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C.Courtois, professeur-relais du PnrFO Les différentes techniques d'impression. Définition : L'utilité est apparue de reproduire un écrit en plusieurs exemplaires autrement que par copie manuscrite très rapidement. Les premières traces apparaissent en Chine. 1 ère forme d'impression : la xylographie ( racine grecque « xylo » = bois) Planche xylographique, non datée, site de la BNF, http://expositions.bnf.fr/chine/reperes/2/index4.htm C'est une technique d'impression à partir d'une gravure sur bois par laquelle tous les éléments d'une image ou d'un texte sont gravés sur une plaque et ne sont pas mobiles les uns par rapport aux autres. On encre ensuite la plaque et on pose dessus une feuille de papier que l'on brosse pour y imprimer les reliefs encrés. La planche de bois subit une préparation préalable : elle est coupée aux dimensions du folio, c'est-à-dire de deux pages imprimées, puis trempée, séchée et polie. Elle est ensuite enduite d'une pâte à base de riz. Le texte, transcrit sur papier fin par un calligraphe, est appliqué à l'envers, face écrite contre le bois. Le papier est brossé de manière à ne laisser que la trace encrée en image miroir. Le graveur cisèle alors habilement le texte en évidant le fond : les caractères se détachent en relief. En cas d'erreur ou d'usure, il est toujours possible d'insérer un nouveau morceau de bois. Par économie, les planches sont souvent gravées au recto et au verso.

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C.Courtois, professeur-relais du PnrFO

Les différentes techniques d'impression.

Définition :

L'utilité est apparue de reproduire un écrit en plusieurs exemplaires autrement que par copie manuscrite très rapidement. Les premières traces apparaissent en Chine.

1ère forme d'impression : la xylographie ( racine grecque « xylo » = bois)

Planche xylographique, non datée, site de la BNF, http://expositions.bnf.fr/chine/reperes/2/index4.htm

C'est une technique d'impression à partir d'une gravure sur bois par laquelle tous les éléments d'une image ou d'un texte sont gravés sur une plaque et ne sont pas mobiles les uns par rapport aux autres. On encre ensuite la plaque et on pose dessus une feuille de papier que l'on brosse pour y imprimer les reliefs encrés.

La planche de bois subit une préparation préalable : elle est coupée aux dimensions du folio, c'est-à-dire de deux pages imprimées, puis trempée, séchée et polie. Elle est ensuite enduite d'une pâte à base de riz. Le texte, transcrit sur papier fin par un calligraphe, est appliqué à l'envers, face écrite contre le bois. Le papier est brossé de manière à ne laisser que la trace encrée en image miroir. Le graveur cisèle alors habilement le texte en évidant le fond : les caractères se détachent en relief. En cas d'erreur ou d'usure, il est toujours possible d'insérer un nouveau morceau de bois. Par économie, les planches sont souvent gravées au recto et au verso.

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La technique xylographique est d'une grande simplicité dans ses matériaux et dans ses principes. C'est le missionnaire jésuite Matteo Ricci, qui vécut en Chine de 1583 à 1610, qui a noté dans ses mémoires rapportées par le Père Nicolas Trigault la première description en langue occidentale

Il semble vain de vouloir assigner une date précise à l'apparition de la technique xylographique. Celle-ci fut pratiquée bien longtemps après les inventions du sceau, dont elle semble tirer son origine, du papier et de l'encre. Les petites planches servaient au début à reproduire sur des textiles ou sur du papier des charmes taoïques et bouddhiques bien avant de véritables textes. Ces reproductions furent d'abord obtenues par l'apposition à main levée de petits blocs de bois semblables à des sceaux. Cependant, à mesure que les formats augmentaient l'apposition de ces planches, même pourvues de poignées, devenait moins commode ce qui conduisit à un renversement du mode d'impression. La planche gravée et encrée fut désormais posée à plat sur une table et le papier doucement appliqué dessus.

La gravure des caractères se fait en taille d'épargne, les blancs sont évidés et les caractères ou les traits des dessins sont épargnés, c'est-à-dire qu'ils apparaissent en relief. A l'inverse de l'estampage, le texte apparaît en noir sur fond blanc comme s'il avait été calligraphié sur la feuille de papier.

