour l’épreuve d’admissibilité defrançais ne vaut que pour la gram-maire, et non pour l’ensemble du

français, comme nous l’avons indi-qué par erreur.

HAÏDAR ABDEL CHAFI. Dans nospremières éditions (Le Monde du13 mars) la fin de l’entretien avecHaïdar Abdel Chafi, ex-député duConseil législatif palestinien et prési-dent du Croissant-Rouge de Gaza,était incompréhensible. La dernièrequestion portait sur les voix qui sefont entendre au sein de la sociétéisraélienne contre l’occupation etcontre les méthodes de l’arméeisraéliennes. A cela Haïdar AbdelChafi répondait : « J’ai beaucoup derespect pour ceux qui s’attachent àdéfendre ces idées en Israël. Ils sonttrès courageux, mais je crois qu’ils res-teront longtemps minoritaires. »

N’ÉTAIT-CE DONC qu’un répit,une simple parenthèse dans l’inter-minable conflit qui déchire cetteterre de violence, éternel enjeustratégique pour ses voisins et lieud’infinies turbulences pour seshabitants ? Avec les opérations quiprennent fin dans l’est du pays,l’Afghanistan vit à l’heure d’unepaix volatile, tout à la fois écornéepar certains seigneurs de guerre etleurs seconds couteaux et par lescombats contre le dernier carrédes forces d’Al-Qaida. Question :le délicat équilibre que la chute destalibans et l’établissement d’uneAutorité transitoire ont réinstauréest-il en danger ?

Le scénario de 1992, quand lachute du dernier régime commu-niste donna le signal de la grandebataille entre groupes concurrents,ne s’est pas répété. Pour lemoment, en tout cas. Les Afghans,tout à la fois soulagés de l’écroule-ment du régime du mollah Omaret de la promesse de la tenue àvenir d’une loya jirga, ce grandconseil traditionnel qui servait parle passé d’instance consultative,restent sceptiques. Echaudés partant d’années de luttes intestines,ils savent que les jeux sont loind’être faits. L’assassinat du minis-tre de l’aviation civile, sur l’aéro-port de Kaboul, jeudi 14 février,aurait été un règlement de comp-tes qui illustre, de manière inquié-tante, les tensions à l’intérieurmême de la nouvelle administra-tion : deux des personnes accuséesd’avoir fomenté ce meurtre étaientrespectivement l’un des responsa-

bles des services de renseignementet un général.

Les récents troubles au Paktia,traditionnelle province de vendet-tas entre tribus pachtounes, où lalutte entre des candidats pour leposte de gouverneur a récemmentprovoqué deux jours de guerre ;d’autres escarmouches dans leNord, où les féaux de l’Ouzbek Dos-tom se sont accrochés avec un« commandant » tadjik, des inci-dents isolés ailleurs : tout montreque l’Afghanistan demeure une sor-te de poudrière.

2002 La façon dont l’administration

temporaire du président HamidKarzaï saura établir un contrôle surl’ensemble des provinces, la ferme-té de l’engagement de la commu-nauté internationale et le rythmede la reconstruction d’une nationdévastée seront les conditions indis-pensables au rétablissement d’unepaix durable. On n’en est pas là, pasencore. Quelque chose de fonda-mental s’est cependant produit. Leshéros sont fatigués, les seigneursde la guerre et autres potentats,sous pression internationale, fontle gros dos et, surtout, nombred’Afghans font un constat très sim-ple : les vingt-trois dernièresannées de conflit ont démontrél’échec des idéologies extrêmes. Lecommunisme criminel, l’ère desmoudjahidins et de leurs incessan-tes luttes de factions, le « mollahis-me » des talibans et leur intégrismeubuesque et répressif n’ont débou-ché que sur une infinie détresse

pour la population. Et si ce sontencore trop souvent les hommes enarmes qui font la loi, beaucoup sem-blent réaliser que les vaines querel-les interethniques, corollaire du san-glant « combat des chefs » de 1992à 1996, doivent laisser la place àl’émergence d’une conscience natio-nale. C’est tout au moins ce qu’ap-pelle de ses vœux l’élite urbanisée.

Le défi consistera à élargir ces bel-les pensées à un pays replongédans l’analphabétisme, qui a perdusa mémoire et reste essentielle-ment rural. Mais cette prise deconscience est d’autant plus positi-ve que les Afghans jugent que sejoue en ce moment une partie cru-ciale pour leur futur immédiat :« On peut dire merci à Ben Laden,ironise un intellectuel, grâce à lui,les Américains nous ont débarrassésdes talibans et une pareille occasionde paix ne se reproduira pas de sitôt.Il ne faut pas que nous laissions pas-ser notre chance. Car, dans ce cas-là,on sera de nouveau oublié par le res-te du monde. »

L’année zéro de l’Afghanistan,c’est 2002. Le pays a fait, depuis1978, un spectaculaire bond enarrière. La guerre a laminé les réfor-mes engagées au temps du roiZaher Chah, et même celles ébau-chées par ses prédécesseurs. On enest parfois revenu à une situationquasi comparable à l’Afghanistandu début du XXe siècle, avant que leroi Amanullah Khan tente, dans lesannées 1920, de bousculer les tradi-tions et d’ouvrir son pays avec laferme intention de le conduire surles chemins d’une modernité à l’oc-cidentale, proche du modèle kéma-liste de Turquie.

Qui se souvient des rêves de cechampion d’une modernisationmanquée, déclarant au retourd’une tournée en Europe auxKaboulis éberlués, en juillet 1928 :« Oh ! mon peuple bien-aimé, mondevoir est de vous dire que le grandsecret du progrès pour notre pays,c’est de se débarrasser des vieilles etdésuètes idées et traditions et de mar-cher avec son temps. Il appartient ànos générations de rebâtir ce paysdans le sens plein du terme. En véri-té, l’émergence ou la chute de notrenation dépend de nous, et il est devotre devoir d’élever vos enfants à lalumière des réalisations d’une éduca-tion moderne. Nous devons montrerau reste du monde que nous ne som-mes plus un peuple ignorant et quenous sommes déterminés à noustenir bien droit, sans plus avoir àcompter sur les autres ! » Amanul-lah Khan, qui rentrait ébloui deprès de huit mois d’un voyage quil’avait conduit en France, en Italie,en Allemagne, en Grande-Bretagneet en URSS, se lança dans une politi-que effrénée de modernisation –dans les domaines éducatif, juridi-que, politique, militaire et adminis-tratif.

Amanullah Khan recommanda

l’abandon du port du voile pour lesfemmes. Tant est si bien que cemonarque coupé des réalités del’Afghanistan des campagnes finitpar s’aliéner les éléments les plusconservateurs de la société. Parmieux, les chefs tribaux, de touttemps rétifs à l’autorité du « cen-tre », et les mollahs, pour lesquelsles rêves de leur souverain étaientanathèmes à l’islam. Le règned’Amanullah se termina dans lesang : en 1929, un bandit tadjik sur-nommé le « fils du porteur d’eau »(Bacha-e-Saquao), allié aux reli-gieux, força le roi pachtoune à la fui-te, se sacra à son tour souverainsous le nom d’Habibullah « le victo-rieux » et imposa une satrapie inté-griste dans une ambiance d’anar-chie quotidienne.

Mais il finit par être à son tourchassé du trône, puis exécuté, justeavant que ne s’impose un nouveaumonarque, Nader Shah. Celui-ci,ancien ambassadeur en France etmembre du clan de la famille roya-le, partageait, dans leur ensemble,les idéaux d’Amanullah. Mais il seprononça pour une politique plusprudente, alliant à la fois les impéra-tifs de modernisation et des conces-sions aux mollahs.

Sous le règne de Zaher Shah, enexil à Rome depuis le coup d’Etatfomenté par son neveu Daoud, en1973, l’Afghanistan était certesencore un royaume archaïque maisdisposait d’une administration fonc-tionnelle ; le taux de scolarité res-tait bas mais progressait ; les élitesurbaines partaient en Occident fai-re leurs études ; l’armée se moderni-sait. Kaboul et la campagnevivaient en paix, le pays ressemblaitfort peu à cette terre de misère qu’ilallait devenir à partir de la fin desannées 1970.

« Nous voulons un Afghanistan

libéral et démocratique où les sphè-res de la religion et du politiqueseraient séparées », confiaientrécemment un groupe d’intellec-tuels à Hérat, la grande métropolede l’Ouest, de tout temps célèbrepour son haut niveau de culture. Laplupart d’entre eux sont des hom-mes – et des femmes – qui n’ontjamais quitté leur pays. Ces méde-cins, hommes de loi, professeursreprésentent la crème d’une socié-té civile qui a survécu à tous les régi-mes. Et la référence évidente poureux est bien celle des réformateursmodérés de cet Afghanistan dispa-ru, inachevé, imparfait et encoreféodal, mais qui songeait cepen-dant, il y a moins de trente ans, àprolonger le rêve inachevé d’Ama-nullah Khan et de ses successeurs.Pour l’Afghanistan, vingt-trois ansde guerre et plus d’un million demorts plus tard, c’est un peu leretour à la case départ.

Bruno Philip

Y PENSER toujours, n’en parlerjamais. Depuis des décennies, cetteformule pourrait s’appliquer auxrapports entre le courant socialisteet le centre, en particulier à l’occa-sion des échéances présidentielles.A gauche, de Guy Mollet, qui sousla IVe République tentait en vain demasquer sous un discours ancré àgauche une pratique inverse, au slo-gan « La France unie » de FrançoisMitterrand, en 1988, et à la politi-que d’ouverture de son premierministre Michel Rocard, gagner lecentre a toujours été considérécomme essentiel.

Depuis la réforme constitution-nelle de 1962, qui a introduit l’élec-tion du président au suffrage uni-versel, le second tour impose, pourgagner, de rassembler au-delà de lagauche. Pour y parvenir, deux stra-tégies s’opposent. « Rassemblerson camp » (celui de la gauche), enespérant que la dynamique crééeaimantera une partie des électeurscentristes : c’était grosso modo lastratégie du Parti socialiste crééepar Mitterrand en 1971, qui aboutità la victoire de 1981. Une stratégieinverse, celle qui avait les faveursde Michel Rocard et qu’il n’eutjamais l’occasion de mettre enœuvre en tant que président,aurait consisté à s’adresser plusdirectement aux électeurs du cen-tre, ce qui supposait une pratiqueet un discours différents. La ques-tion des rapports avec le PCF alongtemps cristallisé l’opposition

entre ces deux stratégies. Si la cour-se au centre reste plus que jamaisd’actualité, les données en sontaujourd’hui très différentes.

L’échec, semble-t-il déjà consom-mé, de la candidature de FrançoisBayrou pour l’UDF, le libéralismeaffiché d’Alain Madelin, perçu com-me un repoussoir pour un certaincentrisme à la française, fontqu’aujourd’hui aucun candidat n’in-carne le centre de façon crédible.L’espace est libre et la course ouver-te entre les deux principaux candi-dats, Lionel Jospin et Jacques Chi-rac, ce qui peut contribuer àexpliquer un certain parallélismedes discours.

Du côté de Jacques Chirac, l’at-

tention portée à cet espace disponi-ble nourrit sans doute les réticen-ces que semble manifester le prési-dent sortant face au discours dedroite pur et dur que lui suggèrentcertains de ses conseillers. La diffi-culté, pour le président sortant, estde convaincre des centristes pro-européens, très circonspectsvis-à-vis du RPR, sans se couper desa base traditionnelle : celle-ci estsouvent proche des préoccupa-tions souverainistes exprimées aus-si bien par Jean-Pierre Chevène-ment que par Charles Pasqua.Enfin, M. Chirac doit penser auxélecteurs d’extrême droite pour lesecond tour – et peut-être mêmedès le premier.

Quant à Lionel Jospin, tout enrefusant, conformément à la tradi-tion du PS, d’assumer le terme, iltient jusqu’à maintenant un dis-cours conçu, à l’évidence, pour nepas heurter l’électorat centriste endéshérence. Dans ce contexte, lepremier ministre-candidat doit seméfier sur sa gauche (sans parlerdu désormais inclassable et impré-visible Jean-Pierre Chevènement,moins préoccupant depuis qu’ilparaît marquer le pas), au premiercomme au second tour. Le PCF ten-te de survivre et ne constitue plusun pôle d’attraction, mais lesreports de voix communistes, le5 mai, pourraient être difficiles. LesVerts ont une capacité d’attirance,mais sont si englués dans leurs que-relles et leurs contradictions inter-nes qu’ils pourraient découragerleur propre électorat. Ce qui neveut pas dire que cet électorat seretrouverait massivement surM. Jospin. En revanche, les « nou-velles » gauches – celle qui sereconnaît aujourd’hui dans ArletteLaguiller, celle qui participe aumouvement contre la mondiali-sation libérale – ont à l’évidence levent en poupe.

Ces mouvances émergentespourraient poser avec acuité àM. Jospin un problème auquel lePS a commencé à être confrontédès 1988. L’évolution de la gauche« classique » a conduit progressive-ment une fraction de son électorat,notamment dans la jeunesse et les

classes populaires, à se détacherd’elle. La structuration de mouve-ments comme Attac – qui ont main-tenant leurs propres militants etoffrent de nouveau des objectifspolitiques aux déçus des partis –pourrait consacrer cette rupture.

Dès le premier tour, M. Jospin ris-que de sentir les effets de ce nou-veau paysage. Espère-t-il malgrétout qu’il pourra tenir, au secondtour, les deux bouts de la chaîne,en ralliant les récalcitrants de gau-che, grâce à un sursaut de « discipli-ne républicaine », tout en récoltantune partie des voix centristes ? Oubien considère-t-il que les voix decette gauche-là sont bel et bien per-dues, ce qui expliquerait que, dès ledébut de la campagne, il ait adoptéun profil très modéré ? Les résul-tats des élections, la façon donts’opèrent les reports de voix, l’ana-lyse des abstentions apporterontdes réponses cruciales pour l’ave-nir de la gauche.

Après les années 1980, où M. Jos-pin fixait au PS l’objectif de 30 %de l’électorat, tandis que Jean-Pier-re Chevènement ou LaurentFabius rêvaient à haute voix d’unparti qui représente à lui seul 40 %des voix, après l’expérience de lagauche plurielle de 1997 à 2002, lescontours de la gauche de gouverne-ment du nouveau siècle commence-ront à se dessiner avec les résultatsdes scrutins d’avril-mai et de juin.

Jean-Louis Andreani

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Afghanistan : retour à la case départ ?

Secrètement convoité, le centre toujours

H O R I Z O N S A N A L Y S E S

Page 16: Les dix engagements de Jospin - scholar.lib.vt.edu · cès, Alessandro Baricco bous-cule les clichés sur la mondia- ... « 900 000 chô-meurs de moins d’ici à 2007, un droit à

18/LE MONDE/MARDI 19 MARS 2002

Suite de la première page

Ils « oubliaient » le sort inégali-taire réservé aux « indigènes ». Lessoldats français du contingentavaient le sentiment très net den’être pas les responsables de lasituation de guerre. Ils avaient exé-cuté les ordres de leurs supérieurs,et se trouvaient pris dans un engre-nage. Les officiers français de laguerre d’Algérie affirmaient avoirsimplement obéi aux pouvoirs poli-tiques. Ils « oubliaient » les impor-tants pouvoirs politiques dont ilsdisposaient, notamment aumoment de la fameuse « batailled’Alger » en 1957. Les harkis égale-ment, ces soldats musulmans sup-plétifs qui ont combattu aux côtésde l’armée française, ont été aban-donnés. Ils ont été massacrés, etne pouvaient pas se sentir respon-sables.

Et la classe politique française ?La majorité de la droite politiquereconnaissait en de Gaulle son« sauveur », reconstituant après1962 un consensus politique autourde sa personne pour faire oublierson attitude en faveur de l’Algériefrançaise. La gauche égalementreconsidère son histoire puisqueelle avait approuvé les « pouvoirsspéciaux » en mars 1956, disposi-tions envoyant le contingent enAlgérie. Jusqu’en 1960, la gauchefrançaise était pour « la paix enAlgérie ». Elle ne se prononcerapour l’indépendance que tardive-ment. Elle aussi reconstruira unrécit mythologique lié à la questionde l’indépendance de l’Algérie,peut-être pour faire oublier sa posi-tion antérieure. Celle d’une attitu-de classiquement jacobine, pourl’amélioration des conditions de viedes « indigènes » dans les colonies.

Lorsque la guerre se termine, per-

sonne n’est responsable. Et les sol-dats, les pieds-noirs, les harkis,tous se considèrent comme des vic-times. La mise en scène de l’amné-sie accompagne le processus de vic-timisation, pour éviter d’évoquertoute culpabilité personnelle et éta-tique sur l’Algérie et la guerre. Lestatut de victime se renforce dansles années 1980 où il vaut mieuxapparaître en victime qu’en com-battant ou en militant. Les plaintesen nombre pour « crimes contrel’humanité » s’inscrivent dans cettetendance. Autre explication del’oubli, la blessure du sentimentnational. La fin de l’Algérie françai-se développe un sentiment très fortde l’amputation d’une partie du ter-ritoire national. « L’Algérie, c’étaitla France. » Le conflit s’élabore

comme une sorte de guerre civilefranco-française, où semble sejouer l’avenir tragique du pays. L’in-dépendance de l’Algérie devientalors synonyme d’abaissement dela nation.

L’installation dans une situationd’amnésie, à propos de l’Algérie,conduit à une interrogation surl’oubli. Après la terrible période dela guerre, comment est-il possiblede vivre perpétuellement en état demémoire frénétique, mélancolique,envahissante ? Il faut peut-être aus-

si, quelquefois oublier pour vivre.Et puis existe un autre oubli, organi-sé par les Etats, qui instaure desamnisties, visant à dissimuler, à nepas assumer ses torts ou ses respon-sabilités. C’est un autre typed’oubli. Derrière l’oubli nécessaire,celui de la sortie d’une guerre, sedissimule l’oubli pervers visant à nerien reconnaître de la culpabilitéqui s’est longtemps cachée dans lasociété française.

Sur les circonstances du retourde la guerre d’Algérie dans la socié-té française d’aujourd’hui, un élé-ment domine, le passage des géné-rations. Celui qui a vécu un événe-ment décisif éprouve le désir de lais-ser une trace. Au soir d’une vieapparaît la nécessité de se délivrerdavantage d’un poids, d’un secretou d’un remords. De leur côté, lesjeunes générations éprouvent lebesoin de s’inscrire dans une généa-logie, dans une filiation, de savoirquelle a été l’attitude du père ou du

grand-père dans cette guerre. Cettesituation-là s’observe dans la jeu-nesse française, mais aussi dans lajeunesse d’origine algérienne.

Dans les générations politiques,le vote à l’Assemblée nationale du10 juin 1999, à la quasi-unanimité,reconnaissant « une guerre » enAlgérie est révélateur. Une majori-té des députés étaient des« anciens » d’Algérie, des gens quiavaient connu, ou fait, la guerred’Algérie. Le vote à l’Assembléenationale et la présence de person-nages politiques au sommet del’Etat expliquent la volonté d’inscri-re en des lieux de commémorationla mémoire de cette guerre. Com-me la construction d’un « Mur » àParis à la mémoire de soldats tom-bés en Algérie, ou la pose d’une pla-que à la mémoire des victimes algé-riennes du 17 octobre 1961. Bref,des cadres politiques de la mémoi-re se mettent en place permettant àcelle-ci de s’exprimer davantage.

Un autre élément permet de com-prendre ce retour : le détour par cequi se passe aujourd’hui en Algérie.Les enjeux brûlants de la guerred’Algérie en France s’inscriventdans une mémoire en miroir. Del’autre côté de la Méditerranée,depuis dix ans, une guerre civilecruelle a fait des dizaines de milliersde morts. Dans cette tragédie algé-rienne reviennent les souvenirs dela première guerre d’indépendance.Des mots surgissent comme « terro-risme », « fanatisme », « massa-cre », « violence », « bataille d’Al-ger ». Inévitablement, le souvenirde la guerre précédente vient per-turber celle du présent.

A travers la tragédie vécue, desfigures qui avaient été écartées dela scène politique pendant la

guerre d’indépendance, ou au len-demain de cette guerre, fontretour. L’aéroport de Tlemcen s’ap-pelle désormais « aéroport Messali-Hadj » et l’université de Sétif a prisle nom d’« université Ferhat-Abbas ». Ces deux figures fondatri-ces du nationalisme algérien sontlongtemps restées dans l’ombre.D’autres personnages occultés,comme Mohamed Boudiaf ou Aba-ne Ramdane, animateur central ducongrès de la Soummam enaoût 1956, ont fait leur « réappari-tion » à travers une série de publica-tions, colloques, ouvrages, polémi-ques.

Les Algériens éprouvent la néces-sité de comprendre le secret de laviolence actuelle, en fouillant ledéroulement de leur guerre d’indé-pendance. Des récits d’atrocités,comme le massacre de Melouza demai 1957 où 374 villageois, soup-çonnés de sympathies messalistes,ont été égorgés par une unité del’ALN, ont été portés à la connais-sance du public algérien. D’autresexactions algéro-algériennes éclai-rent, en grande partie, l’archaïsmedes violences paysannes à l’œuvreaujourd’hui en Algérie. La violencetrouve aussi son ressort dans lafabrication d’un parti unique, àvisée hégémonique, qui a écartétous ses concurrents, non seule-ment les messalistes, mais aussi lescommunistes, les « berbéristes ».L’origine de l’islamisme politiqueest à chercher dans cette violenceportée par le parti unique et le com-munautarisme paysan. La recher-che s’oriente également sur le rôlede l’armée dans l’histoire politiquedu nationalisme. Mais la questiondes harkis, ces paysans en armesqui ont combattu avec la France,reste encore taboue. D’autresdébats ont vu le jour, sur la ques-tion berbère dans l’histoire du mou-vement nationaliste algérien. Tousces questionnements visent à nousdire une chose : l’Etat perd progres-sivement le monopole d’écriture del’histoire de la guerre d’indépendan-ce algérienne.

Il n’est pas possible d’envisagerles retours de mémoire liés à laquestion de l’Algérie en Franceindépendamment du travail quis’exerce de l’autre côté de la Médi-terranée. La circulation, le passageentre les différentes mémoires sontindispensables car en France et enAlgérie existent des récits imbri-qués où se mêlent le« face-à-face », mais aussi le« côte-à-côte ». Les écritures enmiroir favorisent les retours d’his-toire, les Algériens, eux aussi, ten-tent de se débarrasser d’unemémoire falsifiée de leur guerred’indépendance.

La France se trouve en outre pri-se dans un mouvement mémorielqui s’exprime à l’échelle internatio-nale, avec peut-être une restrictiondu « temps de latence ». Les trau-matismes liés aux guerres entraî-nent un long temps de latence pouressayer de regarder en face ce quis’est passé. Ce phénomène a pus’observer autour de la question deVichy. Trente ou quarante ans sontquelquefois nécessaires pour« assumer » des histoires doulou-reuses, passer de la mémoire à l’his-

toire, trouver et désigner des coupa-bles. La restriction du « temps delatence » permet des mises en accu-sation judiciaires rapides et lavolonté de vite savoir. C’est unenouveauté. Il a fallu attendre long-temps pour que se tienne le procèsde Maurice Papon, lié à son com-portement sous Vichy. En revan-che, en 1998, au cours du procès,très vite le « Papon de 1942 » deBordeaux est devenu un « autrePapon », celui d’octobre 1961, lors-qu’il était préfet de police de Paris.Il n’y a pas eu d’attente, de distancecritique, historique, pour mettre enœuvre des procédures de mise enaccusation ou d’écriture des faits.

Enfin, la question du désir deconstruction d’identité personnel-le, à travers des réappropriationsde mémoire, est importante. La for-te présence de la catégorie-mémoi-re sur la scène publique est à met-tre en rapport avec la crise des idéo-logies globales. La mémoire appa-raît comme le moyen de se réfugierdans ce qui peut paraître sûr, dansle vécu personnel, individuel oufamilial. La méfiance est grande àl’égard des tentatives idéologiquesd’explication globale. La peur deperdre son identité dans un proces-sus d’homogénéisation mondialiséprovoque un retour vers le passé,surtout quand le présent est remplid’angoisses et de frustrations.

La recherche mémorielle entendégalement pouvoir s’inscrire dansdes histoires plus globales, plusgénérales qui visent à redéfinir desrécits nationaux. A cet égard, l’ap-parition dans la société françaisede nouveaux groupes porteurs dela mémoire algérienne est fonda-

mentale. Jusqu’à présent, deuxgrands groupes porteurs des« années algériennes » ont existédans l’espace public. Les Euro-péens d’Algérie, dans les années1970, à travers une série de récits,de batailles pour ce qu’on a appelé« l’indemnisation des rapatriés », sesont fait beaucoup entendre. Unautre groupe, celui des soldats fran-çais, s’est manifesté à travers desassociations, pour la défense deleurs droits. Ces deux groupes,Européens et soldats, ont fait valoirun certain récit de l’histoire de laguerre d’Algérie, celui de la « nostal-geria », de la perte d’une Algérieconviviale et coloniale, par « trahi-son » des pouvoirs politiques.

Les enfants ou petits-enfants

issus de l’immigration algérienneen France forment un nouveaugroupe qui a surgi dans la sociétéfrançaise, dans les années 1980. Ilsne s’inscrivent pas dans le récit dela « nostalgeria » voulant se remé-morer un passé perdu. Ils veulent,au contraire, comprendre le pré-sent qu’ils vivent au quotidien com-me exclus, ou stigmatisés. Dans cet-te recherche, ils butent sur la ques-tion coloniale. A partir de là, ce nou-veau groupe bouscule le récit tradi-tionnel de l’Algérie coloniale.

Les retrouvailles de mémoiresont tout à fait positives. Elles per-mettent de regarder l’histoire enface, de pouvoir l’écrire, mais ellessont aussi révélatrices de problè-mes. Le risque existe d’une appari-tion de mémoire communautari-sée, où chacun regarde l’histoire del’Algérie à travers son vécu, sonappartenance familiale. Ce regardparticulier ne permet pas le « métis-sage » des mémoires pour éviterque l’histoire ne se rejoue. Unretour problématique répète le cloi-sonnement des mémoires où cha-cun vient disputer une date, un lieude commémoration.

Le problème soulevé par la datedu 19 mars, comme moment decommémoration signifiant la fin dela guerre d’Algérie, est symptomati-que. Les Européens d’Algérie consi-dèrent que la guerre ne s’est pas ter-minée le 19 mars 1962. Ils invo-quent à juste titre le massacre de larue d’Isly du 26 mars 1962, où46 Français d’Algérie ont été tués,et les enlèvements d’Européens àOran le 5 juillet. Cette absence deconsensus sur une date signifiequ’il est difficile de se réconcilier,que la mémoire retrouvée ne suffitpas. Des stratégies communautai-res réapparaissent, empêchant lafabrication d’une mémoire nationa-le, unifiée et plurielle. Les mémoi-res cloisonnées ne parviennent pasà apaiser les obsessions ou les dou-leurs liées à la séquence de laguerre d’Algérie. Mais réinstau-rent, quelque part, une sorte de hié-rarchie des communautés liées àl’histoire de l’Algérie coloniale.

L’important toutefois est que,quarante ans après, la mémoire« ancienne combattante », cellequi veut toujours vivre avec,rejouer toujours la guerre, s’épuise.Ceux et celles qui vont devoir faireet font déjà l’Algérie et la France dedemain n’ont aucune responsabili-té dans l’affrontement d’hier. Lamajorité des jeunes considèrentl’indépendance de l’Algérie commeun fait inévitable, nécessaire, nor-mal. Le drame franco-algérien nedevient qu’une page de leur histoi-re. Ils veulent lire cette page avecméthode, loin du bruit et de lafureur longtemps entretenus parleurs aînés, acteurs de cette histoi-re. Ils entendent sortir de l’enferme-ment du traumatisme colonial, sor-tir des litanies de l’ancienne victi-me et des autojustifications aveu-gles de l’ancien agresseur, pour for-ger des valeurs d’égalité sur les rui-nes du mépris, de la haine. Le tra-vail pour retrouver la mémoire dela guerre d’Algérie n’est donc pasfini.

Benjamin Stora

E Monde a commu-niqué l’informa-tion dans son édi-tion du 1er mars :« L’épreuve de com-position française

du concours interne de l’agrégationde lettres modernes, dont le sujetcontenait une erreur de frappe, aété annulée. » Il fallait lire « sur-prendre » et non « suspendre »dans une citation de Marivaux.Les 1 652 candidats repasserontl’épreuve le 26 mars.

L’incident pourrait passer inaper-çu : le « mammouth » a connu biend’autres faux pas, et l’on pourraitse contenter de mettre cettecoquille sur le compte d’un hasardmalencontreux… Nul n’est coupa-ble, bien sûr : ni le jury, ni l’impri-meur du ministère, ni la directiondes personnels enseignants, ni lescentres d’examen, ni le ministre.Reste Marivaux : quelle idée ausside ne pas écrire comme tout lemonde ! C’est son style ambigu,sans nul doute, qui est source d’er-reurs.

L’affaire serait en effet excusa-ble si elle était isolée. Mais, dans lecas de l’agrégation interne, elle apu être ressentie d’autant plus légi-timement comme un affront qu’el-

le venait après d’autres signes demépris ou de désinvolture, assezrévélateurs de l’attitude du ministè-re de l’éducation nationale, pour-tant si zélé quand il s’agit de fairedu « respect » un mot d’ordre,envers ses propres personnelsenseignants. Car les candidats quise présentent à ce concours sont

des professeurs déjà titulaires, quidéploient beaucoup de temps etd’énergie, le plus souvent en plusd’un service complet d’enseigne-ment et au détriment de leur vie defamille, à assimiler un programmeexigeant et à se former dans desconditions difficiles à des épreuvesparticulièrement sélectives.

En littérature française et compa-rée, le programme et le niveaurequis sont très proches de ceuxauxquels sont confrontés les candi-dats à l’agrégation externe, étu-diants qui se consacrent à tempsplein à leur préparation. Il y a quel-ques années, pour tenir compte deces différences dans les conditionsde préparation, le concours inter-

ne avait lieu, logiquement, beau-coup plus tard que l’externe.Depuis trois ans, c’est le contraire :les candidats à l’agrégation internedécouvrent le programme en mai,commencent à bénéficier d’unepréparation régulière en octobre,au début de l’année universitaire,et se présentent à l’écrit en février,deux mois avant les candidats duconcours externe. Moins d’un anentre la publication du program-me et le concours, moins de cinqmois de préparation sérieuse : il ya là de quoi désespérer les ensei-gnants les plus dynamiques – toutautant que leurs formateurs, lesuniversitaires spécialistes des tex-tes au programme, chargés d’unemission impossible. Comme si toutétait fait pour décourager lesprofesseurs des lycées et collègessoucieux de renforcer leurs compé-tences.

Après ce changement de calen-drier imposé sans concertation,seconde surprise (pour ne pas quit-ter Marivaux) : au printemps 2001,le Bulletin officiel de l’éducationnationale publie un programme delittérature comparée pour leconcours 2002 (sur la guerre)… quisera démenti au cœur de l’été(« l’intime » remplace « la

guerre »). Dans certaines acadé-mies, les formateurs avaient puêtre informés, donc informer. Ilvalait mieux interroger directe-ment le président du jury, qui reje-tait la responsabilité de « l’er-reur » sur la direction des person-nels enseignants… Mais beaucoupde candidats, pour avoir eu legrand tort de se fier aux textes offi-ciels du ministère, ont travaillé pen-dant l’été sur un programme qui

n’était pas le bon : on imagine lajoie de ces enseignants « en vacan-ces », qui passent le mois d’août àétudier Eschyle et Shakespeareavant de découvrir à la rentréequ’il leur reste quelques mois pour

travailler à fond les textes de Vale-ry Larbaud et de Virginia Woolf…

Pour des hasards, cela fait beau-coup. Malgré tout, ces jours-ci, lesprofesseurs-candidats continuentde travailler – et relisent Marivaux(non sans goûter autrement lestitres de ses pièces : L’Epreuve, LeChemin de la fortune, Le Dénoue-ment imprévu…). Et leurs forma-teurs essaient de les préparer com-me ils le peuvent, dans le

brouillard : car n’allons pas croireque le ministère ait jugé bon d’in-former les responsables de forma-tion de l’annulation de l’épreuve etdes changements de calendrier.Quand on coordonne une prépara-

tion à l’agrégation interne, il vautmieux lire un grand quotidien dusoir pour se tenir au courant.D’autant qu’on n’y trouve sansdoute pas plus de coquilles quedans les textes officiels.

On attend maintenant le dénoue-ment, et le dévoilement de la véri-té, comme au théâtre. Ou bienl’agrégation interne est condam-née, et l’on aimerait que ce soit clai-rement dit, et argumenté. Ce seraitla victoire de la paresse et de l’im-mobilisme. Ou bien l’on estimeque ce concours a un sens et unavenir, qu’il constitue non seule-ment un moyen unique de promo-tion interne et de formation intel-lectuelle de haut niveau pour lespersonnels enseignants, mais unepasserelle indispensable entre lepetit monde des chercheurs en lit-térature et la pratique de l’ensei-gnement des lettres au quotidien.Et dans ce cas les candidats, autantque leurs formateurs, attendentdes signes forts qui viendraient à lafois compenser les torts qu’ils ontsubis et témoigner d’une véritablevolonté politique : dès cette année,une augmentation significative dunombre de postes ; dès l’an pro-chain, le retour à un calendrierdécent et réaliste.

Derrière l’oubli nécessaire, celuide la sortie d’une guerre, se dissimulel’oubli pervers visant à ne rien reconnaîtrede la culpabilité qui s’est longtempscachée dans la société française

Ceux et cellesqui vont devoirfaire et font déjàl’Algérie et laFrance de demainn’ont aucuneresponsabilitédans l’affrontementd’hier

La mémoire retrouvéede la guerre d’Algérie ?

Ou bien l’agrégation interneest condamnée, et on aimeraitque ce soit clairement dit. (…) Ou bienon estime que ce concours a un sens,et les candidats, autant que leursformateurs, attendent des signes forts

Le jeu du concours et du hasard par Denis Labouret

L est maîtrede conférences à l’universitéParis-Sorbonne (Paris-IV)

H O R I Z O N S D É B A T S

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LE MONDE/MARDI 19 MARS 2002/19

Barcelone vu par la presse européenneAvec ses compromis, le sommet de l’UE fait figure d’auberge espagnole

À LIRE les commentaires de lapresse européenne sur le sujet, lesommet de Barcelone fait figured’auberge espagnole où chacun atrouvé, mollement, son comptedans les compromis qui y ont étéscellés. D’un côté, résume LeTemps de son poste d’observateurhelvétique, l’accord trouvé « fait lapart belle aux tenants de la dérégula-tion en donnant une nouvelle impul-sion au processus de restructurationde leur économie ». D’un autre côté,ce compromis « ne va pas aussi loinque les partisans d’une libéralisationà marche forcée l’auraient voulu ».Toutefois, « des pas en avant – etplus que prévu – ont été franchisdans la construction de l’Europesociale et vers le plein emploi », ajou-te El Mundo (droite modérée) deMadrid, pour lequel le bilan de cesommet « reflète bien le style politi-que de l’amphitryon José Maria

Aznar : pas de décisions spectaculai-res mais des avancées dans la bonnedirection ». Ce que son concurrentABC (droite) traduit par une autreformule : « Les amateurs de pyro-technie politique peuvent certes êtredéçus », mais « l’esprit pratique atriomphé ». Les trois grands « libéra-lisateurs » que sont MM. Aznar, Sil-vio Berlusconi et Tony Blair ontnotamment concédé à la France dedifférer d’un an (2004) l’ouverture àla concurrence de son marché del’électricité pour les seules entrepri-ses. Aucune date n’a été fixée pourcelui des consommateurs, Paris s’en-gageant « vaguement à aborder cesujet l’an prochain », déplore ElMundo.

« »« L’alliance de M. Blair avec l’Ita-

lie et l’Espagne est astucieuse et bien-venue, mais son succès dépend finale-ment du bon vouloir de Paris et deBerlin », commente le Times deLondres. Le plus vieux quotidien bri-tannique se fait fort de rappeler quele premier ministre avait promisqu’à Barcelone « ça passerait ou çacasserait ». « Très charitablement, ils’est prévalu de succès solides maislimités », relève le Times. The Inde-pendent note qu’il s’en sort en affir-mant qu’un « tournant décisif a étéopéré au sein de l’Union européennevers un calendrier de libéralisation »des marchés, prouvant, selon lui,que la Grande-Bretagne « n’a pas àcraindre l’Europe, qui représente aucontraire une chance pour elle ». LeTimes publie par ailleurs desextraits d’un nouvel ouvrage deMargaret Thatcher dans lequel la« Dame de fer » explique en subs-tance que « l’heure a sonné » pourson pays de « commencer à se reti-rer de l’UE », devenue à ses yeux« fondamentalement irréformable »,à l’aube d’un nouvel élargissement,un processus qui « diluera les avan-tages de l’Union » pour le Royaume-Uni. « Sur ce point au moins,M. Blair devra ferrailler dur pour s’as-

surer que son prédécesseur a tort »,conclut le Times.

De son côté, M. Aznar peut seréjouir, au chapitre de l’électricité,« du triplement des interconnexionsentre la France et l’Espagne » afind’empêcher les pannes générales,note ABC. « Il faut remercier la Fran-ce, ajoute El Pais de Madrid (gau-che), pour avoir défendu la thèseselon laquelle l’électricité n’est passeulement un produit à vendre lemoins cher possible mais un servicepublic d’intérêt général, ce qui impli-que une distribution universelle et dequalité. A travers la défense d’intérêts

concrets de l’Europe sociale, l’axefranco-allemand a de nouveau fonc-tionné à Barcelone. »

La presse italienne reste assezsceptique, à l’image de La Stampa :« Le plat froid de Barcelone a été ser-vi et mangé, mais tous ont encorefaim. (…) Les objectifs fixés restentlointains », tandis que « le fosséentre le revenu moyen des Européenset des Américains continue de se creu-ser. (…) Le navire européen avancedans la bonne direction, mais tou-jours aussi lentement. »

lemonde.fr pour Le Monde

a RFIGeneviève GoëtzingerLa France de Jacques Chirac et deLionel Jospin est apparue ce week-end bien isolée et souvent incom-prise, mais convaincue d’avoir rai-son, seule contre tous. Leur concep-tion du service public fait peud’émules en Europe. Ils en sontconscients mais, comme une cam-pagne présidentielle incite rare-ment au courage politique, il s’agis-sait pour eux d’être en phase avecles Français. La cohabitation prêteà la surenchère, au paradoxe aus-si. Jacques Chirac, pourfendeurd’une « idéologie socialiste » incar-née, à ses yeux, par Lionel Jospin, ycède avec délice lorsqu’il se pose enchampion de « l’exception françai-se » dans une Europe convertie aulibéralisme… Cela ne peut queconforter les électeurs dans leurdoute sur la réalité de leurs opposi-tions.

a LCIPierre-Luc SéguillonL’Europe commande. De plus enplus. Le libre arbitre des pays mem-bres se réduit. Chaque jour davan-tage. La bataille, conduite à grandsfrais de publicité par Jacques Chi-rac et Lionel Jospin à Barcelone,pour tenter de retarder la libéralisa-tion du marché de l’énergie n’a étéqu’un combat d’arrière-garde. Leprochain chef de l’Etat ne pourranon plus éviter, quelles que soientses promesses électorales, d’allon-ger le temps de cotisation pour l’ob-tention de la retraite, à moins derenier ses propres engagementseuropéens. Enfin et surtout, c’estavec une belle unanimité que le pre-mier ministre et le président de laRépublique ont renouvelé, avecleurs collègues européens, l’engage-ment de respecter le pacte de stabi-lité et d’atteindre l’objectif del’équilibre budgétaire en 2004. Voi-là pourquoi la différence entre Jac-ques Chirac et Lionel Jospin ne rési-de guère que dans un dosage entreplus ou moins d’allégement de lacharge fiscale et plus ou moinsd’amaigrissement de l’Etat !

« FINANCIAL TIMES » (LONDRES)

DANS LA PRESSEFRANÇAISE

SUR LE NET

Objectif Saddam. En guerre contre l’« axe du Mal », les Etats-Unis préparent une action militaire pour renverser Saddam Hussein.Dessin de Bromley.

(« Courrier international » pour « Le Monde »)

Arrachés à leur famille, à leur fian-cée, à leur atelier, à leur champ, àleur école pendant vingt-sept mois, les anciens combat-tants d’Afrique du Nord ont beau-coup souffert. Ils sont partis parceque l’Etat l’avait imposé, avec leurformation d’honnêtes citoyens etpour certains avec leur éducationreligieuse. Beaucoup ont vécu l’en-fer des embuscades, despatrouilles de nuit, ont côtoyé lamort et les morts. D’autres ont euplus de chance et un peu moins derisque. (…)Que des faits horribles soientrévélés est une excellente initiati-ve si l’on peut en espérer une cer-taine prévention. Mais ce qui estinsupportable, c’est la suspicionque laissent planer ces actes bar-bares sur des milliers de jeunesqui ont su garder la droiture

acquise dans leur famille et àl’école. (…) Les anciens combat-tants d’autres guerres sont fiersde leur engagement. Les ancienscombattants d’Afrique du Nordsupportent déjà mal le souvenirde cette guerre de l’inutile. Elle adévoré leur jeunesse, parfois leursanté et les ronge encore. Person-ne ne les aide à en sortir. Alors degrâce, n’en rajoutez pas en pré-sentant des jugements ponctuelsressentis comme collectifs.Dénoncez les folies meurtrières,mais s’il vous plaît préservez lereste du troupeau resté aussi sainque possible dans des actionsguerrières imposées.

Joseph Eusebeet Denis Jacquier

Thônes et Veyrier-du-Lac (Haute-Savoie)

Mlle Leblanc m’a appris à lire, m’aappris à écrire et à compter. Enrevanche, pendant ses classes,Mlle Leblanc ne m’a pas préparé àaccepter silencieusement les atta-

ques de barbares modernes contredes septuagénaires sans défense.(…) Tous les efforts déployés parMarie Leblanc au service de sonprochain lui ont été payés enretour par le coma sans réveil danslequel, à Blois, ses agresseurs l’ontplongée. Comment avons-nouslaissé notre société dériver jusque-là ? Quelles motivations diaboli-ques conduisent des délinquants às’en prendre avec tant de violenceà la plus fragile des cibles : unemamie de 78 ans et de 40 kilos ?(…) Réagissons, mobilisons notresens du civisme enfoui sous noscarapaces d’individualistes désabu-sés. (…) Mlle Leblanc m’a apprisbeaucoup de choses ; j’aimerais àmon tour faire quelque chose ensa faveur en mobilisant nos éner-gies contre ce type d’actes odieuxafin de réparer cette société abî-mée par notre laxisme. Il nous fautrefuser une situation qui s’imposeinsidieusement. (…)

Fabien JacquotAsnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine)

OUSSAMA Ben Laden est insom-niaque, souffre des reins et raffolede yaourts. Ces détails sur la per-sonnalité du chef d’Al-Qaida sontpuisés à bonne source. Ils sont don-nés par Al-Majallah, un hebdoma-daire arabe basé à Londres, quipublie un entretien avec l’une desquatre épouses du terroriste d’origi-ne saoudienne. Celle-ci a acceptéde recevoir le journaliste KhalidNasr, à condition qu’il ne divulgueni son identité, ni l’endroit où l’en-tretien a eu lieu, ni aucune photo-graphie d’elle. Seule indication :elle vit dans une maison modesteet a répondu calmement aux ques-tions. L’entretien a été traduit parle site Internet de la BBC et repu-blié le 15 mars par le Guardian.

Ben Laden n’était guère loquaceavec son épouse, qu’Al-Majallahidentifie par les initiales A. S. « Ilavait souvent l’habitude, racon-te-t-elle, de rentrer tard à la maisonet de s’étendre seul sur son lit pen-

dant des heures. Il se mettait encolère si je lui adressais la parole.Ces derniers temps, il était toujoursinquiet et semblait fatigué à causedu manque de sommeil. Le plus sou-vent, il prenait des somnifères. » Ilavait deux femmes à Kandahar,une troisième à Kaboul et la derniè-re dans les montagnes de ToraBora. « Il venait me voir une fois parsemaine, puis seulement toutes lesdeux ou trois semaines. Il m’empê-chait de sortir de chez moi de peur,disait-il, qu’on me fasse du mal.Notre maison était très simple. Oussa-ma aimait le pain, les yaourts, lemiel et les dattes. Il mangeait rare-

ment de la viande. » Ce qui ne l’em-pêchait pas d’« aller à la chasse levendredi avec un groupe d’amis ».

Son mari doutait parfois quel’Afghanistan reste un refuge sûr :« Il m’a dit un jour qu’il craignaitque les talibans se retournent contrelui, qu’ils cherchent à se débarrasserde lui, et qu’il avait quelques différen-ces de vues avec le mollah Omar. »

« “ ” »Il n’a jamais évoqué devant A.

S. son intention d’attaquer lesEtats-Unis. « Il parlait de l’hégémo-nie de l’Amérique et de sa coopéra-tion avec Israël. Il me disait toujoursqu’il avait un “grand plan”, qu’ils’était fixé pour mission d’affronterles Etats-Unis, qui humiliaient lesArabes, et qu’il disposait de nom-breux jeunes combattants désireuxde mener la guerre sainte contre eux.Il n’aimait pas que je lui parle de cegenre de sujet. Il se mettait en colèrelorsque je cherchais à l’interroger. Il

m’a dit de ne plus jamais parler detout cela avec lui. »

La dernière fois qu’A. S. a vu BenLaden, c’était « avant les événe-ments de septembre ». « Il est venu àla maison et m’a dit de téléphoner àma famille pour l’informer que nouspartions et qu’ils n’auraient pas demes nouvelles pendant longtemps.(…) Il ne m’a pas dit où nous allions.Il a préparé un véhicule et je suis par-tie avec une escorte et un de ses filsjusqu’à une région du Sud, frontaliè-re du Pakistan. Plusieurs jours plustard, nous avons eu connaissancedes explosions aux Etats-Unis. Lors-que les bombardements ont commen-cé sur l’Afghanistan, nous avonsrejoint les montagnes et vécu deuxmois dans une grotte avec une tribulocale qui nous a ensuite remis augouvernement pakistanais. »Depuis, Ben Laden ne l’a « jamaiscontactée ». Le croit-elle mort ?« En mon for intérieur, je sens qu’ilest encore vivant. Il n’a jamais évo-

qué son intention de quitter l’Afgha-nistan, où il voulait mourir. » Il lui adit : « Si je dois quitter l’Afghanis-tan, ce sera pour rencontrer le Créa-teur. » Ben Laden a toujours souf-fert des reins et eu des maux d’esto-mac. « Il m’a dit un jour qu’il allaitse faire soigner au Pakistan. C’étaitprès de deux mois avant les événe-ments. »

A. S. ne regrette pas d’avoir épou-sé Ben Laden, car « c’était la volon-té de Dieu », et elle ajoute : « Je necrois pas qu’il soit un terroriste telqu’on le dépeint en Occident. »

Dernier détail intéressant : dansl’Afghanistan des talibans, où nesubsistait que l’enseignement cora-nique, les enfants de Ben Laden sui-vaient de vraies études : « Ilsavaient des tuteurs particuliers quileur enseignaient l’anglais, l’arabe,les sciences et les mathématiques. Ilsapprenaient aussi l’informatique. »

Jean-Pierre Langellier

AU COURRIERDES LECTEURS

Ben Laden aimait la chasse et raffolait de yaourtsInterrogée par un journaliste du magazine arabe « Al-Majallah », une des femmes du chef terroriste

raconte sa vie de tous les jours. Même pour elle, Oussama demeurait énigmatique

H O R I Z O N S K I O S Q U E

Les documents cités dans cettechronique sont accessiblesdirectement à l’adressewww.lemonde.fr/surleneta Les Nations unies tiennent confé-rence sur le financement de l’aidepublique au développement dura-ble à Monterrey (Mexique) jus-qu’au 22 mars.www.un.org/esa/ffd/a Les sessions plénières sontretransmises en direct sur le Web.www.un.org/webcast/ffd/a Le 27 janvier, le comité prépara-toire est parvenu à un projet deconclusion pour le sommet nom-mé « consensus de Monterrey ».www.un.org/esa/ffd/aac257L13F.pdfa Le groupe de travail sur le déve-loppement économique et socialde l’ONU a mis en ligne les précé-dents accords internationaux.www.un.org/esa/sustdev/agreed.htma La conférence prépare le sommetde Johannesbourg qui doit se dérou-ler du 26 août au 4 septembre.www.johannesburgsummit .org

[email protected]

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20/LE MONDE/MARDI 19 MARS 2002

f Eric Besson (PS), porte-paro-le de Lionel Jospin pour l’écono-mie et les entreprises

La faillite retentissante d’Enronvient confirmer la justesse de l’ana-lyse de Lionel Jospin. Dans l’inté-rêt de tous, le marché doit êtrerégulé. Livré à lui-même, il ne res-pecte pas les principes qui le fon-dent : la concurrence, l’absence deposition dominante et la transpa-rence notamment. La loi « nouvel-les régulations économiques » de2001 était une première étapepour améliorer le fonctionnementde l’économie de marché. A l’ave-nir, l’ensemble des institutions selivrant à des activités financièresdevront voir leur obligation detransparence renforcée. Deuxièmeenseignement : les Etats-Unis nesont pas le modèle parfait. L’Euro-pe doit, dans ce domaine égale-ment, affirmer son propre modèle.L’indépendance des commissairesaux comptes, inscrite en Francedans la loi, doit être renforcée eninterdisant le cumul des fonctionsde conseil et d’audit. Enfin, ce scan-dale doit nous renforcer dansnotre volonté de protéger desméfaits de la spéculation le secteurcrucial de l’énergie et de ne pas fai-re reposer notre système de retrai-tes sur des fonds de pension, fus-sent-ils prétendûment qualifiésd’« à la française ».

f Nicolas Sarkozy (RPR)Le premier enseignement, c’est

qu’un marché ne peut être laissé àlui-même. Il faut des contrôleurs,des autorités publiques pourveiller à la stabilité du marché, à laqualité des informations. Ces auto-rités existent aux Etats-Unis com-me en Europe. Ce qui me frappe,c’est la réticence des autorités amé-ricaines à contrôler des acteurs quiprésentent un risque élevé. Je pen-se à Enron, mais aussi aux hedgefunds, comme LTCM, dont la failli-te en 1998 avait failli faire basculerles marchés. Le modèle européenest heureusement différent : il fautle promouvoir sans complexe. Madeuxième réflexion porte sur le

rôle des commissaires aux comp-tes. Le système français est plusprotecteur, mais il faut engager laconcertation, au niveau internatio-nal, avec les milieux économiques,demander plus de rigueur et detransparence. Mais la défaillancela plus grave est venue du cœurmême du système. C’est celle duconseil d’administration et ducomité d’audit, incapables de sur-veiller les dirigeants. Le système degouvernance interne a été dévoyépar l’usage des stock-options donton mesure ici les effets pervers, s’il

ne s’accompagne pas de transpa-rence et si les gains qu’il autorisesont démesurés. Je souhaiteraisque les entreprises françaises fas-sent des propositions, et édictentdes codes de bonnes pratiques.Dernière remarque : qui peut croi-re que la loi sur les nouvelles régu-lations économiques de M. Jospinpeut apporter un début de répon-se ? La négociation, le contrat, l’in-citation, l’action internationale,moins visibles peut-être, sont sou-vent plus efficaces.

f Pierre-Henri Leroy, gérantde la société-conseil Proxinvest

Il faut scinder les métiers de ban-que de crédit et de banque d’affai-res. Enron, dans la ligne des krachContinental Bank, Crédit lyonnaiset LTCM, symbolise d’une part lesoutien grégaire prolongé de lacommunauté financière au servicedes grands émetteurs, et d’autrepart l’accumulation de crédits ban-caires mis généreusement par lesmêmes banques au service d’unempilement de produits dérivésoptionnels ou de titrisation. Cecirésulte de la confusion croissanteentre deux types de métiers autre-fois incompatibles : les métiers

d’allocation et d’échange de fondspropres, le courtage en actions etla banque d’affaires, métiers dan-gereux mais profitables, et lesmétiers de collecte de dépôts etd’allocation de crédit, en principemoins profitables, légitimementprotégés et contrôlés par les ban-ques centrales. Partout, le conceptde banque universelle qui réunitles deux métiers a progressive-ment triomphé, du fait des intérêtsdes banquiers de crédit attirés parles marges de la banque d’affaires.On a ainsi offert sans le dire lagarantie des contribuables aux spé-culations pour compte propre desbanques. Politiques et autoritésn’ont pas su résister à la pressionet Bill Clinton a donné le coup degrâce en 1999 au Banking Act de1933. La gouvernance est une bon-ne chose mais elle ne suffira pas àprévenir d’autre Enron : il fautrevenir au Glass Steagall Act, cettelégislation américaine de 1930 quiinterdisait aux banques d’avoir à lafois une activité de prêteur et uneactivité qui implique de détenirdes titres d’une entreprise que l’onconseille.

f Nicole Notat, secrétairegénérale de la CFDT

Trop de gens ont confondu capi-talisme et casino, création derichesses et spéculation financière,innovation et manipulation, déve-loppement durable et fuite enavant. Enron peut être un coup desemonce salutaire. Il est grandtemps de mettre en place des systè-mes de gouvernance de l’entrepri-se et de régulation des marchésfinanciers qui assurent la transpa-rence de l’information. Ce sont les

règles de contrôle, les normes pru-dentielles et de surveillance desmarchés qu’il faut revoir, et notam-ment les facilités qu’offrent lesparadis fiscaux. Les syndicats ontun rôle à jouer parce qu’ils sont lescontre-pouvoirs naturels dans l’en-treprise et parce qu’il leur appar-tient de définir de nouveauxleviers d’action, notamment poursécuriser l’épargne des salariés etleur permettre de faire entendreleur voix sur les marchés finan-ciers. C’est le sens de la stratégieengagée par la CFDT, avec la CGT,la CGC et la CFTC dans le domainede l’épargne salariale. Nous vou-lons faire émerger des acteursfinanciers assurant le meilleur ser-

vice aux salariés, tout en faisantpression pour améliorer les prati-ques sociales et environnementa-les des entreprises.

f Arnaud Lagardère, cogérantdu groupe Lagardère

Au-delà des erreurs dues à l’or-gueil et à la démesure qui ont puêtre commises par les dirigeantsd’Enron, le monde de la financedoit en tirer les leçons. Les investis-seurs et ceux qui les conseillent doi-vent se méfier des effets de modes,des déclarations fracassantes oudes ascensions trop rapides. Lesentrepreneurs doivent se concen-trer sur la construction, pour lelong terme, des activités qu’ils diri-gent. Les contrôleurs doivent res-ter dans leur rôle. La définitiond’une stratégie industrielle est unexercice qui s’inscrit dans la durée,et qui ne peut espérer en perma-nence répondre aux dernières fou-cades de marchés.

f Pierre Gadonneix, présidentde Gaz de France

Premier constat, qui peut sur-prendre : la chute d’Enron n’a eupratiquement aucune conséquen-ce sur les marchés physiques del’énergie. Pour une raison simple :ses concurrents ont pris sa place !Enron a été le promoteur d’un nou-veau métier, le trading ou négoceénergétique, qu’il a développé et« financiarisé » en quelque sorte.Ce métier va continuer de se déve-lopper, mais avec des sociétés,comme la nôtre, qui disposent desactifs industriels nécessaires.

Le PDG d’Enron était allé troploin dans son idée de dissocier l’uti-lisation des actifs physiques de pro-duction ou de transport d’énergie,et les achats d’énergie, en amontou en aval. On ne peut pas prati-quer ce métier simplement avecun téléphone. La production et letransport d’énergie nécessitentdes investissements lourds et ris-qués, dont le financement ne peutêtre assuré qu’au travers de règlesdu jeu qui permettent d’établir descontrats de long terme. Les mar-chés à court terme ne peuvent pastout réguler, ils permettent enrevanche de compléter l’offre,d’optimiser l’activité.

f Gérard Mestrallet, PDG deSuez

Enron ne va pas remettre en cau-se les fondements du capitalisme.C’est un cas isolé de grande dimen-

sion, qui concentre toutes leserreurs. Dans un certain climat, lessignaux d’alerte ne fonctionnentpas. Certains analystes ont cherchéà mieux comprendre et à expliquer.

Ils n’ont pas été entendus. Le modede pensée générale était qu’Enronétait la meilleure société du secteuret que son modèle devait s’impo-ser. Elle avait les mêmes métiersque nous. Pendant deux ans, nousavons subi les remarques et con-seils de certaines banques d’affai-res et d’analystes qui nous propo-saient d’abandonner notre modèlepour suivre Enron. Ce scandale vase traduire par une vigilance accruependant un certain temps. Les res-ponsables les plus jeunes du mon-de bancaire qui n’avaient connuque la croissance ont découvertque l’économie pouvait aussi con-naître des faillites. Cela servira-t-illongtemps de leçon ? On peut déjàse demander où sera la prochaineerreur collective.

f Louis Schweitzer, PDG deRenault

Certains groupes sont valorisésà partir de leurs résultats concrets,d’autres à partir d’espérances qui

sont, naturellement, plus soumisesaux aléas ; la capacité d’induire enerreur est alors plus forte. La comp-tabilité actuelle est inventée pourdécrire des réalités physiques etpassées. Dès que l’on va vers l’im-matériel et l’avenir, elle n’est plusadaptée. Le deuxième problèmeque soulève Enron, c’est qu’onassiste parfois à une sorte de sur-enchère dans l’expression de cesespérances, qui deviennent alorsirréalistes. C’est là qu’on est tentéde travestir le réel. En fait, lesnormes disent comment on doitdécrire l’entreprise. Chacun estincité à le faire sous le jour le plusfavorable. Mais certains choisis-sent des moyens qui parfois n’ontpas été prévus par le concepteurdes normes.

Ce qui est important, c’estd’avoir des normes communes etadministrées. Par exemple nous

travaillons actuellement avec Nis-san (qui est aux normes japonai-ses) à l’établissement de normescommunes. Nous espérons abou-tir d’ici à 2004. Ensuite, ces normesdoivent être administrées. Lesgens ne doivent pas être juge etpartie. Si nous avons adopté la nor-me IASC, c’est parce que ce sontdes gens indépendants qui ont lacharge de faire évaluer le système.

f Gérard Rameix, directeurgénéral de la Commission desopérations de Bourse (COB)

Il est essentiel de restaurer laconfiance dans l’information finan-cière délivrée par les sociétéscotées. La COB travaille de longuedate sur les principaux enjeux dece dossier : qualité et indépendan-ce de l’audit, règles comptables,responsabilité des dirigeants etgouvernement d’entreprise, rôledes analystes. Beaucoup a été faitdans notre pays sur ces sujets,mais de nouveaux progrès s’impo-sent. Un Comité de déontologie etd’indépendance est chargé par laCOB de définir quelles missionssont compatibles avec la certifica-tion des comptes. Nous envisa-geons de rendre obligatoire pourles sociétés cotées la publicationdes honoraires d’audit et des rému-nérations versées au même cabi-net pour des missions de conseil.

Nous intensifions encore notreprésence sur le terrain comptablepour recommander aux entrepri-ses les pratiques les plus transpa-rentes, pour saisir les instances spé-cialisées chaque fois qu’il y a incer-titude ou ambiguïté dans l’applica-tion d’une règle comptable, pouraccélérer la préparation du passa-ge aux normes internationalesdites IFRS qui nous paraissentoffrir un cadre solide. Enfin, il fautéviter que l’essor de l’épargne sala-riale ne s’accompagne d’uneconcentration excessive des inves-tissements dans les titres de l’entre-prise. Confondre systématique-ment actionnariat salarié et épar-gne salariale serait dangereuxpour ces deux démarches.

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« Il faut des

contrôleurs, desautorités publiquespour veiller à lastabilité du marché »

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La spectaculaire d’Enron, septième entrepri-se américaine, naguère portée aux nues, prend cha-que jour plus d’ampleur. Son commissaire aux comp-tes, le cabinet Andersen, un des cinq géants mon-

diaux de l’audit, est en train d’imploser. En deux siè-cles d’histoire, aucune entreprise américaine ne s’estrelevée d’une . D’ores etdéjà, en Europe, des membres de ce cabinet cher-

chent à reprendre leur autonomie. Le Monde a deman-dé à neuf dirigeants français et à un économiste amé-ricain .Dans chaque pays, les autorités politiques et les res-

ponsables économiques s’interrogent. En -, au et en , chacuntente de réviser certaines règles pour améliorer lefonctionnement et la des marchés.

LA FAILLITE d’Enron et la des-cente aux enfers de son cabinetd’audit Andersen provoquent uneonde de choc mondiale au sein dusystème capitaliste. Daniel Lebè-gue, le directeur général de la Cais-se des dépôts et consignations, peuadepte des formules à l’emporte-pièce, juge même l’événement« plus grave que la crise de 1929 ».

Le courtier en énergie, septièmesociété américaine avec plus de100 milliards de dollars de chiffred’affaires, s’est effondré en sixsemaines, à la fin de 2001. C’est laplus grande faillite de l’histoire amé-ricaine. Son commissaire aux comp-tes, Andersen, a été inculpé le14 mars pour obstruction à la jus-tice, après avoir reconnu qu’il avaitdétruit des pièces comptables d’En-ron. Son avenir est sombre. Jamaisà Wall Street, en plus de deux siè-cles d’histoire, un établissementimportant n’a survécu à une accusa-tion criminelle. Déjà les cabinetsAndersen d’Espagne ont rompu lesaccords qui les liaient au cabinetinternational, et ceux du Royaume-Uni et d’Australie cherchent aussi àquitter le réseau.

Comment a-t-on pu en arriverlà ? Comme le résume Gérard Mes-trallet, président de Suez, « ce casconcentre toutes les erreurs ». Pen-dant des années, les comptes d’En-ron ont été manipulés avec la com-plicité plus ou moins active de sesauditeurs, de ses avocats et de sesbanques. Cette dérive a totalementéchappé à l’autorité de tutelle de laBourse américaine, la SecuritiesExchange Commission (SEC), com-me aux analystes financiers, agen-ces de notation, gestionnaires defonds et journalistes. L’entreprisetexane s’est lancée dans une fuiteen avant, dissimulant dans de multi-ples partenariats les dettes et lespertes. Le groupe a construit unenébuleuse de près de 4 000 filiales,une pour cinq de ses salariés !

La phase judiciaire n’en est qu’àses débuts. Les mises en examendevraient se succéder. Mais cetteaffaire, au-delà de la délinquancefinancière, illustre la dérive des insti-tutions et des règles qui assurent lacrédibilité de Wall Street. La princi-pale place financière de la planètes’est laissé griser par sa réussite, satoute-puissance et des années de

spéculation et d’impunité. Au pointaujourd’hui de se mettre en danger.« Si les actionnaires d’une société nesont pas raisonnablement sûrs que lesbénéfices annoncés sont réels et queles dirigeants ne profitent pas de leurposition pour s’enrichir à leur détri-ment, il n’y a plus de capitalisme »,souligne Robert Litan, responsabledes études économiques de la Broo-kings Institution.