Les impressions xylographiques sont attestées en Chine à la fin des Tang, vers le VIIIe siècle. L'invention est incontestablement chinoise même si par une ironie de l'histoire les plus anciens spécimens imprimés, datés de 770, ont été retrouvés au Japon. La mise au point du procédé se fit certainement très graduellement, des inventions ponctuelles venant se greffer sur des techniques existantes. Curieusement, aucun texte ne signale explicitement l'apparition de la xylographie. La première référence textuelle est un édit de 835 promulgué dans la province du Sichuan pour interdire la pratique privée d'impressions d'almanachs, le calendrier étant en Chine un monopole d'État. Nous savons par une autre source que circulaient dans cette même province avant l'année 865 des éditions imprimées de dictionnaires.

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Rouleau aux « mille bouddhas » imprimé en rouge, Dunhuang, VIIIe siècle, bois : 6 x 5 cm ; rouleau : 27,8 x 33cm. BNF, Pelliot chinois 5526

Série d'impressions encadrées d'un bouddha assis sur un piédestal en double fleur de lotus. La tête et le corps sont nimbés, les pieds et les mains sont dissimulés dans le drapé du vêtement. Deux fleurs aux tiges sinueuses s'inscrivent de part et d'autre du personnage. L'impression est disposée sur quatre bandes longitudinales. Le rouleau est constitué de feuilles de papier longues de 41 cm chacune, collées bout à bout. Cette série, imprimée en rouge, s'apparente aux sceaux et aux charmes taoïques eux aussi imprimés à l'encre rouge.

On constate une volonté délibérée d'emplir tout l'espace disponible, les figures juxtaposées se chevauchent parfois et ne sont pas toujours rigoureusement parallèles. Cela témoigne à la fois d'une grande rapidité d'exécution de ces séries mais plus encore du mode d'impression qui reste encore celui du sceau appliqué à main levée.

La seule matrice qui nous soit parvenue a une surface de préhension très restreinte. Elle était tenue entre les doigts à la manière d'un sceau. Les bois de plus grandes dimensions devaient être pourvus de poignées pour plus de commodité. On comprend aisément que, par suite de l'impossibilité technique de ce mode d'apposition pour des pièces encore plus grandes, on ait inversé le procédé en positionnant la feuille sur la matrice de bois restée fixe.

Un hasard extraordinaire nous permet de connaître le tout début de l'histoire de l'imprimerie. En effet, les plus anciens estampages au monde ainsi que quelques centaines de documents imprimés avant le XIe siècle nous sont connus : quelques-uns sont présentés ici. Ils proviennent d'une oasis où était établie la commanderie de

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Dunhuang sur la route de la soie aux confins du Turkestan chinois. Ce lieu était aussi un centre bouddhique majeur comptant jusqu'à dix-sept monastères. Un monumental ensemble de grottes ornées de décorations religieuses y fut constitué entre le IVe et le XIe siècle. Dans l'une de ces grottes furent entreposés des documents et des objets essentiellement religieux. Scellée au tout début du XIe siècle, elle ne fut découverte par chance qu'au XXe siècle. Le sinologue français Paul Pelliot (1878-1945) en mission à Dunhuang rapporta à la Bibliothèque Nationale un grand nombre de documents en 1908.

Il faut distinguer trois types de documents parmi les plus anciennes xylographies : la dhâranî (charme magique aux formules brèves), l'image sacrée et enfin le texte. Les plus anciens imprimés retrouvés sont des charmes, qu'il s'agisse des charmes taoïques, des dhâranî d'une impératrice japonaise ou des dhâranî en sanscrit du Sichuan et de Dunhuang. Ces formules incantatoires, incompréhensibles au fidèle ou au copiste ordinaire, sont difficilement recopiables sans erreur. Or une formule n'est supposée efficace que si elle est scrupuleusement reproduite. Pour éviter une faute qui en annulerait toute efficacité, mais aussi pour diffuser les images saintes auprès du plus grand nombre, la xylographie se révélait une technique idéale. Les rouleaux aux "mille bouddhas" s'apparentent à ce type d'impressions.

2ème forme d'impression : la typographie (racine grecque « typo » = empreinte, marque. Préfixe des mots en rapport avec la marque laissée par quelque chose. )

C'est toujours en Chine que la typographie est inventée : c'est un procédé d'imprimerie dans lequel l'impression est réalisée par des caractères en relief, indépendant les uns des autres, assemblés et mis en page selon les besoins.

L’inventeur est Bi Sheng Wang (990-1051) qui employa, dès 1040, des caractères mobiles gravés dans de la porcelaine, céramique d'argile visqueuse, durcis dans le feu

(terre cuite) et assemblés dans la résine.Le Coréen Choe Yun-ui (최윤의 / 崔允儀,

1102-1162) a amélioré cette technique en utilisant du métal, moins fragile au XIIe

siècle, puis le Chinois Wáng Zhēn (王禎, 1290—1333) a encore modifié cette

technique en utilisant du bois, moins onéreux, mais moins précis que les autres matériaux.

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Les balbutiements de la typographie se heurtent à un problème de taille : en cas d'erreur, il faut tout refaire.

Johannes Gensfleisch (1397-1468), plus connu sous le nom de Gutenberg (son nom sera parfois francisé en « Gutemberg »), a vers 1440 l'idée d'utiliser un procédé analogue : l'usage des caractères mobiles en plomb. On attribue à Gutenberg la naissance de la typographie moderne, bien que cette dernière ait existé déjà en Corée, mais la véritable innovation de Gutenberg est l’introduction de la presse à imprimer, en même temps que la mise au point de la fonte des caractères et de l'alliage (plomb + antimoine + étain) qui restera à peu près fixe pendant toute la durée de l'emploi de la typographie, et enfin de la composition de l'encre servant à l'impression. De cette évolution, on retiendra donc deux types d'ouvrages : les incunables, livres du début de l'ère Gutenberg (antérieur à 1500), et les livres dits modernes, issus de la typographie, puis des techniques plus modernes telles que l'impression offset ou l'héliogravure.

Source : http://www.museedelimprimerie.fr/index.php/limprimerie

On appelle « estampe » le résultat de l'impression d'une gravure.

L’utilisation de plaques en métal gravées en creux, vers le milieu du XVe siècle, donne naissance à la taille-douce, réservée à l’origine exclusivement à la reproduction d’images. Il ne s'agit pas encore de typographie, puisque que ce dernier procédé est en creux.

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XIXe siècle : première révolution après 400 ans de règne

Pendant plus de 400 ans, la typographie va régner sans partage pour reproduire des textes en s’appuyant sur les caractères mobiles en plomb et en relief. Pour les illustrations, elle utilise des xylographies ou du métal gravé (cuivre ou zinc). Les xylographies restent très en vogue jusqu’au XIXe siècle car elles s’insèrent facilement dans une forme typographique contenant du texte.

Il faut attendre le XIXe siècle pour que l'imprimerie connaisse sa première révolution depuis Gutenberg. Révolution mécanique d’abord, avec l’apparition de nouvelles presses à imprimer et des rotatives -- révolution physico-chimique ensuite grâce aux travaux du physicien Nicéphore Niepce (1765-1833) et de l'inventeur de la photographie Jacques Daguerre (1787-1851) entre 1816 et 1838.

Dans le même temps, la taille-douce renaît. Dès 1796, l'auteur dramatique allemand, Aloys Senefelder (1771-1834), qui cherche à reproduire ses textes, découvre un nouveau procédé : la lithographie qui utilise une pierre calcaire de Bavière comme forme imprimante ainsi que les propriétés de non miscibilité d’une encre grasse hydrophobe et de l’eau très hydrophile. La taille-douce et surtout la lithographie, vont connaître un essor considérable pour reproduire illustrations en couleur, affiches ou estampes.

La révolution industrielle du XIXe siècle favorise l’émergence de l’information et du savoir technique ou culturel, et entraîne le développement des techniques permettant d’accroître sans cesse les vitesses de production d’imprimés. Jusqu'à présent manuelle, la composition des textes devient mécanique avec l’apparition de la lynotype en 1886 qui permet de composer du texte à partir d’un clavier et de fondre automatiquement une ligne bloc sur une justification déterminée.