La SEC ne sortira pas indemne de

ce scandale. Elle n’a pas effectué lemoindre contrôle des comptes d’En-ron depuis au moins 1997. A deuxreprises, dans les années 1990, elle amême autorisé le groupe énergé-tique à ne pas révéler dans ses rap-ports annuels la teneur d’opéra-tions financières. Harvey Pitt, sonprésident, prône aujourd’hui la créa-tion d’une autorité indépendantechargée de contrôler les commis-saires aux comptes. Mais M. Pitt lui-même a construit sa carrière d’avo-cat en défendant les cabinetscomme Andersen et en refusantune stricte séparation entre leursactivités d’audits et de consultants.

Pour les banques d’affaires, lescandale est encore plus grand. En1999, Merrill Lynch, la première ban-que d’investissement américaine, acollecté 400 millions de dollarsauprès d’investisseurs pour lesapporter à LJM2, l’un des princi-paux partenariats ayant servi à dissi-muler les pertes et les dettes d’En-ron. Pour montrer sa confiance, elleavait investi directement 5 millionsde dollars et ses dirigeants, à titrepersonnel, 16 millions. Personnen’y a vu le moindre conflit d’inté-rêt ! Credit Suisse First Boston,JP Morgan, Deutsche Bank et denombreux autres établissementsont fait de même. Les banques deWall Street ont apporté près de35 milliards de dollars depuis 1999 àdes partenariats de ce type, hors detoute juridiction et de tout contrôle.

Seize des dix-sept analystes finan-ciers américains spécialistesd’Enron recommandaient encoreen septembre la valeur à l’achat.Ceux de Goldman Sachs, LehmanBrothers, Salomon Smith Barney etUBS Warburg lui restaient favora-bles en octobre, après l’annonce de600 millions de dollars de pertes !

Quelle leçon tirer de tout cela ?Les pessimistes, comme Alan Blin-der, ancien vice-président de laRéserve fédérale américaine (Fed),font remarquer que « sans une infor-mation financière honnête et fiable,un marché financier ne peut tout sim-plement pas fonctionner ». Les ban-quiers français semblent au contrai-re penser qu’Enron va faire progres-ser le système capitaliste. Pour eux,les commissaires aux comptes regar-deront les montages financiers deplus près et imposeront aux entre-prises d’être plus transparentes. Lesanalystes apprendront à lire lesengagements hors bilan. Les entre-prises devront révéler l’architecturegénérale des contrats sensibles. Autotal, la confiance se reconstruira.

Les Européens comptent bienprofiter de ce scandale pour éviterla domination des normes et métho-des comptables américaines, voirepour parvenir à construire de vraiesnormes internationales. « Laisser lesystème comptable d’un pays s’impo-ser aux autres, c’est donner un avan-tage énorme aux entreprises de cepays, comme si on imposait à tout lemonde de n’utiliser qu’une langue »,

explique Michel Pébereau, PDG deBNP Paribas. Mais si les Etats-Unisont reconnu la défaillance de cer-tains aspects de leur système finan-cier, ils n’ont pas reconnu celle deleurs normes comptables.

L’affaire Enron est un cas extrê-me mais pas isolé. Depuis cinq ans,plus de 730 sociétés cotées auxEtats-Unis ont dû réviser en baissedes résultats déjà publiés. Certainesd’entre elles, comme Sunbeam etCendant, ont payé des dizaines demillions de dollars de dommages etintérêts à leurs actionnaires pourles avoir trompés sciemment. Lessalariés de groupes comme Lucent,Waste Management ou Xerox ontvu la valeur de leurs fonds depension divisée par trois après ladégringolade des actions de leursentreprises.

S’il est excessif de juger le systè-me capitaliste à l’aune de la seuleaffaire Enron-Andersen, ne voirdans celle-ci qu’un incident de par-cours, important mais marginal, estsans doute tout aussi réducteur.

Sophie Fayet Eric Leser (à New York)

Les leçons qu’ils tirent du scandaleNeuf personnalités économiques et politiques françaises analysent pour « Le Monde » les conséquences de cette crise

« Ce qui est important,c’est d’avoirdes normescommuneset administrées »

« Les syndicats ontun rôle à jouer parcequ’ils sont lescontre-pouvoirs naturelsdans l’entreprise »

www.gap.fr

« La chute d’Enron n’aeu pratiquementaucune conséquencesur les marchésphysiques de l’énergie »

L’affaire Enron-Andersen ébranle le capitalisme mondialLa faillite du courtier en énergie américain et l’inculpation pénale de son commissaire aux comptes, géant mondial de l’audit,

provoquent un scandale sans précédent. Quels enseignements en tirer ? « Le Monde » ouvre le débat

« C’est un cas isoléde grandedimension,qui concentre toutesles erreurs »

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LE MONDE/MARDI 19 MARS 2002/21

David Sherman, professeur d’université à Boston

« Il est nécessaire d’accroître la responsabilitédes conseils d’administration »

Pour cet expert, le système comptable, devenu trop complexe et opaque, doit être réformé

A l’été 2001, vous dénonciez,dans un article publié par la Har-vard Business Review, les« champs de mines » des comp-tes des grands groupes. L’affaireEnron est venue confirmer voscraintes. Est-ce que cela a modi-fié votre analyse ?

Non. Enron est juste un cas plusimportant, plus visible que lesautres, en raison des sommes enjeu, du nombre d’emplois en cause,du problème des retraites. Mais il ya beaucoup d’autres Enron. Lesentreprises, poussées par les mar-chés (et par la forte incitation per-sonnelle des dirigeants), se sont sen-ties obligées, ces dernières années,d’annoncer des résultats sans cesseen croissance. Leurs comptes ontété de plus en plus déformés parrapport à la réalité. Même dans dessystèmes aussi encadrés qu’auxEtats-Unis ou en Europe, où lesrègles comptables sont strictes, il ya des lacunes. Des engagementshors bilan, des garanties données àdes tiers, des montages avec dessociétés liées ont pu être passéssous silence. Et cela reste vrai.

Si Enron avait été dans l’obliga-tion de rendre public ce type d’en-gagements, ses difficultés auraient

été identifiées beaucoup plus tôt.Cela n’aurait peut-être pas évité lesdifficultés du groupe, mais auraitpu empêcher la perte de milliersd’emplois et la ruine des retraités.

Qui sont les responsables deces dysfonctionnements ?

Les responsabilités se trouvent àtous les niveaux. Le management,d’abord, ne veut pas ou ne fait pasattention à donner toutes les infor-mations. Ensuite les administra-teurs, et en particulier les comitésd’audit, doivent poser les ques-tions clés sur les comptes et exigerdes explications. Dans le conseild’Enron, toutes les compétencessemblaient réunies. Un des admi-nistrateurs était spécialiste des mar-chés de l’énergie, un autre de lacomptabilité, un autre des finan-ces. Pourtant, ils n’ont rien vu ourien voulu voir. Le système estdevenu si compliqué, si sophisti-qué, que même les auditeurs ontdu mal à évaluer les transactionscomplexes. Quant aux analystes,beaucoup n’ont pas voulu passer letemps nécessaire pour décrypterles méthodes comptables des grou-pes et étudier leurs rapports.

Certaines voix aux Etats-Uniss’élèvent pour demander que les

dirigeants soient poursuivispénalement en cas de faillite oude faux comptes. Qu’en pensez-vous ?

La question est de savoir où s’ar-rête la responsabilité des mana-gers. S’il s’agit de les poursuivreparce qu’ils ont utilisé des informa-tions privilégiées pour acheter desactions, il n’y a aucun doute. C’estune action punie par la loi. Maispoursuivre parce qu’ils n’ont pastout dévoilé à l’extérieur est beau-coup plus compliqué. Une entrepri-se ne peut pas tout révéler à l’exté-rieur. Si elle donne trop d’informa-tions, ses concurrents peuvent enprofiter et elle risque de nuire à sondéveloppement. Aussi l’objectifdoit-il être d’abord de renforcer lescontrôles internes des entreprises.

Quels sont les changementsqu’il conviendrait d’apporter ausystème ?

Le scandale Enron a soulevé demultiples problèmes auxquels ilfaut s’attaquer. Au-delà des direc-tions, il est nécessaire d’accroître laresponsabilité des conseils d’admi-nistration. Il faut que ceux-ci, enparticulier les membres des comi-tés d’audit, soient mieux formés ausystème comptable. Beaucoup

croient qu’ils le sont. Mais ils ne serendent pas compte que les techni-ques sont devenues très sophisti-quées ; ils ne mesurent pas leursmanques dans la compréhensiondu phénomène.

En second lieu, il faut améliorertout le système comptable. Les nor-mes, notamment celles des engage-ments hors bilan, des garantiesaccordées à des tiers, doivent êtrerenforcées – sachant qu’il existe denombreuses difficultés. Comment,par exemple, mesurer les engage-ments des groupes travaillant dansde nombreux pays, avec des nor-mes différentes ? En parallèle, lesauditeurs, les analystes, les ban-quiers, les juristes doivent amélio-rer leurs connaissances des systè-mes comptables et financiers com-me leurs procédures de contrôleafin de mieux estimer les potentielset les risques des groupes.

Enfin, il est impératif de mettreen œuvre des règles qui évitent, àl’avenir, de mettre en péril les sala-riés et les retraités. Les fonds depension ne doivent plus être liés àune seule société.

Propos recueillis parMartine Orange

D’UNE CAPITALE à l’autre, l’af-faire Enron a déclenché une ondede choc, pas toujours la même,mais partout très violente.

: Sommé de se libéraliser, le Japon

cherche depuis quelque temps àinjecter dans son économie cetteculture du risque et de la perfor-mance qui semble lui faire tantdéfaut et qui réussit si bien del’autre côté du Pacifique. Le scanda-le Enron change tout à coup les ter-mes de l’équation magique censéeremettre l’économie nippone surles rails. « La culture de la gouver-nance d’entreprise au Japon a eu ten-dance à virer vers une forme extrêmede “quête des profits à tout prix”, aumépris du besoin d’intégrité et de pro-cédures saines de contrôle interne.Enron a montré qu’on ne jouait pasimpunément les apprentis sorciers. Siles entreprises japonaises analysaientde près l’affaire Enron, cela seraitpour elles un excellent point dedépart dans leur effort pour se recons-truire en entités viables et responsa-bles », dit au Monde Noriko Hama,économiste au Mitsubishi ResearchInstitute.

Certes, des pans entiers de l’éco-nomie japonaise, surprotégés,auraient pourtant bien besoind’une dose de mondialisation. Para-doxalement, Enron, qui avait créédes filiales au Japon et prévoyait deconstruire quatre centrales sur l’ar-chipel, était perçu comme un alliébienvenu par les promoteurs de ladérégulation du marché japonaisde l’électricité. La firme américaineavait fait des propositions chiffréessur les profits à en attendre et incitéles firmes nippones à se réorgani-ser. Elle devait participer à un sous-comité gouvernemental sur la déré-glementation du secteur. Selon unofficiel du ministère de l’économie,du commerce et de l’industrie(MITI), la faillite d’Enron « prive leprocessus de réforme d’un leaderd’opinion ».

Dans le secteur financier, l’affaireEnron a eu d’autres conséquences :outre les pertes infligées aux ban-ques japonaises, cinq gestionnairesde fonds ont vu leurs produits d’in-vestissement s’effondrer après lachute du groupe américain, ce quine contribue pas à réconcilier lesparticuliers japonais avec la Bour-se.

Alors que le Japon tente en vainde remédier à une crise bancairelancinante par des mesures en demi-teinte, la vitesse de réaction del’Amérique a surpris. « Il est à dou-ter qu’une faillite similaire provoqueau Japon l’autoanalyse musclée ques’est infligée l’Amérique après l’affai-re Enron. Mieux vaut se garder d’êtreoptimiste quand on ne dispose pasd’une entité de régulation aussi puis-sante que la SEC américaine », lit-on dans une analyse du Nihon Kei-zai Shimbun.

: La coïncidence est troublante. Le

scandale Enron est d’autant plussuivi en Allemagne, qu’il survientau moment où deux entreprises envue se débattent pour éviter la failli-te. A priori, les difficultés du groupede BTP, Philipp Holzmann, et deKirch, empire médiatique réputépour son manque de transparence,n’ont certes rien à voir avec cellesqui ont provoqué le naufrage de lafirme américaine. Deux ans aprèsun premier sauvetage in extremis,le premier est au bord de la cessa-tion de paiement sur un marché dubâtiment en crise chronique depuisle milieu des années 1990. Le

second pourrait succomber à sonsurendettement. Néanmoins, lachute éventuelle de ces deux grou-pes emblématiques alimente ledébat sur le fonctionnement ducapitalisme allemand. Les cas Holz-mann et Kirch révèlent une nouvel-le fois les faiblesses du système :lacune du contrôle interne, problè-mes chroniques de trésorerie, ban-ques créancières longtemps aveu-gles. Les deux sociétés ont en outrebénéficié à des degrés divers des lar-gesses des pouvoirs publics.D’ailleurs, leur faillite constituerait,ironie de l’actualité, un revers pourles deux rivaux des élections législa-tives de septembre, le chancelierGerhard Schröder (SPD), « sau-veur » de Holzmann voici deux ans,et le candidat de l’oppositionEdmund Stoiber (CSU), proche deKirch.

Le gouvernement se voit ainsiconforter dans son projet de toilet-ter les règles de bonne gouver-nance des entreprises. Un code debonne conduite, dont la prépa-ration avait été lancée bien avant lafaillite d’Enron, vient d’être pré-senté. Conçu par un petit cercle depatrons, de syndicalistes et de ju-ristes, il cherche à améliorer la trans-parence, tout en précisant les règlesde fonctionnement du directoire etdes organes de contrôle. Il est ainsiproposé de créer au sein de chaqueconseil de surveillance une commis-sion d’audit. Cette dernière auranotamment pour tâche d’étudier lemandat et les conditions d’interven-tion des cabinets d’audit.

: Cela aurait pu être une faillite

comme une autre. Au lieu de cela,la déconfiture d’Enron et de sonauditeur, Andersen, tourne au cau-chemar, en Grande-Bretagne, pourles administrateurs dits non-exécu-tifs épinglés par le gouvernementtravailliste.

Le rôle factice dans lequel s’estcomplu pendant dix ans Lord Wake-ham, ancien directeur non exécutifd’Enron Europe, responsablenotamment du comité d’audit, amis en lumière les lacunes de lafonction d’administrateur exté-rieur. Outre Enron, Lord Wakehamsiégeait au conseil d’administrationd’une dizaine d’autres compagniesopérant en Grande-Bretagne. Il nefait pas de doute que la multiplica-tion des strapontins empêchait l’an-cien ministre conservateur de l’éner-gie de contrôler les opérationsd’audit menées par ArthurAndersen UK de la filiale européen-ne du conglomérat texan basée àLondres.

Le gouvernement travaillistevient d’ordonner une enquête surle rôle d’une « oligarchie qui seperpétue », selon l’expression del’un des critiques, le gestionnaire defonds Paul Myners. Limitation de lapériode du mandat, interdictiondes renvois d’ascenseur, élargis-sement du recrutement aux consul-tants et aux professeurs d’universi-té, dénouement des présences croi-sées et rapprochement entre lesadministrateurs non exécutifs et lesgrands actionnaires, les investis-seurs institutionnels… les « non-exécutifs » sont désormais dans lecollimateur des autorités. En parti-culier, le ministère examine uneremise à plat du fonctionnementdes comités d’audit. Un change-ment de statut de cet organisme estinévitable.

Brice Pedroletti (à Tokyo)Philippe Ricard (à Francfort)

et Marc Roche (à Londres)

Dans le monde entier,l’onde de choc a été très violente

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22/LE MONDE/MARDI 19 MARS 2002

La Banque Worms est en passe d’être démantelée

PLUTÔT QUE de se disputer le capitaldu papetier français La Rochette, lesgroupes d’emballage espagnol Saica etanglo-sud-africain Mondi ont finale-ment décidé de se le partager. Menantchacun depuis janvier une offre publi-que d’achat (OPA) concurrente, lesdeux sociétés se sont mises d’accordpour proposer une offre commune à12,24 euros par action et 13,47 eurospar obligation convertible, en espèces.Un prix deux fois supérieur au coursmoyen de l’action La Rochette durantles trois mois précédant les OPA. Lavalorisation totale ressort à 317 millionsd’euros, pour un groupe qui a réalisé unbénéfice net de 18,5 millions en 2001(– 30 %). Le prix d’acquisition final estélevé en comparaison de la moyenne des transactions du secteur.Saica prendra le contrôle de La Rochette et conservera ses actifs, sur-tout dans le papier et le carton dans le nord de la France (200 millionsd’euros), alors que Mondi, lui, rachètera les activités d’emballage, decarton et de papier au Royaume-Uni, en Belgique et au sud de la Fran-ce (117 millions). Saica et Mondi ont affirmé ne pas prévoir de restruc-turation significative à l’issue de ce démantèlement.

Le syndicat SUDs’implante à EDFLE SYNDICAT SUD (Solidaires, unitaires et démocratiques), qui tentedepuis plusieurs années de s’implanter à EDF, a réalisé une percéedans l’entreprise publique, jeudi 14 mars, à l’occasion d’une électionpartielle. L’organisation syndicale a obtenu 24,22 % des voix lors d’unscrutin visant à désigner les délégués de la direction de la recherche etdéveloppement – 2 650 salariés sur des effectifs totaux de117 000 agents – dans les instances paritaires. Ce résultat s’est effec-tué au détriment des deux syndicats traditionnels d’EDF, la CGT, quireste toutefois majoritaire au sein de cette direction avec 34,9 % desvoix, comme au niveau national, et la CFDT, deuxième au niveaunational mais reléguée à la troisième place à la direction de la recher-che, à 22,10 %.La percée de SUD, déjà implanté chez France Télécom, à La Poste et àla SNCF, intervient à la veille de profonds bouleversements pour EDF.Alors que le Conseil européen a entériné, vendredi 15 mars, le calen-drier de la libéralisation du marché de l’électricité (lire page 5), l’idéed’une ouverture du capital d’EDF est défendue maintenant aussi bienpar Jacques Chirac que par Lionel Jospin.

a SCANIA : le constructeur suédois de camions est en négociationavec le japonais Hino Motors « en vue d’une alliance ». Hino Motors,filiale de Toyota, a affirmé, lundi 18 mars, qu’il serait « en mesure depublier plus de détails dès qu’un accord aura été conclu, ce qui devraitêtre le cas prochainement ».a CITROËN : la marque du groupe PSA vient de lancer une campagnede rappel portant sur « près de 100 000 » C5, soit les deux tiers desventes de ce modèle en 2001. « Il n’y a aucun problème de sécurité deconduite », affirme Citroën, qui concède cependant que les voitures con-cernées peuvent connaître un certain nombre de défauts et de pannes.

a McDONALD’S : le groupe de restauration rapide, présent auJapon depuis 1971, va fermer 130 restaurants en 2002 dans ce pays etréduire de près de 23 % le nombre d’ouvertures prévues. Ce repli estlié à la fermeture de grands centres commerciaux dans lesquels McDo-nald’s est implanté et à l’impact de la crise de la vache folle.

a KPN : l’opérateur de télécommunications néerlandais a annon-cé, lundi, une perte de 7,5 milliards d’euros pour l’année 2001, en rai-son de charges exceptionnelles. Celles-ci incluent une dépréciationd’actifs du fonds commercial de l’opérateur allemand E-Plus, dontKPN a pris le contrôle en mars.a CONVERIUM : le groupe suisse de réassurance (ex-Zurich Re) aenregistré une perte de 415 millions d’euros en 2001, à la suite desattentats du 11 septembre. Converium, qui s’affirme peu touché parles problèmes d’amiante et faiblement engagé dans le dossier Enron,s’attend à une nette amélioration de ses marges en 2002.a COFACE : l’assureur crédit français a accusé une baisse de 16 % deses profits en 2001, à 48,3 millions d’euros, en raison de la dégradationdes risques de crédit.a JC DECAUX : le groupe français d’affichage et de mobilier urbaina vu ses profits diminuer de moitié en 2001, à 10,2 millions d’euros, enraison d’une perte de 5,8 millions liée à la restructuration de ses activi-tés de mobilier urbain aux Etats-Unis et à la fermeture de la filiale depublicité RCI.

LA STRATÉGIE de la Deutsche Bank en Fran-ce surprend. Après avoir cédé l’entité de gestionde patrimoine Deutsche Bank SA au néerlan-dais ING, la première banque privée allemandeest sur le point de vendre une grande partie desactivités d’une autre de ses filiales françaises, laBanque Worms. Centrée sur les petites etmoyennes entreprises et achetée il y a moinsd’un an à l’assureur Axa, elle devait servir deplate-forme au renforcement des positions dela Deutsche Bank en France.

Devant la difficulté de se développer dans unmarché encombré, le géant allemand a décidé,fin 2001, de se séparer du réseau de la BanqueWorms en province (12 agences) et de son activi-té de banque de petites entreprises. Quelque150 salariés sont concernés, sur un total de 350.Ne resteront dans le giron de la Deutsche Bankque l’activité de banque de flux à Paris, le porte-feuille de moyennes et grandes entreprises et

six antennes régionales. Lancée en janvier, laprocédure de vente a donné lieu à la mise en pla-ce d’une chambre de consultation de donnéesconfidentielles (data room), ouverte aux ache-teurs potentiels. Plusieurs candidats resteraienten lice, dont Fortis, ING, ABN Amro et le Créditmutuel de Bretagne (CMB). Interrogés vendredi15 mars, les trois groupes néerlandais n’ont pascommenté. Le CMB a confirmé qu’il avait « fré-quenté cette data room ».

Selon la Deutsche Bank, la cession du réseaude la Banque Worms s’inscrit dans le cadre deson recentrage sur la banque d’investissement.La direction affirme qu’elle figure toujours par-mi les quatre premières banques d’investisse-ment françaises, avec des revenus en croissancede 50 % en 2001. Une source interne confie pour-tant que, « si l’opération Banque Worms était àrefaire, nous ne la referions pas ». L’implicationsupposée de la Banque Worms dans l’affaire

Paneurolife – filiale d’assurance-vie d’Axa soup-çonnée de blanchiment – a été vécue commeune déconvenue. Cet épisode aurait conduit laDeutsche Bank à ne verser à ce jour à Axa qu’unacompte sur le prix de cession convenu enfévrier 2001, soit 50 millions d’euros. Le solderesterait dû à l’assureur français.

Pour la Banque Worms, cette restructurationest une nouvelle épreuve, après des années d’in-certitudes. « L’adossement à la Deutsche Bankavait été vécu comme un soulagement, c’est unenouvelle désillusion », indique la CFDT. Le der-nier plan social, prévu par Axa, s’est soldé par400 départs en 2001, au lieu des 178 prévus.Cent salariés de Deutsche Bank AG ont étéappelés en renfort. Ces départs massifs (la moi-tié de l’effectif en cinq mois) auraient attiré l’at-tention de l’inspection du travail.

Anne Michel

AVEU LÉGISLATIF de l’inadap-tation du décompte horaire à lasituation de nombre de cadres,contesté avec succès par la CFE-CGC devant le Conseil de l’Europe,le système du forfait-jour de tra-vail est créatif au regard des texteseuropéens, voire communautaires.Mais, une fois n’est pas coutume,cette exception française est tout àfait adaptée à la population particu-lière des « cadres autonomes ».Car décompter minute par minuteleur temps de travail constitue unemission impossible entre les tra-jets, les dossiers emportés à la mai-son et autres « obligations profes-sionnelles ».

Encore plus ennuyeux : contraire-ment au métallo, qui ne pouvaitpoursuivre son activité en dehors

de l’usine, ces 500 000 travailleursdu savoir peuvent faire fonction-ner leurs neurones partout, a for-tiori avec un ordinateur portable etInternet. Si l’on y ajoute, côtéentreprise, une simplification dras-tique de la gestion de cette popula-tion aux horaires improbablesmais certainement supérieurs à35 heures, on comprend pourquoile forfait-jour, de travail mais ausside repos, est plébiscité par lesaccords collectifs de RTT signésdepuis janvier 2000.

Cette attraction ne doit cepen-dant pas faire oublier que ce systè-me créatif, qui sera demain la nor-me, nécessite aujourd’hui unaccord collectif dérogatoire et nepeut viser que les cadres dont ladurée du travail ne peut être prédé-terminée du fait de la nature deleurs fonctions : consultants oucommerciaux, par exemple, brefdes cadres qui n’encadrent généra-lement personne. Mais face aux ris-ques civils et pénaux liés aux aléas

horaires de cette population, par-fois aussi pour contourner l’obliga-tion de réduction du temps de tra-vail, certaines entreprises ont tentéd’étendre ce miracle social à toutl’encadrement, voire au-delà, avecla nécessaire complicité de leurspartenaires sociaux estimant qu’un« tiens » (des jours de RTT) vautmieux que deux « tu l’auras »(horaires à rallonge et RTT virtuel-le). La cour d’appel de Versailles aainsi sanctionné, le 27 février 2002,une société de grande distributionqui avait voulu transformer en« cadres autonomes » ses chefs demagasin, pourtant toujours soumisavec leurs vendeurs à des horairescollectifs classiques.

« »Mais alors que nombre de socié-

tés font sourire les magistrats eninversant la problématique (« ilssont forcément autonomes, M. le Pré-sident, puisqu’ils sont cadres »),Aventis-Pasteur a réussi à démon-trer au TGI de Lyon, le 23 octobre2001, qu’aucun de ses collabora-teurs n’avait d’horaires prédétermi-nables, l’amplitude journalièreétant par ailleurs limitée à dix heu-res, déjeuner compris.

C’est sur ce dernier terrain que laCFE-CGC, aujourd’hui bien embar-rassée de son succès, a gagné cettepremière bataille devant le Comitédes droits sociaux du Conseil del’Europe. Pour cette confédération,un cadre en forfait-jours pourraittravailler jusqu’à six jours sur sept,treize heures par jour (24 heures –11 h de repos) : son horaire hebdo-madaire pourrait donc atteindre

6 × 13 = 78 heures par semaine, cequi est effectivement une curieusemodalité de RTT, et une « duréenon raisonnable », contraire à l’arti-cle 2 de la Charte sociale européen-ne. Mais ce calcul élémentaire restebien théorique ; il confond d’aborddurée effective du travail et ampli-tude maximale des horaires (mêmeautonome, un cadre déjeune par-fois, prend des pauses officielles ouofficieuses…), dont la Cour de cas-sation a effectivement rappelé, le18 décembre 2001, qu’elle ne pou-vait dépasser 13 heures. Il oubliesurtout les conséquences manifes-tement contre-productives de cet-te mesure : la fuite des meilleurscandidats et collaborateurs.

L’autre face de ce système équili-bré est le régime de la RTT par jourde repos, cœur de la négociationavec les syndicats. Si ces cadres auxhoraires fort élastiques, sinon erra-tiques, ne voient pas de difficulté àtravailler beaucoup, ils souhaitentobtenir un retour sur investisse-ment : un nombre de jours de RTTproportionné à cet effort. Mais làencore, les certitudes se sontestompées avec l’arrivée des nou-velles technologies au domicile,sanctuaire de la vie privée ;combien de cadres autonomestravaillent-ils à la maison, non passur le bon vieux mode de lasub/ordination propre au droit dutravail, mais d’une sub/orga-nisation subtile car parfaitementintégrée.

Jean-Emmanuel Ray(professeur à l’université

Paris-I - Panthéon-Sorbonne)

JEAN-LUC LAGARDÈRE a laisséles armes aux vestiaires. Le conseilde surveillance du groupe d’aéro-nautique franco-allemand EADS,dont il est actionnaire, s’est dérou-lé dans une atmosphère sereine,vendredi 15 mars. Les principauxactionnaires (outre le groupe Lagar-dère, le gouvernement français etl’allemand DaimlerChrysler) ont euen effet l’impression que la difficileintégration du français Aerospa-tiale-Matra, de l’allemand DASA etde l’espagnol CASA était enfin enmarche. Du coup, la mise en causede l’organisation du groupe et deson management a été (provisoire-ment ?) mise entre parenthèses.

Les deux co-PDG, le Français Phi-lippe Camus et l’Allemand RainerHertrich, ont présenté des résultats2001 supérieurs aux prévisions.Autre motif de satisfaction pour lesactionnaires, l’action, qui avait déjàrepris 72 % depuis l’effondrementdu cours suite aux attentats du11 septembre, progressait de 3 %,lundi 18 mars, au moment de lapublication des résultats.

Le chiffre d’affaires du numérodeux mondial de l’aéronautique,du spatial et de la défense a pro-gressé de 27 %, à 30,8 milliardsd’euros (au-delà de l’objectif deprogression de 20 %), et le résultatopérationnel a augmenté de 21 %,à 1,7 milliard, contre 15 % prévus.Au total, le groupe a renoué avecles bénéfices, avec un résultat netde 1,37 milliard d’euros, contre uneperte de 909 millions en 2000.

Cette bonne performance doit

être relativisée. EADS a bénéficiéde la consolidation comptable à100 % de sa filiale Airbus, alorsqu’il ne détient que 80 % du capital.Hors effet Airbus et dollar (la bais-se de l’euro profite au groupe quifacture majoritairement en dol-lars), le chiffre d’affaires n’a pro-gressé que de 8,5 %. Or non seule-ment, ce coup de pouce sur lesrésultats ne pourra jouer qu’uneseule fois, mais, surtout, l’intégra-tion à 100 % d’Airbus pourrait serévéler négative au cours des pro-chains mois. Airbus est frappé deplein fouet par la crise du transportaérien. En 2002, il devrait enregis-trer une baisse de près de 10 % deses livraisons (environ 300 appa-reils contre 325). Et au cours desprochaines années, les performan-

ces économiques d’Airbus serontsérieusement écornées par le finan-cement du nouvel A380.

Or la quasi-totalité du résultatd’exploitation d’EADS est encoreconstituée de celui d’Airbus(1,655 milliard d’euros sur1,694 milliard), les autres activitésse compensant mutuellement. Ladivision espace (Astrium et Arianes-pace) est toujours en perte, comp-te tenu de la forte concurrencedans les satellites et des difficultésd’Ariane au début 2001.

Globalement pour 2002, EADS

s’attend à une baisse de son chiffred’affaires d’environ 2 %. Et l’année2003 pourrait être encore plus diffi-cile : sauf redémarrage rapide du

transport aérien, Airbus prévoitune nouvelle diminution de sescadences. Le constructeur, dont lesiège est à Toulouse, a déjà annon-cé des mesures d’économies, qui setraduiront par une réduction d’ef-fectifs de 1 000 personnes, pardépart volontaire ou retraite antici-pée, et la suppression de 5 000 équi-valent-temps plein (intérimaires,contrats à durée déterminée et heu-res supplémentaires).

Les deux co-PDG ont pris actedu nouveau contexte économique.Les synergies attendues de lafusion des trois anciennes sociétéss’accélèrent. En 2001, elles ont con-tribué au résultat d’exploitation àhauteur de plus de 100 millionsd’euros, contre 60 millions prévus.En 2002, 300 millions d’euros sontattendus. Le groupe a égalementrééquilibré sa stratégie depuis lesévénements du 11 septembre.« L’une de nos priorités majeures estla poursuite de la croissance de nosactivités de défense, en passant de6,1 milliards d’euros de chiffre d’af-faires en 2001 à plus de 9 milliardsd’euros en 2004 », ont expliqué, lun-di, les deux PDG d’EADS. Les nou-veaux programmes de défensecomme l’avion de combat Eurofigh-ter, les hélicoptères NH90 et Tigreet surtout l’avion de transport mili-taire A400M, dont on attend unultime feu vert du Parlement alle-mand cette semaine, devraient per-mettre à EADS d’atteindre cesobjectifs.

Christophe Jakubyszyn

Mondi et Saica se partagentLa Rochette

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EADS réussit son exercice 2001mais se prépare à deux années houleuses

Le groupe aéronautique franco-allemand a renoué avec les bénéfices. Pour compenser le reculprogrammé d’Airbus, la société accélère son plan d’économies et renforce ses activités de défense

Chiffre d'affaires 2001, en %

65,4

Airbus

Défenseet systèmes

civilsEspace(Arianeet satellites)

Autresactivitésaéronautiques(hélicoptèreset avions régionaux

15

10,6

7,616,4

EADS à Paris en euros

REBOND BOURSIER

Source : Bloomberg et société

J M M J S N D

2001 2002

F

26

24

22

20

18

16

14

12

10

8

16,67

Total : 30, 8 milliards d'euros

Le 15 mars

Tous les cadres n’ont pas droit au forfait-jourComment compter le temps de travail quand il n’est pas déterminé par la nature de la fonction ?

FLAMBÉE DU COURS

Source : Bloomberg

Action La Rochette, en euros,à Paris

2001 2002S O N D J F

13

12

11

10

9

8

7

6

5

Le 14 mars 12,45

E N T R E P R I S E S

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LE MONDE/MARDI 19 MARS 2002/23

« EN QUOI le concept de dévelop-pement durable a-t-il un impact surle mécénat ? » La question, poséeen préambule par Elisabeth Delor-me, déléguée générale de la Fonda-tion d’entreprise Gaz de France, aété au cœur des débats des seiziè-mes Assises du mécénat d’entrepri-se, qui se sont tenues à Lyon les 13et 14 mars. Elle s’impose avecd’autant plus de force que le con-cept de développement durable,qui pousse à se préoccuper de ladégradation de l’environnement,des atteintes aux droits de l’hom-me et des problèmes sociaux,devient partie intégrante de la viedes entreprises, jugées sur le res-pect de ces critères.

Selon Bernard Giraud, directeurde Danone Initiatives, « la ques-tion de l’articulation entre le mécé-nat et le développement durablereflète bien les relations entre l’entre-prise et la société. Les débuts dumécénat correspondent à une épo-que où le débat majeur était celuidu partage de la richesse, mais l’en-treprise n’était pas critiquée sur safinalité, la création de richesse. Lemécénat s’est développé sans interfé-rer dans le fonctionnement de l’en-treprise. Maintenant, avec le très lar-ge écho que rencontrent les thèsesde l’antimondialisation, les citoyensne considèrent plus les entreprisescomme porteuses de progrès ».Danone, par exemple, a vécu, il y aun an, cette remise en cause, et lesinterrogations sur la finalité durôle de l’entreprise, lors de l’annon-ce du plan de restructuration dupôle biscuits. « Aujourd’hui, lasociété civile exprime en prioritétrois attentes : que l’entreprise soitsocialement équitable, soit soucieu-se de son environnement et préoccu-pée de la santé publique », préciseDominique Vastel, directeur de laCofremca.

Dans ce contexte, la démarchede mécénat se doit d’évoluer. « Il ya une rupture ; un avant et unaprès. L’entreprise tournait autourd’elle-même, maintenant elle tour-ne autour de la société. Le mécénatalibi est mort », constate Patrickd’Humières, cofondateur d’Admi-cal (Association pour le développe-ment du mécénat industriel etcommercial).

Premier objectif : trouver unemeilleure adéquation entre cettedémarche et les objectifs de l’entre-prise. « Lorsque nous avons décidéde mettre en place une politique demécénat, nous cherchions un sujetqui ne soit pas éloigné de nosmétiers. Fin 1998, nous avons choisi,en accord avec l’Unesco, de lancerun programme centré sur les fem-mes et la science », affirme GiorgioGalli, vice-président de la commu-nication et des relations extérieu-res de L’Oréal. De même, la socié-té Altran, qui a créé la Fondation

Altran pour l’innovation il y a cinqans, se donne pour objectif de sou-tenir des projets innovants, en s’ap-puyant sur les compétences desingénieurs du groupe. Chaqueentreprise cherche à accroître lacohérence entre ses métiers et sapolitique de mécénat.

Deuxième objectif : mieux

répondre aux attentes de la socié-té civile. « Auparavant, le mécénatétait vu comme un pont entre l’entre-prise et des associations, aujour-d’hui nous préférons le terme d’al-liance, pour conduire ensemble desprojets qui ont un impact sur lasociété. Avec la Fédération françai-se de randonnée pédestre, par exem-ple, nous élargissons notre partena-riat et nous travaillons à l’accès despersonnes handicapées à la randon-née », explique Mme Delorme, à laFondation Gaz de France.

De son côté, EDF, qui avait défi-

ni au sein de sa propre fondationdeux grandes lignes d’action, cen-trées sur la nature et la culture, ena élargi le périmètre en 2001. Celui-ci inclut désormais deux autreschamps d’intervention que sont lasanté et la solidarité. Son partena-riat avec l’association Handisport,par exemple, fait partie desactions de la Fondation EDF.

Pour être plus proche du terrainassociatif, les entreprises ont déve-loppé un mécénat de proximité etmisent beaucoup sur les actions debénévolat de leurs salariés. Enparallèle, les groupes qui se déve-loppent à l’international s’interro-gent sur les actions à mener dansles autres pays. « L’enjeu est impor-tant pour une entreprise commeDanone, qui a vu ses effectifs horsde l’Europe de l’Ouest passer de 6 %à 60 %, souligne M. Giraud. Nousmenons des actions en faveur del’enfance. Mais nous devonsd’abord faire progresser la sécurité

et les droits sociaux dans nos usinessitués dans des pays émergents. »

Schneider Electric a, pour sapart, créé une fondation qui s’occu-pe de l’insertion des jeunes.Implanté dans 130 pays, le groupesouhaite que la plupart de ses sitesen France et à l’étranger nouentun partenariat avec une associa-tion locale d’insertion. « Dans lecadre de notre projet 2004 axé sur ledéveloppement durable, nous noussommes fixé six challenges. Nousespérons en particulier que 80 % denos sites signent un accord avec uneassociation, et que 100 % des sala-riés aient une couverture sociale.Notre démarche de mécénat estincluse dans le projet de l’entrepri-se », affirme Gilles Vermot-Desro-ches qui, fait rare, porte la doublecasquette de délégué général de laFondation Schneider Electric et deresponsable du développementdurable.

Les entreprises savent que lesagences de notation, qui jugentleur implication dans le développe-ment durable, évalueront leur poli-tique de mécénat. Elles s’y prépa-rent. « Nous tentons actuellementde mesurer les résultats de nosactions, au regard des moyens misen œuvre », reconnaît FrancisLacloche, responsable de la Mis-sion Mécénat de la Caisse desdépôts et consignations.

Mais cette implication plus gran-de des entreprises dans les sujetsliés à l’environnement et à la soli-darité se fait-elle au détriment dumécénat culturel ? « Il n’y a pas dedéveloppement du mécénat de soli-darité au détriment de la culture. Ily a beaucoup d’actions croisées. Laculture est un des champs du mécé-nat, pas le seul », affirme JacquesRigaud, président d’Admical.

Laurence Girard

a PRESSE : pour la seconde fois,la distribution du quotidien gra-tuit 20 Minutes a été perturbée,lundi 18 mars, à Paris. Au moins40 000 exemplaires, sur un tiragede 190 000, ont été interceptés pardes militants du Livre CGT. Parailleurs, la réunion du Conseil supé-rieur des messageries de la presse(CSMP) a été reportée au matin dumardi 19 mars, a indiqué la lettrequotidienne La Correspondance dela presse, publiée lundi 18 mars.Cette rencontre devait réunir lessyndicats, les Nouvelles Message-ries de la presse parisienne(NMPP) et les représentants de lapresse payante et gratuite ainsique des pouvoirs publics.a AUDIOVISUEL : le groupeKirch a confirmé, samedi16 mars, l’existence de contactsavec la chaîne publique ARDpour la cession des droits deretransmission pour l’Allemagnede la Coupe du monde de football.« Nous devons avoir des discus-sions », a déclaré un porte-paroledu groupe. Samedi, le quotidienSüddeutsche Zeitung avait indiquéque Kirch, endetté à hauteur de6,5 milliards d’euros, est prêt àcéder ses droits à ARD pour250 millions d’euros. – (AFP.)a AGENCE : les photographesfrançais de l’Agence France-Pres-se (AFP) ont reconduit leur grèvejusqu’à lundi matin, après un voteà l’unanimité, samedi 16 mars. Ilsprotestent contre les propositions,jugées « largement insuffisantes »,de la direction de l’AFP sur la ces-sion des droits d’auteur. La direc-tion a proposé de porter la rémuné-ration des droits d’auteur de 3,5 %à 3,75 % du salaire brut annuelpour les années 2001 et 2002.– (AFP.)a PUBLICITÉ : le groupe de mobi-lier urbain JC Decaux a annoncé,lundi, un résultat net pour2001 de 16 millions d’euros, enbaisse de 11,1 %. Ce repli fait suiteà la restructuration de l’activitémobilier urbain aux Etats-Unis et àla fermeture de la filiale RCI. En2001, JC Decaux a dégagé un chif-fre d’affaires de 1,543 milliardd’euros, en progression de 8,9 %.

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La Fondation EDFest partenairede la Fédérationhandisport,qui regroupe leshandicapés sportifsparticipant auxgrandes compétitionsinternationales(sur notre photo,les Jeuxparalympiquesde Salt Lake City,en mars 2002).EDF a obtenul’Oscar du mécénatd’entreprise 2002.

1 Membre du conseil d’administra-

tion de l’Association pour le

développement du mécénat indus-

triel et commercial (Admical), vous

préparez un livre blanc sur les fonda-

tions que vous soumettrez au futur

gouvernement. Dans quel but ?Il y a 550 fondations en France,

dont 63 fondations d’entreprisesdont 56 fondations sous l’égidede la Fondation de France. A com-parer aux 8 300 fondations exis-tant en Allemagne, 8 800 auRoyaume-Uni ou 50 000 auxEtats-Unis. Il y a un risque de délo-calisation des fondations. Il fautque nous alignions en France nossystèmes juridiques et fiscauxdans un souci d’harmonisation.D’autant que le projet de créationd’un statut de fondation euro-péenne ne verra pas le jour avantdes années.

2 Quelles sont les mesures incitati-

ves que vous prônez ?La fondation est aujourd’hui

l’outil le plus sophistiqué et le pluspérenne pour faire du mécénat.Mais créer une fondation d’utilitépublique est un véritable parcoursdu combattant. Le label est délivrépar décret par le Conseil d’Etat, etl’instruction d’un dossier dure unou deux ans. Nous souhaitons unesimplification de ces dispositionsjuridiques, et un assouplissementde la tutelle préalable. Nousdemandons l’extension aux fonda-tions d’utilité publique d’un cer-tain nombre d’avancées décisivesobtenues par les fondations d’en-treprises dans le cadre de la Loi surles musées promulguée en jan-vier 2002. Nous proposons égale-ment toute une gradation d’incita-tions fiscales. Nous nous interro-

geons en particulier sur le prélève-ment fiscal de 10 % ou 24 % auquelsont soumises les dotations auxfondations, un prélèvement quin’existe dans aucun autre payseuropéen.

3 Vous souhaitez également favo-

riser l’émergence d’un mécénat

des particuliers. Pourquoi ?Il existe en Allemagne un statut

de fondation « jeune pousse ».Une fondation qui se crée a la pos-sibilité de déduire immédiatementde ses impôts un montant non pla-fonné. Un PDG qui prend sa retrai-te et vend une partie du capital deson entreprise, ou un détenteur destock-options, pourraient confier àune fondation une partie des som-mes en franchise d’impôt.

Propos recueillis par L. Gi.

LONDRESde notre correspondant à la CityAbraham (« Abe ») Peled, 56 ans,

PDG de la société britanniqueNDS, brutalement mise sous lesprojecteurs par les accusations de« piratage » formulées parCanal+ (Le Monde du 13 mars), està la fois un scientifique bardé dediplômes et un entrepreneur sansétats d’âme. Canal+ Technologiesle soupçonne d’avoir orchestré lepiratage de ses cartes à puce pouraugmenter les parts de marchédans la télévision numérique de samaison mère, le conglomérat NewsCorp. de Rupert Murdoch.

M. Peled juge les accusations deCanal+ « outrageuses et sans fonde-ment », et estime qu’elles sont moti-vées par la haine que sa réussite sus-cite. Une réputation sulfureuse leprécède pourtant. En 1995, il avaitété mêlé à une histoire d’écoutestéléphoniques clandestines d’unancien associé de Murdoch. Lamême année, soupçonnée de frau-de fiscale par les autorités israélien-nes, NDS avait été la cible d’un raidmédiatisé des inspecteurs desimpôts de Jérusalem. Une opéra-tion classée sans suite, car c’est entoute légalité que News Corp. uti-lise les avantages fiscaux en Israël.

M. Peled, ingénieur de forma-tion, formé au Technion de Haïfaet docteur de Princeton, est capa-ble de fournir des réponses brillan-tes et simples aux questions les pluscomplexes. Il est entré dans la foired’empoigne de la télé numériquecomme en religion. En 2001, ladémission surprise de Chase Carey,conséquence du rachat raté deDirecTV, a permis à ce citoyen israé-lien d’origine roumaine de mettrela main sur le département techno-logique de News Corp. Il siègedésormais au comité exécutif, saintdes saints de l’empire Murdoch.Preuve de son ascendant, LachlanMurdoch, fils aîné et dauphin dumagnat, est l’un des administra-teurs de NDS.

’ ’Basée à Staines, à l’ouest de Lon-

dres, disposant d’usines de fabrica-tion de décodeurs en Israël et enCalifornie, cotée à New York, cettesociété contrôlée à 80 % par NewsCorp. a joué un rôle de premierplan dans le succès des bouquets detélévision à péage du groupe, à l’ins-tar de SkyDigital. Avec son absenced’états d’âme et son énergie, AbePeled s’est facilement coulé dans lestyle informel de News Corp. Avec

l’éclosion de la télé numérique,M. Murdoch avait besoin deM. Peled, qui connaît bien les logi-ciels et sait manier les hommes.

Le PDG de NDS incarne la filièreisraélienne de Rupert Murdoch. Lemagnat australien et sa famille par-rainent nombre d’organisations phi-lanthropiques en Israël. Incondition-nel d’Ariel Sharon et de BenyaminNétanyaou, le président de NewsCorp. ne cache pas ses sympathiespour le Likoud. Les uns croient dis-tinguer derrière ce soutien à la droi-te israélienne de l’opportunisme,car la communauté juive joue unrôle important dans les médias et lecinéma à New York ou à Los Ange-les. Les autres voient dans cettedéfense d’Israël une réaction du des-cendant d’une famille patriciennecontre l’antisémitisme prévalant àl’époque de sa jeunesse dans lesclasses dirigeantes australiennes.

Ces liens avec Israël n’empêchentcependant pas M. Murdoch d’êtreassocié au prince saoudien WalidBin Talal en Europe, et Star TV, sachaîne asiatique, d’être diffusée auProche-Orient via le réseau Orbit,qui appartient aux intérêts saou-diens. Les affaires sont les affaires…

Marc Roche

C O M M U N I C A T I O N

Le mécénat se met à l’heure du développement durableHandicapés, environnement, bénévolat, insertion de jeunes : soucieuses de leur image « citoyenne »,

les entreprises mécènes élargissent le champ de leur parrainage au-delà du domaine culturel

...

« Abe » Peled, la filière israélienne de MurdochBête noire de Canal+, le patron de NDS est un protégé du magnat

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24/LE MONDE/MARDI 19 MARS 2002

LES BOURSES DANS LE MONDE 18/3, 10h16

Pays Indice Dernier % var. Maxi Mini PER cours 2002 2002

Pays Indice Dernier % var. Maxi Mini PER cours 2002 2002

Pays Indice Dernier % var. Maxi Mini PER cours 2002 2002

UNION EUROPÉENNEALLEMAGNE DAX Index 5443,12 18/3 0,78 5403,28 15/3 4706,01 20/2 27,00 Euro Neu Markt Price IX 1016,22 18/3 2,69 1212,43 4/1 913,75 20/2AUTRICHE Austria traded 1235,37 18/3 0,27 1250,49 11/3 1109,88 9/1 14,00BELGIQUE Bel 20 2710,20 18/3 0,62 2815,19 28/1 2609,61 15/1 13,20DANEMARK Horsens Bnex 273,99 18/3 0,85 277,42 11/3 254,91 30/1ESPAGNE Ibex 35 8382,50 18/3 0,77 8608,50 4/1 7628,00 22/2 19,30FINLANDE Hex General 8449,17 18/3 1,22 9224,39 4/1 4,30 19/2 21,10FRANCE CAC 40 4640,28 18/3 1,13 4720,04 4/1 4210,30 20/2 21,60 Mid CAC 2128,53 15/3 0,42 2133,20 11/3 1929,16 2/1 15,20 SBF 120 3225,02 18/3 1,08 3248,59 4/1 2924,74 20/2 21,70 SBF 250 3016,33 15/3 0,81 3035,25 4/1 2782,54 20/2 21,10 Indice second marché 2451,63 15/3 0,26 2452,51 11/3 2287,73 2/1 14,30 Indice nouveau marché 1103,77 18/3 0,40 1175,41 7/1 980,76 22/2GRÈCE ASE General 2384,22 15/3 -0,09 2655,07 3/1 2321,35 28/2 14,80IRLANDE Irish Overall 5079,64 18/3 0,06 6085,03 18/1 4636,97 6/2 12,60ITALIE Milan Mib 30 33068,00 18/3 -0,12 33197,00 11/3 29542,00 20/2 20,60LUXEMBOURG Lux Index 1141,59 15/3 -0,38 1169,48 14/1 1103,43 6/3PAYS BAS Amster. Exc. Index 521,33 18/3 0,73 522,59 11/3 475,19 22/2 18,20PORTUGAL PSI 20 7946,05 18/3 0,89 7998,50 4/1 7161,67 25/2 18,50

ROYAUME UNI FTSE 100 index 5302,40 18/3 0,18 5362,30 4/1 5015,50 20/2 17,90 FTSE techMark 100 index 1244,27 18/3 0,70 129,00SUÈDE OMX 807,09 18/3 0,54 878,88 4/1 741,84 20/2 26,00

EUROPEHONGRIE Bux 7997,68 18/3 0,03 8448,46 7/3 7052,97 3/1ISLANDE ICEX 15 1299,72 15/3 0,59 1302,91 6/3 1142,62 7/1POLOGNE WSE Wig 1367,11 15/3 0,95 1486,23 28/1 1200,32 2/1 17,50TCHÉQUIE Exchange PX 50 432,00 18/3 -0,62 441,70 14/3 384,60 2/1RUSSIE RTS 340,26 15/3 2,41 340,26 15/3 267,70 3/1SUISSE Swiss market 6610,50 18/3 0,60 6575,10 15/3 6059,10 6/2 18,50TURQUIE National 100 10536,20 18/3 -2,19 15071,84 8/1 10468,25 14/3 11,50

AMÉRIQUESARGENTINE Merval 390,67 15/3 0,36 471,34 6/2 323,69 2/1BRÉSIL Bovespa 14365,49 15/3 1,76 14481,63 5/3 12300,70 30/1 10,40CANADA TSE 300 7871,68 15/3 0,55 7992,70 7/3 7402,70 20/2 21,30CHILI Ipsa 100,39 15/3 0,51 102,37 4/1 94,80 20/2ETATS-UNIS Dow Jones ind. 10607,23 15/3 0,86 10663,83 8/3 9529,46 30/1 23,20 Nasdaq composite 1868,30 15/3 0,76 2098,88 9/1 1696,55 22/2 49,50 Nasdaq 100 1495,41 15/3 1,23 1710,23 9/1 1329,93 22/2 47,60 Wilshire 5000 10904,69 16/3 1,07 10973,46 7/1 10040,55 20/2 Standards & Poors 500 1166,16 15/3 1,14 1176,97 7/1 1074,36 20/2 22,00MEXIQUE IPC 7273,08 15/3 1,17 7328,53 13/3 6365,72 14/1 13,30

ASIE-OCÉANIEAUSTRALIE All ordinaries 3400,00 18/3 1,29 3443,90 14/2 3322,30 18/1CHINE Shangaï B 150,20 15/3 -2,90 171,72 4/1 121,09 23/1 19,50 Shenzen B 231,96 15/3 -3,26 265,91 4/1 182,43 23/1 15,40CORÉE DU SUD Composite 860,36 15/3 0,41 868,02 15/3 690,36 2/1HONG KONG Hang Seng 11230,64 18/3 0,18 11919,41 7/1 10387,49 1/3 16,30 All ordinaries 4896,61 18/3 0,16 5104,38 7/1 4548,50 7/2INDE Bombay SE 30 400,26 15/3 0,24 410,60 27/2 339,26 1/1 1,30ISRAËL Tel Aviv 100 411,36 17/3 1,33 468,92 7/1 396,13 6/3JAPON Nikkei 225 11498,38 18/3 -1,28 12034,04 11/3 9420,85 6/2 29,00 Topix 871,46 18/3 -1,14 911,49 11/3 727,91 6/2 28,70MALAISIE KL composite 757,44 18/3 0,77 762,17 11/3 681,50 2/1 17,20NOUVELLE-ZÉLANDE All ordinar. 2070,82 18/3 -0,03 2143,66 4/2 2050,84 3/1SINGAPOUR Straits Time 1786,30 18/3 0,46 1848,99 5/3 1606,09 2/1 21,60TAÏWAN Weighted 5972,11 18/3 0,35 6212,28 11/3 5375,40 17/1 21,10THAILANDE Thaï SE 375,55 18/3 -0,49 396,70 8/3 302,38 2/1

AFRIQUEAFRIQUE DU SUD All share 11194,20 18/3 1,03 11210,20 8/3 10138,30 30/1 10,40COTE D'IVOIRE BVRM 71,04 14/3 -0,49 77,39 2/1 72,32 27/2

INDICE NIKKEI

En points

Source : Bloomberg

14 20 26 6 11 1428février mars 2002

Le 18 mars 11 498,38

9 500

12 000

11 500

11 000

10 500

10 000

LE COURS DU BARIL DE BRENTÀ Londres, en dollars

Source : Bloomberg

A M J J A S O N D J F M2001 02

Le 15 mars 24,5630282624222018

EUROPE Lundi 18 mars 10h16

Dollar 100 Yens Euro Livre Franc S.

NEW YORK ($) 0,76525 0,87995 1,42220 0,60120 TOKYO (¥) 130,72000 114,99500 185,91845 78,56675 PARIS (¤) 1,13700 0,87010 1,61735 0,68360 LONDRES (£) 0,70285 0,53785 0,61820 0,42260 ZURICH (FR. S.) 1,66230 1,27275 1,46275 2,36580

TOKYOcorrespondance

Le Nikkei a terminé en baisse de1,28 %, lundi 18 mars, à11 498,38 points, après avoir perdu2 % la semaine dernière. L’indicereste cependant en hausse de 22 %depuis son creux du début février.La pause de ces derniers jours, dueà des prises de profits sur lesvaleurs TMT (technologie, médiaset télécommunications), soulageles craintes d’une surchauffe, et lesanalystes s’attendent à ce que leNikkei tente une nouvelle fois cettesemaine de dépasser les12 000 points. Les banques ont pro-fité de la remontée de l’indice pourse délester de leurs participationscroisées avant la fin mars, date declôture de l’exercice fiscal japonais.En outre, elles ont pu céder une par-tie de ces actifs mobiliers à une nou-

velle structure de défaisance,Banks Shareholdings PurchaseCorp, qui a acquis depuis lami-février 150 milliards de yens(1,3 milliard d’euros) d’actions. Ceséléments contribuent à limiter lespressions à la baisse, tout commeles règles annoncées fin févrierpour limiter les ventes à découvert.Les investisseurs étrangers, donton sait qu’ils sont derrière le récentrebond – ils ont acquis lors de lapremière semaine de mars2,76 trillions de yens d’actions —,ont été rejoints par les investis-seurs institutionnels nippons et lesfonds de pension. Certains observa-teurs craignent que le Nikkei rechu-te après la fin mars si le gouverne-ment n’agit pas pour apurer lesmauvaises créances des banques.

La grande distribution est reve-nue sur le devant de la scène avecl’entrée de Wal-Mart sur le marchéjaponais. Le numéro un mondialdu secteur a annoncé, jeudi, uneprise de participation de 6,1 % dansSeiyu, le numéro cinq nippon dessupermarchés, avec la possibilitéd’augmenter sa participation auxdeux tiers du capital. Alors queSeiyu était en hausse lundi, plu-sieurs de ses concurrents ontchuté. Les analystes s’attendent àce que les méthodes de gestion etd’approvisionnement de Wal-Martaccélèrent la recomposition dusecteur et provoquent une onde dechoc parmi la concurrence.

Brice Pedroletti

INDICESSECTEURS EURO STOXX

Indice % var.

AUTOMOBILE ..................................244,66.......0,94BANQUES .........................................285,27.......0,32PRODUIT DE BASE ..........................213,77.......0,53CHIMIE..............................................373,72 .....-0,02TÉLÉCOMMUNICATIONS ...............428,54.......1,11CONSTRUCTION..............................235,17.......0,65CONSOMMATION CYCLIQUE........138,29.......1,31PHARMACIE .....................................495,61.......0,52ÉNERGIE ...........................................359,38.......0,07SERVICES FINANCIERS....................239,25.......0,96ALIMENTATION ET BOISSON ........239,23.......0,17BIENS D'ÉQUIPEMENT ...................379,23.......1,00ASSURANCES...................................337,84.......1,20MÉDIAS ............................................287,31.......1,44BIENS DE CONSOMMATION.........385,49.......0,42COMMERCE ET DISTRIBUTION .....281,64.......0,42HAUTE TECHNOLOGIE ...................503,90.......2,03SERVICES COLLECTIFS ....................293,83.......0,53

LES 50 VALEURS DE L'EURO STOXXCode Cours % var.pays /préc.

ABN AMRO HOLDING ......NL...........21,48.......0,14AEGON NV.........................NL...........27,80.......2,02AIR LIQUIDE........................FR.........170,10.......0,53ALCATEL A ..........................FR ...........16,88.......3,69ALLIANZ N ..........................AL.........284,26.......0,31AVENTIS..............................FR ...........81,00.......0,00AXA......................................FR ...........25,78.......2,30BASF AG..............................AL ...........46,97.......0,32BAYER..................................AL ...........40,57 .....-0,56BAYR.HYP.U.VERBK...........AL ...........37,90 .....-0,21BBVA ...................................ES ...........13,96.......0,43BNP PARIBAS .....................FR ...........55,80.......1,92BSCH....................................ES .............9,72.......0,21CARREFOUR........................FR ...........51,65.......0,29DAIMLERCHRYSLER N.......AL ...........53,56.......0,87

DANONE .............................FR.........136,70.......1,03DEUTSCHE BANK AG ........AL ...........72,50.......0,00DEUTSCHE TELEKOM........AL ...........17,25.......1,41E.ON ....................................AL ...........58,04.......0,24ENDESA...............................ES ...........17,40.......0,99ENEL .....................................IT .............6,48.......0,00ENI SPA ................................IT ...........16,81 .....-0,83FORTIS.................................BE ...........25,14.......0,56FRANCE TELECOM.............FR ...........31,69.......2,26GENERALI ASS.....................IT ...........28,86.......1,44ING GROEP CVA................NL...........30,02.......1,52KONINKLIJKE AHOLD .......NL...........29,27.......1,25L'OREAL...............................FR ...........83,00.......0,61LVMH ..................................FR ...........61,15.......1,75MUENCHENER RUECKV ...AL.........299,81.......0,17NOKIA OYJ...........................FI ...........25,55.......1,83PINAULT PRINTEMPS ........FR.........131,90.......0,76REPSOL YPF ........................ES ...........15,62.......1,10ROY.PHILIPS ELECTR .........NL...........33,80.......1,81ROYAL DUTCH PETROL ....NL...........62,45.......0,32RWE.....................................AL ...........41,98 .....-0,02SAINT GOBAIN...................FR.........185,00.......0,54SANOFI-SYNTHELABO ......FR ...........74,00.......0,48SANPAOLO IMI ...................IT ...........12,77.......0,79SIEMENS .............................AL ...........77,00.......1,60SOCIETE GENERALE A .......FR ...........70,40.......1,59SUEZ....................................FR ...........32,83.......0,80TELECOM ITALIA.................IT .............9,74.......0,31TELEFONICA........................ES ...........13,45.......1,51TIM .......................................IT .............5,44.......0,37TOTAL FINA ELF .................FR.........171,70 .....-0,17UNICREDITO ITALIAN ........IT .............4,75.......0,00MUENCHENER RUECKV ...NL...........66,55.......2,31VIVENDI UNIVERSAL.........FR ...........44,23.......1,84VOLKSWAGEN ...................AL ...........59,47.......0,63

Valeur Cours de clôture % var.Meilleures performances WUENSCHE AG.................................0,14 .......55,56WIZCOM TECHNOL. .........................0,52 .......30,00COMPUTERLINKS..............................9,29 .......20,65SUNWAYS..........................................3,85 .......13,91INTERNOLIX.......................................5,66 .......13,65PIXELNET............................................3,03 .......13,06DRILLISCH ..........................................0,96 .......11,63Plus mauvaises performances LEBENSART GLOB NET .....................0,76......-60,00MUEHL PRODUCT&SERV ................1,45......-27,50AECO...................................................0,30......-21,05ABACHO.............................................0,25......-19,35SER SYSTEMS.....................................0,34......-17,07IFCO SYSTEMS...................................0,60......-14,29BAEURER ............................................3,49......-14,25

Valeur Cours de clôture % var.Meilleures performances ENERGIS .............................................0,03 .......10,11BT GROUP..........................................2,77..........5,52P&O PRINCESS CRUIS ......................4,55..........5,27RANK GROUP PLC.............................2,85..........5,26CELLTECH GROUP .............................6,18..........5,19SHIRE PHARMA GRP ........................5,80..........5,07TRAFFICMASTER ...............................0,34..........4,69Plus mauvaises performances TELEWEST COMM.............................0,14......-16,42SCOOT.COM ......................................0,01 ........-6,67PERSIMMON......................................4,29 ........-5,51KINGSTON COMM............................0,88 ........-4,86TAYLOR WOODROW........................1,92 ........-4,48BRITISH BIOTECH PL.........................0,11 ........-4,44BRITISH ENERGY ...............................1,89 ........-4,06

Valeur Cours de clôture % var.Meilleures performances PRIMA MEAT PACKERS..................73,00 .......40,38NIPPON KINZOKU ..........................91,00 .......19,74AICHI MACHINE IND ...................317,00 .......19,62MEGACHIPS ................................3800,00 .......15,15NIHON INTER ELEC ......................173,00 .......14,57SEIKO CORP ..................................300,00 .......14,50NEPON ...........................................159,00 .......14,39Plus mauvaises performances FREESIA MACROSS CO...................73,00......-14,12TOYO CONSTRUCTION ..................69,00......-10,39PLAS-TECH.......................................42,00 ........-8,70MACNICA ....................................4350,00 ........-8,61SUMIKURA INDL.............................22,00 ........-8,33OHMORI...........................................63,00 ........-7,35KOKUNE...........................................39,00 ........-7,14

Valeur Cours de clôture % var.Meilleures performances BULL....................................................1,21 .......17,48AXA...................................................25,20..........7,33COFACE ............................................56,35..........5,82RENAULT..........................................55,30..........4,83ALSTOM ...........................................15,78..........4,50EQUANT...........................................11,80..........4,42DEXIA ...............................................16,95..........3,99Plus mauvaises performances MERCK AND CO..............................68,25 ........-5,99WAVECOM ......................................33,68 ........-2,38GRANDVISION ................................18,80 ........-2,13VIVENDI ENVIRONNEM.................34,49 ........-1,96NESTLE NOM. ...............................246,00 ........-1,95TRACKS MSCI CO.DI.......................47,30 ........-1,83GENESYS ..........................................13,57 ........-1,67

Séance du 15/3

NYSE1469 millions de titres échangésValeur Cours de clôture % var.

3M ..................................................121,40..........0,67AM INTL GRP...................................75,40..........0,86ALCOA ..............................................39,03..........1,40AOL TIME WARNER........................26,33..........2,29AMERICAN EXPRESS ......................42,15..........3,79AT & T..............................................15,81..........1,67BOEING CO......................................47,98..........0,78BRISTOL MYERS SQUI ....................50,91..........2,23CATERPILLAR ...................................59,79..........1,93CITIGROUP.......................................49,69..........1,80COCA-COLA .....................................48,64..........1,57COLGATE PALMOLIVE ....................55,98..........2,62COMPAQ COMPUTER ....................10,33 ........-3,46DOW CHEMICAL.............................32,90..........1,86DUPONT DE NEMOURS.................48,47..........1,85EASTMAN KODAK ..........................32,00 ........-1,08ENDESA ADR ...................................15,06..........0,07EXXON MOBIL ................................43,61..........0,86FORD MOTOR .................................16,93..........0,12GENERAL ELECTRIC ........................40,19 ........-0,54GENERAL MOTORS.........................60,75..........1,42GILLETTE CO ....................................33,93..........2,05HEWLETT PACKARD .......................19,05 ........-1,80HOME DEPOT INC ..........................48,92..........1,18HONEYWELL INTL...........................40,00 ........-0,92IBM.................................................106,79..........0,18INTL PAPER......................................44,61..........0,84JOHNSON & JOHNSON.................64,60..........0,34J.P.MORGAN CHASE ......................36,01..........2,56LUCENT TECHNOLOGIE ...................4,89..........1,45MC DONALD'S CORP......................28,72..........2,02MERCK AND CO..............................59,75 ........-5,82MOTOROLA .....................................14,00..........0,43NORTEL NETWORKS.........................8,01 ........-2,32PEPSICO ...........................................50,87..........1,50PFIZER INC.......................................41,37..........3,55

PHILIP MORRIS................................52,29..........0,71PROCTER AND GAMBLE ................87,07..........2,45SBC COMM INC SHS ......................39,00..........0,80TEXAS INSTRUMENTS....................34,09..........3,65UNITED TECHNOLOGIE .................74,35 ........-0,40WAL-MART STORES .......................63,75..........2,38WALT DISNEY COMPAN................24,32..........3,49

NASDAQ1699 millions de titres échangésValeur Cours de clôture % var.

ALTERA CORP..................................22,63..........1,25AMAZON.COM INC ........................14,03 ........-3,11AMGEN INC.....................................61,41..........1,93APPLIED MATERIALS ......................50,72..........2,90BED BATH & BEYOND ...................33,09..........2,22CISCO SYSTEMS..............................16,54 ........-1,19COMCAST A SPECIAL .....................33,49..........0,51CONCORD EFS ................................33,27..........3,64DELL COMPUTER ............................25,72 ........-0,77EBAY .................................................57,70..........1,80FLEXTRONICS INTL .........................16,67..........0,36GEMSTAR TV GUIDE ......................20,69..........1,97GENZYME ........................................50,01..........2,35IMMUNEX........................................30,60..........2,00INTEL CORP .....................................31,74..........2,49INTUIT ..............................................38,13..........0,00JDS UNIPHASE...................................6,10..........1,50LINEAR TECHNOLOGY ...................43,83..........3,37MAXIM INTEGR PROD...................55,03..........2,51MICROSOFT.....................................62,49..........2,07ORACLE CORP .................................12,60 ........-6,25PAYCHEX .........................................40,55..........2,53PEOPLESOFT INC.............................36,68..........1,30QUALCOMM INC ............................41,99..........3,88SIEBEL SYSTEMS .............................34,12..........0,62SUN MICROSYSTEMS.......................9,06 ........-1,63VERITAS SOFTWARE ......................41,50 ........-2,70WORLDCOM......................................7,40..........0,41XILINX INC.......................................41,71..........2,73YAHOO INC .....................................18,72 ........-2,65

MARCHÉ DES CHANGES 18/3, 10h16

TAUX D'INTÉRÊTS LE 18/3Taux Taux Taux Tauxj.le j. 3 mois 10 ans 30 ans

3,25 3,38 5,28 5,60 - 4,09 4,11 5,29 5,13 3,25 3,38 5,47 5,83 3,25 3,38 5,25 5,62 0,05 0,10 1,43 2,07 - 1,90 2,01 5,54 6,16 1,42 1,68 3,66 4,02

Echéance Premier Dernier Contratsprix prix ouverts

40 . 3/2 4589,00 4644,00 539397 . 3/2 87,40 87,40 2939 . 50 6/2 3743,00 3767,00 2979 10 6/2 105,13 104,99 603928 3. 6/2 96,45 96,42 550792 6/2 10545,00 10615,00 27566. 6/2 1160,50 1166,00 476553

LUNDI 18 MARS 10h16Cours % var.

OR FIN KILO BARRE ..................10500,00 ........0,00OR FIN LINGOT..........................10570,00.......-1,67ONCE D'OR EN DOLLAR................290,30.......-0,31PIÈCE 20 FR. FRANCAIS...................61,40 ........0,66PIÈCE 20 FR. SUISSE ........................61,90 ........0,00PIÈCE UNION LAT. 20......................60,10.......-2,91PIÈCE 10 US$..................................200,00 ........0,00PIÈCE 20 US$..................................380,25 ........0,00PIÈCE 50 PESOS MEXICAINS ........397,75 ........0,44

LUNDI 18 MARS 10h16 Cours % var.

BLE ($ CHICAGO) ...........................282,50 ........1,16CACAO ($ NEW YORK) ...............1565,00 ........0,12CAFE (£ LONDRES).........................505,00.......-3,83COLZA (¤ PARIS) ............................241,50 ........0,00MAÏS ($ CHICAGO)........................205,75.......-0,96ORGE (£ LONDRES)..........................58,00.......-1,23JUS D'ORANGE ($ NEW YORK) ........0,91 ........0,00SUCRE BLANC (£ LONDRES).........216,10 ........0,42SOJA TOURT. ($ CHICAGO) ..........158,60 ........0,76

LUNDI 18 MARS 10h16 Cours % var.

LONDRESALUMINIUM COMPTANT ($).....1419,25 ........0,37ALUMINIUM À 3 MOIS ($).........1433,52 ........0,32CUIVRE COMPTANT ($) ..............1606,75 ........0,44CUIVRE À 3 MOIS ($) ..................1631,04 ........0,40ETAIN COMPTANT ($) ................3843,60 ........0,47ETAIN À 3 MOIS ($) ....................3880,00 ........0,54NICKEL COMPTANT ($)...............6745,00 ........2,15NICKEL À 3 MOIS ($)...................6739,90 ........1,95PLOMB COMPTANT ($).................475,50 ........0,14PLOMB À 3 MOIS ($).....................486,00 ................ZINC COMPTANT ($).....................818,75 ........0,61ZINC À 3 MOIS ($).........................838,90 ........0,42NEW YORKARGENT À TERME ($)....................448,00.......-1,97PLATINE À TERME ($)....................510,00 ........0,09

LUNDI 18 MARS 10h16 Cours % var.

BRENT (LONDRES) ...........................19,40.......-0,77WTI (NEW YORK).............................24,47 ........0,08LIGHT SWEET CRUDE ......................24,37.......-0,57

FRANCFORT15/3 : 249 millions de titres échangés

LONDRES15/3 : 1290 millions de titres échangés

TOKYO18/3 : 534 millions de titres échangés

PARIS15/3 : 138 millions de titres échangés

NEW YORK

Achat Vente

...............7,4325...........7,4335 . ...............7,7600...........7,7650 ..............9,0977...........9,1077 .............31,1879.........31,6348 ................1,6794...........1,6829 ...................1,3938...........1,3963 ................6,8597...........6,8647 -...............2,0249...........2,0267 ..............244,4644 ......244,5640 .................28912,0000..28970,0000 ...................................27,3986.........27,4136

TAUX

MARCHÉS A TERME LE 18/3, 10h16

Taux de base bancaire ....................................6,6 %Taux des oblig. des sociétés privées .........5,05 %Taux d'intérêt légal.......................................4,26 %

Crédit immobilier à taux fixetaux effectif moyen ......................................6,29 %usure ................................................................8,39 %Crédit immobilier à taux variabletaux effectif moyen ......................................6,25 %usure ................................................................8,33 %Crédit consommation (- de 10 000 francs)taux effectif moyen ....................................15,67 %usure ..............................................................20,89 %Crédit renouvelable, découvertstaux effectif moyen ....................................12,71 %usure ..............................................................16,95 %Crédit consommation (+ de 10 000 francs)taux effectif moyen ......................................8,49 %usure ..............................................................11,32 %

Crédit aux entreprises (+ de 2ans)moyenne taux variable ................................5,95 %usure taux variable .......................................7,93 %moyenne taux fixe ........................................6,31 %usure taux fixe...............................................8,41 %

(Taux de l’usure : taux maximum légal)

OR MÉTAUX

La Bourse de Tokyofait une pause

PER - Price Earning Ratio (ou cours/bénéfice) : cours de Bourse divisé par le bénéfice par action estimé pourl'exercice courant. PER : Jacques Chahine Finances ; données : la Cote Bleue.n/d : valeur non disponible.

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11 15Mars

L’OPEP maintient une production réduite de pétrole

CHRONIQUE DES MARCHÉS

L A T E N D A N C E F I N A N C I È R E

LA RÉUNION de l’Organisation des pays pro-ducteurs de pétrole (OPEP), vendredi 15 mars,n’aura réservé aucune surprise. Les membresdu cartel ont décidé de laisser inchanger leursquotas de production jusqu’à la fin juin. Le mar-ché s’inquiète de la politique que pourrait alorsadopter le cartel. Certains y voient une menacepour la reprise mondiale.

Rien, selon l’OPEP, ne justifiait un change-

ment d’attitude. Le prix du brent a beau s’êtresensiblement redressé ces dernières semainespour atteindre, vendredi, 24,55 dollars le baril,son plus haut niveau depuis six mois, la haussea été plus nourrie par « les incertitudes politi-ques que par les fondamentaux du marché »,comme l’a reconnu le ministre algérien dupétrole, Chakib Khelil. La possibilité d’une pro-chaine intervention américaine en Irak commeles tensions au Proche-Orient ont réveillé laspéculation sur les marchés pétroliers, bienque les stocks restent très élevés. En attendantla confirmation des « signes encourageantsd’une reprise économique mondiale », attenduspar le président de l’Organisation, le NigérianRilwanu Lukman, l’OPEP a jugé plus prudentde conserver le niveau de production décidé àla fin de l’année 2001. D’autant que tradition-nellement la consommation pétrolière, avec lafin de l’hiver dans l’hémisphère nord, baisse audeuxième trimestre.

L’accord sur cette ligne a été vite trouvé entre

les différents pays. Tous se félicitent du bonfonctionnement de la politique de limitation dela production. Pour s’adapter à la très faibledemande mondiale, l’OPEP a diminué officielle-

ment sa production de 5 millions de barils parjour, en 2001, soit son plus bas niveau de pro-duction depuis dix ans. Mais ces restrictions,qui ont rassuré les marchés et permis un raffer-missement des prix, ont été appliquées avecune grande souplesse. La plupart des membresdu cartel ont continué de dépasser leurs quotas,rapporte le Middle East Economic Survey du18 mars. « La production des dix membres del’OPEP en février a dépassé de 819 000 barils parjour le nouveau plafond de 21,701 millions debarils par jour », affirme-t-il.

Le Mexique et la Norvège, qui n’appartien-nent pas à l’OPEP mais qui s’étaient engagés àla fin de l’année dernière à réduire eux aussileur production pétrolière, se sont ralliés à laposition du cartel arrêtée à Vienne, vendredi.Après avoir soufflé le chaud et le froid, la Rus-sie a déclaré, à son tour, dimanche 17 mars,qu’elle était « techniquement prête » à recon-duire jusqu’en juin la réduction des exporta-tions de pétrole qu’elle a accepté fin 2001, maisqui est loin d’être respectée à la lettre. L’OPEP,satisfaite du soutien officiel de la Russie, sem-

ble avoir décidé de fermer les yeux sur cesentorses. Alors que le cartel accusait, il y aencore trois mois, la Russie de déstabiliser lemarché en l’inondant avec ses productions, ill’a saluée vendredi « pour la solidité [de saligne de conduite en accord] avec les objectifsde l’Organisation ».

Toute la question, pour le marché pétrolier,

est de savoir qu’elle sera l’attitude des pays pro-ducteurs à la fin du printemps, l’OPEP devantse réunir à nouveau le 26 juin. Si tous sont d’ac-cord pour augmenter leur production en casd’attaque contre l’Irak pour rassurer les mar-chés, les positions divergent au-delà. Faut-il ounon augmenter la production pour accompa-gner la reprise mondiale ? Le ministre saoudiendu pétrole, Ali Al-Nouaïmi, membre influent del’organisation, y semble très favorable. Il a déjàindiqué que le cartel pourrait augmenter « sinécessaire » sa production dès le troisième tri-mestre. Le Nigérian Rilwanu Lukman, lui, sem-ble beaucoup plus hésitant. Le prix du baril« est proche d’un niveau largement acceptable etqui peut se maintenir sur le long terme », a-t-ilexpliqué. « L’effet du 11 septembre semble s’êtreestompé mais les prix restent largement inférieursà leur niveau », a-t-il ajouté.

Ces positions ambiguës inquiètent les obser-vateurs économiques. Beaucoup y voient unemenace sur la reprise économique. « L’OPEPjoue avec le feu. Si les cours du pétrole grimpentau troisième et quatrième trimestres, cela donne-ra un coup d’arrêt au rebond économique », pré-dit Leo Drollas, expert du Center for GlobalEnergy Studies.

Martine Orange

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LE MONDE/MARDI 19 MARS 2002/25

PREMIER MARCHÉVALEURS FRANCAISESLundi 18 mars 9h57Valeur Dernier Cours % var. % var. Plus Plus Divid. Code cours préc. /préc. 31/12 haut bas net sicovam

VALEURS INTERNATIONALES ZONE EUROALTADIS...............................◗.......20,98 .......21,10......-0,57 .......9,95 ..........21,52.......17,55 .....0,23 ...12975AMADEUS PRIV. A .............◗ .........8,24 .........8,17 .......0,86 .....25,41 ............8,24 .........6,44 .....0,07 ...12823ARCELOR..............................◗.......15,85 .......15,85.........n/d.........n/d ..........16,06.......14,35.......n/d......5786B.A.S.F. # .............................◗.......47,10 .......47,00 .......0,21 .....11,37 ..........47,50.......40,10 .....1,47 ...12807BAYER #...............................◗.......40,25 .......40,50......-0,62 .....14,63 ..........40,52.......32,80 .....1,03 ...12806COMPLETEL EUROPE .........◗ .........0,78 .........0,76 .......2,63....-32,75 ............1,30 .........0,59.......n/d......5728DEUTSCHE BANK #............◗.......73,00 .......71,10 .......2,67 ......-8,00 ..........82,60.......62,55 .....0,96 ...12804DEXIA...................................◗.......17,07 .......16,95 .......0,71 .......5,37 ..........17,70.......14,99 .....3,23 ...12822EADS(EX-AERO.MAT.)........◗.......17,37 .......16,67 .......4,20 .....27,34 ..........17,45.......12,52 .....0,38......5730EQUANT N.V.......................◗.......11,93 .......11,80 .......1,10....-11,36 ..........14,95 .........8,97.......n/d ...12701EURONEXT N.V ..................◗.......21,86 .......22,00......-0,64 .......2,87 ..........22,90.......19,02.......n/d......5777GEMPLUS INTL ...................◗ .........2,06 .........2,09......-1,44....-27,46 ............3,08 .........1,75.......n/d......5768NOKIA A ..............................◗.......25,58 .......25,20 .......1,51....-10,87 ..........30,32.......22,12 .....0,28......5838ROYAL DUTCH # ................◗.......62,65 .......62,00 .......1,05 .....10,59 ..........62,70.......52,60 .....0,53 ...13950ROYAL PHILIPS 0.20...........◗.......33,69 .......33,00 .......2,09 .......1,84 ..........35,33.......27,74 .....0,27 ...13955SIEMENS # ..........................◗.......77,30 .......74,95 .......3,14 .......4,31 ..........79,75.......62,00 .....0,74 ...12805STMICROELECTRONICS .....◗.......38,74 .......37,49 .......3,33 .......7,46 ..........39,70.......31,50 .....0,03 ...12970TELEFONICA #.....................◗.......13,45 .......13,16 .......2,20 ......-9,54 ..........15,62.......12,29 .....0,28 ...12811UNILEVER NV # ..................◗.......66,85 .......67,25......-0,59 .......1,44 ..........68,00.......61,45 .....0,38 ...13953

VALEURS INTERNATIONALES HORS ZONE EUROERICSSON #.........................◗ .........5,06 .........4,98 .......1,61....-16,50 ............6,69 .........4,42 .....0,04 ...12905GENERAL ELECT. # .............◗.......45,95 .......45,90 .......0,11 ......-0,41 ..........47,80.......40,10 .....0,18 ...12943HSBC HOLDINGS................◗.......13,68 .......13,60 .......0,59 .......2,70 ..........13,85.......12,32 .....0,21 ...12976I.B.M # .................................◗ ....122,40.....121,30 .......0,91....-12,44........141,90 ....109,50 .....0,14 ...12964KINGFISHER SICO...............◗ .........6,29 .........6,22 .......1,13 .......0,15 ............6,83 .........5,86 .....0,07 ...22046MERCK AND CO #..............◗.......68,05 .......68,25......-0,29 .......0,36 ..........73,20.......64,50 .....0,34 ...12909NESTLE SA NOM. # ............◗ ....249,30.....246,00 .......1,34 .......4,30........258,60 ....233,10 ...23,42 ...13911PHILIP MORRIS #................◗.......58,85 .......58,95......-0,17 .....12,09 ..........62,25.......50,40 .....0,56 ...12928SCHLUMBERGER #.............◗.......68,85 .......68,00 .......1,25 .......7,74 ..........70,95.......56,00 .....0,22 ...12936SONY CORP. # ....................◗.......61,05 .......62,80......-2,79 .....18,31 ..........65,45.......46,31 .....0,13 ...12903

ACCOR .................................◗.......46,92 .......46,73 .......0,41 .....14,91 ..........47,71.......38,03 .....1,00 ...12040AFFINE ..........................................39,99 .......40,00......-0,03 .......8,37 ..........40,05.......30,34 .....1,20......3610AGF.......................................◗.......56,20 .......55,20 .......1,81 .......4,26 ..........57,50.......50,20 .....2,00 ...12592AIR FRANCE GPE NOM......◗.......20,79 .......20,66 .......0,63 .....26,45 ..........21,19.......16,06 .....0,22......3112AIR LIQUIDE ........................◗ ....170,20.....169,20 .......0,59 .......8,13........171,40 ....149,80 .....3,00 ...12007ALCATEL A...........................◗.......16,90 .......16,28 .......3,81....-11,97 ..........21,62.......14,62 .....0,48 ...13000ALCATEL O ............................ .........6,60 .........6,45 .......2,33....-14,50 ............9,62 .........5,00 .....0,10 ...13015ALSTOM...............................◗.......16,20 .......15,78 .......2,66 .....29,70 ..........16,21.......12,25 .....0,55 ...12019ALTRAN TECHNO. #...........◗.......62,00 .......60,00 .......3,33 .....22,16 ..........62,10.......48,50 .....0,14......3463ARBEL..................................... .........5,50 .........5,69......-3,34 .....77,41 ............7,50 .........2,92 .....0,53......3588AREVA CIP............................. ....184,50.....185,00......-0,27 .....15,67........192,00 ....160,00 ...22,85......4524ATOS ORIGIN......................◗.......93,30 .......92,20 .......1,19 .....26,85 ..........94,00.......71,15.......n/d......5173AVENTIS ..............................◗.......81,00 .......81,00.........n/d .......1,56 ..........85,95.......74,10 .....0,50 ...13046AXA ......................................◗.......25,50 .......25,20 .......1,19 .......8,64 ..........25,70.......19,41 .....2,20 ...12062BACOU DALLOZ ................... ....108,10.....109,00......-0,83 .....22,84........118,80.......83,30 .....0,90......6089BAIL INVESTIS....................... ....135,00.....135,00.........n/d .....11,47........135,50 ....122,50 .....7,16 ...12018BAZAR HOT. VILLE ............... ..........n/d.....130,20.........n/d .......1,08........152,80 ....124,50 .....3,00 ...12547BEGHIN SAY........................◗.......44,00 .......44,10......-0,23 .......7,84 ..........44,50.......39,20.......n/d......4455BIC........................................◗.......38,40 .......38,75......-0,90 .......0,10 ..........40,98.......35,51 .....0,29 ...12096BNP PARIBAS ......................◗.......55,80 .......54,75 .......1,92 .....11,04 ..........58,30.......49,77 .....2,25 ...13110BOLLORE..............................◗ ....245,60.....242,40 .......1,32 .......2,24........259,00 ....238,00 .....4,00 ...12585BOLLORE INV...............................52,00 .......52,00.........n/d .......1,26 ..........55,00.......50,50 .....0,20......3929BONGRAIN...................................45,55 .......45,50 .......0,11 .......1,22 ..........45,80.......41,70 .....1,40 ...12010BOUYGUES..........................◗.......37,10 .......36,63 .......1,28 .......0,81 ..........38,95.......30,51 .....0,36 ...12050BOUYGUES OFFS................◗.......44,10 .......44,21......-0,25 .....10,11 ..........45,30.......38,60 .....1,10 ...13070B T P (LA CIE) ........................ ..........n/d .........1,16.........n/d.........n/d..............n/d ..........n/d .....0,46......3360BULL#...................................◗ .........1,15 .........1,21......-4,96 ......-6,50 ............1,36 .........0,83.......n/d......5260BURELLE (LY)................................53,00 .......54,40......-2,57 .......6,79 ..........60,05.......49,63 .....0,50......6113BUSINESS OBJECTS............◗.......49,22 .......48,78 .......0,90 .....31,07 ..........51,00.......37,01.......n/d ...12074CANAL + ..............................◗ .........3,70 .........3,75......-1,33 .......3,35 ............3,79 .........3,49 .....0,15 ...12546CAP GEMINI ........................◗.......88,60 .......86,35 .......2,61 .......9,24 ..........90,70.......70,40 .....1,20 ...12533CARBONE-LORRAINE .........◗.......33,65 .......34,10......-1,32 .....12,16 ..........35,80.......28,60 .....1,06......3962CARREFOUR ........................◗.......51,75 .......51,50 .......0,49....-11,38 ..........58,80.......49,23 .....0,50 ...12017CASINO GUICH.ADP ...................59,90 .......59,60 .......0,50 ......-4,16 ..........63,95.......56,05 .....1,37 ...12113CASINO GUICHARD ...........◗.......82,55 .......81,25 .......1,60 ......-4,73 ..........87,30.......75,05 .....1,33 ...12558CASTORAMA DUB.(LI) .......◗.......60,70 .......59,75 .......1,59 .......4,92 ..........61,90.......54,25 .....2,85 ...12420CEGID (LY)....................................80,50 .......77,95 .......3,27 .......2,74 ..........90,50.......70,00 .....2,00 ...12470CEREOL ................................◗.......29,75 .......29,70 .......0,17 .......4,56 ..........30,49.......28,00.......n/d......4456CERESTAR............................◗.......32,75 .......32,75.........n/d .......6,33 ..........32,75.......30,70.......n/d......4457CFF.RECYCLING ...........................47,00 .......47,00.........n/d .....17,50 ..........47,25.......38,50 .....1,30......3905CGIP .....................................◗.......35,99 .......34,90 .......3,12.........n/d ..........38,30.......34,80.......n/d ...12102CHARGEURS ................................78,00 .......78,00.........n/d .......4,06 ..........79,90.......67,00 .....2,13 ...13069CHRISTIAN DIOR ................◗.......45,00 .......44,20 .......1,81 .....30,54 ..........45,00.......32,50 .....0,28 ...13040CIC -ACTIONS A ................... ....121,80.....121,00 .......0,66 .......1,07........125,00 ....118,70 .....2,29 ...12005CIMENTS FRANCAIS...........◗.......51,50 .......51,60......-0,19 .......7,29 ..........52,50.......46,20 .....1,40 ...12098CLARINS...............................◗.......69,25 .......69,05 .......0,29 .......9,22 ..........72,50.......61,00 .....1,10 ...13029CLUB MEDITERRANEE .......◗.......53,40 .......53,10 .......0,56 .....30,24 ..........56,40.......41,52 .....1,00 ...12156CNP ASSURANCES .............◗.......37,18 .......36,85 .......0,90 .......4,14 ..........37,40.......33,60 .....1,08 ...12022COFACE................................◗.......59,90 .......56,35 .......6,30 .....26,37 ..........61,90.......46,40 .....1,75 ...12099COFLEXIP............................... ..........n/d.....167,50.........n/d .......5,34........168,20 ....145,00.......n/d ...13064COLAS...........................................70,55 .......70,85......-0,42 .....11,36 ..........71,80.......62,00 .....2,13 ...12163CONTIN.ENTREPR. ......................46,00 .......46,20......-0,43 .......2,90 ..........46,90.......41,50 .....2,00......3664CREDIT AGRICOLE ..............◗.......19,07 .......19,20......-0,68 .......7,19 ..........19,20.......17,58.......n/d......4507CRED.FON.FRANCE .....................15,04 .......14,98 .......0,40 .......3,43 ..........15,19.......13,05 .....0,58 ...12081CREDIT LYONNAIS .............◗.......42,32 .......42,32.........n/d .....12,85 ..........43,00.......36,14 .....0,65 ...18420CS COM.ET SYSTEMES ...............11,00 .......11,57......-4,93 .....32,53 ..........11,90 .........7,60.......n/d......7896DAMART.......................................95,00 .......94,95 .......0,05 .....17,86 ..........98,00.......79,50 .....3,80 ...12049DANONE..............................◗ ....136,70.....135,30 .......1,03 ......-0,21........139,40 ....125,20 .....1,90 ...12064DASSAULT-AVIATION.......... ....320,50.....323,00......-0,77 .......1,10........331,00 ....284,90 .....6,20 ...12172DASSAULT SYSTEMES .......◗.......55,75 .......55,40 .......0,63 .......3,24 ..........59,40.......47,60 .....0,31 ...13065DEV.R.N-P.CAL LI # .....................14,60 .......14,55 .......0,34 .......1,38 ..........15,00.......14,25 .....0,55 ...12423DEVEAUX(LY)# ............................70,10 .......69,90 .......0,29....-12,91 ..........75,00.......66,90 .....4,20......6100DIDOT-BOTTIN ..................... ..........n/d .......70,00.........n/d .....14,75 ..........70,50.......61,10 .....2,74......3747DMC (DOLLFUS MI) ....................10,78 .......10,15 .......6,21 .....43,92 ..........11,48 .........6,90 .....0,61 ...12133DYNACTION.................................31,06 .......31,10......-0,13 .....15,46 ..........32,40.......25,41 .....0,50 ...13035EIFFAGE ...............................◗.......84,60 .......84,70......-0,12 .....23,68 ..........84,90.......68,80 .....0,78 ...13045ELECT.MADAGASCAR .................22,70 .......22,40 .......1,34 .......0,88 ..........24,90.......22,40.......n/d......3571ELIOR....................................◗ .........8,40 .........8,30 .......1,20 .......4,21 ............9,74 .........8,05 .....0,07 ...12127ENTENIAL(EX CDE)......................32,72 .......32,50 .......0,68 .....29,07 ..........32,90.......25,35 .....0,40 ...12093ERAMET........................................38,00 .......38,06......-0,16 .......9,82 ..........39,80.......30,21 .....1,30 ...13175ESSILOR INTL ......................◗.......39,04 .......39,05......-0,03 .....14,99 ..........39,90.......31,20 .....3,90 ...12166ESSO..............................................92,75 .......92,50 .......0,27 .....15,64 ..........92,75.......79,50 .....2,75 ...12066EULER...................................◗.......42,54 .......42,20 .......0,81 .......0,09 ..........47,40.......40,60 .....1,40 ...12130

EURAZEO.............................◗.......62,30 .......62,55......-0,40 ......-2,58 ..........63,85.......57,60 .....0,48 ...12112EURO DISNEY .....................◗ .........1,05 .........1,04 .......0,96 .....19,31 ............1,21 .........0,89.......n/d ...12587EUROTUNNEL .....................◗ .........1,00 .........1,00.........n/d....-11,50 ............1,18 .........0,90.......n/d ...12537FAURECIA ............................◗.......56,00 .......55,95 .......0,09 ......-5,08 ..........61,40.......51,60 .....0,91 ...12114F.F.P. (NY) ............................◗ ....113,00.....112,20 .......0,71 .....16,43........113,50.......94,20 .....1,80......6478FIMALAC..............................◗.......48,18 .......48,40......-0,45 .....19,55 ..........49,45.......40,01 .....0,90......3794FINAXA .........................................89,50 .......91,00......-1,65 .....13,07 ..........93,00.......68,00 .....2,20......3313FONC.LYON.# ..............................29,65 .......29,75......-0,34 .....11,04 ..........30,50.......25,20 .....0,85......3340FRANCE TELECOM..............◗.......31,70 .......30,99 .......2,29....-29,39 ..........48,16.......28,15 .....1,00 ...13330FROMAGERIES BEL............... ....104,00.....106,90......-2,71 .......4,05........110,00.......91,80 .....2,22 ...12185GALERIES LAFAYETTE ........◗ ....146,90.....146,50 .......0,27 ......-3,92........168,90 ....125,10 .....0,60 ...12124GAUMONT # ...............................48,50 .......48,99......-1,00 .....17,71 ..........53,00.......39,00 .....0,57......3489GECINA ................................◗.......95,00 .......95,00.........n/d .......3,82 ..........95,75.......90,00 .....3,34 ...13151GENERALE DE SANTE .................17,50 .......17,00 .......2,94 .....21,86 ..........17,70.......13,71.......n/d......4447GEOPHYSIQUE....................◗.......44,35 .......44,00 .......0,80 .....25,81 ..........44,69.......33,16 .....1,22 ...12016GFI INFORMATIQUE ..........◗.......11,88 .......11,58 .......2,59 ......-1,41 ..........13,34.......10,05 .....0,15......6337GRANDVISION....................◗.......18,99 .......18,80 .......1,01 .....24,52 ..........20,10.......15,05 .....0,25......5297GROUPE GASCOGNE..................71,00 .......71,70......-0,98 ......-4,31 ..........80,40.......67,75 .....3,00 ...12441GROUPE PARTOUCHE #.............76,20 .......74,80 .......1,87 .......2,62 ..........76,20.......63,00 .....1,68......5354GR.ZANNIER (LY) # .....................75,60 .......75,30 .......0,40 ......-3,81 ..........83,50.......72,00 .....0,73 ...12472GUYENNE GASCOGNE ......◗.......85,85 .......84,70 .......1,36 .......1,00 ..........87,50.......84,00 .....1,50 ...12028HAVAS ADVERTISING........◗.......10,00 .........9,61 .......4,06 .....23,00 ..........11,00 .........7,82 .....0,17 ...12188IMERYS ................................◗ ....131,90.....130,20 .......1,31 .....22,35........132,50.......98,00 .....3,60 ...12085IMMEUBLES DE FCE............. ..........n/d .......22,01.........n/d .......0,04 ..........25,00.......19,80 .....0,30 ...12037IMMOBANQUE NOM. ......... ....127,00.....126,80 .......0,16.........n/d........128,20 ....118,00.......n/d......5793IM.MARSEILLAISE................. ..........n/d ..3590,00.........n/d .......1,26......3700,00 ..3150,00 ...22,26......3770INFOGRAMES ENTER. ........◗.......12,63 .......12,46 .......1,36 ......-2,47 ..........15,98 .........9,95.......n/d......5257INGENICO............................◗.......25,70 .......25,56 .......0,55 .....13,71 ..........26,90.......22,50 .....0,10 ...12534ISIS ......................................... ....166,00.....166,60......-0,36 .......5,06........166,60 ....137,00.......n/d ...12000JC DECAUX..........................◗.......12,72 .......12,50 .......1,76 .......1,35 ..........13,78.......10,20.......n/d......7791KAUFMAN ET BROAD ................21,27 .......21,00 .......1,29 .....28,90 ..........21,41.......16,21 .....0,82 ...12105KLEPIERRE............................◗ ....118,20.....118,10 .......0,08 .....10,15........119,50 ....108,20 .....2,75 ...12196L'OREAL................................◗.......82,90 .......82,50 .......0,48 .......2,47 ..........83,10.......75,15 .....0,44 ...12032LAFARGE..............................◗ ....102,20.....101,50 .......0,69 ......-2,57........107,00.......96,85 .....2,20 ...12053LAGARDERE.........................◗.......52,25 .......51,20 .......2,05 .....11,17 ..........52,85.......41,92 .....0,78 ...13021LAPEYRE...............................◗.......60,00 .......60,80......-1,32 .....35,56 ..........62,50.......44,10 .....1,08 ...13051LEBON (CIE) .................................52,50 .......52,50.........n/d .......4,58 ..........54,70.......48,75 .....2,30 ...12129LEGRAND ORD. .................... ....171,50.....175,50......-2,28 .....19,09........180,00 ....143,90 .....0,94 ...12061LEGRIS INDUST...................◗.......22,20 .......22,20.........n/d .......0,90 ..........25,39.......18,20 .....1,20 ...12590LIBERTY SURF ....................... .........3,68 .........3,66 .......0,55 .....29,12 ............3,80 .........2,90.......n/d......7508LOCINDUS............................. ....130,00.....130,00.........n/d .......3,17........131,90 ....126,00 ...10,18 ...12135LOUVRE #.....................................74,90 .......74,65 .......0,33 .....19,26 ..........75,80.......60,00 .....1,24......3311LUCIA............................................11,22 .......11,25......-0,27....-13,69 ..........12,00.......10,42 .....1,83......3630LVMH MOET HEN. .............◗.......61,00 .......60,10 .......1,50 .....33,47 ..........61,05.......42,15 .....0,22 ...12101MARINE WENDEL...............◗.......68,05 .......67,50 .......0,81.........n/d ..........72,80.......66,50.......n/d ...12120MARIONNAUD PARFUM...◗.......52,05 .......51,60 .......0,87 ......-4,31 ..........57,60.......48,55.......n/d......6494MATUSSIERE FOREST. ......... .........9,40 .........9,35 .......0,53 .......5,73 ............9,85 .........8,15 .....0,10......6057MAUREL ET PROM......................19,00 .......18,89 .......0,58 .....22,58 ..........19,50.......15,10 .....0,91......5107METALEUROP ....................... .........3,98 .........3,98.........n/d .....29,22 ............4,90 .........3,15 .....0,61 ...12038MICHELIN ............................◗.......44,74 .......44,70 .......0,09 .....20,75 ..........45,05.......36,36 .....0,80 ...12126MONTUPET SA ............................14,86 .......14,85 .......0,07 .....42,47 ..........15,00.......10,50 .....0,17......3704NATEXIS BQ POP................◗.......90,70 .......90,75......-0,06 ......-6,39 ..........97,50.......87,30 .....2,50 ...12068NEOPOST.............................◗.......37,00 .......37,00.........n/d .....13,08 ..........38,45.......32,31.......n/d ...12056NEXANS...............................◗.......21,90 .......21,70 .......0,92 .....35,10 ..........21,90.......16,25.......n/d......4444NORBERT DENTRES.#.................26,40 .......26,49......-0,34 .....18,12 ..........27,90.......21,52 .....0,40......5287NORD-EST ....................................27,20 .......27,40......-0,73 .......0,40 ..........27,90.......25,20 .....0,94 ...12055NRJ GROUP .........................◗.......23,10 .......23,14......-0,17 .....10,31 ..........24,50.......17,90 .....0,28 ...12169OBERTHUR CARD SYS. ......◗ .........7,40 .........7,25 .......2,07....-17,31 ............9,40 .........5,62.......n/d ...12413ORANGE ..............................◗ .........7,42 .........7,38 .......0,54....-27,11 ..........10,74 .........6,27.......n/d......7919OXYG.EXT-ORIENT............... ....381,10.....391,00......-2,53 .......7,65........396,00 ....351,00 ...14,68......3117PECHINEY ACT ORD A .......◗.......59,15 .......58,80 .......0,60 .......2,15 ..........63,80.......57,05 .....1,00 ...13290PECHINEY B PRIV. .......................55,45 .......57,00......-2,72 .......1,93 ..........59,60.......52,50 .....3,31......3640PENAUILLE POLY.# .............◗.......36,60 .......36,34 .......0,72 ......-7,34 ..........45,59.......33,26 .....0,28......5338PERNOD-RICARD................◗.......92,60 .......92,80......-0,22 .......6,43 ..........93,50.......82,75 .....0,80 ...12069PEUGEOT.............................◗.......55,05 .......54,30 .......1,38 .....15,28 ..........55,15.......43,42 .....5,00 ...12150PINAULT-PRINT.RED. .........◗ ....131,40.....130,90 .......0,38 ......-9,12........154,69 ....109,50 .....2,18 ...12148PLASTIC OMN.(LY) ......................69,10 .......66,60 .......3,75 .....17,11 ..........83,10.......59,05 .....2,00 ...12457PROVIMI ..............................◗.......21,60 .......21,45 .......0,70 .......1,31 ..........23,78.......20,16.......n/d......4458PSB INDUSTRIES LY ....................90,45 .......90,50......-0,06 .......1,06 ..........91,80.......85,00 .....3,50......6032PUBLICIS GR. SA #..............◗.......37,60 .......37,00 .......1,62 .....26,38 ..........39,45.......26,80 .....0,20 ...13057REMY COINTREAU .............◗.......28,00 .......27,88 .......0,43 .....12,58 ..........28,10.......24,87 .....0,90 ...13039RENAULT .............................◗.......56,00 .......55,30 .......1,27 .....41,37 ..........56,10.......39,30 .....0,91 ...13190REXEL ...................................◗.......72,10 .......71,80 .......0,42 .......9,32 ..........72,10.......58,60 .....1,61 ...12595RHODIA ...............................◗.......10,98 .......11,05......-0,63 .....22,27 ..........11,63 .........8,87 .....0,40 ...12013ROCHETTE (LA)..................... ..........n/d .......12,45.........n/d .....27,04 ..........12,90.......11,81 .....0,18 ...12580ROUGIER #...................................61,10 .......61,10.........n/d .......7,09 ..........62,40.......57,00 .....3,05......3764ROYAL CANIN .....................◗ ....142,40.....141,90 .......0,35 .......5,87........143,50 ....133,20 .....1,10......3153RUE IMPERIALE (LY)............. ..1661,50 ..1671,50......-0,60 .......7,19......1735,00 ..1463,00 ...21,19 ...12400

SADE (NY) ....................................50,00 .......50,00.........n/d .......8,69 ..........50,50.......45,20 .....2,15 ...12431SAGEM S.A..........................◗.......71,85 .......71,25 .......0,84 .......4,50 ..........75,50.......63,45 .....0,60......7327SAINT-GOBAIN ...................◗ ....185,30.....184,00 .......0,71 .......9,32........187,00 ....161,00 .....4,30 ...12500SALVEPAR (NY)............................54,40 .......52,80 .......3,03 .......8,25 ..........55,95.......50,10 .....3,05 ...12435SANOFI SYNTHELABO .......◗.......74,05 .......73,65 .......0,54....-11,63 ..........84,30.......69,15 .....0,44 ...12057SCHNEIDER ELECTRIC ........◗.......58,30 .......58,20 .......0,17 .......7,96 ..........59,50.......48,28 .....1,60 ...12197SCOR SVN ...........................◗.......37,91 .......37,60 .......0,82 .......7,06 ..........46,80.......31,50 .....1,70 ...13030S.E.B. ....................................◗.......87,25 .......88,00......-0,85 .....39,26 ..........88,00.......61,00 .....1,90 ...12170SEITA.............................................50,20 .......51,20......-1,95 .......4,14 ..........53,00.......45,10 .....1,40 ...13230SELECTIBAIL(EXSEL) ....................16,30 .......16,30.........n/d .......2,38 ..........16,72.......15,80 .....1,56 ...12599SIDEL.............................................39,00 .......39,98......-2,45....-22,00 ..........53,00.......30,25.......n/d ...13060SILIC ....................................... ....169,00.....168,60 .......0,24 .......7,78........170,00 ....151,00 .....6,68......5091SIMCO..................................◗.......78,90 .......78,50 .......0,51 .......1,80 ..........79,25.......76,10 .....2,60 ...12180SKIS ROSSIGNOL.........................13,20 .......13,21......-0,08 ......-8,83 ..........15,90.......13,07 .....0,28 ...12041SOCIETE GENERALE ...........◗.......70,25 .......69,30 .......1,37 .....11,77 ..........71,15.......60,05 .....2,10 ...13080SODEXHO ALLIANCE .........◗.......49,59 .......49,15 .......0,90 .......3,29 ..........49,70.......42,65 .....0,56 ...12122SOPHIA ................................◗.......31,80 .......31,71 .......0,28 .......5,36 ..........32,25.......30,00 .....1,52 ...12077SOPRA GROUP CB# ...........◗.......51,60 .......48,30 .......6,83 .....33,12 ..........51,60.......39,05 .....0,62......5080SPIR COMMUNIC. #...........◗.......85,80 .......85,20 .......0,70 .....10,00 ..........91,00.......74,05 .....3,00 ...13173SR TELEPERFORMANCE .....◗.......27,55 .......27,75......-0,72 .....17,23 ..........28,80.......21,56 .....0,15......5180STERIA GROUPE #.......................38,05 .......38,35......-0,78 .....27,68 ..........38,80.......28,06 .....0,48......7291SUCR.PITHIVIERS.................. ....410,00.....411,00......-0,24 .......6,43........444,00 ....361,10 ...12,00......3331SUEZ.....................................◗.......32,79 .......32,57 .......0,68 ......-3,55 ..........34,90.......30,80 .....3,30 ...12052TAITTINGER .......................... ....130,00.....129,80 .......0,15 .......0,07........140,00 ....120,00 ...11,62......3720TECHNIP-COFLEXIP ............◗ ....155,30.....154,90 .......0,26 .......3,53........158,90 ....131,50 .....3,30 ...13170TF1........................................◗.......35,13 .......34,05 .......3,17 .....23,74 ..........35,13.......24,94 .....0,65......5490THALES ................................◗.......40,50 .......39,87 .......1,58 .......4,51 ..........41,77.......36,35 .....0,62 ...12132THOMSON MULTIMEDIA..◗.......35,31 .......35,00 .......0,89 .......2,34 ..........37,15.......28,50.......n/d ...18453TOTAL FINA ELF..................◗ ....171,80.....172,00......-0,12 .......7,10........175,50 ....151,60 .....3,30 ...12027TRANSICIEL # ......................◗.......39,60 .......39,15 .......1,15 .....14,15 ..........40,56.......31,50 .....0,50......6271UBI SOFT ENTERTAIN ........◗.......35,50 .......35,00 .......1,43 ......-5,33 ..........39,97.......29,46.......n/d......5447UNIBAIL (PORTEUR)...........◗.......60,20 .......59,80 .......0,67 .......5,52 ..........62,90.......54,00 .....5,00 ...12471UNILOG................................◗.......83,20 .......82,80 .......0,48 .....21,72 ..........83,90.......68,55 .....0,39......3466VALEO ..................................◗.......50,60 .......49,63 .......1,95 .....12,94 ..........50,85.......42,80 .....1,35 ...13033VALLOUREC.........................◗.......65,70 .......66,65......-1,43 .....23,38 ..........66,65.......53,50 .....1,30 ...12035VINCI....................................◗.......72,90 .......72,45 .......0,62 .....10,72 ..........74,80.......61,30 .....1,65 ...12548VIVARTE ................................ ....141,80.....141,90......-0,07 .....10,35........143,00 ....124,00 .....1,98 ...13041VIVENDI ENVIRON.............◗.......35,17 .......34,49 .......1,97 ......-6,11 ..........39,20.......33,55 .....0,55 ...12414VIVENDI UNIVERSAL .........◗.......44,23 .......43,43 .......1,84....-28,08 ..........64,40.......40,66 .....1,00 ...12777WANADOO .........................◗ .........6,30 .........6,28 .......0,32 .....11,90 ............6,68 .........5,37.......n/d ...12415WORMS (EX.SOMEAL) ...............20,20 .......20,20.........n/d .......3,58 ..........20,95.......18,50 .....0,50......6336ZODIAC................................◗.......24,40 .......24,65......-1,01 .....19,66 ..........25,01.......20,40 .....5,20 ...12568

AFGHANISTANLe dossier de la semaine

EN KIOSQUE CHAQUE JEUDI , 3 €

La drôle de paix au quotidien

SÉLECTIONDernier cours connu le 18/3 à 9hValeur Cours date % var.

en euro valeur 31/12

AGIPI ACTIONS 26,88 15/3 0,67AGIPI AMBITION 25,59 15/3 0,66

BNP ASSOC.PREMIERE 9847,46 17/3 0,65BNP EURIBOR ASSOC. 52300,18 17/3 0,67BNP MONE C.TERME 2523,83 14/3 0,63BNP MONE EURIBOR 18691,37 17/3 0,70BNP MONE PLACEM.C 13831,83 17/3 0,61BNP MONE TRESORE. 78907,17 14/3 0,66Fonds communs de placementsBNP MONE ASSOCIAT. 1848,03 17/3 0,60

BP OBLIG EUROPE 52,08 15/3 -0,30BP SECURITE 104365,90 15/3 0,69FRUCTIFRANCE C 82,29 17/3 1,10Fonds communs de placementsBP CYCLEOEUROPECR. 106,15 14/3 -10,39BP CYCLEOEUROPECYC 115,43 14/3 4,71BP CYCLEOEUROPEDEF 100,83 14/3 -1,03BP MEDITERR.DEVEL. 56,06 14/3 0,42BP NVELLE ECONOMIE 83,41 14/3 -11,67BP OBLI HAUT REND. 112,63 14/3 3,72EUROACTION MIDCAP 135,94 14/3 7,60FRUCTI EURO 50 94,31 15/3 -4,18FRUCTI FRANCE NM 190,15 17/3 6,32

ECUR.1,2,3...FUTUR 51,91 17/3 2,05ECUR.ACT.EUROP.C 17,63 17/3 0,51ECUR.ACT.FUT.D/PEA 63,77 17/3 -0,45ECUR.CAPITAL.C 43,99 17/3 -0,40ECUR.DYNAMIQUE + 42,66 17/3 -0,32ECUR.ENERGIE 43,70 17/3 -0,27ECUR.EXPANSION C 14939,46 17/3 0,69ECUR.EXPANSIONPLUS 42,66 14/3 0,63ECUR.INVEST.D/PEA 52,64 17/3 0,19ECUR.MONETAIRE C 225,78 17/3 0,51ECUR.MONETAIRE D 188,07 17/3 0,51ECUR.OBLIG.INTER. 176,20 17/3 0,39

ECUR.TECHNOLOGIESC 36,87 17/3 -4,81ECUR.TECHONOLGIESD 36,87 17/3 -6,09ECUR.TRIMESTR.D 269,21 17/3 -1,42ECUREUIL PRUDENCED 33,84 17/3 0,02EPARCOURT-SICAV D 28,48 17/3 0,00GEOPTIM C 2343,04 17/3 0,14Fonds communs de placementsECUR.EQUILIBRE C 37,49 17/3 -0,26ECUR.PRUDENCE C 34,64 17/3 0,14ECUR.VITALITE 40,75 17/3 0,14NECTRA 2 C 1014,29 17/3 -0,21NECTRA 2 D 1014,29 17/3 -0,21NECTRA 5 C 1011,93 17/3 -0,31NECTRA 5 D 1011,93 17/3 -0,31NECTRA 8 C 1006,74 17/3 -0,25NECTRA 8 D 1006,74 17/3 -0,25

Multi-promoteursLIV.BOURSE INV.D 181,82 13/3 0,29NORD SUD DEVELOP.C 520,40 13/3 0,43NORD SUD DEVELOP.D 401,62 13/3 0,44

ATOUT CROISSANCE 357,51 15/3 4,49ATOUT EUROPE 505,92 15/3 -1,77ATOUT FCE ASIE 76,51 15/3 -0,94ATOUT FRANCE C 192,83 15/3 -2,08ATOUT FRANCE D 171,48 15/3 -2,07ATOUT FRANCE EUR. 173,66 15/3 -2,42ATOUT FRANCE MONDE 44,18 15/3 -1,71ATOUT MONDE 52,34 15/3 -1,35ATOUT SELECTION 101,94 15/3 -2,75CAPITOP EUROBLIG C 100,79 15/3 -0,62CAPITOP EUROBLIG D 83,16 15/3 -0,62CAPITOP MONDOBLIG 44,85 15/3 -0,59CAPITOP REVENUS 170,39 15/3 -1,70DIEZE 429,69 15/3 -2,62INDICIA EUROLAND 109,89 14/3 -2,80INDICIA FRANCE 365,38 14/3 -2,18INDOCAM AMERIQUE 41,25 15/3 -0,24INDOCAM ASIE 18,46 15/3 4,23INDOCAM FRANCE C 331,75 15/3 -1,52INDOCAM FRANCE D 272,69 15/3 -1,52INDOCAM MULTIOBLIG 189,73 15/3 1,09Fonds communs de placementsATOUT VALEUR 77,52 14/3 -0,84CAPITOP MONETAIREC 193,80 19/3 0,52CAPITOP MONETAIRED 183,73 19/3 0,52INDO.FONCIER 98,35 15/3 5,59INDO.VAL.RES. 267,31 14/3 0,28MASTER ACTIONS 40,99 13/3 -0,48

MASTER DUO 14,25 13/3 0,42MASTER OBLIG. 30,68 13/3 -0,55MASTER PEA 12,33 13/3 -0,80OPTALIS DYNAMIQUEC 18,45 14/3 -0,85OPTALIS DYNAMIQUED 17,29 14/3 -0,91OPTALIS EQUILIBREC 18,69 14/3 -0,63OPTALIS EQUILIBRED 17,01 14/3 -0,64OPTALIS EXPANSIONC 14,61 14/3 -1,74OPTALIS EXPANSIOND 14,26 14/3 -1,72OPTALIS SERENITE C 17,90 14/3 -0,27OPTALIS SERENITE D 15,72 14/3 -0,31PACTE SOLIDAR.LOG. 76,99 12/3 0,02PACTE VERT TIERS-M 81,99 12/3 0,01

EURCO SOLIDARITE 224,84 15/3 -0,25MONELION JOUR C 495,20 14/3 0,55MONELION JOUR D 417,04 14/3 0,55SICAV 5000 159,27 15/3 -0,93SLIVAFRANCE 272,45 15/3 -1,17SLIVARENTE 39,51 14/3 0,02SLIVINTER 155,41 15/3 -0,19TRILION 741,19 14/3 -0,88Fonds communs de placementsACTILION DYNAMI.C 182,11 15/3 0,15ACTILION DYNAMI.D 171,53 15/3 0,15ACTILION EQUIL.C 179,01 14/3 2,77ACTILION EQUIL.D 167,37 14/3 2,76ACTILION PEA DYNAM 66,11 15/3 -0,40ACTILION PEA EQUI. 165,38 15/3 -0,33ACTILION PRUDENCEC 173,39 15/3 0,02ACTILION PRUDENCED 161,58 15/3 0,02INTERLION 235,55 14/3 0,16LION ACTION EURO 89,97 15/3 -0,48LION PEA EURO 91,29 15/3 -0,21

CIC AMERIQ.LATINE 118,55 15/3 3,12CIC CAPIRENTE MT C 35,57 15/3 -0,91CIC CAPIRENTE MT D 26,08 15/3 -2,13CIC CONVERTIBLES 5,47 15/3 -0,36CIC COURT TERME C 34,46 15/3 0,40CIC COURT TERME D 26,43 15/3 -2,61CIC DOLLAR CASH 1430,33 15/3 0,33CIC ECOCIC 364,56 15/3 -1,22CIC ELITE EUROPE 128,63 15/3 -2,53CIC EPARG.DYNAM.C 2075,88 15/3 0,00CIC EPARG.DYNAM.D 1637,35 15/3 0,00CIC EUROLEADERS 382,73 15/3 -2,78CIC FINUNION 177,76 15/3 0,16CIC FRANCE C 34,80 15/3 -2,16CIC FRANCE D 34,80 15/3 -2,16

CIC HORIZON C 67,45 15/3 -1,08CIC HORIZON D 65,02 15/3 -1,15CIC MENSUEL 1412,94 15/3 -1,17CIC MONDE PEA 29,53 15/3 5,38CIC OBLI LONG T.C 15,29 15/3 -1,16CIC OBLI LONG T.D 15,10 15/3 -1,17CIC OBLI MONDE 136,49 15/3 -0,02CIC OR ET MAT 120,68 15/3 13,83CIC ORIENT 175,25 15/3 11,86CIC PIERRE 35,65 15/3 4,88SUD-GESTION C 24,53 15/3 -0,52SUD-GESTION D 18,65 15/3 -4,70UNION AMERIQUE 428,65 15/3 -2,29Fonds communs de placementsCIC EURO OPPORT. 32,35 15/3 4,17CIC EURO PEA C 10,10 15/3 -4,71CIC EURO PEA D 9,85 15/3 -4,64CIC FRANCEVALOR C 37,23 15/3 -1,33CIC FRANCEVALOR D 37,23 15/3 -1,33CIC GLOBAL C 244,36 15/3 -0,76CIC GLOBAL D 244,36 15/3 -0,76CIC HIGH YIELD 389,11 15/3 -4,57CIC JAPON 8,36 15/3 6,76CIC MARCHES EMERG. 115,76 15/3 6,12CIC NOUVEAU MARCHE 5,50 15/3 0,00CIC PEA SERENITE 168,72 15/3 0,18CIC PROF.DYNAMIQUE 23,47 14/3 -0,04CIC PROF.EQUILIB.D 18,54 14/3 -0,80CIC PROF.TEMPERE C 136,13 14/3 0,24CIC TAUX VARIABLE 198,10 15/3 0,22CIC TECHNO.COM 76,21 15/3 -5,11CIC USA 18,43 15/3 -1,33CIC VAL.NOUVELLES 277,82 15/3 -2,25

CM EUR.TECHNOLOG. 4,33 15/3 -2,70CM EURO PEA C 21,72 15/3 -1,23CM FRANCE ACTIONSC 34,29 15/3 -1,95CM MID-ACT.FRA 32,83 15/3 7,37CM MONDE ACTIONS C 315,99 15/3 -0,75CM OBLIG.CT C 165,05 15/3 -0,24CM OBLIG.LONG T. 102,95 15/3 -0,99CM OBLIG.MOYEN T.C 338,63 15/3 -0,85CM OBLIG.QUATRE 161,72 15/3 -1,43CM OPTION DYNAM.C 30,99 15/3 -0,61CM OPTION EQUIL.C 53,43 15/3 -0,78Fonds communs de placementsCM OPTION MODER. 19,28 15/3 -0,51

STRATEG.IND.EUROPE 198,69 14/3 -2,84

Fonds communs de placementsSTRATEGIE CAC 5842,29 14/3 -1,93STRATEGIE IND.USA 9513,54 14/3 0,50

ADDILYS C 108,19 17/3 0,63ADDILYS D 104,99 17/3 -1,56AMPLITUDE AMERIQ.C 26,18 17/3 0,76AMPLITUDE AMERIQ.D 25,36 17/3 0,75AMPLITUDE EUROPE C 31,94 17/3 -1,23AMPLITUDE EUROPE D 30,59 17/3 -1,25AMPLITUDE FRANCE C 83,70 17/3 0,68AMPLITUDE MONDE C 230,04 17/3 1,55AMPLITUDE MONDE D 206,34 17/3 1,55AMPLITUDE PACIFI.C 17,24 17/3 13,16AMPLITUDE PACIFI.D 16,47 17/3 13,14ELANCIEL EUROD PEA 97,60 17/3 -1,43ELANCIEL FR.D PEA 40,02 17/3 -0,42EM.EUROPOSTE D PEA 30,17 17/3 -1,54ETHICIEL 110,64 17/3 7,26GEOBILYS C 121,44 17/3 -0,13GEOBILYS D 110,72 17/3 -0,12INTENSYS C 20,79 17/3 0,19INTENSYS D 17,67 17/3 0,11KALEIS DYNAM.FCE C 79,30 17/3 -1,05KALEIS DYNAMISME C 220,62 17/3 0,34KALEIS DYNAMISME D 213,18 17/3 0,34KALEIS EQUILIBRE C 203,33 17/3 0,05KALEIS EQUILIBRE D 195,65 17/3 0,05KALEIS SERENITE C 192,63 17/3 0,17KALEIS SERENITE D 184,98 17/3 0,17KALEIS TONUS C 69,65 17/3 -0,24LIBERT.ET SOLIDAR. 102,17 17/3 0,43OBLITYS C 112,93 17/3 -0,84OBLITYS D 111,16 17/3 -0,84PLENITUDE 42,14 17/3 -0,96POSTE GESTION C 2645,63 17/3 0,65POSTE GESTION D 2345,30 17/3 0,65POSTE PREM. 7184,72 17/3 0,60POSTE PREM.1AN 42743,25 17/3 0,21POSTE PREM.2-3ANS 9200,50 17/3 -0,25PRIMIEL EURO C 58,54 17/3 7,48REVENUS TRIMESTR. 778,57 17/3 -1,24SOLSTICE D 362,86 17/3 0,09THESORA C 188,69 17/3 -0,47THESORA D 157,51 17/3 -0,47TRESORYS 48032,58 17/3 0,73Fonds communs de placementsDEDIALYS FINANCE 81,98 17/3 -0,52DEDIALYS MULTI SEC 63,53 17/3 0,20DEDIALYS SANTE 94,39 17/3 1,80DEDIALYS TECHNO. 31,75 17/3 -9,86DEDIALYS TELECOM 38,81 17/3 -18,23

OBLITYS INSTIT.C 98,12 17/3 -0,75POSTE EUROPE C 92,07 17/3 -0,77POSTE EUROPE D 87,81 17/3 -0,77POSTE GISEMENT C 196,80 17/3 -1,04POSTE GISEMENT D 177,42 17/3 -1,04REMUNYS PLUS 104,08 17/3 0,60

CADENCE 1 D 153,80 15/3 -1,83CADENCE 2 D 152,12 15/3 -1,55CADENCE 3 D 150,47 15/3 -1,55CONVERTIS C 227,10 15/3 -0,54INTEROBLIG C 59,07 14/3 -0,47INTERSELECTION F.D 74,16 15/3 -0,93SELECT.DEFENSIF C 192,43 15/3 -0,12SELECT.DYNAMIQUE C 241,07 15/3 0,99SELECT.EQUILIBRE 2 169,68 15/3 0,92SELECT.PEA 1 206,20 15/3 0,60SELECT.PEA DYNAM. 143,29 15/3 1,05SG FRANCE OPPORT.C 443,38 14/3 4,72SG FRANCE OPPORT.D 415,15 14/3 4,72SOGEFAVOR 101,47 15/3 1,43SOGENFRANCE C 462,41 15/3 -0,70SOGENFRANCE D 414,73 15/3 -1,17SOGEOBLIG C 112,44 15/3 -0,86SOGEPARGNE D 44,18 15/3 -0,49SOGEPEA EUROPE 221,90 15/3 -0,52SOGINTER C 53,53 15/3 1,19Fonds communs de placementsDECLIC ACT.EURO 15,46 14/3 -0,32DECLIC ACT.FSES 53,33 14/3 1,85DECLIC ACT.INTLES 34,56 15/3 0,66DECLIC BOURSE EQ. 16,64 14/3 0,30DECLIC BOURSE PEA 51,03 14/3 -0,01DECLIC OBLIG.EUROP 16,45 14/3 -5,83DECLIC PEA EUROPE 23,89 14/3 -0,29DECLIC SOG.FR.TEMP 58,80 14/3 -0,22SOGESTION C 48,30 14/3 0,77SOGINDEX FRANCE 511,17 14/3 -2,00............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Cours en euros. VALEURS INTERNATIONALES ZONE EURO et HORS ZONE EURO : une sélection.◗ : valeur pouvant bénéficier du service de règlement différé (SRD).Plus haut et plus bas : cours maximum et minimum depuis le 1/1/2002. n/d : valeur non disponible.

NOUVEAU MARCHÉ15/3 : 16 millions d'euros échangésValeur Cours de clôture % var.

Meilleures performancesLA TETE DS NUAGES# ......................1,24 .......11,71UBIQUS ..............................................2,77 .......10,36GUILLEMOT #..................................17,30..........8,81INFOTEL # ........................................29,50..........8,46REPONSE # ......................................11,39..........7,96INTERCALL REDUCT........................13,05..........7,85STELAX # ............................................0,50..........6,38UMANIS # ..........................................3,80..........6,15TELECOM CITY # ...............................1,40..........6,06RISC TECHNOLOGY...........................7,59..........6,01COM 6 ................................................1,95..........5,41BOURSE DIRECT #.............................2,26..........5,12R2I SANTE #.......................................3,95..........5,05DURAN DUBOI # ............................14,98..........4,90Plus mauvaises performancesBRIME TECHN.BS00..........................0,06......-33,33CAC SYSTEMES # ..............................2,80 ........-9,68QUALIFLOW # ...................................3,91 ........-8,43CONSODATA ...................................12,75 ........-7,61LYCOS FRANCE..................................1,40 ........-6,67ORCHESTRA KAZIBAO......................1,01 ........-6,48IDP # ...................................................1,45 ........-6,45

SYSTRAN ............................................1,50 ........-6,25GUILLEMOT BS 99 ............................2,65 ........-5,02LYCOS EUROPE..................................0,70 ........-4,11MEDCOST # .......................................0,94 ........-4,08CAST # ................................................2,99 ........-3,55LA CIE GPE #......................................4,95 ........-3,51BAC MAJESTIC...................................2,51 ........-3,46Plus forts volumes d'échangeA NOVO #........................................18,54..........2,43BOURSE DIRECT #.............................2,26..........5,12BRIME TECHNO. #..........................37,90..........1,34CEREP #............................................19,29..........0,89DEVOTEAM # ..................................23,66..........0,68EUROFINS SCIENT.# .......................19,74..........2,71GENESYS #.......................................13,57 ........-1,67GUILLEMOT #..................................17,30..........8,81HIGHWAVE OPTICAL........................2,35..........3,52ILOG # ..............................................16,80..........3,70INFOTEL # ........................................29,50..........8,46IPSOS #.............................................71,50 ........-0,14MEDIDEP # ......................................27,91..........0,76MEMSCAP..........................................2,60..........1,17NICOX # ...........................................45,95 ........-0,09SOI TEC SILICON #..........................23,30 ........-1,52SWORD GROUP ..............................48,00..........0,21UMANIS # ..........................................3,80..........6,15VALTECH ............................................2,00 ........-0,50WAVECOM #...................................33,68 ........-2,38

SICAV ET FCP

Valeur Dernier Cours % var. % var. Plus Plus Divid. Code cours préc. /préc. 31/12 haut bas net sicovam

SECOND MARCHÉ15/3 : 25 millions d'euros échangésValeur Cours de clôture % var.