9 Voir http://www.garamond.culture.fr/fr/page/la_machine_a_composer_linotype

Les recherches sur la chimie, les métaux et la lumière ainsi que les travaux de l'imprimeur Firmin Gillot (1820-1872) débouchent sur de nouvelles techniques photomécaniques pour préparer des formes imprimantes à partir d’images créées sur des films par photographie.

Si Firmin Gillot créa en 1850 la paniconographie, c'est son fils, Charles, qui en 1872 adapta le procédé au traitement d'images photographiques. Il mit au point plusieurs méthodes afin d'obtenir un effet de trame ou de grain. La technique du "guillotage" était ensuite appliquée pour graver le métal. Elle permit d'imprimer les photographies, connut un grand succès et prit parfois le nom de photogravure directe.

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9 Voir http://cerig.pagora.grenoble-inp.fr/histoire-metiers/plomb-lumiere-silicium/page09.htm

Deux nouveaux procédés industriels utilisant ces techniques s’ajoutent à la typographie qui, croyait-on, avait atteint la perfection en matière d’impression :

d'une part, l’offset initié par l’apparition d’un cylindre blanchet sur la presse lithographique du constructeur Henri Voirin en 1879, est issu de la lithographie ;

d'autre part, l’héliogravure initiée par les travaux sur la photographie et attribuée au peintre tchèque Karl Klietsch (1841-1926) en 1878, provient de la photogravure.

Ces deux procédés vont s'imposer dès 1900, avant de supplanter totalement la typographie dans le dernier quart du XXe siècle.

XXe siècle : la deuxième révolution de l'imprimerie

Après 1945, l’imprimerie doit une nouvelle fois faire face à une explosion du besoin en imprimés de toutes sortes. Le film et la photogravure deviennent à leur tour un goulet d’étranglement pour les cadences de production. Récemment développé pour effectuer des calculs statistiques et complexes, l’ordinateur introduit une nouvelle révolution. Inventée par les Français René Higonnet et Louis Moyroud, la

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photocomposeuse révolutionne les cadences pour obtenir des textes au début des années 1950.

La publication assistée par ordinateur (PAO) pour acquérir des textes et des illustrations et pour préparer des formes imprimantes devient inéluctable dès les années 1980 avant de se transformer en prépresse puis gestion des flux numériques.

La dernière décennie du XXe siècle voit la progression fulgurante d’un nouveau média utilisant l’électronique pour concevoir, supporter et diffuser la quasi-totalité de nos documents. Après la copie, le plomb, la photographie et le film - qui avaient tous la finalité d’utiliser un papier plus que bi-millénaire - une nouvelle révolution dans la diffusion du savoir et des informations s’est engagée pouvant augurer de très sérieuses modifications dans les habitudes actuelles. Rien cependant ne peut nous affirmer que sa majesté “le papier” disparaisse et que l'informatique supplante à jamais la cellulose.

Dernière étape en date : l’impression en 3 dimensions !

1983, Charles Hull est un ingénieur américain qui travaillait dans le moulage de prototype en plastique. Son idée a été d'utiliser une résine synthétique et de la lumière ultra-violet pour solidifier cette résine, fine couche après fine couche, pour donner forme à des objets avec une précision remarquable. Il existe aujourd’hui des imprimantes 3D qui sont vendues dans le commerce pour 1000 euros…de plus perfectionnées mais bien plus chères (30000 à 100000 euros) servent aux laboratoires de recherche de l’UTT par exemple à produire des pièces de machines ou de prototypes de robots que l’usinage industriel ne pourrait pas produire avec autant de précision. Durant la Fête de la Science ce samedi 15/10, un enseignant-chercheur expliquait que l’UTT travaillait à des applications médicales de cette imprimante : il s’agirait entre autre d’imprimer ainsi de la peau afin de suppléer au temps de cicatrisation naturelle d’un grand brûlé, voire d’imprimer à terme un organe en vue d’une greffe !!!