Meilleures performancesIEC PROFES.MEDIA #........................1,00 .......26,58ICOM INFORMATIQUE .....................2,99 .......15,00ESR ......................................................6,05 .......10,00SOLERI............................................104,00..........9,47BILLON # ............................................2,99..........8,73CIBOX INTER. NOM. .........................0,29..........7,41CHAINE TRAME.................................4,10..........6,49VIEL ET CIE #......................................4,19..........6,08HOT.REG.PARIS NOM ....................19,87..........5,69THERMOCOMPACT #.....................16,89..........5,56MICROSPIRE ......................................2,71..........5,04S.E.A.E.................................................5,75..........4,55BOIRON (LY)#..................................78,95..........4,09BERNARD LOISEAU # .......................6,80..........3,98Plus mauvaises performancesLOCAMUR-SOFIGROS ....................39,62 ........-9,93COTTIN FRERES .................................8,71 ........-9,27TIVOLY SA (LY)#..............................13,02 ........-6,26TIPIAK (NS) #...................................59,15 ........-5,28INFO REALITE # .................................0,75 ........-5,06GESPAC SYSTEMES.........................20,01 ........-4,71SOFCO (LY).........................................1,10 ........-4,35

GECI INTL ...........................................7,55 ........-4,31COCOON NOM..................................0,46 ........-4,17CASCADES # ......................................3,60 ........-4,00ASSYSTEM #....................................21,14 ........-3,91IMAFFINE .........................................25,98 ........-3,74STALLERGENES................................21,00 ........-3,67COM 1(B)# .........................................5,38 ........-3,41Plus forts volumes d'échangeALTEN (SVN) # ................................18,05..........0,28ASSYSTEM #....................................21,14 ........-3,91BENETEAU #....................................48,17 ........-0,27BONDUELLE.....................................58,50..........0,43BRIOCHE PASQ.(NS)#.....................73,20 ........-0,14CAMAIEU .........................................27,50..........1,93ETAM DEVELOPPEMENT ...............14,05 ........-0,35FEDON..............................................26,00..........0,78FININFO ...........................................30,15..........0,47GUY COUACH .................................55,00..........0,46HERMES INTL................................170,50..........0,00LVL MEDICAL GPE...........................36,00 ........-0,83M6-METR.TV ACT.DIV ...................31,98 ........-0,12MANITOU #.....................................74,00..........0,68RALLYE..............................................49,90..........0,10RODRIGUEZ GROUP # ...................66,25 ........-0,30SYNERGIE (EX SID.) ........................34,30..........0,88TRIGANO..........................................37,00 ........-0,80VIEL ET CIE #......................................4,19..........6,08VIRBAC...........................................120,90..........0,83

Valeur Dernier Cours % var. % var. Plus Plus Divid. Code cours préc. /préc. 31/12 haut bas net sicovam

M A R C H É S F R A N Ç A I S

Page 24: Les dix engagements de Jospin - scholar.lib.vt.edu · cès, Alessandro Baricco bous-cule les clichés sur la mondia- ... « 900 000 chô-meurs de moins d’ici à 2007, un droit à

26/LE MONDE/MARDI 19 MARS 2002

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LE FOOTBALL professionneln’a plus le choix : s’il veut éviter unkrach retentissant, il lui faut, sanstarder, trouver un système permet-tant de réguler les salaires desjoueurs. Partout en Europe, l’idéed’un plafonnement des rétribu-tions commence à se répandre. Unmodèle existe déjà : le salary capcher aux sports américains. Lesclubs de football européens pour-ront-ils adopter un mécanismesimilaire ? L’Union européenne defootball (UEFA) est pour. Le G14,le lobby qui regroupe les équipesles plus riches du continent, n’y estpas opposé, alors que certainsclubs prestigieux, tels le FC Barce-lone, le Milan AC ou la LazioRome, y sont farouchement favo-rables. « Le plafonnement des salai-res est la seule issue pour sauvernotre football », n’a de cesse derépéter le président de la Lazio,Sergio Cragnotti, depuis deux ans.

Si les clubs en sont arrivés à tirer

eux-mêmes la sonnette d’alarme,c’est que leur situation comptableest catastrophique. Pour n’avoirpas su maîtriser l’inflation des salai-res des joueurs, le football euro-péen se retrouve proche de la ban-queroute. La Serie A italienne a ter-miné la saison 2000-2001 avec400 millions d’euros de pertes. Ledéficit cumulé des clubs espagnolsserait de 700 millions d’euros. L’en-dettement du football français estde 290 millions d’euros. Et 80 %des clubs anglais sont dans le rou-ge. Si un palmarès devait être éta-bli, la Fiorentina arriverait proba-blement en tête, avec ses 160 mil-lions d’euros de dettes.

Le « record » reste toutefois lapropriété du Real Madrid, qui,avant qu’il ne vende les terrains deson centre d’entraînement (pour447,18 millions d’euros), traînaitun déficit de 285,19 millions

d’euros. A côté, les dettes suppo-sées de l’Olympique de Marseille(40 millions d’euros) ou celles, bienréelles, de Leeds United (22,3 mil-lions d’euros), dont le dépôt debilan ne sera évité que s’il se sépa-re de ses meilleurs joueurs à la finde la saison 2001-2002, font figurede bagatelles.

L’explosion des masses salarialesexplique, à elle seule, cette fuite enavant du football européen.Depuis l’arrêt Bosman, en 1995, etla libération du marché des trans-ferts, les salaires des joueurs ontaugmenté de 15 % à 30 % par sai-son, selon les championnats. Lesstars en ont largement profité, à

l’image de l’Irlandais Roy Keane,qui, début mars, a prolongé soncontrat avec Manchester United enéchange de 161 600 euros parsemaine.

Mais le phénomène a égalementbénéficié aux joueurs des petitesdivisions. Une récente étude del’hebdomadaire anglais The Obser-ver révélait que l’inflation salarialeen D2, D3 et D4 anglaises était tel-le que leurs responsables envisa-geaient de compresser drastique-ment leurs effectifs à la fin de la sai-son, ce qui conduirait 900 joueursau chômage.

Si la nécessité d’un salary capn’échappe désormais à personne,

sa mise en place paraît extrême-ment compliquée. L’idée quirevient le plus souvent dans les dis-cussions consiste à imposer que lamasse salariale ne dépasse pas uncertain pourcentage des budgetsdes clubs. L’UEFA avait imaginé cesystème dans son projet de « licen-ce européenne » destinée à contrô-ler la santé financière des clubs :pour participer à ces compétitions,les clubs auraient dû, ainsi, présen-ter des comptabilités dans lesquel-les les salaires représentaient entre50 % et 70 % des dépenses. Tropcomplexe, et probablement tropnovatrice pour être appliquée,l’idée a été abandonnée. Reste que

de nombreux dirigeants pensentque la solution est là. Moins la mas-se salariale est importante dans unbudget et moins important sera lerisque de dérapage : ManchesterUnited, grâce à la multiplication deses recettes (marchandisage, droitstélévisés, sponsors), ne consacreque 38 % de son chiffre d’affaires àpayer ses joueurs ; Arsenal est à55 % ; Blackburn Rovers en était à126 % au moment de sa descenteen D2, il y a deux ans.

« L’idée d’un pourcentage pour lamasse salariale part d’un bon princi-pe, mais cela ne constitue pas unvéritable salary cap. Aux Etats-Unis,les clubs ne peuvent pas dépasser

une somme fixée à l’avance et qui estla même pour tout le monde. Le butest d’équilibrer la compétition sporti-ve. La mise en place d’un pourcenta-ge sur le budget des clubs de footballpermettra seulement de limiter lesdéficits. Les clubs les plus richescontinueront d’avoir les meilleursjoueurs », explique Arnaud Rou-ger, au service juridique de la Liguenationale de football (LNF).

« Plusieurs problèmes se posent,avance de son côté Philippe Diallo,le directeur de l’Union des clubsprofessionnels français (UCPF). Lesfiscalités étant différentes dans lespays européens, le pourcentageconsacré aux salaires ne sera doncpas le même d’un club à l’autre. Enoutre, ce mécanisme ne prendra pasen compte les sommes versées parles sociétés d’images et autres équi-pementiers sous forme de complé-ment aux salaires. Enfin, qui exerce-ra le contrôle dans chaque club ? »

Une autre idée, plus simple, faitparallèlement son chemin : la limi-tation des effectifs. Aujourd’hui enEurope, le championnat espagnolest l’un des rares à imposer un quo-ta, fixé à 25 joueurs par club. Prati-quement partout ailleurs, les équi-pes peuvent compter autant desalariés qu’elles le souhaitent. Desétudes sont actuellement menéespour l’introduction de numerusclausus. Deux ans après avoir sup-primé ses propres quotas, le foot-ball français y réfléchit. L’Angleter-re et l’Italie également. L’Udinese(D1 italienne), le club de la villed’Udine, a commencé le champion-nat avec 41 contrats profession-nels. Dans la banlieue londonien-ne, Leyton Orient a compté jusqu’à37 joueurs lors de la saison2001-2002 : ce petit club de D4anglaise, actuellement classé 19e

(sur 24), envisage aujourd’hui deréduire d’un tiers son effectif.

Frédéric Potet

’ des joueurs de footballces dernières saisons – 15 % à 30 % par an selon leschampionnats – et la dégradation de la situationfinancière de la plupart des grands clubs européens,

dont beaucoup sont lourdement endettés, sont à l’ori-gine des ralliements de plus en plus nombreux auprincipe du des salaires. Dans lessports professionnels américains, où ce système est en

vigueur sous le nom de salary cap, une masse salarialelimite est fixée chaque année. En Europe, certains sontfavorables à l’instauration d’un plafond relatif, sous for-me d’un pourcentage maximal de la part du budget de

chaque club consacrée aux . Ce système est moins égalitaire que celuidu salary cap, où le plafond ne dépend pas du budgetdu club mais est le même pour tous.

Les salairesdes joueurs(ci-contre,avec le numéro 20,Alvaro Recoba,l’attaquanturuguayende l’Inter Milan)ont augmentéde 15 % à 30 % parsaison en Europeces dernières années.Face à cette inflation,les dirigeantsde club sontde plus en plusfavorablesà un plafonnementde la masse salariale.Les syndicatsde joueurs risquentde ne pas êtreenchantéspar cette perspective.

LONDRESde notre correspondant

Une Premier League (l’équivalentde la D1 française) riche et dessuperstars du ballon rond millionnai-res, des clubs de divisions inférieurespauvres et des joueurs au chômage.Voilà le paradoxe que vit le footballanglais. Selon la Professional Foot-ballers Association (PFA), le syndi-cat des joueurs professionnels, quel-que 500 footballeurs se trouveraientactuellement sans emploi. Mais lechiffre réel de demandeurs d’emploiserait plus important. Il s’agit nonseulement de joueurs âgés arrivés enfin de contrat ou ayant connu des dif-ficultés d’intégration dans leur club,mais aussi, de plus en plus, de jeunesprofessionnels.

« Ce phénomène inquiétant est lerésultat des difficultés financières crois-santes des clubs moyens ou petits con-traints par les banques et les sponsorsde serrer les cordons de la bourse. Laréduction de l’enveloppe salarialeentraîne des licenciements secs de jeu-nes joueurs, souvent les derniers arri-vés », explique Brendan Baxen, direc-teur adjoint de la PFA, syndicat fortde plus de 4 000 adhérents. Desclubs régionaux réputés commeOxford, Portsmouth, Chester, Dar-lington et Scarborough, viviers tradi-tionnels des espoirs, seraient prati-

quement en faillite. Pour les sans-emplois, la seule option est de renon-cer à la Premier League. Mais lessalaires sont alors à peine supérieursau Smic. La rémunération moyenned’un footballeur de la Premier Lea-gue est de 425 000 livres contremoins de 100 000 livres pour l’équi-valent de la D2 et 25 000 livres enD3. Pour survivre, bon nombre defootballeurs au chômage sontcontraints d’accepter des emploistemporaires d’auxiliaire d’éducationphysique, de surveillant d’école oude vigile.

La renégociation par la chaîne

numérique payante ITV Digitaldes contrats de retransmissiontélévisée des trois divisions profes-sionnelles inférieures risque d’ag-graver la situation financière pré-caire de nombreux clubs, s’inquiè-te en substance Brendan Baxen.ITV Digital exige une révision desdroits à la baisse en raison du man-que d’intérêt du public pour lescompétitions de la D2 ou de la D3.Pour compliquer les choses, peude jeunes joueurs anglais accep-tent de s’expatrier. La mentalitéinsulaire, le niveau technique engénéral inférieur à celui du conti-nent et la quasi-absence de vrais

centres de formation « à la françai-se » financés par l’Etat sontautant d’obstacles à une carrièreinternationale.

Cette montée du chômageinquiète les responsables du sport,qui craignent le découragementdes jeunes joueurs. Pour tenterd’aider les footballeurs à la recher-che d’un emploi, la PFA a récem-ment installé un site Internet depetites annonces dont le nom est àlui seul tout un programme : give-mefootball.com.

M. R.

MILANcorrespondance

Battu par Roda Kerkrade. Domi-né par l’Inter Milan. Vaincu parBologne. Mené par l’Hapoel Tel-Aviv (1-0) après le match aller duquart de finale de la Coupe del’UEFA. Le Milan AC triomphanten championnat, Coupe et Liguedes champions n’est plus qu’un fan-tôme qui hante les esprits abattusde ses six millions de tifosis. L’ac-tuel bilan sportif du club est à l’ima-ge du bilan comptable : négatif.

« Chers actionnaires, […] l’exerci-ce 2000-2001 s’est clos par une perte

de 35 605 023 euros », explique leconseil d’administration dans sondernier rapport. Fininvest, l’action-naire principal, propriété de SilvioBerlusconi (qui doit prochaine-ment quitter la présidence du cluben raison de la nouvelle loi sur lesconflits d’intérêts), a dû intervenircet été pour financer la campagnede recrutement du club. Les trans-ferts de Filippo Inzaghi (en prove-nance de la Juventus Turin) et deManuel Rui Costa (Fiorentina), ontété couverts par un apport defonds d’environ 80 millionsd’euros. Le vice-président du

Milan AC, Adriano Galliani, a stig-matisé la situation : « A l’avenir, ilne faut plus que l’actionnaire princi-pal comble le déficit avec ses propresfonds, sinon nous allons directementcontre le mur. » Ces difficultés éco-nomiques sont surprenantes lors-que l’on sait que le chiffre d’affai-res du club milanais a augmenté de15 % pour atteindre 164 millionsd’euros. Où le déficit trouve-t-ildonc son origine ? Le poste « salai-res bruts » du compte d’exploita-tion a augmenté de 62 % par rap-port à l’exercice précédent, pouratteindre 106 millions d’euros.

A présent, les joueurs qui renou-velleront leur contrat et ceux quiseront recrutés par le Milan ACdevront accepter des salairesindexés sur les résultats de l’équi-pe. L’entraîneur Carlo Ancelotti,arrivé en cours de saison, a déjàparaphé un accord de ce type.L’autre faiblesse économique duMilan AC est liée aux droits télé,qui constituent 60 % de ses ressour-ces. Or, depuis plusieurs saisons, leparcours européen des Milanaisest décevant : les éliminations audeuxième tour de la Ligue deschampions en 2000 et au premierl’année précédente ont entraîné unlourd manque à gagner.

En outre, cette année, le MilanAC ne dispute que la Coupe del’UEFA, « la deuxième divisioneuropéenne », selon Adriano Gal-liani, et se traîne en championnatd’Italie. Ces performances altè-rent évidemment l’image du club.« Les résultats sont une épée deDamoclès, affirme Mauro Tavola,responsable du marketing. Nousouvrirons sous peu une cellule inter-ne chargée de rationaliser et gérerl’aspect sportif. En attendant, nouscherchons à valoriser auprès dessponsors la glorieuse histoire denotre club centenaire. »

Guillaume Prébois

LES SPORTIFS LES MIEUX PAYÉS

Football

En millions d'euros par an, pour l'année 2001

Alvaro Recoba(Uruguay, Inter Milan)Roy Keane (Irlande,Manchester United)

Raul (Espagne,Real Madrid)

Rivaldo (Brésil,Barcelone)Gabriel Batistuta(Argentine, AS Rome)Zinedine Zidane (France,Real Madrid)

1

2

3

4

5

6

7,31

8,15

6,52

6,46

6,25

5,77

Formule 1 (année 2000)

Michael Schumacher(Allemagne)

1

Jacques Villeneuve(Canada)

2

Mika Häkkinen(Finlande)

2

Eddie Irvine(Irlande)

2

Ralf Schumacher(Allemagne)

5

33,91

11,3

11,3

11,3

6,78

Basket-ball américain

Kevin Garnett(Minnesota)

1

Shaquille O'Neal(LA Lakers)

2

Alonzo Mourning(Miami)

3

Juwan Howard(Dallas)

4

Scottie Pippen(Portland)

5

25,36

24,22

21,17

21,17

20,49

Base-ball américain

Alex Rodriguez(Texas)

Manny Ramirez(Boston)

Derek Jeter(New York)

Sammy Sosa(Chicago)

Barry Bonds(San Francisco)

28,3

22,64

21,37

20,35

20,35

1

2

3

4

4

A U J O U R D ’ H U Is p o r t s

Les clubs européens sont favorables au plafonnement des salairesFootball b Devant la dégradation de leur situation financière, les clubs européens sont de plus en plus nombreux à se montrer favorables

à un plafonnement de leur masse salariale, système déjà en vigueur dans les sports professionnels américains. Reste à en définir les modalités

En Angleterre, des centaines de joueurs-chômeursIls sont victimes des problèmes financiers des clubs les plus modestes

Pour endiguer sa dégringolade sportive,le Milan AC dépense à tout-va

Page 25: Les dix engagements de Jospin - scholar.lib.vt.edu · cès, Alessandro Baricco bous-cule les clichés sur la mondia- ... « 900 000 chô-meurs de moins d’ici à 2007, un droit à

LE MONDE/MARDI 19 MARS 2002/27

NICEde notre envoyé spécial

Alexandre Vinokourov a rem-porté la 60e édition de l’épreuvecycliste Paris-Nice, dimanche17 mars. A 28 ans, le Kazakh,aux couleurs rose et gris del’équipe allemande Telekom,complète un palmarès déjà richede plusieurs courses par étapesplus ou moins prestigieuses : Cir-cuit de Mines, Quatre Jours deDunkerque et Tour de l’Oise en1998, Tour de Valence et Crité-rium du Dauphiné libéré en1999. Il s’agit de sa première vic-toire marquante depuis début2000, date à laquelle il a rejointles rangs d’une formationd’outre-Rhin régentée par lescoureurs allemands Jan Ullrichet Erik Zabel.

Mais à Nice, dans un milieucycliste où, chaque année endébut de saison depuis les con-tre-coups de l’« affaire Festina »en 1998, sont scrutés les résul-tats des équipes et des coureursfrançais, et où, de plus, six dessept formations françaises sontcette année en attente d’une invi-tation pour le Tour de France,c’est surtout Sandy Casar, le dau-phin d’Alexandre Vinokourov,qui a focalisé l’attention : à23 ans, installé sur la deuxièmemarche du podium, ce protégéde Marc Madiot à La Françaisedes jeux s’est également adjugéle maillot de meilleur jeune.

Champion de France du con-

tre-la-montre en espoirs (en1999), le coureur de Mantes-la-Jolie (Yvelines) signe là son pre-mier coup d’éclat dans un pelo-ton professionnel qu’il a rejointvoilà trois ans. « Cela me fait plai-sir et cela a beaucoup d’importan-ce, dit-il. Paris-Nice est une gran-de course, le premier rendez-vousimportant de la saison. Avec le tra-vail, cela montre que l’on peutêtre à niveau. Mais ce n’est pasune victoire. Je n’ai toujours pasde victoire chez les professionnels.Le rêve, ce serait une premièreplace. »

Le propos résume le personna-ge. Venu au cyclisme à 12 ans,après avoir pratiqué l’athlétis-me, Sandy Casar offre l’imaged’un garçon réservé et pondéré.Ce qui n’empêche pas ce fils uni-que d’être impatient. A vélo, « ilfaut qu’il attaque », résumeMarc Madiot. Et cela peut débor-der dans la vie courante : « Je nesuis pas du genre patient dans ceque je fais, convient l’intéressé,surtout si c’est important pourmoi. »

Sur Paris-Nice, où MarcMadiot, qui ne tarit pas d’élogessur ses qualités – « c’est un vraicoureur, il a du talent, il travaille,il écoute » –, l’avait institué lea-der de l’équipe, Sandy Casar adû réfréner ses ardeurs.

« D’habitude, je n’attends pas.Là, il m’a fallu surveiller les plusforts, être attentiste. Je n’aime pas

trop ça », relève-t-il. Et comme ilavoue être un peu têtu – « pourme faire changer d’idée, parfoisc’est dur » –, il ne s’est pas épar-gné quelques rappels à l’ordre.« On m’a dit de me calmer, de nepas attaquer d’emblée »,détaille-t-il, avouant avoir étéstressé avec ce statut de leader :« Cela m’embêtait que l’équipetravaille pour moi. »

Marc Madiot l’a ressenti :« J’ai failli me raviser, mais, finale-ment, il n’y a eu aucun problème.Parce qu’il est bien accepté partoute l’équipe. » « Il est simple, ilne se prend pas la tête », indiqueFrédéric Grappe, l’entraîneur deLa Française des jeux, qui ledécrit comme un « coureur passe-partout, sentant bien la course ».

« Pour progresser, je dois tra-

vailler la tactique, changer unpeu ma vision de la course, peut-être mieux me placer à l’intérieurde la course sans faire d’efforts »,déclare Sandy Casar.

Au sein de La Française desjeux, ce résultat « fait du bien :c’est une sacrée bouffée d’oxygè-ne », ne cache pas Marc Madiot.Dans la perspective d’une sélec-tion pour le Tour de France toutd’abord, dont l’organisateur,Amaury Sport Organisation(ASO), est aussi désormais celuide Paris-Nice. « Nous sommesmoins inquiets qu’il y a quelquesjours », déclare le directeur spor-tif, qui se félicite par ailleurs devoir sa « politique de formationdes jeunes commencer à porterses fruits ».

Philippe Le Cœur

Le spectre d’un krach du foot-business

Le Français Sandy Casars’est révélé

à l’occasion de Paris-NiceCyclisme b Victoire d’Alexandre Vinokourov

www.gap.fr

LONDRESde notre correspondant

Avec les menaces pesant sur les recettes tiréesdes droits de télévision, de la publicité et du mer-chandising, le retrait des bailleurs, l’aspirationvers le haut des rémunérations et la chute descours des grands clubs européens introduits enBourse, le spectre d’un krach du foot-business seprofile.

Cette crise potentielle est l’occasion d’uneremise en question de l’inflation incessante desdépenses – qui concerne surtout les salaires desjoueurs – à l’origine d’une bulle spéculative stylenouveaux médias, affirme, en substance, PaulRawnsley, consultant du bureau comptable lon-donien Deloitte and Touche. Le rapport annuelsur l’état financier du football européen, publiépar cet auditeur au mois d’avril, fait autoritédans les milieux du foot européen.

Quand il évoque la situation financière desclubs européens, Paul Rawnsley est à la foisserein et inquiet. Le contraste est saisissant entrela poursuite de la hausse de revenus des grandsclubs, qui ont de quoi faire pâlir bon nombred’autres chefs d’entreprise, et l’envolée dramati-que des salaires.

Lors de la saison 1999-2000, ces rémunéra-tions ont augmenté de 30 % en Angleterre, 27 %en Italie, 19 % en France, soit un rythme deuxfois supérieur à celui des rentrées. Ainsi, Man-chester United, dont on ne cesse de louer la soli-dité financière, a dépensé, en août 2001, 51 mil-lions de livres (82 millions d’euros) pour acheterdeux joueurs, Rudd van Nistelrooy et Juan Sebas-tian Veron, alors que le club annonçait un profitannuel de 27 millions de livres (43 millionsd’euros).

« L’argent entré dans les caisses est aussitôt dila-pidé au profit des joueurs, dont les salaires, primeset stock options peuvent constituer jusqu’aux deuxtiers du budget des clubs. Alimentant la bulle spécu-lative, la charge des rémunérations est en grandepartie responsable des mauvais résultats financiersdu football européen. Au sein de la Premier Lea-gue anglaise, 80 % des clubs sont endettés », expli-que l’expert.

Pourtant, selon lui, l’imposition d’une limite

nationale à cette envolée salariale n’est pas réa-liste : les finances des clubs sont victimes dufameux arrêt Bosman, par lequel, en 1995, laCour européenne de justice a appliqué au foot-ball le principe de la libre-circulation des tra-vailleurs, faisant exploser le coût des transferts.Si les salaires ne sont pas compétitifs, les starsclaquent la porte et s’expatrient.

La solution est à l’échelle européenne. En Espa-gne, en Italie et en Angleterre, le football estmoins réglementé qu’en France ou en Allema-gne, ce qui encourage toutes les formes de suren-chère, sans parler de la mégalomanie des diri-geants. « Un club, c’est comme une famille. On nepeut durablement dépenser plus que ce qu’ongagne », rappelle Paul Rawnsley.

La nouvelle économie du ballon rond est pour-tant volatile. « La perte d’un joueur vedette, la vul-nérabilité d’une équipe à une simple blessure ouune contre-performance dans les compétitionseuropéennes peuvent réduire à néant du jour aulendemain ce gros investissement salarial. Autreconséquence négative, le fossé grandissant entreles plus riches clubs d’Europe et les plus pauvres.Un tel climat d’âpreté au gain peut par ailleurs

engendrer des scandales préjudiciables à la bonneréputation du jeu », assure le consultant. Rien n’il-lustre mieux cette crise latente que la chute destitres des clubs européens côtés à la Bourse, con-séquence de l’absence de création de valeur.

Paul Rawnsley refuse toutefois de s’adonnerà ce qu’il appelle le « foot-pessimisme ». « Lessources de revenus, qui ont grimpé de manière ver-tigineuse au cours des dix dernières années, nesont pas près de se tarir. La mise aux enchères desdroits télévision est favorable aux clubs en raisonde la concurrence entre les chaînes. La tendanceobservée, en Espagne et en Italie, de clubs négo-ciant eux-mêmes ces contrats devrait renforcerleur pouvoir. En Angleterre, ils peuvent désormaisretransmettre leurs matches sur leur propre chaî-ne câblée 24 heures plus tard. L’audience connaîtune croissance exponentielle et les chaînes conti-nuent à prendre des participations dans lesclubs », indique-t-il.

Son constat est identique en matière de mer-chandising et de sponsoring : « Les sponsors conti-nuent de payer grassement pour vendre leur imageà l’échelle mondiale. Les clubs anglais ont su déve-lopper un réservoir de supporteurs en Asie et auxEtats-Unis, qui intéressent les multinationales auplan commercial. Par ailleurs, le nombre de specta-teurs est loin de se tasser. En Angleterre, la ventede billets constitue 35 % des recettes des clubs, con-tre 31 % en Italie, 27 % en Allemagne, 25 % enEspagne et seulement 22 % en France. Les clubs ducontinent ont de la marge en matière d’augmenta-tion de prix. Le problème est que, à l’inverse del’Angleterre, les stades y appartiennent aux collecti-vités publiques, qui imposent des limites. »

Marc Roche

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BORDEAUXde notre envoyé spécial

Les joueurs du Racing Club deLens ont concédé, dimanche17 mars, à Bordeaux, leur quatriè-me défaite de la saison (2-1). Maissurtout, à l’occasion de ce matchdécalé de la 29e journée du cham-pionnat de France de division 1,les Artésiens ont laissé filer unebelle occasion d’assommer définiti-vement la compétition en creusantun écart sur leur dauphin lyonnais,battu la veille à Lille (2-0). « Pour-tant on a sans doute réalisé un denos meilleurs matches de la sai-son », regrettait le milieu deterrain nordiste Antoine Sibierski.« C’est une de nos prestations lesplus complètes, la qualité de notrejeu a été remarquable, il nous ajuste manqué la précision », confir-mait l’entraîneur lensois, JoëlMuller. Un bien étrange paradoxepour un leader insolent de réussitedepuis le début de saison2001-2002.

Les Sang et Or, dominateursdurant 90 minutes, ont impression-né. Jusqu’à leurs adversaires.« C’est une bien belle équipe »,concédait ainsi le défenseur KodjoAfanou. « Lens est vraiment unegrosse machine et nous nous som-mes faits de nombreuses frayeurs »,reconnaissait le gardien de but bor-

delais, l’international Ulrich Ramé.Le revers bordelais était donc

dur à avaler. Pour autant, le senti-ment d’injustice s’effaçait peu àpeu pour laisser place à une noteplus positive. « On va quand mêmey arriver », lâchait l’attaquant séné-galais Elhadji Diouf. Car, aussicruelle soit-elle, cette défaite nesaurait remettre en cause la mar-che en avant des Sang et Or versun deuxième titre de champion.N’en déplaise à Joël Muller, qui serefuse toujours, officiellement, àenvisager une issue heureuse :« J’ai dit que je ne voulais pas pro-noncer ce mot », s’agaçait-il dansce qui ressemble à un regain desuperstition. Il finissait tout demême par concéder, la mâchoireserrée : « Si nous jouons comme ça,je pense que nous devrions marquer

des points et nous placer dans lespremières places. »

Bien évidemment, la première,que ses protégés occupent depuisle mois d’octobre et la 11e journée.Mais si l’homme refuse de l’admet-tre, c’est pour conjurer un sortvieux de quatre ans. Nous sommesen 1998, il est alors l’entraîneurd’une surprenante équipe du FCMetz, trop vite couronnée et finale-ment coiffée sur le fil lors de l’ulti-me journée par le Racing Club deLens au bénéfice d’une meilleuredifférence de buts.

Peu de chances que pareille

mésaventure se produise. Car, siles Lensois ont chuté à Bordeaux,leur maîtrise et la solidarité dugroupe semblent inébranlables.« Nous sommes maîtres de notre des-tin et bien conscients de l’être »,assurait Guillaume Warmuz. « Onva pas se prendre la tête, on sait ceque l’on a faire », renchérissait Elha-dji Diouf. A commencer par faireun résultat, samedi 23 mars, àSedan, pour ce deuxième déplace-ment d’affilée.

De leur côté, les Bordelais savou-raient leur succès. Une semaineaprès avoir battu Auxerre sur sesterres, les Girondins épinglentdonc le leader. Un succès obtenugrâce notamment au talent de l’at-taquant portugais Pauleta, unenouvelle fois décisif. Il a inscritdimanche soir son 21e but de la sai-son avant d’offrir le second à soncoéquipier, le Brésilien Miranda.« Ce soir, ça récompense un groupede joueurs qui n’a pas baissé les brasface à une grosse équipe de Lens. Cerésultat nous donne plein d’espoirpour l’Europe », confiait Elie Baup,l’entraîneur girondin, qui remer-ciait les joueurs pour ce « beaucadeau d’anniversaire le jour de ses37 ans ».

Les Girondins de Bordeaux, quidisputeront la finale de la Coupe

de la Ligue le 20 avril face àLorient, restent sixièmes, à seule-ment quatre points du trio compo-sé par Lille, Auxerre et Paris, et àsix de Lyon, 2e. Ils se mettent doncà rêver de Ligue des champions.L’euphorie fut, pour eux, à sonparoxysme lorsque Jean-LouisTriaud, leur président, entrait enscène pour annoncer très solennel-lement : « Elie Baup et les Girondinsvous confirment qu’ils seront encoreensemble la saison prochaine. Nousavons un projet commun avec ElieBaup pour l’avenir. Nous sommes ensymbiose avec lui. »

Etienne Labrunie

Manchester United,emmené notammentpar Paul Scholes,ici sévèrement taclépar Thomas Repka,samedi lorsde la victoiresur West Ham (5-3),a déboursé,en août 2001,plus de 81 millionsd’eurospour l’achatde deux joueurs.Soit plus de deux foisle montantde ses profits annuelsen 2001.

A Bordeaux, Lens a oublié de gagnerFootball b Le leader s’est incliné (2-1) face aux Girondins, désormais 6es du classement

La police italienne, à la recherchede produits dopants, a effectué desperquisitions, dimanche 17 mars,aux environs de 6 heures du matin,à Rieti, dans plusieurs hôtels héber-geant les équipes de la coursecycliste Tirreno-Adriatico. « Rienn’a été trouvé, mais quelque chose aété découvert dans des maisons decoureurs », a déclaré un porte-parole de la police, qui a ajouté nepas pouvoir « dire quels coureurssont concernés, ni où ils vivent enItalie ».

Le 6 juin 2001, sur le Tour d’Ita-lie, plus de 100 policiers avaientpassé au crible les chambres d’hô-tel de tous les coureurs à SanRemo. Ils avaient saisi 160 produits,dont 10 % étaient des substancesinterdites. Des enquêtes judiciairesont été ouvertes sur près de centpersonnes. Fin février, les dossiersde 36 cyclistes, dont l’Allemand JanUllrich (Telekom) et les Italiens Giu-liano Figueras (Panaria), StefanoZanini (Mapei) et Dario Frigo (Tacco-ni), ont été transmis au Comitéolympique italien (CONI).

BORDEAUX-LENS 2-1

BUTS

AVERTISSEMENTS

LES ÉQUIPES

BORDEAUX : Pauleta (60e, s.p.) ;Miranda (85e).LENS : Pédron (86e).

Bordeaux : Jemmali (53e) ; Basto (61e) ;Afanou (78e).Lens : Coridon (27e), Diouf (60e).

BORDEAUX (entraîneur : E. Baup) :Ramé (cap) • Jemmali, Afanou, Sommeil,Basto • Dhorasoo, Costa, Smertine(Auria, 76e), Meriem • Pauleta,C. Sanchez (Miranda, 80e).

LENS (entraîneur : J. Muller) :Warmuz (cap) • Coly, Wallemme,Ismaël, Bak • Sarr (Pédron, 70e),Blanchard, Sibierski, Coridon(B. Rodriguez, 79e)• Moreira, Diouf.

Au stade J-Chaban-Delmas, Bordeaux ;Terrain bon ; Temps doux ;

28 170 spectateurs ; Arbitre : M. Layec

Championnat de France D1‚(29e journée)

A U J O U R D ’ H U I s p o r t s

Nouvellesperquisitionspolicières en Italie

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28/LE MONDE/MARDI 19 MARS 2002

a FOOTBALL : le président de laConfédération africaine de foot-ball (CAF), le Camerounais IssaHayatou, a affirmé, samedi16 mars, dans un entretien accordéà la chaîne télévisée TV 5 Europe,qu’il voulait être « le candidat duchangement » à la présidence de laFédération internationale (FIFA)contre le président actuel, JosephBlatter. Il a précisé qu’il était soute-nu par la quasi-totalité des fédéra-tions africaines, ainsi que LennartJohansson, le président de l’Unioneuropéenne de football (UEFA), lecomité exécutif de l’UEFA, etChung Mong-Joon, président de laFédération sud-coréenne et copré-sident du comité d’organisationsud-coréen du Mondial-2002.

CLERMONT-FERRANDde notre envoyé spécial

Laurent Travers n’a pas vu la findu match entre Montferrand et Nar-bonne. L’entraîneur de l’ASM étaitbien là, dimanche 17 mars, le longde la ligne de touche du stade Mar-cel-Michelin, à Clermont-Ferrand,mais il avait la tête ailleurs, les yeuxrivés sur un écran de télévision : pasparce que le spectacle proposé étaitmeilleur que celui qu’il avait sous lenez, mais parce que l’avenir de sonéquipe se jouait sur un autre ter-rain, à Pau, où la Section paloisetenait tête à Agen et menaçait de fai-re capoter toute la saison du clubauvergnat. Il était 17 h 30, un diman-che de mars, et il ne savait toujourspas si Montferrand, l’un des clubsles plus puissants de France, joue-rait les prochaines semaines pouressayer d’obtenir son premier titrede champion de France, ou s’ildevrait finir sa saison de hauts et debas dans la poule de maintien. Cet-te incertitude est l’un des mystèresde l’élite du rugby français, toujoursà la recherche de la bonne formulede son championnat.

En sa qualité d’ancien talonneur,Laurent Travers avait jusque-là sui-vi les mêlées de près, en espérant

que ses avants ne rééditeraient pasleur calamiteux match de Perpi-gnan, où ils avaient été humiliés,tant en touches qu’en mêlées fer-mées. Tim Lane, l’ancien entraîneuraustralien de l’ASM, rappelé quel-ques jours plus tôt au chevet d’uneéquipe totalement désorganisée,avait été estomaqué : « Jamais vuça ! » « En rugby, il y a des chosesexplicables, d’autres qui ne le sontpas », ajoutait Elvis Vermeulen, le

troisième-ligne de Montferrand,qui voulait voir dans cette contre-performance « un accident ». S’ilsn’avaient pas tout compris nonplus, les supporteurs auvergnatssavaient que leur équipe, finalistedu championnat de France 2001,s’était placée dans une situationplus qu’inconfortable avant la der-nière journée de la première phasedu Top 16 : il leur fallait dominerNarbonne, en espérant que Bour-

goin-Jallieu ou Pau cède face à Bor-deaux-Bègles ou à Agen.

De toute sa carrière, AbrahamTolofua, pilier gauche de Mont-ferrand, n’avait jamais connu « unetelle honte » que celle subie à Perpi-gnan. Dimanche, il était le seul res-capé de la première ligne qui avaitfailli en Catalogne. Toute la semai-ne, les entraînements de Mont-ferrand avaient porté sur un seulaxe de travail : la conquête. Le remè-de a été efficace. Les « Jaunards »d’Auvergne ont tenu tête aux Nar-bonnais. Ils ont, certes, été sanction-nés à quatre reprises en mêlée,mais cela ne les a pas empêchésd’inscrire trois essais, assez pourtenir leurs adversaires à distance,en dépit de trois essais encaissés,assez pour s’imposer (36-25) et hur-ler de joie en apprenant la défaite inextremis de Pau devant Agen(17-20).

« »Voilà Montferrand tiré d’affaire,

prêt à disputer son premier matchde phase finale à Perpignan juste-ment, le 30 ou le 31 mars. La crises’éloigne, les désaccords subsistent.Jean-Louis Jourdan, le président del’ASM, n’esquive pas « les problè-mes internes », mais il ne décolèrepas contre « le calendrier débile »,qui « imbrique toutes les épreuves »,championnat de France, Coupe

d’Europe et, pour les internatio-naux, tournées d’automne et Tour-noi des six nations. « Au moment deFrance-Angleterre, explique-t-il, nosjoueurs du no 6 au no 15 étaientconcernés par les équipes nationales.Je mets quiconque au défi de conser-ver la fraîcheur physique et mentalede joueurs concernés par trois compé-titions en même temps. »

Ces arguments, assenés avecvigueur, ne font pas l’unanimité ausein de son propre club. OlivierMagne refuse d’entendre dire quel’équipe de France nuirait au rende-ment des clubs les plus représentésen son sein. « Le Stade toulousain afréquemment été champion de Fran-ce avec une pléiade de joueurs inter-nationaux », souligne le flankerinternational de Montferrand, quipréfère concentrer ses critiques surla formule du championnat de Fran-ce : « Je fondais beaucoup d’espoirssur le Top 16 en début de saison.Mais il faut reconnaître que c’est unéchec, sur le plan du spectacle et surle plan sportif. » Il rêve d’un cham-pionnat avec une poule unique, « lameilleure solution » à ses yeux, maiscertains de ses coéquipiers ont peurque, sans ses phases finales coupe-ret, le rugby « perde son charme »et que « ça devienne comme aufoot ».

Eric Collier

L’ALLEMAND Ralf Schumacher(Williams-BMW) a remporté leGrand Prix de Malaisie, deuxièmeépreuve du championnat du mon-de de formule 1, en devançant soncoéquipier, le Colombien JuanPablo Montoya, et son frèreMichael (Ferrari), dimanche17 mars, sur le circuit de Sepang,près de Kuala Lumpur. Ce succès,le quatrième de la carrière de RalfSchumacher, a été facilité par l’ac-crochage, dès le départ, de JuanPablo Montoya et Michael Schu-macher.

Mieux parti, le Colombien s’esthissé à la hauteur de la Ferrari àl’abord de la première courbe, etles deux monoplaces se sont heur-tées. Le quadruple champion dumonde a été contraint de passerau stand pour changer le museaude sa voiture, alors que Montoya,retardé, devait quant à lui obser-ver un passage par le stand, ladirection de course l’ayant pénali-sé pour la manœuvre.

Cette victoire a aussi été le résul-

tat de la stratégie de Williams-BMW et de Ralf Schumacher. Avecun seul ravitaillement, option per-mise grâce aux pneus Michelin,contre deux à ses rivaux directs,l’Allemand s’est imposé, son frèrearrachant la troisième place dansle dernier tour au Britannique Jen-son Button (Renault), en difficul-té. Rubens Barrichello (Ferrari),qui était à la lutte pour le podium,a dû abandonner sur panne demoteur (40e tour).

Cette 4e place de Button a donnéses premiers points au construc-teur français. Sauber en a faitautant avec Nick Heidfeld (5e) et lejeune Felipe Massa (6e), ce dernierfêtant de belle manière son arrivéeen F1 cette saison. Si Michael Schu-macher a conservé la tête du cham-pionnat, Williams-BMW s’est ins-tallé au commandement chez lesconstructeurs. C’est le premierdoublé de l’équipe depuis leGrand Prix du Portugal en 1996,avec Jacques Villeneuve et DamonHill sur moteur Renault. – (AFP.)

FORMULE 1 - GRAND PRIX DE MALAISIE

Classement

1

2

3

4

5

6

Ecurie Temps

Age : 26 ansNationalité : allemandeDébut en F1 : 199785 courses, 4 victoires

1 h 34' 12'' 912

à 39 s 700

à 1 min 1 s 795

à 1 min 8 s 767

à 1 tour

à 1 tour

Williams (Col)

Ferrari (All)

Renault (GB)

Sauber-Petronas (All)

Sauber-Petronas (Bré)

Williams-BMWRalf Schumacher

J-P. Montoya

M. Schumacher

J. Button

N. Heidfeld

F. Massa

Michael Schumacheren 1 min 35 s 266 (209,464 km/h).

Pole positionJ-P. Montoyaen 1 min 38‚s 49 (203,518 km/h), 43e t.

Meilleur tour

7. A. McNish Toyota (GB) à un tour . 8. J. Villeneuve BAR-Honda (Can), à un tour.Principaux abandons : J. Trulli (surchauffe moteur, 10e tour) ; O. Panis (embrayage, 10e tour) ;D. Coulthard (moteur, 16e tour) ; K. Raikkonen (moteur, 25e tour) ; E. Irvine (embrayage, 31e tour) ;R. Barrichello (moteur, 40e tour).

2e manche

Pilotes : 1. M. Schumacher, 14 pts . 2. J-P. Montoya, 12 . 3. R. Schumacher, 10 .4. K. Raikkonen, 4 . 5. E. Irvine et J. Button, 3 .6. M. Webber et N. Heidfeld, 2.Constructeurs : 1. Williams-BMW, 22 pts . 2. Ferrari, 14 . 3. McLaren-Mercedes, 4.

Dimanche 17 mars • Circuit de Sepang • 56 tours de 5,543 km (310,408 km)

Temps chaud • Température piste : 40°C• 20 qualifiés, 13 classés

Les faits marquants

Classements des championnats

Dès la première courbe, Michael Schumacheret Juan Pablo Montoya sont impliqués dans unaccident. L'Allemand brise son aileron avant etrentre au stand à la fin du 1er tour pour changer decapot er repart avec un peu plus d'un tour deretard.

Olivier Panis, déjà victime d'ennuis à répétitionlors des essais, mais qui pensait pouvoir terminerdans les 10 premiers, abandonne dès le 10e tour ,pignons d'embrayage cassés.

1

2

3 Victime d'un problème de suspension arrièrelors de l'avant-dernier tour, Jenson Buttontermine au ralenti et cède la troisième place àMichael Schumacher dans l'ultime virage.

1

3

2

Infographie : Le Monde avec Sandro Salvioni

Kuala Lumpur

a LOTO : résultats des tiragesno 22 effectués samedi 16 mars.Premier tirage : 12, 15, 17, 34, 39,40 ; numéro complémentaire : 44.Rapports pour 6 numéros :228 482 ¤ ; 5 numéros et le complé-mentaire : 12 893,60 ¤ ; 5 numé-ros : 851 ¤ ; 4 numéros et le com-plémentaire : 48,40 ¤ ; 4 numéros :24,20 ¤ ; 3 numéros et le complé-mentaire : 5 ¤; 3 numéros : 2,50 ¤.Second tirage : 3, 26, 31, 33, 37,40 ; numéro complémentaire : 18.Pas de gagnants pour 6 numéros.Rapports pour 5 numéros et lecomplémentaire : 15 685,70 ¤ ;5 numéros : 1 365,30 ¤ ; 4 numé-ros et le complémentaire : 50,60 ¤ ;4 numéros : 25,30 ¤ ; 3 numéros etle complémentaire : 5 ¤ ; 3 numé-ros : 2,50 ¤.

Si ce n’est Michael,c’est donc son frère

F1 b Ralf Schumacher s’impose en Malaisie

Montferrand sort d’une crise volcaniqueRugby b Le club auvergnat s’est qualifié in extremis pour les phases finales du championnat de France

grâce à une victoire sur Narbonne (36-25) et à la défaite de Pau face à Agen (17-20)

Top 16 ; poule 2 - 14e journéeAu stade Marcel-Michelin ; à Clermont-Ferrand ;

Terrain bon ; temps doux ; 11 000 spectateurs ; arbitre : M. Méné (Provence).

LES POINTS

LES ÉQUIPES

MONTFERRAND (entraîneur : T. Lane) :Marlu (Nadau, 75e) • Rougerie, Chanal, Marsh, Bory (Sadourny, 77e) • (o) Merceron,(m) Troncon • Magne, Boome, Audebert (Vermeulen, 72e) • Lecomte (cap.), Jaque(Barrier, 40e) • Galasso, Castola (Caputo, 65e), Tolofua (Reidy, 80e).

NARBONNE (entraîneur : P. Arrambide) :Rosalen • Joubert, Moraïtis, Douy, Tutard • (o) Quesada, (m) Sudre • Raynaud, Hill(Mathieu, 69e), Furet • Allam (Moore, 32e), Gaston • Scelzo, Ledesma (cap.), Martinez.

MONTFERRAND : 3 essais : Chanal (3e), Marlu (29e), Galasso (55e) ; 3 transformations :Merceron (3e, 29e, 55e), 5 pénalités : Merceron (13e, 15e, 40e, 53e, 80e).NARBONNE : 3 essais : Sudre (9e) Joubert (40e), Scelzo (63e) ;2 transformations : Quesada (9e, 63e) ; 2 drops : Quesada (20e, 47e).

MONTFERRAND - NARBONNE 36-25

A U J O U R D ’ H U I s p o r t s

Page 27: Les dix engagements de Jospin - scholar.lib.vt.edu · cès, Alessandro Baricco bous-cule les clichés sur la mondia- ... « 900 000 chô-meurs de moins d’ici à 2007, un droit à

LE MONDE/MARDI 19 MARS 2002/29

BASKET-BALLPRO A (21e journée)Montpellier-Cholet 82-91Dijon - Chalon-sur-Saône 60-66Antibes-Le Havre 58-56Villeurbanne-Paris Basket Racing 82-72Gravelines-Limoges 70-58Nancy - Hyères-Toulon 107-74Strasbourg - Pau-Orthez 71-85Bourg-en-Bresse - Le Mans 89-88 a.p.Classement : 1. Pau-Orthez, Villeurbanne, 38 ;3. Nancy, 36 ; 4. Chalon-sur-Saône, Gravelines,35 ; 6. Dijon, Le Mans, 34 ; 8. Cholet,Strasbourg ; 10.Paris Basket Racing, 32 ;11. Limoges, 29 ; 12. Montpellier, 28 ;13. Hyères-Toulon, 27 ; 14. Antibes, 25 ;15. Bourg-en-Bresse, 24 ; 16. Le Havre, 23.PRO B (21e journée)Evreux-Mulhouse 96-88Besançon-Beauvais 76-69Vichy-Reims 97-74Châlons-en-Champagne - Saint-Etienne 91-77Saint-Quentin - Brest 84-80Roanne-Nantes 70-74Rueil-Maurienne 126-93Golbey Epinal-Bondy 104-77Classement : 1. Vichy, 38 pts ; 2. Roanne, 36 ;3. Golbey Epinal, 35 ; 4. Besançon, Rueil, 34 ;6. Saint-Quentin, 33 ; 7. Reims, Beauvais, 32 ;9. Châlons-en-Champagne, Evreux, 31 ;11. Mulhouse, 30 ; 12. Saint-Etienne,Maurienne, 29 ; 14. Brest, Nantes, 27 ;16. Bondy, 26.

HANDBALLDIVISION 1 (20e journée)ACBB - Paris-SG 25-34Toulouse-Nancy 28-26Nîmes-Angers 22-21Livry-Gargan - Sélestat 28-29Istres-Chambéry 20-21Dunkerque-Bordeaux 34-18Montpellier-Ivry 29-22Exempt: CréteilClassement : 1. Montpellier, 55 pts ; 2. Dunker-que, 45 ; 3. Paris-SG, 43 ; 4. Chambéry, 42 ;5. Istres, 42 ; 6. Créteil, 41 ; 7. Ivry, 40 ; 8.Toulouse, 38 ; 9. Nîmes, 33 ; 10. Nancy, 31 ;11. ACBB, 30 ; 12. Livry-Gargan, 30 ; 13. Angers,29 ; 14. Sélestat, 29 ; 15. Bordeaux, 24.

VOLLEY-BALLPRO A (25e journée)SAMEDIParis Volley-Cannes 3-0Sète-Martigues 3-0Dunkerque-Ajaccio 3-2Tourcoing-Montpellier 3-0Tours-Toulouse 3-1Asnières-Poitiers 2-3Exempt: NiceClassement : 1. Paris Volley, 46 pts; 2. Cannes,40 ; 3. Tours, 38 ; 4. Sète, 38 ; 5. Nice, 37 ;6. Tourcoing, 37 ; 7. Montpellier, 35 ; 8. Poitiers,35 ; 9. Dunkerque, 31 ; 10. Ajaccio, 30 ;11. Asnières, 29 ; 12. Martigues, 27 ;13. Toulouse, 27.Ligue des champions dames, finale à 4, Istanbul(Tur)Demi-finales : Cannes-Tenerife (Esp) 3-0Istanbul (Tur)-Bergame (Ita) 0-3Finale : Cannes-Bergame 3-1.

CYCLISMEPARIS-NICE7e étape de Nice à Nice ;Classement : 1. Robbie McEwen (Aus/Lotto), les157 km en 3 h 38 min 20 s (moyenne: 43,112km/h) 2. Tom Steels (Bel) ; 3. Baden Cooke(Aus)… 4. Andy Flickinger (Fra) ; 5. FrançoisSimon (Fra)...Classement général final : 1. Alexandre Vinokou-rov (Kzk/Telekom), 30 h 39 min 27 s ; 2. SandyCasar (Fra), à 55 s ; 3. Laurent Jalabert (Fra), à57 s ;… 7. Didier Rous (Fra), à 1 min 40.TIRRENO-ADRIATICO (ITA)4e étape, contre-la-montre de 12,7 km à Rieti.Classement de l’étape : 1. Erik Dekker (Pbs, Rabo-bank), 15 min 19 s 68 (moyenne: 49,713 km/h)2. Ruslan Ivanov (Mol), à 0 s 012 ; 3. FloydLandis (Usa), à 3 s.Classement général : 1. Erik Dekker(PBS/Rabobank), 14 h 29 min 14 s ; 2. RuslanIvanov (Mol), à 11 s ; 3. Oscar Freire (Esp), à23 s.

ESCRIMECoupe du monde, Challenge Monal, ParisEpéeFinale : Janvier (Fra) b. Milanoli (Ita) 15 à 14.

SKI DE FONDCoupe du monde, Oslo-Holmenkollen (Nor)HOMMES50 km libre : 1. Thomas Alsgaard (Nor), 2 h01 min 59 s 80 ; 2. Kristen Skjeldal (Nor), à 27 s60 ; 3. Pietro Piller Cottrer (Ita), à 2 min 18 s70 ;… Emmanuel Jonnier (Fra), à 5 min 41 s 30.Abandon : Vincent Vittoz (Fra).Classement de la Coupe du monde (après 19épreuves sur 20): 1. Per Elofsson (Sue), 748 pts ;2. Thomas Alsgaard (Nor), 677 ; 3. KristenSlkeldal (Nor), 498 ;… 24. Vincent Vittoz (Fra),167.FEMMES30 km libre : 1. Stefania Belmondo (Ita), 1 h14 min 35 s 30 ; 2. Kristina Smigun (Est), à 21 s80 ; 3. Gabriella Paruzzi (Ita), à 28 s 6 ; 4. KarinePhilippot (Fra), à 52 s 10.Classement de la Coupe du monde (après 19épreuves sur 20): 1. Bente Skari (Nor), 856 pts ;2. Katerina Neumannova (Tch), 752 ; 3. StefaniaBelmondo (Ita), 682 ;… 30. Karine Philippot(Fra), 160.

TENNISTOURNOI D’INDIAN WELLS (USA)HOMMESDemi-finales : Lleyton Hewitt (Aus) b. Pete Sam-pras (Usa) 6-2, 6-4 Tim Henman (Gbr) b. ToddMartin (USA) 6-3, 6-3.Finale : Hewitt b. Henman 6-1, 6-2.FEMMESDemi-finales : Daniela Hantuchova (Svq)b. Emmanuelle Gagliardi (Sui) 4-6, 6-0, 6-4.Martina Hingis (Sui) b. Monica Seles (Usa) 6-3, 6-2.Finale : Hantuchova b. Hingis 6-3, 6-4.

AUTOMOBILEEndurance, 12 Heures de Sebring (USA)Classement final : 1. Rinaldo Capello, JohnnyHerbert, Christian Pescatori, dans une Audi R8,ont parcouru 346 tours ; 2. Jan Lammers, AndyWallace, Stefan Johansson, Audi R8, 345 ;3. Guy Smith, Jim Matthews, Marc Goossens,Riley & Scott MkIIIC-Elan, 337 ; 4. JamesWeaver, Butch Leitzinger, ElliottForbes-Robinson, Riley & Scott MkIIIA-Lincoln,330 ; 5. Emanuele Pirro, Tom Kristensen, FrankBiela, Audi R8, 327 ; 6. Ben Collins, ChristianVann, Justin Wilson, Ascari-Judd, 323 ; 7. JonField, Duncan Dayton, Michael Durand, MG LolaEX257-AER, 323 ; 8. Bryan Herta, Bill Auberlen,David Donohue, Panoz LMP-1, 319 ; 9. RonFellows, Johnny O’Connell, Oliver Gavin,Chevrolet Corvette C5-R, 317 ; 10. FranzKonrad, Terry Borcheller, Toni Seiler, SaleenS7R, 309.

LUNDI 18 MARSPATINAGE ARTISTIQUEChampionnats du monde à Nagano (JAP),jusqu’au 23 mars (France 2).

MARDI 19 MARSBASKET-BALLEuroligue dames (quarts de finale, 1er match) :Bourges (Fra)-Parme (Ita), Valenciennes(Fra)-Pecs (Hun) (Pathé Sport, 19 heures).

FOOTBALLLigue des champions (6e et dernière journée) :Bayern Munich (All)-Nantes (Fra) (Canal+,20 h 15).Championnat de France de D2 (match en retard21e journée) : Strasbourg-Istres.

MERCREDI 20 MARSBASKET-BALLEuroligue messieurs (2e phase, 3e journée),jusqu’au 21 mars.Coupe Korac (demi-finales aller) avec Nancy(Fra)-Lasko (Slo).

FOOTBALLLigue des champions (6 e et dernière journée)avec Juventus Turin (Ita)-Arsenal (Ang)(TF1, 20 h 35).Championnat de France de D1 (20e journée,match en retard) : Sedan-Auxerre (Foot+ etSuperstades, 18 h 30).

TENNISMasters series messieurs et dames à Miami(USA), jusqu’au 31 mars.

JEUDI 21 MARS

FOOTBALLCoupe de l’UEFA (quarts de finale retour) : avecValence (Esp)-Inter Milan (Ita) (Pathé Sport,20 h 45).

VENDREDI 22 MARS

AUTOMOBILISMEChampionnat du monde des rallyes : Rallyede Catalogne (Esp), jusqu’au 24 mars.

SAMEDI 23 MARSCYCLISMECoupe du monde messieurs : Milan-San Remo(ITA).

FOOTBALLChampionnat de France de D1 (30e journée) :Guingamp-Paris-SG (Canal+, 17 h 15) ;Lille-Auxerre (TPS Star, 20 heures) ;Troyes-Bordeaux ; Sedan-Lens ; Nantes-Rennes ;Metz-Sochaux ; Lyon-Lorient ;Bastia-Montpellier (Foot+ et Superstades,20 heures).

RUGBYTournoi des six nations (4e journée) :Ecosse-France (France 2, 15 heures) ;Irlande-Italie (France 2, 17 heures) ;Angleterre-pays de Galles.

DIMANCHE 24 MARSFOOTBALLChampionnat de France de D1 (30e journée,match décalé) : Marseille-Monaco (Canal+20 h 45).

FOOTBALLFranceDIVISION 2 (32e journée)VENDREDIStrasbourg-Ajaccio 0-0SAMEDIBeauvais-Châteauroux 1-1Istres-Créteil 0-0Laval-Amiens 2-2Le Havre-Gueugnon 2-1Nancy-Caen 3-3Nice-Wasquehal 2-1Nîmes-Grenoble 1-1Niort-Le Mans 1-0Martigues-Saint-Etienne 1-1Classement : 1. Ajaccio, 57 pts ; 2. Le Havre, 55 ;3. Beauvais, 54 ; 4. Nice, 53 ; 5. Strasbourg, 50 ;6. Le Mans, 48 ; 7. Châteauroux, 46 ; 8. Laval,44 ; 9. Amiens, 42 ; 10. Wasquehal, 41 ; 11.Nancy, 40 ; 12. Gueugnon, 40 ; 13. Caen, 40 ;14. Niort, 38 ; 15. Grenoble, 38 ; 16.Saint-Etienne, 36 ; 17. Istres, 31 ; 18. Créteil,30 ; 19. Martigues, 30 ; 20. Nîmes, 25.NATIONAL (28e journée)VENDREDIBrest-Reims 0-1SAMEDICalais-Dijon 0-2Racing CP-Angoulême 0-2Noisy-le-Sec - La Roche-sur-Yon 0-1Toulouse-Besançon 1-2Clermont Foot-Sète 2-0Angers - Louhans-Cuiseaux 2-2Alès - Boulogne-sur-Mer 1-1Valence-Pau 4-1Cannes - Saint-Maur Lusitanos 3-1Classement : 1. Clermont Foot, 59 pts ; 2. Toulou-se, 58 ; 3. Valence, 56 ; 4. Reims, 53 ; 5.Angoulême, 52 ; 6. Cannes, 49 ; 7. Alès, 40 ; 8.Boulogne-sur-Mer, 38 ; 9. Louhans-Cuiseaux,37 ; 10. Racing CP, 36 ; 11. Angers, 34 ; 12.Besançon, 34 ; 13. La Roche-sur-Yon, 34 ; 14.Sète, 34 ; 15. Brest, 29 ; 16. Dijon, 26 ; 17.Saint-Maur Lusitanos, 26 ; 18. Noisy-le-Sec, 25 ;19. Pau, 24 ; 20. Calais, 14.

AllemagneBUNDESLIGA (27e journée)SAMEDIVfB Stuttgart-Bayer Leverkusen 0-2Energie Cottbus-Sankt Pauli 4-0Werder Brême-Hertha Berlin 0-3Hambourg SV-VfL Wolfsburg 1-1Cologne-Hansa Rostock 3-2Kaiserslautern-Bayern Munich 0-0Moenchengladbach-Nuremberg 1-0DIMANCHEMunich 1860-Schalke 04 1-2Fribourg-Borussia Dortmund 1-5Classement : 1. Bayer Leverkusen, 56 pts ; 2.Borussia Dortmund, 55 ; 3. Bayern Munich, 51 ;4. Schalke 04, 51 ; 5. Hertha Berlin, 49 ; 6.Kaiserslautern, 49 ; 7. Werder Brême, 43 ; 8.Munich 1860, 39 ; 9. VfB Stuttgart, 35 ; 10.Wolfsburg, 34 ; 11. Hambourg SV, 34 ; 12.Moenchengladbach, 30 ; 13. Hansa Rostock,29 ; 14. Energie Cottbus, 29 ; 15. Nuremberg,25 ; 16. Fribourg, 24 ; 17. Sankt Pauli, 21 ; 18.Cologne, 19.

AngleterrePREMIER LEAGUE (30e journée)SAMEDIMiddlesbrough-Liverpool 1-2West Ham-Manchester United 3-5Newcastle-Ipswich 2-2Chelsea-Sunderland 4-0Everton-Fulham 2-1Bolton-Derby 1-3Southampton-Leicester 2-2DIMANCHELeeds-Blackburn 3-1Aston Villa-Arsenal 1-2(Lundi : Tottenham-Charlton)Classement : 1. Manchester United, 64 pts ; 2.Arsenal, 63 ; 3. Liverpool, 62 ; 4. Newcastle, 56 ;5. Chelsea, 53 ; 6. Leeds, 51 ; 7. Aston Villa, 41 ;8. Charlton, 38 ; 9. Tottenham, 38 ; 10. WestHam, 37 ; 11. Southampton, 36 ; 12. Fulham,35 ; 13. Middlesbrough, 35 ; 14. Sunderland,34 ; 15. Everton, 33 ; 16. Blackburn, 32 ; 17.Ipswich, 31 ; 18. Bolton, 30 ; 19. Derby, 29 ; 20.Leicester, 19.

EspagneLIGA (30e journée)SAMEDIOsasuna Pampelune-Deportivo La Corogne 1-3FC Barcelone-Real Madrid 1-1DIMANCHEAlaves Vitoria-Athletic Bilbao 2-3Celta Vigo-Las Palmas 3-2Villarreal-Valladolid 2-2Saragosse-Bétis Séville 1-1FC Séville-Malaga 0-2Rayo Vallecano Madrid-Valence 2-1Tenerife-Majorque 0-0Real Sociedad Saint Sébastien-EspanyolBarcelone 2-1Classement : 1. Real Madrid, 53 pts ; 2. Valence,53 ; 3. Deportivo La Corogne, 51 ; 4. BetisSéville, 50 ; 5. Celta Vigo, 48 ; 6. Athletic Bilbao,48 ; 7. FC Barcelone, 47 ; 8. Alaves Vitoria, 42 ;9. Malaga, 41 ; 10. Espanyol Barcelone, 41 ; 11.Valladolid, 40 ; 12. FC Séville, 38 ; 13. Majorque,34 ; 14. Villarreal, 34 ; 15. Osasuna Pampelune,34 ; 16. Real Sociedad Saint-Sébastien, 33 ; 17.Las Palmas, 33 ; 18. Saragosse, 33 ; 19. RayoVallecano Madrid, 32 ; 20. Tenerife, 32.

ItalieSÉRIE A (27e journée)SAMEDIAS Rome-Atalanta Bergame 3-1DIMANCHEBrescia-Lazio Rome 1-1Chievo Vérone-Venise 1-1Fiorentina-Bologne 1-1Juventus Turin-Hellas Vérone 1-0Lecce-Inter Milan 1-2Pérouse-Parme 2-1Udinese-Plaisance 1-1Milan AC-Torino 2-1Classement : 1. AS Rome, 56 pts ; 2. Inter Milan,56 ; 3. Juventus, 55 ; 4. Bologne, 45 ; 5. ChievoVérone, 42 ; 6. Milan AC, 41 ; 7. Lazio Rome,37 ; 8. Pérouse, 36 ; 9. Hellas Vérone, 35 ; 10.Torino, 33 ; 11. Atalanta Bergame, 33 ; 12.Plaisance, 32 ; 13. Parme, 31 ; 14. Udinese, 31 ;15. Brescia, 30 ; 16. Lecce, 24 ; 17. Fiorentina,22 ; 18. Venise, 16.

RUGBYTOP 16 (14e journée)POULE 1Dax-La Rochelle 28-25Béziers-Stade Français 19-23Colomiers-Stade Toulousain 27-20Montauban-Biarritz 22-35Classement : 1. Biarritz, 36 pts ; 2. Stade Toulou-sain, 34 ; 3. Stade Français, 32 ; 4. Béziers, 32 ;5. Colomiers, 28 ; 6. Montauban, 24 ; 7. LaRochelle, 20 ; 8. Dax, 18.POULE 2Montferrand-Narbonne 36-25Pau-Agen 17-20Castres-Perpignan 16-20Bourgoin-Bordeaux-Bègles 56-25Classement :1. Perpignan, 36 pts ; 2. Agen, 34 ;3. Montferrand, 28 ; 4. Bourgoin, 28 ; 5.Narbonne, 26 ; 6. Pau, 26 ; 7. Bordeaux-Bègles,24 ; 8. Castres, 22.Les poules de play-off pour la deuxième phase(Top 8)Poule A : Agen, Biarritz, Bourgoin, StadeFrançaisPoule B : Béziers, Montferrand, Perpignan,Stade ToulousainLa phase de maintien concerne :Bordeaux-Bègles, Castres, Colomiers, Dax, LaRochelle, Montauban, Narbonne, et Pau.PRO D2 (21e journée)SAMEDITarbes-Métro-RCF 18-11Bayonne-Périgueux 26-3Rumilly-Brive 3-31Aurillac-Tours 36-20DIMANCHEGrenoble-Mont-de-Marsan 30-16Montpellier-Marmande 31-18Tyrosse-Auch 24-15Aubenas-Toulon 17-19Classement : 1. Mont-de-Marsan, 57 pts ; 2.Brive, 53 ; 3. Grenoble, 52 ; 4. Tarbes, 51 ; 5.Toulon, 48 ; 6. Auch, 47 ; 7. Montpellier, 44 ; 8.Aurillac, 43 ; 9. Périgueux, 39 ; 10. Bayonne,38 ; 11. Métro-RCF, 37 ; 12. Tyrosse, 35 ; 13.Aubenas, 35 ; 14. Marmande, 32 ; 15. Tours,27 ; 16. Rumilly, 26.SUPER 12 (4e journée)VENDREDIWellington Hurricanes (Nzl)-Coastal Sharks(Afs) 40-17SAMEDINew South Wales Waratahs (Aus)-Golden Cats(Afs) 44-21Northern Bulls (Afs)-ACT Brumbies (Aus) 35-45Western Stormers (Afs)-Otago Highlanders(Nzl) 20-21DIMANCHEQueensland Reds (Aus)-Canterbury Crusaders(Nzl) 27-34Exempts: Auckland Blues (Nzl), Waikato Chiefs(Nzl)Classement : 1. ACT Brumbies, 19 pts ; 2. NSWWaratahs, 19 ; 3. Canterbury Crusaders, 17 ; 4.Otago Highlanders, 15 ; 5. Western Stormers,11 ; 6. Queensland Reds, 10 ; 7. WellingtonHurricanes, 10 ; 8. Auckland Blues, 5 ; 9. GoldenCats, 5 ; 10. Waikato Chiefs, 1 ; 11. CoastalSharks, 1 ; 12. Northern Bulls, 1. (NDLR: 4points pour une victoire, 2 pour un nul, 1 pointde bonus pour 4 essais ou plus marqués, ainsique pour une défaite avec un écart inférieur ouégal à 7 points)

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RÉSULTATS

FOOTBALLGrâceà un but inscritpar Zinedine Zidane,ici à la lutteavec le BrésilienRivaldo,le Real Madrida obtenu le nul (1-1),samedi,face au FC Barcelone.Le club madrilènerejoint ainsi Valenceen tête de la Liga.

VOLLEY-BALLEn s’imposanten finale de la Liguedes championsface à Bergame,les Cannoises,emmenéespar la meilleurepasseuse du tournoi,Karina Salinas,ont crééla surprise.

CYCLISMEAprès son succèsdimanchesur le Paris-Nice,le Kazakh AlexandreVinokourov(Telekom),spécialistedes coursesà étapes, ajouteune cinquièmevictoire à sonpalmarès.

Lens piétinemais resteen têtede la D1

LES GIRONDINS de Bordeauxont relancé l’intérêt de cette fin dechampionnat de division 1, en dis-posant à domicile des Lensois, tou-jours leaders du classement. LesNordistes ont perdu l’occasion dereléguer leur poursuivant immé-diat, Lyon, à neuf points. « C’est uncoup d’arrêt, a déclaré l’entraîneurde Lens, Joël Muller, mais nousn’avons pas l’intention de nous lais-ser rattraper. » Lyon demeuredonc à six points de Lens, malgrésa huitième défaite, concédée àLille. Paris-SG, de son côté, resteen troisième position, devançantAuxerre, qui compte tout demême deux matches de retard.Bordeaux, dont l’entraîneur, ElieBaup, a confirmé qu’il dirigeraitl’équipe l’an prochain, se rappro-che de l’Europe. Enfin, Lille est soli-dement accroché à la cinquièmeplace. En bas du classement, huitautres clubs, dont Marseille, nesont pas tirés d’affaire.

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Le classement1

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GagnésNuls

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CHAMPIONNAT DE FRANCE DE FOOTBALL DE D1 (29e JOURNÉE)

Les résultatsRennes Marseille2 1

Arribogé (59e),Piquionne (72e)

Bakayoko (83e)

Montpellier Sedan0 0

Lille Lyon2 0Br. Cheyrou (2e)

Brunel (75e)

Sochaux Guingamp1 0Crucet (28e)

Monaco Nantes1 2

0 0

3 2

Carole (18e)

Baimsoung (62e), Mexès(78e), Fodigo (83e, s. p.)

André (24e),Borson (48e)

Paris-SG Troyes3 1

Lorient Bastia

Auxerre Metz

Meyriem (30e, s. p.),Job (48e)

Pédron (86e)Pauleta (60e s.p.),Miranda (85e)

Bordeaux Lens2 1

2266

519

939

1461

038

914

944

26

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1098

08

000

2817

0

Spectateurs

Samedi 23 marsGuinguamp-Paris-SG ;Lille-Auxerre ;Troyes-Bordeaux ;Sedan-Lens ;Nantes-Rennes ;

Metz-Sochaux ;Lyon-Lorient ;Bastia-Montpellier.Dimanche 24 marsMarseille-Monaco.

1. Pauleta (Bordeaux),+1, 21 buts.2. Darcheville (Lorient),17 buts.3. D. Cissé (auxerre),15 buts.

30e journée Les buteurs

La phrase : « C'est à la fin du match que l'on connaît le nomdu vainqueur. »Roland Guillas (Lorient)

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Lens

LyonParis-SGAuxerre

Lille

BordeauxTroyes

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MonacoMontpellierMarseille

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Sedan

BastiaRennes

Guingamp

Lorient

Metz

Svensson (15e)Aloisio (57e),Ronaldinho (62e,73e)

A U J O U R D ’ H U I s p o r t s

Page 28: Les dix engagements de Jospin - scholar.lib.vt.edu · cès, Alessandro Baricco bous-cule les clichés sur la mondia- ... « 900 000 chô-meurs de moins d’ici à 2007, un droit à

30/LE MONDE/MARDI 19 MARS 2002

MOTS CROISÉS PROBLÈME No 02 - 067

À LA SURFACE des astres tellu-riques, les cratères racontent lachronique des catastrophes pas-sées. Chaque cercle de pierre estune cicatrice, chaque point uncoup de poing. Là une comètechut, ici un astéroïde finit sa cour-se, au petit bonheur la chance, épi-sode nouveau de l’incessant jeu deflipper interplanétaire. Grâce àson intense activité géologique, laTerre en efface le souvenir (LeMonde du 22 février), mais celui-cidemeure sur d’autres globes, com-me la Lune ou certains satellites deJupiter, où érosion, tectonique desplaques et volcanisme n’existentpas ou plus. Dans l’immense majo-rité des cas, les cratères ne connais-sent d’autre ordre que le dispersé,obéissent à une répartition géogra-phique aléatoire.

Pourtant, quelques cas rares

remettent en cause l’ordonnance-ment du hasard. C’est le cas sur laphotographie ci-contre, prise en1997 par la sonde Galileo quiexplore le système jovien depuis1995. Ici, à la surface de Ganymè-de, le plus gros satellite de Jupiter,pas moins de treize cratères s’ali-gnent à la queue-leu-leu, suivantune géométrie qui ne peut être lefruit du hasard. Au total, la lignede cercles s’étend sur environ120 kilomètres.

Ce phénomène n’est pas uniquedans le système solaire. On enretrouve plusieurs analogues surles images que la sonde Voya-ger-1 a envoyées en 1979 d’unautre satellite de Jupiter, Callisto,dont le globe s’avère un des pluscratérisés qui soient dans notrecoin de cosmos. Un troisièmeexemple célèbre a été immortalisénon pas par un explorateur auto-matique mais par un des astronau-tes participant, en juillet 1969, àl’historique mission Apollo-11 aucours de laquelle deux hommes,Neil Armstrong et Edwin « Buzz »

Aldrin, devaient pour la premièrefois marcher sur la Lune. La photo-graphie n’est pas très bonne (onpeut la voir sur le site Internethttp://neo.jpl.nasa.gov/images/moon.html), mais sa valeur documen-taire transcende la mauvaise quali-té de la prise de vue. Longue d’unecinquantaine de kilomètres, une

chaînette de cratères s’étire sur laface cachée de notre satellite.

Pendant longtemps, géologueset astronomes ont été dans l’inca-pacité d’expliquer l’origine de ceschapelets mystérieux qui défiaientleur intelligence. Il ne s’agissait évi-demment pas de traces de rebondcomme on aurait pu naïvement

l’imaginer : en arrivant au sol, tou-te comète ou tout astéroïde sedésintègre dans une explosion quilibère souvent plus d’énergiequ’une bombe atomique. La solu-tion de l’énigme est apparue claire-ment un quart de siècle après laconquête de la Lune. En juillet1994, la comète Shoemaker-Levy9 – découverte un an auparavantpar Eugene et Carolyn Shoemakeret David Levy – se précipitait dansJupiter. Au moment de sa plongéefinale dans l’atmosphère jovienne,ce corps n’était plus monolithiquemais se présentait comme un col-lier de vingt et une perles cométai-res. En reconstituant l’orbite deShoemaker-Levy 9, les astronomess’aperçurent que la comète avait,le 7 juillet 1992, rasé la surface deJupiter et que, au cours de ce frôle-ment, l’immense champ gravita-tionnel de la planète géante avaitémietté le noyau cométaire en plu-sieurs morceaux.

Même si la rafale d’impacts deShoemaker-Levy 9 sur la planètegazeuse n’a pas laissé de trace dura-

ble, les astronomes ont rapprochéles guirlandes de fragments comé-taires bien alignés dans l’espacedes chaînes de cratères retrouvéesà la surface de Ganymède, Callistoet autres Lune. Il n’est d’ailleurspas exclu que des phénomènes ana-logues se soient aussi produits surnotre planète. En 1998, une équipede chercheurs britannique, cana-dien et américain a émis l’hypothè-se que plusieurs cratères actuelle-ment dispersés à la surface de lacroûte terrestre étaient en fait ali-gnés il y a 214 millions d’années etpouvaient provenir d’un seul etmême noyau de bolide.

Pierre Barthélémy

Pluvieuxet venteuxau nord

AFFAIRE DE LOGIQUE PROBLÈME No 266

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Tous les lundisdatés mardi,la vie des astres

Neuf jetons

A la surfacede Ganymède,le plus gros satellitede Jupiter découvertpar Galilée en 1610,on trouve cettechaîne de treizecratères longued’environ120 kilomètres.

19 Lever du soleil à Paris : 6 h 58Coucher du soleil à Paris : 19 h 00

Les hautes pressions se situent sur l’Espa-gne et laissent passer sur la France, et sur-tout sur la moitié nord, un temps bienpluvieux et venteux. Les températuressont très douces.

Bretagne, Pays de Loire, Basse-Nor-mandie. Toute la journée le ciel sera cou-vert et pluvieux. Le vent de sud-ouestsoufflera à 80 km/h environ. Le thermo-mètre indiquera entre 14 et 17 degrés.

Nord-Picardie, Ile-de-France, Cen-tre, Haute-Normandie, Ardennes. Letemps sera gris et bien pluvieux. Le ventd’ouest, qui soufflera assez fort vers70 km/h, apportera de la douceur avec13 degrés à Lille et 17 à Paris.

Champagne, Lorraine, Alsace, Bour-gogne, Franche-Comté. La pluie vadominer cette journée. Elle pourra mêmeêtre abondante, surtout sur les massifs.Le vent de sud-ouest soufflera à70-80 km/h. Il fera doux, entre 14 et17 degrés.

Poitou-Charentes, Aquitaine, Midi-Pyrénées. Sur Poitou-Charentes, le cielsera gris et pluvieux. Sur Aquitaine etMidi-Pyrénées, les passages nuageuxseront assez nombreux et donnerontquelques gouttes au nord.Quelques trouées perceront sur le sud.Les températures seront comprises entre16 et 23 degrés du nord au sud.

Limousin, Auvergne, Rhône-Alpes.Les nuages vont dominer et la pluie tom-bera, surtout sur Rhône-Alpes. La neigetombera à partir de 2 300 mètres. Il feradoux, entre 14 et 17 degrés.

Languedoc-Roussillon, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Corse. Le ciel serasouvent voilé mais le temps restera sec.Le vent d’ouest atteindra 70 km/h sur laProvence et 90 km/h sur la Corse.Les températures seront comprises entre18 et 23 degrés.

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PRÉVISIONS POUR LE 20 MARS À 0 HEURE TU

NEUF JETONS présentant tousune face blanche etune face noire sont placés en ligne. Au départ, toutesles faces sont blanches. Lors de chaque coup, vousavez le droit de retourner deux jetons à la fois, à condi-tion qu’ils soient côte à côte. Au bout de combien decoups au minimum est-il possible de parvenir à uneconfiguration qui ne comporte que des faces noires ?

Quelle est la configuration qu’il est possible d’obte-nir, mais qui nécessite, pour y parvenir, le maximumde coups ?

Elisabeth Busser et Gilles Cohen© POLE 2002

Solution dans Le Monde du 26 mars.

Lever Coucher11h13 3h58

LUNE DE LA SEMAINE

vendredi 22 mars 2002 (à Paris)

le 23/3

FRANCE

Ajaccio . . . . . . . . . . . . . . . .

Biarritz . . . . . . . . . . . . . . .

Bordeaux ... . . . . . .

Bourges . . . . . . . . . . . . .

Brest . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Caen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Cherbourg . . . . . .

Clermont-F. .. . .

Dijon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Grenoble . . . . . . . . . .

Lille . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Limoges. . . . . . . . . . . . .

Lyon ... . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Marseille . . . . . . . . . .

Nancy . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Nantes . . . . . . . . . . . . . . . .

Nice. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Paris... . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Pau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Perpignan. . . . . . . .

Rennes. . . . . . . . . . . . . . . .

St-Etienne . . . . . . .

Strasbourg... . . .

Toulouse. . . . . . . . . . .

Tours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

FRANCE -

Cayenne . . . . . . . . . . . .

. . . . . . .Fort-de-Fr.Nouméa... . . . . . . . . .

Papeete . . . . . . . . . . . . .

Pointe-à-P.St Denis Réu..

EUROPEAmsterdam . . . .

Athènes. . . . . . . . . . . . .

Barcelone ... . . . . .

Belfast . . . . . . . . . . . . . . . .

Belgrade . . . . . . . . . . .

Berlin . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Berne . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Bruxelles ... . . . . . . .

Bucarest . . . . . . . . . . .

Budapest. . . . . . . . . .

Copenhague. .

Dublin . . . . . . . . . . . . . . . . .

Francfort . . . . . . . . . .

Genève ... . . . . . . . . . . .

Helsinki . . . . . . . . . . . . .

Istanbul . . . . . . . . . . . . .

Kiev . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Lisbonne . . . . . . . . . . .

Liverpool ... . . . . . . .

Londres. . . . . . . . . . . . . .

Luxembourg .

Madrid. . . . . . . . . . . . . . . . .

Milan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Moscou... . . . . . . . . . . . . .

Munich . . . . . . . . . . . . . . . .

Naples . . . . . . . . . . . . . . . . .

Oslo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Palma de M. . . . .

Prague... . . . . . . . . . . . . . . .

Rome . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Séville . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Sofia . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

St-Pétersb.Stockholm .... . . .

Ténérife . . . . . . . . . . . . .

Varsovie . . . . . . . . . . . . . .

Venise... . . . . . . . . . . . . . . . .

Vienne. . . . . . . . . . . . . . . . . .

AMÉRIQUESBrasilia . . . . . . . . . . . . . . .

Buenos AiresCaracas ... . . . . . . . . . . . .

Chicago . . . . . . . . . . . . . .

Lima. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Los Angeles . . . .

Mexico . . . . . . . . . . . . . . . .

Montréal... . . . . . . . .

New York . . . . . . . . . .

San Francisco

Santiago Ch. .

Toronto . . . . . . . . . . . . . . .

Washingt. DC

AFRIQUEAlger. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Dakar. . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Kinshasa... . . . . . . .

Le Caire. . . . . . . . . . . . . . .

Nairobi . . . . . . . . . . . . . . .

Pretoria . . . . . . . . . . . . . .

Rabat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Tunis ... . . . . . . . . . . . . . . . . . .

ASIE-OCÉANIEBangkok . . . . . . . . . . . .

Beyrouth. . . . . . . . . . .

Bombay . . . . . . . . . . . . .

Djakarta . . . . . . . . . . . .

Dubaï . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Hanoï . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Hongkong . . . . . . .

Jérusalem . . . . . . . .

New Delhi . . . . . . .

Pékin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Séoul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Singapour . . . . . . . .

Sydney . . . . . . . . . . . . . . . .

Tokyo . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

PRÉVISIONSVille par ville, les minima/maxima detempérature et l’état du ciel. S : ensoleillé;N : nuageux; C : couvert; P : pluie; * : neige.

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19 MAR. 2002

7/17 S13/21 S12/17 P10/16 P10/14 P

8/12 P8/13 P11/17 P8/16 P11/17 P7/12 N9/14 P9/17 P

10/21 S8/15 P11/15 P

11/20 S10/17 P9/20 S11/20 S12/16 P9/17 P9/15 P

10/20 N10/16 P

8/18 N7/18 C-1/7 S

8/16 P10/18 N

3/6 C10/20 S

8/13 P8/17 N

12/24 S1/16 N4/8 C4/7 P

17/22 S5/15 S

8/16 N3/17 N

18/25 P19/22 P22/29 P

1/9 P22/29 P

9/18 S10/28 S

-3/2 C5/10 C8/15 S

11/28 S-3/3 C8/11 P

10/23 S18/22 S

24/30 P17/25 P

14/28 S19/31 S10/21 S

14/22 N

25/33 S17/21 P

25/38 S25/28 P23/30 P19/23 P19/24 S7/20 P

18/35 S4/15 S5/12 S

24/29 P26/28 P25/30 S26/32 S21/29 S

24/29 P

8/11 C8/16 S11/19 S1/10 N

4/20 N10/11 P9/15 P

10/13 N-6/14 S

1/18 S4/8 P

6/10 N11/14 N9/14 P

3/7 P4/11 C

-3/8 N14/19 N

7/11 P6/14 N

11/14 N

26/33 P22/31 S

10/17 S

prévisions vers 12hprévisions vers 12h

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Madrid Barcelone

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ParisStrasbourg

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Lyon Milan

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Aurillac

Biarritz

TarbesPerpignan

Montélimar

Chamonix

Clermont-Ferrand

Toulouse

Nantes

Lyon

Grenoble

Bordeaux

MarseilleMontpellier Nice

Ajaccio

19 mars19 mars

Mercredi 20 marsLe temps restebien pluvieuxsur la moitié nord,surtoutsur les massifsde l'Est .Les éclairciesreviennentprès des Pyrénéeset sur les régionsméditerranéennes.La douceur persiste.

SITUATION LE 18 MARS À 0 HEURE TU

A U J O U R D ’ H U I

Comment, parfois, les cratères se fabriquent à la chaîne

PRÉVISIONS POUR LE 20 MARS

Solution du jeu no 265 paru dans Le Monde du12 mars.On peut placer 16 fous sans que trois d’entre eux soientsitués sur une même ligne, colonne ou diagonale. En voi-ci une configuration. Il est clair qu’on ne peut pas fairemieux.

Si on souhaite que deux fous ne puissent être sur lamême diagonale (ni trois sur une même ligne ou unemême colonne), il semblerait qu’on ne puisse placerplus de 11 fous (voir dessin). Si des lecteurs savent ledémontrer ou s’ils ont trouvé mieux, qu’ils nous le fas-sent savoir.

HORIZONTALEMENT

I. Mouvement pas toujourscontrôlable, parfois agréable. -II. Libère la conscience. Heurte lebon sens. - III. Mauvaise mine.Bien attrapés. - IV. Il suffit detravailler moins pour les voiraugmenter. Suite organisée. - V.Vient d’avoir. Couche sensible enchambre. - VI. Au fond de l’égli-se. La poule et ses petits y sont àl’abri du renard. - VII. Commeune page du Monde. Possessif.

Son lit n’est pas grand. - VIII.Romains. Personnel. Donne leregard troublant. - IX. Creuse etbelle à l’intérieur. Rentre encontact plus facilement. - X.Leurs épaisseurs intéressent lesdescendeurs.

VERTICALEMENT

1. Amène un second tour. - 2.Ader fut le premier à le prendre.Préposition. - 3. Permet de s’en-voyer en l’air, mais ça ne marche

pas souvent. - 4. Réfléchis. Libèreune fois lâchée. - 5. Hausse leton. Voyelles. - 6. Elles ont don-né chaud mais elles ne valentplus rien aujourd’hui. - 7. Pourtirer droit à table. Organisationsyndicale. Quart de tour. - 8.Grande page d’histoire. Article.Au cœur des brumes. - 9. Dispa-rais définitivement. Bon pour leservice. - 10. Quitte la maisonquand elle devient trop petite.Envoyé(e) spécial(e). - 11.Conjonction. Enrichit. - 12. S’ac-crochent à tout.

Philippe Dupuis

SOLUTION DU N° 02 - 066

HorizontalementI. Dissertation. - II. Echotière.

Ce. - III. Moisissure. - IV. Ont. Et.Matou. - V. Le. Trous. Ail. - VI.Jésus. Cléo. - VII. Tout. Remua. -VIII. Indien. Gui. - IX. Antécé-dent. - X. Nase. Saturée.

Verticalement1. Démolition. - 2. Icône. On. -

3. Shit. Judas. - 4. SOS. Tétine. - 5.Etiers. Et. - 6. Ristournes. - 7. Tes.Usé. CA. - 8. Arums. Muet. - 9.Téra-. Cu. Dû. - 10. Etalager. - 11.Oc. Oie. Une. - 12. Nébulosité.

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

I

II

III

IV

V

VI

VII

VIII

IX

X

Soleil Peu nuageux

Brèves éclaircies

Couvert

Averses Pluie

Vent fortBrouillardNeigeOrage

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LE MONDE/MARDI 19 MARS 2002/31

Le musée du quai Branly rejette

DarwinDIRECTEUR pour la recherche et

l’enseignement au futur musée duquai Branly, Emmanuel Désveauxest ethnologue. Américaniste, il apassé plus de deux ans dans leGrand Nord canadien chez lesIndiens Ojibwa ; il a aussi enquêtérécemment parmi plusieur tribus duMontana. Maître de conférence àl’Ecole des hautes études en scien-ces sociales (EHESS), membre duLaboratoire d’anthropologie socia-le, il vient de publier, aux éditionsGeorg, Quadratura Américana, unimportant essai d’anthropologielévi-straussienne.

Y a-t-il une différence de philo-sophie entre l’actuel Musée del’homme et l’institution en gesta-tion du quai Branly ?

Aujourd’hui, le projet du quaiBranly n’est plus en gestation. C’estplutôt la renaissance du Musée del’homme qui pourrait l’être. Mais ily a effectivement une différenceentre le projet initial du Musée del’homme et celui du quai Branly. En1937, quand ouvre le Musée del’homme, on est encore évolution-niste. Celui-ci est donc conçu com-me un musée de l’évolution humai-ne. S’il intègre l’anthropologie physi-que, la préhistoire et l’ethnologieexotique, explicitement ou non, cet-te dernière est perçue comme l’illus-tration du maillon manquant entrel’homme préhistorique et l’hommemoderne que nous sommes. Il estrévélateur que, si l’on crée au mêmemoment un Musée des arts et tradi-tions populaires, celui-ci est un éta-blissement complètement distinct.

Aujourd’hui, un musée commecelui du quai Branly a pour vocationpremière de montrer la pluralité, ladiversité des cultures qui se trou-vent à la surface du globe, des Amé-riques à l’Océanie – sans oublier lanôtre, présente par un effet demiroir. Cet accent mis sur la diversi-té des cultures impose de rompredéfinitivement les amarres avecl’évolutionnisme : la science anthro-

pologique n’a pas de réponse évolu-tionniste à cette diversité.

Ainsi, certaines sociétés de la côtenord-ouest du continent américainpossédaient un art et, plus globale-ment, des modes de représentationtrès sophistiquées ; pourtant ellesignoraient une technique aussi sim-ple que celle de la poterie – tout sim-plement parce que leur systèmeculturel refusait de l’intégrer. Autreexemple : les organisations socialesdes Aborigènes australiens sontd’une complexité telle qu’il a prati-quement fallu attendre les ordina-teurs pour commencer à compren-dre leurs systèmes de parenté. Dèslors qu’on aborde la totalité desmanifestations culturelles, l’idéed’évolution, tributaire de la techni-que, est obsolète. En revanche, onsait depuis le début du XXe sièclequ’il n’y a pas de progrès en art. Enmettant l’accent sur ce thè-me – c’est le projet du quai Bran-ly –, on place, de plain-pied, toutesles sociétés à égalité. Le bénéficemoral est considérable.

Vous pensez donc que l’opposi-tion entre le Trocadéro et Branlytient d’abord à une vision diffé-rente de l’homme ?

Ceux qui sont tellement attachésau Musée de l’homme ont toujoursune vision biologisante, quasi darwi-nienne, de l’homme. Notre appro-che est résolument culturaliste. Orle phénomène culturel est si comple-xe qu’il est vain de s’appuyer sur leslois de l’évolution pour essayer de lecomprendre.

Que peut-on faire d’un Muséede l’homme ?

C’est au Musée de l’homme, et auMuséum d’histoire naturelle dont ildépend, de trouver en son sein lesressources nécessaires pour recons-truire un projet muséal. Je croisqu’il y a la place pour deux visionscomplémentaires : celle d’une histoi-re naturelle de l’homme poursuivieau Trocadéro et celle de son histoireculturelle au quai Branly.

On reproche au musée du quaiBranly de privilégier l’esthétique.Pourquoi ce choix ?

Pour présenter la diversité des cul-tures, l’art est une bonne porte d’en-trée. Aujourd’hui, dans notre pro-pre culture, c’est une valeur appré-ciée par tous, autour de laquelle unconsensus s’est établi. Et cela parceque l’art est devenu un substitut dureligieux, qu’il s’est sacralisé. Ducoup, il permet de proposer uneapproche respectueuse, non discri-minatoire, des cultures non occiden-tales. Enfin, privilégier la présenta-tion d’une production artistique vadans le sens des représentants deces cultures qui y retrouvent leurdignité. Il y a donc une rencontrepossible, dans le contexte actuel,autour de l’art, quand bien mêmedemeure ouverte la question – fon-damentale – de son universalité.

Est-ce que l’art existait dansnos propres sociétés médiévales ?

Sans doute pas au sens où nousl’entendons. La notion d’art surlaquelle nous vivons encore appa-raît à la fin du XVIIIe siècle, corollai-re de l’invention de celle de patri-

moine. Avant, les artistes étaient lesserviteurs de Dieu – ou des puis-sants – ; ils deviennent au XIXe siè-cle des substituts de Dieu.

Votre propos n’est-il pas« archéologique » ? N’allez-vous

pas privilégier les sociétés d’hier,en voie de disparition, au détri-ment de celles d’aujourd’hui ?

Nous sommes un musée qui apour but de montrer des objets.Nous ne pouvons donc faire l’im-passe de ces cultures dans leur étattraditionnel. Mais nous devons aus-si trouver les moyens intellectuelset muséographiques pour décrireune histoire qui devient universelle,montrer un destin qui devient undestin partagé. Notre référence etnotre point de départ, c’est uneapproche de ce monde « diffé-rent » au moment où il a été décou-vert par notre civilisation. Car ladiversité des cultures n’existe qu’àtravers la différence. Si on a com-mencé à mieux comprendre« l’autre », c’est qu’on a appréhen-dé sa culture dans sa totalité, danssa continuité, dans sa valeur pro-pre, dans sa cohérence.

Il me paraît difficile d’abandon-ner ce regard, qui est celui de l’eth-nologie classique. Il est vrai quedepuis une cinquantaine d’années,le contact avec l’Occident tend àmodifier l’intégrité de ces cultures.

Cela ne veut pas dire que ce contactles dissout totalement. Et si précisé-ment l’aspect matériel de ces cultu-res est bouleversé en premier, lesstructures sociales, les mentalitésrésistent.

Est-ce le rôle de ce fameux cin-quième département, qui doitprendre en écharpe l’ensemblede ces cultures ?

Les quatre grandes aires géogra-phiques – Océanie, Asie, Afrique etAmérique – seront présentées dansla galerie de référence. Celle-ci serapermanente (même si on sait que,dans quelques dizaines d’années, ilfaudra la refaire). L’Europe en estexclue pour des raisons pratiques :la profondeur historique de la docu-mentation dont on dispose risque-rait de déséquilibrer l’ensemble.Mais il y a des problématiques com-munes à l’humanité : des histoiresde pouvoir, de famille ou de corps,etc. Elles seront traitées à traversdes expositions de longue durée(deux ans) dont l’Europe ne serapas exclue (la première sera consa-crée au corps). Celles-ci se tiendrontsur l’une des mezzanines.

La deuxième mezzanine seraoccupée par des expositions-dos-siers plus légères, plus brèves, pluspointues aussi. Une troisième seraentièrement consacrée au savoiranthropologique, évoqué sous for-me multimédia. On pourra donc visi-ter Branly à des rythmes et avec desvisées différents : découvrir ouapprofondir les grandes cultures dumonde déployées à travers la perma-nence des quatre grands départe-ments ; faire des plongées transver-sales grâce aux grandes expositionsthématiques, enfin, s’initier à la dis-cipline anthropologique à traversdes outils didactiques ad hoc.

Propos recueillis parEmmanuel de Roux

Les arts oubliés de l’Afrique du Sud

Ethnologue et directeur pour la recherche et l’enseignement du musée du quai Branly, Emmanuel Désveaux défend, dans un entretien au « Monde »,

l’approche culturaliste, et non évolutionniste, qui, au-delà des querelles d’hommes et de politique, oppose cette institution du Musée de l’homme

LE CINÉMA DU PANTHÉON - 13, RUE VICTOR-COUSIN 75005 PARIS

Miracleà MilanMiracleà Milande Vittorio De Sica

Suivi d’un débatavec Otar Iosseliani

et Bernard Eisenschitz

animé parJean-Michel Frodon (Le Monde)

JEUDI 21MARS

JEUDI 21MARS20 H 30

/

Amateurs d’art contemporain, Denise et Michel Meynet ont égalementacquis des centaines d’objets africains issus de l’ensemble du continent, ausud du Sahara. Ils viennent d’en donner une importante sélection au Muséumd’histoire naturelle de Lyon. Il ne s’agit pas ici de sculptures ou de masquesmais de pièces liées à la vie quotidienne : bijoux, sièges, instruments de musi-que, textiles, coiffes, armes, monnaies. Cette donation est faite au momentoù l’institution lyonnaise est en passe de se renouveler profondément en setransformant en un Musée des cultures du monde, sous l’impulsion de sonnouveau directeur, Michel Côté. Ce dernier a confié à Laurick Zerbini, chargéedes collections subsahariennes, le soin de rédiger le catalogue de cette dona-tion. « Loin des polémiques esthétisantes, note l’historienne d’art, l’ensemblede cette collection est le reflet des goûts, des orientations et des conceptionsartistiques de ses collectionneurs, elle est, peut-être, avant tout, le reflet de larichesse et de la diversité artistique et culturelle de l’Afrique subsaharienne. »

L’Afrique sans masque, présentée par Laurick Zerbini, Muséum d’histoire naturel-le, 28, bd des Belges, Lyon (69), 224 p., 40 ¤.

A Lyon, la vie quotidienne du sud du Sahara

/

LE GÉANT sud-africain est legrand oublié de l’art africain. Quel-ques objets – cannes, pipes, bou-cliers, armes, parures – figurentdans les collections occidentales,peu de choses en somme. Même sila photo nous a permis de décou-vrir les grandes peintures muralesdont les Sotho ornent leurs mai-sons. Pourtant, les populations quioccupent les confins méridionauxde ce continent sont entrées encontact très tôt – pour leur plusgrand malheur – avec le monde occi-dental. Qu’il s’agisse du groupeNguni (Ndebeles, Xhosas, Zoulous)ou Sotho-Tswana, des communau-tés Khoekhoe et San, sans doute lesplus anciennes, peu à peu refouléesdans des zones difficiles à vivre.Une exposition importante est orga-nisée par le Musée des arts d’Afri-que et d’Océanie (MAAO) pourcombler cette lacune.

Au premier abord, nulle décou-verte capitale. Les insignes réga-liens sont discrets, cannes et bâtonsd’apparat, décorés de signes géomé-triques. Les objets de la vie couran-te, poteries, vanneries, seaux à lait,plats, sont également décorés demotifs abstraits ou figuratifs. Lesliens avec l’au-delà sont matériali-sés par quelques figurines assezsommaires, mais aussi des appuis-tête, des pipes à fumer, des tabatiè-res à priser qui permettent d’entreren contact avec les ancêtres. Lesmarqueurs identitaires dont parlentles commissaires de l’expositionsont plutôt à rechercher du côtédes vêtements, des parures, sou-vent à base de perles de verre

importées, dont presque toutes lesethnies ont fait grand usage. Les res-sources de l’industrie – papiers, alu-minium, matières plastiques – sontégalement utilisées.

Cette relative « pauvreté » est-elle la conséquence d’activités éco-nomiques reposant d’abord surl’élevage ? Les éleveurs, appeléssous toutes les latitudes à se dépla-cer au gré des transhumances, s’en-combrent moins d’objets pesants etprivilégient la parure et les arts cor-porels. Ou laissent des traces in situ.Les Sans, très anciennement implan-tés ici, ont produit quantité de des-sins et de gravures rupestres.

« » Mais ce « jansénisme » africain

dissimule une symbolique trèsriche. Il n’est que de lire l’article deGary van Wyk consacré à la « sémio-tique de l’abstraction » dans lessociétés sud-africaines, publié dansl’excellent catalogue del’exposition. Notons, enfin, que lesorganisations sociales les plussophistiquées – les Zoulous, parexemple – ne livrent pas forcémentles œuvres les plus abouties sur leplan plastique.

C’est ce qu’on peut vérifier à laFondation Dapper, qui présenteune trentaine de sculptures ou demasques tirés de ses collections,presque tous originaires de l’ouestou du centre de l’Afrique. Les byérifangs ou les figures de reliquaireskotas (Gabon) sont issus de petitsgroupes perdus dans la forêt équa-toriale, subsistant de chasse, decueillette et d’une agriculture rudi-

mentaire. Les œuvres qu’ils produi-sent sont pourtant parmi les plusmaîtrisées de la sculpture africaine.

Cette manifestation « intermé-diaire » est titrée un peu abusive-ment « Afrique secrète », alorsqu’il s’agit d’objets dont la finalitéest loin d’être unique (sociétés d’ini-tiation, culte des ancêtres ou ritesfunéraires). Mais elle permet devoir des pièces essentielles pourl’art africain. La plupart des objetsprésentés sont des « classiques ».Retenons la tête de reliquaire mbé-dé (Congo) ou le très beau masque-cimier bangwa (Cameroun) tra-vaillé en volume ; la statue kuyu (ex-Zaïre) présentée au centre de la pre-mière salle, ou la statue kafiguélé-dio sénoufo (Côte d’Ivoire), toilecroûteuse raidie sur une armaturede bois, avec un bouquet de plu-mes s’échappant de la tête, à la foisfantomatique et d’une rare expressi-vité.

E. de R.

C U L T U R Ep a t r i m o i n e

« Le Musée de l’homme

intègre l’ethnologie

exotique comme

l’illustration du maillon

manquant entre

l’homme préhistorique

et l’homme moderne.

Le musée du quai

Branly a pour vocation

de montrer la pluralité

des cultures »

Ci-contre : masque cimier « troh » du Cameroun, exposé auMusée Dapper. Ci-dessus : tabatière à priser zoulou d’Afrique duSud, montrée au Musée national des arts d’Afrique et d’Océanie.

, ’ , Musée national des arts d’Afri-que et d’Océanie, 293, avenueDaumesnil, Paris-12e. Tél. : 01-43-46-51-61. Du mercredi au lundi de10 heures à 17 h 30, jusqu’au 17 juin.De 4,3 ¤ à 5,7 ¤. Catalogue sous ladirection de Manuel Valentin et d’Hé-lène Joubert, éd. RMN, 372 p.,310 illustrations, 45 ¤. , musée Dapper, 35, ruePaul-Valéry, Paris-16e. Tél. : 01-45-00-01-50. Du mercredi au dimanchede 11 heures à 19 heures. Jusqu’au21 juillet. De 2,30 ¤ à 4,60 ¤.

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32/LE MONDE/MARDI 19 MARS 2002

UNE HÉCATOMBE de bijoux,cailloux, joujoux de plastique etpeluches trace la route vers lademeure du boucher espagnol. Cin-tres avec crocs et leur attirail àdémembrer, désosser, hacher.Néon bleu et lampe anti-mousti-ques rose. Bruissant rideau de per-les à l’entrée. En croisé des mauvai-ses manières, le boucher (OskarGomez Mata) revêt le tablier del’homme de l’art. Fier de lui. Poses,borborygmes et crottes de nez.Entrée de l’épouse. Du cent pourcent énergie. Folle de son corps.Coups de talons andalous et gymni-que MTV. Entrée du fils. Sourire etcombinaison seyante. Un angeattardé. Les trois crétins, indignesde figurer dans un film de Mocky,invitent à parcourir levide d’une journéeordinaire.

En majesté : lecanapé. Le boucher,la bouchère et leurlardon s’y installentbien en rang. Commeles Simpson aux pro-logues de leur feuille-ton. Mais s’il tombaitsur les Simpson, leboucher changeraitde chaîne illico. Faceà lui, Homer est unauthentique intello.Point commun avecl’équipe de Spring-field : l’amour de lafamille. Rien ne vautle foyer. Echangesappuyés de baisers àla russe. Des glou-tons. Regards atten-dris vers ce qui poin-te. Ou pas. Toilettedes langues. L’inceste est réservé àla télé. Au souvenir de la chaîneunique. En noir et blanc. Les voilàface à nous, les regards abrutisd’émerveillement cathodique.

Rodrigo Garcia appartient à lagénération hamburger-télévision.Il le revendique. Ses personnagesdécouvrent la charité avec Sting,la propreté avec Ajax, la gastrono-mie avec Bocuse. Les vraiesvaleurs. Le monde peut aller à saperte, du moment que l’imagescintille sur le buffet et qu’il resteun paquet de chips dans le tiroir.L’inépuisable fontaine à imagesconstitue l’essentiel de la cultureet le moyen d’en sortir. Le bou-cher y a placé mémoire, espoirs, etinspiration. Cela l’autorise à fran-chir le pas avec les spectateurs, en

quelques privautés qui les rallie-raient aux sous-références prolifé-rantes d’œuvres cultes.

Il y a un autre meuble importantdans Boucher espagnol : lepunching-ball. Il permet aux frus-trés de s’exaspérer en solo au lieude cogner les uns sur les autres.D’oublier cette insondable vulgari-té qui leur colle à la peau et fondeleur spectacle. Celle qui renvoie àla réalité du petit écran, aux souri-res impavides de ses animateurs,leur gestuelle, leur verbiage, leurstapes sur l’épaule, leur emprise.En jouant salement ces chosessales, Boucher espagnol pousse lethéâtre de l’absurde dans lesretranchements du kitsch. Mais ils’agit bien de boucherie. Un mélan-

ge d’images et de mots passés à lamoulinette, reconstitués, et placésen vitrine avec le mauvais goûtnécessaire pour réjouir les mau-vais esprits.

Jean-Louis Perrier

L’Italie en proie au pouvoir télévisuel totalitaire

Etienne Daho, chanteur qui revendique autant l’héritage du rock anglo-saxon que celui de

la chanson française, estime que « les décideurs se trompent sur les goûts présumés du public »

Portrait d’une familleabrutie d’émerveillementcathodique

b A l’Odéon, des intellectuels et artistes italiens ont critiqué le gouvernement Berlusconi

, de Rodrigo Gar-cia. Mise en scène : Oskar GomezMata. Avec Delphine Rosay ouEspé Lopez, Pierre Mifsud, OskarGomez Mata. ,21, boulevard Jourdan, Paris-14e.RER : Cité universitaire. Tél. :01-43-13-50-50. Lundi, mardi, ven-dredi, samedi à 20 h 30 ; jeudi à19 h 30 ; dimanche à 17 h 30. De8,50 ¤ à 17 ¤. Jusqu’au 9 avril.Durée : 1 h 30.

b « Boucher espagnol », une pièce

entre absurde et kitsch de Rodrigo Garcia

/

Le constat est économique, la réalité est sociale.

Pour agirsur l’économieemparez-vous

du social

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« Populaire n’est pas nécessairementsynonyme de vulgaire »

LES 18-24 ans sont six millions.En cette année électorale, LagardèreMédia et la Sofres ont sélectionnévingt jeunes pour interviewer des« personnalités-clés » de la politi-que, du sport, des médias, des scien-ces, de la culture, etc., sur un thèmeleur tenant à cœur. Sept quotidiens– La Croix, Les Echos, L’Equipe, LeFigaro, L’Humanité, Le Monde, La Tri-bune – et le Journal du dimanche col-laborent à « Questions de généra-tion » en publiant chacun deux« papiers ». Ils offrent ainsi à ces jeu-nes la possibilité de comprendre lescontraintes du journalisme et deréaffirmer le rôle de la presse écritedans le décryptage d’un parcours oud’un univers. Un Livre blanc réunis-sant ces articles sera adressé à10 000 responsables politiques, éco-nomiques et sociaux, avant la prési-dentielle. Après celui avec MaryseBurgot, reporter au service de politi-que étrangère de France 2 (« LeMonde Télévision » du 9 mars),nous publions le second entretienréalisé pour Le Monde. Ludivine Hac-quart, 24 ans, professeur de françaisrésidant à Héricourt (Haute-Saône),a choisi d’interroger le chanteurEtienne Daho.

On vous a longtemps défini com-me un chanteur de pop à la fran-çaise. Qu’en pensez-vous ?

Lorsque j’ai débuté, au milieu desannées 1980, la notion de popn’était pas formulée. Les fers de lan-ce en étaient Elli et Jacno et Lio. Onsortait du punk et ces artistes reven-diquaient l’héritage du rock, maisaussi de la chanson française,notamment Gainsbourg et Hardy.Tout comme moi. Se définir commepop singer était une façon de sedémarquer, avec un héritage anglo-saxon, différent de la variété de cesannées-là avec laquelle je n’avaispas d’affinités.

Avez-vous été marqué par lepunk ?

Bien sûr. Je voyais tout autour demoi des gens qui ne savaient nijouer d’un instrument, ni écrire, nichanter, faire des groupes, montersur scène avec une envie très sainede foutre la merde et beaucoup despontanéité.

Pensez-vous qu’il existe desgénérations de chanteurs ?

Oui, bien sûr, il existe des vagues,des familles de chanteurs. Il y a des

thèmes d’inspiration communs, desaffinités… Depuis sept ou huit ans,la scène électro a émergé. Ma géné-ration, tout comme celle de l’électro-nique, voulait faire gicler les vieillesvaleurs et les institutions de la téléet de la radio. L’arrivée des radioslibres en 1981 n’a pas ouvert les hori-zons espérés. Beaucoup de musi-ciens que j’aime, Air, par exemple,se vendent mieux à l’étranger qu’enFrance. Ce serait différent si lesmédias leur offraient l’espace qu’ilsméritent. Ma génération n’écoutaitpas la radio et ne regardait pas latélé, car rien ne nous plaisait. Par lebouche-à-oreille, par les concerts,par les disques qu’on se prêtait, desgroupes vendaient des millions d’al-bums sans l’aide des médias. C’estencore le cas aujourd’hui, par exem-ple, pour Manu Chao ou Noir Désir,mais c’est très rare.

Est-ce lié à la langue françaiseen général ?

Mon album Paris Ailleurs, chantéen français, a très bien marché enEurope, mais c’est un cas particulier.Par le passé, tous les musiciensétaient très influencés par la musi-que anglo-saxonne et en faisaientune copie plus ou moins habile dansleur langue. Comme un film améri-cain doublé en français. La généra-tion de Air, par exemple, est décom-plexée et a assimilé toutes lesinfluences, les Anglais en sontséduits, aussi parce qu’il n’y a aucu-ne gêne par rapport à la langue, carsoit la musique est instrumentale,

soit il y a des invités qui chantent enanglais.

Quel regard portez-vous sur ladémarche et l’environnementdans lequel travaille la nouvellegénération musicale ?

Aujourd’hui, la compétition estde plus en plus serrée et les machi-nes de guerre du marketing massifsont très coûteuses. Pour vendre unalbum, il faut multiplier son coûtpar quatre, ce qui n’était pas le caslorsque j’ai débuté. Parallèlement,les nouvelles technologies permet-tent de faire des albums à la maison.Mais tout est devenu trop cher : lesclips, les espaces publicitaires… Etpuis cette taxe aberrante, la TVA à20,5 %, sur le disque ! Cela expliqueet justifie le téléchargement des nou-veaux albums sur le Net.

On justifie parfois le télécharge-

ment par la disparition de cer-tains titres ou albums des catalo-gues et des rayons de disquaires.Est-ce une réalité ?

Je ne pense pas que cela soit lecas. On peut trouver tout ce que l’onveut dans les magasins, car les mai-sons de disques exploitent et bra-dent tout leur back catalogue etmême leurs albums récents de plusen plus systématiquement. Je penseque le téléchargement est une nou-velle attitude qui permet d’obtenirde la musique facilement et sans lapayer. C’est tout. C’est un manque àgagner qui rend les maisons de dis-ques assez frileuses sur l’investisse-ment de nouveaux artistes et c’estdangereux à court terme.

Quel regard portez-vous sur lamédiatisation pour la médiatisa-tion ?

Le système valorise la « starifica-tion » au détriment de la valeur.Devenir une star pour quinze minu-tes : Andy Warhol était un visionnai-re. La télé fabrique des idoles jeta-bles et a perdu sa fonction de basequi est de divertir, mais aussi d’infor-mer. Les décideurs se trompent surles goûts présumés du grand public.Populaire n’est pas nécessairementsynonyme de vulgaire.

A vous écouter, on a le senti-ment que le combat que vousmeniez au début, contre un envi-ronnement qui ne laissait pas deplace à l’originalité, est en quel-que sorte perdu aujourd’hui…

Au contraire, la contre-culture,toutes générations confondues, esttoujours très vivace et très créative,même si certains feignent de l’igno-rer. Le succès d’artistes comme Bri-gitte Fontaine est un indice. Il mesemble que la jeune génération fran-çaise espère que les humanistes rem-placent les technocrates.

L’amour est-il votre principalesource d’inspiration ?

Oui. Je pense que toutes les chan-sons parlent de l’amour ou de sonabsence. Quand je parle d’amour, jen’évoque pas seulement la cellule àdeux, mais l’amour global. L’une desplus belles chansons d’amour estpour moi Jamais je ne t’ai dit que jet’aimerais toujours de Pierrot le fou,de Jean-Luc Godard.

Propos recueillis parLudivine Hacquart

« Boucher espagnol », de Rodrigo Garcia.

« OÙ VA L’ITALIE ? » Pour cedébat organisé par France-Cultureet retransmis en direct samediaprès-midi, l’Odéon-Théâtre-de-l’Europe a fait le plein. Pendantplus de deux heures, des cinéastes(Ettore Scola, Bernardo Bertoluc-ci), des écrivains (Antonio Tabuc-chi, Vincenze Consolo), le metteur

en scène Georgio Barberio Corset-ti ont dénoncé, aux côtés d’univer-sitaires italiens, les dangers quereprésente, à leurs yeux, le régimede Silvio Berlusconi.

« Sur les décombres de la Démo-cratie chrétienne, les loups sont arri-vés, estime Vincenze Consolo. Enparaphrasant Marx, je dirais que

les faits historiques se présententune première fois comme des tragé-dies, une deuxième comme des far-ces. Mais cette farce-ci est vulgaire,laide, dévastatrice. » L’Italie n’estpas une exception, avertit le philo-sophe Gianni Vattimo à l’adressedes Français. « La démocratie estfragile partout. Additionnez la cor-ruption des élus, l’effondrement dela classe ouvrière et l’individualisa-tion croissante du travail intellec-tuel et vous obtiendrez le mêmerejet de la classe politique. »

« »Entre les interventions, les

comédiens Philippe Morier-Genoud et Irina Dalle rappellentles grandes décisions du gouverne-ment Berlusconi et lisent des tex-tes d’écrivains. Le nom du cinéas-te Pier Paolo Pasolini est souventcité, lui qui dénonçait les nouvel-les formes de totalitarisme pro-pres aux sociétés contemporainesde consommation.

« Aujourd’hui, commente l’uni-versitaire Francesco Pardi, que lecinéaste Nanni Moretti présentecomme la meilleure conscience dela gauche italienne, le danger, c’estBerlusconi. Son régime n’est pas fas-ciste, mais il instaure un pouvoirtélévisuel totalitaire, qui prend lepouvoir sur les pouvoirs législatif,juridique et exécutif. »

Homme de théâtre, GeorgioBarberio Corsetti observe que« Berlusconi utilise à fond la sociétédu spectacle ». Il s’interroge :« Quand ses électeurs pensent

qu’ils peuvent devenir riches com-me lui, alors quels sont les rêves quenous, les artistes, devrions donneraux Italiens ? »

Que faire pour s’opposer à unetelle concentration de pouvoir ?Antonio Tabucchi se fait solen-nel : l’Italie possède une « grandeâme », affirme-t-il. Si ce gouverne-ment méprise la Constitution ita-lienne, si le président de la Répu-blique signe des lois qui vont « àl’encontre de la charte sur laquellel’Europe a été fondée », l’écrivainestime qu’il faudra en appeler auConseil de l’Europe.

Sur un mode plus humoristique,Ettore Scola fait l’apologie despetits gestes politiques. « Depuisla mort de Pasolini, le cinéma ita-lien, ce n’est presque plus rien. Toutde même, le 23 mars, un collectif decinéastes vont filmer à travers lepays la préparation de la grèvegénérale. La télévision ne bâtit pasde mémoire, donc nous devonsnous charger de conserver des ima-ges qui, par exemple, montrent queles ouvriers sont des personnes à res-pecter et non des choses dont peu-vent disposer les patrons. »

L’opposition italienne a com-mencé de faire des chaînes humai-nes, des manifestations contreBerlusconi. « Cela peut paraîtrepuéril, mais ce sont des actions quigênent le pouvoir. Alors, vous aussiles Français, allez aussi faire deschoses puériles devant l’ambassaded’Italie. »

Catherine Bédarida

« La contre-culture,

toutes générations

confondues,

est toujours vivace

et créative.

Le succès

de Brigitte Fontaine

est un indice »

Etienne Daho cite Manu Chao et Noir Désir comme exemplesd’artistes qui vendent sans l’aide des médias.

C U L T U R E

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LE MONDE/MARDI 19 MARS 2002/33

Henri Michaux,archéologue de l’impossible

DEUX CARNETS de dessinsinédits d’Henri Michaux ont étérécemment redécouverts. Tout lesrapproche : ils ont été noircis dans lamême période, celle de l’Occupationet de l’immédiate après-guerre,entre 1942 et 1947 ; ils sont dumême papier mince et de qualitémédiocre ; ils relèvent tous deux dumême procédé, que l’artiste a peupratiqué : le frottage à la mine deplomb. Cinquante-six frottages sontainsi révélés – et ils sont d’une tellequalité que, de leur réunion, naîtune exposition magnifique auMusée d’art et d’histoire de Genève.

Les frottages se succèdent, com-me autant de tentatives pour rendrevisible – brièvement, incomplète-ment, approximativement – l’invisi-ble arrière-monde des chimères etdes frayeurs. Michaux, à partir de1942, a repris et adapté l’idée expéri-mentée par Max Ernst à partir du10 août 1925, « jour mémorable de ladécouverte du frottage », écrivaitErnst. « Nageur aveugle je me suisfait voyant. J’ai vu. »

La technique est simple, au moinsen apparence : il faut un parquet auxlattes usées, des feuilles mortes, desbrindilles, une pierre pas trop angu-leuse. Le papier posé par-dessus, l’ar-tiste frotte son crayon de manière àrelever l’empreinte des lignes, desnervures, des fissures. Michaux intro-duit une variation : aux choses natu-relles, il substitue des bouts decartons ou de photos déchirés oudécoupés. Il les fait glisser sous safeuille, il les inverse, il les superpose.Du plus abrégé au plus complexe, lefrottage ainsi compris peut tout.

A son stade premier, il se borne àquelques formes minérales ébré-chées, quelques lignes brisées etinterrompues. Puis viennent destraces plus nombreuses, des esquis-ses de fossiles, vers ou insectespétrifiés – ou des oiseaux, des pois-sons et des batraciens hybrides dontMichaux, quand le crayon en a révé-lé les corps grotesques, feint de préci-

ser la structure avec de fines lignes àl’encre. Trop flasques, désarticulés,fragiles, ces organismes n’avaientaucune chance de survivre.

Ainsi l’apparition de ces formesappelle-t-elle aussitôt la pensée deleur disparition immédiate, irrémé-diable. Le surgissement et l’efface-ment dansent ensemble, sur un ryth-me saccadé, un peu comique, unpeu macabre. L’œil va d’un dessin àl’autre, revient, imagine des histoi-res, repère le retour de quelquesformes plus définies que d’autres.« Je vais être engloutie, comme unensablement, peinture rongée par lefond qui la dévore, (…) je suis l’ombred’une ombre qui s’est enlisée » : ainsiMichaux fait-il parler son œuvredans La Ralentie. Ombres et enlise-ment en effet : au terme de sa plon-gée, il parvient jusqu’à des profon-deurs qu’il est l’un des seuls à avoiratteintes.

Philippe Dagen

b D’intrigants frottages à la mine de plomb

Musique Super Sinclair, le bon tour du funk français

Les puristes sont formels : la musi-que funk ne peut être qu’afro-américaine etissue du trio fondateur James Brown, Sly Sto-ne et George Clinton (avec Funkadelic et Par-liament). Mais, que des musiciens blancs,pire, des Européens, prétendent jouer cetteversion brute du rhythm’n’blues, donnantsouvent lieu à de longues improvisations ins-trumentales et vocales, semble inadmissible.Donc aux oubliettes nombre des solistes quiont rejoint les rangs des formations préci-tées, sous silence The Average White Band(des Ecossais !) ou Tower of Power…

Et le funk selon les musiciens français ?

Vade retro ! Pourtant la famille funky hexago-nale peut revendiquer fièrement une dignedescendance. Les guitaristes et chanteurs Her-vé Krief et Juan Rozoff ont montré la voie à lafin des années 1980, suivis de près par FFF, laFédération française de fonk, un nom quis’impose. Jean-Louis Aubert, ancien de Télé-phone, avec Aubert N’Ko, s’y est essayé. EtSinclair, soit Mathieu Blanc-Francard – unelignée dans l’histoire pop-rock en France –, néen 1970 à Tours.

Guitariste, pianiste, auteur-compositeur etchanteur, Sinclair a trouvé sa place en cinqCD, dont un en public, depuis 1993, et par lascène, où il se révèle en homme de spectacletrès sûr de lui, généreux par gourmandisemusicienne. Surdoué dans les deux cas, il faitbien sûr songer à Prince, dont il a assurémentbeaucoup et bien appris, notamment dans lamanière d’arranger les mélodies les plus évi-dentes. Zébulon rieur, les cheveux en pétard,le regard pétillant et moqueur, Sinclair a étél’un des rares à accrocher le téléspectateurlors de la cérémonie des 17es Victoires de lamusique, samedi 9 mars.

Insatiable, à peine arrivé sur une scène, Sin-clair ne s’économise pas. Chaque centimètrecarré en est son territoire. Comme au Zénithd’Orléans, vendredi 8 mars, où durant près dedeux heures il a maintenu l’élan musical, encontact avec un public arc-en-ciel ravi, repre-nant les paroles de la plupart des chansons.Avec lui, il y a un groupe impeccable. Le funkne se joue pas à l’approximation. Encoremoins avec Sinclair, amateur de ruptures d’at-mosphère, amenant aux codes du genre unetouche de psychédélisme rock, un zeste desoul sensuelle. Certains textes manquent

d’un peu de contenu, mais les mots ont unpouvoir mélodique et rythmique.

La machine à danser repose sur l’osmoseentre David Lefèbvre, à la basse, et David Fall,à la batterie. Souplesse et puissance pour fai-re chavirer tous les tempos. Les cuivres ontde l’allure (Christian Martinez à la trompetteet Thierry Farrugia au saxophone). FrédéricGaillardet aux claviers et Sébastien Chouard,le guitariste, savent l’art de l’ornementation.Sur le vif, tiré du second album, indique latenue générale de la soirée, comme le finalEnsemble. En dehors d’un ou deux incuna-bles, le répertoire est issu de La Bonne Attitu-de, (Source/Virgin, 1997) et de SupernovaSuperStar (Ministrong/EMI, 2001), l’album dela reconnaissance, disque d’or.

Et pour éviter de devoir toujours décliner lesnoms de ceux chez qui il a trouvé sa foi, Sin-clair glisse dans Mon idole (une manière deportrait de Jimi Hendrix) des titres en anglaisde Steve Wonder, Sly Stone (Thank You, Falet-tinme, Be Mice, Elf Again), Prince (When DovesCry)… Les puristes peuvent se mettre en haied’honneur.

S. Si.

SINCLAIR « SUPERNOVA SUPERTOUR » : Le Transbor-deur, Villeurbanne (tél. : 04-72-43-09-99), le 18 mars ;Le Summum, Grenoble (tél. : 04-76-39-63-63), le 19 ; LeMicropolis, Besançon (tél. : 03-81-41-08-09), le 21 ; LeForum, Dijon (tél. : 03-80-74-31-23), le 22 ; Le Zénith,Nancy-Maxeville (tél. : 03-83-93-27-27), le 23 ; Parc desexpositions, Poitiers (tél. : 05-49-61-23-86), le 26… Com-plet au Zénith de Paris, le 3 avril, concert supplémentai-re le 4 (tél. : 01-42-08-60-00).Photo : © Vincent Peters.

En matière de jazz, GlennMiller est généralement dédai-gné. Trop connu du grand public,trop léger avec pour seule préten-tion de faire briller les yeux desamoureux enlacés ou de remuergentiment quand le tempo se faitplus swing. Quoi qu’il en soit, destitres comme In The Mood, Moon-light Serenade, Tuxedo Junctionou Sun Valley Jump sont dans tou-tes les mémoires, identifiables àune période, du milieu desannées 1930 au milieu desannées 1940, et à un pays, lesEtats-Unis. C’est cette connaissan-ce partagée par le plus grandnombre qu’aborde « Dommage àGlenn », projet d’une grande intel-ligence musicale du clarinettisteet saxophoniste Laurent Dehors,présenté samedi 15 mars à l’Hexa-gone de Meylan durant le 30e Gre-noble Jazz Festival.

En moyenne formation, Dehorsintègre les succès et des titresplus cachés de Glenn Miller dansla globalité des musiques populai-res américaines, des fondamen-taux du blues et du new-orleansaux premiers états du rock’n’roll.Il le fait sans ironie condescendan-te et sans déstructuration systé-matique. Le clin d’œil est compli-ce, tendre, la virtuosité d’écritureau point idéal où elle ne vient pasgêner l’élan musical. Pour chaquethème, Dehors dose au plus juste

les citations et les genres musi-caux. C’est dense et inventif, pré-cis et rigoureux.

Un peu de funk lors du solo devibraphone de Jean-Marc Quilletsur In The Mood ; Sunrise Serena-de dans l’aridité du blues desesclaves, avec guimbarde, guitare(David Chevallier, excellent) et untraitement vocalisant de la clari-nette par Catherine Delaunay ;sérialisme et dodécaphonismepour évoquer ce que la révolutionbop a suscité d’incompréhensionpour les tenants du swing ; l’ac-cordéon de Jacky Lignon en pre-mière ligne durant a String ofPearls, parce que la France aautant fêté la Libération au sondu musette qu’avec les envoléesde Moonlight Serenade, dont lerefrain est devenu « Dansonsmaintenant, tout l’été, les piedsnus sur le sable » avec le chanteurDave. Dehors conserve d’abordl’aspect variété kitsch de la repri-se avant de virer vers une adapta-tion rap-électro. Toutes les for-mes sont possibles lorsqu’unemélodie est suffisamment forte.Ce qu’affirme de bout en boutl’orchestre de Laurent Dehors.

Sylvain Siclier

Grenoble Jazz Festival en Isère, jus-qu’au 24 mars, tél. : 04-76-51-65-32 ;Internet : www.jazzgrenoble.com/

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Sélection revues rock et musiques électroniques par Bruno Lesprit

Coda magazineLe sourire de lachanteuse MariBoine illumine lacouverture dumagazine des« musiques etcultures électroni-ques ». La Norvé-gienne, défenseur

de la culture samie, explique soncombat. Ce numéro comporte égale-ment un hommage à la DJ Sex Toy,disparue le 3 février, et les dernièresnouvelles de la planète électro avecles travaux de DJ Mehdi, Rubin Stei-ner ou Wuz (soit la collaborationd’Alex Gopher et de Demon). Anoter aussi un entretien avec le gra-phiste informatique Julius Wiede-mann, auteur du livre Digital Beau-ties (Taschen), ode numérique à labeauté des femmes, qui répond à laquestion : « L’utilisation de l’informa-tique provoquera-t-elle un éloigne-

ment des clichés esthétiques du pas-sé ou se contentera-t-elle de favoriserl’expression stéréotypée des vieuxmythes de la perfection, imposés parnotre société ? »Coda magazine, mars, 84 p., 4,42 ¤.

Rock & Folk« We Love New York. » Le doyen desmagazines de rock consacre un dos-sier de 16 pages au bruit de la Gros-se Pomme avec le Jon Spencer BluesExplosion en couverture et disquedu mois pour Plastic Fang. L’énergiepunk et le look cuir-cravate-basketsqui faisaient fureur dans la villedans la seconde moitié des années1970 sont revenus à la mode. Outreun long entretien avec le Jon Spen-cer Blues Explosion, on trouvera unesélection d’albums et de chansonsdédiés à la métropole, du New York,New York de Frank Sinatra au Is Thisit ? des Strokes en passant par lesDrifters et le Velvet, Springsteen et

les Ramones, Public Enemy et SonicYouth. Un reportage au cœur de lacité s’ancre dans le présent, offrequelques noms à retenir – le magazi-ne pariant sur le Tigre – et quelquesadresses (restaurants et disquaires).Pour rester dans les années 1970,David Bowie parle dans ce numérode la courte épopée du glam-rock.Pour rester dans le punk, l’ancienchanteur du groupe Asphalt Jungleet actuel pilier du journal, PatrickEudeline, qui publie Dansons sousles bombes (Grasset), est gratifiéd’un portrait écrit par l’écrivain Virgi-nie Despentes, également collabora-trice de Rock & Folk.Rock & Folk, no 416, avril, 140 p., 4,50 ¤.

CrossroadsExtension du magazine musicalgénéraliste Compact, ce bimestriels’intéresse aux musiques « roots »– blues, rhythm’n’blues, country,folk, etc. En couverture de cette troi-

sième livraison, le visage de l’énor-me Popa Chubby, acclamé comme« la meilleure chose qui soit arrivéeau blues ces dix dernières années »,une affirmation qui ne mettra pastout le monde d’accord.Un curieux éditorial, en forme derèglement de comptes interprofes-sionnel, admoneste les participantsau « Rock Press Club » de Canal Jim-my après une émission consacréeau rock sudiste, qualifiée de « festi-val d’inepties et d’erreurs histori-ques ». Relevons que Crossroadsn’est pas à l’abri des coquilles lors-que le producteur Mitchell Froomest orthographié Michael Fromm.Cela en introduction d’un entretienavec le chanteur canadien Ron Sexs-mith, à l’occasion d’un album paru ily a neuf mois. Le menu de cettepublication (Johnny Cash, Tony JoeWhite, Stevie Ray Vaughan) estgénéralement plus séduisant queson contenu.Crossroads, no 3, mars-avril, 84 p., 3,80 ¤.

ExpositionLes Duchêneà BagatelleQui se souvient des Duchêne, Henri(1841-1902) et Achille (1866-1947), lepère et le fils ? Ces deux créateursde jardins ont pourtant été lespionniers de la renaissance du styleclassique – ce qu’on appelle lejardin à la française. Ils ont opérédans toute l’Europe, de la fin duXIXe siècle à la veille de la secondeguerre mondiale, ressuscitant,réaménageant, inventantd’innombrables parcs. Sans eux,nombre de créations attribuéesà Le Nôtre ne seraient plus qu’unsouvenir. Les parterres deVaux-le-Vicomte, par exemple,doivent autant à HenriDuchêne qu’au jardinier deLouis XIV. Quant à son fils, Achille,sans renoncer aux lignes du jardinrégulier, il inventa une esthétiquede plus en plus dépouilléeencore visible dans les parcs

de Courances ou de Voisins.Fabuleux jardins, le style Duchêne,Trianon de Bagatelle, route de Sèvresà Neuilly, bois de Boulogne, Paris-16e.Mo Porte-Maillot (côté bus, prendre le244, descendre à Bagatelle-Pré Catelan).Tél. : 01-45-01-20-10. Jusqu’au 24 juin.Du mercredi au lundi, de 11 h 30 à18 heures. De 3 ¤ à 5 ¤.

PhotographieBruno SerralongueLe photographe Bruno Serralongueprésente une série d’imagesen couleur de manifestationsde sans-papiers du collectif desEnsembles, prises chaque semainependant des mois, place duChâtelet, à Paris. Les imagesstatiques de manifestants avecleurs banderoles, sans gros plans,sans aucun élément spectaculaire,relatives à un microévénement qui« fera » au mieux une brève dansle journal, qui se répètent sans

se ressembler vraiment, échappentaux standards imposés par lesphotos qui envahissent lesjournaux. Et interrogent sur lavaleur d’information, sa fragilité,ce que le photographe en fait.« Je propose une autre actualité.J’opère une réappropriation del’information, parce qu’il n’y aaucune raison qu’elle soit aux mainsdes professionnels », dit BrunoSerralongue dans un entretien avecPascal Beausse publié dans un livrepassionnant consacréau photographe, ouvrage instructifqui réunit plusieurs travaux, tousliés à une « actualité » et montrentcomment l’artiste produit« une information qui résiste »(Pascal Beausse).Centre national de la photographie,Hôtel de Rothschild, 11, rue Berryer,Paris-8e. M˚ Charles-de-Gaulle-Etoile.Tél. : 01-53-76-12-32. Tous les joursde 10 heures à 19 heures sauf le mardi.Jusqu’au 1er avril. 4,60 ¤ et 2,30 ¤. Livre« Bruno Serralongue », texte collectif,éd. Les Presses du réel/Janvier,192 p., 30 ¤.

ChansonJulietteUne chanteuse qui en impose. Faceau public, elle explose de présence,d’émotion, de bagout, toujours enpleine forme et la voix généreuse.Bref, une forte personnalité, un casà part dans la chanson, enfin envoie de dépasser le succès d’estime,si l’on en croit les résultats desventes de son nouvel album,une réussite, Le Festin de Juliette(Polydor), vendu à 40 000exemplaires moins de deux moisaprès sa sortie. Un album danslequel – après avoir hier chanténotamment les textesde Pierre Philippe – elle se laissefranchement aller au plaisirde l’écriture.Casino de Paris, 16, rue de Clichy,Paris-9e. Mo Trinité.Tél. : 01-49-95-99-99.Du 19 au 24, (mardi au samedi,à 20 h 30, dimanche, à 15 h 30).20 ¤ à 36,60 ¤.

, , Muséed’art et d’histoire, 2, rue Charles-Galland, Genève (Suisse). Tél. :00-41-22-418-26-00. Du mardi audimanche de 10 heures à 17 heu-res. Entrée libre. Jusqu’au 21 avril.

La technique révèledes chimères fossiles.

C U L T U R E A G E N D A

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34/LE MONDE/MARDI 19 MARS 2002

a Jean-Pierre Pichard, organisa-teur de la Nuit celtique, a annoncéle 15 mars, à l’issue de la premièredes deux soirées, la décision dereconduire l’événement en 2003. Aterme, ce rendez-vous, déclinaisonde la Nuit magique de Lorient,temps fort de l’Interceltique,devrait être pérennisé. Environ100 000 spectateurs ont assisté auStade de France de Saint-Denis à lapremière édition de la Nuit celti-que, qui rassemblait 600 artistes.Parallèlement, une quinzaine d’en-sembles musicaux se sont produitsgratuitement samedi 16 mars sur leChamp-de-Mars, à Paris, en présen-ce notamment de Gilles Servat, lecréateur de La Blanche Hermine,hymne de la chanson bretonne.a Le Grand Prix, doté de8 000 euros, du 24e festival Cinémadu réel, rendez-vous internationaldu documentaire qui s’est déroulédu 8 au 17 mars au Centre Pompi-dou, à Paris, a été attribué, samedi16 mars, au réalisateur chinois YingNing pour son film Xiwang Zhi Lu(Le Chemin de fer de l’espoir). Leprix du court métrage revient àSicionykste (Une femme d’ici), deKornelijus Matuzevicius et DianaMatuzeviciene (Lituanie) ; le prixJoris Ivens du jeune cinéaste à XueLuo Yili (Neige sur l’Yili), de LeiFeng (Chine) ; le Prix internationalde la SCAM (Société des auteurs,compositeurs multimédia) à La islade los ninos perdidos (L’Ile desenfants perdus), de Florence Jau-gey (Nicaragua).a La chanteuse et actrice américai-ne Liza Minnelli a épousé samedi16 mars dans une église de Manhat-tan le producteur de variétés DavidGest, devant quelque 200 vedettesdu cinéma, de la chanson et du spec-tacle. C’est le quatrième mariage dela fille de l’actrice Judy Garland etdu réalisateur Vincente Minnelli,âgée de 56 ans. Le couple ayant ven-du les droits exclusifs de la cérémo-nie à un magazine « people » bri-tannique, personne, en dehors desjournalistes et photographes de larevue, n’a eu le droit de pénétrerdans l’église Marble Collegiate, surla V e Avenue, avec un appareil pho-to ou une caméra vidéo. Les invitésont dû passer devant des détec-teurs de métaux. Le dames d’hon-neur de Liza Minnelli étaient Mari-sa Berenson, Mia Farrow, PetulaClark et Gina Lollobrigida. Parmiles garçons d’honneur du marié,âgé de 48 ans, Michael Jackson etRobert Wagner.a Le rappeur américain DMX, EarlSimmons, prêtera sa voix à unesociété américaine pour la préven-tion de la cruauté envers les ani-maux. Ainsi en a décidé le 15 marsla cour supérieure du New Jersey,qui a condamné le chanteur à uneamende de 13 000 dollars(14 684 euros) pour acte de cruautésur des pitbulls. DMX réalisera desannonces radio, dont il paiera lecoût, estimé à 20 000 dollars(22 591 euros).

UN GRAND JEUNE HOMME blond auxtraits réguliers, coiffé à la mathématique (untiers, deux tiers) d’une raie sur le côté. Unegaucherie de fils de famille et le poli soyeuxdu gendre idéal. Rien de particulier ni deremarquable à première vue chez le pianisteNikolaï Lugansky. A part peut-être le regard,des yeux d’un bleu venteux tout remplis decourses des nuages. Un regard qui passe etqu’on ne retient pas, vaguement flou, vague-ment inquiet. Celui de l’« ExtraordinaireÉtranger ».

En ce soir déjà printanier, place du Pan-théon, flotte le parfum de ces grandes fem-mes – Colette, Curie, Beauvoir… – dont lesfigures exhumées pour la Journée des fem-mes sont restées placardées sur les grillesd’enceinte du mausolée des grands hommes.Nikolaï Lugansky arrive justement escortéd’un escadron de charme – sa femme, sonagente, son attachée de presse et la directricede communication de sa maison de disquesWarner Classics. « Le vol de Moscou a pris duretard, le tapis roulant des bagages est resté blo-qué de longues minutes, et puis il y a eu lesembouteillages. » On sent qu’il aimerait toutannuler, que seules une infinie délicatesse etune correction extrême l’empêchent de seule-ment le suggérer. Il s’est assis, un air de haseprise au collet, les grandes mains clairesposées devant lui, un léger pansement d’en-fant au bout de l’index gauche. On se ditqu’on va devoir faire vite, abréger. A cause deces mains justement, dont on connaît l’ineffa-ble magie sur un clavier.

Et puis non. On va l’assigner à la questioncomme lui assigne la musique. De la premiè-re à la dernière note. L’animal a du poil et del’endurance. Il possède surtout l’honnêtetéqui désarme. Si sérieux et droit, si ignorant delui-même : « Je suis seulement un médiumentre le compositeur et l’auditeur. Peu importeque j’existe ou n’existe pas pendant le concert.Je ne joue que pour chercher à produire un deces moments qui ne sont comparables à aucunautre. Donner le plus grand des plaisirs, le plusprécieux des bonheurs. » Est-ce trop dire qued’affirmer que depuis 1997, année où le Festi-val de La Roque-d’Anthéron nous le révélaen France, Nikolaï Lugansky n’a cessé denous prodiguer de ces parcelles d’éternitéhomologuées par Dieu lui-même ? Que sonpremier disque des Etudes de Chopin en 2000a d’emblée fait figure d’enregistrement histo-rique ?

Certes, l’élève préféré de la grande TatianaNikolaeva (d’abord à l’Ecole centrale de Mos-cou puis au Conservatoire Tchaïkovski),laquelle devait le désigner à la veille de samort en 1993 comme le « pianiste de

demain », a débuté plus modestement queson exact contemporain, Evgueni Kissin, lan-cé par Karajan il y a quinze ans. Mais il a com-mencé tôt, ainsi qu’en témoigne l’enregistre-ment public d’un récital donné à treize ans auConservatoire de Moscou, avant même quetombe la moisson des prix internatio-naux – Concours Bach de Leipzig en 1988,Rachmaninov en 1990 et surtout Tchaïkovskien 1994. « J’ai donné des concerts avant mêmede pouvoir y penser, réussi des concours, et celan’a pas changé ma vie. La seule question que jeme suis posée l’a été par la négative. Je me suisdit : peut-être ne suis-je pas musicien ? »

’Rarement artiste aura donné une telle

impression d’être dans le droit fil de lui-même, sous le soleil de la musique, exacte-ment. A l’endroit où l’ombre et la lumièrefusionnent en un, dans la ligne de la grandetradition russe des Heinrich Neuhaus, EmilGilels ou Sviatoslav Richter… qu’on en appel-le à Benno Moïseiwitch ou à Rachmaninovlui-même. Né pourtant dans une famille nonmusicienne, « d’une histoire très soviéti-que – mère venue du Tadjikistan, père vivantdans la campagne à 200 km de Moscou, tousdeux étudiants à Moscou où ils se sont rencon-trés ». Nikolaï Lugansky évoque ses années

d’enfance, « le petit piano sur lequel mon pèrejouait des chansons populaires soviétiques : unjour j’ai repris sa mélodie pour lui montrer qu’ilfaisait des fausses notes. C’est comme ça qu’ona découvert que j’avais l’oreille absolue ».

S’il n’y avait que les oreilles ! Depuis cinqans, Lugansky musicien a conquis ceux-làmêmes que bluffe toujours Lugansky pianis-te – « En France, on voit les pianistes russescomme des monstres virtuoses, alors que lesRusses se considèrent, eux, comme des mons-tres d’expression. » Lugansky se réjouit de ceparadoxe le temps d’un bref mais éclatantsourire. Un sourire carnassier de pure intelli-gence, qui éclaire tout et met tout en échec,la technique, la musicalité, la conjonction desdeux. Un de ces sourires de victoire qui con-cluent ses fameuses parties d’échecs, luiqu’on a vu jouer des heures entières dans unhall d’hôtel pendant la Folle journée russe àNantes, l’année dernière, disputant seul troisparties face à trois adversaires et les battanttous les trois. Rien d’étonnant à ce qu’il vien-ne de remporter à Moscou le championnatd’échecs des musiciens ! « C’est une combina-toire de sport, de science et d’art. Il s’y joue destragédies et des comédies. Les échecs sont àl’échelle de l’homme ce que la musique est à cel-le de l’esprit : la preuve de l’existence de Dieu. »

Il dit cela si simplement, Nikolaï Lugansky.

Est-ce pour cela que la musique de son pianotabernacle paraît parfois venir de plus loin ?Qu’il joue ainsi Rachmaninov (adulé à la foiscomme compositeur et pianiste) ou plusencore Chopin, qu’il aime depuis toujours,depuis cet enregistrement qu’il a découvert,enfant, de Paderewski. « C’est une musiquechef-d’œuvrale », dit-il – le disque qu’il vientde consacrer aux 24 Préludes est à la hauteurde l’épithète. Nous allons nous quitter, et cethomme si réservé abonde soudain en admira-tion : Radu Lupu, Vladimir Pletnev, et surtoutNelson Freire, dont il se voudrait plus proche(« mais nous n’avons pas les mêmes mains »).Lui demander une dernière parole, sur lui cet-te fois, le rend à nouveau taiseux et réfléchi :« Aucun mot, mais peut-être » (long silence)« une Quatrième Ballade de Chopin ou le Troi-sième Concerto de Rachmaninov… vous endiront plus sur moi. »

Marie-Aude Roux

Pièces lyriques de Grieg, Fantaisie en ut majeurop. 17 de Schumann, Klavierstücke op. 118 deBrahms, Ballades no 3 et no 4 de Chopin. Théâtredes Champs-Elysées, 15, avenue Montaigne,Paris-8e. Mo Alma-Marceau. Tél. : 01-42-56-90-10.Le 19 mars à 20 heures. De 5 ¤ à 55 ¤.24 Préludes de Chopin, 1 CD Erato (0927-42836-2).

CE N’ÉTAIENT certes pas Gin-ger et Fred, mais c’était tout demême un tandem. Jacques Chiracet Lionel Jospin, assis l’un à côtéde l’autre, donnaient, à la fin duConseil européen de Barcelone,leur dernière conférence de pressecommune. Le président de la Répu-blique ne souhaitait visiblementpas trop marquer l’événement,mais il ne pouvait pas empêcherl’autre membre du tandem de lefaire. La scène, qu’on pouvait voirsamedi soir au journal télévisé deFrance 2 et, un peu abrégée, àcelui de TF1, était involontaire-ment comique. On aurait dit uncouple se battant, devant ses invi-tés, pour raconter la même anecdo-te. « La France a parlé d’une seulevoix et s’est exprimée avec toutel’autorité et la dignité qui convien-nent à la représentation d’un grandpays comme le nôtre », disait Chi-rac, qui s’apprêtait à donner laparole à un journaliste. « Juste uneseconde, l’interrompait son voisin.Ou alors, je considérerais que vousavez aussi parlé pour moi… Etd’ailleurs, vous avez aussi, d’une cer-taine façon, parlé pour moi. Carcela fait maintenant cinq ans quenous participons ensemble à cessommets européens… Au momentoù sans doute, très certainement,cela s’achève, je voudrais dire que

nous terminons sur un bon sommet,sur une note positive. »

Les mouvements de mainsétaient éloquents. Chirac mettaitla sienne sur la manche de Jospinpour lui accorder la parole, et Jos-pin faisait de même pour adoucirla brutalité de sa première phrase.Pendant que Jospin parlait, Chiracremuait ses mains, s’agitait sur sonsiège, buvait un verre d’eau et fina-lement regardait ailleurs. Cetteinterminable cohabitation interna-tionale et publique prenait ainsifin sur une remarque digne desimmortels échanges de Dupont etDupond : « Je dirais même plus. »

Le sommet européen de Barcelo-ne s’est terminé sans pugilat fran-co-français, ce qui est heureux,mais la « note positive », célébréepar Lionel Jospin, ne vaut pas pourles duettistes eux-mêmes. Selonun sondage de l’IFOP pour le Jour-nal du dimanche, seulement 43 %des personnes interrogées sont« plutôt » ou « très » satisfaites duprésident et du premier ministre.En un mois, la chute est de septpoints pour Chirac et de six pourJospin. Les deux hommes payentle tour agressif pris par la campa-gne. « D’une certaine façon », letandem fonctionne encore. Lesdeux hommes ont une cote absolu-ment identique. Elle est négative.

Dupont et Dupond

LES GENSDU MONDENikolaï Lugansky, une touche

de divin

RADIO

Le pianiste russe, virtuose découvert en France

en 1997, illumine Chopin sur disque et donne

un récital au Théâtre des Champs-Elysées

TÉLÉVISION

19

f L’Ecole des (sages) femmes14 h 05, France 5Elles ont entre 18 et 23 ans et sontapprenties sages-femmes. Entrecours théoriques et formationpratique, des salles de classe à lasalle de travail et à lapouponnière, Julie Talon a suivicinq étudiantes pendant un an.Première nuit de garde, premieraccouchement à quatre mainsavec une sage-femme

expérimentée, premieraccouchement seule (un moment« magique »), soins aunouveau-né…, la réalisatriceaccompagne chaque expériencenouvelle. Sa caméra enregistreles rires et les doutes,les bonheurs et les angoisses,et aussi les réflexionsdes étudiantes sur la féminitéet la maternité, inévitables dansce lieu dévolu à la naissance –faut-il être mère pour êtrevraiment femme ?

f L’homme qui brisases chaînes21 h 00, Paris PremièreUn jeune vétéran de la premièreguerre mondiale (Val Kilmer), quine trouve pas sa place dans lasociété américaine, participemalgré lui à un hold-up, se faitprendre et se retrouve dans unbagne en Géorgie. Evasion,réussite sociale à Chicago, retourau bagne. L’enfer des coups et del’humiliation, pire que la premièrefois, nouvelle évasion… Le fugitifécrit son histoire et réussit à lafaire publier. Son livre devient unbest-seller, à l’origine d’unecampagne pour la réforme d’unsystème de détentionmoyenâgeux. Inspiré de l’histoirevraie de Robert Elliot Burns, cetéléfilm de Daniel Mann, produitpar HBO, est un remake de Je suisun évadé, réalisé en 1932 parMervin Le Roy, avec Paul Muni.f A la campagne23 h 00, CineCinemas 1A sa sortie de prison, une jeunefille vient s’installer chez sa sœurà la campagne, en Normandie.Elle fait la connaissanced’un homme qui a quitté Pariset son cercle d’amis. Un filmde Manuel Poirier, sentimentalet mélancolique,avec des glissements de ton.Et des interprètes attachants :Judith Godrèche et Benoît Régent,mort en octobre 1994, avantla sortie du film.

f 1972

Naissance le 26 avrilà Moscou.

f 1994

Lauréatdu 10e ConcoursInternationalTchaïkovski.

f 1996

Débuts très remarquésau Hollywood Bowlde Los Angeles.

f 2000

Intégrale des « Etudesde Chopin »chez Erato

(8573-80 228-2).

19

f Le monde change :Cinéma et ethnologie12 h 10, RFIQu’est-ce que la caméra apporteaux chercheurs ?Patrick Chompré abordela question avec quelquesethnologues-réalisateurs dont lesfilms sont présentés au Festivaldu film ethnographique qui sedéroule au Musée de l’homme,à Paris, du 19 au 24 mars.f Le Journal des spectacles13 h 25, Europe 1Bruno Cras reçoit le comédienSergi Lopez, que le publicavait découvert, en même tempsque Sacha Bourdo, dans Western,de Manuel Poirier.Les deux acteurs se retrouventdans le nouveau filmdu réalisateur, Les Femmesou les enfants d’abord,qui sort en salles le 20 mars.f Surpris par la nuit :La nouvelle vague des librairies22 h 30, France-CultureStéphane Martinez a rencontrédes libraires passionnés quimilitent pour l’accès de tousà la lecture. Ils ont installé àMontreuil, à Saint-Maur ou dansles quartiers populaires de Parisdes lieux accueillants pour leslecteurs occasionnels comme pourles bibliophiles avertis, où ilsorganisent débats et rencontresavec les auteurs.

Chagall, les couleurs de VitebskJusqu’à la fin de ses jours, Marc Chagall (1887-1985) se souviendra des ima-

ges et des couleurs de Vitebsk, la « ville triste et joyeuse » où il est né, com-me du « plus grand choc [plastique] de sa vie ». « Les maisons, les petits toits,les bêtes, les poules, les petites gens qui marchent, les petites ouvrières quimarchent, les pauvres » qu’il observait du seuil ou du toit de la maison fami-liale, « c’était [son] Louvre, [son] école… ».

En 1907, Chagall quitte Vitebsk pour étudier les beaux-arts à Saint-Péters-bourg. 1910, il part pour Paris. Eté 1914, il fait un séjour à Vitebsk après uneexposition à Berlin. La guerre l’empêche de repartir. Il travaille àSaint-Pétersbourg. Quand éclate la Révolution, il s’enflamme. Nommé com-missaire des arts de sa ville, il fonde une Académie libre, qu’il veut ouvriraux peintres en bâtiment. Pour le premier anniversaire de la révolution,tous les peintres de Vitebsk copient, en plus grand, un tableau de Chagallintitulé En avant, pour promener dans toute la ville cette « image dynami-que ». Les ouvriers sont contents, mais les cadres du parti se demandentpourquoi la vache est verte et pouquoi le cheval vole dans le ciel… Séquen-ces d’entretiens issus des archives de l’INA, analyse des tableaux et extraitsdes mémoires de Chagall composent ce documentaire signé Charles Naj-man. – Th.-M. D.

« Chagall, les années russes », mardi 19 mars, 21 heures, Mezzo.

C U L T U R E P O R T R A I T

Page 33: Les dix engagements de Jospin - scholar.lib.vt.edu · cès, Alessandro Baricco bous-cule les clichés sur la mondia- ... « 900 000 chô-meurs de moins d’ici à 2007, un droit à

LE MONDE/MARDI 19 MARS 2002/35

r a d i o - t é l é v i s i o nL U N D I 1 8 M A R S

T F 1 F R A N C E 2 F R A N C E 3 C A N A L + F R A N C E 5 / A R T E M 6

13.35 Seule contre tous Téléfilm. A. Kroeker.Avec Rena Sofer (EU, 1995) & 15.15 Destinscroisés Série 16.05 Loïs et Clark Série 17.00Gundam Wing La fin d’un règne. 17.30 Lesarmes de la paix. Série 18.00 Sept Jours PourAgir Le virus de Gettysburg. Série 18.55 TheSentinel Le point faible. Série 19.54 Le SixMinutes, Météo 20.05 Notre belle familleDestination Hawaï. Série 20.40 Caméra Café.

20.50 Ç Beauté :attention aux arnaques. Magazine présentépar Bernard de la Villardière. Au sommaire :Chirurgie esthétique : les risques à éviter ;Epilation définitive : arnaque ou pas ? ;Dents : le prix du sourire ; Rides : une solu-tion miracle ? ; Fashions victims : se ruinerpour être belle ; Brésil : la folie des fessesartificielles. 155513

22.50 S ’Meurtres dans la jet-set : L’affaire ConsBoutboul. Magazine présenté par LaurentDelahousse. 214600Retour sur une affaire - le meurtre deJacques Perrot - pour laquelle Elisa-beth Cons-Boutboul, déclarée coupa-ble de complicité, fut condamnée àquinze ans de réclusion criminelle.0.09 Météo.

0.10 Zone interdite Alcool : enfants, ados, lesnouvelles victimes 6805391 2.05 Culture pubAu sommaire : Odeurs de marque ; SNCF, ladame de fer. 4264643 2.30 M6 Music Emis-sion musicale (270 min) 80432049.

14.00 Le Prix de l’indiscrétion Téléfilm. MarcBienstock. Avec Luke Perry (EU, 1998) % 15.40Le Vrai Journal Charles Pasqua 16.35 La villeest tranquille a Film. Robert Guédiguian.Avec A. Ascaride. Drame (Fr., 2000, DD) %

f En clair jusqu'à 20.45 18.40 Futurama Le trèfle àsept feuilles. Série 19.10 Le Journal 19.25 + decinéma, + de sport 19.50 Le Zapping 19.55 LesGuignols de l’info 20.05 La Grande Course.

20.15 F Ligue des champions(2e phase, 6e journée, Groupe A). BayernMunich (All.) - Nantes (Fr.). 20.45 Coupd’envoi en direct. 332180

22.45 Football Ligue des champions(2e phase, 6e journée). Résumé des autresrencontres de la soirée 1069703 23.05 H Unehistoire de chiot &. Série 3557797

23.30 V Film. JacquesDorfmann. Avec Christophe Lambert, KlausMaria Brandauer, Max von Sydow, InèsSastre. Histoire (Fr., 2000) %. 446242L’ambitieux projet de réaliser unefresque à grand spectacle sur Vercin-gétorix. C’est parfois involontairementdrôle.1.30 Un crime au paradis Film. Jean Becker.Comédie dramatique (Fr., 2000) % 2083310.

3.05 Vengo a a Film. Tony Gatlif. Avec Anto-nio Canales. Drame (Fr. - Esp., 2000, v.o.) %

7086778 4.30 Stick Trouble fête 4.50 Volavé-runt a Film. Bigas Luna. Avec P. Cruz. Drame(Fr. - Esp., 2000, 90 min) & 7042778.

13.50 Keno 13.55 C’est mon choix 14.55 Oùsont mes enfants ? Téléfilm. George Kaczen-der. Avec Marg Helgenberger, Corbin Bern-sen (EU, 1994). 16.30 MNK 17.35 A toi l’actu@Magazine 17.50 C’est pas sorcier Une journéeà la ferme 18.15 Un livre, un jour 18.20 Ques-tions pour un champion 18.50 Le 19-20 del’information, Météo 20.10 Tout le sportMagazine 20.20 C’est mon choix... ce soir.

20.55 V , Cancres ou surdoués, tous des petitsgénies ? Magazine présenté par MireilleDumas. Invités : Gad Elmaleh, JérômeDreyfus, Yankel Tapiro, les frères Bogdanoff,Charly, Hugo, Claire, Mireille Calmel,Albert Jacquard, Monique de Kermadec,Jean-Jacques Latouille. 649870322.50 Météo 22.55 Soir 3.

23.20 F a Film. Louis Malle.Avec Jeremy Irons, Juliette Binoche, RupertGraves, Miranda Richardson, Leslie Caron.Drame (Fr. - GB, 1992) ?. 3079722Un homme tombe amoureux dela fiancée de son fils. Le récit d’unepassion amoureuse et érotique quidétruit tout. Malgré la situationscandaleuse mise en scène, le film estun peu convenu.

1.10 Libre court 1.25 Ombre et lumière 1.50C’est mon choix... ce soir 2.15 Soir 3 2.35 Strip-tease 3.40 La Case de l’oncle Doc Il y a 40 ansdéjà... l’histoire déchirée des Français d’Algérie4.30 Un jour en France (40 min).

16.05 Loïs et Clark Série 17.00 Sept jours pouragir Etat de siège. [1 et 2/2]. Série 18.55 TheSentinel Série 19.54 Le Six Minutes, Météo20.05 Notre belle famille Destination Hawaï.Série 20.40 Caméra Café.

20.50 D T a Film.Tsui Hark. Avec Mickey Rourke, DennisRodman, Jean-Claude Van Damme, NatachaLindinger. Action (EU, 1996) ?. 425437Un agent secret aidé d’un gangsternoir lutte contre un terroriste qui aenlevé sa femme. Un film d’actionbourré d’idées extravagantes qui fontpasser la faiblesse du projet d’origine.

22.35 C Film. DeranSarafian. Avec Jean-Claude Van Damme,Robert Guillaume, Cynthia Gibb, GeorgeDickerson. Policier (EU, 1990) ?. 88307080.15 Los Angeles Heat Indice sur le net. Série

% 1.09 Météo 1.10 Jazz 6 Les 15 ans de Jazz 6 :Wayne Shorter Quartet. Concert donné àJazz à Vienne 2001 6038068 2.10 M6 Music(230 min).

14.45 Rivale en amour Téléfilm. Karola Zeis-berg-Meeder (All., 1999). 16.30 Exclusif 17.05Melrose Place Vin et vodka. Série 17.55 7 à lamaison Le match de basket. Série 18.55 LeBigdil Spécial ski 20.00 Journal, Météo.

20.55 S Téléfilm. Daniel Janneau. Avec YvesRénier, Valérie Kaprisky, Francis Perrin,Véronique Boulanger, Philippe Drecq(France - Belgique, 2001). 4889031Une décoratrice, qui sacrifia sa carriè-re pour devenir mère au foyer, quitte ledomicile conjugal après avoir surprisson mari en flagrant délit d’adultère...

22.40 C Maga-zine présenté par Géraldine Carré. Au som-maire : Vais-je réussir à ramener ma fille enFrance ? ; Vais-je réussir ma reconversion ensortant de prison ? ; etc. 3908692

0.20 Football Magazine 1.30 ExclusifMagazine 2.05 Sept à huit Magazine 2.55Reportages A quoi rêvent les jeunes filles ?3.20 Histoires naturelles Documentaire 4.45Musique (15 min).

13.45 Le Journal de la santé 14.05 L’Ecole dessages-femmes Documentaire 15.05 ClaudieHaigneré, une femme dans les étoiles 16.00Aux origines des Incas Documentaire 17.05Aventures de femmes [3/3]. Christine Janin,au-delà de l’Everest 17.35 100 % question18.05 C dans l’air 19.00 Archimède 19.45 Arteinfo, Météo 20.15 La Vie en feuilleton Et plussi affinités. [7/10]. Lunes de miel.

20.45 T - MON CERVEAU À MOI. Documentaire.Antonia Lerch (Allemagne, 2002). 100658074Quatre patients devant subir une opé-ration du cerveau ont accepté d’êtresuivis par des caméras et de livrerleurs doutes, leurs angoisses, leursespoirs aussi.

21.55 T () - LES NOUVEAUX CERVEAUX.Documentaire. Benno Trautmann (Allema-gne, 2002). 4384364Quel genre de cerveau doi-on avoirpour comprendre le cerveau ? Répon-se avec six éminents spécialistes.23.05 Music Planet 2Nite Travis et Jason Falk-ner. Magazine 7590703.

0.10 La nuit s’anime Au sommaire : Rencon-tre ; Je me souviens 54759 0.35 CinémaniacTouche pas à ma mère 1.00 Intervista a a

Film. Federico Fellini. Avec Sergio Rubini.Chronique (It., 1987, v.o., 100 min) 3873933.

17.05 Gaïa L’Alsace aux prises avec ses mon-tagnes de sel 17.35 100 % question 18.05C dans l’air 19.00 Nature 19.45 Arte info,Météo 20.15 La Vie en feuilleton Et plus siaffinités. [6/10]. Trois bagues aux doigts.

20.45 L, - a a a Film. R. Werner Fassbinder.Avec Barbara Sukowa, Armin Mueller-Stahl,Mario Adorf. Drame (All., 1981, v.o.). 762944Une prostituée décide de séduire lenouveau directeur des travauxpublics. Une relecture cruelle du mélo-drame classique qui est aussi unepeinture de la société allemande.

22.35 G - ON PRO-DUIT AVEC LE CŒUR Entretien entreVolker Schlöndorff et Horst Wendlandt.Documentaire. Volker Schlöndorff (Allema-gne, 2002). 7428789

23.45 Court-circuit (le magazine) 0.30 Unhomme parmi les loups a Film. CarrollBallard. Avec Brian Dennehy. Aventures (EU,1983) 3894426 2.20 La Folie tattoo Documen-taire (25 min).

17.05 Virgin Suicides a a a Film. Sofia Cop-pola. Drame (EU, 1998) % f En clair jusqu'à 20.45

18.40 Futurama Série 19.05 Le Journal 19.25+ de cinéma, + de sport 19.50 Le Zapping19.55 Les Guignols 20.05 Burger Quiz.

20.45 L’H aFilm. Paul Verhoeven. Avec Elisabeth Shue,Kevin Bacon, Josh Brolin, Kim Dickens, GregGrunberg. Fantastique (EU, 2000) ?. 497128Un savant découvre le secret de l’invi-sibilité. Il en ressent une volonté depuissance qui le rend fou. Une inven-tion plastique permise par des effetsspéciaux extraordinaires.

22.35 B a Film.Michael Patrick Jann. Avec Kirsten Dunst,Ellen Barkin, Allison Janney, Denise Richards,Kirstie Alley. Comédie satirique (Etats-Unis,1999, v.o.) &. 8625215

0.10 En aparté 1.10 3 copains, 2 ex, 1 amourTéléfilm. Thomas Berger (All., 1997) & 2.55American Psycho Film. Mary Harron. AvecChristian Bale. Suspense (EU, 2000) !

12093635 4.35 Midnight + (55 min) %.

FILMS13.00 Sept ans de réflexion a a a Billy Wilder(Etats-Unis, 1955, v.o., 110 min) & Cinétoile14.45 City Hall a a Harold Becker (Etats-Unis, 1995,v.m., 115 min) & CineCinemas 115.40 Force majeure a a Pierre Jolivet (France, 1988,85 min) & CineCinemas 216.10 La Collectionneuse a a Eric Rohmer (France,1967, 85 min) & Cinétoile18.20 La Marchande d’amour a a Mario Soldati(Italie, 1952, N., v.o., 100 min) & CineClassics19.20 Strictement personnel a a Pierre Jolivet(France, 1985, 85 min) & CineCinemas 220.45 Les Misérables a a a Raymond Bernard(France, 1933, N., 105 min) & CineClassics21.00 La Chaîne a a Stanley Kramer (Etats-Unis,1958, N., 95 min) & Cinétoile22.15 City Hall a a Harold Becker (Etats-Unis, 1995,v.m., 110 min) & CineCinemas 222.30 Prisonnières des Martiens a a Inoshiro Honda(Japon, 1957, 85 min) & Cinéfaz22.35 L’Alibi a a Pierre Chenal (France, 1937, N.,80 min) & Cinétoile22.45 A l’est d’Eden a a a Elia Kazan (Etats-Unis,1955, v.m., 115 min) & TCM23.00 A la campagne a a Manuel Poirier (France,1995, 105 min) & CineCinemas 11.05 Je vous aime a a Claude Berri (France, 1980,100 min) & CineCinemas 2

FILMS14.30 Une question de vie ou de mort a a aMichael Powell et Emeric Pressburger(Grande-Bretagne, 1946, v.o., 100 min) & Cinétoile15.35 Une nouvelle vie a a Olivier Assayas (France,1993, 120 min) & CineCinemas 316.10 Le Blé en herbe a a Claude Autant-Lara(France, 1954, N., 105 min) & Cinétoile16.15 La Marchande d’amour a a Mario Soldati(Italie, 1952, N., v.o., 100 min) & CineClassics17.00 Beetlejuice a a Tim Burton (Etats-Unis, 1988,v.m., 90 min) & TCM18.25 La Belle des belles a a Robert Z. Leonard(France - Italie, 1955, 110 min) & CineClassics19.20 Rendez-vous a a a Ernst Lubitsch (Etats-Unis,1940, N., v.o., 100 min) & Cinétoile20.40 Adhémar ou le jouet de la fatalité aFernandel (France, 1951, N., 100 min). Festival20.45 Brazil a a Terry Gilliam (Grande-Bretagne,1984, 140 min) & Cinéfaz20.45 Force majeure a a Pierre Jolivet (France, 1988,85 min) & CineCinemas 222.35 Dracula a a Francis Ford Coppola (Etats-Unis,1992, v.m., 125 min) ? CineCinemas 122.45 Des feux mal éteints a a Serge Moati (France,1994, 105 min) % Festival

16.00 En quête de preuves Le faux médecin.Série 16.50 Des chiffres et des lettres17.25 Qui est qui ? 18.05 JAG Mariage mouve-menté. Série 18.55 On a tout essayé 19.50 Ungars, une fille 20.00 0.10 Journal, Météo.

20.55 L C Téléfilm.Didier Grousset. Avec Julie Debazac, BrunoSlagmulder, Nicolas Vaude, Kareen Bourjade,Jean-Pierre Cassel (France, 1999) & 4886944La veille de leur mariage, les deuxfiancés enterrent leurs vies de céliba-taires de façon fort différente. Cettesoirée va apporter quelques modifica-tions sur leur avenir commun...

22.35 M Débat présentépar Arlette Chabot. Présidentielle 2002.Invités : Nicolas Sarkozy, Dominique Strauss-Kahn. 86301470.40 Musiques au cœur Des voix nouvelles.

1.55 Mezzo Un jour ordinaire 2.20 On auratout lu ! 3.10 J’ai rendez-vous avec vous 3.3524 heures d’info 3.55 Schizophrénie, esprits bri-sés, vies volées 4.45 4.55 Thé ou café Pré-senté par Catherine Ceylac. La 500e (60 min).

12.20 Pyramide 12.55 Météo, Journal, Météo13.50 Derrick La mort d’un fan. Série 14.55 Uncas pour deux Un aller pour le ciel. Série16.00 En quête de preuves Cible mouvante.Série 16.45 Un livre 16.50 Des chiffres et deslettres 17.25 Qui est qui ? 18.05 JAG Jusqu’aubout du monde. Série 18.55 On a tout essayé19.50 Un gars, une fille Série 20.00 Journal,Météo.

20.55 T T S a Film.Peter Weir. Avec Jim Carrey, Ed Harris, LauraLinney, Noah Emmerich, Natascha McElho-ne. Comédie (Etats-Unis, 1998). 6401277Un homme est, depuis sa naissance, lehéros d’une émission télévisée sans lesavoir. Une dénonciation un peu hypo-crite des médias, relevée par l’inter-prétation.

22.50 F Magazineprésenté par Frédéric Lopez. 7453906

0.55 Journal de la nuit 1.10 Météo 1.20The Lost Son a Film. Chris Menges.Avec Daniel Auteuil, Nastassja Kinski, KatrinCartlidge. Drame (Fr. - GB, 1999) ? 25055466Un détective privé démantèle unréseau pédophile. Un sujet à la modetraité avec une retenue un peu terne.

2.55 Chanter la vie Hommage à C Jérôme3.45 24 heures d’info 4.00 Météo 4.05 Des-centes Documentaire & 4.35 Beaucoup, pas-sionnément, à la folie Documentaire(85 min).

15.00 La Rose et le Chacal Téléfilm. Jack Gold(EU, 1990) 16.35 MNK 17.35 A toi l’[email protected] C’est pas sorcier 18.20 Questions pourun champion 18.50 Le 19-20 de l’informa-tion, Météo 20.10 Tout le sport 20.20 Foot 3.

20.55 L D P Film.Randal Kleiser. Avec Melanie Griffith, TomBerenger, Huey Lewis, Wade Dominguez.Suspense (Etats-Unis, 1998) %. 4881499Une avocate tente de prouver l’inno-cence d’un homme accusé du meurtrede la femme d’un riche ploutocrate.Un film de procès.22.40 Météo 22.45 Soir 3.

23.10 S- Magazine proposépar Jean Libon et Marco Lamensch. Ausommaire : Histoire d’eau ; Scarface.

0.15 Ombre et lumière Invitée : Zazie.

0.40 La Case de l’oncle Doc Il y a 40 ansdéjà... l’histoire déchirée des Français d’Algérie1.35 Foot 3 2.00 Soir 3 2.10 France Europeexpress 3.25 Passé sous silence 4.20 Côtémaison 4.45 Un jour en France (40 min).

DÉBATS18.30 Studio ouvert. Que sont devenues lesStart-up ? Public Sénat22.10 Forum public. Les doléances des maires. Public Sénat

MAGAZINES15.55 Courts particuliers. Pierre Jolivet. Paris Première16.55 Les Lumières du music-hall. Daniel Balavoine.Vanessa Paradis. Paris Première18.55 « J’y étais ». Dee Dee Bridgewater. Match TV19.00 Explorer. Les oiseaux macareux. A l’affût del’instant, un photographe aux frontières du Brésil.Le berger et la bergère. National Geographic22.15 Ça se discute. Peut-on surmonter un chagrind’amour ? TV 5

DOCUMENTAIRES17.00 Survol de l’Afrique. National Geographic17.25 Expédition en pays zoulou. Planète17.30 Plongée avec les chercheurs aventuriers. Sous lesglaces de l’Arctique. Voyage18.00 Civilisations. Pompéi, brûlée vive. La Chaîne Histoire18.20 L’Amérique des années 1950. [5/7]. Planète19.00 Pologne, au nom de Solidarité. La rupture. Histoire19.00 Pilot Guides. L’Afrique de l’Ouest. Voyage19.45 Les Mystères de la Bible. Le Messie. Chaîne Histoire19.55 Papillon, la belle ou la bête. Odyssée20.00 Mémoires de l’Italie fasciste. [2/2]. Criminelsimpunis. Histoire

20.15 Journal intime des chimpanzés. [6/6]. Planète20.25 Hep taxi ! Amsterdam. Odyssée20.45 La Guerre d’Algérie. [2/5]. Un problèmede conscience. La Chaîne Histoire20.50 A la recherche des mondes perdus. Les vestigesde l’humanité. Odyssée21.00 L’Ile des ours géants. National Geographic21.00 Mines antipersonnellles, l’ennemi silencieux. Histoire21.00 Chagall, les années russes. Mezzo21.00 Australie. Trains de la region méridionale. Voyage21.45 Renaissance. La fin de la Renaissance. Odyssée22.00 Madeleine Rebérioux. [3/4]. Histoire22.00 Survivre dans le Sahara. National Geographic22.40 Biographie. Jack l’éventreur. La Chaîne Histoire23.00 L’Espoir pour mémoire. Terre des hommes. Histoire23.25 De Gaulle ou l’éternel défi. [6/6]. Le souverainde la République. La Chaîne Histoire0.00 Trahis par l’ONU. Histoire0.45 La Guerre d’Algérie. [1/5]. Les chemins de larébellion. La Chaîne Histoire

SPORTS EN DIRECT16.00 Cyclisme. Tirreno - Adriatico (6e étape). Eurosport19.00 Basket-ball. Euroligue féminine (quarts de finalealler) : Valenciennes - Pécs (Hon). Pathé Sport20.45 Football. Ligue des champions (2e“ phase, 6e journée) :.Liverpool - AS Rome. Canal + vert20.45 Basket-ball. Euroligue féminine (quarts de finale.aller) : Bourges - Parme. Pathé Sport

MUSIQUE17.45 20.35, 23.00Bach. Préludes et fugues BWV 867 et868. Avec Jörg Dermus (piano). Mezzo19.05 Hanna Schygulla à la Cité de la musique. Enregistréà Paris en 1999. Muzzik21.25 Beethoven. Concerto pour violon et orchestre.Enregistré en 1987. Avec Yehudi Menuhin (violon). Parl’Orchestre symphonique du ministère de la Cultured’Union soviétique, dir. Guennadi Rojdestvenski. Mezzo22.20 Brahms. Trio pour piano et cordes n˚2. En 1997.Avec Maxim Vengerov (violon), Boris Pergamenschikov(violoncelle), Elena Baschikirova (piano). Mezzo23.15 Thésée. Opéra de Lully. Interprété, en 1998, parles Arts florissants, dir. William Christie. Mezzo23.35 Milton Nascimento. Vienne, 1999. Muzzik

TÉLÉFILMS21.00 L’homme qui brisa ses chaînes. DanielMann % Paris Première

SÉRIES17.55 21, Jump Street. Next Generation. Monte-Carlo TMC18.55 MacGyver. La bataille de Tommy Giordano. TF 619.10 Demain à la une. Une fille dans la Mafia & Téva19.55 Le Caméléon. La clé du passé. Série Club20.40 Docteur Sylvestre. Premières ex-aequo. Festival21.50 Ally McBeal. I Want Love (v.o.). Téva0.10 L’Homme invisible. Ombres dangereuses. Série Club2.05 That 70’s Show. Le fils préféré (v.o.). & Canal Jimmy

DÉBATS16.10 Le Monde des idées. Thème : Les femmes, leurgénie et la politique. Invitée : Julia Kristeva. LCI18.30 Paroles d’Europe. Spéciale électionsau Portugal. Public Sénat22.10 Forum public. Programme contre programme !Invités : Henri Weber, Jean-Louis Borloo, Patrick Ollier,Thierry Jean-Pierre. Public Sénat

MAGAZINES17.10 21.10 i politique. Jean-Marc Ayrault. i télévision18.55 « J’y étais ». Yves Lecoq. Match TV19.00 Explorer. Le naufrage du « Kronan ». Le langage desdauphins. Restauration de la Renaissance. Nat. Geographic22.30 Arrêt sur images. Reporters en campagne : toutdire ? Invités : Clarisse Fabre, journaliste au Monde ;Dominique Martineau ; John-Paul Lepers. france 5 Sat23.00 La Route. Sinclair et Ramdane Touhami. Canal Jimmy

DOCUMENTAIRES18.35 Hep taxi ! Amsterdam. Odyssée19.00 Pilot Guide. Le Sud-Ouest de l’Australie. Voyage19.00 Un abolitionniste. Robert Badinter. Histoire19.15 Les Talents de Greg. Planète19.45 Pierre Boulez. Naissance d’un geste. Muzzik19.45 Civilisations. La reine pharaon. La Chaîne Histoire

19.55 Notre XXe siècle. Les bruits de la mer. Odyssée20.00 L’Aigle et le serpent. National Geographic20.00 Mon frère, ma sœur, jumeaux-cobayesdu Dr Mengele. Histoire20.15 Journal intime des chimpanzés. [5/6]. Planète20.30 Rats en guerre. National Geographic20.45 Du rugby et des hommes. [2/5]. Terrepromise. Planète20.45 La Guerre d’Algérie. [1/5]. Les cheminsde la rébellion. La Chaîne Histoire21.00 La Jeune Fille afghane. Le « National Geographic »retrouve Charbat Goula, 17 ans après. National Geographic21.00 Pologne, au nom de Solidarité. L’attaque. Histoire21.50 Voyage dans l’infiniment petit. Odyssée22.00 Un autre regard. Panama, Espagne etZimbabwe. Voyage22.00 Voyage à l’intérieur de la Terre. National Geographic22.45 BZH, des Bretons, des Bretagne. Odyssée23.00 Roberto Calvi et le Vatican. Histoire23.15 Du rugby et des hommes. [1/5]. Aotearoa, terre desguerriers. Planète

SPORTS EN DIRECT16.00 Cyclisme. Tirreno - Adriatico (5e étape). Eurosport20.00 Rugby à XIII. Elite 1 : Carcassonne - Union treizistecatalane. Pathé Sport

MUSIQUE17.45 20.35, J.-S. Bach. Préludes et fugues BWV 859,860 et 861. Jorg Dermus (piano). Mezzo18.00 Classic Archive. Concert. Avec Henryk Szeryng(violon), Tasso Janopoulo (piano). Mezzo20.00 J.-S. Bach. Concerto italien BWV 971. enregistré en1988. Avec Jacques Loussier (piano), André Arpino(percussions), Vincent Charbonnier (contrebasse). Mezzo21.00 Les Noces de Figaro. Opéra de Mozart. Parl’Orchestre de chambre de l’Opéra d’Etat hongrois etl’ensemble Mille E Tre, dir. Jérôme Pillement. Muzzik21.00 Samson. Oratorio de Haendel. Par l’Orchestrebaroque de l’Union européenne et le Chœur del’Académie baroque européenne, dir. T. Koopman. Mezzo

TÉLÉFILMS18.00 Les Chaînes brisées. Lamont Johnson. Festival18.15 Grossesse nerveuse. Denis Rabaglia. TV 520.50 Séisme imminent. Richard Friedman % TF 622.35 Le Squale. Claude Boissol. % Monte-Carlo TMC

SÉRIES19.00 MacGyver. Fraternité voleurs. TF 619.10 Demain à la une. Chaud et froid & Téva23.45 Les Soprano. Acharnement thérapeutique(v.o.). % Canal Jimmy

12.05 Attention à la marche ! 12.50 A vraidire 13.00 Journal, Météo 13.55 Les Feux del’amour Feuilleton 14.45 Belle de nuitTéléfilm. Craig R. Baxley. Avec Rachel Ticotin,Sheila Kelley (EU, 1994). 16.30 2.30 ExclusifMagazine 17.05 Melrose Place Vol de chèqueet de bébé. Série 17.55 7 à la maison On finittous par se rencontrer. Série 18.55 Le Bigdil19.55 Météo, Journal, Météo.

20.55 T a Film. Jan de Bont.Avec Helen Hunt, Bill Paxton, Jami Gertz,Cary Elwes, Lois Smith. Catastrophe (Etats-Unis, 1996). 2281426Une équipe de chasseurs de cyclonesaffronte un redoutable ouragan. Film-catastrophe spectaculaire et enlevé.Le format scope sera-t-il respecté ?

23.00 V Magazine présentépar Laurence Ferrari. 9472074

0.50 Vol de nuit Des mots et des fusils.Magazine. Invités : Raymond Devos, PatrickBesson, Jean Ferniot, Jacques Lanzmann, Ysa-belle Lacamp, Noëlle Chatelet, Jean-FrançoisDeniau, Nicolas d’Estienne d’Orves 1507136.

1.55 Football Magazine 3.05 ReportagesChine˘: la cité des femmes 3.30 Histoiresnaturelles Un grand pas vers la Louisiane ; Lepeintre, la pêche et la mer 4.55 Musique(25 min).

CÂBLE ET SATELLITE

CÂBLE ET SATELLITE

Les codes du CSA & Tous publics % Accord parental souhaitable ? Accord parental indispensable ou interdit aux moins de 12 ans ! Public adulte. Interdit aux moins de 16 ans # Interdit aux moins de 18 ans.Les cotes des films a On peut voir a a A ne pas manquer a a a Chef-d’œuvre ou classique. Les symboles spéciaux de Canal + DD Dernière diffusion d Sous-titrage spécial pour les sourds et malentendants.

FRANCE-CULTURE19.30 In vivo. Semaine du cerveau.20.30 Perspectives contemporaines.22.00 Journal.22.10 Multipistes.22.30 Surpris par la nuit.0.05 Du jour au lendemain.

FRANCE-MUSIQUES19.05 Le Tour d’écoute.20.00 Un mardi idéal. En public du studioCharles Trenet de la Maison de RadioFrance, à Paris.22.00 En attendant la nuit. Frank Braley.23.00 Jazz, suivez le thème. III Wind.0.00 Extérieur nuit.

RADIO CLASSIQUE18.30 Classique affaires soir.20.00 Les Rendez-Vous du soir. Œuvres deBoieldieu, Saint-Saëns. 20.40 Le DernierSchubert. Œuvres de Schubert,Mendelssohn, Mahler, R. Schumann.23.00 Académies Musicales de Saintes 2001.À l’Abbaye aux Dames, Jean GuihenQueyras, piano : Suite n˚1 BWV 1007, deBach ; Pièces brèves, de Kurtag ; Sonate pourvioloncelle seul op. 8, de Kodaly.0.00 Les Nuits de Radio Classique.

RADIO

RADIO

FRANCE-CULTURE19.30 L’Economie en question. Del’économique au social : derrière l’affaireEnron, un monde bien opaque.20.30 Décibels. 22.00 Journal.22.10 Multipistes.22.30 Surpris par la nuit. Raison de plus.0.05 Du jour au lendemain.

FRANCE-MUSIQUES18.00 Le Jazz est un roman.19.05 Le Tour d’écoute.20.00 Concert. Le Quatuor à cordes Avalon :œuvres de Brahms, Scelsi.22.00 En attendant la nuit. Invités : NicolasMiribel ; Jean-Luc Hervé.23.00 Jazz, suivez le thème.

RADIO CLASSIQUE18.30 Classique affaires soir.20.00 Les Rendez-Vous du soir. Œuvres deKreisler, J. Strauss père, J. Strauss, fils Weber.20.40 Concert. Par l’Orchestre de Paris,dir. Guennadi Rojdestvensky.22.25 Les Rendez-Vous du soir (suite).0.00 Les Nuits de Radio Classique.

M A R D I 1 9 M A R S

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36/LE MONDE/MARDI 19 MARS 2002

C A R N E T D E C A M P A G N E

Annie votera finalement Chevènement, et Jacques reste fidèle au PC

ASPIRANT une bouffée de ciga-rette, l’air résolu et joyeux, lavieille dame regarde son compa-gnon dans les yeux : « Pour la pre-mière fois depuis que nous vivonsensemble, je ne voterai pas commevous, Jacques. Je voterai Chevène-ment ! » L’homme au collier de bar-be blanche esquisse un léger haus-sement d’épaules : « A votre guise.Il semble avoir de bonnes inten-tions.

– Mais comme vous votez com-muniste depuis l’âge de 17 ans etque vous en avez bientôt 80, vousvoterez M. Hue !

– Bien sûr. »La dame sourit. Mais la discus-

sion ne s’arrête pas là. Quarante-six ans de vie commune n’ont paséteint le goût d’Annie Lotte et deJacques pour le débat politique.Lancez donc Jacques, ancien pro-fesseur de philosophie, sur le régi-me de la Ve République et il vousdécortiquera sa Constitution« monarchique ». Evoquez devant lui l’effrite-ment du PCF et il reconnaîtra, navré, qu’il lui res-te encore à se débarrasser des oripeaux stali-niens. Et c’est là qu’interviendra Annie. C’est làqu’elle rappellera combien, durant les années1950, 1960, 1970, elle n’a cessé de dénoncer, envain, devant ses amis communistes, le systèmesoviétique, elle qui, après avoir épousé un Rus-se, avait vécu à Moscou entre 1937 et 1946avant de rentrer en France, deux petites fillessous le bras, tremblant que le KGB ne vienne leslui arracher alors qu’elle se cachait à Belle-Ile.

« Les Soviétiques sont des imposteurs, répétais-je à Jacques. Ils ont confisqué toutes les libertés !Ils entretiennent la terreur ! Eh bien, il ne voulaitpas me croire ! “Vous étiez peut-être à Moscou,me disait-il, mais vous ne compreniez rien de cequi s’y passait !” On a eu de ces disputes !

– L’alignement des PC européens était total.Mais il y a eu Budapest, Prague… La direction duparti a fini par corriger son jugement. Avec beau-coup de retard il est vrai.

– Je suis bien aise de vous l’entendre dire ! »Annie, donc, lutta. Participa, des nuits en-

tières, aux discus-sions entre Jac-ques et ses amisphilosophes, vain-cue souvent parleur art de la rhéto-rique, elle qui avaitarrêté ses étudespour faire du pia-no et qui, revenueen France, fabri-quait des crêpesde blé noir pournourrir sa famille.Mais, le jour des élections, elle finissait parvoter communiste. Comme son homme.« L’amour passe par-dessus tout ! dit-elle. Etpuis, j’ai toujours eu le cœur à gauche. Mais à89 ans, cette année, je voterai différemment ! »Jean-Pierre Chevènement a fait sa conquête.

D’abord, explique Annie, il y a eu la régularisa-tion des sans-papiers. C’était « osé, courageux,humain ». Un bon point pour le ministre de l’in-térieur de l’époque. Ensuite il y eut la Corse, les

propos fermes de Jean-Pierre Che-vènement, « et son courage dedémissionner du gouvernement »pour manifester son désaccordavec le plan Jospin. « Bravo ! »Enfin, pêle-mêle, ses propos sur lanation, l’éducation, l’honneur, lasécurité. « On a envie d’entendreces choses-là !

– Sa démarche, convenez-enAnnie, garde pourtant une part demystère. Et il séduit des gens fort dif-férents. Cette idée suspecte de seprésenter au-dessus de la mêlée…

– Il a une bonne tête, et il parlesans hypocrisie. Vous vous souvenezcomme on lui a reproché le termede “sauvageons” ? Il avait raison ! Ilest urgent de faire quelque chosepour ces gamins à la dérive ! Urgentde construire de bons internats oùon leur apprendrait un métier. Moi,j’aimerais que mes impôts servent àcela ! La gauche a été trop laxistesur cette question.

– Ce n’est pas le problème ! Ladémoralisation de la jeunesse s’aggrave, toutvient de là.

– Eh bien justement ! Chevènement a un vraidiscours sur les valeurs, la morale, l’éducation !

– Voyons, personne n’aurait pu endiguer cetessor de violence !

– Si. Lui ! »Il est des jours où Annie admet aussi un petit

élan vers « Arlette ». Mais pour défendre « lespauvres », c’est encore le PCF qu’elle juge le plusefficace. « Si seulement il avait eu la bonne idéede proposer comme candidat Gayssot ou Marie-George Buffet plutôt que ce laborieux RobertHue ! » Jacques n’a pas réagi. Mais le débat sepoursuit dans le petit appartement situéau-dessus de ce qui fut, pendant vingt-cinq ans,la Crêperie belliloise, au cœur de Saint-Germain-des-Prés. On y suit, jusque tard la nuit, les émis-sions politiques et, quand apparaît Chirac, lecouple retrouve la plus parfaite harmonie. « Cet-te maison, vous l’avez compris, ne respire pasl’air chiraquien ! »

Annick Cojean

EN LIGNE SUR lemonde.fr

a Portrait d’unquotidien.Vingt-quatreheures dans lavie du Mondeen animationFlash.a Semaine de

la presse à l’école. Claudine Boeglin(lemonde. fr, lundi), Graziella Boutet (Info-graphie, mardi), Sophie Malexis (photo,mercredi), François Lolichon (directeurartistique, jeudi) et Denis Pessin (dessina-teur, vendredi) répondront à vos questionssur le journalisme lié à l’image sur lesforums du Monde : http://forums.lemonde.fr

Un petit appartement au cœur de Saint-Germain-des-Prés, à Paris :« Cette maison, vous le comprendrez, ne respire pas l’air chiraquien. »

COMMENT la Croix-Rougea-t-elle pu avoir l’idée d’acheterun joli petit château pour en fai-re un lieu d’accueil pour des jeu-nes immigrés arrivés en Franceillégalement ?

Les occupants de ce quartierrésidentiel de Taverny, riverainsde ce petit castel, n’en veulentpas de ces jeunes. Une dame,interrogée par la télévision, selâche et dit en substance qu’ellen’en veut pas de ces immigrésdont les billets d’avion ont étéachetés par des proxénètes, c’estdangereux pour le quartier.

Tous les habitants ne sont pascontre, mais les opposants à ceprojet sont suffisamment nom-breux pour qu’une associationse soit créée, que plainte soitdéposée, que le maire socialistede cette jolie petite ville du Val-d’Oise soit gêné aux entournu-res, que les travaux soient arrê-tés, que le tribunal administratifde Cergy doive se prononcer.

Connue jusque-là pour abriterun centre de commandementsouterrain des armées relié direc-tement au palais de l’Elysée,Taverny rejoint donc l’égoïsmeordinaire de citoyens. Tous lescitoyens veulent que la sécuritérègne en tout lieu, mais certainsne veulent pas être face aux con-séquences de leur volonté.

Pareil refus s’est manifesté plu-sieurs fois. Une ville ne voulaitpas qu’on construise une prison.Une autre ne voulait pas enten-dre parler de l’installation d’unlieu de vie pour handicapés men-taux. Une autre, communiste cel-le-là, dont le cimetière abrite latombe d’une reine des Gitans,ne veut pas voir chaque annéeles Roms s’installer quelquessemaines pour honorer leurmonarque défunte. Alors, desblocs de pierre leur interdisentl’accès d’une grande étendue

d’herbe près de l’hôpital, des bar-rières enserrent le grand parkingqui jouxte le château fort. On aquand même annoncé la créa-tion d’un lieu pour les gens duvoyage, aux confins de la ville,en plein milieu des champs, loinde tout et des commerces… maisprès des premières maisons duvillage voisin, qui se rebelle, évi-demment.

Revenons à Taverny. Un peuembêté quand même, le respon-sable de l’association de rive-rains dit, devant les caméras detélévision, que ce n’est pas unebonne idée que d’installer ce cen-tre près d’un site historique !

Faux derche. Evidemment, ondevine aussi que ces bonnesgens ont peur que la valeur deleur patrimoine immobilier nesoit dévaluée. Ils ont peut-êtrepeur tout court. Admettons-le.

Tous les habitants de Tavernyne sont pourtant pas de cet avis.Une dame, d’un certain âge, ledit posément devant les camérasdu journal télévisé : « Ces jeunesont de 9 ans à 15 ans. Leur placen’est pas en prison, à l’aéroport deRoissy. Nous devons les accueillirle mieux possible afin qu’ils nedeviennent pas des délinquants. »

On ne saurait exprimer sacitoyenneté de façon plus res-ponsable. On ne saurait être pluslogique.

Des candidats à la présidentiel-le proposent l’ouverture de cen-tres pour jeunes délinquants. Latête de leurs électeurs si ces mai-sons de correction plus ou moinsnew look s’ouvrent au bout deleur rue !

Un dernier témoignage : celuid’une crinière blanche, une fem-me encore, à l’enterrement decet homme tué par les racket-teurs de son fils, à Evreux : « Laparole, il faut que l’on réapprenneà se parler. »

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a Tirage du Monde daté dimanche 17 - lundi 18 mars 2002 : 612 817 exemplaires. 1 - 3Nos abonnés trouveront avec ce numéro le supplément « Le Monde Economie ».

IL Y A 50 ANS, DANS 0123

Véronèse en blanc et orEN 1939, les portes de la salle des

Etats du Musée du Louvre se refer-maient sur les lourdes pâtisseriesdont Napoléon III l’avait surchar-gée. Depuis 1886 cette grande salleavait été le sanctuaire des chefs-d’œuvre français du XIXe siècle. Etvoici qu’aujourd’hui elle est solen-nellement rouverte et consacréeaux maîtres italiens de la Renaissan-ce. En fait, dans le nouvel agence-ment de cette salle complètementremise à neuf, Véronèse est roi.

C’est autour de ses Noces de Canaque l’architecture générale a étéconçue ; pour ce tableau géant quele plafond a été baissé de 3 mètreset doté d’une verrière qui fait chan-ter les brocarts et les soieries ; pourlui encore qu’un degré de bois a étéaménagé sous le cadre, invitant àdescendre de leur toile les différentspersonnages de la noce : Le Titienvêtu d’écarlate, son nez crochu pres-que aussi rouge, penché sur la bassequ’il accorde ; Le Tintoret en

pourpoint vert amande ; Véronèselui-même, blanc et or, jouant de laviole, cependant que son frère lèveune coupe devant la table où rêve leChrist pressé entre les « Riches » àgauche et les « Pauvres » à droite.Vingt autres tableaux sont groupésautour de ce chef-d’œuvre, tous par-faitement éclairés. Voilà une bellerestauration.

Christine de Rivoyre(19 mars 1952.)

Paris

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Donnant-donnant :le nouveau credo Nord-Sud

C’est le forum économi-que le plus importantdes vingt dernièresannées. » En « ven-dant » ainsi la confé-rence sur le finance-

ment du développement, qui sedéroule du 18 au 22 mars à Mon-terrey (Mexique), Kofi Annan, lesecrétaire général des Nationsunies, a placé la barre très haut.Et pris un gros risque de décevoir.Il y a vingt ans – au Mexiquedéjà –, la communauté internatio-nale s’était retrouvée à Cancunpour un sommet Nord-Sud desti-né à poser les bases d’un « nouvelordre économique mondial ». Onsait ce qu’il est advenu de cette

belle utopie et, même si le Mexi-que fait partie des rares pays endéveloppement à avoir rejoint leclub très fermé des pays industria-lisés en devenant membre en1994 de l’Organisation pour lacoopération et le développementéconomiques (OCDE), le bilan estpar ailleurs peu glorieux. Au pointque la lutte contre la pauvreté etcelle pour la réduction des inégali-tés sont redevenues, après unelongue parenthèse, le messagenuméro un de toutes les institu-tions économiques internationa-les. Même de celles dont ce n’estpas a priori le mandat, comme leFonds monétaire international(FMI). Un chiffre suffit à justifier

cet objectif : en vingt ans, le nom-bre de pauvres – vivant avecmoins de 2 dollars par jour – aaugmenté de 50 %. Ils sont aujour-d’hui plus de 2,4 milliards, soitprès de 40 % de la populationmondiale.

Pourtant, Monterrey ne serapas un nouveau Cancun. Les paysen développement ont perduleurs tribuns, le mur de Berlin esttombé, et l’économie de marchéest devenue un modèle sans rival.C’est un signe : pour la premièrefois dans l’histoire des rencontresinternationales de ce type, leschefs d’Etat et de gouvernement– on en attend plus d’une soixan-taine – arriveront à Monterrey

avec un texte de communiquédéjà ficelé, à la virgule près, etque les hôtes mexicains n’enten-dent en aucune manière rouvrir àla négociation.

Pour certains, il faut voir un pro-grès dans ce « consensus de Mon-terrey », adopté le 25 janvier der-nier à New York au terme de qua-tre comités préparatoires réunis-sant toutes les délégations et,pour la première fois à la mêmetable – en qualité de partenairesdes Nations unies –, la Banquemondiale, le FMI et l’Organisa-tion mondiale du commerce(OMC). Cette démarche « traduitla fin d’une confrontation Nord-Sud, affirme Richard Carey, direc-teur adjoint de la coopérationpour le développement à l’OCDE ;pour la première fois, le Sud accep-te l’idée d’un partenariat fondé surune responsabilité partagée entrepays riches et pays en développe-ment ».

Le nouveau plan de développe-ment pour l’Afrique (Nepad) sera,de ce point de vue, cité en exem-ple du nouvel esprit que veut reflé-ter ce partenariat. Autre élémentqui plaiderait pour ce nouveauconsensus, « la définition d’objec-tifs précis et en nombre limité dontla réalisation sera mesurée chaqueannée ». Le projet de déclarationfait en effet référence aux objec-tifs du Millénaire, adoptés par lesNations unies en septembre 2000,qui prévoenit notamment deréduire de moitié la pauvreté d’icià 2015. Plus tempéré mais néan-moins positif, le porte-parole dugroupe des 77, qui réunit les paysen développement, le Vénézué-lien Milos Alcalay, confirme :« C’est un texte de dialogue, pas deconfrontation. »

Cet accord programmé ne doitcependant pas masquer les ten-sions provoquées par l’attitudedes Etats-Unis que ne dissiperapas l’annonce faite par le prési-dent George W. Bush d’augmen-ter l’aide publique de 5 milliardsde dollars d’ici à trois ans – ce quiporterait l’effort américain à0,15 % du PIB.« Les Américainsont verrouillé le débat », déploreBruno Delaye, directeur généralde la coopération au ministèredes affaires étrangères. D’autresEuropéens parlent de « diktat ».Si le chef de la Maison Blancheavait annoncé, dès janvier, sa pré-sence à Monterrey, pour montrer« sa volonté d’œuvrer de conserveavec les pays en développement »,celle-ci s’est négociée au prix d’unengagement minimum. Le consen-sus de Monterrey s’est bâti surdes positions en deçà de tous lesespoirs. Loin même des recom-mandations faites par la commis-sion Zedillo (du nom de l’ex-prési-dent mexicain), chargée par KofiAnnan de préparer la conférence.Les trois idées – chères à la Fran-

ce – d’un conseil de sécurité écono-mique, de la définition de bienspublics mondiaux et de la créationd’une taxe internationale sont pas-sées à la trappe.

Sur la question de l’aide publi-que, la proposition du double-ment de son montant – égalementréclamé par la Banque mondiale –a été évacuée par la volonté quasiunanime des donateurs. « L’aidedoit être avant tout plus efficace, etelle l’est d’autant plus qu’elle est dis-

tribuée à des pays qui mènent debonnes politiques », explique auMonde Alan Larson, chef de la délé-gation américaine à Monterrey.De leur côté, les Européens sontparvenus avec beaucoup de mal àse mettre d’accord pour porterleur aide à 0,39 % du PIB d’ici à2006.

Que peut-il sortir de Monter-rey ? « Nous espérons que certainspays feront des propositions allantau-delà du texte », admet la vice-

secrétaire générale des Nationsunies, Louise Frechette. La retrai-te des chefs d’Etat et de gouverne-ment organisée par le présidentmexicain, Vincente Fox, dans sonranch personnel, le dernier jourde la conférence, pourrait être l’oc-casion de muscler l’engagementdes pays riches. Mais la probabili-té, de l’avis général, est assez fai-ble. Le silence troublant des paysen développement n’en fait pasune obligation. Et si, au lende-

main des attentats du 11 septem-bre, les Etats-Unis avaient sollicitéle soutien de la communauté inter-nationale en promettant de semontrer à l’avenir plus attentifsaux déséquilibres mondiaux, ilsont depuis montré que, au nom dela lutte contre le terrorisme, ilsentendaient d’abord récompenserceux qui se rangeraient sous leurbannière.

Laurence Caramel

EMPLOISelon les économistesAnton Brender etFlorence Pisani, c’est levolontarisme de l’Etatjaponais qui a permisà l’archipel de tenir,notamment en limitantla déflation p. V

Adecco vient de signer un accord avecl’AFPA afin de renforcer la formationdes intérimaires. Le but étant de mieuxrépondre à la demande des entreprises,dont certaines font un usage abusif dutravail temporaire, à l’instar d’une filiale deRenault qui vient d’être condamnée p. VII

la conférence

de l’onu pour le

financement du

développement se

tient du 18 au 22

mars à monterrey

au mexique

FOCUSLe Collectif Engagementscitoyens dans l’économieassocié au « Monde » aréuni experts et acteurspour tenter de répondre àla question « Les citoyenspeuvent-ils changerl’économie ? » p. VIII

b Gestion et administration p. IX et Xb Carrières internationales p. Xb Ingénieurs p. XIb Conseil p. XII et XIIIb Banques assurances p. XIVb Dirigeants p. XV et XVIb Collectivitésterritoriales p. XVII et XVIII

COLLOQUE OFFRES D’EMPLOI

SUD

NORD

Infographie : Le Monde Souces : Banque mondiale/Cnuced

LES CARTES DE L'ÉCHANGE

AIDE

Evolution de l'aide publique

au développement

En milliards de dollars

INVESTISSEMENTFlux d'investissements directsétrangers vers les paysen développementEn milliards de dollars

1991 92 94 96 98

1991 92 94

96 98 2000

2000 01

0

50

100

150

200

COMMERCEPart des pays en développementdans les exportations mondialesEn %

30

40

50

1991 9294

9698 2000 01

20

25

30

35

Pour la première fois, les pays pauvresacceptent l’idée d’un partenariat fondé

sur une responsabilité partagée

ECONOMIEMARDI 19 MARS 2002

Page 36: Les dix engagements de Jospin - scholar.lib.vt.edu · cès, Alessandro Baricco bous-cule les clichés sur la mondia- ... « 900 000 chô-meurs de moins d’ici à 2007, un droit à

Le tour de force des petites îles pauvresE 43,ne comptent

souvent que quelques milliers d’âmes isolées surdes cailloux paradisiaques du Pacifique. Mais elles –les petites îles en développement – forment un lob-by si efficace dans les négociations-marathon quiprécèdent les grandes réunions internationalesqu’elles ont réussi à s’immiscer dans le texte finaldu Consensus de Monterrey au même rang – etautant de fois – que les pays les moins avancés(PMA) qui eux, regroupent 49 pays et près de 10 %de la population mondiale.

Au regard des dégâts provoqués par la mondiali-sation, le sort de Nauru (10 149 habitants), parailleurs épinglée par l’OCDE comme un paradis fis-cal, ou de Palau (16 661 hab.) mérite, selon elles,autant d’attention que celui du Bangladesh (125 mil-lions d’hab.) ou de l’Ethiopie (60 millions d’hab.). Ilest vrai qu’il est au moins une menace que tous cesterritoires ont beau jeu de faire valoir : la montéedu niveau des océans provoquée par le réchauffe-ment climatique planétaire qui, lui, doit beaucoup àl’activité débridée des pays industrialisés. Sous l’aileprotectrice du Commonwealth, dont beaucoupsont membres, elles ont donc entrepris de fairereconnaître leur « vulnérabilité » et de monnayer

« ce désavantage comparatif » contre quelquesavantages particuliers. L’histoire, qui a commencéau début des années 1990, a abouti en 1994 àl’adoption aux Nations unies du programme d’ac-tion de la Barbade qui n’a, du reste, été que très par-tiellement tenu. En revanche, on doit reconnaîtreun indéniable succès à ces îles dans leur capacité àavoir imposé la notion de vulnérabilité parmi lestrois critères qui servent à établir la liste des PMAdont treize d’entre elles sont aujourd’hui membres.

En 1999, le Comité des politiques de développe-

ment (CPD) qui, au sein des Nations unies, a la char-ge de proposer des critères d’identification des PMAet d’en mettre à jour périodiquement la liste, a ainsiété invité « à réfléchir à l’opportunité d’intégrer dansses critères un indice de vulnérabilité ». Sous l’aima-ble pression de Vanuatu qui, au nom de sa vulnéra-bilité, refusait d’être sortie de la liste des PMA.

Jusqu’en 1999, en effet, les PMA étaient homolo-gués sur la base de trois indicateurs : le revenu parhabitant, un indice de développement humain pre-nant en compte le niveau d’éducation, l’accès à lasanté, etc., et un indice de diversification des écono-

mies. C’est ce dernier qui a finalement – non sansdifficultés – été troqué par un indice de vulnérabili-té l’an dernier, explique l’économiste françaisPatrick Guillaumont, spécialiste des PMA et mem-bre du CPD. Cette décision a permis à Vanuatu etdepuis aux Maldives de ne pas être radiées de la lis-te des pays les plus pauvres du monde. Et de détour-ner, provisoirement aussi, cette menace des îlesSamoa, du Cap-Vert ou des îles Salomon.

Alors que le Ghana avait refusé en 1991 de voirson nom « terni » en figurant sur cette liste, que leSénégal a réfléchi plusieurs mois avant d’accepter,on peut se demander pourquoi ces petites îles met-tent autant d’acharnement à faire partie du club. Laraison est simple : les PMA bénéficient de plus enplus systématiquement de dons et de moins enmoins de prêts de la part des bailleurs internatio-naux, mais surtout ils jouissent d’un traitementcommercial plus favorable. L’accord « tout sauf lesarmes » leur a ouvert le marché européen en fran-chise de douanes. Et l’accord de Doha (Qatar), signéen novembre dernier, promet d’étendre ce disposi-tif à l’ensemble des pays industrialisés.

L. C.

Les pays industrialisés arri-vent à Monterrey avec unmaigre bilan : l’aide publi-que au développement(APD) s’est élevée à53,7 milliards de dollars

en 2000, soit 0,22 % en pourcentagedu produit national brut (PNB) des22 pays donateurs plus la Commis-sion européenne regroupés dans leComité d’aide au développement(CAD). Et pourtant tous s’accordentsur le constat : ce niveau est insuffi-sant pour réaliser les objectifs du Mil-lénaire, à savoir réduire la pauvretépar deux d’ici à 2015. Pour la Banquemondiale, il faudrait augmenter lescontributions de 40 à 60 milliards dedollars par an, ce qui revient à dou-bler l’aide, soit 0,44 %.

On est très loin du chiffre de 0,7 %du PNB fixé en 1970 par les Nationsunies. Actuellement, seuls cinq paysatteignent au moins cet objectif : la

Norvège, les Pays-Bas, le Danemark,la Suède et le Luxembourg. Mais sileurs efforts sont exemplaires, cesEtats sont, en volume, de faiblescontributeurs. A l’inverse, les Etats-Unis avec l’aide la plus basse (0,10 %)en termes de pourcentage du PNB seplacent au deuxième rang des dona-teurs par le volume (près de 10 mil-liards de dollars) derrière le Japon(13,5 milliards, soit 0,28 %). L’aideaccordée par l’Union européenne(les Quinze plus la Commission) aatteint 25,4 milliards de dollars, soit0,32 % du PNB.

Ce constat n’empêche pas le pro-jet de texte de Monterrey de repren-dre le chiffre de 0,7 % en invitant« les pays développés qui ne l’ont pasencore fait à prendre des mesuresconcrètes » pour l’atteindre. Unedéclaration d’intention non assortied’objectifs contraignants. Or le Japondevrait à court terme diminuer sescontributions pour réduire son défi-cit budgétaire et les Etats-Unis n’ontjamais reconnu cet objectif. Les Quin-ze viennent d’adopter au sommet deBarcelone, au terme de négociationsagitées, des objectifs intermédiairesambitieux visant à amener les pays àdes contributions d’au moins 0,33 %en 2006 ce qui, compte tenu de ceuxqui sont déjà au-dessus, amènerait lamoyenne européenne à 0,39 %.

Entre 1992 et 1997, l’APD a forte-ment régressé passant de 0,32 % à0,22 %. Avec la chute du mur de Ber-lin, la dimension géostratégique Est-Ouest de l’aide avait perdu son sens.Aujourd’hui, les nouveaux enjeuxNord-Sud imposent de ne pas dimi-nuer l’effort. « Les événements du11 septembre (…) nous avertissent quel’état du monde et les réalités politi-ques n’autorisent ni complaisance nirelâchement des efforts », écrit Jean-Claude Faure, président du CADdans le rapport 2001.

Le recul de l’APD, délivrée pour

les deux tiers de manière bilatérale,est allé de pair avec l’idée que cetteaide n’était pas efficace. « L’aide estaccordée selon des critères politiqueset ce ne sont pas les pays les plus pau-vres qui reçoivent le plus, expliqueAdela Farré d’Oxfam. Par ailleurs,elle va insuffisamment vers les servicesde base essentiels au développementque sont l’éducation et la santé. » Lesdeux secteurs reçoivent respective-ment 1,5 % et 2 % de l’aide des paysdu CAD. Et la part de l’APD quiprend le chemin des pays les moinsavancés (PMA) est de 22 % soit0,05 % du PNB des pays du CAD.

A Monterrey, les Etats-Unis vien-nent avec la promesse d’accroître le

montant de leur aide publique de 5milliards sur trois ans et avec la pro-position d’augmenter de 18 % surtrois ans leur contribution à l’asso-ciation internationale pour le déve-loppement (IDA), une agence de laBanque mondiale qui constitue leprincipal bailleur d’aides concession-nelles aux pays les plus démunis.Mais ils y mettent une condition :que l’IDA, dont le budget s’élève à5,5 milliards de dollars, concèdepour moitié sous forme de dons etnon plus de prêts ses financementsaux pays les plus pauvres. Une pro-position, à laquelle sont opposés lesEuropéens et leurs ONG, arguantque cette réforme entraînerait unebaisse substantielle des ressources

de l’IDA et qu’une politique de donsrend les Etats bénéficiaires plusdépendants.

Ces dernières années, des effortsont été faits pour améliorer l’efficaci-té de l’aide au développement. LaCommission européenne a réduitses délais d’octroi. Les pays du CADse sont mis d’accord pour « délier »leur aide aux PMA au 1er janvier2002. Une partie de l’aide reste eneffet conditionnée au recours par lespays bénéficiaires à des entreprisesdu pays donateur. Une situation quiévite une mise en concurrence avecles entreprises d’autres pays, y com-pris les pays récipiendaires. Restetoutefois exclue de l’accord sur le« déliement », l’aide alimentaire, les

Etats-Unis ne voulant pas en enten-dre parler.

Très critiqués pour leurs politi-ques d’ajustement structurel, LeFMI et la Banque mondiale ont cher-ché à lier remise de dette et luttecontre la pauvreté avec l’initiativePPTE (pays pauvres très endettés).Mais la procédure reste lente et res-trictive. Pour les institutions de Bret-ton Woods, un environnement insti-tutionnel et économique efficaceconstitue le préalable à une aide pro-ductive. « Sur 65 pays à faible reve-nu, 43 disposent d’un environnementfavorable à l’aide, pour les 22 autres ilfaudra attendre 5 à 7 ans pour amé-liorer l’environnement économique »,explique Shanta Devarajan, écono-miste en chef à la Banque mondiale.Une politique que ne partagent pasles experts et les ONG critiques surla question de l’ouverture commer-ciale. Comment pérenniser les finan-cements de l’APD ? Cette questionessentielle sera abordée à Monter-rey mais plusieurs déplorent déjàque le principe de la création d’unetaxe internationale qui pourrait êtreassise sur les mouvements spécula-tifs ou les émissions de carbone, voi-re les exportations d’armes, ne figu-re pas dans le texte de consensus.

Martine Laronche

la pérennisation

des soutiens

sera l’un des

points essentiels

D’argent sonnant ettrébuchant, il serapeu question à Mon-terrey (Mexique).C’est le paradoxe decette rencontre con-

sacrée à la question du financementdu développement. Le texte du« consensus de Monterrey » adoptéfin janvier au siège des Nationsunies à New York par toutes les délé-gations y compris américaine, et quiservira de base à la déclaration fina-le de la rencontre, ne comporteaucun engagement concret, aucunagenda pour parvenir à – entreautres objectifs affichés – réduirede moitié la pauvreté dans le monded’ici à 2015. Juste des exhortations.Louise Frechette, vice-secrétairegénérale des Nations unies, l’ad-met : « Nous aurions souhaité quel-que chose de plus ambitieux. »

A défaut d’argent, le « consensusde Monterrey » propose une visionet des principes devant permettrede faire monter dans le train de lamondialisation heureuse les paysjusqu’alors exclus. Il clarifie les res-ponsabilités de chacun : pays duSud, donateurs et institutions inter-

nationales. C’est peu et beaucoup àla fois, puisqu’il y est question debâtir « un nouveau partenariat entreles pays développés et les pays endéveloppement ». En 1997, la criseasiatique avait ouvert officielle-ment un droit d’inventaire sur l’in-faillibilité des politiques libérales,devenues le credo unique depuis lachute du mur de Berlin. En tête,Joseph Stiglitz, alors économiste enchef de la Banque mondiale avaitporté la critique au sein des institu-tions de Bretton Woods en dénon-çant le « consensus de Washing-ton », boîte à outils des politiqueséconomiques préconisées depuisles années 1980 et fondées sur letriptyque : libéralisation, privatisa-tion, déréglementation.

Peu après, les pays en développe-

ment, en bloquant le lancementd’un nouveau cycle de négociationscommerciales à Seattle (Etats-Unis)avaient, à leur tour, exprimé leursréticences face à un processus delibéralisation orchestré par et au pro-fit des grandes puissances.

Pourtant la symétrie de langagene doit pas faire illusion. S’il existemaintenant deux « consensus », iln’existe pas de nouveau paradigmedu développement.

L’économie de marché, le jeu ducommerce mondial et des investisse-ments directs étrangers restent,selon le document de Monterrey, lavoie royale du rattrapage économi-que. A condition que chacun se pla-ce en situation d’en profiter. « Cha-que pays est responsable de son déve-loppement », affirme le texte dans

son préambule, mettant ainsi claire-ment un terme à une relation Nord-Sud fondée depuis cinquante anssur un devoir d’assistance des paysriches. Mobilisation de l’épargnenationale, rappel de quelques vertusindispensables comme la « bonnegouvernance » ou la lutte contre lacorruption figurent ainsi parmi lespremiers commandements du plande route pour le développement deMonterrey, dont l’ordre bien sûr nedoit rien au hasard.

L’aide publique, au-delà du tradi-tionnel clivage idéologique entreAméricains et Européens, et d’unepétition de principe en faveur deson relèvement, n’est plus considé-rée comme acquise. Sanction desdérives passées, l’aide désormais semérite à l’aune de son efficacité.Même si, pour les pays les plus pau-vres qui ne captent que les miettesdes flux de capitaux et des échangescommerciaux internationaux, ellereste la principale source de finance-ment extérieur. Pour autant, Mon-terrey prend acte aussi de quelques-unes des brèches ouvertes dans lescertitudes des architectes de la mon-dialisation au terme d’une décenniequi restera « la décennie perdue »pour le développement.

Il tente d’apporter une réponse audilemme entre libéralisation et mon-tée des inégalités, en redonnant leprimat à la lutte contre la pauvreté.Qu’elle trouve sa traduction dans lespolitiques d’aides publiques ou l’uti-lisation des ressources tirées des allé-gements de dette. L’Etat et les insti-tutions, hier décriés, retrouvent leurlégitimité. « Nous reconnaissons quele rôle de l’Etat dans une économie de

marché peut varier d’un pays à unautre »… (…). « Chaque pays doit pou-voir appliquer de manière graduelleet volontaire » les normes internatio-nales, notamment en matière demouvements de capitaux.

En 1998, lorsque la Malaisie avaitrétabli le contrôle des changes pourse protéger de la crise, le Fondsmonétaire international (FMI)l’avait accusée d’irresponsabilité !Depuis c’est plus souvent le FMI quis’est trouvé en position d’accusé ets’il ne faut pas attendre du « consen-sus de Monterrey » de solution mira-cle pour rééquilibrer le jeu et les pou-voirs entre les différentes institu-tions internationales, il introduit unmécanisme de consultations qui con-traindra à davantage de dialogue lessœurs autrefois ennemies de NewYork et de Washington. La question,par exemple, d’un possible mécanis-me de faillite pour les Etats est surles rails. Et la prééminence du droità la santé sur le droit du commerceest réaffirmée à travers le précédentsud-africain sur les médicamentsgénériques et les enjeux de la pro-priété intellectuelle.

Dans ce nouveau pacte du don-nant-donnant, qui devient la bousso-le des politiques de développement,quelle garantie les pays industriali-sés donnent-ils au Sud qu’ils respec-teront leurs engagements ? Sur lepapier aucune. Il ne reste donc à cesderniers qu’à espérer, que les nantisde la planète sauront être sensibles« à la pression de leurs pairs » en s’ali-gnant sur les pratiques des plus géné-reux d’entre eux.

Laurence Caramel

L’assistance financière reste insuffisante et encore mal distribuée

1Quelles ont étéles précédentesconférences

consacrées audéveloppement ?En 1961, les Nations unies inaugu-rent leur première conférencebaptisée Décennie pour le déve-loppement qui traduit, à traversune série de recommandations etd’objectifs, l’engagement de lacommunauté internationale enfaveur du développement despays du Sud et de la coopérationinternationale. Trois autres confé-rences se sont succédé depuis,adoptant des programmes pourles périodes 1971-1980, 1981-1990et 1991-2000.Cependant les rendez-vous quiont le plus marqué l’histoire mou-vementée du dialogue Nord-Sudsont la session extraordinaire desNations unies en 1974, qui deman-de que soit institué un « nouvelordre économique mondial », etle sommet Nord-Sud de Cancun,en 1981, où les pays du Sud récla-ment là aussi une plus justerépartition des richesses. C’estégalement en 1981 que lesNations unies lancent leur pre-mière conférence sur les pays lesmoins avancés – alors au nombrede trente – en se donnant rendez-vous tous les 10 ans. En 2000,enfin, s’est tenu à New York leSommet du Millénaire qui a adop-té un projet visant, notamment,à réduire la pauvreté de moitiéd’ici à 2015.

2Quels sontles objectifsde la déclaration

du Millénaire adoptéepar les Nations uniesen septembre 2000 ?La déclaration du Millénaire abor-de une série de thèmes comme lapaix dans le monde, les droits del’homme, la protection de l’envi-ronnement ou la place desNations unies dans la régulationdes relations internationales.Dans le chapitre consacré audéveloppement et à la lutte con-tre la pauvreté, elle fixe notam-ment six objectifs que la commu-nauté internationale devra s’ef-forcer d’atteindre, pour quatred’entre eux, d’ici à 2015.Ces objectifs sont de réduire demoitié et la proportion de la popu-lation mondiale dont le revenuest inférieur à un dollar par jouret celle des personnes qui souf-frent de la faim ; de diminuer éga-lement de moitié le nombre depersonnes qui n’ont pas accès àl’eau potable. D’ici à cette date,tous les enfants – garçons etfilles – seront en mesure d’ache-

ver un cycle complet d’études pri-maires, la mortalité maternelledevra avoir été réduite des troisquarts, tout comme celle desenfants de moins de 5 ans desdeux tiers.Le texte des Nations unies s’enga-ge à ce que, d’ici 15 ans, la propa-gation du sida, du paludisme com-me des autres grandes épidémiessoit enrayée. Tout comme uneattention particulière devra êtreapportée aux orphelins du sida.Enfin, d’ici 2020, 100 millions –au moins – des « habitants detaudis » devront bénéficier demeilleures conditions de vie, con-formément à l’initiative « Villessans taudis ni bidonvilles ».

3Comment estrépartie la richesseentre les pays ?

La Banque mondiale qui publiechaque année un rapport sur« les indicateurs du développe-ment mondial » classe les paysen trois catégories. Les pays àhauts revenus pour lesquels lerevenu annuel moyen par habi-tant est supérieur à 9 266 dol-lars ; ceux à revenus intermé-diaires, avec un revenu par habi-tant compris entre 756 dollarset 9 265 dollars. Enfin, les pays àfaibles revenus, en dessous duseuil annuel de 755 dollars.La première catégorie englobetous les pays industrialisésmembres de l’Organisation decoopération et de développe-ment économiques (OCDE), àl’exception de ceux qui ontrejoint l’organisation récem-ment comme le Mexique, laHongrie ou la Pologne. Elle com-prend aussi beaucoup de petitesîles comme les Bahamas ou lesîles Caïmans et des Etats pétro-liers comme le Qatar. Au total,896 millions de personnesvivaient en 1999 dans des paysappartenant à cette catégorie.Leur nombre a progressé de13,5 % en 20 ans.La catégorie des pays à revenusintermédiaires concerne2,66 milliards de personnesréparties dans 94 pays dont laChine et l’Inde. Ce nombre a pro-gressé de 31,4 % en 20 ans, soità un rythme légèrement infé-rieur à celui de la populationmondiale (+ 35 %).Enfin, dans 64 pays, pour unemajorité d’entre eux situés enAfrique subsaharienne, 2,41 mil-liards de personnes vivent avecmoins de 755 dollars par an, soitenviron deux dollars par jour. Ilssont 50 % plus nombreux qu’il ya 20 ans. Ce seuil de 755 dollarscorrespond par ailleurs au seuilde pauvreté défini par les insti-tutions internationales char-gées du développement.

POUR EN SAVOIR PLUS

le texte présenté

au mexique

insiste sur la

responsabilité de

chaque pays

QUESTIONS-RÉPONSES

Nord-Sud

D O S S I E R

> Le texte du Consensusde Monterrey est disponiblesur le site des Nations unieswww.un.org> Les Théories économiques dudéveloppement, d’Elsa Assidon(Ed. La Découverte, coll. « Repères »,128 p., 7,95 ¤). Nouvelle édition àparaître en avril 2002.> « Développement »,rapport du Conseil d’analyseéconomique (La Documentationfrançaise, 2000, 178 p., 6,86 ¤).

> « Perspectives économiques del’Afrique », rapport de l’OCDE2002, disponible sur le sitewww.oecd.org> « Coopération pour ledéveloppement », rapport 2001,de Jean-Claude Faure, président duComité d’aide au développement(OCDE, 2002, 343 p., 79 ¤).> « The role and effectiveness ofdevelopment assistance »,consultable sur le site de la Banquemondiale : www.worldbank.org

Le « consensus de Monterrey »lie développement et partenariat

II/LE MONDE/MARDI 19 MARS 2002

Page 37: Les dix engagements de Jospin - scholar.lib.vt.edu · cès, Alessandro Baricco bous-cule les clichés sur la mondia- ... « 900 000 chô-meurs de moins d’ici à 2007, un droit à

Le président George Bush serendra à la conférence de Monter-rey à la tête d’une imposante délé-gation, est-ce le signe d’une atten-tion nouvelle des Etats-Unis surla question du développement ?Dans quelle mesure les attentatsdu 11 septembre modifient-ilsvotre analyse sur le sujet ?

Nous sommes conscients d’ap-partenir à une seule et même com-munauté mondiale. L’extrême pau-vreté peut conduire au crime, au tra-fic de drogue et à de nombreuxautres problèmes qui sont unemenace pour l’ensemble de la planè-te. C’est pour cela qu’il est de notreintérêt à tous de soutenir les effortsen faveur du développement et dela lutte contre la pauvreté. Beau-coup a déjà été fait mais il faut allerplus loin.

Monterrey est une rencontre trèsimportante pour montrer la volontéde la communauté internationalede mobiliser toutes les ressourcesqui pourront contribuer à l’amélio-ration de la situation des pays endéveloppement. Cela passe certaine-ment par l’augmentation de l’aidemais, de façon beaucoup plus signi-ficative pour nous, par le commer-ce, l’investissement étranger et l’uti-lisation de l’épargne locale.

Nous devons donner aux pays endéveloppement la possibilité detrouver leur place dans l’économiemondiale et d’augmenter leur

niveau de vie. En novembre dernier,à Doha au Qatar, un pas a été fran-chi. En lançant le « cycle du dévelop-pement », l’Organisation mondialedu commerce (OMC) a, en effet,montré qu’elle porterait à l’avenirune attention particulière à sesmembres qui, aujourd’hui, ne profi-tent pas assez des échanges interna-tionaux.

Quelles sont les priorités queles Etats-Unis défendront à Mon-terrey ?

Elles sont au nombre de deux. Lapremière est de donner aux pays endéveloppement la capacité d’êtredes acteurs de l’économie mondia-le. Ces capacités peuvent être d’or-dre réglementaire, législatif ou insti-tutionnel. Ce sont tous les outilsnécessaires à une économie pourqu’elle fonctionne bien, grâce à unearchitecture solide.

La seconde concerne plus précisé-ment les pays les plus pauvres.Nous avons proposé d’augmenternotre contribution à l’Associationinternationale pour le développe-ment (AID), l’agence de la Banquemondiale chargée d’accorder desprêts à ces pays (au taux de 18 % surtrois ans), à condition que nous puis-sions vérifier, chaque année, quel’argent que nous avons versé a vrai-ment servi à des actions concrètesqui permettent de progresser sur lavoie du développement.

C’est pour cela que nous propo-sons de systématiser l’idée des« meilleures pratiques », afin deconcentrer notre aide sur les paysqui adoptent les bonnes politiques.Notre rôle est d’aider les pays quifont ce qu’il faut pour s’aider eux-mêmes.

L’autre condition, à l’augmenta-tion de notre aide, est aussi quel’AID concède pour moitié sous for-me de dons, et non plus de prêts,ses financements aux pays les pluspauvres. Cela nous semble essentielpour soutenir des projets dans lesdomaines clés de la santé ou del’éducation dont il n’est pas possi-ble d’attendre rapidement unretour sur investissement. C’est,selon nous, une condition pour trou-ver une solution durable au problè-me de la dette. Mais nous savonsque, pour l’instant, certains de nospartenaires ne nous suivent pas surce terrain…

Cela signifie-t-il que l’aide doitêtre plus sélective et récompen-ser ceux que vous considérez com-me des « bons » pays ?

Les Etats-Unis ne sont pas lesseuls à penser cela. De nombreuxtravaux de la Banque mondiale ontainsi montré que l’aide est d’autantplus efficace pour lutter contre lapauvreté qu’elle est distribuée à des

pays qui ont compris l’importanced’une bonne gouvernance, de la lut-te contre la corruption et de cadreslégislatifs stables. De plus, les fondspour l’aide publique ne sont pas illi-mités. C’est en prouvant aux contri-buables l’utilité de cet argent quenous pourrons solliciter davantageleur générosité.

L’attitude du gouvernementaméricain en matière d’aidepublique est souvent montrée dudoigt par ses partenaires. Leministre français de l’économie,Laurent Fabius, a récemmentdénoncé le manque d’engage-ment des Etats-Unis qui en tantque première puissance mondia-le ont, selon lui, une responsabili-té particulière ?

L’engagement des Etats-Unis enfaveur du développement est trèsfort. Nous sommes le seul pays àavoir proposé d’augmenter lesmoyens de la Banque mondiale etnotre contribution à l’aide publiqueest très efficace. Mais je crois qu’ilfaut avoir une approche plus largede la question de l’aide. Les Etats-Unis importent en moyenne pour500 milliards de produits en prove-nance des pays en développement.Cela représente un revenu impor-tant et beaucoup d’emplois locaux.Il faut aussi prendre en compte les

investissements qu’effectuent nosentreprises dans ces régions. Toutcomme l’action des fondations etdes associations caritatives. C’estloin d’être négligeable.

Par ailleurs, l’insécurité dans unpays est un obstacle au développe-ment et, dans ce domaine, l’actiondes Etats-Unis en faveur de la paixet de la sécurité dans le monde aucours des cinquante dernièresannées ne peut pas être contestée.Elle a été un facteur très importantpour le développement de l’Asiepar exemple. Cela n’est pas comp-tabilisé comme de l’aide au déve-loppement et pourtant cela en faitpartie.

Pourquoi les Etats-Unis ont-ilsnéanmoins toujours refusé d’en-dosser l’objectif de 0,7 % d’aide

publique rapportée au produitintérieur brut que s’est fixé lacommunauté internationale ?

Notre approche n’est pas de nousfocaliser sur les moyens – et l’aiden’en est qu’un parmi d’autres –mais sur les objectifs comme laréduction de la faim dans le monde,l’accès pour tous à l’éducation.

Par ailleurs, l’objectif que vousévoquez a été fixé dans les années1970. Le moins que l’on puisse dire,c’est qu’il a été incapable de mobili-ser les gouvernements puisque,depuis trente ans, les niveaux d’aidepublique n’ont cessé de diminuer.Chez nous, mais chez les Européensaussi.

La Banque mondiale a évalué àquelque 50 milliards de dollars lebesoin d’aide supplémentairepour réduire la faim dans le mon-de et promouvoir l’accès pourtous à l’éducation. Or, à Monter-rey, il n’est prévu aucun engage-ment concret dans ce sens, n’est-ce pas décevant ?

50 milliards ? 25 milliards ? Uneautre somme ? En vérité, je ne croispas que la Banque mondiale ouquelqu’un d’autre puisse avancerun chiffre sérieux. En définitive,l’aide est un apport si faible par rap-port à d’autres sources de finance-ment que sont le commerce ou l’in-

vestissement. Dans ces deux domai-nes, les flux peuvent augmenterdans des proportions considérableset très vite.

Vous êtes donc satisfait du con-sensus de Monterrey ?

Le texte qui a été adopté est undocument très fort. Il reflète unevision commune. Et c’est une trèsbonne chose que les délégationsaient pu parvenir à ce compromisavant la conférence.

Nos représentants n’auront pas àse soucier de finaliser un communi-qué et ils vont pouvoir avoir une dis-cussion politique de haut niveausur la façon de mettre en œuvre ceprojet.

Propos recueillis parLaurence Caramel

CHRONIQUE

Tourner la page

Dans le gymkhanaqu’est le retour del’Afrique sur l’agen-da international, lesommet de Monter-rey constitue une

nouvelle étape mais, aussi, un obsta-cle supplémentaire à franchir. Le8 février, lorsqu’il a réuni autour delui, à l’Elysée, treize chefs d’Etat etde gouvernement africains, JacquesChirac les a exhortés à « aller nom-breux à Monterrey où [leur] avenir sedécidera ».

C’est l’hypothèse haute, auregard du « consensus » élaboré enamont de la conférence, qui vise, àl’instar du Nouveau Partenariat

pour le développement en Afrique(Nepad), à instaurer un contrat dedéveloppement entre pays pauvres,acceptant leurs devoirs de démocra-tie et de « bonne gouvernance », etpays riches assumant leurs respon-sabilités, en particulier financières,dans la lutte contre la misère dansle monde. L’hypothèse basse, c’estque Monterrey ne sera qu’un ren-dez-vous de plus dans la salle d’at-tente du développement.

L’Afrique a des raisons d’espérer.D’abord, parce que, dans la prépara-tion de la conférence, le Nepad, l’ini-tiative prise par cinq pays phares ducontinent – Afrique du Sud, Algérie,Egypte, Nigeria, Sénégal – pour ins-taurer « un véritable partenariat fon-dé sur des intérêts mutuels, des enga-gements communs et des accords con-traignants », a été cité en exemple.

Au Mexique, aussi, la promessedes uns à promouvoir la paix et lasécurité, la stabilité intérieure, unesaine gestion, le respect des droitsde l’homme et de l’Etat de droit, ain-si que des politiques fondées sur leslois du marché, sera la contrepartiede l’effort renouvelé des autres enfaveur d’un « développement dura-ble ». Ensuite, parce que le secrétai-re général des Nations unies, KofiAnnan, a nommé, lors de la derniè-

re réunion préparatoire de Monter-rey, en janvier, Trévor Manuel etMichel Camdessus « envoyés spé-ciaux » de l’ONU pour la conféren-ce au Mexique. Le premier, ministresud-africain des finances représen-te le pays porte-flambeau de la« renaissance africaine » ; lesecond, ancien directeur général duFonds monétaire international(FMI) est déjà le « sherpa » deJacques Chirac pour la problémati-que africaine, inscrite à l’ordre dujour du sommet du G8, fin juin auCanada.

Mais, surtout, qu’est davantage

au cœur d’un pacte un brin faus-tien – consistant à troquer des« valeurs universelles », longtempsrécusées par le tiers-monde, contredes fonds d’aide, longtemps pro-mis mais jamais versés à la hauteurdes besoins – qu’une conférencesur le financement du développe-ment ? Où, sinon à Monterrey, lesparents pauvres de la planète peu-vent-ils obtenir la réforme d’unordre international « injuste », lasuppression des barrières douaniè-res et des subventions agricoles, lerelèvement de l’aide publique audéveloppement, à son plus bas

niveau depuis trente ans en pour-centage de richesse ? Pour l’Afri-que noire (750 millions d’habitants)dont le PIB est à peine supérieur àcelui de la Belgique (10 millionsd’habitants) et le réseau routierinférieur à celui de la Pologne, sansparler de l’accès à l’eau potable(pour seulement 58 % de sa popula-tion), ce rendez-vous est d’uneimportance vitale.

Cependant, pour les Africains,Monterrey est aussi un obstacle àfranchir. Dans les réunions prépara-toires de la conférence, une doublecrainte s’est fait jour, côté bailleursde fonds. La première est qu’aprèsle 11 septembre le tiers-monde et,en particulier, cette Afrique dispa-rue des écrans radar de la géopoliti-que depuis la fin de la guerre froidetentent de transformer la lutte anti-terroriste en une rente de situation,l’ordre maintenu par les Etats ayantun prix pour l’Occident, soumis auchantage du chaos, propice à desentreprises de déstabilisation.

La seconde tient à ce que leNepad soit réduit à un « planMarshall pour l’Afrique », la reven-dication d’une pluie de dollars dansle désert du développement. Cetteappréhension est d’autant plus réel-le que le document de référence,

adopté par les Africains, en octo-bre 2001 à Abuja (Nigeria), est unelitanie de vertueuses généralités.Dans ce qu’il a de plus concret, ils’inspire du « plan Omega » du pré-sident sénégalais Abdoulaye Wade,qui pense que des projets financéspar le monde extérieur devraientsortir l’Afrique des ornières du sous-développement. Bien que jamaisentériné, le chiffre de 64 milliardsde dollars par an (à comparer avecles 11 milliards de dollars d’investis-sements directs dont l’Afrique abénéficié en 2001) hante les esprits.

Le paradoxe est là : après l’échecdu « binôme crédit-aide », rejeté

par le Nepad pour avoir endetté etinfantilisé l’Afrique, rien ne prouveque le « consensus de Monterrey »,un peu mou en ce qui concerne lesfonds à verser en contrepartie desimples professions de foi, permet-te le développement du continentle plus arriéré. D’autant moins quela crise au Zimbabwe où l’Afrique aenseveli sa responsabilité collectivedans le silence, n’accrédite guèrel’idée que, affranchis de contraintesressenties comme humiliantes, les« partenaires » africains de l’Occi-dent prendront leur destin en main.

Stephen Smith

en contrepartie

de l’aide ,

les donateurs

attendent

un engagement

de « bonne

gouvernance »

D O S S I E R

Alan Larson, chef de la délégation américaine à Monterrey (Mexique)

« Concentrons l’aide sur les paysqui adoptent de bonnes politiques »

f 2002 Le conseiller économique

de Colin Powell sera à la tête de

la délégation américaine à Monterrey.f 1999 Diplomate de carrière, Alan

Larson est nommé sous-secrétaire d’Etat

aux affaires économiques et agricoles

par Bill Clinton en 1999. Il sera

confirmé à ce poste par George Bush.f 1975 Alan Larson entre

au département d’Etat. Il a été

successivement en poste au Zaïre

et à la Jamaïque. Il a également

été ambassadeur des Etats-Unis

auprès de l’OCDE entre 1990 et 1993.

Un nouveau pari sur l’avenir de l’Afrique

M Les statisti-ques tombées ces derniers joursont convaincu l’Amérique : c’est lareprise. Le mois précédent, l’écono-mie a retrouvé un solde positif entermes d’emploi (66 000 jobs ontété créés), ce qui ne s’était pas vudepuis juillet 2001, ramenant à5,5 % le taux de chômage.

Dans le même temps, il appa-raissait que la productivité avaitfait un bond de 5,2 % au dernier tri-mestre de l’année écoulée. Pasétonnant, dans ces conditions,que les trois derniers mois de 2001aient affiché finalement un tauxde croissance de1,4 % en rythmeannuel après unecontraction duproduit intérieurbrut (PIB) de 1,3 %le trimestre précé-dent. Selon ladéfinition com-munément admi-se, les Etats-Unisn’auront connuqu’un trimestrenégatif et n’ont donc pas vécu derécession en 2001, laquelle exige,au minimum, deux trimestres con-sécutifs de recul du PIB.

Toujours mesuré dans ses pro-pos, Alan Greenspan, le présidentde la Réserve fédérale, avait, dansun premier temps, fait la mouesur la réalité de la reprise pouraffirmer, quelques jours plus tard,qu’elle lui semblait « bien enga-gée ». Reste la montagne de dettesqui surplombe l’économie améri-caine. Même cet élément négatifn’est pas préoccupant, affirme« Magic Greenpan », estimant que« le niveau global de la dette et desdéfauts de paiement ne semble pasconstituer un obstacle sérieux à lapoursuite d’une expansion modé-rée de la consommation ».

Forts de ce diagnostic, la plupartdes conjoncturistes écartent le ris-que d’une rechute après le retourà meilleure fortune et anticipentdéjà des taux de croissance élevés.Pour sa part, Eric Chaney, écono-miste en chef chez Morgan Stan-ley, escompte une progression de4 % du PIB américain au premiertrimestre 2002 contre 2 % en Euro-pe, grâce à un effet classique dereconstitution de stocks mais aus-si en raison d’une « demande fina-le en biens technologiques qui estrepartie à la hausse ».

La question qui se pose à pré-sent est de savoir quel type dereprise vont connaître les Etats-Unis dans la mesure où le brutalralentissement de l’activité n’a

pas permis de purger les excèsaccumulés durant la seconde moi-tié des années 1990. Tout misbout à bout, il n’est pas exclu quele déficit courant américain attei-gne 6 % du PIB en 2003, a préditEric Chaney lors d’un déjeuner-débat organisé par l’Associationdes journalistes économiques etfinanciers (AJEF). Deux scénariossont possibles, estime-t-il : l’unbrutal, l’autre progressif. Dans lepremier cas, si les consommateursconstatent qu’au bout de cinq à sixmois il n’y a pas de réelle tendanceà la création d’emplois, une ruptu-

re de confiance peutintervenir, laquellepourrait entraîner unecrise du dollar, les tra-ditionnelles vertus decette monnaie forteétant mises à mal. Res-te à savoir qui, dansce cas, à l’écheloninternational, « pour-rait absorber la défla-tion américaine ». Al’inverse, dans le scé-

nario de réajustement progressifque privilégie pour l’instant EricChaney, le pays naviguerait sur« une croissance molle », autour de3 % par an, tandis que la consom-mation croîtrait moins vite que lePIB, évitant de trop gros déra-pages.

S’il partage globalement l’analy-se de cet économiste, OlivierDavanne, associé de DPA Conseilet professeur à Paris-IX Dauphine,dit éprouver une véritable interro-gation sur un facteur-clé : le com-portement des consommateurs.Durant toute la période de ralentis-sement de la croissance et de fortebaisse des marchés (la Bourse n’apas affiché de véritable remontéedepuis quatre ans), ils ont conti-nué à consommer, « sans doutetrop », estime-t-il, alors que le tauxd’épargne des ménages n’a pasbougé depuis un an et demi.« Avant, la Bourse rapportait 15 %par an. Aujourd’hui, ce n’est plus lecas. Une fois que les ménagesauront intégré ce facteur, un retour-nement massif peut parfaitementintervenir sur la consommation.Pour remédier aux déséquilibres quien résulteraient, menaçant l’écono-mie d’une rechute, les Etats-Unisseraient alors conduits à pratiquerune stratégie de dévaluation massi-ve pour exporter leurs difficultés. »De simples scénarios, certes. Maisqui méritent d’être adressés à l’en-droit de tous ceux qui voudraienttourner, au plus vite, trop vite, lapage noircie du 11 septembre.

par Serge Marti

ALAN LARSON

Évolution du PIB américain, en %

Source : BCE

REPRISE

– 2

0

2

8

6

4

1,4

T1 T2 T3 T1 T2 T3 T4T4T41999 2000 2001

« Il faut avoir une approche plus largede la question de l’aide.

Les Etats-Unis importent en moyennepour 500 milliards de produits en provenance

des pays en développement.Cela représente un revenu important

et beaucoup d’emplois locaux »

LE MONDE/MARDI 19 MARS 2002/III

Page 38: Les dix engagements de Jospin - scholar.lib.vt.edu · cès, Alessandro Baricco bous-cule les clichés sur la mondia- ... « 900 000 chô-meurs de moins d’ici à 2007, un droit à

Dans le torrent desexplications visantà comprendre lesous-développe-ment ou l’absencede véritable inté-

gration à l’économie mondiale duMaghreb – exception faite de laTunisie –, du Proche et du Moyen-Orient avancées depuis le 11 sep-tembre, on a très souvent négligéle rôle dévastateur qu’a joué larente pétrolière dans la plupartdes systèmes économiques de cesrégions.

C’est assez étonnant car lesdysfonctionnements induits parl’existence d’une rente gazière oupétrolière sont maintenant bien

connus. En fait, cette mécon-naissance reflète le peu d’atten-tion portée à ces économies, aux-quelles on s’intéresse uniquementen raison de l’évolution du prix dupétrole ou des potentialités de cesmarchés.

A priori, l’existence d’une rentepétrolière importante permettaità des pays comme l’Algérie, l’Ara-bie saoudite ou l’Iran de ne pasêtre contraints par ce qui pénalisehabituellement les pays en voie dedéveloppement : le manque decapitaux. L’objectif était alorsd’utiliser cette manne pour bâtirdes économies modernes. Or lasimple présence de cette rente aconduit, outre à l’instabilitémacro-économique propre à ladépendance pétrolière, à des diffi-cultés presque insolubles : l’Etat,propriétaire de cette rente, l’a utili-sée soit pour investir directement,soit pour bâtir une industrie tota-lement protégée de la concurren-ce, grâce à des subventions, desprêts spéciaux et une protectiondouanière. L’essentiel des revenusbudgétaires provenant du pétrole,il n’a donc pas été nécessaire defavoriser le développement d’unvéritable système fiscal et mêmed’un système bancaire efficacedestiné à collecter l’épargne pourproposer des crédits.

L’Etat étant le propriétaire uni-que de la rente pétrolière et le sys-tème économique du pays nefonctionnant que pour recyclercette dernière, ces économiesn’ont jamais connu l’émergenced’une véritable classe entrepre-neuriale nationale. Se sont plutôtconstituées des bourgeoisiespétrolières qui changent au grédes régimes mais dont le principede fonctionnement reste le

même : bâtir une relation spécialeavec l’Etat pour accaparer demanière indirecte une partie de lamanne. L’industrie s’est retrouvéesous-compétitive et très dépen-dante des importations de biensd’équipement, ce qui se reflètedans la part ridiculement faibledes produits manufacturés dansles exportations. Ces économiesdeviennent, en fait, surtout deséconomies où prospèrent le sec-teur protégé et les services qui sedéveloppent uniquement via lerecyclage de la rente pétrolière.

L’Etat rentier pratique une poli-tique de redistribution clientélistequi lui permet de construire desalliances politiques. Il devientimpossible, dans ces conditions,de mener une véritable politiqueéconomique puisque le clienté-lisme prime sur toute autre consi-dération. La politique fiscale estainsi « pervertie » car elle sert sur-

tout à favoriser certains réseaux.A cette fin, l’Etat utilise des instru-ments qui ont l’immense avanta-ge de se situer en dehors du pro-cessus budgétaire classique etdonc d’être difficilement identifia-bles. D’où, souvent, de larges défi-cits du secteur public.

Ces économies, très faiblementintégrées dans l’économie mon-diale, développent une vision

consommatrice et faussée de lamodernité. Cette dernière appa-raît surtout à travers l’acquisitionde la technologie importée et nongrâce à une mise à niveau de l’éco-nomie du pays par rapport aureste du monde (comme l’a fait laTurquie, par exemple). Enfin, lagestion clientéliste de la rentepétrolière conduit dans des pays àpopulation importante commel’Algérie et l’Iran à de très fortesinégalités en matière de revenus.De même, des économies baséesuniquement sur le recyclage de larente pétrolière sont absolumentincapables de créer un nombred’emplois suffisant pour faire faceà une progression soutenue de lapopulation active. Le taux de chô-mage atteint près de 30 % en Algé-rie et 14 % en Iran. De plus, unerente en cache souvent une autre.L’Egypte, qui cumule rente pétro-lière, rente touristique, rente liée à

la gestion du canal de Suez etrente de l’aide étrangère, est attein-te de tous les maux.

Il faut aussi noter que l’ensem-ble de ces dysfonctionnements seretrouvent dans la plupart des éco-nomies pétrolières, que ce soit enAfrique, en Amérique latine ou enAsie centrale – les économiesd’Asie centrale qui basent leurdéveloppement futur sur la rente

pétrolière et gazière de la mer Cas-pienne s’exposent à des lende-mains qui déchantent. Il convientdonc de relativiser les thèses « cul-turalistes » qui visent à expliquerle sous-développement et la faibleintégration à l’économie mondialedu Maghreb et du Proche etMoyen-Orient.

Malgré tout, il est effectivementtrès difficile pour un pays dispo-sant d’une manne pétrolière deréussir à diversifier son économie.Le seul exemple véritablement pro-bant est le Mexique (dont le systè-me fiscal reste toutefois sous-déve-loppé du fait du poids des recettespétrolières). Mais ce cas est, en par-tie, spécifique car le Mexique abénéficié des effets d’entraîne-ment induits par la proximité del’économie américaine. La grandedifficulté tient au fait qu’il ne s’agitpas de mener des politiques classi-ques de libéralisation économi-que, mais de favoriser l’émergenced’une économie non pétrolièrecompétitive. Il faut, pour cela, toutun éventail de réformes (promo-

tion et libéralisation des secteursayant un potentiel à l’exportation,séparation claire du public et duprivé, refonte des systèmes bancai-res et fiscaux, enchaînement desréformes politiques et économi-ques, etc.) dont l’ordonnancementest complexe.

En plus des risques liés à dessituations sociales explosives, cesréformes se heurtent à la résis-tance des bénéficiaires de l’écono-mie de rente. En Arabie saoudite,il s’agit de réseaux mêlant familleroyale et marchands. En Iran, ilssont composés de bazaris (grandsmarchands) et des fondations reli-gieuses. En Egypte, ce sont desréseaux politico-militaires alliés àquelques grandes familles qui s’op-posent aux réformes. La tâcheapparaît donc difficile, et l’on nepeut s’empêcher de penser quel’Union européenne doit jouer iciun rôle déterminant.

Thierry Coville,chercheur associé au département

monde iranien (CNRS)

les pays

du maghreb,

du proche et

du moyen-orient

qui tirent leur

revenu des

hydrocarbures

n’ont pas su

mettre en place

les structures

propices à un

développement

durable

pays émergents

europe

innovation

La rente pétrolière, une malédiction pour les pays producteurs

B O U S S O L E

UE 15

Production industrielle(déc. 2001, en %) :

PIB en volume(3e trimestre 2001, en %) : Sur un an

Sur trois mois

Prix à la consommation(janv. 2002, en %) : Sur un an

Sur un mois

EURO 12 ALL. BELG. ESPAGNE FRANCE ITALIE PAYS-BAS ROY.-UNI E.U. JAPON

Sur un an

Sur un mois

Déficit public/PIB (en %)

2000

Dette publique/PIB (en %)

2000

LES INDICATEURS ÉCONOMIQUES INTERNATIONAUX « LE MONDE » / EUROSTAT

Investissement (FBCF)(3e trimestre 2001, en %)

Sur trois mois

Solde commercialextracommunautaire

(en milliards d'euros, déc. 2001)

n. d. : non disponible, * provisoire, ** novembre 2001

2,5* 2,7* 2,3 2,6 3,1* 2,4* 2,4* 4,9* 1,6 1,1 – 1,4

0,5* 0,3* 1,0 – 0,9 – 0,2* 0* 0* 1,1* – 0,4 0,2 – 0,2*

0,6 – 4,3 – 2,8 – 9,9**

– 2,1**

– 6,4 –2,7 – 8,2 – 5,1 – 6,7 n. d. n. d.

– 4,4 – 0,8 1,7 – 1,2 – 0,9 1,6 3,2 – 0,3 n. d. n. d.

1,4 (3eT01) 1,4 0,6 1,7 2,9 2,3 1,5 2,3 2,3 1,2 – 0,7

0,2 (3eT01) 0,1 0 – 0,6 0,5 0,3 0,4 0,4 0,4 0,1 – 0,8

0,3 1,2 1,3 0 – 0,3 – 1,3 – 0,3 2 4,4 1

69,6 64,1 60,7 110,3 60,7 57,6 110,5 56,1 42,8 59,3 105,4

1,7 8,7 6,7** – 0,7** – 2,7** 0,8** 1,5** 2,7** – 4,4** – 42,3 8,6

– 0,5 0,0 – 0,7 – 3,1(2eT01) 1,1 0,1 0,1 – 0,4(2eT01) – 2,1 – 1,7 – 1,6

(6/01) (6/01)

(1999)

– 7,6

(1999)(1999)

(11/01)

a LE PROGRAMME DU GOUVERNEMENT PÉRUVIEN D’ALEJANDRO TOLEDO vise àrelancer l’activité économique du pays, après une longue période de réces-sion, tout en tenant compte des contraintes financières. L’objectif estd’améliorer les conditions de vie de la population et de réduire la pauvreté.

a PAR AILLEURS, LE RÉÉQUILIBRAGE de la balance commerciale a permis uneforte réduction du déficit de la balance des paiements courants. Le Fondsmonétaire international (FMI) considère que les chiffres macroéconomi-ques sont bons, il a accordé le mois dernier un crédit « stand-by » de deuxans, d’un montant de 316 millions de dollars.

Croissance du PIB,en pourcentage

LE PÉROU TIENT LE CHOC

Source : Nord Sud Export (Groupe Le Monde) * les neufs premiers mois

Balance commerciale,en millions de dollars

Balance des paiementscourants, en millions de dollars

–0,

5

+0,

9

+0,

2

+3,1 +3

,5

98 99 00 01 02

–63

3

–2

462

–14

8

–32

3

non

disp

onib

le

98 99 00 01 02

–1

923

–3

634

–85

0*

–1

628 no

ndi

spon

ible

98 99 00 01 02

a DEPUIS LE PASSAGE À L’EURO en janvier 2002, les ménages ne se sont pas seu-lement habitués à payer en espèces avec la nouvelle monnaie. Les comptesbancaires personnels, les chéquiers ainsi que les autres actifs et passifs finan-ciers ont, eux aussi, été convertis. Les volumes concernés par la conversiondes actifs financiers sont énormes. Le portefeuille financier des ménages ausein de la zone euro est évalué à plus de 13 000 milliards d’euros, soit prèsdu double du produit intérieur brut (PIB) des douze membres de l’unionmonétaire.

a LE PATRIMOINE FINANCIER varie d’un pays à l’autre. Leur niveau est assez fai-ble en Autriche (135 % du PIB), alors qu’il est très élevé en Belgique (314 %).L’importance du numéraire (billets et monnaie) pour les ménages varie demanière spectaculaire. Au sein de la zone euro, il représente, en moyenne,2 % des actifs financiers des ménages, mais il atteint 4,6 % en Espagne.

L'IMPORTANT PATRIMOINE FINANCIER DES MÉNAGES

Source : Eurostat

Actifs financiers des ménages en 2000

Actifs financiers(en milliards d'euros)

Proportion du PIB(en%)

Pays

Allemagne

France

Italie

Pays-Bas

Espagne

Belgique

Autriche

Portugal

Finlande

180

236

227

297

190

314

135

199

150

3 642

3 320

2 649

1 191

1 157

781

277

229

197

aVINGT-HUIT RÉGIONS, sur 211, réalisent plus de 50 % des dépenses de recher-che et développement (R & D) en Europe. Alors que la part de la R & Ddans le produit intérieur brut s’élevait à 1,87 % dans l’Union européenne(UE), elle dépasse 4 % dans quatre régions allemandes.

a EN VALEUR ABSOLUE, c’est l’Ile-de-France qui vient en tête en effectuant9 % des dépenses totales de l’UE. En effectifs de chercheurs par rapport à lapopulation active, c’est Stockholm (Suède) qui arrive à la première place(3,65 %). En nombre de demandes de brevets déposées par million d’actifs,c’est encore une allemande, l’Oberbayern, qui emporte la palme (540,9).

Intensité de la R & D par région

R&D : LES RÉGIONS ALLEMANDES EN TÊTE

Source : Eurostat

en million d'euros courantsRégion (pays) annéeen %du PIB

Dépenses

1 675

5 0455 911

1 608

4101 5711 803

4 595

1 52712 416

6 - Uusimaa (Suuralue) (Fin.)

1 - Braunschweig (All.)

2 - Stuttgart (All.)

3 - Oberbayern (All.)

4 - Tübingen (All.)

5 - Pohjois-Suomi (Fin.)

7 - Midi-Pyrénées (Fr.)

8 - Eastern (R.-U.)

9 - Rheinhessen-Pfalz (All.)

10 - Ile-de-France (Fr.)

1998

1997

1997

1997

1997

1998

1998

1998

1997

1998

3,73

4,84

4,79

4,38

4,05

3,82

3,70

3,64

3,50

3,43

Il convient de relativiser les thèses« culturalistes », qui visent

à expliquer le sous-développementet la faible intégration à l’économie

mondiale de ces régions

Part des recettes pétrolières, en %

UNE MANNE BUDGÉTAIRE

Source : CNRS

dans les recettes budgétaires dans les exportations

Algérie

Egypte

Arabie saoudite

Iran

Emirats arabes unis

200 8040 60 100

Dernier moisconnu

LES INDICATEURS FRANÇAIS

Source : Insee, Douanes

* solde de réponses, CVS, en % ** solde net douze mois auparavant *** en glissement

Consommation des ménages

Taux d'épargne

Pouvoir d'achat des ménages

(en milliards d'euros)

(solde cumulé sur 12 mois)

Créations d'entreprise

16,4 %

Variationsur un an

- 0,4 % (01/02) + 1,2 %

+ 1,2**

23 095 (12/01) -0,5 %***

2 842 (09/01) - 5,1 %***

+ 0,8 (déc. 2001) + 0,8+ 3,3 (11/00-12/01) - 0,5

+ 0,5 % + 3,6***

Enquête mensuelle sur le moraldes ménages * - 15 (fév.) + 2,0**

Enquête mensuelle dans l'Industrie *opinion des chefs d'entreprise

sur les perspectives générales de production- 30 (fév.) + 20**

Défaillances d'entreprisepar date de jugement

Commerce extérieur

IV/LE MONDE/MARDI 19 MARS 2002

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L’année fiscale se termine le31 mars, quel bilan tirer de cetexercice ?

Florence Pisani : le Japon est encrise depuis plus de dix ans, et cetteannée a été marquée, une fois enco-re, par l’absence de mesures structu-relles permettant une réforme enprofondeur.

Les deux plans successifs ont sim-plement amorti le choc externe liéau ralentissement économiquemondial. Ils n’ont pas cherché àrésoudre les graves difficultés dusystème financier. Au mois defévrier, à l’approche de la clôturedes exercices comptables, les pou-voirs publics ont décidé de limiterles ventes à découvert en Bourse. Ils’agit d’empêcher la spéculation àla baisse et de soutenir le marchédes actions. Cette mesure doit per-mettre aux banques et aux compa-gnies d’assurances qui détiennentbeaucoup de participations de nepas voir leur bilan se dégrader unpeu plus.

Comment en est-on arrivé àune telle situation ?

Anton Brender : la crise japonai-se est une crise de l’intermédiationdans laquelle les institutions finan-cières ont pris des risques sans res-pecter les règles prudentielles nor-males.

Le système est structuré à l’identi-que depuis la fin de la secondeguerre mondiale. Comment s’articu-le-t-il ? Les ménages placent leurargent dans les banques et les com-pagnies d’assurances sous des for-mes relativement peu risquées. Etles établissements financiers prê-tent ces fonds aux entreprises etachètent leurs actions. Bref, ils pren-nent un maximum de risques sansavoir forcément les fonds propresnécessaires pour faire face à unretournement de conjoncture.

Ce dispositif a fonctionné sansproblème jusqu’au milieu desannées 1980, porté par la croissan-ce. Mais l’explosion de la bulleimmobilière et boursière a été fata-le. Les établissements financiers sesont retrouvés face à des entrepri-ses incapables de rembourser leursdettes et dans lesquelles, en plus, ilsdétiennent des participations qui necessent de se déprécier en Bourse.

Autre déconvenue, la libéralisa-tion des marchés financiers a pous-sé les grandes entreprises japonai-ses, les plus performantes et renta-bles, à délaisser les banques nationa-les pour se tourner vers les marchésinternationaux. D’où la fragilité desbilans bancaires…

Quelles sont les conséquencespour l’économie japonaise ?

F. P. : une partie des établisse-ments financiers ne disposent plusde fonds propres et ne peuvent

donc plus prêter aux entreprises.De plus, la population vieillit et nesouhaite pas prendre de risques.L’Etat est le seul à en prendre. D’oùune émission de dette publique dedurée de plus en plus courte.

A.B. : nous sommes face à unparadoxe. Le Japon est le pays quimet à la disposition de l’économiemondiale le plus d’épargne sansêtre capable d’en porter le risque. Ilprête à court terme et sans risqueaux Américains et aux Européensen achetant des bons du trésor.

N’importe quel autre paysaurait déjà sombré, commentexpliquer cette résistance ?

A. B. : c’est le volontarisme del’Etat qui a permis de tenir. Il a ainsilimité la déflation, c’est-à-dire labaisse des prix, et la dépréciationdes actifs en s’endettant de maniè-re considérable : le déficit publicest supérieur à l’excédent commer-cial.

En matière de change, les autori-tés n’ont pas hésité à intervenirmassivement en achetant du dollarpour faire baisser le yen afin de ren-dre compétitives les exportations.Peu de pays sont capables d’ache-ter 200 milliards de dollars en quel-ques années. L’Etat vient aussi desoutenir le marché boursier.

Combien de temps cela peut-ilencore durer ?

F. P. : une seule certitude, il fautd’abord remettre en état le systè-me financier et cela prendra dutemps.

Des réformes sont annoncéespour avril mais pour l’instant, lesmesures restent floues. Les pou-voirs publics veulent essayer derésoudre le problème de créancesdouteuses, ces dettes contractéespar des firmes devenues insolva-bles. Ils veulent aussi permettreaux banques et aux entreprises dedécroiser leurs participations. Unprojet est à l’étude en ce sens etl’on vient de permettre aux socié-tés de racheter leurs propresactions. En attendant, tant que cesrestructurations ne seront pas enga-gées, l’économie nippone fluctueraau gré de l’économie mondiale.

Propos recueillis parDominique Gallois

PENSÉE ÉCONOMIQUE

Böhm-Bawerk,ministre et théoricienN un nou-veau ministre de l’économie. Si diri-ger Bercy signifie appartenir au gra-tin politique, cela traduit rarementl’appartenance à la confrérie deséconomistes. Car l’économiste fran-çais préfère aux rigueurs de la réali-té la rigueur du raisonnement théo-rique, et à la sanction électoralel’onction universitaire.

Cette attitude n’est pas généra-le : l’économiste anglais conseillevolontiers le prince, quitte à l’acca-bler de sarcasmes, et les économis-tes de culture germanique ont sou-vent considéré qu’ils ne devaientpas se contenter de débattre. C’esten particulier vrai des membres del’école de Vienne, qui incarne, à lafin du XIXe siècle, le marginalismede langue allemande. Celui qui par-mi eux réalise le mieux l’allianceentre théorie et vie publique estprobablement Eugen von Böhm-Bawerk.

Il naît le 12 février 1851 à Brno, enMoravie. Les chevaliers de Bawerk

sont hauts fonctionnaires autri-chiens de longue date, et le pèreest à Brno l’équivalent de préfet.Après des études de droit, Eugenrejoint l’administration des finan-ces, qu’il abandonne pour des étu-des d’économie en Allemagne.Elles le mènent à l’université d’Inns-bruck, où il enseigne de 1881 à1889, huit ans qu’achève la publica-tion de son œuvre majeure, la Théo-rie positive du capital.

Antimarxiste, il s’appuie sur lespremiers marginalistes, l’AnglaisJevons, le Français Walras et soncompatriote Menger, pour critiquerles idées de Marx sur l’origine de lavaleur. Face à la théorie de la valeurtravail que défend ce dernier, il axesa réflexion sur la stricte formationdes prix selon la vision marginalis-te : chaque consommateur achètejusqu’au moment où la satisfactiondue à l’acquisition d’une unité sup-plémentaire d’un bien – l’utilitémarginale – est égale au prix. Cha-que producteur vend, lui, à un prixqui couvre le coût du dernier bienproduit – le coût marginal.

A ce schéma qui ne lui est paspropre, il ajoute une analyse dyna-mique du marché. En effet, cer-tains consommateurs achètentquand d’autres hésitent, certainesentreprises cherchent à écoulerleur production à un prix supérieurau coût marginal moyen de leurfilière de production. Conséquen-ce : comment trouver dans ce per-pétuel mouvement d’échange leprix d’équilibre du marché dontWalras a établi mathématique-ment l’existence ? Böhm-Bawerkdémontre qu’il correspond à l’utili-té marginale et au coût marginalde ce qu’il appelle le « couple limi-te » constitué par le consomma-teur qui se détermine le dernier etl’entreprise la plus productive. Ilrésume ses idées sur les prix enécrivant qu’« un bien ne doit rien àson passé – c’est-à-dire au travail

nécessaire à sa fabrication – et toutà son avenir – c’est-à-dire à la satis-faction de son acheteur ».

Où il fait œuvre vraiment origina-le, c’est par sa théorie de l’investis-sement, fondée sur deux notions-clés : le détour de production et lapréférence pour le présent. Pourillustrer le détour de production, ilprend l’exemple d’un paysan assoif-fé, à qui s’offrent trois possibilités.Aller à la rivière et boire dans sesmains : c’est l’acte de consomma-tion pure. Fabriquer un seau, ce quiretarde le moment où il boit, maispermet de stocker de l’eau. Cons-truire une canalisation qui amènel’eau et supprime tout travail futur.De cet exemple, Böhm-Bawerk tiredeux conclusions : d’abord, investirimpose un travail qui ne débouchepas sur la couverture immédiatedes besoins. Il y a « détour de pro-duction ».

Ensuite, tous les investissementsn’ont pas la même valeur. Et leurhiérarchisation ne repose pas sur

leur coût, c’est-à-dire sur la quanti-té de travail qu’ils mobilisent, maissur leur rendement, c’est-à-dire surcelle qu’ils permettent d’économi-ser. Fabriquer un seau est moinsbon que d’évider un arbre pour fai-re une canalisation, car il faut régu-lièrement aller remplir le seauquand la canalisation apporte l’eausans avoir rien de plus à faire.

L’idée de la préférence pour leprésent vient de l’examen de l’épar-gne en tant que financement del’investissement. Ce qui motivel’épargne, c’est le taux d’intérêt.Plus les agents économiques sontattachés au présent, moins ils ontenvie d’épargner et plus il fautmonter les taux. Ceux-ci sont dèslors pour Böhm-Bawerk la mesurede la défiance vis-à-vis du futur.

De ces recherches, il tire la convic-tion que la croissance économiquedépend de la quantité de travail etde la qualité de ce travail liée auprogrès technique et à la détermi-nation des chefs d’entreprise, sibien que faire, comme les marxis-tes, de l’accumulation du capitall’explication centrale du processuséconomique lui paraît absurde.

Penseur de la droite autrichien-ne, il est ministre des finances troisfois entre 1895 et 1898, et sans dis-continuer de 1900 à 1905. Il instau-re l’impôt sur le revenu et s’illustrepar une restructuration habile dela dette. Il démissionne quand onlui demande d’augmenter les cré-dits militaires. Ce lettré connaîtl’adage latin, « Si vis pacem, parabellum » (si tu veux la paix, préparela guerre) mais ne le fait pas sien. Ilanime après 1905 un séminaire àVienne où il défend le libéralismeet la paix. Il a le malheur de voir sessombres présages sur la course auxarmements se réaliser puisqu’ilmeurt le 29 août 1914.

Jean-Marc Daniel est professeurà l’ESCP-EAP

Anton Brender, enseignant à Paris-IX-Dauphine, Florence Pisani, économiste à CPR-Gestion

« C’est le volontarisme de l’Etatqui permet à l’archipel de tenir... »

f Ancien directeur du Centre d’études

prospectives et d’informations

internationales (Cepii), Anton Brender,

56 ans, enseigne l’économie

à l’université de Paris-Dauphine.

FLORENCE PISANI

par Jean-Marc Daniel

Au vu des fondamen-taux macroéconomi-ques classiques, leJapon s’enfonce cha-que jour davantagedans une crise gravissi-

me dont nul ne voit l’issue. Au der-nier trimestre 2001, le produit inté-rieur brut (PIB) nippon a reculé de1,2 % par rapport au trimestre pré-cédent (et de 4,5 % en rythmeannualisé), pour le troisième tri-mestre consécutif. Du jamais-vudepuis 1993 ! Au total, le PIB sesera inscrit en négatif à hauteur de0,5 % en 2001, alors que l’année2000 s’était soldée sur une croissan-ce de 2,4 %.

Pourtant, certains spécialistescontinuent à parier sur un Japonqui bouge davantage qu’il n’yparaît. De l’intérieur. « Depuis dixans, le Japon change en profondeurmais de manière imperceptible. Lemouvement est analogue à celui desglaciers de montagne. Apparem-ment ils ne bougent pas, et pourtantils se déplacent très lentement. » Cet-te impression de Guy Faure, cher-cheur à l’Institut d’Asie orientale,était partagée par l’ensemble desintervenants au Forum des écono-mistes franco-japonais, réunidébut mars au Centre d’étudesprospectives et d’informationsinternationales (Cepii). « Le pays vitsa deuxième révolution, après cellede l’ère Meiji en 1868, qui a permis àl’Archipel de passer de l’ère féodaleà l’ère industrielle », estime EvelyneDourille-Feer, économiste auCepii, en revenant sur les originesdu marasme actuel.

L’un des points essentiels est laremise en cause de la notion d’égali-tarisme dans l’accès à l’éducation,à l’emploi et à la protection socialequi sous-tendait le système mis enplace après la défaite de la secondeguerre mondiale. Les premiers cra-quements sont apparus au milieudes années 1980 et se sont ampli-fiés avec la crise. Simultanément,l’ouverture au monde a fait naîtreun sentiment de « différenciation »dans la population et entraînél’émergence d’un « Japon pluriel »,selon le sociologue Kazuhiko Yata-be. Cela s’est traduit par deux cou-rants extrêmes : l’américanisationdu style de vie d’un côté, l’appari-tion de sans-abri de l’autre. Sansoublier, également, la montée enpuissance des femmes.

« Si les inégalités face aux revenuset au chômage progressent sous l’im-pact des déréglementations et desrestructurations, d’autres inégalitésliées aux pesanteurs sociales nippo-nes pourraient s’atténuer. Il s’agit,principalement, des déséquilibres deressources entre femmes et hommes,jeunes et vieux, ou entre différentesrégions .» Ce réajustement, estimeEvelyne Dourille-Feer, « n’est pasacquis et constitue un enjeu économi-que vital pour le dynamisme futur dupays ».

La deuxième économie mondialederrière les Etats-Unis reste unpays riche, à l’épargne abondante,qui dégage d’importants excédentscommerciaux et surtout consacreénormément de fonds à la recher-che. « Les investissements dans cedomaine sont considérables et ontaugmenté pour ce qui concerne larecherche publique », relève Marie-Christine Malphettes, secrétairegénérale de la Société franco-japo-naise des techniques industrielles

(Sfti). « En dépit du marasme, lepotentiel de recherche et d’innova-tion reste intact. » Il s’agit d’unatout pour le futur.

Dans cet environnement, diffé-rents scénarios de sortie de crisesont évoqués. « Stabilité dans lerenoncement ou volonté de vain-cre », résume Denise Flouzat, admi-nistrateur délégué à la Fondationde la Banque de France pour larecherche. « Les Japonais pour-raient être tentés par la recherched’un bonheur tranquille, à la Suisse,reposant sur un principe simple :acceptons de devenir une puissance

moyenne, ne changeons pas trop etvivons bien. » Le Japon deviendraitun pays de rentiers, âgés, profitantde leurs économies. Pour cela, l’Ar-chipel s’appuierait, « encore unefois, sur son insularité, qui assure àson peuple homogénéité et originali-té. » Ce renoncement au dynamis-me pourrait être « un scénariocatastrophe avec une crise desvaleurs, ce qui se traduirait par unedésaffection vis-à-vis du travail, dela famille, de la société. La jeunessesemble réagir dans ce sens », préditDenise Flouzat.

L’autre perspective, celle d’unredressement, « conduit à une révo-lution de la société japonaise s’opé-

rant à froid et sans affolement. Ils’agit de prendre son temps pouraccomplir les changements en pro-fondeur. Sa richesse le lui permet. »Cette évolution aura pour cataly-seur les jeunes et les femmes.

Le vieillissement de la popula-tion active est présenté comme undes atouts pour sortir de la crisepar Frédéric Burguière, de la Socié-té privée de gestion et de conseil(SPCG). « Les Japonais sont peut-être en train de construire un modè-le original, celui de la croissancezéro », estime cet ancien dirigeantd’Indosuez au Japon. « Pour les

Etats-Unis et l’Europe, l’arrêt de lacroissance est une catastrophe ; ilentraîne une hausse du chômage etprocède des grandes crises commecelle de 1929. Le fait pour les Japo-nais d’aider les sociétés en faillite per-met d’empêcher un tel drame. Si lespouvoirs publics peuvent encore sou-tenir, pendant deux à trois ans, cesentreprises et maintenir le chômageà un niveau acceptable par la popu-lation, ils pourront bénéficier d’unretournement de situation avec lesnombreux départs en retraite. »

La possibilité de cet ajustementpar la pyramide des âges est trèsliée à l’ampleur ou non de la dégra-dation de la situation économique.Pour Frédéric Burguière, les pou-voirs publics sont « sur le fil durasoir », d’autant que les sureffec-tifs sont importants. Tout dépen-dra de la capacité de résistance del’Archipel à la dégradation de laconjoncture, laquelle se poursuitdepuis plus de dix ans.

D. G.

ANTON BRENDER

Sous les crises, un « Japon pluriel »

POUR EN SAVOIR PLUS

F O C U S

f Diplômée du magistère banque,

finance, assurance de l’université

Paris-Dauphine, Florence Pisani, 31 ans,

est économiste à CPR Gestion.

« Investir impose un travail qui

ne débouche pas sur la couverture

immédiate des besoins »

la deuxième

économie mondiale

pourrait choisir

de devenir un pays

de rentiers pour

sortir de la crise

« Depuis dix ans, le pays changeen profondeur mais de manière imperceptible.

Le mouvement est analogueà celui des glaciers de montagne.

Apparemment ils ne bougent pas, et pourtantils se déplacent très lentement »

> Japon le renouveau ?,sous la direction d’Evelyne Dourille-Feeer, avec la participationde Jean-Marie Bouissouet de Kazuhiho Yatabe (Les Étudesde la Documentation française,février 2002, 192 p., 12,50 ¤).

> Japon. Eternelle renaissance ?,de Denise Flouzat (PUF, janvier2002, 465 p., 24 ¤).> Les Marchés et la Croissance,d’Anton Brender et Florence Pisani ,(éd. Economica, 244 p., novembre2001, 15 ¤).

LE MONDE/MARDI 19 MARS 2002/V

Page 40: Les dix engagements de Jospin - scholar.lib.vt.edu · cès, Alessandro Baricco bous-cule les clichés sur la mondia- ... « 900 000 chô-meurs de moins d’ici à 2007, un droit à

LIVRES

L’impôt dilapidé> LE GRAND GASPILLAGE,

de Jacques Marseille (Plon, 2002 , 275 p., 19 ¤).

parutionsa L’ÉGALITÉ DES POSSIBLES, d’Eric Maurin

En sous-titre de son ouvrage, Eric Maurin précise qu’il traite de « lanouvelle société française ». En vingt ans, l’identité au travail, toutcomme les relations d’emploi dans l’entreprise ont connu un véritablebouleversement. La première s’est considérablement diluée, les secon-des se sont fortement fragilisées. Polytechnicien, docteur en économie etchercheur au Centre de recherches en économie et en statistique (Crest)de l’Insee, Eric Maurin rend compte de ces mutations qui ont travaillésouterrainement et en surface la société française. Ce constat établi, EricMaurin présente dans une dernière partie « quelques voies de redéfinitiondes politiques sociales en termes d’égalité des possibles ». Il s’agit notam-ment de repenser le dispositif de formation continue, ainsi que les poli-tiques de réduction des inégalités.

Ce petit livre synthétique mais parfois abscons s’inscrit dans une nou-velle collection, intitulée « La République des idées », animée par Lau-rent Bouvet, Olivier Mongin, Thierry Pech et Pierre Rosanvallon. L’objec-tif de cet « atelier intellectuel international », selon leur propre termino-logie, est de publier une dizaine d’ouvrages courts par an sur des ques-tions centrales ou des problèmes émergents du monde contemporain.(Le Seuil, 80 p., 9,50 ¤). A. B.-M.

a GUIDE PRATIQUE DE L’ÉLU DU C.E. LES 884 QUESTIONSQUE LES ÉLUS NOUS POSENT CHAQUE JOUR,de Nicolas Dubost, Olivier Fradet et Christian ScibozComment se définit un délit d’entrave ? Quel est le rôle du comité d’en-treprise (CE) dans le cadre du plan de formation ? Qui doit prendre l’ini-tiative d’organiser les élections de CE ? Telles sont quelques-unes desquestions auxquelles répond l’édition 2002 de ce guide réalisé par For-ma CE (groupe Alpha), qui conseille et forme des élus du comité d’entre-prise. Cet ouvrage intègre les nouveautés de l’année passée. Ainsi,depuis juillet 2001, un CE peut verser de l’argent à une associationmenant des actions locales contre l’exclusion, sous certaines conditions.En revanche l’ouvrage ne contient pas les informations relatives à la loide modernisation sociale, qui n’était pas publiée au moment de la paru-tion de ce livre. Pour chaque thème traité, Forma CE rappelle les texteslégaux de référence, en y ajoutant, pour certains, ses conseils (FormaCE, 276 p., 45 ¤). F. A.

Al’approche deséchéances électora-les, on peut abordercette question dedeux manières. Selonune approche politi-

que, on peut souhaiter soit privilé-gier la production de richesses et laréduction des impôts parce qu’ons’adresse à une clientèle de droite,soit favoriser le partage incondition-nel des ressources, sans même s’in-terroger sur les conditions de la pro-duction de ces ressources, parcequ’on s’adresse à une clientèle degauche. En privilégiant une appro-che stratégique, on peut définir lesobjectifs poursuivis et les contrain-tes qui s’imposent à nous, et endéduire les décisions à prendre pourconstruire notre avenir, au lieu de lesubir. La seconde approche est pré-férable car elle seule permet de réel-lement construire notre avenir sansbuter sur l’opposition entre le réel etles préjugés.

L’objectif principal que l’on peutsouhaiter poursuivre consiste àatteindre une croissance durablefavorisant la recherche de l’ex-cellence, dans le respect de notreenvironnement et des équilibressociaux entre les générations etentre les principales catégoriessociales : villes/campagnes ; clas-ses populaires/classes moyenneset détenteurs du patrimoine ;éduqués/ moins éduqués ; rentiers/preneurs de risques. Les trois princi-pales contraintes qui s’imposent ànous sont : le vieillissement de lapopulation, la mise en concurrencedes Etats au sein de la zone euro etde l’Union européenne, et l’extrêmeconcurrence entre les entreprises ausein du marché économique mon-dial.

Le vieillissement de la populationest le résultat d’un bienfait : l’allon-gement de l’espérance de vie. Ilserait dramatique que notre incapa-cité à réformer les systèmes deretraite conduise à transformer cebienfait en catastrophe. Le rapportdu commissaire au Plan, Jean-Michel Charpin, publié au prin-

temps 1999, reste d’actualité. Mais ilfaut compléter l’allongement de ladurée de cotisation, qui est recom-mandé dans ce rapport, par la retrai-te à la carte, de sorte que les Fran-çais puissent prendre leur retraite,en toute neutralité actuarielle, dansune plage allant de 35 à 50 ans decotisations.

Cette retraite par répartition,dans un système par points, doitêtre complétée par un étage supplé-mentaire de retraite en épargne indi-viduelle et doit être cumulable avecd’autres revenus d’activité. Il s’agitde simplement autoriser le cumulemploi-retraite qui est actuellementoffert aux militaires, notammentaux gendarmes. La mise en concur-rence des Etats au sein de la zoneeuro et de l’Union européenne résul-te de la conjonction de la monnaieunique et du marché unique qui con-duit à la transparence des chargessociales et fiscales qui frappent laproduction de richesses en Europe.

Or la France souffre de ce quenotre dépense publique, en pourcen-tage du produit intérieur brut(PIB), dépasse de huit points de PIBla moyenne des onze autres paysmembres de la zone euro. Cet écartreprésente plus de 100 milliardsd’euros de prélèvement supplémen-taire sur la valeur ajoutée producti-ve en France, ce qui exige une trèsforte productivité des travailleursfrançais pour qu’ils restent compéti-tifs en Europe. Mais nos salariésvoient le fruit de cette productivitéconfisqué par les impôts et chargessociales qui frappent la production.De sorte que les revenus nets aprèsimpôts et charges des actifs en Fran-ce sont aujourd’hui plus faibles quedans les autres pays européens lesplus dynamiques.

Cette comparaison défavorable àla France alimente la triple émigra-tion des talents individuels, des capi-taux et des entreprises, qui limitenotre croissance potentielle àmoyen terme. La globalisation desmarchés contraint nos entreprises àtoujours plus d’innovation et de qua-lité dans la production, alors que

nous avons multiplié les réglementa-tions qui sanctionnent l’effort.

La législation sur les 35 heures,imposée de façon centralisée et uni-forme, a rigidifié l’offre. Maisd’autres réformes apparentes serévèlent être des freins à la produc-tion et donc, en définitive, desreculs sociaux pour les travailleurs,comme le durcissement des règlesde licenciement qui conduit à multi-plier l’emploi précaire en France etla délocalisation à l’étranger. Cestrois contraintes majeures condui-sent à vouloir réformer la sphèrepublique. Il faut réussir à stabiliser

la dépense publique en volume, etbaisser les impôts sur la productionet les charges sur les bas salaires, sil’on veut que la France s’impose surla scène économique mondiale aucours des prochaines années.

La réforme du régime de retraiteproposée ci-dessus représente, àelle seule, un tiers de l’effort d’ajus-tement nécessaire pour rendrenotre pays compétitif. Il faut égale-ment continuer de réformer le systè-me de santé et réduire progressive-ment le nombre d’emplois publics sil’on veut diminuer l’écart de poidsde la dépense publique entre la Fran-ce et ses voisins européens au coursdes prochaines années. Mais il fautaussi dynamiser la production etrécompenser l’effort en agissantdans trois directions pour baisserl’impôt :

– ramener l’impôt progressif surle revenu à trois tranches, en inté-grant l’abattement de 20 % bénéfi-ciant actuellement aux revenus sala-riaux. Le taux marginal de l’impôtsur le revenu (CSG-CRDS compri-

ses) serait réduit à 40 % en trois ans ;– réduire l’impôt sur les sociétés à

25 % en trois ans, en contrepartie dela suppression de l’avoir fiscal. Lepremier million d’euros de bénéficeimposable ne serait taxé qu’à 15 %pour encourager le développementdes PME en forte croissance ;

– en ce qui concerne l’impôt sur lafortune, une disposition pourraitprévoir que les actions apportées àun pacte d’actionnaire d’une duréede sept ans et rassemblant 35 % ducapital des entreprises ne seraientpas prises en compte dans la basede calcul de l’impôt sur la fortune

(ISF). De tels pactes seraient de natu-re à favoriser le développement desentreprises et l’investissement pro-ductif en contrepartie d’une pertede liquidité pour les actionnairesconcernés.

La mise en œuvre de ces quelquesmesures, inscrites dans un plan d’en-semble permettant de lutter contreles pollutions et l’insécurité, d’amé-liorer le fonctionnement de l’éduca-tion nationale, de favoriser la forma-tion tout au long de la vie, permet-trait à la France de dynamiser sonéconomie, dans le contexte de laconcurrence européenne et interna-tionale qui s’exacerbe, sans remet-tre en cause le cœur du contratsocial de solidarité auxquels les Fran-çais sont attachés.

Christian Saint-Etienne estprofesseur des universités etprésident de l’InstitutFrance-Stratégie. Il est l’auteur deAppel à une génération citoyenne.21 propositions pour construire notreavenir (Economica, septembre 2001)

L’affaire Moulinex impo-sait que l’on s’attached’abord à limiter les pré-judices subis par les per-sonnels. Mais le débatdoit-il s’arrêter aux

effets de la mondialisation, au prixdu travail dans les pays asiatiques,aux querelles intestines dans l’en-treprise, au rôle de l’Etat face auxsinistres économiques ? Ce seraitoublier les questions essentielles :d’où provient la valeur dans les éco-nomies contemporaines ? Qui estresponsable de sa création dansl’entreprise ? Pourquoi l’une desmarques industrielles les plus popu-laires s’est-elle effondrée ? On com-prend que des personnels choquésen appellent à la solidarité nationa-le en invoquant le dumping socialdes pays d’Asie. Mais le soutienpublic doit s’exercer sans occulterles causes véritables du drame.Encore doit-on avoir les idées clai-res sur la manière dont une entre-prise survit dans l’économiecontemporaine.

Moulinex est un industriel del’univers domestique. Quelle est lavaleur d’un fer à repasser ou d’unemachine à laver ? La réponse laplus sûre à cette question est quecette valeur n’est ni universelle niconstante ! Nul ne sait si on achète-ra des fers à repasser demain ou si« repasser » aura encore un sens.Rien n’interdit aussi que ces objets,métamorphosés, ne retrouventune valeur commerciale inconnueaujourd’hui. La mort de Lip fut sui-vie par l’essor imprévu des montresSwatch ; l’aspirateur sans sac deDyson ou le fer à repasser Aqua-gliss de Calor ont récemment modi-fié le destin commercial d’objetsque l’on croyait stabilisés.

La valeur n’est jamais acquisepar avance, elle exige un acte de

conception innovant, reconnu pardes clients. Une fois la valeur repé-rée, alors s’engagera une compéti-tion à l’issue incertaine qui peutaboutir au monopole comme à laguerre des prix. Il y a donc deuxtypes de concurrence, l’une par lescoûts, l’autre par la valeur. Cettedernière est trop souvent confon-due avec l’offre de qualité : c’estoublier l’innovation de fonction etde forme. Le pain de bonne qualité,ce n’est pas la biscotte ; et la créa-tion de valeur exige de nouveauxusages ou de nouveaux styles. C’estcette quête indéfiniment répétée

qui détermine la survie d’une entre-prise et tempère les effets destruc-teurs de la concurrence.

La logique de la valeur rend irre-cevable une idée reçue tenace : lesentreprises meurent parce qu’ellesont des coûts de production tropélevés. On confond ainsi le mécanis-me et la cause de la défaillance : unnoyé meurt nécessairement parasphyxie, mais celle-ci n’est pas lacause de la noyade ! Les entrepri-ses ne meurent que parce que laconception de l’offre a été défaillan-te. Pourtant subsiste chez beau-coup de commentateurs un dis-cours essentiellement productivis-te. Une telle vision vient de loin :elle imprègne la théorie économi-

que classique, et les recherchesrécentes sur l’activité de concep-tion et d’innovation n’ont pas enco-re modifié les représentationsanciennes de l’entreprise.

Cela donne à réfléchir sur les res-ponsabilités en matière dedéfaillance d’entreprises. Car quidétermine un tel processus de créa-tion de valeur ? On pourrait répon-dre tout le monde, mais ce seraitirréaliste. Les politiques d’innova-tion dépendent au premier chefdes dirigeants et des cadres deconception (produit, marketing,design, recherche, technique…).

C’est à eux que le reste de l’entrepri-se, producteurs ou vendeurs,confie son destin en réalisant l’of-fre de valeur préalablementconçue.

Dans les drames du type Mouli-nex, la responsabilité réelle – etnon pas juridique, cela n’est pasnotre affaire – est nécessairementcelle des cadres et des dirigeantsqui n’ont pas su (ou pu ?) construi-re une politique d’innovation quigarantisse les profits et les emplois.Mais, objectera-t-on, qui prouveque cela était possible ? Ou quecela n’a pas été tenté ? On peutdéclarer que c’était mission impos-sible. Mais alors pourquoi ces planssociaux répétés depuis des

années ? De plus, de 1974 à 1993,dans le même secteur, confrontéaux mêmes conditions de concur-rence, Tefal, filiale du groupe SEB,l’un des repreneurs de Moulinex, adéfendu et réussi, sous la présiden-ce de Paul Rivier, un modèle decroissance industrielle précisémentfondé sur l’innovation répétée.

Il reste que nous ne disposonsd’aucune recherche approfondieattestant que tout cela n’a pas ététenté. Mais ne faut-il pas inverserla charge de la preuve ? Au-delà ducas Moulinex, en pareille situation,n’est-ce pas aux ingénieurs, auxdesigners, aux publicitaires, aux res-ponsables marketing qui ont tra-vaillé dans cette entreprise dedémontrer aux personnels ainsiqu’à la solidarité nationale que leurpolitique d’innovation et de renou-vellement de la valeur a été réelle,quoique malheureuse ?

Insistons : la vision commune del’économie et de l’entreprise est ina-daptée à la réalité de la création devaleur dans nos sociétés. Elle con-duit à exonérer les acteurs de cettecréation de toute responsabilité ycompris de celle, élémentaire, quiconsiste à débattre et à s’expliquer.Qu’au moins cette fois, en raisonde l’attachement des Français à lamarque, le soutien public soit assor-ti d’un travail de recherche gestion-naire et historien approfondi resti-tuant l’histoire de cette défaillance.Que l’habitude s’installe d’une« analyse d’entreprise » (et nonpas seulement d’un bilan) en cas desinistre économique. Cela n’éviterapas le risque gestionnaire, mais ren-forcera la conviction que la raisond’être des cadres et des dirigeantsest de créer le futur de l’entreprise.

Armand Hatchuel est professeur àl’Ecole des mines de Paris

par Yves Mamou

E- d’exiger dupersonnel politique qu’il rende ladépense publique toujours plus effi-cace et rationnelle ? Ne rêvons pas !Le gaspillage semble inhérent à cet-te fonction « trop humaine » qu’estl’exercice du pouvoir politique. Enrevanche, il est salutaire de protes-ter lorsque le niveau de dépensesimproductives touche à l’inaccepta-ble ! Et c’est précisément ce travailque vient de réaliser Jacques Mar-seille, professeur à la Sorbonne.

Après avoir épluché les rapportsde la Cour des comptes sur plu-sieurs années, pris en considérationles rapports de la mission d’évalua-tion et de contrôle de l’Assembléenationale et ceux de la commissiondes finances du Sénat… JacquesMarseille en arrive à pointer unmontant de dépenses inutiles etincontrôlées proprement exorbi-tant : de l’ordre de 100 milliardsd’euros (650 milliards de francs)PAR AN. « Soit deux fois le montantde l’impôt sur le revenu des person-nes physiques ».

On peut regretter que cet inven-

taire déprimant du gâchis de l’ar-gent public s’ouvre sur les dépensesdu ministère de la culture. Maisc’est sans doute pour mieux souli-gner le ridicule « 1 % culturel », objec-tif budgétaire qui apparaît un dog-me coûteux de communicationsans réel fondement culturel. Jac-ques Marseille passe ensuite enrevue les gaspillages effectués aunom de l’emploi, de la santé, del’éducation, de l’entreprise, de l’em-ploi public et enfin de la décentrali-sation. Et là, les deniers publicsapparaissent littéralement happéspar un aspirateur fou. Le coût des35 heures : « 71,2 milliards de dépen-ses publiques en 2000 pour

200 000 emplois créés. Soit près de360 000 francs [54 881 euros] paremploi ! Chaque poste créé aura coû-té au citoyen contribuable30 000 francs [4 573 euros] parmois. Difficile d’imaginer une dépen-se plus coûteuse. »

La santé avec la gabegie organi-sée sur les médicaments, le couragepolitique qui manque pour promou-voir le déremboursement systémati-que des spécialités sans effets cura-tifs, ou l’absence de lutte contre lessureffectifs administratifs dans leshôpitaux publics. Concernant l’édu-cation (plus de 107 milliardsd’euros) l’auteur, en bon économis-te, appuie sur le fait que la questionde l’efficacité est absente du dispo-sitif de l’éducation nationale. Sibien qu’en termes de comparaisoninternationale le rapport coût-per-formance du système scolaire placeles élèves français et tchèques à desniveaux semblables « alors que lesdépenses par élève sont deux foisplus élevées en France ».

La litanie des différents postes dedérive n’a rien de réjouissant : mas-se salariale des fonctionnaires, sau-vetages coûteux des banques publi-ques comme le Crédit lyonnais, leComptoir des entrepreneurs, ou decompagnies d’assurances commele GAN… mais n’aboutit pas à unecontestation poujadiste de l’impôt :« Ce n’est pas le montant de l’impôtsur le revenu qui est déprimant, c’estle gaspillage stupide de centaines demilliards de francs. »

Pour en sortir, l’auteur proposeque les citoyens reprennent le pou-voir. A titre d’exemple, ilsdevraient avoir le droit, fussent-ilsune minorité, d’initier des référen-dums sur des choix fiscaux. Pour-quoi pas ? Tout est bon pourvuque cela cesse un jour, a-t-on enviede lui répondre.

T R I B U N E S

Il faut réussir à stabiliser la dépense publique envolume, et baisser les impôts sur la productionet les charges sur les bas salaires, si l’on veutque le pays s’impose sur la scène économique

mondiale au cours des prochaines années

Quelle politique économique pourla France en 2002-2003 ? par Christian Saint-Etienne

Moulinex : pour une nouvelle responsabilitédes managers par Armand Hatchuel

Qu’au moins cette fois, en raisonde l’attachement des Français à la marque,

le soutien public soit assortid’un travail de recherche gestionnaire

et historien approfondi restituantl’histoire de cette défaillance

VI/LE MONDE/MARDI 19 MARS 2002

Page 41: Les dix engagements de Jospin - scholar.lib.vt.edu · cès, Alessandro Baricco bous-cule les clichés sur la mondia- ... « 900 000 chô-meurs de moins d’ici à 2007, un droit à

La guerre entre entreprisesd’intérim passe par le social

ORLÉANSde notre correspondant régional

Dans le petit bureaude l’agence d’inté-rim Adecco, enplein cœur du vieilOrléans, Johan,22 ans, est inquiet.

C’est son premier entretien. Depuisplus d’un an, il accumule les mis-sions d’intérim, comme préparateurde commandes dans une entreprisede logistique. En d’autres termes, ilest manutentionnaire. Adecco, sonemployeur, lui a proposé de validersa jeune expérience professionnel-le. Il fait partie des 70 candidats quiparticipent à une opération-pilotemenée dans la région Centre à la sui-te d’un accord passé le 31 octobre2001 entre la société d’intérim, ladirection régionale de l’emploi etl’Association pour la formation pro-fessionnelle des adultes (AFPA).

Si Johan franchit cette premièreétape d’entretien, où toutes lestâches qu’il a accomplies serontrecensées, la seconde sera détermi-nante. Il sera observé par desconseillers de l’AFPA sur son lieu detravail. Au bout de 4 à 5 mois, sil’évaluation est concluante, il luisera remis un certificat de compé-tence professionnelle par le ministè-re de l’Emploi. Avec trois de ces cer-tificats au moins – des unités devaleur, en quelque sorte – il pourraobtenir plus tard un certificat de for-mation professionnelle.

Catherine Vidart dirige une agen-ce d’Adecco spécialisée dans le BTP,à Tours. Elle voit défiler des manœu-vres, « des personnes qui sont capa-bles, mais pas reconnues », dit-elle.

« Lorsque ma direction m’a parlé del’opération, l’idée m’a bien plu, pour-suit-elle, cela permet de valoriser cesgens, de les faire reconnaître par lesentreprises qui les emploient. Celles-ci bénéficient de leurs savoirs. Si celadonne à ces salariés un niveau dequalification, et un salaire correspon-dant aux tâches qu’ils exécutent, tantmieux ! » Laurent, par exemple,39 ans, a tâté un peu de tous lesmétiers, avant d’apprendre sur letas le bâtiment chez son frère arti-san et de travailler en intérim. Il amême bâti sa maison. « Mes chefsne croyaient pas que j’étais un simplemanœuvre, quand je le leur ai dit.Pourtant sur mon contrat de travail,et surtout pour la paie, je reste unmanœuvre », commente-t-il. Aussia-t-il saisi cette occasion de fairevalider son savoir quand CatherineVidart le lui a proposé.

Adecco s’est fixé l’objectif de tou-cher dans la région une centaine demanœuvres dans les métiers lesplus divers. Jusqu’ici une trentaine

d’actions individuelles, parmi les70 candidats, ont été engagées.L’AFPA offre le « plateau techni-que ». Ses conseillers sont chargésde l’évaluation sur le lieu de travail.Cet aspect est capital. Tout ce quipeut rappeler une atmosphère decontrôle peut engendrer le malaisechez le candidat, qui a souvent con-nu l’échec scolaire par le passé. « Il ya des gens qui ne veulent pas retour-ner en situation d’apprentissage, assisà écouter. Lorsque la personne estconvoquée sur son lieu de travailpour être évaluée, il n’y a plus d’effetd’examen. Elle n’est évaluée que parrapport à son professionnalisme. Ellen’est plus en formation. Ce sont dessalariés qui à un moment donné justi-fient ce qu’ils savent faire. Leur com-pétence est reconnue à travers leurexpérience », précise Jocelyne Bour-nat, chargée de mission d’Adeccodans la région, à l’origine de l’initiati-

ve. « Nous n’avons aucune peinepour vendre cette démarche. Ilsrépondent tous ok ! », indique-t-elle.

Le ministère de l’emploi et de lasolidarité a donné un accord total àl’opération. La validation des com-pétences est une idée déjà ancien-ne, mais qui est encouragée par larécente loi de modernisation socia-le. L’opération signée dans le Cen-tre a été inscrite dans le contrat deplan Etat-région. « Nous voulonsque ces salariés puissent monter enqualification. Il faut dépasser le stadedu “Je n’ai pas le CAP, donc je n’airien”, en mettant en place un systèmede professionnalisation plus progres-sif », affirme Hervé Rigault, de ladirection régionale de l’emploi.

L’opération permet au salarié demieux se défendre au sein de l’inté-rim, ou de faire plus facilement lesaut en entreprise. Mais, constateM. Rigault, « les entreprises d’inté-rim sont en concurrence et cherchentà fidéliser leurs clients. Si elles ontdans leurs fichiers des personnelsdont la qualification est reconnue,c’est un argument commercial. Cen’est pas purement philanthropi-que ». Réponse de Jocelyne Bour-nat : « Tout le monde y trouve soncompte, la société d’intérim, sonclient, et l’intérimaire. Ce n’est pasuniquement une action commercialede notre part. »

Un projet qui a pour but, dansl’esprit de ses concepteurs, de modi-fier la perception que les partiesprenantes ont souvent de la forma-tion professionnelle. PourMme Bournat, les entreprises viventtrop dans la « culture du diplô-me ». « Dans dix ans, l’expériencecomptera peut-être autant que lediplôme. Mais pour l’instant, ce n’estpas le cas. En recourant à l’expérien-ce, les entreprises peuvent avoir unpersonnel de qualité », insiste-t-elle.Elle ajoute : « Ce n’est pas faciled’évoluer dans une profession,quand on est salarié et que le patronne vous propose rien. On reste enstand-by sur le même poste. Et puisarrivent des licenciements massifs.On voit alors des salariés reprocheravec force à leurs patrons de les“virer” parce qu’ils ne sont plus opé-rationnels. A qui la faute ? »

Régis Guyotat

Une population flot-tante qu’il ne seraitpas nécessaire defidéliser ? Cette ima-ge du travail intéri-maire commence à

évoluer. Depuis longtemps déjà, lesgrandes entreprises de travail tempo-raire (ETT) se sont attelées à structu-rer le secteur et à doter les intérimai-res d’une couverture sociale qui lesrapproche, en termes de salaires oude statut, des salariés en contrat àdurée indéterminée, afin de redorerle blason d’une profession décriée.

Mais cette action collective estdevenue, au fil des ans, un axe « dedifférenciation commerciale », selonl’expression d’un responsable deManpower. En d’autres termes, surun marché où l’offre et la demandede travail sont, malgré le chômage,en relative inadéquation, les ETTn’ont pas d’autre choix que de multi-plier les opérations destinées àmieux qualifier les salariés qu’ellesemploient… pour mieux fidéliserleurs clients, les entreprises ayantdes difficultés de recrutement. Oucelles qui ont choisi d’en faire un usa-ge struturel comme Renault dont lafiliale Sovab vient d’être condamnéepour usage abusif d’intérimaires parle tribunal de Briey (Meurthe-et-Moselle) .

Ainsi, Gilles Quinnez, directeurgénéral d’Adecco, et Gilbert Hyver-nat, directeur général de l’Associa-tion pour la formation profession-nelle des adultes (AFPA), ont signéle 12 février dernier un accordcadre national pour « favoriser leperfectionnement des salariés tempo-raires ». L’AFPA s’engage donc àmener des actions de formationdans une dizaine de secteurs (horti-culture, BTP, plasturgie, textile…),à mettre en place des bilans de com-pétences et différents types de for-mation sous contrat. Concrète-ment, l’accord prévoit de piloter etaccompagner « en commun » lesdemandeurs d’emplois non quali-fiés ou les collaborateurs d’Adeccodans des « parcours professionnali-sants » ou alterneront périodes deformation et missions profes-sionnelles. Point important,« Adecco sollicitera l’AFPA pourconstruire un dispositif de validationdes acquis de l’expérience de ses inté-rimaires ».

Cet accord s’inscrit dans uneffort de l’ensemble du secteur.Manpower de son côté a dévelop-pé en 2001 des actions de forma-tion en direction de 40 000 person-nes, pour un budget d’environ46 millions d’euros. « 87 % de notrebudget de formation va aux intéri-

maires, le reste aux permanents dugroupe. Dans le Nord, nous venonsde lancer pour 300 jeunes des con-trats de formation en alternanceavec des entreprises de BTP », rap-porte un responsable de la commu-nication de Manpower.

La contrainte est d’autant plus

forte que, dans toutes les ETT, lestrois quarts des missions sont réali-sées par un quart des travailleursintérimaires. C’est donc cette popu-lation « d’intérimaires perma-nents » qu’il convient de fidéliser et

d’adapter aux besoins évolutifs dumarché du travail.

Philippe Gobinet, PDG de Part-naire, une ETT basée à Orléans,mène lui aussi une action en profon-deur sur sa région. « On ne peut pasraisonner en termes de département,mais de bassin d’emploi. Par exem-ple, nous avons lancé en liaison avecl’AFPA et l’ANPE une action pourreclasser les ouvrières de la chaussu-re choletaise, en difficulté, versl’agroalimentaire et le nautisme enVendée. Nous formons ces femmessur des métiers rares, comme strati-fieuse ou menuisière d’agencement

pour l’industrie nautique. Ces opéra-tions de formation nous donnent unavantage concurrentiel importantpour affronter chaque jour le vrai pro-blème : nous avons du mal à recru-ter. Un étudiant sans expérience ouun cadre de plus de cinquante ans,nous, on les place en 24 heures…mais la difficulté est de les trouver !Beaucoup d’intérimaires ont acquisdes droits sur les Assedic et refusentaujourd’hui les missions qu’on leurpropose. »

Les ETT spécialisées sur le person-nel très qualifié ont choisi de fidéli-ser, non par la formation, inutiledans leur cas, mais par les avanta-ges sociaux. En janvier dernier,Expectra, « n˚1 du travail temporai-re expert », a lancé toute une gam-me d’avantages sociaux et de servi-ces supérieurs à ceux dont jouis-sent habituellement les intérimai-res : prêts immobiliers et person-nels à taux réduits non plafonnés,couverture santé complémentaireplus avantageuse, couverture pré-voyance, assurance voyage, assu-rance-vie… Le but est toujours lemême : fidéliser pour mieux répon-dre à une demande soutenue demain-d’œuvre qualifiée en prove-nance des entreprises.

Yves Mamou

une centaine

de manœuvres

devraient

bénéficier d’une

valorisation

des acquis de

leur expérience

adecco vient

de signer

un accord avec

l’association

pour

la formation

professionnelle

des adultes (afpa)

afin de renforcer

la formation

des intérimaires

en mission.

le but étant

de mieux

répondre

à la demande

des entreprises

dont certaines

font un usage

abusif du travail

temporaire

ET LES CONTRATS À DURÉE DÉTERMINÉE ?

« Il faut valoriser ces gens »

Les salariés en contrat à durée déterminée (CDD) ont, comme les intéri-maires, difficilement accès à la formation. Certes, l’article 17 de la loiAubry 2 institue une obligation pour l’employeur de « faire évoluer » lescompétences d’un salarié quel que soit son statut. Mais comme le remarqueMichel Théry, chercheur au Centre d’études sur l’emploi et les qualifica-tions, la seule sanction de cette obligation intervient lorsque, à l’occasion dela contestation d’un licenciement ou d’un plan social, il s’avère qu’elle n’apas été remplie. Ce qui exclut par définition les CDD !

Pourquoi d’ailleurs l’employeur investirait-il dans la formation d’un sala-rié appelé à le quitter ? La seule mesure spécifique aux CDD est la possibilitéd’accéder au congé individuel de formation (CIF). Mais, alors que 14 % dessalariés français sont en CDD, environ 5 000 d’entre eux seulement profi-tent de cette occasion chaque année. En fait, formation et statut précairesemblent demeurer, dans les trajectoires professionnelles, deux momentsséparés, bien que la logique voudrait que les travailleurs mettent à profitl’entre-deux-emplois pour se former.

« Il faut dépasserle stade du “Je n’ai

pas le CAP,donc je n’ai rien” »

EMPLOI

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Une entreprise sociale-ment responsableintègre volontaire-ment des préoccupa-tions sociales et éco-logiques à son activi-

té commerciale et à ses relationsavec les acteurs de son environne-ment – fournisseurs, clients, salariés,collectivités ». Cette définition,livrée par Hugues Sibille, de la Cais-se des dépôts et consignations, aété confrontée par les intervenantsde cette table ronde à des réalitéstêtues.

Tout d’abord, la démarche« socialement responsable » de tel-le ou telle entreprise apparaît plussouvent découler d’une contrainte(pression des consommateurs oudes actionnaires, certification,réglementation) : généraliser cetteévolution passerait donc par unearticulation entre démarche volon-taire et normes du droit positif.

Ensuite, quel rôle les différents« stakeholders » (parties prenantesà l’environnement de l’entreprise),les salariés et leurs représentants,les actionnaires, les consomma-teurs-citoyens… peuvent-ils jouerpour que l’entreprise contribue« d’une façon différente à l’intérêtgénéral » ?

Eric Loiselet, du Forum pour l’in-

vestissement responsable, tempè-re le mythe d’une « irruption descitoyens dans le champ de la finan-ce » au travers des financementssocialement responsables enremarquant que, sur les 3 000 mil-liards d’euros d’investissementscorrespondant à cette définitiondans le monde (dont les deux tiersaux Etats-Unis), 200 milliards seule-ment sont détenus par le grandpublic. Tout le reste l’est par lesinvestisseurs institutionnels, lesfonds de pension, les caisses deretraite. Ces formes collectives con-naissent d’ailleurs une mutationmajeure, note Eric Loiselet : l’inves-tissement sur critères éthiques,positifs ou négatifs, ou encorel’épargne solidaire se développentbeaucoup moins vite que « l’action-nariat actif », c’est-à-dire la partici-pation financière d’acteurssociaux, en particulier les syndi-cats, au capital des grandes entre-prises, qu’elles soient « éthiques »ou non : déjà un tiers des investis-sements « socialement responsa-bles » correspondraient à cettevolonté d’agir au sein des assem-blées générales et des conseils d’ad-ministration. Par exemple, ces« actionnaires actifs » ont exigé dela direction de Disney, lors de sadernière assemblée générale, l’en-gagement de faire respecter certai-nes pratiques chez ses sous-trai-tants asiatiques.

Mais l’extension de ces compor-tements à une plus grande échellenécessite l’intervention du législa-teur pour développer l’épargnesalariale, les fonds de pension, etles doter de moyens d’interventiondans la gestion de l’entreprise.Pour Frédérique Pfunder égale-

ment, de l’association de consom-mateurs Consommation, logementet cadre de vie (CLCV), seule unecertification des pratiques d’entre-prises contrôlée par les acteurssociaux peut donner au consomma-teur la confiance nécessaire audéveloppement de comporte-ments économiques « socialementresponsables ». De même, selonJacques Bass, de la CFDT, l’actionsyndicale pour le développementde « bonnes pratiques » au cœurdu métier de l’entreprise doit s’ap-puyer sur les normes et les instru-ments de la négociation collective.« Attention à ne pas substituer l’ob-jectif de l’éthique et ses fragiles éva-luations à la solidité des régulationssociales », affirme également Jean-Christophe Le Duigou, de la CGT,pour qui il n’est par exemple « pasquestion de substituer la gestion del’épargne salariale à la défense desrémunérations et des retraites ».

Les trois économistes conviésont renchéri sur la nécessaire tra-duction institutionnelle du « socia-lement responsable ». Pour DanielCohen, membre du Conseil d’analy-se économique, l’émergence d’unedemande de consommation éthi-que, la crise du gouvernement d’en-treprise illustrée par l’affaireEnron, la montée de l’épargne sala-riale créent « un moment à saisir »,qui permettrait de cristalliser uneforme déterminée de « démocratie

d’entreprise » – par exemple unconseil de surveillance regroupanttous les stakeholders. Pour PhilippeChalmin, professeur à Paris-IX-Dauphine, les préoccupations destenants de l’économie solidairetrouvent leurs réponses dans le ren-forcement de la régulation de l’éco-nomie de marché par l’Etat, l’usagedes notions d’éthique et de solidari-té étant en la matière abusif, outout au moins déplacé. Anton Bren-der, professeur à Paris-IX-Dauphi-ne, a conclu peu ou prou dans lemême sens, en remarquant que« cela fait deux siècles que lescitoyens changent l’économie, enimposant lois et régulations par lebiais de l’action politique relayéepar l’Etat. Pourquoi faudrait-ilaujourd’hui perdre foi dans cetteaction ? »

Antoine Reverchon

« les citoyens

peuvent-ils

changer

l’économie ? »

tel était

le thème

du colloque

organisé

le 14 mars

par le collectif

engagements

citoyens

dans l’économie

et auquel

« le monde »

s’est associé

Apremière vue, les chif-fres sont modestes :200 millions d’euros deproduits financiers soli-daires placés sous lelabel Finansol, face à

2 000 milliards de dollars sur les mar-chés boursiers mondiaux ! Mais ces200 millions d’euros qui circulententre 30 000 épargnants solidaires etprès de 5 000 entrepreneurs ont per-mis de créer 7 000 emplois, a rappe-

lé Henri Rouillé d’Orfeuil, présidentde Finansol, au nom du CollectifEngagements citoyens dans l’écono-mie en reconnaissant la nécessité de« changer d’échelle ». Dans ces con-ditions, Jean-Louis Laville, directeurdu Laboratoire de sociologie duchangement des institutions (LSCI),a fait œuvre de pédagogie, enposant le cadre du débat. « L’écono-mie solidaire, ça existe », a-t-il expli-qué. Il ne s’agit pas d’« un tiers sec-teur résiduel » qui se limiterait à l’in-sertion d’un public défavorisé. Cen’est pas non plus « une économieparasitaire qui ne serait pas productri-ce de richesses ». Au contraire.M. Laville a rappelé qu’aujourd’huitoutes les économies étaient mixteset qu’au panthéon des valeurs éco-nomiques la réciprocité et la redistri-bution figuraient au côté du marché.

Ces précisions données, PaulineGrosso, secrétaire générale de Finan-sol, a présenté les réseaux de finance-ment solidaire en France. Elle a rap-pelé que « les montants étaient

petits » – en 2000, il existait 27 pro-duits d’épargne solidaire –, mais ils’agit aussi « d’un secteur jeune, demoins de vingt ans d’âge, qui a doubléen cinq ans ». Reste qu’il est désor-mais nécessaire de passer à un dou-ble changement d’échelle : auniveau de la demande, où simple-ment un dixième des besoins estsatisfait ; au niveau de l’offre, où lesentreprises du secteur sont pratique-ment toutes déficitaires.

Responsable du réseau de com-merce équitable Artisans du soleil,Olivier Hauville a explicité les enjeuxde cette démarche. « Le commerceéquitable, c’est à la fois un outil demeilleure répartition de la richessepour des producteurs déjà présentssur le marché, mais c’est aussi un outilde lutte contre l’exclusion économi-que », a-t-il expliqué. La labellisationest le procédé le plus courant, maislà aussi l’offre est extrêmementréduite – à quelques filières de pro-duits agroalimentaires – et elle pour-rait être démultipliée.

Qu’en pensent les économistes ?« Une société peut-elle tolérer qu’il yait des fonds éthiques et des fonds quine le soient pas ? Un commerce équita-ble et un commerce… inéquitable »,s’est interrogé Jacques Généreux,professeur à Sciences-Po et prési-

dent de l’Association internationalepour l’économie humaine. Les fondséthiques qui existent depuis cent ansdans le monde anglo-saxon sta-gnent à 12 % du volume mondial desinvestissements, a-t-il rappelé. Pouragir de manière efficace, il a plaidépour le retour d’actions citoyennessur les politiques, à l’échelon natio-nal. Michèle Debonneuil, chef du ser-vice économique au Plan, a estiméqu’il fallait « placer les impératifs del’économie solidaire au cœur de l’éco-nomie normale ». Quant à XavierTimbaud, directeur du départementd’analyse de l’Observatoire françaisdes conjonctures économiques(OFCE), il a tracé un avenir original :« La perte de légitimité de l’Etat libèreune place dans laquelle l’économiesolidaire pourrait s’insérer. » A dépen-se publique constante ?

Alain Beuve-Méry

De toutes les méta-phores utilisées, laplus parlante fut cel-le de Jean-PaulVigier, président dela Fédération euro-

péenne de banques éthiques etalternatives (Febea) : « Quand onveut inventer l’électricité, on ne peutpas se contenter d’améliorer la bou-gie. » Responsable du comité dulabel Finansol, il tentait avecd’autres acteurs de l’économie soli-daire de définir les conditions quipermettraient d’amplifier leurdémarche, jusqu’à maintenant enco-re marginale. Pour lui, ce change-ment d’échelle, thème de la tableronde finale du colloque « Lescitoyens peuvent-ils changer l’éco-nomie ? », ne peut se faire, pour

commencer, que si la volonté politi-que des différents gouvernementsest au rendez-vous. « Sinon, onpourra mettre en place tous les méca-nismes que l’on veut, cela ne servira àrien… » Un appel que Victor Ferrei-ra, directeur de Max Havelaar Fran-ce, et Pascal Erard, coordinateur ducollectif Ethique sur l’étiquette, ontaussi lancé.

Ce préalable fait, les trois promo-teurs du « Penser local, agir glo-bal » ont énoncé une certain nom-bre de pistes économiques suscepti-bles de développer, pour l’un, lecommerce équitable, pour l’autre,la finance solidaire et pour le troisiè-me l’éthique des multinationales. Ils’agit, entre autres, de poursuivre lamise en réseau de l’ensemble desacteurs, de mieux sensibiliser lesconsommateurs – y compris par descampagnes télévisuelles – et de rap-

procher ONG et syndicats. Souli-gnant la rigidité des réglementa-tions bancaires, Jean-Paul Vigiers’est ainsi demandé, concernantson domaine spécifique de la finan-ce solidaire « s’il fallait créer des sys-tèmes ex nihilo » ou bien « s’appuyersur les réseaux existants, notammentles banques mutualistes ». Bref, lesidées ne manquaient pas.

Leurs propositions – tel était leprincipe de cette journée du14 mars – ont été examinées de prèspar trois économistes. Ces juges –Dominique Plihon, professeur àl’université Paris-Nord et parailleurs président du conseil scientifi-que d’Attac, Pierre Jacquet, profes-seur à l’Ecole nationale des ponts etchaussées et directeur délégué del’Agence française du développe-ment, et Jean Pisani-Ferry, prési-dent délégué du Conseil d’analyse

économique – ont déclaré dans unebelle unanimité leur attachement àla philosophie générale de la démar-che. Pas uniquement par volontéromantique de « changer le mon-de » comme l’a énoncé Pierre Jac-quet, mais aussi, comme l’ont dittour à tour Dominique Plihon etJean Pisani-Ferry, parce que, lors-que les régulations publiques sontdéfaillantes, il est bon de voir lasociété civile prendre le relais en ten-tant de négocier des normes socia-les et environnementales.

Une empathie qui ne les a pasempêchés de faire part d’un certainscepticisme. « Je n’ai rien contrel’idée de se battre contre l’économis-me, a expliqué Pierre Jacquet, maisaller contre le raisonnement économi-que est dangereux. » Parmi les bugsrelevés, les incohérences liées auxquestions de prix ont été mention-nées à plusieurs reprises. Relever lesprix agricoles ? « S’ils augmententtous, a démontré Pierre Jacquet, iln’y aura pas de gains de pouvoird’achat. Ou il faut alors admettre– dans le cadre d’une économie soli-daire – que certains producteursgagnent plus que d’autres. Se posealors la question de la répartition desrichesses. » Pour Jean Pisani-Ferry,l’idée de redresser le prix des matiè-res premières « est vouée à l’échec ».L’économiste rappelant que la Fran-ce avait en son temps décidé d’ache-ter du gaz algérien à un prix supé-rieur à celui du marché… « une

démarche économique qui n’a guèreduré longtemps… » Le président délé-gué du Conseil d’analyse économi-que a néanmoins versé son écot à lalutte solidaire. Présent au WorldEconomic Forum, qui, cette année,s’est tenu à New York et non àDavos, il a bien noté l’inquiétudedes grands groupes mondiaux liée« à la vulnérabilité de leurs mar-ques » qu’ils « valorisent pourtant

énormément au sein de leurs actifs ».Ce talon d’Achille « peut être unlevier important pour stimuler le com-portement éthique des consomma-teurs », a-t-il indiqué, confirmantainsi qu’en matière d’économie soli-daire, certains objectifs étaient attei-gnables, et d’autres pas du tout.

Marie-Béatrice Baudet

la première table

ronde a creusé

l’idée de « poser

des actes

économiques

diffférents »

le « socialement

responsable »

est à la mode.

les participants

à la deuxième

table ronde ont

confronté réalité

et démarche

marketing

L’investissement sur critères éthiques,positifs ou négatifs, ou encore l’épargne

solidaire se développent beaucoup moinsvite que « l’actionnariat actif »

C O L L O Q U E

Comment se battre « contre l’économisme »

DES ACTEURS « SOLIDAIRES » FACE AUX MACROÉCONOMISTES

La réciprocité et la redistributionau côté du marché

Faire contribuer l’entrepriseà « l’intérêt général »

PLUS D’UN FRANÇAIS SUR TROIS PRÊT À INVESTIR SOLIDAIRE

a quelles

conditions

la démarche

de l’économie

solidaire

peut-elle être

amplifiée ? Lorsque les régulationspubliques sont

défaillantes, il est bonde voir la société

civile prendre le relaisen tentant de négocier

des normes socialeset environnementales

Les finances éthiques, le commerce équitable, qui suscitent un intérêtcroissant auprès des citoyens, peuvent-ils dépasser le cadre marginal danslequel ils restent aujourd’hui cantonnés et contribuer à une part importantede l’économie nationale, voire mondiale ? C’est pour tenter de défricher cet-te question que Le Monde s’est associé au colloque organisé le jeudi 14 marspar le Collectif Engagements citoyens dans l’économie.

Neuf macro-économistes – Anton Brender, Philippe Chalmin, DanielCohen, Michèle Debonneuil, Jacques Généreux, Pierre Jacquet, Jean Pisani-Ferry, Dominique Plihon et Xavier Timbeau – ont accepté de répondre defaçon critique aux propositions d’acteurs de terrain, en soulignant souventles limites de leur démarche. Ils ont aussi exposé leurs points de vue sur lerôle de la régulation et les formes qu’elle pourrait prendre dans une écono-mie mondiale globalisée.

200 millions d’eurosqui circulent entre30 000 épargnants

solidairesont permis de créer

7 000 emplois

Si seulement 13 % des Français connaissent les produits d’épargne solidaire,selon l’enquête annuelle du Credoc sur les tendances de la consommation réa-lisée entre le 15 novembre et 1er décembre 2001, 35 % des personnes interro-gées se déclarent – après information – prêtes à en « consommer », même sileur rendement financier est moindre que celui du marché.

Les Franciliens, les professions intermédiaires et supérieures font notam-ment partie des personnes intéressées par ce type de placements. Le commer-ce équitable est davantage connu puisque 19 % des personnes interrogéesdéclarent savoir ce que c’est, contre 11 % un an auparavant. La consommationéquitable est, selon cette enquête, d’abord motivée par le souci d’aider lespays pauvres (68 %), par le fait que le produit est fabriqué par une entreprisesoucieuse du droit des salariés (64 %), qu’il offre une garantie écologique(60 %), enfin qu’il permette de défendre une cause humanitaire (56 %).

VIII/LE MONDE/MARDI 19 MARS 2002